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SIMPLES ENTRETIENS SUR LES ÉVANGILES
Samuel Prod’hom
Ces Simples Entretiens sur les Évangiles sont une étude biblique ayant parue dans un périodique pour enfants intitulé « la Bonne Nouvelle annoncée aux Enfants ».
Table des matières :
1.1 Caractère de l’évangile selon Marc
1.2 Prédication de Jean le Baptiseur
1.3 Baptême et tentation de Jésus
1.4 Jésus prêche l’évangile du royaume
1.5 Appel de quelques disciples
1.6 Un démoniaque dans la synagogue
3.1 Guérison un jour de sabbat
3.3 Jésus jugé par ses proches et les scribes
4.2 Deux paraboles du royaume de Dieu
4.3 Jésus dort pendant la tempête
6.3 Hérode et Jean le Baptiseur
6.5 Première multiplication des pains
7.2 La femme Syrophénicienne (*)
8.1 Seconde multiplication des pains
8.2 Jésus refuse un signe aux pharisiens
8.4 Guérison de l’aveugle de Bethsaïda
9.2 Ressusciter d’entre les morts
9.3 Un esprit immonde difficile à chasser
10.5 Souhait des fils de Zébédée
11.1 Jésus entre comme roi à Jérusalem
11.5 Réponses de Jésus aux chefs du peuple
12.4 Le plus grand des commandements
12.5 Question de Jésus le concernant
13.1 Avertissements de Jésus à ses disciples
13.4 Exhortations à la vigilance
14.6 Jésus devant le souverain sacrificateur
15.2 Entre les mains des soldats
15.3 Exposé aux injures de tous
15.4 Les trois heures de ténèbres
16.2 Rencontre de Jésus et des siens
En commençant notre étude sur Matthieu, nous avons remarqué que les quatre évangiles portent chacun un caractère spécial, chose importante à retenir pour comprendre la pensée de Dieu dans ces différents écrits. Dieu nous donne par ce moyen la facilité de comprendre les diverses gloires de la personne de son Fils, dans sa manifestation ici-bas, bien mieux que nous ne pourrions le faire avec un seul récit. Nous ne reparlerons pas du caractère des trois autres évangiles.
L’Esprit de Dieu s’est servi de Marc pour présenter Jésus dans son activité de Serviteur et de Prophète. Moïse en parle en Deutéronome 18:15 : « L’Éternel, ton Dieu, te suscitera un prophète comme moi, du milieu de toi, d’entre tes frères ». Les trois premiers versets d’Ésaïe 42 décrivent le caractère d’humilité de ce Serviteur parfait, tel qu’il l’a manifesté dans son service. Le peuple d’Israël, appelé plusieurs fois par Ésaïe serviteur de l’Éternel, mais infidèle sous ce rapport, comme en tous points, est remplacé par Christ qui a accompli son service en toute fidélité au milieu du peuple, mais dont le rejet a ouvert la porte de la bénédiction aux nations (voir Ésaïe 49:4-6). Le magnifique chapitre 53 d’Ésaïe, ainsi que les trois derniers versets du chapitre 52, parlent de ce serviteur. Au v. 11 il est dit : « Par sa connaissance mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs, et lui, il portera leurs iniquités ». C’est ce qu’il a accompli selon les termes du Psaume 40:9, 10 : « J’ai annoncé la justice dans la grande congrégation ; voici, je n’ai point retenu mes lèvres, Éternel ! tu le sais. Je n’ai point caché ta justice au dedans de mon cœur ; j’ai parlé de ta fidélité et de ton salut ; je n’ai point celé ta bonté et ta vérité dans la grande congrégation ». Tous les évangiles racontent ce service, il est vrai, mais Marc présente le caractère de Jésus comme Serviteur, dans l’accomplissement de son service, comme Matthieu le Messie, Luc le Fils de l’homme, et Jean le Fils de Dieu.
Dans son évangile, Marc suit l’ordre chronologique des faits, c’est-à-dire qu’il les raconte dans l’ordre dans lequel ils eurent lieu. Mais pas plus que les autres évangélistes, il ne rapporte tout ce que Jésus a fait et dit. Il prend, parmi les actes innombrables accomplis par le Seigneur, ceux propres à présenter la pensée de Dieu à l’égard de son Fils, en nous disant ce qu’il nous était utile de connaître, et non pas tout ce qui nous aurait intéressés. Voyez ce que Jean dit de son récit, chapitre 21:25 de son évangile, et le but de son écrit (20:30, 31).
Marc n’était pas l’un des douze disciples. Neveu de Barnabas, nommé Jean en Actes 13:5, 13, il est appelé Marc en Actes 15:37. L’apôtre Paul ne voulut pas le reprendre avec lui, parce qu’il l’avait abandonné (Actes 13:13). Mais on le retrouve avec Paul en Colossiens 4:10 ; et le même apôtre le réclame en 2 Timothée 4:11. C’est chez sa mère, nommée Marie, que plusieurs personnes étaient rassemblées et priaient pour la délivrance de Pierre (Actes 12:12).
Marc eut sans doute affaire avec Dieu au sujet de son service d’une manière toute particulière ; il dut apprendre que, pour servir, il faut mettre de côté toute considération charnelle, légitime ou non, et juger ce qui l’avait engagé à abandonner Paul et Barnabas, lors de leur voyage missionnaire. Ces expériences le préparèrent évidemment à être l’instrument du Saint Esprit pour présenter le Serviteur parfait dans son activité et son dévouement jusqu’à la mort.
Que Dieu nous donne de l’écouter !
(v. 1-8). — Marc ne raconte pas la naissance de Jésus ; la raison en est simple, elle tient au caractère de l’Évangile. Il s’agit du ministère de Jésus. Dès le début l’Esprit de Dieu entre en plein dans son activité. Il n’est pas nécessaire de fournir la généalogie d’un serviteur, comme c’était le cas pour le Messie et pour le Fils de l’homme, dont l’un devait descendre de David et d’Abraham et l’autre, par ces deux patriarches, remonter à Adam. L’évangéliste présente d’emblée la personne qui fait le sujet de son évangile et celui qui préparait son chemin : « Commencement de l’évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ». Si la généalogie était superflue pour introduire le Serviteur sur la scène, l’Esprit de Dieu fait ressortir qui il est : « Jésus Christ, Fils de Dieu ». C’est L’Évangile qui provient d’une telle personne, présenté par lui-même, venu ici-bas accomplir l’humble service du serviteur prophète. Il « s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Philippiens 2:6-8). Le messager de l’Éternel devait le précéder, ainsi que l’avaient annoncé Ésaïe et Malachie : « Voici, moi j’envoie mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin ». « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers ». Jean le Baptiseur avait à préparer le chemin du Seigneur dans le cœur de son peuple en prêchant le baptême de la repentance. Il invitait les Juifs à confesser leurs péchés. C’est ce que l’évangile dit en premier lieu aux pécheurs, car il faut reconnaître et confesser ses péchés, afin que celui qui en a le pouvoir puisse les pardonner. Jésus n’est « pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ». De toute la Judée et de Jérusalem on sortait vers Jean pour être baptisé dans le Jourdain en confessant ses péchés. En même temps, Jean annonçait en ces termes la venue de Jésus : « Il vient après moi, celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie des sandales. Moi, je vous ai baptisés d’eau ; lui, vous baptisera de l’Esprit Saint ». Nous ne trouvons pas ici, comme en Matthieu, les pharisiens qui venaient se faire baptiser par hypocrisie ; aussi Jean s’adresse à ceux qui confessaient leurs péchés en toute droiture et leur annonce Christ qui les baptiserait de l’Esprit Saint, sans ajouter « et de feu » (voir Matthieu), ce qui indiquait le jugement que Christ exécuterait un jour sur les méchants. Ici Marc annonce son ministère de grâce envers des pécheurs.
(v. 9-13). — Le récit du baptême de Jésus est très succinct : « Il arriva, en ces jours-là, que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et fut baptisé par Jean au Jourdain. Et s’éloignant aussitôt de l’eau, il monta, et vit les cieux se fendre, et l’Esprit comme une colombe descendre sur lui. Et il y eut une voix qui venait des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir ». La voix du Père s’adresse à son Fils, proclamant que celui qui prenait la place de serviteur au milieu des pécheurs repentants était son Fils bien-aimé, en qui il a trouvé son plaisir. En Matthieu la voix se fait entendre à tous : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir ». Tous devaient entendre le témoignage rendu par le Père à son Fils.
Aussitôt après son baptême, l’Esprit pousse Jésus « dans le désert. Et il fut dans le désert quarante jours, tenté par Satan ; et il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient ». Ce précieux Sauveur, homme parfait, subit la tentation dans des circonstances bien différentes du premier Adam. Ce dernier fut tenté dans le jardin d’Eden, lieu de délices, et c’est là qu’il succomba. Sa chute amena cette création au point où Jésus la trouva, caractérisée par un désert, lieu dépourvu de tout ce que Dieu y avait placé pour le bonheur et le bien-être de sa créature ; Satan en était l’hôte et, détail qui ne se trouve qu’en Marc malgré la brièveté de son récit, les bêtes sauvages le hantaient, contraste étrange avec Eden, conséquence terrible de la chute. Dans ce milieu, image du monde, Jésus subit l’épreuve à laquelle le premier homme succomba immédiatement. Mais, l’épreuve terminée, les ressources viennent du ciel. Pour servir son Fils bien-aimé, Dieu envoya ses anges qui servent aussi « en faveur de ceux qui vont hériter du salut ». Le Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, a pris cette position, dans laquelle il dépendait des anges qu’il avait créés lui-même, et cela, pour apporter la grâce de Dieu à des hommes coupables de tous les dégâts amenés par le péché dans cette création. Il ne pouvait servir qu’en venant comme homme dans les lieux mêmes où le péché avait accompli ses ravages. Quel amour merveilleux, infini !
(v. 14, l5). — Le service, bien court, du plus grand des prophètes était terminé (Luc 7:28). Jean le Baptiseur, jeté en prison, laissait toute la place à celui, infiniment plus grand que lui, dont il s’était déclaré indigne de délier la courroie de la sandale. Jésus quitte la Judée, où Jean avait été livré, et commence son service en Galilée, contrée méprisée par les Juifs de Judée. Là il annonce l’évangile aux pauvres (Matthieu 11:5). Il prêche l’évangile du royaume de Dieu, disant : « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu s’est approché : repentez-vous et croyez à l’Évangile ». Il s’agit du temps qui précédait l’établissement du royaume de Dieu, annoncé par les prophètes et indiqué très exactement en Daniel 9:23-26. Le royaume s’était approché dans la personne de Jésus ; mais, pour en profiter, il fallait se repentir et croire à l’Évangile, car le royaume de Dieu, caractérisé par ce qu’est Dieu moralement, ne pouvait s’établir avec des hommes pécheurs, sans jugement porté sur eux-mêmes ; il fallait la repentance et la foi en cette bonne nouvelle qui annonçait l’événement attendu depuis si longtemps par les fidèles. Aujourd’hui l’évangile de la grâce est aussi proclamé, et ce sont de même des pécheurs repentants qui en profitent par la foi.
Nous avons déjà parlé plusieurs fois de la différence existant entre l’Évangile du royaume et celui de la grâce : elle consiste dans la position et le caractère de Christ au moment où l’Évangile est prêché. Lorsqu’il était sur la terre, le royaume s’était approché des hommes ; il était au milieu d’eux dans sa personne ; ils auraient dû le recevoir. Aujourd’hui, Christ est dans le ciel, Seigneur et Sauveur rejeté, après avoir accompli le sacrifice en vertu duquel tout pécheur peut être sauvé par la foi ; c’est là le sujet de l’Évangile. Après l’enlèvement des saints, Christ sera présenté dans la position du roi rejeté, mais qui va revenir ; c’est ce qu’il faudra croire en se repentant pour être admis dans le royaume qu’il établira alors en gloire. Après son apparition en gloire, il enverra encore des messagers pour annoncer son avènement glorieux aux nations et à ceux d’Israël qui n’en auront pas été témoins (Ésaïe 66:18-21).
(v. 16-20). — Tout le service de Jésus était devant lui ; son amour seul et sa toute-science pouvaient en sonder l’étendue, et lui seul, dans sa dépendance de son Père, pouvait fournir la somme de dévouement et d’activité nécessaires. Mais il voulait s’adjoindre des compagnons pour accomplir cette œuvre.
En marchant le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer : image frappante de ce que le Seigneur allait entreprendre au milieu des hommes qu’il fallait tirer de l’élément dans lequel ils avaient vécu pour les amener à lui. Jésus leur dit : « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. Et aussitôt, ayant quitté leurs filets, ils le suivirent ». Il les appelle malgré leur inconscience quant à ce service et leur incapacité naturelle pour l’accomplir. Mais en lui se trouvaient toutes les ressources. Il leur dit : « Venez après moi et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ». Ces simples paroles nous donnent toute la vérité à l’égard de la formation d’un serviteur de Dieu. Il lui faut trois choses : 1° être appelé par le Seigneur, 2° le suivre ; 3° être enseigné de lui. Lui seul peut former celui qu’il veut employer. En le suivant, on apprend de lui ; ses disciples, en le voyant agir, pouvaient s’inspirer des motifs qui le faisaient travailler, de cet amour qui ne demande qu’à se dépenser dans l’obéissance pour faire des heureux ; car le travail de Jésus était, par excellence, le « travail d’amour » (1 Thessaloniciens 1:3). Jésus vivait sous la dépendance de son Père pour servir, ainsi qu’il l’exprime : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu’il ne voie faire une chose au Père, car quelque chose que celui-ci fasse, cela, le Fils aussi de même le fait » (Jean 5:19) ; les disciples aussi, enseignés de lui et le voyant agir, pouvaient accomplir la même œuvre. La condition importante pour eux, comme pour nous aujourd’hui, est de le suivre ; on ne peut rien apprendre de lui sans cela.
Passant plus avant, Jésus vit Jacques et Jean qui raccommodaient des filets dans une barque avec leur père Zébédée et leurs domestiques. Il les appela aussitôt ; ils le suivirent sans raisonnement, ni objection quelconque. Il y avait dans le Seigneur Jésus, malgré l’humilité qui le caractérisait, une autorité qui se légitimait à la conscience de celui qu’il appelait et que ressentaient ceux qui l’écoutaient, ainsi se justifiait la conduite de celui qui était appelé. Il en est de même aujourd’hui pour ceux que le Seigneur convie à son service. Dieu veuille que parmi nos lecteurs, beaucoup obéissent à sa voix !
Tous, quelles que soient nos circonstances, nous avons à être utiles au Seigneur ; mais pour cela il faut l’écouter, le suivre et l’imiter. Ceux qui croient jouissent de cette part, et c’est en pratiquant ces préceptes que se manifesteront ceux que le Seigneur invite à un service spécial pour lui. À celui qui a, il sera donné encore davantage.
(v. 21-28). — Jésus et ses disciples vinrent à Capernaüm et entrèrent aussitôt dans la synagogue le jour du sabbat. Le mot aussitôt, qui revient onze fois dans ce premier chapitre, exprime bien l’activité incessante qui caractérise le parfait Serviteur dans l’accomplissement de son service, et qui devrait nous caractériser tous. L’apôtre Paul dit : « Quant à l’activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servant le Seigneur » (Romains 12:11). Christ en a été le modèle parfait.
Jésus enseignait dans la synagogue ; ses auditeurs s’étonnaient en l’écoutant, « car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes ». L’enseignement qui vient de Dieu a force de loi, car qui pourrait faire autorité si ce n’est la parole de Dieu ? Apprendre de Dieu par sa Parole et être dirigé par le Saint Esprit, cela donne à la prédication d’un évangéliste l’assurance et la persuasion nécessaires pour placer ceux qui l’écoutent sous l’autorité de la Bible et leur faire remarquer la différence entre l’enseignement divin et celui de la sagesse humaine, malgré la faiblesse de l’instrument et son manque d’érudition. En Jésus tout était parfait, parce que rien en lui n’entravait la libre action de l’Esprit, et l’eau sortait avec toute la pureté de la source.
Dans la synagogue se trouvait un homme possédé d’un esprit immonde que la présence de Jésus manifesta aussitôt ; peut-être les assistants n’en avaient-ils pas connaissance. « Ha ! » s’écria-t-il, « qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus Nazarénien ? Es-tu venu pour nous détruire ? Je te connais, qui tu es : le Saint de Dieu ». Les démons connaissent leur juge dans la personne de Celui qui a pris la forme de serviteur pour arracher à leur puissance l’homme qui y était tombé par sa propre faute en écoutant la voix de Satan. Jésus tança le démon en lui ordonnant de se taire et de sortir de cet homme, Le Seigneur ne veut pas recevoir le témoignage du diable. L’esprit immonde sortit du malheureux en le déchirant et en criant. Saisis d’étonnement, tous disaient : « Qu’est ceci ? Quelle doctrine nouvelle est celle-ci ? Car il commande avec autorité, même aux esprits immondes, et ils lui obéissent. Et sa renommée se répandit aussitôt tout à l’entour dans la Galilée ».
Ainsi l’autorité de Jésus, au début de son service, se manifesta de trois manières : dans l’appel de ses disciples ; dans son enseignement public ; dans l’expulsion des démons. L’autorité divine, mise à la disposition de l’amour, venait délivrer l’homme des conséquences du péché et de la puissance de l’Ennemi. Si l’homme avait su écouter ce prophète, quelle bénédiction en serait résultée alors comme de nos jours !
(v. 29-39). — En sortant de la synagogue, Jésus entra dans la maison de Simon et d’André, et aussitôt on lui parla de la belle-mère de Pierre qui souffrait de la fièvre. Le Seigneur s’approcha d’elle et la fit lever en la prenant par la main ; aussitôt la fièvre la quitta et elle les servit. Le péché, en séparant l’homme de Dieu, l’a privé de la paix, du calme et du repos qui auraient été sa part à toujours sans la chute. Il a produit, au contraire, l’agitation, l’inquiétude qui troublent toute sa vie et dont la fièvre est une figure. Or comme cette fébrile activité de l’homme se rapporte toute à lui-même, elle l’empêche de servir Dieu ; c’est pourquoi, dès que la belle-mère de Pierre fut guérie, elle les servit. L’amour, qui trouve son bonheur à servir, remplace l’agitation du cœur de l’homme qui ne peut obtenir le repos dans les choses de ce monde. Quelle merveilleuse grâce qu’il puisse en être ainsi !
L’activité incessante de Jésus continue à se dépenser envers tous. « Le soir étant venu, comme le soleil se couchait, — moment favorable pour sortir dans les pays chauds — on lui apporta tous ceux qui se portaient mal, et les démoniaques ; et la ville tout entière était rassemblée à la porte : et il en guérit plusieurs qui souffraient de diverses maladies, et chassa plusieurs démons, et ne permit pas aux démons de parler parce qu’ils le connaissaient ».
Nous avons déjà vu que les démons, les anges déchus, connaissaient Jésus. Il y a un monde d’esprits qui nous est invisible, ce domaine où se meuvent les bons comme les mauvais anges, dans lequel règne une activité dont nous nous faisons une idée fort imparfaite, soit en bien, soit en mal ; les uns sont agents de Dieu, les autres agents de Satan. Ceux qui sont déchus connaissent le jugement inévitable qui les attend et savent qui l’exécutera. Ils croient que Dieu existe et ils en frissonnent (Jacques 2:19). S’ils le voyaient homme sur cette terre, cela ne les empêchait pas de le connaître ; ils pouvaient frissonner en le voyant, car si Jésus était là en grâce, c’était pour les hommes et non pour les anges. On lit en Hébreux 2:16 : « Car, certes, il ne prend pas les anges, — ou la cause des anges — mais il prend la semence d’Abraham ». La propitiation est en faveur des hommes qui, par la foi, sont les enfants d’Abraham.
Le matin, avant le jour, Jésus sortit et s’en alla dans un lieu désert pour prier. C’est le serviteur parfait qui réalise la dépendance de son Dieu et Père dont la volonté le dirige dans toute son activité. Il se lève longtemps avant le jour, afin que l’heure du travail le trouve prêt. Quel modèle en toutes choses ! Puissions-nous l’imiter chacun dans notre petit service, sachant que la prière doit précéder tout travail, pour qu’il soit accompli selon la volonté de Dieu !
Les disciples le suivirent, mais ils n’étaient pas avec Jésus lorsqu’il sortit de la ville pour prier, car nous lisons : « Et l’ayant trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent ». Jésus leur répondit : « Allons ailleurs dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis venu ». Il n’avait pas à satisfaire la curiosité des foules par ses miracles, mais à répondre à de vrais besoins et à prêcher l’évangile du royaume. Les miracles devaient attirer l’attention sur sa parole et montrer que Jésus était le Messie ; si ces résultats ne se produisaient pas, il allait ailleurs. « Il prêchait dans leurs synagogues par toute la Galilée ».
Il est frappant de voir quelle quantité de démoniaques se trouvaient au milieu du peuple Juif. Cela montre dans quelle mesure l’homme est tombé entre les mains de Satan. Hélas ! il y tombera d’une manière plus terrible encore dans un avenir prochain, pour avoir rejeté Christ et la grâce offerte à tous les hommes en vertu de son sacrifice.
(v. 40-45). — « Un lépreux vint à lui, le suppliant et se jetant à genoux devant lui, et lui disant : Si tu veux, tu peux me rendre net ». Ce lépreux avait sûrement entendu parler des miracles que Jésus accomplissait en faveur de tant de malheureux. Il ne ressentait aucun doute quant à son pouvoir, mais n’avait pas encore compris que l’amour de Dieu avait amené Jésus ici-bas spécialement pour délivrer les malheureux de leurs infirmités. C’est pourquoi il dit : « si tu veux, tu peux ». Mais Jésus était là, en contact avec toutes les misères humaines, parce qu’il le voulait. « Et Jésus, ému de compassion, étendant la main, le toucha, et lui dit : Je veux, sois net ». Ainsi le lépreux trouva en Jésus non seulement la volonté et la puissance, mais toute la compassion produite par l’amour parfait ; cet amour se manifestait dans une personne dont la sainteté absolue lui permettait de toucher la plus grande souillure sans être souillée elle-même ; car la lèpre, figure du péché, contaminait quiconque entrait en contact avec elle. Par Jésus, au contraire, le lépreux était rendu net grâce au contact de l’Homme Dieu, descendu jusque là. Dans cette guérison, les perfections divines et humaines de Jésus, serviteur parfait, apparaissent avec beauté : la puissance qui délivre ; l’amour qui s’est abaissé pour accomplir ce service ; la pureté parfaite du Fils de Dieu dans son humanité, qui ôte la souillure ; l’humilité profonde qui veut éviter les manifestations du public étonné par les miracles, et le dévouement qui cherche sa satisfaction dans l’accomplissement de la volonté de son Père et non dans les acclamations de la foule. C’est pourquoi « usant de paroles sévères », il renvoya aussitôt l’homme et lui dit : « Prends garde de n’en rien dire à personne ». Il lui enjoint seulement de se montrer au sacrificateur, en conformité avec l’ordre établi de Dieu en Lévitique 13 et 14, « pour que », dit-il, « cela leur serve de témoignage ». Par cette guérison, le sacrificateur avait devant lui le témoignage irrécusable que Dieu était au milieu de son peuple, car lui seul pouvait guérir la lèpre, comme lui seul pouvait ôter le péché.
Au lieu de se taire, l’homme « commença à beaucoup publier et à divulguer ce qui était arrivé, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville ; mais il se tenait dehors dans des lieux déserts ; et on venait à lui de toutes parts ». On comprend que cet homme avait besoin de faire connaître sa grande délivrance ; mais si cette circonstance empêcha Jésus d’entrer dans la ville, elle manifesta ceux qui avaient de réels besoins et qui allaient à lui de toutes parts.
Ce premier chapitre nous offre un tableau merveilleux et caractéristique de l’activité de Jésus, Serviteur et Prophète au milieu des hommes. Les faits sont rapportés de manière à ne laisser aucun doute sur le caractère de Jésus dans cet évangile, en sorte qu’il ne peut être confondu avec les traits sous lesquels l’Esprit de Dieu le présente dans les autres. Qui pourrait écrire de cette manière, si ce n’est sous l’inspiration divine ?
(v. 1-12). — Obligé de rester en dehors de Capernaüm, pour éviter la foule curieuse qui le gênait dans son service, Jésus y rentra au bout de quelques jours afin de continuer son ministère. Dès qu’on apprit son arrivée, beaucoup de gens s’assemblèrent dans la maison où il se trouvait, de sorte qu’il n’y avait plus de place, même auprès de la porte. Là « il leur annonçait la parole ». La présentation de la Parole est la chose importante dans tout service de la part de Dieu. Dans celui de Jésus, elle tenait la première place (voir chap. 1:14, 15, 21, 22, 38, 39). Dans tous les chapitres nous le voyons prêchant et enseignant. Les miracles qu’il accomplissait accompagnaient la Parole ; ils témoignaient de la puissance et de la présence de Dieu agissant en grâce au milieu de son peuple ; mais Dieu opérait dans les cœurs par la Parole (Hébreux 2:3, 4). Aujourd’hui de même, c’est par la prédication de la Parole pure et simple que Dieu peut accomplir son œuvre. Aussi Paul écrivit-il à Timothée en vue des jours mauvais auxquels nous sommes parvenus : « Prêche la parole, insiste en temps et hors de temps » (2 Timothée 4:2). On peut entendre facilement de magnifiques discours sur des questions religieuses et morales, qui frappent par leur beauté et attirent des foules, mais s’ils ne présentent pas la parole de Dieu, ils ne produisent ni conviction de péché, ni conversion ; car la parole de Dieu seule atteint la conscience et répond à ses besoins.
Dans le ministère de Jésus, des actes de puissance accompagnaient la prédication de la Parole, car il accomplissait au milieu de son peuple ce que leurs Écritures avaient annoncé. Quoique « fait à la ressemblance des hommes » (Philippiens 2:7, 8), il était celui dont David dit : « C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités, qui rachète ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de compassions » (Psaume 103:3, 4).
Convaincus de sa puissance et de sa bonté, quatre hommes amènent à Jésus un paralytique. Ne pouvant s’approcher à cause de la foule, ils font descendre le lit du malade par une ouverture pratiquée dans le toit de la maison. « Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés sont pardonnés ». Jamais on ne fait appel à la bonté de Jésus en vain ; la foi trouve toujours en lui une pleine réponse aux besoins créés par le péché. Il faut simplement, à l’exemple de ceux qui apportaient ce malade à Jésus, avoir conscience de ses propres besoins et croire à la puissance et à la bonté de celui qui a quitté la gloire pour délivrer ses créatures des conséquences du péché. La réponse de Jésus fait bien comprendre que tous les maux proviennent du péché ; mais, grâce merveilleuse ! lui-même apportait le remède où se trouvait le mal, afin que l’homme, impuissant à se délivrer, puisse obtenir, par la foi, une complète guérison. Toute l’activité déployée dans ce but vient de Dieu.
Les scribes, témoins de ce miracle et méconnaissant Jésus, raisonnaient dans leurs cœurs, disant : « il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, sinon un seul, Dieu ? » Cette dernière phrase était exacte, mais précisément Dieu se trouvait là, sous la forme d’un serviteur ; Il était descendu du ciel, et avait voilé sa gloire pour être accessible à tous. Mais connaissant leurs raisonnements, il démontre pourtant sa divinité, car il leur dit : « Pourquoi faites-vous ces raisonnements dans vos cœurs ? Lequel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, prends ton petit lit, et marche ? » Les péchés ont causé tous les maux ; c’est pourquoi, sous le gouvernement de Dieu sous lequel Israël se trouvait, une maladie pouvait résulter de tel ou tel péché, de sorte que c’était guérir celui qui en souffrait que de lui dire : « Tes péchés te sont pardonnés ». Dieu seul pouvait faire cela. On retrouve le même principe s’il s’agit du pardon éternel de nos péchés. Dire à un pécheur repentant et croyant : « Tu es sauvé », c’est lui dire : « Tes péchés te sont pardonnés ». Ceci résulte, pour le pécheur aujourd’hui, comme pour ce paralytique, de la venue de Jésus ici-bas ; mais il ne se borna pas à déployer sa puissance et sa bonté en faveur de son peuple terrestre : il a porté nos péchés en son corps sur le bois et par sa meurtrissure nous avons été guéris (1 Pierre 2:24). Pour convaincre ces scribes raisonneurs, Jésus leur dit : « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés (il dit au paralytique) : Je te dis, lève-toi, prends ton petit lit, et va dans ta maison... Ils en furent tous étonnés et... glorifiaient Dieu, disant : Nous ne vîmes jamais pareille chose ». Jamais, en effet, dans ce monde on n’avait vu Dieu dans un homme, le Fils de l’homme, disposant de la grâce et de la puissance divines pour délivrer les hommes de leurs péchés et de leurs conséquences.
Nous sommes heureux d’être encore dans le temps où cette grâce et cette puissance agissent en faveur de tous, par l’Évangile qui est « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit, et au Juif premièrement, et au Grec » (Romains 1:16).
(v. 13-17). — Dans son incessante activité, Jésus longeait la mer de Galilée, entouré d’une foule qu’il enseignait. En passant, il vit Lévi (appelé Matthieu en Matthieu 9:9) assis au bureau de recette et vaquant à son service de péager, emploi des plus vils aux yeux des Juifs, parce que le paiement des impôts leur faisait réaliser péniblement leur assujettissement aux Romains. Or, non seulement Jésus désirait chercher et sauver de tels individus, mais il voulait en avoir un avec lui pour l’employer à son service. Il dit à Lévi : « Suis-moi ». Lévi lui obéit aussitôt. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, le Seigneur lui-même choisit ses serviteurs, les appelle et les forme.
Après cela, nous trouvons Jésus à table chez son nouveau disciple avec beaucoup de publicains et de pécheurs. Là-dessus, les scribes et les pharisiens demandent : « Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les pécheurs ? » Pas plus que les scribes témoins de la guérison du paralytique, ils ne connaissaient Jésus et la grâce qui l’a fait descendre au milieu des pécheurs, parce qu’ils ne pensaient pas avoir besoin de cette grâce. Ils ressemblaient bien peu à ceux qui apportaient le paralytique au Seigneur. Voyant Jésus à table avec ceux qu’ils appelaient des pécheurs, ils le considéraient comme souillé par leur contact et identifié avec eux, tandis qu’eux-mêmes se tenaient à l’écart avec une pharisaïque dignité. Ils ne connaissaient ni la pureté ni la sainteté parfaites de Jésus qui lui permettaient de toucher, sans être souillé, un lépreux, type des pécheurs pour lesquels il était venu. Comme il voyait tous les hommes dans un état moral représenté par la lèpre, la fièvre, la paralysie, la cécité, la surdité, le mutisme, il venait pour les guérir, les sauver. Rien donc d’étonnant à ce qu’on le trouve au milieu de ceux qui se reconnaissaient tels. C’est ce que la réponse de Jésus devait leur faire comprendre : « Ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ».
Le Seigneur ne donnait pas à entendre qu’il y a ici-bas une classe de justes au milieu de laquelle se trouvent des pécheurs qu’il était venu sauver ; Il veut dire que ceux qui se reconnaissent tels profitent de son appel. Dieu dit : « Tous ont péché » (Romains 3:23). Mais tous ne le reconnaissent pas et par conséquent n’éprouvent aucun besoin d’un Sauveur. Il faut souvent un long travail de Dieu pour amener quelqu’un à reconnaître son état de péché et de perdition devant Dieu et son incapacité à y changer quoi que ce soit. Inutile de présenter le Sauveur à ceux chez qui cette œuvre n’est pas accomplie. Mais dès qu’une âme a la conviction de sa culpabilité et de son incapacité à effacer un seul de ses péchés, elle accepte avec bonheur, simplement et gratuitement, le salut accompli par la mort de Christ sur la croix. Pour arriver à la conviction de sa culpabilité devant Dieu, il ne faut pas se comparer à d’autres pécheurs, parce qu’on est facilement disposé à se croire meilleur que son prochain. La seule mesure du bien et du mal est Dieu lui-même, dans sa parfaite sainteté. C’est à lui qu’il faut se comparer pour savoir si l’on a besoin du sang de Christ qui purifie de tout péché. C’est d’après cette mesure-là que tous ceux qui comparaîtront devant le grand trône blanc seront jugés (Apoc. 20:11, 12). La parole de Dieu apporte maintenant au pécheur la lumière à laquelle il doit s’examiner pour voir son état ; elle lui présente le Sauveur et son œuvre parfaite à la croix, qui suffit pleinement pour sauver le plus grand des coupables. Devant le grand trône blanc, il sera trop tard pour comprendre que l’on avait besoin d’un Sauveur. Tous le comprendront ; mais le Juge en présence duquel ils comparaîtront sera le Sauveur qu’ils auront méprisé.
(v. 18-22). — Quelle merveilleuse grâce Jésus apporte aux pécheurs ! Ceux qui en étaient les objets avaient pour part la paix et la joie. On peut se représenter le bonheur de cette compagnie de pécheurs à table chez Lévi avec Jésus, de même que la joie des disciples entourant leur Maître bien-aimé, depuis longtemps attendu. Les disciples de Jean et les pharisiens n’avaient pas compris la grâce venue par Jésus Christ, ni le changement apporté dans le cœur de celui qui l’avait reçu. C’est pourquoi ils viennent à Jésus et lui demandent pourquoi ses disciples ne jeûnaient pas comme eux-mêmes le faisaient. Jésus leur répond : « Les fils de la chambre nuptiale peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Aussi longtemps qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner ». Ceux qui avaient reçu Christ connaissaient une joie pareille à celle des amis d’un époux en un jour de noce. Personne ne songerait à jeûner dans un moment pareil. La raison pour laquelle les disciples de Jésus ne jeûnaient pas était aussi simple que merveilleuse : ils avaient l’Époux avec eux. Joie précieuse que celle qu’apporte dans le cœur la connaissance et la présence de Jésus, Celui qui est venu du ciel pour donner à l’homme un bonheur infiniment plus grand que celui de l’innocence perdue par le péché d’Adam ! Tous nos lecteurs le connaissent-ils ?
Mais le Seigneur informe les disciples qui l’entourent qu’ils auront à jeûner : « Mais des jours viendront, lorsque l’Époux leur aura été ôté ; et alors ils jeûneront en ce jour-là ». Jésus fait pressentir sa mort ; la haine des hommes ne le supportera pas au milieu d’eux. Moment bien douloureux pour les disciples que sa présence avait réjouis ! En Jean 16:20, Jésus leur dit : « Vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; et vous, vous serez dans la tristesse », et au v. 22 : « Et vous donc, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira : et personne ne vous ôte votre joie ». Ces paroles indiquent la cause et le caractère de la joie du monde et de celle des croyants. Le monde se réjouit sans Christ et même parce que Christ ne le gêne plus par sa présence ; le croyant ne peut avoir de vraie joie qu’en lui ; la foi le rend présent à ceux qui attendent de le voir dans sa gloire. Au milieu même des tribulations, le croyant peut se réjouir toujours dans le Seigneur (Philippiens 4:4). Aussi le monde qui se réjouit sans Christ ressentira la plus grande terreur lorsqu’il apparaîtra en gloire pour le jugement.
Jésus montre, par l’exemple du morceau neuf ajouté au vieil habit et du vin nouveau versé dans de vieilles outres, que les formes propres au système de la loi ne pouvaient convenir à la puissance de la grâce qui apportait ce que la loi n’avait jamais pu donner. Il ne faut pas mêler les deux choses : elles ne s’accordent pas plus qu’un morceau neuf à un vieil habit, car le neuf ne fait que mettre en évidence l’infériorité du vieux ; le morceau neuf emporte le vieux et la déchirure en est plus mauvaise, comme de vieilles outres ne peuvent supporter la force du vin nouveau. Chaque chose doit demeurer à sa place. Le système de la loi n’ayant rien amené à la perfection, il doit faire place à la grâce apportée par Jésus. Le mélange de ces deux systèmes, celui de la loi et celui de la grâce, caractérise l’état actuel de la chrétienté, qui n’est autre qu’un système de formes revêtu du nom de Christ.
(v. 23-28). — Le récit suivant, en nous rapportant de nouvelles objections des pharisiens, fait aussi ressortir la différence qui découle du changement de dispensation. Les disciples de Jésus, tout en passant par les blés, arrachaient des épis pour les manger, chose que la loi permettait de faire (Deutéronome 23:25). Les pharisiens en furent scandalisés parce qu’ils faisaient cela un jour de sabbat ; ils voulaient à tout prix conserver les ordonnances légales dont ils ne comprenaient pas la signification.
Le mot sabbat, qui signifie « repos », s’appliquait au septième jour dans lequel Dieu se reposa lors de la création (Genèse 2:2, 3). Lorsque Dieu appela à lui le peuple d’Israël, il lui imposa le sabbat comme signe entre lui et Israël (Exode 31:13 à 17). Dieu montrait ainsi son intention d’introduire l’homme dans son repos. Cette institution faisait partie des ordonnances par lesquelles l’homme vivrait s’il les pratiquait. Mais il leur désobéit, en sorte que la venue de Christ mit de côté le sabbat comme ordonnance, mais non la pensée de Dieu d’introduire l’homme dans son repos. Dieu allait y travailler lui-même ; c’est pourquoi Jésus était ici-bas, disant aux Juifs dans une circonstance analogue : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (Jean 5:17). Il a travaillé ; il a accompli sur la croix l’œuvre en vertu de laquelle le croyant peut entrer par grâce dans le repos de Dieu. Le pécheur n’a qu’à croire. C’est pourquoi la foi au sacrifice de Christ a remplacé le sabbat et tout le système légal. Voilà pourquoi nous voyons si souvent dans les évangiles Jésus accomplir des miracles le jour du sabbat : il montrait par là l’inutilité de la loi pour éxécuter les pensées de la grâce de Dieu.
Le Seigneur présente encore une autre raison pour laquelle les ordonnances étaient mises de côté. Il cite le cas où David, fuyant devant Saül, avait mangé, ainsi que sa suite, les pains de proposition, chose permise aux seuls sacrificateurs. David, le roi selon le cœur de Dieu, type de Christ, était rejeté, de sorte que le système qui se rattachait à sa royauté n’avait plus sa raison d’être. Ainsi, Jésus étant rejeté, les ordonnances tombaient aussi, et si le Juif voulait être sauvé, il devait croire à un Sauveur rejeté, et non plus pratiquer vainement quelques formes de son culte. Au reste le sabbat, fait pour l’homme, ne lui avait servi de rien ; et l’homme n’était pas fait pour le sabbat. Ainsi le Fils de l’homme, celui dont les droits s’étendent à tout, est seigneur aussi du sabbat ; il pouvait donc en disposer, sans que personne ait le droit de l’en empêcher.
(v. 1-12). — De nouveau Jésus entra, un jour de sabbat, dans la synagogue, où il trouva un homme qui avait la main desséchée. Les assistants l’observaient pour voir s’il le guérirait, afin de l’accuser. Connaissant leurs pensées, Jésus ordonna à l’infirme de se lever devant tous, et leur dit : « Est-il permis de faire du bien le jour de sabbat, ou de faire du mal ? de sauver la vie, ou de tuer ? » Mis à l’épreuve par ces paroles, ils ne répondirent rien. Leur conscience ne leur permettait pas de dire qu’il ne fallait pas faire du bien le jour du sabbat, car, s’ils n’en convenaient pas, ils savaient néanmoins que Dieu les visitait et que l’amour ne pouvait être condamné par la loi s’il délivrait l’homme de ses malheurs ce jour-là. Mais leur haine pour Jésus ne leur permettait pas de l’approuver, tellement ils cherchaient une occasion pour le faire mourir. La perfection de la vie du Seigneur leur ôtait toute occasion de le prendre en défaut ; ils ne trouvaient de prétexte pour le condamner que dans l’exercice de l’amour divin, amour qui ne pouvait s’exercer librement dans le cercle restreint des ordonnances sous lesquelles l’homme demeurait dans son misérable état.
L’homme ne peut supporter la grâce, parce qu’elle le met de côté, tandis que les ordonnances le considèrent comme capable de les accomplir. Le pécheur préfère demeurer sous la loi, et par conséquent sous la condamnation, plutôt que d’accepter la grâce qui le délivre de la condamnation, en lui montrant qu’un autre a dû prendre sa place sous le jugement pour l’en délivrer.
Devant le silence de ses observateurs, Jésus fut rempli d’indignation : « Et les ayant regardés à l’entour avec colère », est-il dit, « étant attristé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme : Étends ta main. Et il l’étendit, et sa main fut rétablie ». La colère fait partie des perfections de la nature divine, c’est l’indignation que Dieu éprouve en présence du péché, si repoussant pour Sa nature. On comprend aisément les sentiments de Jésus devant l’endurcissement de ces hommes, sans cœur pour leurs semblables dans la souffrance, et plus insensibles encore à l’amour qui venait les délivrer. Combien Jésus a dû souffrir en voyant son amour méprisé et repoussé par l’orgueil et l’égoïsme de ceux qui avaient pris, au milieu du peuple, la place de bergers, mais de bergers mercenaires qui ne se mettaient pas en souci des brebis ! (voir Ézéchiel 34).
Voyant le miracle accompli, les hérodiens et les pharisiens — deux sectes ennemies entre elles — sortent aussitôt et tiennent conseil pour faire mourir Jésus. Sans se préoccuper des intentions de ces méchants, le divin Serviteur se retire avec ses disciples afin de poursuivre son œuvre ailleurs, semblable à un cours d’eau qui se détourne et prend une autre direction lorsqu’il trouve un obstacle sur son passage.
Jésus se dirige vers la mer, où une grande multitude le suit, venant de toutes les contrées voisines, de l’autre côté du Jourdain, et même de Tyr et de Sidon, villes païennes situées sur les côtes de la mer Méditerranée. L’incrédulité des chefs du peuple laisse subsister les besoins chez les foules qui trouvent en Jésus l’amour et la puissance nécessaires pour y répondre. Pressé par la multitude, Jésus dut demander à ses disciples qu’on mette une barque à sa disposition, car ceux qui souffraient de quelque infirmité se jetaient sur lui afin de le toucher. Combien Jésus est admirable dans son abaissement volontaire ! Il est Dieu au milieu de ses créatures, devenu homme pour les servir ; mais il agit comme un homme doit le faire pour se préserver d’une foule qui le presse ; il ne se protège pas par sa puissance divine : il demande une barque, comme s’il en avait besoin pour être en sûreté. La réalisation parfaite de son humanité gagne le cœur, l’attire. Cet homme était Dieu manifesté en chair, débonnaire et humble de cœur, vers lequel les affligés ne craignaient pas de se jeter pour obtenir la guérison qu’ils désiraient. Quelle grâce merveilleuse ! Mais combien est coupable celui qui la méprise !
Les démons, voyant Jésus, se jetaient devant lui, confessant qu’il était Fils de Dieu. Ici encore, le Seigneur leur défend expressément de le faire connaître. Il ne voulait pas recevoir le témoignage des démons. Les caractères divins qu’il manifestait devaient suffire aux hommes pour qu’ils croient en lui.
Le refus de Jésus de recevoir le témoignage des démons nous enseigne clairement que le croyant ne doit rien avoir à faire avec ces êtres-là. Il est utile de le rappeler, car dans l’état actuel de la chrétienté, où l’on abandonne de plus en plus la vérité de Dieu, il est effrayant de voir avec quelle facilité les hommes se mettent en relation avec les mauvais esprits, par le magnétisme, le spiritisme, l’hypnotisme, dans des buts divers, et surtout pour obtenir des choses que Dieu n’a pas mises à la disposition de ses créatures. Rappelons-nous que, quels que soient les résultats obtenus, Dieu est en dehors de tout cela, et tous les effets qui peuvent être produits sont dus à la puissance de Satan, et par conséquent mensongers.
Cette puissance satanique, sous laquelle les hommes se placent toujours plus, pour la plupart inconsciemment, les étreindra peu à peu, jusqu’au jour où elle aura atteint son plein développement en jugement sur ceux qui n’auront pas cru la vérité, alors que Dieu enverra « une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thessaloniciens 2:9-12).
(v. 13-19). — Jusqu’ici, Jésus avait été suivi par un certain nombre de disciples, dont il avait appelé plusieurs personnellement : Simon, André et les fils de Zébédée. Maintenant il en appelle douze pour être avec lui (*). Jésus voulait des compagnons dans son service, afin de prêcher, de guérir et de chasser les démons. La prédication a la première place dans l’activité du Seigneur ; de tous les dons du commencement, c’est celui qui subsiste aujourd’hui, parce que Dieu accomplit son œuvre par la Parole seule. Nous avons déjà vu au premier chapitre que le Seigneur seul a autorité pour appeler et douer ceux qu’il veut employer à son service. Au v. 13, il est dit qu’il appela « ceux qu’il voulait ». Ce ne sont pas ceux qui veulent ou ceux qui sont désignés par une autre autorité, qui peuvent être consacrés au service du Seigneur.
(*) Le nombre douze présente la perfection et la plénitude dans l’administration confiée à l’homme : douze tribus, douze apôtres, douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël, etc. C’est le nombre le plus divisible.
Jésus manifeste son autorité en changeant les noms de quelques-uns d’entre eux. Simon fut surnommé Pierre, et Jean, Boanergès. Il le fit, sans doute, en rapport avec la connaissance qu’il avait de leur caractère, car le nom exprime ce qu’est la personne qui le porte. Le nom de Pierre est devenu un nom général qui désigne tous les croyants, car chacun d’eux est une pierre de l’édifice fondé sur le roc qui est Christ lui-même, confessé comme Fils du Dieu vivant, ainsi que Jésus le dit à Pierre en Matthieu 16:18 : « Et moi... je te dis que tu es Pierre (ou une pierre) ; et sur ce roc je bâtirai mon Assemblée ».
(v. 20-30). — Quand Jésus et ses disciples rentrèrent à la maison, la foule les entoura aussitôt, au point qu’ils ne pouvaient même pas manger leur pain. Ayant entendu tout ce qui avait eu lieu, les proches de Jésus survinrent avec l’intention de se saisir de lui, le disant hors de sens. Voilà l’appréciation que faisait le cœur naturel en voyant le travail que la grâce de Dieu opérait par le moyen du fidèle et divin Serviteur. Une vie de dévouement et de service dans la dépendance de Dieu passe pour folie, et l’homme y mettrait fin s’il le pouvait. C’est bien ce que voulaient faire les parents du Seigneur. Quel abîme se trouve entre les pensées des hommes et celles de Dieu !
Chez les scribes descendus de Jérusalem, il y a plus encore : ils ne peuvent nier la puissance par laquelle Jésus chassait les démons ; mais ils l’attribuent au chef des démons. Jésus leur montre la folie d’une telle déclaration, en leur disant : « Comment Satan peut-il chasser Satan ? » Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister, ni une maison non plus. « Si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut pas subsister, mais il vient à sa fin. Nul ne peut entrer dans la maison de l’homme fort, et piller ses biens, si premièrement il n’a lié l’homme fort ; et alors il pillera sa maison ». Jésus était ici-bas pour délivrer l’homme du pouvoir du diable ; pour le faire il avait dû entrer dans sa maison et le lier ; c’est ce qui eut lieu à la tentation dans le désert, où Satan vaincu par l’obéissance du Seigneur s’était retiré pour le laisser accomplir librement son œuvre de délivrance en faveur des hommes ; la puissance par laquelle Jésus chassait les démons était donc celle par laquelle leur chef était vaincu.
À la croix, le pouvoir du diable sur la mort lui a été ôté en ce qui concerne le croyant : « Par la mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Hébreux 2:14). Bientôt, dit l’apôtre Paul, « le Dieu de paix brisera Satan sous vos pieds » (Romains 16:20). La chose se réalisera lors de la délivrance complète des rachetés. Dans le millénium, Satan, lié, ne pourra pas nuire aux hommes. Enfin, pour l’état éternel, il sera jeté dans l’étang de feu et de soufre préparé pour lui et ses anges, où se trouveront, hélas ! ceux qui auront préféré écouter les mensonges de l’ennemi, plutôt que la vérité de Dieu qui leur offrait le salut.
Cette accusation des scribes produisit de très graves conséquences : Jésus proclame que les péchés et les blasphèmes seront pardonnés aux hommes, mais que « quiconque proférera des paroles injurieuses contre l’Esprit Saint n’aura jamais de pardon ; mais il est passible du jugement éternel. C’était parce qu’ils disaient : Il a un esprit immonde ». Jésus chassait les démons par la puissance du Saint Esprit, en sorte que dire que cette puissance était celle du diable, c’était blasphémer contre le Saint Esprit. Les Juifs comme nation se sont placés sous les conséquences d’un tel péché, en rejetant le témoignage que le Saint Esprit a rendu à Christ depuis la Pentecôte ; aussi il n’y a pas eu de pardon pour le peuple ; Dieu le mit de côté et le dispersa parmi les nations.
(v. 31-35). — Tout ce qui venait de se passer témoignait hautement qu’il n’y avait pas de relation possible entre Dieu et l’homme selon la chair, quoique Dieu l’ait entouré de tous Ses soins sans loi et sous la loi, et que l’épreuve se termine par la présentation de Christ en grâce. La mère et les frères de Jésus le font appeler ; mais lui se sert de cette circonstance pour déclarer devant tous qu’il ne reconnaît aucune relation entre lui et l’homme en Adam, ni avec sa mère et ses frères, qui représentent le peuple juif dont il est issu quant à son humanité. D’autres liens se formeront par l’action de la Parole ; désormais sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté de Dieu. Ceci implique la nouvelle naissance : on ne peut faire la volonté de Dieu qu’en possédant la nature divine, car, dans la chair, c’est impossible ; dans cet état, l’homme ne se soumet pas à la loi de Dieu ; il ne le peut pas.
« Quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». L’Esprit de Dieu se sert de ces paroles pour nous montrer que c’est par des actions que l’on peut être reconnu enfant de Dieu. Il ne suffit pas de dire que l’on croit, car ce qui distingue un croyant d’un non-croyant, c’est le témoignage qu’il rend, témoignage qui consiste à obéir à la parole de Dieu, puisque Dieu nous exprime par elle sa volonté. Dieu veut des fruits. « La foi sans les œuvres est morte » (Jacques 2:26). Or comme Dieu a donné au croyant une vie qui peut produire des fruits, il est naturel qu’il en attende.
Que ce qui nous caractérise toujours mieux, ce soit l’obéissance à la volonté de Dieu pendant le peu de temps que nous sommes laissés ici-bas ! Le Seigneur Jésus lui-même est notre modèle ; en considérant sa vie de serviteur parfait, d’homme obéissant, dévoué, nous pourrons, jeunes ou vieux croyants, l’imiter et être agréables à Dieu. Alors on nous reconnaîtra comme ceux que le Seigneur n’a pas honte d’appeler ses frères, ses sœurs et sa mère.
(v. 1-25). — Puisque l’homme naturel est incapable de faire la volonté de Dieu, en d’autres termes, de porter du fruit, Jésus indique dans ce chapitre comment il pourra en obtenir.
Une grande foule se rassemble autour de lui, près de la mer ; de nouveau il monte dans une barque et, de là, il enseigne beaucoup de choses par des paraboles, entre autres celle du semeur, où il montre le changement nécessité de la part de Dieu par le misérable état de l’homme naturel ; ce changement consiste à semer dans les cœurs sa parole vivifiante qui produira des fruits là où elle rencontrera un terrain préparé à la recevoir. Jusque-là, sous la loi, Israël était comparé à une vigne dont Dieu n’a pu obtenir que de mauvais fruits.
Nous avons déjà examiné cette parabole au chapitre 13 de Matthieu. Ici, nous ne ferons qu’énumérer les divers terrains sur lesquels la parole tombe lorsqu’elle est annoncée, ainsi que Jésus l’explique aux disciples. Il parlait en paraboles au peuple qui, en persistant dans son incrédulité, tombait sous le jugement prononcé par l’Éternel en Ésaïe 6:9, 10. Cependant, au v. 9, après avoir présenté les paraboles, il laisse chacun sous la responsabilité de ce qu’il a entendu, disant : « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Il faut la foi pour recevoir ce que Dieu dit, mais « la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Romains 10:17).
La première catégorie se compose de ceux dont le cœur ressemble à un chemin ; la semence ne peut y pénétrer et le diable, qui s’oppose toujours à la conversion d’une âme, s’empresse d’enlever la semence restée à la surface, en présentant au cœur des choses qui le distraient. Cela lui est facile ; il y a tant d’objets par lesquels il détourne de la Parole. La semence est souvent ravie avant même que l’on soit sorti du lieu où elle a été répandue.
La seconde catégorie est celle où la Parole tombe dans les lieux pierreux. Il n’y a pas de terre profonde, elle lève aussitôt ; des effets sont produits, on a pu manifester de la satisfaction d’avoir entendu l’Évangile, on a pu même prendre cela pour la conversion ; on a pris de bonnes résolutions, mais le fond du terrain, un cœur préparé, manque. Lorsque ces bons effets se heurtent à l’opposition que rencontre dans ce monde ce qui est de Dieu, ils disparaissent, le soleil de l’opprobre et de la persécution détruit tout, même lorsqu’il n’est pas très ardent.
Dans le troisième terrain, celui où croissent les épines, les manifestations de ce que l’on a entendu demeurent un peu plus longtemps que dans le cas précédent ; mais la Parole n’a pas été assez assimilée pour délivrer le cœur des soucis de ce siècle, de la tromperie des richesses et des « convoitises à l’égard d’autres choses » (Marc est le seul évangéliste qui cite cette dernière phrase) ; on veut mener de front les choses du monde et celles de Dieu, cela dure un peu, puis finalement les épines étouffent la Parole et les effets qu’elle a pu produire pendant un temps : aucun fruit n’est venu à maturité.
Ceux qui entendent la Parole et la reçoivent forment la quatrième classe. C’est la bonne terre ; il n’est pas dit comment cette terre devient bonne, ni combien il fallait de temps pour la préparer. Nous savons que cette préparation a lieu par l’action de la Parole, non seulement entendue, mais reçue lorsqu’elle fut présentée ; du fruit a été produit : un trente, un soixante, et un cent. Ici l’énumération des fruits produits va en progressant, probablement parce que Marc présente l’œuvre du divin Serviteur ; en Matthieu, l’énumération va en diminuant : cent, soixante et trente. En Luc, le fruit est produit au centuple, il est porté avec patience ; c’est le travail de la grâce (Luc 8:15).
À partir du v. 21, l’enseignement, tout à fait spécial à l’évangile selon Marc, est en rapport avec la responsabilité du serviteur, le service étant ici ce que l’Esprit de Dieu a en vue. C’est pourquoi il dit aux disciples et à tout croyant aujourd’hui : « La lampe vient-elle pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour être mise sur le pied de lampe ? » La parole de Dieu opérant en celui qui l’a reçue produit la lumière. Or personne de sensé n’allume une lampe avec la pensée qu’elle n’éclairera pas. Chaque croyant est une lampe que Dieu a allumée au moyen de sa Parole, afin qu’elle projette la lumière divine autour de lui, soit par le témoignage que tous nous devons rendre, soit par un service spécial comme l’évangélisation. Ainsi tous sont responsables de ne pas cacher la lumière, car il faudra avoir affaire avec Dieu, et alors tout viendra en évidence ; nous savons que c’est inutile de vouloir cacher quelque chose à Dieu. Au v. 23, il est dit de nouveau : « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Au v. 9, cet avertissement s’adresse aux foules, aux inconvertis, chacun étant responsable de ce qu’il a entendu, mais ici l’exhortation est adressée à ceux qui ont reçu la Parole, afin qu’ils prennent garde à la manière dont ils accomplissent leur service, à l’emploi de ce qu’ils ont reçu. En vertu de la mort de Christ, le croyant échappe au jugement qu’il avait mérité ; mais il a affaire au gouvernement de Dieu qui rétribuera chacun selon sa fidélité durant sa vie, à partir de sa conversion. C’est pourquoi Jésus dit : « Prenez garde à ce que vous entendez : de la mesure dont vous mesurerez il vous sera mesuré ; et à vous qui entendez, il sera ajouté ; car à quiconque a, il sera donné ; et à celui qui n’a pas, cela même qu’il a sera ôté ». Paroles très sérieuses par lesquelles Dieu sonde nos cœurs et nos consciences, nous demandant dans quelle mesure nous mesurons à d’autres les paroles de grâce et de vérité que nous avons reçues, comme une lampe allumée répand autour d’elle sa lumière. Pour le moment, cela peut paraître n’avoir pas de graves conséquences ; mais le jour approche où il n’y aura rien de secret qui ne soit manifesté, et rien de caché qui ne vienne en évidence. En ce jour-là, selon la juste appréciation de Dieu, il sera mesuré à chacun selon ce qu’il aura mesuré. Déjà maintenant Dieu ajoute des bénédictions à ceux qui sont fidèles : « À vous qui entendez, il sera ajouté, car à quiconque a, il sera donné ». Le moyen d’être enrichi, c’est de faire valoir ce que l’on a déjà, tandis qu’à celui qui s’est contenté d’une profession sans vie, au jour du jugement ce qu’il a eu lui sera ôté.
Puissent ces paroles du Seigneur nous rendre tous attentifs à la responsabilité qui nous incombe de répandre la lumière par une vie d’obéissance et de fidélité à Christ, durant le peu de temps qui nous sépare du moment où notre vie tout entière sera manifestée dans la pleine lumière alors que nous ne pourrons pas recommencer pour faire mieux ! Souvenons-nous tous des deux avertissements des v. 9 et 23 de notre chapitre : « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
(v. 26-34). — Nous avons dans ces versets deux des paraboles du chapitre 13 de Matthieu, celle qui correspond à la parabole de l’ivraie et celle du grain de moutarde qui devient un grand arbre. Ici elles présentent un enseignement qui diffère passablement de celui de Matthieu ; la raison se trouve dans la différence qui caractérise les deux évangiles.
Jésus est celui qui a commencé à semer sur cette terre ; son œuvre s’est continuée par ceux qu’il a appelés à cela, et lui est monté au ciel. Là il attend le moment de la moisson, où il recueillera tout le fruit des semailles, comme en Matthieu 13:30. Pendant ce temps, il est comme un homme qui, après avoir semé, ne s’occupe plus de son champ ; la semence germe, la plante croît, comme à son insu, et il ne s’en occupe que lorsque la moisson arrive. Cette parabole est une image du royaume de Dieu en l’absence de Christ ; il a semé ; il est monté au ciel ; en apparence il ne s’occupe plus des résultats de son œuvre jusqu’au moment où il introduira dans le ciel ceux qui auront cru pendant son absence.
La parabole du grain de moutarde présente une autre forme extérieure du royaume de Dieu en l’absence de Christ ; ce sont des résultats visibles, mais différents de ceux que le divin ouvrier voulait produire. Au lieu de garder son caractère primitif de petitesse, d’humilité, quand il ne tenait point de place dans le monde, le royaume de Dieu a pris la forme d’une puissance protectrice, que représente le grand arbre issu de la petite semence de moutarde, symbole de l’humilité qui aurait dû caractériser le royaume. Si l’on considère ce qu’est devenue l’Église extérieurement, elle apparaît comme une grande puissance qui a protégé non pas ceux qui sèment la parole, mais ceux qui lui reconnaissaient la grandeur qu’elle s’était acquise. Son autorité s’exerçait sur des rois et des peuples, et elle a protégé les plus grands ennemis de Christ, ainsi que l’histoire de l’Église nous le montre. Les vrais disciples du royaume de Dieu dépendent du Seigneur et ils n’ont pas à rechercher d’autre protection.
Jésus prononça encore, dans ce moment, plusieurs paraboles de cette sorte, est-il dit, sans doute celles rapportées en Matthieu 13. Il les interprétait en particulier aux disciples, mais aux foules il ne parlait qu’en paraboles. Remarquons que Jésus ne prend cette forme de langage qu’à partir du moment où son rejet est manifeste ; jusqu’à ce chapitre il n’a pas prononcé de paraboles, ni en Matthieu jusqu’au chapitre 13, ni en Luc jusqu’au chapitre 8. Dans l’évangile selon Jean, il n’y en a pas ; dans cet évangile, Jésus n’est pas présenté au peuple. Dès le début, les Juifs sont considérés comme réprouvés et Jésus rejeté. La nouvelle naissance est immédiatement introduite (voir chap. 1:10-13). Au chapitre 12, qui termine le ministère public du Fils de Dieu, nous lisons les mêmes citations d’Ésaïe 6:9, 10 qui avaient leur accomplissement parce que le peuple n’avait pas cru les paroles du Fils de Dieu, malgré tous les miracles qu’il avait accomplis (Jean 12:37-43).
(v. 35-41). — Le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons à l’autre rive ». Après avoir congédié les foules, ils s’embarquèrent, ayant pris Jésus « comme il était », est-il dit ; mais peu après, une tempête se leva et les vagues remplissaient le bateau. Malgré l’orage, Jésus dormait à la poupe, sur un oreiller. Les disciples, en détresse, ne comprenant pas qu’il puisse dormir dans un tel moment, le réveillèrent en lui disant : « Maître, ne te mets-tu pas en peine que nous périssions ? » Les disciples n’avaient pas encore compris qui était leur Maître, et ils n’avaient pas pris garde à la parole qu’il leur avait dite : « Passons à l’autre rive ». S’ils l’avaient crue, ils auraient été certains d’arriver malgré l’orage. Leur Maître était Dieu, le créateur des ondes et des disciples ; malgré son humanité et son humilité, il était toujours le même ; il n’était pas possible qu’il périsse par les eaux qu’il avait créées, ni qu’il laisse périr ceux qu’il était venu sauver. Parfaitement calme, Jésus, le Serviteur fatigué, trouvait du repos dans un moment où son service le laissait libre de dormir, repos qui fut troublé par le manque de foi des disciples plus que par l’orage. « S’étant réveillé, il reprit le vent et dit à la mer : Fais silence, tais-toi ! Et le vent tomba, et il se fit un grand calme ». Jésus use de sa puissance divine en faveur des siens ; jamais il ne le fit pour lui-même. En imposant le silence aux éléments déchaînés, il calmait le cœur des disciples qui ignoraient qu’ils n’étaient pas plus en danger dans la tempête qu’avec le temps calme, du moment que Jésus était avec eux. Aussi il put leur dire : « Pourquoi êtes-vous ainsi craintifs ? Comment n’avez-vous pas de foi ? » Lorsque Jésus eut calmé la tempête, « ils furent saisis d’une grande peur, et ils dirent entre eux : Qui donc est celui-ci, que le vent même et la mer lui obéissent ? » Combien l’homme est un être petit et faible ! S’il se trouve en présence des éléments naturels plus puissants que lui, il est effrayé, et il ne l’est pas moins devant la puissance de Dieu, même lorsqu’elle opère en sa faveur.
Dans cette circonstance, le Seigneur voulut apprendre à ses disciples, et à nous aujourd’hui, que nous ne devons pas nous laisser effrayer par les circonstances que nous rencontrons sur notre route, au travers de la mer agitée de ce monde, car Jésus est avec nous selon sa promesse. Si Dieu permet que nous rencontrions des difficultés insurmontables à nos yeux, c’est afin de nous apprendre ce que sont sa bonté, son amour, sa puissance, toujours actifs en faveur des siens et à la disposition de la foi. Si nous avons pris avec nous le Seigneur, « comme il était », méprisé, rejeté, mais le Dieu sauveur, le Tout-puissant, invisible aux yeux de la chair, toujours présent à la foi, nous n’aurons rien à craindre. C’est lui qui nous a mis en chemin pour le ciel, et jusqu’à ce que nous ayons atteint ce rivage éternel, il est avec nous et pour nous, et il désire voir notre foi se manifester dans la tranquillité, au milieu des circonstances les plus adverses.
(v. 1-20). — Ce chapitre nous offre un autre tableau du ministère de Jésus et de l’état dans lequel il a trouvé l’homme, non plus seulement incapable de porter du fruit, mais placé sous la puissance du diable.
Arrivé à l’autre rive, au pays des Gergéséniens, Jésus fit la rencontre d’un démoniaque extraordinaire, qui demeurait dans les sépulcres, si fort qu’il mettait en pièces les fers et les chaînes avec lesquels on avait essayé de le lier. De nuit et de jour, il errait dans les sépulcres et les montagnes, criant et se meurtrissant avec des pierres (v. 5). Dieu seul peut nous donner un tableau semblable de l’état de l’homme asservi à Satan, car Lui seul peut apprécier les effets de cette puissance sur sa créature. Il avait destiné l’homme à jouir librement de tout ce qu’il avait placé dans la riche et belle création pour son bonheur, là où il n’y avait qu’exubérance de vie, sans péché ni douleur. Aussi quelle différence, lorsque l’homme eut écouté la voix du séducteur ! Quelle déchéance, quelle oppression, quelle ruine et quelles souffrances ! La vie ne fut que peine et douleur, et cette terre, d’où devait jaillir l’abondance, s’ouvrit pour recevoir les morts ; elle devint un cimetière. L’homme ne demeure pas au milieu d’un tel état sans chercher à y remédier. Il essaie d’enchaîner la puissance de Satan par la lutte contre les excès de tous genres : violence, ivrognerie, immoralité, mais les succès ne sont qu’apparents ; les liens se rompent à mesure, et le même état subsiste. Voilà le milieu où le Fils de Dieu vint apporter le seul moyen efficace pour délivrer l’homme ; aussi avec quelle joie et quelle reconnaissance n’aurait-on pas dû l’accueillir lorsqu’il apparut ! Nous savons qu’il n’en fut rien, ce que montre, du reste, la fin de ce récit. De même que dans les cas précédents, ce démoniaque, qui se nommait Légion, car plusieurs démons le possédaient, reconnut Jésus comme le Fils de Dieu. Le voyant de loin « il courut et se prosterna devant lui ; et, criant avec une voix forte, il dit : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas. Car il lui disait : Sors de cet homme, esprit immonde !... Et il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissait. Et ils le prièrent, disant : Envoie-nous dans les pourceaux ». Jésus le leur ayant permis, les démons entrèrent dans les pourceaux qui se ruèrent du haut de la côte dans la mer. Voyant ce qui avait eu lieu, les porchers s’enfuirent et le racontèrent dans la ville et les campagnes. Ceux qui vinrent voir ce qui était arrivé, trouvèrent le démoniaque, assis, vêtu et dans son bon sens. Loin de se réjouir de la délivrance de ce malheureux, ces gens eurent peur et prièrent Jésus de se retirer de leur territoire. Ils se trouvaient sous une autre forme de l’activité de Satan, qui agit subtilement dans les cœurs pour les empêcher de recevoir Jésus, seul capable de délivrer l’homme. Ainsi l’ennemi peut continuer son œuvre au milieu de ceux qui l’écoutent. La chair a toujours quelque chose à perdre en recevant Jésus ; pour l’éviter, elle le renvoie. C’était honteux de trouver sur la terre de Canaan un troupeau de ces animaux impurs dont Moïse avait défendu l’usage, mais c’était bien pire de les préférer à Jésus. L’homme aime la désobéissance et le joug de Satan mieux que la présence du Fils de Dieu, présence qui délivre, mais qui apporte la lumière dans laquelle le mal ne peut s’accomplir. « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière : car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3:19).
Comme Jésus montait dans la barque pour s’en aller, le démoniaque guéri lui demanda la permission de rester avec lui. Jésus ne la lui accorda pas, mais lui dit : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a usé de miséricorde envers toi ». Le désir de cet homme était bien compréhensible. Être avec le Seigneur est le souhait de tous ceux qu’il a sauvés. Mais il y a un témoignage à rendre au milieu de ceux qui l’ont rejeté, en attendant l’heureux moment d’être avec lui. Il faut faire connaître la grâce dont nous sommes les objets et commencer dans sa propre maison. « Va dans ta maison, vers les tiens », dit le Seigneur. C’est quelquefois difficile, parce que nous sentons que le témoignage que nous rendons n’est pas toujours conforme à nos paroles ; mais laissons régler notre vie par la Bible et nous pourrons imiter cet homme, non seulement dans nos familles, mais partout. « Il s’en alla, et se mit à publier en Décapolis tout ce que Jésus lui avait fait ; et tous s’en étonnaient ».
Ce démoniaque guéri représente ceux qui, en Israël, après avoir profité de la présence de Jésus, rendirent témoignage depuis son départ, tandis que le peuple qui l’a rejeté est resté sous la puissance de l’ennemi. Semblable au troupeau de pourceaux qui se rua dans la mer, il fut chassé parmi les nations et, pour ainsi dire, étouffé comme peuple, condition dans laquelle il demeurera jusqu’au moment où il regardera « vers Celui qu’ils ont percé », après un temps de terribles épreuves.
(v. 21-43). — Chassé du pays des Gadaréniens, Jésus aborde à l’autre rive où une multitude nombreuse l’entoure aussitôt. Dès le début de son ministère dans cet évangile, nous le voyons constamment entouré par les foules, dont il est le serviteur dévoué, toujours prêt à répondre à l’appel de la foi.
Un chef de synagogue, nommé Jaïrus, vint à Jésus et, se jetant à ses pieds, le supplia instamment, disant : « Ma fille est à l’extrémité, je te prie de venir et de lui imposer les mains, afin qu’elle soit sauvée, et qu’elle vive ». Jésus s’en alla avec lui, accompagné d’une grande masse de gens qui le pressaient.
Dans la foule se trouvait une femme malade depuis douze ans, qui avait souffert de beaucoup de médecins, et dépensé en vain tout son bien, car son état allait en empirant. Ayant entendu parler de Jésus, elle vint par derrière et toucha son vêtement, car elle disait : « Si je touche, ne fût-ce que ses vêtements, je serai guérie ». La foi de cette femme ne resta pas sans réponse : elle s’aperçut aussitôt qu’elle était guérie. Jésus, sachant qu’une puissance était sortie de lui, demanda qui l’avait touché, et comme il regardait tout à l’entour pour voir qui avait fait cela, ses disciples lui dirent : « Tu vois la foule qui te presse, et tu dis : Qui m’a touché ? » En effet, la foule le pressait ; mais il y a une différence entre de vrais besoins que la foi met en contact avec le Seigneur, et la foule qui, tout en admirant Jésus et trouvant son plaisir à le suivre, n’était pas en rapport direct avec lui par la foi. La femme, se voyant découverte, vint en tremblant se jeter aux pieds de son Sauveur et lui déclara toute la vérité. Craignait-elle un reproche ? Au lieu d’un reproche, elle entendit, de la bouche du Seigneur, la confirmation de ce qu’elle avait éprouvé, car il lui dit : « Ma fille, ta foi t’a guérie ; va en paix, et sois guérie de ton fléau ».
Beaucoup de personnes ont eu la foi pour venir à Jésus, sachant que lui seul pouvait les sauver, mais se retirent, pour ainsi dire, après avoir eu la paix, sans se mettre en relation pratique avec le Seigneur et sans rendre témoignage devant le monde. Personne dans la foule ne les sait converties ; elles ne jouissent pas des précieuses déclarations du Seigneur qui affermiraient leur foi, et elles le privent du témoignage qui lui est dû pour tout ce qu’il a fait pour elles. Aussi elles ne peuvent progresser dans la connaissance de son amour. Jésus voudrait les rendre heureuses ; comme avec la femme qui nous occupe, il cherche ceux qu’il a sauvés, afin de leur mieux communiquer la connaissance de lui-même.
Souvenez-vous de cela, chers lecteurs ; ne demeurez pas inconnus dans la foule, si vous possédez le pardon de vos péchés ; vous devez au Seigneur une confession franche de ce qu’il a fait pour vous, et ce sera pour vous le moyen de progresser dans la jouissance de sa grâce.
Jésus parlait encore, que des gens de la maison de Jaïrus vinrent lui dire : « Ta fille est morte ; pourquoi tourmentes-tu encore le maître ? » Mais Jésus, ayant entendu cela, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement ». L’amour et la puissance étaient là en Jésus : amour parfait que la misère de l’homme avait attiré ici-bas, et puissance à laquelle rien ne pouvait résister, qui attendaient le contact de la foi : « Crois seulement » : c’est tout ce que Dieu demande au pauvre pécheur ; c’est ce qu’il demande aux siens dans toutes leurs difficultés.
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et ne permet à personne de le suivre, sinon au père et à la mère de l’enfant. Il met hors de la maison les pleureurs et ceux qui poussaient des cris de désolation, selon les coutumes orientales en cas de mort, en leur disant : « Pourquoi faites-vous ce tumulte, et pourquoi pleurez-vous ? L’enfant n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se riaient de lui ». Pour Dieu, la mort est un sommeil qui ne peut se prolonger en sa présence. Jésus prit la main de l’enfant et « lui dit : Talitha coumi » ; ce qui, interprété, est : Jeune fille, je te dis, lève-toi. Et aussitôt la jeune fille se leva et marcha, car elle avait douze ans ; et ils furent transportés d’une grande admiration. Et il leur enjoignit fort que personne ne le sût ; et il dit qu’on lui donnât à manger ».
Dans cet évangile tout particulièrement, le Seigneur ne veut pas que ses œuvres alimentent la curiosité du monde. Il y a une différence entre rendre témoignage à la grâce de Dieu, après en avoir été l’objet, et rapporter des faits merveilleux et intéressants, tels que ceux que Jésus accomplissait, comme des nouvelles qui étonnent des gens sans besoins. Serait-on aussi pressé aujourd’hui de raconter au monde sa conversion, que de rapporter un miracle quelconque, s’il avait lieu ? On comprend facilement pourquoi le Seigneur dit au démoniaque guéri d’aller raconter dans sa maison les grandes choses qu’il lui avait faites, et pourquoi ici il défend de parler de la résurrection de cette jeune fille.
Le divin Serviteur n’a pas besoin de la réputation du monde, pas plus que ceux qu’il emploie à son service. L’approbation du Maître suffit ; il la donne dans le secret. Au jour où tout sera manifesté, cette approbation deviendra publique, et tout contribuera à la gloire de Dieu.
Ces deux récits exposent aussi au figuré le service de Jésus ici-bas. Il était venu pour guérir Israël mourant, tel qu’était la fille de Jaïrus, et qui, comme elle, mourut ; mais si sa guérison était impossible dans l’état où il se trouvait, si la mort est la fin de l’homme et d’Israël selon la chair, Dieu possède la puissance pour ressusciter. C’est ce que le Seigneur accomplira pour son peuple à la fin, selon Ézéchiel 37. En attendant ce moment-là, tous ceux qui sentent leur état de perdition, comme la femme qui toucha Jésus, peuvent venir par la foi profiter individuellement des ressources de la grâce et être sauvés. Cette œuvre s’accomplit, depuis les jours où Jésus était ici-bas, jusqu’à son retour. Qu’il en soit mille fois loué, et qu’il veuille agir dans le cœur d’un plus grand nombre encore, afin que beaucoup soient sauvés pendant que dure le temps de la grâce et en attendant la résurrection d’Israël !
(v. 1-6). — Jésus revient dans son pays, suivi de ses disciples. Il profite du jour du sabbat pour enseigner dans la synagogue ; mais son enseignement, au lieu de convaincre ceux qui l’écoutent, fait naître dans leur cœur des raisonnements sur sa personne. « D’où viennent ces choses à celui-ci ? » disent-ils. « Et quelle est cette sagesse qui lui est donnée, et d’où vient que de tels miracles s’opèrent par ses mains ? Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon ; et ses sœurs ne sont-elles pas ici auprès de nous ? » Connaissant la parenté de Jésus, ils le considéraient comme le fils aîné de la famille de Marie et il avait sans doute suffisamment exercé le métier de Joseph pour mériter l’appellation du « charpentier ». Témoins de la manière dont son existence s’était écoulée au milieu d’eux jusqu’à ce moment-là, ces gens sont scandalisés par la puissance divine qu’il déploie, au lieu d’être convaincus par elle de ce qu’il était pour eux de la part de Dieu. Il en est de même aujourd’hui lorsque ceux qui entendent la parole de Dieu n’en reconnaissent pas l’autorité. On discute sur les moyens pour rejeter la source. Malgré la réalité des apparences qu’ils pouvaient invoquer pour repousser Jésus, il n’en restait pas moins vrai et merveilleux que, dans le but d’apporter à son peuple les bénédictions promises, le Fils de Dieu était descendu sur cette terre sous la forme d’un homme, né de femme, confondu avec les autres hommes jusqu’au jour de sa manifestation à Israël ; et que, dès lors, il avait vécu dans la dépendance de Dieu comme le Serviteur-Prophète au milieu de son peuple, avec toutes les ressources de la grâce et de la puissance divines à la disposition des hommes et dont la foi pouvait profiter. Or cette foi manquait. À cause de cela, « il ne put faire là aucun miracle, sinon qu’il imposa les mains à un petit nombre d’infirmes, et les guérit ».
Jésus « s’étonnait de leur incrédulité ». On le comprend, lui, venu du ciel, pour délivrer son peuple des conséquences du péché, venu tel que les prophètes l’avaient annoncé, né à Bethléhem, précédé par Jean le Baptiseur, accomplissant en paroles ou en œuvres tout ce qui devait convaincre les Juifs qu’il était bien le Messie promis, et tout cela avec un amour infini qui faisait de lui le serviteur de tous.
Combien la responsabilité de l’homme est grande en présence de l’amour de Dieu, venu à lui dans la personne de son Fils pour le délivrer des conséquences du péché et le sauver ! La difficulté que l’homme éprouve en présence des ressources que Dieu lui présente vient de ce qu’elles s’adressent à la foi. C’est là précisément ce qui déplaît ; ce moyen l’humilie parce qu’il le met de côté, ainsi que toutes ses prétendues ressources. Jésus ne se présentait pas sous un aspect attrayant pour la chair. Ses paroles ne flattaient pas le cœur naturel, ce cœur trop mauvais pour que Celui qui seul sonde les cœurs et les reins puisse en dire du bien ; aussi comprend-on que, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. L’incrédulité empêche le Seigneur d’accomplir son œuvre et abandonne le pécheur sous la colère de Dieu. Jésus dit aux Juifs : « Si vous ne croyez pas que c’est moi, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8:24). Vérité solennelle qui laissera sans excuse ceux qui paraîtront devant lui au jour du jugement.
Quoique Jésus réalise ce qu’il dit lui-même, qu’un « prophète n’est pas sans honneur, si ce n’est dans son pays et parmi ses parents et dans sa maison », malgré leur incrédulité, « il visitait l’un après l’autre les villages à la ronde, en enseignant ». Son ministère s’accomplissait avec une patience que l’amour divin seul pouvait produire par celui qui était ici-bas l’expression de cet amour.
(v. 7-13). — Non seulement Jésus ne se laisse pas rebuter par l’incrédulité des gens de son pays, mais il envoie les douze qu’il avait choisis pour être avec lui au chap. 3, afin qu’en tous lieux le peuple puisse jouir du bénéfice de sa présence. Il leur donne aussi autorité sur les esprits immondes. Jésus avait non seulement le pouvoir sur la puissance de Satan, en vertu de ce qu’il avait lié l’homme fort au début de son ministère, mais il pouvait conférer cette puissance à des hommes, afin qu’ils accomplissent la même œuvre que lui. Revêtus de cette autorité, ils partent sous la protection de Celui qui se présentait au peuple pour être reçu. « Il leur commanda de ne rien prendre pour le chemin, si ce n’est un bâton seulement, ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture, mais d’être chaussés de sandales ». Jusqu’à leur départ de la localité, ils devaient demeurer dans la maison où on les recevrait et, lorsqu’ils la quitteraient, secouer la poussière de leurs pieds contre ceux qui ne les auraient pas reçus, ni écoutés, afin que cela leur servît de témoignage. Leur service s’accomplissait en faveur d’Israël, sous l’autorité de celui qui avait droit à être reçu par son peuple ; ceux qui ne le recevraient pas encourraient le jugement. Après la croix, lorsque les disciples vaquèrent à leur service au milieu d’un monde qui avait mis à mort leur Seigneur, ils eurent à pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, car ils n’avaient plus un Messie présent et visible pour les protéger ; non que les messagers de la grâce n’aient plus dû dépendre de celui qui les envoyait, mais le Seigneur voulait leur montrer, en Luc 22:35-38, le changement qui s’opérait pour eux, une fois au service d’un roi rejeté.
Les disciples prêchèrent donc la repentance, chassèrent beaucoup de démons, oignirent d’huile beaucoup d’infirmes et les guérirent. La repentance vient en premier lieu, car, sans elle, le Seigneur ne pouvait établir son règne sur des hommes pécheurs. Les miracles qui accompagnaient la prédication manifestaient la puissance de Celui qui était présent pour établir son royaume en dépit de l’Ennemi et lui arracher les hommes. Cela arrivera lorsque Christ viendra pour établir son glorieux règne : jour de gloire pour ceux qui auront cru en lui pendant son absence, mais jour brûlant comme un four pour ceux qui l’auront rejeté.
(v. 14-29). — Hérode entendit parler de Jésus ; les uns le croyaient Élie, d’autres un prophète, mais pour Hérode, qui avait la conscience chargée du crime perpétré pour plaire à Hérodias, Jésus était Jean le Baptiseur, ressuscité d’entre les morts « C’est pourquoi », dit-il, « les miracles s’opèrent par lui ». Hérode savait Jean un homme juste et saint ; il l’écoutait volontiers et faisait beaucoup de choses après l’avoir entendu. Sa conscience rendait témoignage de Jean et l’accusait lui-même. Au lieu de la laisser sous l’effet de la parole de Jean, au lieu de rompre avec ses péchés, il la charge, au contraire, d’un crime odieux en mettant à mort l’homme qu’il reconnaissait être juste et saint, en se faisant le serviteur d’une femme corrompue comme lui, pour éteindre une lumière qui la gênait.
Ce crime ne changeait pas pour Hérode l’appréciation juste qu’il avait de Jean, et l’on se représente le malaise du roi, lorsqu’il crut celui-ci ressuscité, puisqu’il allait peut-être le rencontrer. Le malheureux devra rencontrer non le prophète, mais celui dont Jean était le précurseur, et non comme Sauveur, mais comme juge.
Moment terrible que celui où les hommes, ayant cru se débarrasser du Fils de Dieu en le mettant à mort, comparaîtront devant lui chargés de leurs péchés ! Moment terrible, non seulement pour ceux qui ont participé au rejet de Christ lorsqu’il était ici-bas, mais aussi pour ceux qui, depuis, refusent la grâce qui leur est présentée, en manifestant contre lui la même haine que ceux qui l’ont crucifié. Certains hommes se disent incrédules, mais il n’y a point de consciences incrédules. À des degrés divers, l’incrédulité n’est qu’un procédé bien inefficace pour faire taire la voix de la conscience. Au lieu de chercher à l’étouffer, il faut au contraire l’écouter et s’éclairer au moyen de la parole de Dieu. Lorsque, sous l’effet de cette lumière, le pécheur aura vu l’horreur de son état, la grâce lui présentera la valeur du sang de Christ qui purifie de tout péché. Alors, par la foi, une conscience purifiée remplacera une conscience chargée de péchés. Ce sera le bonheur, la joie, la paix avec Dieu, en échange de la frayeur du Dieu juste et saint et de l’angoisse à la pensée de le rencontrer un jour comme juge.
Nous ne reviendrons pas sur les circonstances qui ont déterminé la mort de Jean le Baptiseur et que nous avons vues en détail dans l’évangile selon Matthieu. Le récit de Marc fait ressortir que le rejet de Christ était déjà affirmé par celui de son précurseur.
(v. 30-33). — Ces versets nous présentent une circonstance qui fait partie du service et qui est pleine d’intérêt pour les serviteurs du Seigneur, comme pour tout racheté, car tous ont un service à accomplir.
Marc nous montre naturellement Jésus dans ses rapports avec ceux qu’il appelait à travailler avec lui. Au chap. 1:17, il leur dit : « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ». Ils sont avec lui pour qu’il les forme. Au chap. 3:13, 14, il fait venir à lui ceux qu’il voulait et il en établit douze pour être avec lui. Au v. 7 de notre chapitre, il les envoie deux à deux, revêtus de sa puissance, sous sa protection, pour accomplir l’œuvre à laquelle il les avait préparés.
À leur retour, c’est encore autour de lui qu’ils se rassemblent et près de lui qu’ils prennent du repos. « Ils lui racontèrent tout : et tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné. Et il leur dit : Venez à l’écart vous-mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu ; car il y avait beaucoup de gens qui allaient et venaient, et ils n’avaient pas même le loisir de manger ». C’est au Maître que les rapports sur le service doivent se faire ; c’est devant lui que ce que nous disons et faisons doit être contrôlé. Ainsi nous pourrons apprendre de lui, si nous avons agi selon sa pensée, et acquérir la sagesse nécessaire pour le servir toujours mieux.
Les disciples trouvaient en Jésus un cœur plein de sollicitude à leur égard. Lui le Maître parfait autant que serviteur parfait, sait que le travail ne s’accomplit pas sans fatigue, car lui-même s’assit, fatigué sur le bord du puits de Sichar (Jean 4:6). Il les invite à venir à l’écart, dans le désert, afin de se reposer un peu. Jésus, le même aujourd’hui pour les siens, ne demande pas plus que ce que ses faibles serviteurs peuvent accomplir, et il prend soin d’eux avec le même amour. Combien le méchant esclave se trompait lorsqu’il disait : « Maître, je te connaissais, que tu es un homme dur » (Matthieu 25:24). Puissent tous ceux qui connaissent Jésus le servir fidèlement en tout, sachant combien il est un Maître débonnaire, plein de bonté envers tous, petits et grands, afin qu’aussi, le temps du service achevé, il puisse leur dire : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton Maître » (Matthieu 25:21).
Ce récit contient un autre enseignement utile dans le fait que Jésus invite les disciples à se reposer dans un lieu désert ; non seulement c’était nécessaire à cause du mouvement de la foule, mais Jésus veut enseigner à ses disciples à faire comme lui, lorsque, son service achevé, il se retirait à l’écart dans la solitude, plutôt que de s’exposer à recevoir les louanges des hommes. La place qu’il faut occuper après le service se trouve auprès du Seigneur, et non en présence de l’admiration des hommes et des frères, car si le serviteur a l’occasion de raconter à d’autres qu’à son Maître tout ce qu’il a fait, il court le danger de s’élever par la considération dont il peut être l’objet. À l’écart, devant le Seigneur, le modèle parfait, son service apparaît avec toutes les défectuosités qui le caractérisent et ainsi il est gardé dans l’humilité et dans un jugement sain de lui-même et de ses œuvres, ce qui le rendra toujours plus propre à s’acquitter fidèlement de sa tâche, quelle qu’elle soit.
Les disciples firent bientôt l’expérience que le vrai repos ne se trouve pas ici-bas. Dans ce monde on peut, comme Jésus le leur dit, se reposer « un peu », afin de continuer son travail, tandis que le vrai repos, le repos de Dieu, dont nous jouirons éternellement, c’est celui qui est appelé « le repos sabbatique » en Hébreux 4:9, qui interviendra après le travail, lorsque tout sera terminé. Le croyant doit s’appliquer à y entrer, au lieu de s’arrêter en route et de chercher le repos dans ce désert. Tant que nous sommes ici-bas, des besoins abondent autour de nous et l’amour ne peut trouver du repos au milieu des besoins ; les disciples en firent bien vite l’expérience. Plusieurs les virent qui s’en allaient dans une barque ; les ayant reconnus, ils accoururent à pied de plusieurs villes et arrivèrent avant eux au lieu où ils se rendaient, et là, ils se rassemblèrent auprès de Jésus. Précieux centre de rassemblement ! C’est très heureux lorsque la recherche des serviteurs du Seigneur amène à sa personne ; c’est pour cela qu’ils sont donnés.
(v. 34-44). — Jésus fut ému de compassion en voyant la grande foule rassemblée auprès de lui, « parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger ». Leurs bergers, les chefs du peuple, ne cherchaient que leur intérêt personnel ; ils ne pouvaient donc pas s’occuper des besoins du troupeau, auxquels seul l’amour pouvait répondre. Mais Jésus, dispensateur des bontés de Dieu, comprenait les besoins de son peuple. Dans le récit correspondant de Matthieu (chap. 14:14), il est dit qu’« il guérit leurs infirmes ». En Marc, qui fait ressortir son caractère de prophète, nous lisons qu’« il se mit à leur enseigner beaucoup de choses ». La prédication occupe toujours la première place. Elle seule sauve celui qui écoute, s’il croit cette Parole, tandis qu’un miracle ne peut que rendre attentif à la parole ; il ne fait que manifester la puissance de celui qui parle. Quelle puissance devait avoir la prédication de Jésus ! Il ne pouvait y avoir en elle aucun mélange ; toutes ses paroles étaient telles que le Père les lui donnait. « Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu » (Jean 3:34). Il dit aux Juifs, en Jean 8:28 : « Selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses ». Et au v.26 : « Les choses que j’ai ouïes de lui, moi, je les dis au monde ». Hélas ! nous savons qu’un petit nombre en profita.
Considérant que le lieu était désert et l’heure fort avancée, les disciples jugent que mieux vaudrait renvoyer la foule, afin qu’ils s’en aillent se procurer des vivres,... car ils n’avaient rien à manger. Jésus leur répond : « Vous, donnez-leur à manger ». Les disciples lui disent : « Irons-nous acheter pour deux cents deniers de pain, et leur donnerons-nous à manger ? » Les pauvres disciples, ignorant ce qu’ils avaient en Jésus, pensaient à des ressources matérielles et visibles. Ils ne se rendaient pas compte qu’ils avaient avec eux le créateur du monde et de tout ce qu’il contient, un homme, il est vrai, mais qui avait revêtu l’humanité pour apporter aux hommes les ressources divines. Il entrait dans toutes leurs circonstances ; il comprenait tous leurs besoins ; il sympathisait avec eux dans tous leurs maux et mettait toujours sa puissance à la disposition de la foi. Ils oubliaient aussi que c’était de lui qu’ils avaient reçu la capacité d’accomplir toutes les choses qu’ils venaient de lui raconter. Dans sa patiente bonté, Jésus veut encore leur faire comprendre qui il est et les employer comme dispensateurs de sa grâce. Il ne leur dit pas de donner à manger aux foules en comptant sur leurs ressources. Jamais il ne demande aux siens un service sans fournir ce qu’il faut pour l’accomplir. « Si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ » (1 Pierre 4:11). Jésus leur dit : « Combien de pains avez-vous ? Allez et regardez. Et quand ils le surent, ils disent : Cinq, et deux poissons ». Il leur commanda de faire asseoir ces gens sur l’herbe verte par rangs de cent et de cinquante. « Et ayant pris les cinq pains et les deux poissons, et regardant vers le ciel, il bénit, et rompit les pains et les donna à ses disciples, afin qu’ils les missent devant eux ; et il partagea les deux poissons entre tous. Et ils mangèrent tous, et furent rassasiés. Et ils ramassèrent des morceaux douze paniers pleins, et des restes des poissons. Et ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes ».
Non seulement le Seigneur répond aux besoins existants, mais il donne beaucoup plus. Puissions-nous tous faire plus souvent cette expérience ! Pour cela, nous n’avons qu’à obéir lorsqu’il place devant nous un devoir quelconque, car il fournit ce qui est nécessaire en multipliant ce que nous possédons déjà, mais qui, sans lui, serait insignifiant.
(v. 45-56). — Jésus contraignit ses disciples de monter dans une barque et d’aller devant lui à l’autre rive, tandis qu’il renvoyait la foule. Il peut la renvoyer maintenant, après avoir rassasié « de pain ses pauvres », selon l’expression du Psaume 132:15. Jamais le Seigneur ne renvoie à vide ceux qui s’approchent de lui ; or ils s’étaient rassemblés auprès de lui (v. 33).
Au lieu de suivre ses disciples, Jésus s’en va sur une montagne pour prier. Nous le trouvons toujours comme le serviteur parfait, dépendant de son Dieu, en toutes circonstances. Il ne se reposait pas sur sa puissance pour servir, mais sur son Dieu et Père qui l’avait envoyé. Il voulait être dans la solitude pour prier Dieu librement : modèle sublime que nous avons à contempler afin de pouvoir l’imiter.
Pendant que Jésus priait, ses disciples se trouvaient aux prises avec les difficultés de la traversée. La barque dans laquelle le Seigneur les avait contraints de monter luttait, dans la nuit, car le vent était contraire : image véritable de ce qui a lieu pour les croyants laissés dans ce monde durant l’absence de Jésus ; état de choses que le Seigneur connaît bien. Son cœur, ému de compassion envers les foules, ne l’est pas moins à l’égard de ses pauvres disciples : « Les voyant se tourmenter à ramer, ... vers la quatrième veille de la nuit, il vient vers eux, marchant sur la mer ; et il voulait passer à côté d’eux ». Là encore, tout en venant les délivrer, il veut mettre leur foi à l’épreuve. Il fait comme s’il voulait aller plus loin. « Mais eux, le voyant marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme, et ils poussèrent des cris ». Sa présence, au lieu de les rassurer, ne fait qu’ajouter à leur effroi. Ils ne le reconnaissent pas. Il en est ainsi lorsque nous nous laissons accabler par les difficultés, au lieu d’être occupés de celui qui peut et veut nous secourir ; nous ne sommes pas capables de le voir près de nous, ce qui rassurerait nos cœurs. Les disciples, trop absorbés par leur situation, au lieu de penser que le Seigneur vient les délivrer, le prennent pour un fantôme. Mais lui, pour dissiper leurs craintes, leur parle et leur dit : « Ayez bon courage, c’est moi ; n’ayez point de peur ». Bien que les disciples aient si peu connu leur Maître, quel calme durent produire dans leur cœur ces mots : « C’est moi » ! Pour leur bonheur et le nôtre aussi, ils expriment infiniment plus que tout ce que nous pouvons saisir. Ils disent ce qu’est Dieu dans l’infini de son être, manifesté en amour au milieu des circonstances pénibles où se trouvent les siens ici-bas, apportant dans ce triste monde tout ce qui est propre à encourager, à rassurer, en faisant connaître ce qu’il est. Depuis la gloire, Jésus nous dit encore aujourd’hui : « C’est moi ; n’ayez point de peur ».
Jésus monta dans la barque et le vent tomba. Sa puissance calme la tempête et sa présence, si la foi la réalise, calme les cœurs. C’est pourquoi le psalmiste pouvait dire : « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi » (Psaume 23:4).
Les disciples furent extrêmement frappés et étonnés en eux-mêmes, car, est-il dit : « Ils n’avaient pas été rendus intelligents par les pains, car leur cœur était endurci ». Il faut bien la patience de Dieu et la persévérance de sa grâce pour pénétrer nos cœurs de son amour et nous rendre quelque peu intelligents dans la connaissance de Lui-même, afin que nous sachions compter sur lui et le glorifier au travers des circonstances pénibles de la vie présente.
La barque aborda à l’autre rive dans la contrée de Génésareth. Aussitôt les habitants reconnurent Jésus et les disciples et coururent annoncer leur arrivée dans le pays d’alentour. De tous côtés on leur apportait les malades, dans de petits lits. Partout où Jésus entrait, dans les villages et les villes, ou dans les campagnes, on plaçait les infirmes dans les marchés, en le priant de les laisser toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
Quel contraste avec ce qui s’était passé dans son pays, au commencement de notre chapitre, où il ne put faire qu’un petit nombre de miracles ! Reconnaître Jésus, comme ces gens l’ont fait, même après l’avoir méconnu un temps, le recevoir, cela suffit pour se trouver au bénéfice des trésors infinis de sa grâce, toujours à la disposition de la foi.
(v. 1-23). — Nous voyons ici Jésus entouré, non par des personnes venues à lui avec leurs besoins, mais par des hommes religieux remplis d’eux-mêmes, qui trouvaient en défaut les disciples parce qu’ils ne se conformaient pas aux usages traditionnels des Juifs. Quel contraste entre la manifestation de l’amour de Christ, tel que nous l’avons vu s’exercer envers tous au chapitre précédent, et ces hommes qui préfèrent les vaines formes d’une religion charnelle à la grâce apportée par Jésus !
Les pharisiens et les scribes viennent dire à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne marchent-ils pas selon la tradition des anciens, mais mangent-ils du pain avec des mains souillées ? » Les Juifs, surtout les pharisiens et les scribes, observaient très scrupuleusement beaucoup de choses reçues par la tradition ; ainsi ils se lavaient en revenant du marché, croyant, par ce moyen, se purifier des fautes commises dans leurs transactions ; ils lavaient les coupes, les pots, les vases d’airain, les lits, et cela leur donnait une apparence de grande sainteté devant les hommes, mais ce n’était que de l’hypocrisie. Ces malheureux ne pensaient pas que, s’ils adressaient des reproches aux disciples, ils les apportaient devant celui qui sonde les cœurs et les reins. Jésus leur répond : « Ésaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites ; comme il est écrit : « Ce peuple-ci m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi ; mais ils m’honorent en vain, enseignant, comme doctrines, des commandements d’hommes » (voir Ésaïe 29:13). Il leur montre ensuite comment l’observation des traditions humaines annulait les commandements de Dieu, car ce qui vient de l’homme ne saurait s’accorder avec ce qui vient de Dieu. Ils ne pouvaient accomplir la loi ; ils la remplaçaient donc par des règles qui avaient quelque ressemblance avec certaines ordonnances de Moïse, dont ils ne comprenaient pas la signification typique. Car les ablutions qui faisaient partie du culte juif n’étaient que des lavages extérieurs qui parlaient des exigences de Dieu au sujet de la pureté du cœur, mais celle-ci ne peut se réaliser que par le sacrifice de Christ. Toutes ces pratiques religieuses charnelles, qui semblaient justifier ces hommes aux yeux de leurs semblables, provenaient de la source impure de leur propre cœur que ne pouvaient atteindre les lavages de la tradition. Bien au contraire : l’observation de ces ordonnances détournait les enfants de l’accomplissement de leurs devoirs les plus légitimes vis-à-vis de leurs parents ; en effet, les dons faits pour le temple comptaient pour ce qui était dû aux parents, alors que la loi disait : « Honore ton père et ta mère » (Exode 20:12). Ainsi, par une religion dont l’homme se glorifiait, Dieu n’était pas honoré, ni ceux auxquels, après Dieu, revient le plus grand honneur, savoir les pères et les mères. La religion de la chair prive toujours Dieu de ce qui lui est dû ; elle nourrit l’orgueil de l’homme, même par le moyen de choses pénibles à accomplir. Paul dit, en parlant des commandements des hommes, qu’ils « ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu’elles n’épargnent pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur, pour la satisfaction de la chair » (Colossiens 2:23). Parlant de la religion qui est le fruit de la vie de Dieu, Jacques dit : « Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde » (Jacques 1:27), c’est-à-dire la pratique de l’amour selon Dieu et de la pureté, qui permet de maintenir des rapports pratiques avec Dieu.
Jésus appelle la foule pour la mettre en garde contre la nullité d’une religion de formes. « Il leur dit : Écoutez-moi, vous tous, et comprenez : Il n’y a rien en dehors de l’homme, qui, entrant au-dedans de lui, puisse le souiller ; mais les choses qui sortent de lui, ce sont celles qui souillent l’homme. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Le cœur doit être purifié, non les mains ; et il faut veiller sur ce qui sort du cœur et non sur ce qui entre dans la bouche.
C’est la troisième fois que nous trouvons dans cet évangile l’avertissement : Qui a « des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Cela fait comprendre l’importance qu’il y avait à écouter celui qui accomplissait au milieu de son peuple le service du Prophète. C’est lui que l’Esprit de Dieu nous exhorte à considérer et à écouter dans les chapitres 3 et 4 de l’épître aux Hébreux, qui nous le présentent apôtre — celui qui enseigne — et souverain sacrificateur de notre profession. Trois fois aussi, il est dit dans ces deux chapitres : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs ». Dans le chapitre 12 de la même épître nous lisons encore : « Prenez garde que vous ne refusiez pas celui qui parle : car si ceux-là n’ont pas échappé qui refusèrent celui qui parlait en oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle ainsi des cieux » (v. 25). Ce n’est qu’en écoutant et en croyant la Parole que nous pouvons être sauvés et gardés du mal jusqu’au bout.
Lorsque Jésus se fut retiré de la foule dans la maison, ses disciples l’interrogèrent au sujet de ce qu’il avait dit touchant la souillure venant du dedans. Eux aussi étaient tellement habitués aux formes extérieures du culte juif qu’ils ne comprenaient guère la souillure que dans sa forme extérieure. Jésus leur dit : « Vous aussi, êtes-vous ainsi sans intelligence ? » Puis il leur énumère les choses qui souillent l’homme, disant : « Ce qui sort de l’homme, c’est là ce qui souille l’homme ; car du dedans, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les vols, la cupidité, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, 1’œil méchant, les injures, l’orgueil, la folie. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ». En présence d’une telle source de corruption, de quelle valeur sont les formes d’une religion charnelle, qui ne peuvent changer la nature ? On comprend que la nécessité d’une nouvelle naissance s’impose, ainsi que la purification, par le sang de Christ, de tous les péchés, fruits du vieil homme.
C’est très humiliant de découvrir que notre cœur naturel si mauvais est la source de tout le mal qui s’accomplit dans le monde. Voilà pourquoi l’homme, dans son orgueil, hait la lumière que la parole de Dieu apporte sur son état ; il se croit bon, ou tout au moins susceptible d’amélioration, quoique Dieu dise le contraire. Nous lisons en Jérémie 17:9, 10 : « Le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable ; qui le connaît ? Moi, l’Éternel, je sonde le cœur, j’éprouve les reins ». Après le déluge, l’Éternel dit qu’il ne maudira plus le sol à cause de l’homme, et qu’il ne frappera plus tout être vivant. Est-ce peut-être parce que Dieu pensait que le jugement du déluge aurait donné une salutaire leçon aux hommes et qu’ils deviendraient meilleurs ? Au contraire, l’Éternel dit : « Car l’imagination... de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ». C’est donc parce que c’était inutile de renouveler un jugement semblable, car le cœur de l’homme, source de tout mal, n’en serait pas changé ; Dieu allait opérer autrement. Il avait par-devers lui les ressources nécessaires. Après un temps de patience, qui dura encore plus de vingt-trois siècles depuis le déluge, le Fils de Dieu vint dans ce monde pour subir le jugement dû à l’homme incorrigible et pécheur, afin que Dieu puisse offrir au coupable le pardon de ses péchés et lui communiquer une nature nouvelle qui lui permette d’accomplir le bien. Mais alors, si le déluge ne doit plus venir pour faire périr les méchants sur la terre, nous apprenons en 2 Pierre 3:7, que « les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa Parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies ». Le feu, symbole du jugement total et final, consume tout, tandis que le déluge n’était qu’un jugement partiel, puisque huit personnes furent épargnées. Dieu ne présente le jugement final qu’après avoir offert aux hommes le moyen d’y échapper.
Puissent tous ceux de nos lecteurs qui ne sont pas encore nés de nouveau accepter ce que Jésus dit de leur cœur naturel dans les passages qui nous occupent et comprendre qu’avec une telle nature, il n’y a point d’amélioration à espérer ! Alors ils seront heureux d’accepter le don de Dieu, la vie éternelle, au lieu de recevoir le salaire du péché, qui est la mort (Romains 6:23).
(*) Les Romains appelaient Syrophénicie la Phénicie pour la distinguer de la Syrie à laquelle ils l’avaient réunie.
(v. 24-30). — Jésus s’en alla vers les contrées de Tyr et de Sidon et entra dans une maison ; il voulait que personne ne le sache. Mais dans ce pays, habité par des étrangers aux promesses faites à Israël, il trouva la foi chez une femme dont la fille avait un esprit immonde. Entendant parler de Jésus, cette femme vint se jeter à ses pieds, le priant de délivrer sa fille. Jésus lui répondit : « Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. Et elle répondit et lui dit : Oui, Seigneur ; car même les chiens, sous la table, mangent des miettes des enfants ». Nos lecteurs remarqueront encore ici que la différence entre ce récit et celui de Matthieu tient au caractère de l’Évangile. En Matthieu, où Jésus est présenté comme Messie, il maintient devant cette femme le caractère de Fils de David sous lequel elle l’avait interpellé, jusqu’au moment où sa foi lui fait prendre humblement sa place et trouve le cœur du Dieu de grâce, qui, sous ce rapport, est aussi bien le Dieu des nations que le Dieu des Juifs (voir Romains 3:29). Dans notre évangile, Jésus agit simplement comme le serviteur, envoyé aux Juifs premièrement. « Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». Et lorsque cette femme a pris sa place relativement aux Juifs, elle peut largement profiter des miettes que les Juifs foulaient à leurs pieds en méconnaissant Jésus. C’est parce qu’ils le rejetaient qu’il se trouvait dans ces confins. Jésus peut lui dire : « À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille ». La grâce de Dieu ne peut se limiter à un peuple ; elle est pour tous, là où la foi se trouve, en dehors de toute question de dispensation. Pierre, l’apôtre des Juifs, est obligé de dire dans le cas de Corneille : « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable » (Actes 10:34, 35).
(v. 31-37). — Jésus revient vers la mer de Galilée en passant par le pays de Décapolis, contrée située au nord-est de la Palestine et habitée aussi par des Gentils. On lui amène un sourd qui parlait avec peine, et on le prie de lui imposer la main. « Et l’ayant tiré à l’écart, hors de la foule, il lui mit les doigts dans les oreilles ; et ayant craché, il lui toucha la langue, et regardant vers le ciel, il soupira, et lui dit : Éphphatha, c’est-à-dire, ouvre-toi. Et aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, et le lien de sa langue se délia, et il parlait distinctement ». Cet homme est une image du résidu d’Israël que Jésus sépare de la nation incrédule, afin de le rendre capable d’entendre la voix de Dieu en Jésus et de pouvoir parler de lui, œuvre qui doit s’accomplir en tous, car, par nature, nous n’entendons pas le langage divin et ne pouvons parler de Dieu, ni le louer.
Jésus éprouvait profondément dans son âme à quel degré de misère son peuple était tombé, de même que tout homme. De son cœur, oppressé par un tel état, monte vers le ciel ce soupir humain autant que divin, soupir du Serviteur qui n’était rien moins que le Fils de Dieu, expression de l’amour de Dieu au milieu des ravages que le péché avait exercés sur sa créature. Il n’y a aucune ressource pour la misère de l’homme. Aussi Jésus regarde vers le ciel, d’où viennent les ressources divines. Son cœur n’a pas changé. Jésus connaît nos maux, nos peines ; il s’y intéresse avec le même amour que celui qui l’a fait descendre ici-bas. C’est toujours en haut que nous devons regarder et faire monter nos requêtes ; là montent ces soupirs inexprimables pour nous-mêmes, mais compris par celui qui connaît ce qui se passe dans nos faibles cœurs, étreints par les souffrances de tous genres.
Jésus ne voulait pas que ce miracle soit connu, mais plus il défendait de le dire, plus on le divulguait. « Ils étaient extrêmement étonnés, disant : il fait toutes choses bien ; il fait entendre les sourds et parler les muets ». Tous doivent reconnaître la perfection des œuvres de Jésus. Ces paroles expriment sommairement le service tout entier que le Seigneur accomplissait ici-bas et ce qu’il fait encore : par la conversion, les oreilles s’ouvrent à la parole de Dieu et la langue se délie pour le louer et lui rendre témoignage. Et au travers de nos circonstances diverses souvent pénibles, nous pouvons aussi dire que Dieu fait toutes choses bien, lors même que nous ne le comprendrions pas, nous le savons. « Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8:28).
(v. 1-9). — Dans le récit de la multiplication des pains au chap. 6, le Seigneur est ému de pitié envers les foules à cause de leurs besoins spirituels : « Ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger ». Il les enseigne et pourvoit aussi à leurs besoins matériels, auxquels, dans cette seconde multiplication, la compassion de Jésus se rapporte davantage. Ce ne sont pas les disciples qui viennent dire à Jésus de renvoyer la foule afin qu’elle aille se procurer des vivres ; il les appelle lui-même et leur dit : « Je suis ému de compassion envers la foule, car voici trois jours déjà qu’ils demeurent auprès de moi, et ils n’ont rien à manger ; et si je les renvoie à jeun dans leurs maisons, ils tomberont en défaillance par le chemin ; car quelques-uns d’entre eux sont venus de loin » (v. 2, 3). Dans son amour infini, qui prend connaissance de toutes les circonstances de ceux qui l’entourent, Jésus veut montrer que, quoi que les hommes pensent de lui, il veut agir envers son peuple selon son cœur plein de miséricorde, car il est l’Éternel qui voulait rassasier « de pain ses pauvres » (Psaume 132:15).
Les compassions de Jésus ne rencontrent chez ses disciples que l’expression du doute et de leur ignorance à l’égard de sa puissance et de sa personne ; ignorance coupable, car ils avaient déjà été témoins de ce qu’avait fait Jésus en pareille circonstance. « D’où les pourra-t-on rassasier... ici, dans le désert ? » Hélas ! ne sommes-nous pas souvent semblables aux disciples ? Combien de fois, dans nos difficultés, nous regardons autour de nous et ne trouvons que le désert ou l’insuffisance de nos ressources, et nous sommes inquiets, ne sachant d’où nous viendra le secours, alors que nous lisons dans l’Évangile : « Ne soyez... pas en souci » et : « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses » (Matthieu 6:31, 32). Le Seigneur est, en présence de nos peines et de nos besoins, le même que lorsqu’il se trouvait ici-bas ; s’il juge bon de ne pas toujours répondre tout de suite à nos demandes, ni selon nos désirs, c’est afin de fortifier notre faible foi, pour que nous nous attendions réellement à lui, que ce monde nous apparaisse comme un désert ou bien comme l’Égypte avec ses riches provisions.
Les disciples avaient sept pains et quelques petits poissons. Jésus les prit et, après avoir ordonné aux quatre mille hommes de la foule de s’asseoir, il rendit grâces et les rompit, puis il les donna aux disciples pour qu’ils les distribuassent aux foules. Tous mangèrent à leur faim et on remplit sept corbeilles avec les morceaux qui restèrent, puis Jésus congédia la foule. Comme nous l’avons déjà remarqué, il ne renvoie jamais à vide ceux qui viennent à lui.
Dans la multiplication des pains au chap. 6, Jésus agit selon son caractère de Messie présenté à son peuple ; c’est pourquoi il y a douze corbeilles de reste, le nombre douze indiquant la perfection dans l’administration humaine. Ici, malgré son rejet comme Messie, il agit selon la grâce et le pouvoir divins, ce qu’indique le nombre sept ; il y avait sept pains et sept corbeilles de reste, sept étant le nombre parfait.
(v. 10-13). — Jésus et ses disciples montent dans une barque et viennent aux quartiers de Dalmanutha (en Matthieu 15:39, Magadan ou Magdala). Jésus se trouve là aux prises avec les pharisiens qui disputèrent avec lui et demandèrent un signe du ciel pour l’éprouver. Cette demande, qui provenait de l’incrédulité et de l’hypocrisie de ces gens, fait soupirer Jésus. Il avait déjà soupiré en constatant l’état misérable du peuple, représenté par l’homme sourd-muet, au chap. 7:34. Dans ce cas il y avait un remède dans sa grâce et sa puissance, tandis que, devant l’incrédulité et l’hypocrisie des gens religieux, Jésus ne peut rien faire : « Et, soupirant en son esprit, il dit : ... En vérité, je vous dis : il ne sera point donné de signe à cette génération. Et les laissant, il remonta de nouveau dans la barque et s’en alla à l’autre rive ». Le signe, c’était lui-même, mais ils ne le voulaient pas ; Jésus ne pouvait rien faire de plus qu’il n’avait fait au milieu d’eux ; c’était inutile.
La vie du Fils de Dieu, le Serviteur parfait, était une vie de souffrances de tous genres. Souffrance en voyant souffrir les hommes sous toutes les conséquences du péché ; souffrance au spectacle de leur incrédulité et de leur mépris de l’amour qui apportait à tous la délivrance et le bonheur. Il était, dit Ésaïe : Un « homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on cache sa face, il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (Ésaïe 53:3). Ce précieux Sauveur réalisait toutes ces souffrances sur le chemin qui le conduisait à d’autres bien plus terribles, celles de la croix, cette croix où, selon les expressions mêmes du prophète (53:5) : « Il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris ». Pour qui toutes ces souffrances, chers lecteurs, si ce n’est pour des coupables tels que vous et moi, afin que, par la foi en lui, nous soyons délivrés des terribles conséquences de nos péchés et ayons en partage, avec ce bien-aimé Sauveur, la gloire pour l’éternité ? Pensons à ce que notre salut a coûté au Fils de Dieu, afin qu’il soit gratuit pour nous ! Que les cœurs de ceux qui le connaissent soient étreints d’un amour tel qu’ils vivent pour lui, et qu’il attire à lui ceux qui n’ont encore vu aucune beauté en celui qui a quitté la gloire pour venir les sauver !
(v. 14-21). — Jésus met en garde les disciples contre les principes des pharisiens et d’Hérode : « Voyez », leur dit-il, « gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode ». Le levain est le symbole d’une doctrine corruptrice. L’hypocrisie et l’impiété caractérisaient les pharisiens, ils voulaient paraître religieux devant les hommes sans avoir affaire avec Dieu, juge de toutes les pensées. Ils voulaient être les conservateurs de la religion juive, en opposition aux sadducéens et aux hérodiens ; et comme leurs avantages se liaient à cette religion, telle qu’ils l’enseignaient, ils manifestaient une violente inimitié à l’égard du Seigneur qui mettait en lumière tout ce qui n’était pas selon Dieu. Les partisans d’Hérode étaient plutôt un parti politique ; pour plaire aux Romains, que représentait leur chef, ils se souciaient peu de leur religion ; s’ils en avaient une, ils se rattachaient aux sadducéens. Ces gens cherchaient à tirer tous les avantages possibles, à leur profit, de l’asservissement du peuple juif aux Romains. Un écrivain a dit d’eux : « Ils rendaient à César ce qui était à César, mais ne rendaient pas à Dieu ce qui était à Dieu ».
On comprend que le Seigneur mette en garde ses disciples contre de tels principes ; mais c’est triste de voir leur incapacité pour comprendre ses avertissements. Leurs pensées ne s’élevaient pas au-dessus de la matière, quand Jésus leur parle de levain, ils pensent à du pain, et croient que c’est parce qu’ils n’en avaient qu’un avec eux. La stupidité des disciples venait encore accroître la souffrance du cœur du Seigneur. Il leur dit : « Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez pas de pains ? N’entendez-vous pas encore, et ne comprenez-vous pas ? Avez-vous encore votre cœur endurci ? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas ? et ayant des oreilles, n’entendez-vous pas ? et n’avez-vous point de mémoire ? Quand je rompis les cinq pains aux cinq mille, combien recueillîtes-vous de paniers pleins de morceaux ? Ils lui disent : Douze. Et quand je rompis les sept aux quatre mille, combien recueillîtes-vous de corbeilles pleines de morceaux ? Et ils dirent : Sept. Et il leur dit : Comment ne comprenez-vous pas ? » (v. 17-21).
L’inintelligence des disciples nous étonne, nous indigne même ; mais avec un peu de droiture, ne nous reconnaissons-nous pas en eux ? Quel profit avons-nous retiré des enseignements que nous avons reçus du Seigneur, lorsque nous avons entendu sa Parole ou que nous avons fait l’expérience de sa bonté et de ses délivrances ? Nombreuses sont les occasions dans lesquelles il peut nous dire : « Ne comprenez-vous pas ? ne voyez-vous pas ? n’entendez-vous pas ? avez-vous encore votre cœur endurci ? N’avez-vous point de mémoire ? » Réfléchissons à toutes les occasions dans lesquelles le Seigneur a dû nous rappeler nos inconséquences, notre indifférence, notre ingratitude, notre oubli continuel de sa Parole. Après une lecture en famille, une réunion, nous nous laissons distraire par mille choses, si même nous ne l’avons pas été pendant que nous aurions dû écouter. Et lorsque, dans le cours de la journée, cette parole devrait nous être utile pour nous guider dans le chemin, nous encourager, nous consoler ou nous instruire, elle nous manque ; nous sommes sans ressources, sans intelligence ; nous avons oublié ! Dans le chapitre 12 de l’évangile selon Jean, le Seigneur rappelle une prophétie d’Ésaïe, qui annonçait l’endurcissement du peuple comme jugement : « Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur cœur, afin qu’ils ne voient pas des yeux, et qu’ils n’entendent pas du cœur, et qu’ils ne soient convertis, et que je ne les guérisse » (Jean 12:40). Le Seigneur était venu pour ouvrir les yeux et les oreilles du peuple, mais puisqu’ils ne le recevaient pas, ils demeuraient dans leur état pour être jugés. Les disciples, au contraire, avaient reçu Jésus ; de là leur inconséquence, et le Seigneur doit leur dire : « Êtes-vous encore dans cet état, puisque vous avez joui du privilège de voir et d’entendre ? » Les disciples n’auraient pas dû rester dans l’état où se trouvait le peuple, et pourtant, quant aux résultats, il y avait peu de différence. Quel déshonneur fait au Seigneur lorsque la conduite du croyant ne diffère pas de celle de l’inconverti !
(v. 22-26). — À Bethsaïda on amène un aveugle à Jésus afin qu’il le touche. Ceux qui faisaient cela savaient qu’il n’en fallait pas davantage pour communiquer la puissance qui délivre des infirmités. Mais Jésus ne guérit pas cet aveugle sur place ; il le prend par la main et le mène hors de la bourgade ; là, il crache sur ses yeux, pose les mains sur lui, et lui demande s’il voit quelque chose. L’homme répondit : « Je vois des hommes, car je vois comme des arbres qui marchent. Puis Jésus lui mit encore les mains sur les yeux et le fit regarder, et il fut rétabli, et voyait tout clairement ».
Cet homme, voyant imparfaitement, représente les disciples dans l’état où nous les avons vus précédemment ; sans être aveugles comme la nation, ils voyaient encore confusément. Jésus les avait séparés du peuple, comme il avait conduit l’aveugle hors de la bourgade, et là, dans sa patiente grâce, il achèverait son œuvre jusqu’à ce qu’ils voient tout clairement. C’est ce qui leur arriva après la résurrection du Seigneur (Luc 24:45) et après l’envoi du Saint Esprit.
Jésus renvoie dans sa maison celui qu’il avait guéri, en lui disant : « N’entre pas dans la bourgade, et ne le dis à personne dans la bourgade » (v. 26). C’était inutile de proclamer plus longtemps ce que Jésus faisait, car la nation était décidée à ne pas le recevoir.
Le rejet de Christ se dessine dans ce chapitre, où l’activité de son amour ne cesse pas, malgré l’état du peuple et de ses disciples. Il s’agit selon sa puissance divine pour nourrir les foules (v. 1-9). Vu l’incrédulité manifeste des pharisiens, il les laisse (v. 10-13). Il supporte patiemment les disciples qu’il a séparés de la masse, pour accomplir toute son œuvre en eux, afin de les rendre capables de voir distinctement (v. 14-26). Dans le reste du chapitre, Jésus va annoncer sa mort, seul moyen d’amener l’homme à Dieu pour être béni, puisque, dans son état naturel, il le rejette.
(v. 27-38). — En se rendant aux villages de Césarée de Philippe, ville située au pied du Liban, Jésus interrogea ses disciples en ces termes : « Qui disent les hommes que je suis ? Et ils répondirent : Jean le Baptiseur ; et d’autres : Élie ; et d’autres : L’un des prophètes ». Alors comme aujourd’hui, l’homme naturel ne peut admettre que Jésus soit le Christ, le Fils de Dieu. Ceux même qui le considèrent comme un personnage extraordinaire n’admettent pas sa divinité, ni qu’il soit le Sauveur envoyé de Dieu pour le salut des pécheurs. Aussi Jésus dit aux Juifs, en Jean 8:24 : « Si vous ne croyez pas que c’est moi, vous mourrez dans vos péchés ». En ce qui concernait le salut d’Israël, il fallait croire que Jésus était le Christ, le Messie promis qui devait délivrer son peuple (Matthieu 1:21 et Luc 1:70, 71).
S’adressant aux disciples, Jésus leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? Et Pierre, répondant, lui dit : Tu es le Christ. Et il leur défendit expressément de dire cela de lui à personne ». Désormais la nation allait être laissée dans son incrédulité ; Dieu avait fait pour elle tout son possible. On n’avait pas écouté les prophètes ; on avait mis à mort le précurseur du Messie ; à part quelques-uns, on n’avait fait aucun cas de la prédication du royaume par le Seigneur et les disciples, et après tous les miracles de Jésus, les pharisiens demandaient un signe. Tout démontrait que du côté de l’homme rien n’était possible ; il ne restait pour lui que la mort et le jugement.
C’est alors que Jésus parle de la mort qu’il subirait lui-même à la place des coupables, afin que Dieu puisse accomplir ses pensées de grâce envers le peuple juif, comme envers tous les pécheurs. « Et il commença à les enseigner : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite après trois jours » (v. 31). Cette révélation soumet la foi des disciples à une terrible épreuve. Ils venaient de confesser que Jésus était le Christ et pouvaient s’attendre à ce qu’il leur dise : « Vous seuls qui croyez en moi, vous allez régner avec moi, tandis que je jugerai ceux qui me rejettent ». Au lieu de cela, il leur apprend qu’il va souffrir beaucoup et être mis à mort. Aussi, en entendant ces paroles, Pierre prend Jésus à part pour le reprendre. Nous savons par Matthieu 16:22, en quels termes il le fit. Jésus « se retournant et regardant ses disciples, reprit Pierre, disant : Va arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (v. 32, 33). Pierre jugeait à la façon humaine ; il voulait un Messie glorieux, avec lequel il partagerait la gloire immédiatement ; mais il méconnaissait le côté de Dieu, le seul à considérer en toutes choses. Il ne comprenait pas que le règne de Christ ne pouvait s’établir qu’en vertu de sa mort qui réconcilierait toutes choses avec Dieu et ôterait le péché devant ses yeux. Cette mort était nécessaire, non seulement pour que les promesses faites à Israël s’accomplissent, mais pour que dans l’éternité, une nouvelle terre puisse être peuplée d’hommes sauvés, semblables à Christ. Pierre ne pensait qu’à un règne présent, sans tenir compte du péché qui le rendait impossible sans la mort de Jésus. Il y pensait selon l’homme et non selon Dieu. En reprenant le Seigneur, Pierre se trouvait, sans qu’il s’en doute, dans la main de Satan pour détourner de Jésus les autres disciples, dont le salut ne pouvait avoir lieu qu’en suivant un Christ souffrant et rejeté, qui devait passer par la mort ignominieuse de la croix. Aussi Jésus reprend Pierre en regardant les disciples, afin que tous comprennent bien la gravité de l’erreur de Pierre et ses conséquences. Que serions-nous devenus si le désir de Pierre avait reçu satisfaction ? Lui-même, et nous tous, nous serions demeurés éternellement sous les conséquences terribles de nos péchés.
La croix est donc le chemin de la gloire, comme elle est le chemin du salut. Jésus le fait comprendre à la foule et aux disciples (v. 34 et suivants) : « Quiconque veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive : car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa propre vie pour l’amour de moi et de l’Évangile la sauvera. Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ? » Suivre Christ, vouloir le ciel et le monde en même temps, est une chose impossible que plusieurs désirent et qu’ils ont souvent essayée. Si quelqu’un veut suivre Christ, c’est-à-dire veut être sauvé, qu’il renonce à sa vie d’homme naturel ici-bas, car cette vie-là s’oppose à Dieu ; elle a nécessité la mort de Christ ; à elle se rattachent le péché et la condamnation éternelle, mais aussi toutes les jouissances de ce monde auxquelles le cœur naturel tient si fortement, toutes ces choses qui satisfont « la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie » (1 Jean 2:16). On ne peut donc suivre Christ et satisfaire une vie qui a causé sa mort, tandis que celui qui renonce à ce que le monde peut offrir comme aliment de ses convoitises, pour l’amour de Christ et de l’Évangile, sauvera sa vie pour l’éternité. Ce qui le rendra capable de renoncer à cela, c’est la jouissance de l’amour dont il est l’objet et la pensée de tout ce que Christ a souffert pour le sauver. Car à quoi servent les avantages que peut offrir un monde qu’il faudra laisser un jour, pour continuer son existence dans les peines éternelles ? Que ne donnerait pas un homme pour racheter son âme lorsqu’il constatera, trop tard, que tout est perdu sans retour ?
Satan attire l’attention de ceux qu’il veut perdre sur les choses présentes qu’il faut abandonner pour suivre Christ, mais il ne présente jamais les conséquences éternelles qui seront la part de ceux qui l’auront écouté, ni le bonheur de ceux qui auront cru Dieu. Jésus expose les conséquences de la conduite tenue ici-bas et fait voir que si, pour sauver sa vie, il faut le suivre dans le chemin du renoncement et de la mort, il n’en sera pas toujours ainsi ; car lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père, accompagné de ses saints anges, il aura honte de ceux qui auront eu honte de lui et de ses paroles « parmi cette génération adultère et pécheresse ».
Lorsque Jésus apparaîtra glorieux, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, accompagné de toutes les armées qui sont dans le ciel, ses rachetés (Apocalypse 19:14-16), alors que tout œil le verra, qui voudrait ne l’avoir pas suivi sur cette terre ?
Par la grâce de Dieu, il est encore temps de prendre place à la suite d’un Sauveur rejeté, seul moyen d’être avec lui dans la gloire. Bientôt il viendra chercher ceux qui n’auront pas eu honte de lui, et la porte du salut se fermera ; le sort de chacun sera fixé pour l’éternité. Dieu veuille qu’un grand nombre encore fasse comme Moïse qui avait choisi « plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération » (Hébreux 11:25, 26).
(v. 1-8). — Après avoir tenu à ses disciples les discours qui précèdent, dans lesquels il leur avait parlé de sa mort et des conséquences qui en découleraient pour eux, Jésus leur annonce que quelques-uns d’entre eux ne goûteraient point la mort qu’ils n’eussent vu le royaume de Dieu venu avec puissance.
Les disciples avaient confessé Jésus comme le Christ ; ils avaient raison ; mais ils ignoraient le chemin par lequel le Christ devait arriver à la gloire pour que le royaume s’établisse et pour qu’ils y aient une part. Maintenant qu’il les a instruits sur ce point fondamental, Jésus veut fortifier leur foi, ébranlée peut-être quand ils avaient entendu parler de sa mort et de ses souffrances. « Et après six jours, Jésus prend avec lui Pierre et Jacques et Jean, et les mène seuls à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux ; et ses vêtements devinrent brillants et d’une extrême blancheur, comme de la neige, tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui puisse ainsi blanchir » (v. 2, 3). Cette blancheur éclatante pouvait déjà faire comprendre aux disciples la pureté céleste du royaume de Dieu et leur montrer combien tout dans ce royaume surpassait la conception qu’ils en avaient. Elle fait aussi apprécier la valeur du sang de Christ, en vertu duquel tous les croyants paraîtront dans une semblable pureté, leurs robes blanchies dans le sang de l’Agneau (Apocalypse 7:14). Ésaïe avait déjà dit au peuple : « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige » (Ésaïe 1:18).
Avec Jésus, Moïse et Élie apparurent aussi. Ils parlaient avec lui ; Luc nous dit le sujet de leur entretien. En Marc l’Esprit de Dieu nous donne une vision du royaume venu avec puissance. C’est bien ce que Pierre a compris lorsqu’il écrit dans sa seconde épître (chap. 1:16) : « Ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté ». Au moment où cette scène merveilleuse se passait, Pierre et ses deux compagnons étaient épouvantés et ne savaient que dire ; Pierre propose au Seigneur de faire trois tentes, une pour lui, une pour Moïse et une pour Élie. Le pauvre disciple veut recouvrir d’une tente matérielle la gloire céleste, car tout en étant effrayé, il aimait mieux être témoin de la gloire que d’entendre parler de la croix. « Il est bon que nous soyons ici », dit-il. Tels sont nos cœurs ; nous oublions facilement la croix, la réalisation de la mort, pour nous arrêter à la gloire, oubliant que sans elle nous n’aurions aucune part à la gloire. Dans cet instant même, Dieu fit voir aux disciples combien ses propres pensées différaient des leurs et combien elles étaient plus élevées. Au lieu d’enfermer ces trois glorieux personnages sous une misérable tente, la nuée, signe de la demeure de Dieu, vient couvrir les trois faibles disciples, hommes semblables à nous. Dieu montrait ainsi qu’il voulait amener l’homme dans sa présence même, en vertu de la mort de son Fils, car sans elle aucun homme n’aurait subsisté dans une telle gloire. Nul n’avait jamais pu y pénétrer. On voit, en Exode 40:34, 35 et 2 Chroniques 5:14, que personne ne put rester dans le tabernacle ni dans le temple lorsque la gloire de l’Éternel en prit possession. De cette nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Dans sa seconde épître, Pierre dit du Seigneur : « Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique » (2 Pierre 1:17). C’est à celui-là, à Jésus humilié, souffrant et marchant à la mort, le Fils bien-aimé de Dieu le Père, que Moïse et Élie firent place, car ils disparurent, afin que, désormais, lui seul fût écouté. Moïse et Élie, comme nous l’avons déjà remarqué en nous occupant de ce sujet en Matthieu, représentaient la loi et les prophètes, qui laissaient la place à Christ, auquel ils avaient rendu témoignage, lui dont l’œuvre pouvait seule amener des pécheurs à Dieu et accomplir ses conseils. C’était lui seul qu’il fallait écouter. « Ayant regardé de tous côtés, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux ». Précieuse réalité pour les disciples que d’avoir Jésus seul avec eux. Qu’il s’agisse de gloire disparue, de difficultés dans le chemin, de souffrances, Jésus était avec eux, les enseignait, leur faisant comprendre les vérités glorieuses qui remplaçaient le régime de la loi. Quoique dans la gloire, Jésus est le même pour nous ; il est avec nous ; il nous parle du ciel ; dans chacune de nos circonstances pénibles et toujours, nous réalisons sa présence. Si les vides se font autour de nous, nous pouvons expérimenter que tout est vanité ici-bas : Jésus seul ne s’en va pas ; il est là ; il fait entendre sa voix, il encourage, console, enseigne ; en lui se trouvent toutes les ressources dont nous avons besoin jusqu’au moment où nous lui serons semblables dans la gloire.
(v. 9-13). — Jésus défendit expressément aux disciples de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, sinon « lorsque le Fils de l’homme serait ressuscité d’entre les morts ». Ils se demandèrent le sens de cette expression. Jésus leur avait parlé de sa mort, il avait fortifié leur foi quant à sa personne et quant au royaume en gloire, par la vue de la transfiguration. Il fallait donc la résurrection pour que le Christ puisse venir prendre possession de son royaume ; au reste il leur avait déjà dit, au chap. 8:31, qu’il ressusciterait après trois jours. Les disciples, comme les Juifs en général, sauf les sadducéens, croyaient à la résurrection au dernier jour ; mais ils ne connaissaient pas une résurrection d’entre les morts, qui laissera les autres morts dans le sépulcre, à savoir ceux qui ont expiré sans avoir la vie de Dieu. Ils ne pouvaient la connaître avant que la mort ait été vaincue par le Seigneur. Lui était la résurrection et la vie. Sa mort allait être le triomphe remporté sur la mort, et non le triomphe de la mort, comme Satan et les hommes l’avaient cru un moment. La résurrection de Christ lui-même a rendu manifeste ce triomphe. Il en est de même de plusieurs des saints endormis, dont les tombeaux s’ouvrirent lorsque Jésus rendit l’esprit, et qui ressuscitèrent après le Christ et apparurent à plusieurs (Matthieu 27:52, 53). En vertu de cette victoire, le Seigneur fera valoir sa puissance, en son temps, pour faire participer à cette résurrection d’entre les morts tous ceux qui sont morts dans la foi. Paul, en parlant de la résurrection des saints, dit : « Les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue » (1 Corinthiens 15:23).
Il y aura donc deux résurrections : celle « d’entre les morts » pour tous les croyants, à la venue de Christ, et celle des méchants qui aura lieu après le règne de mille ans (Jean 5:28, 29 ; Apocalypse 20:4-6 et 11-15).
Les disciples ne devaient pas parler de ce qu’ils avaient vu sur la montagne avant que Jésus fût ressuscité d’entre les morts. Ils ne pouvaient pas non plus le faire, car ils se trouvaient encore moralement comme l’aveugle du chapitre 8, qui voyait, mais prenait les hommes pour des arbres ; ils étaient donc loin de comprendre les pensées de Dieu. Puis il n’y avait pas d’utilité à parler du royaume en gloire avant la mort et la résurrection de Christ. La mort réalisait le jugement de Dieu sur l’état de péché dans lequel se trouvaient Israël et tout homme et la résurrection établissait la base sur laquelle Dieu pouvait accomplir toutes ses promesses.
Après la résurrection de Christ, les disciples eurent l’intelligence ouverte et purent proclamer hautement tous les résultats de la mort du Seigneur. Il leur avait défendu de dire qu’il était le Christ (chap. 8:30), mais une fois la mort accomplie, c’est ce qu’ils prêchèrent avec puissance (voir Actes 2:31-36 ; 5:42 ; 18:5 et 28). C’est aussi avec une grande puissance qu’ils rendirent témoignage de la résurrection de Christ (Actes 2:24, 32 ; 3:15 ; 4:2, 10, 33 ; 5:30 ; 10:40 ; 13:30, 37 ; 17:3). Dès lors toutes les pensées de Dieu purent être révélées en rapport avec un Christ ressuscité et glorifié qui va venir du ciel prendre à lui son Église et tous les siens ; ensuite il établira en gloire son règne dont il avait montré un échantillon sur la montagne de la transfiguration.
Une difficulté surgit dans l’esprit des disciples quant à la venue d’Élie (v. 12, 13), qui devait précéder l’établissement du royaume (Malachie 4:5, 6). Jésus leur dit qu’il viendra en effet premièrement ; les prophètes l’annoncent, ainsi que les souffrances du Fils de l’homme. Mais il ajoute que les Juifs lui avaient fait tout ce qu’ils avaient voulu, ce qui eut lieu avec Jean le Baptiseur, précurseur du Christ, rejeté comme lui, ainsi que nous l’avons vu en étudiant Matthieu 17:9-13.
(v. 14-29). — En descendant de la montagne, Jésus trouve les disciples qu’il avait laissés, entourés d’une grande troupe et disputant avec les scribes. La foule, saisie d’étonnement, sans doute à cause de l’absence de Jésus avec ses trois disciples, accourt et le salue. Pendant que Jésus demandait à ses disciples ce qui se passait, un homme s’approcha de lui et lui dit : « Maître, je t’ai amené mon fils qui a un esprit muet, et, partout où il le saisit, il l’agite violemment ; et il écume, et grince des dents, et il devient sec ; et j’ai dit à tes disciples de le chasser, et ils n’ont pas pu. Et lui, leur répondant, dit : Ô génération incrédule, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ». Aussitôt en présence de Jésus, le mauvais esprit déchira l’enfant qui se roulait à terre en écumant. À la demande de Jésus, le père déclara que l’enfant se trouvait dans cet état depuis son enfance et que souvent le mauvais esprit l’avait jeté dans le feu et dans les eaux pour le faire périr. « Mais si tu peux quelque chose », ajouta le père dans sa douleur, « assiste-nous, étant ému de compassion envers nous ». Deux puissances étaient en présence : celle de Satan qui, dans ce cas, manifestait tout particulièrement son caractère de meurtrier en cherchant à faire périr cet enfant, et celle de Dieu, que l’amour avait amené ici-bas, en la personne de Jésus, afin de délivrer l’homme de la puissance du diable. En réalité, Satan avait souvent cherché à détruire Israël, dont cet enfant était une figure ; car comme lui, dès son enfance, dès le commencement de son histoire, il était tombé sous le pouvoir de l’Ennemi qui, malgré tous ses efforts, ne pouvait l’anéantir. Le Seigneur, ému de compassion envers le résidu juif aux prises, dans les derniers jours, avec toute la puissance du diable, interviendra alors pour le délivrer.
Jésus répondit au père : « Le « Si tu peux », c’est : Crois ! toutes choses sont possibles à celui qui croit ». Jésus était dans ce monde parce qu’il voulait sauver ; du côté de l’homme, il ne s’agissait que de croire, toute la puissance de la grâce de Dieu est à la disposition de la foi. Il en est toujours de même : quelqu’un éprouve-t-il un ardent besoin du salut, que peut-il faire, sinon croire à ce que Christ a fait pour lui à la croix ? Le père s’écrie avec larmes : « Je crois, viens en aide à mon incrédulité ». Dans son infinie bonté, Jésus veut non seulement délivrer, mais encore produire la foi qui pourra profiter de lui. Combien c’est propre à encourager celui qui a conscience de son manque de foi et voit pourtant que la délivrance ne se trouve qu’en Dieu. « Jésus, voyant que la foule accourait ensemble, tança l’esprit immonde, lui disant : Esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de lui et n’y rentre plus ». Le démon sortit après avoir crié et avoir violemment déchiré l’enfant qui resta comme mort ; mais Jésus le prit par la main et il se leva.
Combien les hommes sont loin de se rendre compte de leur terrible situation sous le joug de Satan ! Aujourd’hui, plus que jamais, on se moque du diable ; on nie son existence, et en même temps on a recours à lui, on l’interroge au moyen de médiums, on se familiarise avec lui par divers moyens, sans s’en rendre compte peut-être ; mais Satan sait bien ce qu’il fait par ce moyen. On se place graduellement sous sa puissance, jusqu’au jour où il ne sera plus possible de s’en affranchir, où l’énergie d’erreur déploiera tous ses effets et où il recevra les hommages des hommes parce qu’il aura donné son pouvoir à leur grand chef, appelé « la Bête » (Apocalypse 13:4). Aveuglés par cette puissance diabolique, « quand ils diront : « Paix et sûreté », ... une subite destruction viendra sur eux... et ils n’échapperont point » (1 Thessaloniciens 5:3). Pour éviter une fin pareille, le salut, « un si grand salut », qu’il ne faut pas négliger (Hébreux 2:3), est offert à la foi ; celui qui croit, et qui dit peut-être, comme le père de l’enfant : « Je crois, viens en aide à mon incrédulité », peut l’obtenir à l’instant même.
Entrés dans la maison, les disciples demandèrent à Jésus pourquoi ils n’avaient pu chasser ce démon. Jésus leur répondit : « Cette sorte ne peut sortir en aucune façon, si ce n’est par la prière et par le jeûne ». Les disciples ne pouvaient se servir de la puissance que Jésus leur avait conférée, à moins de jouir d’une communion pratique avec Dieu. C’est ce qui doit avoir lieu pour l’accomplissement de tout service. La prière nous met en relation avec Dieu, source de puissance, d’amour, de grâce, d’intelligence, de patience, de sagesse, de tout ce dont nous avons besoin pour un service quelconque, si petit soit-il. Pour prier, il faut avoir conscience de sa faiblesse, de son incapacité, en un mot, de son néant, et, en même temps, de la certitude que Dieu, et Dieu seul, a toutes les ressources à la disposition de la foi, qu’il veut et peut répondre à tous les besoins qui ont en vue ses intérêts, dans lesquels sont compris aussi les nôtres. Jeûner, spirituellement, c’est s’abstenir de tout ce qui peut exciter la chair de manière à appesantir nos sens spirituels, ce qui empêcherait de discerner la volonté de Dieu, de comprendre le besoin que nous avons de la prière, car la chair, une fois en activité, se fie toujours à elle-même, et se passe de Dieu, puisqu’elle compte sur ses propres ressources. Leçon très importante, quant à la cause de l’impuissance des disciples, leçon fort importante pour nous aussi. Si nous ne la mettons pas à profit, nous nous priverons du bonheur de servir le Seigneur, puisque l’absence de prière et de jeûne empêche de réaliser sa puissance. Une des causes principales qui nous empêchent d’accomplir un travail fructueux pour le Seigneur consiste dans la mondanité qui s’est introduite dans nos habitudes. Elle satisfait la chair ; elle la nourrit ; elle nous fait oublier le désert, car nous sommes du ciel. Le désert ne peut rien fournir au nouvel homme ; mais c’est dans le monde, qui offre au vieil homme tout ce qu’il désire, que nous avons à réaliser ce qu’est le désert ; pour cela, il faut la sobriété, si souvent recommandée dans la Parole, le jeûne, qui nous garde de l’influence que peuvent avoir sur notre cœur les choses qui nous entourent et nous empêchent de servir le Seigneur. Si par exemple un de nous s’accordait la jouissance de quelque plaisir mondain, pourrait-il, immédiatement après, aller auprès d’un mourant lui parler de l’amour du Sauveur d’une manière efficace ? Sa conscience le condamnerait ; la communion avec Dieu serait interrompue ; la Parole qu’il essayerait de présenter n’aurait pas de puissance, puisque son cœur n’en jouirait pas. Que le Seigneur accorde à tous ceux qui le connaissent comme Sauveur de réaliser chaque jour la prière et le jeûne, afin que leurs âmes jouissent de sa communion dans laquelle il y a richesse et abondance pour le cœur renouvelé, d’où découlera un service utile et fructueux pour celui qui nous a rachetés, afin que nous soyons un peuple « zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2:11-14).
Si quelqu’un ne possède pas la vie de Christ, il ne peut rien faire pour Dieu ; sa vie est inutile au Seigneur ; elle ne se dépensera que pour sa propre satisfaction, triste condition qui n’a d’autre perspective que la mort et le jugement. Mais, grâce à Dieu, on peut en sortir en acceptant Jésus pour son Sauveur. Alors, au lieu d’être inutile à Dieu, le croyant devient un serviteur utile (cf Onésime ; Philémon 11), pour marcher dans les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance (Éphésiens 2:10).
(v. 30-51). — En traversant la Galilée, Jésus annonce de nouveau à ses disciples sa mort et sa résurrection le troisième jour : « Le Fils de l’homme est livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ; et ayant été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour ». Il voulait détourner leurs pensées de la gloire qui les préoccupait beaucoup, pour les diriger vers sa mort, sans laquelle ils seraient privés de toutes les bénédictions si chères à leurs cœurs d’enfants d’Abraham. Mais, absorbés par la pensée de leur propre gloire, eux ne comprenaient rien aux discours de Jésus. Arrivés à Capernaüm, Jésus, ayant remarqué qu’ils avaient raisonné entre eux, leur demanda le sujet de leur entretien. Ils ne répondirent rien, se sentant repris dans leurs consciences, car ils avaient discuté pour savoir qui serait le plus grand. Combien était déplacée une telle préoccupation au moment où leur Seigneur et Maître venait de les entretenir de ses souffrances et de sa mort ! On comprend que les paroles de Jésus leur soient restées obscures, puisque leurs pensées suivaient un courant absolument opposé. Mais lui, débonnaire et divinement patient avec les siens, veut les enseigner ; il n’ignore pas, dans sa toute science, de quoi ils ont parlé.
« Lorsqu’il se fut assis, il appela les douze et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous », pensée bien différente de celle des disciples, car l’élévation selon Dieu ne se mesure pas à la manière des hommes : « Ce qui est haut estimé parmi les hommes est une abomination devant Dieu » (Luc 16:15). Ce n’est qu’en prenant une place semblable à celle de Jésus ici-bas que l’on trouvera le chemin de la grandeur selon Dieu. « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Marc 10:45). La gloire véritable consiste à ressembler à Jésus dans son service d’amour, à s’oublier soi-même comme il l’a fait en venant à nous pour nous délivrer de l’état misérable où nous étions tombés.
Ensuite Jésus « ayant pris un petit enfant, ... le plaça au milieu d’eux ; et l’ayant pris entre ses bras, il leur dit : Quiconque recevra l’un de tels petits enfants en mon nom, me reçoit ; et quiconque me recevra, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais c’est celui qui m’a envoyé » (v. 36, 37). Non seulement il faut être le dernier et le serviteur de tous pour être grand selon Dieu, mais il faut être dans l’esprit qui caractérise le petit enfant : un être sans prétention, simple, crédule, disposé à recevoir le Seigneur. C’est touchant de se représenter le Seigneur attirant à lui un petit enfant pour le prendre dans ses bras ; son cœur se sentait libre de lui témoigner tout l’amour qui le remplissait, amour à la disposition de tous, mais méprisé par ceux dont le cœur hautain et incrédule tenait à distance cette grâce venue à leur intention. Le petit enfant acceptait Jésus, c’est ce qui donne de la valeur à quelqu’un, ici-bas et pour l’éternité. Dieu estime celui qui reçoit son Fils, l’objet de ses délices, envoyé pour faire connaître son amour. Au lieu de penser à eux-mêmes, aux avantages qu’ils retireraient de la venue de Christ dans ce monde et dont leur chair pouvait s’accommoder, les pensées des disciples, leurs affections auraient dû se concentrer sur la personne de Jésus en le recevant avec une simplicité enfantine. Si quelqu’un recevait en son nom un petit enfant, un être qui n’avait d’autre importance que de ne pas refuser Jésus, non seulement on le recevrait, lui, mais aussi Dieu qui l’avait envoyé. Quelle pensée élevée, contraire à celles du cœur naturel qui a toujours lui-même pour objet ! Les grandes choses de Dieu se manifestent ordinairement dans ce qu’il y a de plus simple aux yeux des hommes, parce qu’elles s’apprécient en rapport avec la personne de Christ. Être pour Christ ou contre lui, cette question se pose à chacun et la réponse que l’on y donne détermine le sort de chacun pour l’éternité.
Jésus venait de parler de recevoir un petit enfant en son nom ; alors Jean lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, qui ne nous suit pas ; et nous le lui avons défendu, parce qu’il ne nous suit pas » (v. 38). Là encore, les pensées de Jean et des autres disciples se rapportent à eux-mêmes, tout en paraissant chercher la gloire de leur Maître. « Il ne nous suit pas », disent-ils ; le nous leur importe plus que le nom du Seigneur. « Jésus leur dit : Ne le lui défendez pas ; car il n’y a personne qui fasse un miracle en mon nom, et qui puisse aussitôt mal parler de moi, car celui qui n’est pas contre nous est pour nous » (v. 39, 40). Jésus ne veut pas dire, par ces paroles, qu’il lui est indifférent qu’on le suive ou non ; mais que l’acceptation ou le rejet de sa personne, dans ce temps où le grand nombre le rejetait, devait préoccuper les disciples avant tout et avoir de la valeur pour eux. Suivre Jésus dans le chemin que trace sa parole, c’est affaire d’obéissance qui découle de l’attachement à sa personne — chose que Jésus apprécie hautement ; mais il faut que ceux qui le suivent le fassent pour cette raison, sans penser qu’il y a du mérite à cela ; sinon le cœur s’occupe de lui-même et se rétrécit, tandis que, si l’on s’occupe de Christ, le cœur s’élargit et l’on croît à sa ressemblance. L’étroitesse d’esprit de Jean lui faisait oublier que l’homme qu’ils voulaient empêcher de chasser les démons accomplissait précisément la chose que les disciples n’avaient pu faire, malgré leur position privilégiée à la suite du Seigneur.
L’époque où Jésus vivait, de même que la nôtre, se caractérisait par le rejet de sa personne ; si donc quelqu’un n’était pas contre eux, il était pour eux. Remarquez que le Seigneur ne dit pas : « Celui qui n’est pas contre moi est pour moi », mais il dit : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Il identifie ses faibles disciples avec lui-même, puisque, après tout, ils étaient avec lui, chose qu’il reconnaît et apprécie, leur disant à un moment donné : « Mais vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations » (Luc 22:28).
Que le Seigneur nous accorde à tous de le suivre dans le chemin de l’obéissance à sa Parole qui est celui de la vérité et de l’amour, animés du même esprit que lui-même, afin d’être gardés de l’étroitesse de l’esprit sectaire, qui attache plus d’importance au nous qu’à la personne du Seigneur !
Tout ce que nous faisons pour le Seigneur a, pour Dieu, une telle importance dans ce monde où il est méprisé, que même une coupe d’eau froide donnée en son nom à ses disciples, parce qu’ils sont à lui, aura sa récompense. Par contre, un petit enfant qui croit en Jésus a une telle valeur pour lui, que si quelqu’un mettait une occasion de chute sur son chemin, Jésus dit qu’il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mette une pierre de meule au cou et qu’il soit jeté dans la mer. Chers lecteurs, laissons-nous tous pénétrer de ce fait, si important pour le temps et l’éternité, que tout, dans notre vie, est apprécié par Dieu en rapport avec la personne de Christ rejeté par les hommes, mais glorifié par Dieu !
Au lieu d’être si préoccupés de leur grandeur, les disciples devaient éviter tout ce qui pouvait les empêcher d’entrer dans la vie, ou le royaume de Dieu, car il s’agit avant tout de la vie éternelle et des choses célestes. Or si les occasions de chute, pour les petits, se trouvent placées parfois, par d’autres, sur leur chemin, pour chacun de nous elles existent en nous-mêmes ; ce peut être la main, le pied, l’œil, membres indispensables à la vie présente, mais qui, par le péché, nous font broncher ou nous privent du salut. La pensée doit s’attacher si fortement à la question de la vie éternelle qu’il faut traiter impitoyablement tout ce qui nous en détourne. Que la main accomplisse des choses répréhensibles, que le pied nous conduise dans un mauvais chemin, que l’œil attache le cœur au mal par la convoitise, malgré toute la peine que coûte une rupture avec des habitudes prises, il faut y renoncer au prix même d’une douloureuse amputation ; car si nous n’avons pas « la vie » en partage pour l’éternité, ce sera « la géhenne, ... le feu inextinguible, là où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas ». Que feront-ils des membres qui les auront perdus, ceux qui seront jetés dans le feu éternel ? Que faire de ses mains, de ses pieds, de ses yeux, dans ce lieu, où tous les objets de convoitise auront disparu devant les conséquences terribles réservées à qui aura préféré la satisfaction d’un jour à son bonheur éternel ? Nous aimons à croire qu’aucun de nos lecteurs ne se privera du ciel pour quelque jouissance passagère que peut lui offrir un monde trompeur. La question de notre salut éternel est d’une importance si capitale qu’il vaut la peine de renoncer sans hésiter à toute occasion de chute pendant que l’on est en chemin, car une fois arrivé au terme, le sort est fixé pour l’éternité. « Si un arbre tombe, vers le midi ou vers le nord, à l’endroit où l’arbre sera tombé, là il sera » (Ecclésiaste 11:3).
Le jugement est une chose certaine pour tous ; Dieu ne peut supporter le mal à toujours : « Chacun sera salé de feu » (v. 49). À ceux qui sont perdus, le jugement éternel échoit en partage. Quant aux croyants, ils ont affaire avec Dieu dans ce monde pour tout ce que Dieu ne peut reconnaître dans leur marche. Dieu commence le jugement par sa maison (1 Pierre 4:17). Le croyant dépend d’un Père qui, « sans acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun » (1 Pierre 1:17). Il doit éviter les occasions de chute pour son propre compte et pour autrui, surtout pour les petits, en veillant à ne pas satisfaire les convoitises de sa chair.
En accord avec le caractère de cet évangile, qui présente le service, il est ajouté : « et tout sacrifice sera salé de sel ». C’est une allusion à Lévitique 2:13 : « Et toute offrande de ton offrande de gâteau, tu la saleras de sel, et tu ne laisseras point manquer sur ton offrande de gâteau le sel de l’alliance de ton Dieu ; sur toutes tes offrandes tu présenteras du sel ». Nous savons, par Romains 12:1, que le croyant doit offrir à Dieu, en reconnaissance de son grand amour, le sacrifice de son corps, c’est-à-dire lui-même, par un dévouement entier pour le Seigneur, ainsi que Christ l’a fait dans son humanité, ce que représente l’offrande de gâteau dans ce passage du Lévitique. Dans le service pour Christ, qui comprend notre vie tout entière, le sel ne doit pas manquer. Le sel, figure de ce qui empêche la corruption, conserve ; c’est cette puissance d’énergie qui garantit nos âmes de tout ce qui gêne nos rapports avec Dieu, et nous empêche d’être détournés de lui, par les choses qui plaisent à la nature, représentées par le miel qui ne devait jamais se trouver dans un sacrifice (Lévitique 2:11). Le croyant est aussi considéré, lui-même, comme le sel de la terre ; Jésus dit : « Le sel est bon ; mais si le sel devient insipide, avec quoi lui donnerez-vous de la saveur ? » (v. 50 ; voir Matthieu 5:13). Dans toute sa marche le chrétien doit réaliser la séparation d’avec le mal, de sorte que sa présence même au milieu du monde préserve de la corruption, s’il est fidèle. S’il met de côté ce qui le rend capable d’être un témoin du Seigneur, comment acquerra-t-il de la saveur ? En Matthieu il est dit d’un tel homme qu’il n’est plus bon à rien qu’à être foulé aux pieds. Avertissement bien solennel !
En terminant, Jésus dit : « Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous » (v. 51). Les disciples entre eux doivent faire usage du sel, afin d’éviter toute la corruption qui se produirait s’ils toléraient ce qui est charnel, dans le but de se plaire les uns aux autres ; cette conduite ne manquerait pas de produire ses fruits, car « celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption » (Galates 6:8). Nous devons poursuivre la paix entre nous, mais pour que la paix soit selon Dieu, il ne faut pas qu’elle se réalise aux dépens de la sainteté. En Hébreux 12:14, nous lisons : « Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté, sans laquelle nul ne verra le Seigneur ».
Nous pouvons résumer ce long chapitre, si rempli d’instructions pratiques, en disant qu’après avoir présenté aux disciples le royaume en gloire par la transfiguration, afin de fortifier leur foi, le Seigneur leur montre le chemin qui y conduit, ainsi que les pensées qui doivent les animer dans ce chemin, quant à Christ et quant à eux-mêmes : ils ont à le servir dans la séparation du mal. La gloire viendra ensuite, alors qu’ils ne seront plus préoccupés d’eux-mêmes, comme ils le sont si facilement, ce en quoi nous ne leur ressemblons que trop.
(v. 1-16). — Jésus et ses disciples quittent la Galilée pour la dernière fois avant la crucifixion, moment bien solennel pour le peuple, s’il s’en était rendu compte, de même que pour les disciples.
Quand ils arrivent aux confins de la Judée, des foules se rassemblent autour de Jésus, et lui, continuant son service de prophète, « les enseignait encore, comme il avait accoutumé » (v. 1). Son amour ne se lassait pas, tant qu’il se trouvait en présence de besoins. Nous, nous aurions pu croire inutile d’enseigner ce peuple, puisqu’il ne voulait rien de lui ; mais le Seigneur jetait une semence que le Saint Esprit ferait germer dans les cœurs et qui porterait du fruit, après sa mort, alors qu’ils comprendraient tous les enseignements de Jésus, ce qui eut lieu tout particulièrement pour les disciples.
Parmi ceux qui écoutaient le Seigneur, il y avait des raisonneurs, des gens religieux, tous remplis de leur propre justice, de ces hommes qui écoutent souvent ceux qui enseignent la vérité, plutôt pour les trouver en défaut que pour apprendre. Ici les pharisiens, attachés à la loi de Moïse, cherchaient à surprendre Jésus en opposition à cette loi. Ils lui demandent s’il est permis à un homme de répudier sa femme. Jésus reconnaît que Moïse avait permis le divorce, mais il ajoute que c’était à cause de la dureté de leur cœur. Le péché, entré dans le monde depuis que Dieu avait créé ces relations, les avait gâtées, et l’égoïsme de l’homme ne voulait pas supporter les conséquences de la chute lorsqu’elles se faisaient sentir dans ces rapports si intimes, car le péché endurcit le cœur. Voilà pourquoi Moïse avait permis cette mesure extrême. Cependant, malgré tout le désordre introduit dans ce que Dieu avait établi, il fallait remonter à l’origine pour avoir la pensée de Dieu, afin de s’y conformer, principe important à retenir pour connaître la vérité à l’égard d’une question quelconque ; il faut revenir à « ce qui était dès le commencement » (1 Jean 1:1 ; 2:24 ; Jérémie 6:16). C’est ce que Jésus enseigne ici : « Mais au commencement de la création, Dieu les fît mâle et femelle : c’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère et sera uni à sa femme, et les deux seront une seule chair... Ce donc que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (v. 6-9). Cette déclaration du Seigneur contient tout ce qu’il y a à savoir sur ce sujet. Le croyant doit s’y conformer. Lorsqu’un enfant de Dieu désire se marier, il faut qu’il ait à faire très sérieusement avec Dieu, qu’il se laisse diriger par lui afin d’être sûr que cet acte, si important pour la vie tout entière, soit accompli « dans le Seigneur », comme le dit Paul (1 Corinthiens 7:39), car le lien du mariage une fois noué ne peut se dissoudre, sauf par la mort.
Il se trouvait aussi dans la foule des personnes qui reconnaissaient en Jésus une source de bénédiction en faveur des petits enfants. Ils lui en apportèrent afin qu’il les touche, chose qui dut être bien agréable au Seigneur, en contraste avec le mépris qu’il éprouvait de la part de ceux qu’il appelait « les sages et les intelligents », auxquels la grâce était cachée à cause de leur incrédulité. Les disciples n’entraient pas dans la pensée de leur Maître. La leçon qu’il leur avait donnée aux v. 36, 37 du chapitre précédent ne leur avait pas profité ; car ils reprenaient ceux qui apportaient ces petits enfants. « Jésus, voyant cela, en fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants ; ne les en empêchez pas, car à de tels est le royaume de Dieu. En vérité, je vous dis : quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point » (v. 14, 15). Les disciples ne considéraient la grandeur et l’importance qu’au point de vue des hommes de la terre, pour qui les petits enfants n’ont pas d’importance, tandis que Jésus appréciait ces petits êtres parce qu’ils recevaient tout naturellement ses paroles et, par là, le royaume de Dieu et y entraient. Aussi l’on comprend que Jésus les aimait, qu’il les attirai à lui, qu’il les donnait comme exemple de ceux qui entraient dans le royaume. Il prit dans ses bras ceux qu’on lui apportait, et posant ses mains sur eux, il les bénit. Aujourd’hui, le Seigneur a les mêmes pensées envers tous les petits enfants et ceux qui leur ressemblent.
(v. 17-27). — Un homme, voyant Jésus qui sortait sur la route, accourut, se jeta à genoux devant lui, et lui dit : « Bon maître, que ferai-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? Et Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu ». Il ignorait la ruine de l’homme et son incapacité d’obtenir la vie par ses propres œuvres ; par conséquent il méconnaissait Jésus et le but de sa venue ici-bas. En l’appelant « bon maître », il ne le saluait pas comme Fils de Dieu, mais comme un homme bon d’entre les fils d’Adam, auquel d’autres et lui-même pouvaient ressembler en devenant bons comme lui. C’est pourquoi Jésus lui répond : « Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu ». Le Seigneur était venu du ciel parce qu’il n’y avait personne de bon sur la terre et que personne ne pouvait hériter de la vie éternelle par ses propres œuvres. Cet homme se trouvait donc en présence de celui qui pouvait répondre à tous les besoins de sa situation. Saurait-il en profiter ? Puisqu’il demandait ce qu’il devait faire, Jésus lui dit : « Tu sais les commandements : Ne commets point adultère ; ne tue point ; ne dérobe point ; ne dis point de faux témoignage ; ne fais tort à personne ; honore ton père et ta mère ». Il répondit : « Maître, j’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse ». On pouvait garder la partie de la loi que citait Jésus ; cet homme l’avait fait ; cependant il n’était pas sûr d’hériter de la vie que la loi promettait. Il était droit, moral ; il y avait en lui des qualités attrayantes, Jésus reconnaissait ce qui restait de bon dans l’humanité qu’il avait créée ; il savait l’apprécier. Il regarda le jeune homme et l’aima ; il savait qu’il disait vrai ; mais les qualités naturelles, de même que tout ce que l’homme dans la chair possède, ne peuvent lui donner la vie et l’amener à Dieu. Jésus lui dit : « Une chose te manque : va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant chargé la croix. Et lui, affligé de cette parole, s’en alla tout triste, car il avait de grands biens » (v. 21, 22). La loi et les biens de ce monde allaient ensemble ; le cœur de l’homme s’en accommodait ; il en jouissait, mais cette jouissance était limitée à la vie présente ; elle ne donnait rien pour l’éternité, ne changeait rien à l’état de l’homme coupable et perdu. Mais Jésus était là pour donner la vie éternelle et la jouissance de biens célestes. Pour les obtenir, il fallait le suivre en renonçant à tout ce qui détourne le cœur du ciel et de Lui-même, en portant sa croix, c’est-à-dire qu’il faut réaliser la mort au monde et à tout ce qui en fait partie.
Le cœur de cet homme, tout aimable qu’il ait été, s’attachait à ses richesses ; il les préférait à Jésus et, sans s’en douter, les préférait au ciel. Il voulait jouir du présent ; mais, en le faisant, il s’exposait à entendre, à bref délai peut-être, la voix de Dieu qui s’adressait en ces termes au riche de la parabole : « Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ces choses que tu as préparées, à qui seront-elles ? » (Luc 12:20). Il s’en alla tout triste, ne pouvant allier le ciel et la terre, Jésus et les richesses ; il garda donc celles-ci et sa tristesse.
Combien de personnes lui ressemblent autour de nous ! Combien seront perdues pour avoir préféré à Jésus, non de grands biens comme cet homme, mais des bagatelles, des vanités, des plaisirs éphémères, auxquels il aurait fallu renoncer ; car le raisonnement du cœur naturel est insensé, considéré à la lumière divine qui projette ses rayons jusque dans l’éternité, afin que nous puissions juger des choses présentes par la vue de celles qui sont à venir, des choses célestes et éternelles. Pour profiter de cette lumière, il faut croire ; il faut se fier à Jésus ; mais naturellement le cœur, incrédule, a peur de Dieu ; il croit que Dieu le trompe, parce qu’il est lui-même trompé par l’Ennemi.
« Jésus, ayant regardé tout à l’entour, dit à ses disciples : Combien difficilement ceux qui ont des biens entreront-ils dans le royaume de Dieu ! » (v. 23). Les disciples s’étonnèrent de cette parole, parce que, sous la loi, selon le gouvernement de Dieu, les richesses faisaient partie des bénédictions accordées aux fidèles ; ils en concluaient que ceux qui en possédaient devaient tout naturellement entrer dans le royaume. Jésus leur répond : « Enfants, combien il est difficile à ceux qui se confient aux richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile qu’un chameau passe par un trou d’aiguille, qu’un riche n’entre dans le royaume de Dieu » (v. 24, 25). La confiance dans les richesses constitue l’obstacle ; ceux qui n’en ont pas ne peuvent y compter ; ils se confient plus facilement en Dieu, se laissent plus facilement attirer vers le Seigneur, quoique Satan sache donner du prix aux choses les plus mesquines de ce monde, afin de détourner, par elles, le cœur des hommes et tout particulièrement ceux que le Seigneur appelle.
De nouveau les disciples s’étonnèrent excessivement et dirent entre eux : « Et qui peut être sauvé ? Et Jésus, les ayant regardés, dit : Pour les hommes, cela est impossible, mais non pas pour Dieu ; car toutes choses sont possibles pour Dieu ». Non seulement l’homme n’est pas bon, mais il ne peut rien faire pour obtenir la vie éternelle. Cette incapacité reconnue et acceptée, Dieu entre en scène et manifeste ses ressources à la foi. Il a tout fait lui-même et tout est grâce pour le pécheur au moyen de la croix. Quelle faveur merveilleuse et quel encouragement dans ces paroles de Jésus : « Toutes choses sont possibles pour Dieu » ! Le cœur, désespéré de son impuissance, trouve en Dieu le pouvoir et le vouloir. Tout le mouvement vient de lui en faveur de notre salut ; il suffit d’écouter, de croire et de suivre Jésus qui est le chemin, la vérité et la vie.
(v. 28-31). — La conduite de Pierre et des autres disciples différait complètement de celle de cet homme, tout aimable qu’il ait été. Aussi Pierre dit au Seigneur : « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi. Jésus, répondant, dit : En vérité, je vous dis : il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs, pour l’amour de moi et pour l’amour de l’Évangile, qui n’en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, maisons, et frères, et sœurs, et mères, et enfants, et champs, avec des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (v. 29, 30). Dieu ne veut pas être redevable à ceux qui se fient à lui, en faisant le sacrifice de ce qu’il y a de plus cher pour le cœur humain ; ceux-là trouveraient déjà ici-bas, au centuple, dans les relations fraternelles et en biens spirituels et éternels, ce qu’ils avaient abandonné, et le don parfait de Dieu au-dessus de toute appréciation : la vie éternelle, cette vie dans la gloire, lorsque tout le présent aura passé. Mais toutes ces choses, que l’on retrouve après en avoir fait le sacrifice pour le Seigneur, vont nécessairement avec des persécutions. On ne peut déplaire au cœur naturel sans en éprouver le mécontentement et même la haine, qui provient, chose triste à dire, de la haine pour Dieu. Cette haine s’est manifestée lorsque Dieu, en Christ, s’est présenté aux hommes dans son amour infini ; mais il faisait briller, en même temps, la lumière qui les jugeait.
Pour tout abandonner et suivre Jésus, il faut avoir vu en lui le Sauveur qui seul peut délivrer du jugement et donner la vie éternelle. Alors sa personne devient l’objet du cœur et on abandonne tout facilement pour lui. L’apôtre Paul estimait comme des ordures les choses qui avaient été un gain pour lui avant qu’il ait vu tout ce qu’il possédait en recevant le Seigneur, lorsqu’il fut arrêté sur le chemin de Damas. Il peut dire : « Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes » (Philippiens 3:8). Seule la connaissance d’un tel Sauveur, de son amour infini qui l’a conduit à la croix pour y endurer le jugement à notre place, peut nous amener à tout sacrifier pour lui, s’il le demande. C’est ce qui eut lieu au temps des persécutions, où les croyants avaient à quitter leurs familles, leurs biens, leur pays, et même à donner leur vie. Si nous ne sommes pas appelés à de tels sacrifices aujourd’hui, nous n’avons pas moins à renoncer à tout ce qui, dans nos cœurs, prend la place qui appartient au Seigneur. Aucun de nous ne devra quitter ce que le Fils de Dieu a dû abandonner pour venir nous sauver ; aucun ne souffrira ce qu’il a souffert pour nous. À côté de son sacrifice, les nôtres sont infimes ; et cependant, si nous en faisons pour lui, il nous rendra au centuple et nous introduira dans la même gloire que lui.
Jésus ajoute : « Mais plusieurs qui sont les premiers seront les derniers ; et les derniers seront les premiers ». Malgré tous les sacrifices que nous ferions et verrions faire à d’autres, pour suivre le Seigneur, nous ne saurions en apprécier nous-mêmes la valeur, car Dieu lit dans les cœurs ; il connaît les motifs qui nous font agir, tandis que nous ne jugeons que de ce qui apparaît, et nous risquons de nous tromper en n’appréciant pas justement. C’est pourquoi certains hommes, estimés les premiers, passeront au dernier rang, et d’autres, que nous considérons comme les derniers, deviendront les premiers, au jour où le Seigneur mettra tout en évidence. Ainsi contentons-nous de suivre Christ par amour pour lui, sans nous préoccuper des récompenses ; au temps convenable, il attribuera à chacun ce qui est juste, selon Sa bonté, sans laquelle nous n’aurions rien.
(v. 32-34). — Jésus avait parlé, déjà plusieurs fois, de ses souffrances et de sa mort. Maintenant il montait à Jérusalem où cette mort l’attendait. Il allait devant ses disciples qui le suivaient stupéfiés et dans la crainte, pressentant, peut-être plus qu’ils ne le croyaient, que leur Maître allait être mis à mort. Jésus veut qu’ils sachent ce qui en était : « Et prenant encore une fois les douze avec lui, il se mit à leur dire les choses qui devaient lui arriver : Voici, nous montons à Jérusalem ; et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et le livreront aux nations, et ils se moqueront de lui, et le fouetteront, et cracheront contre lui, et le feront mourir, et il ressuscitera le troisième jour » (v. 33, 34). Les disciples venaient d’apprendre les avantages, présents et éternels, de ceux qui auraient tout quitté pour suivre Jésus. Ils pensaient nécessairement y avoir part en raison de leur conduite. Mais ils ne pensaient pas que, malgré leur dévouement et leur fidélité à Christ, ils ne pouvaient avoir part à aucune bénédiction dans les cieux ni sur la terre sans la croix où leur Maître subirait la mort, jugement de Dieu, à leur place. C’est pourquoi Jésus tient à placer encore une fois devant eux sa mort et sa résurrection, seul moyen de les introduire dans la gloire à venir, quelque idée qu’ils s’en fassent.
Quel amour infini que celui dont Jésus était l’expression ici-bas ! Cet amour le rendait capable de se diriger vers Jérusalem, à la tête de ses disciples, dont le cœur n’était occupé que de grandeur et de gloire, vers la mort qu’il devait endurer à leur place, mort qui aurait été leur part comme la nôtre sans cet amour infini.
Que tous ceux qui sont sauvés pensent à ce qu’ils doivent à leur Sauveur, pour le suivre et le servir avec dévouement dans le chemin que lui-même leur a tracé, où ils trouveront ses soins de chaque jour, des persécutions, son opprobre, et à la fin la gloire éternelle, sans avoir à passer, comme Jésus, par les terreurs du jugement de Dieu ! Puissions-nous tous dire comme l’apôtre Paul : « Ce que je vis... dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Galates 2:20).
(v. 35-45). — Les souffrances et la mort, vers lesquelles Jésus marchait et dont il venait d’entretenir encore une fois ses disciples, auraient dû remplir de sympathie leurs cœurs et les absorber entièrement dans une sainte émotion quand ils pensaient à leur Maître bien-aimé. Hélas ! il n’en était rien, au moins pour deux d’entre eux. Leur part dans la gloire les absorbe complètement et les empêche de songer aux moyens d’y entrer. Jacques et Jean, apôtres plus tard pleins d’amour et de zèle pour suivre Christ dans le chemin de la souffrance et de la mort, ne pensent qu’à leur propre gloire : ils demandent à Jésus qu’il leur accorde d’être assis dans sa gloire, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Jésus leur répondit : « Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que moi je bois, ou être baptisés du baptême dont moi je serai baptisé ? Et ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Vous boirez bien la coupe que moi je bois, et vous serez baptisés du baptême dont moi je serai baptisé ; mais de s’asseoir à ma droite ou à ma gauche, n’est pas à moi pour le donner, sinon à ceux pour lesquels cela est préparé » (v. 38-40). Jésus leur indique ainsi leur part avant la gloire ; quant aux places qu’ils désirent, elles appartiennent à ceux pour qui elles sont préparées ; lui-même ne peut les donner à d’autres. Avant qu’ils ne les occupent, la coupe des souffrances, qui était la part de Jésus, serait aussi la leur, ainsi que le baptême de la mort ; non pas la mort avec son caractère expiatoire, qui n’appartient qu’à Jésus seul, mais les souffrances et la mort, partage de ceux qui suivent Christ dans son chemin de rejection du monde. Il ne saurait en être autrement, et les apôtres l’ont réalisé avec joie. Paul n’aurait pas voulu autre chose lorsqu’il disait : « Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances... si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Philippiens 3:10, 11). Ce qui doit attirer nos cœurs vers la gloire, c’est Christ ; il n’y a, du reste, pas de gloire sans lui qui en est le centre. Si nos cœurs sont attachés à sa personne en comprenant son grand amour, nous désirerons être avec lui pour jouir de lui-même, et les souffrances que nous rencontrons sur la route, nous les traverserons dans sa communion et dans la puissance que donne la contemplation de sa gloire, au lieu de nous occuper d’une bonne place pour nous-mêmes.
Dans le chemin qui se poursuit à la suite de Jésus, le Père apprécie le renoncement et le service de chacun ; il donnera une place en rapport avec la fidélité montrée à l’égard de son Fils bien-aimé : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12:26). Nous ne pouvons nous-mêmes apprécier justement le service de chacun. Si les disciples avaient compris ce que Jésus leur avait dit au v. 31, ils n’auraient pas prétendu à la première place, car ils ne pouvaient comprendre si d’autres ne l’avaient pas méritée. Grâces à Dieu, nous savons que Jacques et Jean auront une bonne place près du Seigneur ; ils ne seront pas parmi les derniers. Jacques fut le premier des douze qui subit la mort pour son Maître. Jean eut la plus longue carrière au service de celui sur lequel sa tête reposait, la veille de la crucifixion. Dans une autre occasion, Jésus dit aux douze qu’ils seraient assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël (Luc 22:30).
Les dix autres disciples éprouvèrent de l’indignation à l’égard de Jacques et de Jean. Était-ce parce que de telles pensées étaient peu en rapport avec les communications que Jésus venait de leur faire, ou bien pour des motifs intéressés ? Nous ne pouvons en juger. Espérons que la première supposition est exacte.
Jésus appelle ses disciples auprès de lui pour leur enseigner encore la différence entre la grandeur selon l’homme et la grandeur selon Dieu ici-bas. Ceux qui gouvernent les nations ont une autorité à faire valoir ; et, par leur grandeur, certains hommes dominent sur d’autres. C’est ainsi que les choses se passent. « Mais il n’en est pas ainsi parmi vous », dit le Seigneur, « mais quiconque voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et quiconque d’entre vous voudra devenir le premier, sera l’esclave de tous » (v. 42-44). Parmi les gens du ciel, il en est ainsi. Le plus grand de tous ceux qui seront dans la gloire, est celui qui s’est le plus abaissé. « Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux » (Philippiens 2:8-11). Si Jésus a été élevé comme homme à la suprématie universelle et céleste, c’est pour avoir suivi le chemin de l’abaissement, de l’obéissance et de la mort, afin que nous puissions le suivre dans ce chemin qui est celui de la gloire. Convient-il à ses rachetés de dominer, de s’élever, là où leur Seigneur n’a trouvé que l’opprobre et la mort ? La vraie grandeur ne sera-t-elle pas de l’imiter, de s’abaisser, afin de mieux pouvoir servir, en ayant pour modèle le Fils de l’homme qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (v. 45). Si l’on veut occuper une des places que désiraient les fils de Zébédée, on devra, dans ce monde, s’abaisser, afin d’être l’esclave de tous, non seulement de quelque grand personnage — dont le service met en honneur —, mais de tous, de n’importe qui, du plus misérable, du moins attrayant, du plus indigne, comme de chacun. On le fera en étant pénétré de l’esprit du Maître. Voilà la leçon que Jésus donnait à ses disciples sur le chemin qui le conduisait à la croix, et telle il nous la donne aujourd’hui sur le chemin du ciel. Que Dieu nous accorde à tous d’en profiter !
(v. 46-52). — Le chemin qui conduisait à Jérusalem passait à Jéricho. Lorsque Jésus quitta cette ville, suivi par une grande foule, un aveugle, nommé Bartimée, mendiait assis au bord de la route. Ayant entendu dire que Jésus passait, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » Il y avait de la foi chez cet aveugle ; il croyait que Jésus était le Fils de David, quoiqu’on le lui ait présenté sous son nom de mépris, « le Nazarénien ». Mais la foi sait discerner son objet, sous quelque forme qu’il apparaisse. « Plusieurs le reprirent afin qu’il se tût ; mais il criait d’autant plus fort : Fils de David ! aie pitié de moi ». Il se trouve en tout temps des personnes qui cherchent à faire taire les voix qui s’adressent au Seigneur ; mais le sentiment vrai de son état et la certitude que l’on ne fait pas appel en vain à la grâce de Dieu, donnent la force de crier encore plus fort.
Cet appel à Jésus était un double témoignage rendu devant la foule indifférente ; Bartimée déclarait qu’il était le Fils de David et qu’en lui se trouvaient les ressources pour son état. Jésus s’arrêta et commanda qu’on appelle l’aveugle. Ceux qui l’appelèrent lui dirent : « Aie bon courage, lève-toi, il t’appelle. Et jetant loin son vêtement, il se leva en hâte et s’en vint à Jésus ». Si, dans le monde, il y a des personnes qui empêchent d’aller à Jésus, il s’en trouve aussi que le Seigneur charge d’appeler les pécheurs et de les encourager à aller à lui en leur disant : « Il t’appelle ». Lorsqu’un pécheur éprouve quelque besoin dans son cœur, il trouvera toujours en Jésus le désir de lui répondre. Si ces deux désirs se rencontrent, le résultat est certain. Quel encouragement pour celui qui cherche le Seigneur ! À l’appel de Jésus, Bartimée jette loin son vêtement, se débarrasse de tout ce qui peut retarder sa course ; il regarde comme un obstacle son manteau même, pourtant nécessaire à un aveugle mendiant ; il l’abandonne sans calculer, afin de se trouver au plus tôt vers Jésus qui passait pour la dernière fois dans ces lieux. Quel exemple ce pauvre homme ne donne-t-il pas à ceux qui, peu soucieux de leur salut, ne s’inquiètent pas du Sauveur, ne l’appellent pas et se font prier pendant longtemps, de venir à lui. Cependant le temps fuit ; la voix qui appelle se fait entendre, aujourd’hui, peut-être pour la dernière fois.
Jésus dit à Bartimée : « Que veux-tu que je te fasse ? Et l’aveugle lui dit : Rabboni, que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit : Va, ta foi t’a guéri ; et aussitôt il recouvra la vue, et il le suivit dans le chemin » (v. 51, 52). Cette guérison est un exemple de conversion. Là où la foi existe, on entre immédiatement et infailliblement en possession du salut, car le besoin d’être sauvé rencontre en Jésus le besoin de sauver. Allégé de son manteau, sans souci pour la route, guéri de son infirmité, Bartimée peut suivre Jésus qui prendra soin de lui ; il se trouve avec lui sur le chemin qui conduit au ciel. Il en est ainsi de tous ceux qui sont allés au Sauveur avec foi. C’est la première fois dans l’évangile de Marc que Jésus est appelé « Fils de David », tandis que Matthieu le désigne plusieurs fois comme tel. Le fait se comprend, puisqu’en Marc Jésus revêt le caractère de Serviteur et en Matthieu celui de Messie. Mais quoique notre évangile traite du service, ce récit présente Jésus comme Fils de David en relation avec son peuple aveugle, auquel il rend la vue lorsqu’il y a la foi. Dans les trois premiers évangiles, la guérison de Bartimée termine le service public du Seigneur pour montrer que, malgré le triste aveuglement du peuple, là où se trouve la foi au Fils de Dieu, il y a guérison. C’est ce qui aura lieu aux derniers jours avec le résidu juif.
(v. 1-11). — Quoique sur le chemin qui le conduisait à la croix, Jésus devait entrer comme roi à Jérusalem. Dieu voulait qu’il reçoive du peuple le témoignage que ce Jésus rejeté était véritablement son roi, témoignage qui augmentait la responsabilité des Juifs et les laissait sans excuse.
Le récit que fait Marc de cet événement est à peu près semblable à celui de Matthieu, sauf que Matthieu le met en rapport avec le caractère de Jésus comme Messie ; il montre cette entrée royale comme l’accomplissement de la prophétie de Zacharie 9:9, citée en ces termes en Matthieu 21:5 : « Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, débonnaire et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une ânesse ». Si Marc présente Jésus sous le caractère de serviteur et de prophète, il est toutefois roi, et reçoit un témoignage comme tel. « Et comme ils approchent de Jérusalem, de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des Oliviers, il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez au village qui est vis-à-vis de vous ; et aussitôt, en y entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel jamais aucun homme ne s’est assis ; détachez-le, et amenez-le. Et si quelqu’un vous dit : Pourquoi faites-vous cela ? dites : Le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il l’enverra ici » (v. 1-3). Les disciples trouvèrent tout comme le Seigneur le leur avait dit. Ils lui amenèrent donc l’ânon sur lequel ils mirent leurs vêtements, afin que Jésus s’asseye dessus. Plusieurs étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupèrent les rameaux des arbres et les répandirent sur la route, transformée en une voie royale. Ceux qui le précédaient et ceux qui suivaient, formant un cortège triomphal, s’écriaient : « Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le royaume de notre père David, qui vient. Hosanna dans les lieux très hauts ! »
« Hosanna » veut dire, on se le rappelle : « Sauve, je te prie ». C’est la prière que, dans son angoisse, aux derniers jours, le résidu juif présentera au Seigneur pour obtenir sa délivrance. Il dira : « L’Éternel est notre roi ; lui, nous sauvera » (Ésaïe 33:22), et au Psaume 118:25 : « Ô Éternel, sauve, je te prie ». C’est sous l’action de l’Esprit de Dieu, que les disciples et les foules acclamaient Jésus comme roi ; car, peu de temps après, le vide se faisait autour de lui, et, à un moment donné, il n’y eut que l’écriteau de Pilate, sur la croix, qui rendît témoignage à la royauté de Christ, en présence du peuple qui s’était écrié : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ! » (Jean 19:15 et 20).
Arrivé à Jérusalem, Jésus entra dans le temple, « et après avoir promené ses regards de tous côtés sur tout, comme le soir était déjà venu, il sortit et s’en alla à Béthanie avec les douze ». À Béthanie se trouvait la demeure hospitalière de Marthe, de Marie et de Lazare que Jésus avait ressuscité d’entre les morts quelques jours auparavant. Là, à l’écart de la ville orgueilleuse et rebelle, où son arrestation se complotait, Jésus jouissait de la sympathie de cette famille, d’autant plus qu’il sentait la haine des Juifs monter comme une marée qui ne s’arrêterait pas même à la croix. Heureux ceux qui purent offrir, sur cette terre, un asile au Fils de Dieu, inconnu et méprisé parce qu’il était venu pour servir et sauver sa créature pécheresse et perdue !
Aujourd’hui encore, l’occasion se présente de recevoir Jésus méprisé et haï. Pour cela il faut premièrement l’accepter comme Sauveur, ensuite il pourra devenir l’hôte du cœur, apprécié plus que tout ici-bas, puisque lui seul a apporté le repos et la paix à la conscience travaillée et chargée d’une lourde culpabilité. Nous sommes aux derniers jours où Jésus frappe à la porte du cœur ; il veut entrer pour y verser une paix et un bonheur éternels dans la jouissance de sa communion. « Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3:20). Il faut ouvrir la porte de son cœur pendant qu’il en est temps, car le moment s’approche rapidement, où Dieu même fermera une autre porte, celle de la grâce, à laquelle il sera inutile de frapper.
(v. 12-14). — Le lendemain, comme Jésus sortait de Béthanie, il eut faim, et voyant un figuier, il s’en approcha pour voir s’il y trouverait des figues ; mais il n’y vit que des feuilles, « car ce n’était pas la saison des figues ». Voyant cela, il dit : « Que désormais personne ne mange jamais de fruit de toi. Et ses disciples l’entendirent » (v. 14).
Ce figuier est une image de l’homme naturel dont Dieu s’était occupé en s’occupant de son peuple Israël, afin d’en obtenir du fruit (voir Luc 13:6-9). Au lieu de fruit, Dieu n’a pu obtenir qu’une profession extérieure, représentée par les feuilles, car la nature humaine se soumet facilement à l’exercice d’une religion imposée, dont les résultats se manifestent par des changements extérieurs qui peuvent se produire sans la nouvelle naissance ; c’est la religion de la chair, qui n’est pas le fruit que Dieu réclame. Il y a apparence de vigueur, rien de plus. Tel le peuple juif, au temps du Seigneur, pratiquait la loi cérémonielle que Moïse avait donnée ; sa conduite extérieure faisait contraste avec le paganisme qui l’entourait ; les Juifs honoraient Dieu de leurs lèvres ; mais, dit Ésaïe : « Leur cœur est éloigné de moi » (Ésaïe 29:13). Telle est aussi aujourd’hui la chrétienté, civilisée en bonne partie par l’influence de l’Évangile qui a produit chez les hommes des changements avantageux, mais qui ne sont pas les fruits de la vie de Dieu ; en effet cette civilisation avancée et chrétienne rejette Christ. Il y a la forme de la piété, mais on en a renié la puissance qui est Christ lui-même (lire 2 Timothée 3:1-5).
Dieu veut de la réalité, il veut du fruit, si la nature de l’homme en Adam, si Israël favorisé de toutes manières, n’en produit pas, il ne sert à rien ; après un long temps de patience, Dieu le met de côté à cause de sa nature stérile, comme celle du figuier.
Le temps de la loi, durant lequel Dieu s’occupait de l’homme naturel, « n’était pas la saison des fruits » ; la saison des fruits est le temps de la grâce, où le vieil homme a été condamné à la croix et où une nature nouvelle remplace la nature stérile de l’homme en Adam. Le Père peut alors cultiver cette nature et obtenir même « beaucoup de fruit » (Jean 15:8).
Certaines personnes, du fait que l’Évangile dit, au v. 13 : « Car ce n’était pas la saison des figues », concluent que le Seigneur ne devait pas s’attendre à en trouver. Comme nous l’avons vu, le temps dans lequel Dieu a laissé l’homme sous la loi n’était pas la saison du fruit. Cependant Dieu a bien voulu attendre longtemps avant de prononcer son jugement. Pendant ce temps il s’est souvent approché par ses prophètes pour voir s’il trouverait quelque chose, comme Jésus l’a fait avec le figuier ; mais outre cette explication, suffisante pour faire taire tous les raisonnements de l’incrédulité, la nature, dont le Seigneur a tiré tant d’exemples, fournit la preuve que le récit de Marc ne la contredit pas, lorsqu’il nous parle de Jésus s’approchant d’un figuier pour y chercher du fruit hors de la saison des figues. Un chrétien, qui a habité la Palestine pendant plusieurs années, explique que la saison des figues proprement dite dure d’août à octobre ; mais au printemps, saison où nous reporte le récit de l’Évangile, il y a déjà des figues d’une récolte printanière, mûres en juin, que les gens du pays mangent volontiers avant leur maturité, en avril. Mais il arrive quelquefois que des figuiers n’ont aucune de ces figues de la première récolte, tandis qu’ils seront chargés de celles de la seconde, qui est la véritable. C’est ce qui eut lieu avec le figuier dont Jésus s’approcha et qui servit à montrer la stérilité de l’homme naturel pour Dieu. Le même auteur dit que, dans les vallons abrités de la contrée de Béthanie et de Bethphagé (*), on trouve nombre de figuiers précoces et prospères qui ont ordinairement beaucoup de figues de la première récolte, lors même que ce n’est pas ce qu’on appelle « la saison des figues ».
(*) Bethphagé signifie : « Maison des figues » et, selon d’autres, « maison des figues mal mûres ».
Il est bon de se souvenir que, tout étranges que peuvent nous paraître certains faits consignés dans les Écritures, à nous qui vivons dans des pays différents de mœurs et de climat, la Parole ne rapporte jamais des choses fausses. Ce qu’elle dit quant à la nature, aussi bien que lorsqu’elle nous parle de Dieu et de l’homme, est la vérité. Si nous ne comprenons pas, c’est à cause de notre ignorance ; mais nous devons cependant croire.
(v. 15-19). — De retour à Jérusalem, au matin, Jésus entra dans le temple et là il usa de l’autorité d’un roi dans sa maison pour la purifier : « Il se mit à chasser dehors ceux qui vendaient et ceux qui achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes ; et il ne permettait pas que personne portât aucun vase par le temple » (v. 15, 16). Il voulait mettre sa maison en harmonie avec son propre caractère, qui était, selon Ésaïe 56:7, « une maison de prière pour toutes les nations ». De fait elle sera cela dans le règne millénaire, et si le temple d’alors était profané par le commerce que les Juifs y pratiquaient au moment des fêtes, il était cependant la maison de Dieu qui sera réédifiée pour le millénium, alors que les peuples y viendront, chaque année, adorer l’Éternel (voir Zacharie 14:16).
Au temps du Seigneur, les Juifs venaient de toutes parts célébrer la fête de la Pâque ; c’est pourquoi le temple était transformé en marché et bureau de change, afin d’offrir à ceux qui venaient de loin, les victimes dont ils avaient besoin pour sacrifier et de leur permettre de changer leur argent. Aux yeux du Seigneur, c’était « une caverne de voleurs » à cause du commerce qui ne se pratiquait rien moins qu’avec justice. Car si les Juifs se lavaient les mains en revenant du marché, c’était parce qu’ils croyaient se purifier des fraudes et de l’usure avec lesquels ils accomplissaient généralement leurs transactions (Marc 7:4).
La manière d’agir de Jésus excita la haine des principaux sacrificateurs et des scribes qui cherchèrent comment ils le feraient mourir. Cependant ils n’osaient pas agir ouvertement à cause de la foule que la doctrine de Jésus étonnait et qui, plus accessible aux enseignements du Seigneur que les scribes et les pharisiens, paraissait avoir la conscience atteinte. Hélas ! la crainte des chefs ne put pas longtemps retenir leur haine contre Christ, et les foules même se trouvèrent sous l’influence de leurs conducteurs pour crier quelques jours plus tard : « Crucifie-le » (Marc 15:8-15). Tel est le cœur de l’homme, facilement influencé et toujours ennemi de la vérité et de la lumière que Dieu apporte sur son état.
Le soir venu, Jésus quitta de nouveau Jérusalem.
(v. 20-26). — Le lendemain, comme Jésus et les siens se dirigeaient vers Jérusalem par le même chemin que la veille, les disciples remarquèrent que le figuier stérile avait séché jusqu’à sa racine ; se souvenant de ce qui s’était passé, Pierre dit à Jésus : « Rabbi, voici, le figuier que tu as maudit est sec ». Le jugement prononcé par le Seigneur avait produit son effet, désormais aucun fruit ne sortirait de cet arbre. Comme nous l’avons déjà vu, c’est une figure du jugement porté par Dieu sur notre nature pécheresse et qui, pour la foi, a été exécuté sur Christ à la croix.
C’est très humiliant pour l’homme naturel, doué de brillantes facultés qui le rendent capable d’émerveiller le monde par sa science et son génie, d’accepter que, aux yeux de Dieu, il est un arbre sec, incapable de porter du fruit pour le ciel, et auquel Dieu n’en demande plus et ne s’adresse que pour lui offrir le salut en croyant sa Parole comme un petit enfant ; il pourra alors entrer, par la foi, dans une nouvelle condition devant Dieu, dans laquelle il lui sera agréable et portera du fruit pour l’éternité. Mais refuser de se soumettre à l’appréciation que Dieu donne de l’homme naturel, incapable et incorrigible, c’est s’exposer à demeurer éternellement sous les conséquences de ses péchés.
Jésus répondit à Pierre : « Ayez foi en Dieu. En vérité, je vous dis que quiconque dira à cette montagne : Ôte-toi, et jette-toi dans la mer, et qui ne doutera pas dans son cœur, mais croira que ce qu’il dit se fait, tout ce qu’il aura dit lui sera fait. C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevez, et il vous sera fait » (v. 23, 24). Si donc il n’y a ni ressource, ni capacité en l’homme, tout se trouve en Dieu : « Ayez foi en Dieu », c’est ce que l’on trouve au Psaume 11:3, 4 : « Si les fondements sont détruits, que fera le juste ? L’Éternel est dans le palais de sa sainteté ». Les disciples auront besoin des ressources divines pour continuer leur service, auquel tout se rapporte dans ce livre. Israël déchu, mais affirmant ses prétentions d’être le vrai peuple de Dieu, s’opposera à eux comme une montagne, emblème d’une grande puissance terrestre, avec laquelle ils se trouveront aux prises lorsque Jésus ne sera plus avec eux. Alors ils ne devront dépendre que de Dieu, sans se préoccuper des hommes, pour accomplir leur tâche. Tout ce qui aura le caractère d’une montagne ou d’un obstacle quelconque, disparaîtra dans la mer (*). Dans le livre des Actes, nous voyons les apôtres réaliser cette foi en Dieu, ne craignant que lui, lorsque Pierre et Jean répondent aux chefs des Juifs : « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu » (Actes 4:19). La puissance menaçante d’un Israël jugé et sec jusqu’à la racine n’effrayait point ceux qui avaient foi en Dieu, et ainsi leur ministère put s’accomplir. La foi en Dieu se manifeste par la prière ; c’est en dépendant de lui en toute confiance que l’on peut user de sa puissance pour le servir, quel que soit ce service. Il faut demander avec foi, en croyant que nous recevrons ce que nous demandons. Jacques dit : « Qu’il demande avec foi, ne doutant nullement » (1:6). Il faut aussi, avec la foi, un état d’âme qui permette de compter sur Dieu. C’est pourquoi Jésus dit : « Et quand vous ferez votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui, afin que votre Père aussi, qui est dans les cieux, vous pardonne vos fautes. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne pardonnera pas non plus vos fautes » (v. 25, 26). Le pardon dont il est question ici, est ce qu’on appelle « pardon gouvernemental ». Ce n’est pas le pardon des péchés, que Dieu accorde une fois pour toutes à celui qui croit au sacrifice de Christ. Mais Dieu, dans son gouvernement, prend connaissance de la conduite des siens et agit en conséquence envers chacun. Il ne peut supporter le mal dans nos voies, et, si nous le commettons, nous devons en porter les conséquences. Mais, là encore, Dieu agit en grâce, et si nous confessons nos fautes, il pardonne. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Par conséquent Dieu veut que nous nous pardonnions les uns aux autres, sans cela il ne pourra nous pardonner, ni exaucer nos prières. Nous ne pensons pas toujours que notre raideur vis-à-vis de ceux qui peuvent nous avoir lésés, notre manque de grâce, aient de si graves conséquences. Il est bon de s’habituer dès sa plus tendre enfance à pardonner à ceux qui nous font tort, et aussi à demander pardon à ceux que nous avons offensés, en nous souvenant que c’est par pure grâce que Dieu nous a pardonné et que jamais nos semblables ne peuvent nous avoir offensés autant que nous avons offensé Dieu.
(*) Israël, comme peuple, ayant continué de s’opposer à Dieu après la mort de Christ, fut « jeté dans la mer » des peuples, dispersé parmi les nations.
(v. 27-33). — Jésus et ses disciples viennent encore dans le temple où ils trouvent les sacrificateurs, les scribes et les anciens. Froissés dans leur orgueil par l’autorité avec laquelle Jésus avait purifié le temple de tout le commerce qui s’y pratiquait, ceux-ci s’approchent du Seigneur et lui disent : « Par quelle autorité fais-tu ces choses ? » Ils essaient de contester la validité indiscutable de l’autorité de Jésus, ne voulant pas admettre qu’elle venait de Dieu. À son tour, Jésus leur adresse une question pour leur faire sentir leur incompétence à le juger, et aussi leur misérable état : « Je vous demanderai, moi aussi, une chose, et répondez-moi ; et je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, était-il du ciel ou des hommes ? répondez-moi » (v. 29, 30). S’ils répondaient : du ciel, ils étaient condamnés, parce qu’ils avaient repoussé Jean ; en même temps ils devaient reconnaître que l’autorité de Jésus était de source divine, aussi bien que le baptême de Jean. S’ils disaient : des hommes, ils craignaient la foule qui estimait Jean comme un prophète. Les malheureux préfèrent paraître ignorants que de s’avouer en faute ; ils répondent à Jésus : « Nous ne savons. Et Jésus leur dit : Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais ces choses ».
Si l’homme raisonne avec Dieu, c’est parce qu’il refuse de croire et qu’il veut justifier son mauvais état en cherchant à trouver Dieu en défaut. Que Dieu nous donne à tous de le croire en toute simplicité, afin d’acquérir cette sagesse divine avec laquelle Jésus réduisait au silence tous les raisonneurs de son temps, lui dont il avait été dit : « Tes commandements m’ont rendu plus sage que mes ennemis, car ils sont toujours avec moi » (Psaume 119:98). Nous vivons dans des temps où il y a beaucoup de raisonneurs ; gardons-nous de raisonner sur les choses de Dieu : elles sont pour la foi, et la foi des petits enfants.
(v. 1-12). — Dans cette parabole, Jésus place devant les Juifs toute la conduite d’Israël depuis son origine jusqu’au rejet du Seigneur. Israël a été plus d’une fois comparé à une vigne dans l’Ancien Testament. « Car la vigne de l’Éternel des armées est la maison d’Israël, et les hommes de Juda sont la plante de ses délices » (Ésaïe 5:7 ; voir aussi v. 1-6). Le Psaume 80 en parle également. Dieu en attendait du fruit et, comme nous l’avons vu avec le figuier, il n’en a point obtenu, sinon de mauvais (Ésaïe 5:2). Ce que le Seigneur met en relief dans cette parabole, ce n’est pas la stérilité de la vigne, mais la culpabilité du peuple, et tout particulièrement des chefs, les cultivateurs, ceux qui portaient une responsabilité.
Après avoir fait tout le nécessaire pour que sa vigne produise du fruit, le maître de la vigne, Dieu, envoya ses esclaves, les prophètes, qui, durant des siècles, ont rappelé Israël à l’obéissance due à l’Éternel. Nous lisons en 2 Chroniques 36:15 : « Et l’Éternel, le Dieu de leurs pères, envoya vers eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il avait compassion de son peuple et de sa demeure. Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles, et se raillaient de ses prophètes ». Comme première conséquence de ce mépris, Dieu avait exilé les dix tribus en Assyrie, et plus tard il livra Juda à la captivité de Babylone, d’où il ramena un résidu : le peuple qui habitait la Palestine au temps de Jésus et auquel Dieu présenta son propre Fils. « Ayant donc encore un unique fils bien-aimé, il le leur envoya, lui aussi, le dernier, disant : Ils auront du respect pour mon fils. Mais ces cultivateurs-là dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous. Et l’ayant pris, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne » (v. 6-8). Il ne restait plus d’espoir ; la patience de Dieu avait pris fin ; le Fils bien-aimé était le dernier essai ; il n’y avait plus de ressources ; le jugement devait suivre infailliblement. La présentation du Fils unique de Dieu aurait dû toucher le cœur de ces cultivateurs ; mais leur haine pour Dieu et leur égoïsme leur ôtaient toute capacité de comprendre la bonté de Dieu et ce qui lui était dû. Non seulement ils refusent le fruit, mais ils veulent l’héritage et tuent l’héritier. L’injustice, le vol et le meurtre les caractérisent dès lors. « Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr les cultivateurs et donnera la vigne à d’autres » (v. 9). Quarante ans après la mort de Jésus, les Romains détruisirent Jérusalem et dispersèrent les Juifs parmi les nations. Comme peuple, Dieu les a abandonnés et s’est suscité un autre témoignage, l’Église, jusqu’au moment où Israël sera reçu à nouveau sur le pied de la grâce. C’est ce que veut dire : Il « donnera la vigne à d’autres ». Hélas ! à son tour, l’Église a été infidèle et le jugement de Dieu l’atteindra lorsque la vraie Église sera enlevée au ciel.
Jésus cite aux Juifs une parole des Écritures pour leur montrer leur responsabilité à un autre point de vue : « La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin ; celle-ci est de par le Seigneur, et est merveilleuse devant nos yeux » (Psaume 118:22, 23). L’incapacité de l’homme et les mauvaises dispositions de son cœur envers Dieu sont pleinement mises en lumière par ces passages et par la parabole que Jésus adressait aux conducteurs des Juifs. Dieu leur envoie son Fils unique bien-aimé : ils le tuent, après lui avoir refusé le fruit de sa vigne et avoir maltraité ses serviteurs. Dieu les considère comme des bâtisseurs qui devaient connaître la valeur de la pierre angulaire qu’il appréciait ; ils n’ont vu en elle aucune beauté, ils n’ont pas compris que c’est sur elle que reposait tout l’édifice des bénédictions auxquelles ils prétendaient avoir part.
Au commencement du ministère de Jésus, le ciel s’ouvre et Dieu fait entendre sa voix, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». L’homme dit : « Il n’a ni forme, ni éclat, quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer » (Ésaïe 53:2). Il était cependant le nourrisson de Dieu, l’objet de ses délices éternelles (Proverbes 8:30). Il n’existe donc aucun point de contact entre les pensées de Dieu et celles des hommes ; s’il y en avait, elles se seraient rencontrées au sujet de la personne du Fils de Dieu. C’est justement la présentation de Jésus qui a soumis le cœur de l’homme à la dernière épreuve ; aussi le Seigneur dit en Jean 15:24 : « Maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père ». Il importe de retenir cette triste constatation, qu’il n’y a aucun point de contact entre le cœur de l’homme et Dieu ; car, de nos jours, on enseigne, plus que jamais, que l’homme est susceptible d’être amélioré, qu’il y a en lui quelque chose de divin qui ne demande qu’à être cultivé, etc. Si cela était, Dieu l’aurait fait ; il n’eût pas été nécessaire qu’il envoie son Fils ; Jésus n’aurait pas dit à Nicodème : « Il vous faut être nés de nouveau ».
Les chefs du peuple comprirent que Jésus parlait d’eux ; aussi ils cherchèrent à se saisir de lui ; mais craignant la foule, ils le laissèrent et s’en allèrent. Triste détermination que celle de quitter le Seigneur, d’abandonner le seul moyen de salut, de bénédiction pour le temps et l’éternité, parce qu’il ne répondait pas à leurs propres pensées, et de choisir les ténèbres et la mort pour leur part éternelle.
Qui voudrait, en présence de la lumière que le Seigneur a fait briller ici-bas, par sa venue, le laisser pour suivre les pensées des hommes et les inclinations de son propre cœur vers les choses périssables de ce monde, pour s’égarer dans le chemin de l’éternelle perdition ?
(v. 13-17). — Les chefs des Juifs, réduits au silence par Jésus (v. 27 à 33 du chapitre précédent) et atteints dans leur conscience par la parabole de la vigne, « envoient quelques-uns des pharisiens et des hérodiens pour le surprendre dans ses paroles. Et étant venus, ils lui disent : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t’embarrasses de personne ; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu avec vérité. Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? Payerons-nous, ou ne payerons-nous pas ? » (v. 14). La question leur paraissait habile ; mais ils avaient à faire avec celui qui prend « les sages dans leur ruse » (Job 5:13). Connaissant leur hypocrisie, il leur dit : « Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, que je le voie. Et ils le lui apportèrent. Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Et ils lui dirent : De César. Et Jésus, répondant, leur dit : Rendez les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu ! » (v. 15-17). Combien il est vrai que la sagesse des hommes est folie pour Dieu ! Le moyen de trouver Jésus en défaut pouvait paraître habile, car les pharisiens et les hérodiens formaient deux classes de personnes aux principes fort différents ; les premiers, ennemis des Romains, travaillaient au maintien des traditions et de leur religion, tandis que les derniers, partisans des Romains, tenaient fort peu au judaïsme. En conséquence, quelque réponse que Jésus leur ait donné, ils estimaient le prendre en défaut, car, s’il était le Messie, il ne pouvait reconnaître César et ses droits sur le peuple de Dieu. Et s’il refusait de payer le tribut il s’opposait à la domination romaine et les hérodiens le condamnaient. Mais Jésus était celui dont ils disaient avec hypocrisie, qu’il enseignait « la voie de Dieu avec vérité ». Par leur propre faute les Juifs se trouvaient sous le joug des Romains ; ils devaient l’accepter et en porter les conséquences dans la soumission à l’autorité établie de Dieu sur eux ; d’autre part, ils devaient reconnaître les droits de Dieu et lui rendre ce qui lui était dû : rendre « les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu ». Dans leur mauvais état, ils se montraient aussi peu disposés à faire une chose que l’autre.
L’enseignement divin demeure le même pour nous aujourd’hui ; nous avons à nous soumettre à l’autorité qui existe, car l’autorité est de Dieu, mais à rendre à Dieu ce qui lui est dû, savoir notre vie tout entière.
(v. 18-27). — Les sadducéens, une autre classe des Juifs, se présentent à Jésus, pensant le confondre avec une question touchant la résurrection, vérité à laquelle ils ne croyaient pas. Ils lui citent une ordonnance de Moïse, d’après laquelle, si un homme mourait sans enfants, son frère devait épouser la veuve, afin de lui susciter une postérité. Ces incrédules supposent le cas de sept frères qui moururent les uns après les autres sans avoir laissé de postérité, en ayant tous eu la même femme. Ils demandent à Jésus lequel des sept sera le mari de cette femme à la résurrection, puisque les sept l’ont eue. Jésus leur répondit : « N’est-ce pas à cause de ceci que vous errez, c’est que vous ne connaissez pas les Écritures, ni la puissance de Dieu ? Car, quand on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie, ni on n’est donné en mariage, mais on est comme des anges dans les cieux ». Les relations naturelles font partie de la création où nous nous trouvons ; dès qu’on la quitte pour le ciel, les relations instituées pour la terre disparaissent. La résurrection mettra le croyant en possession d’un corps spirituel, corps qui conviendra à la vie divine qu’il possède déjà maintenant et en rapport avec la gloire céleste, par conséquent ce corps n’aura rien à faire avec les lois et les institutions de la première création. Dans ce sens nous serons comme les anges qui sont dans les cieux, chose importante à retenir, car beaucoup de personnes pensent retrouver au ciel les relations de famille dont la mort les a privées ici-bas. Si elles ne se retrouvent pas, c’est parce que nous aurons infiniment mieux que cela. Nous connaîtrons ceux que nous n’avons pas connus ici-bas et nous nous reconnaîtrons certainement, pour jouir ensemble de Christ, de ses gloires et de l’amour infini de Dieu que nous comprenons si peu aujourd’hui, dans un bonheur parfait qui ne laissera de place pour aucune autre chose. « Car les premières choses sont passées » (Apocalypse 21:4). Voilà donc ce qui en sera de ceux qui auront part à la première résurrection.
Quant à la résurrection des morts, Jésus leur dit : « N’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au titre : « Du buisson », comment Dieu lui parla, disant : « Moi, je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob » ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes donc dans une grande erreur » (v. 26, 27). Lorsque Moïse se détourna pour voir le buisson ardent (Exode 3:1-6), du milieu duquel Dieu lui parlait, il y avait longtemps qu’Abraham, Isaac et Jacob étaient morts, cependant l’Éternel s’appelle leur Dieu ; il était, à ce moment-là, leur Dieu aussi bien que lorsqu’ils étaient sur la terre, preuve que pour Dieu ils vivaient, car il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Puis Dieu leur avait fait des promesses non encore accomplies. Ils devaient nécessairement ressusciter pour en jouir. Dans sa sagesse, Jésus leur cite cette preuve de la résurrection tirée des livres de Moïse, les seuls que les sadducéens admettaient, car d’autres portions de l’Ancien Testament leur en auraient fourni.
Nous voyons combien il faut peser toutes les expressions des Écritures, pour en tirer les enseignements qu’elles contiennent, à première vue, nous n’aurions pas pensé qu’une des preuves de la résurrection se trouve dans le fait que Dieu s’appelle le Dieu de personnes qui ne sont plus sur cette terre.
(v. 28-34). — Un scribe, voyant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s’approcha de lui et lui demanda lequel était le plus grand de tous les commandements. Cette question n’avait pas le caractère insidieux des précédentes, elle provenait du véritable intérêt que ce scribe prenait à la chose, d’autant plus que les pharisiens estimaient qu’il y avait plus de mérite à accomplir certains commandements que d’autres. Cependant celui qui enfreignait un des commandements se rendait coupable à l’égard de tous, parce qu’il méconnaissait l’autorité de Dieu en désobéissant aux uns comme aux autres. « Et Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée, et de toute ta force ». C’est là le premier commandement. Et le second lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-ci » (v. 29-31). Jésus ne cite pas les dix commandements, mais l’essence de la loi, ce qui en rendait impossible l’accomplissement, parce que l’amour était exigé et le cœur de l’homme ne peut le produire sans la vie de Dieu. Jésus vint manifester l’amour pour Dieu et pour l’homme dont il s’était fait le prochain ; il dépassait infiniment ce que la loi exigeait. Jésus a aimé son prochain plus que lui-même, puisqu’il est mort pour le sauver. Une fois né de nouveau, le croyant a pour commandement la vie de Jésus tout entière, vie qui avait Dieu pour objet, car Jésus faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père ; il vivait entièrement pour lui. La loi se résumait donc ainsi : n’avoir qu’un seul Dieu, l’aimer d’une manière absolue, et aimer son prochain comme soi-même. Si on aime Dieu, on lui obéira ; si l’on aime son prochain, on ne le tuera pas, on ne le volera pas, etc. L’apôtre Paul dit : « L’amour ne fait point de mal au prochain, l’amour donc est la somme de la loi » (Romains 13:10).
Le scribe répondit à Jésus : « Bien, maître, tu as dit selon la vérité, car il y en a un, et il n’y en a point d’autre que lui ; et que de l’aimer de tout son cœur, et de toute son intelligence, et de toute son âme, et de toute sa force, et d’aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et les sacrifices. Et Jésus, voyant qu’il avait répondu avec intelligence, lui dit : Tu n’es pas loin du royaume de Dieu » (v. 32-34). Ce scribe comprenait la pensée de Dieu dans la loi, et il n’était pas loin de la recevoir quant au royaume, en voyant en Jésus la parfaite expression de la pensée de Dieu. Dès lors personne n’osait plus l’interroger ; toutes les classes des Juifs avaient passé devant lui et avaient eu la bouche fermée.
(v. 35-40). — Maintenant c’est au tour de Jésus de mettre à l’épreuve ses interrogateurs. Comme il était dans le temple, il dit : « Comment disent les scribes que le Christ est fils de David ? car David lui-même a dit par l’Esprit Saint : « Le Seigneur a dit à mon seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour marchepied de tes pieds ». David lui-même donc l’appelle seigneur ; et comment est-il son fils ? » (v. 35-37). Question embarrassante, à laquelle nul n’a répondu. La généalogie donnée par Matthieu et par Luc prouve que Jésus était bien fils de David selon la chair, mais le Psaume 110, cité par Jésus, le montre dans la gloire, Seigneur de tout, en attendant que tout lui soit soumis. Jésus allait être rejeté et prendre place comme Fils de l’homme à la droite de Dieu, en attendant de faire valoir ses droits sur Israël et sur toute la terre. Le fait que Jésus était vu comme Seigneur de David impliquait son rejet, puisqu’il est assis à la droite de Dieu en attendant le jugement de ceux qui ne l’ont pas voulu comme roi. Ce Jésus méprisé était Seigneur de David, quoique son fils selon la chair ; il est le Fils de Dieu, et il est le Fils de l’homme, héritier de toutes choses. Personne ne pouvait lui répondre ; mais la foule prenait plaisir à l’entendre. Nous aimons à espérer que de ces gens qui l’admiraient et l’écoutaient, un grand nombre eurent le cœur préparé, par les paroles de Jésus, à prêter l’oreille au témoignage rendu par les disciples après l’ascension de Christ et que les trois mille personnes converties à la prédication de Pierre en faisaient partie.
Dans ce qui suit (v. 38-40), Jésus démasque l’hypocrisie des scribes, à la recherche des honneurs de ce monde, et qui usaient de leur situation religieuse en vue de leur profit matériel. Ils aimaient se faire voir, ils recherchaient les salutations dans les places publiques, les premiers sièges dans les synagogues, les premières places dans les repas ; ils dévoraient les maisons des veuves et, pour se couvrir, ils offraient de longues prières. Comme beaucoup le firent plus tard dans l’Église, ils estimaient que la piété est une source de gain (1 Timothée 6:5), péché qui n’a que trop caractérisé certain clergé, mais qui est bien éloigné de l’esprit du Serviteur parfait, venu ici-bas dans le renoncement et le dévouement absolu, lui qui a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis (2 Corinthiens 8:9). Jacques dit, en parlant du service religieux : « Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci : de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde » (Jacques 1:27).
(v. 41-44). — En contraste avec la conduite de ces scribes, Jésus observait une pauvre veuve, au milieu de tous ceux qui jetaient de l’argent au trésor du temple. Des riches y mettaient beaucoup, mais cette veuve y jeta deux pites, petites pièces de cuivre qui ne valaient guère plus d’un sou de notre monnaie. Comme valeur matérielle, c’était peu de chose ; mais, selon l’estimation du Seigneur, c’est elle qui avait mis le plus. « En vérité », dit Jésus, « je vous dis que cette pauvre veuve a plus jeté au trésor que tous ceux qui y ont mis ; car tous y ont mis de leur superflu, mais celle-ci y a mis de son indigence tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance » (v. 43, 44).
Cette appréciation du Seigneur constitue un précieux encouragement pour ceux qui ne peuvent pas donner beaucoup. Si les riches avaient donné autant que cette femme, ils auraient donné tout leur avoir. On voit au commencement de l’Assemblée, dans les Actes des apôtres, que les choses se passaient ainsi sous la première et puissante influence de l’Esprit de Dieu (Actes 4:34, 35). Les choses ont vite changé, mais si l’amour de Dieu remplit nos cœurs et les gouverne, rien ne sera trop pour le Seigneur, il nous enseigne ce que nous pourrons faire pour lui, et nous sommes certains que jamais il ne nous sera redevable. Au reste, dans quelque position que nous nous trouvions, nous ne pouvons offrir à Dieu que ce qu’il nous a donné, et dans sa grande bonté il veut encore nous récompenser pour la manière dont nous aurons été les dispensateurs de ses biens.
Puissions-nous mieux comprendre que ce que nous devons au Seigneur, ce ne sont pas seulement des dons, mais nous-mêmes ! Nous sommes exhortés à offrir nos corps en sacrifice vivant à Dieu (Romains 12:1) et à mettre nos vies pour nos frères (1 Jean 3:16, 17). Dieu apprécie tout à la mesure du sanctuaire, et le manifestera au jour de Christ. En attendant, souvenons-nous que le Seigneur regarde, aujourd’hui comme alors, à la manière dont nous mettons nos biens et nos corps à sa disposition.
(v. 1-4). — En sortant du temple, un des disciples fit remarquer à Jésus les immenses pierres et les bâtiments qui composaient cet édifice, dont la grandeur imposante faisait penser à une durée perpétuelle. « Jésus, répondant, lui dit : Tu vois ces grands bâtiments ? il ne sera point laissé pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas ! » Jésus et les siens continuèrent leur chemin hors de Jérusalem, descendant dans la vallée du Cédron, pour remonter sur la montagne des Oliviers. Arrivés là, ils s’assirent, ayant en face d’eux les bâtiments du temple. Préoccupés par la réponse du Seigneur, Pierre, Jacques, Jean et André, lui demandèrent en particulier : « Dis-nous quand ces choses auront lieu, et quel sera le signe quand toutes ces choses devront s’accomplir ». L’Esprit de Dieu, dans notre évangile, fidèle au but qu’il s’est proposé, de faire ressortir ce qui a trait au service, ne rappelle de cet entretien que ce qui se rapporte au ministère futur des disciples ; c’est pourquoi, il y a moins de détails que dans le sujet correspondant en Matthieu, où il est question plutôt du Messie et de l’établissement du royaume. Ici, tout est plus bref, plus simple, approprié au but que Dieu a en vue.
Dans sa réponse, Jésus donne aux disciples les enseignements et les avertissements qui leur seraient utiles depuis le moment où il les aurait quittés jusqu’à son retour en gloire. Tout ce qu’il leur dit est en relation avec les Juifs et l’établissement du règne, mais exprimé de manière à s’appliquer au ministère que les apôtres ont accompli aussitôt après l’ascension du Seigneur, aussi bien qu’à celui qui sera repris au milieu des Juifs après l’enlèvement de l’Église. L’Église et son histoire occuperont les siècles qui séparent ces deux événements. Nous nous y trouvons encore aujourd’hui ; ces passages n’en parlent pas, ni aucune prophétie de l’Ancien Testament, comme nous avons eu souvent l’occasion de le constater. Le service des apôtres au milieu des Juifs depuis l’ascension du Seigneur s’est continué en faveur de l’Église, puisque les Juifs n’ont pas mieux écouté les apôtres qui leur présentaient leur Messie monté au ciel, qu’ils ne l’avaient écouté lui-même. Lorsque Dieu s’occupera à nouveau de son peuple terrestre, les disciples qui s’élèveront du milieu des Juifs, rentrés en Palestine, seront heureux de trouver dans ce chapitre, comme en Matthieu et dans d’autres passages, les enseignements que Jésus a donnés à leur intention. Le Seigneur divise en deux parties le temps pendant lequel leur témoignage serait rendu. La première comprend la période qui s’écoule depuis son départ jusqu’à l’établissement de l’idole dans le temple à Jérusalem (v. 5-13), et la seconde part de ce moment pour aller jusqu’à l’avènement de Christ (v. 14-27).
(v. 5-13). — Jésus commence par mettre en garde ses disciples contre les séducteurs qui, en ces temps de troubles, se présenteront en son nom, prétendant chacun être le Messie, afin de les détourner de la fidélité dans l’attente du Christ. Lorsque le Seigneur viendra, personne ne pourra se méprendre, car sa venue se fera alors avec éclat (v. 26). Pendant ces temps-là, il y aura « des guerres et des bruits de guerres », occasionnés par tous les préparatifs belliqueux entre nations au sujet des Juifs, soit pour les défendre, soit pour les assaillir ; toutes marcheront « contre l’Éternel et contre son Oint » (Psaume 2:2). Il se produira des tremblements de terre en divers lieux, des famines et des troubles. Mais tout effrayants que soient ces événements, ce ne seront que « des commencements de douleurs ». En ce qui concerne les serviteurs du Seigneur, on les livrera « aux sanhédrins et aux synagogues » ; on les battra ; on les traduira devant les magistrats et les rois pour le nom de Christ, « pour leur servir de témoignage ». Ces choses-là sont arrivées aux disciples auxquels Jésus s’adressait ; c’est ce que nous lisons dans le livre des Actes, et cela arrivera à ceux qui leur succéderont dans l’avenir.
Avant la fin encore, il faut que l’Évangile soit prêché à toutes les nations. L’Évangile de la grâce l’a été par les apôtres, et l’Évangile du royaume le sera dans ces temps-là. Le Seigneur exhorte les disciples à ne pas se préoccuper de ce qu’ils auront à dire lorsqu’on les livrera aux autorités, car tout leur sera donné à l’heure même par le secours de l’Esprit Saint. Les témoins de tous les temps en ont fait l’expérience. De tout jeunes gens ont rendu témoignage avec une puissance et une sagesse vraiment divines lors des persécutions, en présence d’ennemis qui usaient d’artifices diaboliques pour les embarrasser. Chaque fois que nous sommes appelés à rendre témoignage à la vérité, nous pouvons compter sur les mêmes ressources.
La puissance du mal sera si grande en ces jours-là, comme elle l’a été dans toutes les persécutions, que les liens naturels ne garantiront aucun membre de la même famille contre la haine des persécuteurs. « Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant » dit Jésus ; « et les enfants s’élèveront contre leurs parents et les feront mourir ; et vous serez haïs de tous à cause de mon nom, et celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé ». Ceux qui demeureront fidèles au travers de ces circonstances si pénibles, sans se laisser détourner ni par la subtilité de leurs ennemis, ni par les peines à endurer, arriveront au temps de la délivrance que le Seigneur introduira par sa venue.
Apprécions la grâce qui nous est accordée de vivre dans des jours où nous pouvons rendre témoignage au sein de nos familles, au milieu des hommes, sans endurer la persécution, en attendant la délivrance par la venue du Seigneur qui peut avoir lieu d’un moment à l’autre, pour prendre à lui ceux qui sont sauvés. Une question se pose à chacun des rachetés : « Comment rendons-nous témoignage à Celui qui nous a sauvés ? De quelle manière profitons-nous des temps paisibles que Dieu nous accorde pour le servir ? »
(v. 14-27). — Il arrivera un moment où il ne sera plus possible de rendre témoignage en Judée, les fidèles devront fuir lorsqu’ils verront l’idolâtrie établie dans le temple à Jérusalem. Jésus l’annonce à ses disciples en disant : « Et quand vous verrez l’abomination de la désolation établie où elle ne doit pas être (que celui qui lit comprenne), alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes ; et que celui qui est sur le toit ne descende pas dans la maison, et n’y entre pas pour emporter quoi que ce soit hors de sa maison, et que celui qui est aux champs ne retourne pas en arrière pour emporter son vêtement » (v. 14 à 16). À ce moment-là, l’ensemble du peuple juif aura apostasié, c’est-à-dire qu’il aura rejeté Dieu comme objet de son culte, pour adorer une idole ou abomination, placée dans le lieu saint (voir Daniel 12:11). L’Antichrist ou roi des Juifs et son allié, le chef de l’Empire romain, exerceront en toute liberté un pouvoir satanique, presque illimité, contre ceux qui refuseront de se soumettre au nouveau culte (Daniel 7:21 et 25 ; 11:36-39). C’est pourquoi, pendant ce temps, qui durera trois ans et demi, les fidèles ne pourront résister ; ils devront fuir pour sauver leur vie. Il ne restera à Jérusalem qu’un petit témoignage représenté par les deux témoins du chapitre 11 de l’Apocalypse, qui seront mis à mort à la fin de ces jours terribles, mais pour ressusciter au bout de trois jours et demi et monter au ciel sous les yeux mêmes de leurs ennemis.
La puissance persécutrice de l’Antichrist et de la bête romaine éclatera de façon si imprévue, au moment où, publiquement, l’idole remplacera Dieu dans son temple, que les fidèles sont avertis de ne pas perdre un instant, même pour emporter les choses les plus nécessaires, vêtements ou quoi que ce soit, qu’ils n’auraient pas sous la main. Le Seigneur pense à tout ce qui pourrait entraver la fuite de ce résidu ; il pense aux mères qui auraient un nourrisson avec elles ; il leur dit de prier afin que leur fuite n’ait pas lieu en hiver, pour qu’elles n’aient pas à souffrir des intempéries qui pourraient retarder leur fuite, car, dit-il : « Ces jours-là seront une tribulation telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement de la création que Dieu a créée, jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais. Et si le Seigneur n’eût abrégé ces jours, nulle chair n’eût été sauvée, mais à cause des élus qu’il a élus, il a abrégé les jours » (v. 17-20).
À quel prix, lecteur, ces fidèles ne devront-ils pas obtenir la vie sauve pour être présents lorsque Christ leur apportera la délivrance par sa venue ! Nous avons le privilège de vivre dans un temps où les lois protègent indistinctement tous les hommes, quelle que soit leur foi, et de pouvoir attendre en paix le retour du Seigneur qui nous enlèvera avec lui dans les demeures célestes, pour l’accompagner ensuite lorsqu’il viendra établir son règne (Zacharie 14, fin du verset 5).
Dans ces jours-là, les disciples n’auront pas seulement affaire à la violence de Satan, mais aussi à ses mensonges et à sa ruse. Jésus les prévient en disant : « Si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici, ou : Voici, il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils montreront des signes et des prodiges, pour séduire, si possible, même les élus » (v. 21, 22). Les méchants sauront que les fidèles attendent la délivrance par la venue de Christ ; ils chercheront à les tromper en leur faisant croire qu’il est ici ou là. Pour réussir dans leur ruse, ils auront à leur disposition la puissance satanique avec laquelle ils accompliront des miracles. En Apocalypse 13:13, il est dit de la bête, type de l’Antichrist : « Elle fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes. Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre, à cause des miracles qu’il lui fut donné de faire ». Et au Psaume 74:4, nous lisons : « Tes adversaires rugissent au milieu des lieux assignés pour ton service ; ils ont mis leurs signes pour signes ». Et au v. 9 : « Nous ne voyons plus nos signes » — c’est-à-dire les miracles de l’Esprit Saint — « il n’y a plus de prophète, et il n’y a personne avec nous qui sache jusques à quand ». Les méchants admireront la puissance qui accomplira ces signes ou miracles ; ils seront séduits ; mais les fidèles, qui profiteront des enseignements du Seigneur, seront gardés. « Mais vous », dit Jésus, « soyez sur vos gardes ! voici, je vous ai tout dit à l’avance ». Dans tous les temps, aujourd’hui comme alors, le seul guide sûr est la parole de Dieu ; par elle, Dieu nous dit tout ce que nous avons besoin de savoir pour demeurer fidèles et arriver à bonne fin.
« En ces jours-là, après cette tribulation, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles du ciel tomberont, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées » (v. 24, 25). Ce langage symbolique désigne les diverses autorités et puissances que Dieu avait établies sur les hommes, pour les gouverner sous sa dépendance. Au lieu de reconnaître Dieu comme source de leur pouvoir, elles se placeront sous l’autorité de Satan ; elles ne donneront donc plus de lumière aux hommes ; elles tomberont de leur situation élevée. À ce moment, les fidèles « verront le Fils de l’homme venant sur les nuées avec une grande puissance et avec gloire : et alors il enverra ses anges, et il rassemblera ses élus des quatre vents, depuis le bout de la terre jusqu’au bout du ciel » (v. 26, 27). La puissance glorieuse du Fils de l’homme succédera à la puissance ténébreuse de Satan, et il enverra ses messagers rassembler, du sein des dix tribus, les Juifs encore dispersés parmi les nations à ce moment-là, ceux qui seront entrés en Palestine avant la venue de Christ n’appartenant qu’aux tribus de Juda et de Benjamin.
Ce moment glorieux pour le faible résidu souffrant et pourchassé sera plein de terreur pour les méchants. C’est ce que décrivent nombre de Psaumes où nous voyons célébrer la délivrance et le triomphe des justes, tandis que les jugements sans miséricorde tombent sur ceux qui les ont haïs. Si l’on ignore que c’est de ce temps-là que parlent la plupart des Psaumes, et si on en fait l’application aux temps actuels de la grâce, on s’égare. On ne comprend pas. On va jusqu’à accuser Dieu d’injustice et même on ne craint pas de dire que ces Psaumes, que certaines personnes appellent « des psaumes de vengeance », ne sont pas inspirés. En ne distinguant pas les diverses dispensations, on tord les Écritures, avec la prétention d’être meilleur et plus sage que Dieu. Si l’on ne comprend pas certaines portions de la Bible, il faut en conclure que l’on est ignorant et croire en disant à Dieu comme le psalmiste : « Ouvre mes yeux, et je verrai les merveilles qui sont dans ta loi » (Psaume 119:18).
(v. 28-37). — En Orient, lorsqu’on voit pousser le figuier, on sait que l’été est proche. Jésus dit à ses disciples qu’il en serait de même pour eux lorsque les choses dont il les avait entretenus auraient lieu ; ils sauraient que sa venue pour l’établissement du règne allait arriver. Ce sera en effet un été merveilleux que le millénium succédant à un hiver froid et ténébreux, vers la fin duquel les signes précurseurs de leur délivrance encourageront les disciples. Jésus leur dit encore : « En vérité, je vous dis que cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (v. 30, 31). La génération rebelle et perverse des Juifs se retrouvera aux temps de la fin avec les mêmes caractères de haine et d’opposition à Dieu qu’aux jours où Jésus et ses apôtres exerçaient leur ministère. Cela ne veut pas dire que ce soient les mêmes personnes qu’alors, puisqu’il y a toute la durée de la dispensation actuelle entre deux ; mais cette génération aura le même caractère. Moïse emploie une expression semblable en Deutéronome 32:5 et 20.
Les disciples pourront compter sur la parole de Jésus, qui est la parole de Dieu, lors même que tout semblera s’opposer à son accomplissement. Ce qui paraît stable, comme le ciel et la terre, passera, mais sa Parole demeurera. Tant qu’elle ne sera pas accomplie, les disciples n’auront rien à craindre. Quant au moment de son accomplissement, personne n’en a connaissance, pas même les anges qui sont dans le ciel, pas même le Fils, le Fils vu dans sa dépendance comme serviteur, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Dieu le Père seul sait à quel moment le Seigneur viendra. C’est pourquoi il faut veiller et prier en attendant, afin de demeurer constamment dans l’état dans lequel le maître désire trouver ses serviteurs à son retour. « C’est comme un homme allant hors du pays, laissant sa maison, et donnant de l’autorité à ses esclaves, et à chacun son ouvrage... ; et il commanda au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou au matin ; de peur qu’arrivant tout à coup, il ne vous trouve dormant. Or ce que je vous dis, à vous, je le dis à tous : Veillez » (v. 34 à 37).
C’est le Seigneur qui s’en est allé hors du pays, au ciel ; mais il a une maison dans le pays, un état de choses dans lequel son autorité doit être reconnue. Il y laisse ses serviteurs avec un travail à accomplir, et il place un portier à l’entrée afin de veiller durant la nuit, jusqu’à son retour. Ce portier représente tous ceux qui attendent le Seigneur, aujourd’hui comme alors, car l’exhortation à la vigilance s’adresse aux fidèles de tous les temps. L’attitude de chaque disciple de Christ est celle de portier, tant qu’il n’est pas venu. Pour attendre le Seigneur, il faut avoir le cœur occupé de lui, car ce qui nous endort spirituellement, dans la nuit morale où nous devons veiller, c’est de nous laisser absorber par les choses mondaines. Si elles satisfont nos cœurs, pourquoi désirerions-nous les quitter ? Pourquoi attendre celui dont la venue dérangerait notre vie et nos plans ? Veiller, c’est l’état de celui qui ne peut trouver de repos dans la nuit de ce monde ; il attend son Maître dans l’obéissance à sa volonté ; il ne peut tromper sa confiance. Le repos viendra plus tard ; il sera éternel, dans la joie de la présence du Seigneur que nous attendons. Il vaut la peine de veiller en vue d’un tel avenir. Notre précieux Seigneur et Sauveur en est digne. Souvenons-nous tous de quelle manière il termine ses exhortations : « Or ce que je vous dis, à vous, je le dis à tous : Veillez ».
(v. 1-11). — Pendant que les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de Jésus pour le faire mourir, une scène bien différente se passait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, où le Seigneur était à table avec ses disciples.
Une femme — que l’évangéliste ne nomme pas, mais que nous savons être Marie — brisa un vase d’albâtre plein d’un parfum de nard pur, de grand prix, qu’elle répandit sur la tête de Jésus. Quelques-uns des assistants, les disciples, s’indignèrent et dirent : « À quoi bon la perte de ce parfum ? Car ce parfum aurait pu être vendu plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres ; et ils la reprenaient vivement ». Les disciples, Judas surtout (Matthieu 26:8 et Jean 12:4), manifestaient combien peu ils comprenaient les sentiments de cette femme, qui provenaient de son grand amour pour Jésus. Cet amour la rendait capable de comprendre ce qu’il convenait de témoigner à son Seigneur au moment où les hommes allaient donner essor à leur haine contre l’objet de son cœur, haine qui ne serait assouvie que par la mort de celui dont ils ne pouvaient plus supporter la présence bénie au milieu d’eux. Marie veut, au contraire, montrer combien la personne de Jésus a de prix pour elle ; elle a appris, à ses pieds, les perfections et les gloires de l’Homme-Dieu qui aimait à se retirer chez elle comme prophète et serviteur. Il n’y avait rien de trop grand, à ses yeux, pour exprimer le prix d’une telle personne pour elle.
Étrangers à l’épanchement d’un cœur qui s’était alimenté aux sources de l’amour, les disciples ne pouvaient apprécier la valeur de leur Maître, ni, par conséquent, ressentir les effets qu’aurait dû produire en eux l’approche de sa mort. Ils ne voyaient dans l’acte de cette femme qu’une perte matérielle qui privait les pauvres de secours.
Donner aux pauvres est une bonne chose ; mais pour qu’un acte ait de la valeur aux yeux de Dieu, il doit être accompli en son temps. La sagesse consiste à laisser les choses à leur place et à agir en conséquence ; l’amour pour Christ est le directeur suprême qui rend capable de discerner ce qu’il convient de faire selon les circonstances. « Il y a une saison pour tout, et il y a un temps pour toute affaire sous les cieux » (Ecclésiaste 3:1). Marie avait compris que c’était la dernière occasion qu’elle avait de témoigner son amour à son Seigneur. Elle pressentait qu’il allait lui être enlevé. Aussi Jésus leur répond : « Laissez-la ; pourquoi lui donnez-vous du déplaisir ? Elle a fait une bonne œuvre envers moi ; car vous avez toujours les pauvres avec vous, et quand vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours. Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait ; elle a anticipé le moment d’oindre mon corps pour ma sépulture » (v. 7, 8). Jésus donne à l’acte de Marie une portée dont elle ne se doutait pas. Car, pressentant la mort de son Seigneur, elle voulait lui accorder l’onction royale, mais Jésus, sachant qu’il ressusciterait, l’accepte pour son embaumement, privilège que seule elle a eu, puisque les autres femmes pieuses qui voulurent aller accomplir ce service trouvèrent le sépulcre vide, et l’on remarque que Marie de Béthanie ne se trouvait pas avec elles, son service était accompli.
Combien cet acte était précieux au cœur de Jésus, dans un moment tel que celui-là, où tous s’opposaient à lui, et où ses disciples même entraient si peu dans ses pensées et savaient si peu comprendre leur Maître et lui témoigner ce qui convenait. Aussi dit-il : « En vérité, je vous dis : en quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle » (v. 9). Un tel acte se liait si intimement à la mort de Christ que l’on ne pourrait parler de cette mort, base de l’Évangile, sans parler de ce que Marie avait fait.
Puissions-nous tous aimer assez le Seigneur pour comprendre mieux ce que nous pouvons faire pour lui au milieu du monde qui le rejette, aujourd’hui comme alors ! Bientôt toute occasion disparaîtra pour nous de faire quelque chose pour lui en présence de ceux qui le haïssent ; c’est pourquoi nous devons « saisir l’occasion » lorsqu’elle se présente, car nous sommes aux derniers jours ; le Seigneur est proche, il vient !
Jésus ne demande pas des choses hors de notre portée, il dit de cette femme : « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait ». Nous devons le servir selon nos moyens, selon nos capacités, ce qui importe, c’est que l’amour pour lui nous fasse agir ; cela seul donne à nos œuvres leur valeur devant Dieu.
L’état de Judas présente un contraste affligeant avec celui de Marie. Alors qu’elle témoigne au Seigneur son attachement, son estime, d’une manière si digne, et qu’elle réjouit son cœur, Judas va réjouir le cœur des principaux sacrificateurs et des chefs du peuple en leur offrant de leur livrer son Maître pour de l’argent. Dès lors « il cherchait comment il le livrerait commodément ».
Triste exemple de l’aveuglement dans lequel peut tomber un homme qui, tout en ayant été mis en rapport avec la vérité, a nourri son cœur de convoitises charnelles ! Tous ceux qui ont le privilège d’être aussi en contact avec la vérité dans les familles chrétiennes doivent prendre garde de ne pas laisser endurcir leur cœur en suivant leurs penchants naturels.
(v. 12-21). — Le Seigneur voulait encore célébrer avec les siens cette Pâque, la dernière, avant d’accomplir sur la croix ce dont elle était le type. Fait remarquable, la crucifixion de Jésus eut lieu ce jour-là, bien que les chefs des Juifs aient cherché à l’éviter, par crainte de la foule. Les choses arrivent quand Dieu le veut ; les hommes ne peuvent être que les instruments, souvent inconscients, de l’accomplissement de sa volonté.
Les disciples désirent savoir où ils pourront préparer ce qu’il faut pour manger la pâque. Jésus en envoie deux à la ville, leur donnant toutes les indications pour qu’ils trouvent le nécessaire. « Allez à la ville », leur dit-il ; « et un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre ; suivez-le. Et où qu’il entre, dites au maître de la maison... : Où est mon logis où je mangerai la pâque avec mes disciples ? Et lui vous montrera une grande chambre garnie, toute prête ; apprêtez-nous là ce qu’il faut. Et ses disciples s’en allèrent et entrèrent dans la ville, et trouvèrent tout comme il leur avait dit ; et ils apprêtèrent la pâque » (v. 13-16).
Jésus connaissait tout à l’avance ; mais il ne se sert de sa toute-science que pour accomplir l’œuvre que son Père lui avait donnée à faire ; il ne sort jamais de sa position de dépendance et de serviteur.
Le soir venu, Jésus se mit à table avec les douze ; comme ils mangeaient il leur dit : « En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous qui mange avec moi, me livrera » (v. 18). À dessein Jésus ne leur annonce pas lequel d’entre eux le livrerait. « Un d’entre vous », dit-il, un de ceux qui avaient persisté à le suivre, un de ceux qui avaient été les objets de ses soins, un de ceux qu’il avait choisis. Jésus veut sonder leur cœur par cette parole. L’un après l’autre, ils lui demandent : « Est-ce moi ? » Ils se défient d’eux-mêmes et supportent cette épreuve dans un bon esprit, admettant que, bien qu’ils n’en aient eu aucun désir, ils étaient capables d’accomplir un tel acte. Nous ne pouvons jamais avoir l’assurance que nous ne commettrons jamais tel ou tel mal ; mais si nous nous en savons capables, nous cherchons le secours dans le Seigneur et nous sommes au bénéfice de son intercession, car il s’occupe des siens afin qu’ils ne succombent pas à la tentation. Jésus leur répondit : « C’est l’un d’entre les douze qui trempe avec moi au plat ». Dans les repas, en Orient, en guise de fourchettes ou de cuillères, chacun prend un morceau de pain que l’on trempe dans le plat. C’était ce que les douze avaient le privilège de faire avec le Seigneur. Par cet acte d’intimité, il désigne le traître ; cela aurait dû toucher son cœur, si cela avait été encore possible.
Jésus ajoute : « Le Fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Il eût été bon pour cet homme-là qu’il ne fût pas né » (v. 21). Le Seigneur reconnaît que ce qui le concerne, lui, le Fils de l’homme, doit s’accomplir ; mais cela n’atténue pas la culpabilité de celui qui se prête à l’Ennemi pour perpétrer ce forfait. Il y a toujours deux côtés à considérer dans les voies de Dieu : le côté de Dieu qui est au-dessus de tout et qui fait tout concourir à l’accomplissement de ses desseins, et le côté de la responsabilité de l’homme qui doit porter les conséquences de ses actes. C’est ce que montre ce passage, parmi beaucoup d’autres. Les Écritures s’accomplissent ; mais Judas portera les conséquences de son horrible péché. Les hommes sont coupables de la mort de Christ, mais Dieu, par cette mort, peut accomplir ses pensées de grâce envers tous.
(v. 22-31). — Jésus allait accomplir, sur la croix, ce que représentait la fête de la pâque. Elle n’aurait plus désormais sa raison d’être ; c’est pourquoi, encore à table, Jésus institue la cène, ce mémorial de sa mort, que tous ses rachetés ont le privilège de prendre durant son absence. « Jésus, ayant pris un pain et ayant béni, le rompit et le leur donna, et dit : Prenez ; ceci est mon corps. Et ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous » (v. 22, 23). Chaque croyant a le privilège de se souvenir du Seigneur mort pour lui, en attendant le moment où nous le verrons et où nous le contemplerons dans sa gloire, comme l’agneau qui a été immolé. Mais si le racheté possède cette faveur, c’est à la condition de se montrer, dans sa marche, conséquent avec l’acte qu’il accomplit. Car, en prenant la cène, il proclame que Jésus a dû mourir pour ôter ses péchés ; il ne peut donc tolérer le péché dans sa vie ; ce serait une contradiction. Si par malheur il vient à pécher, il doit le confesser à Dieu, avec affliction, afin d’être relevé et de pouvoir participer à ce mémorial qui parle autant de la sainteté que de l’amour de Dieu et de son Fils Jésus Christ. Si un croyant ne se juge pas, sa conscience s’endurcit ; il peut tomber si gravement qu’il prend le caractère d’un méchant, ce qui oblige l’Assemblée de l’exclure. Malheureusement aujourd’hui un grand nombre de chrétiens ne prennent pas la cène, par indifférence ou par ignorance, ou bien ne la prennent pas selon la pensée du Seigneur. Ils se privent d’un grand privilège, et, surtout, ils refusent au Seigneur ce qu’il a demandé d’eux le soir qu’il fut livré.
Jésus dit encore aux disciples : « Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs. En vérité, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu » (v. 24). La nouvelle alliance est pour Israël, qui avait vécu sous une première alliance, rompue par l’infidélité du peuple ; ainsi, au lieu de recevoir la bénédiction, Israël fut abandonné de Dieu pour un temps, mais Dieu, fidèle à ses promesses, voulait bénir son peuple terrestre. Il fit pour lui une nouvelle alliance, basée sur le sang de Christ, en vertu duquel Dieu pourra le bénir selon les promesses faites aux pères et accomplir tout ce que les prophètes avaient annoncé quant au règne de Christ.
En même temps que le sang de Christ est le fondement de la bénédiction future d’Israël, il est aussi le moyen par lequel tous ceux qui croient peuvent obtenir la rémission de leurs péchés. Il a été versé pour plusieurs, non seulement pour les Juifs, mais pour tous ceux qui se placeront par la foi sous son efficace. Jésus dit qu’il ne boira plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce qu’il le boive nouveau dans le royaume de Dieu. Le vin est le symbole de la joie ; cette joie, le Seigneur n’a pas pu la réaliser avec Israël dans son état de péché, mais elle sera sa part d’une manière nouvelle, c’est-à-dire céleste, une fois le royaume de Dieu établi. Pour la bénédiction d’Israël, tout est remis à plus tard, mais en attendant qu’elle s’accomplisse, les disciples ont à se souvenir du Seigneur, mort sur la croix pour ôter leurs péchés, et sont introduits dans les bénédictions célestes et éternelles, bien plus élevées que celles du peuple juif. Ils font partie de l’Église qui, sur cette terre, partage le rejet de son Seigneur et se souvient de lui en attendant son retour. Lors de sa manifestation en gloire, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, l’Église apparaîtra dans la même gloire comme Épouse du Roi.
La pâque se termine par le chant d’un cantique et Jésus, conscient de tout ce qui allait se passer quelques heures plus tard, se rend à la montagne des Oliviers en entretenant ses disciples de ces événements. « Vous serez tous scandalisés », leur dit-il, « car il est écrit : « Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées » ; mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée ». Tous allaient passer par de terribles moments, où leur foi serait soumise à une rude épreuve en voyant leur Maître livré entre les mains des hommes. Oseraient-ils se prononcer pour lui comme au temps où ils l’entouraient et jouissaient de sa protection en s’attendant à le voir reconnu publiquement comme Messie ? Leur foi quant à sa personne supporterait-elle de le voir mettre à mort, et continueraient-ils à croire en lui ? Pierre, confiant en lui-même, répond : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi. Et Jésus lui dit : En vérité, je te dis qu’aujourd’hui, cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté deux fois, toi, tu me renieras trois fois. Mais Pierre disait encore plus fortement : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et ils dirent tous aussi la même chose » (v. 29-31). Pierre aimait profondément le Seigneur ; il parlait avec sincérité, mais il mettait sa confiance dans son affection pour Christ, afin de le suivre au moment de l’épreuve. Il dut apprendre, et nous aussi, que rien en nous ne peut donner la force de suivre Christ et de le servir. Pas plus nos bons sentiments que nos bonnes résolutions, ni le bien que nous pouvons avoir accompli, ni même le fait que nous sommes enfants de Dieu, ne peuvent être la source de la puissance dont nous avons besoin, surtout dans l’épreuve. Cette source ne se trouve qu’en dehors de nous, en Dieu lui-même. Nous ne pouvons y avoir recours que dans le sentiment réel de notre impuissance. Alors nous pourrons dire avec l’apôtre Paul : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (lire 2 Corinthiens 12:9, 10). Par la grâce de Dieu, Pierre apprit cette leçon, mais au travers d’une humiliation profonde ; car la confiance en nous-mêmes nous engage toujours dans des difficultés dont elle ne peut nous laisser sortir que battus. Mais si nous comptons sur Dieu seul, nous pouvons dire aussi comme Paul : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (Philippiens 4:13).
(v. 32-42). — L’heure d’angoisse approchait, dans laquelle Jésus devrait s’avancer résolument pour rencontrer l’ennemi dans sa dernière forteresse et subir toutes les conséquences du péché, pour sauver le pécheur.
En entretenant ses disciples de ce qui allait leur arriver, il les conduit au jardin de Gethsémané. Là il leur dit : « Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que j’aie prié. Et il prend avec lui Pierre et Jacques et Jean ; et il commença à être saisi d’effroi et fort angoissé. Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez » (v. 32-34). Jésus, dans cette heure terrible, devait nécessairement être seul, seul en face de l’Ennemi, qui allait chercher à le faire reculer en accablant son âme sainte des conséquences de son obéissance jusqu’à la mort. Cependant il désire avoir avec lui les trois disciples qu’il a pris dans d’autres circonstances (Marc 5:37 et 9:2) ; son cœur humain cherche de la sympathie, dans ce moment, auprès de ceux avec lesquels il paraît avoir eu le plus d’intimité. Mais, saisi de tristesse jusqu’à la mort, Jésus s’en va plus avant, ses faibles disciples étant incapables de partager avec lui les angoisses de cette heure effroyable. Jésus s’éloigne encore, et là, seul, il dit : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles ; fais passer cette coupe loin de moi ; toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! » (v. 36). Dieu pouvait faire passer cette coupe loin de son Fils bien-aimé, mais dans ce cas, cher lecteur, nous aurions dû la boire, ce qui nous aurait valu le châtiment éternel. Nous ne pouvons comprendre ce que ce fut, pour le cœur de Dieu le Père, que d’entendre son Fils, son unique, s’adresser à lui en employant le terme le plus intime, « Abba », propre à faire vibrer les cordes les plus sensibles de la relation d’un fils avec son père (*). Mais l’amour de Dieu voulait sauver les pécheurs ; c’est pourquoi il dut faire taire en ce moment son amour pour son Fils, comme Abraham en Gen. 22, lorsque Isaac lui demandait où était la victime pour l’holocauste et qu’il leva ensuite la main pour le sacrifier, avec cette différence toutefois qu’Abraham sacrifiait son fils pour Dieu, tandis que Dieu sacrifiait son Fils pour des pécheurs, des ennemis. L’amour de Jésus se soumet pour accomplir la volonté du Père, le glorifier dans sa mort et lui donner comme un nouveau motif de l’aimer, ainsi qu’il le dit en Jean 10:17 : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne ».
(*) Abba est un mot hébreu qui signifie « père », mais en donnant l’idée de l’affection la plus tendre et la plus familière, qui découle de la relation familiale. C’est beau de voir, en Romains 8:15, que la grâce a placé le croyant dans une relation semblable avec Dieu comme Père.
Jésus revient vers ses trois disciples et les trouve endormis. Il s’adresse à Pierre en lui disant : « Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une heure ? » Après ce doux reproche, Pierre aurait dû comprendre sa faiblesse ; il aurait ainsi évité la honte et les douleurs de son reniement. Jésus ne cherche pas du secours auprès d’eux ; il les exhorte à veiller pour eux-mêmes, afin qu’ils n’entrent pas en tentation, car, leur dit-il : « L’esprit est prompt, mais la chair est faible ». L’esprit est prompt à vouloir faire le bien, à se dévouer, mais la chair est faible pour l’accomplir ; elle cherche toujours à se ménager ; c’est pourquoi il ne faut avoir en elle aucune confiance. Jésus s’en alla de nouveau et pria en disant les mêmes paroles. Puis il revint vers les disciples pour la troisième fois, et les trouva encore endormis. Ils ne surent que lui répondre, mais lui leur dit : « Dormez dorénavant et reposez-vous ; il suffit, l’heure est venue ; voici, le Fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons ; voici, celui qui me livre s’est approché » (v. 42, 43).
Amour merveilleux que celui de Jésus pour ses faibles disciples ! Il ne leur adresse aucun reproche. Désormais ils pouvaient dormir, se reposer. Leur Maître était leur Sauveur, il allait tout accomplir afin de leur procurer, ainsi qu’à tout croyant, un repos éternel. Lui seul pouvait entrer dans le combat afin de les délivrer. Dans ce moment-là, ils ne comprenaient rien à ce qui se passait ; mais plus tard, après la résurrection de Jésus et la descente du Saint Esprit, ils comprirent tout, et bientôt, avec nous, ils le comprendront mieux encore, lorsque nous verrons face à face celui qui était avec eux dans le jardin de Gethsémané.
(v. 43-52). — Jésus parlait encore avec ses disciples, lorsque arriva une foule armée d’épées et de bâtons, conduite par Judas qui s’était mis à la disposition des chefs du peuple pour leur livrer Jésus. Entièrement sous le pouvoir de Satan, Judas désigne Jésus à ses misérables compagnons, en lui donnant le baiser convenu, car il leur avait dit : « Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et emmenez-le sûrement ». Lorsqu’ils se saisirent de Jésus, Pierre tira son épée, frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille. Cet évangile, ordinairement si abstrait, ne rapporte pas ce que Jésus dit à Pierre (voir Matthieu 26:52-54). Serviteur parfait et victime volontaire, il ne parle pas des douze légions d’anges qu’il aurait pu demander à son Père, comme Messie. Marc rapporte seulement les paroles de Jésus à la foule : « Êtes-vous sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre ? J’étais tous les jours avec vous, enseignant dans le temple, et vous ne vous êtes pas saisis de moi, mais c’est afin que les Écritures soient accomplies » (v. 49). S’il n’y avait pas eu les Écritures à accomplir, ni la foule, ni ses armes n’auraient eu aucun pourvoir contre Jésus. C’était lui qui se livrait. En leur disant : « Emmenez-le sûrement », Judas leur fait croire que toutes ces mesures de violence étaient nécessaires. Ils l’avaient souvent vu leur échapper et Judas pensait probablement que Jésus leur échapperait encore cette fois. Ainsi il trompait ceux auxquels il livrait son Maître, afin d’obtenir de l’argent. Terrible exemple de l’état dans lequel un homme peut tomber en cherchant à satisfaire une passion, au lieu de lutter contre elle pour en être délivré, surtout quand il se trouve en présence de la lumière, comme Judas l’a été et comme nous le sommes tous au moyen de l’Évangile. Il est dit que si l’œil n’est pas simple, il est méchant (Matthieu 6:22, 23). Notre œil est simple quand le Seigneur sert de mobile à nos actions. Avoir l’œil méchant, c’est se laisser gouverner par autre chose que lui pour agir. Si Judas avait aimé le Seigneur, il aurait cherché à lui plaire et n’en serait pas arrivé là ; mais ayant nourri en lui l’amour de l’argent, il n’a vu dans son Maître qu’un moyen de s’en approprier, spéculant, sans doute, sur la puissance qu’il déploierait pour se délivrer. C’est pourquoi, lorsqu’il sut Jésus condamné, son désespoir le conduisit au suicide.
Voyant Jésus emmené, tous l’abandonnèrent et s’enfuirent. Un jeune homme, vêtu d’une toile de fin lin, voulut cependant le suivre. Il s’exposait à être traité comme le Seigneur lui-même ; pour être en état de le supporter, il faut une force spéciale que lui seul peut donner et que l’on ne trouve pas, comme nous l’avons dit plus haut, dans ses bonnes résolutions. Aussi lorsque ceux qui emmenaient Jésus voulurent se saisir du jeune homme, le voile dont il était vêtu leur resta dans les mains et il leur échappa tout nu. La profession, figurée par les vêtements, ne suffit pas pour supporter l’épreuve dans la marche à la suite d’un Christ rejeté. Ce vêtement abandonné manifeste l’état réel, avec honte. La nudité représente l’état naturel de l’homme à la suite du péché.
Souvenons-nous, chers lecteurs, que pour être fidèles au Seigneur et le suivre, nous devons toujours avoir la conscience de notre faiblesse, afin de rechercher en lui la force et le secours, cette puissance qui s’accomplit dans l’infirmité.
(v. 53-65). — On amena Jésus au souverain sacrificateur devant lequel s’assemblent les autres sacrificateurs, les anciens et les scribes. Tous cherchaient quelque témoignage contre Jésus, afin de l’accuser et de le condamner à mort. Sa condamnation décidée, sans aucun motif autre que la haine, il fallait la justifier d’une manière quelconque auprès du gouverneur ; seul celui-ci avait le droit de prononcer une sentence de mort. On produisit de faux témoins, mais leurs témoignages ne s’accordaient pas. Quelques-uns affirmèrent qu’ils avaient entendu Jésus dire : « Moi, je détruirai ce temple qui est fait de main, et en trois jours j’en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main ». Une citation démontre aisément la fausseté de ce témoignage. Voir Jean 2:19 : « Détruisez ce temple (son corps), et en trois jours je le relèverai », paroles dont le sens est facile à saisir. Voyant qu’ils n’atteignaient pas leur but par des témoignages si peu concordants, le souverain sacrificateur s’adressa à Jésus en disant : « Ne réponds-tu rien ? De quoi ceux-ci témoignent-ils contre toi ? » Jésus ne répondit rien ; ils pouvaient contrôler eux-mêmes la véracité de leurs témoins. Mais la lumière de toute sa vie avait brillé devant eux, sans dissiper les ténèbres de leurs cœurs. Jésus n’avait rien à dire de plus, puisque son témoignage avait été rejeté.
De nouveau le souverain sacrificateur l’interrogea et lui dit : « Toi, tu es le Christ, le Fils du Béni ? Et Jésus dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant avec les nuées du ciel. Et le souverain sacrificateur, ayant déchiré ses vêtements, dit : Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez ouï le blasphème : que vous en semble ? Et tous le condamnèrent comme méritant la mort » (v. 60-64). L’interrogatoire prend fin, car ils ont atteint leur but. Cette assemblée de dignitaires juifs se livre, contre la personne de Jésus, aux insultes les plus basses et les plus vulgaires : on lui crache au visage ; on lui donne des soufflets en lui disant : « Prophétise ». En effet, Jésus venait de prophétiser, car sa réponse au souverain sacrificateur voulait dire que, puisqu’ils le rejetaient comme Messie, ou Christ, il allait prendre place à la droite de Dieu comme Fils de l’homme et qu’ils le verraient venir comme tel sur les nuées ; alors ils se lamenteront, voyant en ce Roi des rois, et Seigneur des seigneurs, celui qu’ils ont percé (Matthieu 24:30 ; Apocalypse 1:7 ; Zacharie 12:10).
(v. 66-72). — Pendant que la troupe emmenait Jésus, Pierre suivait de loin, et vint jusque dans la cour du palais du souverain sacrificateur ; il s’assit avec les huissiers près du feu qu’ils avaient allumé. Si Pierre n’était pas en état de suivre de près son Maître, il voulait au moins le suivre de loin. À distance il risquait moins d’être pris pour un de ses disciples ; mais c’est ce qui lui permettait de se trouver en compagnie des huissiers qui venaient de frapper le Seigneur (v. 65). Il pensait voir ce qui allait se passer sans être connu. L’épreuve arriva. Trop engagé pour l’éviter, il devait passer par le crible, afin de pouvoir, plus tard, suivre de près son cher Maître. Une servante, le voyant se chauffer, lui dit : « Et toi, tu étais avec le Nazarénien Jésus. Et il le nia, disant : Je ne sais ni n’entends ce que tu dis ». Après quoi il sortit et le coq chanta. La servante, l’apercevant encore, dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci est de ces gens-là. Et il le nia de nouveau. Et encore un peu après, ceux qui étaient là présents dirent à Pierre : Certainement tu es de ces gens-là ; car aussi tu es Galiléen. Et il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. Et le coq chanta pour la seconde fois. Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et en y pensant, il pleura » (v. 67-72).
Quelle douleur ce fut pour son cœur lorsqu’il revint à lui-même et qu’il se rendit compte de ce qu’il venait de faire ! Car il aimait réellement le Seigneur. Sincère dans son désir de ne pas abandonner son Maître, dans l’ardeur de sa nature, il comptait sur lui-même pour accomplir ce qu’il désirait. Judas n’avait point d’amour pour Jésus. C’est pourquoi il n’y eut aucune ressource pour lui lorsqu’il se rendit compte de son forfait.
Dieu, dans ses voies de grâce, emploie les chutes des siens pour leur enseigner ce qu’ils auraient pu apprendre en écoutant la Parole et sans déshonorer le Seigneur. Puissions-nous tous prêter assez attention à ce que la parole de Dieu nous enseigne, afin d’être instruits par elle sans avoir besoin de faire des expériences humiliantes, qui déshonorent le Seigneur !
(v. 1-15). — La nuit était fort avancée lorsque se termina la comparution de Jésus devant le souverain sacrificateur, puisque le coq avait chanté deux fois. Le chant du coq correspondait à la troisième veille. La Parole ne nous dit pas ce que devint Jésus durant le reste de cette nuit sans pareille. Nous voyons, au matin, le sanhédrin, tenir conseil et envoyer Jésus lié à Pilate. Le gouverneur devenait l’instrument des chefs du peuple juif pour faire mourir leur roi, mort qu’ils avaient décidée, mais qu’ils ne pouvaient exécuter, les Romains ayant ôté à leurs sujets le droit d’infliger la peine capitale.
Pilate demanda à Jésus s’il était le roi des Juifs. Jésus lui répondit simplement : « Tu le dis ». Les sacrificateurs l’accusèrent de beaucoup de choses, sans cependant convaincre Pilate de la culpabilité de leur victime. Pilate demanda encore à Jésus : « Ne réponds-tu rien ? Vois de combien de choses ils portent témoignage contre toi ». Mais Jésus ne répondit pas un mot, ce qui étonna fort Pilate et l’embarrassa sans doute, car il aurait aimé entendre la défense de l’accusé pour se former un jugement avant de prendre une décision. Jésus avait fait sa « belle confession devant Ponce Pilate » (1 Timothée 6:13), en déclarant qu’il était le roi des Juifs ; il n’avait rien de plus à dire au gouverneur, pas plus qu’aux sacrificateurs ; puis il ne voulait rien faire pour se délivrer. Il était celui qui « n’a pas ouvert sa bouche » (És. 53:6), laissant les hommes poursuivre leur œuvre d’iniquité tout en se livrant lui-même. Pour sortir de l’embarras dans lequel le plaçaient les accusateurs et l’accusé, sachant que Jésus avait été livré par méchanceté, Pilate offre aux Juifs de libérer Jésus, selon la coutume qu’il avait de leur relâcher un prisonnier à la fête de Pâque. Cette proposition fut bientôt repoussée, car elle n’entrait pas dans leurs plans. Ils excitèrent, au contraire, la foule à demander au gouverneur de leur relâcher plutôt Barabbas, un séditieux et un meurtrier. Pilate demanda ce qu’il devait faire de celui qu’ils appelaient « roi des Juifs ». Ils répondirent en criant : « Crucifie-le ! ». Le gouverneur leur dit encore : « Mais quel mal a-t-il fait ? » Ils s’écrièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! ». Voulant contenter la foule, qu’il craignait plus que Dieu, Pilate relâcha Barabbas, fit fouetter Jésus et le livra aux soldats pour être crucifié.
On voit en Pilate ce qu’est l’homme gouverné par sa propre importance. Au mépris de la justice, il fait taire la voix de sa conscience. Il ne peut s’élever au-dessus de l’opinion du peuple qu’il gouverne, ignorant que l’autorité qu’il représente est donnée de Dieu pour la faire valoir avec justice et bonté. Mais que dire des Juifs qui connaissaient le vrai Dieu, qui avaient devant eux toute la vie de Jésus comme témoignage de sa perfection et qui forcent la main au gouverneur païen, afin que, malgré lui, il accède à leur désir de crucifier leur Roi ?
C’est en effet la mort de Jésus qui a manifesté ce qu’est l’homme, sa ruine absolue et sa haine pour Dieu. Mais, par cette mort aussi, l’amour de Dieu, en Christ, brille dans toute sa beauté au sein des profondes ténèbres à la faveur desquelles, l’homme, gouverné par Satan, a montré son état irrémédiable et une culpabilité que rien ne peut atténuer. Au lieu de laisser de tels êtres endurer le jugement qui était leur part, sans réserve, c’est Celui que l’homme méprise et rejette, l’Homme parfait, qui le subit à leur place, afin que l’amour de Dieu, le fleuve de la grâce, coule librement en faveur d’une race indigne de tout, sauf du jugement divin.
(v. 16-28). — L’œuvre des Juifs accomplie, celle de Pilate aussi, Jésus passe entre les mains brutales des soldats romains qui trouvent leur satisfaction à exécuter la volonté d’hommes responsables d’un crime sans nom devant le ciel et la terre.
Ayant entendu que Jésus était accusé comme roi des Juifs, ils le revêtirent de pourpre — couleur des vêtements royaux — et tressèrent une couronne d’épines qu’ils placèrent sur sa tête, puis, par dérision, ils le saluèrent comme roi, lui frappant la tête avec un roseau, crachant contre lui, lui rendant hommage à genoux. Tels des fauves qui jouent avec leurs victimes, la créature déchue trouvait son plaisir à se railler de son Créateur, devenu homme dans ce monde pour la sauver. Combien l’amour de Jésus apparaît dans toute sa beauté au milieu de cette scène où, victime volontaire, serviteur parfait, le Sauveur du monde laisse faire pour aller jusqu’au bout dans l’œuvre qu’il a entreprise !
Après s’être moqués de Jésus, les soldats lui rendent ses propres vêtements, dont ils l’avaient dépouillé pour le revêtir de pourpre et l’emmènent hors de la ville pour le crucifier. Ils contraignirent Simon, « père d’Alexandre et de Rufus », de porter la croix sur laquelle Jésus allait être cloué. On peut supposer qu’Alexandre, que l’on trouve avec Paul à Éphèse, en Actes 19:33 et Rufus, « l’élu dans le Seigneur », en Romains 16:13, sont les fils de ce même Simon. Lorsque Marc écrivit son évangile, ces deux hommes étaient connus de lui et des frères. Cela fait penser que Simon et ses fils ont continué de porter la croix de Jésus, selon qu’il le dit en Marc 8:34. Arrivés au lieu du supplice, nommé Golgotha, mot qui veut dire : lieu du crâne, les soldats veulent donner à Jésus du vin mixtionné de myrrhe, boisson qui avait une certaine propriété narcotique, que l’on donnait aux crucifiés pour atténuer les premières douleurs. Jésus ne le prit pas. Il voulait tout endurer en trouvant le secours ailleurs, dans la jouissance de la communion avec son Père, car, dans les souffrances qu’il supportait de la part des hommes, il n’était pas abandonné de Dieu.
Après l’avoir crucifié, les soldats se partagèrent les vêtements de Jésus, accomplissant les Écritures sans le savoir (Psaume 22:18). C’était la troisième heure (neuf heures d’après notre manière de compter le temps). Au-dessus de la croix on avait placé une inscription indiquant le sujet de l’accusation : « Le roi des Juifs ». De chaque côté un brigand était aussi crucifié. Là encore l’Écriture fut accomplie qui dit : « Il a été compté parmi les iniques » (Ésaïe 53:12).
(v. 29-32). — Lorsque les soldats eurent terminé leur œuvre cruelle, Jésus fut exposé, durant les trois heures qui suivirent, aux insultes de toutes les classes de la société, depuis les chefs du peuple jusqu’aux brigands crucifiés à ses côtés. Ceux qui passaient l’injuriaient, hochant la tête et disant : « Hé ! toi qui détruis le temple et qui le bâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, et descends de la croix ! » (v. 29). Nous savons, chers lecteurs, ce que nous serions devenus, si notre précieux Sauveur avait usé de son pouvoir pour descendre de la croix : le jugement qu’il allait endurer de la part de Dieu, aurait été notre part durant l’éternité. Là encore, c’est son amour parfait qui l’a fait rester sur la croix. Il voulait glorifier Dieu en subissant sa colère contre nos péchés, afin que son amour puisse être connu de ceux qui n’avaient mérité que le jugement. « Pareillement aussi les principaux sacrificateurs, se moquant entre eux avec les scribes, disaient : Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même » (v. 31). C’était précisément afin de sauver les autres, qu’il demeurait attaché à la croix, souffrant toutes les douleurs du crucifiement et, plus encore, les douleurs morales, dont son cœur parfait était torturé dans ce moment où les hommes ne lui épargnaient rien : cette « assemblée de méchants », ces « taureaux » de Basan, ce « lion déchirant et rugissant », ces « chiens » dont parle le Psaume 22. Rien n’a été épargné à Christ ; dans sa vie et dans sa mort, il a enduré tout ce qu’on peut souffrir, et cela non seulement pour sauver, mais aussi afin de pouvoir sympathiser avec ceux qu’il sauvait, lorsqu’ils passeraient par tous les genres de souffrances.
« Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions ! » ajoutent encore les sacrificateurs. Si Jésus était descendu de la croix, il aurait été inutile de croire en lui, parce que c’est la foi en un Christ mort et ressuscité qui sauve et non la foi en un Christ qui n’aurait pas passé par la mort. C’est pourquoi Jésus disait aux Juifs : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes » (Jean 6:53). La chair et le sang séparés signifient la mort. Les pères avaient pu être délivrés, lorsqu’ils avaient crié à Dieu (Psaume 22), mais, si Jésus avait été délivré de la croix avant la mort, nous ne l’aurions jamais été. Comme le serviteur hébreu, type de Christ (Exode 21:5), disait : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre », de même, par amour pour son Dieu et Père, qu’il voulait glorifier à la croix, et par amour pour tous ses rachetés. Jésus n’a pas voulu user du droit qu’il avait de se soustraire à la mort, car il n’y était nullement obligé pour lui-même. Il est venu pour accomplir la volonté de son Père ; il ne veut pas s’y soustraire ; il va jusqu’au bout, pour recevoir la délivrance de Dieu lui-même lorsque tout sera accompli. C’est ce qui eut lieu pleinement par la résurrection.
(v. 33-36). — Nous avons suivi Jésus au travers des phases diverses qui se sont succédé depuis son arrestation. Il a comparu devant le sanhédrin, devant Pilate ; il a passé entre les mains des soldats ; il a été exposé sur la croix, de la troisième à la sixième heure — de neuf heures à midi — aux injures et aux railleries de tous, et même aux insultes des brigands crucifiés à ses côtés. Maintenant les hommes ont accompli leur œuvre de haine contre leur innocente victime, l’homme doux et humble de cœur, qui était comme une brebis muette devant ceux qui la tondent (És. 53:7). Une autre scène commence : « Et quand la sixième heure fut venue, il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu’à la neuvième heure » (v. 33). C’est le moment où Jésus, chargé de nos péchés, subit le jugement de Dieu à la place du coupable. De ce qui se passa durant ces trois heures de souffrances indicibles que Jésus endura, aucune description ne pouvait être donnée. Le Sauveur était seul sous le poids de nos péchés. « Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une forte voix, disant : Eloï, Eloï, lama sabachthani ? ce qui, interprété, est : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (v. 34). Ce cri seul exprime ce qui s’est passé durant ces trois heures de ténèbres qui enveloppaient la terre. Séparé de Dieu par nos innombrables péchés, identifié avec le péché, car il est dit qu’il a été « fait péché pour nous » (2 Corinthiens 5:21), Jésus vit se détourner de lui la face du Dieu trois fois saint qui a les yeux trop purs pour voir le mal. À ce moment unique dans l’éternité, il accomplissait ce qu’était en type la victime pour le péché, dans le service lévitique, sacrifice qui ne montait pas devant Dieu en parfum de bonne odeur, mais qu’on brûlait hors du camp (Lévitique 4:12). Ce qui se passait dans l’âme pure du Sauveur, on ne saurait le sonder ; c’était infini, divin, éternel. En Gethsémané, l’anticipation de cette heure, où Jésus buvait la coupe de la colère de Dieu, avait produit l’angoisse indescriptible et la sueur sanglante, mais ici c’en était la réalité, ce qui correspond au châtiment éternel que le croyant aurait dû subir, abandonné de Dieu. Là, comme nous l’avons déjà vu en Matthieu, eut lieu l’expiation du péché ; en vertu de ce qui s’est passé durant ces trois heures de ténèbres, quiconque croit a la vie éternelle. Jusqu’à la sixième heure, Jésus a souffert de la part des hommes ; ces souffrances ont pour conséquence les jugements de Dieu sur eux. Mais, de la sixième à la neuvième heure, Jésus endurait les souffrances expiatoires, que Dieu infligeait à son saint Fils, contre le péché. Les conséquences en sont le salut, la paix, la délivrance du jugement, le pardon des péchés pour celui qui croit. Le Psaume 22 décrit ces conséquences en bénédiction, à partir du moment où l’œuvre est accomplie, Jésus ayant été délivré des « cornes des buffles », figure de la mort. Dieu dès lors a toute liberté pour faire grâce ; il fait proclamer son salut jusqu’au bout de la terre.
Quelques-uns de ceux qui assistaient à cette scène solennelle, unique et mystérieuse, en entendant le cri de Jésus, loin de saisir ce qui se passait, ne comprenant pas même son langage, disent : « Voici, il appelle Élie. Et l’un d’eux courut, et ayant rempli une éponge de vinaigre et l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui donna à boire, disant : Laissez, voyons si Élie vient pour le faire descendre » (v. 36). Jusqu’au bout, l’homme montre sa bassesse, sa dureté, et tout ce qui découle du cœur éloigné de Dieu, qui ne veut rien de lui, qui, lorsqu’il vint en grâce pour le visiter, n’a vu en Christ qu’un objet de haine. Cependant l’amour parfait était, dans la personne du Crucifié, manifesté dans sa plus haute expression ; mais l’homme ne le voyait pas, et, pour autant qu’il l’avait vu, il ne l’avait pas voulu.
(v. 37-41). — L’œuvre était accomplie, Jésus n’avait plus rien à faire sur la croix. Dans la pleine possession de sa force, il jeta un grand cri et expira. Ce dernier acte de sa vie était un acte d’obéissance, comme tout ce qu’il avait fait jusque-là. Il donne sa vie par obéissance. Il avait dit à ses disciples : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père » (Jean 10:17, 18). Jésus n’est donc pas mort comme meurent les hommes, à la suite d’un accident survenu dans les organes vitaux, par maladie, par faiblesse ou par un accident quelconque, sa mort ne résulta pas des mauvais traitements qu’il avait subis, ni du supplice de la croix, comme beaucoup le pensent. La mort de Jésus provient de son obéissance, lorsque tout fut accompli. Néanmoins les hommes portent la responsabilité de sa mort ; ils l’ont livré à Pilate pour le faire mourir, cet acte devait avoir pour conséquence la mort de Jésus, s’il n’avait été le Fils de Dieu. Juifs et Gentils en sont coupables ; mais, au-dessus de cette scène visible, il y avait l’exécution des conseils de Dieu ; une œuvre divine de justice et d’amour s’accomplissait en même temps que l’œuvre de la haine et du péché de l’homme.
Au moment où Jésus expirait, le voile du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas. Dieu montrait par cet acte surprenant que le chemin nouveau et vivant était ouvert au pécheur jusque dans sa sainte présence. Par la foi en l’œuvre expiatoire de Christ, tous les hommes peuvent y pénétrer, puisque le péché, qui les en tenait éloignés, venait d’être expié et que le jugement était une chose passée. Dès lors le croyant a « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair » (Hébreux 10:19, 20). Combien une telle œuvre est digne de Dieu et contraste étrangement avec celle des hommes ! Christ a été le moyen de manifester l’amour de Dieu et, en même temps, la haine des hommes.
Frappé de ce que Jésus avait expiré avec force, au lieu de succomber après une longue agonie, le centurion présent s’écria : « Certainement, cet homme était Fils de Dieu ». Ce païen voit, dans la manifestation d’une pareille puissance de vie, l’origine divine d’un tel homme, car une mort semblable n’a rien de commun avec celle d’un mortel. Cependant c’était un homme. Le mystère de l’incarnation demeure jusqu’au bout. Jésus était aussi bien Dieu qu’il était homme, ce qui le rendait capable d’accomplir l’œuvre de la rédemption.
De pieuses femmes furent aussi témoins de la mort de leur Seigneur. Elles l’avaient suivi depuis la Galilée jusqu’à la croix ; leur amour pour lui ne leur avait pas permis de s’enfuir. Comme elles l’ont suivi et servi dans l’humiliation, elles auront une belle part dans la gloire avec leur Seigneur. Dans le domaine divin, l’humiliation précède la gloire ; mais si nous avons une part dans la gloire avec Christ, c’est lui qui nous l’a méritée ; tout sera grâce éternellement.
(v. 42-47). — Ésaïe avait dit : « On lui donna son sépulcre avec les méchants ; mais il a été avec le riche dans sa mort » (Ésaïe 53:9). Cette parole devait s’accomplir. Le soir étant venu, un homme riche, nommé Joseph, de la ville d’Arimathée, conseiller honorable qui, lui aussi, attendait le royaume de Dieu, alla demander à Pilate le corps de Jésus. Pilate s’étonna, ayant peine à croire que Jésus fût déjà mort. Ne se fiant point à la parole de Joseph, il appela le centurion pour savoir de sa propre bouche si le fait était réel. Le centurion l’ayant confirmé, Pilate donna à Joseph le corps de Jésus. Sans cela, comme avait dit le prophète, son sépulcre était avec ceux des méchants, car on ensevelissait les crucifiés dans le cimetière commun et non dans des sépulcres taillés dans le roc. Joseph voulut éviter ce déshonneur pour celui dont il attendait le royaume. Il acheta un linceul neuf, dont il enveloppa le corps de Jésus et le déposa dans son sépulcre ; puis il roula une pierre à l’entrée, qui servait de porte. Marie de Magdala et Marie, la mère de Joses, parmi les femmes venues de Galilée, regardaient où l’on mettait le corps de leur Seigneur, afin de pouvoir l’embaumer après le sabbat.
Marc est très concis dans ce récit, comme dans celui de la crucifixion et, du reste, dans tout son évangile, car l’Esprit de Dieu ne se départit pas de ce qui caractérise la présentation de Jésus comme Prophète et Serviteur. Tout est rapporté simplement, mais avec toute la dignité que réclame la personne du Fils de Dieu qui s’est fait homme pour servir ici-bas, et qui, même dans la gloire, restera le glorieux serviteur de ceux qui l’auront servi (Luc 12:37).
(v. 1-8). — Le sabbat était passé, un grand jour pour les Juifs cette année-là, car il avait été précédé de la Pâque. Dès lors ni le sabbat, ni la Pâque n’avaient de valeur. Le véritable Agneau de Dieu avait définitivement accompli la pâque, et le sabbat, symbole du repos dans lequel Dieu voulait introduire l’homme, n’était plus possible sur le pied de la loi. Christ venu sous la loi, après avoir subi la mort, avait passé ce sabbat dans le sépulcre ; Il était, comme dit Paul, « la fin de la loi » (Romains 10:4). Tout le système légal avait été, pour ainsi dire, enseveli avec Christ. Une nouvelle économie allait commencer avec la résurrection du Seigneur Jésus.
De fort grand matin, le premier jour de la semaine — le premier de tous les dimanches — Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, vinrent au sépulcre pour y apporter les aromates qu’elles avaient achetés dans l’intention d’embaumer le corps de celui qui leur était si cher. N’étant que des femmes, elles se demandaient comment elles pousseraient de côté la pierre, fort grande, qui fermait l’entrée du sépulcre ; mais, à leur arrivée, elles constatèrent qu’on l’avait enlevée. Elles entrèrent dans le sépulcre et virent un jeune homme, assis sur le côté droit, vêtu d’une robe blanche. Cet ange, à la vue duquel elles s’effrayaient, leur dit : « Ne vous épouvantez point ; vous cherchez Jésus le Nazarénien, le crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre : Il s’en va devant vous en Galilée ; là vous le verrez, comme il vous l’a dit. Et sortant, elles s’enfuirent du sépulcre. Et le tremblement et le trouble les avaient saisies ; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur » (v. 6 à 8).
Marc ne mentionne que la venue des femmes au sépulcre, leur rencontre avec l’ange et la mission dont elles doivent s’acquitter auprès des disciples, pour leur rappeler ce que Jésus leur avait dit au chapitre 14:28 ; Matthieu donne à ce sujet plus de détails, que nous avons considérés en lisant cet évangile. Cependant nous avons dans ce récit un détail qui ne se trouve pas ailleurs : c’est la mention de Pierre par l’ange : « Dites à ses disciples et à Pierre ». En cela l’amour du Seigneur pour son pauvre disciple se montre d’une manière touchante. Pierre devait être plongé dans une douleur très compréhensible, au souvenir de son reniement, — son dernier acte vis-à-vis de son Seigneur et Maître — et du regard qu’il rencontra dans la cour du souverain sacrificateur. Aussi la mention de son nom, dans le message adressé aux disciples, dut le réconforter et lui faire comprendre que Jésus ne l’avait pas renié. Si le message avait été adressé simplement aux disciples, sans mentionner Pierre, ce dernier aurait pu dire : « Je ne dois plus me compter au nombre des disciples, puisque j’ai renié mon Maître ». Mais le Seigneur s’occupait spécialement de son disciple, afin de le relever, de le restaurer en vue du service qu’il voulait lui confier. Nous voyons de quelle manière il le fit en Jean 21:15-20. L’apôtre Paul cite Pierre comme un des témoins de la résurrection du Seigneur : « Et... il a été vu de Céphas » (1 Corinthiens 15:5).
(v. 9-20). — Dans le reste du chapitre, Jésus se fait connaître aux siens. Il apparaît premièrement à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons. C’est elle que nous trouvons pleurant au sépulcre en Jean 20:1-18. Objet d’une délivrance si merveilleuse, son cœur éprouvait une douleur profonde à la pensée de ne pas revoir son Seigneur. Lui le savait. Occupé d’elle, comme il l’était de Pierre, il a répondu à son ardente affection en se manifestant à elle premièrement. Nous retrouvons Jésus ressuscité entièrement occupé des siens ; il les a en vue maintenant que son service dans le monde est terminé : et c’est toujours ce qu’il fait depuis la gloire : « Étant toujours vivant pour intercéder pour eux » (Hébreux 7:25). Marie alla annoncer aux disciples, qui menaient deuil et pleuraient, que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu ; mais ils ne la crurent pas. Quoiqu’il leur ait si souvent parlé de sa résurrection (chap. 8:31 ; 9:9, 31 ; 14:28), ils n’y avaient pas ajouté foi. Ils ne pouvaient croire en Jésus autrement qu’en un Messie vivant, établissant son règne. Beaucoup de vérités, dans la Parole, nous demeurent obscures, parce que nous voulons les accorder avec ce que nous pensons, au lieu de laisser former nos pensées par elles.
« Après ces choses, il apparut sous une autre forme à deux d’entre eux qui étaient en chemin, allant aux champs » (v. 12). Nous avons le récit de cette rencontre en Luc 24:13 à 35. Ils annoncèrent aux autres disciples qu’ils avaient vu le Seigneur, mais ceux-ci ne les crurent pas non plus. « Plus tard, il apparut aux onze, comme ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité » (v. 14). Jésus les charge néanmoins d’annoncer l’Évangile à toute la création. Si ces pauvres disciples se montraient si peu propres à accomplir une telle mission, Jésus le savait. N’est-ce pas lui qui leur avait dit au commencement : « Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ? » (Chap. 1:17). Lui seul pouvait les en rendre capables, et il l’a fait. Jésus leur dit : « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé, et celui qui n’aura pas cru sera condamné » (v. 16). Le sujet de l’Évangile est l’œuvre que Dieu a accomplie à la croix. Le pécheur doit l’accepter en croyant que cette œuvre a été accomplie pour lui. Celui qui croit est sauvé ; il est né de nouveau. Juif ou païen, il devient un autre homme, c’est-à-dire un chrétien. Ceux que le message des apôtres avait convertis devaient démontrer publiquement par le baptême qu’ils étaient devenus chrétiens. Le baptême est un signe de la mort de Christ qui délivre du péché et du monde et qui introduit, ici-bas, dans la maison de Dieu. Cette maison a remplacé, comme témoignage, Israël, le peuple terrestre de Dieu. Ainsi la foi sauve, et le baptême introduit dans le témoignage de Dieu sur la terre ; celui qui est baptisé professe que la mort de Christ l’a tiré de l’état ancien dans lequel il se trouvait selon la nature, et qu’il fait partie de la maison de Dieu sur la terre, là où Dieu habite par son Esprit. C’est en rapport avec cet état nouveau que les missionnaires donnent un nouveau nom aux païens convertis qu’ils baptisent ; ils perdent, à ce moment-là, même le nom qui se rattachait à leur ancien état.
Le passage de la mer Rouge offre un exemple très clair de la signification du baptême. Les Israélites la traversaient, non pour que l’ange destructeur ne les atteigne pas (le sang de l’agneau les en avait préservés), mais pour être délivrés de l’Égypte et de son prince, figure du monde et de Satan, son chef, et introduits, non pas en Canaan, mais dans le désert où Dieu habiterait avec eux. Ils les voulait entièrement séparés du monde. Le sang de l’agneau de la Pâque expie le péché ; le passage de la mer Rouge délivre du monde. C’est pourquoi Jésus ajoute : « Celui qui n’aura pas cru sera condamné », parce que c’est la foi en l’efficacité de son sang qui sauve. Ailleurs nous apprenons que la maison d’un croyant est comprise dans son témoignage et doit être introduite dans la maison de Dieu ici-bas.
Au commencement de la prédication de l’Évangile au milieu des Juifs, ennemis de Christ, et des Gentils plongés dans les ténèbres de l’idolâtrie, sous la puissance de Satan, il fallait une démonstration de la puissance divine qui accompagne la prédication de la Parole et qui se manifeste en ceux qui croyaient. C’est pourquoi Jésus dit à ses disciples : « Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents ; et quand ils auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci se porteront bien » (v. 17, 18). Tous ces signes démontraient la victoire que remportait la puissance de la grâce sur la puissance de Satan, sous laquelle gisait l’homme, le serpent ancien ayant été vaincu par Christ à la croix. Les langues nouvelles sont en rapport avec la proclamation de l’Évangile à tous les peuples, divisés en conséquence du péché commis lors de la construction de la tour de Babel. Tout dans ce passage nous parle du triomphe de la grâce.
Ces signes ne se voient plus dans l’Église. Le Seigneur n’a pas dit qu’ils auraient lieu jusqu’à la fin. En Matthieu 28:20, Jésus, après avoir donné ses ordres aux disciples, leur indique ce qui demeurera jusqu’à la fin ; c’est lui-même : « Et voici, moi je suis avec vous... jusqu’à la consommation du siècle ». Si les croyants n’ont plus le pouvoir de faire des miracles aujourd’hui, c’est parce que nous sommes à la fin de l’histoire de l’Église sur la terre et que ces signes étaient donnés pour l’établissement du christianisme.
Ce qui caractérise maintenant les croyants fidèles, ce n’est pas la puissance, mais la faiblesse et l’obéissance à la parole de Dieu, au milieu de la chrétienté qui se réclame du nom de Christ, mais ne se soucie pas d’obéir à sa Parole, tout en désirant posséder la puissance. Si nous avions le pouvoir de faire des miracles, nous nous en servirions avec orgueil ; nous croirions être quelque chose et nous négligerions les vrais intérêts du Seigneur, oubliant que ce qui l’honore, c’est l’obéissance.
Après avoir parlé avec ses disciples, le Seigneur fut élevé dans le ciel, et « s’assit à la droite de Dieu ». Le Serviteur parfait, ayant terminé son œuvre, pouvait prendre la place de repos et d’honneur à la droite du Dieu dont il venait d’accomplir toute la volonté.
Le récit de Marc se termine par un passage qui montre encore combien c’est le service qui caractérise cet Évangile : « Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient » (v. 20). Les disciples entreprirent énergiquement leur œuvre et le caractère du service du Seigneur paraît encore ici : il coopérait avec eux.
Puissions-nous tous, chers lecteurs, retirer de cet Évangile que nous venons de parcourir ensemble, avec beaucoup de faiblesse et d’ignorance, quelque chose de son trait caractéristique, tel que nous pouvons le voir dans la personne de Jésus, qui a parfaitement servi Dieu son Père, en nous laissant un modèle pour que nous le suivions.
Un des principaux éléments du service, c’est le dévouement, qualité qui fait extrêmement défaut dans le siècle où nous vivons. Chacun recherche ses aises, sa propre satisfaction, son bien-être. Le dévouement ne peut s’exercer sans qu’on renonce à soi-même ; l’amour seul doit en être la source, car l’amour pense toujours premièrement aux autres, il ne cherche jamais son propre intérêt. C’est cet amour que Jésus a manifesté en quittant la gloire, pour venir ici-bas, non pour être servi, mais « pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Chap. 10:45). Si nous pensons à lui, sachant que c’est pour nous qu’il est venu dans ce monde, afin d’y souffrir tout ce qu’il a enduré tout le long de son chemin et sur la croix, nous comprendrons que notre activité doit l’avoir pour modèle et pour motif, en sorte que, pour lui, nous pourrons supporter quelque renoncement, afin de marcher sur ses traces, le cœur rempli de son amour. L’apôtre Paul dit : « L’amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, ... afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Corinthiens 5:14, 15). Pour agir ainsi, il faut évidemment avoir la vie de Dieu.
Dans les temps sérieux auxquels nous sommes parvenus, tout nous montre la proximité de la venue du Seigneur. En conséquence, il importe que tous nous agissions en ayant devant nous cette précieuse et solennelle vérité : les croyants, afin d’honorer le Seigneur par l’obéissance à sa Parole, le dévouement à son service, la séparation du monde sous quelque forme qu’il se présente à nous ; ceux qui ne sont pas encore convertis, afin qu’ils viennent sans aucun retard à celui qui, dans ces tout derniers jours, tend encore les bras à chacun, disant : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu 11:28). « Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apocalypse 22:17). Le Seigneur termine sa Parole en disant : « Oui, je viens bientôt ». Puissions-nous tous répondre : « Amen ; viens, Seigneur Jésus ».