[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]

 

C’ÉTAIT LA MARIE QUI OIGNIT LE SEIGNEUR

 

D’UN PARFUM — Jean 11:2

 

Philippe Laügt

Mars 2003

Table des matières :

1     Trois circonstances — Marie incomprise, témoignant par sa conduite

2     Le choix de Marie : Écouter la Parole — Luc 10

3     L’attitude paisible de Marie dans la détresse — Jean 11

4     La piété fervente et intelligente de Marie de Béthanie — Jean 12

 

 

1                        Trois circonstances — Marie incomprise, témoignant par sa conduite

Marie s’assied aux pieds de Jésus, pour être enseignée (Luc 10:39). « Qui enseigne comme Lui ? » (És. 48:17 ; Psaume 144 :1 ; Prov. 4:4). Dans l’épreuve, elle s’y jette aussi (Jean 11:32). Enfin, pour L’adorer, c’est encore à ses pieds qu’elle se tient et répand un parfum de grand prix, anticipant ainsi Sa sépulture (Jean 12:3-7). Écouter, prier, adorer : ces trois verbes résument son activité en présence du Seigneur.

Dans chacune de ces circonstances, Marie est incomprise et critiquée. Il en est souvent de même à l’égard de ceux qui se comportent comme elle. Quand la tiédeur et la mondanité prédominent, l’affection, la spiritualité et la droiture vis à vis du Seigneur sont incomprises.

Dans chacune de ces situations, Marie garde le silence. Elle ne répond pas aux reproches de Marthe, aux commentaires erronés des Juifs, venus en principe la consoler (Jean 11:31), elle reste muette devant la critique acerbe et intéressée de Judas. Elle sait attendre patiemment qu’un Autre prenne en mains sa cause (Ps. 37:5-6). Elle suit ainsi les traces du Seigneur : « Lorsqu’on l’outrageait, il ne rendait pas l’outrage, quand Il souffrait, il ne menaçait pas, mais se remettait à Celui qui juge justement » (1 Pier. 2:23). Souvent notre attitude est très différente. Des protestations et même des accusations fusent en retour, dès que nous estimons être attaqués !

Dans ces trois récits de la Parole de Dieu, Marie parle une seule fois (Jean 11:32). Ceux qui l’entourent, la connaissent davantage, semble-t-il, par sa conduite que par ses paroles. Il en est de même pour Dorcas (Actes 9:36-43). La Parole de Dieu n’a retenu aucune de ses paroles, mais, comme pour Marie, sa vie « pleine de bonnes oeuvres et d’aumônes » était un témoignage continuel pour son entourage.

De tels exemples apportent de grands encouragements à nos sœurs. L’Écriture montre clairement qu’elles doivent garder le silence dans les rassemblements, mais leur piété et leur dévouement sont un exemple pour tous les rachetés et un témoignage constant devant les incrédules (2 Cor. 2:15-16).

 

2                        Le choix de Marie : Écouter la Parole — Luc 10

Elle désire s’asseoir aux pieds de Jésus pour écouter Sa Parole (v. 39). Les paroles de Jésus sont la révélation de Dieu comme Père. Jésus accomplit dans le cœur de Marie une œuvre spirituelle profonde. Elle est très attentive à ses paroles, chacune est pour elle un trésor de grand prix (Jér. 15:16). Elle la cache dans son cœur, afin de ne pas pécher contre Dieu (Ps. 119:11)

Elle rappelle la « bien-aimée » du Cantique des cantiques. Elle compare son Bien-aimé à un pommier, et fait part du plaisir qu’elle a goûté, assise à son ombre (Cant. 2:3).

En chemin, le Seigneur passe par Béthanie et Il est invité, avec ses disciples. C’est une des nombreuses occasions où on Le voit entrer dans une maison. Il ne fait pas « acception de personnes » (Act. 10:34) et ses hôtes sont très différents. L’un d’entre eux est « un des principaux des Pharisiens » (Luc 14:1), un autre, est « chef de publicains » (Luc 19:2). Cette fois-ci, son hôtesse s’appelle Marthe (Luc 10:38). Marie est par contre mentionnée en premier lieu, quand il est question du village et de ses alentours. Elle est visiblement plus connue (Jean 11:1, 45).

De même aujourd’hui, certaines sœurs exercent plus particulièrement leurs activités dans le cadre de leur maison et dans son voisinage immédiat. D’autres, par exemple des infirmières, ont l’occasion de laisser un peu de la « bonne odeur de Christ » (2 Cor. 2:15) en se rendant auprès des malades, dans les hôpitaux ou dans les foyers où elles vont prodiguer leurs soins. Les activités de ces sœurs rappellent Marthe ou bien Marie. Elles sont complémentaires : les dons de grâce sont différents (Rom. 12:6).

Jésus approuve ici sa servante : « Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera point ôtée » (Luc 10:42). Certains ont peut-être estimé son attitude anormale, voire dictée par une tendance à la paresse, à un moment où sa sœur était visiblement débordée, « distraite par beaucoup de service » ! Souvent les enfants de Dieu aussi se laissent absorber outre-mesure par leur travail séculier (Jean 6:27 ; Agg. 1:6). Ils semblent avoir oublié qu’il faut prendre le temps de cultiver d’abord des relations d’intimité avec le Seigneur. On réjouit ainsi Son cœur, au lieu de le blesser ! Son approbation est la seule qui doit avoir du prix pour le croyant. Sommes-nous assurés de l’avoir à l’égard de nos activités parfois si fiévreuses ? (1 Cor. 4:3-4 ; Rom. 16:12).

Marie a humblement saisi l’occasion de s’asseoir aux pieds de Jésus, pour l’écouter parler. Quel prix cet immense privilège a-t-il pour notre cœur ? Jésus doit dire : « Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée » (Luc 10:41-42). Celui qui nous enseigne toujours pour notre profit (És. 48:17-18), n’allait pas l’engager à abandonner cette place de choix pour aller aider sa sœur. Le Seigneur n’approuve pas les récriminations de Marthe. Tous nos murmures sont finalement contre Dieu (Luc 10:40 ; Job. 21:4)).

La leçon est claire : servir le Seigneur et les siens est notre raison de vivre. Mais même ce service-là ne doit pas prendre trop de place. Sinon le serviteur va restreindre le temps passé aux pieds du Seigneur, et ces haltes sont indispensables. Ne soyons pas paresseux au service du Seigneur (Rom. 12:11). Mais l’activité visible ne doit pas l’emporter sur la communion cachée.

Les sœurs en Christ ont l’heureuse responsabilité de répondre d’abord aux besoins matériels et spirituels de leur famille ; mais elles ont aussi le privilège de visiter les malades, de distribuer des traités et de venir parfois en aide à leurs voisins. Elles ont besoin de régler leur emploi du temps, de manière à pouvoir interrompre leur travail pour s’asseoir avec joie, à l’écart, aux pieds du Seigneur (Marc 6:31). Celui-ci prend plaisir à parler à notre cœur et à notre conscience, au cours de ces moments de prière et de méditation personnelle et quotidienne de Sa Parole. L’enseignement collectif, reçu au cours des réunions d’édification dans l’assemblée ne suffit pas. Un contact direct avec lui est toujours d’un grand prix (Osée 2:14). Cette communion intime avec Christ doit être entretenue : rien ne peut la remplacer.

Soyons sur nos gardes ! Toutes sortes de sujets d’intérêt, des choses apparemment petites et anodines sont souvent habilement suggérés par l’Ennemi. Elles peuvent envahir nos vies et accaparer tout notre temps (Cant. 2:15). Il faut savoir dire NON à de nombreuses distractions et choisir des activités réellement utiles. Sinon la Parole est étouffée, elle n’a plus d’effet sur notre vie (Marc 4:19). Le cœur se refroidit peu à peu et le Seigneur doit dire : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4).

Je fais UNE chose … disait l’apôtre Paul (Phil. 3:7-9, 14). Rachetés du Seigneur, quelles sont nos priorités ? Pour prospérer dans notre vie spirituelle, il faut chercher premièrement le royaume de Dieu. Ensuite, si telle est Sa volonté, toujours bonne, agréable et parfaite, Il peut donner toutes choses par-dessus (Matt. 6:33 ; Rom. 12:2).

 

3                        L’attitude paisible de Marie dans la détresse — Jean 11

Au chapitre 11 de Jean, une épreuve sévère atteint ces deux sœurs, Marthe et Marie. Le verset 2 précise que « c’était la Marie qui oignit le Seigneur d’un parfum et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux ». Sa piété et son discernement sont décrits en détail dans la scène suivante. On pense peut-être qu’une si grande épreuve aurait pu être épargnée à Marie, du fait de sa vie de communion avec le Seigneur ? Mais plusieurs serviteurs fidèles, tels que Joseph, Job ou Asaph, au demeurant de grands exemples d’intégrité et de crainte de Dieu, ont dû traverser, eux aussi, de longues périodes de détresse (Deut. 8:14-16).

La tristesse et la souffrance de ces deux sœurs se trouvent accrues, du fait de leur vaine attente. Comment comprendre les motifs d’un si long délai, avant la réponse du Seigneur à leur appel angoissé ? Entre temps, leur foyer est devenu une maison de deuil. Pourtant dans leur complet désarroi, leur seul refuge était auprès de Lui. ! Leur message était clair, pressant : « Seigneur, voici celui que tu aimes est malade » (Jean 11:3 ; Ps. 34:6). Mais seule l’obéissance à la volonté du Père conduisait le Seigneur sur cette terre. Modèle de dépendance, Il savait toujours discerner Il devait se trouver, et à quel moment, afin de marcher seulement selon la pensée de Dieu (Jean 7:6, 14 ; Nom. 9:18-19).

Il annonce aux disciples que Lazare est mort et il s’en réjouit ! Son absence à Béthanie pendant la maladie de son ami, aller donner à tous l’occasion de croire, en voyant Jésus accomplir le plus grand de Ses miracles rapportés dans les évangiles (Jean 11:14-15, 40-43).

Les sœurs de Lazare ne connaissaient pas encore l’immensité de Son amour ! Quand Dieu, dans Sa sagesse, n’accorde pas une réponse immédiate à nos prières, ne perdons pas courage. En paix, soumettons-nous (Jean 13:7 ; cant. 232 des H. et C.). Paul disait : « Je sais Qui j’ai cru », c’est le fondement de toute attente paisible.

L’Écriture emploie pour parler de l’amour du Seigneur, au verset 5, le mot : « agapeo ». Il a une portée très supérieure à celui employé par les sœurs, au verset 3 : savoir « phileo ». Il ne s’agit plus simplement d’affection, mais de l’amour divin (Éph. 3:18-19). Marthe et Marie réaliseront bientôt combien cette grande épreuve et toute la tristesse qu’elle impliquait, était à la gloire de Dieu (Jean 11:4). Apprenons à accepter de Sa main les circonstances affligeantes (Rom. 8:18). « Celui que le Seigneur aime, il le discipline » (Héb. 12:6). Quand nous aurons souffert un peu de temps, Dieu nous rendra accomplis, nous affermira, nous fortifiera et nous établira sur un fondement inébranlable. À Lui la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen (1 Pier. 5:10-11).

Notre sûre consolation vient de la certitude que les coups nous sont infligés par Sa main d’amour, et tout ce qui vient de cette main est parfait. Dans les épreuves, Sa puissance et Sa miséricorde se déploient au moment opportun : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8:28). La Parole de Dieu prend soin de rappeler : « Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur et Lazare » (Jean 11:5).

Quand Marthe entend dire enfin que Jésus venait, elle sort à sa rencontre (Jean 11:20). Elle semble jouer dans cette famille de Béthanie le même rôle que Pierre au milieu des disciples. Il y a déjà quatre jours que Lazare est enseveli, sa mort ne fait de doute pour personne. L’état de corruption est évident (Jean 11:39). La victoire du Seigneur sur la mort n’en sera que plus belle !

Marthe ne doute pas que le Seigneur peut encore, d’une manière ou d’une autre, les assister. Elle le Lui dit : « Mais même maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera » (Jean 11:22). Jésus lui répond : « Ton frère ressuscitera » (Jean 11:23). Mais Marthe ne connaît que la résurrection « au dernier jour » (Apoc. 20:5), elle ne connaît pas encore la première résurrection, celle d’entre les morts (1 Thess. 4:16). Alors Jésus lui révèle : « Moi, je suis la résurrection et la vie ». Il ajoute : « Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point à jamais » (Jean 11:25).

Que de vérités essentielles touchant la résurrection dans ces quelques paroles du Seigneur. Quand Il viendra lui-même enlever son Église, les morts en Christ ressusciteront premièrement. Tous les croyants alors vivants sur la terre, seront « changés » (1 Cor. 15:22-23 ; 1 Thes. 4:17) et iront à la rencontre du Seigneur en l’air. Tandis que les incrédules resteront dans les sépulcres, jusqu’au moment où ils seront « rendus vivants » pour comparaître devant le grand Trône blanc, après le Millénium (1 Cor. 15:22-23 : Apoc. 20:12). Ces paroles du Seigneur ont aussi une autre précieuse portée : Il est présentement, pour les croyants, la résurrection et la vie. Ils étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais Christ les a déjà ressuscités spirituellement (Jean 5:25 ; Éph. 2:5-6).

Là où ces choses sont reçues, la joie remplace la tristesse, la paix règne là où était la souffrance, la louange est formée au lieu de l’accablement, le triomphe s’établit après l’épreuve. La résurrection du corps, elle, est encore future (Jean 5:28). « Crois-tu cela ? » Interroge le Seigneur ? La réponse de Marthe, montre jusqu’où va présentement la compréhension de sa foi : « Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde ».

Elle comprend que Marie est plus capable qu’elle d’entrer dans les pensées du Seigneur et s’en va secrètement l’appeler. Marie est restée paisiblement assise dans la maison, mais elle se lève promptement, dès qu’elle entend que le Maître est là et qu’il l’appelle (Jean 11:28-29). Elle n’agit pas comme la Sulamithe. Celle-ci tarde à se lever et quand enfin elle s’y décide, elle s’aperçoit, avec tristesse, que son bien-aimé s’est retiré, qu’il est allé plus loin.(Cant. 5:3, 6). Différer de répondre à l’appel du Seigneur peut avoir des conséquences désastreuses dans notre vie et engendrer beaucoup de souffrances. La communion peut être longue à retrouver.

Soyons animés du même état d’esprit que le centurion de Capernaüm. Cet homme, placé sous l’autorité d’autrui, était habitué à une obéissance sans réserve (Matt. 8:9). Prompts à répondre au Seigneur, on goûtera avec Lui des moments d’heureuse communion. Il pourra nous confier un service à Sa gloire. Une riche bénédiction en résulte pour notre âme, et de la joie pour Lui.

Quand Marie rencontre Jésus, elle se jette à ses pieds et lui dit, exactement comme Marthe : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11:32). Elle regarde en arrière, comme tant de personnes dans le deuil. Mais elle se trouve en présence de « la Parole faite chair », venue habiter au milieu de nous (Jean 1:14). Il peut sympathiser parfaitement avec les douleurs et les peines des siens. Au moment de les quitter, le Seigneur dira aux disciples : « Que votre cœur ne soit pas troublé » (Jean 14:1). « Jésus, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient avec elle pleurer, frémit en son esprit et se troubla » (Jean 11:33).

Rappelons la note du traducteur (J.N. Darby) : « Frémir, ici, c’est l’expression de la peine profonde, mêlée d’indignation, produite dans l’âme du Seigneur à la vue du pouvoir de la mort sur l’esprit de l’homme ». L’amour du puissant Créateur des mondes s’exerce, de façon active, à l’égard de tous ceux qui ont le cœur brisé, pour bander leurs plaies (Ps. 147:3-5). Sa sympathie a un caractère unique. Elle est déployée par Celui duquel il est écrit : « Certainement, LUI a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs » (És. 53:4). Il peut et il veut assister ses rachetés dans l’épreuve, tarir leurs larmes et remplir leurs cœurs de Sa joie.

Souvenons-nous continuellement de cette parole, adressée à chacun de ses rachetés : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jean 11:40). Dans la tristesse, prenons la place qu’Il nous offre à Ses pieds. Nous serons remplis de Sa vie en abondance (Jean 10:10).

Jésus pleure. C’est de Son cœur que jaillissent Ses larmes ! Il est étreint devant toutes les souffrances et les tristesses que le péché a engendrées au cours des âges. Il est venu visiter en grâce la vallée de larmes (Ps. 84:6). Il pleure avec ceux qui pleurent, jusqu’au jour où « Il essuiera toute larme de leurs yeux » (Apoc. 20:4).

Jésus se fait conduire au tombeau : Le Vainqueur de la mort est là. Il veut que devant la foule, la gloire de Dieu soit manifestée. Alors il attribue d’avance, dans son action de grâce, Son pouvoir à Celui qui l’a envoyé (Jean 11:41). Son puissant cri de commandement, dont il s’est déjà servi vis-à-vis de la mer et des démons, fait surgir Lazare hors de la mort (1 Cor. 15:55), les mains et les pieds encore liés de bandes, et le visage enveloppé d’un suaire.

« Jésus leur dit : déliez-le et laissez-le aller » (Jean 11:43-44). Débarrassé de ses vêtements de mort, il pourra marcher en nouveauté de vie (Rom. 6:4), et attentif à rester près de Lui, prendre part à un souper de communion, offert au Seigneur (Jean 12). Quel étonnement pour tous les spectateurs ! Quelle joie immense pour les sœurs de Lazare !

 

4                        La piété fervente et intelligente de Marie de Béthanie — Jean 12

 

Elle se manifeste au temps convenable, quand Jésus « six jours avant la Pâque » vient, une fois encore, dans cette maison de Béthanie, « où était Lazare le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts » (Jean 12:1).

Là, pendant ce souper, préparé en Son honneur et servi par Marthe (Jean 12:26). Marie exprime son affection, sa gratitude et son adoration, en oignant les pieds du Seigneur avec un parfum de nard pur de grand prix. Elle a préparé et réservé cette onction précieuse pour Lui seul (Cant. 7:13). Marie montre clairement la place qu’Il occupe dans son cœur, la première. Il est digne de recevoir le meilleur. Marie sait, — la foi rend toujours intelligent, — que si cette onction n’a pas lieu maintenant, elle n’aura jamais lieu. C’est un instant d’adoration unique. Il faut veiller, de crainte que le Seigneur ne soit « frustré », privé de ce qui pourtant lui appartient absolument. Une attitude méprisante à l’égard de Ses droits, est, de la part des siens, une terrible offense (Mal. 3:8-9). Prenons garde de ne pas Lui offrir « des holocaustes qui ne coûtent rien » (2 Sam. 24:24).

On peut refuser de Lui apporter « les dîmes et les offrandes élevées » (Mal. 3:8-10). On peut employer son temps et ses capacités à des fins personnelles. Nous sommes appelés à apporter, pour le bien du peuple de Dieu, les dîmes de ce que nous avons recueilli dans le champ de la Parole. Dans ce domaine, on peut frustrer Dieu de deux manières. Soit on néglige de cultiver son champ et il ne produit rien (Prov. 24:30-34), et par conséquent il n’y a pas de dîmes disponibles ; soit on garde égoïstement pour soi ce qui a réjoui notre âme, sans en faire bénéficier d’autres. Si l’amour pour Christ nous étreint, on ne vivra plus pour soi-même, mais pour Celui qui pour nous est mort et ressuscité (2 Cor. 5:14-15).

 

La pauvre veuve avait grandement réjoui le Seigneur, en donnant discrètement à Dieu ses deux pites, tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance (Marc 12:42). Il aime celui qui donne joyeusement (2 Cor. 8:3-5 ; 9:7). Marie de Béthanie, en son jour, apporte ce qui est en son pouvoir et qui, de l’appréciation même du traître, représentait le salaire du travail de toute une année. Judas était orfèvre en la matière, car il servait un autre dieu : l’argent.

En silence, Marie répand le nard et essuie les pieds du Seigneur avec ses longs cheveux, les pieds de Celui qui s’est tant fatigué à parcourir les sentiers de cette terre, pour apporter les bonnes nouvelles de l’amour de Dieu, pour annoncer la paix (És. 52:7), — ces pieds qui seront bientôt percés par des hommes iniques, ceux qui, pour Son amour, ont été ses adversaires (Ps. 22:16 ; 109:4).

Tous ceux qui étaient présents ont aussi respiré un peu de ce parfum, car son odeur remplissait toute la maison. Pendant le Culte, une adoration muette monte aussi du cœur de nos sœurs, vers le Seigneur. « Culte béni de cœurs qui t’aiment, encens dont le ciel est rempli » : c’est ce que nous exprimons dans une hymne.

La seule présence de Lazare, à table avec Jésus, était un puissant témoignage silencieux, rendu devant tous, que le Seigneur l’avait ressuscité d’entre les morts. « À cause de lui, plusieurs des Juifs s’en allaient et croyaient en Jésus » (Jean 11:11). Pendant ce temps, les principaux sacrificateurs tenaient conseil pour faire mourir Jésus mais Lazare aussi. Ils voulaient supprimer ce témoin gênant.

 

Rappelons que l’adoration a un triple effet. Quand un sacrifice de prospérité était présenté « comme action de grâce » (Lév. 7:12), Dieu a sa part, la première, le sacrificateur a la sienne aussi. Mais celui qui avait apporté le sacrifice et ses amis, ont aussi la leur. Réunis autour du Seigneur, pour nous souvenir de Ses souffrances et de Sa mort, DIEU est honoré par l’adoration commune, qui monte de nos cœurs vers Lui. Notre âme est remplie de la Personne de Christ, et une bénédiction est apportée à tous ceux qui, par leur « amen », s’associent aux actions de grâces. Exprimée dans la puissance du Saint Esprit, la louange des saints atteints les dimensions de l’infini.

De Marthe, il est simplement dit qu’elle servait. Instruite par le Seigneur, elle a compris « que la vraie grandeur consiste à servir inconnue et à travailler sans être vue » (JND). Désormais, le travail n’est plus pour elle une tâche pesante, générant murmures et amertume, mais un moyen de témoigner son amour pour le Seigneur et pour les siens.

Ce jour-là aussi, l’amour joint à un discernement spirituel profond, acquis aux pieds du Seigneur, va dicter à Marie sa conduite. Elle ne reste pas assise, elle saisit l’occasion et agit au moment convenable, quelques jours avant la crucifixion. Son acte d’adoration est précieux pour Celui qui se rend au Calvaire. « Jésus donc dit : Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture » (Jean 11:7). Marie montre pratiquement à Celui qu’elle reconnaît comme Sauveur, la profondeur de son attachement. Jésus montre quel prix a, pour son cœur, cet amour qui ne calcule pas, qui est prêt à tout donner (Matt. 26:13).

D’autres aussi, par amour pour le Seigneur, ont acheté des aromates (Marc 16:1) et les ont préparés. Elles n’ont pas hésité devant la dépense et l’effort nécessaire. Mais quand elles sont venues apporter ces aromates, — pourtant de grand matin, le premier jour de la semaine, — c’était déjà trop tard. Le tombeau était vide et le Seigneur était déjà ressuscité (Luc 24:1-2) ! Apprenons de Lui à agir au moment opportun. Toute halte inutile peut être une occasion perdue et des conséquences éternelles (2 Cor. 5:10).

Autrefois de nombreux Israélites, hommes et femmes avaient désiré apporter leur contribution à la construction du Tabernacle. Leur cœur les y portait, Plusieurs femmes qui avaient un esprit libéral, se montraient intelligentes ou plutôt « sages de cœur » (Ex. 35:21, 25). Mais certains ont tardé à remettre leur offrande à ceux qui faisaient l’ouvrage. Ils en ont été finalement empêchés. D’autres avaient déjà répondu, avec empressement, et très au-delà des besoins ! (Ex. 36:5). « Moïse commanda et on fit crier dans le camp : Que ni homme ni femme ne fasse plus d’ouvrage pour l’offrande pour le lieu saint » (Ex. 36:6). Il était trop tard, une précieuse occasion était perdue (Éph. 5:16) ! Parfois, peut-être, nous avons décidé, trop tard, de marcher dans ces bonnes oeuvres que Dieu avait pourtant préparé d’avance, afin que nous marchions en elles (Éph. 2:10). Que le Seigneur aide chacun de ceux qui L’aiment à discerner Sa volonté, pour agir comme Marie, au moment opportun.

 

Ah ! qu’à tes pieds, Seigneur, je reste,

Et, qu’ici bas, ma faible voix

Exalte, unie au chœur céleste,

Le Fils de Dieu mort sur la croix !