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À propos du lieu du rassemblement

 

Paul Fuzier

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1971 p.147-155

Table des matières :

1       Lieux où le Seigneur a prêché et rassemblé

1.1        Avant la résurrection

1.2        Après la résurrection

2       Actes 1

3       Actes 2 à 12

4       Autres assemblées dans la maison d’un frère

5       Local de réunion aujourd’hui

5.1        Ressentir l’état de choses

5.2        Privilège de loger l’assemblée

 

 

Nous désirons présenter quelques remarques, tirées de l’Écriture, à propos du lieu du rassemblement, sujet déjà abordé dans deux précédents articles (ME 1960 p. 67 et 1964 p. 113).

 

1                        Lieux où le Seigneur a prêché et rassemblé

1.1   Avant la résurrection

Durant son passage ici-bas, le Seigneur s’est adressé aux disciples ou aux foules qui le suivaient, alors qu’il se trouvait en des lieux très divers, parfois sur la montagne, ou près de la mer, ou encore dans une nacelle (Matt. 5:1 ; 13:1 ; Luc 5:3) ; il a enseigné dans les synagogues ou dans les maisons, dans celle de Marthe et dans celle de Simon le pharisien, dans d’autres encore (Matt. 9:35 ; 12:9 ; 8:14 ; Luc 10:38 ; 7:36). Il ne semble pas qu’il l’ait jamais fait dans un lieu spécial de rassemblement avant le jour où il a « fort désiré » manger avec ses disciples une dernière pâque (Luc 22:7 à 15). D’après le texte de Matthieu, nous sommes fondés à penser que ce n’est pas chez un étranger mais dans une maison amie que le Seigneur a voulu se trouver pour cela : « Allez à la ville auprès d’un tel, et dites-lui : Le maître dit : Mon temps est proche ; je ferai la pâque chez toi avec mes disciples » (Matt. 26:18). Cet homme, bien connu du Seigneur quoique son nom ne soit pas donné, a eu l’inestimable privilège de recevoir dans sa maison — « chez toi » — le Seigneur et ses disciples ; c’est dans sa maison qu’a été célébrée la dernière pâque et institué le mémorial que le Seigneur a voulu nous laisser pour le temps de son absence. Quelle faveur lui a été ainsi accordée !

 

1.2   Après la résurrection

Après sa résurrection, le Seigneur, accomplissant la parole prophétique du Psaume 22 (v. 22), est venu au milieu des siens rassemblés. La Parole ne nous dit pas dans quelle maison eurent lieu les deux rassemblements, à huit jours d’intervalle (Jean 20:19, 26). Peut-être dans la même salle que celle où le Seigneur avait réuni ses disciples en vue de la dernière pâque ; rien ne permet cependant de l’affirmer ; mais c’était en tout cas dans une maison amie où les disciples n’avaient pas à redouter une quelconque manifestation de haine de la part des Juifs. Pour en être préservés ils tinrent d’ailleurs les portes fermées, le fait est signalé à l’occasion de chacun des deux rassemblements. C’est à l’écart du monde, séparés du monde religieux -- les Juifs étaient alors le peuple religieux, très attaché aux formes de la loi, respectueux de ses règles et de ses traditions, esclave de la lettre — que, dans tous les temps, les fidèles sont appelés à se rassembler. Ce rassemblement, dans la tranquillité et la séparation tout à la fois, est marqué de différents caractères. D’abord, la présence du Seigneur effective et réalisée : « Jésus vint, et se tint au milieu d’eux » ; ensuite, la paix qui découle d’une telle présence : « Et il leur dit : Paix vous soit ! » ; puis, le témoignage des souffrances endurées pour nous à la croix : « Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté » ; enfin, la joie qui remplit les cœurs : « Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur ». Par dessus tout, savourons la réalité de la présence du Seigneur dans le rassemblement de nous-mêmes et ne perdons jamais de vue qui si nous avons le privilège de nous réunir comme expression de l’assemblée, il a fallu pour cela les souffrances et la mort de Christ. Que cette pensée nous pénètre profondément chaque fois que nous venons dans le lieu du rassemblement et durant toute la réunion ! Par la foi, contemplons « ses mains et son côté ». D’autre part, lorsque réunis autour du Seigneur nous ne goûtons ni paix ni joie, c’est parce qu’il y a dans l’assemblée, ou peut-être, et plus probablement, en nous-mêmes, quelque chose qui doit être jugé et réglé devant le Seigneur. Si l’assemblée est en ordre, s’il n’y a rien en nous qui puisse constituer un obstacle à la bénédiction, nous éprouverons qu’il y a toujours paix et joie dans le rassemblement des deux ou trois autour du Seigneur.

 

2                        Actes 1

Actes 1 nous présente les disciples à nouveau assemblés : « Et étant assemblé avec eux, il leur commanda... Eux donc étant assemblés, l’interrogèrent… » (v. 4, 6). Notons ici deux autres caractères du rassemblement : toute autorité y appartient au Seigneur et à Lui seul ; d’autre part, il se plaît à y instruire et enseigner les siens. La Parole, là encore, ne nous dit pas dans quel lieu le Seigneur s’assembla avec ses disciples ; les versets 9 et 10, le verset 12 nous permettent cependant de penser que ce rassemblement eut lieu dehors, à la montagne des Oliviers. C’est de là que les disciples « s’en retournèrent à Jérusalem » et « montèrent dans la chambre haute » (v. 12:13). Cette « chambre haute » était-elle la « grande chambre garnie » — « chambre à l’étage supérieur », nous dit la note en bas de page, dans nos Bibles — dont nous parlent Marc 14:15 et Luc 22:12 ? La chose est possible, pas du tout certaine cependant. Quoi qu’il en soit, ce passage précise que dans la chambre haute « demeuraient » les onze apôtres — c’était donc toujours une maison amie — et il nous donne aussi une autre indication relative au rassemblement : dans ce lieu, « tous... persévéraient d’un commun accord dans la prière.. » (v. 14). Le lieu du rassemblement est une maison de prières, de prières montant vers Dieu « d’un commun accord ».

« Et en ces jours-là, Pierre se levant au milieu des disciples » (Actes 1:15). C’est probablement dans la « chambre haute » que Pierre prononça le premier des sept discours qui nous sont rapportés dans le livre des Actes (1:15 à 22 ; 2:14 à 36 ; 3:12 à 26 ; 4:8 à 12 ; 5:29 à 32 ; 10:34 à 43 ; 15:7 à 11).

 

3                        Actes 2 à 12

C’est peut-être aussi dans la chambre haute que, le jour de la Pentecôte, les disciples se trouvèrent réunis « tous ensemble dans un même lieu » (Actes 2:1 à 4). Le Saint Esprit descendit alors sur la terre comme Personne divine, « et il remplit toute la maison où ils étaient assis ». Le lieu du rassemblement, c’est un lieu dans lequel il n’y a place que pour l’activité de l’Esprit Saint. Le Saint Esprit opère le jugement du mal — il apparaît sous forme de « langues divisées, comme de feu » — afin que, dans l’Assemblée et en chaque croyant, il n’y ait rien qui soit incompatible avec la présence de Dieu, du Dieu saint dont l’Assemblée est l’habitation par l’Esprit. Et comme le Saint Esprit « remplit toute la maison », il « remplit » aussi tous ceux qui s’y trouvent : « et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint ». C’est alors seulement qu’ils « commencèrent à parler » : pour pouvoir ouvrir la bouche dans le lieu du rassemblement, il faut être conduit et dirigé par le Saint Esprit.

Dans ces premiers jours de l’histoire de l’Assemblée sur la terre, « tous les croyants étaient en un même lieu » et il est ajouté qu’ils « rompaient le pain dans leurs maisons » (Actes 2:44, 46). Peu après, lorsque Pierre et Jean furent relâchés, il nous est dit qu’ils « vinrent vers les leurs » et là, ensemble, « ils élevèrent d’un commun accord leur voix à Dieu » ; tandis qu’ils priaient, « le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé » (Actes 4:23, 24 et 31). Enfin, après que Pierre eut été délivré par l’ange du Seigneur, « il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, où plusieurs étaient assemblés et priaient » (Actes 12:12).

 

4                        Autres assemblées dans la maison d’un frère

Ainsi donc, tout au début du christianisme, nous voyons les croyants réunis soit dans un lieu qui n’est pas spécifié, soit — et c’est généralement le cas — dans la maison de l’un d’entre eux. Dans la suite, lorsque des assemblées furent formées en diverses localités, il nous est dit à plusieurs reprises que l’assemblée se réunissait chez un frère.

Aquilas et Priscilla sa femme ont eu l’inestimable privilège de loger l’assemblée dans leur maison, d’abord l’assemblée d’Éphèse et ensuite celle de Rome (pour Éphèse, voir Actes 18:18, 19 et 1 Cor. 16:19 — l’apôtre Paul était à Éphèse lorsqu’il a écrit la 1° épître aux Corinthiens : 1 Cor. 16:8 — pour Rome, voir Rom. 16:3 à 5). — Gaïus fut l’hôte de l’apôtre Paul et « de toute l’assemblée » (Rom. 16:23), c’est-à-dire de l’assemblée de Corinthe, l’épître aux Romains ayant été écrite par l’apôtre Paul alors qu’il était à Corinthe (comparer Rom. 16:23 et 1 Cor. 1:14). — L’assemblée de Colosses se réunissait dans la maison de Philémon (cf. Philémon 2 — Onésime, au sujet duquel l’apôtre écrit son épître à Philémon, était de Colosses : Col. 4:9). — Nymphas avait lui aussi le privilège de recevoir l’assemblée dans sa maison ; c’était, pour autant que nous pouvons le comprendre d’après Colossiens 4:15, l’assemblée de Laodicée.

Ainsi, semble-t-il, cinq assemblées — Éphèse, Rome, Corinthe, Colosses et Laodicée — se réunissaient dans la maison d’un frère et il ne nous est dit nulle part qu’il en fût autrement pour les autres assemblées.

 

5                        Local de réunion aujourd’hui

Comme nous sommes loin de tous les « lieux de culte » dont se glorifie la chrétienté ! Soyons gardés des tendances susceptibles de nous conduire à une plus ou moins grande conformité au monde religieux qui a ses églises, ses temples, ses chapelles, avec leur pompe et leurs ornements ! Nous nous tromperions si nous disions, ou même si nous pensions sans oser le dire : pour qu’il y ait un témoignage collectif dans une localité, il faut en premier lieu une salle de réunions. N’a-t-on pas, en certains cas, assimilé l’assemblée au local de réunion : dans telle circonstance où, par fidélité au Seigneur il convenait de se séparer d’un ensemble ne portant plus le caractère de l’Assemblée, n’en est-il pas qui ont refusé d’envisager l’abandon du local parce qu’ils pensaient que, ce faisant, ils abandonnaient en même temps le terrain de l’Assemblée de Dieu ?

 

5.1   Ressentir l’état de choses

Certes, nous n’ignorons pas qu’aujourd’hui, surtout dans les grandes villes, les conditions d’existence sont telles qu’il serait difficile sinon impossible de loger l’assemblée dans la maison d’un frère, sauf peut-être — et encore pas toujours — si elle était peu nombreuse. Cela nous met donc dans l’obligation, la plupart du temps, de rechercher un local de réunions pour l’assemblée, chose qui devient d’ailleurs de plus en plus compliquée car il est manifeste que l’assemblée, qui n’a jamais été aimée dans ce monde (cf. Actes 28:22), est de nos jours généralement indésirable. Nous pouvons en conclure que nos conditions de vie sont devenues tellement artificielles, tellement éloignées de la simplicité qui marquait l’existence des croyants du commencement, que nous sommes placés en fait, sauf quelques heureux cas particuliers, dans l’impossibilité de nous réunir, comme le faisaient les assemblées dont nous avons parlé, dans la maison d’un frère. Nous éprouverions de la bénédiction si au moins nous sentions cet état de choses, ne considérant pas comme normal ce qui ne l’est probablement pas et comme anormal ou exceptionnel ce qui correspond aux conditions dans lesquelles se trouvaient les croyants des premiers jours de l’Église. Et peut-être, en certains cas, Dieu, voyant l’exercice, entendant la prière, pourrait-il permettre que les siens aient la possibilité de se réunir en assemblée dans le cadre intime de la maison de l’un d’entre eux. Rien ne lui est impossible !

 

5.2   Privilège de loger l’assemblée

Sans doute, répétons-le, les circonstances locales sont telles que parfois le recours à une salle de réunions soit nécessaire et que ce soit le chemin que montre le Seigneur en réponse aux prières des frères et de l’assemblée. Mais quel privilège pour une assemblée locale que de pouvoir, lorsque le Seigneur le permet, se réunir dans la maison d’un frère et quelle faveur inestimable pour un croyant que de loger l’assemblée dans sa maison ! Il faut certainement du dévouement pour le Seigneur et pour l’assemblée, mais quelle riche bénédiction Dieu répandra sur la maison qui reçoit l’assemblée ! N’en avons-nous pas une illustration dans l’Ancien Testament ? L’arche du témoignage, signe de la présence de l’Éternel au milieu de son peuple, fut trois mois dans la maison d’Obed-Edom, « et l’Éternel bénit la maison d’Obed-Edom et tout ce qui lui appartenait » (1 Chron. 13:14). La suite de ce premier livre des Chroniques nous dit quelque chose de cette bénédiction. Obed-Edom eut lui-même le privilège d’être portier pour le tabernacle et, pour l’arche, chantre (1 Chron. 15:18 et 24, 21 et 16:5) et ensuite, de « faire le service devant l’arche continuellement, selon l’œuvre de chaque jour » (1 Chron. 16:37, 38) ; mais encore, la bénédiction s’étendit à ses huit fils — ils sont parmi les portiers (1 Chron. 26:4, 5) — et aux fils de ses fils, dont il est dit qu’ils furent des « hommes forts et vaillants... vaillants et forts pour le service, soixante-deux, d’Obed-Edom » (1 Chron. 26:6, 8). Quelle joie pour un croyant fidèle de voir ainsi la bénédiction de Dieu reposer sur ses enfants et sur ses petits-enfants ! Obed-Edom a connu une telle joie pour avoir abrité dans sa maison l’arche dans laquelle était conservé le témoignage !

Sans aucun doute, aujourd’hui encore, un croyant connaîtrait de riches bénédictions, pour lui-même et pour les siens, si, en ayant aussi la possibilité, il avait à cœur de loger l’assemblée dans sa maison. Et, revenant dans une certaine mesure à la simplicité première, l’assemblée retrouverait des conditions permettant des relations fraternelles plus intimes, plus étroites, plus heureuses, en même temps que la faveur de Dieu dispensée plus richement, cette faveur qui repose toujours sur ceux qui, se laissant diriger par l’Écriture, trouvent leur bonheur à obéir.