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La petite corne orientale : Daniel 8

William Kelly [ajouts de Bibliquest entre crochets]

Bible Treasury, N1 p.86 et suiv. Juin 1896
et Writings on Prophecy, p.49-52 (Present Truth Publishers)

 

[Plusieurs textes annoncent l’antichrist et le temps terrible lorsqu’il sera l’associé du chef de l’empire romain. Daniel 8 évoque un roi audacieux, puissant, dominateur, ayant une intelligence surnaturelle. Est-ce le même personnage ? À quelle sombre époque du monde correspond-il ? Comment se fait-il que l’Iran soit si opposé à Israël aujourd’hui alors que la Perse d’autrefois (Cyrus) a été si favorable à Israël ?]

 

Table des matières :

1       [Une succession de puissances du monde jusqu’au temps de la fin, avec un éclairage progressif]

2       [Changement de symboles entre Daniel 7 et 8 : royaumes amis et ennemis des Juifs]

3       [Romains 11 : le peuple d’Israël est aujourd’hui encore rejeté, mais les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir]

4       [Bienveillance des Perses et de Cyrus envers les Juifs]

5       [Valeur absolue et immuable des communications de Dieu par Son Esprit]

6       [Les Perses, bienfaiteurs d’Israël, représentés autrement qu’au ch. 7]

6.1         [Représentation par des animaux purs, mais conflits entre eux]

6.2         [Dualité Perse-Médie et la prépondérance de la Perse]

7       [La puissance grecque d’Alexandre le Grand]

8       [Daniel 11 parle de deux rois issus de l’empire grec. Dan. 8 ne parle que d’un à la fin de l’indignation]

9       [La fin de l’indignation : de quoi s’agit-il ?]

10     [La chrétienté n’est pas visée par ces prophéties. Rechute idolâtre et apostate d’Israël à la fin]

11     [La chrétienté n’est pas moins coupable qu’Israël, mais Dieu est fidèle, apportant la grâce et la vérité]

12     [Des puissances du passé resurgissent à la fin]

13     [État idolâtre extrême des Juifs de la fin]

14     [Le roi audacieux du ch. 8 correspond au ‘roi du Nord’ du ch.11, ennemi de l’Antichrist »

 

 

 

1         [Une succession de puissances du monde jusqu’au temps de la fin, avec un éclairage progressif]

Dans les ch. 2 et 7 de Daniel, nous avons eu devant nous surtout l’Occident, qui, parmi les puissances terrestres, était l’objet principal vu par le prophète et dévoilé par l’Esprit de Dieu. Il est le quatrième et dernier empire de l’homme, et sa renaissance sous la puissance de Satan est l’occasion qui amènera le Seigneur Jésus du ciel (2 Thes. 2:8 ; Apoc. 17:19) pour juger le monde et établir ce qui est appelé dans l’Apocalypse (11:15) « le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ ». Il s’ensuit que le Christ n’a pas encore reçu Son ‘royaume du monde’. Il est clair que l’état de choses annoncé sous la septième trompette n’est pas encore arrivé, mais il arrivera certainement en temps voulu. Cela doit clairement avoir lieu à la fin du présent siècle ou dispensation, qui est suivi par le « siècle à venir », une nouvelle ère [ou : âge] avant l’état éternel.

Or on trouve que toutes ces visions du Livre de Daniel, soit faites à Nebucadnetsar soit annoncées au prophète, se rapportent au « temps de la fin », cette époque mentionnée au dernier chapitre. Au fur et à mesure que de nouvelles visions sont données, une lumière supplémentaire est fournie, sinon il n’y aurait aucune raison de les donner toutes. Toutes, plus ou moins, se terminent évidemment par un jugement divin sur la puissance à laquelle elles se rapportent. De plus, il est clair que la vision de Dan. 8 est de nature relativement limitée. On a d’abord une revue préliminaire des deuxième et troisième empires ; on peut se demander pourquoi une branche du troisième empire [grec] doit s’étendre jusqu’au temps encore futur où le Seigneur viendra en puissance et en gloire judiciaires. Or la raison de ceci va apparaître tout à l’heure. Rappelez-vous de la vérité déjà énoncée, à savoir que ces puissances ou empires du monde sont successifs et se remplacent l’un l’autre, sans qu’il y ait aucune indication qu’ils cessent d’exister lorsqu’ils perdent leur pouvoir suprême. Ils conservent une position subordonnée après avoir été subjugués ; mais on voit que leur existence persiste. Ceci est indiqué expressément en Dan. 7:12 : « Quant aux autres bêtes, la domination leur fut ôtée ; mais une prolongation de vie leur fut donnée, jusqu’à une saison et un temps ».

 

2         [Changement de symboles entre Daniel 7 et 8 : royaumes amis et ennemis des Juifs]

Ici [en Dan. 8], il est maintenant parlé de l’empire Perse, mais la Perse [(*)] n’est plus représentée sous l’image d’un ours comme en Dan. 7. En Dan. 7 le jugement moral du Saint Esprit s’exprimait symboliquement à l’égard de la Perse comme des autres puissances. Ce ne sont plus les bras et la poitrine d’argent, comme ce que voyait Nebucadnetsar. La gloire de la Perse est quelque peu diminuée par rapport au royaume de Babylone sous Nebucadnetsar ; mais c’était encore un royaume conquérant de grande énergie, surtout au début. Quelle est la raison du changement de l’ours de Daniel 7 devenant le bélier dépeint en Dan. 8:2 ? Il semble y avoir une raison très intéressante. Les deuxième et troisième royaumes étaient amis avec Israël d’une manière à laquelle ni Babylone ni Rome n’ont pu prétendre. Rome a toujours été jusqu’ici l’ennemi des Juifs. Rome a rasé la ville et le sanctuaire de Jérusalem jusqu’à ses fondements [Ps. 137:7]. Seuls les Édomites ont été des persécuteurs des Juifs aussi acharnés que les Romains. Et c’est ainsi que les rabbins identifient l’Édom d’autrefois avec Rome de l’époque moderne, comme l’ennemi impitoyable du peuple terrestre de Dieu, répudié pour un temps à cause de ses péchés.

 

[(*) On rappelle que la Perse correspond à l’Iran actuel]

 

3         [Romains 11 : le peuple d’Israël est aujourd’hui encore rejeté, mais les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir]

Sans doute la culpabilité d’Israël était inexcusable et éhontée, mais Dieu n’a pas rejeté pour toujours Son peuple qu’Il a préconnu [Rom. 11:2 ; Ps. 74:1] ; Il peut être indigné [Lam. 2:6 et bien d’autres], mais a toujours pitié d’eux [Joël 2:18] ; et Il regarde vers le jour où Il rassemblera Israël des pays du levant et du couchant, du nord et du midi [Ps. 107:3]. Car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance [Rom. 11:29]. Tout ce que Dieu donne, Il s’y tient ; et tôt ou tard, lorsque le jour viendra où Sa grâce opérera selon Sa promesse, Son appel sera effectif. Les Juifs sont maintenant ennemis en ce qui concerne l’évangile [Rom. 11:28], et pendant ce temps la grâce amène les Gentils à Dieu. Mais en ce qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères [Rom. 11:28]. Car, comme les Gentils étaient jadis désobéissants à Dieu, mais sont maintenant devenus des objets de miséricorde par l’incrédulité des Juifs, de même ces derniers ont été désobéissants à votre miséricorde, afin qu’eux aussi puissent devenir des objets de miséricorde [Rom. 11:30-31]. Car Dieu a renfermé tous dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous [Rom. 11:32]. Et ainsi, quand la plénitude des nations sera entrée, tout Israël sera sauvé (Rom. 11:25-26). Il ne devrait y avoir aucun doute sur le fait que leur appel était de Dieu et est certain à la fin. Tout chrétien le sait pour lui-même et pour l’église ; mais ils ne devraient en aucune manière le remettre en question pour les Juifs. Rom. 11:29 [« les dons de grâce de Dieu et l’appel sont sans repentir »] est dit expressément par l’apôtre lui-même à l’égard d’Israël, bien que le principe soit également vrai pour nous qui ne devrions jamais oublier Son peuple et la miséricorde que Dieu a en réserve pour eux.

 

4         [Bienveillance des Perses et de Cyrus envers les Juifs]

Or il y a eu une bienveillance exceptionnelle de la part des Médo-Perses ; on le voit dès le début dans la conduite de Darius, qui fut le premier chef de cet empire mentionné dans ce livre de Daniel (Dan. 6). Si Babylone fut la puissance qui réduisit les Juifs en esclavage et en captivité, Cyrus fut par excellence le restaurateur des Juifs dans leur propre pays ; et ceci dès la toute première année de son règne. Il est clair que les prophéties de Dieu l’ont puissamment influencé. Il est vrai qu’il ne connaissait pas Dieu ; mais Dieu le connaissait, et cela le frappa immensément. Il ne fut pas désobéissant à la vision, comme le sont aujourd’hui certains chrétiens de nom. Ésaïe n’a pas écrit ses ch. 44 et 45 en vain, notamment pour lui. Daniel aussi était célèbre parmi les Juifs et les Gentils avant ce jour-là ; car les prophètes se connaissaient les uns les autres et avaient la plus grande révérence pour leurs prédécesseurs. C’est le propre d’un siècle vaniteux de lever sa tête mesquine et de la secouer en face de la parole de Dieu, alors que ce qui ouvre la porte de la véritable intelligence dans l’Écriture, c’est au contraire la foi, et par conséquent l’amour pour tout ce qui est de Dieu.

 

5         [Valeur absolue et immuable des communications de Dieu par Son Esprit]

Christ est personnellement le pain vivant descendu du ciel, afin que celui qui en mange vive éternellement [Jean 6:50-51] ; et il en est de même de Sa parole écrite, le soutien de cette vie : non pas le pain, mais la parole de Dieu, et de façon à ne pas pouvoir être anéantie [Jean 10:35], même si, dans le détail, l’homme peut l’endommager comme il le fait à l’égard de tout. Combien le baptême chrétien a été perverti ! et la Cène du Seigneur, que de divergences profondes dans la manière de la prendre ! Et que dire de la prêtrise, du ministère, de l’église elle-même, et cela dès les premiers siècles ? — La parole de Dieu peut être pervertie par ignorance ou par malignité ; si elle est traduite fidèlement, elle demeure, et rien n’est aussi admirable. Même les érudits du monde ne cessent de s’en occuper. Qui dans la chrétienté, hormis les littérateurs, se soucie des Vedas ou de l’Avesta ? du Yik-king, du Shooking ou du She-king ? ou du Coran pour ce qui est plus récent ? C’est un fait remarquable que de simples rationalistes qui ne croient rien de la vérité chrétienne, passent toute leur vie à s’occuper de la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Un petit nombre d’érudits consulte les livres païens pour y trouver les croyances des races anciennes ; mais pensez aux nombreux sceptiques baptisés qui se livrent à l’étude de la Bible durant toute leur vie ! Nul doute qu’ils ne manquent pas d’arrogance pour traiter les sujets les plus saints ; et ils n’hésitent pas à montrer, par leurs décisions péremptoires, la médiocrité de leur qualité de critiques, ainsi que les étranges carences de ceux dont ils divergent ou qui leur sont opposés. Quel contraste avec ceux qui sont inspirés par l’Esprit, à la fois dans la communication de leurs messages et dans l’estimation qu’ils font des prophètes d’autrefois !

 

6         [Les Perses, bienfaiteurs d’Israël, représentés autrement qu’au ch. 7]

Quoi qu’il en soit, Daniel 7 se sert d’un ours et d’un léopard comme symboles des empires perse et macédonien, alors que Daniel 8 les représente par un bélier et un bouc. Nous pensons que la raison de ce changement tient à la portée rapprochée de ce ch. 8 à l’égard d’Israël, et à la bienveillance manifestée par ces empires à leurs débuts. Cyrus et Darius Hystaspes se distinguent nettement comme bienfaiteurs d’Israël ; et Alexandre le Grand lui rendit un grand honneur, que nous recevions ou non le récit de Josèphe sur la rencontre du Souverain Sacrificateur [= grand prêtre] avec Alexandre et le respect que ce vainqueur lui a rendu.

 

6.1        [Représentation par des animaux purs, mais conflits entre eux]

Bien que devant Dieu, les Médo-Perses et les Macédoniens ne fussent que des « bêtes » pas meilleures que les Babyloniens avant eux ou les Romains après eux, Dieu n’a pas manqué d’apprécier la bonté envers Son peuple châtié. D’où le changement des symboles en Daniel 8 par rapport à Daniel 7. Dans cet aspect particulier, ils sont présentés comme des animaux purs [Lév. 11]. Les premiers, les Médo-Perses, sont vus comme un bélier, ensuite les Grecs [= Macédoniens] comme un bouc. Quelle que soit la manière dont ils considéraient les Juifs affligés, ils n’avaient l’un par rapport à l’autre aucune miséricorde, et l’ambition ne faisait pas défaut.

 

6.2        [Dualité Perse-Médie et la prépondérance de la Perse]

Le bélier du ch. 8 est décrit de manière aussi remarquable que l’ours du ch. 7. Il fallait indiquer un pouvoir composite. En Dan. 7 l’ours se dresse sur un côté. En Dan. 8 le bélier a deux cornes, l’une plus haute que l’autre, la plus haute s’élevant en dernier. On ne voit rien de tel avec le lion aux ailes d’aigle de Babylone. Le bouc grec est nettement différent, d’abord avec une corne de grande apparence entre les yeux, et plus tard, quand elle est brisée, avec quatre autres cornes de grande apparence (correspondant aux quatre têtes du léopard [7:6]) s’élevant vers les quatre vents des cieux. La bête romaine est encore plus différente, avec ses dix cornes, et la petite corne qui, par la suite, renverse trois des premières cornes.

La dualité de pouvoir impérial spécifique aux Médo-Perses ressort ainsi clairement des symboles, et elle est en contraste net avec les trois autres empires (un avant, deux après). Mais il n’y a pas que cela : nous avons lu que l’une des cornes est venue après l’autre et est devenue plus haute. C’est l’élément perse qui, bien que plus tardif, a surpassé l’état précédent des Mèdes. Rien de semblable ne se trouve dans aucune autre de ces puissances du monde.

 

7         [La puissance grecque d’Alexandre le Grand]

Il est bien pris soin que, parmi les nations et les royaumes de la terre, on ne puisse rien trouver de réellement analogue au royaume Médo-Perse ainsi assailli et supplanté par Alexandre le Grand. C’est lui bien sûr la corne de grande apparence du bouc. Tout le reste est en contraste avec lui. Aucune autre corne n’arrive à rivaliser avec cette corne de grande apparence. Pourtant elle fut brisée comme ne le furent ni Nebucadnetsar ni Cyrus. Alexandre vint effectivement de l’ouest comme quelqu’un qui ne touchait pas le sol, et dans la fureur de sa puissance il courut sur le pouvoir Perse, qui était jusqu’alors puissant et qui progressait vers l’ouest, le nord et le sud. Pourtant, de la manière la plus étrange et la plus triste, la course d’Alexandre fut interrompue à l’âge de trente-deux ans, en plein milieu de plans ambitieux dépassant tous ses prédécesseurs. Ses généraux commencèrent alors comme souvent, à se battre entre eux, chacun tentant d’hériter de tout, ou à défaut d’avoir le plus gros morceau possible de l’empire brisé macédonien ou grec. Après quelques années de conflit, quatre royaumes émergèrent, quatre cornes de grande apparence. Trouvez si vous pouvez, une histoire quelconque qui corresponde aussi clairement à la vision. Les faits sont notoires et correspondent exactement à la prophétie, et sont en contraste complet avec d’autres conquérants de l’Orient. (*)

 

(*) « À chaque étape de sa course, la langue grecque et la civilisation grecque prirent racine et s’épanouirent ; après sa mort, des royaumes grecs furent formés de toutes parts en Asie et ont continué d’exister pendant des siècles. Par ces conquêtes, les connaissances humaines s’accrurent considérablement, tant les sciences de géographie, d’histoire naturelle et autres. Par ce moyen la route de l’Inde fut ouverte, et les européens prirent l’habitude des produits d’Extrême-Orient » (Dictionnaire de biographie grecque et romaine, de W.Smith, tome 1 p.122).

 

8         [Daniel 11 parle de deux rois issus de l’empire grec. Dan. 8 ne parle que d’un à la fin de l’indignation]

En Dan. 11 deux de ces quatre cornes sont spécifiées, et présentées d’une manière unique et continue, tandis qu’au ch. 8 une seule est sélectionnée. Pourquoi ? C’est à cause de sa portée sur Israël et sur son culte, au mépris de Dieu qui, au temps voulu («la fin de l’indignation»), ne manquera pas de procéder à son jugement. Il ne s’agit pas du tout de la chrétienté, mais de l’ancien peuple de Dieu, déjà captif et dispersé ; cette révélation était donnée au prophète pour l’instruction et la consolation. L’église telle que nous la connaissons maintenant n’existait pas alors, ni rien de semblable. Un seul peuple avait la loi de Dieu, bien qu’il fût brisé et malheureux, parce qu’il était coupable et même apostat, tant lui que ses prêtres [sacrificateurs] et ses rois. Or ils avaient quand même la plupart des écrits de l’Ancien Testament ; et Dieu veillait sur eux avec une patience incomparable. C’est ce qu’Il continue à faire avec la chrétienté déchue en dépit de ces hommes qui se mettent follement à lutter contre Lui et Sa parole. Tandis que les Gentils sont appelés par l’évangile, Dieu n’en a pas fini avec Israël, qui, malgré tout, reste bien-aimé à cause des pères [Rom. 11:28]. « La fin de l’indignation » (litt. : « la dernière fin de l’indignation » ; 8:19) est une expression instructive de ce chapitre, qui montre comment Dieu accomplira certainement les promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob, tout en retranchant les transgresseurs d’Israël. Car Dieu s’attache à Sa parole et à Son serment, bien qu’il nous faille du temps pour attendre le terme. Israël se rendra compte d’un amour beaucoup plus grand que celui des pères, et sur une base plus profonde. Ils sont aimés de Christ et seront amenés à vivre une relation vivante avec l’Éternel dans le cadre de la nouvelle alliance.

 

9         [La fin de l’indignation : de quoi s’agit-il ?]

Il est clair que ce moment n’est pas encore venu. Mais toutes ces visions nous emmènent à la frontière de ce changement merveilleux, si même elles n’en préparent pas l’arrivée. C’est ainsi que vers la fin de Dan. 8 dans l’interprétation donnée à Daniel avec les détails sur le personnage de la fin, nous ne trouvons pas la date indiquée dans la vision et qui semble s’être déjà accomplie sous Antiochus Épiphane, le type de l’ennemi à venir. L’intérêt principal, à la fin, est centré sur ce qui est encore futur : Il n’y a aucune raison de revenir sur le passé après des indications si précises de Celui qui sait. Une information complète est donnée immédiatement après à partir du v. 19, où nous lisons « Voici, je te fais connaître ce qui aura lieu au dernier temps (ou : à la fin) de l’indignation ». Quel a été le début de l’indignation ? Que signifie « l’indignation » ? Ce mot est utilisé en premier par le prophète Ésaïe, spécialement au ch. 10, et il y est appliqué de la même manière pour autant qu’on le sache : il s’agit du saint déplaisir de Dieu en face de l’idolâtrie et des corruptions persistantes d’Israël. C’est pourquoi Il finit par laisser les Gentils non seulement devenir leurs maîtres, mais aussi utiliser leur victoire pour les expulser du pays. La « fin de l’indignation » se terminera par leur restauration intérieure et extérieure, selon le témoignage de tous les prophètes. Cela n’a rien à voir avec les chrétiens ni avec l’église.

 

10    [La chrétienté n’est pas visée par ces prophéties. Rechute idolâtre et apostate d’Israël à la fin]

Les interprètes chrétiens se torturent en vain les méninges pour introduire leurs propres relations avec Dieu et avec son Fils ; tandis que les papistes essaient d’y rattacher Luther ou Mahomet, les protestants font de même avec le pape. Mais ce genre de controverse est une manière totalement inintelligente de lire la prophétie. En outre elle va de pair avec le levain égoïste et schismatique qui a également produit les divisions anormales de la profession chrétienne, et qui s’y perpétue. Nous devons certainement chercher à comprendre les Écritures par le Saint-Esprit que nous avons et dont c’est le rôle, entre autres ; et nous n’avons ni à les forcer ni à les tordre, que ce soit pour surpasser les autres interprètes ou par commodité pour nous. Par l’Évangile, nous avons une bonne mesure, pressée et secouée et qui déborde [Luc 6:38]. Étant largement bénis dans le Seigneur Jésus-Christ et par Son œuvre parfaite, nous ne devrions pas être tentés de retirer quoi que ce soit à Israël. À cause de l’idolâtrie d’abord, puis du rejet de Christ, ils sont là dans la pire condition, dispersés et bannis jusqu’au dernier jour, où ils doivent traverser une tribulation sans précédent [(*)] ; et à quoi celle-ci peut-elle être due, sinon à une apostasie nationale ? Ils reviendront une fois de plus aux idoles, ce à quoi ils ne pensent guère, et établiront « l’abomination de la désolation » dans le sanctuaire. Ils ont refusé Christ, ils recevront l’antichrist en retour. Dieu ne châtie jamais et ne livre jamais Son peuple à ses ennemis, à moins qu’ils ne s’éloignent de Lui de manière flagrante. Son amour blessé prouve qu’Il est un Dieu jaloux, et Il a de l’indignation contre les énormités de Son peuple. Le jugement commence là.

 

[(*) ce texte a été écrit en 1896. La situation en ce début du 21ème siècle est meilleure, mais c’est certainement temporaire puisqu’une tribulation sans pareille est annoncée tant dans les prophètes que dans les évangiles (Dan. 12:1 ; Matt. 24 et autres)].

 

11    [La chrétienté n’est pas moins coupable qu’Israël, mais Dieu est fidèle, apportant la grâce et la vérité]

Qu’est-ce que tout cela a à voir avec les chrétiens ou l’église ? C’est par la chute d’Israël que le salut est parvenu aux Gentils [les nations], en vue même de provoquer Israël à la jalousie et de manifester à la fin la miséricorde salvatrice infaillible de Dieu [Rom. 11:11,14]. Vous me direz que les chrétiens sont trop souvent indignes dans leurs comportements, et effectivement ils le sont. Vous me direz que l’église a été au moins autant coupable qu’Israël ne l’a jamais été dans le passé ; cela est si vrai qu’un auteur qui savait ce qui en était du fait qu’il avait lui-même été tour à tour protestant, papiste et libre-penseur, se risqua à dire : « Les annales de la chrétienté sont les annales de l’enfer ». Celui qui prononça ces mots n’a jamais connu le Seigneur dans aucune des phases de sa vie ; pourtant ses paroles ne travestissent pas l’image de la chrétienté. C’était un historien brillant, mais n’ayant pas le Fils de Dieu, il n’avait donc pas Dieu [1 Jean 5:12 ; 2 Jean 9]. Il pouvait voir le mal, mais ne connaissait ni la grâce ni la vérité. C’est là-dessus que le jugement de l’homme se heurte à tout ce qui est divin, tandis que les croyants sont tenus de juger la méchanceté d’une profession chrétienne creuse : « Quiconque est de la vérité écoute ma voix (celle de Christ) » [Jean 18:37]. Le seul vrai Dieu est fidèle et vrai, et après nous avoir donné la grâce et la vérité dans le Seigneur Jésus [Jean 1:18], Il nous appelle à être déterminés et sans compromis devant le monde. Engendrés par la parole de la vérité [Jacq. 1:18], il nous convient de toujours être soigneux quant à la vérité ; or quand nous ne sommes pas assurés que quelque chose soit de Dieu, il est bon d’attendre en silence, mais néanmoins d’apprendre avec ardeur et de nous confier en Son amour.

 

12    [Des puissances du passé resurgissent à la fin]

Pour reprendre le sujet, cette puissance qui s’est élevée (l’une des quatre issues de l’empire grec brisé) a son représentant à la fin de l’indignation. « Le bélier que tu as vu ayant deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse. Et le bouc velu est le roi de Grèce (Javan) ; et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi » [Dan. 8:20-21], c’est-à-dire Alexandre de Macédoine, surnommé le grand.

·      « et qu’elle ait été brisée et que quatre autres cornes se soient élevées à sa place, c’est que quatre royaumes s’élèveront de la nation, mais non avec sa puissance. Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure, il s’élèvera un roi au visage audacieux, et entendant les énigmes » (Daniel 8:22-23).

 

13    [État idolâtre extrême des Juifs de la fin]

Qui sont « les transgresseurs » dans ce passage [8:23] ou d’autres ? Ce sont les réprouvés d’entre les Juifs ; et pourquoi ? Israël est seul à avoir eu la loi de Dieu qui leur a été donnée directement ; ceux qui l’ont violée sont donc qualifiés de « transgresseurs ». Comment l’Écriture décrit-elle les Gentils [ou : nations] ? Ce sont des « pécheurs d’entre les nations » [Gal. 2:5], non pas des transgresseurs. Nous, les nations, étions entrainés vers des idoles muettes, de quelque manière que nous fussions menés, comme le décrit l’apôtre [1 Cor. 12:2] ; et par l’évangile, nous avons été amenés directement de l’idolâtrie à Christ. Les Gentils n’ont pas suivi le genre d’apprentissage légal qu’ont connu les enfants d’Israël. Il est clair que la désignation correcte de notre état païen d’autrefois est donc « pécheurs d’entre les nations ». L’Écriture est plus précise que la théologie ou que n’importe quelle autorité humaine ; et désapprendre la phraséologie ordinaire dans les choses divines est un exercice biblique inestimable.

Le texte laisse entendre ici que les Juifs à la fin de l’ère [ou : du siècle] vont devenir pires que maintenant. C’est ce que disent Ésaïe et les prophètes en général ; et notre Seigneur l’a aussi dit dans ce qu’on peut appeler la parabole de Matt. 12:43-45 . L’esprit immonde qui est sorti d’un homme, et retourne dans sa maison qu’il trouve vide, balayée et ornée, va et prend avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui, et ainsi la dernière condition de cet homme devient pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante. « Vide, balayée et ornée » a été jusqu’alors la condition des Juifs et elle l’est encore. En contraste frappant avec leur manière de vivre d’autrefois, il n’y a plus eu d’idolâtrie parmi eux pendant plus de 2000 ans. La discipline de Dieu en les envoyant à Babylone a fait cesser leur amour invétéré des dieux étrangers, qui n’étaient pas des dieux mais des démons. Comme un apologiste hébreu intelligent l’admettait dans une Quarterly Review il y a quelques années, les Juifs qui ont forcé Pilate à crucifier notre Seigneur, pharisiens, prêtres et tous les autres, étaient juste comme les Juifs d’aujourd’hui. D’accord ; et c’est pour cela que notre Seigneur les caractérisa comme « cette méchante génération » ; mais Il dit ailleurs, « cette génération ne passera pas avant que toutes ces choses soient accomplies » [Matt. 24:34]. C’est toujours le même état moral, jusqu’à ce que tout ce que les prophètes ont prédit au sujet de « la fin » soit accompli. Cette génération qui a rejeté Christ et qui L’a crucifié continue encore ; il y a la même volonté propre, la même inimitié contre Celui qui est venu mourir en sacrifice. Il n’y a pas de changement pour le mieux, pas de repentance pour croire. La maison est toujours « vide, balayée et ornée ». Le Saint-Esprit n’y habite pas. En conséquence, les Juifs, bien qu’assez moraux et exempts d’idolâtrie, n’ont pas de vie avec Dieu et sont ouverts à l’illusion finale. Et c’est ainsi que le Seigneur a déclaré qu’il y aurait un triste changement à la fin ; et ce changement est décrit en parabole par le vieil esprit immonde accompagné de sept esprits plus mauvais que lui, et revenant pour la fin finale. Combien peu les Juifs imaginent qu’ils vont rétablir des idoles ! Cependant cela est certain d’après plusieurs passages de l’Écriture, notamment Dan. 9:27 et 11:38, 39 qui ne sont pas encore accomplis. Ainsi, le dernier état du peuple sera pire que le premier. C’est alors seulement que viendra la délivrance, mais aussi le jugement destructeur pour « beaucoup de gens » [11:44].

 

14    [Le roi audacieux du ch. 8 correspond au ‘roi du Nord’ du ch.11, ennemi de l’Antichrist »

Il en sera de même pour cette génération méchante. Les transgresseurs auront comblé leur mesure, et Dieu permettra une verge des Gentils [És. 10:5] qui s’élèvera sous la forme « d’un roi au visage audacieux et entendant les énigmes » [Dan. 8:23].

·        « Et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance ; et il … corrompra [(*)] les hommes forts et le peuple des saints »

 

L’Écriture décrit Israël selon leurs privilèges et leur responsabilité morale, même s’ils sont aussi loin qu’il est possible d’y répondre ou correspondre.

 

[(*) dans l’original en 8:24 et 8:25, le même mot est traduit soit par « détruire » soit par « corrompre » selon le contexte].

 

·         « Et, par son intelligence, il fera prospérer la fraude dans sa main ; et il s’élèvera dans son cœur ; et, par la prospérité il corrompra beaucoup de gens ; et il se lèvera contre le Prince des princes, mais il sera brisé sans main » (Daniel 8:25 — voir 8:19-25).

 

Cet agent pervers n’est pas le roi qui fait sa volonté [Dan. 11:36 ; ou : « qui agit selon son bon plaisir »], c’est-à-dire l’Antichrist, qui doit régner en Palestine en ce temps-là. C’est un autre roi qui, de l’extérieur, s’opposera à l’Antichrist, et qui ne sera pas moins méchant que lui et périra de manière aussi terrible. C’est le même qui, dans la dernière prophétie de Daniel (11:40-45), est appelé « le roi du nord ». Beaucoup savent sans doute que, de l’empire brisé d’Alexandre, est né le royaume de Syrie qui échut à Séleucus Nicator. Issu de cette lignée, Antiochus Épiphane (Dan. 11:21-32) persécuta les Juifs et outragea le Dieu d’Israël plus que tous les autres, et chercha à détruire les Juifs et leur religion. Qui a surgi comme blocage en ce jour-là ? Un grand empire ? Non, rien de la sorte ; ce fut les Maccabées qui connaissaient leur Dieu et furent forts et actifs [11:32]. Ce mouvement parmi les Juifs, même s’il fut hétérogène, est décrit en Dan. 11:32-35 ; mais nous verrons cela plus tard.