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QUELQUES REMARQUES À PROPOS DE 1 ROIS 18
Paul Fuzier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest — ME 1955 p. 197
Table des matières :
2 Celui qui ne cherche qu’à échapper à la discipline
3 Abdias, un croyant dans une fausse position
4 Celui qui craint et celui qui ne craint pas
5 Qui est la source des troubles ?
Comme Moïse lors de l’affaire du veau d’or, Élie n’avait en vue que la gloire de l’Éternel. Parce qu’il se tenait « devant l’Éternel », il pouvait aimer le peuple d’un amour vrai ; occupant cette place, il entrait en effet dans l’intelligence des pensées divines à l’égard d’Israël, de sorte que, priant avec instance, il ne demandait pas autre chose que ce que Dieu voulait accomplir afin de pouvoir bénir son peuple à la fin. Pour être en état de recevoir cette bénédiction et, plus encore, d’en jouir, Israël devait d’abord passer trois ans et six mois durant lesquels, la pluie retenue, la famine était douloureusement sentie. Dieu châtiait son peuple, dans le cœur duquel Il voulait opérer un travail de repentance, conduisant à l’humiliation sans laquelle la bénédiction ne pouvait lui être dispensée.
Achab était monté sur le trône, septième d’une succession de rois qui avaient toujours fait « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ». Jéroboam, Nadab, Baësha, Éla, Zimri, Omri avaient tous agi selon les pensées de leur propre cœur, avançant toujours plus dans un chemin d’iniquité, que leur règne eût duré vingt-quatre ans, comme celui de Baësha, ou sept jours, comme celui de Zimri. Le mal allait croissant et faisait de très rapides progrès. Comme dans tous les temps où l’ensemble a failli, la fidélité est individuelle ; nous la trouvons chez Abija aux jours de Jéroboam, chez Élie aux jours d’Achab.
La main de l’Éternel était sur son peuple, la famine qui sévissait en constituait le signe visible. Cela parlerait-il au cœur et à la conscience d’Achab ? Non, une seule pensée occupe le roi d’Israël : échapper aux conséquences de la discipline envoyée par Dieu. Le jugerions-nous en cela ? N’est-ce pas ainsi que nous faisons bien souvent, lorsque notre infidélité nous attire telle ou telle dispensation par le moyen de laquelle Dieu voudrait nous ramener à Lui ? — « La famine était forte à Samarie ». Que fait Achab ? Il va « dans le pays, à toutes les sources d’eaux, et à tous les torrents ». Est-ce afin d’y chercher quelque nourriture et quelque rafraîchissement pour le peuple ? Non ! Ce qui le préoccupe, c’est d’avoir de l’herbage pour ses chevaux et ses mulets (comp. Deut. 17:14 à 16 et 1 Rois 10:28 et 29). Il ne pense ni à Dieu ni à son peuple dans la souffrance. Tel était alors le roi d’Israël, chargé de conduire le peuple sur lequel il régnait et investi pour cela d’une autorité donnée par Dieu ! Sa défaillance dans l’exercice de la mission qui lui avait été confiée est complète. Quelle responsabilité pesait sur lui, à laquelle il n’a pas su faire face, occupé qu’il était de lui-même et de ses biens !
À la cour d’Achab vivait un homme pieux, « craignant beaucoup l’Éternel », Abdias. Lui avait à cœur les intérêts du peuple ; aussi, malgré les difficultés inhérentes à la fausse position dans laquelle il se trouvait, il savait cacher et nourrir les prophètes de l’Éternel pourchassés par l’impie Jésabel. D’une part, l’on peut déplorer le manque d’énergie d’Abdias, qui le rend incapable de sortir de la maison d’Achab et de Jésabel, de se séparer du mal au sein duquel il vivait ; d’autre part, son désir de faire quelque chose pour Dieu, son zèle en faveur des prophètes de l’Éternel traversant la détresse, malgré tous les risques que cela comportait pour lui, sont bien propres à nous exciter à jalousie. Mais ne cherchons pas — nous y sommes si naturellement portés — quelque excuse à nos manquements dans le bien que nous pouvons faire au travers de ces manquements même ! Comme on eût aimé voir un Abdias, désireux de servir l’Éternel en servant ses prophètes, quitter la maison d’un roi et d’une reine qui faisaient ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel et adoraient les Baals, se séparer sans faiblesse ni hésitation du mal avec lequel il était en contact et aller avec foi dans le chemin où Dieu l’aurait certainement conduit et où il aurait pu faire des expériences semblables à celles d’Élie ! Hélas ! il demeure chez Achab et, dans la position qui est la sienne, il doit servir ce mauvais maître : il va, lui aussi, parcourir le pays pour chercher de l’herbage pour les chevaux. Voilà comment, dans des jours où le peuple de Dieu souffre de la famine, il doit employer son temps et exercer son activité, comment un croyant qui demeure dans une fausse position est souvent appelé à faire tout autre chose que ce qu’il désirerait et devrait accomplir pour le service de Dieu ! Il est toujours vrai que « nul ne peut servir deux maîtres ». Que d’instructions à recueillir à cet égard dans l’histoire d’Abdias !
Élie, homme dépendant, n’agit que sur l’ordre de Dieu et, quand Il a commandé, obéit aussitôt. L’Éternel, le seul maître qu’il servait, lui avait dit : « Va, montre-toi à Achab, et je donnerai de la pluie sur la face de la terre ». Sans attendre, « Élie s’en alla pour se montrer à Achab ». Peut-être, après les jours paisibles qu’il venait de passer au Kérith ou à Sarepta, avait-il quelques craintes à la pensée de se trouver devant Achab. Mais qui jamais va à la guerre à ses propres dépens ? Élie pouvait être assuré que Dieu le conduirait et le soutiendrait dans la lutte. De sorte que, quoiqu’il en soit, il va sans crainte. Expérience toujours faite par celui qui obéit fidèlement, n’ayant d’autre désir que de remplir le service que Dieu lui confie !
En chemin, c’est Abdias qu’il rencontre le premier, grâce de Dieu sans doute. Combien sont différentes, nous l’avons vu, les positions de l’un et de l’autre ! Élie s’est laissé conduire, il a obéi pour aller au Kérith, obéi encore quand il a fallu partir à Sarepta, obéi toujours pour se rendre devant Achab et il sait que, malgré tous les dangers qu’il peut rencontrer sur son chemin, « aujourd’hui il se montrera à lui ». Il le sait parce que c’est Dieu qui l’envoie. Quelle confiance donne l’obéissance ! Abdias ne doute pas de la puissance de l’Éternel susceptible de se déployer en faveur du prophète, mais cela même le remplit d’effroi car il voit bien, ou plutôt il pense que les conséquences seront tout autres pour lui ; aussi, ne peut-il exécuter l’ordre qu’Élie lui avait donné : « Va, dis à ton seigneur : Voici Élie ! ». Il craint pour sa vie parce qu’il est persuadé que lorsque Achab viendra pour se saisir de lui, le prophète aura déjà été mis à l’abri par une miséricordieuse intervention de la puissance d’en haut. Comme Abdias entre peu dans les pensées de l’Éternel ! Il connaît la puissance de Dieu, il sait qu’elle s’exerce en faveur des siens, il l’a dans doute expérimenté maintes fois, mais il ignore tout de ses desseins envers son peuple. Est-il possible d’être instruit des pensées divines quand on demeure à la cour d’Achab ? C’est Élie qui va lui faire connaître ce que Dieu se propose ; il remplira ensuite la mission dont le prophète l’a chargé.
C’est ainsi que le roi d’Israël vient à la rencontre d’Élie. La première parole qu’il lui adresse est un reproche, et même une accusation : « Est-ce bien toi, celui qui trouble Israël ? ». Témoin fidèle, désireux de maintenir la gloire de Dieu au milieu de son peuple en ramenant les cœurs à l’Éternel, Élie était pourtant accusé de « troubler Israël ! »
Après le péché d’Acan, Josué pouvait déclarer, et à juste titre, à celui qui avait péché « contre l’Éternel, le Dieu d’Israël » : « Comme tu nous as troublés ! ». La gloire de l’Éternel n’était pas le mobile qui avait fait agir Acan : bien au contraire, il ne pouvait « donner gloire à l’Éternel, le Dieu d’Israël » qu’après avoir confessé son péché. — En d’autres circonstances, Jonathan était fondé à dire : « Mon père a troublé le pays » (1 Sam. 14:29). Saül avait montré, en effet, combien peu il connaissait la pensée de Dieu, alors qu’Élie en avait acquis l’intelligence en se tenant sans cesse « devant l’Éternel ». C’est ainsi que Saül, père de Jonathan, avait été amené à agir d’une manière charnelle et l’intervention de la chair produit toujours du trouble.
Comme ce fut le cas pour Élie en présence d’Achab, en d’autres temps aussi l’on a accusé de « troubler » le peuple de Dieu ceux qui, présentant la Parole, désiraient maintenir l’autorité de son enseignement afin que Dieu puisse être glorifié dans les siens. On l’a fait souvent pour avoir une apparente tranquillité, ne présentant en rien les caractères de la paix selon Dieu. Que Paul et Silas prêchent la Parole à Philippes et, aussitôt, ils sont conduits aux préteurs et ainsi présentés : « Ces hommes-ci, qui sont Juifs, mettent tout en trouble dans notre ville ». Même accusation à Thessalonique contre ceux « qui ont bouleversé la terre habitée » (Actes 16:11 à 21 et 17:1 à 9).
Le peuple d’Israël, entraîné par les Jéroboam, Nadab, Baësha, Éla, Zimri, Omri, Achab, s’était tourné vers les idoles. Mais l’Éternel, qui l’aimait, ne pouvait le laisser dans cet état et c’est pour le ramener à Lui qu’Il avait suscité Élie. À la prière d’Élie, Il avait interrompu les relations entre le ciel et la terre, fait cesser la pluie, mis un terme à la bénédiction qui, jusque là et pour un temps, avait été répandue sur Israël malgré son infidélité. De sorte que le peuple, sur qui pesait maintenant le châtiment de Dieu, traversait des jours d’épreuve et connaissait la souffrance. Mais le cœur de l’homme est le même dans tous les temps, il ne veut pas accepter de reconnaître sa culpabilité et refuse de confesser que si la main de Dieu est sur lui c’est en raison de son péché ! Ce refus est souvent, toujours devrait-on dire, l’obstacle à la restauration que Dieu voudrait opérer en vue de la bénédiction.
Dieu soit béni de ce qu’Il avait suscité un Élie, manifestant l’énergie de la foi dans ces jours si sombres de l’histoire du peuple. Si tous avaient été comme Abdias, ou comme les sept mille, nul n’aurait osé affronter Baal et ses prophètes qui auraient ainsi maintenu le peuple dans la condition misérable où il se trouvait, privé de la bénédiction divine. Certes, ni Abdias ni les sept mille n’étaient accusés de « troubler Israël » qui aurait pu continuer à mener la vie plus ou moins paisible qui était la sienne avant ces jours de famine, mais en foulant aux pieds la gloire de l’Éternel. Dans sa grâce, Dieu avait préparé Élie, l’avait fortifié pour le combat qu’il aurait à livrer et lui avait enseigné ce qui était le secret de sa puissance, de son énergie victorieuse : se tenir constamment « devant l’Éternel ».
Accusé de « troubler Israël », Élie dénonce la véritable cause du « trouble » : « Je ne trouble pas Israël, mais c’est toi et la maison de ton père, parce que vous avez abandonné les commandements de l’Éternel et que tu as marché après les Baals ». L’accusé devient maintenant accusateur, « le jugement retourne à la justice » (Ps. 94:15). Le roi d’Israël voyait bien quelles étaient les conséquences de la famine mais il perdait de vue que si le peuple était dans une telle détresse, c’est parce qu’il avait « abandonné les commandements de l’Éternel » pour « marcher après les Baals ». Et qui, sinon lui, Achab, l’avait conduit dans un tel chemin ? — Dans des jours où Dieu est contraint à faire passer son peuple infidèle par une douloureuse discipline, on ne considère que les souffrances, oubliant le péché qui en est la cause. Que, par exemple, un croyant, ou une assemblée traverse des circonstances de même nature que celles d’Israël aux jours d’Achab, l’on s’arrêtera aux circonstances elles-mêmes, peut-être ira-t-on jusqu’aux causes secondes mais généralement pas plus loin. Or, il convient d’aller jusqu’au fond des choses, jusqu’au point de départ, afin que le mal soit jugé dans sa racine même. Il ne peut y avoir de vraie restauration sans ce jugement foncier.
Le moment est venu où Israël doit être mis à l’épreuve. L’Éternel l’avait préparé en vue de cela durant ces jours de famine et Lui qui sonde les cœurs savait jusqu’à quel point le travail de restauration avait été accompli. C’est tout au long de disciplines souvent très douloureuses que Dieu opère dans le cœur et la conscience des siens ; et quand Il a fait en eux un travail qu’Il doit faire et que seul Il peut faire, Il en manifeste les résultats au travers d’une mise à l’épreuve. Les huit cent cinquante faux prophètes rassemblés sur le Carmel. Élie s’adresse à « tout le peuple » : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? ». Dieu ne veut pas d’une marche irrésolue, il est nécessaire que le peuple fasse le choix. Mais, « le peuple ne lui répondit mot ». Alors, Élie met en évidence, en premier lieu, la folie et l’impuissance de tout le système idolâtre dans lequel Israël, conduit par Achab, s’était si longtemps complu. Puis il invite le peuple à s’approcher et « répare l’autel de l’Éternel, qui avait été renversé » ; il prend « douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob », ne s’arrêtant pas à ce qu’il voyait autour de lui mais s’attachant à la parole de l’Éternel, qui avait dit : « Israël sera ton nom ». Il bâtit « avec les pierres un autel au nom de l’Éternel », proclame ainsi l’unité du peuple, de ce peuple qui apparaissait divisé, et enfin, demande à Dieu de manifester qu’Il est « Dieu en Israël », qu’il est lui, Élie, son serviteur et que tout ce qu’il a fait, lui qu’Achab avait accusé de « troubler Israël », c’était « par sa parole ».
Déjà, la foi d’Élie proclame la délivrance du peuple : « tu as ramené leur cœur », peut-il dire à l’Éternel. Élie le sait, il demande à Dieu de lui répondre afin que le peuple, à son tour, le sache. Et Dieu répond à la foi vivante et si pleine d’énergie de son serviteur quand il est manifesté aux yeux de tous qu’Israël revient à l’Éternel : « et ils tombèrent sur leurs faces, et dirent : l’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! ». Le mal jugé — les prophètes de Baal égorgés au torrent de Kison — il n’y a plus, dès lors, aucun obstacle à la bénédiction, Dieu peut envoyer la pluie, « une forte pluie ».
En vue de la bénédiction du peuple de Dieu aujourd’hui, puissions-nous recueillir et mettre en pratique l’enseignement de la Parole ! Cette parole divine ne reviendra pas à lui sans effet, c’est notre confiance parce que Lui nous en donne l’assurance ; elle fera ce qui est son plaisir et accomplira ce pour quoi il l’a envoyée. Alors, nous sortirons avec joie et nous serons conduits en paix ! (Ésaïe 55:11, 12).