[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
Les fêtes de l’Éternel — Lévitique ch. 23
William Kelly
Table des matières :
1 Généralités sur Lévitique ch. 23
2.2 Le repos de Dieu — Hébreux 3 et 4
2.3 Le sabbat pendant le millénium
4 La fête des Pains sans levain
5 La gerbe tournoyée et les pains tournoyés
5.1.1 La Gerbe type de Christ ressuscité
5.1.2 La Gerbe tournoyée au premier sabbat — le sabbat second-premier
5.2 Les pains en offrande tournoyés, ou la fête des semaines
5.2.4 Le chrétien dans la même position que Christ
5.2.5 La Pentecôte et la grâce de Dieu
5.2.6 Royaume de Dieu en mystère
6 La moisson dans les coins du champ — 23:22
7.1 Signification de la fête des trompettes
7.3 Luc 2 :32 — La révélation des Gentils
8.1 Une vue d’ensemble du 7° mois
8.2 L’affliction du peuple au jour des propitiations
8.3 Les oeuvres de l’homme mises de côté
8.4 Les consciences individuellement atteintes — Zach. 12:9-14
9.1 Gloire sur la terre, et gloire céleste pour l’église
9.6 Encore le 8° jour — Jean 7:37
10 Résumé du ch. 23 et conclusion
La traduction selon WK du texte Biblique n’a été reprise que quand les différences d’avec la version JND étaient notables ; les sous- titres ont été ajoutés par Bibliquest
Le chapitre que nous abordons présente un tableau d’ensemble des rapports de Dieu avec son peuple terrestre, mais sans entrer dans les détails. Il commence par le propos original que Dieu avait devant Lui ; puis vient le fondement qu’Il a posé en vue de son accomplissement ; puis à nouveau, les voies de Dieu en application de l’oeuvre puissante ainsi accomplie ; et enfin, le résultat direct et complet à l’apparition de Christ en gloire, tant en ce qui concerne les choses célestes que les choses terrestres.
On va voir que ce que Dieu avait en vue allait bien au-delà de l’état de son peuple à cette époque-là. Ces fêtes avaient sans aucun doute une application simple et primaire visant les Juifs tels qu’ils étaient alors. Ces fêtes, au moins les principales d’entre elles, contribuaient au dessein de Dieu de rassembler Israël autour de Lui-même au lieu qu’Il avait choisi pour y mettre Son nom. Mais on ne peut pas limiter à cela le but de ce chapitre de l’Écriture. Nous espérons en tirer ce que le Saint Esprit a en vue par le moyen de ces ombres ; car Il avait en vue d’autres choses, bien plus grandes que ce que les hommes sont prêts à admettre. Sous ce point de vue, tout était futur. Nous pouvons voir clairement ce qui a déjà été accompli, et ce qui reste à faire, et aussi l’état actuel constaté. Le Saint Esprit a anticipé dans ces fêtes ce qui a un caractère entièrement différent et supérieur, ce que nous appelons communément le christianisme. Il a aussi levé le voile sur le siècle à venir quand Il établira le royaume en gloire. Que ce soit pour les cieux ou pour la terre, l’accent est mis sur les «saintes convocations» : Dieu, en Christ, veut rassembler les Siens autour de Lui-même. Quelle grâce quand nous pensons à ce que l’homme était et à ce qu’il est devenu !
Nous allons d’abord faire le suivi des opérations de Dieu, non pas littéralement seulement, mais en esprit, puis en gloire et non plus en grâce, non pas seulement pour le ciel mais avant tout pour la terre. C’est une erreur complète de supposer que la gloire de Dieu n’est liée qu’avec le ciel. Sans aucun doute, Il a laissé Satan faire le pire qu’il pouvait, mais Dieu a déjà remporté moralement la victoire en Christ, et d’une manière efficace dans Sa mort et Sa résurrection : cela va bientôt être démontré aux yeux de tous. Mais maintenant nous marchons par la foi et non par la vue. Que ce chapitre de l’Écriture puisse continuer à fortifier la foi des croyants, aussi bien que reprendre ceux qui osent ne pas croire la Parole de Dieu.
Le premier point qui attire d’abord l’attention est le sabbat, introduit d’une manière tout à fait spéciale : ce n’est pas juste mon opinion personnelle, mais il y en a la marque très clairement au commencement du chapitre.
«Et l’Éternel parla à Moïse, disant : Parle aux fils d’Israël, et dis-leur : les fêtes de l’Éternel, que vous publierez comme de saintes convocations, celles-ci seront mes fêtes : Six jours on travaillera ; et le septième jour est un sabbat de repos, une sainte convocation ; vous ne ferez aucune oeuvre : c’est un sabbat [consacré] à l’Éternel dans toutes vos habitations» (23:1-3).
Tel est le commencement des fêtes ; mais voilà le v. 4 qui recommence par l’expression «Ce sont ici les fêtes à l’Éternel». Au commencement du chapitre où il s’agit d’une introduction générale des fêtes, le sabbat est nommé spécifiquement, puis au v. 4 vient un nouveau commencement, qui met le sabbat de côté.
Rien n’est vain dans l’Écriture. De la Genèse à l’Apocalypse, on ne peut changer un mot à ce que Dieu a écrit, sans nuire au texte. Je sais que certains esprits ont de la peine à l’admettre : c’est parce qu’ils jugent au sujet de Dieu par eux-mêmes. Si vous ou moi ou d’autres l’avaient écrit, bien des mots mériteraient d’être changés pour améliorer le texte ; et nous attribuons facilement à la Parole de Dieu nos propres infirmités. Mais on ne peut raisonner correctement au sujet de la Parole de Dieu d’après nous-mêmes. Il n’est pas sain de raisonner à partir de notre nature au sujet de la nature de Dieu. Commençons par Dieu, d’en haut, et raisonnons à partir de Lui ou de Sa parole, en allant vers le bas, vers ses oeuvres. Si nous partons de ce que nous trouvons ici-bas, qu’il s’agisse de raison ou de choses, cela revient à partir de ce qui est fragile, faible et inconstant. Comment raisonner sainement si nous commençons par ce qui casse à peine on le touche ? Quand nous commençons par Dieu et Sa parole, nous sommes saisis par ce qui juge tout et tous. Mais la tendance de l’homme est de prendre sur lui de juger la Parole de Dieu ; or il est plus sûr et plus convenable de croire que c’est la Parole de Dieu qui juge tout. Si Dieu a donné une révélation de Ses pensées, cette révélation doit être digne de Lui ; Il a pris un soin spécial de l’appeler Sa Parole. Sans aucun doute, il s’est servi de divers instruments ; mais Il ne l’appelle jamais la parole de Moïse, ou celle de David, ou de Jean ou de Paul, mais bien la Parole de Dieu. Ne l’oublions jamais.
On peut dire qu’il y a ici une difficulté, et même une irrégularité, au moins en apparence. Le sabbat est introduit en premier comme le commencement des fêtes, puis on recommence en le mettant de côté. Pourquoi ? Parce que le Sabbat a un caractère à lui, tout à fait particulier. Évidemment, en s’en tenant au plan des faits et à un point de vue littéral, toutes les autres fêtes n’étaient célébrées qu’une fois par an, tandis que le sabbat l’était chaque semaine. C’est bien là une ligne de démarcation suffisante pour justifier un second commencement (23:4). Mais le sabbat avait en plus le caractère d’une fête ayant un but très important, unique même d’une certaine manière : Cette fête, et elle seule, devait continuellement être répétée, à chaque fin de semaine. Il était de toute importance que son double témoignage soit régulièrement rendu devant le peuple de Dieu, d’une part le témoignage à Son oeuvre créatrice qui a sanctifié le sabbat dès le commencement, et d’autre part le témoignage au grand repos de Dieu dans lequel son peuple doit entrer et dont il doit jouir à la fin.
Ne manquons pas de noter la différence entre cette fête du sabbat et ce que l’Écriture appelle «le jour du Seigneur». Ceux qui les confondent, volontairement ou non, ne comprennent ni l’un ni l’autre. Historiquement et à l’origine, la place du sabbat était à la fin de la semaine, quand l’homme avait achevé son cycle ordinaire de travail. La fin du cycle, il la donnait à Dieu. Dieu avait lui-même travaillé six jours, et s’était reposé le septième jour. Selon la loi de Dieu, ce n’était pas simplement un jour parmi les sept, mais le septième jour. Aucun autre jour de la semaine ne convenait si l’on avait la crainte de Dieu. D’un point de vue strictement utilitaire, un jour en valait bien un autre : c’est la manière de l’homme de traiter les choses. Mais Dieu sait que l’homme est enclin à L’oublier même dans la création, et par-dessus tout à oublier le propos final de grâce de Dieu, dont le sabbat est le gage.
Qu’est-ce donc que Dieu voulait introduire ? Un repos pour les siens, un repos digne de Lui, un repos qu’Il partagerait avec Son peuple. — Quand cela aura-t-il lieu ? Pas avant la fin de toutes choses. — Croire que tout homme y aura part est une illusion mauvaise et fatale. Si on le pense, il est impossible de vraiment savoir ce qu’est le péché, ni de croire que Dieu jugera le monde par l’Homme qu’il a ressuscité d’entre les morts et qu’il a destiné à cela (Act. 17:31). Mais si nous reconnaissons que Dieu doit montrer son profond ressentiment contre le mal, nous savons aussi par la foi qu’Il a pourvu à ce qu’il y ait un Libérateur, et qu’il y aura une délivrance pour tous ceux qui croient : elle arrivera en son temps, et ce sera une délivrance éclatante et glorieuse pour la création. C’est précisément ce que Dieu réalisera au jour de l’apparition de Christ, et ce sera alors Son repos.
Regardons le texte remarquable du Nouveau Testament sur le repos de Dieu. En Héb. 3 et 4 l’Esprit de Dieu introduit ce repos après avoir dirigé les regards vers Christ élevé en-haut, Fils de Dieu, et Fils de l’homme, Celui qui est mort pour faire propitiation. Ce qui a fourni à l’Esprit de Dieu l’occasion de développer ce sujet, c’est le danger évident où se trouvaient les croyants Hébreux de prendre leurs aises ici-bas en oubliant qu’ils étaient des pèlerins traversant le désert. Ils avaient tellement l’habitude d’associer la venue du Messie à un repos présent qu’ils avaient de la peine à comprendre qu’ils étaient introduits dans une scène d’épreuve liée à Celui qui a souffert hors de la porte, et que c’était un privilège pour eux. Ils étaient en danger de chercher à se mettre eux-mêmes, ici-bas, à l’aise, dans des conditions confortables. La première épître aux Corinthiens montre qu’ils n’étaient pas les seuls à courir ce danger. C’est le piège tout naturel du coeur de l’homme, même pour ceux qui ont trouvé le Sauveur. Quand une âme a passé par un temps d’épreuve, de doute et d’anxiété, alors qu’elle sait ce qu’est le jugement de Dieu sur le péché et quelle est sa propre culpabilité et la condamnation qu’elle méritait, cette âme est souvent en danger d’avoir une réaction mal orientée quand elle trouve la délivrance dans le Seigneur.
Les saints courent le risque de s’établir ici-bas, pensant que la guerre est finie parce que la grande bataille a été livrée et qu’ils ont la victoire par le Seigneur Jésus-Christ. Ils se flattent de ce qu’il ne peut plus y avoir de trouble majeur du fait que le temps de la profonde détresse d’âme est achevé. Tel était à peu près l’état des Hébreux, c’est évident. C’est pourquoi l’apôtre leur rappelle non seulement, qu’ils avaient accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens et les souffrances (Héb. 10:34), mais il leur enseigne que leur modèle n’était pas celui de l’établissement du peuple d’Israël dans le pays, mais celui de sa marche à travers le désert. C’est pourquoi toute l’argumentation de l’épître est d’un bout à l’autre basée sur le tabernacle, non pas sur le temple, appelant à sortir du camp, non pas du trône ni du royaume établis ultérieurement après la conquête de Canaan.
C’est pourquoi il est dit : «Craignons donc qu’une promesse ayant été laissée d’entrer dans son repos, quelqu’un d’entre vous paraisse ne pas l’atteindre» (Héb. 4:1). L’apôtre ne parle pas de croire dans le Seigneur Jésus pour un repos présent de la conscience. Si tel avait été son sujet, il leur aurait assuré qu’ils n’avaient rien à craindre. Parler du sang de Christ et les exhorter à craindre, aurait été la négation du christianisme. Car l’évangile déclare la pleine rémission des péchés, et même plus encore, la justification et le salut des âmes (1 Pier. 1:9) par notre Seigneur Jésus Christ. — S’il y avait eu doute quant au pardon par le sang de Christ, il les aurait exhortés à dominer leurs craintes, comme l’apôtre Jean qui, discutant ce point, dit que «l’amour parfait chasse la crainte» (1 Jean 4:18), non pas «l’amour parfait» de notre part (c’est ce que la loi demandait, et ne pouvait jamais obtenir), mais l’amour parfait de Dieu révélé seulement dans et par notre Seigneur et Sauveur. — Qu’avons-nous donc à craindre ? Non pas la défaillance du sang de Christ, ni la perte de la rémission des péchés par un changement des pensées de la grâce de Dieu à aucun moment. Mais craignez de vous établir dans ce monde, craignez de manquer à avoir le vrai caractère de pèlerins et étrangers en route vers un pays meilleur. Se reposer dans le désert eut été fatal pour Israël, et tel n’est pas non plus notre repos, il faut nous le rappeler ; s’établir ici-bas c’est nier pratiquement le repos céleste, et le perdre.
Dans cette épître l’Esprit de Dieu insiste sur la nécessité d’entrer dans le repos de Dieu. Nous soulignons ce point comme étant le seul vrai sens, car on l’applique souvent au repos de l’âme, ce qui tend plutôt à en affaiblir le sens, voire à le détruire. Ce n’est pas la portée du passage, comme le montre le verset 11 où nous lisons : «Appliquons-nous donc à entrer dans ce repos». Quel évangile ce serait de dire aux gens qu’ils doivent agir ainsi pour avoir le repos de la conscience ? La grâce de Dieu serait évidemment renversée, car ce ne serait rien d’autre que le salut par les oeuvres. Le sens direct, chacun peut le voir, est que l’apôtre s’adresse aux Juifs ayant professé Christ, pour leur dire qu’ils étaient en danger de glisser dans une vie présente facile, au lieu de poursuivre une vie tendue avec effort, à travers le désert de ce monde, en route vers «ce repos-là», le repos de la gloire de Dieu.
Ne supposez pas que j’oublie un instant qu’en Christ il y a un repos présent pour la foi. «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos» (Matt. 11:28). C’est le repos de la grâce maintenant, non pas celui de la gloire. — Or ce qui suit va un peu plus loin : «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur ; et vous trouverez le repos de vos âmes» (Matt. 11:29). Dans sa grâce pure et souveraine, le Seigneur commence par donner du repos à ceux qui sont las sans aucune condition préalable ; puis le fidèle trouve alors du repos en marchant dans le sentier d’obéissance et de soumission au Seigneur. Si par contre on est désobéissant, le coeur doit être mal à l’aise (selon l’enseignement de Jean) ; nos coeurs nous condamnent ; comment y aurait-il alors un repos de l’âme ? — Mais il reste un troisième sens : non seulement il y a a) le repos donné par Christ pour soulager maintenant la conscience, et b) le vrai repos du coeur trouvé dans le chemin d’obéissance en apprenant de Lui ; mais il y a encore un troisième repos, c) le repos de Dieu quand il ne sera plus question de l’homme ni du péché ni de la propre volonté ni de la misère, et que toute les vicissitudes de la vie de fatigue et de souffrance seront finies, Dieu se reposant alors dans la satisfaction de Son propre amour et de Sa gloire, ayant amené Ses fils et son peuple dans Son repos éternel.
Sans aucun doute — c’est l’argument de l’apôtre — Dieu a donné le sabbat au commencement ; mais ce n’était pas Son repos car le péché a gâté la création. C’est pourquoi Dieu dit ultérieurement : «s’ils entrent dans mon repos». Le «Si» implique qu’ils n’y étaient pas entrés, et pourraient ne pas y entrer. Quand Josué eut abattu les Cananéens (Héb. 4:8 — la conquête n’a jamais été achevée), et qu’Israël se fut installé dans le pays, était-ce le repos de Dieu ? En aucune manière, car le Psaume 95 qui parle du repos qui n’est pas encore atteint, a été écrit bien longtemps après Adam et après Josué. La conclusion est qu’il reste un repos sabbatique pour le peuple de Dieu, et que ce repos n’est pas encore réalisé. — L’apôtre renforce cette pensée en partant d’un autre principe, à savoir qu’il n’est pas possible simultanément de travailler et de se reposer, dans le même sens des termes. Si on est entré dans le repos, on en a fini avec les oeuvres, même pour Dieu (v. 10). Or le jour brillant où nous nous reposerons n’est pas encore arrivé. C’est pourquoi il exhorte les saints à la diligence en attendant ce jour-là. Maintenant, c’est le temps de travailler : dans un monde tel que le nôtre, tous ceux qui aiment Christ doivent le ressentir, pour la simple raison que le péché et la méchanceté ont envahi le monde. L’amour divin, que ce soit en Dieu ou dans Son peuple, refuse de se reposer au milieu du mal. Après la venue de Christ, il n’en sera plus ainsi. «C’est pourquoi il reste un repos sabbatique pour le peuple de Dieu».
C’est en outre, une erreur de penser qu’on en a fini avec le sabbat, car il sera observé tout au long du millénium. Je ne parle pas du jour du Seigneur, où les chrétiens font bien de se réunir — et s’il en est ainsi, cela ne vient pas du simple choix de l’homme ou des églises, mais ce jour est hautement marqué de l’approbation divine. Cela est si vrai qu’un chrétien qui perdrait de vue l’importance, l’objet et le caractère du jour du Seigneur, serait plus coupable qu’un Juif déshonorant le sabbat. Mais tandis que le jour du Seigneur a été introduit par la résurrection de Christ pour le chrétien et l’église, c’est bien le sabbat, non pas le jour du Seigneur, qui sera observé lorsque le Seigneur Dieu établira le royaume et que notre Seigneur Jésus Christ régnera publiquement : alors l’idolâtrie sera abolie, la superstition éliminée, toutes les iniquités qui lèvent la tête aujourd’hui auront leur fin, et toutes les créatures dans ce monde seront rétablies. On plaint ceux qui pensent que le monde n’a été fait que pour être pillé ; certes, si quelqu’un croit que le monde n’est pas pillé, il se trompe lamentablement ; mais c’est une pensée triste et fausse de croire que Dieu aurait fait la création pour n’aboutir qu’à la ruine. Autant il est vrai que le premier Adam a été le moyen de la ruine universelle de la créature, autant le second Homme sera le grand Libérateur, non seulement pour les chrétiens mais pour toute la création. C’est Lui qui réconciliera avec Dieu tout ce qu’Il a créé : «toutes choses» (Col. 1:20), non pas «toutes les personnes» selon une erreur tragique. On ne voit nulle part dans l’Écriture que toutes les personnes soient réconciliées.
Un petit mot fait toute la différence entre la vérité bénie et l’erreur détestable. Rien de plus faux que le rêve incrédule d’une restauration universelle. Dieu jugera tous ceux dont les péchés n’ont pas été ôtés par la foi en Christ et en sa croix.
Il y a un jour à venir où toute la création se réjouira, et où les cieux et la terre et tout ce qu’ils contiennent chanteront ensemble (cf entre autres És. 49:13 ; Jér. 51:48). Dieu s’est donné une peine particulière pour exprimer aussi la joie de la terre (cf entre autres És. 35:1 ; Joël 2:21), et c’est une preuve frappante de l’aveuglement de l’homme que d’être incapable de voir ce qui est pourtant clairement révélé. Ce sera le repos de Dieu, et quand ce repos sera là, le signe divin qui le distinguera sera de nouveau le sabbat — non pas le jour du Seigneur — et ce signe sera observé et honoré par toute la terre. Vous pouvez voir par là que je suis tout sauf un anti-sabbat. Il n’en reste pas moins incontestable que tout est changé maintenant. Nous ne gardons pas le dernier jour de la semaine mais le premier. Quel est le principe à l’origine de ce changement ? C’est que le Seigneur est non seulement ressuscité, mais il est aussi monté au ciel ; et le premier jour de la semaine tire son éclat de la personne du Seigneur Jésus ressuscité dans les cieux, maintenant ouverts, — et ce jour brille sur un peuple céleste, qui est encore sur la terre pour un temps, mais qui va Le rejoindre là-haut à Sa venue. Il s’ensuit que, lorsque les hommes confondent le sabbat et le jour du Seigneur, leur esprit est aux choses de la terre. Comme le sabbat est exclusivement lié à la terre et à un peuple terrestre, ainsi le jour du Seigneur est lié à ceux qui sont célestes.
Le principe à la base du jour du Seigneur n’est pas le même ; dans ce dernier, nous trouvons l’intervention de la puissance divine ressuscitant le Seigneur Jésus, après être descendu dans la mort pour faire la propitiation pour nos péchés, et pour réconcilier toutes choses avec Dieu, et nous avec. La conséquence en est que le jour du Seigneur est un jour excellent pour l’exercice spirituel, pour l’oeuvre de foi et le travail d’amour (1 Thes. 1:3). Aucune personne entrant dans les pensées de Christ, ne verra d’inconvénient, s’il en a la capacité, à prêcher douze sermons ce jour-là et à faire douze fois le «chemin d’un sabbat» (Act. 1:12) pour aller les prêcher. Si c’était le jour du sabbat, il ne pourrait agir ainsi légèrement. C’est bien que ces jours sont entièrement différents de caractère. La source, la nature et le but du jour du Seigneur se distinguent, par grâce, dans la résurrection de Christ d’entre les morts, comme le sabbat se distingue par la création et la loi de Dieu.
Il a plu au Seigneur, et c’était nécessaire pour l’homme, que soit premièrement déployée la grande vérité du sabbat avant d’aborder ce qui est le fondement de tout, et les diverses voies de Dieu. Avant de nous donner le type de l’oeuvre de la rédemption — la Pâque — Il a établi et manifesté clairement et distinctement la promesse d’un repos final comme préliminaire. Je viens bientôt pour avoir mon repos, c’est le sens, mais non pas pour l’avoir seul ; vous le partagerez en gloire avec Moi. Le sabbat doit être accompli dans un jour encore à venir, tant pour le ciel que pour la terre. Mais il n’y a repos que quand toute l’oeuvre est achevée, aussi bien dans le type que dans l’antitype.
Nous arrivons maintenant à une chose à part : Dieu posant le fondement pour toute bénédiction. Notons, d’abord, qu’Il ne se hâte pas pour poser ce fondement. Beaucoup pensent que Dieu aurait mieux fait de commencer par donner son Fils pour mourir pour les pécheurs. Au lieu de cela, Il a attendu 4000 ans. Sa Parole nous donne la clef de cette difficulté : «Au temps convenable, Christ est mort pour des impies» (Rom. 5:6). «Quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption» (Gal. 4:4-6). C’est au quatorzième jour du premier mois, non pas au premier jour, que la pâque a été instituée : elle est le grand type, bien établi, de Christ mis à mort pour les pécheurs. Dieu ne voulait-il pas, par ce délai, nous parler de l’accomplissement du temps ?
D’abord, Dieu laisse l’homme aller son chemin ; ensuite, de peur que l’homme ne se plaigne de s’être égaré parce qu’il était livré à lui-même, Dieu lui prend la main et le teste sous la loi. C’est ainsi qu’Israël, comme centre de la race humaine, a été placé sous Son gouvernement. Quel en a été le résultat ? Après que le cultivateur se soit donné toutes les peines possibles, le mauvais arbre a porté des fruits encore plus mauvais. Israël à la fin était pire qu’au commencement. La fin de l’homme moralement a été la croix de Christ. Ils ont haï et le Père et le Fils (Jean 15:24). C’est la raison pour laquelle il nous est parlé de la mort de Christ à la consommation des siècles (Héb. 9:26). Ce n’est pas une expression à caractère simplement chronologique. Dieu a testé l’homme de diverses manières, et cela n’a abouti à rien d’autre que la méchanceté et la ruine. Qu’est-ce que Dieu fait alors ? Il met de côté à la fois l’homme et sa religion par l’oeuvre infinie de la rédemption, et c’est ce que la pâque nous montre.
«Ce sont ici les fêtes de l’Éternel, de saintes convocations, que vous publierez en leurs saisons. Le premier mois, le quatorzième [jour] du mois, entre les deux soirs, est la Pâque à l’Éternel» (23:4-5). Quelle est la grande vérité présentée par cette fête ? Dieu est descendu délivrer Son peuple de la maison de servitude. Ce n’était pas qu’il y eut aucun bien en eux, car les fils d’Israël adoraient alors les faux dieux et étaient entièrement indifférents à la gloire du vrai Dieu. De plus, s’Il les délivrait, il fallait qu’Il le fasse de manière juste. Faites bien attention à ce point. Ce n’est pas une simple question de miséricorde pardonnant des méchants, mais c’est sur un fondement de justice que Dieu voulait avoir le peuple devant Lui. Il est un Dieu juste et Sauveur (És.45:21). C’est pour cela qu’en la nuit de la pâque, Il envoya un ange destructeur parcourir le pays pour tirer vengeance du péché. C’était le jugement du mal, la première chose manifestée. Par le moyen de cet ange, Il est venu s’occuper de tout ce qui était une offense à Sa nature et à Son caractère. Il n’y a eu qu’une chose capable de retenir la main de l’ange destructeur : le sang de l’Agneau immolé. Partout où le sang était absent des poteaux et des linteaux de portes, la mort régnait. Pourtant Dieu ne jugeait pas encore tous les hommes et tous les faux dieux. Ce n’était qu’un échantillon rendant un témoignage pratique à ce que le péché méritait et à ce qui seul pouvait faire écran en face du jugement divin. Par le moyen du sang mis sur les poteaux et les linteaux des portes des fils d’Israël, l’Éternel déclarait que seule la mort d’un substitut convenable pouvait arrêter le jugement.
D’un côté c’était de la plus haute solennité : l’agneau jugé à cause du péché ; mais de l’autre côté, quelle grâce merveilleuse ! Le jugement tombait sur l’agneau : non pas sur le coupable, mais sur le substitut ! C’est à Christ, l’Agneau de Dieu sans tache, qu’il a été donné d’endurer le jugement de Dieu contre nos péchés. Qu’est-ce qui, par anticipation, a fait suer des grumeaux de sang à notre Seigneur ? Était-ce simplement la mort qui était devant Lui ? L’affirmer serait rabaisser le Seigneur plus bas que nous, si nous sommes croyants. Un chrétien se réjouit de déloger pour être avec Christ, avec Celui qui est le seul à avoir souffert et être mort pour nos péchés. Mais que signifie ce cri : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné» ? Il s’agissait du jugement du péché tombant alors sur Christ ; ce n’est pas ce qu’ont fait les Juifs ou Ponce Pilate ou Hérode, ni tout ce qu’a fait l’homme en général, qui a fait jaillir ce cri. Il est vrai qu’un cantique connu dit : «J’ai déposé mes péchés sur Jésus», mais la vérité est bien meilleure : «Dieu les y a déposés». Si nous apportions, nous, nos péchés pour être expiés, il y a de fortes chances que beaucoup ne soient oubliés ; mais c’est l’Éternel qui en a fait peser le poids sur Jésus. C’est pourquoi le Seigneur a souffert sur la croix comme jamais aucun autre n’a souffert, ni même Lui auparavant. Car si, selon ce que prétendent certains, il avait porté les péchés tout au long de sa vie, alors Dieu aurait dû l’oublier tout le long de sa vie, ou bien Dieu aurait dû agir comme si le péché avait été tolérable jusque-là. Lequel des deux est vrai ? Ni l’un, ni l’autre ; il n’y a pas la moindre apparence de vérité dans ces propositions. Christ a souffert une fois (apax) pour les péchés.
Le jugement de Dieu tombant sur l’Agneau est la seule explication de ce qu’est le péché, et de ce qu’il requiert. L’aspersion du sang sur les portes correspond au croyant appliquant le sang de Christ par la foi à son propre cas. C’est en cela, et en cela seul, qu’on voit ce qui donne le caractère d’acte de justice au fait de passer par-dessus le péché. Le jugement de Dieu est tombé sur Son Fils parce qu’Il est Son Agneau capable de porter le péché. Le sang de l’Agneau est le témoin du jugement de Dieu, mais en grâce surabondante, car c’est sur Son Fils qu’il est tombé. Tel est le fondement de Dieu ; et rappelons que, dans ces types, nous n’avons pas ce que Moïse ou d’autres ont compris, mais ce que Dieu dit et que la foi reçoit dans et par notre Seigneur Jésus.
Peut-être demanderez-vous quelle autorité nous permet de faire ces affirmations ? 1 Cor. 5:7 déclare que «Christ notre pâque a été sacrifié» : n’est-ce pas une assurance amplement suffisante ? Le Saint Esprit le dit à ceux qui avaient été des Gentils, mais qui étaient maintenant Son église. Au temps de l’Égypte et déjà auparavant, Il regardait bien au-delà des Juifs, vers un jour à venir : c’est le jour où nous nous trouvons. Mais au-delà de ce qui nous concerne, le fondement de toute bénédiction se trouve dans la mort de Christ, le sang de l’Agneau immolé, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. On voit aussi qu’il n’est pas question de répéter ni de continuer Son sacrifice, selon ce qu’affirme Héb. 9:26 : «car maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour porter les péchés de plusieurs». En outre, dit Pierre, «il a porté nos péchés en son corps sur (*) le bois». La conséquence de Son oeuvre est une paix parfaite pour le croyant. Si cette oeuvre se continuait, nous ne pourrions ni ne devrions avoir une paix établie. La parfaite efficacité de l’oeuvre est liée à l’unicité du sacrifice de Christ, en justice selon l’enseignement de l’apôtre en Rom. 5.
(*) Le texte en marge de la version autorisée «jusqu’au» n’est pas justifié par l’usage des Septante dans le Lévitique, lequel confirme entièrement l’expression utilisée ici. En outre le verbe est un aoriste, qui exprime simplement le fait, et est ponctuel, non pas continu comme s’il y avait un imparfait. L’interprétation des Dr. John Brown et H. Bonar, et d’autres semblables, est non seulement fausse sous tout point de vue, mais exclue par le texte de l’Écriture, dans ce passage et ailleurs.
Voici un autre point à noter. La pâque était suivie immédiatement par la fête des pains sans levain. Aucun jour ne s’intercale entre les deux, alors qu’habituellement il y a toujours un intervalle entre les différentes fêtes : c’est ici une exception à la règle. Permettez-moi de demander qui aurait pu, sauf par la puissance de Dieu, avoir apprécié d’avance la force de cette particularité ? Maintenant que c’est révélé, on peut le saisir. Comme Moïse dans la fente du rocher (fin Ex. 33), on peut Le voir passer devant nous, mais qui pourrait Le précéder ? La pâque était suivie immédiatement par la fête des pains sans levain, l’une le quatorzième jour du mois, l’autre le quinzième jour du même mois, sans aucun jour entre deux. La fête des pains sans levain dans le Nouveau Testament est présentée comme débutant par l’égorgement de l’agneau pascal ; et la réponse immédiate du chrétien au sang de Christ, c’est de marcher dans la sainteté. Dieu ne le laisse pas se réserver même un seul jour pour lui-même. La grâce de Dieu l’appelle sur-le-champ à reconnaître sa responsabilité d’ôter tout levain. Selon 1 Cor. 5:7, le levain symbolise la corruption : «Car aussi Christ, notre pâque, a été sacrifié ; c’est pourquoi, célébrons la fête» — quelle fête ? celle des Pains sans levain.
Cette fête diffère de la pâque par un aspect important : la pâque durait un jour, la fête des Pains sans levain en durait sept. Je suppose que tous ceux qui lisent leur Bible savent la force de l’expression «sept jours». C’est un cycle complet, dans le temps, en relation avec le peuple de Dieu sur la terre. Un «jour» peut être utilisé pour des choses soit célestes soit terrestres, mais «sept jours» correspondent à une période complète pour des hommes sur la terre.
Il ressort de tout ceci une instruction importante par rapport aux voies de Dieu. Il y a plusieurs applications importantes du levain. Le Seigneur parle du levain des pharisiens, des sadducéens et d’Hérode. Le Saint Esprit utilise deux fois l’expression «un peu de levain» dans les épîtres de Paul. Nous n’acceptons pas la pensée qu’il s’agirait de simples parallèles. Chacune de ces expressions a sa force propre, mais elles ont quelque chose en commun, bien sûr. Il faut cependant faire des distinctions parmi ces passages qu’on risquerait de regrouper de manière vague. Comme dit l’un de nos penseurs, la vraie sagesse ne consiste pas à voir les ressemblances de ce qui diffère, mais à discerner les différences réelles entre ce qui se ressemble. Il nous faut cultiver un jugement sain et on ne l’acquiert jamais en faisant la chasse aux passages soi-disant parallèles.
Il est écrit qu’«un peu de levain fait lever toute la pâte» (1 Cor. 5:6 ; Gal. 5:9). Et comme cette phrase apparaît dans deux passages différents, beaucoup en déduisent trop rapidement qu’ils visent la même chose. Or cela est si peu vrai, que ces passages en font des applications entièrement différentes. Quelle est donc leur portée ? Faites attention au principe que, si nous voulons comprendre un quelconque verset de l’Écriture, il faut toujours l’interpréter à la lumière de son contexte. En 1 Cor. 5, le levain représente ce qui est impur, corrupteur, et manifestement immoral. Il ne fallait pas accepter «le méchant» au milieu d’eux, car le mal se propage, et même un tout petit peu de levain, si on le tolère, souille toute la pâte. Parmi les Galates (5:9) le mal prenait ce que nous appellerions la forme religieuse ou légaliste. Les chrétiens y observaient des jours, des mois, des époques, des années. Certains réclamaient la circoncision comme un supplément désirable à la foi. C’était le levain pharisien, alors qu’à Corinthe il y avait le levain sadducéen. Ce dernier était le mal de la libre pensée et de la permissivité. Le levain des pharisiens était le légalisme rigoureux et la tradition humaine.
«Et le quinzième jour de ce mois, est la fête des pains sans levain à l’Éternel ; sept jours, vous mangerez des pains sans levain. Le premier jour, vous aurez une sainte convocation : vous ne ferez aucune oeuvre de service. Et vous présenterez à l’Éternel, pendant sept jours, un sacrifice par feu : au septième jour il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez aucune oeuvre de service» (23:6-8).
Célébrer la fête des «Pains sans levain» typifie le fait de se nourrir de Christ, et de Christ dans sa pureté sans aucune souillure. Les herbes amères étaient mangées la nuit de la pâque avec la chair de l’agneau ; le jugement de soi-même accompagne la foi dans la grâce de Dieu par le moyen de l’Agneau. Mais les pains sans levain étaient leur nourriture tout «au long des sept jours». Ceci impliquait et requérait le maintien d’une sainteté personnelle. On ne devait trouver aucun levain dans leurs habitations, l’Écriture insiste sur ce point : Rom. 6 ; 12 ; 13 ; 1 Cor. 5 ; 6 ; Gal. 5 ; 6 ; Éph. 4 ; 5 ; 1 Thes. 4:1-8 ; Héb 12:14 etc. Si nous élevons nos mains vers le Seigneur, que ce soient des mains saintes, sans colère et sans raisonnement (1 Tim. 2:8) ; que toute notre marche et toutes nos voies soient sous le sens de la responsabilité en tant que séparés pour le Seigneur ; que l’amour soit sans hypocrisie et d’un coeur pur (1 Pier. 1:22).
Mais est-ce tout ? Non pas. Le levain devait être banni des maisons aussi bien que des individus. On trouve facilement des gens justement zélés quant à leur marche personnelle et pourtant laxistes au dernier degré quant à l’impureté ecclésiastique. Le Seigneur nous appelle à veiller à ne pas permettre le levain où que ce soit. La pureté collective est une prétention sans valeur si elle ne s’accompagne pas du soin requis à l’égard de la sainteté personnelle. Que le manque d’humilité d’esprit et de sainteté dans la marche ne discréditent pas avec honte notre horreur du cléricalisme et des sectes. Nous sommes tenus à nous abstenir de tout mal, tant collectivement qu’individuellement. En bref, ce que Dieu a ici à coeur c’est que nous lui plaisions dans toutes nos relations, tant dans la marche collective que dans la marche individuelle. C’est loin d’être tout, mais ça couvre le temps présent ici-bas. La fête des «Pains sans levain» embrasse la totalité de notre pèlerinage, tant dans son aspect public que dans son aspect privé. S’il est vrai que la fête commençait au premier jour après la Pâque, il est pris le plus grand soin pour montrer qu’elle devait continuer tout au long de notre séjour présent sur terre. Célébrer la fête est ce à quoi nous sommes toujours appelés tant que nous sommes ici.
Le fondement de toutes les voies de Dieu à l’égard d’un peuple tombé n’est pas seulement établi en grâce, mais aussi en justice ; telle est la mort et l’efficacité du sang de l’Agneau. La théologie aurait mis les choses dans un autre ordre, et aurait pris pour fondement la loi ou l’obéissance de Christ à la loi. Mais notez bien : la fête pascale ne rend même pas témoignage à l’incarnation, ni au chemin du Seigneur sur la terre, mais seulement à Son sang arrêtant le jugement divin. Dieu commence avec la mort de Christ, ce qui n’est pas étonnant. Il ne pouvait ignorer nos péchés ; c’est la première fois qu’il y était remédié en justice, et en suivant le type, on peut ajouter la première et la dernière fois. C’est Christ qui a parfaitement remédié à nos péchés, pour nous. Pour l’Esprit qui nous révèle ces choses, peu importe que les faits utilisés pour la communication des pensées de Dieu soient présents ou futurs. Tout était devant Ses yeux, quoique ce ne soit qu’en Christ et après la rédemption que la vérité soit venue au jour et dans l’infinie profondeur de sa plénitude.
Tout écriture est inspirée de Dieu, et il était impossible que Dieu mentît tant avant que lors de l’accomplissement de Son oeuvre expiatoire ; c’est en partie la raison pour laquelle j’ai choisi de parler sur ce chapitre. Il est grand temps pour tout chrétien de tenir ferme pour la Parole de Dieu, pour tout écrit émanant de Lui. On est arrivé aux temps difficiles des derniers jours. Ceux qui affirment plus ou moins ouvertement leur désaccord avec ce qu’ils appellent l’inspiration «verbale», sont prêts à perdre tout sens exact de la Parole de Dieu. À ceux qui se démarquent ainsi de l’inspiration de la Parole, il vaut la peine de leur dire ce qu’il leur reste pour se raccrocher. Si vous cédez devant les incrédules quant aux paroles — les mots — de l’Écriture, ne croyez pas qu’ils vous accorderont les pensées de Dieu. Essayez de séparer la vérité d’avec les paroles — les mots — de Dieu : or vous ne pouvez empêcher que la vérité ne soit communiquée par des paroles, ni que l’apôtre affirme parler «en paroles enseignées de l’Esprit» (1 Cor. 2:13). La Bible est le seul livre à avoir un tel caractère. Le chrétien conduit par l’Esprit dans la recherche de la parole de Dieu apprendra bientôt combien est digne de confiance la seule et absolument parfaite communication de Ses pensées.
Lors de la nuit pascale, Dieu agissait en juge. C’était nécessaire et juste. Qu’il est dangereux de parler de Son amour quand on devrait penser à sa culpabilité à soi, et se courber devant Son jugement solennel de tout péché !
Il ne s’agit pas de nier l’amour un seul instant, mais même l’amour infini de Dieu ne peut traiter le péché autrement qu’en le jugeant. Si le péché devait être jugé en nous comme personnes, nous serions perdus pour toujours. Mais voilà que la grâce fournit un sacrifice, le seul convenable, en la personne de Christ sur la croix. C’est à la suite de cela que toute la force du jugement de Dieu, saint et implacable, est tombée sur la tête du Seigneur Jésus, là sur la croix. Ce n’est pas seulement qu’Il est mort par amour pour satisfaire à nos besoins — certes Il l’a fait — mais il y a eu quelque chose de beaucoup plus important et beaucoup plus profond : Il a satisfait au jugement de Dieu. Il a souffert ce que le péché méritait de la main de Dieu. C’est un point tellement essentiel de la vérité que, si quelqu’un ne voyait à la croix que Christ mourant par amour pour l’homme, on ne pourrait pas dire qu’il croit véritablement à l’expiation : ce ne serait que prendre le côté humain et extérieur de la croix.
Il est manifeste pour tous, que ceux qui, au jour de la crucifixion, n’ont rien vu d’autre que Christ crucifié, n’ont pas été rendus meilleurs, mais plutôt pire. Ils en ont été endurcis, et sont devenus plus insouciants que jamais. Ceux à qui la grâce a donné de croire ce que Dieu opérait à la croix ont été sauvés de la colère. Le sang de l’Agneau immolé est, en figure, l’abri protégeant du jugement.
Ce qui suit immédiatement la Pâque, c’est la fête des Pains sans levains (rien parmi les diverses fêtes n’est plus remarquable moralement). En effet, comme on peut le voir ailleurs, ces deux fêtes sont si étroitement liées qu’elles sont quelquefois appelées globalement «la Pâque». Aucun jour ne peut s’intercaler entre les deux ; la raison en est que Dieu ne permet aucune dissociation, si petite soit-elle, entre d’une part la rémission de nos péchés apportée par le sang de l’Agneau, et d’autre part notre responsabilité quant à la sainteté. Dès l’instant où l’Israélite était à l’abri du sang de l’Agneau, il lui était interdit de manger du pain au levain, ou d’avoir du levain dans sa maison sous quelque forme que ce soit.
«Et l’Éternel parla à Moïse disant : Parle aux fils d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne et que vous en aurez fait la moisson, vous apporterez au sacrificateur une gerbe (omer) des premiers fruits (*) de votre moisson ; et il tournoiera la gerbe devant l’Éternel, pour que vous soyez agréés ; le sacrificateur la tournoiera le lendemain du sabbat. Et le jour où vous ferez tournoyer la gerbe, vous offrirez un agneau mâle sans défaut, âgé d’un an, en holocauste à l’Éternel ; et pour son offrande de gâteau, deux dixièmes de fleur de farine pétrie à l’huile, un sacrifice par feu à l’Éternel, une odeur agréable ; et sa libation sera du vin, le quart d’un hin. Et vous ne mangerez ni pain, ni grain rôti, ni grain en épi, jusqu’à ce même jour, jusqu’à ce que vous ayez apporté l’offrande de votre Dieu : C’est un statut perpétuel, en vos générations, dans toutes vos habitations» (23:9-14).
(*) note Bibliquest : WK dit systématiquement «premiers fruits» là où JND traduit «prémices».
Nous arrivons à un autre principe, comme le marque l’expression introductive souvent répétée ailleurs : «Et l’Éternel parla à Moïse, disant». En fait la Gerbe tournoyée avait lieu pendant la fête des Pains sans levain, le lendemain de son grand sabbat. Il ne s’agissait pas simplement de ce que Dieu était à la croix comme juge du péché. Ce qui a été montré à la résurrection de Christ, est sans aucun doute, selon ce qui est écrit, que c’est le même Dieu qui a frappé Jésus, qui L’a aussi ressuscité d’entre les mort. Le péché a été condamné, non pas pour tous, seulement pour ceux qui croient. Pour ceux qui ne croient pas, la condamnation en sera d’autant plus grande ; car à leurs péchés s’ajoutent le mépris et le rejet du Fils de Dieu, en face de Dieu, et pire encore, le mépris et le rejet du Fils de l’homme mourant en tant que propitiation pour les péchés. Ainsi, le jugement divin du péché sur la croix aggrave extraordinairement le cas de l’incroyant, car non seulement il est pécheur, mais il refuse la grâce de Dieu qui voulait le sauver quoi qu’il Lui en coûtât.
L’intention expresse qu’on trouve ici — c’est en fait un nouvel oracle de l’Éternel à Moïse — n’est pas tant de présenter une nouvelle fête, mais d’introduire en quelque mesure une nouvelle fête ainsi que tout le pivot sur lequel elle est axée. Quelle en est la portée ? Nous admettons que notre lecteur sait par la foi que toute parole de Dieu a un sens, et un sens très important. Inutile de dire que la parole de Dieu avant Christ était tout autant inspirée que le Nouveau Testament.
La gerbe tournoyée est donc introduite complètement à part tant de la Pâque que de la fête des Pains sans levain. Pourtant, dans la réalité des faits, la Gerbe tournoyée était tournoyée le premier jour de la semaine suivant la Pâque. Ainsi le Seigneur a été crucifié un vendredi, il a été dans le tombeau le sabbat ou dernier jour de la semaine, et a été ressuscité le premier jour de la semaine, ou dimanche, comme l’appellent les Gentils. Il a été ressuscité d’entre les morts précisément le jour où la Gerbe tournoyée était tournoyée devant l’Éternel. Le sacrificateur qui la tournoyait n’avait guère idée de la puissance et du caractère de la vérité mise en avant dans les premiers fruits qu’il était en train de présenter devant le Dieu d’Israël. Mais le Ressuscité autant que Celui qui ressuscite les morts a laissé le tombeau et a brisé son pouvoir pour les croyants, qu’ils le sachent ou non ; si les Juifs refusaient d’écouter, les Gentils allaient écouter, par grâce. Ainsi le type de la Gerbe tournoyée débute un nouvel ordre de choses, distinct de tout ce qui était avant, — cela convenait à Celui qui est le Commencement, le Premier-né d’entre les morts (Apoc. 22:13 ; Col. 1:18) — et le type de l’assemblé chrétienne (ou église) qui suit immédiatement après le montre. L’église dépend de la résurrection de Christ.
Il n’y a en effet, dans la Bible, pas de meilleure figure représentant la résurrection que celle du grain de blé tombant en terre, qui meurt et qui lève. C’est l’illustration utilisée par le Seigneur Lui-même en Jean 12:24 : «À moins que le grain de blé tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits». De qui parlait-Il ? De Sa propre mort et de Sa résurrection et de leurs puissantes conséquences. S’Il n’est pas ressuscité, la prédication apostolique est vaine, de même que la foi du chrétien (1 Cor. 15:14). Mais Christ a été ressuscité d’entre les morts, premier fruit — prémices — de ceux qui se sont endormis (1 Cor. 15:20). Et c’est ainsi qu’il est dit : «Il tournoiera la gerbe devant l’Éternel, pour que vous soyez agréés» (23:11). Il n’y a pas non plus de connaissance du «salut» sans la résurrection, quoiqu’il puisse y avoir la nouvelle naissance malgré tout. Car c’est la lumière de Sa résurrection qui chasse toutes les obscurités et sèche toutes les larmes de douleur. C’est la résurrection du Seigneur qui permet au croyant d’être agréé devant Dieu sans incertitude. Dans Sa mort, l’expiation a fait le nécessaire à l’égard du mal en nous — et c’est la seule base juste pour le pardon du pécheur, — tandis que la résurrection de Christ déclare que les péchés sont ôtés pour toujours pour Celui qui croit. «Il a été livré pour nos fautes, et ressuscité pour notre justification» (Rom. 4:25). «Le sacrificateur la tournoiera le lendemain du sabbat» (23:11). Le type est pleinement confirmé par la coïncidence frappante des faits.
Ce qui est préfiguré par la Gerbe tournoyée, c’est Christ ressuscité par la puissance de Dieu (1 Cor. 6:14) et par la gloire du Père (Rom. 6:4). Car Sa puissance a pénétré dans le tombeau du Seigneur Jésus, après que soit épuisé à la croix tout ce qu’Il a pu ressentir et faire contre le péché. Là, Dieu a été tellement glorifié que c’est en justice qu’Il a ressuscité Jésus d’entre les morts, n’ayant de cesse jusqu’à ce qu’Il le fasse asseoir à Sa droite, dans les cieux (Héb. 10:12), et Lui donne un nom au-dessus de tout nom (Phil. 2:9). Comme homme, Christ est mort, et c’est aussi comme homme qu’Il a été ressuscité et exalté (Act. 2:32-33). Comme personne divine, le Fils possède toutes choses, mais Il est devenu un homme et s’est humilié Lui-même jusqu’à la mort de la croix ; et maintenant, en résurrection, Il a été élevé comme homme par la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire, en sorte que notre foi et notre espérance fussent en Dieu (1 Pier. 1:21).
Aucun sacrifice pour le péché n’accompagnait la Gerbe tournoyée. C’est une exception remarquable. Si elle avait été un type d’Israël ou du chrétien, il aurait fallu un sacrifice pour le péché et pour le délit. Mais ici il s’agit de Christ, et l’absence d’un tel sacrifice est parfaitement convenable. Quand il était question de faire sortir Israël d’Égypte, le sang était mis sur chaque linteau de porte. La Pâque était donc un type frappant du sang versé et de l’aspersion du sang qui arrêtent le jugement divin, la sainteté venant à la suite. Avec la Gerbe tournoyée, on se trouve en présence d’une nouvelle vérité. Car il y a deux grands principes, l’un présenté dans la mort de Christ (/pâque), l’autre dans Sa résurrection (/Gerbe), et ils sont si différents que Dieu emploie deux types distincts pour nous en parler dans ce chapitre.
Il est certain que la Gerbe tournoyée typifie la résurrection de Christ, et la Sienne seulement, car aucun sacrifice pour le péché n’y est rattaché. Il a été le seul homme depuis le commencement du monde, à pouvoir se présenter sans du sang. Même pour le grand sacrificateur, il fallait un sacrifice pour le péché «pour lui-même et pour les fautes du peuple» (Héb. 9:7), mais point n’en a été besoin pour Christ mort pour nos péchés. C’est bien de Christ seul qu’il s’agit. Car nous avons ici (23:12-13) les deux grands sacrifices de bonne odeur : l’holocauste et l’offrande du gâteau, les deux parlant d’être agréés personnellement en perfection ; et la perfection est double — perfection de vie vécue dans l’offrande de gâteau et perfection de vie donnée, ou de mort, dans l’holocauste. Bien sûr une libation les accompagnait (23:13), mais rien qui soit en désaccord avec l’odeur de repos que Dieu a trouvée en Christ : car c’est de Lui, et de Lui seul, que l’Esprit parle ici prophétiquement.
Le verset suivant aide à expliquer une expression de Luc 6:1 sur laquelle butent la plupart des gens. «Or il arriva, au sabbat second premier, qu’il passait par des blés ; et ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, les froissant entre leurs mains». Quel est le sens de l’expression «sabbat second-premier» ? Il n’est guère utile de renvoyer le lecteur aux divers commentateurs car tous y perdent le nord, comme la plupart du temps quand on aurait besoin d’eux. Certains s’en sortent par une méthode brutale en tronquant le mot (car en grec, il n’y a qu’un seul mot deuteroprwtw) ce qui est une méthode fort dangereuse quand c’est la Bible qu’on maltraite ainsi. Un critique renommé, coupable de cette faute, s’en est repenti, et l’a confessée virtuellement en remettant le mot en place. Apprendre à dire «je ne sais pas» est une leçon morale qui n’est pas mauvaise. Il y a au moins de la vérité et de l’humilité à le reconnaître ; et si l’on regarde en haut pour avoir de la lumière, c’est une bonne chose, car Dieu peut nous donner ce qui nous manque.
Regardons maintenant le verset 14 car il est important et aide à clarifier cette expression problématique. Tout au long de l’Écriture, la vraie piété considère comme vital que Dieu ait premièrement ce qui lui revient, avant que le croyant prenne sa part et en jouisse. On sent bien qu’il est juste d’avoir d’abord égard à Dieu : cela Lui est dû, et Il est vraiment le premier en tout ; si nous ne Lui rendons pas ce qui lui est dû, nous en subirons les conséquences amères. Ceci était inscrit de façon si formelle sur les lois et les pratiques d’Israël, qu’aucune personne pieuse n’aurait essayé de toucher à son blé avant que la première gerbe n’ait été tournoyée devant l’Éternel. Nous voyons tous combien comme cela s’applique à Christ de manière bénie ! Une fois que Christ a été présenté comme les prémices (premiers fruits) tournoyées, la bénédiction est prête à couler à flots, et quelle bénédiction !
Souvenons-nous que Christ est un homme — non pas seulement le Fils éternel de Dieu, mais quelqu’un qui, étant devenu homme, a accompli la rédemption. C’est vers Sa résurrection que, en type, la Gerbe tournoyée tourne les regards — Sa résurrection pour que nous soyons agréés. Christ est monté au ciel comme homme ressuscité d’entre les morts. Il n’a pas été enlevé à titre exceptionnel et individuel comme Énoch ou Élie. C’est comme tête d’une nouvelle famille dont Il a porté les péchés, qu’Il est monté et est entré dans la gloire de Dieu, étant agréé pour l’homme, c’est-à-dire en faveur de ceux qui croient. Par contre, lorsqu’Il était ici-bas, nous savons qu’Il a été rejeté et crucifié par l’homme, mais Dieu L’a ressuscité d’entre les morts, et lui a donné la gloire afin que notre foi et notre espérance fussent en Dieu (1 Pier. 1:21).
En Luc 6, les disciples marchaient avec leur Maître qui passait par des champs de blé. Ayant faim, ils arrachèrent des épis ce sabbat-là, et les mangèrent selon la permission pleine de grâce de l’Éternel (23:22). Or il est dit que ce sabbat-là était le «second-premier» ou «le second après le premier». Il est très frappant que ce soit le premier sabbat où cela était permis ! Inutile de le faire savoir aux Pharisiens incrédules, car quel cas faisaient-ils de la vérité ? Leur seul désir était de porter atteinte au Seigneur à travers ses disciples, n’étant que des instruments aveugles dans la main de Satan. Le Seigneur se charge amplement de justifier ses disciples innocents, mais ce n’est pas ce point que nous voulons aborder, sauf pour aider à analyser la force du terme «sabbat second-premier». Le premier sabbat de la fête de pâque était grand par excellence, et la Parole insiste sur ce point (Jean 19:31) : rien d’étonnant si l’on prend en compte ce que Dieu avait en vue. Mais c’était aussi l’estimation des Juifs : hélas pour l’homme, car c’est justement ce même jour que Christ est resté dans le tombeau, le seul jour marqué en entier de ce crime effrayant, soir et matin y compris, et pourtant il s’agissait d’un sabbat. Pour les deux autres jours (d’entre les trois) Jésus n’a été au tombeau qu’en partie, même si chacun d’eux comptait pour un jour et une nuit. Lors de ce premier sabbat, juste avant la Gerbe tournoyée, aucun Juif n’aurait mangé le blé. Le jour suivant était le premier jour de la semaine, quand la Gerbe tournoyée était offerte. Le sabbat suivant était le «second-premier», immédiatement après la Gerbe tournoyée. L’un était le premier, l’autre le second premier parce qu’il était associé au premier.
Mais pourquoi s’appesantir sur cette question ? Pour montrer combien il est précieux d’interpréter l’Écriture par l’Écriture. Comment pourrait-on faire autrement ? Toutefois, il nous faut en plus le Saint Esprit pour la saisir correctement. Le mot «second-premier» ne figure nulle part ailleurs que dans ce verset de Luc 6:1. Nous voyons l’intérêt d’avoir l’Ancien Testament pour comprendre le Nouveau, non pas seulement le Nouveau pour comprendre l’Ancien. L’Écriture Sainte est inspirée et profitable : et pourtant, aussi singulier que cela paraisse, mais c’est un fait certain, nous n’apprécions l’Ancien Testament avec intelligence que quand nous sommes familiers avec le Nouveau. Les deux vont de pair pour la foi et pour notre bénédiction, comme il se doit. La clef des deux ne se trouve qu’en Jésus le Sauveur, le Christ d’Israël, qui doit aussi régner sur les nations, et qui est déjà tête de l’Église. Ne limitons pas Ses gloires et ne les confondons pas non plus.
Passons au verset 23:15 et suivants.
«Et vous compterez depuis le lendemain du sabbat, depuis le jour que vous aurez apporté la gerbe de l’offrande tournoyée : sept sabbats seront complets ; vous compterez cinquante jours jusqu’au lendemain du septième sabbat, et vous présenterez à l’Éternel une offrande de gâteau nouvelle ; vous apporterez de vos habitations deux pains, en offrande tournoyée ; ils seront de deux dixièmes de fleur de farine ; vous les cuirez avec du levain comme les premiers fruits de l’Éternel. Et vous présenterez avec le pain sept agneaux sans défaut, âgés d’un an, et un jeune taureau, et deux béliers : ils seront un holocauste à l’Éternel, avec leur offrande de gâteau et leur libation, un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel. Et vous offrirez un bouc en sacrifice pour le péché et deux agneaux mâles âgés d’un an en sacrifice de prospérités ; et le sacrificateur les tournoiera avec le pain des premiers fruits, en offrande tournoyée devant l’Éternel, avec les deux agneaux : ils seront saints à l’Éternel, pour le sacrificateur. Et vous ferez une proclamation en ce même jour : ce sera pour vous une sainte convocation ; vous ne ferez aucune oeuvre de service : c’est un statut perpétuel, dans toutes vos habitations, en vos générations.
Et quand vous ferez la moisson de votre terre, tu n’achèveras pas de moissonner les coins de ton champ, et tu ne glaneras pas la glanure de ta moisson ; tu les laisseras pour le pauvre et pour l’étranger : Moi, je suis l’Éternel, votre Dieu» (23:15-22).
Dans ce passage il y a une expression toute particulière de plénitude qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. C’est la seule fête à être délimitée par un intervalle de sept sabbats. Elle est la fête des semaines, mais parmi les Héllénistes (ou Juifs parlant grec), le nombre cinquante lui a donné le nom de «Pentecôte». Qu’est-ce donc qui a été accompli lorsque le jour de la Pentecôte est venu dans son plein sens ? Le Père a réalisé Sa promesse, cette incomparable promesse dont le Seigneur lui-même a dit : «Il vous est avantageux que je m’en aille» (Jean 16:7). Qu’est-ce qui pouvait surpasser la bénédiction de Sa présence au milieu de ses disciples sur la terre ? Le don d’un autre Avocat (*), non pas seulement des dons, mais Lui-même, cet Avocat, les baptisant, non plus seulement en espérance, mais comme fait accompli.
(*) Note Bibliquest : = Consolateur = le Saint Esprit : Jean 14:16
C’est pourquoi on devait offrir en ce jour-là une offrande de gâteau nouvelle. Vous êtes probablement au courant que bien des gens, même croyants, sont réticents à considérer l’église comme une chose nouvelle. Ils préfèrent considérer l’église comme ayant toujours existé et continuant toujours jusque dans l’éternité. Or il est remarquable que ce n’est pas seulement Paul qui lui a donne le nom de «un seul homme nouveau» (Éph. 2:15), mais Moïse lui-même ici l’appelle une «offrande de gâteau nouvelle». Or il y avait auparavant une offrande de gâteau préfigurant Christ sans le moindre doute. Qu’était donc cette «offrande de gâteau nouvelle» au jour de la Pentecôte ? Je le laisse sur votre conscience et votre intelligence : la réponse est si certaine qu’il n’est pas besoin d’en dire plus. Ce jour-là, quelque chose a commencé de tellement nouveau que c’est sans précédent. Comparer 1 Cor. 12:12.
Dans le verset 17 (23:17), il est parlé à nouveau de «deux pains en offrande tournoyée». Notez l’association avec Christ. Lui, et lui seul était la Gerbe tournoyée : mais là, il y avait des pains en offrande tournoyée, et il y en avait deux. N’est-il pas dit que l’église était un mystère caché dès les siècles et dès les générations (Col. 1:26). Comment un pareil mystère peut-il être typifié dans ces deux pains ? Ma réponse est que, même s’Il donnait ce type, Dieu a pris soin de ne pas révéler le mystère. Il a montré positivement plusieurs vérités importantes qui se retrouvent dans ce mystère, sans toutefois jamais le divulguer lui-même. S’Il avait voulu révéler le mystère dans ce type, n’aurait-il pas, par exemple, parlé d’un seul pain ? — nous le disons en toute révérence. Quand le mystère a été révélé, il a été entouré de marques certaines comme les expressions «un seul homme nouveau», «un seul corps», etc… ; et dans le signe de la Cène nous n’avons pas deux pains, mais un seul symbolisant un seul corps. Le temps n’était pas venu, en Lév. 23, de révéler le mystère car Christ n’avait pas été rejeté et la rédemption n’était pas encore opérée. Ici donc, l’Esprit de Dieu nous a seulement donné le témoignage de notre association avec Christ par ce qu’on peut appeler une ombre, même pas une image. Le symbole a été clair par le moyen d’un seul pain seulement quand l’Église a commencé.
Des personnes bien intentionnées ont supposé que les deux pains représentaient les Juifs et les Gentils, mais il semble que c’est trop spéculer. L’histoire ecclésiastique peut nous affirmer que Pierre et Paul ont fondé deux églises à Rome, mais nous savons que l’Église de Rome n’a été fondée ni par l’un ni par l’autre, et en fait par aucun apôtre. L’Écriture nous donne l’assurance que les saints se rassemblaient à Rome bien avant qu’aucun apôtre n’y allât ; il est difficile de savoir pour quel motif ils y sont jamais allés, sinon comme prisonniers du Seigneur. Pierre peut y avoir été crucifié ; Paul y est allé dans la prison, et la seconde fois pour y être mis à mort. Mais ni Paul ni Pierre n’ont jamais fondé l’église de Rome, et cette fondation n’est revendiquée pour aucun autre apôtre.
En outre, dans le livre des Actes, nous avons la preuve la plus complète du soin pris alors pour éviter la présence de deux églises où que ce soit. Quand Philippe est descendu en Samarie, bien que des gens y fussent déjà convertis ou baptisés, aucune église n’y a été formée avant que ne viennent les apôtres Pierre et Jean. Le lien avec l’église à Jérusalem a été ainsi gardé de la manière la plus soigneuse. Nous n’entendons pas parler d’imposer les mains à Jérusalem, car ce n’était pas nécessaire en ce temps-là ; par contre s’il n’y avait pas eu d’imposition des mains en Samarie, cela aurait pu servir de motif pour justifier une église indépendante, ce dont il n’y a aucune trace dans l’Écriture. Géographiquement il peut y avoir autant d’églises que vous voulez, mais il n’y a qu’une église de Dieu : il n’est reconnu qu’une seule communion sur la terre. Certainement cela chagrine excessivement beaucoup de personnes, ce qui est habituel quand les gens ressentent leur faiblesse. Mais ce qu’ils ont besoin de voir, c’est que ce n’est pas une question d’opinion ou de volonté, mais de soumission à Dieu et à sa Parole.
Assurément les deux pains en offrande tournoyée ne représentent pas deux églises, l’une des Juifs, l’autre des Gentils : c’est la pire distinction possible, car elle conserve l’ancienne distinction, alors que l’essence même de l’évangile, aussi bien que du seul corps, est de renverser cette distinction, pour unir en Christ aussi bien que pour sauver en Christ.
Quand Dieu parle de témoins, la normale est d’en avoir au moins deux. Il est ainsi écrit «par la bouche de deux ou trois témoins toute affaire sera établie» (2 Cor. 13:1). Quand il s’agit d’un témoignage complet, non pas seulement d’un témoignage valide ou suffisant, il y avait trois témoins. Ainsi le Seigneur a été trois jours dans le tombeau, c’était un témoignage des plus complets à Sa mort. Deux témoins étaient le minimum nécessaire. C’est ce qui va bientôt avoir lieu quand la situation deviendra critique pour la vérité à Jérusalem. Il y aura les deux témoins (Apoc.11), non pas qu’il faille le comprendre numériquement, mais comme une figure appropriée. Ici en Lév. 23, Christ a été ressuscité, vraie Gerbe tournoyée. Quel témoignage supplémentaire (*) y avait-il de la puissance de sa résurrection ? L’assemblée, sous la forme des deux pains en offrande tournoyée. Les chrétiens sont témoins non pas vis-à-vis de la loi de Dieu comme Israël, mais vis-à-vis de Sa grâce en Christ ressuscité d’entre les morts. Tel est le contraste que Paul fait ressortir en 2 Cor. 3, où il parle de ce que nous sommes les lettres de Christ, Christ étant écrit sur nous. Il prend beaucoup de peine à montrer qu’il ne s’agit pas de tables de pierre, ces dernières étant laissées aux Juifs appelés à rendre témoignage à la loi de l’Éternel, tandis que le chrétien est appelé à rendre témoignage à Christ mort et ressuscité dans la puissance de l’Esprit.
(*) note Bibliquest : «supplémentaire» pour atteindre les deux témoins requis.
Les pains en offrande tournoyée devaient être de fleur de farine cuits avec du levain. Voilà deux ingrédients si opposés l’un à l’autre, en sorte que ceux qui savent ce qu’on en fait par ailleurs peuvent bien s’interroger sur leur présence ici. Pourquoi de la fleur de farine ? n’est-elle pas comme Christ, pur et sans péché ? mais la voilà mêlée avec du levain, naturellement corrompu et corrupteur, comme nous-mêmes ! Or n’est-ce pas justement ce que l’Écriture enseigne ici ? La difficulté ici est exactement la même que la question des deux natures, si difficile pour beaucoup. Mais rien n’excuse un manque de lumière, ni quant à l’Écriture ni quant à nous-mêmes. Le chrétien, si jeune soit-il dans la vérité, ne devrait pas être lent à croire qu’il a deux natures en lui-même : l’une qui réclame ce qui est mal, les vieilles habitudes du moi ; l’autre qui trouve son plaisir dans la volonté de Dieu, aimant ce qui est de Christ. La vérité des deux natures se trouve clairement dans les épîtres comme celles aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates. Ici le type nous met en garde contre le piège. Moïse réfute toute prétention à améliorer la chair. Car nous avons deux choses apparemment incompatibles mêlées dans ce qui typifie les chrétiens : la fleur de farine et le levain. De plus, les fâcheuses expériences que nous faisons s’accordent pour confirmer l’existence de ce mélange. Mais ce n’est nullement une excuse pour céder au péché ; cependant le péché est là, illustré par le levain, quoi qu’inactif car cuit dans le pain.
On voit combien toute la vérité se tient ensemble sous tout rapport, et combien Dieu révèle d’un bout à l’autre la parfaite vérité. Sans Lui, l’homme ne peut que trouver et affirmer ce qui est faux dans les choses spirituelles. Dans les choses de Dieu, il ne nous appartient pas de construire des théories, mais de croire. L’Esprit est autant nécessaire pour comprendre la Parole, que la Parole est le matériau indispensable dont l’Esprit se sert. C’est pourquoi, pour trouver la vérité, il ne suffit pas d’être un étudiant, il faut plutôt être un croyant. Dieu a affaire tant au coeur qu’à la conscience. Nous ne pouvons séparer la croissance dans la vérité d’avec l’état spirituel de l’âme : si nous essayons de le faire, nous risquons d’acquérir une «maîtrise» de la Bible assez rapidement, mais il y a tout lieu de craindre que l’étape suivante ne soit la chute.
Au v. 18, nous voyons que les pains d’offrande tournoyée étaient accompagnés de sacrifices d’odeur agréable. Le chrétien doit avoir le sentiment d’être complètement agréé par Christ et en Christ devant notre Dieu et Père. Mais même cela n’est pas tout. Le v. 19 nous parle de sacrifices pour le péché et de sacrifices de prospérités. «Et vous offrirez un bouc en sacrifice pour le péché, et deux agneaux mâles âgés d’un an en sacrifice de prospérités» (23:19). À la Gerbe des premiers fruits s’ajoutaient un holocauste et une offrande de gâteau. C’est la même chose ici : L’église, par grâce, est autant agréée que Christ l’a été lui-même. L’objet de la rédemption a été que nous puissions être, déjà maintenant, aussi complètement délivrés du péché et agréables devant Dieu que notre précieux Sauveur — Lui en vertu de sa propre perfection, nous en vertu de Son oeuvre pour nous. Rien de plus clair que le type, sinon son explication divine dans le Nouveau Testament. Les mêmes figures et un langage similaire sont donc utilisés pour la Gerbe des premiers fruits et pour les pains en offrande tournoyée. Mais maintenant, nous arrivons à quelque chose de différent, car il y a une différence frappante. Avec les pains en offrande tournoyée, il y avait un sacrifice de prospérités et un sacrifice pour le péché, alors qu’il n’y en avait pas dans le cas de Christ comme Gerbe tournoyée. En Lui, il n’y avait pas de péché. Ce n’est pas simplement que Christ n’a jamais péché (1 Pierre 2:22), mais en Lui il n’y avait pas de péché (1 Jean 3:5) : il faut bien insister sur ce point. Il n’a jamais eu de nature pécheresse, sinon Il aurait eu besoin d’un sacrifice pour le péché pour Lui-même. Car il était impératif qu’un sacrifice pour le péché soit lui-même sans péché. Et pareillement pour le sacrifice de prospérités : il n’y en avait pas quand il s’agissait de Christ ou de Sa personne. Il y avait sacrifice de prospérités quand la communion était restaurée (ou quand elle n’était pas mise en cause) mais alors elle suivait le sacrifice pour le péché. Comparer 7:13 où nous voyons que du pain levé était offert avec le sacrifice d’action de grâces de prospérités. C’est ainsi qu’il doit en être lorsque nous sommes directement concernés, mais non pas quand il s’agit d’une ombre de Christ. L’application est pour nous, non pas pour Christ.
La fête des Semaines est donc un type spécifique de la grâce de Dieu et de Ses voies en rapport avec l’appel du chrétien. Cela ne peut guère être mis en doute par ceux qui revendiquent consciemment le nom de croyant. Cette fête correspond au jour où Dieu a envoyé le Saint Esprit et a commencé à rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Sans doute initialement, il n’y avait que des Juifs et des prosélytes, mais il s’y rajoutait une particularité remarquable : il s’agissait de Juifs parlant tous les langages qu’on trouve sous le ciel, non pas seulement la langue de Canaan, aussi les langues du monde des Gentils. N’était-ce pas extrêmement significatif ? Mais il y avait plus encore : non seulement tous ces Juifs divers participaient à ce rassemblement, mais il y eut des Juifs de Palestine, et même de Galilée utilisés par la puissance du Saint Esprit pour s’adresser à eux dans les diverses langues des Gentils alors qu’ils ne les avaient pas apprises auparavant. Ce signe miraculeux montrait la grâce de Dieu se déversant en abondance, venue d’abord vers eux, puis allant ensuite se répandre ailleurs. Ce n’était pas encore la délivrance de toute la création qui gémit étant dans la servitude (2 Cor. 5:4 ; Rom. 8:22), mais toute la création sous les cieux allait entendre l’évangile. C’est pourquoi la puissance de l’Esprit rendait les pécheurs illettrés de Galilée capables de s’adresser aux autres Juifs dans le langage même de tous les pays où le jugement de Dieu les avait dispersés.
En plus de la puissance de rassemblement vers Christ comme centre, la grâce voulait s’occuper des hommes dans les multiples langues auxquelles le jugement de Dieu les avait condamnés à Babel. Inutile de chercher à prouver, en effet, que le travail de Dieu à la Pentecôte n’était pas seulement pour sauver des pécheurs. Ceux qui le prétendent n’ont qu’une idée bien superficielle de la grande oeuvre opérée ce jour-là. Sans aucun doute, un travail du salut s’y accomplissait, et c’était nouveau. Auparavant, le salut n’était possédé que comme promesse, mais désormais la promesse était accomplie. Ceux qui imaginent que le salut n’est rien de plus que l’objet d’une promesse ne comprennent rien au pas immense fait par Dieu dans ses voies lors de la Pentecôte, et cela vient de ce qu’ils mésestiment l’oeuvre de Christ, sinon peut-être Christ lui-même. C’est là que réside la racine de cette erreur. On pourrait penser que c’est un point accessoire, mais en y regardant de près, on voit en règle générale qu’il y a une incompréhension de ce qu’est réellement la rédemption. On ne reçoit pas pleinement et intérieurement le témoignage de Dieu (1 Jean 5:10). Bien sûr on parle ici de salut d’âmes selon l’expression de 1 Pier. 1:9 «recevant la fin de votre foi, le salut des âmes». Le salut du corps n’est pas encore venu ; le salut de l’âme est aussi complet qu’il pourra jamais l’être. Tel est le christianisme en fait : après l’accomplissement de l’oeuvre de Christ, le christianisme vient et sauve l’âme, et plus tard Christ revient et sauve le corps. Nous nous trouvons, nous aujourd’hui, dans l’intervalle.
Mais il y a un autre point en plus du salut : c’est le royaume de Dieu en mystère — car il n’est pas encore manifesté. Le Seigneur Jésus est exalté, mais non pas publiquement. Il n’est pas encore sur son propre trône, mais sur celui de Son Père. Le Nouveau Testament n’en parle donc pas comme d’un roi régnant maintenant, mais comme d’un roi rejeté et glorifié dans les lieux très hauts à la droite de Dieu. Certains citent souvent des versions issues du Texte Reçu où «roi des nations» en Apoc. 15:3 est traduit par «roi des saints», et l’on cherche à prouver par là qu’Il règne maintenant ; mais ceux qui disent cela devraient savoir que l’expression «roi des saints» est une erreur de copiste rejetée par tous les critiques, sur la base de preuves absolument suffisantes. S’il y a un royaume de Dieu aujourd’hui, c’est bien sûr sous une forme mystérieuse, et avec des principes particuliers qui lui sont propres et qui sont dus à ce caractère «en mystère». Tous les chrétiens sont rois et sacrificateurs, destinés à régner avec Christ. Aucun de ceux qui portent le nom de Christ ne peut échapper à la responsabilité liée à une telle position privilégiée ; ceux qui entrent dans ce secret par l’Esprit, souffrent avec Christ maintenant, tandis qu’ils marchent en grâce, et ils seront glorifiés ensemble avec Christ.
Outre le salut et le royaume, il y a une oeuvre encore plus merveilleuse opérée simultanément : c’est l’appel de l’église. Attention à ne pas confondre ces choses. Cette confusion est une des causes originelles de la ruine de la chrétienté, et une caractéristique essentielle du système papal, qui d’ailleurs ne peut subsister sans cette confusion. Les papistes abusent de l’idée du royaume pour s’emparer du pouvoir terrestre. Mais c’est ignorer grossièrement la Parole de Dieu, car nous sommes maintenant au temps du royaume et de la patience (Apoc. 1:9), non pas de Sa puissance. Le Seigneur Jésus fait bien toujours la différence entre l’église et le royaume, comme en Matt. 16 et 18.
Ces trois choses se poursuivent maintenant : d’abord le salut de l’âme, ensuite le royaume de Dieu, ou des cieux selon le cas (il y a quelque différence entre eux, mais, en substance, c’est le même grand fait) et troisièmement, l’église ou le corps de Christ. C’est ce dernier aspect des chrétiens ensemble, que notre chapitre 23 a en vue sous la figure des deux pains en offrande tournoyée.
Nous serons bref sur la parole de l’Esprit au v. 22 : «Et quand vous ferez la moisson de votre terre, tu n’achèveras pas de moissonner les coins de ton champ».
Que signifie ce passage ? N’est-ce pas singulier de trouver encore du bon blé dans «ton champ», après que les deux pains en offrande tournoyée aient disparu de la scène ? On est bien d’accord que les pains en offrande tournoyée représentent le corps [= l’ensemble] des chrétiens. Certains remontent encore plus avant, mais personne ne nie que les chrétiens y sont inclus d’une manière ou d’une autre. Comment se fait-il que, quand ils sont partis, nous entendions parler de blé laissé dans les coins du champ ? Les pains en offrande tournoyée typifient-ils vraiment tous les saints ? N’y a-t-il pas là une illustration confirmant la présence de vrais croyants sur la terre après que l’Église aura été enlevée au ciel et avant la grande journée de l’Éternel ? Ce sera un peu de bon grain. Bien sûr, ils ne seront pas membres du seul corps, alors au complet. Mais Dieu a d’autres conseils, tant pour les Juifs que pour les Gentils, et on le voit dans ce blé laissé pour le pauvre et l’étranger.
Dans le coin du champ, il fallait laisser du blé. Cela ne veut pas dire que des membres du corps du Christ seront laissés en arrière par le Seigneur quand Il viendra chercher les Siens, mais cela veut dire que l’Esprit de Dieu opérera autrement, appelant des croyants après le départ de l’Église. On les trouvera durant le petit intervalle suivant, celui de la dernière (soixante-dixième) semaine de Daniel (Dan. 9:24-27).
Si quelqu’un veut suivre l’histoire de cette période intermédiaire, il en trouvera les détails dans la seconde moitié de Daniel et dans les chapitres centraux de l’Apocalypse. Les Psaumes sont pleins de leurs expériences douloureuses, mais aussi de la consolation bénie donnée à la foi, et de leurs aspirations dans l’espérance avant le jour de l’apparition de Christ. C’est là qu’on peut lire la pleine réponse à la question du blé laissé dans les coins du champ.
C’est une scène entièrement nouvelle que nous trouvons à partir du v. 23 :
«Et l’Éternel parla à Moïse en disant : Parle aux fils d’Israël, en disant : Au septième mois, le premier du mois, il y aura un repos pour vous, un mémorial de sonnerie des trompettes (*), une sainte convocation ; vous ne ferez aucune oeuvre de service, et vous présenterez à l’Éternel un sacrifice fait par feu» (23:23-25).
(*) note Bibliquest : L’expression «sonnerie des trompettes» de la traduction de WK et rendue par «jubilation» dans la traduction JND
On est bien loin d’une continuité du travail de l’évangile jusqu’à la fin du monde, comme beaucoup le supposent, et nous voyons ici le Seigneur commencer un nouveau travail avec des instruments appropriés à ce nouveau but, quand l’église sera partie. Notons qu’il est dit ici «au septième mois» : c’est le dernier mois où l’Éternel a institué une fête. Il achève ici le cycle de Ses voies sur la terre et pour Israël.
Que lisons-nous au tout commencement de cette période finale des opérations de Dieu ? «Un mémorial de sonnerie des trompettes». Dieu inaugure un témoignage renouvelé. La trompette est la figure évidente de Son intervention pour annoncer un changement éclatant. Ce peut être pour le jugement dans certains cas, ou pour un témoignage spécial de la grâce ailleurs. De toute manière c’est une sommation puissante de Dieu adressé à son peuple sur la terre. Ici, il ne s’agit pas simplement de sonnerie de trompettes, mais d’un «mémorial» de la sonnerie de trompettes. C’est le rappel de ce qui est sorti des mémoires depuis bien longtemps. Dieu appelle à faire attention à ce qui était autrefois devant Lui, mais qui est devenu comme mort depuis longtemps, et a disparu. De quoi peut-il s’agir ? C’est un rappel de Son ancien peuple sur la terre. Le Juif est remis en mémoire devant Dieu. Rien d’étonnant à ce qu’il y ait un pareil «mémorial de la sonnerie de trompettes». Des centaines, des milliers d’années se sont écoulées depuis le temps où les Juifs se trouvaient devant Lui comme Son peuple. Le retour de Babylone n’a été qu’une oeuvre partielle ; comme ensemble, Israël n’est jamais rentré, mais est resté dispersé par le monde. Où était la masse d’entre eux ? Perdue parmi les Gentils, et ils sont ainsi restés jusqu’à ce jour dans une condition singulière, sans rien de pareil pour aucun autre peuple depuis le commencement du monde. Ils sont dans tous les pays sans posséder le leur (*) et restent pourtant un peuple ; ils sont sans roi et sans prince, mais subsistent comme peuple ; ils sont sans vrai Dieu et sans faux dieux, mais subsistent quand même comme peuple (Osée 3) : leur existence même est une réfutation permanente de l’incrédulité, alors qu’eux-mêmes sont largement et profondément incrédules !
(*) note Bibliquest : Le fait qu’au 21° siècle, Israël (une partie des Juifs du monde) occupe aujourd’hui avec difficulté une partie de la Palestine ne change guère ce que dit l’auteur.
Mais les mêmes prophéties nous font savoir que ce même peuple retournera dans sa terre et cherchera l’Éternel leur Seigneur et David leur roi ; qu’ils craindront l’Éternel et auront égard à sa bonté dans les derniers jours. Mais quelle est la première opération de Dieu ? Il les réveille. Le temps des ombres a disparu pour toujours. La croix de Christ a mis fin à ce qui n’est pas réel. Par la puissance de la résurrection de Christ, le chrétien est introduit dans une nouvelle création. L’ancienne est finie, la nouvelle vient ; devant Dieu notre place est en Christ. Quand cette oeuvre sera achevée, la grâce commencera à agir en Israël, et ils seront réveillés.
Rien ne démontre plus précisément que Dieu en aura fini avec les chrétiens ; car l’évangile a été répandu parmi les Gentils (quoi que parmi les Juifs d’abord), et, dans l’Église aussi bien qu’en Christ, il n’y a ni Juif ni Grec. La fête des trompettes, c’est Dieu prenant à nouveau en charge son peuple pour le réveiller. Sans contredit, cette fête est postérieure à la Pâque et à la Pentecôte dont elle se distingue entièrement. La première chose qu’on y trouve est une sommation à haute voix de Dieu à un peuple qui avait autrefois sa place devant Lui, et est revenu en mémoire pour être un objet de miséricorde, non pas de jugement. Il est évident que ce serait incohérent d’appliquer cela à l’évangile à l’oeuvre depuis la mort et la résurrection de Christ. Il y a longtemps que nous bénéficions de Son sacrifice [Pâque] et que nous sommes appelés à une sainteté pratique [Pains sans levain] et que nous avons eu le don du Saint Esprit [Pentecôte]. Mais quand Dieu aura terminé ses voies en rapport avec notre bénédiction, il nous est révélé ici qu’au septième mois, l’Israël mort sera ressuscité du tombeau par la trompette de Dieu selon ce qu’a prédit d’Ézéchiel longtemps après ce livre du Lévitique (Ézé. 37). Comme c’est manifestement une oeuvre nouvelle pour un peuple longtemps désavoué, passons en revue les autres passages de l’Écriture qui donnent de la lumière sur le sujet.
Commençons par les Psaumes. On y apprend combien ils s’accordent, ainsi que les prophètes, avec cette figure de la loi. Voyez le Ps. 81. C’est un témoignage assez clair à cette figure de la loi : «Chantez joyeusement à Dieu, notre force ; poussez des cris de joie vers le Dieu de Jacob. Entonnez le cantique, et faites résonner le tambourin, la harpe agréable, avec le luth. Sonnez de la trompette à la nouvelle lune, au temps fixé, au jour de notre fête» (Ps. 81:1-3). Si on n’a pas de préjugé, on ne peut nier l’application de ce passage à Israël. La lune, ce luminaire qui pâlit et perd son brillant, puis retrouve la lumière, est pareil à ce que fera la grâce de Dieu envers ce peuple rebelle.
Ce point sera confirmé de façon combien frappante en Israël ! On ne peut pas en dire de même avec l’église mondaine, la chrétienté. L’apostasie des gentils est une ruine sans retour. Prenez Babylone ; qu’est-ce qu’enseigne l’Écriture à son sujet ? Babylone ne retrouve jamais son brillant d’autrefois. Babylone (Apoc. 17 et 18) est la femme corrompue qui se pare de la réputation d’être l’épouse de Christ, alors qu’elle n’est qu’une fausse épouse, commettant la prostitution avec les rois de la terre. Autrefois l’empire romain la portait, mais elle n’a plus cet appui. En son temps elle a été enivrée du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. Elle a encore une coupe d’or dans sa main, pleine d’abominations et des impuretés de sa fornication (Apoc. 17:1-6). Mais sa fin est le jugement et la destruction. Il n’y a pas pour elle de renouveau, pas de nouvelle lune brillant d’une force retrouvée et d’un éclat neuf. Babylone ne se relèvera jamais. La destruction est décidée, décidée par le Seigneur Dieu, mais exécutée par la main de l’empire romain renouvelé et de ses satellites (des rois) qui vengent ceux qu’elle a trop longtemps corrompus.
Il en va tout autrement avec Israël qui n’a jamais eu les privilèges de l’église. Les Juifs étaient sous la loi : que connaissaient-ils d’être sous la grâce comme nous ? Bientôt Israël va être mis sous la nouvelle alliance, mais cela ne peut avoir lieu avant que la sonnerie de trompettes ait retenti à nouveau, au temps de la nouvelle lune (selon Ps. 81:3), la nouvelle lune au temps fixé par Dieu. Le langage convient pour Israël, pas pour l’Église. Ils chantent et poussent des cris de joie vers le Dieu de Jacob (Ps. 81:1). Comment peut-on confondre le Dieu de Jacob et le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ? Pourquoi vouloir nier la miséricordieuse espérance d’Israël ?
C’est une perversion extrêmement nuisible d’appliquer les bénédictions de tout genre à l’Église (et pas les malédictions !). Ne sommes-nous pas bénis dans les lieux célestes (Éph. 1:3) ? Nous avons droit de prendre notre part de réjouissance en ces promesses faites à Israël, mais ce n’est pas en jouir à bon escient que de les détourner sur nous-mêmes. Réjouissons-nous qu’il y ait encore en réserve de telles bénédictions pour d’autres gens, pour l’Israël des derniers jours. Nous avons la nouvelle alliance dans l’esprit, si nous ne l’avons pas dans la lettre. Nous avons des privilèges spéciaux, qui nous sont propres, et qui vont bien plus loin que ceux d’Israël, même au temps du Royaume.
Si nous apprenons que certains se convertissent, serons-nous jaloux de leur bénédiction ? N’allons nous pas nous réjouir de ce que la grâce de Dieu qui nous a déjà visités, en a aussi atteint d’autres ? et qu’elle va bientôt s’étendre à un cercle plus large ? Quand nous voyons dans les Écritures qu’Israël, bien-aimé mais coupable, va sortir du tombeau des si longues et profondes ténèbres de l’incrédulité pécheresse, pourquoi ne vouloir entendre parler que de l’église ? C’est en réalité rabaisser le caractère de nos bénédictions du ciel vers la terre. Réjouissons-nous de ce qu’enfin Dieu va réveiller Son peuple et accomplir tous ses desseins terrestres, non seulement dans Son peuple, mais dans toutes les nations par leur moyen.
En rapport avec ce sujet, je voudrais brièvement attirer l’attention sur un texte mal rendu dans certaines versions comme la version autorisée (*). Il s’agit de Luc 2:32 où la version autorisée donne «une lumière pour éclairer les Gentils, et la gloire de ton peuple Israël» ; la version du roi Jacques révisée donne «une lumière pour la révélation aux Gentils», ce qui n’est pas mieux. Mais la traduction correcte est «une lumière pour la révélation [ou : le dévoilement] des Gentils», ce qui signifie que Christ est une lumière pour amener les Gentils à la vision divine des choses : Ceci se réalise maintenant, et est distinct de Christ «gloire de ton peuple Israël», qui est pour bientôt, mais pas maintenant. Les Gentils ne sont plus dans les ténèbres comme précédemment selon les voies de Dieu, et c’est à eux qu’est confié maintenant le vrai témoignage de Dieu, comme un privilège et une responsabilité. Christ ne sera pas la gloire d’Israël avant le temps du millénium. Les Gentils étaient autrefois dans les ténèbres comme les Juifs le sont maintenant ; le Seigneur va venir sous peu pour la gloire de son peuple Israël. Luc est le seul évangile où la venue de Christ est vue sous cet aspect de lumière présente pour révéler les Gentils, et de gloire future pour Israël. Il est important pour nous de bien saisir l’intention divine et la portée réelle de la Parole de Dieu. Ne nous précipitons pas à supposer cette portée, mais une fois que nous en sommes assurés, tenons-y ferme et usons-en pour le Seigneur l’un pour l’autre.
(*) Version autorisée anglaise ou version du roi Jacques ; des versions françaises, autre que JND, traduisent pareillement.
C’est en relation avec Israël que le Ps. 81 parle de la sonnerie des trompettes. Personne ne doute que la figure de la trompette soit aussi utilisée pour nous — sur un plan général comme en 1 Cor. 14, ou de manière précise et future selon le passage solennel de 1 Cor. 15. Mais il n’est jamais question «de mémorial de sonnerie de trompettes». Pour nous il y aura «une dernière trompette» (1 Cor. 15:52), parole bénie et solennelle. Quelle est l’origine et la portée de cette expression ? C’est une figure tirée des usages militaires romains, une expression familière pour tout le monde dans ce temps-là. Rappelons-nous que les Romains étaient alors les maîtres du monde, et que la plupart des gens ne savaient que trop ce qu’étaient leurs légions. Seuls quelques endroits reculés ignoraient la servitude de fer du pouvoir impérial qui broyait tout (Dan. 7:19) : Josèphe est l’un de ceux qui décrit le campement romain et nous fait savoir les différents signaux successifs pour les différents mouvements de l’armée. À la fin, la «dernière trompette» sonnait, et dès qu’on l’entendait, tous partaient. Ceci peut servir d’explication à l’usage que l’Esprit fait de cette expression pour désigner les derniers appels au peuple du Seigneur pour Le rencontrer en l’air (1 Thes. 4:16-17 ; 1 Cor. 15:52).
Un autre passage de l’Écriture présente ici quelque intérêt ; c’est És. 27:12 : «Et il arrivera ce jour-là que l’Éternel battra au fléau depuis le courant du fleuve jusqu’au torrent d’Égypte, et vous serez rassemblés un par un, fils d’Israël !». Il s’agit de rassemblement, non pas des croyants au ciel, mais des enfants d’Israël dans leur pays. «Et il arrivera en ce jour-là qu’on sonnera de la grande trompette ; et ceux qui périssaient dans le pays d’Assyrie, et les exilés du pays d’Égypte, viendront et se prosterneront devant l’Éternel, en la montagne sainte, à Jérusalem» (És. 27:13). L’application faite de «la trompette» n’est elle pas évidente et certaine ? «Ceux qui périssaient» ne saurait s’appliquer au rassemblement de l’église pour aller au ciel. En ce jour-là, nous serons déjà dans la gloire, ayant été des objets de la grâce, comme chrétiens et corps de Christ sur la terre. Il est non moins clair que, juste avant l’intervention de Dieu, le peuple juif passera par la pire phase de tribulations, attaqué par tous ses ennemis, et alors apparaîtra leur Libérateur (Rom. 11:26).
Aussi longtemps que Israël reste dans l’ombre ou châtié par Dieu, les Gentils peuvent rester en paix. Mais il suffit d’un pas en avant vers le bien, et que Dieu se mette à faire d’Israël la tête et non la queue (Deut. 28:13), et voilà l’ancienne inimitié qui se ravive. En ce jour-là, Israël sera rassemblé par Dieu à Jérusalem. Il ne s’agit pas de la Jérusalem d’en haut en qui nous avons part par grâce, mais de la Jérusalem terrestre où l’Éternel régnera en son temps selon Sa bonté et ses nombreuses promesses. Le réveil futur d’Israël qui aura lieu alors correspond à la fête des trompettes.
En Matt. 24:29-31, il est écrit : «Et aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors paraîtra le signe du fils de l’homme dans le ciel : et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges avec un grand son de trompette ; et ils rassembleront les élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout». Le contexte montre que dans ce passage, «Ses élus» sont d’Israël, non pas des chrétiens. Certains n’apprécieront pas cette remarque car ils ont tendance à toujours attribuer à l’Église ce qu’ils voient de bon dans l’Écriture. Mais pourquoi se priver de se réjouir dans le rassemblement futur d’Israël ? Nos frères n’ont-ils pas lu la parabole du figuier ? Quelle est sa portée ? Comme la rose est l’emblème d’une partie de l’Angleterre et le chardon l’emblème d’une autre, ainsi l’image du figuier est utilisée pour Israël. «Quand son rameau est tendre et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche» (Matt. 24:32). Ils ont eu leur long hiver, et bientôt le Soleil de justice va se lever pour eux, avec la guérison dans ses ailes (Mal. 4).
Nous arrivons à la plus solennelle de toutes les fêtes, le grand jour des propitiations : «Et l’Éternel parla à Moïse, disant : De même, le dixième de ce septième mois, c’est le jour des propitiations : ce sera pour vous une sainte convocation, et vous affligerez vos âmes, et vous présenterez à l’Éternel un sacrifice fait par feu. Et ce même jour vous ne ferez aucune oeuvre, car c’est un jour de propitiation, pour faire propitiation pour vous, devant l’Éternel, votre Dieu. Car toute âme qui ne s’affligera pas en ce même jour, sera retranchée de ses peuples. Et toute âme qui fera une oeuvre quelconque en ce même jour, cette âme, je la ferai périr du milieu de son peuple. Vous ne ferez aucune oeuvre : c’est un statut perpétuel, en vos générations, dans toutes vos habitations. C’est un sabbat de repos pour vous, et vous affligerez vos âmes. Le neuvième du mois, au soir, d’un soir à l’autre soir, vous célébrerez votre sabbat» (23:26-32).
Il est bon d’avoir une vue d’ensemble sur le déroulement des nombreux évènements de ce septième mois. Quand le jour s’accomplira en réalité, Dieu sera sur le point d’achever Son oeuvre sur la terre. Il finira par ôter le mal qui a si longtemps ravagé les hommes, et il amènera Son ancien peuple à la plénitude de bénédiction, le monde ayant aussi sa part de bénédictions, l’un et l’autre étant bénis par le moyen de Christ le Seigneur.
En ce jour des propitiations, Israël sera sous le bénéfice de la propitiation de Christ. Mais gardons à l’esprit qu’on ne peut pas appliquer au chrétien le schéma chronologique des fêtes. Il y a longtemps que nous avons eu Christ comme notre sacrifice de la Pâque. Ce sacrifice n’a pas à se répéter pour le chrétien, car répéter l’oeuvre de Christ pour nous s’opposerait à ce qu’elle ait une valeur éternelle, selon les principes de l’épître aux Hébreux. C’est pourquoi ce jour des propitiations représente l’oeuvre de Christ appliquée à Israël. Ils ont eu en son temps le témoignage rendu à l’Agneau, mais ils l’ont refusé. Entre temps, c’est nous qui avons été introduits par grâce dans la sphère de bénédiction. Israël est-il mis de côté pour toujours ? Non pas, seulement pour un temps, comme Romains 11 aussi bien que la Loi, les Psaumes et les Prophètes nous l’assurent. Le fait que le jour des propitiations au septième mois soit placé si longtemps après la Pâque, indique, non pas que l’oeuvre ait à être répétée, mais qu’il faut une seconde application de cette oeuvre, distincte de la première, bien sûr en faveur d’Israël comme Dieu s’y est engagé par serment. Voulez-vous une preuve de l’Écriture ? Jean 11:51 suffira : «Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et non pas seulement pour la nation, mais pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés». Ce passage montre de manière très claire la double portée de l’oeuvre de Christ. Dès les jours d’autrefois, «cette nation», les Juifs, l’ont rejetée, car c’est au Juif premièrement que l’offre a été faite. Mais l’oeuvre n’a pas été que pour eux, mais pour «réunir en un les enfants de Dieu» : ils sont à la fois sauvés et réunis en un. C’est l’Église baptisée du Saint Esprit. Mais les prophètes et le Nouveau Testament déclarent qu’il reste une bénédiction pour Israël par la suite. Elle est suspendue pour le temps présent, mais le précieux sang du Seigneur Jésus et sa mort ne peuvent manquer de montrer aussi leur efficacité à leur égard ― même pour ce peuple tellement incrédule et rebelle dès les jours d’autrefois. Combien la grâce de Dieu est patiente, puissante et victorieuse !
Au dixième jour du septième mois, au temps fixé par Dieu, le jour viendra, c’est certain. Remarquez l’insistance frappante du langage utilisé en comparaison de ce qui précède : «Vous affligerez vos âmes, et vous présenterez à l’Éternel un sacrifice pour le péché fait par feu». On ne trouve pas de pareille expression lors de l’agneau pascal, et ce n’est pas étonnant, car Dieu fera tout spécialement sentir leurs péchés à Israël, ne pouvant fermer les yeux sur leur longue période d’incrédulité ; et quand leur jour de la bénédiction viendra, chacun peut bien penser que ce peuple ne sera pas insensible. Peut-on imaginer que les Juifs se regarderont eux-mêmes comme des pécheurs ordinaires ? Certainement pas. Ils diront à juste titre : nous sommes le peuple le plus coupable de la terre ; le Messie, le Christ de Dieu, nous a été envoyé, après les prophéties les plus détaillées, avec des signes abondants, et Il a vécu une vie sans pareille ! Nous l’avons méprisé et l’avons eu en horreur ; Il n’était pas des Gentils, et pourtant vous les Gentils vous vous êtes inclinés devant Lui et devant l’évangile. Car le Messie rejeté par Israël est devenu le Fils de l’homme souffrant mais exalté, et les Gentils l’ont écouté comme Israël le fera plus tard.
Joseph rejeté des ses frères était en Égypte, exalté à la droite du trône. C’est là-bas aussi, alors qu’il était le second après celui qui l’avait établi à la plus haute dignité, qu’il a eu une épouse inconnue de ses frères. Quand le vrai Joseph se présentera Lui-même aux fils d’Israël, n’affligeront-ils pas leurs âmes comme firent les frères de Joseph, la maison du pharaon l’entendant (Gen. 45:2) ? La semence de Jacob n’a jamais eu de deuil aussi authentique que celui-là : Combien plus alors dans ce jour bien proche, et d’une manière incomparable. Il ne peut en être autrement si Dieu opère une repentance réelle selon ce qu’Il fera en Israël. Le jour des propitiations porte la marque de ce qui aura lieu comme événement historique, s’appliquant pleinement à Son peuple Israël dans le jour futur où s’achèveront les plans de Dieu quant à la terre.
Mais ce n’est pas tout. Au v. 28, nous lisons : «Et ce même jour vous ne ferez aucune oeuvre, car c’est un jour de propitiation, pour faire propitiation pour vous, devant l’Éternel, votre Dieu». Y a-t-il aucun autre peuple auquel on pourrait appliquer ces paroles avec autant d’à propos et de solennité ? Car la nation dont il s’agit ici est bien le peuple choisi de l’Éternel. N’était-il pas le peuple qui, plus que tout autre, se vantait de leurs oeuvres, et «cherchant à établir leur propre justice, ils ont heurté contre la pierre d’achoppement» (Rom. 9:31, 32 ; 10:3). Ce n’est que dans les croyants qu’on trouve des oeuvres acceptables. Ceux qui ont l’Esprit de Dieu opérant en eux sont ceux qui montrent réellement les fruits de l’Esprit et ne s’en glorifient pas. Quand on ressent que tout est par grâce, comment pourrait-on se vanter ? Ceux qui mésestiment la foi, et en conséquence parlent de la loi, ceux-là ne produisent rien d’acceptable pour Dieu en réalité. Le Juif se vante, mais il a heurté contre la pierre d’achoppement de l’humble Nazaréen, le Sauveur crucifié ; il n’en sera plus ainsi dans ce jour-là, quand la réalité de la foi non seulement produira la repentance, mais exclura toutes les prétentions du moi. Il y aura un temps où des oeuvres seront manifestées, mais en attendant, au jour des propitiations, c’est comme si tout était rejeté, sauf Christ leur propitiation et leur substitut. Leur dégoût d’eux-mêmes sera aussi complet que leur abandon de leurs propres oeuvres. Le fait même de croire alors ce que Dieu a fait pour eux en Christ les remplira de honte à la moindre référence à l’une quelconque de leurs oeuvres : rien ne peut se mêler à Son oeuvre.
Il y a donc deux effets de la grâce : d’un côté (v. 27) l’affliction de l’âme dans la confession de leurs péchés ; et d’un autre (v. 28), ne rien mêler de soi-même avec ce que Christ a souffert pour eux devant Dieu. Les versets 29 et 30 le répètent avec la même insistance solennelle : «Car toute âme qui ne s’affligera pas en ce même jour, sera retranchée de ses peuples. Et tout âme qui fera une oeuvre quelconque en ce même jour, cette âme, je la ferai périr du milieu de son peuple». Et encore au verset 32 : «C’est un sabbat de repos pour vous, et vous affligerez vos âmes». Les deux réalités morales, aucune oeuvre de l’homme et la vraie affliction de l’âme, telle est la marque du jour des propitiations pour Israël.
Quelle bénédiction qu’Israël sache cela et le ressente ainsi ! On peut aussi faire encore appel à d’autres passages de l’Écriture. Écoutons l’un des prophètes, Zacharie 12:9 au sujet du jour de l’Éternel — non encore accompli — : «Et il arrivera, en ce jour-là, que je chercherai à détruire toutes les nations qui viennent contre Jérusalem». Car les nations seront alors à nouveau jalouses et hostiles à Israël. «Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications» (Zach. 12:10). N’est-ce pas là le jour des propitiations ? «Et ils regarderont vers Moi, Celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui». C’est le jour où l’on afflige son âme. «Comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui comme on a de l’amertume pour un premier né» (Zach. 12:10). «En ce jour là il y aura une grande lamentation à Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon dans la vallée de Meguiddon ; et le pays se lamentera, chaque famille à part… et leurs femmes à part» (Zach. 12:11-14). Les consciences amènent chacun à se trouver seul avec Dieu, pour que les confessions soient vraies et profondes. Tel est l’effet d’une douleur réellement opérée par l’Esprit. Quand la conscience est véritablement atteinte par l’Esprit de Dieu, elle s’isole toujours, et conduit l’âme à désirer marcher seule avec Dieu. À qui, hélas, pourrait-elle dire honnêtement tout ce qu’elle est ? Quel bien cela pourrait-il faire à qui que ce soit ? Du tort oui, mais pas du bien. C’est à Dieu qu’il faut aller, et à Dieu qu’il faut confesser. C’est bon pour l’âme, et Dieu veut une honnêteté de bon aloi. Il ôtera la culpabilité, et cela s’accomplira par Sa grâce et Sa vérité. Leur jour des propitiations sera quand Israël ne se cachera plus comme Adam, mais qu’ils déverseront leur péché dans le sein de Dieu. Le Seigneur Jésus donnera la hardiesse de la foi. Ils verront Celui qu’ils ont percé.
«Chaque famille à part». Le travail est si profond et si réel que même les femmes sont à part : les relations les plus proches et les plus étroites sont dissociées pour qu’il y ait maintenant pour la première fois «la vérité dans l’homme intérieur» (Ps. 51:6). Quelles familles sont nommées ? «La famille de David à part, et leurs femmes à part ; la famille de la maison de Nathan à part, et leurs femmes à part» (Zach. 12:12). Pourquoi David, pourquoi Nathan ? Il y avait eu un temps où le roi tremblant se tenait devant le prophète, convaincu de péché au plus profond de lui-même, et le fidèle prophète reçut la force de Dieu pour le déclarer coupable : «Tu es cet homme» (2 Sam. 12:7). Quel changement maintenant ! Il n’y a plus de roi humilié devant un prophète qui le déclare coupable. Tous sont pareillement déclarés coupables, et tellement remplis du sens de leur propre péché qu’ils ressentent profondément le besoin d’être seul avec Dieu. Le travail n’est pas seulement réel, il est profond ; ce n’est pas le simple effet de sentiments ou de sympathie suscité par une foule en pleurs. Ils vont chacun de leur côté, chacun devant Dieu, afin que tout soit mis au jour et clair. C’est certainement une parole qui devrait être un avertissement quant au danger aujourd’hui de méga réunions ou réveils (ou autres) avec des grandes foules. Je ne dis pas cela pour affaiblir la confiance de qui que ce soit, mais pour que chacun sente l’importance pour les âmes de se retrouver seule avec Dieu quant à leurs péchés.
Il y a encore deux autres images, pour compléter le tableau. «La famille de Lévi à part, et leurs femmes à part ; la famille des Shimhites à part et leurs femmes à part» (Zach. 12:13). La note en marge de la bible hébraïque met «Siméon» comme une autre possibilité, reprise par les Septante, la plus ancienne version. Bien sûr, il y a des opinions divergentes sur ce point comme partout. Il est courant dans l’Écriture de trouver deux noms pour une même personne, par exemple Paul et Saul, Silas et Sylvain, Jude et Thaddée. Si nous acceptons le point de vue des traducteurs grecs, cela rappelle les deux fils de Jacob, de triste mémoire, au début de leur histoire (Gen. 34). Ils ont été associés dans la vengeance. Certes le Gentil était coupable d’une grosse faute et avait déshonoré leur soeur ; mais la colère des frères a été cruelle et leur vengeance trompeuse et outrageante (Gen. 49:7). C’est pourquoi Jacob fut rempli de honte devant ses fils indignes, unis dans leur dessein meurtrier sous couvert de religion. Mais maintenant, au travers de leur descendance, ils ont trouvé le Sauveur, ou plutôt le Sauveur les a trouvés, et ils confessent chacun leurs propres péchés. Des milliers d’année ont passé, mais c’est comme si les descendants de ces deux patriarches d’Israël se courbaient en terre devant le Seigneur mort pour eux.
Quoi qu’il en soit des derniers noms, on a là le vrai sens du jour des propitiations appliqué à Israël. Réjouissons-nous que, par notre précieux Sauveur, Dieu élargisse pareillement sa grâce, même envers Son peuple coupable, mais maintenu pour ce temps-là et pour d’autres grands desseins de Dieu.
La dernière fête commence au v. 33. «Et l’Éternel parla à Moïse, disant : Parle aux fils d’Israël, en disant : Le quinzième jour de ce septième mois, la fête des tabernacles (ou : cabanes) [se célèbrera] à l’Éternel pendant sept jours. Le premier jour il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez aucune oeuvre de service. Pendant sept jours vous présenterez à l’Éternel un sacrifice fait par feu ; le huitième jour, vous aurez une sainte convocation, et vous présenterez à l’Éternel un sacrifice fait par feu : c’est une assemblée solennelle ; vous ne ferez aucune oeuvre de service. Ce sont là les jours solennels de l’Éternel, que vous publierez, de saintes convocations, afin de présenter des sacrifices faits par feu à l’Éternel, des holocaustes, et des offrandes de gâteau, des sacrifices et des libations, chaque jour ce qui est établi pour ce jour, outre les sabbats de l’Éternel, et outre vos dons, et outre tous vos voeux, et outre toutes vos offrandes volontaires que vous donnerez à l’Éternel. Mais le quinzième jour du septième mois, quand vous aurez recueilli le rapport de la terre, vous célébrerez la fête de l’Éternel pendant sept jours : le premier jour il y aura repos [un sabbat], et le huitième jour il y aura repos [un sabbat]. Et le premier jour vous prendrez du fruit de beaux arbres, des branches de palmiers, et des rameaux d’arbres touffus et de saules de rivière ; et vous vous réjouirez devant l’Éternel, votre Dieu, pendant sept jours. Et vous célébrerez la fête comme fête à l’Éternel, pendant sept jours chaque année ; c’est un statut perpétuel, en vos générations : vous la célébrerez le septième mois. Vous habiterez sept jours dans les tabernacles ; tous les indigènes en Israël habiteront dans des tabernacles, afin que vos générations sachent que j’ai fait habiter les fils d’Israël dans des tabernacles, lorsque je les fis sortir du pays d’Égypte. Moi, je suis l’Éternel, votre Dieu. Et Moïse dit aux fils d’Israël les jours solennels de l’Éternel» (23:33-44).
Remarquons d’abord que nous n’avons pas vu de suite de sept jours depuis la fête des pains sans levain ; celle-ci représentait notre marche en sincérité et en vérité, dans la sainteté chrétienne, et c’est le point important de cette fête, parce que Christ notre Pâque a été sacrifié pour nous. C’est la course, le pèlerinage de ceux qui sont au bénéfice de la grâce. Mais voici sept autres jours, dans un autre but ; de quoi s’agit-il ? Ce sont sept jours de gloire sur la terre. Certains vont peut-être sursauter, car beaucoup de chrétiens croient que la gloire est toujours en relation avec le ciel ; c’est ainsi qu’à propos de la mort, ils disent que les âmes sont allées dans la gloire. Nous sommes bien loin de nier que le chrétien est destiné à la gloire céleste. Nous appartenons à Christ Lui-même dans le ciel, et quand nous délogeons à la mort, c’est bien pour être avec Lui.
Nous sommes également loin de partager l’avis du pasteur écossais renommé Dr. Chalmers qui prétend que l’église glorifiée va vivre et régner sur la terre. Ce n’est pas dans une ressemblance des cieux que nous allons vivre éternellement, mais dans les vrais cieux, les cieux eux-mêmes. La maison du Père (Jean 14:2) ne signifie pas la terre, même idéalisée ou spiritualisée, mais c’est la partie la plus glorieuse des cieux. Il ne s’agit pas d’un coin éloigné ou d’une banlieue de la gloire, mais du lieu même où le Fils habite maintenant, où l’amour du Père se plait à recevoir le Fils et à le glorifier. C’est là que nous serons avec Lui, dans les plusieurs demeures de la maison du Père. «Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous vous soyez aussi» (Jean 14:3). Nous allons là où Il est. La portion du chrétien, c’est Christ dans la maison du Père ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes. 4:17). Il ne nous aurait pas parlé de cette manière s’il y avait le danger d’élever trop haut nos espérances, mais il l’a fait pour nous remplir de la même attente dont son coeur est rempli. L’Épouse va être avec l’Époux. C’est donc une notion sans aucun fondement de mettre la scène de notre gloire sur la terre. Que les personnes ayant de pareilles vues soient des personnes pieuses, ne change en rien au fait qu’il faut rejeter ces vues parce qu’elles sont de bas niveau, et même doublement dommageables. Elles nient que la gloire de l’Église soit spécifiquement céleste, et elles ne laissent aucune place à la gloire future d’Israël selon les promesses pour la terre. C’est donc une erreur lourde de conséquences, qui affecte notre interprétation de la Bible et nous prive d’une vue d’ensemble sur les voies de Dieu.
Écoutez ce qu’enseigne le Nouveau Testament : «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a béni de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3). De droit, c’est là que nous sommes déjà bénis en Christ, et de fait, c’est là aussi que nous le serons quand il viendra nous prendre et que nous serons changés pour être toujours avec le Seigneur. Mais dans ce passage d’Éph. 1:3, c’est une toute autre vérité qui nous est présentée ; il ne s’agit pas là de ce qui aura lieu quand nous irons au ciel, car il n’est pas parlé de temps. C’est un jour éternel dans la sphère de lumière et de bénédiction immuables, et en figure, on peut bien l’appeler le «jour d’éternité». C’est d’ailleurs ce que fait l’apôtre Pierre au dernier verset de sa seconde épître : «À lui soit la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité». La gloire viendra sans aucun doute sur la terre. «Lève-toi, resplendis ; car ta lumière est venue et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi.…» (És. 60:1). Où est-ce ? Dans le ciel ? Non, mais en Sion sur la terre (És. 59:20 ; 60:14). N’était-ce pas la montagne sur laquelle le palais du roi était construit ? (2 Sam. 5:9). Et quelle expression de la grâce qui va rétablir le royaume d’Israël, quand Dieu le donnera au roi David !
Je voudrais attirer votre attention sur deux écoles de théologie, car la vérité dont nous parlons est d’importance tant pratique que doctrinale. Il peut être instructif de les voir les deux, incapables de saisir ce que le Saint Esprit nous révèle de la gloire de Dieu. Ces deux écoles s’opposent à propos du futur. L’une soutient que la scène de la gloire à venir est la terre, là où Christ est mort et où Dieu a opéré en grâce, et que c’est aussi là qu’il a promis des choses glorieuses. Je l’admets pleinement, mais en déduire que c’est là que nous serons glorifiés n’est pas fondé. L’autre école soutient que le ciel est la seule scène de gloire, et de manière si exclusive, qu’elle en arrive presque — sinon tout à fait — à oublier le corps et sa résurrection future du tombeau. Il y a un danger à ne penser qu’à l’âme, et au ciel réservé au pur esprit : c’est un misérable substitut à l’espérance chrétienne, et c’est ce n’est pas du tout ce qu’enseigne la Parole de Dieu. Il est bien vrai, et béni, que déjà maintenant l’esprit séparé du corps va pour être avec Christ, et aucun croyant ne cherche à affaiblir cette vérité. Le brigand qui venait de se convertir allait être le jour même avec Lui au paradis. Il est lamentable que cela soit si peu cru par les théologiens modernes, et sans aucun doute, leur faiblesse dans ce domaine est due à leur maigre connaissance de Christ et de la rédemption. Mais cette bénédiction intermédiaire n’est pas la résurrection, bien que les saints délogés (Phil. 1:23), quand ils seront ressuscités, seront aussi dans le «paradis de Dieu» (Apoc. 2:7). Le paradis d’Adam était le lieu le plus merveilleux de la terre et pareillement, le «paradis de Dieu» est la partie du ciel la plus glorieuse. L’homme pécheur a été chassé du premier, tandis que l’homme croyant est reçu dans le second. Christ est les prémices (ou premiers fruits), comme il est le Fils et le Sauveur (mais Lui seul l’est) ; après, ceux qui sont du Christ à sa venue (1 Cor. 15:20, 23).
Mais il y a une autre chose : le royaume de Dieu, et les «choses terrestres» qui s’y rapportent. Pour y avoir accès, l’homme a besoin de la nouvelle naissance tout autant que pour les «choses célestes» (Jean 3:3-7, 12). Il n’y a ni le ciel tout seul, ni la terre toute seule, mais les deux sont bénis harmonieusement et en rapport avec leur caractère propre (comparer Éph. 1:20 et Col. 1:20). La foi ne trouve pas de difficulté réelle dans l’Écriture, bien que celle-ci ait une portée bien plus vaste que la théologie, laquelle s’arrête invariablement en deçà de la vérité de Dieu. Car la théologie est une tentative humaine pour réduire la Parole de Dieu à une science, une science que l’homme puisse apprendre, converti ou non. Il ne faut pas s’étonner que ça aboutisse toujours à un échec, d’ailleurs bien mérité. Vous ne pouvez faire rentrer ce qui a la vie dans un carcan de fer des hommes, sans détruire sa force, sa substance et sa beauté. Le ciel, la terre et la mer, et toutes les créatures qui y sont vont être sous la domination de Christ dans l’un des domaines du règne, domaines distincts mais faisant partie d’un tout : ce règne sera à la gloire de Dieu. Dans la plénitude des temps (Éph.1:10), Dieu va réunir «toutes choses» dans le Christ, mais non pas toutes les personnes, car ceci n’aura jamais lieu. Hélas ! Ceux qui ont méprisé le Seigneur Jésus devront être jetés à la fin dans l’étang de feu ! Mais «toutes choses», la création qui soupire et gémit (Rom. 8:22 ; 2 Cor. 5:4), non pas coupable de son péché, mais souffrant du péché de l’homme, sera délivrée par la victoire du Second Homme. C’est ce que nous attendons et la création aussi, et Christ aussi l’attend.
Il n’est donc pas vrai que la terre doive être la seule scène de gloire ; les cieux le seront aussi. On peut le prouver d’après d’autres Écritures, outre les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Mais il n’est jamais bon d’exiger beaucoup de passages, souvenez-vous en. Un seul passage de l’Écriture, s’il est clair, est déterminant. Que penser d’une âme qui, mise en présence d’un passage de l’Écriture, en demande un autre. Même s’il ne s’agissait que d’une parole d’homme, oserions-nous demander qu’on nous répète la même chose une demi-douzaine de fois ? En fait, si telle est notre habitude, cela génère la suspicion. Or s’il en est ainsi pour des paroles d’homme, combien plus cela déshonore Dieu de chaque fois réclamer de Lui tant de multiples déclarations. Il est vrai que, dans certains cas, il Lui arrive de présenter la même chose sous plusieurs formes différentes ; mais c’est là pure grâce de Sa part, tenant compte de la faiblesse de l’homme.
Prenez par exemple le Ps. 73:24, que je choisis pour signaler une faute singulière de beaucoup de traducteurs. Il est fréquent qu’on traduise : «Tu me conduiras par ton conseil, et après cela, tu me recevras dans la gloire». Ca peut être de la bonne doctrine chrétienne, mais est-ce vraiment l’objet du Psaume ? Soumettons-nous à l’Écriture. Pour traduire ainsi, il faut ajouter le mot «dans», or aucune autorité ne permet d’ajouter ou ôter un mot de la sorte. La vérité est que les traducteurs ne comprenaient pas le sens des mots tels qu’ils sont, d’autant plus qu’on considérait généralement comme acquis que le but du Psaume est de parler directement de la consolation chrétienne. Mais ces traducteurs n’ont jamais pensé aux espérances particulières d’Israël, et ils ne pouvaient donc saisir la portée du passage. C’est de la confusion d’appliquer ces mots à l’église maintenant, mais c’est naturel quand on ne connaît pas un traître mot des voies de Dieu dans le futur, quand Christ régnera sur la terre.
Les gens apprennent maintenant à traduire avec exactitude, qu’ils comprennent le sens ou non. Ce n’est peut être pas agréable, mais c’est plus honnête, et alors la grâce peut d’autant plus rapidement utiliser quelqu’un d’autre pour aider à trouver le sens véritable. Un de nos parents américains nous a apporté, il y a quelques années, une nouvelle traduction des Psaumes, du Dr J.A. Alexander de Princeton, homme honorable s’il en fut. Son livre des Psaumes est respectable en tant que version, même si son exégèse est plutôt obscure. Il ne comprenait pas la relation de Christ avec les Juifs, et pourtant c’était un lettré de bon niveau, traduisant très correctement. Mais être un lettré pieux n’a jamais rendu capable de comprendre les Écritures. Le seul et unique moyen de les comprendre est par le Saint Esprit, qui nous y donne les pensées de Dieu. S’il s’agit de l’Église dans le Nouveau Testament, nous devons la voir dans Sa relation avec la Tête ; s’il s’agit d’Israël dans la loi ou les Psaumes, nous devons le voir en relation avec son Messie.
Or ce Dr Alexander n’a jamais vu la vraie différence entre Israël et l’Église. Mais comme il était honnête et consciencieux, sans même savoir le sens du passage, il a traduit le texte tel quel, c’est-à-dire «dans (ou : par) ton conseil, tu me conduiras, et après la gloire, tu me recevras». Qu’est-ce que cela veut dire ? La dernière phrase est obscure, dit-il ; rien d’étonnant, il n’a aucune notion des espérances spéciales d’Israël comme peuple de Dieu, alors que le passage présuppose qu’on les connaît.
Évidemment, le chrétien est déjà reçu maintenant, et sera pris à la venue de Christ pour aller dans la gloire céleste, mais Sa manière d’agir envers Israël est une chose tout à fait différente. Il viendra en gloire pour détruire leurs ennemis, et les amener à une profonde repentance à Son égard ; et alors ils seront reçus comme Son peuple devant l’univers, mais ce ne sera qu’ «après la gloire». La gloire aura déjà brillé auparavant. Prenez l’exemple de Saul de Tarse, bien qu’il soit aussi un modèle pour les Gentils, pas seulement pour les Juifs. Chacun se souvient de sa vision du Seigneur dans la gloire : ce n’est qu’après qu’il a été accepté devant Dieu.
Quand nous voyons tout cela, ça nous aide à comprendre comment les enfants d’Israël seront amenés à la bénédiction qui est la leur. Il faut qu’il y ait «sept jours» de souffrance en grâce, et nous les avons maintenant selon le type des Pains sans levain ; et sept jours de gloire dans le siècle à venir. Ce sera la fête des Tabernacles dans son caractère ordinaire pour Israël sur la terre. Que la vérité est claire !
Ensuite le verset 39 ajoute : «Mais le quinzième jour du septième mois, quand vous aurez recueilli le rapport de la terre, vous célébrerez la fête de l’Éternel pendant sept jours». La fête avait lieu quand ils avaient recueilli le produit du pays, après la moisson et la vendange. Un croyant douterait-il de sa signification ? Les jugements judiciaires des vivants auront déjà eu lieu (Apoc. 14 ; 19 ; Matt. 25). La moisson est un jugement à caractère discriminant, le Seigneur départageant le bien du mal. La vendange est quand il foulera aux pieds la religion méchante sans rien épargner ; c’est un jugement divin, sur les vivants, notons le bien. Le jugement des morts est à la fin du règne, et notre ch. 23 n’en parle pas. Ici c’est le jugement des vivants avant le règne du Seigneur. Tous les credo des hommes le répètent, mais croient-ils ce qu’ils professent ?
Aux versets 39 et 40, il y a encore quelque chose de plus : «vous célébrerez une fête à l’Éternel pendant sept jours : au premier jour, il y aura un sabbat [repos], et au huitième jour il y aura un sabbat [repos]»: un repos terrestre pour une longue durée, et un repos céleste éternel.
Mais ce n’est pas seulement qu’il y aura une période complète de gloire sur la terre, comme nous traversons aujourd’hui une période complète de grâce. Sous ce rapport, la fête des Tabernacles se distingue de toutes les autres : elle a un huitième jour. Aucune autre fête n’en avait. Nous avons vu que les sept jours, c’est la gloire pour la terre ; mais il y a un huitième jour en plus. Ceci ouvre la porte à la gloire céleste et éternelle. Il ne s’agit plus de «jours», mais d’un seul «jour», «le huitième jour». C’est pourquoi il a un commencement mais pas de fin. Si on objecte que pour la Gerbe tournoyée, il y avait «le lendemain du sabbat» (23:11), cela ne fait que confirmer le principe. Car c’est le lendemain que Christ a été ressuscité, et ce huitième jour dirige les yeux de la même manière vers une nouvelle scène de gloire de résurrection, au-dessus de celle des «sept jours».
Mais ce n’est pas tout. «Et le premier jour vous prendrez du fruit de beaux arbres, des branches de palmier, et des rameaux d’arbres touffus et de saules de rivière ; et vous vous réjouirez devant l’Éternel, votre Dieu, pendant sept jours. Et vous célébrerez la fête comme fête à l’Éternel, pendant sept jours chaque année ; c’est un statut perpétuel, en vos générations : vous la célébrerez le septième mois. Vous habiterez sept jours dans des tabernacles ; tous les indigènes en Israël habiteront dans des tabernacles, afin que vos générations sachent que j’ai fait habiter les fils d’Israël dans des tabernacles, lorsque je les fis sortir du pays d’Égypte. Moi, je suis l’Éternel, votre Dieu» (23:40-43).
C’était donc ce séjour dans des cabanes pendant sept jours — non pas le huitième — qui donnait à cette fête son nom commun. C’était la fête de l’engrangement des récoltes, mais Israël y demeurait dans des cabanes. Celles-ci n’étaient pas faites de tentes, mais des fruits de beaux arbres, avec toute latitude dans le choix, des branches de palmiers majestueux, si typiques du pays dans ce temps-là, non seulement sur sa frontière nord-ouest, mais aux environs de Jérusalem, même près de la mer morte à l’est, et partout en général. On pouvait utiliser des rameaux d’arbres touffus ou des bois de taillis, ou de la myrte (Néh. 8:15), et les saules des rivières.
Dans les jours dont ils jouissaient paisiblement quand ils avaient recueilli le fruit du pays, cette fête avec ces cabanes était la reconnaissance solennelle qu’ils avaient été nomades pendant si longtemps dans le désert aride après la délivrance d’Égypte. Cette joie paisible témoignait que ceux qui avaient connu autrefois le désert, étaient les mêmes qui étaient maintenant dans la terre promise. Hélas ! c’est alors qu’il y eut la provocation [ou : irritation] au jour de la tentation dans le désert, quand leurs pères tentèrent Dieu en l’éprouvant (Héb. 3:8-9), au lieu de marcher dans la dépendance et l’obéissance et la reconnaissance, et cela fut la ruine de cette génération. Or il fallait célébrer cette fête des tabernacles avec joie certainement, mais avec le souvenir du désert et de la honte et de la douleur des châtiments, même s’ils étaient en vue de l’accroissement de leur joie. Cette fête était donnée pour Israël encore sur la terre, pour l’homme non ressuscité, — bien que dans un jour de gloire— quand la joie aura besoin d’un tel souvenir (car il y a danger quand la joie seule demeure, un danger pouvant même être mortel).
Mais le huitième jour fait le lien avec les lieux célestes et la gloire plus élevée de la résurrection, non pas celle de Christ maintenant, mais des Siens régnant avec Lui. Bien sûr c’est sous forme d’allusion implicite, non pas de révélation formelle. C’est le dernier jour, le grand jour de la fête, où le Seigneur en Jean 7:37 s’est tenu là, criant et disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive : Celui qui croit, comme dit l’Écriture, des fleuves d’eaux vives couleront de son ventre. Mais l’évangéliste Jean nous qu’il dit ceci de l’Esprit qu’allait recevoir ceux qui croyaient en Lui ; car l’Esprit n’était pas encore [donné], car Jésus n’était pas encore glorifié.
Ainsi le rejet de notre Seigneur par les Juifs a différé leur bénédiction, et en conséquence, ils n’ont eu entre temps aucune part à la Pâque ou à la Pentecôte pour ne parler que des grandes fêtes, et ils ont besoin de la riche grâce qui a pourvu à tout, spécialement pour eux, selon ce que nous avons vu dans ces fêtes du septième mois. Mais en Jean 7, nous apprenons que pour nous qui croyons pendant leur éclipse, la grâce nous donne une bénédiction caractéristique et conforme à cette fête finale des Tabernacles, dont l’accomplissement reste à faire tant pour les hommes célestes que pour les terrestres. Nous ne sommes pas encore dans la gloire, mais Jésus l’est ; Il a déjà envoyé l’Esprit pour être reçu par les croyants, non seulement comme Esprit de grâce jaillissant en adoration (comme en Jean 4) mais comme Esprit de gloire (comparer 1 Pierre 4:14) ; non pas simplement pour boire, mais pour être comme des fleuves d’eau vive découlant des affections intérieures en témoignage à Christ envers une humanité desséchée, lasse et misérable. Combien tout ceci montre que toutes choses sont à nous par la grâce de Celui à qui nous sommes redevables de tout ce dont nous glorifions (1 Cor. 3:21-23).
Résumons ce que nous avons vu dans ce chapitre 23 :
· d’abord une esquisse du propos de Dieu en général
· puis l’oeuvre du Seigneur Jésus pour l’éternité, avec le saint appel qu’elle implique, pour tous ceux qui sont bénis par elle, et le témoignage à la résurrection de Christ pour ceux qui sont ressuscités avec Lui. Mais l’application de cette oeuvre a été principalement en faveur des Gentils appelés maintenant à entrer, ou plutôt pour effacer toute distinction dans l’Église.
· Au «septième» mois, Israël sera réveillé et confessera leurs péchés, quand les jours de gloire commenceront à luire sur la terre.
· Finalement un coup d’oeil à ce qui est céleste et éternel par le moyen du «huitième» jour.
«Et Moïse dit aux fils d’Israël les jours solennels de l’Éternel». Si les fêtes ont été exposées fidèlement, elles ont aussi nettement le caractère d’une véritable prophétie. Quel témoignage ne rendent-elles pas à Celui qui est non seulement le Prophète plus grand que Moïse (Deut. 18:18), mais le Seigneur Dieu des prophètes (Apoc. 22:6), l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1:29).
Puisse le Seigneur bénir Sa propre parole, en sorte que nous puissions être simples et clairs et sages dans la vérité à salut ! Puisse notre foi être fortifiée d’avoir vu comment Dieu a donné un cycle complet de Ses voies dans l’un des plus anciens livres de la Bible. Quand les professeurs de théologie contemporains font mauvais usage de leur position pour donner cours aux arguties de l’incrédulité, — qui s’est bien discréditée même dans l’Allemagne des libres penseurs — il est temps pour ceux dont les pères ont apprécié la vérité révélée, pour les enfants de Dieu, de se réveiller devant ces efforts insidieux qui minent leur foi, sous couvert d’une prétention à être savant et à faire de la science. La meilleure de toutes les réponses à Satan est d’entrer plus profondément par le Saint Esprit dans la vérité, et d’acquérir un sens plus vaste de la sagesse et de la grâce divines, et cela vaut mieux que toutes les théories Élohistes ou Yahwistes et autres vanités ou spéculations semblables : le Second homme [Christ] est au-dessus du premier homme. «Sanctifie les par la vérité : ta parole est la vérité» (Jean 17:17).