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Jonathan et David
Arend Remmers
Im Glauben leben, 2023-10, p. 21
2 [Quel amour est rendu au Seigneur]
4 Le jugement de David sur Jonathan
David est une image du Sauveur Jésus Christ en tant que roi oint, mais d’abord dans son état de rejeté par les hommes. Christ n’est pas seulement un fils de David, mais Il est Lui-même prophétiquement appelé «David» (cf. Ézéchiel 34:23 ; 37:24). Ce genre de concomitance ne se trouve pour aucun autre type (figure).
Par sa victoire sur le géant Goliath, David avait libéré Israël des Philistins ennemis. Tout comme David tua Goliath avec sa propre épée, notre Seigneur «a, par la mort, rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et a délivré tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie assujettis à la servitude» (Héb. 2:14,15). Les Philistins sont une image de l’influence du monde dirigé par Satan dans le domaine chrétien.
Parmi la foule des gens sauvés par David se trouvait Jonathan, le fils du roi Saül, qui avait déjà prouvé sa foi et son dévouement à Dieu par une victoire sur une troupe de Philistins (1 Sam. 13 et 14). Après la victoire de David sur Goliath, «l’âme de Jonathan se lia à l’âme de David ; et Jonathan l’aima comme son âme... Et Jonathan et David conclurent une alliance, parce qu’il l’aimait comme son âme. Jonathan ôta le vêtement de dessus qu’il portait et le donna à David, ainsi que sa tunique, son épée, son arc et sa ceinture» (1 Samuel 18:2-5). Nous voyons ici la naissance de l’amour de Jonathan pour David. Le vêtement de dessus était le signe de sa dignité de fils aîné et de futur roi. Il le donna à David, le roi choisi par Dieu ! En outre, il lui donna tout son armement et sa ceinture, images de force, de disponibilité et de détermination. Tout cela témoigne de son dévouement total à David, ce qui revenait à se livrer lui-même (cf. 1 Sam. 20:4). Jonathan savait que le roi choisi par Dieu était David, et non pas son père Saül. Ce n’est que dans cette perspective que nous pouvons comprendre correctement la relation unique entre Jonathan et David.
Jonathan ne s’était pas seulement réjoui de son salut comme les autres Israélites, dont les femmes chantaient que «David avait frappé ses dix mille» (1 Sam. 18:7). Non, son «âme se lia à l’âme de David». Ce n’est pas seulement l’acte de victoire qui lui importait, mais la personne du vainqueur. L’amour de Jonathan n’était pas non plus un élan subit et bref, mais une affection durable. Quelque temps plus tard, nous lisons à nouveau les mots «il l’aimait comme son âme» (1 Sam. 20:17). Jonathan aimait David, le sauveur, d’un amour spirituel plus que naturel. Il prit position pour lui auprès de son père Saül en se mettant du côté de David, et à cause de cela fut une fois menacé de mort par son père au même titre que David (1 Sam 19:1-7 ; ch. 20 ; 23:16-18).
Saül, en revanche, qui avait aussi aimé David pendant un certain temps, n’avait qu’une affection charnelle (1 Sam. 16:21). Cela peut peut-être nous étonner, mais n’y a-t-il pas aujourd’hui des personnes incrédules qui ne croient pas en notre Seigneur en tant que Rédempteur, mais qui L’admirent néanmoins en tant qu’«homme extraordinaire»? (*).
(*) Une explication typologique possible n’est pas prise en compte ici.
Qu’en est-il pour nous ? Tous ceux qui croient au Seigneur Jésus savent qu’Il les aime et qu’Il s’est livré pour eux par amour (Gal. 2:20 ; Éph. 5:2). Mais L’aimons-nous un tant soit peu aussi profondément ? Nous devons tous admettre que cela fait défaut. Deux exemples tirés du Nouveau Testament peuvent nous servir d’exemples encourageants d’amour véritable rendu à notre Seigneur.
Il y a tout d’abord le disciple Jean. Dans son évangile, il ne mentionne pas son nom, mais le fait qu’il était le disciple «que Jésus aimait» (à cinq endroits en tout : Jean 13:23 ; 19:26 ; 20:2 [grec phileo, un autre mot] ; 21:7,20). Cela signifie-t-il que Jean pensait que le Seigneur l’aimait plus que les autres disciples ? Je ne pense pas. Encore moins voulait-il mettre en avant son propre amour pour Christ. En fait, Jean était particulièrement conscient de l’amour que le Seigneur avait pour tous ses disciples (cf. Jean 13:1). Pour lui, l’amour de son Seigneur était au-dessus de tout. Il aimait, cherchait et trouvait la proximité de Jésus, son Seigneur, et la communion avec Lui. Par deux fois, il mentionne que lui, qui était dans le sein de Jésus lors du repas de la dernière nuit, «était penché sur Sa poitrine» (Jean 13:23,25 ; 21:20). Conformément aux habitudes des repas de l’époque, c’était l’endroit de la plus grande proximité et de la plus grande intimité possible. Ainsi, la proximité extérieure était l’expression de la proximité intérieure, dans laquelle Jean pouvait éprouver l’amour de son Seigneur et y répondre.
Un autre exemple est celui de Marie de Béthanie. Elle n’est mentionnée qu’à trois reprises dans les évangiles. Ce qui la caractérise, c’est qu’on la trouve toujours aux pieds de son Seigneur bien-aimé. En Luc 10:39, elle écoute Ses paroles, en Jean 11:32, elle Lui présente sa tristesse et sa détresse, et en Jean 12:3, elle oint Ses pieds avec un nard précieux. Ce dernier événement nous donne l’aperçu le plus profond de sa relation avec le Seigneur Jésus. Quelques jours seulement avant Sa mort sur la croix, un repas en Son honneur a lieu à Béthanie. Sans dire un mot, Marie oint les pieds de son Seigneur bien-aimé avec un parfum précieux, de sorte que la maison est remplie de cette odeur. Combien elle a dû être affectée par les remarques négatives des disciples ! Mais la réaction du Seigneur Jésus dévoile la vraie valeur de cet acte d’amour. Il n’y avait là personne hormis Marie qui comprenait le Seigneur, et personne hormis le Seigneur qui comprenait Marie. Il s’agissait d’une relation intime, fondée sur l’amour. Par son onction, si peu de temps avant Sa mort, Marie a anticipé, dans la foi et l’amour, ce qui a été refusé aux autres femmes le jour de la résurrection. Elle était la seule à avoir pris au sérieux Ses paroles sur Sa mort imminente et à les avoir gardées dans son cœur. Et le Seigneur l’a apprécié.
Pour certains lecteurs de la Bible, il semble difficile de concilier l’amour et le dévouement de Jonathan pour David avec sa mort honteuse dans la bataille contre les Philistins (1 Sam 31). Jonathan meurt des mains des mêmes ennemis dont le chef Goliath avait été vaincu et tué par David. Cette triste fin de Jonathan semble si peu compatible avec sa relation passée avec David. Mais Dieu veut aussi nous donner une leçon à ce sujet.
L’affection de Jonathan pour David était sans aucun doute réelle et profonde. Mais comme tout croyant, Jonathan, aussi, possédait encore l’ancienne nature, la chair (même si ce fait n’est pleinement révélé que dans le Nouveau Testament, cf. Rom. 7:18). Tout croyant le sait aujourd’hui, ou du moins devrait le savoir. Trop souvent, la chair nous conduit sur des chemins qui ne plaisent pas à notre Seigneur. Cela ne vaut pas seulement pour les péchés évidents, mais aussi pour nos penchants naturels, dont certains sont même voulus par Dieu, comme par exemple l’amour de sa famille (cf. 2 Tim. 3:2,3). Mais si celui-ci nous met en contradiction avec notre Seigneur, nous devons le juger et le confesser. C’est ce que dit le Seigneur Jésus dans Ses paroles : «Celui qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi ; et celui qui aime fils ou fille plus que moi n’est pas digne de moi» (Matt. 10:37 ; cf. 19:29 et Deut. 33:9).
C’est justement ce qui semble être devenu un piège pour Jonathan. Il aimait David, mais ne partageait guère son rejet. C’est ce que montrent les deux brèves remarques : «David se leva et s’en alla, et Jonathan entra dans la ville» ainsi que : «David resta dans la forêt, et Jonathan s’en alla à sa maison» (1 Sam. 20:43 ; 23:18). Même s’il savait ce qui était mieux, Jonathan était trop attaché à son environnement familial. Ainsi, David est finalement resté seul dans son état de rejeté.
Le cœur de Jonathan était partagé. Il ne cherchait pas seulement l’honneur de David, mais un peu aussi le sien. Il reconnaissait certes sans réserve que David serait le futur roi d’Israël, mais il était déjà sûr, au fond de lui, de devenir le «second» après lui (1 Sam. 23:17). Ces paroles furent prononcées lors de la dernière rencontre de Jonathan avec David. Elle se termine par la constatation suivante : «Jonathan s’en alla à sa maison». Ses affections mitigées ont été fatales à Jonathan. Il n’était pas capable de se séparer de son père Saül et de sa position royale, bien qu’il savait que Dieu avait un autre plan.
Condamnons-nous Jonathan à cause de ces inclinations, celles de sa nature ? Ne faisons-nous pas souvent pareil ? Tant nos relations terrestres que notre désir d’honneurs peuvent nous entraver considérablement dans l’amour pour le Seigneur Jésus, dans la marche à Sa suite et dans le service pour Lui. Nous en avons aussi un exemple dans le Nouveau Testament. Barnabas était manifestement si attaché à son neveu Marc qu’il s’est laissé aller à rompre avec l’apôtre Paul (Actes 15:37-40). Par la grâce de Dieu, les choses n’en sont pas toujours restées là, comme nous le savons. Mais dans le cas de Jonathan, les choses se sont passées différemment.
Un temps assez long s’est écoulé pendant lequel la parole de Dieu est restée silencieuse au sujet de Jonathan. Pendant ce temps, David était poursuivi par Saül «comme une perdrix sur les montagnes» (1 Sam. 26:20). Y avait-il malgré tout quelque contact entre David et Jonathan ? Nous ne le savons pas. L’information suivante, la dernière, concernant Jonathan ne fait état que de sa mort. Il trouva la mort avec son père et ses frères dans une bataille contre les Philistins, dont le chef Goliath avait été autrefois vaincu par David (1 Sam. 31:2). Quelle triste fin pour l’homme de foi Jonathan ! Il n’avait pas pu se séparer complètement des influences de la chair, et a ainsi subi la même mort que son père incrédule dans le combat contre l’ennemi.
Alors arrive le merveilleux : après la mort de Jonathan, David ne mentionne plus que les choses honorables de sa vie. Certes, il reconnaît, comme toujours, Saül comme «oint de l’Éternel». Mais il prononce les paroles suivantes à propos de son ami Jonathan : «Je suis dans l'angoisse à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu étais pour moi plein de charmes ; ton amour pour moi était merveilleux, plus que l'amour des femmes» ! (*) (2 Sam. 1:26). Pas un mot sur l’éloignement croissant de Jonathan ! Seul son amour du commencement, si rayonnant, subsiste aux yeux de David.
(*) Il ne faut en aucun cas penser ici à l’homosexualité, qui est qualifiée d’«abomination» dans la parole de Dieu et qui était punie de mort selon la loi (Lévitique 20,13 ; cf. Rom. 1:23).
C’est un trait très noble. En cela, il ressemble au vrai David, le Seigneur Jésus, qui disait à Ses disciples à la fin de Son parcours terrestre : «Mais c’est vous qui avez persévéré avec moi dans mes tentations» (Luc 22:28). Pourtant, tous allaient L’abandonner lors de son arrestation, et de plus, Pierre allait Le renier. Le Seigneur, dans Sa grâce, le passe sous silence. Il ne mentionne que le bien qu’ils Lui ont fait. N’en sera-t-il pas ainsi, un jour, pour tous ceux qui croient en Lui ? Que de faiblesses dans notre vie, dont nous devons avoir honte ! Mais dans la gloire à venir, ni nous ni le Seigneur ne nous en occuperons.
Lorsque les chrétiens mourront ou seront transformés à la venue du Seigneur, le corps de leur abaissement, de même que la chair et la vieille nature, appartiendront pour toujours au passé. Lors de l’enlèvement, les croyants vivants seront transformés pour devenir conformes au corps de gloire de Christ et ceux qui se sont endormis seront ressuscités en gloire (Phil. 3:21 ; 1 Cor. 15:43). Car la chair et le sang ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu (1 Cor. 15:50). Nous n’emporterons rien de négatif dans l’atmosphère pure et sainte de la gloire de Dieu.
Au tribunal de Christ, où nous serons pleinement manifestés devant Lui, nous ne recevrons des récompenses et des louanges de Lui, que pour le bien que nous aurons fait par amour pour Lui (1 Cor. 3:14 ; 4:5c ; 2 Cor. 5:10). Car c’est en tant que pécheurs justifiés que nous nous tiendrons devant le tribunal de Christ. Le juge que nous y rencontrerons, nous le connaissons comme notre Sauveur ! Sur la croix, Il a porté tous nos péchés et leur châtiment, ainsi que le jugement du péché. C’est pourquoi nous pouvons envisager le jour du jugement avec assurance (1 Jean 4:17). Dans des corps glorifiés et sans péché, nous serons manifestés avec toutes nos pensées, paroles et actions devant le tribunal de Christ, et là, à Sa lumière, nous verrons tout selon Son appréciation, comme Lui en juge (1 Cor. 4:5). Le bien de notre vie sera récompensé ; il n’y aura plus de châtiment pour les Siens, car notre Seigneur l’a porté une fois pour toutes sur la croix. Qu’Il en soit éternellement loué et remercié ! Aucun de ceux qui croient que Dieu a envoyé Son Fils unique pour sauver les pécheurs perdus ne viendra donc en jugement, mais tous sont passés de la mort à la vie (Jean 5:24). Voilà la grâce de Dieu !
Dans la gloire inaltérée et non troublée de la présence de notre Rédempteur, cette grâce insondable nous occupera éternellement : «... afin que, dans les âges à venir, Il manifeste les immenses richesses de Sa grâce, dans Sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» (Éph. 2:7). David, dans ses paroles sur Jonathan, n’est-il pas aussi un exemple de notre Seigneur et de Sa grâce envers nous ?