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Exposés publics (Lectures) sur l’évangile de Matthieu
de ch. 19 v.27 à ch. 23
Kelly William [ajouts bibliquest entre crochets]
Traduction d’après l’édition papier (Ed. Morrish, date ?) plus complète sur quelques points que le texte de Stempublishing
Table des matières abrégée :
5 Matthieu 23 — Contre les professants. Le Judaïsme encore reconnu
Table des matières détaillée :
2.1 [Parabole du « maître de la maison », ou parabole des « ouvriers de la onzième heure »]
2.1.1 [Ch. 19:27-30 et parabole du ch. 20 : quelle place pour le souvenir de notre passé ?]
2.1.2 [Souvenir des actes passés en rapport avec le culte collectif]
2.1.3 [Ch. 20:1-2 — La grâce et la souveraineté de Dieu]
2.1.4 [Ch. 20:1-2 — Cette parabole n’est pas en rapport avec le salut du pécheur]
2.1.5 [Ch. 20:5-8 — Les derniers, les ouvriers de la onzième heure]
2.1.6 [Ch. 20:9-12 — Dieu a le droit d’agir selon ce qui est dans Son cœur]
2.1.7 [Ch. 20:13-16 — Pas de comparaison par rapport aux autres]
2.1.8 [Premiers et derniers : comparaison de 20:16 et 19:30]
2.2 [Ch. 20:17-28 — La demande de la mère des fils de Zébédée]
2.2.1 [Ch. 20:20-21 — Une demande égoïste]
2.2.3 [Ch. 20:22-23 — Ce qu’on peut partager des souffrances du Seigneur]
2.2.5 [Ch. 20:24 — Indignation basée sur de mauvais motifs]
2.2.6 [Ch. 20:25-28 — S’abaisser pour être grand. Servir et non pas être servi]
2.3 [Les principes du royaume de Dieu]
2.3.2 [La transfiguration et la position de l’Église]
2.4 [Ch. 20:29-34 — Les deux aveugles de Jéricho]
2.4.1 [Un témoignage rendu au Roi, fils de David]
2.4.2 [Absence du récit de la résurrection e Lazare]
2.4.3 [Contraste des guérisons de l’aveugle-né de Jean 9 et des aveugles de Jéricho]
3.1 [Ch. 21:1-11 — Arrivée du Seigneur à Jérusalem]
3.1.2 [Ch. 21:8-11 — L’entrée à Jérusalem : Hosanna au fils de David]
3.2 [Ch. 21:12-17 — L’entrée dans le temple]
3.2.1 [Ch. 21:12-13 — Les marchands chassés du temple]
3.2.2 [Ch. 21:14 — Guérison des aveugles et des boiteux]
3.2.3 [Ch. 21:15-16 — La louange des enfants]
3.2.4 [Ch. 21:17 — Le Seigneur abandonne le peuple Juif]
3.3 [Ch. 21:18-22 — Malédiction du figuier : une portée symbolique]
3.4 [Ch. 21:23-27 — L’autorité du Seigneur mise en question]
3.4.1 [La question des chefs religieux manifeste leur éloignement de Dieu]
3.5 [Ch. 21:28-32 — Parabole des deux fils devant travailler dans la vigne]
3.5.1 [Deux classes de personnes. Les pires sont ceux qui ont les belles apparences]
3.5.2 [Endurcissement, refus de reconnaître son état de péché, refus de repentance]
3.6.3 [L’épreuve de l’homme achevée]
3.6.4 [Jugement inexorable et passage à d’autres cultivateurs]
3.6.5 [La mort de Christ, point culminant du péché de l’homme et tournant dans les voies de Dieu]
3.6.6 [Ch. 21:42-44 — Conduite des conducteurs confirmée par les Écritures]
3.7 [Ch. 21:45-46 — Conclusion du témoignage rendu par le Seigneur]
4.1 [Ch. 22:1-14 — Parabole du roi qui fit des noces pour son fils]
4.1.3 [Ch. 22:5-7 — Manques d’égards envers Dieu et opposition jusqu’au jugement final]
4.1.4 [Ch. 22:8-10 — Le mal surmonté par le bien]
4.1.5 [Il faut un état convenable pour les noces, mais il est seulement produit par la grâce]
4.1.9 [Ch. 22:13, 14 — Celui qui est indifférent quant à ce que requiert la présence divine]
4.2 [Ch. 22:15-46 — Les diverses classes d’Israël cherchant à juger et à piéger le Seigneur]
4.2.4 [Ch. 22:41-46 — La question suprême : comment le fils de David est-il Seigneur de David]
5 Matthieu 23 — Contre les professants. Le Judaïsme encore reconnu
5.1 Rappel du chapitre 22 et généralités sur le chapitre 23
5.2 Condamnation des gens religieux = professants
5.4.1 Ch. 23:2-7 — La chaire de Moïse reconnue
5.4.2 Le chrétien n’est pas dans la même position que les saints de l’Ancien Testament
5.4.3 Ch. 23:4-7 — Usage des répréhensions du Seigneur pour nous
5.4.4 Ch. 23:8-12 — Y a-t-il des conducteurs à respecter ?
Lorsque Pierre entendit combien il était difficile pour les riches d’être sauvés, il pensa qu’il était temps pour lui de parler de ce qu’ils avaient abandonné pour l’amour du Seigneur, et d’apprendre ce qu’ils recevraient en échange. « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ; que nous adviendra-t-il ? » Combien ces propos sont tristement naturels ! « Jésus leur dit : En vérité je vous dis que vous qui m’avez suivi, dans la régénération, quand le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants ou champs pour l’amour de mon nom, en recevra le centuple et héritera de la vie éternelle » (19:28, 29). Il n’y a rien que le croyant fasses ou souffre dont il n’y aura le souvenir dans le royaume. Bien que cela soit très béni, c’est aussi une pensée très solennelle. Nos actions actuelles, bien qu’elles n’aient rien à voir avec la rémission de nos péchés, sont pourtant de toute importance en tant que témoignage à Christ, et elles auront un effet décisif sur notre place future dans le royaume. Nous ne devons pas utiliser la doctrine de la grâce pour nier celle des récompenses ; mais même ainsi, Christ est le seul motif du saint. Nous recevrons pour les choses faites dans le corps selon ce que nous aurons fait, soit bien soit mal, comme le Seigneur le montre clairement ici. Les douze avaient suivi le Seigneur rejeté, bien que ce soit Sa propre grâce qui leur en ait donné le pouvoir. Ce n’est pas eux qui L’avaient choisi, mais Lui qui les avait choisis. Ils sont maintenant réconfortés par l’assurance qu’au temps béni de la régénération, quand le Seigneur opérera un grand changement dans ce monde (car de même qu’Il régénère un pécheur avant de le ressusciter d’entre les morts, de même Il régénérera, pour ainsi dire, le monde avant que les nouveaux cieux et la nouvelle terre soient pleinement introduits), leur œuvre et leurs souffrances ne seront pas oubliés de Lui.
Rappelez-vous que ce dont il est question ici ne se rapporte pas au ciel : il y a mieux à faire au ciel que de juger les douze tribus d’Israël. Il s’agit pourtant d’une destinée glorieuse réservée aux douze apôtres pendant le règne de Christ sur la terre. Une gloire semblable est destinée aux autres saints de Dieu, comme nous lisons en 1 Cor. 6:2 : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » Ceci est dit, là, pour montrer l’incongruité d’un saint cherchant le jugement du monde dans une affaire entre lui et un autre. Ceci devrait toujours occuper la première place dans les pensées du chrétien — se garder entièrement à part du monde, restant fidèle aux intérêts pour lesquels Christ l’a appelé. Et encore, juger le monde ne peut guère être ce que nous ferons dans le ciel, mais ce pourquoi nous sortirons du ciel avec le Seigneur pour agir quant à la terre. On ne peut pas perdre de vue une seule vérité de Dieu sans faire une perte pour son âme. C’est une vérité d’ordre inférieur, mais nous ne pouvons pas nous en passer. Nous devons toujours tirer nos armes du carquois du Seigneur et être certains que seules Ses flèches sont en action.
Quant à toutes les relations et avantages naturels de cette vie, s’ils sont perdus pour l’amour de Son nom, les perdants recevront le centuple et hériteront de la vie éternelle. L’évangile de Jean parle de la vie éternelle comme d’une chose que nous possédons maintenant : les autres en parlent comme d’une chose future. Nous en avons le principe maintenant en Christ, et nous l’aurons bientôt en plénitude dans la gloire. « Mais plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers » (19:30). Quelle indication dont Pierre devait se soucier ! Une revendication de propre justice est un piège facile, et trouve rapidement son niveau sous la puissante main de Dieu. Quitter tout, si on y attribue de la valeur, cela perd justement toute sa valeur. Ainsi, beaucoup de ceux qui avaient commencé à bien courir, se sont détournés de la grâce pour se tourner vers la loi ; et Pierre lui-même a été blâmé par le dernier des apôtres (mais en fait c’était le premier), comme nous le savons par les Galates (Gal. 2:11-21).
Que le Seigneur fasse de Sa grâce la force de nos cœurs ; et si nous avons souffert la perte de quelque chose ou de toutes choses, puissions-nous encore les considérer comme des ordures afin de gagner Christ ! (Phil. 3:8).
Le ch. 19 s’est terminé par la doctrine importante selon laquelle le Seigneur se souviendra dans le royaume de toutes les souffrances et de tous les services rendus ici-bas pour l’amour de Son nom. Mais, bien qu’il s’agisse d’une vérité incontestable de l’Écriture à laquelle il est fait référence dans les épîtres de Paul et ailleurs dans le Nouveau Testament, il est évident que c’est une vérité dont le cœur serait prêt à abuser sous forme de propre justice ; on risque fort de vite oublier que tout est par grâce, et on est alors disposé à faire des réclamations à Dieu en raison de ce que Lui nous a rendu capable de faire. C’est pourquoi il est ajouté une parabole (20:1-14) qui introduit un principe tout à fait différent et dont la pensée dominante est la souveraineté de Dieu — le but exprès de cette parabole étant, je pense, de prémunir contre de tels abus. En effet, Dieu n’est pas injuste pour oublier l’œuvre et le travail d’amour que nous avons pu montrer pour Son nom (Héb. 6:10) ; mais il y a un danger à nous en souvenir. Du fait que Dieu n’oublie pas ce que les Siens font pour Lui, il ne s’ensuit pas que les Siens doivent eux-mêmes s’en souvenir. Il n’y a qu’une chose qui doit être l’objet de nos pensées et être devant nos âmes : c’est Christ Lui-même ; comme le dit l’apôtre : « Je fais une (seule) chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec efforts vers celles qui sont devant » (Phil. 3:14) — non pas oubliant ce que nous avons fait de mal : ce sera même le contraire en gloire. Quand il n’y aura plus un seul vestige d’humiliation, nous aurons un sens plus vif que jamais de nos multiples défaillances, mais pas comme produisant un sentiment de doute, de crainte ou de se sentir malheureux. De telles pensées seraient contraires à la présence de Dieu. C’est une bonne chose pour le croyant de penser à ce qu’il est, tout en tenant ferme sa pleine bénédiction — de s’humilier journellement devant Dieu, en se rappelant toujours que la véritable humiliation est à la base de ce que nous sommes enfants de Dieu. Si nous prenons la place d’être encore dans nos péchés, d’avoir sans cesse besoin, pour ainsi dire, de repartir à zéro, il ne peut pas y avoir d’expérience proprement chrétienne ni de progrès. Il y a une grande différence entre l’humiliation du pécheur et celle du saint qui, tandis qu’il a une nature mauvaise, a aussi une nouvelle nature en Christ. L’humilité est toujours juste, mais quand nous nous approchons pour adorer Dieu, ce n’est pas une preuve d’humilité de parler de nous comme de pauvres pécheurs. Nous nous réunissons pour jouir de Christ, pour mettre en avant ce que Dieu est ; peut-il y avoir, après tout, aucun doute que ceci montre réellement l’humilité la plus vraie et la plus authentique, même que cela implique la conscience de notre néant ? Une personne qui aurait une fonction auprès de la Reine, et qui aurait un respect approprié pour elle, penserait à la reine, et non à sa propre personne. Combien plus quand nous sommes en présence de Dieu ! Cela devrait remplir nos âmes de joie dans l’adoration du Seigneur. Ce qui est convenable pour un saint, ce qui est le plus agréable pour Dieu, ce n’est pas de nous mettre constamment en avant d’une manière ou d’une autre, même si dans un certain sens cela peut être juste de le faire dans notre bureau privé. Mais louer Dieu pour ce qu’Il est — par-dessus tout dans la connaissance de Son Fils et de Son œuvre — est la grande finalité de tous les voies de Dieu avec Ses enfants.
Ceci va être un test pour l’âme. Quand on est conscient qu’habituellement on est négligent et on manque de dépendance, avec les tristes résultats qui en découlent, le cœur n’est pas préparé à adorer. Dans de telles circonstances, l’Esprit réveille la conscience au lieu de faire épancher le cœur. Qu’est-ce que le Seigneur mérite de notre part ? Si nous allons pour la louange, pour rompre le pain en Son nom, ce n’est pas parce que nous pouvons être réconforté en autre chose que Lui ; ceci n’arrête pas, mais fortifie notre jugement de soi. Quel est le rôle de la Parole, et celui du Saint Esprit ? N’est-ce pas de nous faire croître jusqu’à Christ en toutes choses ? La pensée convenable qui se rattache à la table du Seigneur, est que je vais rencontrer Christ, que je vais Le louer ensemble avec Ses saints : ceci maintient un frein sur nos esprits, et amène devant nos âmes ce que c’est de rencontrer Christ et de se trouver dans Sa présence. L’adoration c’est l’âme qui se trouve dans la présence de Dieu en Esprit. Bientôt nous aurons l’adoration parfaite dans le ciel. Maintenant nous ne l’avons qu’en partie, comme nous ne connaissons qu’en partie. Mais en principe l’adoration du croyant est une chose céleste, même si elle est accomplie sur la terre, comme il est dit de nous-mêmes que nous sommes aussi célestes [1 Cor. 15:48]. Ce que nous avons à oublier, ce n’est pas nos insuffisances, ni y être indifférents ou les prendre à la légère ; mais « que chacun s’éprouve soi-même » (1 Cor. 11:28). ; c’est un examen intérieur de l’âme. Et quoi ensuite ? « Qu’il mange ». C’est-à-dire, même si le chrétien est conscient qu’il a oublié le Seigneur pendant la semaine, il n’a pas à perdre confiance en Lui. Que doit-il faire ? Aller à la table du Seigneur comme si cela n’avait pas d’importance ? Ce serait du péché. Doit-il se tenir loin, à l’écart ? Ni l’un ni l’autre. Que peut-il faire, alors ? Il a à se juger lui-même, à confesser sa faute, à s’humilier devant Dieu ; et « ainsi qu’il mange » (1 Cor. 11:28). C’est le chemin de Dieu. Une personne qui se tient loin à l’écart n’améliore pas la situation. Autant dire que je ne suis pas un chrétien du tout si je me tiens loin de la table du Seigneur ; ou bien je me suis si mal comporté que les autres ne me considéreraient pas comme un chrétien s’ils le savaient. Amener cela constamment devant l’âme est l’une des façons de Dieu de préserver du péché. Mais que ce soit fait à la maison dans l’esprit de jugement de soi-même, de sorte que, quand nous nous réunissons au nom du Seigneur, nous fassions monter la louange.
Afin de maintenir ce sens de la grâce, l’Esprit de Dieu a recours dans ce ch. 20 à la souveraineté de Dieu ; c’est le contrepoids à la propre justice qu’on trouve même dans le cœur d’un disciple. Pierre dit : « Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi », et le Seigneur l’assure que ce ne serait pas oublié ; mais il ajoute immédiatement la parabole du maître de maison [celle des ouvriers de la onzième heure]. Nous trouvons ici, non pas le principe des récompenses, ou la juste reconnaissance par Dieu du service rendu par Son peuple, mais on trouve les propres droits de Dieu, Sa propre souveraineté. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas ici de différences — il n’y a pas de souvenir spécial dû à quelqu’un qui aurait gagné des âmes à Christ, ou aurait tout laissé pour Christ. Le principe est le suivant : bien que Dieu veuille reconnaître infailliblement tout service et toute perte par amour pour Christ, Il maintient néanmoins son droit à faire ce qu’Il veut. Une pauvre âme peut être amenée à la connaissance de Christ le jour de sa mort. Or Dieu le Père revendique Son propre droit à donner ce qu’Il veut ; la personne peut n’avoir fait aucune œuvre, mais Dieu se réserve le droit de donner à ceux qui n’ont rien fait du tout, sinon — comme nous pouvons le penser — juste ce qui est bon à Ses propres yeux. C’est un principe très différent de celui que nous avions au ch. 19, et excessivement contraire aux pensées de l’homme. « Le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit de bon matin pour embaucher des ouvriers dans sa vigne. Et quand il fut d’accord avec les ouvriers pour un denier par jour, il les envoya dans sa vigne » (20:1, 2).
L’application courante de cette parabole au salut de l’âme est une erreur. Car il s’agit de ce pour quoi Christ a travaillé, a souffert et a vécu, indépendamment de l’homme. Le pauvre pécheur n’a qu’à se livrer lui-même pour être sauvé par Christ. Lorsqu’il est amené à en finir avec lui-même, à reconnaître qu’il ne mérite rien d’autre que l’enfer, combien il est doux que Dieu mette devant une telle âme que Jésus-Christ (et c’est une parole qui demeure vraie) est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ! (1 Tim. 1:15). Quand on est content d’être sauvé comme n’étant rien qu’un pécheur, et par rien que par Christ, c’est là et alors seulement qu’est le vrai repos donné par Lui. Partout où l’on pense apporter sa contribution, il n’y a qu’incertitude, doutes et difficultés. Où est-ce que brille le salut de Dieu ? Christ seul est le salut. L’homme qui est sauvé ne contribue en rien que par ses péchés. Dieu trouve Son délice (surtout parce que c’est le fruit de Sa grâce) à entendre un pauvre pécheur reconnaître que Jésus est digne de l’amener au ciel, libéré du péché. Mais dans cette parabole, il ne s’agit pas de cela. Il n’y a rien en elle sur le fait de croire en Christ et en Son œuvre. C’est un travail positif qui est effectué. Alors vous allez dire : « le Seigneur va sûrement récompenser le travail selon le genre et le degré de ce qui a été fait ». Cela nous l’avons vu : mais il y a un autre principe qui n’est pas toujours compris : Dieu se réserve à Lui-même le droit de faire ce qu’il Lui plait, et Il ne fait jamais d’erreur. Cela peut paraître dur qu’un homme ait travaillé durement pendant 50 ans, et qu’un autre amené juste à la fin de sa vie soit honoré au ciel autant que le premier. Mais Dieu est le seul juste, le seul sage, seul juge de ce qui est pour Sa gloire. S’il Lui plait, Il mettra tous sur un pied d’égalité. Il récompensera le travail accompli, mais Il donnera comme Il veut.
« Quand il eut fut tombé d’accord avec les ouvriers pour un denier par jour, il les envoya dans sa vigne. Il sortit vers la troisième heure et en vit d’autres qui se tenaient oisifs sur la place du marché ; il leur dit : Allez, vous aussi, à la vigne, et je vous donnerai ce qui est juste. Et ils s’en allèrent » (20:2-4). Il ne s’agit pas ici de grâce au sens du salut. « Je vous donnerai ce qui sera juste ». C’est Dieu qui juge ce qui convient.
« Il sortit de nouveau vers la sixième et la neuvième heure, et fit de même ». Et, chose singulière, « il sortit vers la onzième heure ». Quel cœur cela révèle ! Quelle infinie bonté ! que Dieu, qui reconnaît tout service et toute souffrance pour Lui, garde cependant intacte la prérogative de sortir au dernier moment pour amener des âmes, et les occuper par ce qui pourrait sembler un petit service ! Mais Il peut donner la grâce de bien faire ce petit service. « Vers la onzième heure, il sortit et trouva d’autres qui se tenaient là, oisifs, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire. Et ils lui disent, parce que personne ne nous a engagés. Il leur dit : Allez, vous aussi, à la vigne, et vous recevrez tout ce qui sera juste. Le soir étant venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et donne-leur leur salaire, en commençant par les derniers jusqu’aux premiers » (20:6-8). « En commençant par les derniers » selon la parfaite sagesse de Dieu. Pourquoi y a-t-il tant d’insistance sur « les derniers » dans cette parabole ? Ce point est d’autant plus frappant qu’à la fin du ch. 19 il n’en était pas ainsi. Là (19:30), c’était les premiers qui seraient les derniers, et les derniers qui seraient les premiers. Mais ici (ch. 20), c’est toujours les derniers dont il est parlé en premier. Et encore, lorsque le maître de la vigne doit parler lui-même, c’est la même chose : « Les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers ». C’est la souveraineté de la grâce qui donne comme il Lui plaît ; non seulement en sauvant, mais en récompensant au temps de la gloire ; car c’est de cela qu’il est question.
Bien sûr, les derniers ont reçu leur salaire avec reconnaissance. Mais lorsque les premiers l’apprirent, ils commencèrent à penser qu’ils avaient droit à davantage, eux qui avaient porté le fardeau et la chaleur du jour. Mais le maître leur rappelle que tout était réglé avant qu’ils commencent leur travail. Dans leur égoïsme, ils oubliaient à la fois les conditions et la justice de celui avec qui ils avaient à faire. Si, par la libéralité de son cœur, il plaisait au maître de maison de donner aux derniers (qui avaient travaillé le douzième des autres) autant qu’aux premiers, qu’est-ce que cela leur faisait ? C’était entièrement son affaire. Dieu maintient Ses propres droits. Il est de la plus haute importance pour nos âmes que nous nous en tenions aux droits de Dieu en toute chose. Les gens discutent pour savoir s’il est juste que Dieu élise telle ou telle personne. Mais si vous vous mettez sur le terrain de la justice, tous sont perdus, et perdus pour toujours. Or, s’il plaît à Dieu d’user de Sa miséricorde selon Sa sagesse et pour Sa gloire, envers ces pauvres perdus, qui pourrait le Lui disputer ? « Qui es-tu, toi, ô homme, qui conteste contre Dieu ?» (Rom. 9:20). Dieu a le droit d’agir selon ce qui est dans Son cœur, et « le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? » (Gen. 18:25). A-t-Il le droit d’agir de Lui-même ? Il ne peut pas agir de la part de l’homme sur la base de la justice. Il n’y a pas de fondement sur lequel Il puisse agir ainsi ; il s’agit entièrement de Son bon plaisir. Et nous devons nous rappeler qu’il n’y a pas un seul homme qui soit perdu sinon celui qui rejette la miséricorde de Dieu, qui la méprise ou l’utilise pour ses propres objectifs égoïstes dans ce monde. L’homme qui est sauvé est le seul qui a un vrai sens du péché, le seul qui s’abandonne comme réellement perdu vis-à-vis de Dieu, mais qui s’en remet à Sa miséricorde infinie en Christ pour sauver un pécheur perdu.
Dans le cas que nous avons ici, quand le premier vint et se plaignit, le maître de maison répondit : « Ami, je ne te fais aucun tort. Ne t’es-tu pas mis d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui est à toi, et va-t’en ; je donnerai à ce dernier comme à toi. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui m’appartient ? Ton œil est-il mauvais, parce que je suis bon ?» (20:13-15). C’est là qu’apparaît tout le secret. Un homme, voire un disciple professant du Seigneur, un ouvrier dans Sa vigne, peut contester parce qu’il pense avoir droit à plus qu’un autre qui a fait peu de choses comparé à lui. C’est le même principe qui rendait les judaïsant si jaloux que les Gentils soient introduits. C’est pourquoi, dit le Seigneur, « les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers »
Je voudrais simplement demander pourquoi, dans le ch. 19, il était dit : « Beaucoup qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers », et ici : « Les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers » ?
S’agissant de récompenses, selon le travail accompli, c’est la défaillance de l’homme qui est indiquée ; car en effet, la faiblesse ne tarde pas à se manifester. « Les premiers seront les derniers » (19:30).
Mais dans la parabole du ch. 20, ce qui est indiqué est la souveraineté de Dieu qui ne fait jamais défaut ; par conséquent, ici, « les derniers seront les premiers et les premiers les derniers ». « Démas m’a abandonné, ayant aimé le monde [siècle] présent mauvais ». C’était un premier, peut-on dire, qui est devenu dernier — un ouvrier du Seigneur, qui n’a pas abandonné le christianisme, mais qui s’est fatigué du chemin de service incessant pour Christ. Si, au lieu d’être honorés aujourd’hui, les milliers de ceux qui sont engagés dans le service de Christ devaient recevoir mépris et persécution, il y aurait une forte diminution de leurs rangs. Ce qui est reçu en retour pour le temps présent doit être la honte et la persécution. Voilà à quoi doit s’attendre celui qui cherche intelligemment à servir fidèlement le Seigneur dans ce monde. Démas était peut-être un croyant ; mais l’épreuve et l’opprobre, l’amour des aises et d’autres choses, tout cela s’est imposé à son esprit, et il a abandonné le service du Seigneur. « Tous cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus Christ » (Phil. 2:21) est un principe similaire.
Et maintenant le Seigneur monte à Jérusalem, et prépare ses disciples à des difficultés encore plus grandes. « Voici, nous montons à Jérusalem ; le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs (grands prêtres) et aux scribes ; ils le condamneront à mort, et le livreront aux Gentils pour s’en moquer, le fouetter et le crucifier ; et le troisième jour, il ressuscitera » (20:18, 19). Même après cela, tant le cœur de l’homme est égoïste, la mère des enfants de Zébédée vient à Lui avec ses fils, qui étaient parmi les apôtres et, Lui rendant hommage, elle Lui demanda quelque chose. Il lui dit : « Que veux-tu ? Elle lui dit : Ordonne que mes deux fils que voici, s’asseyent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume » (20:21).
Un autre principe se dégage alors ; car l’humiliation de Christ était si parfaite, son renoncement à soi-même était tel chez Celui qui avait seul une connaissance parfaite de tout et un droit à tout par Sa gloire personnelle, qu’Il a pu dire : Je n’ai pas de place à vous donner dans Mon royaume — il ne M’appartient pas de donner, sauf selon ce que mon Père désire. Mais j’ai quelque chose à vous donner maintenant : c’est la souffrance. Oui, souffrir est ce que Christ donne à Ses serviteurs maintenant, et Il le donne comme un très haut privilège. Lorsque l’apôtre Paul a été converti, il a demandé tout de suite : « Que veux-tu que je fasse ? » Le Seigneur lui dit quelles grandes choses il devrait souffrir pour l’amour de Son nom. Souffrir tout est meilleur que faire quelque chose. C’est la meilleure portion qu’un saint puisse avoir dans ce monde. Le plus grand honneur que nous puissions avoir ici est de souffrir avec Christ et pour Christ.
C’est ce que notre Seigneur fait savoir à la mère des enfants de Zébédée. « Jésus répondit et dit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Êtes-vous capables de boire la coupe que, moi, je vais boire(, et d’être baptisés du baptême dont, moi, je suis baptisé - KJV) ? Ils lui répondent : Nous le pouvons » (20:22). Il a assumé deux sortes de souffrances différentes : la coupe, qui est la souffrance intérieure, et le baptême, qui exprime ce dans quoi nous sommes plongés extérieurement. Les deux comprennent toutes sortes d’épreuves, intérieures et extérieures. Le Seigneur ne parle pas ici de la croix en expiation, car il ne peut y avoir de communion dans ce domaine. Mais il peut y avoir la croix dans le rejet, sans que ce soit en expiation. Il peut y avoir un partage de ce que Christ a souffert de la part des hommes, mais pas de ce qu’il a souffert de la part de Dieu. Lorsqu’Il a souffert pour le péché sur la croix, la relation est abandonnée, et Il se courbe dans une grâce infinie vers la place du jugement. Il est fait péché. Il réalise ce que c’est que d’être abandonné de Dieu, en se rendant responsable des péchés des hommes. C’est pourquoi, dans ce moment terrible sur la croix, il dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Nous n’avons rien à voir avec cela. Dieu a abandonné Jésus pour qu’Il ne nous abandonne pas. Dieu n’abandonne jamais un chrétien et ne se cache même pas de lui. Depuis la mort de Christ, on ne trouve pas dans l’Écriture Dieu se cachant d’un croyant. Nous n’en avons pas la promesse simplement, mais nous en avons l’accomplissement. Le premier principe et le point actuel de l’évangile, c’est un pardon parfait et une réconciliation parfaite. Nous sommes approchés de Dieu par le sang de Christ et pardonnés de toutes nos fautes.
Le Seigneur leur dit alors qu’ils ne savaient pas ce qu’ils demandaient, et Il leur demande s’ils pouvaient boire de la coupe qu’Il allait boire et être baptisé du baptême dont Il allait être baptisé. Ils Lui répondent : « nous le pouvons ». Ils ne savaient pas ce qu’ils disaient, pas plus qu’ils ne savaient ce qu’ils demandaient. En effet après cela, alors que notre Seigneur était seulement en danger de mort, nous constatons qu’ils L’abandonnèrent tous et s’enfuirent. Quant à l’un de ces fils de Zébédée (Jean), s’il s’est aventuré dans la salle du jugement, c’était simplement, pour ainsi dire, sous le vêtement du grand sacrificateur, c’est-à-dire sous le prétexte qu’il était connu de lui (Jean 18:16). Si Pierre a suivi de son propre chef, ce ne fut que pour montrer sa faiblesse complète. En présence d’une telle coupe et d’un tel baptême, le Seigneur dit : «Vous boirez vraiment de ma coupe, et vous serez baptisés du baptême dont je suis baptisé» (non pas : vous en êtes capables) : « mais de s’asseoir à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de le donner, mais cela sera donné à ceux pour lesquels mon Père l’a préparé» (20:23). Je voudrais seulement faire remarquer que les mots mis en italique (et insérés sans garantie dans la version autorisée KJV) gâchent beaucoup le sens. Sans eux, le sens est meilleur. C’était à Lui de donner, mais seulement à ceux à qui le Père le destinait. Christ est l’administrateur des récompenses du royaume. Il dit maintenant, Comme je suis maintenant serviteur dans la souffrance, Je le serai dans la gloire. En tout, Christ est Celui qui tourne toutes choses à la gloire de Dieu. Tout genou se ploiera à Son nom, et toute langue confessera que Jésus est Seigneur ; mais ce sera alors à la gloire de Dieu le Père.
« Et quand les dix l’entendirent, ils furent indignés contre les deux frères » (20:24). Une bonne part de leur indignation n’était pas meilleure que la leur. Leur orgueil était blessé. Sans doute, il leur semblait très juste de rabaisser ces deux frères si imbus d’eux-mêmes. Mais pourquoi étaient-ils ainsi indignés ? parce qu’eux aussi étaient imbus d’eux-mêmes. Christ n’était pas rempli d’indignation — c’était un chagrin pour Lui : mais eux étaient animés d’un vif sentiment contre les deux frères. Nous devons faire attention. Souvent, lorsque nous cherchons à rabaisser ceux qui cherchent à s’exalter, il y a aussi du moi de notre part également. Supposons que l’un d’entre nous soit tombé dans le péché. Il y a souvent beaucoup de sentiments forts à ce sujet : mais est-ce la meilleure façon de montrer notre sens du péché ? Ceux qui ressentent le plus pour Dieu, ont toujours les sentiments les plus profonds pour les pauvres pécheurs, et pour les saints qui se sont éloignés de Dieu. « Si quelqu’un s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que, toi aussi, tu ne sois tenté » (Gal. 6:1).
« Jésus les appela auprès de Lui, et dit : Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles, et que les grands usent d’autorité sur elles » (20:25). Il mit le doigt sur justement cet amour de la grandeur en eux. Ils le condamnaient bruyamment chez Jacques et Jean, mais le sentiment avec lequel ils le condamnaient trahissait qu’ils avaient la même pensée dans leur propre cœur. « Il n’en sera pas ainsi parmi vous » dit le Seigneur, « mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre ministre (= serviteur) ; et quiconque veut être chef parmi vous, qu’il soit votre serviteur ». Il y a une différence entre ces deux mots. Le mot traduit par «ministre» signifie un serviteur, mais pas nécessairement un esclave ; ce peut être une personne embauchée. Mais au v. 27, il s’agit d’un serviteur ou esclave. Voulez-vous être vraiment grand selon les principes de Mon royaume ? Descendez aussi bas que vous le pouvez. Voulez-vous être le plus grand ? Descendez plus bas que tous. Celui chez qui il y a le moins de soi, est le plus grand dans le royaume des cieux. Car « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (20:28). Il a pris la place la plus basse de toutes, et a donné sa vie en rançon pour beaucoup. Que Son nom soit béni à jamais !
Les derniers versets (20:29-34) appartiennent proprement au ch. 21 qui suit ; il s’agit de l’approche de notre Seigneur à Jérusalem par le chemin de Jéricho. Et il est nécessaire de prendre les deux chapitres ensemble, pour avoir la connexion correcte entre tout ce que le Saint Esprit nous a donné ici.
Mais je ne peux pas clore cette partie du sujet sans rappeler l’attention sur les principes du royaume de Dieu tels que Christ lui-même nous les a montrés. Quel appel merveilleux au service dans le renoncement à soi-même ! Quelle joie de penser que tout ce qui est maintenant une épreuve sera trouvé comme une joie dans ce royaume ! Il y en a qui pensent avoir eu la faveur de peu d’occasions de servir le Seigneur — qui sont exclus de ce que leur cœur désirerait [les ouvriers de la onzième heure]. Souvenons-nous que Celui qui sait tout, se réserve le droit de donner ce qu’Il veut aux Siens et de ce qui est à Lui. Il fera le mieux selon Son cœur. Notre affaire maintenant est de penser à Celui qui est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup (20:28). C’est là notre principal appel et besoin — être des serviteurs de Christ en nous servant les uns les autres.
Dans la transfiguration, nous avons un tableau du royaume à venir ; Christ, la Tête (chef) et le Centre, avec des représentants de ses éléments célestes et terrestres ; d’un côté, Moïse et Élie glorifiés ; et de l’autre, les trois disciples dans leurs corps naturels. Il s’agit d’un tournant dans l’histoire du parcours de notre Seigneur, que Jean passe sous silence, mais qui est donné pleinement dans les trois autres évangiles. La croix, à cause du péché, est le fondement de toute gloire. Il ne peut y avoir rien de stable ni de saint sans elle. C’est l’unique canal par lequel coulent vers nous toutes nos bénédictions ; et la mort de Christ, nous le savons par Luc, était le sujet dont on parlait sur la sainte montagne. Mais Jean ne nous donne rien de cette scène, car il est occupé par Christ en tant que Fils. Dans Jean, nous avons, non pas le côté humain, mais la déité du Seigneur Jésus Christ : Son rejet par Israël, et en conséquence le rejet d’Israël par Dieu, sont supposés dès le début de l’évangile de Jean : comme nous le lisons, «Il vint chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu». Or, la transfiguration ne fait pas ressortir la déité de Christ, mais Sa gloire en tant que Fils de l’homme exalté, reconnu en même temps en tant que Fils de Dieu. C’était un échantillon de la gloire du Seigneur dans Son royaume futur, avec les types de certains qui seront ressuscités, et d’autres qui seront dans leur état naturel. Il en sera ainsi bientôt.
Jean ne nous montre pas la montagne, mais la maison du Père. Celle-ci est pour l’Église. Le monde peut voir plus ou moins la gloire, telle qu’annoncée sur la montagne, mais ce n’est pas notre meilleure part. Nous attendons «la bienheureuse espérance» et l’apparition de la gloire. Notre espérance c’est Christ et être avec Christ dans les plusieurs demeures de la maison du Père — une espérance qui dépasse de loin toute bénédiction du royaume. Elle ne sera pas non plus donnée à voir. Les secrets de l’amour et de la communion que l’Église aura avec Christ ne peuvent jamais être manifestés au monde. Qui pourrait ou voudrait maintenant publier les plus tendres sentiments de son cœur ? Sans doute la gloire, la pompe extérieure, et la place de puissance que l’Église possédera dans le royaume à venir seront manifestées, car elles constituent quelques-uns des aspects principaux du règne millénaire. Nous régnerons avec Christ, la gloire de l’Époux enveloppant, pour ainsi dire, l’Épouse. Si nous faisant bien la distinction de ce que l’Écriture distingue, nous trouverons une distinction nette entre d’une part la position propre et les espérances de l’Église, et d’autre part les gloires du royaume, si réelles soient-elles, que tous les glorifiés partageront quand le royaume sera établi en puissance. Ainsi la montagne de la transfiguration tient une place importante dans les trois évangiles synoptiques, en ce qu’elle montre Christ dans sa capacité de Messie, de Serviteur et de Fils de l’homme. En tant que tel, Il sera présenté selon le modèle sur la montagne, et c’est pourquoi les trois évangélistes, qui présentent Christ sous ces trois aspects, nous donnent la transfiguration. La pensée de la réception actuelle par les Juifs était entièrement abandonnée, et la chose nouvelle commence à être annoncée immédiatement avant la transfiguration. Christ devait souffrir et mourir : et ceux qui le suivraient durant Son rejet seraient dans le royaume, mais non pas comme sujets ; ils seront rois avec Lui quand Il régnera. Quand la responsabilité et même les privilèges individuels sont introduits, « le royaume » est la pensée ; mais quand ce qui est envisagé est notre place collective, il est parlé de « l’Église » (Matt. 16 et 18).
La fin de notre chapitre, à partir de Matthieu 20:30, est une préface à Matthieu 21, où nous avons la dernière présentation formelle du Roi — non pas avec la pensée d’être reçu ; mais pour combler l’iniquité de l’homme et accomplir les conseils de Dieu, Il se présente Lui-même comme tel. Nous Le trouvons d’abord en route pour Jérusalem, et deux aveugles lui crient : « Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David ! » Ils ne savaient rien de la crise imminente, mais ils étaient néanmoins complètement dans l’esprit de la scène. Le Saint-Esprit agissait sur eux de façon à ce qu’ils rendent témoignage à Jésus, qui allait être présenté publiquement pour la dernière fois comme l’Héritier du trône. Quel tableau ! Les voyants, dans leur dureté aveugle de cœur, rejetant leur propre Messie, pourtant reconnu par les Gentils comme le Roi des Juifs qui était né ; et les pauvres aveugles, par la foi, Le confessant à haute voix comme le vrai Roi. Peut-être que leur principal et unique désir était d’être guéris de leur cécité. Soit, mais Dieu, en tout cas, donna à leur foi l’objet approprié et la juste confession pour ce moment-là, car Il dirigeait la scène. Quelle qu’ait été la pensée des aveugles en criant après le Seigneur, le dessein de Dieu était qu’un témoignage convenable soit rendu à Son Roi, le «Fils de David». Un Juif comprenait bien tout ce qu’implique ce titre. Quelle condamnation des pharisiens qui avaient rejeté Christ ! Le point de vue le plus élevé n’est pas toujours le plus adapté ; un point de vue inférieur est quelquefois beaucoup plus juste. Ainsi, la confession de Christ comme «Fils de David» était plus en harmonie ici que s’ils avaient dit : « Tu es le Fils de Dieu ». Cela peut paraître étrange quand on n’a pas pesé les différents titres ; mais en Le saluant selon Sa gloire juive, ils prononçaient ce qui était à l’unisson de ce que Dieu était alors en train de faire.
Permettez-moi de demander, avec respect, pourquoi la résurrection de Lazare a-t-elle été omise dans les trois premiers évangiles ? L’homme, si ces récits avaient été son œuvre, ne l’aurait sûrement pas omise : il aurait estimé son insertion dans tous les évangiles comme nécessaire pour avoir un récit complet et fidèle. On l’aurait jugé bien trop important pour le laisser de côté sous quelque considération que ce soit. L’omission d’un miracle aussi stupéfiant dans Matthieu, Marc et Luc, indique clairement que c’est l’Esprit de Dieu qui a opéré souverainement et a fait écrire par chacun dans un but particulier. S’il en est ainsi, ce que les hommes appellent incohérences et imperfections, sont en réalité des perfections dans la parole de Dieu. C’était une partie du dessein de Dieu d’omettre ce miracle ; car Il ne présente que les faits qui conviennent à Son dessein dans chaque évangile. Or le miracle de la résurrection de Lazare ne présente pas Christ comme le Messie, ou comme le Serviteur, ou comme le Fils de l’Homme, mais comme le Fils de Dieu qui donne la vie et ressuscite les morts — un grand point de doctrine dans Jean 5 — c’est pourquoi il n’est donné que dans l’évangile de Jean. Il y a eu d’autres miracles de résurrection d’entre les morts dans les autres évangiles, mais la vérité de Sa qualité de Fils et la gloire actuelle de Jésus en communion avec le Père n’est pas mise en avant dans ces autres évangiles. Ce n’est donc pas en tant que Fils de Dieu qu’Il y apparaît. Prenez, par exemple, la résurrection du fils de la veuve de Naïn. Quelles sont les circonstances qui y sont mises en évidence ? Il était le fils unique de sa mère, et elle était veuve. Luc, ou plutôt l’Esprit, a soin de le noter, car c’est ce qui donne son sens à cette histoire touchante. « Il le rendit à sa mère ». C’est la sympathie humaine du Seigneur, le Seigneur en tant que Fils de l’homme, qui est l’objet ici. Il est vrai qu’Il devait être Fils de Dieu, sinon Il n’aurait pas pu ressusciter ainsi le mort. Si la Déité et la relation au Père de Celui qui s’est fait chair avaient été la seule vérité à montrer, les circonstances qui l’accompagnent n’auraient pas eu besoin d’être racontées ; l’évangile de Jean aurait pu suffire, et c’est ce qu’il fait, pour montrer éminemment le Seigneur Jésus comme Fils.
Tout cela manifeste la perfection de la parole de Dieu dans ces évangiles. Un esprit qui Lui est soumis voit cela, et Il enseigne ceux qui se soumettent et se confient en Lui. Un aveugle est guéri en Jean 9, mais il ne s’agit pas là de ceux des environs de Jéricho qui font appel à Jésus ; en Jean 9, tandis qu’Il passait (Jean 9:1), Jésus vit un homme aveugle de naissance. Rejeté par les hommes, Jésus allait ici et là cherchant des objets sur lesquels accorder sa bénédiction ; le Fils agissant en grâce et en vérité, sans être sollicité, a vu le besoin profond, et a agi en conséquence. C’était une occasion d’accomplir les œuvres de Dieu. Il n’attend rien, va vers l’homme, et l’œuvre est faite, bien que ce soit le jour du sabbat. Comment le Fils de Dieu pouvait-il se reposer en présence du péché et de la misère, quel que soit le sentiment d’orgueil religieux ? Le Seigneur ne le quitte pas avant qu’il puisse Le reconnaître comme «Fils de Dieu» et L’adorer. De plus, nous pouvons dire que Jean ne mentionne jamais un miracle simplement par étalage de puissance, mais pour attester la gloire divine de Christ.
Dans Matthieu, il s’agit du Messie rejeté. Ici (ch. 20), Jésus étant méprisé par la nation, Dieu fait en sorte que deux aveugles Lui rendent témoignage comme Fils de David, et ceci dans le lieu bien connu de la puissance triomphante d’Israël, mais hélas ! aussi de l’incrédulité rebelle entrainant une malédiction, — incrédulité quant au Messie venu en grâce, capable de bénir et prêt à bénir.
Le lieu (près de Jéricho) était maudit. Mais si Jésus est venu en tant que Messie, bien que les Juifs le rejettent, Il se montre comme l’Éternel — non seulement Messie sous la loi, mais l’Éternel au-dessus d’elle ; et ainsi Il les bénit même à Jéricho, et ils Le suivent. C’est la place qu’Israël aurait dû prendre : ils auraient dû connaître leur Roi. Les deux aveugles étaient un témoignage pour Lui, et contre eux. C’était un témoignage compétent — deux témoins : « Par la bouche de deux témoins,…» etc. Marc et Luc, dont l’objet n’était pas de faire ressortir un témoignage valable selon la loi, n’en mentionnent qu’un seul. Il n’y a pas contradiction en cela. Une chose est certaine, ils furent tous les deux guéris dans le voyage de Jéricho à Jérusalem. Luc ne mentionne que le voisinage de Jéricho — non pas « comme Il s’approchait » de Jéricho, mais « comme Il était près », ce qui est également vrai s’Il quittait Jéricho. La version autorisée (KJV) a accru la difficulté involontairement.
Jésus arrive sur le mont des Oliviers. Les Juifs savaient bien ce qui avait été prophétisé au sujet de cette montagne ; ils auraient dû entrer dans l’esprit de ce que le Seigneur était en train de faire.
L’envoi pour l’ânon montre le Seigneur comme l’Éternel qui a un droit absolu à tout : « Le Seigneur (l’Éternel) en a besoin » (21:3) (*). Quoi de plus complet que Sa connaissance des circonstances au sein de l’avenir ? Combien est évident Son contrôle sur les pensées et les sentiments du propriétaire ! Il était débonnaire, assis sur un âne, le Roi de Sion selon le prophète ; Il était en effet aussi sûrement l’Éternel, que le Messie venant en Son nom — avoir un « besoin » est aussi étonnant que la gloire de Sa personne.
(*) Note de l’éditeur : Matthieu seul mentionne « une ânesse attachée, et un ânon avec elle », selon Zach. 9:9. « Ils amenèrent l’âne et l’ânon, mirent leurs vêtements sur eux, et Il s’assit dessus » (Matt. 21:2, 7). Les trois autres évangiles ne mentionnent que l’ânon. Ici, dans Matthieu, l’ancien Israël et la nation renouvelée sont ainsi reliés l’un à l’autre. L’entrée du Seigneur à Jérusalem se fait sur « l’ânon, le petit d’une ânesse », le nouvel Israël le fera entrer avec des Hosannas ! La vision dispensationaliste de Matthieu nous est ainsi à nouveau présentée. L’âne était, selon la loi un animal « impur» ; mais son ânon pouvait être racheté. Voir Job 11:12 ; Ex. 13:13 ; 34:20, etc.
Le Seigneur se dirige vers Jérusalem. Et la foule crie : « Hosanna au Fils de David !... Voici, ton roi vient ». Ils appliquent le psaume 118 au Messie, et ils avaient raison. Ils pouvaient être très inintelligents, et peut-être quelques-uns se joignirent plus tard au cri terrible : « Que son sang soit sur nous… » ; mais ici c’est le Seigneur qui guide la scène. Il entre dans la ville, mais il est inconnu (21:10) : Ses propres concitoyens ne Le connaissent pas. Ils demandent : « Qui est celui-ci ?» Et la foule qui venait juste de dire « Hosanna au Fils de David ! » a si peu d’intelligence qu’elle répond : « C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée ».
Mais bien qu’ils ne voient que Jésus de Galilée, Lui se montre comme Roi, et prend une place d’autorité et de pouvoir. Il entre dans le temple, et renverse les tables des changeurs, etc. On peut certainement considérer cela comme un incident miraculeux, car il était étonnant que Celui qu’ils ne connaissaient que comme le prophète de Nazareth entre si hardiment dans leur temple et en chasse tous ceux qui le profanaient. Mais ils ne se tournent pas contre Lui. La puissance du Dieu du temple était là, et ils s’enfuient, leurs consciences se faisant sans doute l’écho des paroles du Seigneur selon lesquelles ils avaient fait de Sa maison une caverne de voleurs. Nous voyons ici, non seulement le témoignage de la foule rendu à la royauté de Jésus, mais la réponse à ce témoignage, pour ainsi dire, dans l’acte de Jésus. C’est comme s’Il avait dit : « Vous me saluez comme Roi, et Je vais vous prouver que Je le suis », en conséquence de quoi, Il règne, pour ainsi dire, en justice, et Il purifie le temple souillé. Dans quel état les Juifs n’étaient-ils pas tombés !
Il est rendu un témoignage clair à ce que Jésus pensait d’eux, car y a-t-il une condamnation plus sévère que : « Ma maison... la maison de prière... vous en avez fait une caverne de voleurs ! » (21:13). Il y a eu deux purifications — l’une avant que commence le ministère public de notre Seigneur, et l’autre à sa fin. Jean rapporte la première ; Matthieu la dernière. Dans notre évangile, il s’agit d’un acte de pouvoir du Messie qui nettoie Sa propre maison, ou, du moins, agit pour Dieu, en tant que Son Roi. En Jean, il s’agit plutôt d’un zèle pour défendre l’honneur de la maison de Son Père auquel il était porté atteinte — « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ». Une raison collatérale pour laquelle Jean nous parle de la première purification au début de son évangile, est que Jean suppose le rejet d’Israël dès le début. Ainsi, le rejet du peuple par Christ que cet acte manifestait, était la conséquence inévitable de ce qu’ils rejetaient Christ : c’est là le point de départ que Jean établit et à partir duquel il commence par les voies du Seigneur avant Son ministère.
Mais maintenant (21:14) les aveugles et les boiteux viennent à Lui pour être guéris. « Il guérit leurs maladies et pardonna leurs iniquités ». Ces deux classes de personnes étaient haïes de l’âme de David — par une effet de la raillerie sur David (2 Sam. 5:6-8). Quel contraste béni avec le Fils de David ! Il chasse du temple les religieux égoïstes, et y reçoit les pauvres, les aveugles et les boiteux, et les guérit — justice parfaite et grâce parfaite.
D’un côté, il y a les voix des enfants qui crient « Hosanna», etc. — l’attribution de la louange à Lui en tant que Roi, Fils de David ; d’autre part, il y a le Seigneur agissant en tant que Roi, et faisant ce que les Juifs savaient bien avoir été prophétisé de leur Roi. Il était là le Roi confessé, mais pas confessé par les chefs des prêtres (principaux sacrificateurs) et les scribes, qui en ont pris ombrage, Le rejetant sciemment et volontairement : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous» (Luc 19:14). Naturellement, donc, ils cherchent à faire taire les enfants, et demandent à Jésus de les réprimander : « Entends-tu ce que ceux-ci disent ?» (21:16). Mais le Seigneur met Son approbation sur leurs louanges : « N’avez-vous jamais lu : Par la bouche des petits-enfants et de ceux qui tètent, Tu as établi ta louange ? » (21:16). La puissance de l’Éternel était là, et il y avait une bouche pour la reconnaître, même si ce n’était que chez des enfants et des nourrissons. C’est une scène merveilleuse. Le Seigneur fait ici une citation du Ps. 8 où Il est vu comme Fils de l’homme après Son rejet comme Fils de David au Ps. 2 et suiv. Au Ps. 8 nous avons les souffrances et l’exaltation du Fils de l’homme. Hérode et Ponce Pilate, les Gentils et Israël, se réunissent et agissent pour le pire. Refusé alors comme Messie, Il prend la place plus élevée de Fils de l’homme, d’abord dans l’humilité, ensuite glorifié. Les aveugles sont les premiers à Le reconnaître, puis les petits-enfants en dernier et d’une manière plus profonde. Qu’est-ce que Dieu n’a-t-Il pas opéré !
Alors « Il les laissa» — un acte significatif et solennel. Ils L’ont rejeté, et Il les abandonne, tournant le dos à la ville bien-aimée.
De retour à Jérusalem le lendemain, le Seigneur a faim, il cherche du fruit sur le figuier, mais il n’en trouve pas (21:18-19). Il prononce alors une malédiction sur lui, et aussitôt il se dessèche.
Marc dit que le temps des figues pour le figuier n’était pas encore venu. Beaucoup ont été perplexes à ce sujet, se demandant si le Seigneur cherchait des figues à un moment où il ne pouvait pas y en avoir. Le sens est que le temps de la cueillette des figues n’était pas venu ; en conséquence, si l’arbre en avait porté, le Seigneur aurait dû en trouver dessus, mais le temps des figues, le temps de les cueillir, n’était pas encore. Il aurait dû y avoir une manifestation de fruits, mais il n’en apparaissait point, sauf des feuilles — seulement une profession extérieure. C’était complètement stérile. Le Seigneur prononce une malédiction sur lui, et à l’instant il sécha. Quand on compare à Marc 11:12, on voit que Matthieu ne prend pas le temps en considération, car l’incident s’est passé sur deux jours qu’il regroupe sans distinguer. La sentence sur le figuier était une malédiction emblématique sur le peuple dans la mesure où c’était l’arbre national — Israël était le figuier. Le Seigneur n’a trouvé que des feuilles, et la parole est que désormais aucun fruit ne pousserait jamais sur lui. La nation n’avait pas porté de fruit pour Dieu quand elle avait tous les moyens et toutes les occasions de Le glorifier et de Le servir ; et maintenant tous ses avantages lui sont enlevés, et la vieille souche est abandonnée — un arbre mort. Mais maintenant le résidu qui croit en Christ est excepté de la malédiction, ainsi que « la génération à venir ».
Les disciples s’étonnèrent ; mais le Seigneur leur dit encore : « Si vous disiez à cette montagne (qui symbolise la place politique d’Israël parmi les nations, comme exaltée parmi elles) : Jette-toi dans la mer», etc. C’est ce qui a été fait. Non seulement il n’y a pas de fruit porté pour Dieu, mais Israël, en tant que nation, a disparu — jeté dans la mer — dispersé et en apparence perdu dans la masse des peuples — foulé aux pieds et opprimé par les Gentils.
Ici donc, dans ces miracles et ces scènes, on a un témoignage remarquable de la dernière présentation du Seigneur aux Juifs, et un tableau également frappant du jugement de Dieu sur Jérusalem et les Juifs à cause de leur rejet du Messie qui, selon Daniel 9 a été retranché et n’a rien eu — seulement pour avoir bientôt toutes choses bien plus glorieusement ; et si nous souffrons nous régnerons aussi avec Lui.
Les principaux sacrificateurs et les anciens d’Israël viennent maintenant attaquer le Seigneur en lui demandant : « Par quelle autorité fais-tu ces choses ?» (c’est-à-dire de chasser les marchands de l’enceinte du temple) — « et qui T’a donné cette autorité ?». Ce n’était pas eux, en effet, qui l’avaient donné, et leurs yeux étaient fermés sur Sa gloire. Notre Seigneur répond en demandant ce qu’ils pensaient du baptême de Jean. Il ne fait appel ni à des miracles ni à des prophéties, mais à la conscience. Combien était évident l’accomplissement des anciens oracles dans Sa personne, dans Sa vie et dans Son ministère ! Combien était complet le témoignage de signes et miracles opérés par Lui ! Pourtant, leur question prouvait combien tout avait été vain, tandis que Sa question à Lui prouvait leur malhonnêteté ou leur incompétence. Dans un cas comme dans l’autre, qui étaient-ils pour juger ? Ils étaient loin de se douter qu’eux-mêmes et toutes les autres classes d’Israël, en cherchant à débattre sur le Seigneur de la gloire, ils ne faisaient en réalité que découvrir leur propre éloignement de Dieu et leur aliénation. Il en est toujours ainsi, en effet. Notre jugement, ou notre refus de juger, sur ce qui concerne toutes choses, sur Christ par-dessus tout, est un indicateur infaillible de notre propre condition.
Dans le cas présent (21:23-27), le manque de conscience était manifeste, mais il n’est jamais aussi fatal que chez des guides religieux. « Ils raisonnaient en eux-mêmes, disant : Si nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi ne l’avez-vous pas cru ? Et si nous disons : Des hommes, nous craignons la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète ». Dieu n’était pas dans leurs pensées ; et ainsi tout était faux et erroné. Si Dieu n’en est pas l’objet, le moi est l’idole, et rien n’est plus dégradant. Ces principaux sacrificateurs (prêtres) étaient au fond les esclaves du peuple sur la foi ou la superstition duquel, ils dominaient. « Nous craignons la foule ». Cela au moins était vrai. « Et ils répondirent à Jésus : Nous ne pouvons pas dire ». Ceci était clairement faux, le simple expédient de gens qui préfèrent alléguer leur incapacité à juger ce qui relève de leur propre sphère, plutôt que de reconnaître que ce qu’ils savent doit les convaincre qu’ils combattent contre Dieu. Ils pouvaient dire, mais ils ne voulaient pas, par crainte des conséquences. Dans les mains de Satan, ils étaient l’énergie principale du mal et les ennemis du bien, leur intérêt personnel étant toujours opposé aux intérêts réels du peuple de Dieu. Guides aveugles de leur propre aveu ! C’était infiniment pire que l’aveuglement qui, gouverné par les bas motifs des avantages présents et de l’importance de soi, méconnaissait Dieu manifesté en chair et rejetait, par incrédulité, des richesses bien plus grandes que les trésors de l’Égypte (Héb. 11:26) !
À de tels guides aveugles, le Seigneur refuse avec une suprême dignité de rendre compte de Son autorité : Il y avait trop souvent rendu témoignage auparavant. Le Lui demander maintenant, fournissait la meilleure preuve qu’une réponse était inutile. Comment expliquer la couleur à des gens qui ne voient pas ? à des gens qui ne voulaient pas voir s’ils avaient pu ?
Mais notre Seigneur fait plus. Dans la parabole des deux fils auxquels il est commandé d’aller travailler dans la vigne, il convainc ces chefs religieux de ce qu’ils sont pire devant Dieu que les classes les plus méprisées du pays. « En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez pas cru», etc. (21:32). Des formes décentes d’hommage du bout des lèvres : « J’y vais, monsieur, et il n’y alla pas » — voilà la religion de ceux qui étaient au plus haut niveau dans l’estime du monde de ce jour-là. La propre volonté n’était ni brisée ni jugée. L’hypocrisie était là, pour couvrir la volonté personnelle et l’orgueil sous le manteau de la religiosité. Les gens qui déshonoraient les convenances de la société par des émeutes ou d’autres moyens non recommandables, ceux-là étaient plus accessibles aux appels émouvants de Jean le Baptiseur. Leurs mauvaises actions franches et effrénées les exposaient à la répréhension de Jean, et en fait, c’était eux, et non pas les dévots respectables, qui avaient cru Jean.
Ceux qui avaient une belle apparence dans la chair n’étaient pas prêts à retirer le voile d’une belle réputation au-dehors, de dessus une conduite d’autosatisfaction et d’impiété au-dedans ; comme ils rejetaient le conseil de Dieu contre eux-mêmes devant les sommations de Jean, ils ne voulaient pas suivre l’exemple des pauvres misérables qui se repentaient. Sourds à l’appel de la justice, ils étaient également endurcis contre les opérations de la grâce de Dieu, même là où elle était le plus visible. « Et vous, l’ayant vu, vous ne vous êtes pas repentis ensuite pour le croire » (21:32). La repentance éveille le sens d’une relation avec Dieu comme Celui contre qui on a péché. Les résolutions de la nature commencent et se terminent par « j’y vais, monsieur». L’Esprit de Dieu produit la conviction profonde et écrasante que tout le mal a été du péché contre Lui, sans qu’il y ait de la place pour des excuses ni du désir d’excuses. Mais cela est perdu pour la religion mondaine qui, résistant à la fois au témoignage de Dieu et aux preuves de conversion chez les autres, s’enfonce dans des ténèbres et dans une hostilité croissantes vis-à-vis de Dieu. Celui qui est établi juge des vivants et des morts (Actes 10:42) déclare ces hommes fiers et suffisants pires que ceux qu’ils méprisaient le plus. Ce n’était plus eux les juges maintenant ; c’est eux qui étaient jugés.
Ensuite le Seigneur présente non pas simplement la conduite de l’homme envers Dieu, mais la manière d’agir de Dieu avec l’homme, et ceci sous une double forme : premièrement, en vue de la responsabilité de l’homme sous la loi ; et, deuxièmement, en vue de la grâce de Dieu sous le royaume des cieux. La première est développée dans la parabole du maître de maison (21:33-41) ; la seconde, dans le festin de noces du roi pour son fils (22:1-14). Examinons la première.
« Écoutez une autre parabole : Il y avait un maître de maison qui planta une vigne, l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, et y bâtit une tour ; et il la loua à des cultivateurs, et s’en alla dans un pays lointain ; et quand la saison des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux cultivateurs pour recevoir ses fruits» (21:33, 34). Il s’agit d’une image fondée sur l’esquisse d’Ésaïe 5 et qui la complète — une image des soins minutieux de Dieu à l’égard d’Israël. « Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne que je n’aie pas fait pour elle ? » Maintenant Il attendait du fruit. Tout avait été arrangé selon Ses directives. Tous les avantages extérieurs avaient été fournis par Sa bonté et Sa puissance sous Moïse, Josué, etc. Il y avait un arrangement précis, une bénédiction abondante, une protection ample, et une affirmation convenable de Ses droits par les prophètes. « Et les cultivateurs ayant pris ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et lapidèrent un autre » (21:35). La patience était complète. « Il envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils leur firent de même ». Y avait-il encore une seule possibilité ? un espoir, même s’il était désespéré ? « En dernier lieu, il leur envoya son fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils ». Hélas, ce ne fut que le couronnement de leur iniquité, l’occasion de mettre en évidence leur culpabilité et leur ruine sans espoir ! En effet, « quand les cultivateurs virent le fils, ils dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et ils le saisirent, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent » (21:37-39). Ils reconnurent alors le Messie, mais seulement de manière à provoquer leur malice et leurs convoitises mondaines. « Tuons-le, et possédons son héritage ».
Ce n’était pas seulement le manque de fruit, et le refus persistant de toutes les justes revendications de Dieu et le fait de Lui dérober tout ce qui Lui était dû en retour, mais c’était une explosion complète de haine et de rébellion tandis qu’ils étaient testés par la présence du Fils de Dieu au milieu d’eux. L’épreuve était terminée ; la question de l’état de l’homme et des efforts de Dieu pour obtenir du fruit de sa vigne était terminée. La mort du Messie rejeté a clos ce livre. L’homme — les Juifs — auraient dû donner une réponse convenable à Dieu pour les bienfaits dont il avait été si généreusement comblé, mais sa réponse a été la croix. Il est trop tard pour parler de ce que les hommes devraient être. Éprouvés par Dieu dans les circonstances les plus favorables, ils trahirent et versèrent le sang innocent ; ils tuèrent l’Héritier pour s’emparer de Son héritage.
Aussi le jugement était-il désormais la seule part que l’homme sous la loi avait à attendre. « Quand donc le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces cultivateurs ?» Tout endurcis qu’ils étaient, les pauvres Juifs ne pouvaient que confesser la triste vérité : « Il fera périr misérablement ces méchants », etc. (21:41). La méchanceté des cultivateurs manqua à atteindre son but égoïste, aussi sûrement qu’elle n’avait jamais donné de fruits convenables à Celui dont les soins providentiels laissaient les hommes sans excuse. Mais les droits du maître de maison étaient intacts ; et s’il y avait encore « le maître de la vigne », était-Il indifférent à la culpabilité accumulée à l’égard des serviteurs lésés et de Son Fils outragé ? C’est impossible. Il doit exercer la vengeance, eux-mêmes étant témoins, avec d’autant moins de formalités que Sa longue patience et Son amour incomparable ont été si honteusement bafoués et défiés. D’autres seraient là pour vouloir qu’on leur laisse la vigne et qu’ils Lui rendent les fruits en leur saison.
Ainsi, la mort de Christ est considérée dans cette parabole, non pas comme l’œuvre fondamentale des conseils de Dieu, mais comme le point culminant du péché de l’homme et la scène finale de sa responsabilité. Tant la loi, les prophètes et Christ ont cherché du fruit pour Dieu, mais tout a été vain, non pas parce que ce que Dieu réclamait n’était pas juste, mais parce que l’homme — et même l’homme favorisé avec toutes les aides imaginables — était incorrigible. Sous cet aspect, le rejet du Messie avait la signification la plus solennelle ; car il démontrait, au-delà de tout appel, que l’homme, les Juifs, était bon à rien si on le pesait à la balance divine. Non seulement il était mauvais et injuste, mais il ne pouvait supporter l’amour parfait et la bonté dans la personne du Christ. S’il y avait eu une seule particule de lumière ou d’amour divins dans le cœur des hommes, ils auraient respecté le Fils ; mais maintenant la preuve complète se dressait là, que la nature humaine comme telle est désespérément mauvaise ; et que la présence d’une Personne divine, ayant daigné par amour être Homme parmi les hommes, n’a fait que donner l’occasion finale de porter le coup le plus malveillant et le plus insultant à Dieu lui-même. En un mot, l’homme était maintenant montré et prononcé comme étant PERDU. « Si Je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre homme n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont et vu et haï et moi et mon Père » (Jean 15:22-24). La mort de Christ a été le grand tournant dans les voies de Dieu ; l’histoire morale de l’homme, dans le sens le plus important, s’est terminée là.
« Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la tête de l’angle : voilà ce que le Seigneur fait, et c’est merveilleux à nos yeux ? » (21:42). C’était la conduite révélée de ceux qui avaient pris la tête d’Israël, — et révélée dans leurs propres Écritures. Merveilleuse action de la part du Seigneur ! — C’est un renversement manifeste par rapport à ceux qui s’étaient établis eux-mêmes comme agissant en Son nom, et qui avaient été acceptés : ce sera encore merveilleux aux yeux d’Israël, lorsque le Sauveur maintenant caché, mais exalté, sortira, la joie d’un peuple converti, qui accueillera alors et bénira pour toujours son Roi autrefois rejeté ; car vraiment Sa miséricorde dure pour toujours. Entre-temps, Ses lèvres prononcent la sentence du rejet certain de toute leur hauteur : « C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu (et non des cieux, car celui-ci ils ne l’avaient pas) vous sera ôté et sera donné à une nation qui en produira les fruits » (21:43). Et ce n’est pas tout, car « quiconque tombera sur cette pierre (Lui-même en l’humiliation) sera brisé ; mais sur celui sur qui elle tombera (c’est-à-dire en conséquence de Son exaltation), elle le réduira en poudre » (21:44). Il expose ainsi les trébuchements de l’incrédulité qui s’ensuivront, puis, à la suite, l’exécution positive d’un jugement destructeur, soit individuel soit national, Juif ou Gentil, lors de Son apparition en gloire (comparer Daniel 2).
C’est à tous égards une scène remarquable, et le Seigneur, qui tire maintenant la conclusion de Son témoignage, parle avec une fermeté pénétrante. De sorte que, malgré l’impuissance et la surdité spirituelles des principaux sacrificateurs et des pharisiens, et malgré la formulation en paraboles de Ses paroles, leur sens général et leur but sont nettement perçus. Et pourtant, quelle que soit leur volonté meurtrière, ils ne pouvaient rien faire tant que Son heure n’était pas venue ; car le peuple s’inclinait dans une certaine mesure devant Sa parole, et Le tenait pour un prophète. Il mettait Dieu en présence de leur conscience, et un respect mêlé de crainte répondait faiblement à Ses paroles sur les malheurs à venir.
Il n’est pas dit positivement que la parabole des noces ait été prononcée en ce temps-là. Elle est introduite d’une manière si générale qu’on peut bien concevoir que ce soit la même que celle que Luc présente au ch. 14 de son évangile avec des indications plus précises quant au temps [parabole du grand souper]. Quoi qu’il en soit, rien ne peut dépasser le bel à propos de son positionnement ici, comme suite de la dernière partie de Matt. 21. En effet, tandis que la vigne représentait la juste revendication du Seigneur à l’égard d’Israël sur la base de ce qu’Il leur avait confié, les noces représentent la chose nouvelle, et est par conséquent une similitude du « royaume des cieux » — non plus du fruit recherché comme une dette de l’homme envers Dieu, mais Dieu déployant les ressources de Sa propre gloire et de Son amour en l’honneur de Son Fils, et l’homme étant invité à y avoir part. Il ne s’agit pas ici proprement de l’Église ou assemblée, mais du royaume. Par conséquent, bien que la parabole aille au-delà de l’économie (dispensation) juive, traitée de façon si élaborée dans ce qui précède, et de la présence personnelle de Christ sur la terre, elle ne comprend pas le privilège collectif, mais la conduite individuelle, telle qu’elle est diversement affectée par l’étonnante miséricorde de Dieu — et cela en vue de la place de Christ glorifié en haut, et découlant de cette place. Ce qui est caractéristique est qu’il s’agit d’un exposé, non pas des voies d’Israël envers le Seigneur, mais des voies du Roi qui veut magnifier son Fils ; cependant ici, comme précédemment, l’incrédulité et la rébellion ne manquent jamais de recevoir leur juste récompense. Il avait été prouvé que Dieu ne pouvait pas faire confiance à l’homme : l’homme allait-il maintenant faire confiance à Dieu, se rendre à Sa parole, et participer à Ses délices dans Son Fils ?
Il est évident qu’ici nous ne sommes plus sur le terrain de l’Ancien Testament avec ses avertissements prophétiques solennels. « Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils, et qui envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir » (22:2, 3). Notre évangéliste, fidèle à son plan et au dessein du Saint-Esprit, présente ce tableau saisissant après celui du rejet du Messie. Quelle serait la nouvelle intervention de Dieu ? et comment serait-elle reçue par l’homme, surtout par Israël ? Dans Luc, je le signale en passant, la connexion dispensationnelle n’apparaît pas ; mais l’Esprit donne plutôt une vue de ce que Dieu est pour l’humanité en général, et il le présente même comme « un homme » faisant un grand souper avec une générosité sans pareille, et non comme le « Roi » agissant pour la gloire de « Son Fils ». Dans les deux évangiles, la parabole représente, non pas la juste exigence sous la loi, mais la manière dont la grâce s’étend aux Juifs d’abord et ensuite aussi aux Gentils. Il « envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités (Israël), mais ils ne voulurent pas venir » (22:3).
Le royaume n’était pas venu, mais annoncé pendant que le Seigneur était ici-bas. « Il envoya encore d’autres serviteurs, disant : Dites aux invités : Voici, j’ai préparé mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt : venez aux noces » (22:4).
Remarquez la différence. Lors de la première mission des serviteurs, Il n’a pas dit « Tout est prêt» ; Il l’a dit seulement lors de la seconde mission, quand Christ est mort et ressuscité entre-temps, et que le royaume a été effectivement établi lors de Son ascension. Il s’agit de l’évangile du royaume après Son œuvre, par rapport à l’évangile avant elle. Les deux messages sont ainsi distingués, le rejet de Christ et Sa mort étant le tournant par la grâce de Dieu. Matthieu seul nous donne cette différence frappante ; Luc, avec une égale convenance pour sa tâche, commence tout de suite par « Venez, car déjà tout est prêt », s’attardant, avec des détails que l’on ne trouve pas chez Matthieu, sur les excuses données par les cœurs qui méprisent l’évangile.
Le Roi était donc actif, et Son honneur était en jeu dans la tenue d’une fête digne de Son Fils. Pas même la croix ne L’a détourné de Son grand dessein d’avoir Son peuple heureux auprès de Lui. Au contraire, du fait que la grâce agit, le message interrompu est renouvelé par de nouveaux appels, infiniment plus pressants, aux invités ; et maintenant par d’autres serviteurs que les douze et les soixante-dix. Ainsi, au début des Actes (Actes 2 à 6), nous avons l’annonce spéciale à Israël en tant qu’enfants de l’alliance — « à ceux qui étaient invités ». La première mission a donc eu lieu pendant la vie du Messie pour appeler le peuple privilégié ; ensuite, il y a eu le second témoignage de grâce, spécifique à ce même peuple, une fois l’œuvre de la rédemption accomplie.
Quel en fut l’effet ? « Eux, n’en ayant pas tenu compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son trafic ». Dieu n’était pas dans leurs pensées, mais le champ de l’homme ou son commerce ; et, hélas, à mesure que Dieu multiplie les témoignages de Sa grâce, l’homme s’enhardit dans son manque d’égards et son opposition. « Les autres, s’étant saisi de ses serviteurs, les outragèrent et les tuèrent » (22:5, 6). C’est ce que l’on trouve dans une mesure dans le livre des Actes. Le message n’est pas pris en compte dans les premiers chapitres ; dans les ch. 7 et 12, les serviteurs sont outragés et tués. Le résultat est alors prévisible — les jugements-châtiments [viennent] sur les Juifs et Jérusalem. « Le roi, l’ayant entendu, fut en colère ; il envoya ses troupes, et détruisit ces meurtriers et brûla leur ville » (22:7). Qui ne voit en ceci le sort de la nation juive et la destruction de leur ville ? Ceci ne se trouve pas dans Luc ; je n’ai pas besoin de souligner combien cela convient à Matthieu.
Mais Dieu veut que Sa maison soit remplie d’invités ; et si ceux qui sont particulièrement favorisés ne veulent pas venir, et même se sont exposés à la colère jusqu’à l’extrême, la grâce divine ne sera pas vaincue par la volonté humaine — le mal doit être surmonté par le bien. « Il dit alors à ses serviteurs : Les noces sont prêtes ; mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc sur les routes, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez » (22:8, 9). C’est la manière d’agir par l’évangile envers absolument toute âme, sans distinction. « Ces serviteurs allèrent sur les routes et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces furent remplies de gens » (22:10). L’évangile va vers les hommes tels qu’ils sont, et partout où il est reçu, il produit, par la grâce, ce qui est selon Dieu, au lieu de l’exiger. C’est pourquoi tous sont les bienvenus, mauvais et bons — un brigand mourant ou une femme pécheresse, une Lydie ou un Corneille. La question n’était pas leur caractère, mais le festin pour le Fils du Roi ; c’est à cela qu’ils étaient gratuitement appelés. La grâce, loin de demander ou de trouver, donne l’état qui convient pour se tenir devant Lui en paix.
Oui, il est nécessaire et indispensable que soit produit un état convenable. Un vêtement de noces est nécessaire pour le repas de noces. Le Roi, dans Sa magnifique générosité, l’a fourni, et c’est à chaque invité à le porter : quelqu’un qui honore le Roi et la circonstance, ne le voudrait-il pas ? Les serviteurs ne cherchaient pas de tels vêtements à l’extérieur : On n’en portait pas sur les routes, mais dans la salle des noces. Il ne s’agissait pas non plus pour les invités de se montrer sous leur meilleur jour. C’était l’affaire du roi de donner. Vienne qui peut, il y avait assez et encore davantage : « tout était prêt ».
Telle est la grande vérité essentielle de l’évangile. Loin de chercher en l’homme quelque chose qui soit agréable à Dieu, la bonne nouvelle vient de Sa part sur la base expresse que tout est ruiné, misérable, coupable, du côté du pécheur. « Que celui qui a soif vienne ; oui, celui qui veut… » (Apoc. 22:17).
Mais quand le cœur n’est pas droit avec Dieu, il ne se soumet jamais à Sa justice ; l’homme, dans ce cas, préfère se tenir sur son propre fondement. Ou bien il pense qu’il peut revendiquer quelque chose de la part de Dieu en étant ou en faisant quelque chose, — ou bien il s’aventure à l’intérieur [de la salle des noces], sans se soucier ni de ce qu’il est lui-même ni de Dieu. Tel était l’homme que le roi trouva sans l’habit de noces. C’était mépriser la sainteté aussi bien que la grâce de Dieu, et prouver qu’il était complètement étranger à la fête. Que pensait-il des sentiments du Roi occupé à glorifier son Fils, quel égard avait-il vis-à-vis de ces sentiments ? Car c’est là le vrai et réel secret : Dieu prodigue Sa miséricorde aux pécheurs pour l’amour de son Fils. L’occasion est ainsi donnée de faire honneur à Son nom. Mon âme s’incline-t-elle devant ce nom et devant Lui ? C’est cela le salut. Le cœur peut traverser beaucoup d’exercices, mais la seule clé de Son étonnante bonté envers nous est le sentiment de Dieu envers Son Fils. Si je peux me permettre de parler ainsi, le Seigneur Jésus a mis le Père dans une obligation d’agir ainsi envers Lui. Il a vécu et est mort pour glorifier Dieu à tout prix au point que Dieu (je le dis avec révérence) est tenu de montrer cette grâce, de montrer ce qu’Il est à cause de Son Fils. D’où cette expression remarquable dans les épîtres de Paul : « La justice de Dieu ». Ce n’est plus la justice de l’homme recherchée par la loi, mais c’est Dieu qui est juste en justifiant ceux qui ont la foi en Son Fils, alors qu’il a été démontré que l’homme a failli totalement et de toutes manières. À cause de la valeur infinie de la croix, Dieu aime mettre Christ à l’honneur ; et si seulement une âme plaide Son nom, c’est la justice de Dieu qui est en cause pour que cette âme soit justifiée gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus (Rom. 3:24).
Cette vérité est illustrée de manière frappante par la manière dont le roi traite l’intrus qui méprise Christ ! « Quand le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, il vit là un homme qui n’avait pas d’habit de noces » (22:11). Cela exigeait une intervention immédiate. On ne se mit pas à enquêter pour savoir ce que cet homme avait été ou avait fait. Les serviteurs avaient été chargés d’amener les mauvais comme les bons. « Quelques-uns de vous, vous étiez tels », dit l’apôtre (1 Cor. 6:11). En effet, cet homme pouvait avoir été le plus correct, le plus moral et le plus religieux de sa compagnie, comme le jeune homme riche qui quitta le Seigneur en étant très peiné. Mais, qu’il s’agît d’un pécheur endurci ou d’un propre juste, une chose est certaine : il n’avait pas de robe de noces. Ceci arrêta immédiatement l’œil du roi. Le Roi regardait à ce fait tout simple : ceux qui étaient à table avaient-ils une robe de noces ? Cet homme n’en avait pas. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Cela disait une histoire accablante au possible ; c’était réduire à néant la grâce du Roi, c’était déshonorer ouvertement Son Fils.
Le vêtement de noces, c’est Christ. Cet invité était donc venu devant le Roi sans Christ. Il n’avait pas revêtu le Christ ! Il avait peut-être fait des efforts sincères pour être saint et juste, mais tout cela, ce n’était que lui-même, pas Christ, et cela c’est la ruine et la condamnation éternelles du pécheur. Tandis que, si le plus grand des pécheurs justifie Dieu en acceptant Christ comme le seul moyen pour une âme perdue de se tenir devant Dieu, c’est cela qui exalte Dieu et Sa grâce. C’est comme si un homme était assez brisé dans ses pensées sur lui-même par la révélation de Dieu de qu’Il est en Christ, et qu’il lève les yeux et dise : « Je ne peux pas avoir confiance en moi, je ne peux pas avoir confiance en ce que j’ai été, ni même en ce que je désire être pour Toi, mais je peux avoir pleinement confiance en ce que Tu es pour moi dans le don de Ton Fils ». Une telle confiance en Dieu produit un profond dégoût de soi, une véritable droiture d’âme, ainsi qu’un véritable zèle du cœur et le désir de faire la volonté de Dieu. Il n’y a rien qui humilie autant, et qui fortifie en même temps, que le cœur qui se repose sur la grâce de Dieu envers nous en Christ.
Cet homme n’était pas à blâmer pour n’avoir pas apporté de lui-même une nouvelle robe, aussi splendide qu’elle fût. Au contraire, ce qui rendait son cas sans espoir c’est l’indifférence à la munificence du roi. Pourquoi sa propre robe ne faisait pas aussi bien affaire que celle du roi ? Cet homme ne savait pas, ne croyait pas, que rien de la terre ne convient à la présence divine — rien sinon ce qui est acheté par le précieux sang de Jésus. Il n’avait aucun sens de la grâce qui l’invitait, ni de la sainteté qui sied à la présence de Dieu. Le roi lui dit donc : « Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir de robe de noces ? Et il eut la bouche fermée » (22:12). Il pouvait bien avoir été bien habillé, il pouvait avoir aimé la fête et les participants ; mais il n’avait pas d’estime pour le roi ni pour son fils, et n’avait rien à dire quand vint la solennelle interpellation. En esprit et devant Dieu, il était tout à fait en dehors de la fête, sinon il aurait senti la nécessité absolue d’une parure en harmonie avec la joie du Roi et les noces du Fils. Et le jugement l’a chassé de cette scène pour laquelle il n’avait pas de cœur — il l’a chassé là où les incrédules doivent honorer le Fils, ne serait-ce que par la misère sans espoir du remords. Il ne s’agit pas simplement d’une vengeance gouvernementale, comme celle qui a providentiellement fait périr les meurtriers et brûlé leur ville, mais du jugement final sur celui qui a abusé de la grâce en présumant s’approcher de Dieu sans avoir revêtu Christ — Lui qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sainteté et rédemption (1 Cor. 1:30). Cet homme montrait que manifestement il n’avait ni part ni portion dans cette affaire (Actes 8:21) ; et le jugement va bientôt simplement exécuter en puissance ce qui est maintenant selon la vérité. « Alors le roi dit aux serviteurs (non pas aux esclaves des versets 3, 4, 6, 7, 8, 10) : Liez-lui les pieds et les mains, emportez-le, et jetez-le dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (22:13).
Cette sentence solennelle était-elle rare parce qu’un seul homme l’exemplifie ? Non, en vérité ; « car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (22:14).
Ainsi s’achève la double épreuve de la nation ; d’abord, sur le terrain de leur responsabilité comme étant sous la loi [21:33-44], et ensuite, comme testée par le message de la grâce [22:1-14]. Le reste du ch. 22 juge en détail toutes les diverses classes d’Israël qui ont successivement cherché à juger et à piéger le Seigneur ; il met en relief leur position, et termine par une question à laquelle ils ne pouvaient répondre sans comprendre Sa position et Sa glorieuse personne.
« Alors les Pharisiens allèrent se concerter sur les moyens de le prendre au piège dans ses discours. Et ils envoyèrent vers Lui leurs disciples avec les Hérodiens ». Quelle alliance ! Les Pharisiens (partisans du judaïsme strict et de la loi) et les Hérodiens (les politiciens de l’époque, que les premiers haïssaient de tout cœur), s’unissent pour flatter Jésus et le piéger par la question du droit des Juifs contre les Gentils. Lui, le Messie, contesterait-il les espoirs et les privilèges d’Israël en tant que nation ? Sinon, comment échapper à l’accusation de trahison contre César ? La ruse diabolique était là, mais la sagesse divine apporte la vérité quant à Dieu et quant à l’homme, et la difficulté disparaît. C’est la rébellion des Juifs contre l’Éternel qui avait donné à Celui-ci l’occasion de les assujettir à des maîtres païens : le tort de ces derniers ne redressait rien. Les Juifs en étaient-ils humiliés, et recherchaient-ils les ressources de la grâce de Dieu ? Non, ils étaient orgueilleux et vantards ; et en ce moment même, dans une opposition mortelle, mêlée de ruse malicieuse, ils complotaient contre leur propre Messie, le Messie de Dieu. « Dis-nous donc : que penses-tu ? Est-il licite ou non de payer le tribut à César ? Mais Jésus, ayant perçu leur méchanceté, dit : « Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ? Montrez-moi la monnaie du tribut » (22:17-19). Ils apportèrent un denier, et reconnurent dessus l’image et l’inscription de César, et ils entendirent la sentence irréfutable : « Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu » (22:20-21). Si les Juifs L’avaient honoré, ils n’auraient jamais été asservis à l’homme ; mais maintenant qu’ils l’étaient par leur propre péché et leur folie, ils étaient obligés d’en accepter l’humiliation. Ni les pharisiens ni les hérodiens ne ressentaient le péché ; et si l’un ressentait la honte dont l’autre se glorifiait, le Seigneur les forçait à regarder en face la position réelle à laquelle leur iniquité les avait réduits ; en même temps Il leur indiquait ce qui, s’ils y prêtaient attention, serait le signe avant-coureur d’une délivrance divine.
« Le même jour, les sadducéens, qui disent qu’il n’y a pas de résurrection, s’approchèrent de lui et l’interrogèrent, disant : Moïse a dit… » (22:23-33). Ainsi l’incrédulité est aussi fausse et malhonnête [sadducéens] que la prétendue justice de l’homme [pharisiens]. Si les pharisiens pouvaient être de mèche avec les hérodiens et faire semblant d’être loyaux envers César, ainsi les sadducéens pouvaient bien plaider Moïse, comme si la parole inspirée avait une pleine autorité sur leurs consciences ! Mais le Seigneur, mettant à nu l’hypocrisie de ceux qui s’érigeaient en religieux, détecta également ce que les sceptiques ne soupçonnent jamais, à savoir que leurs difficultés ne découlent pas seulement de la méconnaissance de la puissance de Dieu, mais de l’ignorance pure et simple — quelle que soit leur auto-suffisance et leur vanité. « Vous errez, ne connaissant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ». La foi, au contraire, voit clair, tout comme elle compte sur Dieu selon la révélation de Lui-même dans la Parole.
Le Seigneur ne montre pas seulement que leur sophisme est une pure incompréhension de l’état de résurrection, mais il prouve (et cela à partir de Moïse aussi, sans aller plus loin) que la résurrection des morts est une partie essentielle du dessein et de la vérité de Dieu. Une déclaration supplémentaire est donnée dans Luc quant à la vie intermédiaire de l’esprit séparé du corps. Mais dans notre évangile, le seul point est que les morts ressuscitent, parce que Dieu s’est déclaré être le Dieu des pères après leur mort ; et, de l’aveu général, il n’est pas le Dieu des morts (les disparus, comme le pensaient les sadducéens), mais des vivants. S’il était leur Dieu dans l’état où ils étaient quand Il parlait à Moïse, Il devait être le Dieu des morts, ce que les sadducéens avaient été les premiers à nier. Il était d’autant plus important que Dieu se révèle ainsi à Moïse, par qui le système de la loi avait été introduit, avec ses récompenses et punitions visibles et la ruine certaine de tous ceux qui s’y accrochaient par incrédulité, et s’accrochaient aux choses présentes, méprisant les promesses qui dépendaient de « la Semence » et de la résurrection. Ainsi l’incrédulité amène involontairement Christ à faire ressortir avec une clarté divine la puissance et le dessein de Dieu révélé dans l’Écriture, et ceci justement sur le terrain choisi par ceux qui voulaient créer la difficulté. Le propos de Dieu de bénir pleinement Israël en puissance de résurrection, est affirmé, après qu’Il ait montré la nécessité de s’occuper de leur péché en les assujettissant entre temps aux Gentils.
Si les Pharisiens s’étaient retirés avec étonnement, ils étaient loin d’être réduits au silence ; et, en effet, ils s’agitent de nouveau lorsque leurs rivaux sceptiques sont, eux, réduits au silence. Ils s’assemblent ; puis un juriste (docteur de la loi) « éprouve» le Seigneur, mais en fait il ne fait que tirer de Lui un parfait sommaire de justice pratique. Ils discutent et mettent à l’épreuve : Jésus était l’expression de toute la perfection de la loi et des prophètes, et beaucoup plus encore, Il était l’image de Dieu Lui-même en grâce comme en justice ici-bas : non pas comme Adam, qui s’est rebellé contre Dieu, ni comme Caïn, qui n’a pas aimé son prochain, mais tua son frère (22:34-40).
Et maintenant il appartenait au Seigneur de leur poser la question des questions, non seulement pour un pharisien, mais pour toute âme : « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il le fils ?» Il était le fils de David, cela est très vrai. Mais était-ce toute la vérité ? « Comment donc David, en esprit, l’appelle-t-il Seigneur, en disant : L’Éternel a dit à mon Seigneur… ». Comment pouvait-il être à la fois fils de David et Seigneur de David ? C’était la vérité toute simple, la clé de toute l’Écriture — le chemin, la vérité, la vie — l’explication de Sa position, le seul espoir pour la leur. Mais ils restèrent muets. Ils ne connaissaient rien, et ne pouvaient rien répondre. « À partir de ce jour, plus personne n’osa Lui poser de questions ».
Le chapitre 22 a réduit au silence ceux qui prétendaient avoir le plus de lumière. Ne croyant pas en Christ, ils étaient destitués de la seule clef susceptible de leur ouvrir l’Écriture ; et le Psaume 110 qui rend pourtant un témoignage brillant à leur Messie, était une nuée ou brouillard épais, non seulement pour les égyptiens d’alors et d’autrefois, mais maintenant pour Israël. Ils ne voyaient pas Sa gloire, et étaient donc irrémédiablement déconcertés, incapables de comprendre que David, parlant par l’Esprit, puisse appeler son fils son Seigneur.
Dans ce chapitre 23, le Seigneur prononce la condamnation de la nation, et par-dessus tout non pas celle des gens qu’on serait le plus porté à dénoncer, non pas celle des gens ouvertement hors la loi, dévergondés ou violents, ni celle des Sadducéens sceptiques et amis de leurs aises, mais la condamnation de ceux qui étaient tenus généralement en la plus haute estime à cause de leur connaissance et de leur sainteté religieuse. C’est toujours le cas dans les voies de Dieu à l’égard de Son peuple. La conscience, l’homme, le monde même peuvent juger l’immoralité grossière avec plus ou moins d’exactitude. Dieu voit et évite ce qui a bonne apparence aux yeux humains, tout en étant faux et profane. La Parole de Dieu montre explicitement qu’il faut qu’il en soit ainsi. Les malheurs les plus terribles en réserve pour ce monde, ne sont pas ceux destinés aux ténèbres du paganisme, mais au judaïsme rebelle comme à la chrétienté corrompue, c’est-à-dire le domaine où la vérité est le plus connue et où les privilèges les plus excellents ont été conférés, mais dont, hélas ! la puissance a été méprisée et niée. Cela ne veut pas dire que, quand Dieu se lèvera en jugement, il laissera les nations païennes impunies. Elles n’échapperont pas au châtiment, et boiront certainement leur part de coupe du jugement. « Écoutez cette parole que l’Éternel prononce sur vous, fils d’Israël, sur la famille entière que j’ai fait monter du pays d’Égypte, disant : Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3:1-2). Il en est maintenant également de même avec les Gentils professants : plus la lumière accordée a été complète, plus riche a été la grâce révélée dans l’évangile, plus il y a de raisons fortes pour que des jugements impitoyables atteignent la chrétienté, quand le glas de la vengeance divine sonnera pour ceux de la terre qui ne connaissent pas Dieu et n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ (2 Thes. 1:8). Le Seigneur ne voit pas comme l’homme voit, à la fois en grâce et en jugement : car l’homme regarde à l’apparence, mais le Seigneur regarde au cœur (1 Sam. 16:7). Jésus ne parlait pas autrement dans la scène que nous avons sous les yeux.
Il est cependant remarquable que dès le début du premier verset, Il parle « aux foules et aux disciples ». Ils étaient encore, dans une grande mesure, vus comme allant ensemble, et il en a été ainsi jusqu’à la mort et à la résurrection de Christ ; et même alors, le Saint Esprit n’a brisé les liens que lentement, un par un, et ce n’est que peu avant la destruction de Jérusalem qu’Il fait entendre Sa dernière parole au résidu Juif (chrétien, alors, bien sûr) par plusieurs témoins. Mais en principe, il n’y avait pas de séparation [du résidu fidèle d’avec la foule, la masse] et il ne pouvait pas y en avoir avant la croix. Il y a donc une erreur fatale à se servir de ce qui avait lieu en Israël avant la mort de Christ comme argument pour négliger la sainte union à part du monde, à laquelle les croyants sont appelés depuis ce jour capital. Avant la mort de Christ, le fondement de cette union n’était même pas encore posé, le mur de clôture subsistait encore (Éph. 2:14), et bien que la foi qui pénétrait jusqu’au plus profond de la gloire de la personne du Seigneur, ne manquait pas de récolter une riche récompense et un accueil parfait, cependant il aurait été prématuré, et même contraire à l’ordre divin, de conduire les Juifs hors du camp (Héb. 13:13), ou de les réunir avec les Gentils en un seul corps avant la croix. Plus la sentence prononcée ou exécutée par Dieu est solennelle, plus le déploiement de Sa patience est grand et merveilleux. Et s’Il nous appelle à la patience, combien la Sienne est étonnante ! Combien la patience a Son œuvre parfaite dans Son cas ! (Jacq. 1:4). Mais que dire alors de l’esprit qui abuse de Sa patience envers ce qu’Il va juger, niant par-là la vérité également certaine de Son amour sensible et de Son soin jaloux sur ceux qui sont en Christ dans la proximité de relation la plus intime avec Lui ? Il parle paix à Ses saints, mais qu’ils ne retournent pas à la folie (Ps. 85:8).
Cela faisait donc partie de la mission juive de notre Seigneur de dire : « Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse. Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et observez-les » (23:2-3). Mais Il prenait soin de donner des avertissements pour que les scribes et les pharisiens ne soient à aucun égard la norme personnelle du bien et du mal. « Ne faites pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas ». Ils étaient en eux-mêmes des phares, modèle du mal, de ce qui n’est pas droit (23:4-7). Et pourtant, non seulement les disciples sont encore mis dans la même catégorie que les foules, mais alors que le Seigneur dénoncent très sévèrement ces guides religieux, les disciples sont déclarés par le Seigneur Lui-même être encore tenus de reconnaître ceux qui sont assis dans la chaire de Moïse. C’est là qu’ils étaient en fait, et le Seigneur maintient, au lieu de la dissoudre, l’obligation de les reconnaître, eux et tout ce qu’ils mettaient en avant, en tout cas ce qui provenait de la loi, non pas ce qui provenait de leurs traditions. C’était honorer Dieu malgré les hypocrites qui ne cherchaient que l’honneur des hommes pour eux-mêmes. Mais cela n’offre aucune justification pour les faux apôtres ou leurs successeurs pleins d’illusion aujourd’hui. Car les apôtres n’avaient pas de chaire comme celle de Moïse, et le christianisme n’est pas un système d’ordonnances ou d’observances formelles comme la loi, mais là où il est réel, il est le fruit de l’Esprit par la vie en Christ, qui est formée et nourrie par la Parole de Dieu.
On a insisté récemment avec assurance, dans des cercles dont on aurait mieux espéré, que comme les saints de l’Ancien Testament comptaient sur Christ, et qu’ils avaient la vie éternelle par la foi, bien qu’ils fussent sous la loi, ainsi maintenant nous qui croyons en Christ sommes malgré tout sous la loi comme eux, et au même sens qu’eux, même si, comme eux, nous sommes justifiés par la foi. Or, cela a beau paraître plausible et normal à certains, je n’hésite pas à déclarer cela très mauvais. C’est ramener délibérément les âmes dans la condition dont l’œuvre de Christ nous a tirés et délivrés. Les Juifs d’autrefois étaient placés sous la loi par le sage conseil de Dieu, jusqu’à ce que vienne la Semence promise pour opérer une complète délivrance ; et les saints du milieu des Juifs, bien que s’élevant au-dessus de cette position par la foi, étaient durant toute leur vie assujettis à la servitude et à l’esprit de crainte (Héb. 2:15). Christ nous a affranchi, par la grande grâce de Dieu, par Sa mort et Sa résurrection, à la suite de quoi nous avons reçu l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : « Abba, Père ». Pourtant, malgré le témoignage clair rendu par Dieu au changement capital apporté par la venue de Son Fils, et malgré l’accomplissement de Son œuvre et le don du Saint Esprit, voilà qu’on propose ouvertement et sérieusement, comme si cela faisait partie de la foi une fois enseignée aux saints (Jude 3), que cette œuvre merveilleuse et ce déploiement de la grâce divine soient mis de côté, avec ce qui en résulte pour le croyant, et que l’âme soit replacée sous l’ancien joug et l’ancienne condition. C’est sans doute certainement et précisément l’objectif de Satan, un effort pour effacer tout ce qui caractérise le christianisme par le moyen d’un retour au judaïsme. Le seul point qui étonne, c’est de trouver un pareil aveu éhonté sur le sujet, de la part de gens qui ont professé la lumière de l’évangile.
La vraie réponse à une aussi mauvaise compréhension de Matthieu 23, et une aussi mauvaise application de portions semblables de la sainte Écriture, est que jusqu’à ce point, notre Seigneur continuait Sa mission proprement messianique (et Il l’a fait jusqu’au dernier moment) ; et cela impliquait que la nation et le résidu soient maintenus sous la loi, et non pas sous la puissance libératrice de Sa résurrection. Cependant aucun des disciples ne pouvait encore dire : « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus [ainsi]. En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation » (2 Corinthiens 5:16-18). Maintenant, au contraire, ceci est devenu le langage normal du chrétien. Il ne s’agit pas d’atteindre spécialement un niveau extraordinaire de foi, mais de se soumettre simplement et présentement à tout le témoignage chrétien rendu dans le Nouveau Testament. Et je peux ajouter, que ce que la loi était pour les Juifs, la Parole de Dieu dans toute son étendue, l’est pour les chrétiens, spécialement cette partie du Nouveau Testament qui est fondée sur la mort, la résurrection, la glorification de Christ et l’envoi du Saint Esprit ici-bas, et qui vient à la suite de cela. Même si nous étions Juifs, l’ancien lien est dissous par la mort, et nous sommes mariés à un autre (voir début de Rom. 7), à Christ ressuscité d’entre les morts. Ainsi, avoir à la fois Christ et la loi comme guide et comme règle, c’est comme avoir deux maris en même temps ; c’est une sorte d’adultère spirituel. Même soumis les uns aux autres en grâce (Éph. 5:21), nous n’avons à tenir compte d’aucune autorité sinon celle de Dieu dans les choses de Dieu.
Certes nous pouvons et devons tirer un profit moral de la censure adressée par notre Seigneur aux scribes et aux pharisiens : car qu’est-ce que le cœur ! (Jér. 17:9). Nous avons à nous garder d’imposer aux autres ce que nous négligeons d’observer nous-mêmes. Nous avons à veiller à ne pas faire les œuvres pour être vus des hommes. Nous avons à prier pour ne pas admettre l’esprit du monde, pour ne pas être à la recherche de la prééminence, au dedans et au dehors (23:4-7).
La vérité est qu’ici comme partout, la puissance de la vérité et la bénédiction dépendent de l’acquiescement de cœur à la gloire de Christ sous une forme ou sous une autre, et à la suite de cela, à notre participation à Ses pensées et Ses sentiments. D’où les paroles : « Mais vous, ne soyez pas appelés : Rabbi ; car un seul est votre conducteur, [le Christ] ; et vous, vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre père, celui qui est dans les cieux. Ne soyez pas non plus appelés conducteurs ; car un seul est votre conducteur, le Christ » (23:8-10). Il ne s’agit pas ici des dons variés que le Seigneur a conférés par le Saint Esprit à Ses membres dans Son corps, l’Église, mais il s’agit de l’autorité religieuse dans le monde, et d’un certain statut et d’un certain respect attribués en vertu d’une fonction ou d’une position ecclésiastique. Ce serait gouverner les choses divines selon les principes des hommes, et récompenser le fruit de la grâce de Dieu, s’il y en a du réel, par ce qui s’adresse au cœur humain et qui fait plaisir à son vil égoïsme. Ainsi tout en affirmant l’autorité de la loi dans la sphère pour laquelle elle a été donnée, il y a un accroissement progressif de la sévérité dans la dénonciation de l’indignité morale de ceux qui s’en servent pour s’exalter eux-mêmes. Mais jusqu’ici il n’y a aucun développement des bienheureuses ressources que Son amour a voulu donner, une fois monté en haut, pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ (Éph 4:12). Mais le grand principe moral du royaume (qui reste toujours vrai, je n’ai pas besoin de le dire) est appliqué ici : « Le plus grand de vous sera votre serviteur. Et quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé » (23:11-12). La croix et la gloire divine n’ont fait qu’accentuer la valeur et l’importance de ces paroles du Sauveur ; mais auparavant et indépendamment du nouvel ordre de choses dans l’Église, ces paroles portaient Son empreinte et avaient cours pour le royaume.
Les scribes et les pharisiens étaient en contraste net avec ce modèle du vrai service pour les disciples, et le Seigneur va maintenant prononcer huit malheurs solennels contre eux (23:13-33). Que pouvait-Il dire d’autre au sujet de gens qui non seulement n’entraient pas dans le royaume des cieux, mais qui empêchaient ceux qui étaient disposés à y entrer ? Ceux qui cherchaient l’influence religieuse sur les faibles et les sans défense, en vue de faire du gain, que méritaient-ils d’autre ? Certes leur zèle pour faire des prosélytes était infatigable, mais quel en était le fruit pour Dieu dans les âmes ? Ceux qui étaient enseignés, n’étaient-ils pas, comme d’habitude, le meilleur signe indicateur de pareils enseignants, comme étant plus simples et plus honnêtes selon la chair, francs et ouverts quant à leurs voies, leur but et leur esprit ? Ensuite [23:16-22] on a la mise à nu du coupage de cheveux en quatre au moyen de distinctions extérieures, tout en méconnaissant réellement l’autorité de Dieu ; et il y a [23:23-24] l’insistance sur des violations infimes jointe à la négligence de la vérité morale éternelle la plus claire. Ensuite [23:25-28] sont découverts les efforts pour avoir de l’apparence extérieure, malgré l’impureté intérieure, et ceci à la fois dans le travail et la vie et les personnes, lesquelles étaient pleines de perfidie et propre volonté, tout en se parant [23:29-33] et affectant une grande vénération pour les prophètes et les justes qui avaient souffert autrefois, sans plus agir désormais sur les consciences. Ce dernier point leur donnait beaucoup de crédit. Cet étalage d’honneur rendu aux justes morts et disparus, voilà ce qui coûte le moins et qui, dans ce monde, rapporte le plus de réputation religieuse, spécialement quand on se rattache à eux en apparence, comme si l’on était dans la même association. La succession semble naturelle, et cela semble être de la dureté que d’accuser ceux qui honorent aujourd’hui les saints morts, spécialement de les accuser d’avoir le même esprit de rébellion que ceux qui les persécutaient et les mettaient à mort en leur temps. Mais (23:34-35) le Seigneur les testait d’une manière rapide et décisive, et démontrait l’inclination réelle et l’esprit de la religion du monde. « C’est pourquoi voici, moi, je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; et vous en tuerez et vous en crucifierez, et vous en fouetterez dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, en sorte que vienne sur vous tout le sang juste versé sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel ». C’était (23:36) moralement et tout le temps la même race avec le même caractère. Dans Son juste gouvernement, le Seigneur ajoute : « En vérité, je vous dis : toutes ces choses viendront sur cette génération ». Ainsi serait jugée la pleine mesure, qui avait commencé par leurs pères et avait été complétée par eux (23:32). Ils étaient hypocrites sur tous les chefs d’accusation relevés par le Seigneur, et étant aussi coupables que le pire de leurs prédécesseurs, ils allaient bientôt montrer où ils en étaient vraiment de leur auto-satisfaction. Ils étaient effectivement des serpents, de la race des vipères. Comment pourraient-ils échapper au jugement de l’enfer ?
Pourtant, combien est touchante ici la lamentation du Seigneur sur la cité coupable, Sa propre cité : « Jérusalem, Jérusalem, la [ville] qui tue les prophètes, etc. » (23:37). Sa gloire éclate plus que jamais ; le Messie rejeté est en vérité l’Éternel (Jéhovah). Lui avait voulu les rassembler, et combien de fois ! mais eux ne le voulaient pas. Ce n’était plus Sa maison, ni la maison de Son Père, mais la leur, et elle leur est laissée désolée. Néanmoins, malgré cette parole de jugement si solennelle, il y a espoir à la fin. « Car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (23:39). Israël doit encore voir son Roi, mais pas avant qu’un résidu pieux d’entre eux se convertisse pour l’accueillir au nom de l’Éternel.