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Le Monde selon l’Écriture
Paul Fuzier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
1 Le monde dans l’Évangile selon Jean
2 Organisation et esprit du monde. Genèse 4. L’autorité et son exercice
3 « Ils ne sont pas du monde » — Jean 17:14, 16
Table des matières détaillée :
1 Le monde dans l’Évangile selon Jean
1.1 Ce qu’est le monde dans les écrits de Jean
1.2 Le comportement de Caïn et les principes du monde. Genèse 4
1.3 Le monde opposé à Dieu a rejeté Dieu dans la Personne de Son Fils
1.4 Opposition entre le Père et le monde
1.5 Le Fils de Dieu venu dans le monde
1.6 Le monde où règne le péché
1.8 Le monde, une scène de mort
1.10 La lumière du monde : le Seigneur, puis les croyants
1.11 Le jugement du monde est prononcé, mais son exécution différée
1.12 Le Seigneur laisse le monde
1.13 Les croyants ont de la tribulation dans le monde
1.14 Donnés du monde, pas du monde
1.15 Le monde n’a pas connu, mais connaîtra un jour
1.16 Marcher dans le monde comme n’en étant pas
2 Organisation et esprit du monde. Genèse 4. L’autorité et son exercice
2.2 Dieu et le monde : la croix de Christ
2.3 Monde actuel : progrès du mal malgré une façade respectable
2.4 L’autorité et son exercice
3 « Ils ne sont pas du monde » — Jean 17:14, 16
3.2 Corruption et violence : ceux qui font exception
3.4 La proximité du retour du Seigneur incite à répandre l’évangile
3.5 La proximité du retour du Seigneur incite à Le servir et être séparé du monde
3.6 Dangers de la mondanité civile ou religieuse
3.7 Être conscient des dangers du monde et des ressources divines
3.8 Être attachés au Seigneur de coeur
ME 1961 p. 197-207
L’expression « le monde », souvent employée dans les Écritures et particulièrement dans l’Évangile selon Jean, n’a pas une seule et même signification dans les différents passages où nous la trouvons. Elle nous présente tantôt une organisation, un « système », qui règle la vie et les rapports des hommes entre eux ; tantôt la terre elle-même, c’est-à-dire la scène sur laquelle se développe cette organisation des affaires humaines ; ou encore, l’ensemble des individus qui vivent sur cette scène, selon les principes d’un tel « système ». Le sens est assez facile à dégager dans chaque passage, généralement à l’aide du contexte, de telle sorte que nous savons chaque fois s’il s’agit de l’organisation, de la scène ou des personnes de ce monde.
À cette remarque préliminaire, ajoutons encore ceci. Les grands principes de l’organisation du monde peuvent être dégagés de l’Écriture même : il suffit de lire avec quelque attention le récit — donné en Genèse 4 (v. 3 à 7 et 17 à 24 spécialement) — de ce qui a immédiatement suivi la chute du premier homme dans le jardin d’Éden, d’où l’Éternel Dieu le chassa.
En premier lieu, le cœur de l’homme est manifesté tel qu’il est, plein de haine contre son propre frère et révolté contre Dieu. Remarquons encore que le motif de la haine de Caïn est d’ordre religieux (Gen. 4:5). Toute l’histoire de l’homme sur la terre est remplie de déchaînements semblables et, bien souvent, pour des causes de même ordre. Et si aujourd’hui, dans certains pays tout au moins, une apparence extérieure de bonté et de tolérance semble de nature à faire oublier les enseignements de Genèse 4:3 à 8, il n’en demeure pas moins que le cœur de l’homme est resté le même : il est « trompeur par-dessus tout, et incurable ; qui le connaît ? Moi, l’Éternel, je sonde le cœur, j’éprouve les reins... » (Jér. 17:9, 10). Que de témoignages sous nos yeux, hélas ! de la méchanceté du cœur de l’homme, confirmant ce que Dieu nous en dit dans sa Parole !
Après avoir tué Abel son frère, Caïn « bâtit une ville ». Il importe peu de déterminer sa grandeur, il nous suffit de savoir qu’il y avait déjà là une certaine agglomération d’êtres humains qui vivaient sous la conduite, plus ou moins discernée mais cependant réelle, de Satan. Dans cette « ville », point de départ du « monde », l’homme trouvera ce qui est susceptible d’éveiller les convoitises de son cœur naturel — c’est bien, effectivement, ce qui est « dans le monde » selon 1 Jean 2:16 — comme aussi, de lui faire oublier pour un temps la triste condition où le péché l’a placé. Caïn appelle cette ville du nom de son fils Hénoc (Gen. 4:17), et les hommes ont agi dans la suite suivant ce même principe, témoignant ainsi de leur indépendance de Dieu : « Leur pensée intérieure est que leurs maisons durent à toujours, et leurs demeures de génération en génération ; ils appellent les terres de leur propre nom » (Ps. 49:11). Puis, dans cette ville, Jubal introduit la musique (Gen. 4:21), plus généralement les arts, afin de réjouir l’esprit de l’homme et de faire taire en lui la voix de la conscience ; sans doute n’y a-t-il là rien de mauvais en soi, le danger est d’en être tellement occupé et nourri que le cœur se détourne de Dieu et de sa parole. Dans ce monde, le travail a également sa place (Gen. 4:22) mais ce n’est pas exactement celui dont il était question en Genèse 3:17 à 19 ; « les outils d’airain et de fer » s’y trouvent aussi bien que « la harpe et la flûte ». Un autre trait encore qui le caractérise : alors que Dieu a établi un certain ordre dans la création, l’homme le renverse dans son « système » ; c’est ainsi que « Lémec prit deux femmes » (Gen. 4:19). Enfin, tandis que Dieu a parlé, l’homme prétend mettre sa propre parole au-dessus de celle de son Créateur : « Et Lémec dit à ses femmes : Ada et Tsilla, écoutez ma voix ; femmes de Lémec, prêtez l’oreille à ma parole : Je tuerai un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure ; si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois » (Gen. 4:23, 24 — comparer avec ce que Dieu avait dit en Genèse 4:15).
Nous avons donc, dans ce chapitre 4 de la Genèse, un tableau à peu près complet, présenté immédiatement après la chute, du monde et des principes qui le gouvernent : haine de son semblable, de son frère, et plus spécialement haine religieuse ; indépendance de Dieu ; plaisirs et travaux qui occupent l’homme de telle manière qu’il n’a plus le temps de penser à Dieu, d’écouter sa parole, si même il en a quelque désir ; renversement de l’ordre établi ; parole de l’homme placée au-dessus de celle de Dieu.
C’est dans un tel monde que Christ est venu. Et sa présence même en a pleinement manifesté le véritable caractère : le monde est opposé à Dieu, au fond il ne veut pas de Lui et l’a rejeté dans la personne de son Fils. Comme le premier homme l’avait fait dans le jardin d’Éden, le monde a écouté la voix du serpent ; aussi, après le rejet de Christ, Satan est-il déclaré le « chef de ce monde » : dans l’Évangile selon Jean, à trois reprises le Seigneur le désigne comme tel (12:31 ; 14:30 et 16:11). Dans la personne de son Fils, Dieu est rejeté par le monde et, d’autre part, le monde est alors mis de côté par Dieu ; le Saint Esprit, descendu ici-bas comme Personne divine, est la démonstration de ce double fait (Jean 16:8 à 11). Désormais, Dieu ne s’occupe plus du monde comme « système » : le monde est jugé ; moralement et judiciairement, il a pris fin à la croix de Christ. Et si l’évangile est prêché ce n’est pas, contrairement à ce que pensent beaucoup, pour améliorer et christianiser le monde, mais pour sauver des pécheurs et les retirer du monde : la croix de Christ est, en tout premier lieu, ce qui nous sépare du monde (cf. Gal. 1:4 ; 6:14, 15).
Dans les écrits de Jean, « le Fils unique, qui est dans le sein du Père » fait connaître Dieu, voir le Père (Jean 1:18 ; 14:9) et il y a une opposition complète entre le Père et le monde : « si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui, parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde » (1 Jean 2:15, 16). Nous comprenons donc que, plus qu’aucun autre, l’Évangile selon Jean nous parle et du Père et du monde.
Cet Évangile nous présente le Fils de Dieu venu dans le monde, venu pour y faire connaître le Dieu que jamais personne ne vit. Expression de ce que Dieu est, Il est « la Parole », la Parole qui était « au commencement », affirmation de son existence éternelle, qui était « auprès de Dieu », par conséquent Personne distincte, qui « était Dieu » ; donc Lui-même. Du monde (cette fois la scène de ce monde) Il est le tout-puissant Créateur : « Toutes choses furent faites par elle (la Parole — Christ), et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait ». « Le monde fut fait par lui » et, venu dans le monde, « le monde ne l’a pas connu » (ici les hommes de ce monde). Cette déclaration est faite dès le début de l’Évangile. Cependant, c’est à ce monde éloigné de Dieu, et en vue du salut du monde que Jésus est présenté dans le quatrième Évangile. Il y vient comme don de Dieu et parce que Dieu a aimé le monde : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (voir Jean 1:1 à 18 et 3:16).
Ce qui caractérise ce monde, en premier lieu, c’est le péché qui y règne. Il y est entré par la désobéissance du premier homme, Adam, et Jean écrit dans sa 1ère Épître : « le monde entier gît dans le méchant » (Rom. 5:12 ; 1 Jean 5:19). En rapport avec ce fait, Jésus est salué par Jean le baptiseur comme « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Tel est son caractère et cela sans qu’il soit question ici du moment où la chose sera pleinement et complètement réalisée. L’agneau de Dieu va être immolé et, en vertu de son sacrifice expiatoire, le péché du monde sera ôté.
Un autre trait du monde, conséquence du premier, c’est qu’il est perdu. Aussi, c’est d’un Sauveur qu’ont besoin les hommes de ce monde et ceux qui le reçoivent comme tel peuvent dire : « nous-mêmes nous l’avons entendu, et nous connaissons que celui-ci est véritablement le Sauveur du monde » (Jean 4:42). Les Samaritains, qui prononcèrent ces paroles, n’avaient aucune part aux promesses faites aux Juifs ; le fait que le Seigneur exerçait au milieu d’eux un ministère de grâce était donc bien la preuve que le salut qu’Il apportait était offert au monde entier, un monde perdu. C’est ce que Jean enseigne aussi dans sa 1ère Épître : « Lui (Jésus Christ) est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » — « Le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde » (1 Jean 2:2 ; 4:14). Ce salut est offert au monde entier, mais il est seulement la part de « quiconque croit » (Jean 3:16 et 36 ; Actes 13:39).
Mais encore, moralement, le monde est une scène de mort (cf. Rom. 5:12) ; les hommes de ce monde sont « morts dans leurs fautes et dans leurs péchés » (Éph. 2:1). Aussi, c’est un Christ, pain de vie descendu du ciel, qui se présente et donne la vie au monde » (Jean 6:33). C’est à Lui qu’il faut venir ; Il est « le pain » qu’il faut « manger », ce qui implique sa mort, car sans sa mort Il ne pouvait être « mangé » (on ne mange pas un être vivant) et il fallait sa mort pour que nous ayons la vie. Toutes ces expressions ont un sens spirituel, ainsi que le Seigneur le dit Lui-même : « les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie » (vers. 63). C’est sa mort qu’il convient de s’approprier, dont il faut faire sa nourriture, afin d’avoir la vie : « Moi », dit-Il, « je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain aussi que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde » (vers. 51). Pour la « vie du monde », il fallait sa venue ici-bas et sa mort sur la croix.
Venu sur une scène de péché et parmi des hommes pécheurs, perdus et moralement morts, quel accueil le Seigneur y a-t-Il reçu ? « Le monde ne l’a pas connu » (Jean 1:10). Il y a été un étranger ; davantage encore, Il a été l’objet de la haine de ce monde parce qu’Il rendait témoignage de son véritable état. C’est ainsi qu’Il pouvait déclarer à ses frères : « Le monde ne peut pas vous haïr ; mais il me hait, parce que moi je rends témoignage de lui que ses œuvres sont mauvaises » et, plus tard, Il dira à ses disciples : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela, le monde vous hait » (Jean 7:7 ; 15:18, 19).
Aveuglé, ce monde ne « voit » pas Celui qui est venu pour ôter son péché, assurer son salut, lui apporter la vie ; il est plongé dans les ténèbres morales les plus profondes, ne discernant pas en Jésus Celui qui est « la lumière du monde ». « Moi », dit-Il, « je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Et Il dira encore : « Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jean 8:12 ; 9:5). Il était venu ici-bas comme étant la lumière, afin de manifester ce qu’il y a dans le cœur de l’homme mais aussi pour apporter la vie, car « la vie était la lumière des hommes » (Jean 1:4). Rejeté par ce monde, crucifié, Il n’est plus maintenant « la lumière du monde » ; Il est la lumière des seuls croyants et eux sont appelés à faire face à la responsabilité qui leur incombe comme étant « la lumière du monde » (Matt. 5:14). Ils ne le peuvent que dans la mesure où ils réalisent pratiquement qu’ils sont « lumière dans le Seigneur » (Éph. 5:8).
Le monde a manifesté toute son hostilité contre le Fils, envoyé du Père ; il a rejeté le témoignage du Père au sujet de son Fils. Alors, comme en un dernier appel, la voix du Père se fait entendre, proclamant la satisfaction qu’Il a trouvée en son Fils et la gloire de cette Personne excellente : « Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau » (Jean 12:28). Jésus a été glorifié au tombeau de Lazare (Jean 11:4, 40), Il sera glorifié dans sa propre résurrection (Rom. 6:4). « Cette voix n’est pas venue pour moi, mais pour vous », dit le Seigneur à la foule (Jean 12:30). La présentation du Fils au monde a été complète, mais le monde refuse d’accepter le témoignage du Père au sujet de son Fils, aussi il ne reste pour lui que le jugement : « Maintenant est le jugement de ce monde » (Jean 12:31). En rejetant Christ, le monde se condamnait. Le jugement sera exécuté plus tard, mais il est déjà prononcé ! Quelle folie par conséquent que de chercher à améliorer ce monde ! En attendant que le jugement soit exécuté, Dieu y fait annoncer son Évangile pour en retirer tous ceux qui l’acceptent, se tournant vers Christ afin d’être sauvés (cf. Gal. 1:4). Parce que le jugement est « son œuvre étrange... son travail inaccoutumé » (Ésaïe 28:21), le Seigneur déclare qu’Il n’est pas venu dans le monde pour le juger mais tout au contraire pour le sauver : « Je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde » (Jean 12:47 — cf. Jean 3:17 qui nous dit que c’est bien pour sauver et non pour juger le monde que Dieu a envoyé son Fils). Le Fils de Dieu rejeté et crucifié, le monde demeure coupable de ce crime et c’est le motif de son jugement, effectivement prononcé à la croix et dont l’exécution est différée tant que dure le jour de la grâce, pendant lequel le salut est offert à « quiconque croit ».
Désormais, le Seigneur en a fini avec son peuple et avec le monde. Il s’adresse à ses disciples seuls, aux « siens » qu’Il va laisser dans ce monde ennemi alors que, pour Lui, « son heure est venue pour passer de ce monde au Père » (Jean 13:1). Le monde ne le verra plus, mais ses rachetés, recevant de Lui sa vie, vie de résurrection, pourront Le voir et jouir de sa Personne : « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14:19 — voir aussi v. 22 et 23). Ce monde s’est tourné vers un autre chef, l’usurpateur, celui duquel Jésus pouvait dire aux siens : « Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30).
Après sa mort, sa résurrection, son ascension glorieuse, Jésus a envoyé ici-bas le Consolateur, « l’Esprit de vérité, qui procède du Père », et sa présence sur la terre est, pour le monde, une conviction de péché, et de justice, et de jugement : « de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus ; de jugement, parce que le chef de ce monde est jugé » (Jean 15:26 ; 16:7 à 11).
Dans ce monde où ils ont maintenant à cheminer, les siens rencontrent des tribulations, précisément parce que ce monde est un lieu où règnent le péché et la mort, une scène de ténèbres morales, le domaine de Satan. L’organisation des affaires de ce monde est faite suivant des principes entièrement opposés à Dieu, mais les rachetés de Jésus n’ont rien à craindre ; ne leur a-t-Il pas dit : « Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33) ? Nous pouvons ainsi aller en paix, nous sommes gardés et soutenus par le grand Vainqueur, Celui qui a triomphé du monde et de son prince. Si ce monde est régi suivant des principes opposés à Dieu, Lui, du commencement à la fin de sa course ici-bas, a toujours agi dans l’obéissance à la volonté de son Dieu et Père, dans sa dépendance entière ; telle a été constamment la règle de son action et Il l’a fait triompher de tous les principes du monde. En ce sens, Il a « vaincu le monde ». Il nous appelle à Le suivre dans le même sentier, vivant de la même vie ; nous irons ainsi pleins de courage et d’énergie et, dans ce monde, nous serons alors des vainqueurs.
Nous pouvons aussi aller sans crainte car nous sommes ceux qu’Il a voulu remettre à son Père, les « hommes que tu m’as donnés du monde » lui dit-Il (Jean 17:6). De ce monde coupable et déjà jugé, sa grâce a retiré tous ceux que le Père lui a donnés : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi... » (Jean 6:37 à 39). Ceux-là sont encore dans le monde mais « donnés du monde » et retirés du monde ; ils ne sont « pas du monde ». C’est pour eux que le Seigneur prie son Père ; Il ne fait « pas de demandes pour le monde » mais seulement pour ceux que le Père lui a donnés et c’est d’eux qu’Il dit : « ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17:6, 9, 11 et 14 à 16).
« Le monde ne t’a pas connu », dit Jésus à son Père (Jean 17:25). Il n’a pas plus connu le Fils que le Père et il ne pouvait connaître le Père puisqu’il ne connaissait pas le Fils, venu le révéler (comp. Jean 1:10, 18 ; 14:9, 10 ; 17:25). Plus tard, le monde connaîtra... Il connaîtra que le Père a envoyé le Fils et qu’Il nous a aimés, nous ses rachetés, du même amour dont Il aime son Fils (Jean 17:23).
Nous avons rappelé, à grands traits, ce que l’Évangile selon Jean, évangile du Fils de Dieu, nous enseigne au sujet du monde. Que la méditation de ces différents passages nous conduise à mieux réaliser le véritable caractère du monde dans lequel nous avons à cheminer, à y vivre dans une sainte séparation, attachés à Celui qui y est venu en grâce, qui y a marché mais pouvait dire en vérité : « Je ne suis pas du monde... ». Puissions-nous manifester, dans nos cœurs d’abord, dans notre marche pratique aussi, que nous ne sommes pas du monde, comme Lui n’en était pas !
ME 1968 p.310
L’expression « le monde », souvent employée dans les Écritures, désigne tantôt une organisation, un « système » qui règle l’existence et les rapports des hommes entre eux — tantôt la scène sur laquelle se développe cette organisation — tantôt enfin, l’ensemble des individus qui vivent sur cette scène suivant les principes d’un tel « système ». Les grands principes de l’organisation du monde peuvent être dégagés de l’Écriture elle-même : il suffit de lire le récit donné en Genèse 4 de ce qui a immédiatement suivi la chute du premier homme dans le jardin d’Éden, d’où l’Éternel Dieu le chassa.
En premier lieu, le cœur de l’homme est manifesté tel qu’il est, plein de haine contre son semblable, fût-il son propre frère, et révolté contre Dieu. Notons également que le motif de la haine de Caïn envers Abel son frère est d’ordre religieux (Gen. 4:4, 5). Toute l’histoire de l’homme sur la terre est remplie de pareils déchaînements, souvent pour des causes du même ordre. — Après avoir tué Abel, Caïn « bâtit une ville » (ib. 17) : des êtres humains — peu importe le nombre — vivaient là sous la conduite, plus ou moins discernée mais réelle cependant, de Satan. Dans cette « ville », point de départ du monde, l’homme trouve ce qui est susceptible d’éveiller les convoitises de son cœur naturel — c’est bien effectivement « ce qui est dans le monde », selon 1 Jean 2:16 — comme aussi de lui faire oublier pour un temps la triste condition où le péché l’a placé. Caïn appelle cette ville « d’après le nom de son fils Hénoc » (Gen. 4:17) et les hommes ont agi dans la suite suivant ce même principe, témoignant ainsi de leur indépendance de Dieu (cf. Ps. 49:11). Dans cette ville, Jubal — un des descendants de Caïn — introduit la musique (Gen. 4:21), plus généralement les arts, afin de réjouir l’esprit de l’homme et de faire taire en lui la voix de la conscience ; sans doute n’y a-t-il là rien de mauvais en soi, le danger est d’en être tellement occupé que le cœur s’y complaît et se détourne de Dieu et de sa Parole. Dans ce monde, le travail a également sa place (ib. 22) mais ce n’est plus le travail dont il était question lorsque l’homme était encore dans le jardin d’Éden : « les outils d’airain et de fer » — point de départ de l’activité industrielle aux si larges développements — exigent un autre labeur que celui auquel Adam avait été convié, savoir « cultiver et garder » le jardin (Gen. 2:15). Un autre trait encore caractérise ce monde — et c’est celui sur lequel nous voudrions nous arrêter plus particulièrement dans ces quelques pages : alors que Dieu a établi un certain ordre dans la création, l’homme le renverse dans son « système ». C’est ainsi que, par exemple, « Lémec prit deux femmes » (ib. 4:19). Enfin, tandis que Dieu a parlé, l’homme prétend mettre sa propre parole au-dessus de celle de son Créateur (Gen. 4:23, 24 — comp. avec v. 15).
Nous avons donc dans ce chapitre 4 de la Genèse un tableau à peu près complet, présenté immédiatement après la chute de l’homme, du monde, de son esprit et des principes qui le gouvernent : haine de son semblable, de son frère et plus spécialement haine religieuse — indépendance de Dieu — plaisirs et travaux qui occupent l’homme, de telle manière qu’il en arrive à ne plus avoir le temps de penser à Dieu si même il en avait quelque désir — renversement de l’ordre établi et parole de l’homme placée au-dessus de celle de Dieu.
C’est dans un tel monde que Christ est venu, et sa présence même en a pleinement manifesté le véritable caractère : le monde est opposé à Dieu, il ne veut pas de lui et l’a rejeté dans la personne de son Fils. Aussi, après le rejet de Christ, d’une part Satan est déclaré « le chef de ce monde » (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11) et d’autre part le monde est mis de côté. Désormais, Dieu ne s’occupe plus du monde en tant que « système » : le monde est jugé, moralement et judiciairement il a pris fin à la croix de Christ (cf. Jean 12:31). Et si l’évangile est prêché dans le monde, ce n’est pas, contrairement à ce que beaucoup pensent, pour améliorer et christianiser le monde mais pour en « retirer » des pécheurs sauvés par grâce (cf. Gal. 1:4 ; 6:14 — Jean 12:31, 32).
Ce que nous venons de rappeler suffit à établir que l’état du monde actuel n’a pas pour origine un ensemble de faits, somme toute assez récents, généralement déplorés et considérés comme formant un saisissant contraste avec un passé que l’on parerait volontiers de toutes les vertus : ces faits sont l’aboutissement d’un état de choses qui a pour point de départ l’entrée du péché dans le monde par la désobéissance du premier homme. Il n’en est pas moins certain qu’aujourd’hui le mal fait des progrès extrêmement rapides et c’est ainsi que, entre autres choses, nous voyons se multiplier les décisions, les actes, les comportements qui s’opposent à ce que Dieu a établi et nous enseigne dans sa Parole. — Sans doute y a-t-il une religion, plus ou moins observée, qui donne à ce monde, de façon générale et dans nos pays christianisés tout au moins, une apparence susceptible de faire illusion à beaucoup. De telle sorte que des principes de bonne morale, aboutissement d’anciennes traditions en partie basées sur l’Écriture, donnent le sentiment que l’ordre existant est selon Dieu. C’est là véritablement un chef-d’œuvre réalisé par celui qui est « le chef de ce monde » : diriger tout cet ensemble à sa guise — limité seulement par « ce qui retient » et « celui qui retient » (2 Thess. 2:6, 7) — en laissant croire aux hommes qu’ils respectent, ou à peu près, l’autorité de Dieu ! Cela a été de tout temps mais il est évident, pour quiconque observe et réfléchit, que dans les jours actuels nous assistons à la méconnaissance de plus en plus marquée des enseignements de la Parole de Dieu, plus exactement aux conséquences d’une telle méconnaissance pour ce qui touche à la vie de l’homme ici-bas et à l’organisation des rapports des hommes entre eux. Nous n’avons pas le désir, si même nous en avions la possibilité, de faire une énumération complète de tout ce qui est en opposition avec l’Écriture et que cependant les hommes trouvent normal, qu’ils considèrent même comme étant bien ; nous nous bornerons à citer quelques faits, en formant le souhait que la méditation de ce sujet nous éclaire un peu mieux sur le caractère et l’esprit du monde dans lequel nous avons à vivre, afin que nous soyons conduits à nous en séparer toujours davantage. Nous avons été « retirés du présent siècle mauvais », nous ne sommes « pas du monde » comme le Seigneur Lui-même n’en était pas (cf. Gal. 1:4 — Jean 17:14, 16) ; nous le savons bien : qu’il nous soit donné de le réaliser pratiquement !
Considérons en premier lieu le problème de l’autorité. Sans doute le croyant — et pas seulement lui mais l’homme en général — est appelé à se soumettre aux autorités établies : « Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d’elle ; car il n’existe pas d’autorité, si ce n’est de par Dieu ; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu » (Rom. 13:1). Mais est-elle conforme à l’enseignement de la Parole, la revendication qui continue à se faire jour un peu partout : l’autorité découle du peuple, c’est le peuple qui est souverain ? Nous ne trouvons rien dans le Nouveau Testament qui puisse justifier une telle assertion et rien dans l’Ancien Testament qui illustre cette théorie nouvelle. Nous voyons au contraire que, pour gouverner son peuple, Dieu a choisi des instruments, investis de l’autorité qu’il leur confiait et responsables de l’exercer dans sa dépendance et dans sa crainte : un Moïse par exemple — « il a été roi en Jeshurun » (Deut. 33:5) — un Saül, suscité après une longue période durant laquelle « il n’y avait pas de roi en Israël » de sorte que « chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (Juges 21:25), donné par Dieu « dans sa colère » et « ôté dans sa fureur » (Osée 13:11) — un David, choisi par l’Éternel qui avait dit de lui à Samuel : « un roi pour moi » (1 Sam. 16:1) — un Salomon et tous les rois de Juda et d’Israël qui suivirent. Sans doute, s’il y eut parmi eux des rois fidèles, par contre beaucoup firent « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel », ne sachant pas exercer comme ils l’auraient dû l’autorité que Dieu leur avait donnée. Mais le fait que l’autorité est de Dieu et de Lui seul et, par ailleurs, l’usage qu’en fait celui à qui elle a été confiée sont deux choses entièrement différentes : un mauvais emploi de l’autorité conférée par Dieu n’enlève rien au fait que l’autorité est de Dieu et que Lui seul peut la donner à l’instrument qu’il a choisi.
À ce premier point s’en rattache un second : nous voyons la plupart des pays christianisés, les uns après les autres, abolir la peine de mort. Nombre de chrétiens s’en réjouissent, faisant remarquer à juste raison que c’est à Dieu seul qu’il appartient d’ôter la vie. Mais il faut observer que Dieu, en vue de réprimer le meurtre, a conféré ce pouvoir à l’autorité établie. Considérons de plus près l’enseignement de l’Écriture sur ce sujet. Nous sommes actuellement dans une période de temps qui a commencé après le déluge — destruction du « monde d’alors » — et qui se terminera par le jugement annoncé par l’apôtre Pierre : « Mais les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies » (cf. 2 Pierre 3:5 à 10). Après le déluge, un ordre de choses nouveau a été instauré dont les principes subsistent encore et subsisteront « tant que seront les jours de la terre » (Gen. 8:22). Et les jours de la terre dureront jusqu’à l’accomplissement de 2 Pierre 3:7 et 10. Ces grands principes (rappelons que nous avons dans la Genèse « les grands principes des relations de Dieu avec l’homme » — J.N.D.) sont les suivants :
1. — la succession des semailles et de la moisson, du froid et du chaud, de l’été et de l’hiver, du jour et de la nuit. Cela « ne cessera pas » (Gen. 8:22).
2. — la multiplication des hommes sur la face de la terre (Gen. 9:1 à 7). Nous reviendrons sur ce point un peu plus loin pour observer que, là encore, l’homme, mauvais administrateur des richesses terrestres, en est réduit à prendre des dispositions qui vont à l’encontre du « Fructifiez et multipliez et remplissez la terre » de Genèse 9:1.
3. — la domination sur les animaux (ib. 2).
4. — la nourriture donnée à l’homme (ib. 3).
5. — l’obligation de s’abstenir du sang (ib. 4 —cf. Actes 15:28, 29).
6. — le gouvernement, l’autorité conférée à l’homme avec l’étendue de ce pouvoir et la raison pour laquelle il peut être exercé jusqu’à cette limite (ib. 5, 6). Dieu seul a le droit d’ôter la vie, mais il délègue ce pouvoir à l’autorité responsable de l’exercer envers celui qui a tué : il a tué un homme, créature faite « à l’image de Dieu », cela dit l’extrême gravité de la faute ; elle est telle que le sang du coupable doit être versé. — L’autorité qui décrète l’abolition de la peine de mort pour punir le meurtrier (et dans ce seul cas) refuse donc, en fait, de se conformer à l’ordre divin, de faire face à la responsabilité qui lui incombe.
7. — l’alliance entre Dieu et l’homme, avec son signe visible encore aujourd’hui : l’arc dans la nuée (ib. 8 à 17).
Est-ce que tous ces principes subsisteraient toujours, à la seule exception du sixième ? Pourquoi alors cette seule exception et à quel moment l’exercice de l’autorité ainsi défini aurait-il pris fin ? Où est-il question dans l’Écriture de cette fin, de l’abrogation du commandement de Genèse 9:6 ? Ne pouvons-nous, tout au contraire, le voir confirmé par les propres paroles du Seigneur : « tous ceux qui auront pris l’épée, périront par l’épée » (Matt. 26:52), bien qu’elles puissent avoir aussi une autre portée ?
Revenons sur ce que nous avons écrit à propos du deuxième principe. Dieu a donné à l’homme tout ce qui est nécessaire pour sa subsistance (Gen. 9:3, 4 — cf. Actes 14:17), mais l’homme s’est révélé absolument incapable d’administrer les richesses dispensées par son Créateur, incapable d’en assurer une équitable répartition, de sorte qu’il y a surabondance pour certains, disette et famine pour des populations entières. Que de fois a-t-on assisté à la destruction de produits en excédent dans tel ou tel pays, alors que dans d’autres des foules mouraient de faim ! Aussi, pour masquer son incapacité, l’homme a trouvé le moyen de battre en brèche le deuxième des sept principes généraux établis par Dieu pour régir l’ordre des choses « tant que seront les jours de la terre » !
Encore un point sur lequel l’homme agit à l’encontre de ce que l’Écriture enseigne : la femme a été créée pour être « une aide » de l’homme et, après l’entrée du péché dans le monde, l’Éternel Dieu lui a dit : « ton désir sera tourné vers ton mari, et lui dominera sur toi » (Gen. 2:18 ; 3:16). Dans la plupart des cas, cette position n’est ni comprise ni observée. La femme a été parfois traitée comme une esclave, souvent considérée comme une créature de condition inférieure ; écueil inverse : elle est devenue aujourd’hui, dans nombre de pays, l’égale de l’homme. D’un côté comme de l’autre, il y a une grave méconnaissance de ce que Dieu a établi et ordonné. — D’autre part, que n’a-t-on imaginé pour rendre inopérante cette parole dite par l’Éternel Dieu à la femme : « Je rendrai très grandes tes souffrances et ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants… » (ib. 16) ! —Ajoutons encore que l’enseignement de l’Écriture est également de plus en plus méconnu pour ce qui concerne le vêtement de la femme, très couramment habillée comme l’est un homme. Or Dieu désire qu’il y ait une différence entre les vêtements de l’un et de l’autre : « La femme ne portera pas un habit d’homme, et l’homme ne se vêtira pas d’un vêtement de femme ; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel, ton Dieu » (Deut. 22:5). L’homme est coupable d’agir comme si ces choses n’étaient pas écrites, mais combien plus le croyant ayant la connaissance de la Parole de Dieu !
Que dire encore des défaillances des parents dans l’éducation des enfants que Dieu leur a confiés ? De très grandes responsabilités leur incombent à cet égard, aux parents chrétiens tout particulièrement mais aussi à tous les parents sans distinction ; elles sont définies dans l’Écriture inspirée. Si en certaines circonstances la conduite des enfants laisse tellement à désirer c’est bien, en grande partie tout au moins, parce que les parents se sont montrés défaillants dans l’exercice de leurs devoirs. Ces défaillances expliquent aussi, sans toutefois la justifier ni même l’excuser, la mainmise que l’on voit s’opérer de plus en plus sur la jeunesse, par le moyen d’organisations de tous genres dont nous n’avons aucun exemple dans l’Écriture.
Il y aurait sans doute bien d’autres remarques à ajouter. Que chacun pour lui-même considère l’état de ce monde, la manière d’agir des hommes et mette cela en parallèle avec les enseignements que Dieu nous donne dans sa Parole, auxquels nous sommes responsables de conformer nos voies. Puissions-nous ainsi réaliser plus fidèlement une véritable séparation du monde et de ses principes !
« N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui, parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2:15 à 17).
ME 1974 p.3
Les caractères du monde sont toujours les mêmes, ils n’ont pas changé depuis que le péché y est entré. Il n’a pas fallu longtemps, après que l’homme eut été chassé du jardin d’Éden, pour que se manifestent violence et corruption. La violence : Caïn est irrité contre Abel, son frère, dont l’offrande a été agréée par l’Éternel tandis que la sienne ne l’était pas, et ne pouvait pas l’être ; il se lève alors contre son frère et le tue (Gen. 4:3 à 8). La corruption : la pensée de Dieu était que l’homme n’eût qu’une seule femme — « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide qui lui corresponde » (ib. 2:18) — mais « Lémec prit deux femmes » et à cette corruption il ajoute la violence : « Et Lémec dit à ses femmes Ada et Tsilla, écoutez ma voix ; femmes de Lémec, prêtez l’oreille à ma parole : Je tuerai un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure ; si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois » (ib. 4:19 ; 23, 24). Dans « le monde d’alors », qui fut « détruit, étant submergé par de l’eau » (2 Pierre 3:6), la violence et la corruption s’étaient développées à un point tel que nous lisons au chapitre 6 de la Genèse : « Et la terre était corrompue devant Dieu, et la terre était pleine de violence » (v. 11, 12). Il en est de même dans le monde d’aujourd’hui, c’est-à-dire dans cette période de temps qui a commencé après le déluge et prendra fin lorsque 2 Pierre 3:7 sera accompli : « Mais les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies ». Cette période est désignée dans le livre de la Genèse par l’expression « les jours de la terre » (8:22).
Nous ne pouvons guère nous représenter ce que devait être « le monde d’alors », le degré qu’y atteignaient la corruption et la violence, un degré certainement très accusé puisqu’il est écrit : « Et l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que méchanceté en tout temps. Et l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son cœur. Et l’Éternel dit : J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé... » (ib. 6:5 à 7). Pensons-nous à ce que devait être, au milieu d’une telle scène, la vie de ceux qui désiraient marcher fidèlement, le combat qu’ils devaient livrer pour cela ? Il y en avait au moins deux, dont la Parole nous donne les noms et desquels il est rendu un très beau témoignage : « Et Hénoc... marcha avec Dieu trois cents ans » (ib. 5:21 à 24). — « Noé était un homme juste ; il était parfait parmi ceux de son temps ; Noé marchait avec Dieu » (ib. 6:9). Voilà deux hommes, Hénoc et Noé, qui « marchaient avec Dieu ». Avant que n’eût lieu le déluge, « Énoch fut enlevé pour qu’il ne vît pas la mort » (Héb. 11:5 — cf. Gen. 5:24) — type des croyants destinés à être enlevés avant l’exécution des jugements qui auront lieu dans ce monde et qui sont annoncés prophétiquement dans l’Écriture. Tandis que Noé était encore sur la terre au moment où l’Éternel décida la destruction du « monde d’alors » ; mais « Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel » (Gen. 6:8). L’Éternel put donc lui dire : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison, car je t’ai vu juste devant moi en cette génération » (ib. 7:1). Nous avons, avec Noé, un type du résidu fidèle qui sera « sauvé » (1 Pierre 3:20) tandis qu’il aura à traverser la période des jugements.
Les temps sont présentement très difficiles. Que l’exemple d’Énoch, comme aussi celui de Noé, dans la marche qui a été la leur en des jours très difficiles également, nous stimule et nous encourage tout à la fois !
Violence, corruption, nous voyons ces deux caractères du mal, manifestés dès le commencement, aller toujours croissant. Il n’est pas besoin d’une observation très approfondie pour se rendre compte de tous les déchaînements de violence et du développement de la corruption. Parmi les hommes de ce monde, ceux qui désirent vivre paisiblement et honnêtement en sont eux-mêmes effrayés. Combien plus les croyants ! Mais avec cette différence, c’est que nous croyants, nous voyons là une confirmation de ce que nous enseigne la Parole : violence et corruption iront toujours croissant, pour atteindre leur apogée après l’enlèvement de l’Église, au cours de la période des jugements apocalyptiques ; la violence, avec la « bête », et la corruption, avec Babylone (Apoc. 13 et 18). Tout ce qui se déroule sous nos yeux peut sans doute nous attrister profondément, mais cela nous montre que le retour du Seigneur, pour opérer la résurrection d’entre les morts et la transmutation des vivants qui ont cru, est imminent. Certes, ce ne sont pas les événements extérieurs qui nous donnent cette certitude ; nous avons pour cela bien davantage : les promesses du Seigneur, consignées dans la Parole de Dieu, et le Saint Esprit qui, habitant dans le croyant et dans l’Assemblée, forme nos cœurs pour l’attente et le retour du Seigneur — le Saint Esprit auquel s’unit l’épouse pour dire : « Viens », le Seigneur répondant à cet appel : « Oui, je viens bientôt » (Apoc. 22:16, 17, 20). Mais les événements extérieurs sont tels que nous pouvons y voir la préparation de ce qui suivra la venue du Seigneur, par conséquent la confirmation de notre assurance que cette venue est proche. Notre foi en est donc fortifiée.
Il y a là pour nous un précieux encouragement dans des jours mauvais. Cela doit aussi nous conduire à inviter, de façon pressante, des personnes inconverties à accepter l’évangile : la venue du Seigneur, c’est pour les croyants la pleine délivrance, c’est aussi la porte à jamais fermée pour les incrédules, pour tous ceux qui auront refusé ou négligé de répondre aux appels de la grâce. Il ne restera alors pour eux que « le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges » (Matt. 25:41). Aussi, nous convient-il d’insister auprès de tous ceux qui ne sont pas sauvés par la foi en Christ et en son œuvre rédemptrice, les « suppliant pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor. 5:20). Si un de nos lecteurs était encore dans cet état, c’est bien la « supplication » que nous lui adressons.
D’autre part, pour ce qui nous concerne, si le développement du mal dans le monde n’est pas pour nous surprendre et nous montre que l’accomplissement des événements prophétiques se prépare, combien cela doit nous amener à réaliser, beaucoup mieux que nous ne l’avons sans doute fait jusqu’ici, ce que le Seigneur a dit des siens à son Père : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ». Certes, nous sommes « dans le monde » : nous avons à y vivre, mais aussi à y être de vrais témoins de Christ, et ce témoignage ne pourra être rendu avec fidélité que si nous manifestons pratiquement que nous sommes séparés du monde, que nous ne sommes pas « du monde », comme le Seigneur n’en était pas. De quel côté sommes-nous, pratiquement : avec le Seigneur ou avec le monde ? Combien il est dangereux de vouloir être un peu de chaque côté ! N’oublions pas que le Seigneur lui-même a dit : « Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre » (Matt. 6:24).
Le monde est plein de dangers pour le croyant, quel que soit le caractère qu’il revête : politique, social ou religieux. Prenons garde à ses habitudes, à sa manière d’agir, aux influences qu’il exerce et n’oublions pas qu’il n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il est recouvert de belles apparences, en particulier une apparence religieuse. Veillons à éviter toute conformité au monde et au monde religieux notamment. Demandons-nous si nous n’avons pas laissé pénétrer dans nos vies, dans nos maisons et peut-être même jusque dans les assemblées, certaines choses ou habitudes du monde, particulièrement du monde religieux ? Si les différentes dénominations de la chrétienté peuvent, dans l’ignorance, se permettre telles habitudes ou telles activités qui semblent bonnes en apparence, ce n’est pas pour autant que des croyants qui désirent être fidèles et sont responsables de l’être, peuvent les imiter et agir de la même façon. Nous savons bien que nous avons affaire à un ennemi très rusé, mais est-ce que nous ne perdons pas cela de vue bien souvent, nous laissant prendre à ses pièges et à ses artifices ? C’est ainsi que, la plupart du temps en croyant bien faire, il nous arrive d’agir comme le monde religieux parce que nous n’avons vu qu’une apparence séduisante et n’avons pas su discerner la réalité qu’elle recouvre.
Gardons-nous, avant tout, d’oublier que ce monde reste coupable devant Dieu d’avoir rejeté et crucifié son Fils, et que, pour ce crime, il est déjà jugé. S’adressant à ceux qui l’entouraient, le Seigneur, alors qu’il était ici-bas, a déjà annoncé ce jugement : « Maintenant est le jugement de ce monde » (Jean 12:31), jugement qui est à la veille d’être exécuté. Par conséquent, quelle responsabilité pour un croyant que de se lier avec le monde, de s’associer à lui de quelque manière que ce soit !
Les influences du monde sont nocives, pernicieuses ; elles le sont pour chacun de nous, elles le sont aussi pour nos enfants. Comme ils sont facilement vulnérables et combien il est nécessaire de penser à eux, dans les jours actuels plus que jamais où des influences mauvaises s’exercent sur eux bien davantage que dans les temps qui ont précédé ! Ne croyons pas que leur sauvegarde est dans l’emploi des moyens que la chrétienté met en œuvre, moyens que ceux qui les utilisent reconnaissent eux-mêmes inopérants ! — Que les parents pensent, plus encore que dans le passé, à leurs responsabilités à l’égard de leurs enfants ; qu’ils leur « inculquent » — pour reprendre l’expression de Deut. 6:7 — les enseignements de la Parole et soient pour eux des exemples vivants, les guidant dans le vrai chemin et agissant avec sagesse pour maintenir fermement l’enseignement de l’Écriture, sans pour autant rebuter et décourager de jeunes âmes. Que surtout les parents, comme aussi les assemblées, prient beaucoup pour les enfants, demandant à Dieu de les « entourer de toutes parts d’une haie de protection » et de les préserver des influences mauvaises du monde ! Dieu seul a la puissance de les garder.
Au début d’une année nouvelle — dont nous ne savons pas ce qu’elle sera, mais qui, nous pouvons le penser, nous apportera bien des exercices relativement au monde et à l’esprit du monde au milieu duquel nous aurons à la vivre, si le Seigneur ne vient pas auparavant — nous sentons, d’une manière tout à fait particulière, combien il est nécessaire que chacun d’entre nous ait une conscience plus claire des dangers qui sont dans le monde, de son esprit, afin que nous puissions réaliser pratiquement que nous ne sommes pas du monde. D’une part, soyons profondément exercés à cet égard ; d’autre part, comptons sur la fidélité de Dieu, fidélité qui est « de génération en génération » (Ps. 119:90) : elle s’est déployée envers les générations qui ont été avant nous, elle s’est déployée, et continue à se déployer envers nous, elle se déploiera aussi, n’en doutons pas, envers les générations qui nous suivent, s’il y a encore des jours sur la terre. Certainement les dangers sont beaucoup plus grands que dans le passé, mais la puissance et l’amour de Dieu sont infinis ! Que notre confiance demeure entière, au milieu des sérieux exercices qui doivent être les nôtres pour réaliser la parole du Seigneur à son Père au sujet des siens : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ».
Le secret pour cela, c’est un attachement réel et profond de nos cœurs à « notre seigneur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père, auquel soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen » (Gal. 1:3 à 5). Une séparation extérieure n’a de valeur aux yeux de Dieu que si elle est d’abord réalisée intérieurement ; elle est facile pour un cœur qui aime vraiment le Seigneur et manifeste cet amour de la manière dont il doit l’être, c’est-à-dire par l’obéissance à la Parole (cf. Jean 14:21, 23).
Puissions-nous, à la venue du Seigneur, être trouvés séparés du monde et non associés à lui et, comme Énoch autrefois, recevoir avant l’enlèvement « le témoignage d’avoir plu à Dieu » !
Puissant Sauveur, qui seul es notre vie,
Bénis tes saints, étrangers ici-bas.
En toi, Jésus, notre âme se confie :
Que ton amour dirige tous nos pas !