[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
La solennité de la présence du Seigneur
dans le rassemblement
Paul Fuzier
Table des matières :
1 Effets de la présence du Seigneur sur notre comportement
2 Exemples d’hommes de Dieu de l’Ancien Testament
3 Le culte selon Deutéronome 26
4 Atmosphère des réunions d’assemblée
5 Réunions d’administration de l’assemblée
6 Quels égards avons-nous pour le Seigneur
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest. ME 1942 p. 293
S’il est une vérité que nous connaissons tous, c’est bien celle de la présence du Seigneur dans le rassemblement des saints. Il est fidèle à Sa promesse : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Matth. 18:20). Mais la connaissance d’une vérité et sa réalisation pratique sont deux choses tout à fait différentes : n’est-il pas vrai que, groupés autour de Lui, nous ne réalisons Sa présence que dans une bien faible mesure ? Sans aucun doute, Il nous accorde d’en jouir — certaines fois plus intensément que d’autres — car Sa grâce est infinie, mais nous perdons de vue trop souvent cette parole : « Je suis là ». Est-ce que nous devrions nous rassembler une seule fois, sans entendre ces mots résonner à nos oreilles ? Notre attitude dans les réunions serait, la plupart du temps, bien différente si nous pouvions voir le Seigneur avec les yeux de la chair. Avec quel respect nous pénétrerions dans le lieu où « Sa présence se trouve » ! Quelle sainte crainte, alors ! quel tremblement pour prendre une action quelconque dans l’assemblée ! quelle attention constante pour écouter ce qu’Il veut nous dire, par la Parole et le ministère de l’Esprit ! Mais, le fait que c’est seulement avec les yeux de la foi que nous pouvons le voir, devrait-il changer quoi que ce soit à notre maintien dans le lieu où Il est ? Chacun de nous, exercé devant Dieu à cet égard, peut donner la réponse.
Avons-nous considéré tant d’hommes de Dieu dont nous parlent les Écritures, lorsqu’ils se trouvent en présence de l’Éternel ? Abraham, quand l’Éternel lui apparut auprès des chênes de Mamré... se prosterna en terre » (Gen 18:1, 2). Moïse, lorsque « l’Éternel lui apparut, dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson à épines... cacha son visage, car il craignait de regarder vers Dieu » (Exode 3:2-6). Au moment où il s’agissait de livrer combat en Canaan, Josué se trouva devant « le chef de l’armée de l’Éternel » : il « tomba sur sa face contre terre et lui rendit hommage » (Josué 5:14). Le lieu sur lequel il se tenait était une terre sainte, il en était de même pour Moïse. Rappelons aussi la vision du prophète Ézéchiel : « c’était là l’aspect de la ressemblance de la gloire de l’Éternel. Et je vis et je tombai sur ma face et j’entendis une voix qui parlait » (Ézéchiel 1:28). Quelle scène ce dut être, après le retour de la captivité, lorsque « tout le peuple s’assembla, comme un seul homme, sur la place qui est devant la porte des eaux » ! Esdras apporta « le livre de la loi de Moïse… il y lut… et ouvrit le livre aux yeux de tout le peuple ». Puis, il « bénit l’Éternel, le grand Dieu, et tout le peuple répondit : Amen, amen ! en élevant les mains, et ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant l’Éternel, le visage contre terre » (Néhémie 8:1-6). Sans doute, nous sommes là dans l’Ancien Testament, nous n’avons pas encore la pleine révélation de Dieu en grâce dans la personne du Seigneur Jésus. Mais, quelle crainte, quel respect, quel sentiment profond de ce qui convient dans la présence de l’Éternel ! Autant de choses qui devraient nous caractériser dans le jour actuel. Nous trouverions d’ailleurs bien des exemples dans le Nouveau Testament aussi. Pour n’en citer qu’un seul : le lépreux guéri — figure d’un pécheur purifié de sa souillure — seul parmi les dix, « glorifiant Dieu à haute voix... se jeta sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces » (Luc 17:15, 16). Quelle attitude, dans la présence du Seigneur, pour exprimer la louange dont Il est digne !
Abstraction faite de ce qui serait seulement de l’affectation — et, par conséquent, de l’hypocrisie — ne pourrions-nous pas dire que notre maintien dans le rassemblement autour de la personne du Seigneur est, en quelque sorte, le reflet de notre vie spirituelle ? L’Israélite adorait, prosterné devant l’Éternel son Dieu (Deut. 26:10) parce qu’il avait préalablement réalisé sept choses. Il devait : entrer dans le pays — le posséder — y habiter — prendre des prémices de tous les fruits — les mettre dans une corbeille — se rendre au lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter son Nom — venir vers le sacrificateur (v. 1-3). Nous connaissons la signification de ces choses pour ce qui nous concerne : c’est dans le ciel que déjà nous pouvons entrer par la foi, « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ », jouissant de notre position céleste : « Il nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 1:3 ; 2:6) — ce « pays », nous sommes appelés à le posséder, à en jouir comme de ce qui nous appartient, car il est notre héritage et nous en avons, dès maintenant, reçu les arrhes : « ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse qui est les arrhes de notre héritage pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire » (Éphésiens 1:14). — Nous avons, ensuite, à y « habiter », c’est-à-dire à y demeurer, non pas quelques instants de loin en loin, mais constamment — nous pouvons alors en cueillir les plus beaux fruits, jour après jour : ce que nous aurons vu, connu et reçu de Christ, car c’est Lui qui remplit le ciel de sa gloire : « cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Colossiens 3:1) — ces « fruits » seront disposés dans la corbeille, pour être présentés : nos cœurs étant remplis de Christ, nous présenterons avec ordre (à tous égards, notre Dieu est un Dieu d’ordre) ce qui, dans cette Personne adorable, aura occupé nos pensées — c’est ainsi qu’ayant réalisé ces choses dans notre vie pratique de chaque jour, nous pourrons nous diriger le premier jour de la semaine, nos corbeilles remplies, vers le lieu où Il fait habiter son Nom, heureux de répondre à son invitation — là, nous viendrons, non vers un homme, mais vers Lui, comme l’Israélite allait vers le sacrificateur, car c’est Lui que nous allons rencontrer. Celui qui nous a invités c’est notre Sauveur, notre Seigneur ! Quel moment solennel, quand nous sommes groupés autour de sa Personne !
Toutes ces choses nous les connaissons, nous les avons entendu répéter souvent, mais si nous les réalisions mieux, quelle atmosphère il y aurait dans le rassemblement ! — où seraient les pensées qui nous occupent parfois, tandis que nous nous y rendons ; entendrons-nous tel frère plutôt que tel autre ? Y aurait-il quelque chose qui pourrait nous distraire, des regards dirigés vers l’un ou l’autre, des tenues laissant à désirer, en quelque manière que ce soit ? Y aurait-il des corbeilles vides, témoignant que nous n’avons ni possédé, ni habité le pays ? Il y aurait le recueillement qui convient à la présence du Seigneur, non pas une solennité étudiée et affectée, mais celle qui résulte du sentiment profond que le Seigneur est là. Il y aurait des fruits présentés dans un culte qui s’élèverait dans toute la puissance de l’Esprit, que rien ne contristerait — une attention soutenue, non pour entendre un homme, mais ce que le Seigneur veut dire aux siens, pour leur édification, leur exhortation, leur encouragement. Quelle bénédiction sur le rassemblement des deux ou trois autour du Seigneur, ainsi réalisé ! Et quelle puissance dans le témoignage rendu ! (1 Cor. 14:25).
Nous nous plaignons parfois de la sécheresse, de ne pas recevoir ce que nous attendions, de ne pas avoir les dons qui seraient désirés… Mais, nous sommes-nous jugés nous-mêmes, à cet égard, au lieu de juger les autres ? Avons-nous bien pensé que les réunions sont, presque toujours, à la mesure de ce que nous sommes individuellement ? Un seul membre peut occasionner de la souffrance à tout le corps et être un obstacle à la bénédiction collective. C’est une sérieuse responsabilité devant Dieu. Sans doute, la grâce divine nous confond : Il se plaît à nous bénir, malgré tout ce que nous sommes — nous l’avons expérimenté tant de fois ! Qu’en serait-il, s’Il ne déversait sur nous que la bénédiction méritée ?... Mais cette pensée, précieuse et encourageante, ne doit pas nous conduire à perdre de vue notre responsabilité.
Remarquerons-nous aussi qu’il est surtout une réunion où la présence du Seigneur semble parfois peu réalisée : c’est la réunion des frères pour l’administration de l’assemblée. À ce sujet, quelqu’un a écrit : « le manque d’égards pour la personne du Seigneur est la cause de toutes sortes de désordres. S’agit-il de l’édification de l’Assemblée, on prendra sur soi la liberté d’agir ou de se taire. S’agit-il de l’administration... c’est pire encore. Ce n’est souvent qu’au travers de discussions oiseuses où chacun pense avoir le droit de faire valoir son opinion, souvent influencée par des considérations personnelles, que les décisions les plus solennelles se prennent » (Quelques considérations sur l’administration de l’assemblée, Messager Évangélique, 1914, page 281). Cette réunion n’est parfois ni commencée, ni terminée par la prière ; elle n’est plus, souvent, qu’un entretien susceptible de laisser l’impression — plus ou moins juste — que l’administration de l’assemblée serait conçue comme celle de quelque association humaine. Malgré toute la bonne volonté que nous pourrons apporter en cela, quels seront les résultats ? Tant de difficultés, survenues ici et là, n’ont-elles pas leur origine dans l’administration de l’assemblée, telle qu’elle a été réalisée ? La « bonne volonté » — quoique bonne — c’est encore la volonté de l’homme. Ce n’est pas ce que Dieu nous demande : Il attend de nous une obéissance entière à sa Parole.
« La responsabilité de prendre des décisions revêtues de l’autorité du Seigneur est une chose si solennelle que d’y penser même devrait nous faire tomber dans la poussière — êtres faillibles que nous sommes — et de là, dans la conscience de notre néant, élever nos mains et nos cœurs vers Celui qui veut bien prendre place au milieu de nous », lisons-nous encore, dans l’écrit déjà rappelé. Jamais nous n’aurons assez le sentiment de notre incapacité absolue, même quand il s’agit de la plus petite question, même quand il s’agit de ces questions d’ordre matériel desquelles on entend dire parfois qu’elles ne méritent pas un long examen, parce que, dans la vie courante, on en règle rapidement de beaucoup plus importantes. Des décisions sont prises alors, qui n’ont pas été pesées dans la présence du Seigneur, qui n’ont pas sur chacun cette autorité qui s’attache à tout ce que le Seigneur peut sanctionner et ce sont des mécontentements, des murmures… L’adversaire sait en tirer parti, semer la discorde, exciter les querelles ! Puissions-nous n’oublier jamais que nous sommes devant un Dieu aux yeux duquel rien n’est grand et rien n’est petit, il n’y a aucune différence à ses yeux et la chose qui nous paraît sans importance en revêt une pour Lui, car elle concerne Son assemblée, l’assemblée du Dieu vivant, celle qu’Il s’est acquise « par le sang de son propre Fils » (Actes 20:28). Elle mérite le même exercice dans la crainte et le sentiment de la présence du Seigneur que toute autre question qui nous paraît bien plus importante. Ayant le privilège et la responsabilité de nous occuper de ce qui concerne son témoignage, crions à Lui pour qu’Il nous tienne, durant ces réunions pour l’administration de l’assemblée, dans le sentiment profond de sa présence au milieu de nous, maintenus dans le sérieux, gardés de toute attitude, de toute expression qui seraient incompatibles, avec cette présence, — attitudes et expressions que nous n’oserions pas avoir dans une autre réunion — conduits par Lui pour que « toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre » (1 Cor. 14:40). Vouloir instituer un rite serait bien loin de la pensée de Dieu, mais ne sentirons-nous pas, dans nos cœurs, le besoin de prier ensemble, au début de cette réunion, pour être tenus dans un sentiment de crainte et de dépendance, gardés dans un esprit de piété et d’humilité ? Si nous agissions toujours dans ce sentiment et dans cet esprit, la plupart des difficultés rencontrées nous seraient épargnées — ne pourrions-nous pas dire : toutes ? — Ne sentirons-nous pas aussi, dans nos cœurs, le besoin de nous adresser à Dieu, en terminant cette réunion ? N’y aurait-il pas des sujets d’encouragement pour lesquels nous avons à le bénir — des circonstances pour lesquelles nous avons besoin d’être exercés et dirigés — des difficultés qu’il faut lui exposer pour avoir son puissant secours — tant d’autres choses encore ?... C’est dans la mesure où nous aurons réalisé sa présence que nous éprouverons le besoin de crier à Lui pour ces choses.
Puissions-nous davantage avoir à cœur le témoignage et y penser beaucoup par la prière, individuellement et collectivement. Pour qu’il soit maintenu, laissé entre nos mains — malgré notre faiblesse et la ruine dont nous gémissons — n’est-il pas nécessaire, avant tout, que la présence du Seigneur soit réalisée au milieu des deux ou trois assemblés en son Nom, avec tout ce que cela comporte ? Mais encore, pensons à ses droits : Il est le Seigneur ! Pensons à son cœur d’amour : Celui qui dit « Je suis là », c’est Celui qui nous a aimés jusqu’à la mort de la croix ! Il ressent — aujourd’hui comme lorsqu’Il était dans ce monde (Matth. 11:3 ; Luc 7:44-46) — le manque d’égards pour sa Personne : voudrions-nous répondre à Son amour en attristant Son cœur ?