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Les événements à venir sur la terre et dans le ciel
Fereday William Wooldridge [écrit vers 1915. Adapté 2023 par Bibliquest. Ajouts Bibliquest entre crochets]
https://www.stempublishing.com/authors/fereday/EVCOMING.html
Table des matières abrégée :
3 Le nouvel empire et son chef
5 L’apostasie de la chrétienté
11 La révélation de Jésus-Christ
12 Le rétablissement de toutes choses
Table des matières détaillée :
1.1 [La cible dans les desseins de Dieu : le grand jour du Seigneur, précédé par l’enlèvement]
1.2 L’attente de Christ comme encouragement à la sainteté
1.3 L’attente de Christ comme consolation dans la peine ou la douleur
1.4 L’attente de Christ comme joie dans la persécution
1.5 L’attente de Christ comme soutien sous l’oppression
1.6 L’attente de Christ comme encouragement dans le service
2.1 [Apoc. 4 et 5, une scène préparatoire]
2.2 [Les anciens dans l’Apocalypse]
2.3 [L’Agneau comme immolé — Apoc. 5]
2.4 [Réactions dans le ciel à la vue de l’Agneau — Apoc. 5]
3 Le nouvel empire et son chef
3.1 [Un empire ressuscité. Caractéristiques de fonctionnement]
3.2 [Phases historiques de l’empire. Phase finale d’autocratie / tyrannie]
4.3 [Chassé du ciel par l’archange Michel, après la période de l’Église]
4.4 [Satan sur la terre, puis enfermé dans l’abîme]
4.5 [Révolte finale, puis l’étang de feu]
5 L’apostasie de la chrétienté
5.1 [Selon l’Ancien Testament, Ésaïe 60:2]
5.4 [Selon l’apôtre Paul, Romains 11]
5.5 [Selon l’apôtre Paul : 1 Timothée 4 → 2 Timothée 3 → 2 Thessaloniciens 2]
5.6 [Après l’enlèvement de l’Église]
5.7 [Un retour au paganisme est-il inconcevable ?]
6.1 La relation de l’Antichrist avec Israël
6.2 Rapport de l’Antichrist avec la chrétienté
6.3 Relation de l’Antichrist avec la Bête
6.4 [Autres représentations de l’antichrist]
7.1 [Pourquoi des tribulations]
8.1 [Description de Babylone comme femme : ses caractères]
8.2 [Babylone distincte de la Bête romaine]
8.3 [Le renversement de Babylone]
9.3 [4 femmes dans l’Apocalypse]
9.4 [Distinction entre les anciens et l’Épouse]
9.5 [Noces de l’Agneau : Il n’est pas dit les noces de l’Épouse]
9.6 [La préparation aux noces]
9.7 [Les conviés aux noces, distincts de l’Épouse]
9.8 [Distinction d’avec le souper de Dieu]
10.1 [Dieu n’a pas rejeté Son peuple]
10.2 [Un endurcissement temporaire]
10.3 [Tout Israël, y compris les dix tribus]
10.4 [Restauration d’Israël comme centre des bénédictions de toute la terre]
10.5 [Une œuvre de Dieu, jusqu’à l’apparition du Seigneur en gloire]
10.6 [Les ennemis d’Israël, l’Assyrien et la Russie]
10.7 [L’accomplissement des desseins de Dieu]
11 La révélation de Jésus-Christ
11.1 La fin solennelle du jour de l’homme et le début du jour du Seigneur
11.2 La justification publique par Dieu de l’Homme Christ Jésus
11.3 Le premier pas vers le renversement final de Satan
12 Le rétablissement de toutes choses
12.1 [Quelques-unes de ses caractéristiques]
12.2 [Pierre l’a proposé en Actes 3]
12.3 [Limites dans le rétablissement]
12.6 [Une étape seulement avant la perfection]
[L’avenir du monde est de plus en plus sombre. Après des guerres mondiales, puis un temps de calme de quelques dizaines d’années, les conflits se multiplient, les puissances civiles ou religieuses qu’on croyait capables d’intervenir perdent de plus en plus tout pouvoir réel et en tous cas toute autorité morale. Les idées ou propagandes s’étendent mondialement et rapidement, et cherchent à s’imposer avec tout leur cortège de groupes de pression et de mensonges ou contre-vérités. Il y aurait tout pour être inquiet au plus haut point.]
Le chrétien n’a pourtant pas à se préoccuper de l’avenir, ayant pour guide la Parole de Dieu — Parole écrite (la Bible) qui demeure et ne change pas. Dans cette Parole l’Esprit de Dieu concentre notre attention sur la cible dans les desseins de Dieu, le point culminant. Il s’agit du grand jour du Seigneur, qui sera introduit par la manifestation publique du Seigneur Jésus depuis le ciel. Les prophètes et les psalmistes ont parlé et chanté ce jour dans le passé. Ce jour apportera un renversement total de l’ordre des choses ici-bas. Il mettra brusquement fin au «jour de l’homme» — cette période d’orgueil humain et de volonté propre — afin que la volonté de Dieu puisse prévaloir. Lorsque «le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ» (Apoc. 11:15) sera établi, la justice, la paix et la bénédiction rempliront la terre. D’ici là, l’angoisse doit s’aggraver de jour en jour.
Le jour du Seigneur, aussi proche soit-il, ne commencera pas d’un coup. De nombreux événements prophétiques (sans doute concentrés dans un laps de temps assez court) doivent s’accomplir avant son introduction. Mais un événement préliminaire doit intervenir ; inséparablement lié au «jour du Seigneur», il peut avoir lieu à tout moment : il s’agit de la descente du Seigneur dans les airs pour appeler à lui et enlever Ses élus célestes. L’intention divine est d’amener «les saints des lieux célestes» dans la même gloire que Christ lorsqu’Il apparaîtra : «Il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans Ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thess. 1:10). Pour qu’il en soit ainsi, Il rassemblera d’abord les Siens et les préparera pour la grande manifestation.
C’est ce que l’apôtre, en Tite 2:13, appelle «la bienheureuse espérance». L’Église doit voir le Seigneur comme «l’étoile brillante du matin» avant qu’Israël et le monde le voient comme «le soleil de justice» (Apoc. 22:16 ; Mal. 4:2). Ce sera l’accomplissement de la promesse faite par le Sauveur à ses disciples à la veille de son départ : «Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:3). Le fait qu’il n’y ait aucune pensée de la mort dans ce passage familier est suffisamment prouvé par Jean 21:22-23.
Nos faibles esprits ont de la peine à réaliser ce qui nous est dit concernant le retour de notre Seigneur. Il descendra, sa voix puissante se fera entendre, les saints endormis seront ressuscités et les vivants «changés en un instant» (1 Thess. 4:16-17 ; 1 Cor. 15:51-52). Le matin, occupés à notre labeur habituel ; l’après-midi, chez nous, dans la maison du Père, pour toujours. Quelle attente !
La question peut se poser à certains : «Tous les saints seront-ils enlevés ?» — La réponse est : oui, sans aucun doute. C’est «l’espérance de la justice» (Gal. 5:5). Dieu a lié cette espérance à la justice dont Il nous a revêtus en Christ ressuscité. Celui que Dieu a «justifié» doit aussi être «glorifié» (Rom. 8:30). Ce serait déshonorer l’œuvre du Seigneur Jésus que d’oublier un seul de Ses saints dans le jour que nous attendons. Même aux Corinthiens qui se comportaient mal, l’apôtre écrivait : «Nous serons tous changés» (1 Cor. 15:51).
L’attente de Christ devrait nous influencer puissamment pendant «le peu de temps» qui reste. L’Esprit nous la présente dans les Écritures en relation avec toutes les circonstances de la vie quotidienne.
«Celui qui a cette espérance en lui se purifie comme lui est pur» (1 Jean 3:3). Il est impossible de caresser l’idée que nous serons bientôt conformes à Son image sans aspirer à Lui ressembler davantage sur le plan moral dès maintenant. L’apôtre, dans sa prière pour les Thessaloniciens (1 Thes. 3:11-13), présentait la venue du Seigneur comme l’aboutissement d’une marche irréprochable et sainte de leur part.
En 1 Thessaloniciens 4:13-18, c’est ce que l’Esprit présente, aux personnes perplexes dans le deuil ; c’est l’espérance qui les console et les encourage. Les croyants de l’Ancien Testament attendaient les retrouvailles avec les défunts dans le royaume des morts (2 Sam. 12:23) ; les saints du Nouveau Testament attendent de rencontrer dans les airs, dans la vie et la gloire de la résurrection, tous ceux à qui ils ont dit adieu dans la foi en Christ.
Les croyants hébreux (juifs) avaient beaucoup souffert, tant dans leurs biens que dans leur personne, pour le nom du Seigneur Jésus. L’apôtre souhaitait vivement que leur foi ne s’affaiblisse pas à cause de leurs souffrances. C’est pourquoi il dit : «Encore un peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas» (Héb. 10:37).
À ceux qui subissaient la tyrannie, dont les bons services n’étaient ni appréciés ni récompensés par ceux qui les tenaient en esclavage, Jacques écrivait : «Usez donc de patience, frères, jusqu’à la venue du Seigneur... la venue du Seigneur est proche» (Jacques 5:7-8). Son œil voit tout ce qui arrive aux Siens au cours de leur parcours dans le monde, et Il redressera tous leurs torts à Son retour. Il est un Seigneur juste.
C’est ce que nous lisons en 1 Thessaloniciens 2:19-20 : «Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions ? N’est-ce pas bien vous devant notre seigneur Jésus, à sa venue ? Car vous, vous êtes notre gloire et notre joie». Le cœur éprouvé de l’ouvrier se sent-il parfois accablé par l’incrédulité et l’égarement de ceux parmi lesquels il travaille ? Qu’il se rassure en pensant que le fruit de tout vrai service pour Christ se manifestera sans faille lors de Son retour.
Par-dessus tout, l’Esprit de Dieu fait naître dans nos cœurs le désir de voir la face du Sauveur. Travailler pour lui est bon et recevra sa récompense ; L’attendre est meilleur, et la récompense est d’autant plus merveilleuse, comme en témoigne Luc 12 (v.35-38 et v.42-44). Que nos cœurs soient si complètement détachés de tout ce qui se passe ici qu’en réponse à Son «Oui, je viens bientôt», nous puissions joyeusement répondre : «AMEN, viens, Seigneur Jésus» (Apoc. 22:20).
Après que l’histoire de la chrétienté (ou Église professante) ait été déroulée devant lui dans les épîtres aux sept assemblées (Apoc. 2 et 3), le voyant d’Apocalypse (l’apôtre Jean) entendit ensuite l’appel : «Monte ici» (Apoc. 4:1), et il se trouva immédiatement en esprit devant le trône de Dieu. Jean est ici le représentant de nous tous. La même Voix qui a salué ses oreilles à Patmos sera entendue par toute la famille de la foi, et soudainement nous nous trouverons, non pas en esprit seulement, mais en personne, au milieu des gloires du ciel, en présence de Dieu et de l’Agneau.
Autour du trône de l’Éternel, Jean voit 24 trônes (Apoc. 4:4) sur lesquels sont assis 24 anciens, vêtus de vêtements blancs et portant des couronnes d’or sur leur tête. Depuis la première mention (ch. 4 v.4) jusqu’à la dernière (ch. 19 v.4), le livre de l’Apocalypse représente ces anciens comme caractérisés par l’intelligence spirituelle. Ils comprennent le dessein divin en rapport avec la création (Apoc. 4.11) ; ils donnent des interprétations à l’apôtre en Apoc. 5.5 et 7.13-14 ; ils chantent avec appréciation de la valeur du sang de l’Agneau en Apoc. 5.9-10 ; ils célèbrent l’introduction divine du Royaume en Apoc. 11.16 et ils acquiescent au jugement de Dieu sur la grande prostituée en Apoc. 19.4. — Qui sont ces privilégiés ?
Il faut bien comprendre que les ch. 4 et 5 de l’Apocalypse ne nous donnent pas une image de ce qui est, mais de ce qui sera. Le ciel, à l’heure actuelle, ne revêt pas un aspect tel que celui dépeint dans ces chapitres. Ce n’est que lorsque l’œuvre actuelle de l’Esprit de Dieu sera achevée que le ciel se préparera ainsi à l’œuvre du jugement. Il est important de garder ce fait à l’esprit si nous voulons comprendre qui sont les êtres qui nous sont montrés comme des anciens trônant et se prosternant.
Notons tout d’abord qu’il s’agit d’une compagnie représentative. Les anciens, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, représentent (ou agissent) pour l’ensemble du peuple de Dieu (Ex. 4:29 ; Deut. 31:28, Actes 11:30). Le nombre correspond aux divisions de la sacrificature d’Israël en 1 Chroniques 24 et 25. Les 24 grands sacrificateurs étaient représentatifs de l’ensemble de la famille sacerdotale. Les anciens de l’Apocalypse sont manifestement des sacrificateurs ; leurs robes (4:4) et leurs encensoirs (5:8) l’indiquent. Ils ont aussi un caractère royal, car ils sont à la fois couronnés et sur des trônes. Ce ne sont pas des anges, car l’armée angélique est partout montrée comme une compagnie à part (par ex. Apoc. 5:11) ; de plus, les anges ne sont pas appelés à occuper des trônes, la domination ne faisant pas partie de leur fonction (Héb. 2:5). Les anciens ne sont pas non plus les esprits des saints décédés en attente de la résurrection, car leur nombre reste le même tout au long de l’histoire – il n’y a pas d’augmentation. Qui donc les anciens peuvent-ils être si ce n’est l’ensemble de la sacrificature céleste, considérée sous ce symbole représentatif ? Par sacrificature céleste, nous entendons tous ceux qui sont glorifiés au moment de la descente de notre Seigneur dans les airs — les saints des dispensations de l’Ancien Testament et l’Église «qui est Son corps» (Héb. 11:40). Tous ceux-là, quelles que soient les différences dans leur position et leurs relations à d’autres égards, peuvent chanter unanimement et joyeusement : «À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; — et Il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour Son Dieu et Père ; — à Lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen» (Apoc. 1:5-6). Je me situe parmi cette foule sainte !
Ces sacrificateurs royaux sont tous vus trônant en paix et dans le repos en présence de Dieu et de l’Agneau, avant que Dieu ne «se lève pour frapper d’épouvante la terre» (Ésaïe 2:21). Et «non seulement la terre, mais aussi le ciel» (Héb. 12:26). Ce n’est qu’au ch. 6 de l’Apocalypse que l’Agneau commence à rompre les sceaux du livre fatidique. Mais le jugement se prépare manifestement, car «du trône sortent des éclairs et des voix et des tonnerres» (Apoc. 4:5) : Même le triple «Saint» des créatures vivantes ne les effraie pas, comme un cri similaire a affligé Ésaïe autrefois (Ésaïe 6:5). Ils sont en présence de Dieu sur la base du sang rédempteur, et ils le savent. Le jugement doit avoir lieu, car la patience de Dieu est maintenant terminée, mais le jugement ne signifie rien pour ceux dont l’espérance et la confiance sont le Sang de l’Agneau.
Quelle scène nous est décrite lorsque l’Agneau prend le Livre de la main droite de Celui qui est assis sur le trône ! Jean pleurait fort parce que personne au ciel ou sur la terre n’avait été trouvé capable d’ouvrir (ou même de regarder) le livre, en réponse à l’appel de l’ange. Ayant entendu parler d’un lion — le lion de la tribu de Juda — il regarda, et voici un agneau, qui portait les marques de la mort. Il s’agit de la même personne glorieuse que le Fils de l’homme de Daniel 7:13-14, que l’on voit s’approcher du trône de l’Ancien des jours pour recevoir l’investiture du Royaume ; en Apocalypse 6:6-7, Il prend en main le livre des conseils divins, étant le seul au ciel ou sur la terre capable de les mettre à exécution. Le livre est entièrement rempli — «écrit au-dedans et sur le revers» ; aucun dessein de Dieu n’aura jamais besoin d’être révisé ou ajouté. Tout ce qu’il faut, c’est qu’il y en ait un qui mette tout en œuvre.
Le Lion évoque la puissance irrésistible, l’Agneau la grâce rédemptrice. L’objectif ultime de Dieu est la bénédiction. Par conséquent, lorsque le jugement aura fait son œuvre, la rédemption sera connue sur la terre ici-bas comme au ciel là-haut. Les v. 13 et 14 d’Apoc. 5 nous en offrent la célébration. Lorsque le lion de Juda se lèvera, le «jour de l’homme» s’achèvera et le jour du Seigneur sera introduit.
La vue de l’Agneau immolé au milieu du trône émeut profondément tout le ciel. Les anciens se lèvent de leurs trônes et, avec les créatures vivantes [traduit par « animaux » dans la version française Darby], se prosternent à ses pieds et chantent sa louange (5:8-10). Les chants de la terre vieillissent, le «cantique nouveau» du ciel ne vieillit jamais. Dieu ne se lassera jamais d’écouter Ses rachetés proclamer la valeur de l’Agneau ; pour Lui comme pour eux, ce cantique aura une fraîcheur éternelle. Le langage du cantique nouveau se lit comme suit : «Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as (r)acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre». Le langage n’est pas personnel, mais général. Ils ne parlent pas tant de ceux qui tirent profit de l’œuvre du Rédempteur que de l’œuvre elle-même. Leur thème est la valeur merveilleuse de l’œuvre. Il va de soi qu’ils sont eux-mêmes bénis en vertu de cette œuvre, de même que les saints qui souffrent en ce temps-là sur la terre ; mais, nous le répétons, c’est l’œuvre, et non ses bénéficiaires, qu’ils proclament devant le trône de Dieu.
Les anges s’expriment ensuite (5:11-12). Les anciens chantent pour l’Agneau, en s’adressant à l’Agneau ; les anges parlent au sujet de l’Agneau. D’une voix forte, ils disent : «Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction». Le ciel tout entier est ainsi en harmonie avec le cœur de Dieu ; chaque langue proclame la valeur de Celui qui a été mort. On a enfin trouvé une personne à qui l’on peut confier en toute sécurité la puissance et les richesses, et qui les utilisera pour Dieu et pour Sa gloire.
Mais le cercle des louanges s’élargit encore (5:13), jusqu’à ce que le ciel, la terre et la mer, à l’unisson, disent : «À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles !». Il s’agit d’une anticipation prophétique de la délivrance complète de la création tout entière (qui gémit depuis si longtemps dans la servitude, Rom. 8:21-22) comme fruit de l’œuvre du Rédempteur. Les 4 créatures vivantes répondent par un profond «Amen», et les 24 anciens se prosternent et adorent.
Merveilleuse pensée ! Nous pourrions nous trouver au milieu de toutes ces gloires avant qu’un autre jour ne se lève.
À la suite des conflits et des désordres du monde, un nouvel empire fédéral s’élèvera en Europe. Ses caractéristiques extraordinaires susciteront l’étonnement et l’admiration de tous. Aux yeux des hommes, il sera incomparable et sa puissance sera irrésistible. Il faudrait plus que la sagesse humaine pour l’amener à la perfection, mais lorsqu’il sera établi, il représentera l’apogée de tout ce à quoi les hommes ont aspiré depuis le début.
Le nouvel empire, lorsqu’il apparaîtra, ne sera, en fin de compte, qu’un ancien empire ressuscité. Destiné à être détruit par le Fils de l’Homme lors de Sa seconde venue sur terre, c’est la même puissance qui Lui a fait violence lors de Sa première venue. C’est la puissance romaine, mais à bien des égards sous une forme différente de tout ce qui a été connu dans le passé. Ainsi, la Bête que Jean vit monter de la mer en Apocalypse 13:1, avait l’apparence d’un léopard, ses pieds étaient ceux d’un ours et sa gueule celle d’un lion. Ces créatures représentent les empires mondiaux qui ont précédé Rome : Babylone, la Médo-Perse et la Grèce (Dan. 7:4-6). L’empire du futur combinera donc la rapidité d’action d’Alexandre, l’avidité de conquête des Perses et le despotisme tyrannique de Babylone.
De plus, la Bête a 10 cornes. Celles-ci, nous est-il dit en Daniel 7:24 et en Apocalypse 17:12, sont 10 rois qui se fédéreront pour un avantage mutuel sous une seule tête puissante. Rien de tel n’a été observé dans l’empire romain d’autrefois (celui détruit par les Goths).
Les puissances païennes du passé et de l’avenir sont caractérisées comme des bêtes sauvages par la Parole de Dieu. C’est-à-dire qu’elles n’ont ni conscience ni cœur ni aucun point de contact avec Dieu. Leur domination est fondée sur la rapacité et la force brute.
QUATRE PHASES DE L’EMPIRE sont indiquées en Apocalypse 17:8 : «La bête que tu as vue était, et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la perdition». Pendant 12 siècles environ, il/elle «était». C’est sous cette puissance que Jean lui-même souffrait. En l’an 476, son dernier vestige s’est éteint. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, il/elle «n’est pas». Bientôt, il/elle «montera de l’abîme», ce qui signifie qu’il/elle sera ranimé(e) par l’énergie de Satan. Enfin, il/elle «ira à la perdition», étant condamné à la mort éternelle par le Seigneur Jésus-Christ lors de Son apparition.
Toute la puissance de l’empire ressuscité sera concentrée dans son chef éminent. Ainsi, les actes attribués à la Bête elle-même en Apocalypse 13:5-7 sont attribués à la corne de la Bête en Daniel 7:8, 11, 25. Ses rois confédérés «ont une seule et même pensée, et ils donnent leur puissance et leur pouvoir à la bête» (Apoc. 17:13). À tous égards, l’empereur est «l’Empire». Il exerce sa puissance de manière autocratique (dictatoriale ou tyrannique). Le début de sa prospérité sera la soumission de trois « royaumes » européens (Dan. 7:24). Ensuite la nécessité d’une main forte (ou poigne de fer) étant reconnue dans la généralité, sept autres « royaumes » se combineront avec eux sous sa direction pour un avantage mutuel. L’archer sur le cheval blanc qui s’avance sous le premier sceau est, selon toute probabilité, ce chef victorieux et dominateur aux premiers stades de sa carrière (Apoc. 6:2). Il est «le prince qui viendra» de Daniel 9:26.
Sur le plan religieux, l’empire sera incrédule. Bien qu’il soit pendant un certain temps en étroite association avec ce qui prendra la place de «l’Église», et même dominé par elle (Apoc. 17:1-8), il ne s’agira que d’un arrangement politique, n’impliquant aucun respect, même pas pour la caricature du christianisme que sera Babylone. La religion tend déjà à se plier aux convenances politiques. Dieu ne sera plus reconnu, même dans le langage formel des documents d’État. Il sera ouvertement blasphémé (Apoc. 13:6). Le principe de Romains 13:1-6 n’aura plus de raison d’être : le pouvoir civil sera dans une apostasie ouverte. Une image de la Bête sera dressée, que la masse adorera volontiers, comme aussi le Dragon, source de la puissance et de l’autorité de la Bête. Tous ceux qui refuseront de s’incliner seront persécutés. Il ne s’agit pas des saints de la période de l’Église, qui, à cette époque, seront tous dans la maison du Père, mais des fruits de la prédication de l’Évangile du Royaume dans ce temps-là. Le sang de ces fidèles, juifs et païens, sera versé comme de l’eau. Les cris des souffrants de la race juive reprendront selon le langage prophétique de nombreux Psaumes (par exemple, Ps. 9, 10, 44, etc.). Certains des témoignages les plus éclatants qui aient jamais été rendus à Dieu dans ce monde mauvais, le seront au cours des heures sombres précédant l’aube du règne millénaire.
Sur le plan économique, l’empire sera le despotisme le plus pesant que le monde ait jamais connu. Tout sera centralisé. Le gouvernement rassemblera toutes les cordes dans ses mains. Gouvernant en autocratie / dictature, une seule main tyrannique contrôlera toute la vaste machinerie des affaires humaines. [On voit déjà aujourd'hui la propension à résoudre tous les problèmes par un contrôle d’état ou d’organisations supranationales. C’est vers cela que les hommes sont progressivement entraînés]. Chaque personne devra porter une marque — soit le nom de la Bête, soit le nombre de son nom. Il pourra la porter à la main ou sur le front, selon son choix ; mais il devra porter la marque, ou être réduit à disparaitre, car personne ne sera autorisé à commercer sans cette marque. Aucune distinction de classe n’exemptera personne de cette règle de fer ; «petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves» devront se soumettre de la même manière (Apoc. 13:16). Sous la conduite de son lieutenant malin, de son inspirateur pervers, le faux prophète (l’Antichrist de 1 Jean 2:18-22), le pouvoir de la Bête s’étendra à tous les domaines. Dans leur rage folle contre toutes les anciennes autorités, les hommes produiront un mélange amplifié de violence révolutionnaire (Rom. 6:12-17 ; Luc 21:25-26). Cela renforcera le besoin d’une main forte pour diriger, ce qui sera l’opportunité saisie par l’empereur de l’avenir. Les hommes lui seront reconnaissants jusqu’à ce qu’ils éprouvent, en retour d’une expérience amère, qu’ils se sont engagés dans une tyrannie plus ulcérante que ce qu’ils ont jamais connu auparavant. Ils seront «brûlés» par le luminaire dont ils se seront vantés (Apoc. 16:8).
Ce règne de terreur prendra fin par la soudaine apparition du Seigneur dans le ciel. La Bête et le faux prophète, à la tête de leurs armées, avec tous les rois satellites qui les accompagnent, feront la guerre à l’Agneau ; ces deux chefs seront saisis et jetés immédiatement dans l’étang de feu (Apoc. 19:19-20). Sans avoir connu la mort ni la résurrection, ces plus grands transgresseurs de la terre seront sommairement jugés au moins 1000 ans avant que le Grand Trône Blanc ne soit mis en place.
Le seul espoir de la terre est Christ. Oh ! si les hommes s’en rendaient compte ! Tous les plans conçus par les hommes pour redresser leurs torts, tous les projets visant à placer les affaires humaines sur une base saine et satisfaisante, sont voués à l’échec. Christ est l’Homme du conseil de Dieu. C’est Lui, et Lui seul, qui est capable d’aplanir les aspérités et de redresser ce qui est tortueux. Il accomplira tout cela en Son jour.
Satan est le plus grand rebelle de l’univers, le principal instigateur de tout le mal, en haut comme en bas. Pendant de nombreux siècles, son opposition insolente à toute la volonté de Dieu a été tolérée par le support divin, mais le moment est déjà fixé où Son support prendra fin. C’est alors que le transgresseur orgueilleux verra sa perte.
La théologie populaire semble vague quant à la localisation et la position actuelles de Satan. Certains en parlent comme s’il était déjà en enfer, et y régnerait ; d’autres semblent limiter son champ d’action à la terre. Le fait qu’il n’ait pas encore été jeté en enfer est suffisamment prouvé par ses propres paroles en Job 1:7: Se présentant un jour devant l’Éternel parmi les fils de Dieu, le Créateur lui demanda : «D’où viens-tu ?», ce à quoi il répondit : «De courir çà et là sur la terre et de m’y promener». Il est certain que lorsque Satan ou tout autre transgresseur sera jeté en enfer, il ne pourra plus en ressortir pour aller et venir sur la terre. Les malheureux prisonniers de l’enfer ne seront pas autorisés à se promener à leur guise.
La vérité est que Satan et son armée n’ont pas encore été expulsés de ce qui est appelé les lieux célestes. C’est pourquoi ils sont qualifiés en Éphésiens 6:12 de «puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes», et en Ésaïe 24:21 de «l’armée d’en haut». Satan lui-même est décrit en Éphésiens 2:2 comme «le chef de l’autorité de l’air». Daniel 10:11-12 montre que les mauvais esprits sont même capables (lorsque Dieu le permet) d’entraver le voyage d’un ange, envoyé d’en haut pour répondre à la prière. Certains ont pensé que la présence de rebelles dans les cieux explique l’omission des mots «Dieu vit que cela était bon» en relation avec l’œuvre du deuxième jour en Genèse 1:6-8. Cette omission est en tout cas remarquable.
Romains 16:20 nous assure que «le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds». Répétons le mot «bientôt». La carrière du grand perturbateur touche à sa fin. Christ va bientôt «annuler les œuvres du diable», selon le dessein divin (1 Jean 3:8). La première de toutes les prophéties, celle prononcée en Eden, s’accomplira alors complètement : «La semence de la femme brisera la tête du serpent» (Gen. 3:15). Les saints doivent être associés à Lui dans Sa puissante victoire, c’est pourquoi l’apôtre dit «vos pieds» en Romains 16:20.
Les Écritures indiquent 3 étapes dans le renversement de Satan.
● La première se trouve en Apocalypse 12:7-12 ;
● la deuxième en Apocalypse 20:1-3 ; et
● la troisième en Apocalypse 20:10.
Créé à l’origine «plein de sagesse et parfait en beauté», placé sur la sainte montagne de Dieu en tant que chérubin protecteur oint (donc premier ministre de l’univers, gardien des droits du trône divin), Satan finira dans l’étang de feu (Ézéch. 28:12-17). Ce n’est pas en tant que roi qu’il y sera envoyé, mais en tant que principal coupable, et plus grand souffrant. L’expression «Satan, roi de l’enfer» est une parole de littérature humaine, et non pas l’Écriture. La chute de Satan, depuis des hauteurs inconcevables pour nous, jusqu’à des profondeurs inimaginables, est épouvantable à contempler.
En Apocalypse 12, le voile est écarté afin que nous puissions contempler les merveilles du ciel. Il nous est d’abord montré le dessein divin concernant Israël (la femme revêtue du soleil), et l’opposition de Satan à ce dessein ; puis il nous est permis d’assister à une lutte puissante menée dans le ciel entre Michel et le Dragon, chacun étant le chef d’armées angéliques. Le résultat de cette guerre est que Satan et ses armées sont chassés du ciel et précipités sur la terre, sans plus jamais pouvoir reprendre pied en-haut. C’est ce que le Sauveur ici-bas voyait à l’avance dans une vision prophétique lorsque les 70 sont revenus à Lui (Luc 10:17-18). Le triomphe des disciples sur les démons par Son nom était pour Lui le gage de cette victoire finale.
La durée du séjour du Dragon sur la terre est clairement indiquée : 1260 jours (3 ans et demi). Nous apprenons ainsi que l’expulsion du ciel a lieu au milieu de la dernière des 70 semaines de Daniel (Dan. 9:27). Comme le montre Ésaïe 24:21, c’est l’époque du jugement de Dieu sur «les rois de la terre sur la terre». Ce passage indique l’ordre de ces événements solennels : d’abord les ennemis célestes (« l’armée d’en haut »), puis les ennemis terrestres.
Il faut que l’Église soit enlevée de la terre avant que Satan et ses partisans soient chassés du ciel. Notre conflit est spécifiquement avec les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la [puissance] spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes (Éph. 6:12). Ceux-ci exercent actuellement leur influence subtile pour empêcher la réalisation pratique de notre part céleste en Christ exalté. Ils resteront dans leur position actuelle jusqu’à ce que nos jours de combat soient enfin terminés.
Le ciel se réjouit de leur expulsion. C’est un pas important vers l’établissement du Royaume de Dieu et du pouvoir de Son Christ. «Car il a été précipité ; et eux l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage ; et ils n’ont pas aimé leur vie, [même] jusqu’à la mort» (Apoc. 12:10-11). Trois groupes de saints peuvent être distingués dans ces versets :
● les enlevés de 1 Thessaloniciens 4:16-17 (ce sont eux qui parlent) ;
● les témoins martyrs d’Apocalypse 6:9-11, qui n’ont pas aimé leur vie jusqu’à la mort ;
● et les saints souffrants d’Apocalypse 13:7 et 15:2, contre lesquels les accusations de l’adversaire sont dirigées.
Il ne lui sera plus jamais permis de s’opposer au service sacerdotal de Christ dans le ciel, mais pour une brève période, il lui sera permis de s’opposer à Lui en tant que prophète et roi au moyen de ses deux principaux instruments selon Apocalypse 13.
Satan ayant été jeté sur la terre, il s’ensuivra un véritable pandémonium. «Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps» (Apoc. 12:12). Des horreurs qui dépassent actuellement le pouvoir de compréhension de l’esprit humain rempliront la scène pendant une période déterminée. Puis la main divine s’abattra à nouveau sur Satan. Apocalypse 19:11-21 nous présente dans une prophétie vivante l’avènement du Roi légitime de la terre. La Bête et le faux prophète sont jetés dans l’étang de feu et leurs armées sont détruites. Puis vient le tour de l’instigateur malin de tout le mal. Jean voit un ange descendre du ciel avec la clé de l’abîme et une grande chaîne à la main. En Apocalypse 9:1, la clé est utilisée pour ouvrir l’abîme afin que les maux infernaux puissent agir contre les hommes ; en Apocalypse 20:1, la clé est utilisée pour refermer l’abîme sur le grand séducteur. Identifié par tous ses titres — «le dragon, le serpent ancien, qui est le diable, et Satan» — il est précipité dans l’abîme, qui est aussitôt fermé et scellé. C’est le sort que les démons du temps de notre Seigneur, notamment la légion de Luc 8:31, redoutaient tant. Celui qui a fait apposer un sceau sur le tombeau du Fils de Dieu (Matt. 27:66), aura alors un sceau apposé sur sa propre prison. À la plus grande distance possible de Dieu, il subit un blocage pendant les 1000 ans du règne glorieux de notre Seigneur. Les manifestations du mal qui pourraient survenir pendant cette période ne peuvent être attribuées à Satan, car ses tromperies seront pour le moment terminées. Quel renversement d’avec les conditions actuelles : les saints sont assis sur des trônes, et leur adversaire est dans l’abîme !
Mais le Royaume millénaire étant une dispensation (la dernière de toutes les époques des voies de Dieu), il est nécessaire que les hommes soient mis à l’épreuve une fois de plus avant que le temps cède la place à l’éternité. C’est pourquoi, à la fin de ce royaume de mille ans, Satan est relâché pour un peu de temps (Apoc. 20:7-10). Impénitent et inébranlable, il fait un dernier grand effort pour regagner son empire mondial perdu. Les hommes jusque dans les régions éloignées ayant écouté ses suggestions, une vaste révolte a lieu. Mais c’est la dernière convulsion de la terre. Alors que l’armée de Satan cherche à encercler le camp des saints et la ville bien-aimée (Jérusalem), le feu tombe du ciel et les dévore.
Le dernier coup s’abat alors. «Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles» (Apoc. 20:10). C’est ce dont notre Seigneur a parlé en Matthieu 25:41 : «le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges». Il y aura une zone restreinte («un étang») quelque part dans l’univers de Dieu où le mal sera confiné et puni éternellement. Aucune activité pécheresse ne sera permise, même si la haine du cœur envers Dieu et son Fils doit demeurer, car ni la nouvelle naissance ni le repentir ne sont possibles dans la Géhenne. La soumission absolue sera divinement imposée (Phil. 2:10-11). Satan et toutes ses dupes, qu’elles soient angéliques ou humaines, seront retrouvés ensemble lors de l’exécution du jugement final de Dieu.
Le rêve d’une conversion universelle à Dieu comme fruit du témoignage chrétien, même s’il a été longtemps et largement caressé, n’est pas destiné à se réaliser. Aussi séduisante que soit cette pensée, elle n’est nullement justifiée par les Saintes Écritures. Chaque passage qui parle de la fin de l’ère actuelle prédit un désastre complet. Les ténèbres, et non la lumière, le jugement, et non la conversion, sont la fin prévue.
La question est parfois posée : «Le christianisme est-il un échec ?» Si l’on entend par là que les desseins divins ont échoué, la réponse est catégoriquement «Non». Aucun dessein de la grâce divine ne peut jamais échouer. Tout ce que le Père a donné au Fils Lui parviendra sans aucun doute. Christ s’entourera à la fin de tous les Siens. Mais si l’on demande si le christianisme, en tant que système, a échoué à s’établir partout, la réponse doit être : «Oui». La Parole de Dieu n’a jamais donné à quiconque la moindre raison de s’attendre à ce qu’il y arrive. Une telle pensée n’aurait jamais dû être entretenue par le peuple de Dieu.
Considérons quelques passages relatifs à la fin de l’ère actuelle.
Tout d’abord, un passage de l’Ancien Testament. Ésaïe 60:2, décrivant la condition de la famille humaine lorsque Christ resplendira ; il est dit : «Car voici, les ténèbres couvriront la terre, et l’obscurité profonde, les peuples». Ce langage est assez clair et nous rappelle les paroles de notre Seigneur en Luc 18:8 : «Mais le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ?» Si nous ne disposions d’aucune autre déclaration de l’Écriture, Ésaïe 60:2 suffirait à prouver que le christianisme n’est pas destiné à illuminer la terre entière.
Prenons ensuite l’enseignement de notre Seigneur en Matthieu 13. Dans une série de paraboles, il déclare l’état ou l’évolution des choses dans le Royaume des cieux pendant Son absence. Les v. 24-30 montrent que le champ de blé de Dieu sera complètement gâché par l’activité satanique, suite à l’insouciance des ouvriers responsables ; les v. 31-32 indiquent que le Royaume se développera si anormalement qu’il abritera les serviteurs mêmes du diable ; le v. 33 parle de la corruption totale engendrée par la mauvaise doctrine, tandis que dans ses dernières paroles prononcées ce jour-là, il compare le Royaume à un filet qui rassemble beaucoup de poissons qui sont seulement bons à être rejetés comme sans valeur. La fin solennelle de la période actuelle est clairement indiquée dans les instructions de notre Seigneur.
Nous passons maintenant à l’enseignement des Apôtres. L’épître de Jude est consacrée à la question qui nous occupe. En quelques mots, cet auteur retrace l’introduction et le développement du mal dans l’Église professante, jusqu’au jugement du Seigneur lors de Son apparition. Le langage de Jude est sévère et cinglant à l’égard de ceux qui s’appliquaient à corrompre le témoignage le plus merveilleux que Dieu ait jamais rendu aux hommes. Personne ne peut lire l’épître de Jude sans percevoir que la situation était désespérée dès le début et que chaque heure qui passe ne fait que rapprocher du jugement divin.
Paul a beaucoup à dire sur la fin de la période actuelle, celle de l’Église. Notons sa parabole de l’olivier en Romains 11:16-24. Le peuple juif — les branches naturelles — ayant été retranché parce qu’il n’y avait pas de correspondance morale entre lui et la racine (Abraham), les Gentils, «coupés de l’olivier qui selon la nature était sauvage», ont été greffés à leur place et sont maintenant le peuple responsable de Dieu sur la terre. Mais tous ceux-là sont debout par la foi (Rom. 11:20), ou ne sont pas debout du tout. On ne peut pas s’attendre à ce que Celui qui n’a pas épargné les branches naturelles, épargne les greffes si elles n’apprécient pas Sa bonté. D’où la menace du v. 22 : «Toi aussi, tu seras coupé». Il n’est pas question ici du salut individuel, qui ne peut être affecté par l’échec de la dispensation ; le fait est que les Gentils professants (professant le christianisme), considérés comme un tout, seront rejetés par Dieu à leur tour, comme Israël l’avait été antérieurement, s’ils ne sont pas fidèles. Or les Gentils professants, vus globalement, ont-ils été fidèles ? Y a-t-il besoin de «réforme» ou de «réveil» si tout va bien ? Les protestants n’ont pas de quoi se vanter par rapport aux catholiques et réciproquement, en sorte que la «chrétienté» ne peut prétendre avoir continué dans la bonté de Dieu. L’effondrement est incontestable, rien ne reste debout ; il ne reste donc plus, pour Dieu, que procéder à la coupure.
Comparons maintenant trois textes de Paul et notons les stades de développement qu’ils indiquent.
En 1 Timothée 4:1, «l’Esprit dit expressément qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi». Les versets qui suivent montrent clairement que la papauté est spécialement visée, avec ses prétentions extérieures de sainteté et sa corruption morale intérieure. L’expression «derniers temps» signifie simplement des temps postérieurs à la rédaction de l’épître. Les sortes de mal décrites devaient influencer «quelques-uns» ; les dérives évoquées ne sont pas encore universelles.
En 2 Timothée 3:1-5, l’apôtre va plus loin en disant : «Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux». Suit un tableau de la méchanceté qui ressemble beaucoup à celui des païens en Romains 1:28-32 : La profession chrétienne, dans sa dernière phase, est donc destinée à n’être que du paganisme avec un vernis religieux. C’est exactement ce que nous voyons déjà autour de nous aujourd’hui. Aucun espoir d’amélioration ne peut être envisagé, car quels jours peuvent succéder aux «derniers» ? D’ailleurs, l’Apôtre le dit clairement, «les hommes méchants et les séducteurs iront de mal en pis, séduisant et étant séduits» (2 Tim. 3:13).
Le dernier stade de développement se trouve en 2 Thessaloniciens 2, et nous y apprenons qu’avant que le jour du Seigneur s’installe, il y aura l’apostasie et la manifestation de l’homme du péché. Au v.3, il ne s’agit pas simplement de «chute», comme dans certaines versions ; le terme utilisé par l’apôtre est «l’apostasie». Le langage est terriblement précis, et sa signification est solennelle au-delà de toute expression. Il ne signifie rien moins que l’abandon total du nom même de christianisme. Il y a toujours eu des apostats individuels ; nous n’avons pas encore vu l’effacement total de toute profession de foi chrétienne.
Il est évident que cette apostasie ne peut se produire tant que de vrais chrétiens restent sur la terre. La présence du «sel» doit nécessairement préserver la masse d’une corruption totale (Matt. 5:13). C’est pourquoi l’apôtre ne dit pas que l’apostasie doit avoir lieu avant la venue de notre Seigneur Jésus-Christ ni avant notre rassemblement auprès de Lui. Il viendra d’abord dans les airs et enlèvera les Siens ; puis, avant que «le jour» brille, la masse religieuse laissée en arrière rejettera même le nom du Seigneur qui l’a achetée (2 Pierre 2:1).
Il peut sembler étrange à certains qu’un tel état de choses puisse jamais exister. Que des terres chrétiennes puissent redevenir païennes semble pratiquement inconcevable. Pourtant, l’observateur ne peut manquer de voir que tout évolue rapidement dans cette direction, même si de vrais croyants sont présents. Au cours des dernières années, les chefs de file de la pensée religieuse ont fait passer la Bible de son ancienne place de Livre de Dieu à celle d’un simple ouvrage religieux susceptible d’être critiqué comme n’importe quel autre ; Christ a été dégradé de Sa gloire divine au statut de prédicateur (et même tristement dépourvu de ce statut) ; sa naissance et sa résurrection miraculeuses ont été érigées en mythes ; et son sang précieux n’a plus que la valeur de celui d’un martyr. «Un Christ modernisé», dit-on, c’est ce que l’époque « exige ».
Il faut «avoir l’esprit libéral» et «être progressiste» est le cri que l’on entend partout. On entend par là une tolérance facile vis-à-vis de toute forme d’erreur religieuse, avec un regard et des propos de mépris pour tous ceux qui s’en tiendraient à la vérité. L’«esprit progressiste» rejette ceux qui aiment encore la vérité, en les qualifiant de fondamentalistes. D'ailleurs la vérité n’est généralement même plus connue. Si certains péchés ou abus sont vilipendés, c’est à cause des torts causés aux victimes et non plus à cause de l’offense faite à Dieu, car la crainte de Dieu a disparu. Le jour du Seigneur est profané ouvertement partout ; la religion islamique est poussée en avant ; les pratiques païennes sont réintroduites ; les relâchements des mœurs sont justifiés et le peuple n’est plus gouverné par des principes moraux.
Les perspectives de la fin de l’époque chrétienne sont donc graves, mais pas plus que la Parole de Dieu ne l’a annoncé dès le début.
L’arrivée de l’Antichrist a toujours été connue dans toute la chrétienté, toutefois avec une grande confusion d’idées quant à l’endroit d’où il viendrait et au véritable caractère de sa mission impie.
L’«antichrist» est un titre que l’on ne trouve que dans la première épître de Jean (1 Jean 2:18-22). D’autres titres appartenant au même transgresseur sont disséminés dans le Livre de Dieu. Presque depuis le début du christianisme, il y a eu des antichrists, mais cela ne change rien au fait qu’il y aura un Antichrist en personne à venir, avec lequel aucun autre ne peut être confondu. Jean a donc écrit : «Petits enfants, c’est la dernière heure ; et comme vous avez entendu que l’Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists, par quoi nous savons que c’est la dernière heure» (1 Jean 2:18). «Antichrist» signifie quelqu’un qui s’oppose à Christ, et cela manifestement là où Christ devrait être exalté. Cela suffit pour que nous sachions où chercher les antichrists de nos jours — non pas dans une salle de conférence athée, mais dans les universités et chaires chrétiennes. De même, lorsque le dernier grand séducteur se manifestera, il ne sera pas tant lié au paganisme qu’au judaïsme et au christianisme apostat.
Note bibliquest. Dans la littérature de langue française, on utilise assez généralement le terme « Antéchrist » suivant le dictionnaire de l’Académie Française, il signifie « avant Christ ». Cet usage n’a pas lieu d’être suivi du fait qu’il n’est pas conforme à l’Écriture.
L’ancienne idée protestante (à laquelle beaucoup sont encore attachés) était que l’évêque de Rome est l’Antichrist. Cette idée ne résiste pas à l’épreuve des Écritures, et cela pour deux raisons : (1) l’Antichrist est un individu, et non une succession d’hommes ou un système religieux ; (2) la prostituée romaine est plutôt la femme de péché que «l’homme de péché» (comparez 2 Thess. 2:3 ; Apoc. 17:1-6).
Nous nous efforcerons de classer quelques-uns des passages de l’Écriture qui traitent de ce sujet de l’antichrist, en commençant par
La relation de l’Antichrist avec Israël (ou plus exactement avec Juda). Là où l’on attend Christ, on peut s’attendre à ce que l’Antichrist se présente, et il est certain qu’Israël incrédule attend toujours le Christ promis, sans avoir encore accepté le Seigneur Jésus en tant que Christ / Messie. Daniel 11 est un passage important à cet égard. Il fait partie d’une communication débutant en Daniel 10, destinée à instruire le prophète sur l’avenir de sa nation. Les versets 1 et 2 parlent de la fin de la suprématie perse ; les versets 3 et 4 montrent les conquêtes grecques sous Alexandre et le démembrement de son empire après sa mort ; les versets 5 à 35 décrivent les querelles des rois du Nord et du Sud (Syrie et Égypte), deux des principales divisions de l’empire d’Alexandre, la Palestine étant leur champ de bataille habituel ; puis, au verset 36, un nouveau parti est brusquement introduit — un roi dans le pays — contre lequel les rois du Nord et du Sud font la guerre. La description de ce roi juif est si absolument identique à celle de l’homme de péché de 2 Thessaloniciens 2:3-4, qu’il est clair que les deux passages parlent de la même personne. «Et le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu», etc. Nous avons ici l’homme totalement opposé à l’humble Jésus qui se plaisait à faire la volonté du Père ; notre Seigneur a averti ses auditeurs en Jean 5:43 à l’égard de cet homme de péché : «Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez».
La formation d’un État juif crée le besoin d’un dirigeant. C’est l’occasion pour Satan d’introduire l’Antichrist. Au début, on parlera en bien de lui ; ses paroles seront lisses comme le beurre et douces comme l’huile, mais la guerre est dans son cœur (Ps. 55:21). Dès le début, les hommes pieux de Judée reconnaîtront la voix du Dragon (Apoc. 13:11). Lorsqu’il jugera sa position assurée, il supprimera les ordonnances religieuses juives (alors restaurées, avec le temple comme centre) et persécutera jusqu’à la mort tous ceux qui s’aventureront à reconnaître Dieu. Cet «homme de la terre» tuera les innocents, en disant dans son cœur : «Dieu a oublié, il cache sa face, il ne verra pas, à jamais» (Ps. 10). Ce «berger insensé mangera la chair des bêtes grasses, et rompra la corne de leurs pieds», Zach. 11:15-17. Pourtant, la masse juive impie sera d’abord très satisfaite de son nouveau chef. En Ésaïe 57:9, l’Éternel dit : «Et tu t’es rendue auprès du roi avec de l’huile, et tu as multiplié tes parfums ; et tu as envoyé tes messagers au loin, et tu t’es dégradée jusque dans le shéol». Le roi est ici l’Antichrist.
Son pouvoir sera double : il exercera une autorité royale et une autorité spirituelle. C’est pourquoi il a «deux cornes» (Apoc. 13:11). Commençant comme une «bête» (une force politique ignorant Dieu), il finira comme un «faux prophète» (un trompeur religieux). Comparez Apocalypse 13:11 et 19:20. Comme les papes du Moyen Âge, il sera à la fois un souverain temporel au pouvoir limité et un chef religieux au pouvoir pratiquement illimité. Son influence religieuse s’étendra bien au-delà des limites de sa propre domination immédiate. Son association avec le pouvoir romain favorisera cela.
Nous allons maintenant examiner le rapport de l’Antichrist avec la chrétienté. C’est ce que montre 2 Thessaloniciens 2. Cette épître nous renseigne sur l’avenir de ceux «qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ» (1:8), des gens qui ont eu la vérité au milieu d’eux, mais qui ne l’ont pas crue. Ils seront emportés par le courant de l’apostasie antichrétienne. De grands miracles seront accomplis à l’appui de la grande tromperie. Il y a un parallèle frappant entre Actes 2:22 et 2 Thessaloniciens 2:9 ; le premier passage se réfère aux œuvres de notre Seigneur, et le second aux opérations de l’homme de péché. Entre autres merveilles, il lui sera permis d’utiliser le miracle même qu’Élie employa sur le mont Carmel pour ramener Israël à l’Éternel. Comparez Apocalypse 13:13 avec 1 Rois 18:24. Ses actes sont appelés «miracles» parce qu’ils sont manifestement surhumains ; «signes» parce qu’ils ont une signification et un enseignement ; et «prodiges» parce qu’ils sont calculés pour attirer l’attention et l’admiration. Il est étrange qu’une époque mauvaise, caractérisée par l’incrédulité à l’égard des miracles (même les miracles de notre Seigneur sont discrédités), se termine par une croyance générale et enthousiaste en ces miracles !
Note Bibliquest : il est cependant remarquable et significatif qu’Élie fit descendre le feu du ciel soit sur un sacrifice (1 Rois 18:38) soit sur un ennemi agresseur (2 Rois 1:10), tandis que l’Antichrist fait descendre le feu sur la terre (Apoc. 13:13). On retrouve les prodiges ne procurant aucun profit dans le soleil dansant de Fatima.
Ce n’est pas un mal de longue durée, s’étalant sur plusieurs siècles, qui est indiqué en 2 Thessaloniciens 2:3-4, mais un sommet d’insultes et de méchanceté, que Dieu traite très rapidement. Il s’agit en fait du dernier conflit entre Dieu et Satan avant que ce dernier soit banni dans l’abîme. C’est à distinguer du «mystère d’iniquité», lequel était déjà à l’œuvre à l’époque des apôtres ; envers ce dernier mal, il y a toujours une puissance de retenue qui en a empêché le plein développement jusqu’à ce que le temps de Dieu vienne permettre qu’il éclate. La puissance de limitation n’est pas précisée, mais il s’agit manifestement de la présence de l’Esprit de Dieu dans l’Église. Lorsque le témoignage de l’Église sera terminé, les obstacles disparaîtront et le mal se précipitera follement vers sa fin prévue.
La relation de l’Antichrist avec la Bête — la puissance civile romaine — est traitée dans le livre de l’Apocalypse. L’Antichrist est l’associé et le lieutenant du dernier puissant potentat européen et partagera son châtiment spécial (Apoc. 19:20). «Et elle exerce tout le pouvoir de la première bête devant elle» (Apoc. 13:12). Comme Nebucadnetsar, le dernier chef de la puissance païenne percevra l’importance de l’unité en matière de religion (Dan. 3). Il concevra une forme de religion qui conviendra à tous, juifs et chrétiens professants. L’intérêt de promouvoir ce type de religion généralisée est souvent évoqué à notre époque. Satan veillera à ce qu’une telle religion soit fournie. Le culte de l’homme y sera donc décrété. À cet égard, certains ont éprouvé des difficultés à comprendre l’enseignement de l’Écriture. En 2 Thessaloniciens 2, c’est l’homme de péché qui s’élève et exige d’être adoré, tandis qu’en Apocalypse 13, il pousse les hommes à adorer la bête ou son image. Pour certains, cela semble contradictoire. Pourtant, il n’y a pas plus de contradiction ici que dans le fait que notre Seigneur béni, lorsqu’il était sur la terre, a accepté l’adoration (ou hommage rendu) pour Lui-même tout en témoignant sincèrement qu’Il recherchait la gloire d’Un autre. Il y aura une trinité du mal dans les derniers jours. La Bête, le faux prophète et le Dragon se ligueront contre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est pourquoi Jean a vu trois esprits impurs, semblables à des grenouilles, sortir de la bouche du Dragon, de la Bête et du faux prophète (Apoc. 16:13-14).
Le roi de Daniel 11:36 est très certainement l’Antichrist, car il règne sur la terre d’Israël. La comparaison avec Apocalypse 13 ne permet pas de l’identifier avec la Bête qui monte de la mer (Apoc. 13:1), mais plutôt avec la Bête qui monte de la terre (Apoc. 13:11). La première est la puissance civile romaine, la seconde est l’Antichrist.
Nous ne nous risquons pas à spéculer sur le chiffre mystique 666. C’est un signe divinement donné pour guider les intelligents lorsque la crise arrivera, et pour eux sa signification sera claire. Les intelligents, ou sages, sont mentionnés ailleurs en Daniel 11:33 ; 12:3-10 ; Matthieu 13:23 ; 24:15. Ils constituent une classe à part — des âmes craignant Dieu, comme les fils d’Issacar au temps de David qui savaient «discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël» (1 Chron. 12:32). Alors que la masse du ou des peuples seront possédés du démon, comme l’annonce l’épisode des porcs de Luc 8:33, et qu’ils plongeront sauvagement dans le tourbillon du mal, ces intelligents, ou sages, avec leur esprit éclairé par l’Esprit de Dieu, seront capables de porter un jugement sobre sur tout ce qui se passe autour d’eux, et se tiendront ainsi entièrement à l’écart des manœuvres de Satan. L’excitation et l’enthousiasme avec lesquels le nouvel ordre des choses sera accueilli par les hommes en général (Apoc. 13:3-4) ne leur plairont pas ; ils auront des doutes dès le début. Témoigner et souffrir seront leur devoir et leur part jusqu’à ce que la délivrance leur parvienne par l’apparition du Fils de l’homme dans le ciel.
Depuis que le péché est entré, ce monde a été une scène difficile pour les hommes de foi. Dans toutes les dispensations, les hommes de foi ont eu à subir mépris et souffrances, à des degrés divers ; Hébreux 11 le montre clairement. Les difficultés ont été aggravées par le rejet de Christ. Ceux qui s’attachent à Lui malgré la haine et le mépris du monde doivent s’attendre à être insultés et à voir leur nom rejeté comme mauvais à cause de Lui (Luc 6:22). La période chrétienne est donc particulièrement caractérisée par la tribulation et des dommages. Alors que l’Israélite d’autrefois pouvait s’attendre à une prospérité terrestre proportionnelle à sa fidélité, l’Écriture dit maintenant expressément aux hommes pieux de s’attendre à la persécution (2 Tim. 3:12). Le Seigneur Jésus a averti Ses disciples, à la veille de Son départ, que «vous aurez de la tribulation dans le monde», ajoutant heureusement, pour les encourager, «mais ayez bon courage, j’ai vaincu le monde» (Jean 16:33). L’apôtre écrivait aussi à ceux qui venaient de se convertir du paganisme : «Car aussi, quand nous étions auprès de vous, nous vous avons dit d’avance que nous aurions à subir des tribulations» ; et dans le verset précédent, «vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela» (1 Thess. 3:3-4). Partout, lui et ses compagnons de travail ont exhorté les disciples à persévérer dans la foi, leur faisant comprendre «que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes 14:22).
Mais, à la différence de tout ce qui a été vécu jusqu’à présent, la Parole de Dieu parle d’une période de tribulation sans pareille à la fin du siècle présent, précédant immédiatement l’apparition du Fils de l’homme dans Sa puissance et Sa gloire. De nombreux passages parlent plus ou moins directement de cette période (Ps. 9 et 10 en sont des exemples), mais cinq passages sont si spécifiques dans leur référence à cette période qu’il convient de les voir de près. Parmi ces cinq passages, Apocalypse 7:9 est le plus précis dans ses termes, le rendu littéral des mots employés étant «la tribulation, la grande», comme si Dieu ne voulait permettre aucune méprise dans notre esprit concernant la période dont il est question.
Parmi donc les passages qui traitent directement du sujet de la grande tribulation, Apocalypse 7 est certes le plus précis, mais Matthieu 24 est le plus lumineux. En réponse à trois questions adressées à notre Seigneur par Ses disciples juifs, troublés par Ses avertissements concernant Son départ et la destruction prochaine du temple, Il leur décrit les circonstances dans lesquelles les pieux de Judée se trouveront à la fin, ajoutant quelques instructions de la plus haute importance pour ceux qui seront appelés à passer par la dernière et terrible tribulation. L’installation dans le Temple de l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, devra être le signal d’une fuite immédiate pour tous ceux qui écouteront les paroles du Seigneur. Ils ne devront pas se préoccuper de leurs vêtements ou d’autres biens ; ils devront se précipiter vers les montagnes. Afin que leur expérience ne soit pas excessivement douloureuse, Il leur conseille de prier pour que leur fuite n’ait pas lieu en hiver, ni un jour de sabbat. La description du Sauveur sur cette période est terrible : «car alors il y aura une grande tribulation, telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais. Et si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés» (Matt. 24:21, 22). Dans leur bouleversement, ceux qui fuiront devront être sur leurs gardes contre les séducteurs, car certains annonceront Sa venue à tel ou tel endroit. Ils ne devront pas prêter attention à ces voix. Lorsqu’Il apparaîtra réellement, ils n’auront pas plus besoin d’en être informés que lorsque l’éclair illumine les cieux. «Tout œil le verra». Son apparition apportera à ceux qui souffrent la délivrance de tous leurs ennemis.
Mais qui sont ceux qui souffriront selon Matthieu 24 ? Les saints juifs, clairement. L’Église, avec sa vocation et ses attentes célestes, n’était pas à l’esprit des disciples lorsqu’ils ont interrogé le Seigneur selon Matthieu 24:3. Ils L’interrogeaient de leur point de vue de saints juifs qui croyaient vraiment que Jésus était le Messie prédit. De plus, cette partie de la prophétie est marquée de façon indélébile par des signes juifs : «le lieu saint», «la Judée», «le jour du sabbat», etc. Notons le fait important suivant : Pour le chrétien, la souffrance est un privilège (Phil. 1:29 ; 3:10) ; nulle part il ne nous est dit de l’éviter ; la grande tribulation, au contraire, est un châtiment infligé au peuple juif pour son apostasie, et les pieux sont expressément invités à fuir ses terreurs.
Le passage suivant est Jérémie 30:4-9 ; il est presque inutile de le commenter à la suite de ce qu’on vient de voir. Il s’agit manifestement de la même période de souffrances qu’en Matthieu 24, car le prophète s’exclame : «Hélas ! que cette journée est grande ! Il n’y en a point de semblable». C’est le temps d’une tribulation sans pareille. Mais pour qui ? Le passage donne la réponse : «Ce sont ici les paroles que l’Éternel a dites touchant Israël et touchant Juda». C’est même le temps de la détresse de Jacob. En Jérémie 30 comme en Matthieu 24, la délivrance finale suit. L’Éternel brisera le joug de l’étranger de dessus le cou d’Israël, et le peuple servira l’Éternel, son Dieu, et David, son roi.
Nous passons maintenant à Daniel 12:1, où nous lisons à nouveau un temps de détresse sans précédent, «tel, qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là», suivi (comme dans les autres passages) de la délivrance du peuple de Dieu. Mais qui est le peuple dont il est question ? «Ton peuple», dit l’ange, ce qui signifie pour le prophète sa propre nation bien-aimée. Le contexte de ce passage doit être soigneusement noté. En Daniel 11:36-45, nous avons décrit les agissements du dernier souverain juif (l’Antichrist) et de ses adversaires implacables, les rois du Nord et du Sud. Le ch. 12 s’ouvre sur les mots suivants «Et en ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef, qui tient pour les fils de ton peuple». L’intérêt de l’archange pour la nation élue deviendra actif lors de cette crise. «Et ce sera un temps de détresse tel, qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. Et en ce temps-là ton peuple sera délivré : quiconque sera trouvé écrit dans le livre». Ce n’est donc qu’un résidu qui sera sauvé, mais ce sera leur délivrance finale de tous les oppresseurs. Nous comprenons Daniel 12:1 comme se rapportant aux deux tribus retournées alors dans leur pays et sous l’emprise du roi inique — et le verset suivant comme se référant aux 10 tribus qui, à cette époque, seront tirées de leurs cachettes pour être passées au crible divin en vue de la bénédiction millénaire. On peut relier Daniel 12.1 à Apocalypse 12.6 ou 12:13-17, et à Ésaïe 26.20-21, qui décrivent les soins vigilants de Dieu à l’égard des fidèles éprouvés en Judée pendant la dernière épreuve.
Jérémie, Daniel et notre Seigneur concordent donc exactement dans leurs déclarations : un temps de tribulation tel que les hommes n’en ont jamais connu doit s’abattre sur Israël avant le triomphe et la bénédiction annoncés depuis longtemps.
Apocalypse 7:9-17 parle de personnes qui souffrent «de toute nation et tribus et peuples et langues». Il faut voir cette vision dans le contexte apocalyptique. Comme nous l’avons déjà montré, les saints des dispensations de l’Ancien Testament et de la période de l’Église sont vus sur des trônes dans le ciel sous le symbole des 24 anciens au ch. 4. L’Agneau prend ensuite le Livre et, au fur et à mesure que les sceaux sont rompus, divers jugements s’abattent sur la terre. Mais avant l’ouverture du dernier (7ème) sceau, il y a une parenthèse de miséricorde. Au ch. 7, Dieu nous fait voir ce qu’Il fait en grâce pendant que Ses jugements s’exercent. Des Israélites au nombre de 144 000 sont scellés, et une multitude innombrable de gens des nations (ou : païens) sont montrés, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Ces derniers ne participent pas à l’appel céleste actuel, pour les raisons suivantes :
● Ils forment un groupe distinct des Israélites croyants du début du chapitre, ce qui n’est pas du tout en accord avec Éphésiens 2:14-17 ; Éph. 3:6.
● Ils sont distincts des anciens sur les trônes ; et
● Ils adorent dans le temple (7:15), alors que la Jérusalem céleste ne possède pas de temple (Apoc. 21:22).
● L’expression «devant le trône» (7:15) peut être considérée comme une position morale plutôt que locale. Ils semblent représenter le fruit important de la prédication de l’Évangile du Royaume par des témoins juifs (Matt. 24:14). Ce groupe peut être comparé aux «brebis» de Matthieu 25:31-46. Dans aucun des deux passages, il n’est suggéré que les personnes soient mortes, même si leurs souffrances ont été intenses. Il est certain, d’après Apoc. 7, que la grande tribulation sera surtout violente en Judée, mais qu’elle sera ressentie plus ou moins fortement jusqu’aux bouts de la terre.
Dans ce passage d’Apocalypse 3:10, c’est incontestablement l’Église qui est en vue. À l’assemblée de Philadelphie, le Seigneur dit : «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre». Une nouvelle expression apparaît ici : «l’heure de l’épreuve». Elle inclut «la grande tribulation», mais va au-delà. Elle couvre toute la période de l’activité antichrétienne à la fin. Pendant la première partie de sa carrière, l’antichrist parlera avec des paroles lisses comme le beurre (Ps. 55:21), étant un persécuteur pendant 1260 jours seulement. Mais l’Église sera gardée de toute cette période ; c’est ce que dit la Parole du Seigneur (parole adressée spécialement à l’église fidèle, Philadelphie). L’Église n’est pas préservée à travers la détresse, comme le résidu pieux de Juda, mais elle en est absolument préservée (hors de). La part d’Hénoc/Énoch (Héb. 11:5) est évocatrice de celle de l’Église, comme la part de Noé (Matt. 24:37-39) l’est de celle d’Israël.
Il y a un parallèle, mais sous forme de contraste manifestement intentionnel entre Babylone la Grande d’Apoc. 17:1 et l’Épouse, la femme de l’Agneau, d’Apoc. 21:9. Le langage introductif dans les deux descriptions est pratiquement identique. Dans les deux cas, c’est l’un des sept anges qui tenaient les sept coupes qui vient parler à Jean en disant : «Viens ici, je te montrerai», etc. Nous en déduisons que l’Esprit de Dieu veut que nous gardions à l’esprit l’Épouse tout en pensant à la prostituée, l’une étant l’antithèse de l’autre.
Bien que la chute de Babylone soit annoncée en Apoc. 14:8, son jugement a lieu sous la 7ème coupe et est indiqué dans l’ordre prophétique en Apoc. 16:19 ; mais la gravité de la question est telle qu’avant de poursuivre la prophétie, l’Esprit décrit longuement sa méchanceté, ses triomphes de la fin des temps et sa ruine.
L’ange transporta Jean en esprit dans un désert pour voir Babylone, la grande prostituée, et sur une grande et haute montagne pour voir l’Épouse. Ceci est significatif. La prostituée trouve sa demeure dans le monde, et le monde est aussi stérile et insatisfaisant qu’un désert, même si les hommes s’efforcent de l’améliorer autant qu’ils peuvent ; l’Épouse, au contraire, appartient à une toute autre sphère, et Jean doit être transporté hors de cette scène pour pouvoir l’apercevoir.
Ce que Jean vit dans le désert, c’est une femme vêtue de façon somptueuse et richement parée, montée sur une Bête écarlate, ayant 7 têtes et 10 cornes. Cette bête nous est déjà apparue sous la forme du 4ème empire ressuscité. Le nom de la femme est inscrit sur son front : «Mystère, Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre». Le fait qu’elle soit assise sur la Bête indique clairement qu’elle dirige l’empire ; l’État est sous sa direction. Il est aussi dit qu’elle «est assise sur plusieurs eaux». Cela montre que son influence s’étend très loin, car les eaux sont «des peuples et des foules et des nations et des langues» (Apoc. 17:15).
Si l’Épouse d’Apoc. 21 est l’Église (ce dont nous ne doutons pas), il s’ensuit que la prostituée est celle qui a pris sa place et son rang sur la terre. Le mystère de Babylone et de la Bête (Apoc. 17:7) est donc la caricature que Satan fait de Christ et l’Église. L’une est appelé «grande», l’autre «sainte». Les hommes admirent la grandeur, Dieu apprécie la sainteté.
La Bête est le système politique ressuscité de Rome (ou empire romain) ; la femme est le système religieux de Rome, avec tout ce qu’elle a pu rassembler autour d’elle avant que la vision apocalyptique ne devienne réalité. Elle a des filles (Apoc. 17:5 « mère des prostituées » ; cf les « enfants » en 2:23) — d’autres organismes qui ont eu une étiquette chrétienne, à peine moins mauvaises que leur mère — et celles-ci semblent (au moins dans certains cas) rester distinctes jusqu’à la fin. LA prostituée est Jésabel (Apoc. 2:20) dans son développement complet et son évolution ultime, après que toutes les occasions de se repentir ont disparu. Elle finit en «Babylone», caractérisée par l’orgueil, l’indépendance à l’égard de Dieu, la mondanité, l’idolâtrie et la soif de sang. Jean peut bien s’étonner que quelque chose qui a possédé ne serait-ce qu’un vestige de christianisme soit ainsi caractérisé. C’est pourtant ce que Dieu et l’homme verront juste avant que tombe le dernier coup terrible.
Rome, toujours avide de pouvoir et d’influence, toujours fertile en projets pour atteindre ces objectifs, est manifestement destinée à connaître une brève période de suprématie universelle et à éblouir les yeux des hommes par sa splendeur dérisoire, avant que son éclat ne s’éteigne à jamais. Alors qu’elle vient d’atteindre le sommet de la gloire et le but de ses espoirs, elle est complètement renversée. Le chef de l’empire et les rois qui lui sont subordonnés toléreront ses prétentions pendant un certain temps, estimant qu’elle est utile à leurs fins propres. Mais celle qui, par le passé, a impitoyablement piétiné les hommes — les rois comme les peuples — doit elle-même être piétinée. Le jugement rétributif, selon le grand principe gouvernemental de Galates 6:7, est clairement prédit pour la prostituée en Apoc. 18:6 et 19:2.
Les événements évoluent déjà rapidement vers l’accomplissement de cette prophétie.
Son renversement est ainsi décrit. «Et les dix cornes que tu as vues et la bête, — celles-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu». Elle sera ainsi dépouillée de toutes ses richesses et de sa gloire, et réduite à une ruine totale.
Note bibliquest : il semble que le renversement selon 17:16 n’est pas « d’un coup », mais progressif (haïr → rendre déserte → rendre nue → brûlée au feu).
Mais si la femme est identifiée à la ville en Apoc. 17:18, ce n’est pas la ville elle-même qui est d’abord détruite, car la Bête ne détruirait guère l’antique capitale de son propre royaume. Ce qui est renversé, c’est le système religieux corrompu qui a si longtemps eu son siège dans la ville aux sept collines sur les rives du Tibre. Les dirigeants de l’empire restauré la dépouillent et la détruisent.
La haine humaine ne fait qu’accomplir la volonté divine, même si Dieu n’a aucune place dans les pensées des bourreaux de Babylone, qui sont tous des incrédules. «Dieu a mis dans leurs cœurs d’exécuter sa pensée, et d’exécuter une seule et même pensée, et de donner leur royaume à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies» (Apoc. 17:17).
Au cours d’une nouvelle vision en Apocalypse 18 («après ces choses»), le côté divin de la grande catastrophe est souligné. La Bête et ses rois confédérés ne sont pas mentionnés. Les «rois de la terre» qui pleurent sa ruine (Apoc. 18:9 et 17:18) doivent être soigneusement distingués des dix souverains (17:16) qui accomplissent son renversement. Il s’agit des souverains les plus éloignés sur la terre «qui ont commis fornication et qui ont vécu dans les délices avec elle». Son éclat les a attirés et pris au piège, mais leur situation géographique les a empêchés de sentir le poids de sa main oppressive au même degré que ceux qui sont plus proches du siège de sa puissance.
Note Bibliquest : L’expression « après ces choses » de Apoc. 18:1 semble montrer qu’il y a un effondrement économique plus étendu et distinct de celui de 17:16.
Les marchands de la terre pleurent et se lamentent sur la chute de Babylone. Ses marchandises sont répertoriées en détail en Apocalypse 18:12-13. Elle commence par «l’or» et se termine par «les corps et les âmes des hommes».
La patience de Dieu et Son silence face à l’iniquité ont souvent été une source de perplexité pour le peuple de Dieu. Mais les jugements divins, même s’ils sont retardés, sont sûrs. Aucune forme de mal n’échappera à Sa main, surtout pas celle qui se pare du nom de Son Fils bien-aimé.
L’Épouse de l’Agneau est maintenant présentée, afin que les Noces puissent être célébrées (Apoc. 19). Le jugement de la prostituée et le repas des noces ont lieu avant la manifestation publique du Seigneur Jésus, l’un sur la terre, l’autre au ciel. La prostituée est renversée de manière instrumentale par la Bête et ses rois confédérés ; Christ s’occupe directement de la Bête elle-même lors de Son apparition.
Alors que beaucoup sur terre se lamentent sur le renversement de Babylone, le Ciel tout entier se réjouit. La tache la plus infâme qui ait jamais déshonoré la terre est effacée par Son jugement, et tous les occupants du ciel justifient la sentence divine. «Ses jugements sont véritables et justes... disant Alléluia». De plus, les anciens et les créatures vivantes, en présence de ces jugements, se prosternent et adorent Dieu qui est assis sur le trône.
Puis, du trône, un appel est lancé : «Louez notre Dieu [ou : Alléluia]», et la réponse éclate avec une voix comme celle d’une foule nombreuse, et comme une voix de grandes eaux, et comme une voix de forts tonnerres : «Alléluia ! car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-Lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues ; et sa femme s’est préparée» (Apoc. 19.5-7). L’élimination du faux système, Babylone, est un grand pas vers l’établissement du Royaume ; mais comme le Roi est destiné à avoir une épouse (antitype d’Ève) associée à Lui dans Ses gloires, les noces doivent avoir lieu avant que le Royaume n’apparaisse vraiment.
Mais qui est l’Épouse ? Quel groupe de croyants est représenté par un symbole aussi heureux ? Pour bien comprendre, il faut faire une distinction entre les différentes dispensations. Dans le Psaume 45, nous voyons le roi dans sa puissance, avec la reine à ses côtés, vêtue d’or d’Ophir. Confondre cette image avec celle d’Apocalypse 19, c’est confondre les choses terrestres avec les choses célestes. Le point de vue des Psaumes est nécessairement celui de la terre, et là Israël occupe la première place dans les voies de Dieu ; mais Apocalypse 19 décrit une scène dans le ciel, et quelle est la place d’Israël dans ce lieu ? Il serait incongru de considérer Israël comme l’Épouse dans le livre de l’Apocalypse, étant donné qu’au ch. 12, Israël est plutôt présentée comme la mère de notre Seigneur. De plus, l’Épouse de l’Apocalypse est la femme de l’Agneau. Ce titre évoque la souffrance. Ce n’est pas Israël, mais l’Église qui a été Son associée dans le rejet et la souffrance, et cela pendant toute la durée de Son chemin sur la terre. À la fin de l’Écriture, l’Esprit et l’Épouse crient d’une seule voix : «Viens». Qui est donc possédé par l’Esprit avant le retour du Seigneur ? Assurément pas Israël, mais l’Église.
Il est intéressant de noter que 4 femmes nous sont présentées dans l’Apocalypse, chacune représentant un corps ou un système :
● Tout d’abord, nous avons Jésabel en Apocalypse 2:20 ; il s’agit de la papauté.
● Deuxièmement, nous avons la femme revêtue du soleil en Apocalypse 12:1 ; c’est Israël.
● Troisièmement, nous avons Babylone la Grande en Apocalypse 17. C’est la religion apostate issue de la chrétienté et spécialement de la papauté à la fin, avec tout ce qu’elle a pu incorporer.
● Enfin, nous avons «l’Épouse, la femme de l’Agneau» en Apocalypse 19:7 et Apocalypse 21:9. Il s’agit de l’Église.
Les 24 anciens, qui jouent un rôle si intéressant dans les visions apocalyptiques, sont mentionnés pour la dernière fois en Apoc. 19:4. La raison en est, à notre avis, la suivante. Les saints des deux dispensations de l’Ancien et du Nouveau Testament, jusqu’à l’époque de la venue du Seigneur pour les Siens, sont inclus dans ce symbole, et jusqu’à ce que les noces aient lieu, ils agissent tous ensemble comme les participants d’une sacrificature commune ; mais quand vient le moment des noces, ils se divisent en deux compagnies distinctes, car l’Épouse est l’Église, et l’Église a commencé, non pas en Éden, mais à Jérusalem, au jour d’Actes 2. Comme l’enseigne correctement Éphésiens 3:15, il y a plusieurs familles au ciel et sur la terre. Il y a des bénédictions qui sont communes au peuple de Dieu à toutes les époques, et il y a aussi des bénédictions propres à cette époque privilégiée. L’élection, la foi, la rédemption, la qualité de saint et d’héritier, nous les partageons avec tous les objets de la grâce de Dieu dans toutes les dispensations ; mais d’autres bénédictions, comme les relations de corps et d’épouse avec Christ, sont les nôtres uniquement. Nous devons donc faire la distinction entre les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament lorsque nous contemplons le banquet de noces de l’Agneau. Tous sont là, mais certains sont l’épouse et d’autres les invités.
Remarquez qu’il s’agit des Noces de l’Agneau, et non de l’Épouse, quelle qu’elle soit. Christ est l’objectif de Dieu. C’est «le jour de Ses fiançailles, le jour de la joie de Son cœur» (Cant. 3:11). Sur le même principe, la grâce de Dieu envers l’homme nous est présentée de manière charmante en Matthieu 22:2, comme des noces faites par un roi pour son fils. Un repas de noces décrit sans même une mention de l’épouse ! y a-t-il quelque chose de semblable ailleurs dans la littérature ? Dieu nous montre ainsi qu’en procurant de bonnes choses à l’homme, Il cherche avant tout la joie et la gloire de Son Fils bien-aimé. Il est vrai qu’au temps où Matt. 22 fut prononcé, l’épouse n’existait pas encore et ne pouvait être que dans les conseils de Dieu.
Mais qu’avons-nous dans la déclaration : «Sa femme s’est préparée» ? Notre préparation n’est-elle pas uniquement de Son fait à Lui ? Dans un sens, oui. Chaque saint porte la plus belle robe de la justice divine. Mais il y a un autre vêtement qui sera visible lors du banquet des Noces ; il s’agit de «la justice des saints». Elle sera accordée dans le cadre du gouvernement divin, à la suite de la manifestation au tribunal de Christ (l’Apocalypse est caractérisée, en tant que livre, par le gouvernement divin).
Le tribunal doit être mis en place avant que le banquet ne soit servi. C’est là que tout croyant reverra sa vie à la lumière de Dieu. Les actes accomplis dans le corps (2 Cor. 5:10) seront évalués à leur juste valeur par Celui qui ne peut faire aucune erreur. Alors que le mal et le bien passeront tous deux devant Lui, Il aura la joie de louer et de récompenser le bien. Toute action accomplie dans la puissance de l’Esprit, fruit de la vie de Dieu à l’intérieur, sera gardée dans un souvenir éternel. Chacune de ces actions est en quelque sorte une maille du vêtement de justice et de sainteté que l’Épouse portera le jour des noces, et que l’Époux examinera avec le plus grand plaisir, comme la preuve de l’amour manifesté à son Nom ici-bas. Le Royaume est un règne de justice, et nous y prenons place selon la justice. Tout cela est réglé au tribunal. Après le tribunal, il y a le banquet des noces, puis l’apparition publique du Roi.
L’Épouse est vêtue de «fin lin, éclatant et pur». Sa rivale maléfique aimait la pourpre et l’écarlate (Apoc. 17:4). Les gloires de ce monde plaisent à la seconde ; la justice et la pureté font les délices de la première. Les Écritures emploient 4 figures de la justice : (1) l’or, expression de la justice divine intrinsèque ; (2) l’airain, le jugement de la justice appliqué à l’homme ; (3) le fin lin, la justice des saints ; (4) le vêtement souillé, tous les efforts humains en dehors de la grâce.
La scène du mariage ayant été décrite, Jean reçut l’ordre suivant : «Écris : Bienheureux ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau». Qui sont ces invités ? Pas les saints qui composent l’Épouse, et certainement pas ceux du temps de l’antichrist, car ils ne sont ressuscités qu’après les noces (Apoc. 20:4). Nous concluons donc que les conviés sont les saints des jours de l’Ancien Testament, qui partageront tous la félicité du jour à venir selon leurs positions et relations propres et divinement conçues.
Ébloui par les gloires qui s’offraient ainsi à son regard, Jean tomba aux pieds de l’ange pour l’adorer, et fut promptement réprimandé pour cette faute. Même un apôtre pouvait s’y tromper. On ne peut se fier à la chair, même en présence de la gloire. Quelle miséricorde finalement que l’envoi de l’écharde après que Paul a été enlevé au troisième ciel (2 Cor. 12).
Un autre repas est décrit dans le même chapitre de l’Apocalypse. Au v. 17, nous voyons un ange debout dans le soleil, qui crie d’une voix forte à tous les oiseaux du ciel de se rassembler pour le grand souper de Dieu. Les détails, tels que donnés par le Voyant, sont terribles. Les oiseaux se rassasient de la chair des rois, des chiliarques, des chevaux et des hommes de tout rang. C’est Armaguédon, non pas l’Armaguédon qu’on trouve dans les journaux, mais l’Armaguédon de la Sainte Écriture. C’est l’évènement le plus terrible du jugement des vivants, lorsque le véritable Souverain de la terre apparaît. S’opposant aux armées de la terre, Il les détruira par la parole de Sa bouche.
Quels que soient les rêves des hommes, la guerre ne cessera pas avant qu’il n’y soit mis fin sommairement une fois pour toutes (Ps. 46:8-9).
Quel bonheur de participer au banquet des noces de l’Agneau, mais quelle horreur d’être impliqué dans le grand souper de Dieu !
Près de 19 siècles se sont écoulés depuis que l’apôtre Paul posait la question : «Dieu a-t-il rejeté Son peuple ?», c’est-à-dire les 12 tribus d’Israël (Rom. 11:1). La réponse de la chrétienté à cette question a été pratiquement «oui», car la chrétienté a longtemps traité Israël avec dédain et cruauté, comme s’il s’agissait d’un peuple pour lequel le pardon divin ne pourrait jamais exister (comme Amalek autrefois). Mais la chrétienté s’est trompée sur ce point, comme sur beaucoup d’autres questions d’une grande importance.
En réponse à son interrogation, l’apôtre se penche sur son propre cas. «Moi aussi, je suis Israélite, de la semence d’Abraham, de la tribu de Benjamin». Si Dieu a pu trouver miséricorde dans Son cœur pour un homme tel que Paul, cela peut être considéré comme un gage de miséricorde pour sa nation coupable, car Paul était un cas exemplaire, à la fois dans le péché et dans la grâce (1 Tim 1:12-16). En outre, il ajoute dans Romains 11:2 : «Dieu n’a point rejeté Son peuple, lequel Il a préconnu». Notez bien le mot «préconnu», car il couvre tout. Il explique toutes les relations de Dieu avec Israël, du début à la fin. Puisqu’il a «préconnu» Son peuple, Il était pleinement conscient, lorsqu’Il s’est engagé envers Abraham, de l’ingratitude et de la méchanceté de sa descendance, mais Il a donné au père des croyants Sa parole et Son serment (Héb. 6:13 ; Gal. 3:15-18). Ses desseins sont donc différés sans doute, mais non pas abandonnés. Il reste à Israël de posséder chaque centimètre du territoire promis à Abraham, et de jouir de toutes les bénédictions prédites dans le pays, et cela pour toujours. Le caractère divin rend tout cela absolument certain.
Lorsque Dieu, dans sa Parole, parle du jugement sur Israël, Il le limite invariablement par un «jusqu’à». Ainsi, en Romains 11:25, il nous est dit qu’un «endurcissement (ou : aveuglement) partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée». En Luc 21:24, nous lisons : «Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis». La «plénitude des nations» désigne la communauté chrétienne actuelle comprenant des gens de toutes les nations ; les «temps des nations» désignent la période de suprématie des nations, qui a commencé avec Nebucadnetsar, environ 6 siècles avant Jésus Christ. Lorsque la communauté chrétienne sera complète et arrivée dans la gloire céleste, et lorsque la période de suprématie des Gentils sera terminée, Dieu tournera à nouveau Son attention vers toute la maison d’Israël.
Nous répétons : «toute la maison d’Israël», car c’est ce que dit la Parole de l’Éternel. Voir Ézéchiel 39:25, comme l’un des nombreux passages qui pourraient être cités à cet égard. Dix des tribus d’Israël sont perdues pour nous (malgré les affirmations de certains excentriques) ; nous ne connaissons que les représentants de deux tribus. Nous les appelons «les Juifs». Mais toutes les tribus d’Israël sont connues de Dieu, et «Celui qui a dispersé Israël le rassemblera» (Jér. 31:10). «Car Je détruirai entièrement toutes les nations où Je t’ai dispersé ; mais quant à toi, Je ne te détruirai pas entièrement» (Jér. 30:11).
La bénédiction du monde attend la restauration d’Israël vis-à-vis de Dieu et en Canaan. Ce n’est pas à l’Église, mais à Abraham que l’Éternel a dit : «Et toutes les nations de la terre se béniront [ou : seront bénies] en ta semence» (Gen. 22:18). Pierre a dit au peuple en Actes 3 que Jésus resterait dans les cieux jusqu’à leur repentance et leur conversion. Lorsqu’Israël se tournera vers Dieu, des temps de rafraîchissement viendront de la présence du Seigneur et le rétablissement de toutes choses aura lieu. Dans le Psaume 67:1-2, Israël prie avec foi : «Que Dieu use de grâce envers nous et nous bénisse, qu’il fasse lever la lumière de sa face sur nous, (Sélah) Pour que ta voie soit connue sur la terre, ton salut parmi toutes les nations». Israël et Jérusalem constituent le pivot sur lequel tout tourne pour les nations et pour la création. Ni Londres, ni Berlin, ni Rome ne sont, ni ne pourront jamais être le centre d’administration et de bénédiction de Dieu. Combien cela est ignoré de tous les orgueilleux de la terre ! En vérité, les pensées de Dieu ne sont pas les pensées des hommes, et Ses voies ne sont pas les voies des hommes (Ésaïe 55:8).
La résurrection d’Israël en tant que nation, lorsqu’elle se produira, sera l’un des événements les plus remarquables de l’histoire de notre planète. Ce sera une œuvre divine. Seul Dieu peut faire vivre les ossements desséchés (Éz. 37). L’homme s’y essaiera avant que le temps de Dieu ne soit pleinement venu. Ésaïe 18 suggère un effort de la part d’une puissance maritime pour rétablir le peuple si longtemps «répandu loin et ravagé». Mais rendre un État existant aux Juifs ne sera pas l’accomplissement des Écritures que nous avons examinées. Il ne s’agit que d’une restauration partielle, et d’une restauration pour le malheur.
Le rétablissement d’un État juif fournira à l’Antichrist l’occasion d’agir, avec toutes les horreurs que cela implique pour le malheureux peuple. Le temps de Dieu viendra lorsque le Fils de l’homme apparaîtra en gloire. Alors on sonnera de la grande trompette, et tout Israël sera rassemblé, pour ne plus jamais devenir la proie de ses voisins (Ésaïe 27:13). Jérusalem deviendra la métropole de la terre ; le trône de l’Éternel y sera à nouveau installé ; l’Esprit sera répandu sur toute chair ; la justice et la paix seront établies.
Les ennemis d’Israël seront nombreux au temps de la fin, car Satan se plaît à susciter l’hostilité contre ceux qui sont aimés de Dieu. L’ennemi du pays (le rusé Antichrist) sera attaqué par les rois du Nord et du Sud ; le peuple juif souffrira terriblement dans la mêlée, comme s’il était broyé entre la meule supérieure et la meule inférieure. Le roi du Nord est le représentant des puissances qui dominaient autrefois de la mer Égée jusqu’à l’Inde (Dan. 11) ; le roi du Sud (ou midi) est le souverain de l’Égypte. Le roi du Nord, en qui s’accompliront les nombreuses prophéties non réalisées concernant «l’Assyrien», sera un ennemi de premier ordre. Ses prouesses sont décrites en Daniel 11:40-45 ; et les expériences du peuple juif sous son talon de fer sont décrites dans le Psaume 79 et Zacharie 14:1-2. Ses alliés sont nommés dans le Psaume 83, et Daniel 8:24 le montre soutenu par une puissance encore plus grande que la sienne.
Cette puissance est la Russie, le dernier et le plus mortel ennemi d’Israël. Deux chapitres entiers d’Ézéchiel (Ézéch. 38 et 39) sont consacrés à la dernière entreprise désastreuse du tsar de cette époque. Il est remarquable qu’une description aussi détaillée ait été donnée par l’Esprit de Dieu plus de 25 siècles à l’avance. L’empire russe n’existait pas à l’époque où Ézéchiel a écrit ces chapitres. La Chine, l’Inde et l’Égypte étaient déjà anciennes. Les fondements mêmes de l’empire russe n’ont été posés qu’environ 1500 ans après l’époque d’Ézéchiel. La cupidité de l’empire du Nord sera excitée par la richesse d’Israël restauré, et l’absence de fortifications dans leur pays laissera présager une victoire facile (Ézéchiel 38:10-12). Mais l’Éternel parlera dans Sa jalousie et dans le feu de Sa colère ; Il mettra des mors aux mâchoires de Gog et le fera reculer en le détruisant complètement. L’ensevelissement des ossements occupera la maison d’Israël pendant 7 mois, et les munitions de guerre laissées sur cet effroyable champ de bataille fourniront à Israël du bois de chauffage pendant 7 ans (Ézéchiel 39:8-16).
Les dernières paroles du cantique de Moïse dans le désert (Deut. 32:43) décrivent la situation à la fin, lorsque les jugements de Dieu auront fait leur œuvre. «Réjouissez-vous, nations, [avec] Son peuple ; car Il vengera le sang de Ses serviteurs, et Il rendra la vengeance à Ses adversaires, et Il pardonnera à Sa terre, à Son peuple». Les torts faits à Israël vengés, le peuple et son pays réconciliés avec Dieu en vertu de l’expiation de Christ, et toutes les nations de la terre partageant la joie d’Israël, tels sont les desseins de grâce de Dieu lorsque les jours de combat seront terminés.
Le but du désir chrétien, selon 1 Corinthiens 1:7 et 1 Pierre 1:7, est «la révélation de Jésus-Christ». Il s’agit du jour grand et remarquable où Dieu ramènera Son Premier-né dans le monde, non pas dans une grâce humble, comme il y a longtemps, mais en majesté et en gloire. Ce jour sera d’une importance capitale. Aucun jour (à l’exception de celui de la Croix) ne pourrait avoir une plus grande portée dans ses résultats. Ce jour-là sera :
Le «jour de l’homme» (1 Cor. 4:3, littéralement pour « jugement ») est cette longue période d’orgueil et d’égoïsme de l’homme, qui a commencé avec l’intrusion du péché dans le monde et qui se terminera par le jugement divin lors de la révélation de Jésus-Christ. Pendant le Jour de l’homme, Dieu n’est rien et l’homme est tout. Le jour du Seigneur inversera cette situation.
Ésaïe 2:10-22 est le premier passage de l’Écriture qui mentionne spécifiquement ce jour ; il décrit de façon imagée le renversement complet de tout ce dont l’homme s’est vanté, afin que l’Éternel seul puisse être exalté. La terreur envahira l’esprit des hommes lorsque cela se produira. À deux reprises, il est dit que l’Éternel se lèvera pour «ébranler terriblement la terre». Tous les projets et toutes les réalisations de l’homme s’écrouleront pour ne plus être réparés. Les cataclysmes des précédentes guerres mondiales, aussi effroyable qu’ils aient été, ne sont rien en comparaison de l’effondrement total de tout ce qui appartient à l’homme lors de la révélation de Jésus-Christ.
Heureux ceux qui ont reçu un Royaume qui ne peut être ébranlé (Héb. 12:28).
Que Satan et les hommes fassent ce qu’ils veulent, Celui qui a été crucifié doit régner, et tout être créé doit rendre hommage à Son nom et à Son titre. Il y a longtemps, sous la plume d’Ésaïe, que l’Éternel a attiré l’attention sur Lui en tant que Son serviteur qu’Il soutient, et Son élu en qui Son âme trouve Son plaisir, et Il a déclaré à Son sujet : «Il ne se lassera pas, et Il ne se hâtera pas [ou : il ne sera pas brisé], jusqu’à ce qu’Il ait établi le juste jugement sur la terre ; et les îles s’attendront à sa loi» (Ésaïe 42:1-4). Ce passage est cité en Matthieu 12:17-21 comme preuve du plaisir de Dieu en Lui lorsqu’Il était homme sur la terre ; le jour viendra où Il en accomplira chaque phrase, et où celui qui a été méprisé régnera.
Il convient au chrétien d’«aimer Son apparition» (2 Tim. 4:8), et cela non pas à cause du soulagement et de la récompense qu’elle nous apportera (elle nous apportera à la fois le «repos», 2 Thes. 1:7, et «la couronne de justice»), mais à cause de ce que ce jour signifiera pour Christ. Nous aimons ce jour à l’avance ; nous nous réjouissons de penser à la justification et à la gloire qu’il apportera au Seigneur Jésus.
Le grand adversaire perdra définitivement pied dans les cieux à la suite de la guerre avec Michel et ses anges (Apoc. 12:7-8), mais il aura encore la liberté de poursuivre ses mauvais desseins, bien que son activité soit limitée à la terre. Par contre la révélation de Jésus Christ mettra fin à tout cela. L’ange d’Apocalypse 20:1, clé et chaîne en main, le saisira et le précipitera dans l’abîme, scellant ce lieu d’horreur pour 1000 ans.
Pendant la longue période du règne du Fils de l’homme, les hommes ne seront pas exposés à la ruse du séducteur. Mais l’abîme n’est pas son lieu de châtiment final. Le Royaume étant une dispensation — une période de responsabilité pour l’homme — Satan est relâché pour un temps bref à sa fin. Une révolte s’ensuit jusqu’aux bouts de la domination du Sauveur, après quoi l’adversaire sera saisi une seconde fois et immédiatement jeté dans l’étang de feu, où il sera tourmenté, avec la Bête et le faux prophète, jour et nuit, aux siècles des siècles. Même les êtres infernaux doivent confesser Jésus comme Seigneur (Phil. 2:10-11). Il est leur Juge ainsi que le Juge des hommes, comme les démons l’ont reconnu avec une terreur si manifeste aux jours de Sa chair (Matt. 8:29). Il a pour tâche d’éliminer tous ceux, hommes et esprits, qui osent se dresser contre la suprématie de Dieu.
Les problèmes et les difficultés en tout genre, sociaux, politiques et économiques, augmentent rapidement. Les mesures prises par les gouvernants vont souvent à l’encontre des buts recherchés. Le Seigneur Jésus, en Luc 21:25-26, décrit un état d’esprit d’angoisse généralisé, bien que l’accomplissement de ce passage ne soit pas encore arrivé. «Sur la terre une angoisse des nations en perplexité devant le grand bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l’âme de peur et à cause de l’attente des choses qui viennent sur la terre habitée». Le péché et la folie de l’homme créent la confusion, mais l’homme n’est pas capable de la dissiper. Aucune difficulté n’est jamais vraiment réglée. Les politiciens et autres réussissent de temps en temps à mettre un pansement ici ou là. Une apparence raisonnable est ainsi donnée aux choses pour un moment, mais il s’ensuit des éruptions plus graves et plus étendues. Il n’y a qu’un seul homme dans l’univers qui soit vraiment compétent pour redresser les affaires humaines. Dans une vision symbolique, il nous est montré en Apocalypse 5:6 comme un Agneau «ayant 7 cornes et 7 yeux», ce qui signifie la perfection de la puissance et de la sagesse. Il arrive aujourd’hui qu’un homme ait du pouvoir sans sagesse, et parfois de la sagesse sans pouvoir. La première est désastreuse pour le peuple, et la seconde est inutile pour répondre aux besoins. Salomon, avec sa sagesse phénoménale, n’était que l’ombre du Seigneur Jésus. Lorsqu’Il se lèvera dans Sa puissance et se montrera dans Sa gloire, Il prendra le sceptre de la terre entre ses mains expertes, «et ce qui est tortu sera rendu droit, et les lieux raboteux deviendront une plaine unie» (Ésaïe 40:4). Dieu «placera du secours sur un homme puissant» (Ps. 89:19). Sa main s’appuiera sur l’homme de Sa droite, sur le Fils de l’homme qu’Il a fortifié pour Lui-même (Ps. 80:15). «Il jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre» (Ésaïe 11:4).
Sachant où réside la véritable espérance des hommes, il est impossible au croyant spirituellement instruit d’accorder le moindre crédit aux projets et aux orientations des créatures. Au contraire, il attend avec patience que Dieu introduise l’Homme de Son conseil. Le chrétien attend «la révélation de Jésus Christ», souffrant entre-temps avec tous les autres.
C’est cette période dorée dont les prophètes ont parlé avec enthousiasme et que les psalmistes ont chantée avec ferveur depuis le début de leur témoignage. C’est ce temps merveilleux où les droits divins seront partout respectés ici-bas, où Jésus, longtemps rejeté, sera intronisé dans le Royaume qui Lui est destiné, et où la carrière mauvaise de l’homme recevra un coup d’arrêt brutal. Le pouvoir de Satan sera alors mis de côté, son œuvre misérable sera en grande partie défaite et les blessures de la création seront guéries. «Le désert sera dans l’allégresse et fleurira comme la rose» ; «au lieu de l’ortie croîtra le myrte» ; «la gloire du Seigneur sera révélée, et toute chair ensemble la verra» ; «tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu» (Ésaïe 35:1 ; 55:13 ; 40:5 ; 52:10). Heureuse époque ! Qu’elle est lointaine si l’on s’en tient aux apparences, mais qu’elle est proche si l’on tient la lampe prophétique allumée par la foi !
Lisons Actes 3.19-21: «Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés : en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur, et qu’Il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné, Lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de Ses saints prophètes de tout temps». C’est Pierre qui parlait ainsi ; il s’adressait au peuple juif à l’occasion de la guérison du boiteux à la Belle Porte du temple. Il a fait une proposition précise à son auditoire — par autorité divine, bien sûr. S’ils se repentaient de leurs nombreux péchés, et en particulier de leur rejet meurtrier de Jésus, des temps de rafraîchissement leur viendraient de devant la face de l’Éternel. Il renverrait même Celui qu’ils avaient chassé, et les temps du rétablissement de toutes choses s’ouvriraient. Les lecteurs de la Bible en Israël attendaient depuis longtemps un tel aboutissement. En Matthieu 17:11, le Seigneur confirme les disciples dans leur attente, à savoir qu’Élie «viendra d’abord, et rétablira toutes choses». Conformément à cette espérance, ils Lui posèrent la question après sa résurrection : «Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël ?» (Actes 1:6). Pierre, éclairé dans son âme par une lumière venue du ciel telle qu’il n’en avait jamais possédée auparavant, présente au peuple les conditions dans lesquelles la restauration tant attendue pourrait avoir lieu. Leurs pensées pouvaient se limiter à Israël ; les pensées de Dieu englobent la création tout entière.
Le rétablissement de toutes choses dépendait de deux autres événements : la repentance d’Israël et le retour de Jésus. Il ne reviendra pas tant qu’Israël ne sera pas prêt à L’accueillir ; et jusqu’à Son retour, aucune restauration universelle n’est possible. Un millénium sans le Seigneur Jésus, quels que soient les objectifs et les désirs des hommes, ne pourra jamais exister.
Le rétablissement de toutes choses a des limites. Les paroles de Pierre le montrent : «…dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps». Certains ont poussé les paroles de l’apôtre jusqu’à y inclure les morts non pardonnés. Le rétablissement ne va pas au-delà de ce que «Dieu a dit par la bouche de ses saints prophètes», et aucun prophète ne nous invite à attendre le rétablissement dans la faveur divine des hommes morts dans leurs péchés. Le point de vue des prophètes était la terre, et dans un langage émouvant, ils décrivent l’effacement par la puissance divine de toutes les cicatrices que le péché a causées, afin que Dieu puisse à nouveau prendre plaisir aux œuvres de Ses mains, et que les hommes puissent jouir de Sa miséricorde. La guérison du boiteux en est un exemple, illustrant de manière frappante Ésaïe 35:5-6.
À cette époque-là, Israël sera restauré. Les 12 tribus jouiront de la bénédiction de Dieu sur toute l’étendue de la magnifique possession promise aux pères (dans le passé, elles n’ont occupé qu’une petite partie de l’héritage qui leur était destiné). Le temple leur sera restitué, et la présence de l’Éternel le remplira continuellement (Ps. 68:29 ; Ézéch. 43:4-5). Aucun d’entre eux n’aura besoin d’exhorter son voisin à «connaître le Seigneur», car tous le connaîtront, du plus petit au plus grand d’entre eux (Jér. 31:34).
Les nations également seront bénies (Ps. 22:27-28 ; 72:17). Elles ne seront plus caractérisées par l’orgueil et l’indépendance à l’égard de Dieu, elles ne seront plus remplies d’envie et de haine les unes envers les autres, mais elles vivront en paix sous l’autorité du Roi des rois et du Seigneur des seigneurs. Conformément au dessein divin, elles reconnaîtront la place privilégiée et la suprématie accordées à Israël et lui rendront un hommage respectueux. Elles chercheront la face de Jacob selon le Psaume 24:6, car Dieu sera dans le pays de Jacob. D’année en année, les ambassadeurs de toutes les nations se rendront à Jérusalem pour la fête des Tabernacles (Zach. 14:16).
La création dans son ensemble sera restaurée. Les forts ne s’attaqueront plus aux faibles. Même le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera avec le chevreau, et le lion mangera de la paille comme le bœuf (Ésaïe 11:6-7). Le règne bienfaisant du Fils de l’homme s’étendra aux bêtes des champs, aux oiseaux du ciel, aux poissons de la mer, et à tout ce qui passe sur les sentiers des mers (Ps. 8:7-8). La manifestation des fils de Dieu sera le signal de la libération complète de tous de la servitude de la corruption (Rom. 8:19-21).
Mais quelle que soit la bénédiction de cette époque, la perfection absolue ne sera pas réalisée à ce moment-là, et donc la finalité ne sera pas atteinte. L’ère millénaire (la dernière des dispensations de Dieu) est le prélude du Royaume éternel, de l’état éternel, des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. C’est là que se trouve la perfection. Le Fils de l’homme ayant vaincu tout antagonisme et réduit au silence toute langue rebelle, Dieu sera «tout en tous» (1 Cor. 15:28).