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Livre des Proverbes : la paresse — le juste

 

Paul Fuzier

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

 

Table des matières agrégée :

1     Ce que le livre des Proverbes nous dit de la paresse

2     Le juste dans le livre des Proverbes

 

Table des matières détaillée :

1     Ce que le livre des Proverbes nous dit de la paresse

1.1      Des exhortations pour le temps présent

1.2      Va vers la fourmi, paresseux — Prov. 6:6-11

1.3      Manque de diligence — Prov. 10:4-5

1.4      Comme le vinaigre sur les dents, et la fumée aux yeux — Prov. 10:26

1.5      Labourer sa terre ou Courir après les fainéants — Prov. 12:11

1.6      Dominer ou être tributaire — Prov. 12:24

1.7      Le paresseux ne rôtit pas sa chasse — Prov. 12:27

1.8      Désirs non satisfaits — Prov. 13:4

1.9      Une haie d’épines ou un sentier aplani — Prov. 15:19

1.10    Frère du destructeur — Prov. 18:9

1.11    Sommeil et faim de l’âme — Prov. 19:15

1.12    Le paresseux qui ne ramène pas sa main à la bouche — Prov. 19:24

1.13    Labourer en hiver ou mendier à la moisson — Prov. 20:4

1.14    Le désir du paresseux le tue — Prov. 21:25

1.15    Le paresseux dit : Il y a un lion là dehors — Prov. 22:13

1.16    L’état du champ du paresseux. Sommeil et dénuement — Prov. 24:30-34

1.17    Le paresseux dit : Il y a un lion rugissant sur le chemin —Prov. 26:13

1.18    Comme la porte qui tourne sur ses gonds — Prov. 26:14

1.19    Encore le paresseux qui ne ramène pas sa main à sa bouche — Prov. 26:15

1.20    Sage à ses propres yeux — Prov. 26:16

1.21    Ne pas manger le pain de paresse — Prov. 31:27

2     Le juste dans le livre des Proverbes

2.1      Contraste des Proverbes avec l’Ecclesiaste

2.2      Justice pratique dans les Proverbes et le Nouveau Testament

2.3      Prov. 12:3, 12. Racine productive, qui n’est pas ébranlée

2.4      Prov. 10:3. Dieu pourvoit à la nourriture du juste

2.5      Prov. 10:16. L’œuvre du juste « pour la vie »

2.6      Prov. 10:11, 31. La bouche du juste

2.7      Prov. 10:20. La langue du juste

2.8      Prov. 15:28. Le cœur du juste

2.9      Prov. 12:26. Le juste montre le chemin

2.10    Prov. 3:18 ; 11:18, 28, 30, 31 ; 13:21. Ce que recueille le juste

2.11    Prov. 11:10 ; 21:15 ; 29:2,6. Le juste, un sujet de joie

2.12    Prov. 12:21 ; 18:10. Protection accordée au juste

2.13    Prov. 10:24, 28 ; 11:23 ; 15:29. Dieu répond au désir des justes

2.14    Prov. 11:18 ; 12:13 ; 10:30 ; 14:32 ; 28:1. Délivrances accordées aux justes

2.15    Prov. 4:18. Comme la lumière resplendissante qui va croissant

2.16    Prov. 3:33 ; 12:7 ; 10:6, 22 ; 15:6. Bénédiction sur la maison du juste

2.17    Prov. 10:7 ; 20:7. Ce que le juste laisse après lui

2.18    Conclusion

 

1                    Ce que le livre des Proverbes nous dit de la paresse

ME 1952 p. 141-149 ; p. 169-174 ; p. 197-204

 

1.1   Des exhortations pour le temps présent

En maints endroits, la Parole de Dieu blâme la paresse et nous exhorte à l’activité. Ces exhortations concernent aussi bien le domaine de la vie matérielle que celui de la vie spirituelle ; elles sont contenues dans les passages suivants, cités parmi bien d’autres : Eccl. 9:10 ; Matt. 25:14 à 30 ; Luc 19:11 à 27 ; Actes 20:33 et 34 ; Rom. 12:11 ; Éph. 4:28 ; 1 Thess. 2:9 ; 2 Thess. 3:10 à 12 ; Hébr. 5:11 et 6:11 et 12.

La paresse dans notre vie matérielle n’a pas comme compensation certaine une plus grande activité dans le domaine spirituel. C’est même généralement le contraire : les croyants les plus actifs dans les choses de Dieu sont parfois ceux qui le sont aussi le plus dans leurs occupations journalières. La réciproque n’est pas toujours vraie d’ailleurs, tant le danger est grand, pour chacun de nous, de nous laisser accaparer par nos travaux d’ordre professionnel ou domestique, comme si nous étions pris dans un engrenage dont nous ne pouvons nous dégager, et de négliger ainsi l’activité la plus importante, celle que nous avons à exercer pour le Seigneur.

Les conditions de la vie deviennent telles que l’on a de moins en moins de temps à consacrer à la lecture de la Parole et aux différentes tâches qui sont placées devant nous. Qu’il y ait là un effort de l’adversaire, cela ne fait aucun doute ! Satan cherche à nous faire vivre pour la terre, à nous empêcher ainsi de nous nourrir de Christ, afin que nous ne puissions ni Le suivre ni Le servir. Dans une existence si absorbée, celle des grandes villes notamment, comment trouver le temps nécessaire pour remplir un service particulier, pour étudier la Parole avec persévérance, et même pour lire et méditer ? Comme il est difficile de réaliser Colossiens 3 : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut... pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre », alors que ces choses de la terre nous assaillent et nous obsèdent constamment !

Cependant, si nous méconnaissons les exhortations que nous adresse la Parole pour nous mettre en garde contre la paresse dans le domaine spirituel, nous ferons une perte pour nous-mêmes et nous serons une entrave à la prospérité de l’Assemblée, car il est bien vrai que « à cause de la paresse, la charpente s’affaisse ; et à cause des mains lâches, la maison a des gouttières » (Eccl. 10:18).

Citons ici les premières lignes d’un article paru dans le Messager Évangélique (année 1923, page 29) : « Il y aurait lieu de s’étendre longuement sur la paresse. C’est une chose méprisable, que Dieu réprouve et qui, partout où elle domine, a les conséquences les plus désastreuses. Les Proverbes ne peuvent assez faire ressortir combien elle est blâmable, car elle n’est pas stigmatisée moins de vingt fois au cours de ce livre ». Cet article, que chacun relira certainement avec profit, présente quatre passages du Nouveau Testament qui nous parlent de la paresse au point de vue de la vie chrétienne :

 

·       paresse à écouter (Héb. 5:11),

·       paresse à propos de l’espérance chrétienne (Héb. 6:12)

·       paresse consistant à ne pas faire valoir le don qui nous a été confié (Matt. 25:26)

·       paresse dans le service (Rom. 12:11).

 

Dans l’Ancien Testament, le livre des Proverbes, plus que tout autre, nous adresse de sérieux avertissements au sujet de la paresse. Nous aimerions proposer à la méditation de nos lecteurs les nombreux passages où il en est question, comptant que Dieu voudra s’en servir pour nous réveiller à une sainte activité dans le domaine spirituel, à la place où Il nous veut et selon la mesure de foi qu’Il a départie à chacun (Rom. 12:3 à 8).

 

1.2   Va vers la fourmi, paresseux — Prov. 6:6-11

« Va vers la fourmi, paresseux ; regarde ses voies, et sois sage. Elle qui n’a ni chef, ni surveillant, ni gouverneur, elle prépare en été son pain, elle amasse pendant la moisson sa nourriture. Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? Un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir..., et ta pauvreté viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé » (Prov. 6:6 à 11).

Le paresseux est invité à considérer la fourmi, l’une des « quatre choses petites sur la terre, qui sont sages entre les sages » (cf. Prov. 30:24 à 28). Ces « quatre choses petites » nous sont présentées au milieu d’une scène où le désordre est partout (ibid. 21 à 23), image du monde où nous avons à vivre. Croyants, nous y sommes tous comme des fils de la Sagesse et, en ce sens, comme des « sages ». Mais sommes-nous tous des « sages entre les sages », c’est-à-dire de ceux qui, parmi les fils engendrés par la Sagesse, font preuve dans leurs voies de la sagesse qui est selon. Dieu ?

Les premiers caractères de ces « sages entre les sages » sont ceux de la fourmi : faiblesse (« peuple sans force ») et ardeur au travail (les fourmis « préparent en été leurs vivres »). Le sentiment de notre extrême faiblesse ne doit pas faire de nous des paresseux ! Il convient certes que nous en ayons toujours conscience — c’est un des traits de Philadelphie (Apoc. 3:8) — mais seulement pour chercher la force en Christ seul, afin que nous soyons rendus capables de travailler avec zèle, tandis que c’est encore le temps de servir — bientôt, « la nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler » (Jean 9:4) — et pendant que Dieu nous donne les capacités physiques et intellectuelles pour cela. Quand les forces déclinent, quand la mémoire fait défaut, le temps n’est plus où l’on peut étudier la Parole et servir activement, comme il est possible de le faire dans les années de la pleine vigueur.

Que Dieu nous garde de la paresse, paresse qui recule devant l’effort à faire pour se pencher sur le Saint Livre, le lire patiemment, le méditer avec prière, y cherchant les vraies richesses, Christ Lui-même, — paresse qui recule devant le service à accomplir !

Certainement, chers jeunes frères, auxquels nous voulons nous adresser en particulier, nul ne vous contraint à cette étude persévérante des Écritures ou à tel service pour le Seigneur. Pas plus que la fourmi n’est contrainte à préparer en été son pain et à amasser pendant la moisson sa nourriture ! Elle le fait sans que personne la commande, la surveille et l’oblige à ce patient labeur : « elle qui n’a ni chef, ni surveillant, ni gouverneur », elle agit ainsi tout naturellement, malgré la peine occasionnée par ce travail, car son instinct lui dit que c’est la saison de préparer son pain et d’amasser sa nourriture. De même pour nous, croyants : il n’y a d’autre contrainte que l’amour du Seigneur pour nous et notre amour pour Lui. « Avoir » ses commandements et les garder, telle est la véritable preuve de notre amour pour Christ (Jean 14:21 et 23) et cela nous conduira au service. Il faut d’abord aimer pour servir et l’on ne peut vraiment servir que celui que l’on aime.

Travailler en été est pénible ; d’autre part, amasser de la nourriture pendant la moisson semblerait d’autant plus rebutant pour la fourmi que cela paraît si peu utile : la moisson est tellement abondante ! que sont, en comparaison, les quelques grains enlevés, un à un, par la fourmi ? N’est-il pas vrai que notre petit service nous semble insignifiant à un point tel que nous sommes parfois tentés de croire à son inutilité ? C’est l’ennemi qui nous suggère cette pensée pour nous décourager et nous conduire à la paresse ! Ne nous laissons pas abattre et retenons l’enseignement contenu dans ces versets.

« Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? » Contraste saisissant entre le sommeil du paresseux et l’incessante activité de la fourmi ! Peut-être y a-t-il quelque croyant, « couché », en sommeil depuis bien des années, ou encore se laissant gagner par le sommeil spirituel, alors qu’il est au début de la vie chrétienne ? Pour celui-là, comme aussi pour tous, car nous sommes tous en danger de nous laisser entraîner à l’inactivité, il y a un avertissement sérieux : « Un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir..., et ta pauvreté viendra comme un voyageur (ou : un rôdeur) et ton dénuement comme un homme armé ».

Il suffit d’un peu... Un peu de sommeil ? Même pas. Un peu d’assoupissement ? Moins encore : simplement, un peu « croiser les mains pour dormir »! Comme il suffit de peu de chose, dans notre vie spirituelle, pour nous amener au dénuement le plus complet ! Le rôdeur, l’homme armé profitent du sommeil de celui qui a manqué de vigilance et d’énergie ; tandis que le paresseux dort, eux agissent. C’est ainsi que les petits commencements conduisent aux grands désastres ! Débuter dans la vie chrétienne par « un peu » de paresse, si peu que ce soit — ou encore, s’y laisser aller, à un moment quelconque de notre pèlerinage — nous conduira, si la grâce de Dieu n’intervient, à une ruine totale : pauvreté d’abord, dénuement ensuite.

S’il est indispensable de se nourrir de la Parole, d’y chercher, sous la direction du Saint Esprit, les richesses qui y sont contenues, il faut aussi employer, au service du Maître, ce qu’Il nous a ainsi donné. Cela fait partie de la « mine » que nous avons chacun reçue. Nous ne voudrions sans doute pas ressembler au « méchant et paresseux esclave » (Matt. 25:26) qui, ne connaissant pas celui qu’il aurait dû servir, a gardé sa mine « déposée dans un linge ». Imitons, au contraire, l’exemple de ceux qui ont servi fidèlement : l’un apporte dix mines, un autre cinq et tous deux, ayant fait fructifier ce qu’ils avaient reçu, obtiennent une récompense ! (Luc 19:12 à 27). Pour le serviteur fidèle, il y a une bénédiction présente (cf. Prov. 11:25) et une récompense au jour où chacun recevra « les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5:10).

 

1.3   Manque de diligence — Prov. 10:4-5

« Celui qui agit d’une main lâche devient pauvre, mais la main des diligents enrichit. Celui qui amasse en été est un fils sage ; celui qui dort durant la moisson est un fils qui fait honte » (Prov. 10:4 et 5).

Dans le verset 4, le contraste est établi entre la « main lâche » et celle « des diligents », entre la pauvreté et la richesse. La paresse conduit à la pauvreté, dans le domaine spirituel tout autant que dans les choses matérielles, tandis que celui qui désire avec ardeur les vrais biens et manifeste de la diligence à les rechercher sera spirituellement enrichi — et en enrichira d’autres : « la main des diligents enrichit ».

Le verset précédent (v. 3) nous dit que « l’Éternel ne laisse pas l’âme du juste avoir faim ». Cette promesse, qui est le côté de Dieu, inciterait-elle le paresseux à dire : du moment que Dieu ne me laissera pas avoir faim, à quoi bon me dépenser pour rechercher de la nourriture ? j’attends que Dieu me la donne ; Il est fidèle et ne peut manquer à ses promesses ? Les versets 4 et 5 sont là pour répondre aux raisonnements du paresseux ; ils nous présentent le côté de notre responsabilité.

Comme au verset 4, nous avons aussi un double contraste au verset 5 : « celui qui amasse en été » et « celui qui dort durant la moisson » — « un fils sage » et « un fils qui fait honte ». « Celui qui amasse en été » ressemble à la fourmi, « sage entre les sages », c’est un « fils sage » ; tout au contraire, « celui qui dort durant la moisson » manque de sagesse : non seulement il sera dans la pauvreté et le dénuement, mais encore — quelle douleur pour le cœur d’un père ! — c’est un « fils qui fait honte » ! Aucun enfant de Dieu ne voudrait délibérément « faire honte » à son Père céleste, mais peut-être est-il quelque paresseux qui « dort durant la moisson », alors que cependant « la moisson est grande... » (Luc 10:2), et qui ne sait pas qu’il est un « fils qui fait honte » ?

 

1.4   Comme le vinaigre sur les dents, et la fumée aux yeux — Prov. 10:26

 

« Ce que le vinaigre est aux dents, et la fumée aux yeux, tel est le paresseux pour ceux qui l’envoient » (Prov. 10:26).

Le vinaigre est aussi désagréable aux dents que la fumée l’est aux yeux et « le paresseux pour ceux qui l’envoient ». Nous sommes envoyés dans le monde comme le Seigneur Lui-même y a été envoyé : Jean 17:18 et 20, 21. Et c’est Lui qui nous envoie ! Le paresseux est donc une cause de souffrance pour le Seigneur.

Au contraire, « la fraîcheur de la neige au temps de la moisson, tel est le messager fidèle pour ceux qui l’envoient : il restaure l’âme de son maître » (Prov. 25:13). Christ a été, ici-bas, le vrai « messager fidèle » : Il a été, pour Celui qui l’a envoyé, tout à la fois, rafraîchissement (« fraîcheur de la neige au temps de la moisson ») et nourriture (« il restaure l’âme de son maître »). Puissions-nous imiter un tel Modèle, afin de glorifier Celui qui nous envoie dans ce monde pour Le servir. Suivant que nous serons actifs ou paresseux, nous serons pour Lui un sujet de joie (Prov. 25:13) ou une cause de souffrance (ibid. 10:26). Un cœur qui aime le Seigneur hésiterait-il ?

 

1.5   Labourer sa terre ou Courir après les fainéants — Prov. 12:11

« Qui laboure sa terre sera rassasié de pain, mais celui qui court après les fainéants est dépourvu de sens » (Prov. 12:11).

Cultiver le sol était un privilège pour Adam, dans le jardin d’Eden (Gen. 2:15). Le travail ne devint pénible qu’après l’entrée du péché dans le monde : « Maudit est le sol à cause de toi », dit l’Éternel à Adam, « tu en mangeras en travaillant péniblement tous les jours de ta vie... À la sueur de ton visage tu mangeras du pain... » (Gen. 3:17 et 19). Labourer sa terre est donc un dur labeur, il y faut de l’énergie et de la patience, mais c’est un travail qui porte du fruit, « le fruit précieux de la terre », et procure une nourriture abondante à celui qui n’a pas reculé devant la tâche à accomplir.

Dieu a donné à chacun des siens « une terre », un service à remplir dans la partie du vaste « champ » où Il l’a placé. Labourons-nous cette terre ou la laissons-nous en friche ? Sommes-nous actifs pour servir le Seigneur ou paresseux ? C’est être « dépourvu de sens », manquer de sagesse, que de « courir après les fainéants ». L’oisiveté est contagieuse comme tout mauvais exemple, et elle est, dit la sagesse des nations, la mère de tous les vices.

« Qui laboure sa terre sera rassasié de pain, mais qui court après les fainéants sera rassasié de pauvreté » (Prov. 28:19). Celui qui laboure sa terre « sera rassasié de pain », nourri avec abondance de la nourriture excellente dont nos âmes ont besoin pour croître et se développer : Christ, le pain de vie (cf. Jean 6). Quel contraste avec ce qui attend le paresseux : « rassasié de pauvreté », et combien cette expression est plus forte que celles de Prov. 6:11 ou 10:4 ! Quelle misère et quelle ruine elle dépeint !

 

1.6   Dominer ou être tributaire — Prov. 12:24

« La main des diligents dominera, mais la main paresseuse sera tributaire » (Prov. 12:24).

Au chapitre 10, « la main des diligents enrichit » (v. 4) ; ici, il est dit qu’elle « dominera ». Pour comprendre ces deux pensées, il nous faut lire les versets 42 à 44 de Luc 12 : il y est question d’un économe fidèle donnant à ceux que le maître a placés sous son autorité « au temps convenable leur ration de blé », En l’absence de son maître, il leur dispense le fruit d’une terre qui a été labourée ; il est non seulement rassasié de pain pour lui-même, mais encore, il « enrichit » ceux sur lesquels il a été établi (comp. Prov. 10:4 ; Luc 12:42 et 1 Pierre 5:2). Cette « domination », loin d’être celle du méchant esclave (comp. Luc 12:45 et 1 Pierre 5:3) en est tout l’opposé !

« La main des diligents dominera », cela ne se limite pas à ce que nous présente Luc 12:42. Il y a encore, en dehors de la béatitude du v. 43, la promesse du verset 44 : « En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens » (comp. avec 1 Pierre 5:4).

« La main paresseuse sera tributaire » : puisque « celui qui agit d’une main lâche devient pauvre » (Prov. 10:4), il est dépendant d’autrui pour sa nourriture, par conséquent « tributaire » de celui qui, « diligent », a labouré sa terre et est « rassasié de pain ». Il reçoit continuellement sans jamais rien donner. N’est-ce pas l’image d’un croyant qui n’a pas l’énergie nécessaire pour lire, méditer, étudier les Écritures, qui ne recherche pas la nourriture spirituelle indispensable à son accroissement et dépend ainsi, entièrement, de la « main des diligents » ?

 

1.7   Le paresseux ne rôtit pas sa chasse — Prov. 12:27

« Le paresseux ne rôtit pas sa chasse, mais les biens précieux de l’homme sont au diligent » (Prov. 12:27).

Le paresseux est allé « à la chasse » ; c’est pour lui un plaisir. En figure, c’est un croyant qui a entendu la Parole : la Parole est souvent écoutée avec satisfaction ; on a vraiment apprécié ce qui a été présenté, on sort heureux d’une réunion... Mais, comme le paresseux qui « ne rôtit pas sa chasse », le croyant ne retire pas grand profit de ce qu’il a entendu s’il n’imite pas l’exemple des chrétiens de Bérée qui « reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi » (Actes 17:11). « Rôtir sa chasse » est une peine après le plaisir, mais peine indispensable si l’on veut être nourri. Le paresseux veut bien goûter le plaisir mais recule devant la peine, car il est rebelle à tout ce qui nécessite un effort.

Ce verset 27 de Proverbes 12 nous permet de comprendre pourquoi certains croyants, ayant pourtant si souvent entendu présenter la Parole, font cependant si peu de progrès spirituels : ils ne ressemblent pas à Ruth. Ruth a glané dans les champs de Boaz et témoignage est rendu à sa diligente activité : « Et elle est venue, et est demeurée depuis le matin jusqu’à cette heure ; ce qu’elle a été assise dans la maison est peu de chose » (Ruth 2:7). La foi n’a aucun repos qu’elle n’ait récolté les bénédictions placées par Dieu sur son chemin ! Aussi Ruth a-t-elle été « rassasiée de pain » (comp. Ruth 2:14 ; Prov. 10:4 et 5 ; 12:11). Ayant non seulement glané, mais encore battu ce qu’elle avait glané, elle a recueilli un épha d’orge (Ruth 2:17). Mais ensuite, une récompense est assurée à l’énergie spirituelle, la «vertu» de 2 Pierre 1:5 qui permet de rôtir sa chasse, de battre le grain recueilli : Boaz donne à Ruth « six mesures d’orge » (Ruth 3:15). Elle a donc eu, avec celle qu’elle avait obtenue comme fruit direct de son labeur, sept mesures — une plénitude ! Le Seigneur multipliera toujours ce que nous aurons recueilli !

« La main des diligents enrichit » — elle « dominera » et obtiendra « les biens précieux » (Prov. 10:4; 12:24 et 27).

 

1.8   Désirs non satisfaits — Prov. 13:4

« L’âme du paresseux désire, et il n’y a rien ; mais l’âme des diligents sera engraissée » (Prov. 13:4).

Le paresseux veut bien le résultat, mais pas le moyen pour l’obtenir ! « L’âme du paresseux désire, et il n’y a rien » : avoir faim, désirer « les biens précieux » quand il n’y a rien, quelle souffrance !

Lorsque le cœur est occupé des mille choses de la vie terrestre, on ne pense pas à sa pauvreté : au fond, l’on ne désire rien des biens spirituels et, par conséquent, l’on ne souffre pas de la disette. Mais que, par les moyens si divers qu’Il emploie, Dieu opère un réveil, et « l’âme du paresseux désire » : elle sent le besoin d’une autre nourriture que celle qu’elle a eue jusqu’alors ; elle voudrait connaître quelque chose de la personne et des gloires de Christ... Mais « il n’y a rien », car le paresseux n’a fait aucun effort en vue de ce résultat : il n’a pas, comme la fourmi, « préparé en été son pain », « amassé pendant la moisson sa nourriture » ; au contraire, il a agi « d’une main lâche ». Ayant « couru après les fainéants », au lieu de « labourer sa terre », « lors de la moisson, il mendie et n’a rien » (Prov. 6:8 ; 10:4 et 5 ; 12:11 et 20:4).

Au contraire, « l’âme des diligents sera engraissée ». « La main des diligents enrichit », elle « dominera ; le diligent obtiendra « les biens précieux » et son âme sera « engraissée » (Prov. 10:4 ; 12:24 et 27 ; 13:4).

David a été un « diligent » : « Ô Dieu ! tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour ; mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi, dans une terre aride et altérée, sans eau ». Aussi peut-il dire ensuite : « Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse... » (Ps. 63:1 et 5).

« L’âme qui bénit sera engraissée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé » (Prov. 11:25).

 

1.9   Une haie d’épines ou un sentier aplani — Prov. 15:19

« La voie du paresseux est comme une haie d’épines, mais le sentier des hommes droits est aplani » (Prov. 15:19).

Un paresseux a toujours de bonnes excuses à faire valoir ! J’aimerais bien, dira-t-il, m’occuper davantage des choses de Dieu, lire les Écritures et les différents ouvrages qui nous instruisent dans la Parole, mais je n’ai vraiment pas le temps ! Et j’ai si peu de capacité pour entrer dans des sujets si élevés... L’on n’en finirait pas d’énumérer les prétextes qu’il peut mettre en avant pour essayer d’excuser sa paresse, toutes ces « haies d’épines » qui l’empêchent d’avancer sur le bon chemin ! Mais la « haie d’épines » est un mauvais prétexte et c’est aussi un manque de droiture, Proverbes 15:19 nous le montre bien. Il y a là, comme dans la plupart des versets que nous considérons, un double contraste : d’abord, une « haie d’épines » (c’est-à-dire : un chemin pratiquement fermé) et un « sentier... aplani » ; ensuite, le « paresseux » et les « hommes droits ». Le paresseux est donc quelqu’un qui manque de droiture. Ce manque de droiture est de la perversité : « Il y a des épines... sur la voie du pervers ; celui qui garde son âme s’en éloigne » (Prov. 22:5).

Le paresseux ne ferait-il pas mieux d’avouer sa paresse, au lieu de chercher mille excuses qui ne trompent personne, surtout pas Dieu, même pas le paresseux lui-même ?

Ce verset 19 de Proverbes 15 peut avoir également une autre signification. Dans la Parole, les épines sont, en général, une conséquence du péché (cf. Gen. 3:18). Le paresseux rencontre, sur son chemin, les conséquences de ses manquements ! Les épines déchirent et meurtrissent la chair : le paresseux a ainsi à souffrir des conséquences de sa paresse. Son chemin est « comme une haie d’épines » parce qu’il récolte ce qu’il a semé ! Tandis que « le sentier des hommes droits est aplani » : il n’y a, pour eux, aucune des souffrances que le paresseux doit endurer.

 

1.10                   Frère du destructeur — Prov. 18:9

« Celui-là aussi qui est lâche dans son ouvrage est frère du destructeur » (Prov. 18:9).

« La main des diligents domine » (Prov. 12:24) : « l’économe fidèle et prudent », établi par le maître sur « les domestiques de sa maison », leur donne « au temps convenable leur ration de blé » (Luc 12:42). Celui qui demeure le Berger de ses brebis emploie des serviteurs auxquels Il dit : « paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau ; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire » (1 Pierre 5:2 à 4). La responsabilité de ces serviteurs est de travailler en vue du bien de tout le troupeau. Mais si le bon Berger désire mener ses brebis vers de gras pâturages, la pensée de l’ennemi est tout autre : « le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire » (cf. Jean 10:9 à 15). Par conséquent, celui qui ne remplit pas le service qui lui a été confié, « qui est lâche dans son ouvrage » alors qu’il était responsable de « paître le troupeau de Dieu », laisse les brebis à la violence du loup. En ce sens, il est « frère du destructeur » : sa paresse conduit au résultat que poursuit l’adversaire !

 

1.11                   Sommeil et faim de l’âme — Prov. 19:15

« La paresse fait tomber dans un profond sommeil, et l’âme négligente aura faim » (Prov. 19:15).

Nous avons déjà vu le sommeil lié à la paresse : Prov. 6:9 et 10:5 ; ici, il s’agit d’un « profond sommeil », aboutissement d’un chemin qui a commencé par les « un peu » du chapitre 6 : « un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir... ». Nous en avons vu les conséquences : pauvreté et dénuement (6:11 ; 10:4) — la honte (10:5) — le manque de sens (12:11) — un désir inassouvi (13:4) et la faim (19:15). Alors que « l’âme des diligents est engraissée », « l’âme négligente aura faim » (13:4 ; 19, 15).

Ce verset 15 de Proverbes 19 fait suite à un verset dans lequel il est question de « l’héritage des pères ». Cet héritage ne peut être conservé que par le travail ; le paresseux le laisse disparaître (c’est également dans ce sens qu’il est écrit : « Celui-là aussi qui est lâche dans son ouvrage est frère du destructeur » — Prov. 18:9). Ayant laissé détruire, par sa paresse, l’héritage qu’il avait reçu, il est dans la misère, souffrant de la faim : « l’âme négligente aura faim ».

Avons-nous su garder « ce qui nous a été confié », « le bon dépôt » (1 Tim. 6:20, 2 Tim. 1:14), héritage précieux reçu de nos devanciers ? Hélas ! nous avons été, trop souvent, des paresseux ; aussi, nous avons faim, alors que nous devrions être rassasiés !

« N’aime pas le sommeil, de peur que tu ne deviennes pauvre ; ouvre tes yeux, et rassasie-toi de pain » (Prov. 20:13).

 

1.12                   Le paresseux qui ne ramène pas sa main à la bouche — Prov. 19:24

« Le paresseux enfonce sa main dans le plat, et il ne la ramène pas à sa bouche » (Prov. 19:24).

Le verset précédent nous dit que « la crainte de l’Éternel mène à la vie » ; celui qui craint l’Éternel « reposera rassasié, sans être visité par le mal » (v. 23). La paresse, présentée au chapitre 15 comme un manque de droiture (15:19), ici comme un manque de crainte de Dieu, ne rassasie pas : le paresseux va jusqu’à enfoncer sa main dans le plat, mais il s’arrête là, il n’a pas l’énergie nécessaire pour la ramener à sa bouche et, de ce fait, il n’est pas nourri.

Le paresseux ne peut même pas accomplir les travaux essentiels à la vie, prendre sa nourriture par exemple ! Il entreprendra parfois une tâche, formera de grands desseins, mais il n’ira pas bien loin et demeurera dans une position aussi fâcheuse que celle d’un homme ayant enfoncé sa main dans le plat et incapable ensuite de faire l’effort indispensable pour la ramener à sa bouche !

Il est à peine besoin d’ajouter que cela est aussi vrai dans le domaine spirituel que dans celui des choses matérielles.

 

1.13                   Labourer en hiver ou mendier à la moisson — Prov. 20:4

« À cause de l’hiver le paresseux ne laboure pas ; lors de la moisson, il mendiera et n’aura rien » (Prov. 20:4).

« Qui laboure sa terre sera rassasié de pain » (Prov. 12:11). La paresse recule devant un labeur pénible : au temps où il convient de labourer sa terre pour préparer les semailles, le paresseux préfère le repos, à l’abri des intempéries ! Mais, pas de semailles, pas de récolte ! Le paresseux n’a rien semé parce qu’il n’a pas eu, en premier lieu, l’énergie nécessaire pour labourer ; par conséquent, « lors de la moisson, il mendiera et n’aura rien ». Il sera vérifié alors que « la main paresseuse sera tributaire » et que « l’âme négligente aura faim » (Prov. 12:24 ; 19:15).

Au contraire, « le laboureur attend le fruit précieux de la terre » (Jacques 5:7).

« À cause de l’hiver le paresseux ne laboure pas » et il « dort durant la moisson », n’ayant d’ailleurs rien à « amasser en été » (20:4 ; 10:5) : en quelque saison que ce soit, il a toujours un prétexte pour ne rien faire ! Il est bien vrai que « celui qui observe le vent ne sèmera pas ; et celui qui regarde les nuées ne moissonnera pas » (Eccl. 11:4).

 

1.14                   Le désir du paresseux le tue — Prov. 21:25

« Le désir du paresseux le tue, car ses mains refusent de travailler » (Prov. 21:25).

L’âme du paresseux désire, et il n’y a rien » (Prov. 13:4) et ce « désir du paresseux le tue, car ses mains refusent de travailler ». Ne travaillant pas, il manque de tout (Prov. 6:11 ; 10:4 ; 12:24 et 27 ; 13:4 ; 19:15 et 24 ; 20:4 et 13), il n’a donc pas la nourriture par le moyen de laquelle la vie est entretenue. Il peut y avoir un désir de l’âme de se nourrir du « pain de vie », et même de faire quelque chose pour Christ, mais il n’y a aucun accord entre ce désir et le travail des mains ! Pour que ce désir puisse être réalisé, il faudrait d’abord travailler ; mais ce travail, les mains se refusent à le faire ! Le paresseux ne veut pas travailler et voudrait cependant posséder tout ce que procure le travail.

 

1.15                   Le paresseux dit : Il y a un lion là dehors — Prov. 22:13

« Le paresseux dit : Il y a un lion là dehors, je serai tué au milieu des rues » (Prov. 22:13).

« Le paresseux dit... » C’est le paresseux qui le dit ! Cela ne correspond en rien à la réalité ; c’est même invraisemblable, mais le paresseux n’hésite pas à avancer des prétextes de ce genre pour essayer de justifier son inactivité. De même que « la voie du paresseux est comme une haie d’épines » (Prov. 15:19) — il y a là un manque de droiture — son chemin est fermé par un lion — c’est un mensonge ! Le paresseux met en avant la puissance de l’ennemi — le « lion rugissant » (cf. Prov. 26:13) — devant lequel il est convaincu qu’il va succomber. Il oublie la puissance divine et cela le maintient dans son état de paresse.

Ne nous arrive-t-il pas aussi de reculer devant l’accomplissement d’un service parce que nous craignons les difficultés et redoutons la puissance de l’adversaire, oubliant que nul ne « va à la guerre à ses propres dépens » (1 Cor. 9:7) et que, si le Seigneur nous envoie, Il saura nous frayer la route ? N’allons-nous pas, parfois, jusqu’à appeler sagesse et prudence ce qui n’est, au fond, qu’un manque de foi et une mauvaise excuse à la paresse ?

 

1.16                   L’état du champ du paresseux. Sommeil et dénuement — Prov. 24:30-34

« J’ai passé près du champ de l’homme paresseux et près de la vigne de l’homme dépourvu de sens, et voici, tout y était monté en chardons, les orties en avaient couvert la surface, et sa clôture de pierres était démolie. Et je regardai, j’y appliquai mon cœur ; je vis, et je reçus instruction. Un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir..., et ta pauvreté viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé » (Prov. 24:30-34).

Paresse et manque de sens vont de pair : le « champ de l’homme paresseux », « la vigne de l’homme dépourvu de sens », de « celui qui court après les fainéants » (cf. Prov. 12:11), quel triste tableau ! « Tout y était monté en chardons, les orties en avaient couvert la surface » : on n’y voit que ce que produit la nature ou, en figure, le fruit de l’activité de l’homme dans la chair. « Et sa clôture de pierres était démolie » : en d’autres termes, la séparation n’est plus maintenue !

Sommes-nous invités à considérer un tel tableau pour critiquer le paresseux ? Non, mais pour recevoir instruction. Qu’y a-t-il eu au point de départ ? « Un peu... » (v. 33 et 34 ; cf. 6:10 et 11). Ne cherchons pas une excuse dans le « un peu », considérons les résultats qui en sont la conséquence !

 

1.17                   Le paresseux dit : Il y a un lion rugissant sur le chemin —Prov. 26:13

« Le paresseux dit : Il y a un lion rugissant sur le chemin, un lion dans les rues » (Prov. 26:13).

Ce verset est, à peu près, la répétition de Proverbes 22:13.

 

1.18                   Comme la porte qui tourne sur ses gonds — Prov. 26:14

« La porte tourne sur ses gonds, et le paresseux sur son lit » (Prov. 26:14).

« La porte tourne sur ses gonds », elle effectue un mouvement de va-et-vient mais reste à la même place. Demandons-nous si nous avons avancé plus qu’elle, si nous avons fait quelques progrès dans notre vie chrétienne Et encore, si même la porte n’avance pas, se bornant à « tourner sur ses gonds », elle a cependant une utilité. En avons-nous une, si nous restons toujours à la même place, du point de vue spirituel ? Il faut d’ailleurs redire qu’un croyant qui n’a pas avancé a certainement reculé, car, dans la vie spirituelle, il n’est pas possible de demeurer stationnaire.

Exhortés à ne rester ni « oisifs ni stériles pour ce qui regarde la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ » et, tout au contraire, à croître dans cette connaissance (2 Pierre 1:8 et 3:18), manifestons une sainte activité dans ce domaine !

Le paresseux tourne sur son lit, comme la porte sur ses gonds. Le lit, c’est le lieu du repos, donc le lieu de prédilection du paresseux (cf. Prov. 6:9 à 11 ; 10:5 ; 19:15 ; 24:33 et 34). Il a bien une apparence d’activité : il « tourne », comme la porte sur ses gonds s’ouvre et se ferme. Mais, à la différence de la porte, c’est sans la moindre utilité qu’il « tourne » ainsi ! Et même, quelle impression de désordre donne le lit d’un paresseux !

Retenons l’enseignement que nous donne ce verset : si nous sommes des paresseux, nous offrirons peut-être une certaine impression d’activité, qui n’est, au fond, que de l’agitation et, s’agiter n’est pas agir ; mais nous ne ferons aucun progrès spirituel, aucun travail utile et cet état peut nous conduire à un désordre — spirituel, et peut-être même moral — dont l’ennemi saura tirer profit tôt ou tard !

 

1.19                   Encore le paresseux qui ne ramène pas sa main à sa bouche — Prov. 26:15

« Le paresseux enfonce sa main dans le plat, il est las de la ramener à sa bouche » (Prov. 26:15).

Nous retrouvons ici le verset 24 du chapitre 19, avec une addition : la raison qui empêche le paresseux de ramener sa main à sa bouche : il est las !

 

1.20                   Sage à ses propres yeux — Prov. 26:16

« Le paresseux est plus sage à ses yeux que sept hommes qui répondent avec bon sens » (Prov. 26:16).

Voilà quelqu’un qui n’a pas l’énergie nécessaire pour s’emparer des biens que, cependant, son âme désire — qui, si même il va jusqu’à enfoncer sa main dans le plat, est las de la ramener à sa bouche et, par conséquent, n’est pas nourri ; un fils « qui fait honte » ; un serviteur qui est une cause de souffrance « pour ceux qui l’envoient » ; un homme « dépourvu de sens », « tributaire » des autres pour sa subsistance, qui ne « rôtit pas sa chasse », ne laboure pas « à cause de l’hiver » et, n’ayant rien, mendie au moment de la moisson ; un homme qui est dans la pauvreté et le dénuement, dont les mains refusent de travailler, dont le champ est monté en chardons, couvert d’orties, dépourvu de clôture et qui, malgré tout, se croit plus sage « que sept hommes qui répondent avec bon sens » ! On imaginerait difficilement semblable prétention ! Cet effroyable orgueil spirituel est la conséquence de l’aveuglement auquel conduit la paresse.

« As-tu vu un homme sage à ses propres yeux ? Il y a plus d’espoir pour un sot que pour lui » (Prov. 26:12).

 

1.21                   Ne pas manger le pain de paresse — Prov. 31:27

« Elle surveille les voies de sa maison, et ne mange pas le pain de paresse » (Prov. 31:27).

La « femme vertueuse » est, en figure, Jérusalem, non dans son état de ruine actuelle mais telle que Christ la verra, au jour de sa gloire, telle qu’elle est d’après les conseils divins. C’est aussi une image de l’Église selon les pensées de Dieu ; comme telle, elle devrait représenter Christ ici-bas : c’est ce que fait la « femme vertueuse » qui, par sa conduite personnelle et celle de tous ceux sur lesquels elle a une autorité dans sa maison, représente son mari. Toute son activité est en vue de ce but : elle désire que son mari soit honoré !

Une femme vertueuse est la couronne de son mari » (Prov. 12:4). Pour que ce but soit atteint, elle déploie une vigilance de tous les instants : elle surveille les voies de sa maison », car elle ne voudrait pas qu’un seul détail soit en désaccord avec le caractère de son mari et risque de porter atteinte à l’honneur qui lui est dû, et elle exerce une incessante activité : « elle ne mange pas le pain de paresse ».

Telle est la conduite d’un croyant qui cherche le bien de l’assemblée, sa paix, sa prospérité et la gloire de Celui qui en est le Centre et le Chef !

Aussi, les fils de la femme vertueuse « se lèvent et la disent bienheureuse ; son mari aussi, et il la loue ». Elle est « la femme qui craint l’Éternel », c’est elle qui sera louée » et qui récoltera le fruit de son labeur : « Donnez-lui du fruit de ses mains, et qu’aux portes ses œuvres la louent » (Prov. 31:27 à 31).

Une récompense est assurée à celui qui a servi avec fidélité, n’ayant en vue que la gloire et l’honneur de Christ : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25:21 et 23). Quel contraste entre ce « bon et fidèle esclave » et le « méchant et paresseux esclave » qui a caché son talent dans la terre (ibid. 26 à 30) !

Oui, «la moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers... » (Luc 10:2 et 3). En rappelant cette parole, adressée par le Seigneur aux soixante et dix qu’Il envoyait deux à deux, nous ne pensons généralement qu’aux serviteurs de Dieu dont la vie est consacrée à l’œuvre du Seigneur et nous oublions que chacun des croyants est un de ces ouvriers que « le Seigneur de la moisson » veut employer dans « sa moisson ». « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers ; suppliez donc le Seigneur de la moisson, en sorte qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson. Allez ; voici, moi je vous envoie... » Envoyés par le Maître, ne soyons pas une cause de souffrance pour Lui, manifestons, au contraire, les caractères du « messager fidèle » (cf. 10:26 et 25:13).

« Celui qui dort durant la moisson est un fils qui fait honte » (Prov. 10:5).

Puissions-nous, chacun pour ce qui nous concerne, avoir glané quelques épis, en méditant ces passages de la Parole ! Puissions-nous battre ce que nous avons ainsi glané ! Et que le Seigneur ajoute les six mesures !

 

Seigneur, toi qui pour nous t’offris en sacrifice,

Remplis-nous de ferveur pour mettre à ton service

Nos jours, nos biens, nos corps, nos cœurs !

 

Fais-nous toujours goûter combien c’est douce chose,

Pour tout enfant de Dieu, qui sur toi se repose,

De t’aimer et de te servir !

 

 

2                    Le juste dans le livre des Proverbes

ME 1958 p. 57

2.1   Contraste des Proverbes avec l’Ecclésiaste

Tandis que l’Ecclésiaste nous présente l’homme dans ses rapports avec son Créateur, le Livre des Proverbes nous le montre placé dans une relation spéciale avec Dieu : dans ce livre, Dieu, sous son nom d’Éternel, s’adresse à ceux qui sont en relation avec Lui ; fils engendrés par la Sagesse, ils sont dans un monde où le péché est entré avec ses conséquences, la violence et la corruption, mais sur une telle scène il est un chemin proposé au juste, dans lequel il pourra répondre à la pensée de Dieu.

 

2.2   Justice pratique dans les Proverbes et le Nouveau Testament

Le juste est celui dont toute la vie pratique manifeste une vraie séparation du mal. C’est ce qui le caractérise dans le livre des Proverbes et, d’une manière générale, dans l’Ancien Testament ; et, en fait, cette séparation du mal est bien la justice pratique que le fidèle est appelé à réaliser présentement, selon les enseignements du Nouveau Testament : la grâce de Dieu l’enseigne à « renier l’impiété et les convoitises mondaines » et à « vivre dans le présent siècle... justement... », tandis que, du point de vue ecclésiastique, il est également exhorté à « se retirer de l’iniquité », à se séparer des « vases à déshonneur » et à « poursuivre la justice... avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (Tite 2:11, 12 ; 2 Tim. 2:19 à 22). — Le point de départ de la justice, c’est toujours la foi : par la foi, l’homme est sauvé, justifié devant Dieu, placé dans une position de justice et de sainteté ; ensuite, il est appelé à vivre selon cette position, à vivre de foi, à marcher « dans des sentiers de justice » ; c’est la justice pratique. Les principes d’une telle marche sont enseignés en maintes portions des Écritures et notamment dans les Proverbes ; quel que soit le caractère particulier de ce Livre, nombre de ses enseignements peuvent être appliqués à la marche du fidèle dans le jour actuel.

Nous voudrions y considérer quelques-uns des passages dans lesquels il est parlé du juste. Puissions-nous le faire avec fruit afin que notre chemin dans ce monde soit vraiment « le sentier des justes », un « sentier » qui est « comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4:18).

 

2.3   Prov. 12:3, 12. Racine productive, qui n’est pas ébranlée

Le chapitre 12, à deux reprises (v. 3 et 12), nous parle de « la racine des justes » : elle « n’est pas ébranlée », elle est « productive ». Le juste est comparé ici à une plante : il est appelé, étant solidement établi sur un terrain inébranlable, à croître et à porter du fruit pour Dieu. — Le figuier sur lequel le Seigneur prononce le jugement rapporté en Marc 11:14 est une image d’Israël ou encore de l’homme dans son état naturel ; lorsque les disciples « virent le figuier séché depuis les racines », « Pierre, se ressouvenant de ce qui s’était passé », dit au Seigneur : « Voici, le figuier que tu as maudit est sec ». Et Jésus répond : « Ayez foi en Dieu » (vers. 20 à 22), en d’autres termes : il n’y a aucune ressource dans l’homme, c’est vers Dieu que la foi doit se tourner pour s’emparer des seules ressources grâce auxquelles du fruit pour Dieu pourra être porté. Et le Seigneur ajoute : « C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevez, et il vous sera fait » (vers. 24). La prière est l’expression de la foi en Dieu, de notre dépendance de Lui ; c’est ce qui caractérise la vie du nouvel homme qui a toutes ses ressources en Dieu et en Lui seul.

« Enraciné et fondé dans l’amour », le fidèle est amené à « connaître l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance », et le résultat de cet enrichissement spirituel est celui-ci : « rempli jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Éph. 3:14 à 19). Tel est le fondement stable sur lequel le juste est établi, le terrain solide dans lequel la racine s’enfonce pour y puiser la substance nécessaire au développement de la plante. Aussi, « la racine des justes n’est pas ébranlée ».

Mais encore, elle est « productive ». De celui « qui se confie en l’Éternel, et de qui l’Éternel est la confiance » seule la foi en exercice peut donner cette confiance — il est écrit qu’il est « comme un arbre planté près des eaux », qui « étend ses racines vers le courant », de telle sorte que même « dans l’année de la sécheresse il ne craindra pas, et il ne cessera de porter du fruit » (Jér. 17:7, 8). Et Ésaïe 37 nous donne certains caractères du résidu juste et pieux de la fin : lorsque « de Jérusalem sortira un résidu, et de la montagne de Sion ce qui est réchappé », « ce qui est réchappé et demeuré de reste de la maison de Juda poussera encore des racines en bas et produira du fruit en haut » (v. 31, 32). Quand Israël, « tombé par son iniquité », « reviendra à l’Éternel », « il poussera ses racines comme le Liban » — le Liban symbolise la stabilité du règne, — il produira du fruit pour Dieu, selon les expressions que nous trouvons dans la suite du passage, et l’Éternel lui dira : « De moi provient ton fruit » (Osée 14:1, 4 à 8). Le fruit est pour Dieu, mais aussi Dieu est la seule source à laquelle le croyant doive s’abreuver pour être rendu capable de porter du fruit : ce qui vient de Dieu retourne ainsi à Dieu.

 

2.4   Prov. 10:3. Dieu pourvoit à la nourriture du juste

Dieu lui-même veut pourvoir à la nourriture du juste : Il « ne laisse pas l’âme du juste avoir faim » (Prov. 10:3). Il répond à tous ses besoins, matériels et spirituels, dispensant jour après jour la nourriture du corps et la nourriture de l’âme. Sans doute Dieu le fait-Il pour tous les siens, mais le juste est, d’une manière particulière, l’objet de ses soins. Qui les apprécie et en jouit mieux que lui ? Seul il peut répondre, au moins dans une mesure, à l’exhortation de 1 Corinthiens 10:31 : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». De sorte qu’en prenant la nourriture dont son corps a besoin et que Dieu lui donne libéralement (cf. Matt. 6:24 à 34), le juste, n’ayant en vue que la gloire de Dieu, trouve de la nourriture pour son âme en cela même. C’est dans ce sens qu’il est écrit : « Le juste mange pour le rassasiement de son âme » (Prov. 13:25), expression que l’on peut également comprendre ainsi : en prenant les biens spirituels que Dieu lui dispense, le juste ne cherche pas un accroissement de ses connaissances, un enrichissement de son intelligence, il désire la nourriture dont son âme a faim. Il répond à l’invitation du Seigneur : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » (Jean 7:37). L’âme du juste a faim, elle a soif, mais c’est de Christ ; et c’est pour répondre aux besoins de son âme que le juste prend la nourriture qui lui est nécessaire : Christ, le pain de vie.

Christ homme sur la terre, Celui qui par excellence a été « le juste », a fait l’expérience que jamais « l’Éternel ne laisse l’âme du juste avoir faim ». Sans doute est-il écrit : « Et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela il eut faim » (Matt. 4:2), mais il fallait que, recommençant l’histoire de l’homme, il fût mis à l’épreuve, étant « tenté par le diable ». Combien admirable fut sa réponse au tentateur : « Il est écrit : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (vers. 4) ! C’est de Dieu qu’il attend la nourriture dont Il a besoin, et pour son corps et pour son âme. Sa justice est manifestée au travers de l’épreuve, au désert. Puis, dans le chemin qu’Il a suivi ici-bas, quelle nourriture Il a trouvée dans l’accomplissement de la volonté de son Dieu, faisant tout pour sa gloire ! C’est ainsi qu’Il pouvait dire à ses disciples : « Moi, j’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas... Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:32, 34).

Ainsi nourri, le juste pourra traduire dans ses œuvres et ses paroles ce qui est dans son cœur : la vie reçue par la foi, nourrie et enrichie, sera manifestée. Dans ce chemin, il sera un imitateur du parfait Modèle, de Celui qui possédant la vie en Lui-même est venu la manifester ici-bas, devenant un homme, nourri de toute parole sortie de la bouche de Dieu et accomplissant son service de telle manière que ce témoignage pouvait lui être rendu : « Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple... » (Luc 24:19 — cf. Actes 1:1).

 

2.5   Prov. 10:16. L’œuvre du juste « pour la vie »

« L’œuvre du juste est pour la vie » (Prov. 10:16). Cette courte expression ne résume-t-elle pas pour autant que, dans un tel domaine, l’on puisse parler de « résumer » — l’œuvre de l’homme parfait ici-bas ? La Parole est « devenue chair », « en elle était la vie » et « la vie a été manifestée » (Jean 1:14, 4 ; 1 Jean 1:2) ; désormais, cette vie est communiquée à l’homme sur le principe de la foi en un Christ mort et ressuscité. Au milieu d’une scène caractérisée par le péché et la mort, toute « l’œuvre du juste » a été « pour la vie » ; les Évangiles nous en donnent, à chaque page, des illustrations. Par excellence, son « œuvre » accomplie à la croix est « pour la vie » : elle est à la base de tout ce que Dieu peut donner à « quiconque croit », en premier lieu la vie éternelle. Oui, le psalmiste pouvait écrire, conduit par l’Esprit prophétique : « Son œuvre est glorieuse et magnifique, et sa justice demeure à perpétuité» (Ps. 111:3). Pendant les jours heureux du règne, c’est « sa justice » qui sera « racontée » au « peuple qui naîtra », sa justice manifestée tout au long de sa vie sur la terre et dans sa mort sur la croix : « ... qu’il a fait ces choses » (Ps. 22:31).

L’expression de Proverbes 10:16 doit caractériser aussi toute « l’œuvre » de ceux qui sont justifiés sur le principe de la foi : le fidèle, marchant « dans des sentiers de justice », et dans la mesure où il y demeurera, accomplira une « œuvre » qui est « pour la vie ». Il a « saisi la vie éternelle », selon 1 Timothée 6:12, il goûte déjà à l’avance, par la foi, quelque chose de ce qu’il connaîtra effectivement au terme du chemin, quand il jouira de la vie éternelle en gloire et, en attendant, son activité dans ce monde, vis-à-vis de ceux qui l’entourent, n’est qu’en vue de ce double but : présenter la vie, par la foi en Christ et en son œuvre expiatoire, à ceux qui sont encore « morts dans leurs fautes et dans leurs péchés » (Éph. 2:1), et la nourrir, la développer chez tous ceux qui sont nés de nouveau, en les occupant de Christ, le pain de vie.

 

2.6   Prov. 10:11, 31. La bouche du juste

Les actes constituent sans doute un témoignage plus puissant encore que celui qui s’exprime en paroles, mais les deux ont leur place. « La bouche du juste est une fontaine de vie », elle « produit la sagesse » (Prov. 10:11, 31). La bouche dit ce qui est dans le cœur (cf. Luc 6:45) et, d’autre part, les paroles doivent être en accord avec les actes. Nous avons vu ce qu’est « l’œuvre du juste », ses paroles doivent y correspondre : de sa bouche, comparée à une fontaine, sortent des paroles qui sont des paroles de vie. À cet égard aussi, nous pouvons arrêter notre attention sur les paroles de Christ homme ici-bas : « les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie » (Jean 6:63). — De la « bouche du juste », il est dit encore qu’elle « produit la sagesse ». La sagesse dont nous parle le livre des Proverbes a été personnifiée en Christ : la vie opérant dans le croyant le conduit à refléter quelques traits de Christ et le parfait Modèle est imité dans une mesure, si faible soit-elle. Le croyant, possédant la même vie que celle de Jésus, la vie de l’homme ressuscité, est responsable de la manifester ici-bas, c’est là la sagesse : « Prenez donc garde à marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages... » (Éph. 5:15). Les paroles du juste, présentant à toute âme inconvertie la vie éternelle sur le principe de la foi en Christ, occupant les croyants de « ce qui est vraiment la vie » (1 Tim. 6:19), concourent à « produire la sagesse » ; elles enseignent « la crainte de l’Éternel » et c’est « le commencement de la sagesse » (Prov. 9:10).

 

2.7   Prov. 10:20. La langue du juste

De la « langue du juste » il est écrit qu’elle est « de l’argent choisi » (Prov. 10:20). Cette expression est en rapport avec la grâce. Lorsque Christ était dans ce monde, il est dit, à propos d’une circonstance rapportée en Luc 4:22, que « tous lui rendaient témoignage, et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche». Il était Celui qu’à l’avance l’Esprit prophétique décrivait, par la bouche du psalmiste : « Tu es plus beau que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres : c’est pourquoi Dieu t’a béni à toujours », Celui à qui a été donnée « la langue des savants » pour qu’Il « sache soutenir par une parole celui qui est las » (Ps. 45:2 ; És. 50:4). Tel est le parfait Modèle proposé au juste. Que nos paroles soient « de l’argent choisi », toujours empreintes de grâce mais sans que jamais fasse défaut le sel de la vérité, selon l’exhortation de Colossiens 4:6 : « Que votre parole soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun ». Les Évangiles font ressortir, en chaque circonstance où le Seigneur a répondu à ceux qui s’adressaient à Lui, comment Il l’a fait. Il y a là un intéressant sujet de méditation et ceux de nos lecteurs qui voudront le considérer en retireront certainement beaucoup de profit spirituel.

Le livre des Proverbes nous parle non seulement de la bouche et de la langue du juste mais aussi de ses lèvres, les enseignements donnés à cet égard ayant trait au même sujet. « Les lèvres du juste en repaissent plusieurs » (Prov. 10:21). Puisque « la bouche du juste est une fontaine de vie », ce qu’il exprime développe la vie chez ceux qui la possèdent et constitue une nourriture précieuse produisant l’accroissement spirituel. L’âme est nourrie de Christ, de Celui qui est la source de la vie et qui en est aussi l’aliment. — « Les lèvres du juste savent ce qui est agréable » (Prov. 10:32), non pas ce qui est agréable à notre cœur naturel — comme, par exemple, « les paroles du rapporteur » qui sont « comme des friandises » (Prov. 18:8) — mais ce qui est agréable à l’homme renouvelé parce que cela plaît à Dieu. Quoi de plus « agréable » à Dieu que la personne de son Bien-aimé ? C’est de Lui qu’Il veut que nous soyons occupés ; lorsqu’il en est ainsi, « les lèvres du juste » parlent de Christ, elles « savent ce qui est agréable » à Dieu, ce qui est agréable au fidèle dans la mesure où il vit de la vie nouvelle.

Il est à peine besoin de souligner, là encore, que c’est de Christ par excellence qu’il est écrit : « Les lèvres du juste en repaissent plusieurs » et « les lèvres du juste savent ce qui est agréable », ou : « Les lèvres justes sont le plaisir des rois » (Prov. 16:13). Quelle satisfaction Il a donné à son Dieu dans toutes ses paroles comme dans toutes ses actions !

 

2.8   Prov. 15:28. Le cœur du juste

« Le cœur du juste réfléchit pour répondre » (Prov. 15:28). Ici, il n’est pas dit la bouche, ou la langue, ou les lèvres, mais « le cœur » du juste : avant que la parole soit prononcée, la réponse donnée, il y a un travail de réflexion, un exercice de cœur. Rien de cela chez le « méchant » : c’est « sa bouche » qui « fait jaillir les choses mauvaises », nous dit la fin de ce même verset. La chair est toujours pressée de répondre... Le juste a affaire avec Dieu dans le secret de son cœur, cela le conduit à réprimer les impatiences de la chair et la réponse qu’il donne est le fruit du travail que Dieu a opéré en lui.

 

2.9   Prov. 12:26. Le juste montre le chemin

Ce que réalise ainsi le juste, dans son œuvre et dans ses paroles, lui fournit le privilège d’être utile à d’autres : « Le juste montre le chemin à son compagnon » (Prov. 12:26). Christ l’a fait pour ceux qui sont appelés « ses compagnons » et qu’Il veut guider dans son chemin ; Il est l’exemple vivant que nous avons à imiter, Celui qui nous montre le chemin où Il a marché Lui-même et où Il nous appelle à le suivre. Le fidèle est exhorté à « montrer le chemin à son compagnon », et qu’est-ce qui lui donne l’autorité morale pour cela ? Sa propre marche. Que « son œuvre » et « ses paroles » présentent les caractères que nous venons de considérer dans ces divers passages, et en cela il « montrera le chemin à son compagnon ». C’est la puissante vertu de l’exemple.

 

2.10                   Prov. 3:18 ; 11:18, 28, 30, 31 ; 13:21. Ce que recueille le juste

Trois versets du chapitre 11 de ce Livre nous parlent du fruit recueilli par le juste. — « Celui qui sème la justice a un vrai salaire » (v. 18) ; déjà ici-bas il pourra voir quelques fruits de ces semailles pour la justice — « Voici, le juste est rétribué sur la terre » (Prov. 11:31) — et, lors de la manifestation « devant le tribunal du Christ », il « recevra les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait », « la couronne de justice que le Seigneur juste juge... donnera dans ce jour-là.... » (2 Cor. 5:10 ; 2 Tim. 4:8). En vérité, « le bien est la récompense des justes » (Prov. 13:21). — « Les justes verdissent comme la feuille » (11:28) : ils présentent tous les signes de la prospérité spirituelle. C’est le juste qui est « comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux, qui rend son fruit en sa saison, et dont la feuille ne se flétrit point... » (Ps. 1:3). « La racine des justes n’est pas ébranlée », elle est « productive », avons-nous déjà vu ; ici nous sont présentés les signes extérieurs d’un développement spirituel consécutif à la pratique de la justice. — « Le fruit du juste est un arbre de vie » (11:30). Après la feuille, le fruit. Au chapitre 3 de ce Livre, la sagesse est vue comme « un arbre de vie pour ceux qui la saisissent » (v. 18) cet « arbre de vie », c’est Christ. Tel est le « fruit » produit par le juste : il présente Christ, il parle de Lui ; ses actes et ses paroles le font ainsi connaître. Il présente « la parole de vie », selon l’expression de Philippiens 2 (voir les versets 14 à 16). Une marche dans le sentier de la justice n’est pas pour exalter l’homme mais pour glorifier Christ.

 

2.11                   Prov. 11:10 ; 21:15 ; 29:2,6. Le juste, un sujet de joie

La prospérité des justes serait-elle un motif de jalousie ou d’envie, de la part de ceux qui les entourent et auxquels ils apportent tant de bienfaits ? Il ne devrait jamais en être ainsi. Tout au contraire, « la ville se réjouit du bien-être des justes » et « quand les justes se multiplient, le peuple se réjouit » (Prov. 11:10 ; 29:2). La ville, le peuple se réjouissent de la prospérité des justes car ils y ont part dans une certaine mesure ; par exemple, lors du triomphe de Mardochée, il est dit que « la ville de Suse poussait des cris de joie et se réjouissait » et, en ce qui concerne le peuple : « Pour les Juifs il y avait lumière et joie, et allégresse et honneur. Et, dans chaque province et dans chaque ville... il y eut de la joie et de l’allégresse pour les Juifs, un festin et un jour de fête... » (Esther 8:15 à 17). — Si la joie est éprouvée par d’autres, le juste la connaît d’abord, et sans doute à un degré plus élevé, pour lui-même : « C’est une joie pour le juste de pratiquer ce qui est droit » (Prov. 21:15). Pratiquer ce qui est droit, c’est la justice : « le chemin du juste est la droiture » et Celui « qui est droit » — le juste en reflète le caractère — « aplanit le sentier du juste » (Ésaïe 26:7). Un homme droit, c’est un homme dans le cœur duquel il n’y a pas de fraude et dont toute la marche pratique correspond à la droiture du cœur. Dieu nous garde d’oublier jamais que « le chemin du juste » c’est « la droiture » ! Si nous le savions mieux par l’expérience, nous verrions plus souvent « aplani » notre sentier. Pour le juste, il n’y a rien de pénible dans le chemin où il marche ; bien au contraire, c’est une joie pour lui que de s’y trouver et de pouvoir y considérer Celui qui est son Modèle et qui, par l’Esprit prophétique, a exprimé ce qu’Il y a éprouvé : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé. C’est pourquoi mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie... » (Ps. 16:8, 9). Oui, « le juste chantera et se réjouira » (Prov. 29:6).

Si le juste peut ainsi se réjouir, c’est parce que « pratiquer ce qui est juste et droit, est une chose plus agréable à l’Éternel qu’un sacrifice » (Prov. 21:3). Ce qui le réjouit par dessus tout, c’est d’être agréable à Dieu, c’est la satisfaction que Dieu peut éprouver en le voyant marcher. Qui si ce n’est Christ a pu se réjouir pleinement ainsi ? Il est toujours vrai qu’« écouter est meilleur que sacrifice » ; écoutons ce que « l’Éternel recherche de notre part » : « que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (1 Sam. 15:22 ; Michée 6:6 à 8). Le juste éprouve une joie profonde à répondre à la pensée de Dieu, à avoir le sentiment de son approbation. Puisse cette joie être aussi la nôtre !

 

2.12                   Prov. 12:21 ; 18:10. Protection accordée au juste

De quelle protection est assuré le juste, de la part du Dieu qu’il sert et à la pensée duquel il répond, tandis qu’il marche dans un sentier de droiture et de fidélité ! « Aucun malheur n’arrive au juste » (Prov. 12:21). Peut-être aura-t-il des circonstances difficiles à rencontrer, l’épreuve à endurer, mais il fera l’expérience que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8:28 — voir aussi les versets 31 à 39) ; rien ne peut constituer « un malheur » pour le juste. Et au milieu des dangers auxquels il peut être exposé, il a toujours un sûr refuge : « Le nom de l’Éternel est une forte tour ; le juste y court et s’y trouve en une haute retraite » (Prov. 18:10). Peut-il y avoir dans ce monde un abri plus sûr ?

 

2.13                   Prov. 10:24, 28 ; 11:23 ; 15:29. Dieu répond au désir des justes

L’Éternel est son refuge, Il est aussi Celui auquel le juste s’adresse, dans la confiance que ses prières seront exaucées parce qu’elles sont en accord avec la pensée divine. Aussi, « le désir des justes, Dieu l’accorde » (Prov. 10:24). S’il a un désir c’est pour la gloire de Dieu et si même Dieu attend pour répondre à sa requête, cette attente n’est pas un sujet de découragement pour lui : « l’attente des justes est une joie (Prov. 10:28). La foi éprouvée est une foi fortifiée et il y a là de la joie pour le juste. Ni lassitude, ni impatience, ni doute, ni incrédulité, mais une confiance entière en Celui qui « accorde le désir des justes », l’attente calme et paisible de la réponse qu’Il enverra « au moment opportun »... Cette attente même est une joie car le juste est spirituellement enrichi tandis que Dieu éprouve, exerce et fortifie sa foi. — Le « désir des justes Dieu l’accorde » car « le désir des justes n’est que le bien », il ne peut rien désirer qui ne soit selon la pensée de Dieu. « L’Éternel... écoute la prière des justes » (Prov. 11:23 ; 15:29).

 

2.14                   Prov. 11:18 ; 12:13 ; 10:30 ; 14:32 ; 28:1. Délivrances accordées aux justes

Dans les plus grandes détresses, le juste fait l’expérience des délivrances de l’Éternel « Le juste est délivré de la détresse », « le juste sort de la détresse » (Prov. 11:8 ; 12:13). De telles promesses fortifient la foi, de sorte que « le juste ne sera jamais ébranlé », il est « plein de confiance, dans sa mort même », et encore : « les justes sont pleins d’assurance comme un jeune lion » (Prov. 10:30 ; 14:32 ; 28:1).

 

2.15                   Prov. 4:18. Comme la lumière resplendissante qui va croissant

Quel enrichissement de l’âme, quel accroissement spirituel dans un tel chemin ! Cela ne produit-il pas dans notre cœur le désir d’y marcher et ne nous conduira-t-il pas à demander à Dieu, avec instance, qu’Il nous en accorde la grâce ? « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4:18). Le juste fait des progrès dans la connaissance et dans la jouissance de la personne de Christ, jusqu’à ce qu’il parvienne à la pleine lumière, au « plein jour établi ». Alors sera achevé cet accroissement dont nous parle l’apôtre : « jusqu’à lui qui est le chef, le Christ », ce sera « la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Éph. 4:13 à 15). — Considérons le chemin que nous avons déjà parcouru. Pourrions-nous dire qu’il est « comme la lumière resplendissante qui va croissant » ? Avons-nous fait seulement quelques progrès spirituels, sommes-nous à même d’entrer un peu mieux qu’il y a quelques années dans la pensée du Seigneur et d’y conformer nos voies ? Qu’au moins ces questions nous exercent et nous conduisent à rechercher le secours d’en-haut de telle manière que notre chemin ici-bas soit « le sentier des justes » ! Il n’y a de vraies joies, de vrai bonheur pour le croyant, et par dessus tout, de gloire pour Dieu que dans ce « sentier ». Dieu veuille nous enseigner Lui-même et nous conduire dans le sentier où le Seigneur a marché, Lui le juste ! « Enseigne le juste, et il croîtra en science » ! (Prov. 9:9).

 

2.16                   Prov. 3:33 ; 12:7 ; 10:6, 22 ; 15:6. Bénédiction sur la maison du juste

La bénédiction divine repose sur le juste et sur sa maison. « Il bénit l’habitation des justes », de sorte que « la maison des justes demeure » (Prov. 3:33 ; 12:7). « Il y a des bénédictions sur la tête du juste » et « la bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit », c’est pourquoi « dans la maison du juste il y a un grand trésor » (Prov. 10:6 ; 10:22 et 15:6).

 

2.17                   Prov. 10:7 ; 20:7. Ce que le juste laisse après lui

Et s’il y a encore des jours ici-bas, que laissera le juste après lui ? « La mémoire du juste est en bénédiction » (Prov. 10:7). Son souvenir, son exemple en conduiront plusieurs à « imiter sa foi », à marcher dans le même sentier. Ses fils, tout particulièrement, éprouveront une riche bénédiction ! « Le juste marche dans son intégrité ; heureux ses fils après lui ! » (Prov. 20:7). Saisissant contraste avec ce que nous lisons dans le Livre du prophète Osée : « Car tu as oublié la loi de ton Dieu, et moi j’oublierai tes fils » (4:6). Pensons à nos enfants ! Pour qu’ils soient « heureux après nous », et c’est bien le désir de nos cœurs, puissions-nous être gardés d’oublier la loi de notre Dieu et conduits à marcher dans « le sentier des justes » !

 

2.18                   Conclusion

Que ces différents passages du Livre des Proverbes soient pour nous un sujet de méditation et nous exercent devant Dieu, nous faisant souhaiter réaliser une marche fidèle dans le sentier de la justice, pour y goûter tous les privilèges, toutes les joies et les bénédictions qui s’y rattachent, pour y glorifier le Seigneur ! Laissons-nous conduire par notre bon Berger, nous pourrons dire comme David autrefois : « il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom » (Ps. 23:3).

« Qui poursuit la justice et la bonté trouvera la vie, la justice et la gloire » (Prov. 21:21), c’est-à-dire : la nourriture spirituelle pour le développement de la vie reçue par la foi, la séparation du mal toujours mieux réalisée, la gloire au terme du chemin. C’est une promesse qui nous est faite dans ce verset, Dieu veuille que nous sachions nous en emparer !

« Et je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que vous discerniez les choses excellentes, afin que vous soyez purs et que vous ne bronchiez pas jusqu’au jour de Christ, étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1:9 à 11).