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LE CHRÉTIEN ET LE SERVICE MILITAIRE

 

Henri Rossier

 

1914

 

Table des matières :

1     Le chrétien a-t-il une patrie terrestre à défendre ?

2     Rapports du chrétien avec les autorités. Peut-il revendiquer ses droits civils ou nationaux ?

3     L’obéissance du chrétien aux autorités est limitée.

4     Rôle du service militaire dans le Nouveau Testament.

5     Le chrétien et le service militaire.

6     Conseils pratiques.

7     Appendice

 

 

 

Le désir exprimé par plusieurs personnes d’obtenir des éclaircissements sur un passage de la brochure intitulée «Le chrétien et la bataille des peuples» engage l’auteur à donner sur cet important sujet les explications qu’il avait cru devoir réserver dans cet écrit-là. Voici le passage en question :

«Dans le conflit actuel le chrétien a des devoirs, aussi bien vis-à-vis des autorités militaires que civiles ; mais, dans quelle mesure peut-il obéir à celui qui arme sa main pour tuer son prochain ? Laissons parler ici la conscience individuelle de chaque enfant de Dieu, suivant qu’il est plus ou moins éclairé sur le fait de sa séparation du monde. En tout cas un chrétien spirituel ne peut guère parler de défendre sa patrie terrestre, comme s’il pouvait avoir deux patries».

 

Nous allons examiner les diverses assertions contenues dans ce passage :

 

1                        Le chrétien a-t-il une patrie terrestre à défendre ?

Il est évident que nous ne pouvons ni ne voulons appliquer la même mesure à un chrétien qui réalise pleinement sa position céleste, ou à un chrétien encore assujetti à ce que la Parole appelle «les éléments du monde» (Gal. 4:3, 9 ; Coloss. 2:8, 20). Ces «éléments» supposent que l’homme n’est pas entièrement perdu et que le monde n’est pas assez mauvais pour ne pas pouvoir se corriger et s’améliorer (*). Or un chrétien qui, tout en connaissant personnellement son Sauveur, ne fait pas de distinction essentielle entre un homme qui possède la nouvelle naissance, la vie éternelle et l’Esprit de Dieu, et un homme qui, étant mort dans ses péchés et perdu, ne les possède pas — un chrétien qui n’a pas compris que le monde professant, étant absolument condamné, ne peut pas faire partie du peuple de Dieu — ce chrétien, dis-je, ne peut se diriger d’après les mêmes principes qu’un chrétien conscient d’être affranchi du péché et du monde. Ce dernier sait qu’il a été retiré du présent siècle mauvais (Gal. 1:4) ; qu’il n’est pas du monde, comme son Sauveur n’en est pas (Jean 17:14) ; que, sans doute, il n’est pas ôté du monde, mais qu’il y est encore, comme envoyé avec un caractère et une mission célestes (Jean 17:11, 15, 18 ; 20:21).

 

(*) De fait, les «éléments du monde» contiennent quatre sentences :

1° L’homme est sans doute pécheur et mauvais, mais pas entièrement perdu, «périssant», mais non pas «mort»,

2° Il a donc la possibilité d’acquérir une justice devant Dieu,

3° Le monde n’est pas maudit, ni définitivement rejeté,

4° Il est par conséquent susceptible de s’améliorer. Ces principes ne sont pas seulement ceux du monde, éloigné de Dieu, mais ils sont admis par la loi, car elle met tout homme pécheur à l’épreuve ; elle suppose qu’il puisse en sortir victorieux, quoique Dieu sache le contraire. Aussi l’apôtre donne-t-il aux principes de la loi le nom d’«éléments du monde» (Gal. 4:3, 9).

 

Le chrétien affranchi dont nous parlons, a deux caractères : le premier dans ses rapports avec la terre, le second dans sa relation avec le ciel.

Quant à la terre, comme Abraham, le père des croyants (Rom. 4:11), il a quitté une patrie terrestre vers laquelle il n’a aucun désir de retourner, pour marcher vers une patrie céleste dont il n’a pas encore pris possession. Son attitude dans ce monde est celle d’un «étranger et d’un forain», c’est-à-dire d’un homme du dehors (Héb. 11:13-16).

En rapport avec le ciel, il est entièrement hors du monde ; il n’en est pas citoyen, il n’a pas de bourgeoisie sur la terre : sa bourgeoisie est céleste (Phil. 3:20) ; «il a été transporté (chose actuelle et non future) dans le royaume du Fils de l’amour de Dieu» (Col. 1:13). Sa position, ses intérêts, ses relations sont dans ce royaume invisible.

En tant que nous réalisons ces deux caractères, nos relations avec le monde et les autorités du pays dans lequel nous vivons deviennent très simples et très claires. Un chrétien qui ne les réalise pas parlera de sa patrie terrestre, parce que, à l’encontre d’Abraham, il ne l’a jamais quittée. Or, s’il estime avoir une patrie terrestre il sera obligé de la défendre et aura parfaitement raison de le faire, et j’ajouterai même que l’amour pour sa patrie lui fera applaudir des conquêtes faites par son pays, l’annexion de pays ou de provinces limitrophes ou de colonies éloignées. De telles ambitions ne se rencontrent pas seulement chez les peuples revêtus d’une profession chrétienne sans vie, mais, hélas ! chez les enfants de Dieu qui n’ont pas l’intelligence de leur caractère céleste. Ce singulier mélange de patriotisme et de christianisme a engendré des Havelock, des Gordon, des Roberts, hommes au noble et chevaleresque caractère, auxquels on a décerné le nom de «héros chrétiens». Tout en reconnaissant leur foi, nous sommes certains qu’ils n’ont pas acquis, aux yeux de Dieu, par le mélange de leurs vertus militaires avec leur christianisme, le renom que ce même mélange leur vaut aux yeux des hommes assujettis aux éléments du monde. Il n’est pas douteux que l’on rencontre de vrais chrétiens dans toutes les classes de la société militaire ou civile : bien rarement, sans doute, sur le trône, rarement parmi les grands et les riches de ce monde, car il est difficile qu’un riche entre dans le royaume de Dieu, mais, de fait, nous n’avons pas le droit de prononcer un ostracisme contre qui que ce soit : N’a-t-on pas vu dernièrement sur le trône pontifical, un vrai enfant de Dieu qui combattait fidèlement contre son propre clergé pour maintenir l’autorité des Saintes Écritures ?

Le chrétien qui a compris ce que c’est que d’être «participant de l’appel céleste» (Héb. 3:1) ne parlera donc pas de défendre sa patrie terrestre. Il a à combattre pour sa patrie céleste et les armes de sa guerre sont autres que des fusils Mauser ou des fusils Lebel. Son combat n’est pas avec «le sang et la chair» ; ses ennemis sont des puissances spirituelles ; son armure est l’armure complète de Dieu, c’est-à-dire l’état d’une d’âme formée par la Parole et armée de la Parole, pour remporter la victoire. Les deux combats dont nous parlons, le charnel et le spirituel, étant de tout point opposés l’un à l’autre, le chrétien qui se fait le champion du premier voit nécessairement décroître sa force dans le combat spirituel, s’il ne le perd pas en entier.

Ces principes, pour qui veut entendre, sont simples et évidents, et j’estime qu’ils ne pourraient être combattus que par des chrétiens qui, étant associés au monde civil ou militaire, ont intérêt à défendre la fausse position qu’ils occupent.

 

2                        Rapports du chrétien avec les autorités. Peut-il revendiquer ses droits civils ou nationaux ?

En énonçant les choses qui précèdent, nous ne prétendons pas que la question du service militaire ne soit pas hérissée pour le chrétien de graves difficultés matérielles et morales.

La première, la grande difficulté, naît de l’obligation d’obéir aux autorités, car cette obéissance nous est positivement recommandée par la parole de Dieu. Que ces autorités soient l’empereur, le roi, le président d’une république, le magistrat civil, le commandant militaire, peu importe : le chrétien lui doit obéissance. Elles sont établies de Dieu pour conduire et pour paître les peuples, pour récompenser les bons et punir les méchants, en un mot pour maintenir l’ordre sur la terre. En principe, leur protection est assurée au chrétien comme à tous les autres hommes. Devant une accusation inique et mensongère, l’apôtre faisait appel à César (Actes 25:11). Or il n’était pas question pour lui du caractère de Néron, l’homme le plus cruel et le plus corrompu de son royaume, persécuteur atroce des chrétiens, mais d’un homme institué de Dieu pour offrir sa protection aux accusés innocents et leur rendre justice. Et, notons-le bien, Paul en appelait à l’empereur, non pas en aucune manière pour se soustraire à la mort, car il avait conscience d’aller au devant d’elle, et, en outre, «s’il avait fait quelque chose qui fût digne de mort, il ne refusait pas de mourir», mais il n’avait d’autre désir, en parlant ainsi, que d’accomplir cette parole de Dieu : «Il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome» (Actes 23:11 ; voy. Actes 26:32). Jamais l’apôtre ne se prévalait de sa bourgeoisie pour résister à l’autorité, même injuste. Il supportait l’injustice : trois fois il avait été battu de verges et n’avait pas protesté. Quand, avec Silas, il est battu de verges à Philippes, il supporte cet outrage public, après quoi il fait connaître sa qualité de citoyen romain (Actes 16:37). Il aurait pu revendiquer sa bourgeoisie comme un droit avant de recevoir les coups, mais il ne le fait pas, ne voulant pas se soustraire aux souffrances de l’Évangile. Dans cette même occasion, lorsque Satan, ayant échoué dans sa résistance en public, cherche à supprimer, par le silence, le témoignage de Dieu, Paul dit : «Après nous avoir fait battre publiquement, sans que nous fussions condamnés, nous qui sommes Romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant ils nous mettent dehors en secret ! Non certes, mais qu’ils viennent, eux, et qu’ils nous mènent dehors». Tout cela n’est en aucune manière la revendication d’un droit, mais une simple constatation dans l’intérêt de l’Évangile, dont l’apôtre était le défenseur (Phil. 1:16). Cela était si vrai que, dans le cas particulier, Paul, au lieu d’affirmer son droit de rester dans la ville, obéit à la prière des magistrats et en sort (Actes 16:40). Nous le voyons encore, en Actes 22:25, s’enquérir auprès du centurion de la limite de son pouvoir sur lui, Romain qui avait cette bourgeoisie par naissance et qui n’était pas condamné — non pas qu’il voulût échapper à un acte injuste, bien que, dans le cas précédent, il y eût, sans doute, plus de foi que dans celui-ci ; mais n’était-il pas libre de faire appel à la conscience et aux devoirs de cet homme de guerre ? Quant à sa bourgeoisie, il ne l’avait pas acquise, comme le chiliarque, mais il «l’avait par naissance». Comme nous l’avons vu, il reconnaissait parfois, sans réclamer la protection qui lui était due, le privilège que cette bourgeoisie lui conférait et, d’autres fois, n’en tenait aucun compte, sa réclamation n’ayant en vue que les intérêts de l’Évangile.

Nous insistons là-dessus pour montrer qu’un chrétien qui connaît sa vocation céleste ne fait pas valoir ses droits ici-bas. Il peut être, par sa naissance, bourgeois de la ville qu’il habite, et cette position, il ne peut ni la changer, ni l’annuler, mais encore moins la revendiquer. Elle lui acquiert la protection des autorités de sa ville natale ; et s’il accepte avec reconnaissance cette protection quand elle lui est offerte, il ne proteste pas, quand elle lui est refusée ; mais, en échange, il se considère comme ayant des devoirs envers les autorités qui le protègent, et ne se considèrerait pas, lui dont la bourgeoisie est céleste, comme exempté de ces devoirs quand ces mêmes autorités lui refuseraient leur protection ou le persécuteraient.

Remarquez encore que, lorsqu’il s’agissait de ses droits nationaux, Paul les regardait, non comme un gain, mais comme une perte à cause de Christ (Phil. 3:7), les abandonnant tous, sans exception, et les considérant comme des ordures. Cela ne l’empêchait pas d’être Israélite et Benjaminite d’origine, comme il était Romain de naissance, mais sa nationalité n’avait de valeur pour lui qu’afin de s’en servir pour appeler son peuple, avec un amour ardent et inlassable, à se tourner vers Christ (Rom. 9:3).

Telle est donc la position du chrétien vis-à-vis de l’autorité. Si des droits lui sont conférés, il ne s’en prévaut pas et les abandonne sans hésiter quand il s’agit de souffrir pour le Seigneur. Jamais il ne balance ses devoirs par ses droits. Pour lui le devoir demeure, quand même le droit le plus évident lui serait contesté, et il obéit aux autorités, quelles qu’elles soient, parce qu’elles sont établies de Dieu.

 

3                        L’obéissance du chrétien aux autorités est limitée.

Cependant il est de la plus haute importance de comprendre que cette obéissance est limitée, parce que le magistrat ou le gouverneur, quel qu’il soit, est une autorité subordonnée et que je dois, bien plus qu’à lui, obéissance à l’autorité suprême qui l’a institué. C’est ce que disent les apôtres Pierre et Jean aux chefs et aux anciens de la nation : «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu». «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Actes 4:19 ; 5:29). Dieu nous a révélé ses pensées dans sa Parole ; c’est son autorité qui doit diriger toutes nos décisions, toute l’activité de notre vie chrétienne. En ne considérant que la question qui nous occupe nous demandons en quoi les ordres du commandement militaire devront céder le pas à ce que la parole de Dieu nous enseigne, et à l’obéissance que nous lui devons. Dieu nous enseigne-t-il que nous ayons des ennemis terrestres à combattre ou une patrie à défendre contre eux ? Tout cela avait lieu sous le régime de la loi ; rien de semblable sous l’économie de la grâce. Un chrétien n’a à combattre dans ce monde (nous y reviendrons) que des ennemis spirituels, il ne combattra donc pas ses ennemis, ni ceux de sa patrie, parce qu’il est l’ami de ses ennemis et qu’il n’a pas de patrie ici-bas. Il n’obéira donc à l’autorité militaire que dans la mesure compatible avec la volonté de son Dieu, révélée dans sa Parole.

 

4                        Rôle du service militaire dans le Nouveau Testament.

Examinons donc de plus près ce que le Nouveau Testament nous révèle au sujet du service militaire. Le Nouveau Testament parle souvent des hommes de guerre. Jean-Baptiste, qui n’était pas seulement le Précurseur, mais le dernier et le plus grand prophète de la loi, reconnaissait, comme tout l’Ancien Testament, la vocation d’homme de guerre, de soldat en Israël et ne la blâmait pas. Quand les soldats viennent au baptême de la repentance, il ne condamne pas leur métier, mais les engage à éviter les péchés qui en sont l’accompagnement habituel : «Ne commettez pas d’extorsions, ni n’accusez faussement personne, et contentez-vous de vos gages» (Luc 3:14). Le Seigneur lui-même observe le même silence au sujet de l’état militaire quand tel et tel homme de guerre d’entre les nations se présente devant lui, mais la raison en est tout autre : il s’agit de leur foi, et il est prouvé, dans le cas du centurion, que le métier des armes, chez cet étranger, n’est nullement incompatible, même avec une très grande foi que le Seigneur admire et qui fait honte à la foi que l’on rencontrait en Israël (Luc 7:1-10 ; Matt. 8:5-13). En Luc 23:47, nous voyons le centurion romain glorifier Dieu, au pied de la croix, disant : «En vérité cet homme était juste». En Matt. 27:54, saisi avec ses compagnons d’une fort grande peur, il s’écrie : «Certainement, celui-ci était fils de Dieu !» Son cœur était plus accessible à la foi que celui des pharisiens et de la foule juive qui se moquaient de Jésus, en disant : «Il a dit : Je suis fils de Dieu» (27:43). L’exemple du centurion Corneille, dans les Actes, vient à l’appui de ce que nous venons d’énoncer. Homme de guerre d’entre les nations, son métier n’est pas mis en question, mais pieux, craignant Dieu, le priant continuellement, il reçoit, comme sceau de sa foi, le don du Saint-Esprit.

Dès lors, c’est-à-dire depuis la descente du Saint-Esprit, le Nouveau Testament est muet sur l’œuvre de Dieu dans le cœur des soldats, quoique plus d’un fasse preuve de sentiments naturels de bienveillance et d’humanité (Voyez Actes 27:3, 43) ; non pas, sans doute, que cette œuvre ne puisse avoir lieu en tout temps, et les annales historiques nous en offrent maint exemple, mais il est à noter que, depuis la descente du Saint-Esprit, le Nouveau Testament garde le silence sur l’œuvre dans le cœur des soldats. La force armée n’y apparaît dès lors que comme moyen de cœrcition et de violence, témoins les divers incidents de l’histoire des apôtres Pierre et Paul.

Il est par contre très remarquable que les allusions à la guerre abondent dans les épîtres, pour accentuer le contraste entre les guerres des nations et celle du peuple de Dieu. Toutes les manœuvres des armées, si souvent mentionnées dans l’Ancien Testament, sous le régime de la loi, ne semblent plus applicables désormais qu’au combat de la foi. «Notre lutte», dit l’apôtre, «n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» (Éph. 6:12). Et encore : «Nous ne combattons pas selon la chair, car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu» (2 Cor. 10:3-5). Le premier chapitre de l’épître aux Philippiens est très instructif sous ce rapport. Tous les termes usités pour la guerre y sont appliqués à l’ensemble des croyants qui forment l’armée de Christ. Ainsi, dans ce chapitre, notre guerre a parfois le caractère défensif : «la défense de l’Évangile» (v. 7) ; et l’apôtre est établi de Dieu pour diriger cette défense dont il est le capitaine (v. 16). Parfois l’armée de Dieu doit gagner du terrain et prendre l’offensive : «l’avancement de l’Évangile» (v.12) ; maintenir les positions acquises : «la confirmation de l’Évangile» (v. 7) ; résister aux attaques, «tenant ferme dans un même esprit» (v. 27) ; honorer le drapeau dont Dieu lui a confié la garde, en se «conduisant d’une manière digne de l’Évangile de Christ» (v. 27). Ensuite vient le combat lui-même : «Combattant ensemble d’une même âme avec la foi de l’Évangile» (v. 28) ; et la victoire finale qui en est la conséquence : «n’étant en rien épouvantés par les adversaires, ce qui pour eux est une démonstration de perdition, mais de notre salut» (v. 28) ; car cette victoire, la délivrance définitive du mal et l’introduction dans la gloire comme prix du combat, est appelée «le salut» dans l’épître aux Philippiens.

Si, du combat collectif, nous passons au combat individuel, les épîtres sont tout aussi riches en allusions guerrières. Le chap. 6 de l’épître aux Éphésiens nous en offre, dans tous ses détails, le remarquable exemple, et toujours en opposition avec le combat charnel. Quel contraste nous trouvons, en effet, entre les pieds des hommes «rapides pour verser le sang» (Rom. 3:15), et les pieds du croyant «chaussés de la préparation de l’évangile de paix !» (Éph. 6:15). La conscience du chrétien lui permettra-t-elle jamais de concilier des choses aussi opposées ? — En 1 Cor. 9:26, l’apôtre se compare lui-même à un combattant. En 2 Timothée il exhorte son cher fils dans la foi à «prendre sa part des souffrances comme un bon soldat de Jésus-Christ» et il ajoute : «Nul qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre (2:3-4). Citons encore 2 Tim. 4:5-7 ; 1 Tim. 1:18-19 ; 6:12 ; 1 Thess. 5:8 ; Rom. 13:12, et nous serons bien loin d’avoir épuisé les citations. Celles-ci suffisent pour prouver que, depuis le don du Saint-Esprit, le Nouveau Testament considère la guerre comme uniquement spirituelle pour les chrétiens et s’abstient absolument de les représenter comme jouant un rôle dans les conflits entre nations.

Cela est si vrai que, dès que le temps de la grâce et de l’habitation du Saint-Esprit ici-bas est terminé dans l’Apocalypse par l’enlèvement de l’Église dans le ciel (Apoc. 5), on voit renaître la mention de guerres incessantes entre les hommes. Cette période se termine au chap. 19 par l’apparition, dans la personne de Christ, du Dieu des armées célestes, remportant la victoire sur toutes les armées des rois de la terre.

 

5                        Le chrétien et le service militaire.

Ayant établi jusqu’ici selon la Parole quelle est la position du chrétien vis-à-vis d’une patrie terrestre, vis-à-vis des autorités, et quel est, depuis le don du Saint-Esprit, le caractère, entièrement spirituel, assigné à la guerre, pour le chrétien, il nous est facile d’aborder enfin la question de la responsabilité chrétienne au sujet du service militaire.

Ici, je désire rappeler en premier lieu un principe de toute importance, établi au commencement de cet écrit, et relatif à la conduite des enfants de Dieu. Cette conduite est influencée par le degré de leur affranchissement du monde ou de la loi, et nous ne pouvons par conséquent l’apprécier selon une règle uniforme. Ce serait folie. Aussi bien condamner tout d’un temps toutes les guerres d’Israël sous le régime de la loi. Des chrétiens, non affranchis de la loi, tels que jadis les habitants des vallées vaudoises, ont combattu, dans leur ignorance, les ennemis de Christ avec les armes de la chair et ont été soutenus de Dieu dans la mesure de leur foi et de leur connaissance. Mais il ne faudrait pas en conclure que Dieu approuve chez ses enfants le manque d’affranchissement, parce qu’il le supporte et récompense toujours la foi, dans quelque milieu qu’elle se produise. Beaucoup de chrétiens ne vont-ils pas jusqu’à voir un signe d’approbation divine dans les diversités de vues qui nous séparent. Ils représentent le peuple de Dieu comme autant de régiments combattant pour un but commun, chacun sous un drapeau différent. Cette affirmation est une erreur grossière. L’armée chrétienne et le combat chrétien ne comportent qu’un seul drapeau et qu’une action d’ensemble. «Conduisez-vous», dit l’apôtre, «d’une manière digne de l’évangile de Christ, afin que, soit que je vienne et que je vous voie, soit que je sois absent et que j’entende parler de votre état, j’apprenne que vous tenez ferme dans un seul et même esprit, combattant ensemble d’une même âme, avec la foi de l’Évangile» (Phil. 1:27) ; et encore : «Rendez ma joie accomplie en ceci que vous ayez une même pensée, ayant un même amour, un même sentiment, pensant à une seule et même chose» (11:2).

Tel est le seul caractère que la parole de Dieu approuve. Mais si les divergences d’appréciation et de conduite parmi les enfants de Dieu ne peuvent être justifiées en aucune manière, elles peuvent être expliquées. Elles dépendent souvent de l’ignorance des pensées de Dieu révélées dans sa Parole et Dieu tient compte de cette ignorance avec toute sorte de patience et une infinie bonté. D’autres fois elles sont le fruit de la désobéissance et du manque de soumission à Ses pensées ; en cela, elles sont inexcusables, car ce n’est pas sans but que Dieu nous a révélé ses pensées dans sa Parole. Les chrétiens la comprennent différemment, objecte-t-on. Cette objection condamne d’une manière absolue ceux qui la font. La parole de Dieu n’est pas inintelligible. Elle est donnée, non aux savants, mais aux simples, pour les rendre intelligents. L’intelligence humaine ne peut la comprendre, mais le Saint-Esprit, dans le chrétien, nous l’enseigne, nous l’applique et en sonde, à notre intention, même «les choses profondes». Les Écritures sont comme l’océan : la sonde ne peut en toucher le fond et à sa surface la plus frêle nacelle peut atteindre le port.

Ces divergences existent, mais la parole de Dieu nous enseigne comment nous devons nous comporter à leur égard : «Nous tous qui sommes parfaits, ayons ce sentiment : et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, cela aussi Dieu vous le révèlera ; cependant, dans les choses auxquelles nous sommes parvenus, marchons ensemble dans le même sentier» (Phil. 3:15-16).

Si donc il existe entre chrétiens des divergences sur le sujet du service militaire, traité dans ces pages, au lieu d’entrer en lutte les uns avec les autres, attendons que Dieu nous instruise, et cherchons l’union des saints dans les vérités qui leur sont communes, au lieu d’accentuer la désunion dans les choses qui ne sont pas connues de tous.

Pour des esprits également consciencieux, la grande question qui se pose au sujet du service militaire porte sur le degré d’obéissance due aux autorités. Les uns, comme nous l’avons vu plus haut, recommandent cette obéissance dans la mesure où elle n’entre pas en conflit avec la volonté de Dieu ; les autres croient que cette volonté n’est pas assez clairement exprimée dans la Parole pour les empêcher de répondre à l’appel aux armes et aux obligations qu’il comporte. Ils estiment devoir obéir dans tous les cas aux autorités militaires. Or, je le demande, cela est-il possible à un chrétien ? Est-ce que, s’il s’était trouvé un disciple de Christ parmi les soldats qui, sous l’autorité militaire, conduisaient le Seigneur au supplice, il aurait dû obéir et clouer à la croix les mains et les pieds de Jésus ? Non, n’est-ce pas ? Mais, avez-vous remarqué que, sur le point de se rendre à Golgotha, Jesus dit : «Tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée» (Matth. 26:52). Il n’est donc pas permis de tirer l’épée. Est-il permis au chrétien de répandre le sang ? Entièrement en dehors de l’économie de la loi, ce qui rend cette parole applicable à l’économie chrétienne, Dieu dit à Noé, de manière à lier tous les hommes : «De la main de chacun, de son frère, je redemanderai la vie de l’homme. Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé» (Gen. 9:5-6). — Est-il permis au chrétien de se venger de ses ennemis ? La parole de Dieu répond : «Ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés ; mais laissez agir la colère, car il est écrit : «À moi la vengeance ; moi, je rendrai, dit le Seigneur». Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela tu lui entasseras des charbons de feu sur sa tête» (Rom. 12:19-20). — Est-il permis au chrétien de précipiter son ennemi dans l’enfer, dans l’éternité d’un lieu de tourments, loin de Dieu, au lieu de le sauver de l’abîme ? Il suffit de poser la question pour la résoudre. — Vous voyez donc que la parole de Dieu, dès qu’elle prend l’homme en dehors du régime de la loi, est positive à ce sujet. Mais, hélas ! vous ne le voyez pas, étant lié, d’un côté par votre conscience, de l’autre par l’asservissement aux «éléments du monde», qui vous portent à obéir aux autorités, coûte que coûte. Je respecte vos scrupules sans les partager, mais l’obéissance à la parole de Dieu a plus d’importance pour moi que tous les scrupules.

 

6                        Conseils pratiques.

Est-ce à dire que cette question soit réglée en pratique pour le chrétien aussi facilement que semblent l’indiquer les pages ci-dessus ? Non, et voici pourquoi :

Dans la plupart des pays le service militaire est obligatoire, indistinctement pour tous. Dans les contrées où il ne l’est pas, la question ne souffre aucune difficulté : le chrétien, conscient de sa vocation céleste, n’entrera pas dans l’armée.

Dans certains pays où le service est obligatoire, l’état tient compte des scrupules de conscience des chrétiens (scrupules qui, du reste, chose triste à dire, ne sont jamais le fait que d’une infime minorité), et leur permettent de s’enrôler dans les troupes sanitaires. Cette liberté est à la louange des gouvernements qui, par ce moyen, respectent la conscience de leurs subordonnés. Le chrétien fidèle qui profite de cette liberté s’acquittera de sa mission sur les champs de bataille sans ménager sa vie ; il ne craindra pas de s’exposer aux plus grands dangers pour accomplir son devoir d’amour envers tous, amis et ennemis, à travers les balles et les éclats d’obus, donnant ainsi l’exemple d’un dévouement qui n’hésite pas, selon l’exemple du Sauveur, à laisser sa propre vie pour sauver celle des autres. Il aura ainsi l’occasion de réaliser cette parole de Jésus : «Celui qui affectionne sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa propre vie dans ce monde-ci, la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je serai, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera» (Jean 12:25-26). Admirable service que celui-là, humble et sans apparence, fait d’abnégation, d’oubli de soi, de courage moral, bien plus agréable à Dieu que les exploits militaires de ceux que l’on appelle des héros chrétiens !

Mais, en d’autres pays, où le service militaire est obligatoire, aucune liberté de choix n’est laissée à ceux qui sont incorporés. Cependant nous sommes certains que Dieu bénirait la foi et le courage moral de ceux qui, lors du recrutement, déclareraient qu’ils sont prêts à sacrifier leur vie pour secourir les blessés, mais que la parole de Dieu leur défend de répandre le sang. Si, malgré cela, l’obligation de porter les armes est imposée au jeune chrétien, quoique se trouvant acculé sans avoir de choix, à la nécessité d’obéir aux hommes, il n’est cependant pas sans ressource : qu’il prie, qu’il prie continuellement. Dieu a égard, chez ses enfants, à la dépendance de Lui, exprimée par la prière, dépendance qui s’accorde si bien avec notre incapacité absolue de lui obéir par nous-mêmes. «La fervente supplication du juste peut beaucoup» (Jacq. 5:16). Combien de fois n’avons-nous pas vu au cours de la guerre actuelle une réponse de Dieu, dans une blessure opportune qui a mis un chrétien dans l’incapacité de tirer son premier coup de fusil, réponse à la supplication du juste et aux prières adressées à Dieu par ses frères. Combien de fois des chrétiens fidèles n’ont-ils pas éprouvé, au milieu des dangers, la vérité de cette parole : «Pas un cheveu de votre tête ne périra» (Luc 21:18), en même temps qu’ils étaient préservés de tout acte de violence (*). Combien de fois, au contraire, n’avons-nous pas vu, dans ces mêmes combats les chrétiens qui étaient en proie à «l’enthousiasme national», à l’ambition de «s’honorer aux yeux de chefs respectés», au désir de «défendre leur patrie», de «vaincre en écrasant l’ennemi», ces chrétiens, dis-je, frappés de la balle meurtrière ou de l’éclat d’obus qui les ont sans doute transportés immédiatement auprès de leur Sauveur, mais en mettant fin à un service qui aurait été utile pour Lui, et qui faisait dire à l’apôtre : «Si je dis vivre dans la chair, il en vaut bien la peine !» (Phil. 1:22).

 

(*) Une lettre écrite des tranchées, sur le front de bataille, et reçue quand ces lignes étaient sous presse, confirme cette phrase d’une manière frappante. J’en transcris un fragment :

5 novembre 1914.

«... Individuellement, et chaque fois que Je peux me réunir avec deux amis de V. nous demandons beaucoup au Seigneur qu’il nous épargne la lutte horrible corps à corps et qu’il nous garde de faire usage de nos armes. Que ce serait terrible, s’il fallait frapper notre prochain, peut-être un frère ! quel remords si l’on devenait «meurtrier» ! Le Seigneur, dans son inlassable bonté, nous a aussi gardés à cet égard jusqu’à aujourd’hui. Et, à ce sujet, que de riches expériences nous avons faites. Que de fois on nous a fait nous préparer à l’assaut. Alors nous criions au Seigneur de nous protéger, mais aussi nous le suppliions de faire que nous n’eussions pas à «frapper». Toujours il a répondu bien au delà de ce qui lui était demandé dans la faiblesse, et souvent, pour ne pas dire toujours, par des moyens auxquels personne ne se serait attendu. Que d’expériences touchantes, merveilleuses, de l’intervention divine, si visible pour le croyant et, chose magnifique, reconnue par ceux même qui ne veulent pas de Dieu, et qui étaient saisis d’étonnement, comme autrefois les foules incrédules qui, par curiosité, suivaient Jésus pour voir les miracles qu’il faisait, sans vouloir croire en lui». Élie Sagnes

 

Tels sont les conseils pratiques de l’expérience chrétienne appuyée sur la parole de Dieu, au sujet du service militaire. Puissent-ils être utiles à un grand nombre de jeunes chrétiens qui se trouvent actuellement aux prises avec ces sérieuses difficultés. Et si, malgré tout, ils ont à les subir, qu’ils n’oublient pas de rendre un témoignage fidèle au milieu de la vie agitée, souvent indifférente, souvent impie ou violente, des camps et des tranchées. Qu’ils recherchent la communion de leurs frères en Christ, et (nous en avons maint exemple) Dieu la leur fera trouver dans les armées s’ils la lui demandent ; qu’ils se gardent de tout acte de violence, des exécutions, des fusillades qui leur seraient ordonnées, même si la perte de leur vie devait être la conséquence de leur désobéissance ; qu’ils soient secourables aux malheureux, fugitifs et opprimés ; qu’au péril de leurs jours ils soustraient leurs ennemis à la rage de ceux qui les poursuivent ; qu’ils évitent le moindre acte de déprédation et de pillage... S’ils font ainsi, le Dieu de paix sera avec eux, les gardera et les bénira !

 

7                        Appendice

Au moment où je termine ce petit travail, un ami me rappelle une lettre d’un cher serviteur de Dieu que j’avais publiée en 1877 et oubliée dès lors. Écrite en 1870, lors de la guerre franco-allemande, elle me semble exprimer, beaucoup mieux que je n’ai su le faire, une partie des pensées émises dans cette brochure, aussi je n’hésite pas à la reproduire ici.

 

À Mr. C. E. (1870)

 

Cher frère,

... Il est clair pour moi, qu’un chrétien, libre de faire ce qu’il veut, ne pourrait jamais être soldat, à moins qu’il ne soit au plus bas de l’échelle et ignorant de la position chrétienne. C’est autre chose quand on y est forcé. Alors la question est celle-ci : La conscience est-elle si fortement engagée, au sujet du côté négatif de la question, qu’on ne pourrait être soldat sans violer ce qui est la règle pour la conscience : la parole de Dieu ? Dans ce cas on en subit les conséquences ; il faut être fidèle.

Ce qui me fait de la peine, c’est la manière dont l’idée de «la patrie» s’est emparée du cœur de quelques frères. Je comprends très bien que le sentiment de la patrie soit fort dans le cœur d’un homme. Je ne crois pas que le cœur soit capable d’affection à l’égard du monde tout entier. Au fond, les affections humaines doivent avoir un centre qui est le moi. Je peux dire : «ma patrie», car elle n’est pas celle d’un étranger. Je dis : «mes enfants, mon ami» ; et ce n’est pas un «moi» purement égoïste. On ferait le sacrifice de sa vie, de tout (non pas toutefois de soi, de son honneur), pour sa patrie, pour son ami. Je ne puis dire : «mon monde».

Mais Dieu nous délivre du «moi» : il fait de Dieu, et de Dieu en Christ, le centre de tout, et le chrétien, s’il est conséquent, déclare hautement qu’il cherche une patrie, une meilleure, c’est-à-dire une patrie céleste. Ses affections, ses liens, son droit de bourgeoisie, sont en haut. Dans ce monde, il se retire dans l’ombre, comme en dehors du tourbillon qui menace de tout envahir, de tout emporter. Le Seigneur est un sanctuaire (Ézéch. 11:16).

Qu’un chrétien hésite s’il doit obéir ou non, je le comprends et je respecte sa conscience ; mais, qu’il se laisse emporter par ce qu’on appelle le patriotisme, cela n’est pas du ciel. «Mon royaume», dit Jésus, «n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu» (Jean 18:36).

Le patriotisme est l’esprit du monde, sous une forme honorable et attrayante, mais les guerres viennent des convoitises qui combattent dans nos membres.

Comme homme, je me serais battu obstinément pour ma patrie et ne me serais jamais soumis — Dieu le sait — mais, comme chrétien, je me crois et me sens en dehors de tout cela. Ces choses ne me remuent plus. La main de Dieu se trouve dans cette guerre et je la reconnais : il a tout ordonné d’avance ; je courbe la tête devant cette volonté. Si l’Angleterre était envahie demain, je me confierais en Lui. Ce serait un châtiment sur ce peuple qui n’a jamais vu la guerre, mais je me plierais devant Sa volonté.

Beaucoup de chrétiens travaillent sur le théâtre de la guerre. On leur a envoyé de grandes sommes d’argent. Tout cela ne m’attire pas. Dieu soit béni de ce que tous ces pauvres soldats soient soulagés, mais j’aimerais mieux voir des frères pénétrer dans les ruelles de la Cité et chercher les pauvres là où ils se trouvent tous les jours. Il y a beaucoup plus d’abnégation de soi-même, plus de service caché, dans un pareil travail. Nous ne sommes pas de ce monde, mais nous sommes les représentants de Christ au milieu du monde. Que Dieu garde les siens !

J. N. Darby