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Exposé de l’Apocalypse

 

par William KELLY [ajouts Bibliquest entre crochets]

The Revelation Expounded, 1901
Traduction d’après la 5ème édition de C.A.Hammond

« 

[Remarque : pour traduire le mot courant « church », nous avons souvent laissé le terme « église », mais le mot biblique « assemblée » a strictement le même sens.]

 

Table des matières abrégée :

1       Préface

2       Chapitre 1

3       Chapitre 2

4       Chapitre 3

5       [Bref sommaire sur les lettres aux sept églises. Différences d’avec ce qui suit]

6       Chapitre 4

7       Chapitre 5

 

Table des matières détaillée :

1       Préface

1.1        [Raison d’être de ce nouveau livre]

1.2        [Texte biblique]

1.3        [Portée de la prophétie et éléments clés de son interprétation]

2       Chapitre 1

2.1        [L’auteur de l’Apocalypse, Jean, était l’écrivain approprié]

2.2        Ch. 1:1 [Révélation de Jésus Christ que Dieu lui a donnée]

2.3        Ch. 1:1 [… pour montrer à ses esclaves…]

2.4        Ch. 1:1 [… les choses qui doivent arriver bientôt…]

2.5        Ch. 1:1 [… il l’a signifiée en l’envoyant par son ange…]

2.6        Ch. 1:2 [la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus : les visions de Jean]

2.7        Ch. 1:3 [Béni soit celui qui lit…]

2.8        Ch. 1:3 [Car le temps est proche…]

2.9        Ch. 1:4 [Salutation — aux sept assemblées, ou églises,…]

2.10     Ch. 1:4 [de la part de Celui qui est, qui était et qui vient…]

2.11     Ch. 1:4 [de la part des sept Esprits qui sont devant son trône …]

2.12     Ch. 1:5a [de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre…]

2.12.1      [Le témoin fidèle]

2.12.2      [Le premier-né des morts]

2.12.3      [Le prince des rois de la terre]

2.12.4      [Conclusion sur ces titres]

2.13     Ch. 1:5b-6 [À Celui…]

2.14     Ch. 1:7 [Voici Il vient…]

2.15     Ch. 1:8 [l’alpha et l’oméga]

2.16     Ch. 1:9 [condition de Jean à Patmos…]

2.17     Ch. 1:10a [en Esprit dans la journée dominicale …]

2.18     Ch. 1:10b-11 [J’entendis derrière moi une grande voix comme d’une trompette … Ce que tu vois, écris-le …]

2.19     Ch. 1:12-13a [sept lampes d’or … — semblable à un fils d’homme…]

2.20     Ch. 1:13b-16 [la vision du Fils de l’homme …]

2.21     Ch. 1:17-18 [le premier et le dernier, le vivant et j’ai été mort]

2.22     Ch. 1:19a [les choses que tu as vues, et les choses qui sont]

2.23     Ch. 1:19b [les choses qui doivent arriver après celles-ci]

2.24     Ch. 1:20 [Le mystère des sept étoiles … et les sept lampes d’or… les anges des sept assemblées]

2.24.1      [Le mystère]

2.24.2      [Les anges des assemblées]

2.24.3      [Les sept églises]

3       Chapitre 2

3.1        [Éphèse]

3.1.1         [Ch. 4:2 — Succession apostolique]

3.1.2         [Ch. 4:3-4 — Persévérance. Déclin au dedans]

3.1.3         [Ch. 4:5 — Le remède]

3.1.4         [Ch. 4:6-7 — Menaces et points positifs]

3.2        [Smyrne]

3.2.1         [Judaïsation rampante et déchéance de la grâce]

3.2.2         [Aspects historiques]

3.2.3         [Passage à la persécution]

3.3        [Pergame]

3.3.1         [Ch. 2:12-13 — Lutte pour la Déité de Christ]

3.3.2         [Ch. 2:14 — Cléricalisme et mondanité]

3.3.3         [Ch. 2:15-16 — L’ennemi au-dedans. Passage des œuvres à la doctrine]

3.3.4         [ch. 2:17 — La manne cachée et le caillou blanc : l’approbation du Seigneur au fidèle]

3.4        [Thyatire]

3.4.1         [Ch. 2:18 — Présentation de Christ]

3.4.2         [Ch. 2:19 — Œuvres, foi et amour]

3.4.3         [Ch. 2:20 — Jésabel et l’affirmation d’être une autorité inspirée]

3.4.4         [Ch. 2:21-23 — La corruption établie. Fornication et postérité]

3.4.5         [Ch. 2:24-25 — Un Résidu]

3.4.6         [Ch. 2:26-28 — La promesse]

3.4.7         [Ch. 2:29 — Positionnement de l’appel à écouter]

4       Chapitre 3

4.1        [Sardes]

4.1.1         [Ch. 3:1a — Un nouvel état de choses]

4.1.2         [Ch. 3:1b-2a — La Bible ouverte et son action sur la  conscience]

4.1.3         [Ch. 3:2b-3a — La recherche de l’appui du monde]

4.1.4         [Ch. 3:3b — Venue du Seigneur comme pour le monde, elle n’est pas désirée]

4.1.5         [Ch. 3:4-6 — Les vainqueurs]

4.2        [Philadelphie]

4.2.1         [Ch. 3:7 — Quelque chose de tout nouveau]

4.2.2         [Ch. 3:8a — Peu de force]

4.2.3         [Ch. 3:8b — Ne pas renier son nom]

4.2.4         [Ch. 3:9 — Retour du ritualisme]

4.2.5         [Ch. 3:10 — L’heure de l’épreuve]

4.2.6         [Ch. 3:11a — L’attente de la venue du Seigneur]

4.2.7         [Ch. 3:11b-12 — Encouragement et promesse]

4.3        [Laodicée]

4.3.1         [Ch. 3:14 — Mépris du témoignage précédent]

4.3.2         [Ch. 3:15-16 — tiédeur, neutralité et indifférence]

4.3.3         [Ch. 3:17-18 — Les carences des Laodicéens]

4.3.4         [Ch. 3:19-22 — Appel à repentance. Promesse standard]

5       [Bref sommaire sur les lettres aux sept églises. Différences d’avec ce qui suit]

6       Chapitre 4

6.1        [Passage des ch. 2 et 3 aux ch. 4 et 5: Le changement]

6.1.1         [À quoi correspondent les ch. 4 et 5 ?]

6.1.2         [Sans être une prophétie, les ch. 2 et 3 éclairent toute la durée de l’existence de l’Église]

6.1.3         [Plus d’églises reconnues à partir du ch. 4]

6.2        [Ch. 4:1 — Après ces choses]

6.3        [Ch. 4:2-3a — Jaspe comme du verre]

6.4        [Ch. 4:3b — Arc en ciel]

6.5        [Ch. 4:4 — Les anciens sur 24 trônes]

6.6        [Absence de l’enlèvement dans l’Apocalypse]

6.7        [Ch. 4:5 — Le trône et les sept lampes]

6.8        [Ch. 4:6a — La mer de verre]

6.9        [Ch. 4:6b — Les animaux au milieu du trône]

6.10     [Anges au ch. 5, et pas au ch. 4]

6.11     [Ch. 4:9-11 — Les anciens et leurs qualités]

7       Chapitre 5

7.1        [Apparition de l’Agneau]

7.2        [Il faut que la dignité et la gloire de l’Agneau soient manifestées]

7.3        [Ch. 5:1-5 — Le défi et l’Agneau qui prend le livre. La dignité de l’Agneau]

7.4        [Ch. 5:6-10 — Puissance et Sagesse de l’Agneau]

7.5        [Ch. 5:11-12 — Changement d’administration. Les anges dissociés des animaux comme instruments de jugement]

7.6        [Ch. 5:13-14 — Louange générale]

 

 

 

1                        Préface

1.1   [Raison d’être de ce nouveau livre]

Certains, qui savent que mon volume de Leçons sur l’Apocalypse est épuisé et qu’une nouvelle édition est en cours d’impression, peuvent s’étonner de ce que j’écrive un nouveau livre plus petit sur le même sujet. L’objectif ici est de fournir un support condensé à ceux qui n’aiment pas la controverse et les longues discussions intéressant les érudits. En écrivant le présent volume plus réduit, j’ai tenu compte de tout le contenu du livre plus complet, mais j’ai cherché plus de clarté, plus d’exactitude et il y a plus de maturité.

 

1.2    [Texte biblique]

Le lecteur peut être assuré que le texte biblique traduit ici repose sur les autorités anciennes les meilleures ; les preuves internes ont été utilisées pour décider lorsque les manuscrits et versions les plus anciens diffèrent. Un exemple peut illustrer comment la fragilité humaine peut induire en erreur : le « texte reçu », en la deuxième édition des Elzévirs de 1633 comme dans la première, donne λαῳ (peuple) au lieu de ναῳ (temple) en Apoc. 3:12. Les imprimeurs hollandais, qui ont revendiqué une valeur exorbitante [« texte reçu par tous »] pour leur Testament grec, ne disposaient d’aucun manuscrit ou version ancienne pour appuyer leur leçon ridicule. Ils l’avaient probablement tirée de la quatrième édition de Robert Étienne de 1551, tandis qu’il avait donné le mot exact ναῳ dans ses trois éditions précédentes de 1546, 1549 et 1550. Qui avait finalement induit Étienne en erreur ? Non pas Bèze, autant que je sache, car après avoir donné ναῳ correctement dans sa première édition de 1559, il imprima λαῳ en 1565 et en 1582, puis se corrigea lui-même en 1588 et 1598. C’était probablement une faute typographique, mais elle a influencé beaucoup de gens à cause de la réputation d’Étienne comme érudit et homme de Dieu. Il ne fait aucun commentaire ni quand il a fait erreur ni quand il corrigé. Mais l’erreur s’est répandue au-delà d’Étienne, de Bèze et des Elzévirs.

[voir plus loin, quelques justifications des changements d’avec le texte reçu]

 

1.3   [Portée de la prophétie et éléments clés de son interprétation]

En ce qui concerne l’application de la prophétie, il est bon de commencer par dire que je ne doute pas que Dieu ait voulu aider Ses enfants par ce qu’on appelle généralement l’interprétation protestante, — en considérant toutefois que les Trompettes suivent les Sceaux et n’en sont pas contemporaines, ce qui me paraît ne produire que de la confusion. Pourtant, ce système d’interprétation échoue lorsqu’on en fait quelque chose de complet et exclusif. Je ne peux qu’admirer la sagesse et la bonté de Dieu en accordant une vague référence à cette histoire se prolongeant au-delà du temps du prophète (nulle part plus claire que lorsqu’elle voit une préfiguration des malheurs issus des Sarazins et des Turcs en Apoc. 9), et faisant voir l’accomplissement complet et en détail seulement lors de la crise finale à la consommation du siècle. On objecte que c’est attribuer une double force à la majeure partie de l’Apocalypse. Or ceci n’est pas une difficulté réelle. Pourquoi ne pas l’accepter si son contenu interne dirige vers cette conclusion ? Il est évident que ce livre a une profondeur dépassant toutes les autres prophéties ; ceux qui l’ont étudié de la bonne manière s’en rendent compte. Une prophétie comme celle du Seigneur au début de Matt. 24 [v. 2-13] présente quelque chose de similaire. Ce passage s’est assurément appliqué aux disciples chrétiens dans le pays d’Israël et ailleurs, et il s’appliquera aussi de nouveau pour le résidu juif pieux avant la fin de ce siècle.

Les points de toute importance pour l’intelligence de l’Apocalypse, trop souvent méconnus, sont les suivants :

●         garder continuellement à l’esprit la distinction entre « les choses qui sont » et « celles qui doivent arriver après celles-ci »,

●         saisir le vrai sens de la vision d’Apoc. 4 et 5, qui se situent avant les sceaux, les trompettes et les coupes,

●         la juste compréhension des cieux ouverts en Apoc. 19:11 etc., après les noces de l’épouse en-haut, et avant l’apparition du Seigneur avec Ses saints pour le jugement des vivants.

●         À ces éléments-clés, on peut ajouter l’appendice si profond débutant en Apoc. 12.

 

Je ne peux que demander la bénédiction de Dieu par la prière ; elle est déjà promise à celui qui lit et à ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche. En dehors de Christ, nous ne pouvons rien faire d’agréable à Dieu, ni entrer dans Ses pensées ; car le Saint-Esprit œuvre pour glorifier le Seigneur, non pas le premier homme.

Londres, le 25 avril 1901.

 

2                        Chapitre 1

2.1   [L’auteur de l’Apocalypse, Jean, était l’écrivain approprié]

Il est remarquable que l’apôtre Jean ait été l’instrument choisi par Dieu pour nous communiquer ce dernier des écrits du Nouveau Testament, et cela ne doit pas nous surprendre. Son cœur était rempli de l’amour de Christ et d’un sens profond de Sa gloire personnelle : cela faisait de lui un vase approprié aux communications du Saint Esprit dans son évangile, ses épitres et la Révélation [Apocalypse] de Jésus Christ. Sans doute il y avait beaucoup de Jean(s) sur la terre, notamment dans l’église de Dieu, mais aucun, sinon lui, n’avait le droit de se présenter comme il le fait en Apoc. 1:1, 4, 9 ; 22:8. Ce n’était pas seulement le Jean de Patmos, mais il était celui qui pouvait dire qu’« il y était pour la parole de Dieu et le témoignage de Jésus ». L’empereur qui l’avait exilé, n’imaginait pas le dessein divin. Cette expression pouvait-elle s’appliquer à un autre que Jean ?

●         Le fondement était posé dans son évangile ; lui seul y apparaît comme « le disciple que Jésus aimait ». Cela suffit à établir la main qui a écrit cet évangile.

●         Les épitres supposent que son évangile était déjà écrit ; la plus complète [1 Jean] ne fournit aucun nom, sinon le Nom au-dessus de tout nom ; cependant  le ton de cette épitre est tout du long celui du disciple bien-aimé, on ne peut s’y tromper.

●         Les deux épitres courtes [2 et 3 Jean] commencent par l’appellation « l’Ancien », et il s’adresse d’une part à la dame élue et à ses enfants, d’autre part à Gaïus le bien-aimé. Que nous faut-il de plus pour discerner l’auteur ?

●         Mais la désignation positive du nom de l’écrivain revenait à un livre prophétique, spécialement à ce livre si profond, si élevé et de si vaste portée ; pourtant cette désignation est faite avec une simplicité et une dignité toutes de lui, un merveilleux reflet du Seigneur Jésus sur Son serviteur.

 

Ce n’était pas nouveau que Dieu se serve du même écrivain inspiré pour présenter des sujets très contrastés. L’apôtre Pierre qui ouvrit la porte du royaume aux Juifs, a été choisi pour l’ouvrir aussi aux Gentils (Actes 2 et 10). C’est l’apôtre de l’incirconcision, [Paul], qui a beaucoup insisté auprès des croyants Juifs pour qu’ils sortent vers Jésus hors du camp, portant Son opprobre. De même, l’apôtre Jean, ce témoin dévoué de la grâce et de la vérité venues par Jésus Christ, a été le moyen le plus convenable dans la pensée de Dieu, sinon des hommes, pour révéler les jugements à venir sur la terre. La raison morale en est claire ; si Christ est rejeté comme don de la grâce de Dieu, et donc comme objet de la foi, Il devient nécessairement Son exécuteur du jugement (Jean 5:21-29). Si les hommes méprisent le quadruple témoignage (Jean 5 également) que Dieu a donné de Son Fils, ce jugement devient inéluctable. Le déclin, la corruption et l’apostasie de la chrétienté rendent d’autant plus indispensable l’intervention de Dieu pour extirper l’iniquité rebelle, et établir Son royaume en justice, puissance et gloire. Au moment où la vérité était sur le point d’être réduite à néant comme la loi l’avait été auparavant en Israël, Jean, exilé et souffrant, était, plus que tout autre, le dernier laissé sur la terre pour faire connaître les visions solennelles des jugements par lesquels Dieu allait venger les droits bafoués de Son Fils, le Fils de l’homme. Cela allait commencer par des jugements providentiels, puis finirait par Jésus, la Parole de Dieu, venant en personne exécuter le jugement.

Ainsi, bien que l’évangile de Jean et l’Apocalypse présentent tant de contrastes des plus frappants dans leur forme, leurs sujets et leur aboutissement, la personne du Seigneur Jésus est par-dessus tout Celui à l’honneur et à la gloire duquel Dieu veille soigneusement, selon ce que ces deux livres placent devant nous. De là vient qu’en tout temps, mais surtout pendant les périodes d’épreuves, de rejet et de persécutions, ceux même qui n’étaient guère capables de pénétrer le sens des visions prophétiques, ont trouvé une indicible consolation dans les diverses manifestations de Christ dans ce livre. Ceux qui connaissent l’histoire ecclésiastique, et qui connaissent aussi l’état des âmes actuellement, savent que les fidèles dans l’adversité, même avec très peu de lumières, trouvent énormément de nourriture et de secours dans l’Apocalypse. Les hommes n’ayant qu’une connaissance intellectuelle, en ont fait trop souvent quelque chose d’aussi desséchant qu’un vieil almanach.

 

2.2   Ch. 1:1 [Révélation de Jésus Christ que Dieu lui a donnée]

L’Apocalypse ne donne pas à connaître le Père dans et par le Fils, mais elle est la «Révélation de Jésus Christ que Dieu lui a donnée». Dans l’évangile de Jean, si rempli du parfum de Son amour divin, on a le rappel insistant, pour ne pas dire constant, de la position remarquable prise par Christ. Il est présenté avec soin comme L’Envoyé du Père qui vit «à cause du Père» [Jean 6:57] ; dans l’évangile, Il est comme homme sur la terre ; dans l’Apocalypse, on Le voit comme homme véritable, soit dans le ciel, soit sur la terre ; cependant tant dans l’évangile que dans l’Apocalypse, Il est présenté comme Celui qui est vraiment Dieu, le Dieu Éternel. Le livre de l’Apocalypse est la révélation de Jésus Christ « que Dieu Lui a donnée ».

Dans l’évangile de Jean, Jésus dit que le Père Lui a donné d’avoir la vie en Lui-même (Jean 5:26). Rien ne démontre mieux combien Il accepte fidèlement la position d’homme dans laquelle Il s’est abaissé, et qu’Il ne veut pas parler d’une manière incohérente avec cette position. En Lui était la vie ; et même, Il était cette vie éternelle qui était auprès du Père avant que les mondes fussent ; néanmoins, devenu homme par l’effet de la grâce de Dieu, toutes Ses paroles sont en accord avec cette position humble qu’Il a prise ici-bas. Dans la gloire, il en est absolument de même, comme le montre le livre dont nous nous occupons.

 

2.3   Ch. 1:1 [… pour montrer à ses esclaves…]

« Révélation de Jésus  Christ que Dieu Lui a donnée pour montrer à Ses esclaves ». Les termes « montrer » ici, et « signifier » dans la phrase suivante sont particulièrement à propos quand nous considérons d’une part les visions et d’autre part les signes et symboles qui caractérisent ce livre. Le but n’est pas de faire sortir ces esclaves de leur position, ni de leur donner droit à la dignité d’enfants de Dieu. Ceci caractérise l’évangile qui est spécialement la révélation de la grâce et de la vérité en Jésus Christ, le Fils unique du Père. Ici il s’agit de ce que Dieu va faire pour Sa gloire comme l’Homme qui a été rejeté et qui, ensuite, le montre à Ses «esclaves» — ce titre d’« esclaves » convient à ceux qui seront avec Dieu dans une autre relation (après que l’église aura fini son histoire sur la terre) durant une brève crise de jugements exceptionnels.

 

2.4   Ch. 1:1 [… les choses qui doivent arriver bientôt…]

C’est pourquoi c’est clairement avec une sagesse divine qu’est utilisée l’expression vaste « pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt ». Remarquez qu’il n’est pas dit « les choses qui vont arriver », comme le dit le texte correct du v. 19 où, après la vision du passé, il est fait la distinction entre le présent et le futur. Ici il est montré à Ses esclaves « les choses qui doivent arriver bientôt ». Si Jonas fut envoyé avec un avertissement comminatoire pour pousser Ninive à se repentir et échapper ainsi à la ruine qui la menaçait, Jean avait à montrer des choses qui, du fait du caractère intolérable de la culpabilité, devaient (δεί) arriver bientôt. L’apostasie de la chrétienté n’a pas pour conséquence des menaces conditionnelles, mais elle entraîne des jugements nécessaires et inéluctables. Les faits cruciaux sont détaillés pour nous faire voir la condition de l’église et celle-ci mises de côté à cause de son manquement définitif et absolu à répandre la lumière du sanctuaire, jusqu’à la dernière phase si nauséabonde que le Seigneur vomit l’église de Sa bouche. Ensuite suivent les jugements sur le monde avec des coups d’une sévérité constamment croissante, dans lesquels Dieu va maintenir la gloire de Son Premier-né que, finalement, Il introduira en personne pour régner dans le monde.

 

2.5   Ch. 1:1 [… il l’a signifiée en l’envoyant par son ange…]

«Et il l’a signifiée, en l’envoyant par son ange, à son esclave Jean». Les enfants de Dieu ne sont pas considérés en tant que tels, mais en tant qu’esclaves de Jésus. Ce n’est pas sans raison qu’un « ange » est employé ici, pour communiquer la révélation que Dieu donne. L’évangile nous parle de la vie éternelle qui est dans le Fils et qui, par la grâce de Dieu, est donnée au croyant. Nous y voyons aussi que le Saint Esprit est seul compétent pour administrer et rendre efficace une telle grâce selon les conseils de Dieu et selon l’ordonnancement de Son amour. Or le caractère judiciaire de l’Apocalypse exige un tout autre style de communication, et l’intimité de la grâce doit faire place à la réserve. L’intervention de « Son ange » se comprend pour cette raison, et est appropriée.

Ici nous avons des visions des voies judiciaires de Dieu et du jugement qu’Il infligerait sur l’iniquité toujours croissante de l’homme, une fois qu’elle serait à son sommet.

●        Dans l’évangile, Jean, sans doute, parle comme quelqu’un qui a vu le Seigneur, et par-dessus tout qui L’a entendu — qui peut se porter garant personnellement de tout ce qu’il communique ; or il ne parle que rarement de lui-même, et quand il le fait, c’est en s’effaçant tellement que bien des gens ont mis en question si l’auteur de cet évangile était bien lui, «le disciple que Jésus aimait». Ce doute n’est pas fondé, mais le fait que ce point soit soulevé montre combien peu l’écrivain s’est mis en avant dans la manière dont il écrit.

●        Nous retrouvons cela dans les épîtres de Jean qui envisagent l’ensemble de la communauté chrétienne, ou une famille, ou un ami, avec le seul et unique but de mettre les enfants de Dieu en communion directe avec le Père et le Fils. C’est l’apôtre inspiré qui a écrit ces épitres, sans doute ; et les divers membres de la famille de Dieu, aussi bien que les serviteurs du Seigneur, sont reconnus à leur place. Mais en cela même, Celui qui est Dieu notre Père, instruit, console et avertit manifestement les Siens.

 

Il n’en est pas ainsi dans l’Apocalypse. Nous trouvons une intervention à plusieurs niveaux. Dieu donne une révélation à Jésus pour montrer à Ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt. Jésus la transmet par Son ange à Son esclave Jean, et Jean rend témoignage en conséquence. Ainsi nous avons toutes sortes de liens dans la chaine : on peut se demander pourquoi. Voilà un mode de communication tout à fait nouveau, surtout dans le Nouveau Testament. Pourquoi cette remarquable introduction de la révélation de Jésus  Christ que Dieu Lui a donnée, et de Lui par un ange à un esclave unique pour montrer le futur aux autres esclaves ? Pourquoi n’avons-nous plus les voies directes avec nous, les paroles adressées directement comme ce qui est notre part ailleurs ? — La raison en est aussi solennelle qu’instructive. Il y a quelque chose d’analogue dans l’Ancien Testament. Dieu ne s’y adresse pas toujours directement à Son peuple. Habituellement Dieu envoyait à Israël des messagers, savoir des prophètes qui étaient suscités. D’abord tous s’adressaient au peuple au nom de l’Éternel ; ils adressaient la parole de l’Éternel au peuple de l’Éternel. Mais quel changement quand le message devint indirect ! Voyez le livre de Daniel qui en est la preuve complète. Sans doute le message de Dieu était destiné au peuple, mais Dieu le donna à Daniel, et seulement de cette manière.

Ceci permet de trouver la clé du changement remarquable quand on passe du reste du Nouveau Testament à l’Apocalypse. Lorsque les enfants d’Israël se furent détournés de Dieu et, qu’à Ses yeux, cet abandon fut complet et sans retour — non seulement chez les dix tribus schismatiques, mais aussi chez les deux tribus restantes — quand non seulement Juda eut apostasié, mais aussi la maison de David, le roi oint, le dernier lien régulier entre l’Éternel et Son peuple, — alors Dieu ne s’adressa plus à Son peuple, mais à un serviteur choisi et fidèle dont il fit Son témoin. C’était une marque certaine que, pour le présent, tout était fini quant à la communion directe entre Dieu et Son peuple. Dieu ne pouvait plus les reconnaître comme Siens : ils étaient Lo-Ammi, « pas mon peuple », selon l’avertissement donné par Osée. Quand cela est appliqué à l’église et à nos propres circonstances, n’est-ce pas extrêmement grave ?

Il n’y a pas le moindre doute que Dieu se montre fidèle, même dans les temps les plus fâcheux. Il serait tout à fait erroné de penser qu’à cause du triste état de choses où se trouvait Israël, Daniel et ses trois compagnons, et d’autres peut-être, fussent personnellement moins agréables à Dieu que David. Dans Sa grâce, Ses yeux se reposaient avec une extrême satisfaction sur Son serviteur qui ressentait Ses propres sentiments pour Son peuple, et y répondait. C’est justement à cause de cela, que Daniel reçut de l’Éternel un honneur si exceptionnel. En un sens, il valait mieux être un Daniel au milieu de la ruine, que d’occuper la meilleure des positions en un temps de prospérité. Demeurer ferme quand tout déraille est une plus grande preuve de fidélité que quand tout suit un cours régulier. Ainsi la grâce s’élève à la hauteur de toutes les difficultés, et un temps de ruine donne l’occasion à davantage de grâce.

Combien il est solennel qu’à l’époque même de Jean, une pareille crise ait eu lieu : le message n’est plus adressé directement à l’église de Dieu dans ce livre. La position de Jean est analogue à celle de Daniel. C’est à lui que s’adressent les communications du Seigneur Jésus, et non pas à ce qui portait encore ici-bas le nom du Seigneur. La grâce était encore là pour agir, réveiller et avertir, toutefois le message est adressé à Son esclave Jean, et non pas à l’église. Même quand des destinataires précis sont indiqués comme aux ch. 2 et 3, les messages ne sont pas envoyés directement aux assemblées, mais à leurs « anges ». Il est évident que tout accentue la même conclusion solennelle, à savoir la ruine du témoignage chrétien dans sa responsabilité. Ceci ne porte atteinte ni à la constance de la grâce ni à la fidélité de Dieu, mais cela nous redit l’histoire ancienne et humiliante de ce qu’est l’homme, si béni soit-il.

 

2.6   Ch. 1:2 [la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus : les visions de Jean]

Ainsi donc, Jean «a rendu témoignage de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus Christ, de toutes les choses qu’il a vues». Ces paroles semblent restreintes, ne recouvrant pas la vérité en général, ni l’évangile en particulier, quoiqu’on ne puisse douter que Jean prêchait l’évangile et nourrissait l’église au moyen de la vérité révélée tout entière. Mais tel n’est pas le sujet de l’Apocalypse, ni le sens de notre texte. Ici tout est limité à ce que Jean «a vu». Cette remarque est importante pour saisir la portée de ce passage et le caractère du livre. Remarquons que les meilleures autorités sont d’accord pour la suppression du mot «et» devant «toutes les choses qu’il a vues», car il ne s’agit pas d’une troisième description, mais plutôt d’une explication restreignant les deux autres. Que devons-nous donc entendre par ces mots : «la parole de Dieu et le témoignage de Jésus ?» La réponse est donnée par le dernier membre de la phrase quand on supprime le mot «et» : ce sont «toutes les choses qu’il a vues» c’est-à-dire les visions qu’il lui fut donné de contempler et qu’il rapporte dans ce livre. Ainsi l’apôtre a reçu la parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ sous un nouveau caractère : ses visions. Cela reste néanmoins la Parole de Dieu et le témoignage de Christ.

Il en résulte que seule l’incrédulité peut négliger l’Apocalypse, car celle-ci est qualifiée ici de «la parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ» tout autant que les évangiles et les épîtres. Ceux-ci annoncent la grâce tandis que l’Apocalypse annonce les jugements. Quel blâme sur les érudits orgueilleux et les théologiens avec leurs préjugés : ils sont trop peu spirituels pour apprécier ce livre, et trop satisfaits d’eux-mêmes pour apprendre. L’Apocalypse est donc introduite avec soin, mais sous la forme prophétique qui convenait moralement à la série de visions que Jean a vues. Il faut d’autant plus insister là-dessus que l’Apocalypse paraît rédigée expressément d’une manière destinée à contrecarrer la tendance trop commune de la considérer comme ayant une valeur moindre, voire douteuse, et une autorité incertaine. Mais il n’en est pas ainsi : elle est marquée pour Jean par notre Seigneur Jésus comme étant la Parole de Dieu et Son propre témoignage. Les disputeurs de ce siècle [1 Cor. 1:20] ont été trop nombreux à oser follement insulter ce livre. Le Juge des vivants et des morts l’authentifie plus soigneusement que tout autre livre du canon de l’Écriture. Sans doute, l’Apocalypse n’est pas faite de ce qui édifie le chrétien dans les privilèges de la grâce ; elle annonce avec insistance le sort terrible de ceux qui méprisent Dieu et préfèrent leurs propres idées et leur propre volonté à Sa Révélation.

 

2.7   Ch. 1:3 [Béni soit celui qui lit…]

Remarquons la bénédiction spéciale qui précède la prophétie. N’est-elle pas là expressément à la fois pour encourager les esclaves du Seigneur et pour aller au-devant des contestations de l’incrédulité ? «Bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites». Cela concerne autant ceux qui ne savent pas lire, mais qui entendent et qui gardent : eux aussi sont bénis. Que faut-il penser de ceux qui excluent presque la prophétie de leurs liturgies ? Qu’en est-il de ceux qui se vantent d’être libérés de ces formules et néanmoins sont sans respect et incrédules ? Ne doutez pas de sa puissance pratique. Personne n’a jamais dénigré ce livre sans avoir été condamné moralement par lui ; personne ne le lit et ne le garde sans en retirer une riche bénédiction.

 

2.8   Ch. 1:3 [Car le temps est proche…]

«Car le temps est proche». La raison donnée pour entendre et garder les choses écrites dans la prophétie, mérite d’être pesée sérieusement. Ce n’est pas, comme on l’affirme souvent, parce qu’on va se trouver dans les circonstances prédites. En fait les chrétiens (l’Église) ne traverseront pas les tribulations décrites dans la prophétie. Pas un mot ne va dans le sens qu’elle les traverserait ; une raison toute différente est donnée pour entendre et garder. Ce livre même nous fait savoir que l’église sera en haut, en dehors de la scène terrestre des tribulations terribles et des jugements. Non, le motif qui nous est donné dans le v. 3 est saint, remarquablement adapté à tous ceux qui marchent par la foi et non par la vue, et qui sont entièrement dégagés de toute considération égoïste : «Le temps est proche». Le temps n’est pas encore arrivé d’avoir à traverser en tout ou en partie les événements strictement futurs, mais le temps est proche. C’est pourquoi Dieu écrit pour notre consolation et notre exhortation et, d’une manière générale, pour nous bénir dans tous nos besoins. Dieu tient pour acquis que nous nous intéressons à tout ce qu’Il a à nous dire. C’est un faux principe de prétendre que nous ne pouvons tirer profit que de ce qui nous concerne personnellement ou qui correspond à des circonstances où nous pouvons nous trouver effectivement. Les paroles sont à écouter, les choses écrites dans ce livre sont à garder ; non pas seulement les lettres aux sept assemblées, mais tout jusqu’à la fin de toutes choses. La prophétie édifie ceux qui croient Dieu avant que les choses arrivent. Elle devient une preuve contre les incrédules quand elle est accomplie ; mais son vrai but et sa meilleure bénédiction est pour ceux qui en tiennent compte avant qu’elle soit accomplie.

 

2.9   Ch. 1:4 [Salutation — aux sept assemblées, ou églises,…]

Après la préface vient la salutation. Ici aussi tout est spécial, mais convient parfaitement au livre de l’Apocalypse. «Jean, aux sept assemblées qui sont en Asie». La première épitre de Jean est essentiellement, par sa nature et son contenu, destinée à tous les saints, comme l’implique l’absence de destinataires locaux. Elle traite de ce qui ne passe jamais, de la vie éternelle qui n’est pas en Christ seulement, mais qui est possédée par tous les fidèles, « ce qui est vrai en Lui et en vous » [1 Jean 2:8]. Mais ici, pour des raisons qui apparaitront, il était nécessaire qu’il y eût des églises locales de variétés très diverses de manière à pouvoir faire le tour complet judiciairement. Cela n’aurait pas pu avoir lieu si les saints avaient été considérés comme les objets de la grâce souveraine, comme dans l’épitre aux Éphésiens. Mais s’agissant de responsabilité solennelle comme ici, c’est facile et clair.

Cette adresse diffère entièrement de celles qu’on trouve ailleurs. Jusqu’ici on avait les épitres adressées aux saints de telle ou telle localité. Ce pouvait être aussi les assemblées d’une région étendue comme la Galatie. Ici seulement il est question d’un nombre déterminé d’assemblées, et d’un nombre symbolique dont la signification est précise et importante comme le chiffre 7. Quand un style aussi singulier est adopté, cela indique sans aucun doute quelque chose de plus que le cours ordinaire des choses. Dans un passage prophétique, l’utilisation spirituelle de sept ne saurait être remise en question. Ce n’est même pas limité à la prophétie, mais la même force de ce chiffre se retrouve partout où ce symbole est utilisé. Dans les types de l’Écriture, sept désigne invariablement quelque chose de complet au point de vue spirituel.

Il faudrait être ignorant ou rempli de préjugés pour contester que le Seigneur a en vue plus que les assemblées effectives de la province d’Asie. Il est indiscutable que les lettres ont été écrites et envoyées à des assemblées au sens littéral d’Éphèse à Laodicée ; mais on ne peut douter qu’elles ont été choisies, et que les lettres ont été formulées de manière à placer devant ceux qui ont des oreilles pour entendre, le cercle complet du témoignage du Seigneur ici-bas pour tout le temps où il y aurait quelque chose ayant le caractère d’église (= d’assemblée — du moins le caractère d’assemblée responsable, au moins partiellement). L’état de choses peut être celui de la ruine, car la première avait à craindre que sa lampe soit ôtée. L’état de choses devient plus grossier et faux chez plusieurs ; mais une profession ecclésiastique subsistait, ne serait-ce que pour avoir à faire au jugement du Seigneur. On ne trouve plus cela à partir du ch. 4. Aucune condition de ce genre n’existe plus ensuite ; désormais la situation ecclésiastique disparait au profit de l’allégeance de l’individu. En bref, tant que la responsabilité de l’assemblée (ou église) existe ici-bas, ces destinataires s’appliquent tels quels, mais pas ensuite. Si bas que soit notre état, nous sommes tenus de nous humilier pour l’état effectif de ruine et de dispersion de l’église comme institution divine ; mais on ne peut nier que le Seigneur lui reconnaît encore un statut d’église sur la terre, et s’en occupe, au moins judiciairement, bien que ce soit loin d’être tout. Apoc. 4 nous le confirme encore beaucoup plus, mais cela aura lieu en son temps et en son lieu.

 

2.10                      Ch. 1:4 [de la part de Celui qui est, qui était et qui vient…]

«Aux sept assemblées qui sont en Asie : Grâce et paix à vous de la part de celui qui est, et qui était, et qui vient». La salutation n’est pas ici de la part du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, ni de quelque autre formule qu’on trouve dans les épîtres apostoliques. La salutation est de la part de Dieu envisagé dans Son essence, Celui qui existe toujours, Celui qui est, et qui était, et qui vient. Cela affirme, avec instance, la continuité de Son existence présente avec le passé et le futur. Ce n’est pas « Celui qui était, qui est et qui vient » comme au ch. 4 v. 8, mais «Celui qui est, et qui était, et qui vient». Son être essentiel est mis au premier rang, et non pas seulement qu’Il est le Dieu d’éternité ou l’Éternel – Jehovah / Yahweh, le Nom révélé aux fils d’Israël.

 

2.11                      Ch. 1:4 [de la part des sept Esprits qui sont devant son trône …]

«Et de la part des sept Esprits qui sont devant son trône». On trouve de nouveau ici une description du Saint Esprit présenté expressément en gouvernement, ce qui est tout différent de ce qu’on trouve dans le Nouveau Testament en général. C’est une allusion évidente à És. 11:2, où la puissance septuple du Saint Esprit est rattachée à la personne du Messie pour son royaume. « Et l’Esprit de l’Éternel reposera sur Lui » etc. Cette expression est reprise ici, mais est appliquée ici d’une manière beaucoup plus large et qui convient au but de la prophétie apocalyptique qui considère la ruine de la chrétienté.

La même remarque s’applique à toutes les citations de l’Ancien Testament ou aux allusions qui y sont faites dans l’Apocalypse. On y rencontre constamment des passages qui se rapportent à la loi, aux psaumes ou aux prophètes, mais ce n’est jamais une simple répétition du texte d’origine. Cela aurait eu pour effet de nous priver de l’Apocalypse, au lieu de nous en faire comprendre les particularités pour notre profit. Si on identifie la Jérusalem d’Ésaïe avec la nouvelle Jérusalem de l’Apocalypse, ou si l’on identifie la Babylone de Jérémie point par point avec celle de l’Apocalypse, on perd l’instruction spéciale que Dieu a voulu nous donner dans ce dernier livre. Cela a été de tout temps une des principales causes de confusion sur la portée de l’Apocalypse. D’un autre côté, si nous ne prenons pas en compte les oracles de l’Ancien Testament touchant Jérusalem et Babylone, si nous faisons peu cas des enseignements dérivés des prophètes en général, nous ne sommes guère en état d’apprécier ou même de comprendre l’Apocalypse dans son ensemble. Déconnecter le Nouveau Testament de l’Ancien est une erreur presque aussi grande que de ne voir dans le Nouveau qu’une simple répétition de l’Ancien. Il y a entre eux un enchaînement divin, et il était dans la pensée de l’Esprit que l’un se rapportât à l’autre ; mais l’Apocalypse a une portée incomparablement plus étendue et présente un caractère beaucoup plus profond, spécialement du fait que les choses présentes sont présentées en dehors de leur cours, et qu’il faut les mettre de côté. Les choses dans l’Apocalypse sont envisagées alors que le Saint Esprit a déjà pris place dans les chrétiens et dans l’Église sur la terre, et par-dessus tout, alors que le Fils de Dieu est apparu et a manifesté Dieu le Père et a accompli la rédemption. Voilà pourquoi, si l’on veut saisir la véritable portée de l’Apocalypse, il faut tenir compte de la plénitude de la lumière divine répandue par la personne et l’œuvre de Christ, aussi bien que par la présence de l’Esprit dans l’Église de Dieu.

Les sept Esprits représentent donc, sans le moindre doute, le Saint Esprit agissant dans toute la variété des voies gouvernementales de Dieu (« devant Son trône », 1:4). Quelle différence d’avec la vérité du même Esprit envoyé du ciel et baptisant les saints dans le seul corps de Christ ici-bas ! Il n’y a pas de raison valable pour penser qu’il s’agirait d’esprits créés ou d’anges, pas plus ici qu’au ch. 5 v.6. On ne voit jamais les sept Esprits rendre hommage à Dieu, et la raison est qu’ils sont l’Esprit de Dieu. Ce n’est que dans le christianisme et l’Église que nous connaissons Dieu comme Il est, Père, Fils et Saint Esprit. En gouvernement, tant autrefois que dans les scènes de l’Apocalypse, Dieu n’est pas révélé de cette manière. C’est une offense contre la vérité de mélanger le Créateur et la créature. Ces sept Esprits sont la plénitude de l’énergie du Saint Esprit comme une puissance supérieure à tout. L’application de ces sept Esprits dépend du contexte. Ainsi, au ch. 3, elle est en rapport avec Christ s’occupant de l’Église ; au ch. 5, elle est en relation avec la terre, mais c’est toujours le Saint Esprit dans toute sorte de puissance gouvernementale ; on ne trouve jamais dans l’Apocalypse le Saint Esprit vu dans Son unité et formant l’Église en un seul corps. Ceci ne se trouve que dans les épîtres de Paul : là le chrétien est envisagé dans sa propre sphère comme membre du corps de Christ.

 

2.12                      Ch. 1:5a [de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre…]

Dieu comme tel est donc introduit dans le style et le caractère qu’Il revêt dans l’Ancien Testament, mais appliqués aux sujets du Nouveau Testament, et donc d’une manière bien plus étendue. Le Saint Esprit aussi nous est présenté pareillement, et également notre Seigneur.

«Et de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre».

 

2.12.1    [Le témoin fidèle]

Rien n’est plus frappant, surtout quand nous nous rappelons qui est l’auteur de ce livre, que de voir l’absence de mention de la relation de Christ avec les enfants de Dieu. On ne trouve pas la révélation de la grâce dans ce livre, quand on fouille le caractère de ses visions en général. « Jésus Christ » apparaît comme «le Témoin Fidèle». C’est évidemment ce qu’Il a été sur la terre, quand l’homme était défaillant à tous égards. Sous une forme différente, c’est bien le sujet que Jean traite partout. On peut contempler le Seigneur élevé au ciel, là où Paul aime à Le voir glorifié, mais Jean s’attache habituellement à montrer Christ comme la Parole éternelle et le Fils comme Il était ici-bas. S’il parle de Lui comme l’Agneau en haut, c’est comme Celui qui a souffert et a été rejeté sur la terre.

 

2.12.2    [Le premier-né des morts]

Ensuite, Il est le premier-né des morts, mais c’est encore ce qu’Il était sur la terre. Satan qui avait le pouvoir de la mort, n’avait rien en Lui ; mais par la grâce et pour la gloire de Dieu, Lui est mort et est ressuscité victorieusement, Il est Premier-né des morts.

 

2.12.3    [Le prince des rois de la terre]

Comme «prince des rois de la terre», Il attend d’être manifesté lorsqu’Il viendra bientôt du ciel sur la terre. Ce que le Seigneur est maintenant pour nous dans la présence de Dieu, et ce qu’Il fait dans le ciel dans Son activité de grâce, nous n’avons rien de tout cela ici. Ce livre de l’Apocalypse exclut très soigneusement Sa position céleste comme Tête ou comme grand souverain sacrificateur. Même la grâce présente qui Le rattache de façon vivante au chrétien ici-bas [Son intercession auprès de Dieu] est omise.

 

2.12.4    [Conclusion sur ces titres]

Le Seigneur Jésus est donc présenté ici comme Homme sur la terre, ceci étant spécialement nécessaire pour le but de ce livre prophétique. Dieu a été annoncé dans Son existence éternelle ; le Saint Esprit a été vu dans Sa plénitude variée de puissance gouvernementale ; le Seigneur Jésus est vu dans ce qui Le relie à la terre, non pas au ciel, même en tant que ressuscité des morts et que Roi des rois qui vient. C’est pour cette raison et peut-être pour d’autres, qu’Il est placé en dernier lieu devant nous.

 

2.13                      Ch. 1:5b-6 [À Celui…]

Quand Christ est nommé, la voix du chrétien se fait tout de suite entendre. C’est d’autant plus remarquable que c’est l’un des doux et rares jaillissements qui coupe le courant ordinaire des pensées de ce livre, à la fin comme au commencement. On n’a pas cela une fois entrés dans la série des visions. Avant qu’elles commencent, on entend les chrétiens ; de même on entend l’épouse après la fin des visions. Pour ceux qui Le connaissent comme nous, le nom de Jésus suffit pour émouvoir le cœur et faire jaillir une doxologie [c’est-à-dire le faire s’épancher en adoration et en amour]. Bien que Jésus ne soit pas présenté dans la relation spéciale où nous Le connaissons comme chrétiens, Il est décrit comme Celui qui nous aime et que nous aimons. «À celui qui nous aime» (c’est ainsi qu’il faut traduire, et non pas « Celui qui nous a aimé »), « et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; — et il nous a fait un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles». Être un royaume était sous condition pour Israël [Exode 19:15-6], et cette condition, ils l’ont violée par leur rébellion idolâtre contre l’Éternel ; pour nous, c’est un fait accompli, un don de grâce par la rédemption, un don qui demeure — non pas la position de sacrificateurs seulement, mais celle de rois.

Ici, et partout ailleurs dans ce livre, il n’est pas dit « pour notre Père », même si c’est vrai en soi. Tout est en harmonie avec le but de l’Apocalypse « pour son Dieu et Père ». Nous ne sommes pas considérés dans la proximité d’enfants de Dieu, mais dans une dignité et une fonction conférées. « À Lui la gloire et la force aux siècles des siècles». Lui est digne.

 

2.14                      Ch. 1:7 [Voici Il vient…]

Tandis que ce qui précède est l’épanchement du cœur qui trouve en Jésus toutes ses délices, le verset 7 qui suit donne un avertissement qui est un témoignage en accord avec l’ensemble du livre ; cet avertissement a pour but de ne pas affaiblir ce que sera Jésus pour ceux qui ne sont pas avec Lui dans cette relation et cette proximité bénies. «Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui». Cela est clairement judiciaire et n’a rien à faire avec Sa présence ou Sa venue pour nous. Après l’épanchement vers Jésus de nos délices et de nos actions de grâces, après le chant de louanges qui a éclaté pour Son nom (on dirait involontairement, mais c’est certainement l’opération du Saint Esprit dans le cœur des Siens), voilà maintenant un témoignage solennel rendu à d’autres et bien à sa place. C’est Christ venant pour le jugement. Il sera vu par tous, et, s’il y a quelque différence entre les uns et les autres, il y aura une angoisse inexprimable chez ceux qui L’ont percé (les Juifs). « Oui, Amen ! » Nous avons appris à nous courber devant Dieu et à Le bénir.

 

2.15                      Ch. 1:8 [l’alpha et l’oméga]

«Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-puissant». Celui qui est le premier et le dernier, Celui qui est la source de tout et qui opère tout, qui communique tout ce qui peut être donné à connaître à l’homme, c’est Lui qui parle ici, le Seigneur Dieu, l’Éternel, le Tout-puissant, qui met Son sceau sur ce livre dès le commencement. Comme souvent dans les écrits de Jean, Dieu et Christ sont intentionnellement mélangés. Ici la sanction divine est mise sur chaque mot, soit pour mettre de côté le présent coupable soit pour établir le futur jusqu’à l’état éternel. Personne sinon le vrai Dieu ne peut en parler, mais Jean dit expressément que Jésus est le Dieu véritable [1 Jean 5:20]. Car la prophétie embrasse le jugement du monde par Dieu, le jugement des vivants et des morts, selon un ordre régulier allant au-delà de tous les autres livres, jusqu’à ce que le temps se fonde dans l’éternité, et que toutes choses soient faites nouvelles.

 

2.16                      Ch. 1:9 [condition de Jean à Patmos…]

Jean se présente alors d’une manière adaptée au témoignage qu’il est appelé à rendre :

«Moi, Jean, qui suis votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la patience de Jésus, j’étais dans l’île appelée Patmos, pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus». Il y aura un grand usage des symboles, mais les faits concrets sont soigneusement relatés : le lieu, une ile déserte et aride de l’archipel des Sporades, où l’apôtre était banni à cause de la vérité ; et aussi le jour exact de la vision. Combien tout ce qui est dit est en harmonie avec ce qui va venir ensuite ! Le livre entier suppose les saints dans la tribulation, avec des expériences spirituelles en rapport avec le royaume plutôt qu’avec le corps de Christ, l’église, — des saints souffrant cependant à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Il y a un soin particulier pour nous le montrer.

Jean ne manquait pas de la pleine relation avec l’assemblée ; mais ici il a la position de prophète plutôt que d’apôtre, la position de représentant pour d’autres et pour nous. Tandis que rien ne lui manquait des privilèges proprement chrétiens, il a reçu des communications spéciales d’un autre genre pour les saints de l’époque suivant la nôtre, à la fin de ce siècle [ère], quand « la tribulation » suprême marquera cette époque. Jean se présente comme coparticipant, non pas des promesses de Dieu en Christ par l’évangile [Éph. 3:6], mais coparticipant au royaume et à la patience. Cela est vrai de nous tous, mais c’est spécialement en harmonie avec ceux qui souffriront dans les derniers jours ; ce n’est pas spécifique de l’église. La position présentée ici est bien sûr celle des chrétiens, mais ce qui est mis en avant est ce qui appartient à d’autres, qui n’auront pas la même position collective [de classe] que nous. Cependant il y a une soigneuse mise en garde contre la supposition qu’il n’y aurait pas la pleine jouissance de la position en Christ.

 

2.17                      Ch. 1:10a [en Esprit dans la journée dominicale …]

Ceci semble être une des raisons pour lesquelles il plut à Dieu de lui donner les visions de ce livre dans la journée du Seigneur ou journée dominicale. «Je fus en Esprit, dans la journée dominicale». Ce n’est pas le jour de l’Éternel [annoncé dans l’Ancien Testament] comme certains se sont imaginés, car une expression différente préserve de cette pensée. Il s’agit du jour caractéristique du chrétien, l’anniversaire de la bénédiction caractéristique, le jour qui devrait remplir tout particulièrement de joie son cœur, parce que c’est le jour de la résurrection en grâce, le premier jour de la nouvelle création — non pas le septième jour du repos de l’ancienne création et de la loi. Au « jour de l’Éternel », il n’y aura plus d’église reconnue sur la terre, et le Seigneur l’Éternel n’aura plus de relations comme celles qu’on voit ici. Ce « jour de l’Éternel » commence en Apoc. 19:11. L’expression de la phrase grecque diffère entièrement dans les deux cas. La « journée dominicale » comme le « souper [cène] du Seigneur » sont des expressions spécifiques. Le « jour de l’Éternel » est toujours formulé différemment, dans les passages où on le trouve, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament.

 

2.18                      Ch. 1:10b-11 [J’entendis derrière moi une grande voix comme d’une trompette … Ce que tu vois, écris-le …]

Ce jour-là, l’auteur inspiré, Jean, fut sous la puissance du Saint Esprit pour recevoir et révéler les visions qui passèrent devant lui. «Et j’ouïs derrière moi une grande voix, comme d’une trompette». Le fait que la voix se fait entendre derrière Jean est significatif. La prophétie porte plutôt les regards en avant, vers l’avenir. Mais avant que l’Esprit de Dieu puisse lancer de la bonne façon les visions du futur, il fallait d’abord un coup d’œil rétrospectif. C’est pourquoi dans ces chapitres préliminaires notre Seigneur est vu comme le Fils de l’homme jugeant au milieu des sept lampes. Dieu ne divulgue le futur précis que quand l’objet de Ses soins est traité et réglé. Il fallait que Jean soit « en Esprit » à la fois pour être fermé aux impressions venant d’objets extérieurs, et pour qu’il lui soit donné accès à tout ce que Dieu allait lui révéler. Cependant nous devons d’abord reconnaître le fait que cela se passait dans la journée dominicale, et ensuite qu’avant qu’il lui soit montré ce qui allait arriver, il devait se tourner vers la voix derrière lui et apprendre quel jugement le Seigneur prononçait sur ce qui portait Son nom sur la terre [sur la chrétienté].

« Une grande voix, comme d’une trompette » : combien cela était nouveau pour Jean de la part du Seigneur Jésus ! Quelle différence d’avec la voix du Bon Berger que lui et les autres brebis écoutaient et connaissaient ! [Jean 10]. Une voix forte comme une trompette ordonne impérativement d’être attentif : voir Exode 19:19. Il en sera de même, mais dans un autre but, dans ce jour-là (És. 27:13 ; Matt. 24:31). Dans un état normal de l’église, une telle voix aurait été tout à fait incongrue.

«Une grande voix, comme d’une trompette, disant : Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept assemblées». Ce que la voix veut prononcer par derrière Jean, est exclusivement pour les sept assemblées. Quand la prophétie proprement dit est sur le point de commencer, la voix comme d’une trompette dit : « monte ici » [4:1]. Là il n’est pas question de voix derrière. Il monte et il lui est donné de regarder dans le futur. Mais il faut d’abord une vue rétrospective où l’on voit le Seigneur prononcer Son jugement sur ce qui portait le nom de chrétienté ici-bas.

 

2.19                      Ch. 1:12-13a [sept lampes d’or … — semblable à un fils d’homme…]

«Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept assemblées : à Éphèse, et à Smyrne, et à Pergame, et à Thyatire, et à Sardes, et à Philadelphie, et à Laodicée. Et je me retournai pour voir la voix qui me parlait ; et m’étant retourné, je vis sept lampes d’or (ou sept chandeliers)». Il s’agissait de luminaires responsables, non pas les seuls pieds de lampes, bien sûr, mais leurs lampes vues selon la pensée de Dieu à leur sujet : Il les a constituées telles selon la justice divine. Voilà pourquoi les lampes sont « d’or ». C’est un grand principe, [qu’on retrouve partout, à savoir qu’aux yeux de Dieu nous sommes mesurés selon la position qui nous est donnée] ; mais ce principe caractérise particulièrement les écrits de Jean. Ainsi la norme, pour le chrétien, n’est nullement la loi (elle l’était pour les Juifs) ; pour nous, la norme c’est Christ lui-même, et elle ne peut être rien d’autre à moins de tout perdre. «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché». Le chrétien n’a donc pas à marcher comme un Israélite [en se réglant sur la loi], mais en se souvenant qu’il est du ciel (1 Cor. 15:48), non pas un homme poussière comme Adam. Il « doit lui-même marcher comme Lui (= Christ) a marché ». Le chrétien n’est pas sous la loi, mais sous la grâce, et ceci non pour le salut seulement, mais pour la marche présente (Rom. 6). S’il a la bénédiction par la foi, il ne peut pas échapper à la responsabilité dans la pratique.

C’est ainsi qu’il en est des sept lampes d’or. Tout doit être mesuré et a été mesuré selon les pensées de Dieu et selon la position dans laquelle Il a placé les assemblées. Leur règle est d’être cohérentes avec Dieu révélé en Christ. C’est pourquoi elles sont représentées sous la figure de lampes « d’or ». La justice divine était un caractère qu’elles tenaient de Dieu. Mais quant à leurs voies, elles tombaient sous un jugement moral. Il y a beaucoup de saints pieux et vigilants dans leur marche personnelle, et qui pourtant méconnaissent entièrement que leur responsabilité collective vis-à-vis du Seigneur les oblige ! Ici il s’agit de témoignage public à rendre à Sa parole et à Son nom. Car Jean a vu « au milieu des sept lampes quelqu’un de semblable à un Fils d’homme, vêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds ». Celui qu’il a vu était comme un fils d’homme. Christ n’était pas comme un fils d’homme, mais Il est vraiment le « Fils de l’homme » [ou : « le Fils d’Homme »]. Mais le dire, c’est dire davantage que le texte inspiré. Dire « comme le Fils de l’homme » affaiblit ou nie la vérité. Quelqu’un comme un fils d’homme a été vu au premier coup d’œil. Le fait que c’était le Fils de l’homme est vite devenu évident ; mais ici comme partout il faut s’en tenir à l’Écriture.

 

2.20                      Ch. 1:13b-16 [la vision du Fils de l’homme …]

Pour le moment on ne voit aucun signe d’activité ; la robe n’est pas retroussée pour un service de grâce ni les reins ceints. Le Fils de l’homme est vu vêtu d’une robe de dignité, une robe tombante jusqu’aux pieds, et Il est « ceints aux mamelles, d’une ceinture d’or ». La justice divine Le ceint à la poitrine [mamelles] dans la dignité de juge ; ce n’est pas une ceinture aux reins pour une activité énergique de grâce. Il est l’Ancien des jours [Dan. 7] aussi bien que le Fils de l’homme. « Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ; et ses yeux, comme une flamme de feu ; et ses pieds, semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans une fournaise ; et sa voix, comme une voix de grandes eaux ; — et il avait dans sa main droite sept étoiles ; et de sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchants ; — et son visage, comme le soleil quand il luit dans sa force» (1:14-16).

Ses yeux indiquaient un jugement cinglant et consumant. Ses pieds une fermeté inflexible et impitoyable dans ce jugement. Sa voix annonçait une majesté irrésistible. Des autorités ecclésiastiques subordonnées [étoiles - anges] étaient dans Sa main droite, celle de la puissance ; de Sa bouche sortait la parole qui juge avec une décision sans faille dans un sens ou dans l’autre ; l’expression de Son visage était celle de l’autorité et du pouvoir suprêmes, et brillait avec l’éclat de la grande lumière qui règne de jour.

Les enfants de Dieu croient-ils que ce sont là les caractéristiques de Christ marchant au milieu des églises ? Combien de saints, jaloux des droits de Dieu et se jugeant eux-mêmes quant à leurs voies personnelles devant Dieu, excusent malgré tout leurs associations ecclésiastiques comme n’ayant aucune importance réelle et vivante ! Certains chrétiens savent ainsi avec une entière assurance que la Parole de Dieu est en désaccord avec l’adoration, le ministère de la Parole et l’état général des associations où ils sont ; mais ils ont été enseignés à considérer ces problèmes comme des maux nécessaires qu’il faut supporter. Quelle opposition entre ce laxisme et la responsabilité que le Seigneur exerce ici ! Que signifient Ses yeux comme une flamme de feu ? Que signifient Ses pieds comme embrasés dans une fournaise ? Que signifie l’épée à deux tranchants sortant de Sa bouche ? N’est-Il pas en guerre contre le relâchement et le laxisme [latitudinarisme] ?

Christ n’est pas vu comme Tête du corps, ni comme Sacrificateur ni comme Avocat, mais d’un point de vue judiciaire. Il est parlé de Lui comme Fils de l’homme ; et nous savons que c’est sous cet aspect qu’il Lui est donné d’exécuter tout jugement (Jean 5:22, 27), comme l’enseigne justement l’évangile de Jean. Il juge les lampes qui sont établies pour répandre la lumière dans un monde de ténèbres, et ceci au moment même où la lumière s’amenuise, devient précaire si même elle ne commence pas à s’éteindre. Mais voici un trait qui suffit à trahir Jean, et montre combien il lui convient bien d’être l’écrivain de ce livre. Celui qu’il voit sous l’apparence de Fils d’homme est revêtu des attributs distinctifs de l’« Ancien des jours » (Daniel 7). Tandis que Daniel avait vu l’Ancien des jours sous un aspect, et le Fils de l’homme sous un autre aspect tout différent, Jean voit le Fils de l’homme avec les qualités de l’Ancien des jours. Il est homme, mais l’homme que Jean voit alors de cette manière est une personne divine, le Dieu éternel Lui-même. Je me permets de demander : cette identification de nature, au style de quel écrivain correspond-elle, sinon à celui de Jean ? Cette description ne nous en donne-t-elle pas plus que jamais la conviction, — bien plus qu’une similarité de phrase qu’on aurait recherchée ? Moralement parlant, Jésus doit exécuter le jugement ; mais Jean ne perd pas de vue Sa gloire divine, même quand le sujet dont il va s’occuper n’est pas la grâce, mais le jugement, et que le royaume qui vient à la suite est partout anticipé.

 

2.21                      Ch. 1:17-18 [le premier et le dernier, le vivant et j’ai été mort]

Ce passage fait apparaitre une triple gloire de Christ : ce qui lui est personnel (la robe, la ceinture, les cheveux), ce qui est relatif (les yeux, les pieds, la voix), et enfin ce qui est officiel (la main droite, la bouche, le visage). Mais il y a plus, car il est dit : «Et lorsque je le vis, je tombai à ses pieds comme mort ; et il mit sa droite sur moi, disant : Ne crains point ; moi, je suis le premier et le dernier». Cela ne ressemblait pas simplement à un homme, mais au Seigneur. De telles expressions ne peuvent s’appliquer qu’à une personne divine. Celui qui est le premier est nécessairement Dieu, et étant Dieu, il doit aussi certainement être le dernier.

Jésus dit toutes ces paroles au sujet de Lui-même ; bien plus, Il ajoute ici : «et le vivant ; et j’ai été mort», ou plus littéralement «je suis devenu mort». Il n’a pas seulement daigné devenir homme, mais Il a accepté de mourir, quoi qu’il Lui en coûtât, car Sa mort a tout accompli pour faire disparaître le mal et préparer toute bénédiction. L’expression est la manière la plus forte possible de présenter le sujet. Il n’y a pas le simple fait qu’Il est mort, ce que nous trouvons ailleurs, et ce n’est pas exactement ce qu’Il dit ici. Il dit qu’Il est « devenu » mort. Cela implique un acte de Sa propre volonté. Mourir semble tout à fait incompatible avec la personne glorieuse qui vient d’être décrite, et Il est devenu ce qui n’était pas une nécessité de Sa nature. N’est-ce pas là ce que fait savoir la formule bien particulière de la phrase ? Tel est le soin avec lequel le Saint Esprit veille sur la dignité de Christ, même dans ce qui exprime les profondeurs de Son humiliation.

«Et voici, je suis vivant aux siècles des siècles». Il est le vainqueur de la mort et de celui qui en avait le pouvoir [Héb. 2:14]. Le mot « Amen » qui figure ici dans la version autorisée anglaise n’est pas à retenir, et ne fait qu’introduire de la confusion dans le sens.

Qu’il suffise une fois pour toutes de dire que le texte adopté dans ce livre repose sur les textes anciens faisant le mieux autorité. Il y a partout des preuves positives et convaincantes pour les changements, omissions ou insertions dans notre texte. Il ne s’agit nullement d’innovations arbitraires. Les vrais innovateurs sont ceux qui par négligence, ou volontairement, se sont écartés des paroles mêmes de l’Esprit. L’arbitraire aujourd’hui serait de conserver ce qui ne repose pas sur une autorité suffisante, contre ce qui est aussi certain que possible. L’erreur n’est pas de chercher le texte le plus ancien et le mieux supporté, mais de permettre à la tradition de nous lier à des variantes comparativement modernes et certainement fausses, voire corrompues. En tout nous sommes tenus de nous appuyer sur les meilleures autorités. Nous sommes tenus partout de céder devant l’autorité la plus haute, le contexte aidant à décider lorsque les meilleurs manuscrits diffèrent. Ainsi dans le texte qui suit (1:18b), les paroles du Seigneur disent : « je tiens les clefs de la mort et du hadès ». Qui sauf Lui pourrait dire cela ? Or le texte de la version autorisée ne dit pas cela, mais change l’ordre des mots [« je tiens les clefs de l’enfer et de la mort »]. Nul ne descend en hadès avant de mourir, car la mort se rapporte au corps, tandis que le hadès se rapporte à l’esprit séparé du corps. Combien il est vrai que Christ est mort et a revécu, afin d’être Seigneur à la fois des morts et des vivants !

 

2.22                      Ch. 1:19a [les choses que tu as vues, et les choses qui sont]

«Écris donc les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et ce qui doit (*) arriver après celles-ci». Nous avons dans ces mots ce qui est familier à la plupart des lecteurs chrétiens, à savoir les trois grandes divisions du livre de l’Apocalypse. Les choses que Jean a vues sont la personne et la gloire de Christ dans ses rapports avec ce que révèle l’Apocalypse, comme au ch. 1 (déjà considéré). Ce qui en est dit est bref, mais on ne saurait exagérer son importance en soi et pour tout ce qui suit ; car c’est le Seigneur révélé comme assumant formellement un caractère judiciaire.

 

(*) Il est intéressant de noter le singulier « ce qui doit arriver » plutôt que la traduction « les choses qui doivent arriver ». Ce singulier réunit en une masse le futur « après ces choses ». Les « choses qui sont » sont au pluriel, chacune étant distincte de manière à ne pas être applicable aux jugements sur le monde constitués par les sceaux, les trompettes et les coupes ; ceux-ci sont des séries qui ne se différencient pas tant par leur genre, mais plutôt par leur sévérité croissante, ce qui est moralement juste.

 

«Les choses qui sont» ne présentent pas simplement la situation de ce temps-là, mais la condition qui s’est prolongée et qui est montrée dans les lettres aux sept assemblées. L’expression «les choses qui sont» est très frappante en ce que, tout en s’appliquant aux sept assemblées existantes, elle contient l’idée (à condition de comprendre de la bonne façon les sept lettres) que les assemblées devaient, d’une manière ou d’une autre, continuer à exister. Une prophétie formelle et précise aurait falsifié l’espérance de l’Église en tant que réalité constante et vitale. La sagesse divine a donné une extension aux « choses qui sont » de manière à ce qu’elles se rapportent aux états successifs de l’église aussi longtemps qu’elle serait ici-bas. Nous pouvons maintenant comprendre la force de ces mots, quoiqu’il soit possible qu’aux jours de Jean on n’y attachât pas une grande importance ; les saints d’alors devaient naturellement se concentrer sur l’interpellation qui les concernait. Mais dans la mesure où des états analogues se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui, la force immense de la phrase, dûment pesée, devient évidente, quand on la pèse comme il faut. On ne doit rien permettre qui soit susceptible d’affaiblir l’attente de Christ comme notre espérance immédiate ; mais s’Il tarde, c’est un appel permanent tant que l’église demeure ici-bas.

 

[Un paragraphe n’est pas traduit ici ; il se rapporte au texte grec où certains croient pouvoir lire « et ce qu’elles signifient » après « les choses qui sont »].

 

2.23                      Ch. 1:19b [les choses qui doivent arriver après celles-ci]

L’expression «les choses qui doivent arriver après celles-ci» est la traduction exacte de la phrase suivante. Traduire «les choses qui doivent arriver ensuite» est équivoque. « Après ces choses » donne le vrai sens, et c’est la traduction littérale. Aucun autre cas de l’Apocalypse ne permet de soutenir la traduction vague « ensuite », qu’on trouve par contre en Jean 13:7. Ici c’est le contexte qui permet de déterminer le texte précis et qui empêche le terme vague : celui-ci ne fournit aucune ligne de démarcation nette entre le passé et le présent. Le début du ch. 4 confirme entièrement la traduction exacte de « après ces choses ». La section strictement future du livre [à partir du ch. 4] ne peut pas commencer tant que quelque chose considéré comme église existe sur la terre.

 

2.24                      Ch. 1:20 [Le mystère des sept étoiles … et les sept lampes d’or… les anges des sept assemblées]

2.24.1    [Le mystère]

«Le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma droite, et les sept lampes d’or : les sept étoiles sont les anges des sept assemblées, et les sept lampes sont sept assemblées». Les lampes symbolisent les églises [= assemblées] et les étoiles symbolisent leurs anges. Le terme « mystère » nous prépare à voir des lumières subordonnées ou anges, et des lampes ou églises qui sont bien au-delà de ce qui existait alors. Quel mystère y avait-il dans les faits historiques de ces sept églises de l’Asie proconsulaire ? Il paraît inconcevable qu’un tel terme soit utilisé sans une intention allant au-delà des circonstances effectives. Mais si ces sept ont été sélectionnées pour ce livre prophétique pour représenter selon la sagesse divine les phases successives d’un état prolongé de l’Église, combien le terme « mystère » apparaît approprié ! Cela explique aussi l’application des « étoiles », symbole bien connu de l’ancienne prophétie de Daniel, et requis ici par l’état extraordinaire et anormal du témoignage chrétien, état de déclin proche de la ruine ; car le dernier état n’indique aucun réveil ni rétablissement, mais on voit le Seigneur en train de le vomir de Sa bouche.

 

2.24.2    [Les anges des assemblées]

Dans chaque lettre le Seigneur s’adresse à «l’ange». Qui est-il et qu’est-il ? Les fonctions officielles d’anciens et de diacres sont passées sous silence, et les dons de Christ monté au ciel [Éph. 4:8] ne sont pas plus mis en évidence. Or un titre nouveau en désaccord avec l’ordre reconnu jusque-là serait une chose étrange de la part du Seigneur alors que, du côté de l’homme, le déclin s’était introduit. Nous n’entendons jamais parler « d’ange » comme un titre officiel dans les dispositions du Nouveau Testament. « L’ange » est un terme pour le conducteur qui convient aux ch. 2 et 3 de ce livre prophétique, tout comme les anges au sens littéral sont en harmonie avec le livre de Daniel. Cela signifie-t-il ici en Apocalypse ce qu’on appelle communément un être angélique ? Surement pas ici, alors qu’il est question des « anges des assemblées ». Il n’y a pas de difficulté à entendre parler ailleurs d’ange ayant puissance sur le feu [Juges 13:20], ou de l’ange de Jésus [Luc 22:43] ou ailleurs de «l’ange de l’Éternel», bien que toutes ces expressions soient en dehors des pensées et du langage des épitres. C’est vraiment nouveau d’entendre parler ici d’ange de telle ou telle assemblée. Nous pouvons comprendre un ange qui soit employé comme intermédiaire, un messager spirituel envoyé d’en-haut comme moyen de communication entre le Seigneur et Son esclave Jean ; mais il serait difficile de supposer que Son esclave Jean écrive une lettre de la part de Christ à un ange au sens usuel et littéral ! C’est l’une des difficultés évidentes dans lesquelles sont plongés ceux qui supposent qu’il s’agit ici d’êtres angéliques. La nature du cas l’exclut.

La signification du mot «ange» semble être celle d’un «représentant», et c’est dans ce sens général que le Seigneur s’en sert en s’adressant aux assemblées. Cela implique un messager ou un représentant moral de chaque assemblée. « L’ange » est donc un représentant humain. Par exemple, quand Jean le Baptiseur a envoyé deux de ses disciples, ils étaient auprès de Jésus les représentants de la pensée de leur maître, ils donnèrent le message de celui qui les avait envoyé (Luc 7:24). Le sens de représentant pour le mot ange a toute sa force en Actes 12:15 (il s’agissait là de caractère spirituel) et en Matt. 18:10. Mais le mot prend une autre valeur quand il s’agit d’assemblées. Ils étaient Ses lumières principales, représentant chacun l’assemblée, et devenaient Son intermédiaire pour juger son état selon la norme divine.

Si donc nous nous en tenons au sens abstrait de la nature de cet «ange de l’assemblée», qu’est-ce que ce terme nous enseigne ? je crois qu’il faut l’entendre ainsi : Le Seigneur n’avait pas nécessairement en vue un ancien ou un docteur de l’assemblée, mais quelqu’un qui pouvait être l’un ou l’autre, ou les deux ; mais devant Lui, dans Sa pensée, il représentait réellement l’état de l’assemblée, et d’une certaine manière, il était lié à la responsabilité de cet état. Quiconque était ainsi, entrait dans ce que signifie l’ange de l’assemblée. L’état de la chrétienté, ou plutôt des églises, nécessitait moralement cette réserve. C’est ce que le Seigneur choisit pour juger, plutôt que de se faire assister par l’intermédiaire habituel des dons ou charges locaux. C’est le caractère prophétique de ce livre, la condition critique des églises, qui explique d’avoir des anges comme représentants, et des églises vues séparément les unes des autres. Car l’unité du corps de Christ est une vérité totalement distincte, qui se base, maintenant et pour toujours, sur les conseils divins rendus effectifs par Christ et en Christ la Tête.

 

2.24.3    [Les sept églises]

« Les sept églises » ont leur propre portée morale en ce qu’elles introduisent les actions futures de Dieu avec le monde quand elles auront disparu de la scène. Tous les efforts s’éloignant de cet objectif spécial et ayant en vue de mettre de côté l’unité et de la supplanter par l’indépendance sont à la fois inintelligents, vains et mauvais. Prendre les étoiles et les chandeliers pour en tirer de nouvelles fonctions officielles ou l’indépendance des congrégations serait renverser la nature du ministère et l’unité de l’église déjà enseignées partout où le Saint Esprit révèle ces vérités. Mais l’homme se permet de vouloir tout essayer. « Les choses qui sont » demeurent, bien qu’elles évoluent depuis une situation de danger au commencement [Éphèse] jusqu’à un rejet complet à la fin [Laodicée] : ce serait bien un temps et un état étrange pour vouloir organiser à neuf l’église et des fonctions dont on n’a jamais entendu parler.

 

 

3                        Chapitre 2

3.1   [Éphèse]

«À l’ange de l’assemblée qui est à Éphèse, écris : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept lampes d’or». Nous nous trouvons évidemment ici sur un terrain large, où toutes les caractéristiques sont générales. La première lettre, le message à l’ange de l’église à Éphèse, considère l’état du témoignage chrétien sur la terre sous sa forme la plus étendue et, comme on peut le supposer, dès les jours de l’apôtre Jean lui-même. En conséquence, le Seigneur se présente Lui-même aussi de ce point de vue large. « Celui qui tient les sept étoiles dans sa droite et qui marche au milieu des sept lampes d’or ». La position tant du ministère que de l’église, est gouvernée par Sa relation avec les anges (c’est-à-dire ceux qui, à Ses yeux, représentent moralement les assemblées), et avec les assemblées considérées.

L’étoile est ce qui influait sur l’assemblée, — le vase-source de lumière de la part du Seigneur destiné à agir sur la condition de l’assemblée. Si cette lumière était ineffective, si le mal y était mêlé, l’état de l’assemblée s’en ressentait. Si elle était brillante, le niveau moral de l’assemblée s’en trouvait relevé. Voilà, je pense, ce que signifie l’étoile.

Dans Celui qui tient les sept étoiles dans sa droite et qui marche au milieu des sept lampes d’or, nous avons Christ, non seulement tenant ferme ces représentants idéaux des assemblées, mais s’intéressant judiciairement aux assemblées elles-mêmes. En bref, c’est Christ vu dans Son aspect ministériel et ecclésiastique le plus complet et le plus général, selon le caractère gouvernemental du livre.

 

3.1.1        [Ch. 4:2 — Succession apostolique]

L’état de l’église d’Éphèse est décrit avec la même généralité.

«Je connais tes œuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants ; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs». Ainsi il y avait à Éphèse de la fidélité, en particulier à l’égard du genre de mal que Satan cherchait alors à introduire. Les apôtres étaient en train de disparaître, et avaient peut-être même tous disparu, sauf Jean. On peut comprendre que Satan s’efforçait de susciter des instruments tout prêts à vouloir leur succéder. L’église d’Éphèse éprouvait ces prétendus apôtres, et l’ange l’avait beaucoup aidée en cela par la grâce du Seigneur. Quand une telle prétention tentait de se faire valoir, ils l’avaient testée et étaient d’accord ensemble pour refuser ceux qui n’étaient point ce qu’ils se vantaient d’être. L’« étoile » avait donc jusque-là agi pour le bien de l’église.

 

3.1.2        [Ch. 4:3-4 — Persévérance. Déclin au dedans]

Il y avait beaucoup plus encore chez ceux d’Éphèse. La persévérance dans la fidélité et le dévouement les caractérisait : «Tu as patience, et tu as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé». Cependant le Seigneur a un sujet de plainte contre eux : «Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour». Il est clair qu’ici, comme toujours, c’est le premier écart, le symptôme général, et qui ne trompe pas, du déclin. Ce qui nuit et finalement conduit à la ruine, vient constamment du dedans, jamais du dehors. C’est en vain que Satan cherche à renverser ceux qui, s’appuyant sur l’amour de Christ, ont en Lui l’objet aimé qui remplit leurs pensées et leur vie. N’en était-il pas ainsi quand Paul écrivait aux Éphésiens ? Mais ils avaient maintenant abandonné ce premier amour. Étaient-ils comme autrefois quand Christ était tout, et que la chair n’était que mauvaise à leurs yeux ? Hélas ! Ils avaient failli à cet égard. Ils s’étaient relâchés, mais non pas dans leurs œuvres, qu’ils poursuivaient avec diligence. Il y avait des œuvres, du travail et de la patience. Mais était-ce l’œuvre de foi, le travail d’amour, la patience d’espérance ? La puissance qui avait produit de si beaux résultats n’agissait plus, et ne pouvait plus agir. L’effet subsistait, mais la source n’était plus là : ils s’étaient relâchés dans leur premier amour.

 

3.1.3        [Ch. 4:5 — Le remède]

C’en était fait d’eux, à moins qu’ils ne se jugeassent eux-mêmes et que, par la puissance du Saint Esprit, Christ ne reprît sa place dans leur cœur. «Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres ; autrement, je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes».

Qu’il s’agisse de la manière dont Christ est représenté, de la description de l’état de l’église, de la faute dont elle est accusée, du remède proposé et du jugement dont elle est menacée — tout est décrit de la manière la plus générale

 

3.1.4        [Ch. 4:6-7 — Menaces et points positifs]

Le Seigneur s’attache dans cette lettre aux sujets d’importance très large et très commune. Combien il est solennel d’entendre le jugement présent de l’état actuel de l’assemblée à Éphèse par le Seigneur plein de grâce, et voilà qu’Il menace d’ôter la lampe de cette église de choix que Paul avait plantée ! Une telle sentence ne signifie pas que les saints perdraient individuellement leur portion de grâce, mais que l’assemblée se ferait retirer sa position publique de luminaire à cause de sa condition non jugée. Mais même alors, le Seigneur, pourtant attristé, ne manque pas de noter la haine partagée avec Lui contre ceux qui laissent faire et passent sous silence l’iniquité ; c’est ce que montrent les paroles qui suivent : «Mais tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. À celui qui vaincra, je lui donnerai de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu». Ici de nouveau tout est large et étendu. Qu’y a-t-il de plus vaste que cette promesse?

 

3.2   [Smyrne]

Dans la lettre à l’ange de l’église de Smyrne, nous nous trouvons en présence d’un état de choses complètement différent. C’est un cas très spécial, au lieu du premier qui était général. Après que l’Église soit déchue de la pureté apostolique, et par-dessus tout du premier amour, il a semblé bon au Seigneur d’envoyer l’affliction. Il lâche la bride à la puissance de Satan agissant par des persécuteurs païens et permet que toutes sortes d’épreuves tombent sur les Siens. «Voici ce que dit le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie : Je connais ta tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche), et l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas, mais ils sont de la synagogue de Satan».

 

3.2.1        [Judaïsation rampante et déchéance de la grâce]

Ce ne sont plus de faux apôtres qui éprouvent les saints : un nouveau mal apparaît. Aussi longtemps que les vrais apôtres furent sur la terre, Satan ne put jamais faire admettre le judaïsme dans l’église de Dieu. Le concile de Jérusalem exempta expressément les Gentils du joug de la loi. L’apôtre Paul montra par des raisons propres qu’introduire la loi et l’imposer au chrétien, soit pour la justification, soit comme règle de vie, c’est en réalité annuler Christ et déchoir de la grâce. Cette vérité, évidente quand il s’agit de la justification, l’est moins quand il s’agit de la règle de vie, alors que c’est tout autant une véritable négation de l’évangile. En effet, si Christ est pour le chrétien la règle de vie, et si la loi est la règle de mort pour les Juifs (comme ils devraient le savoir, mais ils ne le savent pas), il est clair qu’abandonner l’un pour l’autre, c’est, pour le chrétien, tendre à l’apostasie. Les premiers pères ont ainsi judaïsé et depuis lors le levain n’a pas cessé d’agir. Faire de même, se replacer sous ce régime juif, c’est être du nombre de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, et ne sont hélas! que la synagogue de Satan.

Le Seigneur considère ici ces mauvais ouvriers (c’est à quoi en arrivent les prôneurs d’œuvres) comme formant un parti. Ce n’est pas simplement Satan luttant pour introduire le judaïsme par des individus, mais il y a les outrages de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais ils sont une «synagogue de Satan». Ils ont un caractère compact et on peut parler d’eux comme formant une congrégation, une synagogue. Il ne s’agissait pas d’une simple tendance d’individus comme précédemment ; il y a beaucoup plus ici. C’est un parti formé et connu et qui affiche les prétentions les plus élevées possibles. Ceux qui le composent prétendent être plus saints et plus justes que les autres, et les dénoncent comme antinomiens parce qu’ils s’appuient sur la pure grâce de Dieu. Ils étaient, eux, des corrupteurs de l’évangile et des destructeurs du christianisme vivant qu’ils ne connaissaient pas. Séduits par Satan, ils étaient ses instruments zélés, séduisant d’autant plus activement les autres qu’eux-mêmes, peut-être, étaient sérieux et honnêtes selon la chair.

 

3.2.2        [Aspects historiques]

Ceux que l’on nomme communément «les Pères», semblent avoir été les meneurs dans le mal dénoncé ici. Sur eux repose la honte terrible d’avoir systématiquement introduit le judaïsme dans l’Église de Dieu. Ils ont exercé cette influence dans tous les âges, et même sur les Puritains anglais. Si tel ou tel ne faisait pas l’erreur, leur regroupement comme système est ce qui est stigmatisé ici par le Seigneur Jésus Christ. Quelquefois offensant pour Lui, toujours ignorant de Son œuvre et de Ses relations célestes, ce système est aveuglément opposé à la foi en la grâce souveraine de Dieu. Leur caractère est clair ; ils arrachent le chrétien à ses vraies associations célestes pour l’abaisser au niveau d’un faux Juif ; ils perdent même la précieuse vérité de cette vie réelle qui nous est donnée en Christ, ce qui est le point capital des écrits de Jean. Les Pères, dans leur ensemble, ont pleinement mérité d’être désignés de la manière choisie ici par le Seigneur,

●      soit en pervertissant les âmes ou en formant un corps catholique sur un moule terrestre,

●      soit en privant les âmes de la vie connue en Christ (selon la portée de leur fausse doctrine) et leur faisant perdre de vue qu’ils doivent marcher comme Lui a marché, — les plaçant sous des ordonnances semblables à celles des Juifs.

 

3.2.3        [Passage à la persécution]

Quand les choses sont réglées ainsi sur le modèle juif, toute la beauté et le but de l’Église de Dieu sont ruinés en principe. Mais le point important à remarquer ici, c’est que ce fut vers cette même époque, que les ordonnances et la succession ecclésiastique commencèrent à être érigés en système. On trouve ce grand fait chez les Pères antérieurs au concile de Nicée. Il semble que le Seigneur, dans cette lettre à l’ange de Smyrne, constate ce mouvement en même temps que Dieu employait en quelque mesure pour le bien, les fidèles traversant les persécutions suscitées par les païens. Dans ce temps-là, Satan aussi était actif pour former sa synagogue de ceux qui se disent être Juifs et ne le sont pas ; en même temps, Christ disait à ceux qui souffraient : «Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une tribulation de dix jours». L’épreuve devait avoir une durée limitée ; le Seigneur en assigne le terme.

«Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie. Que celui qui a des oreilles pour entendre, écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. Celui qui vaincra n’aura point à souffrir de la seconde mort». Ils pouvaient faire l’expérience de la première mort, mais ils ne seraient pas atteints par la seconde mort qui suit et qui est irrévocable. C’est une question de foi en Dieu, et on doit se rappeler que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu (Actes 14:22).

 

3.3   [Pergame]

3.3.1        [Ch. 2:12-13 — Lutte pour la Déité de Christ]

«À l’ange de l’assemblée qui est à Pergame», vient un message très différent et qui est aussi tout à fait spécial. «Voici ce que dit celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants : Je sais où tu habites».

C’est une chose sérieuse que de savoir où et avec qui nous habitons. «Tu habites là où est le trône de Satan». Comment cela a-t-il pu arriver ? On comprend qu’ils eussent à passer au travers de la scène où Satan déploie ses ruses, mais demeurer là où il règne est terriblement significatif. Aimaient-ils donc être près d’un trône, alors même que c’était celui de Satan — et aimaient-ils avoir là leur établissement ? Aimaient-ils l’éclat de la puissance du monde ? trouvaient-ils leur plaisir dans la faveur de ce monde étranger à Dieu ?

Le Seigneur reconnaît cependant ce qu’il y a de bon. «Tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi». Il est digne de remarque qu’après les plus grandes persécutions, quand la chrétienté et les chrétiens se furent laissés séduire jusqu’au point d’accepter le patronage du monde, il resta alors assez de fidélité pour repousser tous les efforts tentés contre la divinité de Christ ; c’est un effet de la miséricorde de Dieu. Sous le même Constantin qui étendit sur le christianisme le bouclier protecteur de la puissance terrestre, il se livra la bataille contre l’ennemi Arien qui fut vaincu. Ce fut sous l’autorité et par l’ordre de cet empereur, que se réunit le fameux concile de Nicée qui établit et promulgua publiquement la foi en la Trinité ; ce rempart n’était pas nécessaire pour les chrétiens, mais pour la chrétienté. Alors fut aussi publié le symbole [credo] ou confession de foi vulgairement dit de Nicée (*), dont l’objet était d’affirmer la déité consubstantielle de Christ. Je ne puis m’empêcher de penser que c’est à cet état de choses qu’il est fait allusion ici. «Tu tiens ferme mon nom et tu n’as pas renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite». Étrange et solennelle concours de circonstances ! La proximité étroite du trône de Satan au dehors, et, au dedans, la miséricorde de Dieu maintenant la foi fondamentale en la gloire personnelle de Christ !

 

(*) Ce symbole ou credo témoigne de l’erreur déjà à l’œuvre, consistant à faire de l’église un fondement de la foi, au lieu de l’Écriture seule. Car le symbole de Nicée affirme ne pas croire en l’église, mais croire l’église — ce qui est très différent. La foi croit Dieu ; l’église n’est pas infaillible, alors qu’elle devrait l’être si on devait la croire. Combien il est vrai que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ! Les gens peuvent reconnaître la divinité de Christ, et pourtant établir l’église dans une fausse position.

 

3.3.2        [Ch. 2:14 — Cléricalisme et mondanité]

«Mais j’ai quelques choses contre toi : c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam». Une fois que l’Église s’est placée sous la sauvegarde du pouvoir terrestre, le cléricalisme s’est introduit et a fait de rapides progrès. L’autorité du monde a amené des appâts mondains et le ministère est devenu un clergé, une profession fière et génératrice de profits. Les promoteurs de cet état de choses étaient comme ceux qui tenaient la doctrine de Balaam. En même temps s’introduisirent forcément toutes sortes de compromis avec le monde et ses voies perverses, et le clergé les encourageait par de fausses applications des Écritures. C’est ainsi qu’il est dit ici de Balaam «lequel enseignait à Balak à jeter une pierre d’achoppement devant le fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles et qu’ils commissent la fornication». Nul doute que ce sont là des figures, mais la portée en est assez claire pour toute conscience non émoussée. Il ne faut pas s’étonner si on ne comprend guère ces avertissements là où les mêmes maux existent, et où a disparu tout ce qui pouvait garder l’Église comme une vierge chaste, fiancée à Christ. La mondanité s’est introduite, et elle reste encore, hélas ! complètement minimisée par ceux qui doivent leur position à cette influence corrompue et corruptrice. Le même esprit d’incrédulité qui fut la source du mal, lui conserve sa puissance et son action, en discréditant la vraie application de la Parole de Dieu, l’épée aiguë à deux tranchants. Les chrétiens étaient éblouis par la puissance et la gloire du monde, et cela s’est accentué à cause de la protection que le monde apportait non seulement à eux, mais à la foi publique de la chrétienté. En même temps, par leur alliance avec le monde, ils déshonorèrent Christ, et la conséquence fut un retour pratique à ce domaine d’où la grâce avait tiré les saints pour les unir à Christ glorifié.

 

3.3.3        [Ch. 2:15-16 — L’ennemi au-dedans. Passage des œuvres à la doctrine]

«Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement». La lettre à l’ange de l’église d’Éphèse dénonçait les œuvres des Nicolaïtes ; maintenant l’iniquité en question, que je suppose être l’antinomianisme, était devenue une doctrine qui semble comparable à la doctrine inique des partisans de Balaam :

«Repens-toi donc ; autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche». Ainsi le Seigneur ne combattait plus pour la défense des Siens ; il n’employait pas non plus la haine ou la persécution de l’ennemi pour tuer le mal dans l’œuf ou pour couper ses débuts, comme nous l’avons vu précédemment. Maintenant une épreuve plus grande apparaît, et hélas ! l’état de ceux qui portent le nom du Seigneur est tel, qu’Il est forcé d’agir sévèrement envers eux. Les ennemis sont au-dedans. Comme dans la lettre à Éphèse, Sa venue ne signifie pas ici Sa présence personnelle, mais sa visitation en jugement tandis qu’Il est invisible.

 

3.3.4        [ch. 2:17 — La manne cachée et le caillou blanc : l’approbation du Seigneur au fidèle]

«Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée». Quand l’Église est piégée par l’appât d’une position publique et glorieuse, l’encouragement donné à la foi est la manne cachée. Qu’il y ait encore au moins la fidélité individuelle envers le Seigneur Jésus, même si elle n’est pas appréciée ! Il y avait des saints qui s’attachaient à Son nom, bien que le temps ne fût pas venu où ils seraient conduits ou forcés à prendre la position d’un résidu. Il n’y avait pas encore la fidélité au point de se séparer du corps public des professants, vu sa corruption.

Peut-être la foi n’avait-elle pas assez d’énergie pour cela, mais en tout cas la fidélité à Christ ne manquait pas, et où elle se trouvait, la parole du Seigneur s’appliquait : «À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit». Son approbation est suffisante pour le cœur fidèle, elle lui est plus douce et plus chère qu’un triomphe public devant l’univers.

 

3.4   [Thyatire]

Puis vient la dernière des quatre premières assemblées, et la première où l’appel à écouter change. «Et à l’ange de l’assemblée qui est à Thyatire, écris». Je ne puis douter que cette épître ne contienne les signes précurseurs exacts de ce qu’on trouve au moyen âge, aussi complets qu’ils pouvaient l’être par le moyen des faits alors présents.

 

3.4.1        [Ch. 2:18 — Présentation de Christ]

«Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant». Christ est présenté maintenant, non seulement avec cette puissance de jugement moral qui discerne tout, mais prêt à agir judiciairement contre le mal : «Ses pieds sont semblables à de l’airain brillant».

 

3.4.2        [Ch. 2:19 — Œuvres, foi et amour]

«Je connais tes œuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières œuvres qui dépassent les premières». Malgré toutes les ténèbres et l’ignorance qui prévalaient au moyen âge quant à la doctrine, il y avait ici et là du dévouement. Ceux qui aimaient le Seigneur montraient leur amour, moins par leur intelligence de Ses voies, que par un renoncement à eux-mêmes habituel et sans réserve. Je ne parle pas de ce que produisait la superstition envers Marie ou l’église, chacune d’elle étant mise au rang d’une sorte de «bonne déesse», mais je parle du fruit produit dans la vie par un cœur tourné simplement vers Christ.

 

3.4.3        [Ch. 2:20 — Jésabel et l’affirmation d’être une autorité inspirée]

«Mais j’ai contre toi que tu laisses faire la femme Jésabel». C’était un genre de mal tout à fait nouveau. Ce n’est pas simplement le cléricalisme, ni des personnes tenant la doctrine de Balaam, mais un état de choses formellement établi, comme le représente régulièrement la femme employée symboliquement. Il est facile de s’en assurer en examinant l’Écriture. L’homme est l’agent qui va de l’avant, la force active ; la femme est l’état de choses produit (ici surtout en mal). Jésabel est donc le symbole qui convenait ici, comme Balaam dans le cas précédent. L’activité était dans le clergé qui faisait avec le monde les plus vils compromis, et qui vendait l’honneur de Christ pour de l’or et de l’argent, pour du bien-être et des dignités. Le pire, Jésabel, est venu plus tard. Tel était l’état de choses publique, produit et toléré au moyen âge et s’abritant sous le nom de Christ. C’est la corruption des choses précédentes et le commencement de choses nouvelles qui iraient jusqu’à ce que le Seigneur vienne en personne.

«Tu laisses faire la femme Jésabel qui se dit prophétesse». Voilà précisément la prétention de la soi-disant église, c’est-à-dire l’affirmation de posséder une infaillibilité permanente, d’être une sorte d’autorité inspirée pour énoncer la doctrine et la promulguer, pour diriger toute discipline sans erreur. N’est-ce pas là exactement ce que le Catholicisme romain prétend faire ? Ne se tient-il pas à la place de Jésabel ?

«Et elle enseigne et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles». Tout cela était le fruit, sans nul doute, d’être déchu de la grâce longtemps auparavant, mais maintenant le fruit est beaucoup plus avancé en maturité.

 

3.4.4        [Ch. 2:21-23 — La corruption établie. Fornication et postérité]

«Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ; et elle ne veut pas se repentir de sa fornication. Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent fornication avec elle, dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres ; et je ferai mourir de mort ses enfants». Jésabel était une mère, en effet, une sainte mère, comme disent ceux qui séduisent et ceux qu’elle séduit. Mais qu’en pense le Seigneur et ceux qui préfèrent mourir plutôt que de commettre adultère avec elle ? Cette corruption flagrante de l’église-monde, est devenue maintenant une institution établie. Ce n’est pas un simple nuage d’erreur passager, c’est un corps constitué et occupant la plus haute position dans le monde ; c’est une reine, mais une reine qui prétend aussi au pouvoir spirituel le plus élevé en tant que soi-disant prophétesse ; elle est établie maintenant d’une manière permanente dans la chrétienté ; elle donne naissance à une postérité d’iniquité distincte et profane, qui est appelée «ses enfants». Remarquez la distinction faite entre « mes esclaves » (2:20), même si on les égare, et les enfants de Jésabel (2:23). Le Seigneur ne confond pas les personnes pieuses qui gémissent et souffrent, et les orgueilleux qui s’exaltent et persécutent. Elle peut bien être assise en reine, mais le Seigneur sait comment agir avec elle et ses enfants, et Il n’épargnera pas. Celui dont les yeux sont comme une flamme de feu dit : «je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs, et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres».

 

3.4.5        [Ch. 2:24-25 — Un Résidu]

«Mais à vous je dis, aux autres (ou : au résidu) qui sont à Thyatire». Ici apparaît clairement le résidu, «vous», «les autres, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine», et c’est à eux, à ce résidu, que le Seigneur s’adresse maintenant. Ici, pour la première fois, nous voyons formellement reconnus des saints, qui ne sont pas compris dans la condition publique de l’assemblée, sans toutefois en être ouvertement séparés comme cela se trouvera plus tard. Cependant, en esprit, ils deviennent ou forment, plus ou moins, un corps rendant témoignage, à part de ce qui s’est établi dans une communion profondément méchante avec Jésabel, tout en affichant les plus pénibles prétentions ; voilà comment le Seigneur juge et stigmatise ce que l’homme a nommé «notre mère, la sainte église catholique».

À ce résidu Il dit : «Je vous dis à vous, aux autres qui sont à Thyatire, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils disent : je ne vous impose pas d’autre charge ; mais seulement, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne». Le Seigneur, sans attendre d’eux de grandes choses, parle avec la plus extrême tendresse de ceux qui sont fidèles à Son nom. Je suis persuadé qu’il est fait allusion ici à ceux qui sont communément appelés Vaudois et Albigeois et peut-être à d’autres du même caractère. Ils étaient simples et fervents pour Christ, mais avec une petite mesure de lumières et de connaissances, si on les compare au témoignage plus complet et plus riche que le Seigneur suscita plus tard, comme nous le montre le chapitre suivant. Personne ne peut les juger correctement si l’on s’en tient aux abus et représentations déformées de leurs ennemis.

 

3.4.6        [Ch. 2:26-28 — La promesse]

À la fin de la lettre le Seigneur fait entendre une promesse appropriée à la condition des saints : «Et celui qui vaincra, et celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin — je lui donnerai autorité sur les nations». Cette méchante Jésabel ne s’est pas contentée de persécuter les vrais saints du Seigneur ; elle a cherché la suprématie universelle sur les âmes et sur les corps et sur toutes choses. Le Seigneur commande aux Siens de ne pactiser en rien avec elle, leur promettant la véritable autorité quand Lui-même la prendra en main. En attendant, qu’ils demeurent dans la patience, même à travers la tribulation, contents de souffrir actuellement pour l’amour du Christ.

«Et celui qui vaincra, et celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin — je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père». Le fidèle partagera le pouvoir de Christ à sa venue et Lui sera associé dans Son royaume ; mais ce n’est pas tout ce que la grâce veut lui donner. Le Seigneur ajoute : «Et je lui donnerai l’étoile du matin» [2:28]. Cela n’est pas être associé à Christ quand Il régnera publiquement, mais c’est encore plus, c’est l’être dans ce qui Lui est propre, tout à fait au-dessus des choses du monde. L’espérance céleste d’être avec Christ avant que le jour se lève, voilà ce qui est promis au fidèle, aussi bien qu’une part dans le royaume. Seuls ceux qui veillent verront l’Étoile du Matin. Le monde entier verra le Soleil de justice quand il brillera en Son jour.

 

3.4.7        [Ch. 2:29 — Positionnement de l’appel à écouter]

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Ici un grand changement a lieu. L’appel à écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées suit la promesse au vainqueur au lieu de la précéder. La raison en est qu’un résidu est maintenant formé. L’état public de l’église requiert ce changement. Le Seigneur met donc la promesse en premier, parce qu’il n’y a pas lieu d’espérer que l’Église dans son ensemble la reçoive. La promesse est adressée au vainqueur, elle est donc mise avant l’appel à écouter. Dans les lettres aux trois premières assemblées, au contraire, l’appel à écouter vient en premier, parce que le Seigneur s’adresse encore à la conscience de l’Assemblée toute entière. Cela cesse maintenant. Maintenant le résidu seul est vainqueur, la promesse est pour lui. En conséquence le Seigneur tient compte d’eux pour Son appel ; quant aux autres, c’en est fini de leur fidélité.

La division entre les ch. 2 et 3 est donc bien placée, car il y a un immense changement quand on passe aux trois dernières églises. En effet, l’introduction de la lettre à l’assemblée de Sardes montre le Seigneur commençant un nouvel état de choses. L’ancienne phase ecclésiastique ou catholique de l’église se termine avec Thyatire qui, néanmoins, en cela, présente ce trait particulier que c’est la fin de l’état public de l’Église et en même temps le commencement de cette condition qui dure jusqu’à la venue du Seigneur. On ne peut guère douter que Thyatire soit la représentation mystique du catholicisme romain, car il serait difficile de nier que Jésabel au moins offre ce caractère ; tandis que «les autres», le résidu, représentent ceux qui, sans être Protestants, ont formé, à part et en dehors de la papauté, un corps de témoins, avant la Réformation. Le commencement du ch. 3 introduit formellement ce qu’on peut appeler la phase Protestante des choses, d’après son positionnement ferme en faveur de la Parole de Dieu.

 

Ainsi nous avons vu la condition générale de l’église dans son premier déclin ; puis les persécutions de la part des païens ; ensuite la puissance du monde patronnant l’église ; et enfin, à côté d’un résidu qui en simplicité résiste au mal, le Catholicisme romain qui seul, d’après l’allusion faite à la venue personnelle de Christ, doit aller jusqu’à la fin. Les églises précédentes ne continuent pas. Thyatire est la première à représenter ce qui demeure. Ceci s’applique aussi aux églises qui suivent.

 

4                        Chapitre 3

4.1   [Sardes]

4.1.1        [Ch. 3:1a — Un nouvel état de choses]

«Et à l’ange de l’assemblée qui est à Sardes, écris : Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles». Il y a ici une allusion évidente à la manière dont le Seigneur s’était présenté à l’assemblée d’Éphèse, mais avec une différence notable. Éphèse représentait la première condition générale de l’Église. Sardes voit surgir un nouvel état de choses, qui n’est pas strictement ecclésiastique, le Seigneur agissant par voie de témoignage plutôt que dans un ordre ecclésiastique précis. C’est pourquoi il n’est pas dit ici qu’Il tient les sept étoiles dans Sa main droite et qu’Il marche au milieu des sept lampes d’or : ceci était d’ordre tout à fait ecclésiastique. Mais ici Il « a » les sept esprits de Dieu et les sept étoiles. Il ne change pas, mais Il ne se décrit pas comme précédemment. Cependant toute la puissance et toute l’énergie gouvernementale sont dans Ses mains, ainsi que les sept étoiles, c’est-à-dire tous les instruments de lumière par lesquels Il agit sur les âmes ici-bas. Qu’ils ne regardent pas au monde, aux autorités établies.

 

4.1.2        [Ch. 3:1b-2a — La Bible ouverte et son action sur la  conscience]

«Je connais tes œuvres, — que tu as le nom de vivre, et tu es mort». Voilà le protestantisme après que l’impulsion initiale de la Réformation soit passée. Combien cela est tristement vrai ! Le déclin était assuré, même s’il était lent. Ils inclinaient vers le monde, et quelle peut-être l’issue de cela pour ceux qui ne sont pas du monde comme Christ n’en est pas ?

«Sois vigilant, et affermis ce qui reste, qui s’en va mourir, car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu». Ce qui juge l’état actuel du protestantisme, c’est qu’il possède le témoignage de la parole de Dieu, d’une manière beaucoup plus complète que ceux qui ont sombrés dans le simple formalisme ecclésiastique du moyen âge. À cette époque la parole de Dieu avait été recouverte et cachée, parce que les prêtres et l’évangile  ne peuvent jamais être d’accord. L’effet du principe clérical est et sera toujours de substituer plus ou moins l’autorité de l’homme à celle du Seigneur, comme aussi d’affaiblir et d’empêcher l’action directe de l’Esprit par la Parole de Dieu sur la conscience. Je ne vise nullement des membres du clergé individuellement ; je parle du cléricalisme en général, où qu’il se trouve, chez les catholiques ou dans des dénominations quelconques, les églises nationales ou dissidentes. Les prêtres terrestres en sont l’expression extrême.

Mais le principe protestant est différent. Les gens ne sont pas toujours fidèles à leurs principes, et cela arrive souvent ; chacun n’a-t-il pas liberté de jugement personnel, dit-on ? Les droits de Dieu sont ainsi facilement oubliés. Cependant l’un des grands points pour lesquels on a combattu lors de la Réformation, et qui a été acquis au protestantisme, quels qu’en soient les défauts, c’est que l’homme a la Bible complètement, librement et ouvertement. La parole de Dieu est là pour agir directement sur la conscience de l’homme.

Les gens parlent souvent de la justification par la foi. Luther lui-même, à mon sens, n’a guère été complètement clair sur cette doctrine ; et si les catholiques, sur ce point, sont misérablement induits en erreur, les protestants, même aujourd’hui, ne comprennent pas la justification et la justice de Dieu. Ils possèdent la vérité dans une mesure, mais non pas au point de délivrer les âmes de la servitude, et de les amener franchement à la liberté, à la paix et à la puissance de l’Esprit. Même Luther n’a jamais eu une paix établie dans son âme, comme l’état constant dans lequel il marchait. Plusieurs parmi nous savent par quels combats il passa, non seulement au commencement, mais jusqu’à la fin de sa carrière ; et je ne parle pas des conflits au sujet de l’église et de ses conducteurs, mais touchant son âme. Il serait inutile de citer ici les passages des écrits de Luther, qui prouvent combien il fut amèrement éprouvé par des combats intérieurs d’incrédulité ; ils montrent abondamment qu’il était loin de la calme jouissance de la sainte paix que procure l’évangile, et c’est une erreur de les imputer à autre chose qu’au manque d’une claire connaissance de la grâce. Dans un tel état, toutes sortes de choses peuvent troubler l’homme qui ne repose pas entièrement sur le Seigneur, même s’il s’agit d’un homme très honorable et ayant de hautes capacités. Assurément Luther est un de ceux desquels nous avons tous beaucoup à apprendre ; son courage, sa fidélité, son renoncement à lui-même, son endurance, sont à la fois instructifs et édifiants. En même temps, il est inutile de fermer les yeux sur le fait que malgré toute son énergie, et bien qu’il ait été l’instrument de Dieu pour une œuvre immense, il resta fort en arrière quant à l’intelligence de la vérité sur l’Église et l’évangile.

Cependant, malgré tout ce qui a manqué, une chose a été conquise pour les enfants de Dieu en particulier, et aussi pour l’homme : C’est la Bible ouverte pour tous. Mais c’est précisément ce qui condamne l’état du protestantisme, parce que, tout en ayant accès librement à la lecture de la Bible, presque personne n’a eu l’idée de s’y conformer en tout, et de tout régler d’après elle. Rien de plus commun parmi les protestants que d’admettre une chose comme certaine et vraie parce qu’elle est dans la Bible, sans que l’on ait la moindre intention ou pensée d’agir en conséquence. N’est-ce pas humiliant ? Les catholiques romains connaissent en général trop peu la Bible pour savoir ce qui s’y trouve ou non. Excepté les lieux communs de controverse avec les Protestants, ils ignorent à peu près l’Écriture, et sont tout surpris quand on leur dit qu’une chose ou une autre y est contenue, même quand il s’agit de choses importantes. Surtout ils ne la connaissent pas dans son ensemble, ne l’ayant presque jamais lue que sous la direction d’un prêtre, de leur confesseur. Le protestant peut lire sa Bible sans ce contrôle ; c’est une faveur réelle, un privilège précieux, mais à cause de cela même, combien est grande sa responsabilité !

 

4.1.3        [Ch. 3:2b-3a — La recherche de l’appui du monde]

«Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un voleur». C’est la manière même dont le Seigneur menace de venir sur le monde [1 Thes. 5:2]. S’il y a dans l’état du protestantisme un trait qui doive frapper plus que tout autre, c’est la disposition à rechercher toujours l’appui des pouvoirs du monde pour être délivré de la puissance du clergé et de l’église catholique. Tel a toujours été, et tel est encore, le piège dans lequel tombe le protestantisme.

 

[Le texte original a été élagué ici. Les parties supprimées correspondent à des allusions à des cas concrets spécifiques de l’époque de rédaction (Ed. 1901)]

 

… Des attaques sont faites [par l’état] contre les dîmes [prélevées], et voilà qu’on crie à l’église en danger ! Pourquoi cela, alors que ce genre de richesses n’est en réalité que de la pauvreté, et est la honte évidente d’une rechute dans le judaïsme. Qu’est-ce qu’auraient pensé les apôtres d’une revendication si terrestre et si opposée à la vraie et céleste séparation du corps de Christ ?... S’appuyer sur le monde fait entrer le monde dans l’église ; et si ceux qui sont pieux se plaignent qu’on donne autant de réputation aux incrédules qu’aux croyants, voilà les conducteurs qui s’empressent de crier qu’il ne faut pas juger…

 

 

4.1.4        [Ch. 3:3b — Venue du Seigneur comme pour le monde, elle n’est pas désirée]

Le Seigneur avertit donc l’ange de l’assemblée de Sardes que s’il ne veille pas, il viendra sur lui de manière inattendue comme un voleur, «et tu ne sauras point», ajoute-t-il, «à quelle heure je viendrai sur toi». Ce n’est pas du tout ainsi qu’il est parlé de Sa venue pour les Siens. Ceux-ci l’attendent constamment ; sa venue est leur joie ; comment les surprendrait-elle comme un voleur ? Ils soupirent après sa présence plus que la sentinelle après l’aube du jour. La figure d’un voleur qui vient inopinément ne peut convenir qu’au monde et à ceux dont les pensées sont comme celles du monde. Comparer 1 Thes. 5 avec 1 Thes. 4 ; Matt. 24:43 avec Apoc. 16:15. Si les gens marchent dans les choses divines avec ceux qui sont mondains, non seulement ceux qui ne sont pas nés de nouveau sont en danger d’être trompés, mais les croyants perdent la joie des relations qui leur sont propres. Le monde est attiré par les bonnes œuvres et les beaux discours qui trompent les cœurs de ceux qui ne sont pas sur leur garde.

Cet avertissement solennel suppose donc que l’assemblée de Sardes avait cessé d’attendre pratiquement le Seigneur qui, Lui, les attendait. On passe facilement à un état où on Le redoute comme un juge. Ayant glissé dans le monde, ils partageaient ses craintes et ses anxiétés. Ils avaient perdu le sentiment de la paix profonde que Christ a laissée aux Siens. Dans un tel cas, les âmes ne se réjouissent plus à la pensée de Sa venue pour prendre à Lui ceux qu’Il aime. S’ils jouissaient de la sainte et douce espérance que Lui-même donne dans Sa parole quand il dit : «Voici, je viens bientôt», il ne pourrait être pour eux comme un voleur, dont la venue inopportune ne peut que troubler.

 

4.1.5        [Ch. 3:4-6 — Les vainqueurs]

«Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs». Il y en avait quelques-uns à Sardes qui n’avaient pas souillé leurs vêtements, et qui devaient marcher avec Lui en vêtements blancs, comme en étant dignes. Il se trouve donc là aussi, comme toujours, des âmes précieuses. Notre service est de les aider, et on doit être heureux de le faire si on le peut, pour qu’elles acquièrent une meilleure connaissance de la grâce du Seigneur — non pas, sans doute, en faisant peu cas de leurs voies mondaines, mais avec l’amour le plus profond envers eux à l’exemple du Seigneur : «Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées».

 

4.2   [Philadelphie]

4.2.1        [Ch. 3:7 — Quelque chose de tout nouveau]

Nous arrivons maintenant à l’assemblée de Philadelphie. Le contraste est grand.

«Et à l’ange de l’assemblée qui est à Philadelphie, écris : Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David, qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira». Chacune de ces paroles par lesquelles Christ se présente, diffère de ce qui est dit de Lui au ch. 1. Ceci marque le ch. 3 en général, et surtout la portion qui est devant nous. On l’a déjà vu au commencement de la lettre à Sardes qui s’en distingue nettement, malgré une allusion à la lettre à Éphèse. C’est comme un second commencement, et en cela il y a quelque analogie avec Éphèse ; toutefois le Seigneur est présenté sous un aspect tout à fait nouveau. Christ, ayant les sept esprits de Dieu, diffère entièrement de la première description qui nous est faite de Lui, et des suivantes. C’est un nouvel état de choses ; il apparaît d’une manière encore bien plus évidente dans les détails de Philadelphie. «Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David» : rien de semblable n’avait été dit du Seigneur au premier chapitre.

Dans le ch. 2, ce qui est dit du Seigneur est une répétition de ce que Jean venait de contempler dans sa vision. La seule exception se trouve dans l’épître à Thyatire où il est nommé le Fils de Dieu ; Thyatire marque ainsi un état de transition, le commencement d’un changement de condition. C’est l’Église dans sa responsabilité, mais sans puissance réelle, car elle est un corps ecclésiastique qui fait horreur aux yeux du Seigneur, malgré un résidu qui lui est cher. Cet état continue jusqu’à la fin et introduit la venue du Seigneur, ce qui n’est le cas pour aucune des trois premières assemblées. Les mots qui sembleraient s’y rapporter dans ce qui leur est adressé ont trait seulement à des menaces de jugements présents, tandis que dans les lettres à Thyatire, Sardes et Philadelphie, nous trouvons la mention de la venue du Seigneur à cause de la condition de l’église qui se poursuit jusque là ; pour Thyatire la mention de la venue du Seigneur est donnée à titre personnel au résidu ; pour Sardes elle est mentionnée en jugement. Mais pour Philadelphie, la mention de la venue du Seigneur est entièrement en grâce, comme une espérance brillante proche.

En effet, c’est à Philadelphie qu’est spécialement manifestée la personne du Seigneur dans Sa gloire morale, ce qu’Il est, pas simplement ce qu’Il a. C’est Christ Lui-même, Christ que la foi découvre revêtu d’une nouvelle beauté de sainteté, qui ne dépend pas de la vision de gloire vue auparavant, mais de ce qu’il est réellement en Lui-même : «le saint, le véritable». Plus que cela, c’est Christ, vu selon toute l’étendue de Sa gloire. Absorbé par Lui et se reposant dans Son amour, le cœur trouve son délice dans tout ce qui est Sien. La foi découvre que le saint, le véritable, est le même qui a la clef de David, c’est-à-dire Celui auquel se rapportent les prophéties de l’Ancien Testament, de sorte que maintenant celles-ci peuvent être librement introduites ainsi que les vérités relatives aux diverses dispensations. Il est «celui qui ouvre, et nul ne fermera». Son contrôle est garanti.

 

4.2.2        [Ch. 3:8a — Peu de force]

«Je connais tes œuvres, voici J’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer, car tu as peu de force». Il y a maintenant une parfaite liberté, liberté pour le culte et le service du Seigneur, liberté pour quiconque veut servir le Seigneur. Ils ne sont pas caractérisés par des œuvres puissantes comme celles qu’il y avait avant. Sardes a pu faire de grands exploits, mais Philadelphie ne connaît rien de la sorte. Sommes-nous satisfaits d’être petits ? de ne pas être estimés par le monde ? de ne pas susciter l’étonnement et l’admiration des hommes ?

Philadelphie n’a pas de notoriété ; elle est formée par la foi en un Christ rejeté. Nous savons tous combien on faisait peu de cas de Lui sur la terre ; il en est ainsi des saints à Philadelphie ; cette communion avec Lui, n’a-t-elle pas de prix à Ses yeux ?

 

4.2.3        [Ch. 3:8b — Ne pas renier son nom]

«Tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom». Jésus avait montré combien Il appréciait la parole de Son Père et Il aimait le nom de Son Père, Lui qui seul, en parlant de Lui-même, avait pu dire avec vérité à Satan : «L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». La même vie dans la dépendance de la foi distinguait les saints de Philadelphie. Dans leur mesure, chacun d’eux pouvait dire avec l’apôtre : « pour moi, vivre c’est Christ ». Il peut sembler à certains que c’est peu de choses de ne pas renier le nom de Christ ; pourtant rien n’est plus précieux au Seigneur. À Pergame, il avait été question de ne pas renier sa foi, mais ici, il s’agit de Lui personnellement tel qu’Il a été révélé. Ce qu’Il est, voilà le point capital : une simple orthodoxie ne suffit pas ; il faut tenir à Sa personne quoique absente ici-bas, et à la gloire qui Lui est due dans nos âmes.

 

4.2.4        [Ch. 3:9 — Retour du ritualisme]

«Voici, je donne de ceux de la synagogue de Satan qui se disent être Juifs — et ils ne le sont pas, mais ils mentent». N’est-ce pas le réveil de ce terrible fléau qui avait affligé l’Église des premiers temps, c’est-à-dire Smyrne ? N’en avons-nous pas entendu parler et ne l’avons-nous pas vu nous-mêmes ? Le protestantisme avait rejeté, comme nous le savons, une partie considérable de ce que les Pères avaient travaillé à introduire dans les esprits des hommes ; cependant, après tant de siècles, les mêmes tendances se retrouvent, de sorte que Dieu ayant maintenant suscité un nouveau témoignage, il s’élève un contre-témoignage : Satan fait revivre l’ancien esprit judaïsant, au moment même où Dieu affirme de nouveau le vrai principe de la fraternité chrétienne, et, par-dessus tout, fait que Christ Lui-même soit tout pour les Siens. Ici nous avons pour notre instruction le fait de la résurgence de la synagogue de Satan, ceux qui se disent être Juifs et ne le sont pas. Examinons les faits. À quoi tend en Angleterre ce que l’on nomme le puseyisme, sinon à faire renaître cet esprit de ceux qui se disent être Juifs et ne le sont pas ? Ce système n’est pas confiné à ce pays, mais on le retrouve en Allemagne, en Amérique et ailleurs ; en réalité c’est une parade dans la chair partout où existe le protestantisme. Cette tendance est une réaction soit au scepticisme de l’incrédulité, soit à la vérité qui les juge et les condamne tous les deux dès qu’il y a un peu de l’éclat de la lumière céleste. En voulant se maintenir sur un terrain religieux, les hommes tombent dans un système d’ordonnances légales. C’est là, je pense, ce qu’il faut entendre ici par la synagogue de Satan. Ils revendiquent le sacerdoce et pratiquent le ritualisme, qui sont tous les deux irréconciliables avec le christianisme.

Mais le Seigneur forcera ceux-là mêmes à reconnaître Son témoignage et Ses témoins qu’Il a suscités. Je ne dis pas quand, ni où, ni comment ; mais aussi certainement qu’Il vit, le Seigneur défendra la vérité qu’Il a donnée et redonnée pour Son nom. Seulement gardons ceci à l’esprit, que la faveur et la puissance divines disparaissent dès que les témoins perdent de vue Christ et se prêchent eux-mêmes. Puissions-nous avoir la grâce de demeurer vraiment en Lui. Sa parole est certaine : «Je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds ; et ils connaîtront que moi je t’ai aimé».

 

4.2.5        [Ch. 3:10 — L’heure de l’épreuve]

Ce n’est pas tout. Nous savons qu’un temps terrible doit venir sur ce monde : l’heure de l’épreuve, comme il est dit ici, ou heure de la tentation, non pas simplement heure de tribulation. Je pense que l’heure de l’épreuve embrasse toute la période apocalyptique, toute la période des « choses qui doivent arriver après celles-ci ». Ce n’est pas seulement l’époque redoutable où Satan, chassé du ciel, descendra plein de fureur, et où la bête, ayant reçu de lui sa puissante énergie, arrivera au sommet de sa puissance persécutrice, mais cette heure de l’épreuve inclut la période précédente de troubles et de séductions. L’heure de l’épreuve ou de la tentation est, à mon sens, un terme qui embrasse beaucoup plus que la grande tribulation d’Apocalypse 7, et encore plus que la tribulation sans égale qui doit tomber sur le pays d’Israël (Daniel 12, Matthieu 24, Marc 13). S’il en est ainsi, combien est riche et complète la promesse : «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée toute entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre». En vain les hommes essaieront d’échapper ; l’heure de l’épreuve doit venir sur toute la terre habitée : elle les atteindra où que ce soit qu’ils espèrent se cacher. Quelle bénédiction de n’être ici-bas que pour séjourner, nos relations étant vivantes avec Christ dans le ciel !

Ceux-là seuls échapperont, qui à l’appel de Christ seront ravis au ciel. Ils ne seront pas là au moment de cette heure. Remarquez bien que cela ne veut pas dire seulement qu’ils ne seront pas dans ce lieu-là, mais ils seront « hors de cette heure ». Quelle pleine et parfaite exemption ! Telle est la force de la promesse et sa bénédiction. Le moyen le plus simple et le plus sûr de garder quelqu’un de l’heure de l’épreuve, c’est de le sortir entièrement de cette scène. Les Irvingites avaient l’habitude de dire que le Seigneur avait son petit Tsoar (allusion au lieu où Lot a été mis à l’abri de la destruction de Sodome), mais ce n’est qu’une pauvre comparaison terrestre ! Ce n’est pas une question de lieu géographique, ou d’abri à distance et secret ; mais c’est un retrait complet de la période remplie par l’épreuve, ou tentation, qui va venir sur toute la terre habitée. Cela est merveilleusement assuré par l’enlèvement au ciel avant qu’arrive le temps d’épreuve sur le monde. Voilà la promesse qui est devant nous. Le résidu pieux d’entre les Juifs qui doit passer à travers une tribulation spéciale, plus terrible, mais circonscrite dans son étendue, devra s’enfuir de Jérusalem vers les montagnes pour échapper, jusqu’à ce que Jésus apparaisse en gloire, remplissant leurs ennemis de confusion. Mais il en est tout autrement pour les chrétiens. Combien les erreurs dans l’église prennent facilement une forme juive !

 

4.2.6        [Ch. 3:11a — L’attente de la venue du Seigneur]

«Je viens bientôt». Ici, Il ne vient pas «comme un voleur», mais pour la joie de ceux qui L’attendent. Le Seigneur aura fait revivre dans les cœurs la vraie espérance de Son retour ; il y en a qui attendent Christ ainsi maintenant, et c’est à eux que cette lettre semble particulièrement s’adresser. «Je viens bientôt» ; en principe, cela est vrai pour tous ceux qui sont réellement fidèles : heureux sont ceux pour qui Christ est tout ! Quelle association avec Lui en gloire Il promet ! Que ce soit notre part maintenant, dans la foi et dans la patience, gardant la parole de la patience de Christ [3:10].

 

4.2.7        [Ch. 3:11b-12 — Encouragement et promesse]

«Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». C’est une grande grâce de ne jamais revenir en arrière quand une vérité est connue ; ceux qui sont le plus en danger sont ceux qui ont reçu beaucoup, et reçu quelque chose de haute qualité. Veillez et priez. « Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées». Celui qui vaincra sera autant marqué par la puissance au jour de la gloire, qu’il est maintenant marqué par la faiblesse dans le contentement et la dépendance dans les voies présentes de Dieu en grâce. Il souffre avec Christ et attend Christ, si ce n’est avec Christ.

Être une colonne dans le temple de mon Dieu est autant une figure juste pour le jour de gloire, que la synagogue de Satan est une figure pour le temps présent. Car littéralement, il n’y a pas de temple dans la nouvelle Jérusalem. C’est le fait que celui qui a peu de force maintenant, sera manifesté fort dans ce jour-là et dans la présence bénie de Dieu. Ainsi avec chaque promesse, nous sommes associés à Christ dans toutes les scènes de félicité.

 

4.3   [Laodicée]

4.3.1        [Ch. 3:14 — Mépris du témoignage précédent]

Nous en venons maintenant à la dernière lettre adressée à l’ange de l’assemblée de Laodicée. Il suffit d’en dire quelques mots. « Et à l’ange de l’assemblée qui est à Laodicée, écris : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». L’église dans sa responsabilité sur la terre devait être mise de côté spécialement à la fin, du fait d’avoir été un témoin infidèle. L’état de Laodicée est, bien sûr, quelque chose de bien distinct, mais il résulte, à mon avis, de ce que le témoignage suscité précédemment par le Seigneur a été haï et méprisé. Si l’on méprise la grâce et la vérité appréciée par ceux qui attendent le Seigneur, on est en danger de tomber dans la terrible condition que la Parole met ici sous nos yeux. Christ cesse d’être l’objet aimé et qui satisfait le cœur ; il n’y a plus un sentiment tel de Sa personne qu’il conduit à L’attendre ; encore moins se glorifie-t-on dans la faiblesse, afin que la puissance de Christ demeure et se manifeste dans cette faiblesse même. Au contraire, on désire être grand et estimé des hommes, en sorte qu’on dit : «Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien». C’est un état qui laisse toute la place aux pensées et aux voies de l’homme.

C’est pour cela que le Seigneur se présente comme «l’Amen» ; la sécurité ne se trouve que dans le Christ de Dieu. Lui seul est «le témoin fidèle et véritable». C’est précisément ce que l’Église aurait dû être et n’était pas, et par conséquent Il doit Lui-même prendre cette place. C’était déjà le cas quand il était ici-bas en grâce ; et maintenant il doit reprendre cette place en puissance, en gloire et en jugement. Peut-on concevoir un blâme plus grand et plus solennel infligé à la condition de ceux qui auraient dû être Ses témoins fidèles et véritables sur la terre ? En outre, il est «le commencement de la création de Dieu». C’est mettre l’homme entièrement de côté, et cela est très justement à sa place car Laodicée est la glorification de l’homme et de ses ressources dans l’Église. Lui commence cette nouvelle œuvre dans laquelle Dieu a Ses délices selon Sa nature.

 

4.3.2        [Ch. 3:15-16 — tiédeur, neutralité et indifférence]

«Je connais tes œuvres — que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche». Ils sont neutres en principe et en pratique ; leur cœur n’est qu’à moitié du côté de Christ. Rien n’est plus propre à engendrer la neutralité qu’une position extérieurement juste, lorsque le jugement de soi-même n’est pas maintenu avec une sincérité pieuse. Plus on se sera trouvé au front de la bataille en portant la responsabilité du témoignage de Dieu, et plus on aura connu et professé connaître la grâce et la vérité de Dieu, — plus, s’il n’y a pas une marche selon la lumière, on retombera tôt ou tard dans un état de neutralité, sinon d’inimitié active. Car alors le cœur et la conscience ne sont pas animés et gouvernés par la puissance de l’Esprit de Dieu, par une foi vivante en Christ. On devient indifférent à tout ce qui est bon, et le seul genre de zèle, s’il en existe encore, ce sera pour ce qui est du premier homme, mondain et mauvais.

C’est là l’état de Laodicée. Le Maître déclare cet état si repoussant, qu’on ne s’étonne pas de ce que la plupart ne désirent pas en faire partie, ou que ce soit la phase la moins remémorée avant la disparition de l’église sur la terre.

 

4.3.3        [Ch. 3:17-18 — Les carences des Laodicéens]

Les gens rêvent en vain de progrès et se flattent eux-mêmes : «Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche. Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien et que tu ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu : je te conseille d’acheter de moi de l’or passé au feu ». Ils manquaient de tout ce qui était caractéristique du christianisme : « l’or » ou la justice divine en Christ, « afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs » ou la justice des saints, « afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies». Les Laodicéens avaient perdu la perception de ce qui a de la valeur pour Dieu. Tout était obscur quant à la vérité, et incertain quant au jugement moral. La sainteté et la saveur de la séparation avaient disparu.

 

4.3.4        [Ch. 3:19-22 — Appel à repentance. Promesse standard]

«Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi». Même là, dans cette triste condition, le Seigneur se présente plein de grâce pour répondre à tous leurs besoins.

 « Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux assemblée ».

Le mieux qui soit promis à la fin de cette lettre ne va pas au-delà de régner avec Lui. Or c’est ce qui est réservé à tous ceux qui auront part à la première résurrection, y compris aux Juifs qui souffriront à une époque ou à une autre, notamment à la fin sous le règne de la Bête [avec l’Antichrist]. C’est donc une méprise que de voir dans cette promesse une distinction particulière. Elle revient à ceci, c’est qu’après tout, le Seigneur se montrera fidèle, en dépit de l’infidélité. Il peut y avoir une foi individuelle réelle dans le plus misérable environnement, de la fidélité, et du dévouement. Mais tous ceux qui sont nés de Dieu et sont à Christ partageront le royaume.

 

5                        [Bref sommaire sur les lettres aux sept églises. Différences d’avec ce qui suit]

Telle est portée des sept églises auxquelles le Seigneur s’est plu à envoyer les lettres des ch. 2 et 3. Nous avons trouvé des raisons solides et des preuves abondantes dans leur contenu et dans le caractère du livre lui-même pour voir une signification bien plus étendue qu’une simple note historique sur les églises d’Asie qui en sont les premiers destinataires. Il est certain que Jean a écrit à ces sept églises ; mais il est faux d’estimer qu’il n’y a rien de plus dans ces lettres. « Les choses qui sont » est une expression inhabituelle et qui suggère autre chose. Le nombre 7 en lui-même est aussi significatif, ainsi que son fractionnement en 4 et 3. Et encore l’ordre du contenu de ces lettres ainsi que leur nature chacune séparément dirige la pensée vers une suite continue. Elles dépeignent les phases successives d’états ecclésiastiques variés de manière frappante, comme des objets du jugement du Seigneur — partant d’une menace sur la première jusqu’au vomissement de la dernière. En outre il est clair, d’après certaines expressions du langage de ces lettres, que certaines phases ne subsistent pas jusqu’à la venue du Seigneur tandis que les dernières (Thyatire jusqu’à Laodicée) subsistent jusque-là.

Ainsi, le texte des lettres fait ressortir que les trois premières églises sont distinctes des autres par leur caractère. Bien qu’elles soient toutes typiques et qu’elles se succèdent depuis le jour des apôtres, seules les quatre dernières servent à préfigurer les états successifs se poursuivant jusqu’à la venue du Seigneur. Les promesses aux vainqueurs de Thyatire, les menaces aux mondains de Sardes, et l’assurance consolante à ceux qui gardent la Parole de la patience de Christ à Philadelphie, et la sentence finale adressée à l’ange de Laodicée, sont suffisamment claires pour indiquer beaucoup plus qu’une application des lettres au passé. « Les choses qui sont » ne sont pas encore terminées [puisqu’elles sont] ; elles ne sont pas devenues les choses qui étaient. Qui serait assez hardi pour prétendre que l’heure de la tentation universelle est passée, ou que les fidèles en ont été gardés dehors ? Dira-t-on que le dernier stade de l’église sur la terre est atteint ? que Christ a déjà et définitivement vomi de Sa bouche son représentant final ? S’il en était ainsi, tous les saints sur la terre ne devraient-ils pas s’asseoir sous le sac et la cendre, déplorant une ruine irréparable ? On ne trouve pas trace de restauration une fois ce stade atteint. Le chapitre suivant décrit ce qui se passe ensuite. Il est de toute importance que nous tenions compte de tout cela si nous croyons à la crise de Laodicée et à la promesse au vainqueur de Philadelphie. Dans l’état qui existait alors à Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée, il y avait assez pour donner matière aux paroles du Seigneur. Mais qui croirait que chacune des lettres qui leur a été adressée ne laissait aucune place à un accomplissement beaucoup plus complet ?

À partir de là, l’Esprit de Dieu a conduit le prophète à avoir l’intelligence de ce qui suivrait la disparition complète des églises. Il s’agit dès lors des rapports avec le monde, avec quand même des témoignages de Dieu au milieu de troubles qui ne vont qu’en s’amplifiant. Désormais Ses témoins ont un caractère soit Juif soit Gentil, mais n’ont plus jamais le caractère d’église sur la terre. On voit des croyants, bien sûr, certains faisant partie du peuple élu, d’autres des nations ; mais nous n’entendons plus rien d’une condition de l’église après les ch. 2 et 3. Les saints Juifs sont expressément distingués des Gentils, ce qui est un état de choses incompatible avec l’Église dans laquelle de telles distinctions sont entièrement abolies en raison de l’essence même de sa nature. Christ a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans Sa chair l’inimitié afin de former les deux en un seul homme nouveau, ayant fait la paix, et afin de réconcilier les deux en un seul corps à Dieu par la croix, ayant tué l’inimitié par cela [Éph. 2:14-16]. Or un changement aussi radical est constamment méconnu aujourd’hui, et cela est une preuve frappante de la manière dont les faits patents de la Parole de Dieu sont habituellement passés sous silence.

 

 

6                        Chapitre 4

6.1   [Passage des ch. 2 et 3 aux ch. 4 et 5: Le changement]

Quand Jean a envoyé les lettres aux sept assemblées d’Asie, on pouvait se poser la question de savoir où était l’accomplissement des ch. introductifs 4 et 5. Ceux qui ne voient dans les sept églises que du passé n’ont rien à dire pour l’expliquer : tout est vague et creux. Les autorités historiques sont également prises en défaut. C’est le grand et impressionnant commencement des « choses qui doivent arriver après celles-ci », c’est-à-dire « après les choses qui sont » (= après le septuple déroulement des affaires ecclésiastiques). Les choses nouvelles ne peuvent pas commencer tant que les choses existantes, même prolongées, ne sont pas terminées. Le futur est en contraste avec l’état de choses présent ; mais le royaume du monde de notre Seigneur et de Son Christ n’est annoncé que longtemps après en Apoc. 11:15, et même alors, beaucoup reste à faire avant que ce royaume soit établi ici-bas selon Apoc. 20:4.

 

6.1.1        [À quoi correspondent les ch. 4 et 5 ?]

Les ch. 4 et 5 introduisent donc un intervalle du plus profond intérêt, et qu’il est important de distinguer. À partir du ch.6 les préparatifs de Dieu en rapport avec les hommes en général (qu’ils soient d’Israël ou des nations) et avec des résidus issus des deux, font suite à la période de l’église, et remplissent la période transitoire précédant la venue du règne sur la terre, en puissance et en gloire. C’est pourquoi nous y trouvons des dates, notamment la durée prophétique bien connue en Daniel exprimée par « un temps, des temps et une moitié de temps » ; dans l’Apocalypse cette durée est de 42 mois ou 1260 jours. Mais qu’est-il arrivé après que les lettres aux sept assemblées en Asie aient été distribuées, et de quoi rend compte cette vision glorieuse préliminaire dans le ciel que le prophète a contemplé du haut du ciel où il a été pris ? Cela n’implique-t-il pas que l’état de choses où se trouvent des églises est totalement passé, alors nous tous croyons qu’il subsiste encore maintenant ? Cela ne révèle-t-il pas l’action du trône de Dieu en jugement sur le monde « après ces choses », — cette action du trône ayant pour but de mettre le Seigneur Jésus en possession de Son héritage de toutes choses qui Lui a été promis depuis longtemps ?

 

6.1.2        [Sans être une prophétie, les ch. 2 et 3 éclairent toute la durée de l’existence de l’Église]

À parler strictement, l’Église n’est pas le sujet de la prophétie. Celle-ci s’occupe du monde, et annonce les jugements divins prêts à tomber sur le mal qu’il renferme, afin de faire place à la gloire selon la pensée de Dieu. Tel est le grand thème du livre de l’Apocalypse.

Mais, comme il y avait des assemblées chrétiennes quand il fut écrit, il a plu à l’Esprit de Dieu de faire précéder la prophétie d’une vue panoramique remarquable sur la condition de l’Église pendant tout le temps où elle subsisterait devant le Seigneur sur la terre. Nous avons vu avec quelle admirable sagesse cela nous a été présenté, de manière à convenir au temps où Jean écrivait, et cependant à trouver toujours une application pendant toute la durée de l’existence de l’Église. Ce n’est pas que tout pût être discerné à la fois ; la lumière allait croissant, mais elle suffisait toujours pour donner aux enfants de Dieu la connaissance de la pensée du Seigneur. Les églises dépeintes dans ces sept lettres sont « les choses qui sont », une phrase qui implique naturellement quelque chose qui se poursuit, qui continue. Ce n’est pas une prophétie ; cependant cela fournit, à mesure que le temps passe, une lumière divine sur les états successifs de la chrétienté. Néanmoins, selon la sagesse de Dieu, la venue du Seigneur demeure l’espérance toujours présente et constante du chrétien. De la sorte le Seigneur a pris soin de préserver contre un mauvais usage de Son instruction parabolique.

 

6.1.3        [Plus d’églises reconnues à partir du ch. 4]

Le changement en passant au chapitre 4 est donc immense, et les détails en font d’autant plus ressortir la vraie nature. Il n’y a pas de vision du Fils de l’homme au milieu des assemblées (églises). Il n’y a plus d’églises reconnues quand commencent « les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Apoc. 22:16 n’est pas une exception, car ce verset s’applique seulement au temps de Jean, ou, tout au plus, au temps où subsistait la condition existante des églises. Cette mention d’assemblées en Apoc. 22:16 n’est que dans les appels formant la conclusion de ce livre, et cela n’a rien à voir avec les choses prédites qui doivent succéder aux choses présentes. Le ch. 4 nous fait voir une vision toute nouvelle dans le ciel, après que soient terminées les choses existantes sur la terre.

 

[La traduction de tout le ch. 4 faite par l’auteur n’a pas été reprise ici. Sa traduction, semblable à celle de J.N.Darby, était nécessaire à cause des imperfections de la version autorisée anglaise, dite King James.]

 

6.2    [Ch. 4:1 — Après ces choses]

À l’époque où le chapitre commence à s’appliquer, le jour de l’Éternel n’est pas encore venu, mais un vaste changement préalable a pris place et a amené des visions étranges devant le prophète. La scène est transportée de la terre au ciel. Il n’est plus question d’églises : elles sont passées, elles ont disparu. « Après ces choses » le prophète vit, « et, voici, une porte ouverte dans le ciel », et la voix comme d’une trompette qu’il avait entendue, dit : « monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après ces choses » — nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament on ne trouve que cette phrase pourrait avoir le sens vague de « ensuite », spécialement dans cette partie de l’Apocalypse où elle est en contraste manifeste avec « les choses qui sont ». Il peut y avoir un bref intervalle, suivi par les choses qui vont arriver et doivent arriver « après ces choses », c’est-à-dire après l’état de choses où il existe des églises.

 

6.3   [Ch. 4:2-3a — Jaspe comme du verre]

Pour une telle vision, Jean fut immédiatement en Esprit ; et voici un trône était placé dans le ciel, et sur le trône quelqu’un dont l’apparence était semblable à une pierre de jaspe et de sardius. Les mêmes pierres, spécialement le jaspe, figurent dans les gloires de la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21) où son caractère cristallin aide à comprendre. Ceci a poussé certains à imaginer qu’il s’agissait de diamant, ce qui va à l’encontre de l’usage du mot. Il n’y a pas place là pour une telle spéculation, car ici le but est de montrer que le jaspe, tout comme l’or (qui n’est pas seulement pur, mais « semblable à du verre pur », 21:18) est au-dessus de tout ce qui est naturel dans son application symbolique. Naturellement le jaspe est semi-opaque et l’or totalement opaque. Ici en Apocalypse, il est souligné qu’ils sont translucides, ce qui ressort des termes « cristallin » pour le jaspe et « comme le verre pur » pour l’or (21:11,18). Le sardius est rouge-feu, et le jaspe n’était pas là pour s’opposer, mais pour renforcer l’apparence judiciaire de la gloire de Celui qui siégeait comme objet central de la scène ; il ne siégeait pas sur le propitiatoire, mais sur le trône. Il va juger le monde par le moyen de châtiments providentiels de sévérité croissante avant d’envoyer le Premier-né comme héritier de toutes choses pour introduire le royaume.

 

6.4   [Ch. 4:3b — Arc en ciel]

Dieu voulait juger ; mais il y avait autour du trône, un arc-en-ciel, en apparence comme une émeraude. Dieu montre par-là que, bien qu’Il soit sur le point de juger impitoyablement, Il se souvient de Son alliance ; ce n’est pas une alliance avec Israël, encore moins Sa grâce envers les saints, mais c’est une alliance avec la création sur laquelle beaucoup de coups vont bientôt tomber. Cela finira par la création délivrée de la servitude sous laquelle elle gémit encore : elle sera libérée de la corruption pour être placée dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu [Rom.8]. C’est ce dont bénéficiera le royaume de Christ avec pleine joie et paix, avant le jour éternel où toutes choses seront faites nouvelles dans le sens le plus profond.

 

6.5   [Ch. 4:4 — Les anciens sur 24 trônes]

Ensuite nous voyons «autour du trône vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre anciens (*) assis, vêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or». Ésaïe n’a pas vu une telle compagnie dans son ch.6, ni Ézéchiel que ce soit au ch. 1 ou en d’autre temps, ni Étienne en Actes 7, ni Paul en 2 Cor. 12. Daniel a vu des trônes, mais ils étaient vides. Jean les voit ici, occupés maintenant par 24 anciens, les chefs des 24 classes de la sacrificature (1 Chr. 24). Au ch. 5 v.8 ils exercent des fonctions sacerdotales, mais ils sont aussi une sacrificature royale ; ils portent des couronnes d’or et sont assis sur des trônes ; et leur costume est en accord. Peut-on douter qu’il s’agit de saints glorifiés ?

 

(*) Le mot « anciens » est un terme descriptif en pleine harmonie avec des rachetés célestes. Selon Héb. 11, il est déjà approprié pour les saints de l’Ancien Testament qui n’ont pas reçu les choses promises, bien qu’ils aient reçu témoignage par la foi, Dieu ayant eu en vue des choses meilleures pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas à la perfection sans nous. Ici ils sont vus rendus parfaits en même temps ; et assurément si le terme d’« anciens » est un terme de dignité, due au fait qu’ils ont rejeté la sagesse de ce siècle au profit de la sagesse qui vient d’en haut, ceux qui ont maintenant la pensée de Christ par l’Esprit peuvent bien aussi être appelés « anciens ». Les uns et les autres sont des anciens dans le sens de prémices (premiers fruits) de Christ avant la grande moisson qui doit suivre dans le jour à venir.

 

L’Écriture ne parle jamais d’âmes séparées du corps ni d’anges comme étant des saints glorifiés. Ceux qui sont symboliquement à la tête de la sacrificature céleste et royale sont au complet. Depuis le ch. 4 jusqu’au ch. 19 d’Apocalypse, quand le royaume vient en puissance et que les ennemis sont faits marchepieds de Christ, le nombre d’anciens ne change pas. D’un bout à l’autre ils restent 24 : il n’y a pas d’ajouts, tandis que si le terme « anciens » désignait les âmes des saints séparées du corps, combien ne faudrait-il pas en ajouter continuellement depuis le jour où Jean les a vus ? Les anciens ne représentent donc pas ceux qui ne sont pas revêtus et qui sont délogés pour être avec Christ [Phil. 1:23 ; 2 Cor. 5:2,4], mais la totalité de ceux dont les corps mortels ont été engloutis par la vie, les saints à la fois de l’Ancien et du Nouveau Testament changés à la venue de Christ et enlevés pour être avec Lui dans la maison du Père. La venue de Christ entre les ch. 3 et 4 concorde précisément avec les faits et la vision qui suivent. Quoi d’autre pourrait expliquer la disparition des églises ? Quoi d’autre peut expliquer la vision de représentants symboliques au complet destinés à la gloire céleste, qui accompagneront Christ quand Il viendra avec Ses saintes myriades pour exécuter le jugement contre tous les impies ? (voir Apoc. 19:14 ; Jude 15-16).

 

6.6   [Absence de l’enlèvement dans l’Apocalypse]

Certains s’étonnent de ce qu’il n’y ait aucune vision de l’enlèvement des saints au ciel, sinon peut-être de façon mystique au ch. 12 comme nous le verrons. Jean 14 en a clairement parlé ; 1 Thes. 4 et 5 ont révélés les différents caractères de la venue du Seigneur et du jour du Seigneur ; et 2 Thes. 2 a montré leur situation relative, en corrigeant les faux docteurs qui cherchaient à alarmer en lançant la rumeur que le jour était venu ; 2 Thes. 2 rappelle aux saints l’espérance de Sa venue et du rassemblement auprès de Lui en haut avant ce jour de terreur et de jugement pour la terre. C’est pourquoi la vision des 24 anciens sur des trônes et couronnés en haut doit fournir la preuve très nette que Christ est venu et a pris les Siens au ciel avant que la vision soit donnée.

Une autre considération solide confirmant cette remarque est que le caractère judiciaire de l’Apocalypse exclut cet acte merveilleux qui est un acte de grâce souveraine, totalement séparé des jugements ; l’Apocalypse ne comprend qu’ici ou là une parenthèse contenant une manifestation de miséricorde au milieu des jugements. L’enlèvement n’est donc pas décrit, mais présupposé d’une manière très claire et confirmée si fortement qu’aucune autre hypothèse n’est tenable.

 

6.7   [Ch. 4:5 — Le trône et les sept lampes]

Le trône ici n’est ni celui du Père ni celui du Dieu de grâce. De ce trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres. Ce n’est nullement l’expression du trône tandis que Dieu s’occupe de l’évangile de Sa grâce, ou qu’Il donne maintenant à connaître, par l’assemblée, aux principautés et autorités dans les lieux célestes, Sa sagesse si variée selon Son propos éternel dans le Christ Jésus notre Seigneur [Éph. 3:10-11] . Cette vision du trône convient très bien à la transition après que les saints soient enlevés, et que le monde tombe sous les coups de Dieu, avant que le Seigneur soit révélé du ciel avec les anges de Sa puissance, en flamme de feu, tirant vengeance de ceux qui ne connaissent pas Dieu, et de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus, qu’ils soient Juifs ou Gentils, aucune assemblée n’étant mentionnée sur la terre (comparer 1 Cor. 10:32) [2 Thes. 1:7-8].

Le symbole de l’action de l’Esprit concorde aussi avec le changement. Ce n’est plus des langues divisées comme de feu posées sur chacun en témoignage à toute l’humanité du Seigneur et Sauveur et de Son œuvre en rédemption ; mais ce sont 7 torches de feu brûlant devant le trône, la plénitude d’une lumière consumante et d’un jugement sur le mal. On est également loin de l’Esprit descendant comme une colombe sur le Seigneur Jésus ici-bas. Chacune de ces apparitions est appropriée. Ainsi en est-il ici pour les interventions judiciaires de Dieu qui sont sur le point de prendre place dans un monde apostat.

 

6.8   [Ch. 4:6a — La mer de verre]

« Nous avons un autel » dit Héb. 13:10 aux chrétiens Juifs « dont ceux qui servent le tabernacle n’ont pas le droit de manger ». Mais dans la scène ici dans l’Apocalypse, il n’y a pas d’autel. Il n’y en avait plus besoin pour ceux qui l’avaient déjà pleinement : les saints étaient dans les cieux (tandis que les Juifs avaient perdu leur autel, sauf comme forme). C’est d’autant plus frappant que le prophète voit devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal (à l’époque le verre était bien loin de ressembler à du cristal). Certains se sont donné beaucoup de peine pour déconnecter cet emblème de la mer de fonte où les sacrificateurs se lavaient, mais c’est en vain. Car c’est une allusion avec un contraste très significatif. Ceux qui ont été enlevés au ciel et sont glorifiés n’ont plus besoin du « lavage d’eau par la Parole » [Éph. 5]. C’est une mer de verre, non pas d’eau (on parle du contenu, non pas du matériau de la mer). Ceci montre qu’il ne s’agit pas de purification, mais de pureté établie, ce qui ne pourrait jamais être vrai des saints tant qu’ils ne sont pas changés à la venue de Christ.

 

6.9   [Ch. 4:6b — Les animaux au milieu du trône]

Ensuite vient un signe plus difficile à interpréter correctement. «Et au milieu du trône et à l’entour du trône, quatre créatures vivantes [ou : animaux] pleins d’yeux devant et derrière». Les principales créatures de la terre et de l’air (pas de la mer) qui furent sauvées de l’arche de Noé fournissent les formes ; le lion, le veau, l’homme et l’aigle. Elles étaient des emblèmes de la puissance, de la fermeté, de l’intelligence et de la rapidité, bien qu’en effet chacune aient six ailes, ce qui est un peu moins que la perfection en mouvement. C’était des chérubins, mais distincts de ceux d’Ézéchiel par incorporation des  qualités des séraphins d’Ésaïe. Ils étaient pleins d’yeux, non seulement devant et derrière, mais tout autour et au-dedans ; leur perception était complète et intrinsèque ; ils ne cessaient pas, nuit et jour, de dire « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu, Tout-Puissant, celui qui était, qui est et qui vient ». Ainsi ils célébraient le Saint et, en utilisant Ses noms de l’Ancien Testament, le Seigneur, Dieu Tout-puissant et Éternel (Jehovah) ; car c’est ce qu’on a ici au sens strict, plutôt que ce que nous lisons au ch. 1 v. 4 et 8. « Notre » Dieu et Père est totalement absent, même quand on a ce qui s’en rapproche le plus au ch. 1 (v.6) avec le Dieu et Père de Christ. Car les trois chapitre préliminaires, malgré tout le profit divin à en retirer et malgré qu’ils soient occupés du jugement des églises, ne sont que les voies d’accès à ce qui doit arriver après « les choses que tu as vues » et « les choses qui sont » ; « ce qui doit arriver » est ce qui est prophétie au sens propre et strict dans ce livre.

 

6.10                      [Anges au ch. 5, et pas au ch. 4]

On remarque l’absence complète de mention des anges au ch.4, tandis qu’ils apparaissent nettement au ch. 5 v. 2, 11, 12. Voici ce qui suggère la solution de ce problème souvent soulevé. Car les animaux (créatures vivantes) possèdent en eux-mêmes les attributs de puissance providentielle pour l’exécution des jugements ; la comparaison des ch. 4 et 5 souligne le changement dans l’administration ; on passe des anges qui sont maintenant les agents actifs, aux rachetés qui doivent l’être. C’est pourquoi au ch. 4 les anges sont pour ainsi dire fondus dans les animaux (créatures vivantes) ; au ch. 5 les anges sont distingués à part, du fait qu’il y a les cohéritiers de Christ et que c’est à eux que sera assujettie la terre habitée, et non pas aux anges (Héb. 2). Les traductions de « bêtes » pour les « animaux » ou « créatures vivantes », et de « sièges » au lieu de « trônes » rabaissent le sens ; au ch. 6 v. 8, le terme pour « bête » est différent : c’est le sens littéral, alors qu’ailleurs animal est symbolique.

 

6.11                      [Ch. 4:9-11 — Les anciens et leurs qualités]

Il est beau de voir, comme on l’a souvent observé, que les anciens siègent impassibles sur leurs trônes devant le déploiement judiciaire de la gloire de Dieu, et devant les signes de Son déplaisir (les éclairs, les voix et les tonnerres) qui sortent de Son trône, avec tous les autres témoignages solennels des jugements à venir. Mais quand les animaux (créatures vivantes) donnent gloire et honneur et actions de grâce à Celui qui est assis sur le trône et qui vit éternellement, les anciens tombent sur leurs faces et rendent hommage, et jettent leurs couronnes devant le trône, disant « Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est à cause de ta volonté qu’elles étaient et qu’elles furent créées ». Ce n’est pas seulement de l’adoration, mais une adoration en pleine intelligence spirituelle. Ceux qui sont une nouvelle création en Christ entrent dans les droits de Dieu comme Créateur — ce que les habitants de la terre, spécialement les chrétiens apostats vont contester et nier. Le zèle des anciens est approprié quant au temps et au caractère. C’est à cause de la volonté de Dieu que tout existe et a été créé.

 

7                        Chapitre 5

7.1   [Apparition de l’Agneau]

On voit ici pour la première fois l’Agneau présenté spécifiquement et en détail. Ce n’était pas le cas au ch. 4 où on a vu le déploiement de la gloire judiciaire de Dieu dans ses divers caractères terrestres et dispensationnels, sauf Son plein caractère millénial, et sans Sa révélation spéciale maintenant comme notre Père.  En soi nous savons que le terme « Éternel Dieu » englobe et est appliqué au Père, au Fils et au Saint Esprit. Cependant le Saint Esprit n’est pas vu dans Son unité de personne et d’action, mais dans la variété de Son action gouvernementale comme sept Esprits de Dieu envoyés sur toute la terre ; et le Seigneur Jésus n’est pas encore distingué en tant que tel. La vision glorieuse de Celui qui est assis sur le trône peut donc inclure à la fois le Père et le Fils ; c’est plutôt Dieu comme tel, que la révélation de chaque personne dans la Déité, — la nature générale et générique, non pas la distinction de personnes.

 

7.2   [Il faut que la dignité et la gloire de l’Agneau soient manifestées]

Mais ici, au début de ce ch. 5, un défi est lancé, qui manifeste d’un coup la gloire, la dignité et la victoire de l’Agneau, Celui qui a souffert, saint et rejeté de la terre, dont le sang a acheté pour Dieu ceux qui étaient sous le péché, — toute la création en fait. Il doit y avoir en conséquence la pleine bénédiction de l’homme et de la créature, de la part de Dieu ; et il doit y avoir des saints, non seulement délivrés, mais avant même la manifestation de leur délivrance, il faut que ces saints soient conduits à la pleine intelligence des pensées et de la volonté de Dieu. Il faut que Christ soit autant la sagesse de Dieu que la puissance de Dieu [1 Cor. 1:24]. Sans Lui, aucune créature ne peut saisir Ses voies et Ses propos, pas plus qu’un pécheur ne peut connaître le salut sans Lui. Nous avons besoin de Christ pour tout, et combien nous sommes bénis de l’avoir ! Ainsi quelle que soit la gloire devant le prophète au ch. 4, ce qui suit au ch. 5 montre la merveilleuse personne, et la manière dont l’homme est amené dans la conscience de la bénédiction et dans l’appréciation du plan divin et de la gloire divine.

 

7.3   [Ch. 5:1-5 — Le défi et l’Agneau qui prend le livre. La dignité de l’Agneau]

« Et je vis dans la droite de celui qui était assis sur le trône, un livre, écrit au dedans et sur le revers, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, proclamant à haute voix : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? Et personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder. Et moi, je pleurais fort, parce que nul n’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. « Et l’un des anciens me dit : Ne pleure pas ; voici, le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux » (5:1-5).

Quelle créature pouvait ouvrir les sceaux ? Personne, nulle part. Mais suite à la proclamation de l’ange puissant, le Seigneur Jésus s’avance pour répondre à cette proclamation. Il relève le défi après avoir suffisamment attendu pour que soit prouvée l’impuissance de tout autre. La consolation apportée par l’ancien à Jean est ainsi pleinement justifiée ; car les anciens ont l’intelligence des choses. Et il voit que le Lion de la tribu de Juda est l’Agneau, le méprisé sur la terre, glorifié dans le ciel ; Il s’avance et prend le livre de la main droite de Celui qui est assis sur la trône. L’Agneau est décrit ici comme la racine de David ; à la fin (22:16) Il se décrit Lui-même comme la racine et la postérité de David. Combien grande est Sa grâce ! Alors tous, à la fois et ensemble, les animaux (créatures vivantes) et les anciens, tombent sur leurs faces devant l’Agneau et chantent un cantique nouveau.

 

7.4    [Ch. 5:6-10 — Puissance et Sagesse de l’Agneau]

« Et je vis au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre. Et il vint et prit [le livre] de la main droite de celui qui était assis sur le trône. Et lorsqu’il eut pris le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens tombèrent [sur leurs faces] devant l’Agneau, ayant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantent un cantique nouveau, disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (5:6-10).

L’Agneau a la marque d’une puissance et d’une sagesse parfaites, mais c’est par l’Esprit, en haut, tandis qu’auparavant c’était sur la terre (Actes 1:2). Les Siens chantent au sujet de Son sang qui a été versé.

 

7.5   [Ch. 5:11-12 — Changement d’administration. Les anges dissociés des animaux comme instruments de jugement]

Il est frappant qu’après tout cela, il nous soit dit ceci : « Et je vis : et j’ouïs une voix de beaucoup d’anges à l’entour du trône et des animaux et des anciens ; et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers, disant à haute voix : Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction » (5:11-12).

Ici les anges sont spécifiquement nommés. Comment se fait-il qu’aucun ange ne soit nommé au ch. 4 ? et pourquoi les avons-nous au ch. 5 ? Dans toutes les voies de Dieu dont parle l’Écriture, Il agit toujours d’après les raisons les plus sages, et l’Esprit nous encourage à nous en enquérir humblement, mais avec confiance. Voici donc ce qui paraît motiver cette différence : le fait que l’Agneau prend le livre et se prépare à en ouvrir les sceaux, marque un changement d’administration. Jusqu’alors, les anges avaient été les exécutants de la puissance de Dieu. Quand il était question de jugement à exécuter, ou de quelque autre intervention extraordinaire de Sa part, Dieu se servait d’eux comme d’instruments ; mais il semble qu’à partir de ce moment, nous détectons chez ceux qui sont du Christ en haut, le droit à un changement immense pour le monde à venir.

Le droit en titre des saints glorifiés est affirmé ici. Selon Héb. 2 le monde à venir ne sera pas assujetti aux anges, mais à Christ et à ceux qui sont Siens dans la gloire céleste. Ici il est donné au voyant un aperçu qui s’accorde avec la doctrine de Paul. Autrement dit, quand l’Agneau est introduit sur la scène, c’est alors, et non point avant, que les anciens (les saints glorifiés) et les animaux [les créatures vivantes — qui symbolisent les attributs nécessaires à l’exécution du pouvoir judiciaire] s’unissent pour célébrer, dans un cantique nouveau, les louanges de l’Agneau qui a été immolé. Ils chantent « Tu es digne … parce que tu as été immolé et tu as acheté… ». Ils sont donc associés d’une manière toute nouvelle ; et en même temps, pour confirmer le changement, les anges sont maintenant nettement distingués.

En admettant donc qu’auparavant l’administration de jugement fût entre les mains des anges, on comprend aisément qu’au ch. 4, ils ne soient pas distingués des animaux, parce qu’en fait, ceux-ci représentent d’une manière générale les agents qui exécutent les jugements de Dieu. Tandis qu’au ch. 5, comme il y a un changement dans l’administration, et que les anges, jusqu’alors exécuteurs des jugements, ne sont plus reconnus comme tels en vue du royaume, mais que le pouvoir est confié aux saints glorifiés, il est tout naturel que les anges reculent à l’arrière-plan d’avec les chérubins, étant remplacés et comme éclipsés par les héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ. Si auparavant on pouvait considérer les anges comme compris sous le symbole des animaux, ils se retirent de cette dignité et reprennent désormais simplement leur place comme anges. Ils ne font plus partie de ce symbole.

D’après cela, ce que représentent les quatre animaux peut s’appliquer à un moment aux anges, et à un autre moment aux saints. Le symbole ne montre pas tant les personnes auxquelles est confiée l’exécution des jugements, mais plutôt le caractère qui se rattache à l’action. L’Écriture fournit les éléments nécessaires pour déterminer qui sont les animaux ; au ch. 4, c’est par l’absence de toute mention des anges, eux qui, nous le savons, sont les êtres dont Dieu se sert dans Ses voies providentielles envers le monde, à la fois aux jours de l’Ancien Testament et aux jours du Nouveau Testament. L’Église est encore en voie de formation ; mais lorsqu’elle sera complète, et quand les saints glorifiés seront enlevés de la terre, et que le Premier-né sera reconnu avec Son titre, alors les saints glorifiés aussi seront reconnus avec le leur. Et nous pouvons facilement comprendre que, lorsque le Seigneur vient pour prendre le royaume d’une manière visible, ce changement d’administration doit d’abord être rendu manifeste dans le ciel, avant de se déployer sur la terre. Ceci étant admis, les conséquences du changement sont tirées au ch. 5. Le fait général est donc au ch. 4, et le changement administratif au chapitre 5. C’est pourquoi les chérubins et les anciens s’unissent pour chanter.

 

7.6   [Ch. 5:13-14 — Louange générale]

Une fois que la note retentit, tous les résultats sont anticipés par toutes les créatures : « Et j’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre, et au-dessous de la terre, et sur la mer, et toutes les choses qui y sont, disant : À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! Et les quatre animaux disaient : Amen ! Et les anciens tombèrent [sur leurs faces] et rendirent hommage » (5:13-14).

C’est en fait « la vive attente de la création qui attend la révélation des fils de Dieu » (Rom. 8:19). Mais la présence de ces fils de Dieu glorifiés en haut avant cette révélation, est d’une telle importance qu’avant même la délivrance effective, toutes les créatures en haut et en bas sont amenées par l’Esprit à faire entendre au ciel à qui cette révélation est attribuée. C’est semblable à ce qui arriva quand les soixante-dix rapportèrent au Seigneur sur la terre que les démons leur étaient assujettis en son Nom, et le Seigneur leur dit : « je voyais Satan tombant du ciel ». Tous voulaient suivre la note qui a d’abord retenti.