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Exposé des Actes des Apôtres
William KELLY
Paru de janvier 1882 à décembre 1890 dans le Bible Treasury; vol. 14 à 18.
1° édition comme ouvrage à part en 1890.
Traduction faite sur l’édition de 1952
Les sous-titres et divisions ont été ajoutés par Bibliquest
Sauf cas exceptionnels, les notes de discussions des textes grecs n’ont pas été reprises.
La traduction utilisée pour le texte Biblique est souvent celle de JND, mais la traduction propre à W. Kelly a été reprise occasionnellement, spécialement quand elle générait un sens ou un commentaire particulier. Le mot « Gentils » peut être remplacé par « nations » (= non Juifs).
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
1.2.3 Différence entre avoir la vie et le salut
1.2.4 Le don et les dons de l’Esprit (9:17)
1.2.5 Baptême. 1 Pierre 3:20-21
1.2.6 Rôle de l’imposition des mains (9:17)
1.2.7 L’appel de Paul et sa mission
1.3.1 Contenu des prédications de Pierre
1.3.2 Ce qu’Étienne a proclamé
1.3.3 Contenu de la prédication de Paul et de Jean
1.4.1 La formation de Paul à son ministère. Actes 9:23 et Galates 1
1.4.2 Attaques de l’ennemi contre Paul. Actes 9:23-25
1.7.1 Les guérisons s’appliquent à des incrédules
1.7.2 Un miracle du siècle à venir
1.7.4 Dieu se sert ici de Pierre
1.8.1 Le nom de Dorcas ou gazelle
1.8.2 La résurrection de Dorcas
1.8.3 Différences entre les deux miracles et leurs résultats
4.1.1 Un dessein et des voies pour Pierre différents de ceux pour Jacques
4.1.3 Voies variées de Dieu. La réaction d’Hérode
4.2.2 Ce récit vu par des auteurs profanes
5.1.4 Actes 13:2b. Pas d’ordination
5.4.1 L’évangile est basé sur des faits
5.4.3 Actes 13:19-20 — Pays tiré au sort ? — Les 450 ans
6.5 Actes 14:23 — Choix d’anciens
7.4 Actes 15:4-5. Rapports entre le concile et Galates 2
7.10.1 L’expression « frères anciens » de 15:23
7.10.2 Barsabbas et Silas — Liberté du ministère
7.10.3 Ordre des noms Paul et Barnabas
7.10.4 Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous. 15:28. Les conciles
7.11.2 Actes 15:32-34. Liberté du ministère. Omission du v. 34
7.13 Pierre n’apparaît plus. Sa défaillance de Gal. 2:11-16
On a ensuite la conversion de Saul de Tarse, selon un beau développement des voies de Dieu. Car d’un côté son zèle meurtrier inlassable contre le Seigneur Jésus et Ses saints devait faire de lui un témoin d’autant plus manifeste de l’évangile (c’est par la souveraine grâce et par la gloire céleste dans la personne de Christ brillant dans son cœur depuis en haut, qu’il a été arrêté) ; — d’un autre côté son appel immédiat à aller comme apôtre vers les Gentils était le début nouveau et précis d’un ministère à la louange de la grâce divine. Car bien loin de ce que le sang d’Étienne ait calmé l’enthousiasme enragé du jeune zélote qui consentait à sa mort, ce sang n’avait fait que le stimuler à oser une violence impitoyable contre tous les hommes et femmes qui invoquaient le nom du Seigneur ; et maintenant son zèle insatiable contre « la voie » l’incitait à prendre en chasse les saints éparpillés hors du pays.
« Or Saul, respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur, alla au souverain sacrificateur, et lui demanda pour Damas des lettres adressées aux synagogues, en sorte que, s’il en trouvait quelques-uns qui fussent de la voie, il les amenât, hommes et femmes, liés à Jérusalem. Et, comme il était en chemin, il arriva qu’il approcha de Damas ; et tout à coup une lumière brilla du ciel comme un éclair autour de lui. Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul ! Saul ! Pourquoi me persécutes-tu ? Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? Et il dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Mais lève-toi, et entre dans la ville ; et il te sera dit ce que tu dois faire. Et les hommes qui faisaient route avec lui s’arrêtèrent tout interdits, entendant bien le son [JND : la voix], mais ne voyant personne. Et Saul se leva de terre ; et ses yeux étant ouverts, il ne voyait rien (*) ; et, le conduisant par la main, ils l’emmenèrent à Damas ; et il fut trois jours sans voir, et il ne mangea ni ne but » (9:1-9).
(*) Ou : « personne », selon ce que lisent la plupart des manuscrits faisant autorité, certains anciens et bons [note Bibliquest : c’est aussi la traduction retenue par JND], bien que Aleph, A, B et la Vulgate et d’autres donnent le sens plus large de « rien ». Il peut être utile de noter le fait objectif et historique dans cette expression du v. 8, tandis que l’état subjectif figure dans le dernier membre de phrase du v. 7 et au début du v. 9 ; on retrouve un fait objectif dans la dernière partie du v. 9.
Il est merveilleux de voir ainsi le persécuteur principal appelé non pas simplement à être un saint, mais aussi un apôtre. La conversion du brigand mourant était une manifestation insigne d’une grâce appropriée à ce cas, et souveraine ; mais celle du persécuteur vivant, qui envoyait les saints en prison ou à la mort, était bien plus grande. Et si Pierre suivit le Christ rejeté depuis la Galilée jusqu’à Son ascension et à Sa gloire céleste, Saul commença par Son appel depuis le ciel, ensuite il partagea toujours Ses souffrances, jusqu’à ce qu’il finisse sa course en devenant conforme à Sa mort (Phil. 3:10). Il était apôtre, non de par un Messie vivant sur la terre, mais de par Celui qui a été glorifié après que Dieu le Père l’ait ressuscité d’entre les morts. Il commença son témoignage là où Pierre a fini le sien.
Le point de départ de Saul était sans précédent, et il donnait un tout autre caractère à son service, un caractère céleste. C’était une rupture complète d’avec Israël selon la chair, et il n’était plus question de la terre ni d’espérances terrestres. L’Homme ressuscité d’entre les morts et monté au ciel n’avait pas plus de relation avec une nation plutôt qu’une autre. La croix brisait toutes les éventuelles revendications de ceux qui avaient la loi, mais en elle était posé le fondement juste du pardon de toutes les fautes, en effaçant l’obligation qui était contre nous, écrite dans les ordonnances (Col. 2:14). L’association céleste avec Christ glorifié était maintenant révélée comme un fait présent pour que la foi le saisisse, en jouisse et le manifeste pratiquement sur la terre ; et Saul était choisi pour en être un témoin, aussi bien individuellement que corporativement, comme nul ne l’avait jamais été auparavant ; et personne ne l’a suivi en cela, car son cas ne donnait lieu à aucune succession.
Tel était l’homme qui, débordant de haine mortelle, désirait la plus haute approbation religieuse pour faire la guerre à mort contre tous ceux, hommes et femmes, qui invoquaient le Seigneur Jésus. Armé de la lettre du souverain sacrificateur, il approchait de Damas quand soudainement une lumière tomba des cieux comme un éclair autour de lui ; lui-même étant tombé à terre, entendit une voix l’accusant de persécuter Celui qu’il ne pouvait pas reconnaître comme Seigneur ; et Saul stupéfait, apprend à sa plus grande confusion devant Dieu que c’était Jésus, Jésus persécuté dans les Siens qui étaient un avec Lui. Découvertes accablantes pour toute âme quelle qu’elle soit ! Car la lumière, la « gloire de cette lumière », la puissance, la voix même, ne laissaient place à absolument aucun doute, d’autant plus pour quelqu’un comme Saul, qui en toute assurance et toute conscience était enflammé contre Son nom, et pensait faire une bonne œuvre en emprisonnant et même tuant Ses disciples, tellement sa volonté était déterminée, son zèle ardent, sa méchanceté franche, sous l’effet du préjugé religieux qui l’aveuglait.
Jamais une conversion ne fut si marquée par la gloire céleste (2 Cor. 4:4), et ceci de la part même de la personne de Christ parlant du ciel (Héb. 12:25). C’est par excellence la « grâce de Dieu » qui sauve qui lui apparut, renversant totalement et ouvertement la plus haute tradition terrestre, bien qu’elle fût aussi « la bonne nouvelle (ou évangile) de la gloire de Christ », comme nul autre, même parmi les apôtres, n’a pu en parler comme lui. C’est pourquoi il parle de « mon » évangile, ou « notre » évangile quand il se joint à d’autres compagnons. Ces expressions ne signifient pas qu’il y ait un objet ou des moyens de salut devant l’âme en dehors du seul Sauveur et Seigneur, mais elles découlent du caractère céleste de l’évangile, tout comme de la plénitude et de la souveraineté de la grâce qui s’y manifestent par-dessus tout.
En plus il y a dans les paroles de Christ, dès cette première révélation, le germe de la doctrine de l’assemblée qui est une avec Lui, Son corps, — ce que l’apôtre a été appelé à exposer et à appliquer par ses épîtres, comme par son ministère et sa vie, d’une manière et à un degré surpassant « les douze », malgré tout l’honneur qui leur revient à leur place. Cette manière particulière dont le Seigneur a fait de lui un témoin de premier ordre, et ce développement céleste de la vérité dont il a été spécialement le témoin, tout cela lui apporta des épreuves et des souffrances sans égales, non seulement venant du dehors, mais aussi du dedans, comme ses écrits et d’autres l’attestent abondamment.
Saul n’a pas été désobéissant à la vision céleste. Le judaïsme et le monde furent jugés dans son âme, et abandonnés pour toujours devant la certitude de la grâce salvatrice et de la gloire céleste en Christ dans le ciel, — Christ qui, maintenant, exerçait manifestement la puissance divine et l’autorité, et désignait d’un coup le nouveau et seul vrai chemin de souffrance et de patience pour le témoignage (en paroles et en actes) rendu à la grâce et à la vérité jusqu’à ce qu’Il vienne nous prendre auprès de Lui, là où Il est ; or ce chemin est conforme à celui qui a été le Sien, un chemin incomparable sur la terre. D’un côté, non seulement les Gentils (Romains, Grecs et tous les autres) combattaient contre Dieu, mais aussi la nation élue, les Juifs, et avec encore plus de vigueur ; d’un autre côté, le plus simple des disciples est maintenant un avec Christ sur le trône de Dieu, et les persécuter, c’est Le persécuter Lui.
C’est tout cela, et encore bien plus qu’un esprit tel que celui de Saul décrypta dans la révélation du chemin de Damas, — une révélation qu’il fallait aller en son temps par toute la terre, et que la puissance n’est que dans la foi et l’amour qui forment une vie de chrétien semblable à celle de Christ et pour la gloire de Christ, mais avec des effets notables même là où on la professe faussement. Cette révélation peut être noyée dans le sang, ou obscurcie par des nuages d’erreurs et de présomption de la créature, juive ou Gentile, ou pire même quand les deux se combinent pour nier le Père et le Fils. Mais néanmoins dans les objets sur lesquels elle porte, cette révélation s’élèvera au ciel avec la gloire immuable et impérissable qui entoure Christ, avant qu’Il soit révélé du ciel « avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ, quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru », et pour être à la fois Celui qui bénit et la bénédiction elle-même pour toutes les familles de la terre selon la promesse (2 Thes. 1:7-10).
On remarquera que le premier effet sur l’âme croyante et repentante de Saul fut l’esprit d’obéissance. La vie était là par la foi, et comme toujours, elle montre instantanément son vrai caractère par l’obéissance, que le Seigneur voyait. C’est ce qui est impliqué dans la dernière partie du Texte Reçu, laquelle forme la totalité du verset 6 : « Mais lève-toi, et entre dans la ville ; et il te sera dit ce que tu dois faire ». Dans son récit aux Juifs (22:10), Paul fait connaître que lui-même avait dit : « Que dois-je faire, Seigneur ? » L’historien inspiré ne le cite pas ici, bien qu’il le fasse plus tard là où c’était important. Mais en tous cas le Seigneur compte sur son obéissance, avant même qu’on puisse supposer Saul capable de saisir dogmatiquement la portée de l’aspersion du sang de Christ, et de se reposer en paix sur elle. La nouvelle nature vit dans l’obéissance, comme celle de Christ, dans la conscience et les affections de la relation de fils ; et ce sang purifie de tout péché dont le vieil homme était coupable. Avant même que l’âme née de nouveau connaisse la délivrance de toute culpabilité, le cœur est façonné pour obéir, non pas par la crainte d’un châtiment comme un Juif qui avait la mort sous les yeux, mais parce qu’il est attiré par la bonté souveraine et la soumission à la parole de Dieu. L’obéissance est la seule place et la seule attitude correctes de l’esprit régénéré, en contraste avec l’indépendance vis-à-vis de Dieu naturelle à l’homme, enfanté dans l’iniquité et conçu dans le péché (Ps. 51:5). La puissance vient dans le don du Saint Esprit, quand le croyant se repose sur la rédemption, et qu’il connaît toute sa méchanceté devant Dieu. Mais même à un apôtre, il doit lui être dit ce qu’il doit faire ; il ne lui est pas laissé le soin de le découvrir par lui-même.
« Et les hommes qui faisaient route avec lui s’arrêtèrent tout interdits, entendant bien le son (*), mais ne voyant personne » (9:7).
(*) Note Bibliquest : dans la traduction JND, le mot « son » est indiqué en note, mais le mot « voix » a été retenu.
Le mot signifie souvent « voix » comme il est justement traduit au v. 4, quand Saul entendit clairement ce que le Seigneur lui disait. Ici ses compagnons n’entendirent pas de paroles articulées, comme cela est dit expressément en Actes 22:9. Cependant ils entendirent que quelque chose était prononcé. Ici le mot « son » semble être une représentation plus exacte du fait décrit par l’expression. Ceci est confirmé par une différence remarquable dans la forme de la phrase grecque ; car le génitif (qui exprime le partage) est utilisé là où l’effet physique était incomplet, l’accusatif là où les paroles étaient communiquées en puissance. Le génitif est toujours utilisé quand il s’agit de réception spirituelle ; car au sujet de qui pourrait-il être dit qu’il a tout entendu ce que la voix du Fils de Dieu disait ?
En se relevant, Saul se révéla incapable de voir, aveuglé peut-on dire par une lumière excessive. On le conduisit donc par la main à Damas (9:8) et pendant trois jours, sans voir, il ne mangea ni ne but (9:9). Un travail profond se poursuivit dans cette âme capable de sentir la grâce et la vérité aussi profondément qu’il pouvait se juger lui-même selon la lumière de Dieu ; or cette lumière avait manifesté la méchanceté vaine du formalisme sous sa meilleure forme, et avait abattu le missionnaire zélé, armé d’un pouvoir d’inquisiteur, pour l’amener là où Job avait été conduit autrefois, — à avoir horreur de lui-même, et à se repentir dans la poussière et dans la cendre.
C’est ainsi que se déroula cette conversion d’un caractère très élevé et du plus profond intérêt, lourde de résultats universels qui ne passeront jamais. Le miracle trouvait sa justification, non seulement dans les principes moraux en jeu dans ce cas, ou dans la manifestation dispensationnelle à ce point des voies de Dieu, mais spécialement dans l’importance majeure d’une telle révélation céleste de Son Fils. Néanmoins Saul, bien que désigné pour exercer un ministère qui transcende celui de tout autre homme, entra, à sa conversion, dans la sphère de la confession chrétienne par la même petite porte que n’importe qui d’autre.
« Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananias ; et le Seigneur lui dit en vision : Ananias ! Et il dit : Me voici, Seigneur. Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie, et il a vu en vision un homme nommé Ananias, entrant et lui imposant les mains pour qu’il recouvrât la vue. Et Ananias répondit : Seigneur, j’ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem ; et ici il a pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom. Mais le Seigneur lui dit : Va ; car cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d’Israël ; car je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom. Et Ananias s’en alla, et entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il dit : Saul, frère, le Seigneur, Jésus qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli de l’Esprit Saint. Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles ; et il recouvra la vue ; et se levant, il fut baptisé ; et ayant mangé, il reprit des forces » (9:10-19).
Il y a beaucoup à apprendre du contact entre Ananias et le nouveau converti, jusque-là totalement étrangers l’un à l’autre, sauf que, par la rumeur publique, le premier connaissait bien l’inimitié féroce du second envers tous ceux qui invoquaient le nom du Seigneur. Il était lui-même un homme pieux selon la loi, ayant un témoignage irréprochable parmi les Israélites de Damas (22:12). Tel était l’homme qui avait eu une vision du Seigneur au sujet de Saul, comme Saul en avait eu une au sujet d’Ananias : les deux concordaient et confirmaient de la manière la plus simple et la plus importante le miracle opéré lors de la conversion de Saul. Si nous voyons parfois la puissance divine économisée si l’on peut dire, tous, même les plus simples, doivent reconnaître qu’ici elle abonde de manière frappante, et que ce qui était en vue à la fin le justifiait bien. Car dans le témoignage du nouveau témoin se développaient les manifestations de la grâce et de la vérité, - de l’évangile et de l’église, - du christianisme individuel et des bénédictions corporatives, - de la plus profonde vérité pour l’âme de l’homme, - d’une pleine défense de la justice divine, - de la sagesse passée des voies de Dieu manifestées, - des conseils futurs de gloire pour les cieux et la terre et l’éternité à la louange de Dieu et de Son Fils : les fondements de tout ceci, et plus encore, étaient déjà posés dès le début, comme ils ne l’avaient jamais été auparavant et n’auraient jamais besoin de l’être à nouveau. Ceux qui sont familiers avec les voies de Dieu dans Sa parole ne s’étonneront pas de toute la peine prise pour fournir des justificatifs extérieurs d’une exhaustivité inhabituelle et d’une force indubitable, de manière à empêcher toute accusation raisonnable de tromperie ou de connivence ? Le Seigneur s’en est occupé remarquablement : ne le méconnaissons pas.
Ananias avait reçu un message du Seigneur (9:10-12) qui, même en vision, fit éclater son extrême surprise. Quel déploiement exquis de libres échanges, produits par la grâce, entre le cœur du Maître dans les cieux et celui de Son serviteur sur la terre. Après qu’il lui ait été dit de chercher Saul dans la maison de Judas pour qu’il recouvre la vue, Ananias ose exprimer respectueusement des paroles à la limite de la remontrance (9:13-14) ; de Son côté le Seigneur récuse toute réticence en donnant l’assurance non seulement de l’abondance de Sa propre grâce, mais aussi de l’authenticité de la repentance de Saul qui le rendait propre pour le merveilleux travail auquel il était désormais appelé (9:15-16). Combien nous pouvons, nous aussi, épancher tous nos exercices de cœur en Son sein, combien nous pouvons compter implicitement sur Son intérêt plein d’amour, Lui qui a toutes choses à Sa disposition et qui s’intéresse à notre histoire du début à la fin ! Car Son regard d’amour repose sur les prières dans telle maison de telle rue, tout autant que sur la vaste étendue de vie chrétienne et de service chrétien depuis l’Arabie jusqu’à Damas, depuis Jérusalem et ses environs jusqu’en Illyrie, et même jusqu’à Rome, voire jusqu’en Espagne, où Son nom serait porté devant les nations et les rois et les fils d’Israël, — quand les nombreuses afflictions de Saul pour le nom de Christ surpasseraient ses nombreuses actions dans tout le monde de l’époque. En vérité, il était bien un vase d’élection pour le Seigneur, surabondant dans son travail d’amour, et sans pareil dans ses souffrances pour Christ.
Ananias obéit promptement, va à la maison où Saul logeait, et lui imposant les mains, lui dit la mission pour laquelle il était envoyé : non seulement pour que Saul recouvre la vue, mais pour qu’il soit rempli de l’Esprit. La force du message résidait en ce que le Seigneur Jésus, qui était apparu à Saul sur le chemin, envoyait maintenant surnaturellement Ananias pour lui transmettre Sa bénédiction. Combien il est évident que Dieu était à l’œuvre, et que le Seigneur Jésus était le révélateur de Ses pensées et le moyen de Sa miséricorde, comme Il est le resplendissement de Sa gloire et l’empreinte de Sa substance (Héb. 1:3) ; aussi sûrement homme que Dieu, et maintenant Homme glorifié à la droite de Dieu, qui sonde les reins et les cœurs, et qui dirigeait Ananias autant que Saul ! Si la vanité de l’homme dans le meilleur état s’imposait à l’évidence pour la conscience de Saul (et personne n’avait autant de motifs que lui de connaître ceci expérimentalement), la grâce de Dieu dans le Seigneur Jésus était aussi évidente. « Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles ; et il recouvra la vue ; et se levant, il fut baptisé ; et ayant mangé, il reprit des forces ». Saul se soumit au baptême comme n’importe qui d’autre. Il fut baptisé par un simple disciple, et lui-même enseigna ultérieurement les autres à ne pas attribuer d’importance au fait d’avoir été baptisé par lui plutôt que par quelqu’un d’autre (1 Cor. 1:14-17).
« Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus », écrivait-il aux Corinthiens superficiels, « afin que personne ne dise que j’ai baptisé pour mon nom. J’ai bien aussi baptisé la maison de Stéphanas ; du reste je ne sais pas si j’ai baptisé quelqu’un d’autre. Car Christ ne m’a pas envoyé baptiser, mais évangéliser ». La proclamation de la vérité dépasse de loin l’administration de son signe. Nous verrons ainsi que Pierre prêcha à Césarée, mais qu’il confia à d’autres le soin de baptiser Corneille, ses parents et ses intimes amis. On voit la même chose ici, car rien n’aurait été plus facile que d’employer un officiel, au moins « un diacre », si cela avait été désirable aux yeux de Dieu, qui ne prend certes pas plaisir à détruire l’ordre qu’Il a établi. Un « disciple » baptisant le grand apôtre des nations !
Mais le fait le plus frappant dans toute cette rencontre est le don de l’Esprit par le moyen d’Ananias ; dans le cas de Saul, la sagesse de Dieu a incontestablement brisé la méthode ordinaire de conférer l’Esprit par l’imposition des mains d’un apôtre, si tant est que, pour des raisons spéciales, des mains dussent être utilisées. Ici il est pris le plus grand soin de marquer que Dieu mettait dans la poussière toutes les prétentions humaines. L’intervention d’un disciple comme Ananias met la hache à la racine de l’orgueil officiel, et cela au moment même où le Seigneur appelait son serviteur le plus honoré de tous ceux qu’Il ait jamais daigné utiliser.
Il y a une autre remarque d’importance encore plus générale, mise en évidence par l’histoire de la conversion de Saul. Il ne faut pas confondre la réception de la vie et le salut, comme le font les prédicateurs et enseignants populaires. La vie est toujours donnée immédiatement, mais non pas le salut. Saul fut vivifié dès l’instant où il crut au Seigneur Jésus. Mais ceci est tout à fait distinct de ce que l’Écriture appelle le « salut », et nous voyons, dans l’état de Saul, durant les trois jours intermédiaires, un témoignage simple rendu à cette différence importante.
Quel examen de conscience ! (*) Quelles questions profondes se débattaient dans son âme durant ces jours et ces nuits où il ne mangea ni ne but ! Pourtant il y avait là la vie divine, durant tout ce temps, aussi véritablement qu’après ; il y avait aussi la foi dans la parole de Dieu, et dans la gloire de Celui qui l’avait jeté par terre et s’était révélé à lui et en lui. Mais était-ce là la paix avec Dieu ? Était-ce le repos ? Était-il délivré consciemment de toute condamnation ? On trouve le salut en croyant à l’évangile qui présente l’œuvre de Christ dans toute sa plénitude comme la réponse de Dieu à toutes les difficultés de la conscience et du cœur. Ce n’est donc pas une simple confiance dans le Seigneur pour une sécurité finale, mais une délivrance présente dont l’âme jouit. C’est dans cette délivrance que Saul était maintenant introduit. C’est pourquoi, c’est une grande erreur de parler de « salut en un clin d’œil », de « délivrance sur le champ », ou de quelque autre phrase standard des réveils superficiels qui ignore la parole de Dieu et émane de la confusion faite entre la vie avec le salut. Après avoir vraiment regardé à la personne de Christ et à sa puissance qui soumet l’âme, un profond travail se poursuit habituellement dans les âmes renouvelées, qui ne sont pas satisfaites de « la vie par un regard », et se trouvent face à la découverte accablante non seulement de tout ce qu’elles ont fait, mais de tout ce qu’elles sont, dans le mal et dans l’inimitié contre Dieu et contre Son Fils. Le « moi » est donc jugé dans la lumière, et l’humiliation est produite sans laquelle il ne peut y avoir de paix solide et stable. Dans le style de la prédication auquel je fais référence, on passe légèrement par-dessus tout cela, mettant les âmes en danger et leur faisant tort, tout en rabaissant la pleine vérité due à la gloire de Christ.
(*) Calvin n’y voit apparemment que de la terreur, et pense que l’abstinence de Saul fait partie du miracle. Peut-on concevoir une absence plus étrange de discernement spirituel ?
C’est là qu’on voit aussi l’importance pratique de distinguer la nouvelle naissance par l’Esprit d’avec le don de l’Esprit, sur quoi nous avons insisté à plusieurs reprises dans l’exposé de ce livre. La nouvelle naissance par l’Esprit va avec le fait de croire au Seigneur, une fois qu’on a été arrêté par la parole de Dieu au milieu des péchés positifs ou de la propre justice orgueilleuse. Le don de l’Esprit a lieu quand l’âme labourée par la parole et apprenant son mal sans espoir devant Dieu, humiliée autant que troublée, pourtant pas sans espérance, car on croit en Christ, — quand l’âme, dis-je, trouve dans l’œuvre parfaitement efficace de Celui qui est mort pour elle et est ressuscité, que son mal est totalement disparu, racine, branche et fruit, et qu’elle est en Christ, un enfant de Dieu et un cohéritier avec Christ, — quand l’âme trouve qu’elle est morte et ressuscitée avec Lui, et tellement libérée de tout ce qui est contre elle qu’elle peut vivre pour Dieu.
Ceci est représenté dans le symbole institué [baptême] auquel tout chrétien se soumet, l’ensevelissement avec Christ ; le salut est l’expression de ce privilège permanent. C’est pourquoi Pierre, dans sa première épître (3:21), introduit la comparaison avec l’arche de Noé, et avec le passage à travers les eaux de la mort comme moyen de salut ; ainsi Christ est mort personnellement et efficacement pour nos péchés, comme nous en esprit quand nous avons été baptisés. L’apôtre fait soigneusement la distinction d’avec le simple effet extérieur de l’eau, et attire l’attention sur la vraie puissance qui est dans la mort et la résurrection de Christ, ce dont le baptême est la figure. Cependant le baptême est expressément une figure non pas de la vie, mais du salut, du salut présent des âmes, — tout comme nous attendons la venue du Seigneur pour le salut de nos corps, quand nous Lui serons semblables, y compris extérieurement, Le voyant comme Il est.
Calvin soutient qu’Ananias a imposé les mains à Saul, en partie pour le consacrer à Dieu [c’est-à-dire en vue du ministère d’après ce qu’on comprend du contexte], en partie pour obtenir pour lui les dons de l’Esprit. Cela ne vaudrait normalement pas la peine d’être remarqué, car les deux choses sont totalement fausses, mais les erreurs des grands hommes bons sont spécialement dangereuses. Paul dit de lui-même qu’il est « apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Gal. 1:1). Nous ne pouvons trop veiller à rejeter l’erreur qui confond « le don » (δωρεα) de l’Esprit, ou, pouvons-nous ajouter, le fait d’être rempli de l’Esprit Saint, avec « les dons » (χαρισματα). Il n’apparaît pas non plus dans la suite du récit qu’Ananias ait reçu l’ordre d’enseigner Saul, ni que ceci fût impliqué dans le fait de l’avoir ensuite baptisé. Combien même les excellents de la terre font glisser facilement, ou ajoutent au saint dépôt de la vérité, et ainsi le corrompent ! Il apparaît plutôt qu’Ananias ait imposé les mains à Saul pour le guérir de sa cécité avant qu’il soit baptisé, après quoi il fut rempli du Saint Esprit, sans la moindre allusion à ce qu’aucun enseignement ait eu lieu après le baptême.
Ainsi l’appel et la conversion du grand apôtre sont placés simplement devant nous, et le récit qui en est fait contient le germe de ce qui allait être exposé dans ses épîtres, de ce qui allait être requis par les exigences de l’œuvre qui ont été l’occasion d’écrire la plupart des épîtres.
On peut remarquer que porter le nom de Christ devant les nations passe en premier (9:15), les fils d’Israël venant en dernier, les « rois » étant placés entre deux. Il devait être l’« apôtre des nations » (= les Gentils) (Rom. 11:13). Dans ce but, l’appel du Seigneur depuis le ciel était tout spécialement approprié. Sur la terre, Il n’avait envoyé que vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Quand Il envoie des cieux, Israël cesse d’avoir aucune place de ce genre. Auparavant toute l’humanité s’était unie et perdue dans une culpabilité commune. Les Juifs avaient même poussé les Gentils à Le crucifier. La supériorité d’Israël selon la chair avait donc totalement disparu. Désormais la grâce souveraine gouverne seule ; et c’est pourquoi, si certains doivent être nommés et mis en avant, ce sont plutôt ceux qui sont le plus dans le besoin [les Gentils]. C’est de ceux-là que Saul était spécialement l’apôtre.
« Et il fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas ; et aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant que lui est le Fils de Dieu. Et tous ceux qui l’entendaient étaient dans l’étonnement et disaient : N’est-ce pas celui-là qui a détruit à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et qui est venu ici dans le but de les amener liés aux principaux sacrificateurs ? Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, démontrant que celui-ci était le Christ » (9:19-22).
Désormais nous avons un nouveau départ d’importance au moins égale au précédent. Dès le début Saul annonça que Jésus était le Fils de Dieu. Cela donna un caractère nouveau et plus élevé à la prédication.
Les autres apôtres aussi savaient que Jésus est le Fils de Dieu, mais il n’est pas dit qu’ils l’aient prêché. Longtemps auparavant, Pierre avait confessé cette grande vérité avec une force toute particulière, et en conséquence, le Seigneur l’avait déclaré bienheureux ; car la chair et le sang ne le lui avaient pas révélé, mais Son Père qui est dans les cieux (Matt. 16:16-17). Pourtant nous ne trouvons jamais Pierre prêchant ou proclamant le Seigneur comme Fils de Dieu, ni à la Pentecôte ni après. Il présente Jésus crucifié comme ayant été fait et Seigneur et Christ. Il insiste sur Sa mort, Sa résurrection et Son ascension. Il Le présente comme envoyant du ciel le Saint Esprit, après avoir reçu du Père ce don promis. Pierre donne la plus grande importance à Jésus comme le Serviteur du Dieu d’Israël, maintenant glorifié, exalté par la droite de Dieu comme Prince et Sauveur pour donner à Israël la repentance et la rémission des péchés (5:31). Pierre Le prêchait ainsi pleinement, mais seulement comme le Messie, que Son peuple avait rejeté, que Dieu avait ressuscité d’entre les morts et qu’Il enverrait du ciel en son temps pour apporter toutes les bénédictions promises. Mais il ne va pas au-delà pour prêcher Christ, tout au moins dans ce que rapporte le livre des Actes.
Étienne était allé au-delà, en tout cas dans son dernier discours. « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Quiconque est familier avec les Psaumes et les prophètes, devrait avoir découvert, au moins à la lumière du Nouveau Testament, l’importance de ce nouveau titre. Assurément ce titre ouvre pour le Seigneur une gloire bien plus vaste que celle du royaume d’Israël. Le Fils de l’homme est établi, non pas seulement sur toute l’humanité, mais sur toute la création, à l’exception de Celui qui Lui a assujetti toutes choses (1 Cor. 15:27 ; c’est ce qui montre son immense portée). Au Psaume 8:5, il est indiqué que Son humiliation jusqu’à la mort était le fondement et le moyen par lesquels le Seigneur a acquis cette glorieuse suprématie, et qu’en conséquence, nous chrétiens, nous le voyons déjà couronné de gloire et d’honneur, bien que nous ne voyons pas encore que toutes choses Lui soient assujetties (Héb. 2:8). Daniel 7:13-14 Le montre venant avec les nuées des cieux dans cette même gloire [de Fils de l’homme], vers l’Ancien des jours, pour recevoir la domination, la gloire et un royaume, pour que tous les peuples, les nations et les langues Le servent — une domination éternelle aussi, qui ne passera pas, et Son royaume ne sera pas détruit comme tous les autres l’ont été. C’est dans cette gloire avant qu’Il vienne juger les vivants et les morts, qu’Étienne Le voit, à travers les cieux ouverts, à la droite de Dieu. Sans doute était-ce un spectacle accordé miraculeusement au premier martyr, mais ce dont il a rendu témoignage en haut nous est révélé aussi pour que nous le sachions, et que nous en profitions déjà maintenant par l’Esprit.
Saul de Tarse nous fait faire un immense pas en avant, car il annonce Jésus dans Sa gloire personnelle et divine comme Fils de Dieu. Il était réservé à l’apôtre Jean de donner son récit si admirable du Seigneur de cette même manière, et de montrer comment la gloire intrinsèque de Sa personne supplante tout objet précieux jusque là aux yeux d’Israël, — une gloire divine qui ne pouvait être cachée, bien que voilée dans la chair, et qui se manifesta lors de Son départ par l’envoi des cieux de l’autre Paraclet, une personne divine pourtant (non moins que Lui), l’Esprit de Vérité, venu non seulement pour Le glorifier, mais afin que nous ayons communion avec ceux qui ont le plus joui de Sa présence ici-bas : « or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3).
Il est bon de remarquer que Saul a prêché Jésus de cette manière « aussitôt » et « dans les synagogues » (9:20). Nous pouvons voir par là avec quelle puissance, — d’autant plus qu’indirectement le récit de Luc confirme ce qu’il dit explicitement aux Galates (Gal. 1:12), savoir qu’il n’a pas reçu l’évangile qu’il prêchait de la part de l’homme, ni qu’on le lui a enseigné, mais qu’il l’a reçu par révélation de Jésus Christ. Combien tout ceci est frappant, et si différent de ce qu’en disent ou pensent les hommes instruits et pieux ; et combien cela concorde avec le caractère de sa prédication, si distincte de tout ce qui avait été avant lui : il s’agit du même Jésus, mais Sa gloire est vue ni en relation avec Israël, ni comme conférée à cause de Ses souffrances, mais comme une gloire plus haute, et divinement personnelle !
Dire qu’il a été formé à cette ligne particulière d’enseignement par le moyen d’Ananias est plus digne d’un Corinthien que d’un réformateur, quoique ce soit naturel chez ceux qui mettent un accent exagéré et contraire à l’Écriture sur les éléments humains dans la formation des serviteurs de Christ. Dieu est souverain en ceci comme partout. Le Seigneur avait Ses propres buts en appelant Saul et Luc, comme en appelant Pierre et Jacques. Il peut appeler des gens instruits et des scientifiques aussi bien pour jeter du mépris sur l’orgueil de l’homme dans de tels domaines, que pour les utiliser comme il Lui plaît. Il peut par Son appel tirer des champs ou de la mer ceux qui n’ont jamais connu d’école afin de prouver qu’Il est supérieur à ce que ce monde de vanité apprécie démesurément. Mais Saul prêcha « aussitôt » et « dans les synagogues ». Quel témoignage rendu à la conscience que lui prêche Jésus, et qu’il Le prêche comme Fils de Dieu !
On notera que la version anglaise autorisée aussi bien que le Texte Reçu écrivent « Christ », au lieu de « Jésus » au v. 20 selon les meilleures autorités, ainsi que la version anglaise Révisée et d’autres fondées sur des autorités soigneusement collationnées [JND écrit aussi « Jésus »]. Il est assez probable que les copies tardives qui introduisirent l’erreur ont été influencées par des considérations ignorantes quasi-chrétiennes, à moins que ce ne soit une faute de mémoire qui s’est glissée puis perpétuée parmi ceux qui ne comprenaient pas les difficultés et les carences des Juifs auxquels Saul s’adressait. Leur prêcher le « Christ », ou le Messie, comme Fils de Dieu n’aurait pas servi à grand-chose et n’aurait guère rencontré d’opposition. Ils auraient tous permis ces expressions, même si personne n’en saisissait à fond l’importance. Mais la vérité majeure que Saul affirmait concernait Jésus, Jésus de Nazareth, et que Lui est le Fils de Dieu. Quoi de plus grave pour un Juif ? Accepter cela comme étant de Dieu c’était condamner le peuple, et spécialement les religieux, et se trouver soi-même dans la poussière devant le Crucifié (maintenant ressuscité et dans les cieux) pour qui ce titre divin était revendiqué dans le sens le plus élevé et le plus exclusif. C’était un tournant non pour le temps seulement, mais pour l’éternité.
Le changement remarquable chez le prédicateur [Saul] parlait aussi puissamment. « Et tous ceux qui l’entendaient étaient dans l’étonnement et disaient : N’est-ce pas celui-là qui a détruit à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et qui est venu ici dans le but de les amener liés aux principaux sacrificateurs ? » (9:21). Une telle conversion, s’ajoutant à son zèle présent pour la vérité, ne pouvait qu’impressionner fortement, ce qui était justement l’intention de la grâce qui avait opéré ce changement. « Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, démontrant que celui-ci était le Christ ». Ici « Jésus » ne conviendrait vraiment pas, et c’est bien « le Messie » qui est la vérité exprimée intentionnellement, car un progrès dans la vérité reçue et apprise de Dieu ne rabaisse pas un niveau inférieur de vérité qui est également de Dieu.
Mais la largeur de pensées et la capacité de prendre en considération un immense spectre de vérités variées et d’harmoniser le tout dans le Seigneur Jésus à la gloire de Dieu font partie des traits marquant de Son serviteur si remarquable. Le fait que Jésus soit le Messie doit toujours être un sujet capital quand on a affaire à des Juifs. Il y a des gloires plus élevées, comme nous l’avons vu, d’un intérêt et d’une importance majeurs, et aucune ne s’élève plus haut, au moins en principe, que Saul ne l’a fait dans ce premier témoignage [Jésus est le Fils de Dieu], selon ce qui nous est dit. Mais le point de vue le plus bas [Jésus est le Messie] avait comme avocat pressant et infatigable le même homme dévoué qui fut le premier à proclamer le point de vue le plus élevé. Aucun serviteur de Christ n’a jamais montré une telle largeur de cœur. Nous pouvons peut-être dire de lui, dans une sphère plus profonde et plus céleste, ce que Dieu dit de Salomon, à qui Il donna une très grande sagesse et une très grande intelligence, de sorte que Dieu le distingue par son « coeur large comme le sable qui est sur le bord de la mer » (1 Rois 4:29). La question du port d’une longue chevelure par la femme chrétienne, ou d’avoir la tête dûment couverte, est reliée pour lui (ces sujets trouvant là leur réponse) avec la vaste étendue de la création, la scène où s’exécute le propos de Dieu en Christ, qui met l’homme et la femme à leur vraie place l’un par rapport à l’autre, et qui introduit les anges même comme spectateurs censés agir sur l’esprit de ceux qui marchent par la foi, non par la vue (1 Cor. 11:3-16). Qui en dehors de Saul de Tarse, cherchant à résoudre un détail de conduite apparemment si petit, aurait jamais pensé à une telle portée dans l’application de l’ordre et des voies de Dieu pour maintenir Sa gloire morale ?
La croissance puissante de Saul ne signifie pas qu’il surmonta ses adversaires par des controverses, mais que l’Esprit le fortifiait ainsi par l’approfondissement de son âme dans la parole divine, ce qui sans aucun doute venait toujours plus à bout des armes chétives des opposants. Quelles qu’aient pu être ses capacités naturelles, quelle qu’ait pu être son éducation providentielle auprès de Gamaliel, c’était en ayant affaire pratiquement aux âmes, dans les synagogues ou individuellement, que la nouvelle nature, dans la puissance de l’Esprit, trouvait son vrai champ d’exercice ininterrompu.
Une conversion si soudaine, si surprenante et si profonde que celle de Saul (par sa nature, par son caractère, par ses connaissances et par sa position comme le plus zélé des adversaires juifs) ne pouvait que produire la plus profonde impression sur tous les observateurs, spécialement ceux de la circoncision. Quelle confirmation pour les disciples de Damas ! Combien il devait être impressionnant de l’entendre dans les synagogues proclamer Jésus comme le Fils de Dieu ! Combien cela était propre à confondre ceux qui niaient que Jésus soit le Christ ! La grâce de Dieu qui se manifestait ainsi ne pouvait qu’étonner tous ceux qui écoutaient. L’opposition même de l’ennemi inlassable était paralysée pour le moment.
« Et beaucoup de jours s’étant écoulés, les Juifs tinrent conseil ensemble pour le tuer ; mais leur complot fut connu de Saul. Et ils surveillaient aussi les portes, jour et nuit, pour le tuer. Mais les disciples, le prenant de nuit, le descendirent par la muraille, en le dévalant dans une corbeille.
Et étant arrivé à Jérusalem, il cherchait à se joindre aux disciples ; et tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple ; mais Barnabas le prit et le mena aux apôtres, et leur raconta comment, sur le chemin, il avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment il avait parlé ouvertement, à Damas, au nom de Jésus » (9:23-27).
L’Esprit de Dieu semble inclure dans les premiers versets l’espace de trois ans que l’apôtre passa en Arabie, un fait d’une grande importance parce qu’il faisait suite à sa conversion et qu’il est utilisé puissamment dans l’épître aux Galates (1:17) pour prouver combien peu l’homme, même les douze, ont eu affaire avec cela. Son appel n’était en aucune manière de la part de l’homme ni par l’homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui L’a ressuscité d’entre les morts ; il en était de même pour son évangile qu’il prêchait et qui n’était pas selon l’homme, ni reçu de lui, ni enseigné par l’homme, mais reçu par la révélation de Jésus Christ. C’était la volonté de Dieu qu’il soit indépendant de Jérusalem et des douze, — mais que son appel, son apostolat et l’évangile qu’il prêchait soient issus immédiatement de la source originale de la grâce, de la vérité et de l’autorité, le Chef-Tête ressuscité et Dieu Lui-même. C’était le moyen d’assurer ce qui était de la plus haute importance, non seulement à ce moment-là pour les saints des nations, et par la suite pour une intelligence correcte du christianisme, mais aussi maintenant pour notre profit spécial, si menacé à la fin des siècles avec la reprise de l’activité judaïsante, — la même qui s’opposait déjà au plein évangile au commencement, ainsi qu’au caractère céleste et indépendant du service et du témoignage de Paul.
Autrement il semblait plus extraordinaire encore pour Saul que pour Moïse d’aller en Arabie. Mais comme autrefois la sagesse divine avait pourvu là à ce long refuge pour le futur conducteur d’Israël, de même la rupture avec la chair fut complète dans le séjour plus court qu’y fit l’apôtre des nations, alors que personne sur la terre n’aurait pu imaginer qu’il pouvait y gagner pour lui-même un bon degré soit dans les questions humaines, soit dans les questions religieuses. Tels étaient les dispositions de Dieu, positivement et entièrement distinctes des voies humaines. Il ne prit conseil ni de la chair ni du sang. Il ne monta pas à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant lui, comme n’importe qui d’autre l’aurait estimé convenable, voire absolument nécessaire. Du côté de Dieu, c’était son dessein que Saul aille en Arabie et revienne à Damas, car c’était la mort au système juif sous sa meilleure forme, et à tout ordre successoral ; et dans le même sens il fallait alors, qu’après trois ans il monte à Jérusalem, non pour recevoir une mission des mains des apôtres, mais pour faire connaissance de Pierre, ne restant là que quinze jours, et ne voyant aucun autre apôtre sinon Jacques le frère du Seigneur. Car son ministère devait être le vrai et meilleur modèle de ce qui, selon la volonté de Dieu, devait suivre quand l’ordre temporaire à Jérusalem disparaîtrait, et que le Saint Esprit mettrait en lumière [a] tous les principes directeurs bénis d’un Christ céleste pour l’église, Son corps sur la terre, ainsi que pour Ses serviteurs individuellement ; [b] un ministère de sainte liberté, l’expression de la grâce de Dieu dans la pleine communication de Sa vérité, mettant au centre la personne divine et glorieuse de Christ, et reniant complètement la volonté de l’homme et l’orgueil du monde.
Mais, comme le Seigneur en avait précédemment averti Ses disciples, le monde hait ceux qui s’identifient à Christ comme il L’avait haï Lui-même ; et selon Sa parole, le monde les persécuterait comme il l’avait fait pour Lui. Et Saul en était maintenant la preuve aux mains de ses anciens coreligionnaires, toujours les plus acharnés. Les Juifs complotaient pour le faire mourir. « Ils vous excluront des synagogues ; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu. Et ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi » (Jean 16:2-3). Combien cela est manifestement vrai, et profondément vrai ! Personne n’en a expérimenté la véracité d’une manière plus frappante et plus continuelle que Saul de Tarse. L’épée de l’Esprit était si incisive dans ses mains, quelle qu’ait été la grandeur de son amour et de son humilité, qu’elle ne pouvait que susciter un ressentiment ne pouvant être assouvi, et l’inimitié mortelle de Satan. Et quand les Juifs allèrent même jusqu’à surveiller les portes de Damas jour et nuit pour pouvoir le tuer, les disciples qui appréciaient son amour ardent pour Christ et son zèle pour la bénédiction de l’homme, le prirent « de nuit et le descendirent par la muraille, en le dévalant dans une corbeille ». Il n’y avait pas de miracle là, mais une évasion assez ordinaire, sinon ignominieuse pour ceux qui voudraient attribuer au grand apôtre une auréole perpétuelle. Combien peu connaissent-ils la croix, Dieu et Ses voies !
Cette évasion des mains meurtrières à Damas, il la raconte (2 Cor. 11:32-33) dans le tableau merveilleux de ses labeurs dévoués et de ses souffrances qu’il dépeint aux Corinthiens, car ceux-ci aimaient leurs aises et étaient remontés contre l’apôtre par des ouvriers trompeurs déguisés en apôtres de Christ (2 Cor. 11:23-28). Combien ce tableau convenait admirablement pour faire honte à ceux qui faisaient attention à travailler et souffrir le moins possible, — et d’autre part pour transformer en amour ardent la plus faible étincelle chez les vrais serviteurs de Christ, depuis lors jusqu’à aujourd’hui ! Avant de parler de l’homme en Christ qu’il connaît (il s’agissait de lui-même bien sûr, ce qualificatif étant attribué à dessein), élevé jusqu’au troisième ciel, — et à la fin de la liste d’épreuves qu’il nous donne comme « hors de sens » dans son assurance de se glorifier si d’autres se glorifient dans la chair, — il termine cette liste par ce même incident de son évasion dans une corbeille ; ce récit est placé curieusement de manière isolée, mais il en est ainsi pour juxtaposer cette évasion dans une corbeille en bas de la muraille, à côté de son élévation au paradis pour des révélations extrêmement grandes (2 Cor. 11:32 à 12:4). Combinaison étrange, mais en même temps combien instructive : le même homme descendu par une fenêtre percée dans la muraille de la ville, est celui qui est élevé au ciel pour entendre des paroles ineffables ! Qui sinon Paul a jamais pensé se glorifier dans les choses qui concernaient sa faiblesse ? Car, s’il mentionne l’honneur extraordinaire qu’il a eu comme homme vivant, il prend soin de nous dire comment, pour contrebalancer toute auto-exaltation, il lui fut donné dès lors une épine dans la chair, un ange de Satan pour le souffleter.
Il vaut la peine de noter qu’en 2 Cor. 11:32-33, il y a une information supplémentaire, à savoir que l’hostilité rencontrée n’était pas confinée à la synagogue, mais partagée par l’ethnarque du roi de l’époque, sans doute pour faire une faveur aux Juifs, comme d’autres le firent ultérieurement dans une situation semblable : « À Damas, le gouverneur sous le roi Arétas faisait garder la ville de Damas, voulant se saisir de moi ; et je fus dévalé dans une corbeille par une fenêtre à travers la muraille, et j’échappai à ses mains ». Je donne cette citation, non pour confirmer la véracité du récit de Luc, comme si la parole divinement inspirée pouvait être inexacte ou avait besoin d’appui pour le croyant, mais pour donner un exemple supplémentaire du but moral qui règne dans toute l’Écriture, la véritable clé pour saisir cette manière d’agir particulière de Dieu, qui est aussi parfaite pour Sa propre gloire que pour la croissance de Ses enfants, — alors que cela pourrait fournir des matériaux à l’incrédulité de l’homme qui juge tout en se confiant dans sa puissance intellectuelle, laquelle est au mieux très limitée, même quand elle est la plus grande possible. L’information, bien importante à sa place, est un objectif mineur de la parole de Dieu qui fait entrer le fidèle dans la communion de Ses pensées et de Son amour.
Mais une nouvelle leçon très différente va commencer dans la ville des fêtes solennelles, où peu de temps auparavant « une grande grâce était sur eux tous, …et la parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » (4:33 ; 6:7). Car « étant arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples ; et tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple » (9:26). D’un côté, combien ce dût être douloureux, pour ce vase rempli d’affections divines, ce canal déjà débordant d’un témoignage de Christ allant au-delà de ces frères dans le doute, eux dont la grâce était si petite qu’elle mettait en doute la mesure de grâce la plus vaste qu’ils aient jamais eue sous les yeux ! Mais d’un autre côté, combien il est utile pour nous, et pour tous les saints, d’apprendre que personne ne doit être reçu sur sa propre responsabilité, mais d’après un témoignage adéquat émanant d’autrui ! Un inconnu, ou quelqu’un de connu seulement par des circonstances plus ou moins douteuses, doit normalement avoir une prodigieuse opinion de lui-même, ou être étonnamment aveugle aux obligations des autres, s’il s’attend à être accueilli dans les saints liens de Christ sur la seule base du bon rapport qu’il donne de lui-même. Et les enfants de Dieu sont irréfléchis ou indifférents à Sa gloire s’ils ouvrent la porte sans lettre de recommandation, ou à quelque chose d’équivalent et suffisamment satisfaisant (si la lettre de recommandation manque à cause des circonstances). Celui qui ne peut pas présenter quelque chose de ce genre devrait plutôt louer le soin de la gloire du Seigneur chez les Siens, même si cela nécessite un peu de patience ou un délai de sa part ; jamais plus qu’aujourd’hui il n’y a eu une époque où une telle vigilance était due aux intérêts de Christ et de l’église, à cause de l’état présent de celle-ci. Que les saints gardent seulement présent à l’esprit que dans ce domaine comme ailleurs, il ne s’agit pas de la lettre, mais de l’esprit. La preuve de la réalité à l’égard de Christ est, et devrait être, tout ce qu’on requiert, — tandis que l’indifférence à Son égard, quand on cède à tout devant une simple profession de Son nom, quand rien n’est assez bon marché, c’est le laxisme le plus fautif et le plus coupable. Le légalisme n’est pas bien, là où tout devrait être grâce, mais c’est au moins beaucoup moins indécent que le laxisme. Néanmoins, n’oublions pas qu’une personne sans scrupule peut facilement falsifier une lettre de recommandation.
Même si les saints sont ignorants ou ont des préjugés, le Seigneur ne manque pas. On Le voit ici susciter bientôt un instrument pour lever la difficulté. Car Barnabas « le prit et le mena aux apôtres » (Pierre et Jacques seulement, comme nous l’avons vu), « et leur raconta comment, sur le chemin, il avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment il avait parlé ouvertement, à Damas, au nom de Jésus » (9:27).
On a supputé que ces paroles de Barnabas étaient dues à ce qu’il connaissait déjà Saul auparavant, ou qu’ils avaient tous les deux étudié ensemble à Tarse, quand ni l’un ni l’autre ne connaissaient rien du Seigneur Jésus. Même si cela était vrai, et que cela ait satisfait les disciples, ce ne sont là que des échantillons de suppositions humaines, pour ne pas dire de faux principes — ce qui déshonore ceux qui cultivent ce genre d’interprétation de l’Écriture. Or comme la chrétienté a faim de tout ce qui tend à exalter le premier Adam (elle réclame même ce genre d’aliment), elle est sûre de trouver de la nourriture là où on ne se fie pas à la vérité telle que manifestée en Christ à la gloire de Dieu, et où n’apprécie pas cette vérité. La vraie clé n’est-elle pas fournie par l’historien sacré dans un aperçu de Barnabas donné ultérieurement en Actes 11:23-24 ? Quand il vit la grâce de Dieu, il se réjouit et donna des exhortations en rapport, car il était homme de bien et plein de l’Esprit Saint et de foi. Ce n’était d’ailleurs pas à Antioche seulement, ni premièrement, que la grâce opéra puissamment en lui, car longtemps auparavant il avait déjà été signalé par ce que Dieu avait produit en lui, en contraste avec Ananias et Sapphira qui s’étaient mis d’accord pour tenter l’Esprit du Seigneur (4:36-37 ; 5:1-2).
Combien un cœur miséricordieux peut faire beaucoup pour plaire au Seigneur, et aider ceux qui sont éprouvés, et combien les circonstances par lesquelles il cherche à le faire importent peu ! Pourtant combien souvent, quand une telle personnalité est formée et confirmée, une crise surgit, trop forte pour quiconque, sauf pour la direction présente du Seigneur qui est au-dessus de tout ce qui est de l’homme ; la grâce dans toute sa plénitude doit conduire, tandis que l’amabilité échoue. Barnabas en fut la preuve plus tard. Combien peu aurait-on pu imaginé que Saul serait celui qui réprimanderait Pierre ainsi que Barnabas (Gal. 2:13) de tolérer la chair ou la loi, qui mettent en péril la vérité de l’évangile ! Pourtant c’est ce qui arriva, et l’Écriture l’a dévoilé dans des paroles ardentes et impérissables pour nous préserver, dans notre faiblesse, d’une telle erreur. Combien il nous faut être reconnaissants de la condescendance de la grâce de notre Dieu qui tourne en notre faveur les erreurs même de ceux qui sont le plus honorés, — au lieu de les cacher ou de les couvrir en tout ou partie dans un véritable esprit de parti, ce qui est au déshonneur du Seigneur et cause un tort irréparable à nos âmes.
Notons bien que cette visite à Jérusalem (9:26-29) ne doit pas être considérée comme située directement à la suite des événements qui précèdent. Elle est citée ici pour compléter l’histoire de Saul jusque là, par le récit de sa première introduction auprès des saints de Jérusalem.
Un témoignage valable rendu à l’appel de la grâce divine est le vrai fondement d’une réception ; les antécédents particuliers de Saul le mettaient spécialement en relief. Le principe demeure aujourd’hui malgré que les circonstances soient très différentes aujourd’hui, dans les pays du monde dit chrétien : nous sommes dans un état de choses accommodant vis-à-vis des corruptions (morales, ecclésiastiques et doctrinales) qui abondent, et la profession chrétienne est aussi éloignée que possible de l’invocation du nom du Seigneur en face de l’opposition naturelle, et de la persécution privée ou publique. Il est extrêmement important que, pour chaque âme, tout se fasse pour Son nom ; c’est le seul passeport qui devrait être requis, car c’est ce qui Le magnifie ainsi directement, c’est la meilleure de toutes les sauvegardes contre le monde, la chair, et le diable ; car Son nom sonne le glas de tout mal, sous n’importe quelle forme variée. Les plus grands de la terre devront se courber devant ce Nom, et auront l’obligation de le reconnaître quand toute langue Le confessera comme Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2), mais déjà maintenant ce même Nom introduit l’esclave le plus opprimé dans la plénitude de la grâce, avec l’espérance vivante de la gloire céleste et éternelle. Bien que ce Nom ordonne à tous ceux qui le prononcent de se retirer de l’iniquité (2 Tim. 2:19), il ne menace personne ici sur le champ d’un jugement cuisant tel que celui prévu pour les hommes (quels que soient leur renommée, leur crédit ou leurs prétentions) qui n’apportent pas la doctrine de Christ.
Or l’assemblée, profondément engagée à s’occuper des intérêts ordinaires de ce Nom, cherche des témoignages fiables de la part de toute âme qui prononce ce Nom. Ceci donne une très grande portée à la foi et à l’amour chez les saints qui sont déjà au-dedans ; cherchant la gloire du Seigneur chez ceux qui Le confessent, ils sont selon leur mesure des témoins fiables, — soit pour recevoir un Saul de Tarse, soit pour rejeter un Simon le magicien. Car, si tous ont communion en tant que saints à ce qui est fait, et sont libres, et même tenus d’avoir des preuves qu’ils estiment eux-mêmes suffisantes, la preuve sur la base de laquelle ils jugent pratiquement repose sur ceux qui, jouissant de la confiance de tous, ont assez d’amour pour s’assurer de la vérité. L’église agit sur la base de témoins qu’elle croit. L’exemple frappant placé devant nous montre que nous pouvons être guidés dans la bonne direction pour faire notre devoir, même en présence de faits extérieurs tout à fait différents. Mais, l’église étant une institution divine et non une simple société volontaire de croyants, il y a un principe saint et sage qui gouverne (ou au moins qui le devrait, et qui le fera si c’est fait correctement), un principe qui manifeste la gloire du Seigneur, comme dans le cas de Saul. L’amour actif, animé par un œil fixé sur Christ, verra clairement et jugera justement.
« Et il était avec eux, allant et venant à Jérusalem, et parlant ouvertement au nom du Seigneur. Et il parlait et disputait avec les Hellénistes ; mais ceux-ci tâchaient de le faire mourir. Et les frères, l’ayant su, le menèrent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse » (9:28-30).
La liberté était donc goûtée aussi bien pour la communion que pour le témoignage. C’est un point essentiel du christianisme, qui fait d’ailleurs contraste avec la loi, laquelle génère la servitude. « Là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » (2 Cor. 3:17), ou selon le témoignage qu’Il rend Lui-même : « Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture » (Jean 10:9) . Le salut, la liberté, et la nourriture sont assurés par Sa grâce, et Saul le prouvait alors, même à Jérusalem. Qu’y avait-il de plus doux pour son âme que de goûter cette liberté là où la tradition aveuglait ses yeux encore peu de temps auparavant, et où le zèle pour la loi l’avait conduit à persécuter à mort la voie de la grâce divine, liant et emprisonnant hommes et femmes ?
Mais il y avait plus que ceci : il parlait ouvertement, ou hardiment, au nom du Seigneur, ce qui convient bien à un objet de la grâce. Si « ce jour est un jour de bonnes nouvelles », et assurément c’est le cas, plus que pour tous les autres jours précédents, comment pouvons-nous nous taire ? Les quatre lépreux ne se turent pas quand la famine accablait la ville de Samarie et qu’ils trouvèrent le camp désert des Syriens plein de toutes choses bonnes pour ceux qui mouraient de faim (2 Rois 7:9). Or à Jérusalem, où Saul était encore récemment un messager d’emprisonnement et de mort pour tous ceux qui invoquaient le nom du Seigneur, qui pouvait mieux que lui avoir une sainte assurance pour proclamer Son nom, et la foi en ce Nom, pour fortifier les faibles et libérer les captifs, pour donner la vie aux morts et la liberté aux opprimés, ou (comme il le dit plus tard) ouvrir leurs yeux pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu (26:18 ; Luc 4:19), recevant la rémission des péchés et un héritage parmi ceux qui sont sanctifiés par la foi en Christ ? (20:32). Car un témoignage libre et hardi en Son nom est le fruit de Sa grâce, et c’est aussi la liberté pour sa propre âme — dans cet ordre. Avant que la bouche s’ouvre hardiment pour faire connaître Sa grâce et Sa gloire aux autres, nous avons besoin nous-mêmes d’être libérés de tout obstacle, de tout fardeau, des doutes et des questions ; nous avons besoin de la liberté que donne Christ quand Il libère. Ce n’est pas aux anges que Dieu a soumis la terre habitable à venir mais à Christ qui donnera à Ses saints le privilège de régner avec Lui. Ce ne sont pas aux anges qu’Il donne la mission d’évangéliser, mais à Ses serviteurs qui étaient autrefois des enfants de colère comme les autres. Combien même les chrétiens oublient vite Ses voies, et retournent sous le joug d’esclavage et à un ordre de succession dans l’église qui est un ordre charnel, et aux rudiments du monde qui ont joué leur rôle fatal en crucifiant le Seigneur, pour se retrouver eux-mêmes maintenant, si l’on en croit Dieu, mis de côté et condamnés à mort à Sa croix !
Mais comme Saul nous le révèle, quand il fut appelé par grâce à avoir le Fils de Dieu révélé en lui pour qu’il puisse Le prêcher parmi les nations, aussitôt il ne prit pas conseil de la chair et du sang, mais il s’en alla en Arabie et retourna à Damas (Gal. 1:16-17). Même quand il monta à Jérusalem, c’était pour rendre visite à Pierre, non pas pour recevoir les ordres saints de sa part, ni pour suivre un parcours théologique, car il demeura chez lui quinze jours ne voyant aucun autre des apôtres, sinon Jacques, le frère du Seigneur (Gal. 1:15-19). Paul parle de cela avec une insistance impressionnante, comme d’un sujet de la plus grande importance pour la gloire de Dieu, afin que la vérité de sa mission indépendante soit établie à tout jamais et de manière indiscutable, car cette vérité était liée à l’évangile qu’il faisait connaître dans sa plénitude et avec une hauteur supérieures à tous les autres. À Jérusalem aussi nous voyons sa liberté totale et son témoignage hardi pour le nom du Seigneur.
Tout était ordonné pour que la vérité de l’évangile puisse se répandre parmi les Gentils, mais il maintient aussi le même principe et la même conduite avec les Juifs. Hélas ! ce n’était guère apprécié. Car d’un côté, les Gentils n’ont pas continué dans la bonté de Dieu, et dans toute la chrétienté ils sont revenus en arrière, comme un chien sur son propre vomi (2 Pierre 2), judaïsant de manière grossière au point de donner aux gens l’impression que l’évangile est une sorte de loi à demi améliorée et à demi mélangée, au lieu d’être la parfaite expression de la grâce de Dieu qui justifie les pécheurs impies par la foi en Christ, en vertu de Sa mort et de Sa résurrection. D’un autre côté, quand Saul s’est tourné au nom du Seigneur vers les Hellénistes, c’est-à-dire les Juifs de langue grecque, avec le zèle plein d’amour de quelqu’un qui hait les partis, pour transmettre la vérité qui l’avait libéré, ne cherchant pas leurs biens, mais eux-mêmes (2 Cor. 12:14), — ces Hellénistes trahirent combien ceux qui méprisent et refusent Son évangile sont peu soumis à la loi de Dieu, car ils cherchaient à le faire mourir. Ils n’étaient que la semence d’Abraham, et non ses enfants (Jean 8:33-44) : s’ils avaient été ses enfants ils auraient fait les œuvres d’Abraham. Ils avaient en réalité le diable pour père, un meurtrier et un menteur dès le commencement, et ils faisaient ses œuvres.
Il est inutile de s’appesantir sur l’erreur d’anciens manuscrits ou d’anciennes versions qui fait parler et débattre l’apôtre en ces premiers temps avec les « Grecs » [9:29 ; au lieu des « Héllénistes »] à Jérusalem. En fait c’était avec la même catégorie de personnes qui avait fourni les « sept » établis sur l’administration quotidienne, parmi lesquels Étienne et Philippe avaient été si grandement honorés y compris quant à la parole (6:1-5). Saul était d’autant plus tourné vers eux qu’ils n’était plus bigot, et il recherchait les Hellénistes d’autant plus qu’il avait été le chef le plus virulent dans la persécution qui avait suivie la mort d’Étienne. Maintenant il était exposé à leur haine mortelle ; « Et les frères, l’ayant su, le menèrent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse ». Il semble clair qu’il ne s’agissait pas de Césarée de Philippe, mais plutôt du siège du gouverneur romain, d’où il partit facilement par mer. Galates 1:21 ne présente pas de réelle difficulté, car il nous informe seulement qu’il alla alors dans les pays de Syrie et de Cilicie, ce qui était facile par bateau ; et les versets suivants affirment qu’il était encore inconnu des assemblées de Judée qui étaient en Christ.
« Les assemblées donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit » (9:31).
Il ne semble pas y avoir de raison valable pour faire de ce verset la conclusion du paragraphe précédent, car l’état de l’église dans toutes ces régions n’est pas censé être en rapport avec Saul en aucune manière. Elles étaient en train de soigner leur épreuve passée, et ce verset est plutôt une introduction au récit de la visite de Pierre qui suit immédiatement après ; dès lors, ce verset peut bien être pris isolément.
Après avoir décrit l’état paisible et prospère de l’église dans toute la Palestine, l’Esprit de Dieu se met maintenant à parler de Pierre. Celui qui opérait effectivement en Pierre, le grand apôtre de la circoncision, venait de nous montrer le vase puissant de Sa grâce appelé à travailler parmi les Gentils. Mais Saul de Tarse est laissé de côté pour le moment, et le visage familier de Pierre est placé devant nous, non pas à Jérusalem, ni encore en Samarie comme auparavant avec Jean, mais tout seul en visite en Judée. S’il y avait la paix pour l’église, il n’y avait en lui pas moins de puissance qu’au début, et il était toujours au premier plan depuis la Pentecôte.
« Or il arriva que, comme Pierre parcourait toute la contrée, il descendit aussi vers les saints qui habitaient Lydde. Et il trouva là un homme nommé Énée, qui depuis huit ans était couché sur un petit lit ; et il était paralytique. Et Pierre lui dit : Énée ! Jésus, le Christ, te guérit ; lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva. Et tous ceux qui habitaient Lydde et le Saron le virent ; et ils se tournèrent vers le Seigneur » (9:32-35).
La grâce se servit donc de l’apôtre, non pas simplement pour l’édification des saints, mais pour gagner de nouvelles âmes pour Dieu. Lydde, ou Lod, était alors une ville considérable — comme nous le dit Fl. Josèphe. Dieu opéra là un miracle en la personne d’Énée, pour retenir l’attention des incrédules. Il ne semble pas qu’il s’agissait d’un croyant, car il est simplement décrit comme « un homme ». En effet, en règle générale, les croyants n’étaient pas les objets de la puissance miraculeuse, même s’ils en ont été souvent les instruments. Timothée est exhorté par l’apôtre à user de moyens ordinaires : « Ne bois plus de l’eau seulement, mais use d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions » (1 Tim. 5:23). Épaphrodite suscita dans sa maladie de profonds exercices dans le cœur de Paul, et Trophyme avait été laissé malade à Milet par l’apôtre au lieu de le soigner. Le Seigneur s’occupe spécialement de telles personnes : Même un apôtre ne voulait pas interférer. Mais de même que les langues étaient un signe pour les incrédules, ainsi la puissance était libre d’agir sur eux pour la gloire de Dieu, et la guérison d’Énée si longtemps paralysé devint un témoignage frappant pour tous ceux qui demeuraient aux alentours.
La manière d’agir de Pierre et ses paroles sont remarquables : « Énée ! Jésus, le Christ, te guérit ; lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit ». Ce qui fut fait aussitôt : la puissance pour faire ses affaires, comme pour se lever. La puissance de Dieu s’exerçait dans ce cas grave d’un paralysé depuis huit ans par le moyen du vrai Christ rejeté. L’Éternel-Jésus était le guérisseur de toute maladie. Ce n’était pour le moment qu’un témoignage. Ce qu’Il faisait à petite échelle durant ce présent siècle mauvais n’est qu’un échantillon du monde et du siècle à venir. Alors Il se montrera Lui-même comme Celui qui pardonne toutes les iniquités d’Israël et qui guérit tous leurs maux, selon le Psaume 103:3, quand Son royaume dominera sur tout.
En attendant la parole de Dieu agissait, l’évangile était béni, car « tous ceux qui habitaient Lydde et le Saron le virent, qui aussi se tournèrent vers le Seigneur » (9:35). Leurs âmes furent impressionnées de sorte qu’ils portèrent attention à la vérité, et se tournèrent vers le Seigneur. C’était vraiment l’œuvre de l’Esprit de Dieu, et non pas simplement l’étonnement devant un miracle. Mais cela avait aussi la particularité d’être un mouvement d’ampleur touchant toutes personnes. Des communautés entières étaient amenées. Ce n’était pas seulement une profession ou des baptêmes : le Saint Esprit n’en parle même pas. Tous, en ces lieux, virent le paralysé guéri sur le champ au nom de Jésus, et ils se tournèrent vers le Seigneur. Certains qui semblent disposés à douter de l’œuvre de la grâce dans des maisons entières, et qui sont soucieux de la réduire au mieux à une simple reconnaissance intellectuelle du Seigneur, auraient profit à considérer la grande œuvre accomplie à Lydde à la suite de la guérison d’Énée. Les expressions utilisées ici sont totalement incompatibles avec une profession de foi par intérêt ; c’était une action vaste et réelle de la grâce divine, sans même que soit nommé le signe extérieur [du baptême] qui suivit sans aucun doute en tant que privilège conféré.
On peut ajouter que Kühnöl a complètement failli dans la grammaire comme dans l’exégèse, quand il voudrait faire simplement dire à ce passage que tous les chrétiens (savoir tous ceux qui s’étaient tournés vers le Seigneur) virent Énée tout à fait rétabli dans sa santé. Il est vrai que l’aoriste peut occasionnellement avoir ou requérir la force d’un plus-que-parfait, mais dans la phrase placée devant nous, un tel usage est non seulement injustifié, mais il détruit la puissance et la dignité du récit, tandis que le sens ordinaire maintient de manière très simple tout ce qui pouvait être désiré, couronnant le miracle opéré avec un résultat spirituel digne et béni, au lieu d’une fin si froide et si faible qu’elle sombre non seulement au-dessous de l’Écriture, mais au-dessous de tout écrit. Grammaticalement aussi, le relatif indéfini [voir : traduction WK] est juste le mot convenable pour introduire l’affirmation de nature ou de caractère moral.
Quelques-uns peuvent être intéressés à savoir que Lydde du Nouveau Testament n’est autre que Lod de 1 Chr. 8:12, Esd. 2:33, Néh. 7:37, 11:35, ainsi encore nommée actuellement. Ce n’était guère un village misérable comme le pensent MM. Webster et Wilkinson, si nous devons ajouter foi au rapport populaire du Dr Thompson qui représente cette localité comme une communauté florissante de quelque deux mille personnes, manifestement prospères et travailleuses, « cachées dans de belles plantations d’oliviers, de figuiers, de grenadiers, de mûriers, de sycomores et autres arbres, et entourées de toute part par un environnement très fertile ». Ono, Hadid et Neballat, autrefois associées avec Lod, sont encore présentes et distinctes, avec une apparence moderne.
De plus, bien que Calvin dise avec assurance que le Saron (ou Assaron comme il l’appelle) était une ville toute proche, et fasse peu de cas de la pensée de Jérôme selon laquelle ce nom désigne la plaine s’étendant entre Césarée et Joppé, il n’y a pas de raison valable de douter que ce premier traducteur [Jérôme] ait raison, et non pas le réformateur [Calvin]. Et l’exactitude minutieuse du texte grec fournit une preuve frappante au lecteur grâce à l’article qui précède Saron et non pas Lydde. Il en est toujours ainsi en Hébreu quand on se réfère au même district (1 Chr. 27:29 ; Cant. 2:1 ; És. 33:9 ; 35:2 ; 65:10), tandis que l’article disparaît quand le même nom s’applique à une localité différente de l’autre côté du Jourdain, probablement une ville des Gadites. Le Saron se trouve au nord d’un autre district, « le Sephalah », qui dans la version autorisée s’en tire plus mal que « le Saron », car il est dépouillé de son caractère de nom propre, et est réduit au terme vague et générique de « les vallées », ou « le pays plat ».
Ici donc l’énergie de l’Esprit se plaisait à glorifier le Seigneur Jésus et à bénir les âmes par le moyen de Pierre au moment même où la grâce souveraine préparait une autre serviteur de Christ, encore plus favorisé, non seulement pour proclamer l’évangile dans toute la création, mais pour compléter la parole de Dieu, spécialement le mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations. Mais un autre déploiement encore plus grand de la puissance divine allait bientôt suivre, ainsi qu’un témoignage de grâce tout spécial envers les Gentils par le moyen de Pierre lui-même, comme on va le voir au ch. 10, et selon une sagesse qui ne fait jamais défaut. Mais n’anticipons pas. La grâce voulait opérer très bientôt plus profondément et sans discrimination ; le côté céleste de l’évangile devait briller plus nettement et de manière qui convienne à Celui qui est assis, comme Homme glorifié, à la droite de Dieu. Mais il n’y avait pas eu manque de zèle chez Pierre dans son témoignage, ni manque de la puissance d’en-haut à son ministère, qui visait à rendre honneur au nom de Jésus et à répandre la bénédiction sur les âmes qui croyaient. Simplement tous les conseils divins devaient être dûment révélés et accomplis en leur temps ; et Dieu a Ses propres voies aussi convenables que Ses conseils. Et nous faisons bien de prendre garde à Sa parole qui révèle tout ceci, et encore bien plus, pour que nous soyons complètement accomplis pour toute bonne œuvre (2 Tim. 3:17).
Une autre circonstance du même genre dans un lieu différent donna l’occasion à la puissance de Dieu de se déployer par le moyen de Pierre encore plus merveilleusement.
« Or il y avait à Joppé une femme disciple, nommée Tabitha, qui, interprété, signifie Dorcas (Gazelle) ; elle était pleine de bonnes œuvres et d’aumônes qu’elle faisait. Et il arriva en ces jours-là, qu’étant tombée malade elle mourut ; et quand ils l’eurent lavée, ils la mirent dans la chambre haute. Et comme Lydde est près de Joppé, les disciples ayant appris que Pierre était dans cette ville, envoyèrent vers lui deux hommes, le priant : Ne tarde pas de venir jusqu’à nous. Et Pierre, se levant, s’en alla avec eux. Et quand il fut arrivé, ils le menèrent dans la chambre haute ; et toutes les veuves vinrent auprès de lui en pleurant, et en montrant les robes et les vêtements, toutes les choses que Dorcas avait faites pendant qu’elle était avec elles. Mais Pierre, les ayant tous mis dehors et s’étant mis à genoux, pria ; et, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit ses yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant. Et lui ayant donné la main, il la leva ; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante. Et cela fut connu dans tout Joppé ; et beaucoup crurent au Seigneur. Et il arriva qu’il demeura beaucoup de jours à Joppé, chez un certain Simon, un tanneur » (9:36-43).
Peut-on croire qu’un prétendu traducteur du Nouveau Testament, loin d’être ignorant, ose rendre ainsi le premier verset : « De plus, il y avait parmi les disciples à Joppé une femme nommée Tabitha, qui faisait toujours des bonnes œuvres et des aumônes » ? Je cite d’après la seconde édition de Gilbert Wakefield 2:27, bien que je ne puisse dire (n’ayant pas la précédente) si c’est un de ses améliorations par allègement, ou une simple reproduction de la première édition. C’est la note page 375 qui est si choquante : « J’ai laissé hors du texte l’explication impertinente de ce verset parce que, même s’il ne s’agit pas d’une interpolation, cela doit être ou ridicule ou incompréhensible dans une traduction ». C’est d’autant plus éhonté de la part de quelqu’un qui ne se permet pas une telle audace dans sa façon de rendre (entre autres passages) Jean 1:38, 41-42, qu’il traite tous trois convenablement. Or, de quoi s’agit-il dans notre passage ? C’est la vraie forme araméenne à cette époque dans ce pays ; la servante de Gamaliel portait le même nom, et Fl. Josèphe (B.J. 4.3.5) donne, comme Luc, le même nom, mais en grec, à la mère d’un certain personnage truculent Jean, comme le lecteur peut le voir dans « Tr. » du Dr Traill 2:64. Le mot hébreu correspondant signifie « beauté », mais il est communément utilisé pour une gazelle, un cerf ou un chevreuil comme en Deutéronome, en 2 Samuel, et dans le Cantique des cantiques. Dans nos langues européennes, on trouve aussi des personnes dénommées avec des noms d’animaux. Quelque fois c’est un terme d’affection [biche]. Où est l’« impertinence » d’une telle affirmation ? Elle n’est que dans l’esprit vide, présomptueux et profane de M. Wakefield. Je prends la peine de le réfuter à titre d’avertissement aux personnes mal informées pour qu’elles ne se laissent pas abuser par l’impiété inconsciente de ceux qui ne croient pas au caractère inspiré de l’Écriture Sainte. Toutes les fois qu’ils attaquent cette parole, il serait facile de mettre au grand jour la folie de leur auto-satisfaction.
Tabitha, ou Dorcas, est donc décrite comme une femme disciple à Joppé, qui mettait la Parole en pratique et ne l’écoutait pas seulement (Jacq. 1:22) ; son service pur et sans tache devant son Dieu et Père était de se souvenir des veuves dans leur affliction, et de se garder pure du monde (Jacq. 1:27). Elle était pleine de bonnes œuvres et d’aumônes autant que de foi. En ces jours-là donc elle tomba malade et mourut. Elle fut alors lavée selon la coutume, et on la fit reposer dans la chambre haute, un lieu convenable pour attendre l’arrivée de l’apôtre. Car il semble assez clairement implicite que les disciples s’attendaient à plus que de la consolation en envoyant chercher l’apôtre à ce moment-là et en évitant tout délai ; lui, de son côté, répondit promptement à leur prière. Comme d’habitude la scène est présentée de façon vivante devant nous, bien que ce soit Pierre la figure centrale, et non pas Paul dont Luc était le compagnon préféré. Mais qu’importait ceci ou cela si l’Esprit l’inspirait pour nous donner la vérité à la louange de Christ ? Certainement la scène était devant Lui telle quelle, bien que Luc n’y soit pas ; et pas un seul mot du récit de Luc ne le ternit en laissant transparaître une jalousie de Luc pour son conducteur. Ils étaient là dans la chambre haute, et toutes les veuves entouraient Pierre, non pas en pleurs seulement, mais montrant le travail des mains d’amour de Dorcas, les robes et vêtements qu’elle faisait quand elle était avec elles.
Mais Pierre n’était pas venu spécialement faire des condoléances, mais pour la gloire de Dieu afin que Jésus le Fils de Dieu soit glorifié dans celle qui n’était plus là. Aussi, les ayant tous mis dehors, et s’étant agenouillé, il pria. Il ne cherchait pas à publier la grande œuvre qu’il allait faire ; il cherchait seulement le Seigneur, avec cette révérence grave qui convient à quelqu’un qui marche en présence de l’Invisible qui peut seul intervenir. Ici encore, combien le récit est vivant ! Pourtant aucun œil humain ne voyait Pierre ni le corps de la disciple. Celui qui opérait en puissance par un serviteur [Pierre] nous l’a raconté par le moyen d’un autre [Luc]. Certains, d’après des versions anciennes d’origines les plus diverses, se sont risqués à ajouter avant « Tabitha, lève-toi » : « au nom de notre Seigneur Jésus Christ ». S’ils pensaient que c’était faire honneur, ils étaient coupables d’une erreur haïssable. « N’ajoute pas à ses paroles » (Prov. 30). L’Esprit qui inspire nous a donné la vérité parfaitement. Il suffit de savoir que Pierre s’agenouilla et pria, et se tournant vers le corps dit : « Tabitha, lève-toi ». N’abîme pas la parole de Dieu, ô homme, dont les ajouts profanes te rendent indigne du nom de croyant, et indigne de la tâche de traducteur ou de commentateur. Sa prière démontrait à Qui il s’attendait, et sur Qui il s’appuyait ; nous ne devons pas retrancher à ses paroles en Actes 3:6, ni leur ajouter en Actes 9:40, ni assimiler les unes ou les autres à Actes 9:34. Soyons assurés que chacune de ces paroles est comme Dieu l’a écrite, et donc comme chacune devait être : notre place est de recevoir humblement, de croire avec confiance, et de jouir immensément.
La puissance du Seigneur était là, selon la prière de Son serviteur, non pour guérir comme dans le cas précédent, mais pour ressusciter. « Et elle ouvrit ses yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant. Et lui ayant donné la main, il la leva ; et ayant appelé les saints [qui avaient les sentiments les plus profonds et les moins intéressés] et les veuves, il la leur présenta vivante. Et cela fut connu dans tout Joppé » (9:40b-42a).
Il faut pourtant remarquer que l’effet moral ou spirituel ne doit pas se mesurer en comparant le caractère ou la mesure de la puissance manifestée. Quand Énée paralysé fut guéri, tous les habitants de Lydde se tournèrent vers le Seigneur ; quand fut opéré le miracle bien plus grand de la résurrection de Dorcas décédée à Joppé, cela ne fut suivi d’aucun effet aussi vaste ou aussi étendu, mais « beaucoup crurent au Seigneur » — un résultat béni pour ces âmes, et pour Sa gloire assurément, mais qui n’était nullement aussi généralisé que dans le cas précédent, selon ce que nous pouvons le comprendre d’après l’Écriture. Après tout, c’est la parole qui est le vrai et bon moyen de conversion au Seigneur, quels que soient les moyens utilisés pour attirer l’attention sur Sa parole. Car Sa grâce est souveraine, et refuse les raisonnements plausibles des hommes.
L’Esprit ajoute encore à la fin une autre parole d’une certaine importance : « Et il arriva qu’il demeura plusieurs jours à Joppé, chez un certain Simon, tanneur ». Le voile tombe sur les souvenirs de Dorcas, sur le fait de savoir si elle en avait en rapport avec sa récente expérience, comme dans le cas de Lazare et de tous ceux qui furent ressuscités. Mais quant au grand apôtre de la circoncision (dont des pseudo apôtres revendiquent la succession, avec une autorité sur l’incirconcision ! ainsi qu’un patrimoine de monarque), il nous est dit qu’il resta un bon nombre de jours à Joppé chez un certain tanneur du nom de Simon. Ceci ne parle-t-il pas à ceux qui croient facilement se tenir eux aussi au premier rang dans l’église de Dieu de nos jours ? Aucun vrai apôtre selon l’écriture n’a jamais possédé ni cherché les richesses ou le rang en vertu de son office. Hélas ! Ce n’est pas seulement la puissance qui s’en est allée, mais ce qui est bien plus grave : l’esprit d’obéissance et la simplicité de la foi (ce qui est le dernier à s’investir tant soit peu dans les choses sur la terre), que Christ donne ou sanctionne, avec l’auréole du ciel.
Mais il faut aussi maintenir une cohérence avec Christ ; Christ a été à la fois crucifié sur la terre et glorifié dans le ciel. La part que nous cherchons, chérissons et défendons, est-elle en réelle harmonie avec cela ? C’est ici et maintenant que nous sommes testés. Allons-nous permettre à la corruption de la chrétienté de souiller notre foi ou de dégrader notre pratique ? Estimons-nous, cherchons-nous ou acceptons-nous un honneur terrestre actuel comme le fruit du service de l’évangile, et de la position dans l’église ? S’il en était ainsi, apprenons de la parole de Dieu que ceci n’est pas la communion avec les souffrances de Christ, et que nous ne sommes pas, au moins à cet égard, dans la communion de Ses apôtres. Faisons-nous bien aux yeux de Dieu si nous nous conformons ainsi tranquillement au monde ? Christ mérite mieux en retour de notre part. Combien il est triste que la fidélité à Christ et à la croix dans notre marche de tous les jours soit considérée comme « un point de vue particulier » ! « Déjà vous êtes rassasiés ; déjà vous êtes riches ; vous avez régné sans nous ; et je voudrais bien que vous régnassiez, afin que nous aussi nous régnassions avec vous ! Car je pense que Dieu nous a produits les derniers sur la scène, nous les apôtres, comme des gens voués à la mort ; car nous avons été faits un spectacle pour le monde, et pour les anges et pour les hommes. Nous, nous sommes fous pour l’amour de Christ, mais vous, vous êtes sages en Christ ; nous sommes faibles, mais vous forts ; vous en honneur, mais nous dans le mépris » (1 Cor. 4:8-10).
La grâce souveraine de Dieu envers les hommes était sur le point d’avoir un autre sceau formel encore plus décisif. Il ne suffisait pas que les Hellénistes éparpillés prêchent l’évangile sous la libre action du Saint Esprit ou que Philippe en particulier ait évangélisé la Samarie (ch. 8). Il ne suffisait pas que Saul de Tarse ait été appelé à quitter son activité persécutrice pour porter le nom de Christ devant les Gentils tout autant et même plus que devant les fils d’Israël (ch. 9). L’apôtre de la circoncision devait maintenant agir ouvertement sur le grand principe du christianisme qui ne connaît pas de distinction entre Juifs et Grecs (Gal. 3:28). Comme la croix démontre qu’ils sont tous également pécheurs et perdus (Romains 3:22-23), l’évangile les rencontre également là où ils sont et proclame le même Seigneur de tous qui est riche envers tous ceux qui L’invoquent (Rom. 10:12). Cela devait être maintenant démontré publiquement par la prédication de Pierre aux Gentils, et leur entrée dans les privilèges de l’évangile précisément dans les mêmes termes de salut gratuit, inconditionnel et éternel, par la foi de Christ, comme pour les Juifs à la Pentecôte et depuis la Pentecôte. Désormais il n’y a pas de distinction, car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (2:21).
Les circonstances d’un changement aussi majeur portaient les marques non équivoques de l’autorité divine, bien que le Seigneur Lui-même l’ait annoncé longtemps auparavant (Luc 24:47) aux oreilles rétives et donc inintelligentes de Ses disciples, et Pierre l’avait expressément affirmé (Actes 2:39), sans qu’il paraisse avoir bien saisi la portée de ce qu’il disait. En effet, il est soigneusement montré ici et maintenant à quel point il était réticent à mettre la main au travail de la grâce sans discrimination, jusqu’à ce que Dieu le laisse sans plus aucune excuse possible. Or Il ne voulait plus que l’activité de Sa grâce tarde encore pour les fils des hommes si lents à comprendre : Son message d’amour pour les perdus devait courir puissamment ; et le grand apôtre de la circoncision dut être celui qui ouvrit formellement les portes du royaume non plus aux Juifs seulement, mais aussi aux Gentils. Le moment était venu ; l’homme avec lequel il allait devoir commencer apparaissait.
« Or, à Césarée, un homme nommé Corneille, centurion de la cohorte appelée Italienne, pieux et craignant Dieu avec toute sa maison, faisant beaucoup d’aumônes au peuple, et priant Dieu continuellement, vit clairement en vision, environ vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu entrant auprès de lui et lui disant : Corneille ! Et, fixant les yeux sur lui et étant tout effrayé, il dit : Qu’est-ce, Seigneur ? Et il lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées pour mémorial devant Dieu. Et maintenant envoie des hommes à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; il est logé chez un certain Simon, tanneur, qui a sa maison au bord de la mer. Et quand l’ange qui lui parlait s’en fut allé, Corneille, ayant appelé deux de ses domestiques et un soldat pieux d’entre ceux qui se tenaient toujours auprès de lui, et leur ayant tout raconté, les envoya à Joppé » (10:1-8).
L’Esprit de Dieu prend donc soin de faire connaître la vie pieuse de Corneille. Il était déjà converti, bien que Gentil. Mais il ne connaissait pas le salut proclamé dans l’évangile. C’est pourquoi Pierre fut cherché, comme Pierre lui-même l’explique par la suite (11:13-14) : autrement Corneille n’aurait pu qu’espérer dans la miséricorde de Dieu pour son âme. Mais maintenant l’évangile doit être enseigné au pécheur sans distinction ; et il sembla bon au Dieu très sage de bénir de cette façon un homme tel que ce romain pieux, comme Il avait déjà avec la même grâce rendu honneur au Sauveur crucifié en convertissant et en remplissant de paix le brigand repentant pendu au bois à Son côté. Ils étaient des fruits de la grâce apportée par Lui, aussi différents qu’il leur était possible d’être ; mais chacun était un fruit rendu en sa saison, chacun était à la gloire de Jésus, chacun était une manifestation de ce que Dieu peut faire par la rédemption. Seul le message de grâce de Dieu par le sang de Jésus donnait droit au centurion pieux de savoir que ses péchés étaient pardonnés.
L’école évangélique, ignorante des nouveaux privilèges particuliers de l’évangile, a eu l’habitude de considérer Corneille comme un philanthrope propre juste, parce qu’elle ne faisait pas la différence entre la conversion et le pardon connu des péchés, ou salut. Mais c’était le résultat de leur ignorance. Même Bède en savait plus quand il disait, quoique dans une phraséologie nébuleuse, que Corneille était venu aux œuvres par la foi, mais qu’il était établi dans la foi par les œuvres. Si Bède avait dit « par l’évangile » au lieu de « par les œuvres », il aurait été plus conforme à la vérité ; mais ceux qui le citent en l’approuvant ne semblent pas plus intelligents que celui qui était la lumière vénérable des siècles de ténèbres. C’était vraiment Dieu qui rendait honneur au sacrifice accompli de Christ ; et maintenant que les Juifs avaient rejeté nationalement leur Messie, Dieu appelait les Gentils par l’évangile à un privilège égal à celui des Israélites croyants.
Du fait que le caractère de piété de Corneille était connu, cela convenait pour réduire au silence les préjugés de l’ancien peuple de Dieu. Il s’attendait à Dieu et Le servait par la foi avant de connaître le salut présent. Si Calvin va trop loin en disant qu’avant la venue de Pierre, Corneille avait une église dans sa maison, il nous est néanmoins dit par la meilleure autorité possible qu’il était pieux et craignait Dieu avec toute sa maison : aucune idole n’y était tolérée, on peut en être sûr. Au lieu de la rapacité d’un Romain en pays conquis, méprisant outre mesure les Juifs, Corneille faisait beaucoup d’aumônes « au peuple » dans son bas état, et ceci à Césarée où les Gentils prédominaient. Le mieux encore était qu’il priait Dieu continuellement. Supposer tout ceci chez quelqu’un qui n’aurait pas la vie est absurde. Corneille était né de Dieu et marchait en conséquence, sans pour autant avoir la paix ; et Dieu était maintenant sur le point de satisfaire les besoins et les désirs de son âme par la pleine révélation de Sa grâce dans l’évangile.
Il voit un ange de Dieu dans une vision, non pas de nuit, mais en pleine journée, l’après-midi ; il n’était pas endormi. Ayant posé une question, il apprend que Dieu, attentif à ses prières et à ses aumônes (*), lui commande de faire venir Simon Pierre de Joppé. De même que le grand apôtre de l’incirconcision écrivait à la fin pour instruire les esprits lents des croyants hébreux, ainsi le grand apôtre de la circoncision devait être employé aux débuts pour évangéliser les Gentils selon le commandement de Dieu. Ce bel entrecroisement vous choque-t-il ? Si oui, cela prouve combien peu vous être entrés dans les voies divines qui ne laissent ni place ni excuse à l’indépendance humaine. Ni en Judée, ni à Rome (pace Eusebii ; Eusèbe, qui a vécu de 264 à 340, était évêque de Césarée, et a écrit une « Histoire de l’église chrétienne » ; il fait partie des « pères de l’église ») ni où que ce soit, il ne devait y avoir, si l’on voulait obéir à Dieu, le spectacle navrant et suicidaire d’une église juive distincte d’une église Gentile. Selon Dieu l’assemblée était prévue pour être sur la terre, même si les assemblées devaient être très nombreuses, — les saints ne composant qu’une assemblée de laquelle il pourrait être dit en temps utile, même quand les Corinthiens se divisaient, « toutes choses sont à vous, soit Paul ou Apollos, ou Céphas » (1 Cor. 3:21-22). Cependant il était question ici de recevoir l’évangile, selon l’ordre normal nécessaire, l’assemblée venant après, à son tour : il faut connaître la bénédiction individuelle, avant les privilèges et les responsabilités collectives.
(*) Il y a quelque intérêt à noter une différence entre l’Écriture et les Apocryphes. En Tobie 12:12, il faut qu’un ange apporte devant Dieu le mémorial de prière. Dans les Actes les prières et les aumônes s’élèvent pour mémorial devant Dieu sans aucune intervention, indépendamment du fait qu’un ange apporte ou non une réponse.
D’un autre côté, tandis que ces messagers approchaient de Joppé, vers midi le lendemain, Pierre se retirait pour prier et, ayant faim, il vit dans une extase une toile extrêmement significative, dont il apprit bientôt à faire l’application.
« Or le lendemain, comme ils marchaient et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit pour prier, vers la sixième heure. Et il eut très faim, et voulut manger ; et comme on lui apprêtait à manger, il lui survint une extase. Et il voit le ciel ouvert, et un vase descendant comme une grande toile liée par les quatre coins et dévalée en terre, dans laquelle il y avait tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre, et les oiseaux du ciel. Et une voix lui fut adressée, disant : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit : Non point, Seigneur ; car jamais je n’ai rien mangé qui soit impur ou immonde. Et une voix lui fut adressée encore, pour la seconde fois, disant : Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur. Et cela eut lieu par trois fois, et le vase fut aussitôt élevé au ciel » (10:9-16).
Pierre ne s’était pas écarté de cette condition de dépendance de Dieu qu’il avait exprimée à l’occasion du choix des sept pour le service de diacres à Jérusalem. « Il ne convient pas que, laissant la parole de Dieu, nous [les douze] servions aux tables. Jetez donc les yeux … Et, pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la parole » (6:2-4). C’est ce à quoi il était occupé quand une mission spéciale lui fut assignée par Dieu. Il s’était retiré pour être seul devant Lui. Il n’était pas question de se retirer au temple comme autrefois, ni même dans un oratoire. Le toit de la maison suffisait, et il est bien qu’il en soit ainsi, dans un temps où les formes disparaissent, et que l’Esprit habite et prend plus de force comme ici. Nous ne pouvons permettre d’être négligent dans ce que Dieu honore chez l’apôtre. Ceux qui ont des besoins ne devraient pas se lasser de les Lui dire, et de compter sur Lui pour agir d’une manière digne de Son grand Nom.
Pierre reçoit un triple témoignage de ce que Dieu purifiait les Gentils par la foi, au lieu de séparer Israël par la circoncision. La croix a tout changé, et ne fait pas de différence entre croyants, Juifs ou Gentils. Les premiers avaient perdu par là leur ancienne supériorité selon la chair ; désormais pour tous les deux pareillement s’ouvraient des bénédictions incomparablement meilleures en Christ par la foi. Il n’était pas question maintenant de loi, ni de devenir un prosélyte, ni de se saisir de la robe d’un Juif (Zach. 8:23). Du ciel ouvert, la lumière rayonnait sur la puissance purificatrice du sang de Jésus, et la grâce déclarait l’impureté ôtée, alors que le Sinaï l’avait dénoncée pour un temps avec vigueur. Car tout était terminé avec le premier homme sous la loi. Le Sauveur parle du ciel où une telle distinction entre Juifs et Gentils n’a aucune place, et Il agit d’après l’efficacité de ce sang qui a procuré une rédemption éternelle à tous les croyants également, qu’ils soient Juifs ou Grecs, barbares ou Scythes, hommes ou femmes, esclaves ou hommes libres. Jusque là un Juif ne pouvait pas plus manger un animal impur qu’il ne pouvait manger avec un pécheur des Gentils. Mais la toile qui descendait des cieux et y remontait, enseigna à Pierre au moment voulu l’immense changement amené par la croix ; elle répondait à la gloire de Christ élevé en haut, et elle tira de lui plus tard, à Jérusalem même, la confession pleine de grâce : « Mais nous croyons être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi » (Actes 15:11), non pas simplement les Gentils comme les Juifs, mais les Juifs de la même manière que les Gentils.
La mesure avec laquelle les saints ou même les apôtres anticipaient la grâce de l’évangile doit être évidente même pour le lecteur le moins attentif du récit inspiré. Jusqu’à cette heure, Pierre n’y avait pas pensé, et dans la vision, il ose faire des objections à ce que la voix lui commandait du ciel. Ceci montre que le caractère spécial de l’évangile avec sa grâce gratuite ne devait rien du tout aux cœurs ou aux esprits de ses prédicateurs les plus bénis ; et ceci montre aussi qu’il est tout à fait incontestable que la parole de Dieu prouve que ce qui nous concerne et qui est infiniment au-dessus de tout autre chose appartenant au temps ou à l’éternité, procède de Dieu seul, — Ses sentiments et Ses actes étant pour Christ dans Son amour et pour Sa propre gloire, bien que ce soit justement les raisons pour lesquelles ils sont également pour nos bénédictions les meilleures et les plus certaines.
Le Saint Esprit prend grand soin de nous donner beaucoup de détails : un changement aussi profond que la réception des Gentils sur le même pied que les Juifs ne pouvait se faire ni être reconnu à la légère.
« Et comme Pierre était en perplexité en lui-même à l’égard de ce qu’était cette vision qu’il avait vue, voici aussi, les hommes envoyés de la part de Corneille, s’étant enquis de la maison de Simon, se tenaient à la porte ; et ayant appelé, ils demandèrent si Simon surnommé Pierre, logeait là. Et comme Pierre méditait sur la vision, l’Esprit lui dit : Voilà, trois hommes te cherchent ; mais lève-toi, et descends, et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés. Et Pierre étant descendu vers les hommes, dit : Voici, moi, je suis celui que vous cherchez ; quelle est la cause pour laquelle vous êtes venus ? Et ils dirent : Corneille, centurion, homme juste et craignant Dieu, et qui a un bon témoignage de toute la nation des Juifs, a été averti divinement par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’entendre des paroles de ta part. Les ayant donc fait entrer, il les logea ; et le lendemain, se levant, il s’en alla avec eux ; et quelques-uns des frères de Joppé allèrent avec lui » (10:17-23).
Après la mission de l’ange auprès de Corneille, ce furent des hommes qui furent utilisés dans tout ce qui suivit, mais Dieu est apparent partout pour désarmer les préjugés, reconnaître la justice, manifester la grâce, et honorer le nom de Jésus pour la bénédiction de l’homme et pour Sa propre gloire, pour mettre un point final à la loi, dont Israël se glorifiait et qui s’était montrée absolument d’aucun secours. Le grand apôtre Pierre était redevable à l’invitation Gentile, sous la haute main de Dieu, pour résoudre le problème de sa vision. Mais l’Esprit est l’agent de toute bénédiction, de toute intelligence, et de toute puissance dans le croyant ; et c’est pourquoi Son rôle est si visible ici (10:19-20). Il fallait une impulsion divine, et non une simple déduction du raisonnement : pour nous et pour tous, ceci est une leçon d’une valeur inestimable. Au début sans doute, des signes sensibles et une puissance extraordinaire annonçaient Sa présence et manifestaient la vérité nouvelle de Son action dans l’homme ; mais la réalité demeure, car Il demeure avec nous pour toujours, même si, par la sagesse divine, les signes extérieurs ne sont plus accordés. Ceci donne une importance plus grande que jamais à l’Écriture dans ces derniers jours où les incrédules se détournent de plus en plus vers des fables vaines et nocives.
Il fut ainsi clair, et indubitable, que c’était Dieu, non pas l’homme, ni déjà l’église, ni même les apôtres, qui ouvrait la porte aux Gentils au même titre qu’aux Juifs. Ainsi l’évangile opérait et proclamait intrinsèquement ; mais même le croyant est lent à apprécier tout l’impact de ce qu’il a vraiment reçu, et il dépend totalement de la parole de Dieu et de l’Esprit pour croître et progresser. L’heure était venue de reconnaître formellement et publiquement aux croyants Gentils la jouissance de tous les privilèges de l’évangile. Et il était convenable que soit employé à cet effet celui qui était des douze [Pierre], plutôt que celui [Paul] qui était déjà appelé et désigné comme devant être l’apôtre de l’incirconcision. Tel était le lien unificateur de l’Esprit, qui est mieux gardé dans la paix (Éph 4:3).
Or il était de toute importance que la volonté de l’homme et sa sagesse soient exclues. Qu’est-ce qui peut mieux le faire que la vision de Corneille d’un côté et celle de Pierre de l’autre ? Le caractère de chacune donne un poids spécial à ce qu’ils virent et entendirent ; et leur coïncidence, attestée par les « trois hommes » de Césarée et par les « six frères » (11:12) qui accompagnaient Pierre de Joppé, était d’une grande valeur et d’une portée absolument certaine. Les hommes jouèrent un grand rôle, car ils étaient concernés au plus haut point, mais cela servait à montrer à tout esprit droit que Dieu était la source motrice dans tout cela. Le soldat pieux, avec deux domestiques, avait sa place humble mais précieuse, et il devait bientôt partager la bénédiction, tout comme le centurion pieux [Corneille] auprès de qui il servait — une bénédiction spécifiquement caractérisée par la puissance de la grâce qui abaisse des gens bien plus haut placés que Corneille, et qui élève des gens bien plus bas placés que le soldat romain, et qui unit déjà ici-bas tous les croyants dans une relation céleste et indissoluble avec Christ.
Le message apporté par les hommes de Césarée venait juste à point. Pour un officier romain dans une ville de garnison, ce n’était pas peu de chose que d’avoir un bon témoignage de toute la nation juive ; mais c’était encore bien plus que sa propre maison rende témoignage qu’il était juste et craignait Dieu, comme aussi son aide de camp. La prédominance des sadducéens juifs ne conduisit pas à atténuer la communication divine qui était calmement affirmée par des hommes habitués à la droiture franche. Corneille, dirent-ils, « a été averti divinement par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’entendre des paroles de ta part » (10:22).
Quelle communication claire pour Pierre que sa vision soit suivie de l’application qu’en fit l’Esprit ! Rien ne peut être plus simple que l’autorité divine avec laquelle l’Esprit parle et agit ici comme ailleurs — « Je les ai envoyés » (10:20) : Il est Dieu.
Combien la valeur des « paroles » dans l’évangile est mise en avant de manière vivante ! Laissons la loi exiger des « œuvres » de la part de l’homme pour prouver son impuissance et faire abonder la faute jusqu’à le remplir de désespoir quant à lui-même, et le faire se rejeter seulement sur Christ. Dans ses paroles, l’évangile fait connaître le vrai Dieu et Jésus Christ qu’Il a envoyé, et il est ainsi le moyen de la vie éternelle pour quiconque croit (Rom. 1:16). Les Juifs peuvent se réclamer de la loi imposée à leur peuple dans la solitude sévère du Sinaï, mais non pas de l’évangile de Dieu touchant Son Fils Jésus Christ notre Seigneur, mort, ressuscité et glorifié dans le ciel, lequel est maintenant ouvert au Gentil comme au Juif, mais qui n’est ouvert à personne autrement que par la foi en Christ et en Sa rédemption.
Pierre se mit donc en route avec les autres de Joppé. « Et le lendemain ils entrèrent à Césarée. Et Corneille les attendait, ayant assemblé ses parents et ses intimes amis » (10:24).
Cher lecteur, n’avez-vous maintenant rien à apprendre du zèle, ainsi que de la piété et du dévouement habituels, déjà vus (10:2, 22) chez ce centurion romain ? Devons-nous être moins touchés dans notre ferveur parce que nous sommes plus familiers avec la grâce et la vérité merveilleuses qui vinrent par Jésus Christ ? Triste fruit, non pas d’une meilleure lumière, mais de l’indifférence charnelle et des aises mondaines qui entravent la juste activité des affections divines qui désirent que d’autres puissent vivre, et que nos âmes croissent, par la connaissance de Dieu.
« Et comme il arrivait que Pierre entrait, Corneille allant au-devant de lui se jeta à ses pieds et lui rendit hommage. Mais Pierre le releva, disant : Lève-toi ; et moi aussi je suis un homme » (10:25-26).
C’était d’autant plus remarquable qu’en général un Romain n’offrait jamais le salut théâtral de la prosternation devant un étranger. Mais le message angélique avait fait vibrer l’esprit humble et pieux de Corneille jusqu’à un tel niveau d’attente qu’il ne faisait plus la différence entre le prédicateur et la vérité qu’il avait à faire connaître, et il était donc disposé à lui rendre plus que l’honneur convenable pour celui que Dieu l’avait envoyé chercher. D’un autre côté, la dignité qui accompagne la vérité n’est pas seulement compatible avec la plus profonde humilité, mais elle la produit et l’accroît en proportion de la puissance que la grâce acquiert sur l’âme. Impossible de ne pas être humble si nous sommes consciemment dans la présence de Dieu ; et c’est ce que l’évangile vise par-dessus tout à faire réaliser habituellement, et il le fait selon notre mesure de foi et de spiritualité. Pierre refusa sur le champ un hommage aussi malvenu.
Oh, vous qui vous réclamez être le successeur particulier et exclusif de Pierre, n’avez-vous pas honte ? Pourquoi êtes-vous, parmi tous les hommes, le plus éloigné de sa manière d’être, le plus opposé à son esprit ? Vous avez l’or et l’argent, qu’il n’avait pas (3:6) ; mais la foi qu’il prêchait, vous la niez et la corrompez ; et l’humilité qu’il pratiquait même envers un Gentil non baptisé, décerne le blâme le plus solennel à votre orgueil, quand (installé comme Pape) vous vous asseyez « à l’endroit même où le ciboire contenant l’hostie se tient normalement » (*), et que les princes cardinaux de l’empire vous adorent à de multiples reprises, chacun se prosternant devant vous et baisant l’orteil couverts de la chaussure, et la main également couverte. Quel immense contraste ! Et on appelle cela une « succession » !
(*) Affirmé par un témoin oculaire, Mr Thompson de Banchory.
« Et conversant avec lui, il entra et trouva plusieurs personnes assemblées. Et il leur dit : Vous savez, vous, que c’est une chose illicite pour un Juif que de se lier avec un étranger, ou d’aller à lui ; et Dieu m’a montré, à moi, à n’appeler aucun homme impur ou immonde. C’est pourquoi aussi, lorsque vous m’avez envoyé chercher, je suis venu sans faire de difficulté. Je vous demande donc pour quel sujet vous m’avez fait venir. Et Corneille dit : Il y a quatre jours que j’étais en jeûne jusqu’à cette heure-ci, et à la neuvième heure, je priais dans ma maison ; et voici, un homme se tint devant moi dans un vêtement éclatant, et dit : Corneille, ta prière est exaucée, et tes aumônes ont été rappelées en mémoire devant Dieu. Envoie donc à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; il loge dans la maison de Simon, tanneur, au bord de la mer ; et lorsqu’il sera venu, il te parlera. J’ai donc aussitôt envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Maintenant donc, nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné de Dieu » (10:27-33).
Pierre, après être entré non seulement dans la maison, mais aussi dans l’appartement où Corneille attendait avec son groupe pour entendre l’évangile, explique d’abord ce que tous savaient, puis ce que Dieu venait de lui montrer. De leur côté, ils savaient qu’il était illicite pour un Juif d’être familier avec un Gentil ; mais de son côté, Dieu avait montré à Pierre qu’il ne devait pas appeler un homme impur ou immonde. Maintenant que la vraie lumière brille, l’ancienne distinction a disparu. Il n’en était pas ainsi au commencement, mais cela n’a plus cours. Si Dieu avait le droit d’instituer une telle différence, Il était tout autant libre de l’annuler ; c’est ce qu’Il avait montré à Pierre en préparant spécialement Corneille que Dieu avait conduit à envoyer chercher Pierre, lequel était venu alors « sans faire de difficulté », comme cela convenait. Car qu’est-ce que la foi a à faire dans de telles circonstances, sinon d’obéir ? Si Christ Lui-même a été par excellence l’Homme obéissant, les apôtres ne différaient pas plus des autres dans leur don et leur puissance que dans la leur mesure d’obéissance. Et c’est pour cette obéissance que tous les saints sont sanctifiés par l’Esprit, pour l’obéissance de Jésus Christ, autant que pour l’aspersion de Son sang (1 Pierre 1:2). Exhortons-nous donc l’un l’autre à ceci, d’autant plus que nous voyons le jour approcher (Héb. 10:25).
Corneille répondit en expliquant pourquoi il avait envoyé chercher Pierre. C’était avec l’autorité divine. Il avait donc été quatre jours en prières, voire en jeûnant aussi (le texte sur ce point est sérieusement contesté) ; cet après midi-là un ange sous forme d’homme lui dit que sa prière avait été entendue, et qu’il devait faire venir Pierre, qui avait bien fait de venir, vu qu’ils étaient tous là pour entendre par lui tout ce que le Seigneur lui avait commandé.
Entendez cela, vous qui désirez honorer vraiment Pierre, afin que vous soyez sauvés des superstitions destructrices de ses faux successeurs. S’il y avait une succession, le premier chaînon doit sûrement être regardé attentivement. Voyez comme il vient volontiers à la demande de Corneille, sans y trouver à redire. Ah ! Ce n’est pas Pierre qui exigeait ou recevait un apparat mondain et des honneurs humains ; c’est vous qui avez perdu la parole de vérité, l’évangile du salut, et êtes sous la domination de traditions ténébreuses et mauvaises qui annulent la parole de Dieu, et qui jouez dans les mains du dieu de ce siècle qui a aveuglé les esprits des incrédules pour que la lumière de l’évangile de la gloire de Christ ne luise pas sur eux (2 Cor. 4:4). Écoutez Pierre, je vous en supplie, et apprenez, non pas simplement l’erreur faite en vous écartant du Dieu vivant, mais la précieuse vérité capable de sauver vos âmes.
C’était un moment grave pour l’apôtre de la circoncision, bien qu’il fût préparé par ce que Dieu avait fait avec lui et avec Corneille. On ne pouvait douter de la volonté de Dieu, mais c’était à lui de faire le premier pas dans ce nouveau départ, là sur le champ.
« Et Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable. Vous connaissez la parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ (lui est Seigneur de tous), ce qui a été annoncé par toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché, — Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui ; (et nous, nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, au pays des Juifs et à Jérusalem) ; lequel aussi ils ont fait mourir, le pendant au bois ; — celui-ci, Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et l’a donné pour être manifesté, non à tout le peuple, mais à des témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu, [savoir] à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il eut été ressuscité d’entre les morts. Et il nous a commandé de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts. Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés » (10:34-43).
La venue et l’œuvre de Christ ont mis toutes choses à leur vraie place. Ce n’est que depuis ce moment-là que Dieu Lui-même a été manifesté ou justifié ; car durant les siècles précédents, depuis le déluge ou au moins la loi, Dieu semblait être seulement le Dieu des Juifs, et non pas des Gentils. Il est maintenant rendu évident qu’Il se soucie des Gentils autant que des Juifs ; mais jusqu’à la venue du Fils de Dieu, ce n’était pas évident dans la plénitude de la vérité ; c’est ce Fils de Dieu qui nous a donné de l’intelligence pour que nous puissions Le connaître, Lui qui est la vérité (1 Jean 5:20). Ce n’est que lorsque nous connaissons Son Fils Jésus Christ, que nous pouvons dire : Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle. Personne n’éprouvait plus de difficulté à percer le nuage des préjugés juifs que l’instrument employé ici [Pierre], mais Dieu avait fait luire davantage la vraie lumière de la croix sur son âme ; et maintenant il pouvait dire : « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes » (même s’ils s’agissait d’Hébreux des Hébreux, Phil. 3:5), « mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable ». Corneille, et peut-être d’autres membres de sa maison, en étaient déjà, dans une certaine mesure, des exemples vivants mais cachés. Le principe, cependant, allait être maintenant étendu immensément, et ce qui avait été relativement caché devait maintenant être déclaré et rendu public par l’évangile. La piété même de Corneille le gardait de s’approprier pour lui-même, comme Gentil, ce qu’il savait avoir été envoyé par Dieu pour Israël, jusqu’à ce que la grâce l’envoie à lui aussi. Ainsi la mission du Seigneur ressuscité, comme tenue en suspens jusqu’ici, allait s’appliquer non plus partiellement, mais dans toute sa mesure : « Et il leur dit : Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création ». Il avait été prouvé et déclaré que la loi était impuissante, et la prétention de la garder pour avoir la vie prouvait simplement que la vie n’était pas là. Christ est tout. « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; et celui qui n’aura pas cru sera condamné » (Marc 16:15-16). Pierre comprit tout ceci comme il ne l’avait jamais compris auparavant. Le brouillard de la loi disparaissait de devant ses yeux. Mais rien n’était plus éloigné de la vérité que de croire qu’il puisse y avoir parmi les Gentils plus que chez les Juifs ne serait-ce qu’une personne craignant Dieu et agissant justement sans avoir une vraie foi vivante. Il déclare être sans fondement le sentiment juif qui refusait à toute nation, sauf la leur, d’être acceptable devant Dieu. Sa mission de la part de Dieu auprès de Corneille était expressément d’affirmer Sa grâce sans discrimination, et de commencer d’autorité l’envoi de l’évangile à toute créature par le moyen de celui [Pierre] que Dieu plaçait au premier rang dans l’assemblée.
Corneille et ceux qui étaient avec lui connaissaient déjà (10:36) la parole que Dieu avait envoyé aux fils d’Israël, prêchant la paix par Jésus Christ, mais Pierre prend soin d’ajouter que Jésus est le Seigneur non pas seulement des Juifs, mais de tous. Ce dont on parlait par toute la Judée (10:37), en commençant par la « Galilée des Gentils » méprisée, après le baptême prêché par Jean (selon Marc 1:14-15, le Seigneur lui-même appelait les hommes à se repentir et à croire à l’évangile), est le même salut unique pour les Juifs et pour les Gentils (depuis que ceux-ci ont commencé à être appelés). Jésus de Nazareth (10:38) est l’objet de la foi, que Dieu a oint du Saint Esprit et de puissance (*). L’Esprit était venu sur Celui qui était désigné par tout ce qui avait été, en figure, oint de Dieu. L’amour de Dieu pour le pécheur était évident chez Lui, et cet amour était efficace pour délivrer ; car Il avait « passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec Lui ». Il était le vrai Messie, mais il y avait infiniment plus à la fois en Lui et dans Son œuvre, ce dont la preuve la plus éclatante fut donnée lors de Son rejet. Pourtant un ample témoignage Lui était rendu avant même son rejet, si bien que l’homme était inexcusable. « Et nous, nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, au pays des Juifs et à Jérusalem ; lequel aussi ils ont fait mourir, le pendant au bois » (10:39).
(*) Il est étonnant que des chrétiens intelligents puissent répéter l’ignorance des pères, répétée elle-même par Petavius (Dogm. Theolog.) et d’autres, lesquels confondent l’action de l’Esprit dans l’incarnation de notre Seigneur, avec l’onction et le sceau lors de Son baptême. Mais les opérations du Saint Esprit sont tristement méconnues par la plupart des croyants.
Quelles que soient les apparences, la volonté et la parole de Dieu demeurent à jamais ; et la foi le sait. « Celui-ci, Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et l’a donné pour être manifesté, non à tout le peuple, mais à des témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu, savoir à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il eut été ressuscité d’entre les morts » (10:40-41). La résurrection est le pivot et le point d’ancrage de l’évangile. Si l’incrédulité en nie le témoignage, qu’y a-t-il de plus clair que le fait que l’homme hait à la fois l’amour et la vérité de Dieu, et qu’il ne veut être sauvé à aucun prix ? La même résurrection de Jésus sépare ceux qui croient selon la valeur de la mort de Christ devant Dieu, rendant témoins de Christ, selon leur mesure, des hommes qui se sont courbés devant le témoignage des témoins choisis à l’avance. Lui qu’ils mirent à mort sur la croix, mangea et but avec les Siens après être ressuscité d’entre les morts, non qu’il ait eu besoin de nourriture, mais ils avaient besoin du témoignage qu’Il était vivant d’entre les morts, un homme vraiment ressuscité, qui ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin (Jean 13:1).
C’est Lui qui donna mission à Ses disciples de prêcher au peuple et d’attester que c’est Lui qui est établi de Dieu Juge des vivants et des morts. Un tel témoignage va clairement au-delà d’Israël pour embrasser toute l’humanité, comme la résurrection le démontrait de manière indiscutable. Car si le Fils de Dieu daigna naître de femme, naître sous la loi, Son rejet par Israël et Sa mort sur la croix brisèrent tous liens avec ce peuple, et Le laissèrent libre de déployer Sa souveraine grâce en justice maintenant qu’Il est dans les cieux, aussi sûrement qu’il est établi de Dieu pour être juge des vivants et des morts lorsqu’Il reviendra en gloire. Qu’est ce que l’Homme ressuscité a à faire avec une nation plus qu’avec une autre ? Il est le juge divinement établi des vivants et des morts, comme Il est maintenant le Sauveur de tous ceux qui croient, quels qu’ils soient. Le jugement et le salut sont également exposés clairement par l’évangile, et concentrés dans Sa personne. La loi n’a rien amené à la perfection (Héb. 7:19). Les prophètes, vu la faillite de tous, rendaient leur précieux témoignage intermédiaire, et Pierre fait appel à eux. « Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés » (10:43).
Comme on l’a souvent remarqué, être né de nouveau n’est pas un privilège propre à l’évangile, alors que toutes les sectes ritualistes de la chrétienté le supposent — car la nouvelle naissance a toujours été une réalité pour les âmes qui croyaient (avant, dans et hors d’Israël) depuis que le péché est dans le monde. Les saints de l’Ancien Testament étaient tout aussi réellement nés de Dieu que tous ceux du Nouveau. La rémission des péchés est le premier privilège de l’évangile, quoi que la nouvelle naissance, bien sûr, soit attachée par grâce aux mêmes personnes, et que les privilèges de l’évangile aillent bien au-delà de ce commencement de grâce. Ici tout est confusion, spécialement dans les grandes églises chrétiennes qui se vantent de leur ancienneté. Or même les réformateurs n’étaient pas du tout clairs sur cette vérité fondamentale et nécessaire. Les Luthériens, les Calvinistes, les Anglicans et autres font du baptême le moyen d’avoir la vie, soit pour tous les baptisés, soit pour les élus d’entre eux. Selon la parole de Dieu, ils ont tous tort, et sont inexcusables. Car l’Écriture ne traite jamais du baptême comme d’un signe donnant la vie, mais comme d’un signe de mort avec Christ au péché, et de ce que les péchés sont lavés et effacés pour ceux qui sont déjà vivifiés. Le baptême chrétien est une institution bénie, comme signe initiateur de ce privilège particulier et primordial de l’évangile. Ceux qui le pervertissent en une ordonnance vivifiante sont plus aveugles que les Juifs ; généralement ils renient aussi que la vie donnée dans le Fils soit la vie éternelle, de telle sorte que cette prétention sacerdotale est aussi vaine que leur doctrine est fausse.
Nous trouvons donc dans ce contexte : « Comme Pierre prononçait encore ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole. Et les fidèles de la circoncision, tous ceux qui étaient venus avec Pierre, s’étonnèrent de ce que le don du Saint Esprit était répandu aussi sur les Gentils, car ils les entendaient parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre répondit : Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous-mêmes ? Et il commanda qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur. Alors ils le prièrent de demeurer là quelques jours » (10:44-48).
Il est frappant de remarquer les voies diverses de la sagesse divine. À la Pentecôte les croyants juifs durent être baptisés avant de recevoir le don de l’Esprit. Ils devaient prendre solennellement la place de la mort avec Christ vis-à-vis de tout ce en quoi ils s’étaient confiés précédemment. Et aujourd’hui encore, les Juifs en ressentent la force ; car quand l’un d’eux est baptisé pour le Christ Jésus, il est considéré et traité comme mort pour eux et pour leur religion. Il en est de même pour les Brahmanistes, les Mahométans, et tous ceux qui ne sont pas indifférent à ce qu’ils professent. Mais les Gentils qui crurent, reçurent le Saint Esprit en entendant la parole, comme pour la plupart d’entre nous, peut-être tous ; et le baptême suit. Qui pourrait refuser le signe extérieur aux bénéficiaires manifestes de ce sceau divin ? Leurs dons de parler en langues et de magnifier Dieu proclamaient le don le plus précieux et irréversible de l’Esprit. Son sceau est la vraie raison pour laquelle ceux qui L’ont devraient être reconnus comme membres du corps de Christ : ce ne devrait pas être l’intelligence ecclésiastique en eux, et encore moins la volonté ou le consentement d’autres hommes. Notre affaire est d’honorer Dieu et de Lui obéir, non pas de légiférer. Si on suit des voies indignes de Christ, et si l’on persiste, il y a le remède de la discipline selon l’Écriture.
Quels qu’aient pu être ses anciens préjugés, Pierre lui-même s’incline ici. Et ils furent baptisés au nom de Jésus Christ, non par Pierre semble-t-il, mais à sa demande par un ou plusieurs des frères qui l’accompagnaient (10:48). Il n’y avait ni vanité ni superstition à le faire faire par Pierre, bien qu’il prît soin, par obéissance au Seigneur, que ce soit dûment fait. Il était important que ceux de la circoncision participent complètement au travail puissant de la grâce de Dieu qui scellait ceux qui croyaient, les Gentils tout autant que les Juifs. Il n’était pas trop tôt, et c’était important, que tous sachent qu’un simple frère peut licitement baptiser même en la présence d’un grand apôtre, et que l’acte ne tirait aucune valeur d’un service ou d’un don. Seulement l’évangéliste doit s’assurer que ce soit fait, et fait en ordre. Il ne restait aucune place à la circoncision ou à la loi. Tout venait de la grâce régnant par la justice. Or un disciple n’est pas extérieurement sur le terrain chrétien s’il n’est pas baptisé. C’est un privilège qui est conféré à celui qui confesse Christ, et un signe de salut par Sa mort et Sa résurrection.
Il n’y avait jamais eu de pas aussi important fait par l’homme sur la terre, aucun qui exigeait la foi de manière si urgente et évidente que maintenant. C’est pourquoi, bien que l’assemblée fût alors dans l’ordre et la beauté de son commencement avec les douze agissant conjointement, et malgré la dispersion de presque tous les saints à la suite de la mort d’Étienne, le Seigneur agissait par un seul de Ses serviteurs dont les préjugés juifs étaient notoirement parmi les plus forts. L’assemblée est responsable d’agir ensemble dans toutes les questions ordinaires de piété et de discipline ; elle est tenue de garder pratiquement les fondements de la vérité et de la justice selon la parole écrite. Mais un nouveau départ nécessitait un instrument approprié (qui fut trouvé), choisi et rempli de Dieu pour instaurer Sa volonté et pour faire le pas en avant, avec l’assurance que ce soit la volonté du Seigneur.
La foi de Pierre était sévèrement mise à l’épreuve. Pour la première fois depuis la Pentecôte, il eut à faire face aux doutes de la part de ceux qui étaient au premier rang dans l’église, et à l’opposition acharnée de ceux qui connaissaient le moins Dieu et Ses voies. Ce n’était plus maintenant un simple sentiment charnel des Hellénistes contre les Hébreux, mais la très grave question de savoir si celui qui était en tête parmi les douze n’avait pas compromis le témoignage de Christ par la réception formelle des Gentils à Césarée.
« Or les apôtres et les frères qui étaient en Judée apprirent que les Gentils aussi avaient reçu la parole de Dieu. Et quand Pierre fut monté à Jérusalem, ceux de la circoncision disputaient avec lui, disant : « Tu es entré chez des hommes incirconcis, et tu as mangé avec eux ». Mais Pierre se mit à leur exposer [les choses] par ordre, disant : « J’étais en prière dans la ville de Joppé, et je vis dans une extase une vision, un vase descendant comme une grande toile dévalée du ciel par les quatre coins ; et elle vint jusqu’à moi ; et y ayant jeté les yeux, je considérais, et je vis les quadrupèdes de la terre, et les bêtes sauvages, et les reptiles, et les oiseaux du ciel ; et j’ouïs aussi une voix qui me dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Et je dis : Non point, Seigneur ; car jamais chose impure ou immonde n’entra dans ma bouche. Et une voix répondit pour la seconde fois du ciel : Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur. Et cela eut lieu par trois fois, et tout fut de nouveau retiré dans le ciel. Et voici, aussitôt, trois hommes qui avaient été envoyés de Césarée vers moi, se trouvèrent devant la maison où j’étais. Et l’Esprit me dit d’aller avec eux sans hésiter ; et les six frères que voici vinrent avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme. Et il nous raconta comment il avait vu dans sa maison l’ange qui, se tenant là, lui avait dit : Envoie à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison. Et comme je commençais à parler, l’Esprit Saint tomba sur eux, comme aussi [il est tombé] sur nous au commencement. Et je me souvins de la parole du Seigneur, comment il a dit : Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, vous serez baptisés de l’Esprit Saint. Si donc Dieu leur a fait le même don qu’à nous (*) qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir l’interdire à Dieu ? » Et ayant ouï ces choses, ils se turent, et glorifièrent Dieu disant : Dieu a donc en effet donné aux Gentils la repentance pour la vie ! » (11:1-18).
(*) Alford prend « πιστευσασιν » [= ayant cru] comme appartenant à la fois à « eux » et à « nous », et il considère que c’est l’expression de la communion de la foi dans les deux catégories de croyants ; mais quoique les deux, bien sûr, croyaient pareillement, c’est mal comprendre le raisonnement dont le pivot est la manifestation évidente de l’Esprit donné « quand on a cru ».
Il était indéniable, à première vue, que Pierre avait ouvertement franchi la distinction instaurée depuis si longtemps par Dieu entre les Juifs et les Gentils. Il fallait qu’il le justifie par l’autorité de Dieu, et c’est ce qu’il fait par le simple récit de la vision que nous avons déjà eu au chapitre 10, et qu’il répète pour convaincre les frères à Jérusalem. Le moment était venu pour les semences semées par le Seigneur Jésus Lui-même, de germer et de porter du fruit visible. Lui qui, en Matthieu 10:5, avait interdit aux douze d’aller sur le chemin des nations, ne leur avait-Il pas dit aussi expressément, une fois ressuscité, d’aller et de faire des disciples parmi toutes les nations ? La vision de Pierre était simplement la mise en pratique de cette grande mission, ou au moins quelque chose d’apparenté. Car en Luc 24:47, le Seigneur sur le point de monter au ciel, avait déclaré que la repentance et la rémission des péchés devaient être prêchées en Son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Et il en était ainsi. Ils avaient commencé par Jérusalem. Mais maintenant le flux se tournait ailleurs. Depuis Jérusalem, les saints avaient été dispersés au loin. La Samarie avait déjà reçu la parole de Dieu, sans que l’église y donne son accord, ni même par l’action des apôtres. Et maintenant Dieu n’avait laissé aucune ambiguïté quant à Sa volonté au sujet des Gentils. L’évangile devait désormais être annoncé sans discrimination. La sainteté d’Israël avait été réduite à néant à la croix de Christ. En vertu du sang de la croix, Dieu pouvait et voulait purifier même les Gentils. Les rituels étaient arrivés à leur fin. Désormais il fallait la réalité par la foi. Et comme la croix de Christ déclarait que tous étaient pareillement perdus, ainsi maintenant le salut sortait vers tous ceux qui croyaient, Juifs et Gentils pareillement. Tel était la portée de la vision, et la grâce avait raisonné avec Pierre quand, en extase, il avait osé argumenter contre le Seigneur Lui-même. Qui donc mieux que lui convenait pour convaincre les obstinés de la circoncision ? S’ils luttaient avec lui, ne pouvait-il pas leur dire que lui-même avait même osé lutter avec le Seigneur, et que Lui avait réprouvé ses préjugés plusieurs fois et avec force, et lui avait interdit de considérer comme impur ce que Dieu avait purifié ?
Pierre leur dit aussi comment les trois hommes envoyés par le Gentil Corneille, apparurent en personne à ce moment même devant la maison à Joppé (11:11), et comment l’Esprit lui avait enjoint d’aller avec eux sans hésiter. Une telle corde triple (Ecc. 4:12) ne pouvait pas être rompue, chaque partie étant indépendante de l’autre, et toutes venant de Dieu. Car Corneille à Césarée avait eu une vision tout autant que Pierre à Joppé. Et en outre, tandis que Pierre réfléchissait au sujet de la vision, l’Esprit lui avait commandé d’aller avec les messagers de Corneille avant qu’il sache que les trois hommes étaient à la porte pour le chercher.
Et il y avait encore plus que cela. Dieu avait manifestement utilisé Sa parole comme Lui seul le pouvait : « Et comme je commençais à parler, l’Esprit Saint tomba sur eux, comme aussi sur nous au commencement » (11:15). C’était l’évangile de leur salut. À eux aussi l’Esprit fut donné, et Il opéra des actes de puissance parmi eux de manière à écarter toute contestation et toute interrogation. La promesse du Père était donc accomplie chez les Gentils tout autant que chez les Juifs croyants, selon la parole du Seigneur en Actes 1:4-5.
Remarquons à nouveau combien le discours de Pierre fait clairement la distinction entre la nouvelle naissance et le salut (*). Corneille était assurément né de Dieu avant la visite que lui fit Pierre à Césarée. Néanmoins il fallut que Pierre lui parle pour qu’il puisse être sauvé (11:14). C’est une erreur grossière de supposer que le salut qu’il trouva alors n’allait guère plus loin que la nouvelle naissance. Le salut présent est le premier privilège fondamental de l’évangile. Être né de nouveau a toujours été vrai depuis Abel jusqu’alors. Mais ceux qui sont simplement nés de nouveau n’entrent pas sur le terrain chrétien avant d’avoir au moins reçu la bénédiction première et si nécessaire, à laquelle tous ceux qui croient ont droit en vertu de l’accomplissement de l’œuvre de Christ.
(*) Il faut faire une autre remarque ici, bien qu’il soit affligeant de devoir la faire. Quand Corneille fut assuré d’être sauvé en entendant les paroles prononcées par Pierre, quelle déduction sans fondement et mauvaise que de penser que « toute sa maison » (16:31) devait être sauvée indépendamment de leur foi ! Une telle fausse doctrine est le résultat de l’activité d’un parti, semblable à la fournaise brûlante et au martèlement continuel sur l’enclume. Les conditions du salut sont semblables pour les Juifs et les Gentils, par la grâce, mais par la foi. C’est d’autant plus important ici, qu’il n’est pas question de baptême (comme en Actes 16) mais de salut : seule une compréhension plus saine d’Actes 11 aide beaucoup à réfuter les théories bâties à partir d’Actes 16. Mais une erreur en entraîne une autre ; et ceux qui dissocient le signe extérieur de la place individuelle qui lui est attribuée dans l’Écriture, quelque béni que soit le nombre d’individus dans une famille, sont en danger d’avancer jusqu’à un degré d’erreur qui plongerait dans la consternation même les tenants anciens et modérés de la tradition qui prévaut dans l’église-monde d’où provient cette notion judaïsante. Personne n’a le droit d’admettre qu’on pouvait envisager le salut d’une personne quelconque de toute la maison de Corneille avant qu’elle aussi ait entendu l’évangile du salut, — sinon le salut serait par un rite.
Le soin remarquable que Dieu prend pour introduire la nouvelle position des Gentils par rapport au salut rend cette confusion inexcusable. Or il n’y a jamais eu de foi sans la miséricorde appropriée de la part de Dieu, et c’est donc un des signes les plus marqués de l’incrédulité d’ignorer le privilège particulier que Dieu accorde maintenant, et de revenir au mode ou aux moyens existant auparavant. Comme cela a déjà été souvent signalé, les protestants évangéliques sont aussi enténébrés que les sacramentaires (ceux qui tiennent aux sacrements). Car, si ce dernier parti attache une efficacité exorbitante au simple signe de bénédiction, les évangéliques sont tout autant ignorants de ce qu’il signifie. Les deux sont d’accord pour faire du rite introductif de l’évangile le signe de la vie ou de la nouvelle naissance, alors que c’est en réalité un signe de la rémission ou du lavage des péchés (2:38 ; 22:16), et de la mort avec Christ (Rom. 6:2-3 ; Col. 2:12), c’est à dire du salut (1 Pierre 3:21). Corneille apprit de l’apôtre que pour un Gentil, il n’était plus question d’une miséricorde de Dieu en dehors de l’alliance. Lui-même, déjà né de Dieu et connaissant déjà le Messie venu pour la délivrance de Son ancien peuple par la foi, il devait maintenant apprendre que la porte du salut était ouverte au croyant Gentil aussi véritablement qu’au Juif. Ce n’est pas la promesse, comme jusqu’alors, même pour un Israélite, c’est l’œuvre accomplie, et un salut d’âme donné désormais à tout croyant sans distinction. Et comme sceau de cela, le Saint Esprit fut manifestement accordé comme au jour de la Pentecôte.
Ceci était déterminant vis-à-vis des objections de ceux de la circoncision. Qui était Pierre, selon l’expression finale triomphante de son discours (11:17), qui étaient-ils, pour résister à Dieu ? Personne d’autre que Lui pouvait donner ce don, qu’Il avait accordé pareillement aux Juifs et aux Gentils par la foi en l’évangile.
Mais le principe est d’une importance immense et permanente, autant maintenant que toujours. Le vrai terrain de la réception n’est pas l’acceptation de certains articles de foi, exprimés ou compris ; encore moins est-ce une certaine mesure d’intelligence sur le seul corps et le seul Esprit (il est improbable qu’aucune âme à Jérusalem ne l’avait alors d’une manière nette). C’est quelque chose de bien plus grand poids, la possession de « ce même don ». Si quelqu’un n’est pas baptisé ainsi du saint Esprit, il n’est pas vraiment membre du corps de Christ. Être né de nouveau n’a jamais suffi. On doit avoir, par la foi de Christ selon que l’évangile Le proclame Lui et Son œuvre, avoir reçu l’Esprit comme croyant. Sans une rémission des péchés connue, on peut être vivifié, mais il ne peut pas y avoir ce que l’Écriture appelle « le salut », pas plus que l’Esprit d’adoption par lequel nous crions Abba, Père. Il peut y avoir conversion, une haine du mal et un amour du bien donnés divinement, et du prix attaché à la parole de Dieu, et la prière ; il peut y avoir la conscience vis-à-vis de Dieu, et cependant une considération à la fois réelle et imparfaite de Christ. Mais jusqu’à ce que l’on sache par la foi de l’évangile, que tout est limpide entre l’âme et Dieu par le sacrifice de Christ, le Saint Esprit ne scelle pas cette personne ; quand il y a soumission à la justice de Dieu, Il le fait ; alors le croyant devient effectivement membre du corps de Christ. Bien sûr une telle personne est, ou devrait être, baptisée d’eau, mais dans l’Écriture le fait d’être baptisé n’est jamais connecté avec cette relation corporative et éternelle. C’est individuel et lié à la simple confession de Christ, au point que, quoi que Dieu puisse faire dans Sa grâce souveraine, aucun croyant intelligent ne penserait présenter une âme pour la communion de l’église, sans qu’elle ait préalablement pris le terrain d’une personne baptisée. Mais le baptême du Saint Esprit est entièrement distinct du baptême d’eau, celui-ci n’étant même pas un signe de l’autre, mais du salut par Christ, le signe qu’on est enseveli dans Sa mort.
Même les plus ardents défenseurs de l’exclusivisme juif furent confondus par l’accumulation de preuves suprêmes de ce que Dieu donnait également aux Gentils la repentance pour la vie. C’était maintenant un fait incontestable et béni. Ils furent plus que réduits au silence, ils « se turent » d’eux-mêmes (11:18). Comme il le fallait, la grâce avait triomphé sur la loi, à Jérusalem, parmi les Juifs croyants eux-mêmes. Ce n’était pas encore un jour de ruine, quand les moins justes sont capables d’être les plus présomptueux et les plus triomphants. C’est la grâce qui les fit glorifier Dieu en retournant leur jugement précédent.
Mais pour accomplir Son propos, Dieu agit de diverses manières, et c’est ce que nous voyons à ce moment de l’histoire inspirée. L’action de Pierre était de la plus grande importance (ch. 10), ainsi que son acceptation à Jérusalem par ceux que Dieu avait placé à la plus haute place dans l’assemblée (ch. 11:1-14). Un nouvel apôtre avait été expressément choisi en dehors des douze par le Christ glorifié dans le ciel où tout pour l’homme est et doit être selon la grâce souveraine ; ce nouvel apôtre avait été donné pour être l’apôtre des Gentils en contraste formel et reconnu avec ceux de la circoncision (ch. 9). Mais ce n’était pas tout. La libre action du saint Esprit reçoit une pleine et riche expression dans les travaux des frères qui, une fois chassés de Jérusalem par la persécution, commencèrent à prêcher, et furent assez hardis pour prêcher hors du cercle de l’ancien peuple de Dieu et des prosélytes, sans avoir eu d’extases ni de visions et sans avoir reçu de directions personnelles (ch. 11:19-26).
« Ceux donc qui avaient été dispersés par la tribulation qui arriva à l’occasion d’Étienne, passèrent jusqu’en Phénicie, et à Chypre, et à Antioche, n’annonçant la parole à personne, si ce n’est à des Juifs seulement. Mais quelques-uns d’entre eux étaient des Cypriotes et des Cyrénéens, qui, étant venus à Antioche, parlaient aussi aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus ; et la main du Seigneur était avec eux ; et un grand nombre, ayant cru, se tournèrent vers le Seigneur. Et le bruit en vint aux oreilles de l’assemblée qui était à Jérusalem ; et ils envoyèrent Barnabas pour passer jusqu’à Antioche ; lequel, y étant arrivé et ayant vu la grâce de Dieu, se réjouit ; et il les exhortait tous à demeurer [attachés] au Seigneur de tout leur cœur, car il était homme de bien et plein de l’Esprit Saint et de foi ; et une grande foule fut ajoutée au Seigneur. Et il s’en alla à Tarse, pour chercher Saul ; et l’ayant trouvé, il le mena à Antioche. Et il leur arriva que, pendant un an tout entier, ils se réunirent dans l’assemblée et enseignèrent une grande foule, — et que ce fut à Antioche premièrement que les disciples furent nommés chrétiens » (11:19-26).
On observera qu’il est réservé à ce récit de l’évangélisation libre du début, d’abord aux Juifs, puis un peu après aux Grecs, d’introduire les premiers liens entre Saul et Antioche, le point de départ terrestre des grands travaux de l’apôtre. C’est tout à fait dans la manière de Luc. Son ordre, et nul n’est plus ordonné, n’est pas celui d’une simple séquence, comme on peut le voir dans l’évangile de Marc, et encore moins s’attarde-t-il à donner des preuves du changement de dispensation, comme dans l’évangile de Matthieu. Il fut conduit à traiter de relations d’ordre moral, qui, si elles sont moins manifestes, présentent un arrangement plus profond et plus complet de l’instruction relative aux voies de Dieu que de simples récits chronologiques.
Quelle que soit la valeur (et elle était immense) de l’épisode que nous venons de voir en Actes 9:32 à 11:18 (9:31 étant une sorte de chaînon de transition qui clôt ce qui précède, et introduit ce qui suit), Dieu prend soin que l’évangile atteigne les Gentils, d’abord d’une manière tout à fait informelle, alors même que les plus hautes autorités ecclésiastiques étaient là pour commencer et donner leur approbation à son inauguration avec le sceau de tout le collège apostolique à Jérusalem. Il plut au Seigneur que l’ordre soit tout autre, et le travail parmi les Gentils commença sans objectif particulier, sans plan précis chez les premiers ouvriers, sans rien d’apparent si ce n’est le zèle d’amour qui connaissait le besoin désespéré des Gentils et l’efficacité sans mesure de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Ce fut donc selon la sagesse la plus profonde et la bonté divine que le début réel de l’évangile hors Israël découla simplement de l’amour émanant de Dieu seul, selon ce qui était compris, au travers des circonstances qui suivirent le martyre d’Étienne. Comme nous le savons, les saints furent alors presque tous dispersés par la persécution qui arriva. Au cours de leur passage ici et là, la Phénicie, Chypre et Antioche profitèrent de leur témoignage. Cependant, la parole ne fut annoncée au commencement qu’aux Juifs seuls. Certains d’entre eux cependant, des Juifs étrangers, Cypriotes et Cyrénéens, s’aventurèrent plus loin, et dans le dernier lieu nommé, à Antioche, ils adressèrent aussi aux Grecs la bonne nouvelle du Seigneur Jésus.
N’était-ce pas fort hardi ? Certainement, cela provenait de Dieu qui se servait de circonstances providentielles pour Sa gloire. C’était l’amour, l’instinct spirituel, dans le cœur de ceux qui évangélisaient et dont les noms sont inconnus. Dieu a pris un soin particulier à ne pas les nommer, peut-être de peur qu’on leur attribue une perception de Ses pensées supérieure à la réalité. Le fait important était là, et ceux à qui Dieu donna cette puissante et profonde impulsion par Son Esprit étaient des ouvriers au cœur simple. Admirons ces voies de Dieu, qui sont plus hautes que celles même de Son peuple, comme les cieux sont plus élevés que la terre.
L’homme, même le plus sage de Ses serviteurs, se serait attendu à autre chose. Mais le Dieu qui était maintenant à l’œuvre, était Celui-là même qui, après avoir introduit Moïse dans la maison de la fille du Pharaon par Sa providence, l’en fit sortir par la foi ; c’était aussi Celui-là même qui, alors que Moïse était instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, ne se servit pas de Moïse pour délivrer Son peuple avant qu’il ait désappris l’homme ainsi que lui-même, et qu’il ait réalisé tout seul ce que Dieu est, dans le désert pendant quarante longues années : c’est alors, et alors seulement, qu’il fut en état, de la part de Dieu, de conduire et délivrer Son peuple. De la même manière dans maintenant, il a paru convenable à Dieu de commencer le christianisme chez les Gentils par des hommes de relativement peu d’importance tant dans le monde que dans l’église, avant qu’il y ait eu le moindre contact entre Pierre et Corneille. L’ordre le plus élevé qui ait jamais été établi dans l’assemblée sur la terre ne pouvait donc pas se vanter. Le Seigneur est au-dessus de ceux-là et au-dessus de tout autre rang ; on ne peut rien Lui dicter. Et Il n’a pas abdiqué Ses droits sur la terre dans les mains d’un vice régent, pas plus que dans les mains des douze. Le Seigneur ayant fait valoir les droits de Sa souveraine volonté en mettant des Cypriotes et des Cyrénéens pour être les premiers à implanter l’évangile parmi les Gentils, Il prend soin ensuite d’envoyer Pierre à Césarée, et d’avoir l’approbation des douze à Jérusalem sur l’action de Pierre faite en accord avec Son commandement direct. Son propre appel de Saul pour être apôtre des Gentils était indépendant à la fois de cette libre action à Antioche, et de la reconnaissance formelle de Césarée à Jérusalem, du fait que cet appel était évidemment antérieur, et sous bien des aspects supérieur en affirmation et en puissance, — supérieur aux deux peut-on ajouter, bien que cela ne fût pas encore complètement révélé.
C’était tellement important aux yeux de Dieu de fonder, confirmer et authentifier ce travail parmi les Gentils, si intéressant et indispensable au plus haut degré pour nous, qui sans lui serions de simples pécheurs, « sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde » (Éph 2:12). Mais si c’est pour nous d’une telle importance, qu’était-ce pour la gloire de Sa grâce ? et pour la louange de Son Fils, le Seigneur Jésus ?
Ces frères de Chypre et de Cyrène continuèrent à parler aussi aux Grecs, annonçant la bonne nouvelle du Seigneur Jésus Christ, et la main du Seigneur fut avec eux, et un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur (11:20-21). Si jamais des hommes osèrent tirer parti indéfiniment de la grâce sans attendre un signe extérieur ou une mission ouvertement conférée, — si des serviteurs du Seigneur se sont jamais exposés à des reproches méprisants apparemment mérités pour avoir dépassé les bornes, spécialement du fait que les douze étaient non seulement vivants, mais ensemble et à une distance relativement modeste, — c’était sûrement ces pionniers de la grâce envers les Grecs.
Antioche en Syrie était sans doute un lieu convenable selon les pensées de Dieu. La cité fut fondée en 300 avant JC par Séleucus Nicator ; et comme les Juifs y possédaient des privilèges égaux à ceux des Grecs politiquement, un grand nombre d’entre eux vivait sous le gouvernement d’un ethnarque appartenant aux leurs. Dieu n’oublie jamais la bonté montrée envers Son pauvre peuple même déchu, et Il sait comment récompenser avec un intérêt indiscutablement divin. C’est ici qu’en premier, les Grecs entendirent, crurent et se tournèrent vers le Seigneur.
Il est bien connu qu’au verset 20, beaucoup de bons manuscrits supportent la lecture du texte de la version autorisée anglaise, c’est-à-dire aux « Héllénistes », Juifs de langue grecque [JND et WK traduisent « Grecs »]. Mais le sens fourni par Aleph, A et D, et presque toutes les anciennes versions, est décisif au vu de ce qu’exige la vérité affirmée. Car à Jérusalem même, avant la dispersion, non seulement les Héllénistes étaient objets du témoignage, ainsi que d’autres Juifs, mais ils étaient notoirement ceux qui murmuraient contre les Hébreux (c’est-à-dire les Juifs de naissance, parlant Araméen). Bien plus, tous les « sept » choisis pour apaiser le débordement de colère indigne, et pour soulager les apôtres des tâches qui les entravaient et leur permettre un travail incomparablement meilleur, — ceux-là portaient des noms hellénistiques, et l’un d’eux était expressément d’Antioche. D’autre part, il est relaté en Actes 9:29 comment Saul de Tarse parlait et disputait contre ces Hellénistes à Jérusalem. Il n’y aurait donc rien eu de nouveau ou de particulier à ce qu’un discours similaire eût lieu à Antioche, tandis qu’il est déclaré que premièrement ils ne s’étaient adressés à personne, si ce n’est à des Juifs seulement, et ensuite à des Grecs aussi, et ce fut efficace sous l’effet de la bonne main du Seigneur. Or « Hébreux » s’oppose à « Hellénistes », mais non pas à « Juifs », qui inclut les deux. Si bien que « Juif » peut seulement être confronté à « Grec », et non à « Helléniste », qui relève de la catégorie en dessous. Le point soulevé ici est loin d’être mineur, car seule une prédication aux « Grecs » (*) pouvait justifier une investigation rigide et intelligente, et constituer aussitôt un fait nouveau et important. En outre, nous ne devons en aucun cas supposer que leur conversion au Seigneur par l’évangile ait eu lieu après que les disciples aient entendu parler de l’appel de Corneille. Il a déjà été dit que cela arriva avant la visite de Pierre à Césarée. Évidemment tout ce que notre chapitre implique, c’est que le récit de leur conversion n’atteignit qu’alors les oreilles de l’assemblée qui était à Jérusalem. Le fait même de leur conversion avait eu lieu, bien sûr, bien plus tôt ; et nous avons vu combien la beauté de cette antériorité contribue magnifiquement au plan complet de la grâce de Dieu, qui, de manière non moins appropriée, appelait l’autorité apostolique à agir.
(*) Il n’est pas étonnant qu’avec son tact habituel l’archevêque Ussher (Works 11:24) accepte de lire « Hélléniste », même si le Vatican soutient ce qui prévaut parmi les copies plus modernes, et que les Pères sont flottants selon leur trop fréquent manque de discernement. L’effort de Wetstein et al., ne réussit pas à établir que Ελληνισται signifie Gentils, au lieu de Juifs de langue grecque ou étrangers (ce qui est sa réelle portée). Tout aussi vain (car fondé sur la lecture incorrecte selon le texte de la version autorisée) est le raisonnement de Saumaise, Wolf, et al. selon lequel il s’agissait bien de Gentils, mais de prosélytes du judaïsme. Il vaut la peine de noter que la version autorisée anglaise fait bien la distinction entre Helléniste (« Grecian ») et grec (« Greek ») dans le Nouveau Testament, tandis que dans l’Ancien Testament (Joël 3:6), c’est le premier mot qui est utilisé à la place du dernier, alors que les Septante mettent correctement των Ελληνων. Kühnöl se trompe totalement en rapportant εξ αυτων (11:20) non pas aux prédicateurs dispersés, mais aux Juifs nommés juste avant.
Barnabas, qui était de Chypre bien que Lévite, vient alors à Antioche en mission pour s’enquérir. On ne peut concevoir un choix plus admirable : il fallait bien ce cœur généreux dévoué au Seigneur pour juger correctement l’œuvre à Antioche et pour rassurer valablement ceux de Jérusalem. Car lui, « y étant arrivé et ayant vu la grâce de Dieu, se réjouit ; et il les exhortait tous à demeurer [attachés] au Seigneur de tout leur cœur » (11:23). Et le commentaire de l’historien inspiré est frappant : il ne rechigne nullement à apporter sa mention d’honneur (Paul non plus n’aurait pas été réticent à le faire) malgré le fait que Barnabas fut entraîné plus tard dans un excès de fougue en faveur de son neveu : « car il était homme de bien et plein de l’Esprit Saint et de foi ». La grâce scella aussi sa visite, « et une grande foule fut ajoutée au Seigneur ». Peut-on encore suspecter un caractère mélangé de l’œuvre, quand on voit ce qui fit éclater la joie de Barnabas, qui coopéra à cette œuvre ?
Il y a encore un autre trait caractéristique de cet « homme de bien », et non seulement de lui, mais de l’œuvre réelle du Saint Esprit, dans le fait à la fois qu’il fut envoyé à Antioche, et maintenant qu’il s’en va pour la Cilicie. « Et il s’en alla à Tarse, pour chercher Saul ; et l’ayant trouvé, il le mena à Antioche » (11:25-26). Est-ce ainsi notre manière de ressentir les choses et d’agir en présence d’un vaste champ de service où nous sommes honorés d’être utilisés par le Maître ? Au milieu d’un tel champ, nous souvenons-nous de quelqu’un d’autre qui pourrait être encore plus efficace ? Ou bien la jalousie nous entrave-t-elle encore — joue-t-elle encore son rôle sombre et mortel, pour le déshonneur de Christ et en faisant subir une perte aux âmes au-dedans et au-dehors ? Il n’en était pas ainsi de Barnabas qui avait déjà agi en frère quand, hélas, tous avaient peur de Saul (9:26-27). Ayant maintenant appris sa valeur comme prédicateur hardi quand il allait et venait à Jérusalem (9:28), il réfléchit à l’aide que Saul pourrait apporter à Antioche, et agissant sur cette base, il est rendu capable d’exécuter son désir. « Et il leur arriva que, pendant un an tout entier, ils se réunirent dans (*) l’assemblée et enseignèrent une grande foule, — et que ce fut à Antioche premièrement que les disciples furent nommés (**) chrétiens » (11:26). C’était le troupeau de Christ, non pas celui de l’un ou de l’autre ; et Son amour les animait tous les deux, comme d’autres aussi sans doute, pour en prendre soin. En ces jours-là, personne ne disait de l’assemblée qu’elle était la sienne, mais ils servaient en elle avec amour et sainteté parce qu’ils se souvenaient toujours que c’est l’assemblée de Dieu et non de l’homme.
(*) « Dans » parait à la fois littéral, exact et complet. « Avec » ne fait pas ressortir l’intimité de leur relation, faisant eux-mêmes aussi partie de l’assemblée : il impliquerait plutôt une place moins proche. On remarquera aussi que c’est ici la première fois qu’il est parlé de « l’assemblée », ou église, dans une ville des Gentils, d’où, en son temps, le Saint Esprit enverra Barnabas et Saul mis à part pour un travail de grâce parmi les nations (13:1-2). Pourtant Dieu disposa les choses de manière qu’Antioche, pas plus que Rome, ne pouvait se vanter d’être une assemblée fondée par un apôtre ; car, comme nous l’avons vu, elle commença tout simplement avec des hommes qui, par amour, prêchèrent à tous pareillement les bonnes nouvelles de Christ.
(**)Mr Myers est plutôt osé (Norrisian Prize Essay, 1832, p 16, note) quand il dit comme un fait certain que « les apôtres donnèrent ce nom aux païens convertis ». La forme du verbe grec est à l’actif, certes, mais qu’en est-il de sa vraie force ? Son usage dans le Nouveau Testament, au sens requis ici, est limité au cas de Rom. 7:3 avec un temps futur, ce qui s’oppose indiscutablement et directement à ce que Myers admet. Là il signifie « sera appelée » ou « obtiendra le nom de », et il en est de même ici. Combien l’archevêque Ussher est plus sobre à ce sujet : « Quod nomen, Latina non Graeca a Christo deflexum, a Romanis Antiochiae tum agentibus impositum illis fuisse videatur » [= « et ce nom, dérivé de Christ en latin et non en grec, est considéré comme ayant été alors imposé à ces gens par les Romains d’Antioche »]. Là où il est question d’une communication divine, la forme est différente. L’usage classique de l’expression pour « gérer », et de là « parler d’affaires », n’apparaît pas dans le Nouveau Testament, bien qu’on puisse voir par l’exemple de ces gens comment un nom est donné, et à la longue un nom indépendant de leur activité.
Il est intéressant de voir que l’Esprit de Dieu ajoute ici que c’est Antioche, notoirement célèbre autrefois pour les surnoms spirituels ou grossiers qu’on y trouvait, qui fut le premier endroit à désigner les disciples par le terme de « chrétiens », alors que ceux-ci se désignaient entre eux par les termes de « fidèle », « frères », « saints ». « Chrétiens » a été un nom donné par les Gentils comme un opprobre, — les Juifs les appelaient « Nazaréens », et plus tard Julien l’apostat les appela « Galiléens ». Les Juifs n’auraient jamais pensé à « Christ » comme base d’un terme de mépris : ce dont ils se moquaient, c’était que Jésus soit le Christ.
« Or en ces jours-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. Et l’un d’entre eux, nommé Agabus, se leva et déclara par l’Esprit, qu’une grande famine aurait lieu dans toute la terre habitée, laquelle aussi eut lieu sous Claude. Et les disciples, chacun selon ses ressources, déterminèrent d’envoyer quelque chose pour le service des frères qui demeuraient en Judée : ce qu’ils firent aussi, l’envoyant aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul » (11:27-30).
C’est une joie de voir que la libre activité de l’Esprit qui commença l’œuvre et fonda l’assemblée à Antioche n’était nullement réticente à l’égard des dons spéciaux qui exerçaient leur ministère en son sein, et qu’également elle n’avait aucune méfiance vis-à-vis de ce que le Seigneur avait opéré par de simples croyants évangélisant comme ils pouvaient. Il n’y avait pas que Barnabas et Saul qui œuvraient là, mais aussi des prophètes venus de Jérusalem, dont l’un d’eux, Agabus, prédit une grande famine (à notre connaissance, il y en a eu plusieurs) sous Claude. Il est d’un profond intérêt de voir la foi et l’amour qui répondirent à cette prédiction, bien que ce ne fut pas un prêche caritatif, — et ils y répondirent sans attendre un appel des saints déjà appauvris par leur amour généreux après la grande Pentecôte qui vit naître l’assemblée ici-bas. Ils croyaient la pénurie proche, et pensèrent aux saints à Jérusalem comme étant véritablement « un seul corps » ; et peut-être pouvons-nous appliquer 1 Cor. 12:26 ici : « si l’un souffre, tous souffrent aussi », autrement dit : comme ils sympathisent, ils secourent aussi. Ainsi même les Juifs du temps d’Esdras furent poussés par les prophètes à construire avant qu’une nouvelle intervention de leurs ennemis fasse sortir le décret du grand roi annulant l’interdiction de l’usurpateur. Il est béni d’agir dans les devoirs terrestres avec des motivations célestes ; et ce que nous faisons, devrait être fait par la foi, qui honore toujours la parole de Dieu. Ainsi les liens d’amour sont maintenus des deux côtés entre Jérusalem et Antioche, et ceci dans les choses spirituelles, et encore plus dans les choses charnelles ; c’était en effet leur devoir de rendre, comme Paul ne manqua pas de le rappeler à d’autres plus tard (Rom. 15:27).
La tâche fut confiée à Barnabas et Saul usant du canal des « anciens », dans nous entendons parler pour la première fois dans les relations de l’assemblée. Comment furent-ils mis en place en Judée, nous ne le savons pas d’après le Nouveau Testament ; mais nous avons une instruction précise dans la sphère des assemblées des Gentils, comme on le voit en Actes 14:23. Le terme « ancien », comme la charge elle-même, semblent en effet dériver d’Israël, comme on peut l’observer à travers tout l’Ancien Testament, dès les temps les plus reculés. C’était pleinement en vigueur dans la synagogue comme on peut le voir dans le Nouveau Testament. Vitringa (De Synag. Vet.) discute ceci longuement. Le terme « évêque » est maintenant partout reconnu comme un synonyme, mais dérive plutôt d’une source Gentile, quoiqu’on le trouve fréquemment dans la Septante ; il désigne une activité de surveillance ou d’inspection ; « ancien » se réfère à un homme âgé, et de là, hormis l’âge, à un sénateur. En Palestine ou en dehors de la Palestine, toute synagogue avait son « corps d’anciens » ; et la même chose réapparaît dans l’assemblée. Il est absurde de confondre ce fait avec ce qu’on appelle le « ministre » d’une église dans les temps modernes. Leur rôle était de présider, bien que certains pouvaient enseigner. Un droit exclusif de prêcher ou d’enseigner est inconnu dans le Nouveau Testament ; bien plus, il contredit la constitution fondamentale de l’assemblée dans laquelle Dieu place toute une diversité de dons pour qu’ils soient exercés au-dedans et au dehors.
Le chapitre 11 commençait par la liberté donnée aux Gentils, justifiée à Jérusalem, et il se terminait par l’amour s’épanchant vers les frères de Judée depuis l’assemblée d’Antioche. Ceci amena Barnabas et Saul à Jérusalem. Dieu n’avait pas oublié Jérusalem du fait qu’Il rassemblait des âmes à Antioche, et Il ne négligeait pas les apôtres de la circoncision du fait qu’Il avait suscité un envoyé approprié et énergique pour les Gentils. Néanmoins le nom de Dieu n’allait pas être célébré de la même manière, même que l’éclatement de persécution soit le même. La précédente persécution avait dispersé les saints sauf les apôtres ; la nouvelle épreuve éclata contre les apôtres, et en particulier contre Jacques et Pierre, deux des principaux, l’un mis à mort, et l’autre emprisonné pour être mis à mort : c’est du moins ce que le roi se proposait.
« Or vers ce temps-là, le roi Hérode mit les mains sur quelques-uns de ceux de l’assemblée pour les maltraiter, et il fit mourir par l’épée Jacques, le frère de Jean. Et voyant que cela était agréable aux Juifs, il continua, en faisant prendre aussi Pierre ; (or c’étaient les jours des pains sans levain) ; et quand il l’eut fait prendre, il le mit en prison, et le livra à quatre bandes de quatre soldats chacune pour le garder, voulant, après la Pâque, le produire devant le peuple.
Pierre donc était gardé dans la prison ; mais l’assemblée faisait d’instantes prières à Dieu pour lui. Mais lorsque Hérode allait le produire, cette nuit-là, Pierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaînes ; et des gardes, devant la porte, gardaient la prison. Et voici, un ange du Seigneur survint, et une lumière resplendit dans la prison ; et frappant le côté de Pierre, il le réveilla, disant : Lève-toi promptement. Et les chaînes tombèrent de ses mains. Et l’ange lui dit : Ceins-toi et chausse tes sandales. Et il fit ainsi. Et il lui dit : Jette ton vêtement sur toi et suis-moi. Et sortant, il le suivit ; et il ne savait pas que ce qui se faisait par l’ange était réel, mais il croyait voir une vision. Et ayant passé la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer qui conduit à la ville, et elle s’ouvrit à eux d’elle-même ; et, étant sortis, ils allèrent jusqu’au bout d’une rue ; et aussitôt l’ange se retira d’avec lui. Et Pierre, étant revenu à lui, dit : Je connais à présent certainement que le Seigneur a envoyé son ange, et m’a délivré de la main d’Hérode et de toute l’attente du peuple des Juifs. Et s’étant reconnu, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, où plusieurs étaient assemblés et priaient. Et comme il heurtait à la porte du vestibule, une servante nommée Rhode vint pour écouter ; et reconnaissant la voix de Pierre, de joie elle n’ouvrit point le vestibule ; mais étant rentrée en courant, elle rapporta que Pierre se tenait devant le vestibule. Et ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle affirmait qu’il en était ainsi. Et ils disaient : C’est son ange. Mais Pierre continuait à heurter ; et quand ils eurent ouvert, ils le virent et furent hors d’eux. Et leur ayant fait signe de la main de se taire, il leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison ; et il dit : Rapportez ces choses à Jacques et aux frères. Et sortant, il s’en alla en un autre lieu.
Mais le jour étant venu, il y eut un grand trouble parmi les soldats au sujet de ce que Pierre était donc devenu. Et Hérode, l’ayant cherché et ne l’ayant pas trouvé, fit subir un interrogatoire aux gardes et donna ordre qu’ils fussent emmenés au supplice. Et descendant de la Judée à Césarée, il y séjourna » (12:1-19).
Ainsi, si l’un des fils de Zébédée devait être préservé pour rester le dernier des douze, l’autre fut victime de l’épée d’Hérode Agrippa, devenant le premier martyr parmi les apôtres. Le roi n’était nullement un monarque violent et arbitraire, comme son grand-père Hérode le Grand ; mais ce petit-fils Hérode Agrippa cherchait à s’attirer la faveur des Juifs comme Hérode le Grand avait cherché la faveur des Romains. Et ceux qui semblaient être les piliers de l’église lui fournirent un moyen très facile pour satisfaire la malveillance des Juifs. Mais les pensées de Dieu ne sont pas celles de l’homme, et bien que le Seigneur ait déjà montré à Pierre de quelle mort il glorifierait Dieu, le temps n’était pas encore venu pour lui : « Quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas » (Jean 21:18). Hérode ne voulait pas simplement emprisonner Pierre, mais il voulait le produire devant le peuple, peut-être pour la condamnation, mais certainement pour une exécution devant servir d’exemple public. Mais la Pâque intervint, et Hérode était un pratiquant trop scrupuleux pour négliger les jours des pains sans levain.
Pendant ce temps l’assemblée faisait d’instantes prières, tandis que le roi le livrait pour être gardé par quatre bandes de quatre soldats. La délivrance était proche, l’assemblée ne s’y attendant guère plus que le roi la craignait. Comme d’habitude, la délivrance eut lieu juste avant le moment critique. « Au temps du soir il y a aura de la lumière » (Zach. 14:7). Cette nuit-là Pierre dormait entre deux soldats, non seulement lié par deux chaînes, mais des sentinelles devant la porte gardaient la prison. Pour le monde tout semblait sûr, et de son côté Pierre reposait en paix par la grâce du Seigneur qui ne sommeille ni ne dort jamais (Ps. 121:4) ; voici qu’alors Son ange se tint là et le réveilla, libérant Pierre de ses chaînes, le guidant dans les moindres détails, et comme dans une vision il exécuta chaque mot comme cela le lui était commandé. Il ne revint à lui qu’après avoir passé les deux gardes, et que la porte de fer se soit ouverte d’elle-même, non pas pour laisser entrer l’ange, mais pour laisser sortir Pierre ; et ils avancèrent jusqu’au bout d’une rue, quand l’ange le quitta. Alors Pierre réalisa sa délivrance, et pleinement conscient de tout, s’en alla chez Marie, où plusieurs s’étaient assemblés pour prier au sujet de celui qui heurtait à la porte (nous ne pouvons en douter). Ce n’est pas la crainte, mais la joie qui conduisit la servante Rhode (ou Rose, comme nous dirions), reconnaissant la voix bien connue, à revenir sur ses pas pour annoncer la nouvelle, en le laissant dehors derrière la porte. Luc, qui présente toujours la vérité de façon très vivante, ne cache nullement la foi maigre des saints, qui ne pouvaient guère avoir oublié comment l’ange de l’Éternel avait déjà ouvert des portes de prison et fait sortir les apôtres emprisonnés par le souverain sacrificateur envieux et son parti de sadducéens. La foi s’approprie aussi bien qu’elle se souvient pour les besoins présents.
Or ce n’était ni le sacrificateur ni le peuple, mais le roi qui voulait plaire aux Juifs ; et Dieu dans tout cela ? S’il fut magnifié par la mort de Jacques, Il voulait l’être davantage en préservant la vie de Pierre, quel que soit le plaisir du peuple et de ses chefs. Il avait déjà été rendu pleinement témoignage, y compris dans le temple ; et il n’y avait pas de commandement donné maintenant pour se tenir debout et parler là « toutes les paroles de cette vie » (5:20). Ils avaient entendu et méprisé l’évangile de Celui qui était ressuscité et glorifié, et qu’ils avaient rejeté et crucifié. Pierre n’allait donc pas « se tenir debout et parler » de la même manière, bien qu’il fût l’objet d’un grand miracle maintenant, mais, selon la règle ordinaire du Seigneur, persécuté dans cette ville, il devait fuir dans une autre (Matt. 10:23) ; c’est ce qu’il fit cette fois après avoir tout expliqué à l’assemblée étonnée.
Le cardinal Baronius traite cette histoire avec une réserve prudente dans le Bréviaire de la Prédication de Jacques en Espagne (où Compostelle revendique sa sépulture !) avec une référence également brève à ce qui est noté dans la Martyrologie Romaine (« quae consulat qui haec cupit » = que ceux qui le désirent le consultent pour eux-mêmes) ; mais il a beaucoup à dire sur la prétendue histoire des autres apôtres, et surtout de Pierre dans cette occasion, comme si elle avait un but pratique pour la papauté. Qu’il soit allé à Rome alors, et qu’il y ait commencé la première année de son règne de 25 ans comme pape, est le plus fou des rêves, qui est non seulement dépourvu de tout commencement de preuve scripturaire, mais qui est mis de côté de la manière la plus forte par tout ce que l’Écriture nous dit. Car Dieu, dans Sa prescience des désirs vains et égoïstes des hommes, a prit soin, non pas tellement d’empêcher la superstition et l’infidélité de poursuivre leurs multiples voies de propre volonté éhontée et désastreuse, mais plutôt de donner les preuves fidèles et amples pour réfuter l’adversaire et établir dans la vérité et dans la paix tout ce qui honore Sa parole écrite.
L’apôtre Paul, longtemps après en l’an 44 après JC (15 ou 16 ans après) écrit aux Romains en des termes qui impliquent qu’aucun apôtre n’avait encore visité la capitale du monde Gentil ; il exprime là son ardent désir de communiquer quelque don spirituel aux saints de Rome, sachant qu’il n’est pas quelqu’un qui construit sur les fondations d’autrui (Rom. 15:20), mais il reconnaissait en Rome une partie de cette province déterminée que Dieu lui avait attribuée. Ceci n’est qu’un simple témoignage parmi plusieurs, mais il est suffisant pour faire disparaître ce conte. Comment des chrétiens droits peuvent-ils attacher le moindre poids à Eusèbe de Césarée, qui relate la fable d’un « autre Céphas » pour cacher l’apôtre de la circoncision à la censure de l’apôtre des Gentils, — une censure faite à contrecœur, mais nécessaire et instructive ? Et ce n’est qu’un exemple de ses écarts d’avec l’Écriture simple ou de ses contradictions de l’Écriture. La parole est silencieuse sur le lieu où Pierre s’en alla ; et bien qu’on puisse ne pas être d’accord avec le regretté doyen Alford selon lequel l’expression de la fin du v. 17 implique seulement que Pierre quitta la maison de Marie, et qu’il a pu rester secrètement à Jérusalem, nous pouvons penser à des indications de lieux, non pas en Palestine seulement, mais parmi les Gentils, où, selon le Nouveau Testament, l’apôtre était connu. Mais pour les croyants, se livrer à des conjectures est pire que l’oisiveté, et tend à ébranler la vérité solide par les mains de ceux qui, plus que tout autres, devraient ne pas se permettre une telle licence. On ne peut que trop bien comprendre que les hommes naturels aient beaucoup à dire là où l’Écriture est réticente à parler : ils ne reçoivent pas les choses de l’Esprit de Dieu, et ne peuvent les connaître parce qu’elles se discernent spirituellement.
Il est beau de remarquer les voies de Dieu avec Ses serviteurs selon la trace laissée jusqu’ici dans ce livre. En tout premier lieu (ch. 4), nous voyons Pierre et Jean en prison et aucun miracle ne vient en abréger la courte durée. Ensuite les douze sont emprisonnés ; mais pendant la nuit l’ange de l’Éternel ouvre la porte et les fait sortir pour rendre témoignage dans le temple à Jésus exalté : de là ils sont amenés devant le conseil, battus et renvoyés, se réjouissant d’avoir été estimés dignes d’être déshonorés pour le Nom (5:41). Maintenant, un apôtre est tué par l’épée, et un autre est délivré par l’ange de l’Éternel la veille d’un destin similaire voulu par un roi dont la douceur habituelle envers le peuple (aux dires de Fl. Josèphe (*)) n’empêchait certainement pas une persécution extrême de la vérité quand son zèle religieux et sa vanité politique étaient offensés. Son dépit se retourna sans pitié contre les gardes, selon 12:19, bien qu’il n’y eût pas l’ombre d’une preuve montrant une quelconque connivence coupable de leur part dans la fuite du prisonnier. Il n’est pas étonnant qu’il trouvât convenable de partir de Judée pour aller à Césarée.
(*) Bien plus proche de la vérité est le récit de Dion Cassius (H.R. 59:24 ; ed. Sturz, 3. 700), qui relate l’appréhension à Rome que la cruauté et la violence ignoble de Caïus Caligula ne soient pas freinées, mais excitées dans l’art de la tyrannie par ce même Agrippa et par Antiochus (IV de Commagène) — τους βασιλεας, ωσπερ τινας τυραννοδιδασκαλους.
Mais ce n’est pas tout. « Or il était très irrité contre les Tyriens et les Sidoniens ; mais ils vinrent à lui d’un commun accord, et ayant gagné Blaste le chambellan du roi, ils demandèrent la paix, parce que leur pays était nourri par celui du roi. Et à un jour marqué, Hérode, revêtu d’une robe royale et assis sur un trône (*), les haranguait. Et le peuple s’écriait : Voix d’un dieu et non pas d’un homme ! Et à l’instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné la gloire à Dieu ; et, étant rongé par les vers, il expira » (12:20-23).
(*) C’est littéralement le βημα, traduit ailleurs dans la Version Autorisée anglaise par « tribunal », ou siège servant d’oratoire, ou bien pour une audience formelle, ou bien pour une réception d’honneur, aussi bien que pour une investigation judiciaire. Note Bibliquest : JND traduit « estrade ».
Tel fut le dernier acte de ce drame solennel, si l’on peut parler d’une succession de scènes autant pleines d’intérêt que d’instruction profonde pour l’homme par rapport à Dieu : un apôtre mis à mort, et un autre délivré par un ange : les prières de l’église exaucées au-delà de leur foi ; le tyran mortifié assouvissant ensuite sa vengeance sur ses gardes, non sur la victime prévue ; lui-même frappé au moment où il acceptait un hommage de déification par la multitude, et lui qui n’a pas donné la gloire à Dieu est abandonné aux vers, avant même d’avoir rendu l’esprit. « Mais la parole de Dieu croissait et se multipliait » (11:24).
Après avoir vu cette histoire racontée si simplement mais de façon très pittoresque et riche de vérité morale, quelle chute de niveau de lire le récit de ces mêmes circonstances par l’éminent Fl. Josèphe ! « Quand la troisième année de son règne sur toute la Judée se termina, il alla à la ville de Césarée, qui auparavant était appelée la Tour de Straton. Là il institua des spectacles en l’honneur de l’empereur, sachant qu’il y avait un festival pour sa sécurité. Là s’assembla une multitude d’hommes de haut rang et de qualité de toute la province. Le second jour du spectacle, ayant revêtu une robe toute brodée d’argent d’une texture étonnante, il vint de bonne heure au théâtre. Les premiers rayons du soleil se reflétaient sur l’argent, et éblouissaient d’un lustre surprenant au point de remplir de crainte et d’admiration tous ceux qui le regardaient. Tout de suite des flatteurs ici et là, loin d’être bons pour lui, commencèrent à l’acclamer fortement, et à l’appeler dieu, et disant : « sois propice ; et si jusqu’ici nous te réprimandions comme homme, désormais nous confessons que tu es supérieur à la nature humaine ». Le roi ne les reprit pas ni ne rejeta leur flatterie impie ; mais après un moment il leva les yeux et vit un hibou assis sur une corde au dessus de sa tête, et comprit que c’était un messager (ou ange) de malheur alors qu’il avait été précédemment un messager de bien (XVIII. 7:1) et il fut attristé dans son cœur. Un tourment persistant des entrailles survint violemment et d’un coup. Alors, regardant vers ses amis, il dit : Il m’est commandé à moi, votre dieu, de quitter cette vie, le sort réfutant instantanément ces expressions qui viennent d’être dites de moi à tort ; vous me disiez immortel, et me voilà emporté comme un homme mort. La décision que Dieu a voulue doit être acceptée. Pourtant notre vie n’a été nullement méprisable, mais dans une splendeur que l’on peut dire heureuse. En disant cela, il fut tourmenté par un accroissement de souffrances, et fut porté en hâte au palais ; et la rumeur se répandit partout que le roi était sur le point de mourir. Alors immédiatement la multitude, avec femmes et enfants, tous vêtus de toile à sac fit des supplications à Dieu en faveur du roi. Il n’y avait que gémissements et lamentations de toutes parts. Et le roi couché dans une chambre haute s’abandonna aux larmes quand il les vit en bas prosternés sur leurs faces ; après cinq jours de douleurs continuelles dans les entrailles, il quitta cette vie à l’âge de 54 ans après 17 ans de règne » (Opera 871-872, ed. Hudson).
Même J. D. Michaelis remarque que c’est du meilleur grec que celui de Luc, mais que c’est une histoire bien moins probable. Je dirais que c’est l’histoire écrite par un Juif de ce qui était substantiellement un fait indéniable parmi les Juifs, destinée à plaire à leurs maîtres romains et à s’attirer leurs bonnes grâces. Luc nous donne l’idée de Christ, aussi éloignée que possible de la corruption des légendes ecclésiastiques. Voyez même Eusèbe dans H.E. II. 10, qui est relativement sobre, et où il nous dit que les conséquences de la tentative du roi contre les apôtres ne tardèrent pas à arriver, et que le ministre de la justice divine chargé des vengeances le rattrapa vite après ses complots contre les apôtres. Or il ressort à l’évidence du récit inspiré que Luc affirme calmement les faits (non sans mettre à nu le motif) de la mort de Jacques et de l’emprisonnement de Pierre pour lequel la même fin était prévue. Mais tout est dit avec grâce et dignité : les sentiments exprimés sont totalement absents. L’attaque qui coupe la parole au monarque en train de s’exalter lui-même, arrive sans aucun doute parce qu’il avait accepté l’encensement impie que lui offrait la servilité profane de sa cour et de la foule. On peut évoquer des cas semblables restés impunis de comportement profanes chez les empereurs romains ou autres ; mais Hérode Agrippa professait un judaïsme scrupuleux, et c’est pourquoi il tomba sous la main de Dieu qui attend un jour plus lointain pour s’occuper des nations qui ne connaissent pas Dieu (2 Thes. 1:8). Combien la parole de l’homme diffère de celle de Dieu !
Mais, de plus, Eusèbe continue en remarquant la coïncidence du récit de Fl. Josèphe avec celui de l’Écriture ; mais dans sa citation formelle de l’historien Juif, il omet le petit hibou, et parle simplement d’« un ange assis au-dessus de sa tête ». Telle est l’honnêteté du « père de l’église » chrétienne. Il est assez probable que le hibou ait été introduit une fois, ou peut-être les deux fois, dans l’histoire d’Agrippa, pour satisfaire le goût des Romains pour les augures, mais nous n’avons aucune hésitation à stigmatiser la mauvaise foi de l’évêque de Césarée [Eusèbe] lorsqu’il laisse tomber sans un mot d’explication le hibou de la citation du texte de Fl. Josèphe. Il est facile de cette façon de faire concorder les récits, et de s’extasier de cette concordance ; mais une manière si trompeuse de manipuler les choses, relativement banale chez les écrivains des premiers temps, et très courante au Moyen Âge, mérite la réprobation de tous ceux qui aiment la vérité.
Combien la note triomphante qui suit est douce ! « Mais la parole de Dieu croissait et se multipliait » (12:24). Comparez 6:7 et 19:20. Sa sphère s’élargit à mesure que ses propagateurs se multiplient ; son poids et sa valeur ne pouvaient être cachés par la faiblesse d’un trop grand nombre d’entre ceux qui la recevaient, pas plus que par les puissants adversaires qui devaient tomber devant Un plus puissant qui était derrière tout cela.
Le dernier verset est une transition avant de passer au mouvement encore plus puissant qui a suivi, au départ d’Antioche. Il nous montre deux des principaux dans l’assemblée qui n’ont pas honte d’exercer un service de diacre envers les saints pauvres à Jérusalem. C’était là les piliers de ce souvenir ; et certainement Paul pouvait dire plus tard en vérité qu’il était zélé pour faire une telle chose, et nous savons aussi que Barnabas avait toujours eu cela à cœur. Nous entendrons parler davantage de Jean Marc peu après. « Et Barnabas et Saul, ayant accompli leur service, s’en retournèrent de Jérusalem, emmenant aussi avec eux Jean qui était surnommé Marc » (12:25). Remarquons que même ici il n’y a aucune raison de douter qu’il s’agit du futur écrivain du second évangile, qui retrace par inspiration divine le seul service parfait et béni qui a été celui de notre Seigneur Jésus. Marc a été pour un peu de temps le compagnon de Ses serviteurs, l’un d’entre eux [Paul] devant être sans égal dans ses travaux et ses souffrances pour Christ. Nous verrons bientôt ce qui arriva à Marc. S’il manqua, l’amour ne manqua pas. Et la restauration par grâce est précieuse à sa place, mais la grâce qui permet au faible de rester debout par la foi, l’est encore plus.
Hormis sa participation au conseil qui se tint à Jérusalem (Actes 15), Pierre disparaît de l’histoire inspirée des Actes. À partir de ce ch. 13, une autre figure est non pas simplement mise en avant, mais mise au centre même. On pourrait considérer à bon droit ce ch. 13 comme le premier du second volume du livre des Actes. Une mission ordonnée par le Saint Esprit prend son départ non pas de Jérusalem, mais d’Antioche, qui s’était déjà fait remarquer d’une part par le zèle chrétien qui avait même frappé ceux du dehors, et d’autre part par l’existence de la première assemblée réunie comme corps et mentionnée parmi les nations.
« Or il y avait à Antioche, dans l’assemblée qui était là, des prophètes et des docteurs : et Barnabas, et Siméon, appelé Niger, et Lucius le Cyrénéen, et Manahen, qui avait été nourri avec Hérode le tétrarque, et Saul. Et comme ils servaient le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé les mains, ils les laissèrent aller. Eux donc, ayant été envoyés par l’Esprit Saint, descendirent à Séleucie ; et de là ils firent voile pour Chypre. Et quand ils furent à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs ; et ils avaient aussi Jean pour serviteur. Et ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était avec le proconsul Serge Paul, homme intelligent. Celui-ci, ayant fait appeler Barnabas et Saul, demanda à entendre la parole de Dieu. Mais Élymas, le magicien (car c’est ainsi que son nom s’interprète), leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi. Et Saul qui est aussi [appelé] Paul, étant rempli de l’Esprit Saint, fixant ses yeux sur lui, dit : Ô homme plein de toute fraude et de toute méchanceté, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? Et maintenant voici, la main du Seigneur est sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil pour un temps. Et à l’instant une obscurité et des ténèbres tombèrent sur lui ; et se tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main. Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant saisi par la doctrine du Seigneur » (13:1-12).
On ne saurait nier la multiplicité d’hommes doués de dons, cinq de haut niveau à temps plein au service de Christ, et ceci expressément « dans l’assemblée qui était là [à Antioche] ». Pas plus ici qu’ailleurs, on ne voit plusieurs églises dans un même lieu, ayant chacune son ministre. Cela ne veut pas dire que les fidèles ne se réunissaient pas pour la fraction du pain ici ou là, dans de nombreuses maisons, comme ils le faisaient à Jérusalem ; mais néanmoins, ils constituaient dans cette ville, comme dans toutes les autres, « l’assemblée qui était là ». L’unité prévalait, que seul le Saint Esprit pouvait former ou maintenir — non pas une unité invisible, ou simplement pour le ciel, et admettant une diversité effective, voire des antagonismes, mais plutôt une unité vivante et manifeste sur la terre, que jusqu’alors les dons, et les anciens là où ils existaient, favorisaient au lieu d’en être des instruments d’indépendance.
Il faut aussi observer que ces cinq prophètes et docteurs ne sont nommés ni à la manière du monde ni selon le rang ecclésiastique, sinon Barnabas n’aurait pas été cité le premier, et encore moins Saul le dernier. Ils semblent plutôt rangés selon l’ordre de leur naissance spirituelle — en tout cas comme ils étaient connus des saints à Antioche. Celui qui était le frère de lait d’Hérode le tétrarque n’est ni le premier ni le dernier. Mais la puissance de la grâce du Seigneur selon Matt. 20:16 allait vite mettre au premier rang du témoignage rendu à la vérité celui qui occupe ici la dernière place.
« Comme ils servaient le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Le service du Seigneur ici ne doit pas être confondu avec Son service par la prédication ou l’enseignement ; il s’agissait surtout, sans doute, de prière et d’intercession. Dire qu’il s’agissait de la cène est une idée grossière et sans fondement, car la cène suppose la communion des saints dans le souvenir de Christ, et dans son principe tous les saints sont envisagés, tandis qu’ici, le « service du Seigneur » ne concernait que des compagnons d’œuvre ; on peut penser que c’était un service pour qu’il plaise au Seigneur de diriger et de bénir l’œuvre, et pour que chacun d’eux soit « un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre ». Ceci est confirmé par le jeûne qui accompagnait leur action spirituelle envers le Seigneur ; il est bien sûr l’expression de ce que l’être extérieur est abaissé afin que l’être intérieur soit d’autant plus sans partage devant Lui ; c’est de cela qu’il s’agissait, plutôt que de l’occasion publique principale d’action de grâces et de louange unie de l’église.
Il est probable que le Saint Esprit a utilisé un ou plusieurs des prophètes pour communiquer la pensée de Dieu quant à l’œuvre à laquelle Il avait appelé Barnabas et Saul. Il semble qu’il en ait été ainsi dans le cas de Timothée (1 Tim. 1:18 ; 4:14), bien qu’on voie une action directe dans le cas de Philippe (Actes 8:29). Ici, quelqu’en ait été le canal, la parole n’était pas adressé à l’église, comme Alford le suppose, mais aux compagnons d’œuvre dans leur ensemble pour qu’ils mettent à part ces deux-là pour le travail spécial qui les attendait. Le langage utilisé exprime bien l’intérêt et l’autorité personnels de l’Esprit comme de Quelqu’un ici-bas concerné directement et au plus haut degré et de manière très intime. C’est l’Esprit qui dit : « Je les ai appelés ». Ni Barnabas ni Saul n’étaient alors appelés pour la première fois avec autorité au service de Christ ; car il était notoire que même le plus jeune des deux avait déjà travaillé activement pendant des années, à la fois dans l’évangile et dans l’assemblée. Si l’on voulait coûte que coûte et sans réfléchir extraire de ce passage le rite d’ordination, on n’y trouverait qu’une ordination par des frères de rang inférieur au leur. Si une telle chose existait dans ce cas, la manière d’agir serait incompatible avec tous les principes reconnus, notamment pour la fonction d’évêque. Mais la « mise à part » décrite ici est de nature entièrement distincte et a un but différent, comme le lecteur intelligent ne peut manquer de le voir s’il est dépourvu de préjugés. Il est certain que Galates 1:1 réfute avec insistance et précision ce que bien des anciens et des modernes ont basé, à tort, sur la circonstance intéressante et instructive placée devant nous. Paul y déclare qu’il était « apôtre (non de la part des hommes comme source, ni par l’homme comme canal, mais) par Jésus Christ, et Dieu le Père qui L’a ressuscité d’entre les morts ». Ses détracteurs judaïsants auraient été trop contents de pouvoir soutenir qu’il devait son droit au ministère aux trois docteurs d’Antioche qui imposèrent les mains à lui et à Barnabas ; mais bien que ses adversaires d’autrefois à Corinthe ou en Galatie fussent fort hardis, il ne nous est pas dit qu’eux osèrent aller aussi loin dans leurs insinuations. Ce que Paul affirme au début des Galates empêche en peu de mots et définitivement tout effort tendant à abaisser son apostolat, ou, ce qui revient au même, à exalter l’ordination aux dépens de l’apôtre Paul, ici ou ailleurs.
Le v. 3 confirme les remarques faites sur le début du v. 2, car nous avons de nouveau ici le jeûne et la prière. Mais bien qu’une cérémonie initiatique censée transmettre les ordres saints ne soit pas en vue ici, nous avons pourtant une atmosphère sainte et solennelle en contraste frappant avec ce qui prévaut dans certaines formes modernes basées à tort sur ce verset. La « charge » et le « banquet » conviennent bien à ceux qui ne sont pas attirés par le jeûne et la prière. Les « Quatre-Temps » (*) peuvent être assez formels, mais au moins ils y ressemblent davantage, et peuvent être mieux moralement. Le Seigneur était alors leur seul objet, et le Saint Esprit opérait en puissance, et un service de renoncement à soi pour la gloire de Dieu en était le fruit béni. Les actes extérieurs découlaient de la vie intérieure. C’était le cas de l’imposition des mains. C’était un signe général d’identification, ou de bénédiction accordée. Dans le cas présent, les compagnons d’œuvre recommandaient solennellement leurs deux frères honorés, à la grâce de Dieu, avec ce sceau de leur propre communion dans le service.
(*) note Bibliquest (information provenant des indications de l’observatoire de Paris sur le calendrier de la poste) : « Quatre temps : Autrefois, périodes de trois jours de pénitence et de jeûne (mercredi, vendredi et samedi) situées respectivement après le 3ème dimanche de l’Avent, le 1er dimanche de carême, le dimanche de la Pentecôte, et le 17ème dimanche après la Pentecôte. Leur origine, très lointaine (les Quatre-Temps furent célébrés par le pape Sirice au 4ème siècle), est mystérieuse. C’est probablement une reprise de célébrations païennes marquant les semailles, les moissons et les vendanges ».
La traduction donnée par la version autorisée anglaise « Ils les envoyèrent au loin » est critiquable, car on peut l’interpréter (et cela a été fait), comme désignant la mission qu’ils auraient autorisé Barnabas et Saul d’accomplir. Mais les termes choisis excluent une telle pensée ; ils signifient simplement : ils « les laissèrent partir » sans la moindre idée de mission conférée. Par contre l’idée de mission est bien marquée avec force au début du v. 5 : « Eux donc, ayant été envoyés par l’Esprit Saint, descendirent à Séleucie ; et de là ils firent voile pour Chypre. Et quand ils furent à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs ; et ils avaient aussi Jean pour serviteur. Et ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était avec le proconsul Serge Paul, homme intelligent ».
Nous voyons donc Saul, non seulement appelé des cieux par Christ glorifié, mais maintenant envoyé par l’Esprit avec son compagnon plus âgé depuis cette cité remarquable, — remarquable parce qu’elle est la première assemblée à être directement nommée parmi les nations. C’est ici qu’eut lieu la « mise à part » de l’apôtre (comp. Rom. 1:1) pour l’œuvre de l’évangile, bien que cette tâche ne fût pas réservée à lui seul. Tout se passait en dehors de Jérusalem et des douze. Son appel était céleste, sa mission était vers les nations, et elle émanait du sein de la première assemblée des nations ; mais l’énergie et la direction venaient du Saint Esprit, bien que ses compagnons d’œuvre aient témoigné de leur communion avec eux deux dans leur travail. Jean Marc les servait personnellement, et sans doute les aidait dans l’œuvre dans sa mesure. L’appeler aumônier ou diacre serait ridicule, si on peut se permettre un tel sentiment en présence d’une telle perversion. Il est humiliant que des hommes pieux descendent si bas. Faisons en sorte que la pratique moderne repose sur sa vraie base : l’Écriture ne la garantit pas.
Remarquons que la pratique de l’apôtre correspondait au principe habituel énoncé dans ses écrits inspirés : « au Juif premièrement, et au Grec » (Rom. 1:16 ; 2:9, 10 ; etc.). Arrivés à Salamine, ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. C’était en effet le seul lieu à caractère religieux où une telle liberté existait. Et tel était aussi l’ordre de Dieu jusqu’à ce que Jérusalem soit détruite, ou du moins jusqu’à ce que l’épître aux Hébreux soit écrite, car alors le « pas de différence » déclaré par l’évangile (Rom. 10:12) trouve une application encore plus manifeste et définitive. Mais jusqu’alors, la porte était ouverte, et ceux qui étaient Juifs y étaient libres de lire et d’exposer les Écritures.
Mais c’est dans sa capitale Nea Paphos (pas tout à fait le siège si célèbre du culte dissolu d’Aphrodite) que l’évangile se heurta non seulement au préjugé juif, mais à ce préjugé exacerbé et aggravé par l’imposture religieuse et la magie. « Et ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était avec le proconsul Serge Paul, homme intelligent. Celui-ci, ayant fait appeler Barnabas et Saul, demanda à entendre la parole de Dieu. Mais Élymas, le magicien (car c’est ainsi que son nom s’interprète), leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi » (13:6-8).
Salamine étant à l’est, et Paphos à l’ouest, ils avaient « toute l’île » à traverser, ce que disent les meilleurs manuscrits alors que le Texte Reçu l’omet. L’intérêt du gouverneur romain suscita l’opposition jalouse d’un Juif corrompu qui avait eu de l’influence sur un esprit choqué par l’idolâtrie dépravante, mais qui était ouvert aux manifestations de puissance mêlées à des révélations. Qu’est-ce qui pouvait le mieux anéantir l’influence de l’imposteur juif que la grâce et la vérité venues par Jésus Christ ? Mais le proconsul (*) (non pas un « député » ou légat, comme dans la version autorisée anglaise) avait une conscience exercée, et par grâce une oreille prête pour la vérité, et qui se tourna rapidement vers ce qui était de Dieu, quand le témoignage atteignit son âme. Bar-Jésus (fils de Jésus ou Josué) s’appelait lui-même Elymas, le mage ou le magicien, ce qui était un titre apparemment apparenté aux Oulémas d’orient. Cette méchanceté causa la réprimande solennelle de Saul (appelé désormais Paul (**)) accompagnée d’une sentence venant de Dieu que le Saint Esprit lui donna non seulement de dire, mais d’exécuter. La rareté de tels châtiments judiciaires sous l’évangile les rendent d’autant plus impressionnants quand ils ont lieu.
(*) Wiclif et la version de Reims (Rhemish), guidés par la Vulgate disent « proconsul » ; Tyndall, Cranmer et la Version de Genève donnent le titre vague de « gouverneur du pays ». Il est d’autant plus important d’être exact que Chypre, sous les Romains, avait été impériale, et était donc gouvernée par un pro-préteur ; mais peu avant, elle avait été remise par Auguste au peuple, ce qui impliquait qu’elle était gouvernée par un proconsul, ανθυπατος au lieu du précédent αντιστρατηλος.
(**) Il est inutile de spéculer pour savoir si l’apôtre a toujours eu deux noms, l’un juif et l’autre romain ; ou si le nom romain lui aurait été donné à cette époque où il commença publiquement son travail parmi les nations.
L’apôtre donc, « étant rempli de l’Esprit Saint, fixant ses yeux sur lui, dit : Ô homme plein de toute fraude et de toute méchanceté (ou : ruse), fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? Et maintenant voici, la main du Seigneur est sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil pour un temps. Et à l’instant une obscurité et des ténèbres tombèrent sur lui ; et se tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main » (13:9-11).
Serge Paul était précisément dans un état où une telle intervention était propre à l’affecter profondément. Notons également la différence dans la manière d’agir de Dieu ici, par comparaison au cas de Simon le magicien de Samarie, qui commit un affront bien plus grave, si c’est possible, en proposant d’acheter la puissance de conférer l’Esprit à d’autres. Il avait été baptisé, et il fut averti de son état terrible, mais il fut exhorté à prier et à se repentir. Bar-Jésus devient la figure frappante des Juifs, aveuglés eux-mêmes, et s’efforçant de détourner les nations aveugles loin de la lumière de la vie. Pourtant ce châtiment n’est pas pour toujours, mais seulement « pour un temps », puisque Dieu leur donnera en son temps de regarder vers Celui qu’ils ont autrefois rejeté jusqu’à Le faire mourir, pour leur propre perte et leur ruine entre temps.
« Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant saisi par la doctrine du Seigneur » (13:12).
Ceci mérite d’être bien considéré. Ce n’est pas le miracle qui le frappa le plus, mais la vérité qu’on lui enseignait. Le miracle l’arrêta sans doute, et il y avait de quoi ; beaucoup de gens comme Simon le magicien ont été étonnés en voyant opérer des signes et des grands actes de puissance ! Mais la foi fondée sur de telles preuves est seulement naturelle, et n’a pas de racine divine. Les sens sont frappés, la raison est convaincue, l’esprit reçoit le témoignage, et la bouche le confesse. Mais il n’y a pas de vie en dehors de l’exercice de conscience sur son propre mal devant Dieu, et en dehors de Christ objet de l’âme en tant que don de pure grâce de l’amour de Dieu au pécheur coupable. C’était vrai pour Serge, non pas pour Simon. L’un était étonné du miracle, l’autre était au moins autant étonné, sinon plus, par l’enseignement qui apportait Dieu devant son âme, et qui le mettait lui-même en Sa présence. Voilà ce qui seul est efficace. C’est la vie éternelle.
Et c’est justement la différence entre un vrai travail divin dans une âme, et un esprit convaincu par une preuve, ou entraîné par la tradition. Le second peut être très bien en lui-même, et être un hommage raisonnable aux faits, dont on ne peut franchement pas se débarrasser, et qui forcent honnêtement la reconnaissance de tous ceux qui s’inclinent devant des preuves valables. Pourtant il peut y avoir des cas, et il y en a, où l’âme n’a jamais rencontré Dieu dans sa conscience, où le péché et même ses propres péchés ne sont pas un fardeau insupportable, où on ne se fie pas à l’amour qui a donné Son Fils unique et qui a fait peser sur Lui le fardeau des souffrances expiatoires, pour que le croyant puisse avoir la vie, le pardon et la paix. Aucun déploiement de puissance, si miraculeux soit-il, n’est aussi étonnant aux yeux de la foi que la grâce de Dieu sauvant les perdus au moyen de Son propre Fils. C’est ce que le proconsul fut rendu capable de recevoir de la part de Dieu, et nous n’entendons plus parler de ce grand homme. L’évangile donne aux plus grands de la terre, mais il ne reçoit aucune gloire de l’homme. Il n’y a qu’Un seul Homme qu’il proclame « élevé dans les lieux très hauts ». En Lui nous pouvons, et nous devons nous glorifier, car Lui est le Seigneur ; et la merveille des merveilles, c’est Sa grâce qui nous a sauvés, en faisant que nous soyons un avec Lui dans les lieux très hauts à la gloire de Dieu.
Désormais, sauf peut-être à l’ombre de Jérusalem (15:12, 25), Paul a la place principale comme cela est en effet exprimé par la phrase bien connue : Paul et ses compagnons (οι περι Παυλον, litt.: « ceux autour de Paul »). Cette phrase n’est guère utilisée ailleurs dans le Nouveau Testament (Marc 4:10 ; Luc 22:49), mais elle est familière dans les meilleurs écrits de Grèce (Platon, Crat. 440 C. ; Xénophon, Anab. vii. 4, 16 ; Thucydide v. 21, viii. 63).
« Et faisant voile de Paphos, Paul et ses compagnons se rendirent à Perge de Pamphylie. Mais Jean, s’étant retiré d’avec eux, s’en retourna à Jérusalem. Et eux, étant partis de Perge, traversèrent [le pays] et arrivèrent à Antioche de Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s’assirent. Et après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : Hommes frères, si vous avez quelque parole d’exhortation pour le peuple, parlez » (13:13-15).
La défection de Jean est notée ici par le Saint Esprit. Ce n’était pas une bagatelle aux yeux de Dieu, et le différend qu’il suscita plus tard quand Barnabas voulut qu’il le rejoigne avec Paul, se révéla être grave pour des serviteurs si ardemment et justement attachés l’un à l’autre. Jean n’avait ni la foi ni le courage pour l’œuvre qui s’ouvrait devant eux, et il s’en retourna à Jérusalem où se trouvaient sa mère et les relations si chères à son cœur naturel. Mais d’un autre côté, il ne faut pas exagérer avec ceux qui affirment que faire une chute est fatal. Ce peut être le cas pour les chevaux ; mais on est en droit de supposer que, sur ce sujet, les chrétiens connaissent mieux les expériences qu’ils ont probablement eues, et l’enseignement express de l’Écriture. La grâce transforme un échec passé en avantage futur, et plus tard le grand apôtre recommanda son ministère avec autant de sérieux qu’il en avait eu à le blâmer lors de son manquement.
Nous voyons ensuite Paul et Barnabas à Antioche de Pisidie dans la synagogue le jour du sabbat. Le degré de liberté dont ils jouirent est remarquable. Après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur firent dire de parler s’ils avaient quelque parole d’exhortation pour le peuple. Quel contraste douloureux avec les habitudes de la chrétienté ! Assurément on pourrait s’attendre selon l’Écriture à plus de liberté là où la grâce gouverne, que parmi ceux qui sont nés et ont été nourris dans les contraintes de la loi. Pourtant où entend-on jamais une telle invitation de nos jours ? L’église s’est tellement écartée de la jouissance de cette sainte liberté caractéristique de l’Esprit du Seigneur ! Dans ce cas en outre, les visiteurs n’étaient que des étrangers, inconnus de tous, semble-t-il, sauf qu’ils avaient l’air de Juifs pieux et graves. La routine gouverne dans les temps modernes lors des occasions solennelles, alors que les étrangers sont tellement connus par des rapports sur leurs dons, leur travail et leur vie.
C’est Paul qui se leva pour s’adresser à la congrégation. « Et Paul, s’étant levé et ayant fait signe de la main, dit : Hommes israélites, et vous qui craignez Dieu (*), écoutez : Le Dieu de ce peuple choisit nos pères et éleva haut le peuple pendant son séjour au pays d’Égypte ; et il les en fit sortir à bras élevé. Et il prit soin d’eux dans le désert, comme une mère, environ quarante ans ; et ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur donna leur pays en héritage, en environ 450 ans. Et après ces choses, il leur donna des juges, jusqu’à Samuel le prophète. Et puis ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Kis, homme de la tribu de Benjamin, pendant quarante ans. Et l’ayant ôté, il leur suscita David pour roi, duquel aussi il dit en lui rendant témoignage : J’ai trouvé David, le [fils] de Jessé, un homme selon mon cœur, qui fera toute ma volonté. De la semence de cet homme, Dieu, selon la promesse, a amené à Israël un Sauveur, Jésus, — Jean ayant déjà, immédiatement avant son arrivée, prêché le baptême de repentance à tout le peuple d’Israël. Et comme Jean achevait sa course, il dit : Qui pensez-vous que je sois ? Je ne le suis pas, moi ; mais voici, il en vient un après moi, des pieds duquel je ne suis pas digne de délier la sandale » (13:16-25).
(*) La place donnée aux prosélytes des nations dans le discours de l’apôtre est spécialement soulignée ici pour la première fois.
Il est de toute importance d’observer la base factuelle sur laquelle repose l’évangile, autant que les espérances d’Israël. Il n’en est pas ainsi dans les systèmes religieux humains. En Inde, par exemple, tout n’est que spéculation et raisonnement, comme dans le paganisme de l’antiquité, — purement des fables. C’est le cas des systèmes bouddhiste et confucéen. Ce n’est pas différent avec la religion mahométane, dans ce à quoi elle prétend. Nulle part les hommes ne prétendent à un fondement factuel tel que celui sur lequel reposent à la fois l’Ancien et le Nouveau Testaments. Ébranlez les faits, et les fondements partent avec. Si les faits demeurent irréfutables, des conséquences majeures s’ensuivent, tant pour la foi que pour l’incrédulité. Et bien qu’il y ait des différences de poids dans l’histoire de l’Ancien Testament comparée à la figure de premier plan de Christ dans le Nouveau Testament, celui-ci appose de manière nette et surabondante le sceau de la vérité sur la certitude de l’Ancien dans toutes les merveilles qu’il relate. C’est d’autant plus frappant que le Nouveau n’a pas d’ennemis plus déterminés et mortels que les Juifs, à qui a été confiée la garde des anciens oracles. Les témoins du Nouveau Testament rendent au contraire, un témoignage constant et résolu à la vérité absolue de l’Ancien Testament, et ils démontrent qu’il n’a eu aucun résultat satisfaisant en dehors de l’apparition et l’œuvre du Seigneur Jésus. Nous pouvons ajouter qu’il n’y a pas de clé acceptable d’interprétation de l’état actuel anormal des Juifs, si l’on ne prend pas en compte le Messie rejeté et souffrant, mais ressuscité ; c’est sur ce roc qu’ils ont fait naufrage par incrédulité, quelle que soit la manière dont ils essaient d’expliquer autrement leur ruine actuelle comme peuple.
En conséquence il apparaît que seuls des préjugés peuvent faire négliger ou nier ces faits solennels et pourtant clairs. D’un côté, par la bonté souveraine de Dieu, on trouve dans l’église de Dieu la valeur réelle, vivante et inestimable, non seulement du Nouveau Testament mais aussi de l’Ancien. D’un autre côté, hélas ! les gens de l’ancien peuple de Dieu ont des oreilles, mais ils n’entendent pas ; ils ont des yeux, mais ils ne voient pas ; et ils ont des cœurs qui ne comprennent pas du tout pour le moment ; autrement leur part serait sans aucun doute la conversion, la guérison et la gloire. Car la lumière et l’amour de Dieu, inséparables de Celui qui siège à la droite de Dieu en haut, ne sont goûtées que parmi ceux qui étaient autrefois les chiens des nations, mais à la disposition desquels sont mises maintenant, par pure grâce, et pourtant selon la justice de Dieu en Christ, les richesses de Sa grâce et les conseils de Sa gloire en Christ le Seigneur.
D’abord, les relations de Dieu issues de Son choix des pères sont directement liées à la sortie du peuple hors de l’Égypte, et à la nourriture qu’Il leur donna dans le désert en attendant de les faire hériter du pays promis. C’est le Pentateuque et le livre de Josué en miniature, centrés sur Israël bien-aimé pour l’amour des pères. L’évangile confirme l’amour de Dieu envers Israël, au lieu de l’annuler, bien qu’il annonce « quelque chose de meilleur pour nous » comme dans Héb. 11:40.
Le lecteur remarquera la belle expression du verset 18 [prit soin d’eux… comme une mère] affaiblie [Texte Reçu : du v. 18 : « Il les supporta »] dans ceux des anciens manuscrits qu’on préfère habituellement, aleph, B, D, H, L, P, et d’autres, mais heureusement préservée dans A, E, ainsi que dans la plupart des anciennes versions. Cette belle expression est plus fidèle à l’hébreu de Deut. 1:31 [comme un homme porte son fils] que l’apôtre avait sans doute en vue. Ici Tregelles et Westcott et Hort (*) se dissocient des plus modernes ainsi que d’avec d’autres qui ont du poids.
(*) Comme d’habitude la note des Éditeurs de Cambridge est ingénieuse, au point d’exagérer. Mais « supporter » [Texte Reçu : du v. 18 : « Il les supporta dans le désert »] dans le sens de « porter » n’est pas la même chose qu’« être patient avec » ; à la fois le Deutéronome et l’apôtre insistent sur la faveur de Dieu envers Son peuple, plutôt que sur leurs mauvaises manières, comme Chrysostome l’a remarqué il y a longtemps.
Aux versets 19 et 20, il y a une différence notable d’avec les expressions du Texte Reçu. Il ne s’agit pas de tirer au sort (*), bien que ce soit vrai en soi, selon le Texte Reçu (très mal soutenu par les manuscrits), mais de leur donner le pays en héritage. Mais ici, il y a un front plus uni parmi les éditeurs récents, car, hormis le doyen Alford, presque tous acceptent aleph, A, B, C, et d’autres, ainsi que les anciennes versions, sauf celles en syriaque et en éthiopien. Ce front uni relie la date d’« environ 450 ans » avec l’accomplissement de la promesse de l’héritage (sous la loi, qui n’a rien amené à la perfection). Le Texte Reçu fait de ces 450 ans la durée de la période des juges (**).
(*) Note Bibliquest : JND traduit « Il leur en donna le pays en héritage », WK traduit : « Il leur donna leur pays en héritage », alors que le Texte Reçu traduit « il leur en distribua le pays par le sort ».
(**) Note Bibliquest : La version autorisée anglaise traduit « Il leur distribua leur pays par le sort. Et après cela, il leur donna des juges l’espace d’environ 450 ans, jusqu’à Samuel le prophète ». — La version JND anglais traduit : « Il leur donna leur pays en héritage. Et après ces choses il leur donna des juges jusqu’à Samuel le prophète, jusqu’à la fin d’environ 450 ans » — La version française JND traduit : « Il leur en donna le pays en héritage. Et après ces choses, jusqu’à environ 450 ans, il leur donna des juges jusqu’à Samuel le prophète ». — Dans une note de l’édition anglaise, JND dit ceci, en résumé : À cause du datif, le fait de donner des juges n’a pas eu lieu durant toute la période (= tout le long de cette période) de 450 ans, mais au cours de cette période. Le point de départ des 450 ans n’est pas donné ; c’est très probablement l’Exode. Les juges n’ont été donné qu’occasionnellement. Il n’a pas de difficulté sur la chronologie, au sujet de laquelle il donne des précisions.
Mais il me semble que le cas du datif pour les 450 ans, concorde avec le sens du texte critique et s’oppose à celui du Texte Reçu. Avant et après cette phrase, il y a l’accusatif pour exprimer l’idée de continuité, et ce n’est qu’ici qu’il y a le datif. Or si l’idée voulue était de donner des juges durant 450 ans, l’accusatif serait ici aussi la construction naturelle. En tout cas, c’est une époque au cours de laquelle une certaine action a eu lieu, et non pas une durée de cette action comme dans les autres cas. Si les plus anciens documents justificatifs étaient acceptés, l’héritage aurait été donné à Israël en environ 450 ans après la promesse aux pères, c’est-à-dire à partir de la naissance d’Isaac. C’est effectivement ainsi que Junius et d’autres comprennent le Texte Reçu : non pas comme l’espace de temps durant lequel les juges furent donnés, mais celui dans lequel Dieu a accompli Sa promesse au moins provisoirement, jusqu’à ce que les juges furent donnés à cause du bas état de Son peuple. On ne peut donc pas supposer que Paul attribue une durée de 450 ans aux Juges, en contradiction avec la date de la fondation du temple de Salomon selon 1 Rois 6:1, qui est de 480 ans après l’Exode. On a ajouté diverses périodes de durée considérable à la période des Juges pour concorder avec d’autres dates. Mais il suffit ici de noter que tirer la durée de la période des juges à partir des versets placés devant nous est illégitime. Ussher (Works xii.70 ; xiv. 340) tient fermement à l’intégrité de l’hébreu et du grec dans ces deux passages, rejetant les conjectures osées de Luther et d’autres, comme étant inutiles et bien sûr impropres.
L’apôtre fait alors le tableau rapide de l’intérêt profond et constant de Dieu à l’égard de Son peuple jusqu’à ce qu’un roi leur soit donné, mais il s’arrête à David, le type connu du Messie comme ses propres psaumes en témoignent abondamment. La transition est faite facilement de David à sa semence promise, que Dieu a amenée (*), déclare-t-il, à Israël, comme Sauveur, Jésus (13:23). Ceci ne Lui ressemblait-il pas ? N’était-ce pas assuré dans la loi et les prophètes ainsi que dans les psaumes ? Le Juifs ne L’attendaient-ils pas ? N’avaient-ils pas misérablement besoin de Lui ?
(*) « a suscité » comme dans le Texte Reçu est soutenu par les manuscrits C et D et bien d’autres autorités, mais a un poids bien moindre que la traduction que j’adopte [également adoptée par JND]. « A suscité » a été dû probablement au langage du verset précédent.
Il ne pouvait pas être dit, non plus, que Dieu avait manqué d’attester l’intervention qu’Il avait promise depuis si longtemps, par un nouveau témoignage ; ce témoignage a eu lieu, et était d’autant plus impressionnant qu’on n’avait plus entendu la voix vivante d’un prophète pendant plus de 400 ans après Malachie. Tous considéraient Jean comme un prophète, et notre Seigneur rendit témoignage qu’il était plus qu’un prophète, car il était le messager de l’Éternel devant la face du Messie pour préparer le chemin devant Lui : Ésaïe et Malachie l’avaient déjà annoncé. Ainsi, juste au moment de Son arrivée comme Messie, Jean prêcha un baptême de repentance à tout le peuple d’Israël ; ce n’était pas seulement moral, en jugement de soi devant Dieu, mais il leur disait qu’ils devaient croire en Celui qui allait venir après lui, c’est-à-dire en Jésus. C’était ouvertement un signe de Sa manifestation à Israël (Jean 1:31). Quant à ce que la signification de Jean le baptiseur lui-même et de son ministère (qu’ils comprirent complètement de travers, car la nature humaine est prête à exagérer l’homme et à déprécier Dieu), le précurseur ne laissa aucune place au doute : « Et comme Jean achevait sa course, il dit : Qui pensez-vous que je sois ? Je ne le suis pas, moi ; mais voici, il en vient Un après moi, des pieds duquel je ne suis pas digne de délier la sandale » (13:25). Voilà de nouveau des faits incontestables. Il est parlé de Jean comme d’un témoin connu, bien que personne mieux que Paul ne sût que la grâce seule donne efficace à la vérité en délivrant de la propre volonté qui permet à Satan de forger ses chaînes de sombre incrédulité. Qui mieux que lui savait insister sur la valeur d’un témoignage que lui aussi, comme les autres, avait ignoré autrefois, et qu’il recommandait maintenant après en avoir éprouvé la valeur ?
Ensuite vient l’appel de Paul, mais un appel fondé sur des faits nouveaux très significatifs, sérieux et touchants.
« Hommes frères, fils de la race d’Abraham, à ceux qui parmi vous craignent Dieu, la parole de ce salut nous (*) est envoyée ; car ceux qui habitent à Jérusalem et leurs chefs, n’ayant pas connu [Jésus], ni les voix des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ont accompli celles-ci en le jugeant. Et quoiqu’ils ne trouvassent [en lui] aucun crime [qui fût digne] de mort, ils prièrent Pilate de le faire mourir. Et après qu’ils eurent accompli toutes les choses qui sont écrites de lui, ils le descendirent du bois et le mirent dans un sépulcre. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Et il a été vu pendant plusieurs jours par ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple » (13:26-31).
(*) « Nous » selon A, B, D, et d’autres. La majorité soutient « vous » [c’est le cas de JND], mais le « nous » inclut les témoins. Le « vous » qui se trouve juste avant peut avoir été simplement répété par des copistes.
L’envoi à Israël de « la parole de ce salut » (13:26 ; car c’est bien ce que l’évangile apporte) s’est trouvé solennellement confronté à l’ignorance obstinée de ceux qui se vantaient le plus : les habitants de Jérusalem et leurs chefs (13:27). Ils avaient la voix des prophètes qu’on lisait chaque sabbat, et pourtant ils les accomplirent dans leur incrédulité, sans connaître ni ces paroles ni Celui qu’ils prétendaient juger : le Juge d’Israël frappé sur la joue (Michée 5:1), le Juge des vivants et des morts pendu au bois, l’humble et très saint porteur de toutes les malédictions de Dieu et de l’homme à la croix. Oui, ils accomplirent aveuglément toutes les choses écrites par Dieu Le concernant (13:28-29), la loi, les psaumes et les prophéties qui sont centrés sur Celui qu’ils auraient dû connaître par-dessus tout, et qu’ils connaissaient le moins ; car leur œil n’était pas simple et leur corps était rempli de ténèbres qui furent consommés dans la mort de leur Messie extorquée à un Pilate réticent, aveuglé certes, et n’ayant pas manqué d’avertissements et de témoignages moraux (à l’inverse des faux témoignages qui se détruisaient l’un l’autre), mais Pilate n’était pas aussi aveugle que ceux qui disaient qu’ils voyaient, et dont, par conséquent, le péché demeurait, et demeure, hélas, jusqu’à ce jour (fin de Jean 9).
« Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts » (13:30). Paul ne diffère pas de Pierre en mettant en avant cette vérité fondamentale de l’évangile. Quel fait, prouvé par toutes les preuves imaginables que la grâce pouvait et voulait fournir, et a fournies, — ce qui convenait par rapport au caractère et à la gloire de Dieu, ainsi qu’au péché et à la folie de l’homme ! Et cette résurrection n’est pas juste un fait très exceptionnel destiné à rabaisser la vanité, l’orgueil et la volonté de l’homme incrédule ; mais quelle source et quelle abondance de paix, de lumière, de joie et de bénédiction pour tous ceux qui croient !
Ici cependant, ce qui est mis en avant, et que l’apôtre aime développer vis-à-vis des croyants, ce n’est pas la victoire de la justice que la grâce de Dieu procure et donne abondamment à la foi, mais la démonstration de l’aveuglement du monde, spécialement d’Israël, alors qu’ils avaient inconsciemment accompli tout ce qui était écrit Le concernant, jusqu’à le détacher du bois et Le déposer dans un sépulcre. « Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts ». Ce n’était pas seulement que l’objet de la promesse était venu, mais, quand tout semblait perdu par incrédulité à cause de Son rejet et de Sa mort, Dieu était intervenu en Le ressuscitant d’entre les morts. Cela correspond à peu près au début de l’épître aux Romains où le Seigneur Jésus est d’abord présenté comme le Fils de David selon la chair, puis comme le Fils de Dieu en puissance par la résurrection d’entre les morts selon l’Esprit de sainteté. Voilà vraiment de bonnes nouvelles ! des bonnes nouvelles d’une victoire sur tout ce que le péché pouvait faire, allant jusqu’à la mort même. La victoire sur le mal est gagnée dans la dernière forteresse de Satan, par la grâce de Dieu en Christ, pour que l’homme puisse croire et être sauvé avant qu’Il n’exécute le jugement sur Ses adversaires qui persévèrent dans l’incrédulité. Il n’est donc pas question du dénuement de l’homme, car il n’a aucune justice devant Dieu, mais plutôt beaucoup d’injustices en tout genre. Seule la justice de Dieu est profitable, Dieu étant juste dans Son estimation de l’efficacité de Christ, et surtout de Sa mort, en faveur de ceux qui en eux-mêmes sont complètement perdus.
Mais ici l’apôtre souligne les soins de grâce et la sagesse de Dieu permettant que le Christ ressuscité soit « vu », et ceci pas seulement une fois ou deux fois, mais « pendant plusieurs [= beaucoup de] jours » (13:31). Or qui pouvaient être des témoins valables de ce fait prodigieux ? Des étrangers à Sa personne, relativement ou absolument, ou bien ceux qui Lui étaient les plus familiers de Son vivant ? Indiscutablement les seconds ; et c’est donc à ceux-ci qu’Il est apparu, une fois ressuscité, aux plus lents de tous à Le croire vivant à nouveau pour toujours, cette lenteur étant d’autant plus grande à cause de la profondeur de leur chagrin et de leur déception à la croix et au sépulcre. Ses ennemis se souvenaient de ce qu’Il avait dit qu’Il ressusciterait trois jours plus tard, et ils cherchèrent vainement à tout mettre en sûreté en scellant la pierre qui fermait le sépulcre et en y mettant une garde, mais cela tourna à leur propre confusion quand les gardes tremblants devinrent comme morts par la frayeur de l’ange après la résurrection du Seigneur. Mais la lenteur à croire de Ses amis, si inexcusable fut-elle, fut mise à profit quand Il fut vu par « ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, qui sont maintenant (*) ses témoins auprès du peuple ». Le Texte Reçu, avec plusieurs excellents manuscrits anciens, omet l’adverbe « maintenant » bien qu’il soit vraiment important et qu’il marque une insistance. Ils étaient à ce moment-là Ses témoins auprès des Juifs ; c’est ce que dit l’apôtre, et il insiste là-dessus parce qu’il n’était pas l’un d’entre eux. En effet, lui et Barnabas faisaient contraste avec ce groupe, car la grâce donne un autre caractère au témoignage, si en quelque manière la bouche des contradicteurs peut être fermée. Des témoins furent suscités qui ne Le connaissaient pas du tout quand Il était ici-bas aux jours de sa chair. Et Paul lui-même était acharné dans son hostilité, jusqu’à ce qu’Il se révèle à et dans Son ennemi sur le chemin de Damas, et qu’il désormais devienne Son esclave dévoué. Quel témoignage supplémentaire était-il possible et sage de donner ou de désirer ? Hélas ! L’incrédulité vis-à-vis de Dieu est aussi mortelle dans sa nature et dans son œuvre, que dans ses sources, son but et ses résultats.
(*) « maintenant » est attesté par aleph, A, C, et plus de vingt manuscrits à lettres cursives, et presque toutes les anciennes versions. C’est pourquoi même Tregelles s’accorde généralement avec les critiques modernes, et seuls Westcott et Hort mettent le mot entre crochets, vraisemblablement par déférence envers le manuscrit du Vatican.
À partir du verset 32 vient l’application des faits relatifs au Messie, déjà donnés dans les versets 23 à 31, spécialement Sa mort de la part de l’homme, Sa résurrection de la part de Dieu, et un abondant témoignage rendu plus tard à Son apparition parmi ceux qui Le connaissaient le mieux.
« Et nous, nous vous annonçons la bonne nouvelle quant à la promesse qui a été faite aux pères, que Dieu l’a accomplie envers nous, leurs enfants (*), ayant suscité Jésus ; comme aussi il est écrit dans le psaume second (*) : ‘Tu es mon Fils : ce jour-ci, je t’ai engendré’. Or qu’il l’ait ressuscité d’entre les morts, pour ne devoir plus retourner à la corruption, il l’a dit ainsi : ‘Je vous donnerai les grâces assurées de David’. C’est pourquoi (*) il dit aussi dans un autre psaume : ‘Tu ne permettras point que ton saint (miséricordieux) voie la corruption’. Car David, après avoir, en sa propre génération, servi au conseil de Dieu, s’est endormi, et a été réuni à ses pères, et a vu la corruption ; mais celui que Dieu a ressuscité, n’a pas vu la corruption. Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que (**) de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui » (13:32-39).
(*) Les plus anciennes autorités lisent étrangement « à nos enfants » (13:33a), ainsi que « le psaume premier » (D, et d’autres) (13:33b) ; ce dernier point est peut-être dû à l’arrangement Juif qui combine en un les Ps. 1 et 2. Ils lisent aussi « parce que » au lieu de « c’est pourquoi » en 13:35.
(**) « et [que] » est omis par les plus anciennes autorités. La plupart des témoignages plus récents ajoutent l’article « la » devant « loi de Moïse ».
Ici l’apôtre passe aux points doctrinaux capitaux. La venue de Christ a été l’accomplissement de la promesse faite aux pères ; leurs enfants avaient maintenant la bonne nouvelle de cet accomplissement dans Sa personne ici-bas. Quand le v. 33 parle de Jésus qui a été « suscité », cela ne va pas au-delà de l’Enfant ainsi né, le Fils qui est ainsi donné. Cela s’accorde avec Ps. 2:7 qui ne se réfère pas à Sa résurrection d’entre les morts comme beaucoup l’ont supposé, mais à Sa naissance, selon le sens tout simple des mots, de sorte qu’une autre signification ici, éventuellement mystique, est non seulement déplacée, mais erronée. Lui, le Messie, né de femme, né sous la loi, était l’objet des promesses, Celui qui les accomplissait et Celui qui en héritait. Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui (2 Cor. 1:20). Et encore dans l’épître aux Romains 1:2, 3, l’apôtre se décrit comme « mis à part pour l’évangile de Dieu (lequel, ajoute-t-il dans une parenthèse, Il avait auparavant promis par Ses prophètes dans de saintes Écritures), touchant son Fils né de la semence de David selon la chair » ; c’est justement ce qui est traité ici en premier lieu. Mais alors il continue : « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts » ; c’est justement comme ici aussi, où il continue par la citation d’Ésaïe 55:3 et de Ps. 16:10 en tant que prophéties de la résurrection même de Christ.
Il est vraiment surprenant qu’un lecteur intelligent et attentif ait jamais compris le passage autrement. Car il est à la fois certain et clair qu’à la vérité selon laquelle Dieu a suscité le Messie selon la promesse et la prophétie du psaume 2, le v. 34 rattache une autre vérité encore plus importante, à savoir que Dieu L’a ressuscité « d’entre les morts ». Ce n’est pas un simple raisonnement sur le verset précédent, ni de l’exégèse collatérale, mais un enseignement supplémentaire de la plus haute valeur. C’est pourquoi il est introduit ainsi, « Or qu’il l’ait ressuscité d’entre les morts, pour ne devoir plus retourner à la corruption, il l’a dit ainsi … ». Calvin a donc raison d’affirmer (*) (Opera vi. Comm. in loco) que le mot « suscité » a une signification plus large que là où il est répété juste après. Car il signifie que Christ fut divinement établi et amené à la lumière, pour ainsi dire par la main de Dieu, pour pouvoir accomplir l’office de Messie, comme l’Écriture montre aussi ici et ailleurs des rois et des prophètes suscités par l’Éternel. Actes 3:22, 26 et 7:37 sont des cas clairs de cet usage de « suscité » dans le même livre des Actes, si bien que la version autorisée anglaise, à la suite de Tyndale, ne peut pas être solidement défendue quand elle déraille et insinue que le v. 33 parle de la résurrection. « Suscité » est correct, mais ni « ressuscité » ni « suscité de nouveau » ne sont justifiable. Il n’est pas question de la résurrection d’entre les morts au verset 33.
(*) Hic suscitandi verbum, meo iudicio, latius patet quam ubi paulo post repetitur. Neque enim tantum dicit Christum resurrexisse a mortuis, sed divinitus ordinatum et quasi menu Dei productum in lucem, ut Messiae partes impleret ; sicut passim docet Scriptura, excitari a Domino reges et prophetas.
Il n’aurait pas été nécessaire ou sage de passer du temps à argumenter sur ce sujet si le doyen Alford et Canon Cook, à la suite d’Hammond, Meyer et d’autres, n’avaient pas involontairement fait le jeu des ennemis qui ridiculisent justement cette fausse interprétation du Ps. 2:7, dont la responsabilité revient non pas à Paul, mais à ses commentateurs. On a aussi remarqué que l’adjonction de « maintenant » dans la version anglaise du v. 34 est non seulement inutile, mais elle induit en erreur, vu que cela pourrait impliquer un passage antérieur par la corruption. Ici aussi Tyndale a induit en erreur toutes les versions protestantes ultérieures, y compris la Version Révisée.
Le Ps. 2:7 est cité pour Christ comme Fils de Dieu dans ce monde. Il ne s’agit ni de Sa qualité éternelle de Fils (« filialité ») comme certains des premiers auteurs chrétiens l’ont imaginé, ni de Sa résurrection selon l’enseignement utilisant la mauvaise compréhension d’Actes 13:33. Il y est question de Sa naissance dans le temps comme Messie : « Tu es mon Fils : ce jour-ci je t’ai engendré ».
Le Psaume 16:10 cité en 13:35 ne figure pas à titre de preuve de Sa qualité de Fils comme homme et comme Messie ici-bas, mais comme preuve de Sa résurrection, et il se situe en relation étroite et logique avec le v. 13:34. Pierre avait déjà utilisé ce psaume de la même manière en Actes 2:24-32, et il est étrange que celui qui croit la révélation chrétienne puisse émettre un doute sur le fait que la résurrection de Christ soit la signification juste et unique de Ps. 16:10. Je ne parle pas de leur « modestie » qui les amène à préférer leur opinion à celui de Paul, s’ils estiment convenable de négliger l’apôtre Pierre. La question est celle-ci : L’inspiration existe-t-elle dans aucun sens vrai ?
L’application d’Ésaïe 55:3 faite par le v. 13:34 n’est pas moins certaine si nous nous inclinons devant l’autorité apostolique, mais pas aussi facile, bien que des plus instructives quand on la saisit. Or seules la mort et la résurrection du Messie pouvaient rendre l’alliance éternelle ; c’était la seule manière pour que les bénédictions de David — bénédictions promises, saintes ou miséricordieuses, — puissent être inviolables. Elles le sont, selon la traduction des Septante : τα οσια Δαυειδ τα πιστα. C’était la seule manière pour vivre pour l’âme même des Juifs, ou pour que la porte de la grâce s’ouvre assez largement pour faire entrer les nations. C’est pourquoi on verra que le chapitre d’Ésaïe 55 s’ouvre avec l’appel de Dieu à « quiconque a soif ». Celui qui a été élevé sur la croix les attirera tous (Jean 12:32), non pas seulement les Juifs. Un Messie ressuscité, bien qu’Il donne par là la plus grande certitude aux promesses faites à Israël, ne peut être limité ni dans Sa grâce ni dans Sa gloire, mais Il veut certainement avoir tous les peuples, nations et langues pour Le servir, avec une domination éternelle.
Il est difficile, à moins de paraphraser, de faire ressortir dans la traduction le lien étroit qu’il y a entre le « Saint » du Ps. 16:10 et les « grâces » d’Ésaïe 55:3. La comparaison des versets 1 et 19 du Ps. 89 peut aider ; la vraie force dans ce v. 19 est « Alors tu parlas en vision de Ton Miséricordieux (ou : Saint) » qui concentre dans sa personne les « bontés » assurées [ou « miséricordes », ou « grâces »] objets du chant du psalmiste au v. 1 (*). Ce sont sans doute « les grâces » [ou : « bontés »] de David, mais aussi de l’Éternel, ce qui est de toute importance ; et ainsi ce psaume parle aussi partout de David, et confirme donc la vérité en question. Christ est ici incontestablement dans les pensées et dans les expressions de l’Esprit de prophétie. L’Éternel, le Saint d’Israël (dans ce cas le mot « Saint » et la pensée qui s’y rattache sont tout à fait distincts), parle de Christ comme de Son Saint ou de Son Miséricordieux [même racine de mot que « grâces »]. Ce n’est pas la même vérité que celle affirmée par le même apôtre en Rom. 1:4 : Christ « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection ». La même puissance de l’Esprit dans laquelle Il a toujours marché, en étant supérieur à tout mal, a été démontrée par la résurrection. En Actes 13:34 c’est la sainteté de grâce et de miséricorde manifestées et actives en Christ ressuscité d’entre les morts. Après Son baptême de souffrances, connu par Lui comme par personne d’autre, Il n’était plus « à l’étroit », les barrières juives étaient ôtées en justice, les flots de la grâce pouvaient couler pour toujours, et déborder.
(*) Note Bibliquest : le lien entre les termes « saint » de Ps. 89:19 et 2 Chron. 6:41, et « bonté » de Ps. 89:1-2, et « grâces » de És. 55:3 est donné dans les notes de la bible JND par les indications suivantes : Ps. 89:19 et 16:10, saint = (ailleurs) pieux, et voir la note 2 Chron. 6:42. — La note au mot « grâces » de 2 Chron. 6:42 indique : en hébreu, khésed, d’où le mot khasid, saint [v. 41 « que tes saints se réjouissent en ta bonté] ; c’est la bonté en Dieu, la piété dans l’homme, envers Dieu, envers ses parents, la miséricorde. Christ lui-même, comme Celui en qui ces qualités se trouvent, est appelé khasid ; voir Ps. 89:1-3, 19.
Aux versets 36-37, l’apôtre de l’incirconcision raisonne passablement comme celui de la circoncision en 2:29-31, et tous les deux avec une puissance irrésistible. Mais un homme, le Messie, ne devait pas voir la corruption malgré qu’Il goûtât la mort. David, en sa propre génération, a servi au conseil de Dieu, mais a vu la corruption, comme tous ses descendants, excepté Celui duquel il prophétisait par l’Esprit. L’Écriture ne peut être anéantie (Jean 10:35). Un seul homme remplit et doit remplir les conditions : Qui est-Il sinon Jésus, le Christ ? En fait, les témoins attestent Sa résurrection avec les preuves les plus complètes, sans compter les prédictions. Toutes les preuves sont centrées sur Lui. La gloire de Dieu et Son amour sont en Lui, infiniment, de même que le salut de l’homme, la bénédiction, la sainteté, le service de toute vraie manière et au plus haut degré de ce que la créature est capable.
Et là-dessus l’apôtre, bien que limité évidemment par la nature de son auditoire, développe le message qui, de manière caractéristique, va au-delà de ce que Pierre annonçait à des auditeurs mieux informés que ceux de Pisidie. « Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui » (13:38-39). N’était-ce pas, n’est-ce pas magnifiquement, divinement simple ? De quoi un pécheur a-t-il besoin par-dessus tout ? Du pardon des péchés. C’est ce que l’évangile proclame : il n’est plus question d’une promesse seulement. La rémission des péchés par un Christ mort et ressuscité est prêchée. C’est un don gratuit de la grâce, comme l’est la vie éternelle en Christ : c’est là seulement que les deux besoins d’un pécheur sont pris en compte, et satisfaits gratuitement par Lui. Cela est prêché à tous ; il n’y a pas de limite à la grâce de Christ, pas plus qu’à l’efficacité de Son sang. Parmi ceux qui entendent l’évangile, il ne prend effet que sur ceux qui croient. Car la foi glorifie le Dieu Sauveur, comme elle abaisse l’homme pécheur ; et la repentance l’accompagne, réelle s’il y a la foi, superficielle ou profonde selon la foi, ou hélas ! sans la moindre réalité comme ce peut être le cas de la foi. Mais la foi reconnaît la grâce de Dieu en Christ, et par conséquent Sa justice révélée dans l’évangile. C’est donc de la foi que vient la bénédiction, afin que celle-ci puisse être selon la grâce ; et c’est ainsi seulement que l’homme peut en avoir l’assurance, et que Dieu peut être glorifié.
Mais il y a plus que la rémission des péchés, dont nous avions si profondément besoin, et qui est en soi inestimable, et qui est le commencement de l’évangile, ce qui le requiert : « Et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui ». Avec quelle assurance l’apôtre peut parler ! il le pouvait non pas parce que sa prédication ou son style de prédication provenaient d’une position spéciale qu’il avait dans l’église, mais en l’honneur de la victoire du Sauveur sur tous les obstacles et tout le mal. Parler timidement peut être bon quand on parle simplement d’homme à homme(s). Mais le prédicateur de l’évangile est non seulement libre de s’oublier lui-même, mais il est tenu de le faire par grâce en magnifiant Celui qui est mort et est ressuscité, pour que la miséricorde divine triomphe du pire, et ceci sans argent et sans prix pour le pécheur : Christ en a payé le châtiment, il y a très, très longtemps. Ici la loi de Moïse est totalement inefficace, quoi qu’en pensent l’orgueil, l’incrédulité ou l’ignorance des Juifs. Il n’y a pas de possibilité de justification par cette loi, aussi sainte soit-elle, et même si le commandement est saint, juste et bon. La loi est tout à fait vaine pour sauver. Elle ne peut donner ni la vie ni le pardon, ni la sainteté ni la puissance. Elle met une contrainte sur la convoitise, et du coup, elle la manifeste et la provoque tout à la fois ; elle est la puissance du péché, et suscite la colère ; c’est donc un ministère de condamnation et de mort. Quelle délivrance peut-elle bien apporter au pécheur perdu qui sent son besoin ? La loi est en effet utilisée négativement pour que le pécheur s’effondre, pour qu’il perde profondément la confiance en lui, même quand il est converti, et pour qu’il se rejette entièrement sur Christ en dehors de lui-même et en haut dans le ciel, — Christ qui lui fait connaître qu’il est mort avec Lui, pour qu’il puisse marcher et servir sous la grâce tout en étant vivant en Lui vis-à-vis de Dieu.
Mais la grâce de Dieu dans l’évangile justifie le croyant « de tout ». En effet, s’il n’en était pas ainsi, comment aurait-il pu être remédié à la condition de pécheur d’une manière digne de Dieu ? Si la justification était partielle, elle satisferait autant l’homme, et même bien plus facilement que cette manifestation gratuite et complète de la bonté divine en Christ, qui est seule la vérité. Rien n’est aussi excellent, aussi saint, aussi fortifiant, rien ne glorifie autant Dieu que la révélation de Sa grâce en Christ, — une grâce concentrée et pure. Or elle semble extrémiste pour certains esprits, relâchée pour d’autres, et dangereuse pour beaucoup. Considérez Celui en qui et par qui l’évangile est venu. Il fut totalement incompris et incompréhensible pour « les sages et les intelligents » (Luc 10:21 ; 1 Cor. 1:19). Comme la masse ne croyait pas en Lui, ainsi beaucoup de chefs ne Le confessèrent pas par crainte, car ils ont aimés la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu (Jean 12:42-43). Même Jean le baptiseur était plus raisonnable et correct, à leurs yeux, que son Maître et Seigneur ; quant à ceux qui ont refusé Celui qui venait au nom de Son Père, ils recevront bientôt celui qui vient en son propre nom (Jean 5:43). Rien ne condamne plus l’homme déchu que la grâce, surtout quand il se glorifie de son caractère ou de sa religion ; rien n’est plus étranger et même repoussant pour ses pensées et sa propre justice. Car la grâce nivelle toute l’humanité, les grands et les petits, les instruits et les ignorants, les libertins et les gens moraux, les superstitieux et les profanes, — tous sont sans discrimination dans le tombeau du péché et de la ruine vis-à-vis de Dieu, le tombeau de la mort spirituelle ; toute entière, la grâce proclame à la foi, et seulement à elle, une rédemption présente, complète et éternelle. C’est choquant pour la pensée et l’honneur de l’homme, et il réussit vite à se trouver des raisons pour opter pour l’incrédulité et le rejet de la parole de Dieu, comme si la grâce n’était qu’une opinion d’homme faillible et dans l’erreur ; l’homme manifeste ainsi l’inimitié constante de son cœur vis-à-vis de Dieu.
Cependant le travail de la grâce continue, comme une rosée de par l’Éternel, comme des ondées sur l’herbe, qui n’attend pas l’homme, et ne dépend pas des fils des hommes (Michée 5:7). Les âmes frappées dans leur conscience, les cœurs qui languissent après Dieu si longtemps méconnu et contre lequel ils ont péché, sont gagnés par le nom de Jésus, et reçoivent avec bonheur cette rémission des péchés qui leur est prêchée, et adorent, quand ils s’en rendent compte, la merveille de la miséricorde en Jésus par Lequel tous ceux qui croient sont justifiés de tout ce dont ils ne pouvaient être justifiés selon la loi de Moïse ou autrement. La justification pour un pécheur est une expression essentiellement paulinienne ; étant par la foi, non par la loi, elle était ouverte aux nations aussi bien qu’aux Juifs. C’était une parole qui convenait particulièrement à ce grand messager de l’évangile de la grâce de Dieu. Et nous la trouvons exprimée ici en peu de mots dans ce premier discours que Luc rapporte, ou au moins résume. C’est ainsi qu’agit la justice de Dieu qui est maintenant manifesté en dehors de la loi : un Dieu juste et justifiant le croyant tel qu’il est, l’impie tel qu’il était (Rom. 3:26 ; 4:4). Combien cela est véritablement divin ! Il n’est pas étonnant que l’homme en tant que tel passe à côté de la vérité : Christ est la seule clé qui ouvre tout.
Mais l’apôtre ne conclut pas sans un avertissement à propos adressé aux Juifs qui l’écoutaient avec des oreilles réticentes ; cet avertissement est tiré de leurs propres écrits inspirés. « Prenez donc garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes : Voyez, contempteurs, et étonnez-vous, et soyez anéantis ; car moi, je fais une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croiriez point, si quelqu’un vous la racontait » (13:40-41). C’est spécialement Hab. 1:5 qui est cité, avec peut-être une allusion à És. 29:14 et Prov. 1:24-31. L’incrédulité, c’est toujours le même méchant mépris de la parole de Dieu, soit autrefois soit plus tard, mais jamais pire que maintenant où la grâce supplie les hommes d’être réconciliés avec Dieu. Quel que soit le travail effectué dans le futur, rien ne peut jamais égaler ce que Dieu a déjà fait, la base sur laquelle l’évangile est proclamé à toute créature. L’exécution prochaine du jugement par les Chaldéens suffisait à arrêter toute âme qui tenait compte de l’avertissement oral du prophète Habakuk ; et dans ce temps de la prédication de Paul, une destruction allait bientôt tomber sur Jérusalem et sur le temple par le moyen des Romains, comme le Seigneur l’avait annoncé (Luc 19:43-44 ; 21:20, 24). Mais que ce soit le travail providentiel de Dieu, ou n’importe quel autre issu de la moisson future de jugement, qu’est-ce qui est comparable avec ce qui est arrivé à notre Seigneur Jésus dans Son rejet et Son œuvre expiatoire ?
Car si la grâce pour les pécheurs est infinie dans l’œuvre qui a tout coûté à Dieu et à Son Fils dans une vengeance impitoyable vis-à-vis du péché — de nos péchés, ainsi en est-il de la colère de Dieu qui n’est pas encore exécutée, mais « révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité [tout en vivant] dans l’iniquité » (Rom. 1:18). « Si la parole dite par les anges était ferme, et toute transgression et désobéissance recevaient une juste récompense, comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut » dit le même apôtre aux Hébreux (Héb. 2:2-3) ayant confessé Christ. Y a-t-il moins de péché, moins de danger pour ceux qui ont grandi dans la chrétienté en entendant toujours répéter le même évangile, et qui sont maintenant exposés, comme jamais les hommes ne le furent, à l’infidélité apostate de notre époque — cette époque qui trouve sa vie dans les choses de la nature, et qui dresse des lois physiques comme des idoles qu’elle adore, — y a-t-il moins de péché pour eux s’ils ont d’abord marché avec Jésus pour Le détrôner bientôt, vu que personne ne peut servir deux maîtres. Ce doit être Dieu ou la créature, pas les deux, même si Dieu n’était pas (comme Il Se doit de l’être) un Dieu jaloux : en effet, du fait qu’Il est la vérité, il est nécessairement intolérant à toute rivalité contrefaisante.
Tel était le discours par lequel le grand apôtre des nations commença son œuvre missionnaire à Antioche de Pisidie (identifiée seulement au 19ème siècle comme étant Yalobatch, par un voyageur britannique intelligent). Le résultat fut encourageant. Comme ils sortaient (13:42 ; car c’était la fin du service, et non pas une interruption comme certains l’ont curieusement imaginé), les auditeurs supplièrent que ces paroles leur soient de nouveau adressées le sabbat suivant, ce qui était la grande occasion pour un tel discours. Plus tard (13:43), quand le rassemblement se dispersa, beaucoup de Juifs et de prosélytes, attirés et impressionnés plus que les autres, suivirent Paul et Barnabas (car désormais, au moins en dehors de la Palestine, Paul a la préséance), tandis que ceux-ci leur parlaient plus librement que la synagogue ne le permettait, et ils les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu. Ce n’était pas encore des nations qui étaient en train d’écouter, mais seulement des prosélytes. Mais le sabbat suivant, la rumeur amena des foules, et l’effet fut remarquable autant en bien, qu’en mal pour beaucoup de Juifs, comme nous allons le voir.
Le verset 42 a beaucoup souffert à la fois des copistes et des commentateurs. Le Texte Reçu, appuyé par certains manuscrits à lettres cursives, comporte l’interpolation εκ της συναγωγης των ‘Ιουδαιων, au lieu de « ils », ce qui peut bien correspondre à des leçons publiques des premiers temps, bien que ce soit plus commun dans des passages tirés des livres historiques que dans ce qu’on trouve dans les épîtres. Mais cet ajout, non repris par la version autorisée anglaise, ne contredit pas le sens (bien qu’il l’altère), contrairement à un autre ajout, τα εθνη, « les Gentils », qui est mis comme sujet de la phrase à la confusion générale de tout le passage [qui devient : Et comme les Juifs sortaient de la synagogue, les nations demandèrent]. Ce dernier ajout n’a aucun manuscrit pour l’appuyer. En vérité, le verset est assez général : « Et comme ils sortaient, ils demandèrent que ces paroles leur fussent annoncées le sabbat suivant. Et la synagogue s’étant dispersée [JND : dissoute], plusieurs des Juifs et des prosélytes qui servaient [Dieu] suivirent Paul et Barnabas qui (οιτινες), leur parlant, les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu. Et le sabbat suivant, presque toute la ville fut assemblée pour entendre la parole de Dieu » (13:42-44).
Le Dr J. Bennet s’imagine que la lecture critique du verset 42 désigne le sens que « ils », c’est-à-dire Paul et Barnabas, supplièrent que les mêmes choses soient redites. Mais c’est tout à fait une erreur. Le texte laisse ouverte la possibilité que ce soit les gens qui supplièrent les apôtres, ce qui me semble beaucoup plus simple, convenable et réjouissant. Même Calvin, qui comprend que Paul et Barnabas sortirent tandis que les Juifs étaient encore assemblés, soutient qu’il leur fut demandé (aux apôtres) …, bien qu’il fût conduit à tort, par une mauvaise lecture, à penser que la requête fut faite par les Gentils (= ceux des nations). Or qu’est-ce qui aurait pu amener les Gentils à la synagogue le premier sabbat ? Il est facile de comprendre qu’ils s’attroupèrent là le second sabbat, et sans doute la jalousie des malheureux Juifs fut suscitée par cette présence des nations, et encore plus par l’attention qu’ils apportaient, et par la grâce gratuite qui était proclamée. Mais même cette introduction prématurée des Gentils (nations), bien qu’infondée, ne donne pas un sens aussi étrange et détestable que celui de Paul et Barnabas (!) suppliant que leur discours soit prononcé le sabbat suivant. Que des âmes frappées par la vérité puissent supplier que « ces choses » leur soient redites, est certes quelque chose de béni et pourtant surprenant, quelque chose d’important et pourtant solennel ; mais c’est très compréhensible et c’est le sens naturel du vrai texte.
Tyndale a complètement manqué l’indication de temps, car il prend εις το μεταξυ σαββατον comme désignant les jours de la semaine entre les deux sabbats. Mais ceci est dû à un oubli du sens plus récent de μεταξυ qui signifie « après », et non pas seulement « entre », comme Kypke, Ott et d’autres l’ont remarqué avec des exemples. Calvin avait donc tout à fait tort de censurer ici la Vulgate et Érasme qui avaient raison ; et Bèze est encore plus à blâmer parce qu’il était un meilleur érudit que le grand théologien qu’il suivit, et il aurait dû savoir que Josèphe, Plutarque et Clement (Rom. 44 ; deux fois) justifient tout à fait le texte de la version autorisée anglaise. Dr J. Lightfoot, avec sa vaste érudition rabbinique, le confirme clairement.
Le verset 42 nous fait donc connaître que l’intérêt général pour ce qui avait été annoncé suscitait le désir de tout réentendre ; le verset 43 ajoute que, lors de la séparation de la congrégation, plusieurs Juifs et de ceux qui servaient Dieu (ou prosélytes dévoués) suivirent les prédicateurs, qui non seulement leur parlèrent, mais les exhortèrent à persévérer dans la grâce de Dieu que l’évangile déclare et qu’ils professaient recevoir. Que peut-on penser d’un homme comme Calvin qui se demande si ce n’étaient pas ces jeunes convertis qui exhortèrent Paul et Barnabas à ne pas faiblir, mais à rester fermes dans la grâce de Dieu ! Cependant il n’était pas porté si fortement à cette interprétation (comme le doyen Alford le pensait) au point de la préférer au Texte Reçu qui est correct, et selon lequel le message de grâce et l’exhortation qui le confirmait provenaient des apôtres, et s’adressaient à ceux sur le cœur desquels la grâce de Dieu venait juste de poindre.
L’expression « le sabbat suivant » réapparaît au début du verset 44, garantie par les plus anciens manuscrits, à lettres onciales, de la meilleure qualité, et par la masse des manuscrits à lettres cursives, et ainsi elle a été adoptée non seulement par Érasme, la Bible polyglotte Complutensian, Colinaeus, Robert Étienne, les Elzévirs, Tischendorf (huitième édition), Tregelles, et par Westcott et Hort. D’un autre côté au moins deux des grands manuscrits à lettres onciales avec plusieurs bons manuscrits à lettres cursives témoignent d’un mot technique qui ne diffère que par une lettre en moins d’avec « suivant ». On avait l’habitude de citer Actes 18:21 pour le premier manuscrit, jusqu’à ce que les critiques omettent la phrase ; mais il n’y a pas de doute que la lecture rivale est d’usage courant chez l’écrivain inspiré (Luc 13:33 ; Actes 20:15 ; 21:26), comme dans le langage en général. Il n’est pas étonnant donc qu’Alford, Bengel, Green, Griesbach, Lachmann, Scholz, et Wordsworth l’acceptent comme juste : c’est un exemple instructif, assez courant, où quelques copies sont plus exactes que le poids de l’antiquité et du nombre réunis.
« Mais les Juifs, voyant les foules, furent remplis de jalousie et contredirent à ce que Paul disait, contredisant et blasphémant. Et Paul et Barnabas, s’enhardissant, dirent : C’était à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations, car le Seigneur nous a commandé ainsi : « Je t’ai établi pour être la lumière des nations, afin que tu sois en salut jusqu’au bout de la terre» (13:45-47).
Combien la jalousie est vile, mauvaise et méchante, par dessus tout la jalousie religieuse comme ici ! En général les gens avaient salué le son joyeux de la bonne nouvelle quand ils l’entendirent pour la première fois, même si elle se terminait par un avertissement très sérieux, et ils étaient nombreux à être allés plus loin que la simple prière de réentendre la vérité. Car de nombreux Juifs, de même que des prosélytes fervents, suivirent les apôtres qui les exhortaient à persévérer dans le chemin qu’ils avaient commencé à prendre. Mais c’en était trop pour le préjugé religieux que la présence de « foules » ; ce préjugé était dormant jusque-là, et cette présence de foules réveilla les pires sentiments d’animosité et de penchants aux abus. Telle est la chair en présence de la grâce et de la vérité, et de cœurs attirés et de consciences touchées. Si l’évangile avait été dénué de puissance, les Juifs seraient restés tranquilles ; les longues prédications de Moïse n’avaient jamais eu de pareil effet, et l’effet direct de cette puissance de l’évangile gagnant une telle audience leur était intolérable. Mais la haine de la grâce, qui mène à la ruine ceux qui en sont coupables, ne fit qu’élargir le champ de mission, et elle libéra les messagers d’un souci excessif de patienter auprès des hommes de tradition, et des canaux étroits de celle-ci. Paul et Barnabas devinrent plus hardis, au lieu d’être choqués et réduits au silence par les blasphèmes des Juifs, et ils montrèrent comment la foi ne renie pas la loi, mais la remet à sa place ; et maintenant que, dans leur ignorance, l’ancien peuple de Dieu rejetait avec mépris les meilleurs bénédictions de la grâce, Paul et Barnabas annoncèrent cette voie incomparable ouverte aux nations qui en avait besoin et qui avaient été si longtemps méprisées (13:46).
L’application d’Ésaïe 49:6 au verset suivant (13:47) est tout aussi frappante que richement instructive. Le thème du prophète Ésaïe est le Messie rejeté par Israël, et qui reçoit de Dieu cette consolation : Son humiliation ouvre la porte à une gloire plus vaste. C’est ce que les serviteurs de Christ, objets de pareils affronts, s’approprièrent. Dans de telles circonstances, la grâce infinie justifie les hommes de foi : ce qui fut dit de Christ n’est pas moins vrai du chrétien. « Le Seigneur nous a commandé ainsi » (13:47a). C’est un principe d’application très vaste, et la foi sait veiller à ce qu’il ne touche pas à l’irrévérence, mais on peut en retirer beaucoup de directions, de consolation et de force. Il se peut que le lecteur voie un autre exemple tout aussi hardi dans l’utilisation d’Ésaïe 50:7-9 faite en Rom. 8:33-34. Nous pouvons ajouter que l’esprit d’obéissance trouve une injonction là où personne d’autre n’en pourrait discerner.
C’est la première fois ici que ceux des nations sont mis autant au premier plan : d’autres gens qui avaient tenu compte des apôtres dans ce pays étaient des prosélytes également issus des nations. L’Écriture donne le principe formellement.
« Et lorsque ceux des nations entendirent cela, ils s’en réjouirent, et ils glorifièrent la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent. Et la parole du Seigneur se répandait par tout le pays. Mais les Juifs excitèrent les femmes de qualité qui servaient [Dieu] et les principaux de la ville ; et ils suscitèrent une persécution contre Paul et Barnabas, et les chassèrent de leur territoire. Mais eux, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, s’en vinrent à Iconium. Et les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint » (13:48-52).
La vague de bénédictions dans la grâce de Dieu se tourne maintenant vers les nations. Christ est maintenant une lumière pour la révélation des nations, tout comme Il est la gloire du peuple d’Israël, le peuple de Dieu (Luc 2:32). Les nations avaient été longtemps cachées et tenues dehors ; elles sont maintenant révélées en pleine lumière, l’objet direct non pas de la loi comme Israël autrefois, mais de la miséricorde divine dans l’évangile. La justice de Dieu est pour tous, bien qu’elle ne prenne effet que sur tous ceux qui croient. Ainsi ici ils étaient heureux et glorifiaient la parole du Seigneur, et « tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » (comparer Rom. 3:22 et Actes 13:48).
Le mal et la ruine viennent de l’homme, tout le bien vient exclusivement de la grâce de Dieu, et le croyant en jouit selon Sa miséricorde souveraine. La parole du Seigneur se répandit ainsi dans tout le pays. Et cela suscita de la part des Juifs un effort d’opposition plus systématique que d’habitude ; ils excitèrent des femmes pieuses de qualité, et les principaux de la ville contre les apôtres avec un tel flot de persécution qu’ils les chassèrent de leur territoire. Comme ces femmes avaient été attirées au judaïsme à leur immense soulagement, loin de l’impureté et des folies avilissantes du paganisme, on peut comprendre combien ces personnes pouvait être particulièrement accessibles à l’influence qui les excitait contre le témoignage qui laissait la loi dans l’ombre ; en outre, elles surent comment atteindre les hommes influents de la ville, étant de leur rang et probablement en relations étroites avec eux, pour que les prédicateurs soient expulsés. Mais les apôtres, s’inclinant devant la persécution, agirent selon la parole de Dieu non seulement en fuyant vers une autre cité, mais en secouant la poussière de leurs pieds contre leurs persécuteurs ; pendant ce temps, la joie dans le Saint Esprit remplissait les disciples, laissés comme des brebis au milieu des loups.
Antioche de Pisidie n’a été identifiée que récemment. Iconium correspond de nos jours, sans aucun doute, à Koniyeh, une ville considérable de quelques 40000 habitants ; c’est cette ville qui s’ouvre maintenant à nous comme la nouvelle scène du labeur apostolique. C’était alors une ville importante, à croissance rapide selon l’estimation de Strabon sous le règne d’Auguste, d’après le récit de Pline quelques années après le texte inspiré ; mais plus tard, cette ville devint encore bien plus grande en tant que capitale des Sultans Seldjoukides.
Ici, comme à Antioche de Pisidie qu’ils venaient de quitter, il y avait une synagogue des Juifs où Paul et Barnabas se rendirent comme d’habitude. La persécution n’avait nullement abattu leur courage, ni refroidi leur amour et leur zèle pour l’évangile.
« Or il arriva qu’à Iconium ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et parlèrent de telle sorte qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent. Mais les Juifs qui désobéirent (*) soulevèrent les esprits [de ceux] des nations, et les excitèrent contre les frères. Ils séjournèrent donc là assez longtemps, parlant hardiment, [appuyés] sur le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, accordant que des miracles et des prodiges se fissent par leurs mains. Mais la multitude de la ville fut partagée, et les uns étaient avec les Juifs, et les autres avec les apôtres. Et ceux des nations et les Juifs avec leurs chefs s’étant soulevés pour les outrager et pour les lapider, — eux l’ayant su, s’enfuirent aux villes de Lycaonie, à Lystre et à Derbe et dans les environs ; et ils y évangélisaient » (14:1-7).
(*) ELP et la plupart des manuscrits à lettres cursives supportent le Texte Reçu (απειθουντες), mais les plus anciens donnent απειθησαντες, un acte complet. [JND suit ici le Texte Reçu]
Il y eut sans aucun doute une bénédiction importante à Iconium, où le Seigneur honora et utilisa dans une large mesure la prédication hardie de Sa grâce : « Une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent ». Ceci réveilla l’ennemi, et « les Juifs qui désobéirent à la bonne nouvelle (cf 2 Thess. 1:8) soulevèrent les esprits de ceux des nations et les rendirent mal disposés envers les frères. Ce n’était pas le fruit d’une intervention de gens venant d’autres localités, mais c’était simplement l’aliénation de ceux des Juifs locaux qui refusaient le message de Dieu, comme le confirme la forme correcte du mot (απειθησαντες) selon les plus anciens témoignages, mais à l’encontre du Texte Reçu (απειθουντες). Mais cela ne fit que prolonger le séjour de Paul et Barnabas, et leurs discours clairs dans la dépendance du Seigneur, Lequel, de Son coté, déploya Sa puissance en grâce non seulement dans le témoignage ordinaire rendu à Sa parole, mais par des signes et des miracles la confirmant — on n’avait rien vu de tel à Antioche de Pisidie. C’est cependant un fait solennel que de tels actes de puissance divine ne touchent habituellement pas les cœurs obstinés. Les hommes jugent principalement selon leurs sentiments, quels que soient les malaises de leur conscience. Là où la volonté est décidée à agir à sa guise, rien n’endurcit autant que de respirer une atmosphère de miracle permanent, comme on le voit dans l’histoire du peuple d’Israël au désert. Ici aussi, en face de tous ces miracles, la foule de la ville était partagée en deux ; si quelques-uns tenaient pour les apôtres, d’autres tenaient de manière tout aussi décidée pour les Juifs, ennemis héréditaires de l’évangile, et toujours ingénieux pour pervertir et miner ce qui avait pu être dit à des esprits droits.
L’intention d’user de violence se fit donc sentir, et fit cesser le témoignage ; car d’après le contexte, la force du passage semble effectivement se rapporter à un projet ou un début de violence, plutôt qu’à une attaque effective. S’il y avait eu un assaut effectif, il semble que les mots « eux l’ayant su » seraient déplacés, car il n’y aurait eu ni place pour le doute ni possibilité de fuir. La forme du verbe « s’étant soulevés pour » ne permet pas de considérer que l’acte est en train d’avoir lieu, car l’aoriste correspond à un fait défini au lieu de quelque chose en cours (ceci serait plutôt rendu par l’imparfait). Ayant appris l’intention de les outrager et de les lapider généralisée au point d’entraîner à la fois ceux des nations, les Juifs et leurs chefs, ils jugèrent sage de partir en toute hâte. Et ainsi ils s’enfuirent vers les villes de Lycaonie, Lystre et Derbe et les environs ; et ils poursuivirent là leur travail d’évangélisation.
« Et il y avait à Lystre un homme impotent de ses pieds, qui se tenait assis ; perclus dès le ventre de sa mère, il n’avait jamais marché. Cet homme entendait parler Paul qui, fixant ses yeux sur lui et voyant qu’il avait la foi pour être guéri, lui dit à haute voix (*) : Lève-toi droit sur tes pieds. Et il sautait et marchait. Et les foules, ayant vu ce que Paul avait fait, élevèrent leur voix, disant en lycaonien : Les dieux, s’étant faits semblables aux hommes, sont descendus vers nous. Et ils appelaient Barnabas Jupiter (Zeus), et Paul Mercure (Hermes), parce que c’était lui qui portait la parole. Et le sacrificateur du Jupiter qui était devant la ville, ayant amené des taureaux et des couronnes jusqu’aux portes, voulait sacrifier avec les foules. Mais les apôtres, Barnabas et Paul, l’ayant appris, déchirèrent leurs vêtements et s’élancèrent dans la foule, s’écriant et disant : Hommes, pourquoi faites-vous ces choses ? Nous sommes, nous aussi, des hommes ayant les mêmes passions [ou : affections] que vous ; et nous vous annonçons que de ces choses vaines vous vous tourniez vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont ; lequel dans les générations passées a laissé toutes les nations marcher dans leurs propres voies ; quoique cependant il ne se soit pas laissé sans témoignage, en faisant du bien, en vous donnant du ciel des pluies et des saisons fertiles, remplissant vos cœurs de nourriture et de joie. Et en disant ces choses, à peine empêchèrent-ils les foules de leur sacrifier. Mais des Juifs arrivèrent d’Antioche et d’Iconium ; et ayant gagné les foules et lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort. Mais comme les disciples se tenaient autour de lui, se levant, il entra dans la ville » (14:8-20a).
(*) Lachman suit CDE et d’autres qui ajoutent au v. 10 : « Je te dis, au nom du Seigneur Jésus Christ ».
La guérison de cet homme irrémédiablement impotent convenait tout spécialement pour arrêter l’attention d’une foule de païens grossiers, outre le fait que c’était un témoignage pratique et extraordinaire au caractère de grâce de Dieu, — caractère totalement étranger aux pensées de l’homme laissé à lui-même. Tout contrastait avec ce que marmottaient mystérieusement leurs sorciers au cours de leurs séances de charmes.
L’ajout au v. 10 (voir la note) fut fait très tôt par certains qui cherchaient à sauver l’auteur du miracle des apparences de prétention. L’absence de ce bout de phrase est une leçon instructive que de telles paroles étaient à la fois inutiles chez quelqu’un qui se bornait à les avoir à la bouche (comme cela a été catégoriquement prouvé longtemps après à Éphèse, 19:13-16), et chez quelqu’un dont toute la vie et le témoignage œuvraient pour magnifier Christ. Il n’y avait pas de formule légalement requise. De tous les hommes, celui qui était le plus visiblement « l’esclave de Jésus Christ », c’était Paul, et il aimait s’appeler de cette manière — si bien que, dans son cas, il était d’autant moins nécessaire de nier par une déclaration formelle une quelconque capacité de guérir par sa propre puissance ou sa propre sainteté.
La conclusion tirée par les Lycaoniens en tant que païens était d’autant plus naturelle du fait de la tradition légendaire rendu courante peu auparavant par un poète latin (Ovide) de l’ère d’Auguste, et selon laquelle que ces mêmes déités avaient été tenues en haute estime dans une partie de l’Asie Mineure. Des différences physiques amenèrent leurs esprits superstitieux à faire l’identification respective de Paul et Barnabas, outre la raison spécifique attribuée au cas de Paul. La proposition de leur offrir des sacrifices était la suite toute naturelle.
La scène nous est décrite d’une manière très vivante : la foule, le prêtre de Zeus (dont le temple, ou la statue, se trouvait devant la ville), avec tous les taureaux et les couronnes déjà amenés jusqu’aux portes (de la maison, ou de la cour probablement, où les apôtres logeaient). D’un autre côté, nous voyons le rejet indigné et très décidé de Barnabas et Paul de cet honneur déshonorant pour Dieu (Barnabas et Paul sont présentés dans l’ordre conforme au rang qu’on leur attribuait) ; ils s’élancèrent dans la foule avec les vêtements déchirés en protestant vivement. Leurs paroles étaient sans aucune compromission, et quand même courtoises.
Quelle différence d’avec les missionnaires Romanistes faisant du mal afin qu’arrive le bien, ou plutôt acceptant des péchés grossiers afin de s’ouvrir un chemin favorable, et afin de rendre perpétuelle une idolâtrie nouvelle, non moins affligeante, mais plus coupable.
Mais les témoins du Seigneur Jésus sont jaloux pour le Dieu vivant et vrai, et refusent de permettre à Ses dépens une influence personnelle coupable. « Hommes, pourquoi faites-vous ces choses ? Nous sommes, nous aussi, des hommes ayant les mêmes passions que vous ; et nous vous annonçons que de ces choses vaines vous vous tourniez vers le Dieu vivant… ». En substance, c’était un appel du genre de celui que Paul adressa plus tard aux Athéniens sur l’Aréopage. Combien le paganisme est avilissant ! Le Lycaonien ignorant et l’Athénien raffiné avaient besoin du même genre de discours. Il leur faut épeler le B A BA de la création. Ici, cependant, Paul ne traite pas tant de l’unicité de Dieu et de la relation, vraie et proche, de l’homme avec Dieu en contraste avec l’absurdité de l’hommage rendu aux idoles et aux faux dieux ; le discours porte plutôt sur la bienfaisance active de Dieu témoignée aux Lycaoniens par les pluies et les saisons fructueuses, qui abondaient en nourriture et en réjouissances.
Le mensonge et la malédiction du paganisme, c’était que les dieux sont envieux du bonheur des humains. Il n’y a rien de cela chez Celui qui a fait les cieux et la terre et la mer, et tout ce qui s’y trouve. Qui pourrait nier que, dans les générations passées, Il a laissé les nations agir à leur guise ? S’Il envoyait maintenant l’évangile concernant Son Fils, cela ne s’accordait-il pas pleinement avec la bonté active qu’Il avait témoignée en tout temps et à tous les pays, au moyen de tous ces dons généreux du ciel qui couvraient la terre, autrement stérile, de toute bonne chose pour la vie et le cœur de l’homme ?
Il n’est pas nécessaire de s’arrêter à chaque phrase ; mais il ne serait guère difficile de prouver combien chaque mot est parlant, et combien toute la vérité incontestable communiquée ainsi indirectement dissipait les mensonges malfaisants, destructeurs et dépravants du paganisme, au contact desquels leurs esprits et leurs habitudes s’étaient endurcis, non seulement dans leur religion, mais dans la totalité de leurs relations extérieures saturées par ce poison, comme le montrent tout ce qui reste de leur littérature, et comme Romains 1 le déclare brièvement dans les reproches brûlants, mais saints, de ses derniers versets.
L’idolâtrie est si invétérée dans le cœur qu’il fut difficile d’empêcher les foules de sacrifier aux serviteurs de Dieu (14:18). Combien il est terrible de penser que la plus grande partie de la chrétienté rend des honneurs divins à des hommes qui ont les mêmes passions qu’eux ! Il est admit que l’apothéose va au-delà de la canonisation, mais on ne peut guère dire que le déshonneur envers Dieu et le tort fait à l’homme sont moindres. Car la vérité spécifique maintenant c’est l’unicité, non pas de Dieu seulement, mais du vrai Médiateur ; et par conséquent l’ennemi s’acharne spécialement non pas à faire honorer d’autres dieux que le Dieu vivant, mais à mettre en place d’autres médiateurs et intercesseurs, comme la Vierge, les anges et les saints, qui n’annulent pas moins la connaissance pleine et intime de Dieu comme le Père et le Fils par le Saint Esprit envoyé du ciel. Ici le Romanisme est le principal fautif, bien que d’autres ne soit pas exempts de cette infection, car la tendance est en effet commune chez l’homme naturel.
Mais l’idolâtrie n’était pas le seul danger couru à Lystre, car d’autres entrèrent en scène, dont la caractéristique est de s’opposer, calomnier et persécuter. C’est surtout ce que font ceux qui connaissent un peu de vérité, et qui sont jaloux de ceux qui la connaissent plus et mieux. Ils étouffent la conscience et sont assoiffés de sang — le sang des saints de Dieu et des serviteurs de Christ ; leur malveillance les aveugle à leur égard, et les leur font considérer comme les hommes les plus méchants. Il en était ainsi alors, et il en est encore ainsi aujourd’hui. « Mais des Juifs arrivèrent d’Antioche et d’Iconium ; et ayant gagné les foules et lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort ». Ces adversaires n’étaient pas complètement ignorants du témoignage de Dieu par l’évangile. Ils en savaient assez pour sentir combien il s’élevait infiniment au-dessus de la loi ; et qu’il abondât en gloire, cela était trop pour leurs cœurs durs et orgueilleux, qui dédaignaient de reconnaître leur ruine, aussi bien que la justice de Dieu qui seule peut justifier l’impie par la foi de Christ, et qui le justifie effectivement. Ils adhéraient à la loi, parce que c’était leur loi, plutôt que celle de Dieu, — même si, comme telle, elle ne peut montrer aucune miséricorde envers le coupable, et qu’elle rendait témoignage elle-même au Messie, le seul Sauveur des perdus. Mais ils étaient totalement aveugles vis-à-vis de ce témoignage, n’étant vivants que pour l’orgueil de posséder la loi de la part de Dieu à l’exclusion de tous les autres. Cependant quand l’évangile fut annoncé à d’autres, ils furent pleins d’ardeur pour persuader ces pauvres païens méprisés que la parole de la grâce de Dieu prêchée par Paul n’était qu’une imposture. Hélas ! Ils trouvèrent là les foules, des victimes toutes prêtes, comme toujours depuis. Et pourquoi ? parce que ce refus même de recevoir l’hommage que les habitants de Lystre étaient prêts à leur rendre, est une offense grave pour l’homme, et cela le dispose à croire les présentations erronées les plus odieuses de ceux qu’ils étaient sur le point d’adorer. En adorant des hommes, les hommes s’exaltent eux-mêmes ; et en être frustré les portent à la haine, éventuellement jusqu’à la mort de ceux qui cherchent l’honneur du Dieu unique. C’est ce qui arriva là. À l’inverse des Maltais, qui commencèrent par regarder Paul comme un meurtrier, puis changèrent d’avis pour le considérer comme un dieu (28:6), ils écoutent la calomnie des Juifs, que d’habitude ils méprisaient, et lapident comme un faux prophète celui auquel ils voulaient, si peu de temps avant, offrir des sacrifices, et ils le laissent traîner hors de la ville comme mort.
Mais la vie était encore en lui, comme lui-même put le dire plus tard au sujet d’Eutyche ; et comme les disciples l’entouraient, il se leva et entra dans la ville (14:20). Le travail de Paul ne faisait que commencer, il n’était pas achevé. Il était nécessaire qu’il demeure dans la chair pour de nombreux pécheurs, ainsi que pour tous les saints. Il n’était pas possible qu’il expire ainsi, bien que les Juifs eussent incité les Gentils au pire, et qu’ils se soient imaginés en avoir fini entièrement avec lui. La grâce l’avait appelé à cette grande œuvre du salut, et à celle de l’édification du corps de Christ. Il ne suffisait pas qu’il se relève ; il entra dans la ville d’où il venait d’être traîné comme un cadavre. Tels étaient la foi et l’amour de cette âme qui était plus qu’un martyr. S’il en était un dont on pouvait certainement dire que le monde n’en était pas digne (Héb. 11:38), c’était bien lui. Christ seul était, et est, Celui qui est Digne. Paul pouvait dire, et il le fit, que « pour moi, vivre c’est Christ » — non pas l’œuvre seulement, mais Lui-même, car dans cette œuvre, Il est la motivation qui élève, qui purifie, qui fortifie plus que tout ce qui peut exister. Voilà la source de l’humilité comme de l’amour, du courage comme de la foi. Ainsi, se levant, Paul entra dans Lystre. La peur aurait dit : va-t’en ailleurs tout de suite. Le moi aurait susurrer : Reste-là et vois un futur triomphe de l’évangile ! Mais dans l’une et l’autre de ces suggestions, il y a les pensées de l’homme qui ne sont pas la pensée de Christ ; or l’apôtre avait celle-ci (1 Cor. 2:16), et agissait selon elle. Que ce soit aussi notre part dans Sa grâce !
L’apôtre était maintenant presque arrivé au point extrême de son premier voyage missionnaire.
« Et le lendemain il s’en alla avec Barnabas à Derbe ». Cette ville, et la contrée environnante, était la limite la plus à l’ouest pour le moment. Il aurait semblé que c’était une bonne occasion de visiter la Cilicie ou même Tarse, mais Paul qui blâma Jean Marc de les avoir quitté, eux et l’œuvre, pour retourner à Jérusalem, n’était pas homme à s’accorder un tel droit, tandis que Barnabas même semble l’avoir fait lorsqu’il prit Marc avec lui pour s’en aller à Chypre (15:39).
« Et ayant évangélisé cette ville-là et fait beaucoup de disciples, ils s’en retournèrent à Lystre, et à Iconium, et à Antioche, fortifiant les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et les avertissant que c’est par beaucoup de tribulations [JND : afflictions] qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (14:21-22).
C’est dans ce voisinage et apparemment pendant cette visite que Timothée fut amené au Seigneur par le moyen de Paul (1 Tim. 1:2 ; 2 Tim. 1:2), car en Actes 16:1 il en est déjà parlé comme d’un disciple à Derbe et Lystre ayant un bon témoignage des frères de Lystre et Iconium. Il n’en est pas parlé ici, bien que la grâce eût de grandes choses en réserve pour lui. Au sujet de Derbe, il suffisait d’ajouter que la prédication fut bénie pour beaucoup, là comme ailleurs.
Nous entendons parler ensuite de leur retour, visitant en ordre inverse Lystre, Iconium et Antioche. Les circonstances donnaient un nouveau caractère à l’œuvre. Ils commencèrent par « fortifier les âmes des disciples ». Car ceci est une partie nécessaire du travail d’amour, un vrai besoin pour les âmes nées de nouveau. Beaucoup sont bénis pour réveiller les âmes, mais ont peu de puissance pour affermir les jeunes disciples. Ici, les deux serviteurs du Seigneur étaient doués plus que tous pour aider ceux qui n’étaient pas affermis ; et il nous est dit qu’ils les exhortaient à persévérer dans la foi. Combien il y a de sujets permettant d’effrayer dans la foi, sans aller jusqu’à séduire pour détourner de la foi ! Mais les nouveaux disciples étaient aussi avertis des difficultés du chemin, spécialement des épreuves nombreuses et difficiles qu’on rencontre, ou, comme il est dit : « que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu ». C’est de cette manière que le Seigneur avait parlé aux premiers disciples qui, en tant que Juifs, pouvaient s’attendre, et s’attendaient effectivement à un avenir tranquille et brillant, maintenant que le Messie était venu. Mais Il était venu pour souffrir et monter en haut, rejeté par les hommes et par Son peuple terrestre, et ceci donnait lieu à une aggravation plus forte du chemin de souffrances avant l’aurore de la gloire. Et si Paul était un grand prédicateur, il n’en était pas moins un docteur des nations dans la foi et la vérité (1 Tim. 2:7). Christ était toujours le thème de ses discours : « Lequel nous annonçons », comme il le dit lui-même, « exhortant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, afin que nous présentions tout homme parfait en Christ : à quoi aussi je travaille, combattant selon son opération qui opère en moi avec puissance » (Col. 1:28, 29). Il n’a jamais pris légèrement aucun devoir chrétien, et encore moins tout ce qui touche de si près le propos de Dieu et les affections de Christ, même envers « ceux qui n’avaient pas vu son visage en la chair, afin que leurs cœurs soient consolés, étant unis ensemble dans l’amour et pour toutes les richesses de la pleine certitude d’intelligence, pour la connaissance du mystère de Dieu, dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col. 2:1-3). Car il ne manque nulle part de gens qui, trompés eux-mêmes, cherchent à tromper les saints par des discours persuasifs. La parole habitant en nous, la louange et la prière affluant vers Dieu, et un témoignage diligent, dans l’amour, envers ceux du dedans comme envers ceux du dehors, voilà de grandes sauvegardes ; mais en même temps que cet état d’esprit soit complété par la joie dans l’endurance et la longanimité, dans l’attente de Christ et du royaume.
En second lieu, il restait encore une autre tâche à faire, qui ne pouvait être effectuée lors de la première visite. « Et leur ayant choisi des anciens dans chaque assemblée, ils prièrent avec jeûne, et les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru » (14:23). Naturellement les différences d’avec ce qui existe dans la chrétienté faussent les idées de beaucoup trop de gens sur ce qu’ils pensent de ce verset instructif. Toutes les versions anglaises y compris la Version Autorisée ont rendu le mot « χειροτονησαντες » par « ordonné » [de « ordination »] (Tyndale, Cranmer et la version de Genève ajoutant « par élection ») ; Jérôme, qui est loin d’être extrémiste par rapport à d’autres « pères de l’église », interprète ce mot « χειροτονησαντες » comme l’ordination par imposition des mains, comme si χειροτονια était la même chose que χειροθεσια. C’est à juste titre que M. Humphry juge ceci insoutenable, ou du moins non supporté par aucun exemple clair d’un tel sens.
Mais nous pouvons aller plus loin que le doyen Alford, et nous devons affirmer que l’Écriture ne montre nulle part des églises (ou : assemblées) choisissant des anciens par un signe de mains, ou en quelque autre manière. En effet la terminologie de notre passage exclut une telle pensée, car, premièrement, si « χειροτονησαντες » impliquait nécessairement une telle portée étymologique, cela voudrait dire que Paul et Barnabas choisirent les anciens par un vote, ce que personne ne retient ni ne souhaite, au contraire. Et deuxièmement, ceci est confirmé encore plus fortement par le pronom « leur » qui exclut une participation des disciples à une élection pour faire valoir leurs désirs, et désigne spécifiquement les apôtres comme étant ceux qui choisirent les anciens pour les saints concernés. De toutes les interprétations, la pire est donc ce compromis d’apparence aimable selon lequel les apôtres ordonnèrent [= « donnèrent l’ordination à »] ceux que chaque église (= assemblée) avait élus. — Les mots utilisés dans ce passage enseignent simplement que Paul et Barnabas choisirent des anciens pour les disciples dans chaque assemblée. Sans doute le mot peut signifier étendre la main, spécialement au cours d’un vote, mais il avait été utilisé depuis longtemps pour exprimer un choix ou une nomination dans des circonstances où aucune procédure de ce genre ne pouvait avoir lieu. Ceci est certain dans le Nouveau Testament sans qu’il soit besoin d’aller chercher ailleurs ; cela fait aussi partie de la manière de parler de Luc, comme ceux qui sont le plus remplis de préjugés doivent l’admettre en Actes 10:41 [choisis de Dieu], et ici aussi, — à moins de soutenir que Paul et Barnabas levèrent les mains dans chaque cas. Cependant ce n’est pas ce que les Congrégationalistes désirent, mais ils veulent que les disciples décident ainsi de leur choix de chaque ancien, et d’un seulement par église (= assemblée), alors que le texte déclare que ce sont les apôtres qui choisirent des anciens pour eux dans chaque assemblée (*) : c’est la réfutation la plus nette et décisive de l’élection populaire qu’on puisse exprimer par des mots. Y a-t-il eu une imposition des mains à la suite de ce choix ? notre passage n’en dit rien, car ce qui est dit ne se rapporte qu’au choix des anciens.
(*) Le Dr Bennet dit qu’on peut aussi rapporter « ayant choisi » à l’antécédent plus éloigné, « les disciples », ce qui est tellement faux qu’il abandonne lui-même immédiatement cette affirmation, pour suggérer que Luc peut avoir voulu montrer ce qui sans doute (?) était la réalité de fait (!), à savoir que les apôtres étaient d’accord avec leur élection, et étendaient leur main avec les disciples (!) en faveur de l’ancien élu.
2 Corinthiens 8:19 ne soutient pas non plus l’idée populaire d’une élection des anciens, car il est uniquement question, là, de frères ayant l’agrément des assemblées pour convoyer des fonds aux saints en détresse ailleurs. Il est certain que l’Écriture autorise absolument les saints de choisir ceux en qui ils ont confiance pour un tel travail, comme on le voit en Actes 6. Encore moins y a t-il une quelconque analogie avec les deux frères d’Actes 1:23, mis en avant [« sur les rangs »] et non pas élus, et pour lesquels ils prièrent le Seigneur de choisir l’apôtre manquant. Le tirage au sort qui fut utilisé pour décider du nombre d’apôtres et de l’engagement de Matthias parmi les onze, est un principe totalement différent du choix de 14:23. En bref, la procédure ici en Actes 14:23 était juste ce que Calvin nie, à savoir que les apôtres choisirent en vertu de leur fonction propre, de même que Tite reçut mission plus tard de la part de Paul de nommer des anciens dans toutes les villes de Crète, sans la moindre indication qu’il puisse siéger comme modérateur d’une élection libre par consentement de tous. Non seulement ce livre des Actes est en harmonie avec le reste sur le choix des anciens, mais le Nouveau Testament tout entier. Quand l’homme donne, l’homme est autorisé à choisir ; quand le Seigneur donne, c’est Lui qui choisit, et envoie indépendamment de l’homme ; quand c’est l’ordre qui est en question, les envoyés du Seigneur dûment autorisés nommaient en Son nom, non seulement directement comme ici (Actes 14:23), mais aussi indirectement par un canal reconnu avec précision, comme dans d’autres passages (Tite).
Après le choix d’anciens pour les saints, les apôtres prièrent et jeûnèrent et les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru. Ce qui était en vue, c’était les saints en général, non pas les anciens seulement. Et quelle que soit les supplications qui assurément précédèrent et accompagnèrent la tâche délicate de nommer les anciens, il apparaît d’après les expressions utilisées et d’après le contexte, que les prières et le jeûne mentionnés ici suivirent cette nomination, et concernaient les saints qui étaient rejetés sur le soutien de la grâce du Seigneur.
« Et ayant traversé la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie ; et ayant annoncé la parole [du Seigneur] à Perge, ils descendirent à Attalie ; et de là ils se rendirent par mer à Antioche, d’où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie. Et, étant arrivés, et ayant réuni l’assemblée, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi. Et ils séjournèrent assez longtemps avec les disciples » (14:24-28).
C’est ainsi que se termina le premier grand voyage d’évangélisation auprès des païens par les apôtres, Perge ayant entendu la parole lors de leur retour, sinon lors de la première occasion ternie par l’abandon de Jean. Ensuite ils arrivent à Attalie (actuellement Antalya), au lieu de Paphos, ou de quelque autre partie de Chypre ; et le voyage de ce port vers Antioche de Syrie, leur point de départ, se termina rapidement.
Aux remarques déjà faites, il est important d’ajouter quelques mots qui peuvent aider les âmes. La dernière partie du verset 26 précise davantage, s’il en était besoin, l’importance de ce qui avait précédé cette visite missionnaire. Ce n’était pas une « ordination » de Barnabas et Paul, dans aucun sens vrai du terme ; mais comme il est dit ici, c’était une recommandation à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie. Selon 15:40, il semble bien que cela ait été répété lors du second voyage de l’apôtre avec Silas. La notion d’« ordres saints » basée sur le début d’Actes 13 est donc non seulement fausse et étrangère à l’Écriture, mais elle dépouille ce qui a été fait de tout son sens de grâce. Cela fait partie de cette judaïsation qui a obscurci chez beaucoup l’Écriture du Nouveau Testament, et a dégradé la vraie grâce du ministère.
Ensuite on peut observer que, bien qu’envoyés par l’autorité du Saint Esprit (13:4) et placés ainsi directement sous la responsabilité du Seigneur dont ils étaient les esclaves, ils se hâtèrent de partager toutes Ses actions avec les saints : ils réunissent l’assemblée d’où ils étaient partis afin que tous se réjouissent dans Sa grâce, et spécialement dans Sa grâce envers les nations. L’assemblée n’est pas la source de la mission, mais la scène de communion avec la grâce divine qui se servait de la vérité pour la bénédiction des nations par Paul (non pas Pierre), avec Antioche comme point de départ sur la terre (non pas Jérusalem ni encore Rome). Il n’y eut pas de juridiction patriarcale, jusqu’à ce que les hommes aient oublié que la vraie source de l’autorité, de la puissance et de la bénédiction est Christ dans le ciel, et ils ne tardèrent pas à rêver de sièges rivaux, et de hiérarchies s’y rattachant. Combien la petite graine est vite devenue un arbre servant aux oiseaux des cieux, qui ravissent ce qui a été semé dans les cœurs, et viennent se loger dans ses branches (Matt. 13:31-32) !
Il faut garder à l’esprit que le séjour de Paul et Barnabas une fois rentrés à Antioche, ne fut pas court (14:28).
L’Esprit de Dieu place ensuite devant nous la première action notoire de cette judaïsation qui devait jouer un rôle profond, vaste et permanent dans l’histoire de l’église de Dieu. « Et quelques-uns, étant descendus de Judée, enseignaient les frères [disant] : Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (15:1).
C’était grave à tout point de vue. C’était une erreur, et pourtant cela prétendait être fondé sur la Parole de Dieu. Cette erreur provenait d’hommes portant le nom de Christ, et en même temps elle portait un coup au fondement. En général Satan s’efforce d’insinuer le mal, non seulement sous une belle apparence, mais en se servant si possible d’une partie de la Parole pour en neutraliser une autre, et par le moyen de disciples. Il n’y a pas de principe plus faux que d’alléguer la réputation d’hommes éminents pour défendre des doctrines, alors que celles-ci doivent tenir debout ou s’écrouler selon l’Écriture interprétée à la lumière de Christ et de Son œuvre, lesquels font toujours appel à l’énergie du Saint Esprit qui dirige les cœurs des fidèles.
Il est clair aussi que la vérité de Dieu est bien plus mise en péril par des ajouts injustifiés que par l’opposition ouverte de l’incrédulité. Ces hommes ne reniaient pas ouvertement l’évangile, ni n’enseignaient qu’on pouvait être sauvé par un certain rite ; mais ils insistaient sur la nécessité de la circoncision pour être sauvé. C’était saper le christianisme, qui n’est pas une simple promesse, mais un accomplissement ; or les simples promesses laissent la porte ouverte, comme l’histoire inspirée le montre, pour y insinuer la loi au lieu de la grâce souveraine régnant par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur (Rom. 5:21). C’était réellement ignorer Christ ressuscité d’entre les morts et glorifié dans le ciel, comme objet propre du chrétien. Il ne peut jamais être par la foi devant l’âme sans que soit maintenue l’efficacité de Sa mort expiatoire. Qu’est-ce que la loi ou la circoncision ont à faire avec Celui qui est à la droite de Dieu ? La loi a sa place de ce côté-ci de la croix (1 Tim. 1:8-11).
Mais ces hommes étaient occupés de leurs préjugés, et regardaient en arrière aux choses et aux personnes sur la terre, non pas vers Christ en haut, à travers le voile déchiré. C’est pour cela que leur orgueil était blessé. Ils ne pouvaient supporter d’entendre que la caractéristique des Juifs, leur ancienne gloire, était maintenant éclipsée et avait disparu. Ils n’avaient appris que faiblement l’enseignement de la croix. Ils n’y avaient pas discerné la sentence de mort sur la chair dans ce qu’elle avait de meilleur. Ils avaient sans doute reconnu leur besoin de Celui qui avait souffert une fois pour toutes pour tous leurs péchés, mais ils ne voyaient pas qu’en cela leur religion (dont la circoncision était le signe initiateur et distinctif) était traitée comme rien, et même entièrement condamnée. L’erreur découle de la mesure qui était entièrement fausse. Si Christ et la vérité avaient été devant leurs âmes, s’ils avaient estimé correctement Sa mort sur la croix, ils ne seraient jamais tombés dans une erreur si profonde et si indigne.
Mais ils étaient aussi dans l’erreur par ailleurs. Le Seigneur avait promis le Saint Esprit, l’Esprit de vérité, pour les guider dans toute la vérité et pour leur enseigner ce qu’ils n’avaient pu supporter pendant Son ministère terrestre. La vérité était là dans Sa personne ; mais pourtant les mieux enseignés de Ses disciples ne comprenaient guère ce qui était même basique, jusqu’à ce qu’Il soit ressuscité et glorifié. Mais maintenant le Saint Esprit avait été envoyé et était descendu du ciel, et les nations sans la circoncision L’avaient reçu, tout comme les croyants circoncis. N’était-ce rien à leurs yeux ? N’est-ce pas une leçon solennelle que les disciples pouvaient être aveuglés par leur habitudes religieuses au point de passer entièrement à côté d’un fait si clair, si certain et si déterminant ? Car Dieu avait pris soin qu’aucun des apôtres de l’incirconcision, sinon Pierre lui-même, ne soit l’instrument choisi pour l’appel de Corneille en présence de six frères de la circoncision qui l’accompagnaient de Joppé.
Il est instructif aussi d’observer que combien l’erreur est présomptueuse, à l’inverse de la foi qui est toujours humble bien qu’elle puisse être fort hardie. Car ces hommes, qui réclamaient à grands cris la nécessité de la circoncision, ne se risquaient pas à alléguer que l’autorité apostolique avait institué un dogme du genre de celui qu’ils cherchaient à imposer. Leur jugement et leur dignité ne procédaient que d’eux-mêmes, peut-on dire, et en ceci ils se conduisaient comme ceux des nations qui ne connaissent pas Dieu.
Cette insurrection contre la vérité était ainsi permise en plein jour en face des apôtres, pour que le Seigneur puisse nous donner Sa propre correction, précise et déterminante pour toujours. Quelle miséricorde pour nous, et dès lors pour toujours pour l’assemblée de Dieu, que cette question n’ait pas été occultée durant l’existence des apôtres sur la terre ! Nous aurions eu alors une réponse non inspirée, même si elle avait été correcte. Maintenant, nous avons l’autorité divine sur ce sujet, — ce que tous les chrétiens reconnaissent. Ce qu’un apôtre écrit est vraiment le commandement du Seigneur (1 Cor. 14:37).
Les perturbateurs venaient de Judée, ce qui, pour les faibles et les ignorants, était susceptible de donner du poids à leurs paroles. Satan est toujours actif pour prendre avantage de cela. La tradition humaine s’infiltre volontiers, et, naturellement, elle flatte la chair. Le Saint Esprit s’appuie sur la Parole ; nous devons seulement prendre garde à ne pas exiger la lettre qui tue, quand nous pouvons avoir l’esprit qui donne la vie. Seule la soumission à Christ maintient dans ce qui est droit, la vie en Lui est toujours obéissante et sainte, et elle est le chemin de la vraie intelligence. Il ne faut jamais se fier à la tradition humaine, même parmi les disciples. Dieu est jaloux pour Sa parole, qui rend constamment témoignage à Christ, et donc contre l’orgueil humain. Les hommes qui venaient de Judée se prétendaient avec arrogance être pour Dieu, alors qu’en réalité c’était pour la chair et pour le moi. S’ils avaient pu, ils auraient non seulement retranché les saints des nations, mais aussi les apôtres de l’incirconcision.
« Une contestation s’étant donc élevée et une grande dispute, entre Paul et Barnabas et eux, ils résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question » (15:2). Admirons ici encore la sagesse des voies de Dieu. Paul et Barnabas étaient eux-mêmes incapables de régler ce conflit. On n’arrive pas à vaincre la propre volonté, même des apôtres ne le peuvent pas. Il était selon la pensée de Dieu de s’interposer d’une manière bien plus impressionnante et efficace. Il aurait pu être dangereux, même si c’était désirable en soi, de clore le sujet du débat à Antioche. Car le mal, étant dans son principe ancré dans la nature des choses, aurait sûrement re-surgi plus tard, et ailleurs, probablement pire que tout, à Jérusalem même. Il était donc très sage de transférer la continuation de la discussion du sujet à l’endroit d’où venait le mauvais coup, d’autant plus que Paul et Barnabas voulaient s’y rendre afin que non seulement le cas y soit entendu, mais qu’il soit réglé par toute l’autorité donnée de Dieu pour le gouvernement de Son assemblée sur la terre. Tout était donc dirigé sous la bonne main de Dieu, car le mal fut jugé dans l’endroit d’où il émanait, et qui en était vraisemblablement, voire notoirement, le foyer ; c’est là que vivaient ceux qui connaissaient le mieux ses promoteurs, et où tout leur était plutôt favorable qu’hostile, avec en outre le poids moral immense attaché au jugement de ceux que Dieu avait placé à la tête de l’église pour la gouverner au nom du Seigneur.
En Galates 2:1-2, Paul dit qu’il monta à Jérusalem « selon une révélation ». Ici l’historien inspiré dit qu’ils (c’est-à-dire les frères ou serviteurs en général, sans préciser davantage) arrangèrent ou décidèrent que Paul et Barnabas et quelques-uns d’entre eux monteraient vers les apôtres et les anciens à Jérusalem à propos de cette question. Il n’y a pas plus de contradiction ici qu’en Actes 13:2 où l’Esprit appelait indubitablement et exclusivement les mêmes serviteurs du Seigneur à un travail missionnaire défini, alors qu’ils jouissaient aussi d’une communion cordiale et sainte avec leurs compagnons d’œuvre qui les recommandèrent à la grâce de Dieu pour le voyage. Il se peut qu’ils aient eu une révélation directe comme en Actes 16:9-10, ou qu’ils aient reçu des indications prophétiques provenant d’autrui comme auparavant ; ce qui est certain c’est que Paul monta « selon une révélation », et non pas simplement comme une démarche voulue par d’autres. Chaque phrase est en parfait harmonie avec le livre où on la trouve, et chez chacune on y trouve le dessein du Saint Esprit, bien que comme d’habitude, les hommes n’ont pas manqué d’y voir une contradiction. Tite faisait partie de la mission, et son cas concernait directement la question soulevée, en tant que Gentil incirconcis, doué et honoré de Dieu plus que beaucoup d’autres ; mais ceci encore n’est indiqué qu’aux Galates à cause de l’importance que cela avait pour eux, bien qu’une grande place évidente y soit faite dans les Actes. Le mauvais emploi rationaliste de la Parole de Dieu est un exemple de l’ignorance ou de la malhonnêteté, sinon des deux, qui caractérisent le système. Le croyant ne devrait pas avoir d’hésitation ou de difficulté, vu que la foi adhère à toute l’Écriture comme étant divine.
« Eux donc, ayant été accompagnés par l’assemblée, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des nations ; et ils causèrent une grande joie à tous les frères » (15:3). Le mot « ayant été accompagnés » (à la voix passive) traduit ici προπεμφθεντες qui est rendu ailleurs (Romains 15:24 ; 1 Corinthiens 16:6 ; 3 Jean 6 ) par « faire la conduite » (à la voix active). Sans aucun doute, le cœur des saints était avec eux, et non pas avec les légalistes ; mais il y avait un soin plein d’égards et d’affection pour leurs besoins en chemin, qu’il y ait eu, ou non, une escorte comme en Actes 21:5, comme certains le pensent ici. Quel beau tableau de voir la joie suscitée chez tous par les récits de la grâce de Dieu en dehors d’Israël ! Quel contraste avec la jalousie des Juifs ! Certes les illettrés sont particulièrement sensibles à la superstition, aux préjugés et aux sentiments humains. Mais l’amour divin prévalait, en accord avec la vérité. D’autres qui, hélas, vu le temps, auraient dû être des docteurs, avaient encore besoin qu’on leur enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, et en étaient arrivés à avoir besoin de lait, et non de nourriture solide (Héb. 5:12). Il est plus difficile de désapprendre que d’apprendre.
« Et étant arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l’assemblée et les apôtres et les anciens ; et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux. Et quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient cru, s’élevèrent, disant qu’il faut les circoncire et leur enjoindre de garder la loi de Moïse » (15:4-5).
Le cœur de l’assemblée battait vraiment, mais il y avait maintenant des adversaires au-dedans comme au dehors. Ce n’était pas encore la conférence, mais des réunions préliminaires où les œuvres merveilleuses de Dieu par l’évangile provoquaient la sympathie ou l’opposition parmi ceux de Jérusalem qui portaient le nom du Seigneur. Il est expressément dit que ceux qui, à ce moment-là, s’indignaient de la liberté de la grâce, avaient cru. La crise, donc, concernait la grâce. L’unité — non pas simplement l’unité qui aura bientôt lieu au ciel, mais l’unité maintenant sur la terre — est le privilège béni et la responsabilité inaliénable du corps de Christ, l’assemblée. Il n’y eut pas le désir malheureux de prendre les devants en traitant de la question là où Paul et Barnabas avaient une influence spéciale et déterminante, puis d’alléguer l’unité de l’église pour imposer la communion de l’assemblée à Jérusalem, et bien sûr partout ailleurs. Il aurait été plausible d’avancer qu’Antioche était le seul lieu convenable pour discuter et résoudre cette question qui concernait si intimement la gloire du Seigneur parmi les croyants des nations. En effet ces ambassadeurs de Christ avaient été envoyés d’Antioche, et non pas de Jérusalem, pour être les grands pionniers du travail missionnaire du Saint Esprit. Le moi ou les partis auraient pu fournir d’abondantes raisons en faveur d’Antioche ; mais Christ avait Son lieu de décision, qui chercha en premier lieu Sa volonté, puis rendit tous les saints chers, même ceux qui créaient du trouble par leur manque de grâce, d’humilité et d’intelligence. Ainsi fut évité le piège par lequel Satan cherchait déjà à éparpiller les saints, et à faire une église juive séparée de celle des nations ; ou au moins à commencer une marche séparée à Antioche en évinçant les apôtres et les anciens de l’assemblée à Jérusalem, ce qui n’aurait pas tardé à faire une division, immédiatement même peut-être. Mais la grâce et la vérité prévalurent, ainsi que le respect dû à tous ceux que le Seigneur avait honorés, et aussi, comme nous l’avons vu, le principe particulier de traiter le mal à la racine, et non pas simplement dans ses fruits.
Ce fut, je présume, lors de cette circonstance que l’apôtre, selon son récit de Galates 2:2-10, exposa en privé à ceux qui étaient considérés l’évangile qu’il prêchait aux nations. C’est alors qu’ils virent que l’évangile de l’incirconcision lui avait été confié, comme à Pierre celui de la circoncision ; et que Jacques, Céphas et Jean donnèrent à Paul et Barnabas la main d’association selon cette répartition de l’œuvre que le Seigneur avait déjà établie pour ceux qui avaient des yeux pour la discerner. Il était de la plus haute importance de le déclarer dans cette épître, mais c’était en dehors de l’histoire publique, et indépendamment du concile qui est l’objet de l’Esprit dans le chapitre qui est devant nous. Il n’est pas question ici de l’indépendance de la mission et de l’œuvre de Paul, tandis que dans l’épître aux Galates ce sujet était d’une importance capitale, et les décrets du concile ne sont pas cités là où ils n’auraient pas eu leur place, et où leur mention n’aurait pu que faire du mal. Combien il est vrai que, dans le Nouveau Testament comme dans l’Ancien, il y a « une saison pour tout, et il y a un temps pour toute affaire sous les cieux » (Ecc. 3:1) ! En haut, une telle distinction est inutile, car tout y est lumière, paix et amour, à la gloire de Dieu.
Il semble évident que beaucoup fut fait avant le concile. L’opposition du parti judaïsant fut pleinement et distinctement manifestée dès que les apôtres des nations furent reçus par l’assemblée, comme elle avait opéré après le baptême de Corneille et de sa maison. Naturellement le compte-rendu public de ce que Dieu avait opéré en Asie Mineure accentua encore plus les préjugés. Ce qui se passa en privé n’est pas relaté ici, mais nous savons par les premiers versets de Galates 2 que c’était très important.
Ce qui nous est rapporté en Actes 15 avait comme premier objet la répression du sentiment Juif, et la reconnaissance formelle des Gentils qui croyaient, sur la même base que les disciples juifs. Les décrets qui émanaient des apôtres et des anciens à Jérusalem avaient le plus grand poids à ce point de vue. Mais, en écrivant aux assemblées des nations, l’apôtre se place sur le terrain élevé de la grâce et prouve qu’une ordonnance selon la chair, quelque vénérable ou instructive qu’elle fût, était incompatible avec la vérité d’un Sauveur mort et ressuscité comme base de la justification devant Dieu. Dans ce grand plan, où Dieu Lui-même a opéré pour l’homme coupable et perdu, à la croix et par le sang de Son Fils, la circoncision faite de mains disparaît complètement. Et les croyants des nations, morts dans leurs fautes et dans l’incirconcision de leur chair, Christ les vivifie ensemble avec Lui, tout autant que les fidèles juifs, nous ayant pardonné toutes nos fautes. Il a effacé l’obligation qui était contre nous, [laquelle consistait] en ordonnances [et] qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix (Col. 2:13-15).
On comprend combien cela venait véritablement de Dieu, de confronter ainsi et de mettre ainsi de côté toute inclination des nations vers les ordonnances, par l’enseignement de la vérité que Christ a enseveli la question dans Sa tombe et a donné au chrétien une nouvelle position en Lui, que la chair n’a jamais eu droit de revendiquer, ni ne le pouvait. Les ordonnances avaient leur place et leur saison, et convenaient tout à fait tandis que les Juifs croyants d’autrefois étaient les objets de la patience de Dieu : mais les épîtres apostoliques traitent la question sur un fondement plus profond et en liaison avec des associations plus hautes, qui sont éternelles. Or il est très instructif de remarquer que l’apôtre ne se tenait pas en arrière quand il s’agissait d’honorer et d’utiliser des ordonnances pour l’édification de l’assemblée en général — des ordonnances qui ne sont même pas mentionnés dans la discussion finale de cette affaire.
« Et les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire. Et une grande discussion ayant eu lieu, Pierre se leva et leur dit : Hommes frères, vous savez vous-mêmes que, dès les jours anciens, Dieu m’a choisi d’entre vous, afin que par ma bouche les nations ouïssent la parole de l’évangile, et qu’elles crussent. Et Dieu qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur ayant donné l’Esprit Saint comme à nous-mêmes ; et il n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Mais nous croyons être sauvés par la grâce du seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi » (15:6-11).
C’est le début du concile. Parmi ceux qui sont assemblés, il n’est mentionné personne d’autre que les apôtres et les anciens. C’était positivement en vue de leur décision qu’ils étaient assemblés, mais assurément avec la présence et l’accord de l’assemblée comme nous le savons par le verset 22, pour ne pas parler du verset 12 ; et ceci bien sûr comme une réalité, non pas comme une simple forme, ce que le christianisme interdit. Dieu voulait qu’il y ait le sceau positif de la plus haute autorité aux yeux même des protestataires. De là, l’insistance pour mentionner tout du long les apôtres et les anciens, alors qu’on ne peut douter que l’assemblée était présente et libre de participer. C’était un sujet auquel tous étaient vraiment intéressés, mais dans lequel le jugement des plus sages était particulièrement nécessaire. Et Celui qui est plus sage que quiconque y prit part en les guidant (15:28) ; c’est encore Lui dont la présence personnelle est reconnue avec empressement tout au long de ce livre, et qui est aussi une caractéristique de l’assemblée de Dieu selon les écritures. Le Saint Esprit était là et l’on comptait sur Lui pour guider à la gloire de Christ.
Cela n’empêcha cependant pas la discussion. Le verset 7 nous révèle qu’il y eut beaucoup de débats et d’interrogations. Il était sans doute bien triste et humiliant qu’il y ait de telles controverses, en présence même des apôtres, mais le fait est simplement et calmement relaté par le Saint Esprit, ce qui devrait convaincre bien des gens combien leur notion de l’ordre ecclésiastique diffère de l’histoire primitive. Même dans les temps apostoliques nous voyons comment la liberté prévalait, bien que, sans doute, la chair en prît avantage. Détruire la liberté à cause des abus était un remède pire que le mal ; il en a été ainsi dans la chrétienté, liée de chaînes d’airain pendant des siècles, et dénonçant pourtant la vraie liberté comme étant de la licence. Les règles humaines ont rendu l’état de choses scripturaire aussi impossible contre le bien que contre le mal. Mais la foi, quand elle se tourne vers la révélation de Dieu, ne peut jamais être satisfaite tant qu’il n’y a pas soumission à l’écriture, d’autant plus qu’il y avait la promesse que le Saint Esprit demeurerait avec nous pour toujours.
Il est évident que les apôtres supportèrent patiemment les difficultés et même les disputes des frères qui avaient moins de discernement et plus de préjugés. Ils étaient forts dans la grâce qui est en Christ. Ils avaient Sa gloire vivante devant leurs âmes. Ils ne cherchaient pas à dominer la foi de leurs frères, mais que les autres soient fortifiés dans la foi tout comme eux. Mais à mesure que la grâce et la vérité de Christ diminuaient dans le cœur des hommes, l’autorité ecclésiastique devint une idole, et l’importance que se donnait cette autorité devint un piège. Tel était et tel est en grande partie l’état de ruine actuel de l’église : personne ne soutient qu’il y avait un état de perfection aux temps apostoliques, et encore moins peut-on l’attendre aujourd’hui, même dans les cercles les plus restreints. Mais toute âme fidèle est tenue de tenir pour l’honneur du Seigneur selon la parole écrite, et d’éviter tout ce qui est opposé à l’ordre de Dieu, à la vérité doctrinale et à la sainteté personnelle. Le refus d’une telle responsabilité est en substance non seulement un péché, mais antinomien dans son principe, quels que soient les noms ou les arguments policés dont on se sert pour excuser l’infidélité. Il est facile de souligner de graves défauts, même là où on tient pour la vérité. Mais ceux qui se plaisent à souligner ces défauts manquent justement à manifester l’Esprit de Christ, et ne pourront jamais justifier les méthodes humaines dans l’assemblée de Dieu, même s’ils réussissent à les mettre en exercice avec succès. Combien il est plus précieux de mieux faire selon l’Écriture, que de blâmer ce qui a été fait bien faiblement ! Est-ce manquer de charité que de dire que ceux-là n’ont pas du tout pour but d’agir eux-mêmes selon la parole, mais simplement de discréditer ceux qui cherchent à le faire ?
Pierre rappelle alors à tous, sa mission à Joppé, quand les nations reçurent l’évangile par son moyen comme premier instrument apostolique de Dieu. Avec la plus grande puissance, il insiste sur les actions de Dieu à leur égard, le « Dieu qui connaît les cœurs » leur rendant témoignage en leur donnant le Saint Esprit, tout incirconcis qu’ils étaient ; et qu’en plus Il ne faisait aucune distinction entre les croyants Juifs et Gentils, vu que Sa purification est du cœur par la foi. Or pour une telle purification, un rite ne sert à rien. « Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu ? » Leur préjugé même, et surtout s’il perdurait, était de l’incrédulité vis-à-vis de la Parole et des actes de Dieu. C’était mettre sur le cou des disciples un joug de loi que personne dans le passé ou le présent n’avait pu porter : un homme circoncis est tenu d’accomplir toute la loi. Car, introduite en gloire comme elle l’était, la loi était un ministère de mort et de condamnation. Croire l’évangile est le salut par la grâce du Seigneur Jésus, qui a porté notre châtiment et a effacé nos péchés par Son sang. Voilà la grâce en effet, quand de notre côté il n’y a que de la culpabilité, et que de Son côté il y a tout ce qui sert à notre pardon et à notre délivrance, pour la justification de ce Dieu (Son Dieu et Père) contre Lequel nous nous étions rebellés, et sans qui nous vivions. En réalité, nous ne Le connaissions pas tel qu’Il est, ayant cru le mensonge de Satan plutôt que la vérité de Dieu. Nous faisions notre propre volonté et nous ne Lui donnions aucun crédit pour Son amour, bien qu’Il ait tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. Mais maintenant nous avons vu le Fils, et nous avons cru en Lui. Sa grâce en souffrant pour nos péchés, le Juste pour les injustes, nous a rendus honteux de nous-mêmes, et nous a mis en relation avec Dieu ; et Il est amour. « Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous » (1 Jean 3:16).
Formé par cette grâce, il est remarquable que Pierre dise ici : « Nous [les Juifs] croyons être sauvés par la grâce du seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi, [les nations] ». La phrase naturelle pour un Juif aurait été : « Eux de même que nous » ; mais la grâce règne et Pierre dit : « Nous de même qu’eux ». Combien c’est digne de l’évangile ! Ce n’était pas Simon Bar Jonas livré à lui-même, mais c’était Pierre, un vrai rocher et vrai homme. La chair et le sang ne lui avaient pas suggéré cette pensée ou parole, mais le Père qui est dans les cieux (Matt. 16).
Pierre avait fait une introduction admirable, et son argument reflétait la grâce du Seigneur Jésus. C’était bien et digne, que l’apôtre de la circoncision parle ainsi, non pas simplement de son expérience personnelle, mais du choix souverain de Dieu. Nous comprenons l’effet produit : « Et toute la multitude se tut ». Personne ne pouvait douter du fort préjugé juif de Pierre, pas plus qu’ils ne pouvaient contester sa revendication de liberté des Gentils par rapport à la loi. Mais il y avait une autre raison de se taire. « Et ils écoutaient Barnabas et Paul qui racontaient quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations » (15:12). Il ne devrait pas y avoir d’hésitation à comprendre qu’ici « toute la multitude » ne comprend pas seulement les apôtres et les anciens, mais toute l’assemblée. Cela semble certain d’après le verset 22, quel que soit notre jugement sur l’interprétation du verset 23. Il est intéressant de noter qu’il est dit que les signes et les miracles ont opérés par Dieu par le moyen de Paul et de Barnabas, tandis qu’au verset 4 il est dit plus généralement que l’œuvre du Seigneur avait été opérée par Dieu « avec eux ». Les signes et les miracles étaient plus extérieurs, et ils sont vus comme de simples instruments. « Avec eux » implique plus de communion et d’association divine que d’exercice de simple puissance. Une telle déclaration a dû avoir le plus puissant effet sur les esprits juifs. Dieu donnait par grâce en abondance ce à quoi ils s’attendaient spécialement dans ce travail si nouveau parmi les nations. Sa grâce avait pleinement pourvu à l’avance à toutes les circonstances critiques.
« Et après qu’ils se furent tus, Jacques répondit, disant : Hommes frères, écoutez-moi : Siméon a raconté comment Dieu a premièrement visité les nations pour en tirer un peuple pour son nom » (15:13-14). C’est une déclaration des plus importantes, à sa manière. Elle donne un caractère à part à l’œuvre présente de Dieu. Elle ne nie pas que Dieu avait une lignée de saints en Israël, et avant Israël, et qui est plus, hors d’Israël ; mais elle affirme que, pour le temps présent, il y a un rassemblement spécial « en dehors » ; elle ne laisse aucune place à la pensée vaine qu’une nation serait amenée, comme un tout, par l’évangile à confesser le Seigneur, et encore moins que toutes les nations seraient ainsi changées. La vérité est que Dieu se propose seulement, pendant que Jésus est à Sa droite, de tirer de toutes les nations un peuple pour Son nom. C’est l’assemblée [ou : église] de Dieu, et elle est aussi distincte des voies de Dieu avant la croix, que de celles qui suivront après l’apparition du Seigneur et dans Son règne futur.
« Et avec cela s’accordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit : Après ces choses, je retournerai et je réédifierai le tabernacle de David, qui est tombé, et je réédifierai ses ruines et je le relèverai, en sorte que le résidu des hommes recherche le Seigneur, et toutes les nations sur lesquelles mon nom est réclamé, dit le Seigneur, qui fait ces choses connues dès le commencement du monde » [JND : « de tout temps »] (15:15-18).
C’est une erreur de supposer que ces versets font allusion au mystère de la formation en un seul corps (l’église) des croyants des nations avec les Juifs fidèles. Romains 16:25-26 et Éphésiens 3:5-6 se réfèrent à ce mystère, mais non pas notre texte, qui parle simplement de la reconnaissance par Dieu en grâce, comme étant à Lui, de ceux des nations qui croient, bien qu’ils restent encore Gentils, — que ce soit par l’évangile maintenant ou dans le royaume futur. L’union avec Christ et la Tête comme étant Son corps va bien plus loin, bien qu’il en soit parlé à la fois en rapport avec les nations maintenant et avec les Juifs croyants, mais aucun prophète de l’Ancien Testament ne le révèle. Les écrits prophétiques de Romains 16 et les prophètes d’Éphésiens 3 sont exclusivement ceux du Nouveau Testament.
On observera qu’il est fait référence aux prophètes en général, bien qu’aucun ne soit cité si ce n’est Amos, et l’objet est général. De leur témoignage, prouvé expressément par celui qui est cité, Jacques tire le principe que le nom du Seigneur doit être invoqué sur les nations comme telles. Ils étaient si loin de l’idée que les nations aient à accepter la circoncision, que les prophètes parlent de « toutes les nations ». C’est ce qui aura lieu au jour du royaume, comme aucun Juif ne pouvait le nier. Les nations ne deviendront pas juives, pas plus que les Juifs ne deviendront Gentils ; les deux seront bénis par le Seigneur dans leurs positions respectives, quand le Messie règnera. Il était donc absurde d’objecter à la grâce de Dieu envers les nations présentement, sous l’évangile, et dans l’église, alors qu’il n’y a là ni Juifs ni nations, mais où Christ est tout et en tous.
Le texte véritable du verset 18 est quelque peu incertain, et même la version qui peut vouloir dire « qui fait ces choses connues dès le commencement du monde ». Le sens général est assez simple.
En conséquence Jacques donne son jugement : « C’est pourquoi moi, je suis d’avis de ne pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu, mais de leur écrire qu’ils s’abstiennent des souillures des idoles, et de la fornication, et de ce qui est étouffé, et du sang ; car Moïse, dès les générations anciennes, a dans chaque ville ceux qui le prêchent, étant lu dans les synagogues chaque sabbat » (15:19-21).
« Les souillures des idoles » étaient les viandes offertes aux idoles, comme au verset 29. Voir Dan. 1:8 et Mal. 1:7. La supposition de Bentley (Ecclus. 11) que χοιρειας (‘porc’) devrait être lu à la place de πορνειας est un exemple de l’audace et de l’ignorance du grand érudit (peut-être suggérée par Bellonius, dans Observat. iii.10, qu’il cite au verset 29). — On peut trouver étrange de voir un péché d’impureté rangé avec une sanction d’idolâtrie ; mais les Juifs ressentaient cela différemment, et l’un et l’autre étaient indifférents aux Gentils.
Il s’agissait donc plutôt de remonter aux voies de Dieu avec Noé, que d’imposer la loi de Moïse. Comme Noé était une sorte de chef de l’humanité en général après le déluge, la liberté des nations était ainsi assurée, l’idolâtrie était intolérable de même que la fornication, bien qu’elles fussent toutes deux très répandues parmi les nations. S’abstenir de ce qui est étouffé et du sang introduisait la reconnaissance du fait que Dieu considérait l’homme comme déchu. Dieu interdisait les deux ; l’usage de la créature n’était pas interdit à l’homme, mais Dieu interdisait de se mêler aux signes spéciaux de la mort ; la vie appartient à Dieu, et elle a été perdue par le péché. Quant à la loi, il n’y avait pas de raison que l’église s’aventure dans cette direction : depuis les générations d’autrefois, Moïse avait été prêché dans toutes les villes. On lisait en tout cas la loi dans les synagogues tous les sabbats. Les nations désormais pouvaient bien se réjouir dans l’évangile.
On peut noter au passage qu’il n’y eut aucun vote ni rien d’équivalent, car il n’était pas question de la volonté de l’homme, mais de Dieu qui opérait par l’Esprit pour donner une sagesse sainte et un accord général.
« Alors il sembla bon aux apôtres et aux anciens, avec toute l’assemblée, de choisir parmi eux des hommes, et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabas : [savoir] Judas appelé Barsabbas, et Silas, hommes [d’entre ceux] qui tenaient la première place parmi les frères. Et ils écrivirent par leur main en ces termes : Les apôtres et les frères anciens (*), aux frères d’entre les nations qui sont à Antioche et en Syrie et en Cilicie : Salut ! Comme nous avons ouï dire que quelques-uns qui sont sortis d’entre nous, vous ont troublés par des discours, bouleversant vos âmes (**), (auxquels nous n’avons donné aucun ordre), il nous a semblé bon, étant tous d’accord, de choisir parmi nous des hommes et de les envoyer vers vous avec nos bien-aimés Barnabas et Paul, hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom de notre seigneur Jésus Christ. Nous avons donc envoyé Judas et Silas, qui vous annonceront de bouche les mêmes choses. Car il a semblé bon au Saint Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : qu’on s’abstienne des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez de ces choses, vous ferez bien. Portez-vous bien » (15:22-29).
(*) note Bibliquest sur le v. 23 : JND traduit : « Les apôtres et les anciens et les frères » ; toutefois, dans la version anglaise de JND, des crochets indiquent que JND reconnaît comme exacte la variante de texte affirmée par WK.
(**) Le Texte reçu avec beaucoup de manuscrits ajoute : « disant qu’il faut être circoncis et garder la loi ». Les plus anciennes autorités l’omettent. — note Bibliquest : JND suit ici le Texte Reçu.
On remarquera que les plus anciennes autorités commencent avec une lecture qui est maintenant acceptée par la plupart des critiques. Cela donne un sens plutôt plus éloigné de la tradition ecclésiastique que le texte ordinaire [Texte Reçu et version anglaise du Roi Jacques], où « les anciens » sont franchement distingués des « frères » qu’on a juste après. Cependant, « les frères anciens » est une formule qui concorde exactement avec l’état de choses qui existait à Jérusalem. Il n’est pas douteux que ces « frères anciens » étaient « les anciens » de ce lieu, selon l’appellation de Actes 11:30 et 15:2, 6. Ils étaient les autorités locales ; mais ils ne semblent pas avoir été choisis formellement comme les anciens des assemblées des nations, par autorité apostolique directe ou indirecte ; ils semblent plutôt avoir agi selon leur expérience et leur poids moral, selon l’habitude parmi les Juifs. Ceci s’accorde remarquablement avec l’expression particulière employée ici, « les frères anciens », et est en harmonie avec le ton du discours de Pierre en 1 Pierre 5:1-4.
Mais il y a une autre remarque à faire, et dont l’application est encore plus directe et importante pratiquement. Judas Barsabbas et Silas qui furent envoyés avec Paul et Barnabas, sont qualifiés d’« hommes [d’entre ceux] qui tenaient la première place parmi les frères ». Ils n’étaient ni apôtres, ni anciens ou frères anciens, mais c’est en raison de leur qualification qu’ils furent choisis par le concile pour visiter Antioche. Cette même expression se retrouve trois fois en Hébreux 13:7, 17, 24 [traduite par ‘conducteurs’ par JND en français]. La Version anglaise révisée comme la Version Autorisée anglaise traduisent ce mot par « chefs » en Actes 15:22, et par « ceux qui avaient (ou : ont) la direction » en Hébreux (avaient ou ont, selon qu’ils étaient délogés, ou qu’ils vivaient et travaillaient encore). Il n’est pas parlé d’eux comme étant des « anciens », mais ils semblent avoir été identifiés au service de la parole (Héb. 13:7), plutôt qu’à la surveillance ou à la présidence comme les anciens. Ce fait, quand on le reconnaît, nous donne un aperçu clair de la liberté bien plus grande, et de la variété des dons exercés dans l’église apostolique comparées à la rigidité de la chrétienté moderne — je ne parle pas des dons-signes tels que les miracles et le parler en langues, mais de dons spirituels donnés par Christ pour le perfectionnement des saints. Les arrangements des dénominations sur le système salarial, et les revendications d’une position exclusive [dans l’église], interfèrent directement avec la volonté du Seigneur à cet égard, et détruisent la belle liberté de l’Esprit, et aboutissent à affamer le corps de Christ au lieu de l’édifier.
Pourtant le lecteur attentif trouvera non seulement dans les Actes, mais dans les épîtres, que le principe et la pratique du service libre dans les assemblées sont bien attestés comme étant distincts d’une autorité locale ou d’un rang officiel dans tout le Nouveau Testament. Romains 12:4-8 est clair. Il est parlé de « celui qui enseigne », de « celui qui exhorte », de « celui qui est à la tête » ou qui « conduit », comme étant de ceux qui ont « des dons de grâce différents, selon la grâce qui nous a été donnée », distincts de la « prophétie » ainsi que les uns des autres. Dans l’église ou l’assemblée selon la parole de Dieu, il y avait et il devrait y avoir place pour tous ces dons. Ce serait de la pure incrédulité que d’admettre que ces dons sont maintenant éteints. Malheur aux adversaires du Saint Esprit qui affirment une telle fausseté pour justifier leur système !
Le lecteur peut aussi comparer d’un bout à l’autre 1 Cor. 12 et 14, ainsi que 1 Cor. 15:1-21, Gal. 6:6, Éph. 4:7-16, Phil. 1:14, Col. 2:19, 1 Thes. 5:12-13, 2 Tim. 2:2, 1 Pierre 4:10-11, 3 Jean 7-8, qui prouvent le plus clairement possible que l’écriture maintient la totale ouverture dans les assemblées, ainsi qu’envers le monde, pour ceux qui sont convenablement doués ; et il n’y a que des gens comme Diotrèphe, pour autant que la parole de Dieu en parle, qui osent s’opposer et neutraliser.
Il est vain d’alléguer, comme les incrédules le font aveuglément, qu’une telle largeur et une telle liberté ne convenaient qu’aux temps apostoliques. Car il est donné vraiment la plus haute sanction à la liberté d’action du Saint Esprit. Si des hommes inspirés, si les plus grands dons que Dieu ait jamais placés dans l’assemblée, n’entravaient pas, mais favorisaient toutes formes de ministère de grâce, comment des hommes de position franchement inférieure de nos jours peuvent-ils justifier leur opposition ? Personne, si ce n’est ceux qui sont remplis de préjugés, ne soutiendra que les dons ordinaires d’édification manquent. Personne, si ce n’est des enthousiastes, ne niera que les dons-signes qui inaugurèrent la présente dispensation, sont éteints. Par contre, grâce à Dieu, les dons donnés par Christ monté en haut pour « l’œuvre du service » ne sont pas éteints (Éph. 4:12), sauf ceux destinés à établir les fondements (Éph. 2:20) qui furent posés une fois pour toutes.
On peut remarquer dans la lettre du concile « Barnabas et Paul » sont mentionnés dans cet ordre (15:25), comme en 15:12, tandis qu’au début du chapitre (15:2) et plus tard (15:35), et dans la suite, c’est « Paul et Barnabas ». Le sentiment des saints à Jérusalem s’exprimait de la première manière (Barnabas et Paul), et c’était aussi le sentiment ailleurs au tout début du témoignage du grand apôtre (voir 11:30 ; 12:25 ; 13:2,7). Mais Actes 13:13 marque un grand changement, comme nous le voyons aux versets 43, 46, 50 (mais pas en Actes 14:14). Le lecteur de l’Ancien Testament peut trouver un principe similaire en Exode 6:13,20, 26-27. Dans l’ordre de la nature c’est « Aaron et Moïse » ; selon la grâce souveraine, cela devient « Moïse et Aaron ». L’auteur de l’Ancien Testament et du Nouveau est le même, et ne peut être que Dieu Lui-même opérant dans l’homme par Son Esprit infaillible.
C’est le seul concile qui eut jamais le droit de dire : « Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous ». Si d’autres ont imité ce langage, ce n’était que de la profanation. Pourtant ce n’était pas du tout une assemblée œcuménique, mais simplement l’assemblée à Jérusalem où les apôtres et les anciens locaux s’étaient rassemblés pour considérer le sujet. La décision fut à juste titre prise là, d’où le mal avait surgi, et où se trouvaient les apôtres, Paul et Barnabas s’y étant rendu dans ce but. Ce sont eux avec toute l’assemblée à Jérusalem, qui décidèrent pour la liberté des convertis des nations. Combien la situation eut été différente et désastreuse si le concile avait eu lieu à Antioche, même si la décision eût été la même ! Il est de toute importance que les moyens et la fin soient du Saint Esprit, et selon la parole de Dieu. Il en fut ainsi avec ce concile, et nous n’entendons plus parler de la « grande discussion » ni des questions qui avaient agité les frères avant ce concile. Judas et Silas furent envoyés comme les témoins les moins équivoques de la décision prise à Jérusalem, pour que Barnabas et Paul puissent avoir dès lors un soutien sans faille. La puissance de la grâce divine avait donc opéré en vérité et en justice pour le nom de Jésus, et il y eut un grand calme.
Il n’y eut pas l’erreur monstrueuse que la décision soit prise par une partie de l’assemblée (bien que très nombreuse à Jérusalem) décidant pour elle seule, — suivie ensuite par d’autres parties de l’assemblée, — et pour finir que tous ceux qui, dans la ville, objectaient à la fraude et à la force de la transaction soient conduits et déclarés en dehors, — le même processus se poursuivant ensuite dans tout le pays. Il n’est pas étonnant que des brèches se créent quand on s’écarte si grossièrement de la parole, même si le but n’était pas la partialité envers un favori, précédée d’une oppression injuste. Au concile de Jérusalem, où l’amour opéra pour la gloire de Christ, la justice en fut le résultat, et l’unité fut maintenue partout. Personne ne pensa à juger autrement la question, ni à Jérusalem ni ailleurs. Dieu honora Ses propres principes dans Sa parole, la grâce triompha, et les saints furent à l’aise (même ceux qui étaient mal disposés), ils furent reconnus et réjouis de la bénédiction, là où les apparences avaient fait craindre une tempête de mauvais augure à tous ceux pour qui l’évangile avaient du prix.
Mais les conciles œcuméniques frappèrent d’anathème des individus et forcèrent des divisions de tous côtés. En cela ils réussirent, car rien n’est aussi facile que d’éparpiller les saints. Pour apaiser la violence charnelle, concilier les mal disposés, réprimer les partis, il faut la grâce et la vérité accordées par le Seigneur : cela était tellement rare lors de ces conciles (rare qu’il y ait la patience comme celle de Christ) ? La volonté et la passion régnèrent de manière plus humiliante et plus aigue que dans les sphères politiques.
Le premier et le plus important de ces « conciles généraux » fut même convoqué à Nicée par l’empereur Constantin, bien qu’il ne fût pas baptisé ! Les délégués d’occident étaient ridiculement peu nombreux, comme ce fut toujours le cas dans les conciles tenus en orient. Plus tard quand les papes exercèrent le pouvoir des empereurs, les évêques d’orient furent totalement absents. Ainsi la prétention à être « œcuménique » était dénuée de fondement, et encore plus quand l’occident se fut querellé avec l’orient, car désormais seul le parti latin y participait. Ainsi, dans le temps où l’écart devenait complet et que le mal s’imposait par la volonté de l’homme, Dieu prit soin que l’unité prît manifestement fin, bien que personne ne la revendiquât si fort et de manière si arrogante, que ceux qui, dans leur zèle aveugle, avaient le plus fait pour détruire le témoignage à cette unité.
La scène change maintenant pour Antioche où les envoyés choisis se rendent avec Paul et Barnabas.
« Eux donc ayant été congédiés, vinrent à Antioche, et ayant assemblé la multitude, ils remirent la lettre. Et l’ayant lue, ils se réjouirent de la consolation. Et Judas et Silas qui eux aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs discours et les fortifièrent. Et après avoir séjourné là quelque temps, ils furent renvoyés en paix par les frères vers ceux qui les avaient envoyés » (15:30-33).
C’est à Antioche qu’était l’assemblée où le Saint Esprit avait exercé Ses droits souverains en faisant prévaloir la gloire de Christ en appelant et mettant à part Ses serviteurs. C’était là que Satan avait cherché à judaïser par une influence légale issue de Jérusalem. Et maintenant que l’assemblée à Jérusalem avait répudié et rejeté ce levain des pharisiens, Antioche est la première assemblée des nations à apprendre que la grâce avait triomphé dans le cercle même d’où le mal s’était répandu. La multitude assemblée, la lettre fut remise et, quand elle fut lue, « ils se réjouirent de la consolation ».
Hélas ! Il a été bien rare dans l’histoire ecclésiastique que des décrets aient eu un tel fruit, car en général c’est un triste récit d’anathèmes et, comme dans le rouleau d’Ézéchiel, des lamentations et des gémissements et des malheurs y sont écrits (Éz. 2:10). Ici la puissance en grâce de l’Esprit était à l’œuvre, quels que soient les adversaires, et il en résulta de l’édification et non de la destruction. Il n’y avait aucun dessein égoïste, encore moins la recherche de l’éparpillement. Il fut prouvé que la Parole de Dieu concordait avec les voies de Sa miséricorde, et que le Saint Esprit attachait tous, grands ou petits, à donner importance et liberté à l’évangile dans toute sa portée. Ceux dont les préjugés auraient enchaîné, et en réalité corrompu son caractère, furent rendus confus et réduits au silence, quelque tapageurs qu’ils aient pu être auparavant. Ceux qui désiraient simplement tenir ferme la grâce, « se réjouirent de la consolation », ce qui était d’autant plus doux que leur sujet de réjouissance venait de Jérusalem.
« Et Judas et Silas qui eux aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs discours et les fortifièrent ». Nous ne pouvons voir là que la liberté bénie du ministère, même en présence des apôtres. Les droits cléricaux et les jalousies personnelles n’y avaient encore aucune place. Les frères confirmèrent donc tout ce qu’on attendait par ces témoignages abondants dont le seul désir était la croissance par la vérité pour tous. Le principe à l’œuvre ici était le même que celui développé des années plus tard en 1 Cor. 12 à 14, car en effet le Nouveau Testament n’en connaît pas d’autre selon Dieu. Au bout de quelque temps, Judas et Silas furent renvoyés en paix « vers ceux qui les avaient envoyés », non pas simplement « vers les apôtres », comme dans les manuscrits tardifs et certaines des premières versions, dont les plus importants rejoignent les anciens pour omettre le verset 34 du Texte Reçu et de la version autorisée anglaise. Ce v. 34 est probablement une insertion provenant d’une déduction faite à partir du verset 40 ; or il est aussi facile d’expliquer ce verset 40 que difficile de concevoir que les meilleurs manuscrits aient pu omettre le verset 34 s’il était authentique. Il se peut que Silas soit retourné, au lieu de demeurer ce qui ne s’accorderait guère avec le verset 33.
« Et Paul et Barnabas séjournèrent à Antioche, enseignant et annonçant, avec plusieurs autres aussi, la parole du Seigneur » (15:35). Ici encore nous trouvons une écriture claire confirmant le ministère de la parole étendu et actif qui caractérisait ces premiers temps. Si l’on veut soutenir qu’une telle simplicité convenait aux jours du témoignage avant que le christianisme ne devienne une institution établie ici-bas, la réponse est que c’est justement là que gît le mal. Le christianisme ne devrait jamais être autre chose qu’un long voyage de foi, et n’aurait jamais dû devenir une chose établie sur la terre comme le judaïsme. La communion avec Christ et la séparation du monde sont les conditions nécessaires à la fidélité. Notre seul vrai établissement sera la sainte cité de Jérusalem descendant du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu, dans les jours de l’apparition de Christ. Jusque là il n’y a ni bien-être, ni honneur, ni paix, ni puissance dans le monde mais, comme le dit l’apôtre, se glorifier dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par lequel le monde nous est crucifié et chacun de nous au monde. C’est pourquoi dans l’Écriture, il n’est question en rapport avec le ministère ni de rang terrestre ni de paye (bien que le serviteur soit digne de son salaire), mais de service d’amour dévoué selon le don de Christ.
Ici nous ne pouvons pas faire mieux que d’introduire un incident d’un vif intérêt, mais en même temps douloureux : le conflit entre le grand apôtre de la circoncision, et l’apôtre des nations, plus jeune mais encore plus grand (Gal. 2:11-16). Il n’y a pas de raison réelle de douter que cela s’est passé à Antioche, à peu près à cette époque suivant le concile à Jérusalem et avant le départ de Barnabas ; c’est ainsi que le comprend Ussher (Works, xi.51) ainsi que par d’autres de très grand poids, des anciens d’autrefois comme des plus récents, actuels. Cependant c’est un fait que jamais un sujet simple n’a été aussi douloureusement dénaturé par des anciens respectables, jamais parmi les auteurs récents on ne s’est plus soucié de changer le temps où l’événement s’est passé, certains préférant attribuer une date plus ancienne, d’autres plus récente. La vraie moralité, c’est la réticence des hommes à s’incliner devant la vérité, qui est d’autant plus impressionnante si nous donnons le poids qui lui revient à l’époque où cela s’est passé. Certainement ce n’est pas un sujet d’exaltation pour l’homme, mais c’en est un pour Dieu qui ne manque pas de susciter un témoignage adéquat à Sa propre gloire.
Ce ne fut pas moins que le chef des douze, après tout ce que la grâce avait opéré, qui faillit à marcher avec droiture selon la vérité de l’évangile ; et ayant péché publiquement, il fut publiquement blâmé pour un compromis aussi dangereux, et une incohérence tout à fait flagrante. « Mais quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était condamné. Car, avant que quelques-uns fussent venus d’auprès de Jacques, il mangeait avec ceux des nations ; mais quand ceux-là furent venus, il se retira et se sépara lui-même, craignant ceux de la circoncision ; et les autres Juifs aussi usèrent de dissimulation avec lui, de sorte que Barnabas même fut entraîné avec eux par leur dissimulation. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit, selon la vérité de l’évangile, je dis à Céphas devant tous : Si toi qui es Juif, tu vis comme les nations et non pas comme les Juifs, comment contrains-tu les nations à judaïser ? Nous qui, de nature, sommes Juifs et non point pécheurs d’entre les nations, sachant néanmoins que l’homme n’est pas justifié sur le principe des oeuvres de loi, ni autrement que par la foi en Jésus Christ, nous aussi, nous avons cru au christ Jésus… » (Gal. 2:11-16).
D’un côté on peut voir quelle occasion fut fournie aux ennemis, non seulement par la circoncision elle-même, mais encore plus par la page indélébile de l’Écriture inspirée ; d’un autre côté, on peut être sûr que le Saint Esprit n’aurait jamais conservé ce récit pour toujours à moins que cela ne convienne à la gloire de Dieu et que ce ne soit une leçon des plus nécessaires pour les plus grands des serviteurs du Seigneur dans tous les temps. Et ainsi nous apprenons comment Porphyry se rit des deux (Hiéron 7:371), et comment Marcion en tire profit en faveur du gnosticisme (Tertull. Adv. Marcionem, etc.), en tant qu’auteur des Clémentines cherchant à calomnier méchamment l’apôtre Paul.
Mais il y a quelque chose d’incomparablement plus humiliant pour un chrétien sérieux, dans la manière dont la vérité a été éludée, sauf par quelques-uns. Alex. Clemens est mentionné par Eusèbe (H.E.1.12) comme une autorité pour soutenir la notion que le Céphas en question n’était pas Pierre, mais l’un des soixante-dix, une notion qui se répandit autrefois et n’a pas tout à fait disparu dans les temps modernes. Des gens de poids bien plus grand se sont abaissés à soutenir l’idée bien plus vile d’Origène, selon lequel la dispute était une simple feinte provoquée sciemment par Paul et Pierre, et dans laquelle le dernier jouait le rôle de celui qui se trompe afin d’être repris plus efficacement par le premier ! Le grand prédicateur de Constantinople, Chrysostome, plaide plusieurs fois en faveur de cette monstrueuse invention, ainsi que Jérôme avec son ardeur habituelle. Devant un tel tableau, Augustin en traita dignement, arguant qu’accepter que des hommes inspirés agissent faussement, c’était ébranler toute l’autorité de l’Écriture. La correspondance est caractéristique de chacun d’eux, et on peut la voir dans la portion épistolaire de leurs écrits. Jérôme n’était ni assez humble ni assez magnanime pour effectuer le revirement auquel Augustin l’invita d’abord, mais ses autorités, réelles ou présumées, ainsi que ses menaces d’écraser son adversaire sous le poids de ses coups, n’empêchèrent pas l’évêque d’Hippone (Augustin) d’opérer un retournement total du cas allégué, et de justifier fidèlement la portée toute simple de la parole de Dieu, — laquelle n’aurait jamais dû être mise en doute, même pas pour un instant.
Dès lors Pierre disparaît de la scène de l’histoire inspirée. C’est le dernier de ses actes qui soit noté, bien que ses deux épîtres apparaissent bien plus tard. Il est touchant et solennel qu’il en soit ainsi, mais c’est ainsi. Certains trouvent cela étrange après qu’il ait été si utile et si honoré à la Pentecôte, à Césarée et tout récemment au concile de Jérusalem. Mais la crainte de l’homme a toujours été un piège pour Pierre, et ce n’était pas la première fois qu’il était repris pour avoir reculé devant les conséquences pratiques de la vérité dans ce monde.
« Et quelques jours après, Paul dit à Barnabas : Retournons maintenant visiter les frères par toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, [pour voir] comment ils vont. Et Barnabas se proposait de prendre avec eux Jean aussi, appelé Marc. Mais Paul trouvait bon de ne pas prendre avec eux un homme qui les avait abandonnés dès la Pamphylie et qui n’était pas allé à l’œuvre avec eux. Il y eut donc [entre eux] de l’irritation, en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, et que Barnabas, prenant Marc, fit voile pour Chypre. Mais Paul, ayant fait choix pour lui de Silas, partit, après avoir été recommandé à la grâce du Seigneur par les frères. Et il parcourait la Syrie et la Cilicie, fortifiant les assemblées » (15:36-41).
Hélas ! D’autres sujets de peines approchaient ; et le désir ardent de l’apôtre Paul de visiter les jeunes assemblées d’Asie Mineure en fut l’occasion. Car Barnabas, déjà troublé par l’influence de Pierre, avait à cœur de prendre avec eux Jean Marc, son neveu. Paul n’avait pas oublié qu’il avait abandonné l’œuvre, ses peines, ses désagréments, sa honte et l’abnégation que cela entraîne ; d’où son opposition à un tel compagnon, jusqu’à ce que la grâce opère une complète restauration dans le jugement de soi et un dévouement sans restriction. Barnabas était homme de bien et attaché à son compagnon honoré, mais il s’avéra que c’était trop pour lui dans son état actuel, où il ressentit l’estimation de Paul comme sévère et dépassant la mesure. Mais le miel, si doux en lui-même, était un élément interdit dans une offrande à l’Éternel (Lév. 2:11) ; Barnabas aurait dû se rappeler que ce lien naturel n’était pas favorable à un jugement juste dans ce différend. Il est certain que cela suscita de l’irritation entre ces deux serviteurs bénis du Seigneur « en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre », pour ne plus jamais œuvrer ensemble. Du côté de Barnabas, l’ardeur dans l’œuvre et la bénédiction du Seigneur ne cessèrent pas pour autant ; et l’apôtre Paul parle de lui avec une chaude affection et avec respect dans ses allusions ultérieures. En outre, c’est la joie de la grâce que d’apprendre que Marc fut reconnu dans le service du Seigneur, et mis en avant par l’apôtre là où le manque d’une telle reconnaissance aurait pu être un obstacle dans son chemin ; il le fit avec une appréciation particulière dans la dernière épître qu’il ait écrite (2 Tim. 4:11). Finalement, c’est ce même Marc qui, je n’en doute pas, acquit un bon degré et l’honneur insigne d’être l’auteur inspiré témoignant du ministère du Seigneur. Qui aurait pu entrer aussi profondément que Marc dans les merveilles d’un service évangélique où la gloire jaillit des nuages d’une humiliation sans pareille, sans une ombre de manquement, où la grâce règne sans vaciller au milieu d’épreuves douloureuses et de provocations continuelles, sans jamais aucun réconfort si ce n’est d’en-haut ?
Barnabas, prenant Marc, fit donc voile pour Chypre. Mais Paul, ayant choisi Silas, partit après avoir été recommandé par les frères à la grâce du Seigneur. Il semble clair que Barnabas, bien qu’il fût un bien-aimé, manqua à ce moment d’avoir avec lui la conscience des frères. D’un autre côté, il fut accordé une fois de plus à Paul, et à Silas avec lui, cette marque unie de recommandation à la grâce du Seigneur, dont lui et Barnabas avaient joui lors de leur première mission vers les nations au départ d’Antioche (Actes 13:2-3 ; 14:26). Il est presque inutile de remarquer l’absence de fondement de la supposition qu’il s’agirait ici d’une « ordination » : la répétition de cette mention de la recommandation montre combien peu ceux qui parlent d’ordination comprennent l’esprit du Seigneur, étant en quête d’efforts aussi pervertis pour obtenir l’approbation des fables de vieilles femmes, et combien ils négligent la grâce qui reconnaît les frères qui en restent à l’étoffe des plus puissants champions qui descendent à la bataille.
Un autre fait intéressant à noter est que, tandis que le ministère est affaire de foi individuelle, cela n’empêche pas quelqu’un ayant un discernement supérieur de choisir un autre compagnon dans l’œuvre, comme le Seigneur Lui-même avait envoyé Ses serviteurs, et les douze et les soixante-dix, deux par deux devant Sa face. Un tel choix est scripturaire ; l’élection d’un ministre de la parole par une assemblée est totalement inconnue dans l’écriture.
Il nous faut observer aussi que pas un mot de plus n’est dit historiquement de Barnabas qui fit voile vers son île natale avec son parent. De Paul, il est dit qu’il « parcourait la Syrie et la Cilicie, fortifiant les assemblées » (15:41). Le « rite » de la confirmation n’a pas de source réelle dans la parole de Dieu ; mais Ses serviteurs étaient diligents pour fortifier la foi des saints. Ils sentaient à juste titre que la vérité est mieux apprise dans l’assemblée, où la pratique illustre et développe le principe. L’action de l’assemblée, quand elle est vivante et vraie, est le commentaire disponible sur l’Écriture, et l’enseignement continuel attire l’attention vers les détails, aussi bien que vers la vérité comme un tout dans la personne de Christ. Telles sont les assemblées fortifiées selon Dieu.