[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
La consolation des Écritures — Rom. 15:4
W. J. Hocking (1894)
Bible Treasury : Vol. 20
1 [L’Écriture donne des biographies d’hommes de foi pour servir d’exemples]
1.1 [Des exemples divinement choisis]
2.1 [Père de tous les croyants]
2.2 [Un exemple concret et réel, pas idéalisé]
2.3 [Le sacrifice d’Isaac : la citation de l’apôtre Paul]
2.4 [Le sacrifice d’Isaac : la citation de Jacques]
2.5 [Vaines objections d’auteurs incrédules]
2.6 [L’Écriture donne des faits réels sélectionnés, enregistrés et éclairés d’une manière divine]
2.7 [La foi testée par l’ordre de quitter son pays]
2.8 [La foi testée par le sacrifice d’Isaac]
2.9 [Ce qui a soutenu la foi d’Abraham : la Parole de Dieu]
3 [Pourquoi la Parole console efficacement]
3.1 [Les consolateurs fâcheux de Job]
3.2 [Contraste avec le Seigneur Christ qui déclare bienheureux ceux qui mènent deuil]
3.3 [Veuve de Naïn — Consolation et délivrance]
3.4 [Jaïrus — Le Seigneur apaise avant de guérir ou délivrer]
3.5 [Le rétablissement de Job exemple de la consolation des Écritures]
3.6 [Le Seigneur console parce qu’Il a été l’Homme de douleurs]
3.7 [La consolation du Seigneur était efficace par Sa présence]
3.8 [La consolation du Seigneur était efficace parce qu’Il était à la fois Dieu et homme]
4 [Consolation par la venue du Seigneur]
4.1 [Jean 14 : l’assurance du retour du Seigneur donnée comme le grand encouragement]
4.1.1 [L’assurance d’un retour personnel du Seigneur, comme en Apoc. 2]
4.1.2 [En Jean 14 le Seigneur ne parle pas la mort du croyant]
4.1.3 [Les soins du Seigneur pour les Siens en Son absence]
4.2.1 [La crainte que ceux qui étaient endormis ne profiteraient pas du retour du Seigneur]
4.2.2 [Ceux qui seront endormis seront les premiers à profiter de la présence du Seigneur]
4.3 [Avertissement à ceux qui veulent ignorer la venue du Seigneur]
Le fait que les Saintes Écritures constituent la seule base solide d’une «ferme consolation» au milieu des nombreuses circonstances éprouvantes et harassantes que beaucoup, si ce n’est tous, traversent, est liée à leur puissance et à leur valeur. Cette consolation ne se trouve d’ailleurs pas seulement dans certaines parties de la Parole, mais elle peut être recueillie dans toutes les pages de l’Écriture, à condition de s’attendre patiemment à celui qui est le Consolateur ou Paraclet (Jean 14:16, 26), dont le rôle actuel est d’exposer la Parole de vérité et d’appliquer son pouvoir apaisant, réconfortant et fortifiant à ceux qui, autrement, seraient de vrais orphelins, au milieu d’un monde sans cœur et sans compassion.
En Rom. 15:4, nous avons une déclaration très claire à ce sujet. «Toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance». Il s’agit ici d’un véritable magasin ouvert à l’âme dans le besoin, abattue et affligée. Car où, sinon dans les Écritures, pouvons-nous voir les voies de Dieu envers les Siens ? Et où, si ce n’est dans ce Livre béni, pouvons-nous trouver une telle richesse et une telle variété d’exemples divinement choisis, donnant (comme ils le font) des applications concrètes à ces desseins de consolation qui pourraient sinon sembler irréalisables et incroyables à nos esprits limités et en proie au doute ? Grâce soit rendue à Celui qui est «le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation» – qui s’est plu à montrer l’étendue de Sa grâce dans Ses relations avec les fils des hommes.
L’accent est mis, dans le passage mentionné, sur le réconfort qu’on peut expérimenter au temps de l’épreuve, dans le cadre des relations fraternelles avec les saints comme dans l’assemblée de Dieu. L’apôtre exhorte chacun des saints à plaire à son prochain en vue de l’édification. À l’appui de cette exhortation, il fait allusion au fait historique que Christ, le grand modèle, n’a pas cherché à se plaire à Lui-même. Il poursuit en soulignant que cela est conforme à la prophétie du Psalmiste : «Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi» (Ps. 69:9). Cette prophétie s’est réalisée et, lorsque le temps est venu, on a pu constater publiquement, comme l’Écriture l’avait annoncé, que la vie du Seigneur Jésus était avant tout une vie d’opprobre. Et cela parce qu’Il était là comme représentant de Dieu, parce qu’Il venait de Dieu et parce qu’Il était Dieu manifesté en chair. Bien que, ou plutôt à cause du fait qu’Il ait manifesté la plénitude de la grâce divine, l’homme a dirigé sur Lui toute l’inimitié de son cœur contre le Dieu d’amour.
Cependant, l’apôtre voudrait nous faire remarquer que cet esprit d’amertume et d’animosité envers le Messie de Dieu était clairement annoncé. Ce fait avait été indiqué «auparavant», mais cela n’a reçu son parfait accomplissement et son illustration que dans la vie de notre Seigneur Jésus. C’est Lui qui a porté le fardeau de l’opprobre sans limite comme aucun autre ne l’a jamais fait ou n’a jamais pu le faire. Mais la douleur, aussi poignante qu’elle fût, ne L’accabla pas ; car, la parole prophétique étant au-dedans des entrailles de cet Homme béni, Il ne fut pas surpris qu’en retour de Son amour, Il reçoive la haine. On peut voir cela quand, après avoir fait le constat de l’incrédulité obstinée des villes si favorisées de Galilée, le Fils obéissant remercie son Père d’avoir caché «ces choses aux sages et aux intelligents, et de les avoir révélées aux petits enfants» (Matt. 11:25).
Ainsi le Seigneur a traversé les épreuves de l’échec apparent et du rejet de Son plan d’amour, et Il en est sorti serein, confiant et triomphant. Il Lui suffisait, à l’heure de Son assujettissement, que telle soit la volonté de Son Père et que ce soit ce qu’Il trouvait bon à Ses yeux. Parce que Lui, l’homme parfait et adorable, vivait de toute parole sortant de la bouche de Dieu, Il était préparé à tout ce qui Lui arrivait. Rien ne pouvait Le surprendre, car toute Sa vie a été l’accomplissement strict de ce qui était écrit jadis, comme le montrent sans exception les Évangiles. C’est pourquoi, au milieu de la malveillance continuelle des scribes et des pharisiens, de l’égarement des foules inconstantes et changeantes, et de la perversité de Ses disciples insensibles, il pouvait dire : «Dans la multitude des pensées qui étaient au-dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme» (Ps. 94:19).
Mais quelle application cela a-t-il pour nous ? La plus directe, — car nous sommes appelés à suivre Christ sur le chemin de l’abnégation, et à rencontrer la souffrance à un degré inattendu. Où trouverons-nous alors notre réconfort ? Si, comme nous le voyons ici (Rom. 15:4), nous imitons le bon Samaritain et cherchons le bien d’autrui sans nous soucier de nous-mêmes, nous trouverons souvent que c’est une tâche apparemment ingrate, et nous en viendrons à faire écho aux paroles de l’apôtre: «Si même, vous aimant beaucoup plus, je devais être moins aimé». Où chercher un encouragement dans un tel cas ? Notre Dieu bon et sage nous dirige vers les Saintes Écritures, dans lesquelles Il a pourvu à tous les besoins spirituels possibles de Ses enfants, en tout temps et en toutes circonstances. De même que le second homme, le Seigneur du ciel, a été soutenu dans Sa marche d’obéissance parfaite par la connaissance de la volonté et des desseins de Dieu, révélés dans l’Ancien Testament, de même le disciple fidèle, sous la direction de l’Esprit, trouve dans «les choses qui ont été écrites auparavant» une source toujours actuelle de patience et de réconfort.
Bien que les épreuves dont il est particulièrement question dans cette partie soient sans aucun doute celles qui accompagnent l’action de l’amour divin dans le cœur des frères les uns envers les autres, le passage est d’une application très générale et assure de l’encouragement que les Écritures apportent dans les circonstances les plus diverses. Il ne s’agit cependant pas ici de faire référence aux vérités consolantes elles-mêmes, qui abondent à chaque page des saintes écritures ; mais, tout en mentionnant deux des moyens, peut-être les plus fréquents, par lesquels les consolations sont apportées, de souligner que l’effet du rationalisme, si répandu de nos jours, est de détruire la source même d’où émane ces consolations. Les saints de Dieu peuvent puiser dans les exemples et les préceptes de l’Écriture un réconfort sans limites, et c’est contre les uns et les autres que l’ennemi dirige ses attaques sournoises.
Lorsque le roi David envoya des serviteurs à Hanun, roi d’Ammon, pour le consoler de la mort de son père, le roi des Ammonites se moqua de lui et le méprisa pour sa compassion ; il prit les serviteurs, leur rasa la moitié de la barbe et coupa leurs vêtements par le milieu, puis les renvoya en signe de son mépris brutal pour l’intervention du roi d’Israël (2 Sam. 10) ; de même l’incrédulité moderne, au lieu de recevoir les Écritures comme des messagers divins de consolation, se moque d’elles et les réduit à néant : d’une part, leur histoire est traitée comme une fable et un mythe, d’autre part, leur enseignement est considéré comme des opinions dépassées et d’un autre âge. Que ces libres penseurs craignent Celui qui peut leur réserver un sort pire que celui que David réserva aux enfants d’Ammon.
Dans le premier cas, de toutes les biographies de l’Écriture, aucune n’est, ou ne pourrait être, aussi remplie de faits inspirants que la quadruple biographie du Seigneur Jésus. Selon les prophéties des saints hommes d’autrefois, il devait être le Consolateur d’Israël (És. 40:1 ; 61:2 ; Luc 2:25), et d’ailleurs non seulement de cette nation, mais de tous les enfants de Dieu dispersés. Si cela ne se réalisera pleinement que lors de la bénédiction millénaire, dès maintenant la perfection des voies du Maître en grâce constitue une source inépuisable, dans laquelle le disciple qui cherche à suivre ses pas peut tirer une abondante force pour persévérer. C’est pourquoi nous sommes exhortés à courir la course de la foi avec des yeux inébranlables, détachés des objets temporels et sans importance, et fixés sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi.
Et pour répondre à ceux qui pourraient émettre une objection fallacieuse sur l’absence même de péché de Jésus, l’Écriture nous fournit des esquisses biographiques d’hommes ayant les mêmes passions que nous ; ainsi, alors que dans la vie de notre Seigneur nous avons l’exemple de ce que nous devrions faire, dans la vie des saints nous trouvons l’exemple de ce qui a été fait et peut être fait. L’épître aux Hébreux (Héb. 11) montre que les parties historiques de l’Ancien Testament, tout comme celles du Nouveau, contribuent largement à ce but. Le triomphe et la récompense de la foi y sont illustrés, pour nous encourager dans les épreuves et les conflits, par une série d’exemples divinement choisis, commençant à la porte même du Paradis, d’où nos premiers parents ont été chassés dans l’opprobre du péché. Nous voyons cette «nuée de témoins» gardant toujours une confiance inébranlable en Dieu, malgré les circonstances les plus défavorables. Mais comment tirer consolation de ces prétendus faits s’ils n’ont pas plus de fondement historique que les exploits de Thor, les travaux d’Hercule ou les pérégrinations d’Ulysse ? Si la marche pieuse d’Hénoc et le renoncement de Moïse ne sont que des récits légendaires transmis depuis la préhistoire, quelle influence peuvent-ils avoir sur une vie assombrie par les déceptions et les échecs apparents ? Ne serait-ce pas se moquer d’elle que de renvoyer une âme affligée à une «fiction poétique» pour qu’elle y trouve du soutien au milieu des épreuves accablantes du deuil ? Mais nous savons que lorsque nous demandons à notre Père céleste le pain qu’il nous faut, il ne se moquera pas de nous en nous donnant une pierre. Car nous avons l’assurance que «tout ce qui a été écrit autrefois l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation des Écritures, nous ayons de l’espérance».
La base de tout véritable réconfort est une foi sans limites dans l’amour et la grâce de Dieu. La confiance implicite est l’ancre sûre de l’âme dans toutes les tempêtes. Et la compréhension spirituelle de la parole de Dieu est le moyen d’établir le croyant dans une confiance sereine au milieu des plus grandes difficultés et des plus grandes douleurs qu’il peut être appelé à rencontrer.
Comme nous l’avons déjà fait remarquer, les récits de la Bible sont donnés pour que les enfants de Dieu cultivent une connaissance de Ses voies qui éclairera leurs heures les plus sombres par une ferme confiance en sa sagesse infaillible.
La vie d’Abraham, telle qu’elle est décrite dans les Écritures, est particulièrement riche en circonstances qui inspirent la confiance en Dieu, Celui qui est l’auteur de tout ce qui est bon et qui garde le contrôle absolu de tous les événements en vue de l’accomplissement de Ses desseins bienveillants. En lui-même, Abraham était un homme singulièrement bon, d’un caractère élevé et noble, généreux et magnanime dans ses relations avec les hommes, obéissant et plein d’abnégation devant son Dieu. Pourtant, en dépit d’une telle excellence qui le plaçait au-dessus de ses semblables, il n’était pas pour autant à l’abri d’une épreuve terrible et d’une adversité foudroyante. Au contraire, peu de gens, peut-être, ont été confrontés à une déception aussi amère que lui ; et sans doute, aucun croyant n’a vu sa foi être mise à l’épreuve de façon aussi rigoureuse pendant de longues années sans rien d’autre sur quoi s’appuyer que la simple parole de Dieu. Néanmoins, Abraham a été soutenu par celui qui a dit : «Je suis ton bouclier et ta très grande récompense» ; et la suite montre que toutes choses ont travaillé ensemble pour la bénédiction du fidèle Abraham, et pas seulement la sienne, mais aussi celle des Juifs et des Gentils à travers tous les âges.
En effet, Abraham occupe une place prépondérante dans les relations de Dieu avec l’humanité. Il fut le premier des saints après le déluge. Il est déclaré père de tous les croyants, même s’ils ne sont pas circoncis (Rom. 4:11). Il était la racine de l’olivier de la promesse, selon la parole du Seigneur Dieu : «En toi seront bénies toutes les nations». Il fut le père honoré de cette race qui, malgré des vicissitudes extraordinaires, s’est maintenue pendant quatre millénaires ; et bien que cette nation soit aujourd’hui devenue un objet de dérision dans tous les pays, elle sera encore, au moment voulu par Dieu, exaltée pour redevenir la première parmi les peuples de la terre.
Mais si Abraham occupe cette position éminente, il n’en était pas moins humain, il n’en était pas moins un homme assailli par des tentations semblables à celles de tous ses congénères, ayant une propension à faire le mal et rencontrant des obstacles identiques à ceux du saint d’aujourd’hui. Car il serait tout à fait contraire à l’objectif de l’Écriture Sainte, que nous examinons, de supposer, avec les rationalistes, que l’histoire d’Abraham n’est qu’une image idéale, une parabole spirituelle, le résultat naturel de la pratique universelle du culte des héros, l’imputation au grand ancêtre d’Israël des traditions éparses de nombreux siècles. Il n’y a guère de réconfort à tirer d’une fable, car il est certain que si les épreuves d’Abraham sont fictives, ses victoires doivent l’être aussi. Et si les conquêtes de sa foi sont des légendes, sa biographie n’a plus aucune valeur pour nous, n’étant plus celle d’un frère saint triomphant des multiples difficultés qui accompagnent une marche pieuse et obéissante.
Il suffira peut-être, dans le cadre de cet article, de jeter un coup d’œil rapide, de ce point de vue, sur l’acte culminant de la vie d’Abraham : la scène solennelle qui s’est déroulée sur les hauteurs solitaires du mont Morija. C’est là que la foi du patriarche fut mise à l’épreuve de façon ultime ; c’est là que l’ange du Seigneur arrêta le couteau qui descendait et déclara : «Je sais maintenant que tu crains Dieu, puisque tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique» (Gen. 22:12).
C’est sur cette partie de l’histoire que le rationaliste pose pour la première fois sa main impitoyable. Il la rejette sommairement comme un récit mythique d’un passé lointain, ou du moins comme un récit purement fictif inventé par un maître religieux sans scrupules.
Bien que cela soit indéniable, le rationaliste considère comme sans importance le fait que cette offrande d’Isaac soit mentionnée en termes non équivoques à deux reprises distinctes dans le Nouveau Testament. Dans un cas, Paul, écrivant aux Hébreux (chap. 11), cite l’épisode comme un exemple de la foi d’Abraham avec d’autres faits historiques de sa vie, tels que son voyage depuis la Mésopotamie, sa vie de pèlerin dans la terre promise, et la naissance miraculeuse d’Isaac. Ces faits marquants de l’histoire du patriarche sont cités comme des illustrations de la puissance de la foi ; mais s’ils sont des récits inventés, ils n’ont aucune valeur à cet égard. En réalité, il ne s’agit pas de fables, mais de faits que l’Esprit a consignés dans l’Ancien Testament et authentifiés dans le Nouveau.
L’autre citation vient de Jacques, qui donne le même acte comme la grande preuve et la manifestation de la foi puissante de cet homme éminent, appelé «ami de Dieu». «Abraham, notre père, n’a-t-il pas été justifié par des œuvres, ayant offert son fils Isaac sur l’autel ? Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et par les œuvres la foi fut rendue parfaite» (Jacques 2:21-22). Est-il possible sérieusement de supposer un seul instant que l’apôtre se réfère ainsi à une tradition sans fondement ? De plus, l’apôtre poursuit en disant : «L’écriture a été accomplie qui dit : Et Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice ; et il a été appelé ami de Dieu» (Jacques 2:23). Ainsi, ce sacrifice est définitivement considéré comme la preuve de la foi exprimée par l’homme sans enfant lors de cette nuit étoilée où l’Éternel promit au vagabond solitaire que sa descendance rivaliserait en multitude avec les innombrables armées des cieux. Abraham crut le Seigneur et cela lui fut compté à justice. C’est ce qui est dit de lui en Genèse 15 ; mais environ quarante ans plus tard (Genèse 22), cette manifestation de confiance a été prouvée à l’extrême, et c’est par ses œuvres que la foi a été rendue parfaite. Ainsi, toute la force de la référence de l’apôtre repose sur son exactitude historique. Si l’offrande d’Isaac n’est qu’une légende douteuse, il est inutile de la citer comme le témoignage permanent et prééminent de la foi vivante en Dieu qui caractérisait le père des croyants.
En effet, pour la vérité historique de cet événement, nous sommes appelés à choisir entre le témoignage inspiré de deux apôtres et l’affirmation prétentieuse d’un homme dominateur et arrogant — un choix qui n’est pas difficile pour ceux qui sont habitués à apprendre dans la tranquillité aux pieds du Maître.
Les âmes qui craignent Dieu ont de bonnes raisons de trembler lorsque des hommes audacieux cherchent ainsi à diviser la parole sacrée de Dieu entre l’historique et le préhistorique, l’inspiré et le profane. Ce n’est pas la foi qui trouble ainsi les messages du Très-Haut. C’est plutôt l’incrédulité téméraire de ce roi impie de Juda, qui a d’abord mis en pièces le rouleau du prophète, puis l’a brûlé au feu. Ainsi, lorsque nous voyons des hommes s’approcher des Écritures avec des ciseaux, nous pouvons craindre qu’ils continuent avec le tison.
Si la Bible nous réconforte, c’est parce que nous y trouvons des faits ; et plus encore, non pas des faits partiellement observés et même déformés par notre vision imparfaite, mais des faits divinement sélectionnés, divinement enregistrés et divinement éclairés. Il est indéniable que les épreuves et les douleurs de cette vie sont de dures réalités. Et comment pouvons-nous être mieux fortifiés pour les affronter joyeusement qu’en voyant la manière dont Dieu, dans le passé, a aidé d’autres personnes confrontées à des épreuves et à des douleurs similaires, voire pires ? C’est ce qu’il nous est permis de faire, sous la conduite divine, dans les parties historiques de la Parole.
Dans le cas qui nous occupe — l’épreuve extraordinaire et sans précédent de la foi d’Abraham — nous disposons d’une source de réconfort exceptionnellement riche. Car c’est un sentiment commun à presque tous les affligés que personne, depuis le commencement du monde, n’a jamais été appelé à passer par des épreuves aussi amères ou à faire des sacrifices aussi extrêmes que ceux-là. Or, pour apaiser cette détresse de l’âme, beaucoup plus fréquente qu’il n’y paraît, il est relaté comment la douleur la plus grande qu’un homme comme Abraham ait pu rencontrer, a été affrontée par la puissance de la foi et complètement vaincue.
Afin de comprendre la difficulté de l’épreuve imposée à l’homme de foi (Gen. 22), il est nécessaire de rappeler brièvement les principaux événements de sa vie, dont celui-ci fut le point culminant et le couronnement.
Le premier test de sa foi fut de quitter son pays, sa famille et la maison de son père, et d’aller dans un pays inconnu, avec la promesse qu’il deviendrait une grande nation et qu’en lui toutes les nations seraient bénies. A l’âge de soixante-quinze ans, Abraham entra dans le pays qu’il devait ensuite recevoir en héritage, bien qu’il fût alors occupé par les Cananéen vils et vicieux. Il dut bientôt se séparer de son neveu Lot, un mondain qui marchait par la vue et non par la foi. Pendant des années de solitude, Sarah et lui demeurèrent dans ce pays étranger, sans en posséder un seul carré, et sans aucun signe de l’héritier à qui Abraham pourrait léguer ses troupeaux, son argent et son or, et en qui la parole de Dieu s’accomplirait. Mais une fois de plus, alors qu’il méditait dans le silence de la nuit, la voix qu’Abraham avait entendue pour la première fois à Ur en Chaldée, l’assura que la semence promise allait arriver. Or ce n’est que onze ans après son entrée dans le pays qu’Ismaël naquit, et encore, pas de Sarah. Le fils d’Agar ne pouvait pas être le fils de la promesse. Abraham devait encore attendre, car «Abraham était âgé de cent ans lorsque lui naquit son fils Isaac». Et bien que vingt-cinq ans se soient écoulés depuis qu’il avait quitté Charan, l’espoir différé n’a pas rendu son cœur malade. Au contraire, Abraham « contre espérance, crut avec espérance». «Et n’étant pas faible dans la foi, il n’eut pas égard à son propre corps déjà amorti, âgé qu’il était d’environ cent ans, ni à l’état de mort du sein de Sara ; et il ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par incrédulité, mais il fut fortifié dans la foi, donnant gloire à Dieu, et étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir» (Rom. 4:18-21).
Mais cette foi, dans laquelle il avait été éduqué pendant un temps assez long, devait encore être mise à l’épreuve. Ainsi, lorsque Isaac eut entièrement supplanté Ismaël, lorsque l’affection du vieillard pour l’enfant qu’il attendait depuis longtemps eut grandi et mûri par des années d’exercice, lorsque Isaac fut devenu un beau jeune homme, joie et soutien des années déclinantes de son père, alors la voix bien connue d’en haut demanda, sans un mot d’explication, que la semence promise soit sacrifiée sur l’une des montagnes du pays de Morija.
C’est là que se situe l’épreuve décisive. En tant qu’homme, il répugnerait à verser du sang humain. En tant que père, il serait horrifié à l’idée de sacrifier son fils, son unique fils, Isaac qu’il aimait. En tant que saint, il serait tenté de douter de l’origine divine d’un ordre visant à éteindre cette semence qui était elle-même le témoin de l’intervention spéciale de Dieu dans l’accomplissement de sa promesse. Cependant, rien de tout cela ne l’entrava, mais avec une dignité et une sérénité caractéristiques d’une obéissance immédiate et sans réserve, il courba la tête en signe de soumission.
Qu’est-ce qui donc a réconforté son cœur ? Qu’est-ce qui l’a soutenu tout au long du voyage de trois jours vers le mont Morija ? Qu’est-ce qui a soutenu son âme lorsque la question naïve de son fils chéri l’a poignardé plus vivement que ne pouvait le faire le couteau du sacrifice que sa propre main tenait ? C’était – dans son cas comme dans tous les autres – la PAROLE DE DIEU. C’était la conviction ferme et inébranlable que la parole de Dieu ne pouvait jamais se tromper, que ce que le Tout-Puissant avait promis, il était également capable de l’accomplir, et que même la mort, aussi désastreuse soit-elle pour les plans humains, n’était pas un obstacle à l’accomplissement des desseins de Dieu. Il a trouvé là une consolation efficace pour chaque douleur. Car il ne s’agissait pas d’un fatalisme aveugle, mais d’une confiance intelligente dans le Dieu vivant. La main qui se levait pour tuer Isaac avait la certitude de l’accueillir rapidement d’entre les morts par la résurrection (Héb. 11:19).
Cet épisode, dans tous ses détails, est une démonstration remarquable de la manière dont Dieu travaille avec les siens, non pas arbitrairement, mais pour atteindre ses propres objectifs et la bénédiction finale de ses saints. C’est là que réside notre consolation. De même que le patriarche a fait confiance à Dieu et n’a pas été déçu, de même nous sommes en sécurité en nous reposant sur la parole sacrée, même si la terre s’effondrait et si les cieux tombaient. Abraham a trouvé la promesse verbale inébranlable, nous ne trouverons pas les promesses écrites moins solides. De plus, nous voyons non seulement qu’il a cru Dieu, mais qu’au travers d’une épreuve écrasante, il a prouvé que la fin du Seigneur était pleine de compassion et de tendre miséricorde, en appelant le nom du lieu Jéhovah-Jiré.
Ce récit historique, comme les autres, a été «écrit auparavant» pour notre consolation ; et que dire de ceux qui voudraient discréditer ce récit en insinuant des doutes, voire en le niant totalement ? Ce ne sont pas des amis du Christ, mais des voleurs cruels et des destructeurs délibérés du réconfort que les Saintes Écritures réservent à ses brebis.
Si les récits scripturaires, comme nous l’avons déjà indiqué, constituent une riche source de réconfort pour l’âme croyante, les préceptes et les instructions divines sont tout aussi pleins de consolation. Dans ce but, le doux psalmiste d’Israël (David) pensait et écrivait : «…ta parole à ton serviteur, à laquelle tu as fait que je me suis attendu : C’est ma consolation dans mon affliction, que ta parole m’a fait vivre» (Ps. 119:49-50).
La raison pour laquelle la parole de Dieu produit ce résultat béni n’est pas difficile à trouver. En effet, contrairement aux philosophies imparfaites, pour ne pas dire impraticables, de l’homme, elle donne aux peines et aux épreuves de cette vie leur caractère véritable et approprié, éclairant les ténèbres de la terre de la lumière du ciel.
En effet, tous les efforts humains de réconfort, en dehors de Dieu et de la vérité, sont inefficaces parce que plus ou moins ignorants. Leur échec est d’autant plus apparent que l’épreuve à affronter est amère. Cela est frappant dans l’histoire de Job : ses trois amis étaient manifestement sincères dans leur estime pour celui qui souffrait, et désireux de l’aider au moment de sa douleur. Mais la cause de l’affliction du patriarche les a complètement déconcertés. Ils ne comprenaient pas comment un homme aussi parfait et droit que Job pouvait être si durement éprouvé. C’est pourquoi, après sept jours de silence, ils poussèrent, par leurs insinuations et leurs déclarations erronées, cet homme patient à s’écrier, dans l’amertume de son âme : «Vous êtes tous des consolateurs fâcheux». Ils auraient pu être utiles s’il s’était agi d’un cas ordinaire ; mais lorsqu’un homme éminemment juste fut dépouillé de tous ses biens terrestres d’une manière sans égale, leur langue resta muette. Ne comprenant absolument pas les voies de Dieu envers son enfant, ils firent sentir à Job, par leurs suggestions fausses et indignes, leur incapacité totale à l’aider, et cela le rejeta sur Dieu lui-même. Il finit alors par dire : «Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu» (Job 42:5).
Il est donc évident que dans la plus profonde et la plus aigüe des douleurs du cœur humain, il n’y aurait personne pour compatir, personne pour encourager, si Christ n’avait pas été envoyé «pour consoler tous ceux qui mènent deuil, pour mettre et donner à ceux de Sion qui mènent deuil l’ornement au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu» (Ésaïe 61:2-3).
Lorsque le Seigneur de gloire est venu, Il a déclaré ce qui sonnait étrangement aux oreilles humaines : «Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés» (Matt. 5:4). Le fait est que la douceur de la consolation apportée par Celui qui est ‘Le Bienheureux’ dépasse l’amertume que la douleur a suscitée. C’est dans cet état d’esprit que l’un des saints souffrants de Dieu écrivait : «J’affirme, en présence de l’Œil qui sait tout ce que j’écris et ce que je pense, que je ne voudrais pas manquer de la douce expérience des consolations de Dieu pour toute l’amertume de l’affliction ; mais que Dieu vienne à ses enfants avec une verge ou une couronne, s’Il vient Lui-même avec elle, c’est bien. Bienvenue, bienvenue, Jésus, de quelque manière que Tu viennes, si nous pouvons T’apercevoir».
On remarque dans les voies du Seigneur ici-bas qu’avant de supprimer la cause de la douleur de quelqu’un par Sa grande puissance, Il donnait une parole de réconfort pour donner l’assurance et soutenir l’âme. Ainsi, lorsqu’Il rencontra le cortège funèbre qui sortait des portes de Naïn, emportant le fils unique de la veuve, Il ne le ramena pas immédiatement à la vie. Mais lorsque le Seigneur vit la femme affligée, «Il eut pitié d’elle» et chassa ses larmes par Ses paroles compatissantes : «Ne pleure pas». Ces paroles étaient efficaces, car elles n’étaient pas celles qu’un mortel insensible et sans profondeur peut prononcer de façon formelle, mais elles venaient des lèvres et du cœur de Celui qui a Lui-même pleuré sur la tombe de Lazare. Il était capable d’entrer et d’apprécier pleinement les souffrances intérieures de son cœur comme nul autre ne pouvait le faire. Privée d’une sympathie humaine adaptée, cela a déjà été un baume pour son âme blessée. De plus, il n’y avait pas seulement une compassion exquise dans les paroles de Jésus, mais aussi de la puissance, des promesses et de l’espoir. Il était capable non seulement de réconforter en présence même de la tribulation, mais aussi de délivrer (comparer avec 2 Cor 1:3-10) La voix divine, qui avait d’abord apporté la paix au cœur troublé de la veuve endeuillée, apporta la vie au jeune homme mort sur le cercueil. «Et s’approchant, il toucha le cercueil ; et ceux qui le portaient s’arrêtèrent ; et Il dit : Jeune homme, Je te dis, lève-toi. Et le mort se leva sur son séant, et commença à parler ; et Il le donna à sa mère» (Luc 7:12-15).
Autre exemple : alors qu’un profond désespoir s’installait dans le cœur de Jaïrus à la nouvelle du décès de sa petite fille, les paroles du Maître furent : «Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée» (Luc 8:50). Avant d’annoncer sa guérison, dans sa grâce, Il a apaisé les sentiments angoissés du père fraichement endeuillé par ses paroles compatissantes et encourageantes : «Ne crains pas». De même aussi, avant d’apaiser la tempête, Sa voix s’est fait entendre au milieu des hurlements de la tempête, disant à Ses disciples apeurés : «Ayez bon courage ; c’est moi, n’ayez point de peur» (Matt. 14:27). Il est donc bon que nous apprenions que le Seigneur ne se contente pas de délivrer les hommes pieux de leurs difficultés, mais qu’Il les soutient par Sa parole au milieu même de leurs difficultés.
Et parce que cette «consolation des Écritures» est toujours disponible à l’heure même de la douleur, elle devient ainsi d’une valeur inestimable pour le saint de Dieu. Le réconfort humain est parfois généreusement apporté lorsque l’épreuve est terminée. Dans le cas de Job, nous le trouvons laissé seul à l’heure de sa douleur, à l’exception de ses «amis» dont les paroles étaient plus irritantes qu’apaisantes. Mais lorsque l’Éternel «rétablit l’ancien état de Job» et lui donna «le double de tout ce qu’il avait eu», nous lisons : «Et tous ses frères et toutes ses sœurs, et tous ceux qui l’avaient connu auparavant vinrent à lui, et mangèrent le pain avec lui dans sa maison ; et ils sympathisèrent avec lui et le consolèrent de tout le mal que l’Éternel avait fait venir sur lui, et lui donnèrent chacun une pièce d’argent, et chacun un anneau d’or» (Job 42:11). Un tel réconfort peut faire l’affaire par beau temps, mais il est inutile dans la tempête.
L’expérience de Job est loin d’être unique, comme la plupart des gens peuvent en témoigner à partir de leur propre histoire. Mais quel saint affligé a jamais consulté les Écritures avec foi et cherché en vain la consolation et le soutien ? Là le Seigneur béni vit et parle devant les yeux et les oreilles de Son peuple. Là nous trouvons le fait incomparable de Dieu manifesté en chair sur la terre, au milieu même d’un monde comme le nôtre. Là nous voyons Sa condition d’homme Le mettre en contact quotidien avec les abondantes douleurs de cette vallée de larmes, mais la gloire de Sa divinité nous surpasse et nous interdit de penser qu’Il est tout à fait semblable à nous-mêmes. C’est pourquoi rien ne calme plus rapidement l’esprit troublé qu’une considération respectueuse de cet Homme de douleurs qui «a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs», de Celui qui est la Parole de Dieu et qui, alors qu’Il était parmi les hommes, a commencé à faire ce qu’Il accomplira définitivement en temps voulu : essuyer toutes les larmes de tous les visages.
On a dit que la grande caractéristique essentielle de la compassion est d’être concrète ; pour être efficace, elle doit avoir une base solide et permanente. Et cette base, notre Dieu nous l’a donnée en la personne de Son Fils. Car quoi de plus immuable que Celui qui est «Le Même, hier, et aujourd’hui, et éternellement» ? En cela, nous sommes privilégiés par rapport aux saints de l’Ancien Testament. Ils s’appuyaient sur des promesses – sur ce que Dieu avait dit qu’Il ferait. Mais maintenant, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. En Lui, Dieu était et est manifesté dans toute la plénitude et la tendresse de Son amour, de sorte qu’aucune douleur ne peut résister à Sa présence. Nous voyons des larmes divines jaillir de Ses yeux d’homme, car Son intérêt et Sa sympathie pour les douleurs de ceux qu’Il côtoyait étaient ceux, non pas d’un homme seulement, mais de Dieu Lui-même.
Il est douloureux de penser que certains enseignent aujourd’hui même que le Fils ineffable «s’est dépouillé de Ses prérogatives divines» et qu’Il n’est devenu qu’un homme. Rien de plus qu’un homme ? ! Hélas ! Hélas ! Car l’expérience universelle est qu’il n’existe pas un homme, non, pas un seul, à qui nous puissions faire confiance aveuglément. Ce n’est pas aux pieds d’un simple homme, mais de l’Homme omniscient que Pierre, affligé et contrit, s’est jeté. Il n’aurait pu dire à personne d’autre qu’à Jésus : «Seigneur, Tu connais toutes choses, Tu sais que je T’aime» (Jean 21:17).
Il est digne de remarque qu’après avoir fait allusion à la «consolation en Christ», au «soulagement d’amour», l’apôtre, par l’Esprit, passe immédiatement à l’exposition des gloires essentielles de la personne du Christ d’une manière tout à fait saisissante (Phil. 2). C’est ainsi que l’état de nos cœurs est étroitement lié à la majesté et à la dignité de la personne de notre Seigneur.
Le rôle béni de la Bible, qui consiste à consoler les âmes affligées du peuple de Dieu en répandant la lumière de la vérité au milieu des circonstances les plus sombres et les plus déprimantes, apparaît d’une manière frappante en relation avec la révélation propre au Nouveau Testament, à savoir le retour du Seigneur pour enlever l’Église.
Cette vérité a d’abord été annoncée, en substance sinon en détail, par le Seigneur Lui-même. Plus d’une fois au cours de son ministère, Il a parlé de la venue du Fils de l’homme — de l’éclat de Sa présence dans un jour futur qui devrait être la rédemption de Son peuple et la destruction de Ses ennemis (Matt. 24 ; 25 ; Luc 21).
En Jean 14, le Maître, dans Sa grâce, a abordé d’une manière directe le besoin des cœurs de Ses disciples, à la fois à cette époque et par la suite. Il leur avait annoncé clairement son départ tout proche et, en conséquence, la tristesse avait rempli leurs cœurs. Que serait le monde pour eux sans leur Seigneur ? Pour Lui, ils avaient tout quitté pour devenir Ses disciples. Ce «tout» n’avait peut-être pas été grand, au sens où l’entendent les hommes. Mais ils ne pouvaient rien laisser de plus. Et maintenant, Celui pour lequel ils s’étaient dépouillés les informait qu’Il était sur le point de les quitter. Cette nouvelle les plongeait dans l’affliction. Mais au milieu de leur détresse, le Seigneur, avec la plus touchante sympathie, leur dit : «Que votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en Moi. Dans la maison de Mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en était autrement, Je vous l’aurait dit, car Je vais vous préparer une place. Et si Je m’en vais et que Je vous prépare une place, Je reviendrai et Je vous prendrai auprès de Moi ; afin que là où moi Je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:1-3).
Le grand fait, ainsi présenté pour soutenir leurs âmes pendant son absence, est l’assurance qu’Il reviendra personnellement pour les conduire à cette place spéciale qu’Il allait préparer. Dès le moment de Son départ, leurs cœurs étaient donc invités à se fonder sur la promesse de Sa venue pour les prendre avec Lui (Actes 1). Comme la même Personne Bénie l’a dit plus tard à l’église de Thyatire par l’évangéliste (Jean) qui rapporte ces paroles d’adieu, comme un encouragement pour le fidèle qui veille dans la nuit sombre : «Je lui donnerai l’étoile du matin» (Apoc. 2:28). Il n’était pas prévu, ni nécessaire que les disciples connaissent le jour ou l’heure de Son retour. Il suffisait de savoir qu’Il vient et, comme Il l’a assuré à Son épouse qui L’attend, qu’Il vient «promptement» (ou « bientôt »).
Il ne faut pas croire que cette venue dans Jean 14 soit une référence imagée de notre Seigneur à l’endormissement du croyant. Au contraire, la mort d’un chrétien dans le Nouveau Testament est invariablement représentée comme un départ pour être avec le Seigneur, et non comme le Seigneur qui vient le chercher. Comme le dit l’apôtre : «Mais je suis pressé des deux côtés, ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur» (Phil.1:23). Et encore : «Le temps de mon départ est arrivé» (2 Tim. 4:6).
Nous n’avons donc pas le droit d’imaginer qu’il s’agit d’autre chose que de ce qui est clairement sous-entendu, à savoir que le Seigneur promet clairement de revenir bientôt pour ceux qui sont à Lui. Il ne saurait y avoir de moyen de consolation plus efficace que celui-là. Le Seigneur montre par-là que la cause même de leur tristesse doit être en réalité un sujet de joie et d’allégresse. Il était vrai, même s’ils le déploraient, qu’Il serait absent d’eux ; mais ils savaient maintenant qu’Il s’occuperait d’eux pendant Son absence, et qu’Il reviendrait en temps voulu pour les conduire dans un lieu de félicité éternelle avec Lui-même.
Cette connaissance de l’activité merveilleuse de Son amour était destinée à détourner leurs cœurs et les nôtres de l’occupation des épreuves d’un pèlerinage difficile, pour jouir, par la foi, même en l’absence prolongée du Seigneur, de la preuve de Son souci de notre bénédiction finale. De plus, ne connaissant pas le moment exact de Son retour, nos âmes sont constamment en éveil dans l’attente joyeuse de Le voir. Et en regard de la perspective d’un tel gain éternel, la perte ou la douleur d’un moment semble bien dérisoire.
Cette vérité révélée en Jean 14 d’une manière très générale, est encore développée et exposée dans les épîtres, et souvent dans un but similaire de consolation. Ne citons qu’un seul exemple, celui des saints de Thessalonique. Comme les disciples, ils étaient dans l’affliction, mais pour une raison différente. Leur tristesse était due, dans une certaine mesure, au fait qu’ils ne savaient pas quel serait l’effet de la venue du Seigneur pour les saints endormis. L’un des buts de l’épître était de les éclairer à ce sujet et, par ce moyen, de supprimer la cause de leur douleur. «Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n’ont pas d’espérance».
De toute évidence, les Thessaloniciens s’imaginaient que ceux d’entre eux qui s’étaient endormis manqueraient pour cette raison les joies particulières liées au retour du Seigneur. C’est pourquoi ils étaient abattus. Non seulement leurs proches leur avaient été enlevés, ce qui était assez amer là où la lumière de la vérité n’avait pas encore dissipé les ténèbres païennes, mais à cette douleur s’ajoutait le fait que les défunts ne pourraient pas saluer le Seigneur lors de Sa venue attendue.
Cependant, le Seigneur n’agit pas envers eux comme avec la veuve de Naïn, ou avec le chef de la synagogue et les sœurs de Béthanie, qu’Il réconforta en ramenant leurs morts à la vie. Ici, l’apôtre est spécialement chargé, «par la parole du Seigneur», de consoler leurs cœurs attristés en leur disant que les saints endormis, au lieu de perdre leur part dans la félicité de la venue du Seigneur, seraient en fait les premiers à participer à la puissance et à la bénédiction de sa présence.
Il est donc évident que leur inquiétude et leur douleur reposaient entièrement sur une mauvaise compréhension. Et combien d’esprits d’enfants de Dieu passent par les mêmes troubles, pour des raisons semblables !
Mais l’Écriture, dans chaque cas similaire, dissipe les brumes de l’ignorance ou de la vérité déformée, et apporte ainsi la consolation la plus vraie.
Il nous reste à dire un bref mot d’avertissement à ceux qui cherchent à priver les saints de la consolation du Nouveau Testament aussi bien que de l’Ancien. Des hommes orgueilleux et sans foi n’hésitent pas à accuser l’apôtre d’ignorance, d’erreur et même de pire. Ils ne craignent pas d’anéantir d’un seul coup l’espérance de l’Église, et, «faisant des festins sans crainte, se repaissant eux-mêmes», remplis de toutes les mondanités, suffisamment satisfaits des plaisirs qui les entourent, ils ne désirent pas que le Maître revienne leur demander compte de leur gestion infidèle. Mais chérissons la parole de Sa promesse, qu’aucune parole d’homme ne pourra jamais annuler. Et que «notre seigneur Jésus Christ Lui-même, et notre Dieu et Père, qui nous a aimés et nous a donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce, veuille consoler vos cœurs et vous affermir en toute bonne œuvre et en toute bonne parole» (2 Thess. 2:16-17).