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PIERRE ET JEAN, ensemble et séparément
Pierre et Jean montaient ensemble à l’heure de la prière (Act. 3:1)
Philippe Laügt
29.11.2003
Table des matières :
4 Débuts de Pierre et Jean ensemble avec le Seigneur
5.1 Fils de tonnerre, esprit sectaire
5.2 Ceux qui ne recevaient pas le Seigneur
6 Jean 6 : manger sa chair et boire son sang
7 Fils du Dieu vivant — le royaume et l’assemblée
8 Ne pas éviter le chemin de la croix
9 Pierre Jacques et Jean ensemble dans les évangiles
9.2 La fille de Jaïrus et la transfiguration
10 Pierre et Jean à la dernière Pâque
11 Pierre et Jean quand Jésus est pris
12 Pierre et Jean à la résurrection
18 Fonctionnement du corps de Christ
Il est très utile d’apprendre à comprendre un peu la manière dont Dieu agit envers les siens pour les rendre capables de faire Sa volonté. Tous les hommes ont la même nature adamique et la chair, ce mauvais arbre, ne peut produire que de mauvais fruits. Mais après la conversion, le racheté, formé à l’école de Dieu, « comme l’argile dans la main du potier », va devenir « un vase à honneur, sanctifié, utile au Maître, préparé pour toute bonne œuvre » (Jér. 18:3-6 ; 2 Tim. 2:21). Dans sa sagesse et son amour, Dieu adapte parfaitement son enseignement aux besoins de chacun de ses enfants (Job 36:22). Ils sont ainsi peu à peu préparés pour le service qu’Il s’est proposé de leur confier.
La période d’apprentissage est souvent douloureuse, mais toujours mesurée par Sa main d’amour. L’apôtre écrit : « Étant affligés maintenant par diverses tentations, si cela est nécessaire » (1 Pier. 1:6). La grâce de Dieu est toujours à l’œuvre, mais l’homme s’y oppose souvent. Par sa propre volonté, il entrave l’action divine. Chacun doit apprendre que seule la Croix de Christ libère le racheté de l’esclavage de la chair et de la puissance du monde.
Pierre et Jean sont formés à la même école, en relation avec leurs besoins particuliers. Ils ont des traits de caractère différents, ils se montrent plus ou moins prompts à apprendre leurs leçons, mais ils sont façonnés par la main de Dieu. Ils seront unis au Seigneur et entre eux, préparés pour combattre « ensemble d’une même âme, avec la foi de l’évangile et n’étant en rien épouvantés par les adversaires » (Phil. 1:27). Ils auront désormais une même pensée, un même amour. Ils seront d’un même sentiment et penseront à une seule et même chose. Leur désir sera de plaire à Celui qui les a enrôlés pour la guerre (Phil. 2:2 ; 2 Tim. 2:4). En retraçant le chemin qu’ils ont suivi, l’on est encouragé de voir que, malgré leurs erreurs, ils ont continué à jouir de la confiance du Seigneur, qui connaissait leur attachement personnel de cœur à sa Personne !
Le parcours des disciples est souvent le même. Ils sont confrontés aux mêmes circonstances. Mais, elles produisent des effets différents, suivant qu’ils sont prêts ou non à les accepter de la main du Seigneur. Ainsi la même épreuve, dans le désert de ce monde, produit des murmures ou des actions de grâces ! Reçue de Sa main, notre légère tribulation d’un moment sera l’occasion de précieux moments d’intimité avec le Seigneur (Luc 24:34).
Pierre fera partie des apôtres. Il s’appelait d’abord Simon, et c’est, semble-t-il lors de sa première rencontre avec le Seigneur qu’il reçoit le nom de Céphas : un mot qui signifie pierre, en araméen comme en grec (Jean 1:43 ; Act. 10:5).
L’évangile de Luc est le seul à relater la pêche miraculeuse qui a tant impressionné Simon Pierre. Il venait de travailler toute la nuit, avec ses associés, sans aucun succès. Pourtant, sur la parole de Jésus, il mène à nouveau sa barque en pleine eau, et lâche le filet. Ils prennent alors une si grande quantité de poissons que le filet se rompait. Saisi de frayeur devant un tel miracle, Simon prend conscience de ses péchés. Il se jette aux genoux de Jésus, en disant : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur ». Mais le Seigneur lui répond : « Ne crains pas, dorénavant tu prendras des hommes ». Il est désormais prêt pour répondre à l’appel du Maître. Dans cet évangile, il est simplement dit qu’ils quittèrent tout et Le suivirent (Luc 5:5-11 ; lire aussi Matt. 4:18 ; Marc 1:16).
L’apôtre Jean, dont nous aimerions parler aussi, ne se nomme jamais dans son évangile. Il parle de « l’autre disciple » et vers la fin de son récit, à cinq reprises, de ce « disciple que Jésus aimait » (Jean 13:23 ; 19:26 ; 20:2 ; 21:7 ; 21:20).
On suppose qu’il était l’un des deux disciples qui ont entendu Jean le baptiseur dire, en regardant Jésus qui marchait : « Voilà l’Agneau de Dieu » (Jean 1:36). Le Précurseur avait déjà proclamé quelle serait Son œuvre : Jésus était venu ôter le péché du monde. Il souligne maintenant qui Il est, le cœur rempli de conviction et de joie en contemplant Jésus. Aussitôt les deux disciples le quittent pour suivre Jésus, qui leur pose une question importante : « Que cherchez-vous ? » (Jean 1:39). Oui, quels sont les désirs de nos cœurs, le but réel de notre activité ?
Ils répondent : « Où demeures-tu ? » et le Seigneur répond simplement : « Venez et voyez ». Ils Le suivent et demeurent avec Lui ce jour-là. Il les comble de ce qu’Il a toujours en réserve pour bénir spirituellement les siens. L’un d’entre eux, André, est le frère de Simon. Il s’empresse d’aller lui dire : « Nous avons trouvé le Messie (ce qui interprété est Christ) » et il le mène à Jésus. Son service fidèle, dans sa famille d’abord, aura des conséquences incalculables : son frère va devenir l’apôtre Pierre !
Quand Jésus trouve Jean, il raccommodait des filets au bord de la mer, un travail qui demande beaucoup de patience, avec Jacques son frère et Zébédée, son père (Matt. 4:21). C’est un travail indispensable, sinon l’on perd par négligence une partie de la pêche. Le don qu’Il confiera, plus tard, à son apôtre sera, en particulier, celui de rapprocher les frères, de réparer ce qui a été déchiré ou qui s’est usé à force de servir (Néh. 4:10), d’insister sur l’importance de mettre en pratique l’amour entre les enfants de Dieu.
Il ne sera plus question de Zébédée, mais de Salomé, la mère de Jean et de Jacques. Elle se manifeste, au moment même où Jésus parlait à ses disciples de ses souffrances et de sa mort, et lui fait une demande intéressée : elle voudrait pour ses fils une place d’honneur, à la droite et à la gauche de Jésus (Matt. 20:20-21). Mais elle se tiendra aussi au pied de la Croix. Jacques et Jean, eux aussi, demandent cette faveur (Marc 10:35-37). Il faudra l’opération de la grâce de Dieu pour leur enseigner à montrer plus d’humilité. Si les dix autres disciples se montrent tellement indignés, ne convoitaient-ils pas secrètement d’occuper la même place.
Désormais, Pierre et Jean vont accompagner Jésus durant tout son parfait ministère sur la terre (Jean 20:30-31 ; 21:24-25). Ils seront les témoins émerveillés de tous les faits et gestes du Serviteur parfait. Il laissera un modèle aux siens, pour qu’ils suivent Ses traces (1 Jean 1:1 ; 1 Pier. 2:21). Ces disciples verront Jésus saisir par la main la belle-mère de Simon pour la guérir. La même étreinte retiendra Simon, au moment où il s’enfonce dans les flots (Marc 1:30-31 ; Matt. 14:30-31).
Ils contempleront souvent Jésus, quand il sortira seul, de grand matin, pour prier dans un lieu désert (Marc 1:35-37). Ils assisteront enfin, « à un jet de pierre », à ses supplications au Père, à Gethsémané (Luc 22:41). C’est d’ailleurs après toute une nuit de prière, seul avec Dieu sur la montagne, que Jésus choisit ses disciples (Luc 6:12). Le jour venu, « il appelle ceux qu’Il voulait ; et ils vinrent à Lui ; et Il en établit douze pour être avec Lui ».
Pierre et Jean feront partie autour du Seigneur du cercle le plus restreint. Plus tard, il les enverra prêcher et guérir (Luc 9:2). Mais d’abord ils ont le privilège d’apprendre en Sa compagnie (Marc 3:14). Ces premiers contacts de Jean et de Pierre avec le Seigneur sont pleins de ferveur. Ils ont tout quitté pour Le suivre, ils marchent après Lui dans une terre aride, ils n’ont qu’un désir, Le suivre et de Lui obéir !
Mais la Parole de Dieu ne cache pas les effets de la chair en eux, comme chez tous les autres croyants ! Cette chair, si elle est laissée libre d’agir, ne peut produire, même après la conversion, que des mauvaises œuvres (Gal. 5:19-20). Le racheté doit désirer tendre avec effort vers ce moment où il dira, avec Paul : « Je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). Dès lors le fruit de l’Esprit, avec ses neuf grains exquis, peut se manifester, à la gloire de Dieu (Gal. 5:22).
Notre état intérieur, ces pensées du cœur, se traduisent par nos paroles et par nos actes (Matt. 12:34). Il est nécessaire d’apprendre, comme ces deux disciples, à se connaître à la lumière de la Parole. C’est un travail douloureux, qui nous amène à nous écrier : « Qui me délivrera de ce corps de mort » ? (Rom. 7:24), mais ensuite nous rendons grâces à Dieu, par Jésus Christ, notre Seigneur, et le Saint Esprit, qui habite dans le racheté, est désormais libre d’agir.
Jean, un de ces fils du tonnerre — Boanergès — d’après le surnom reçu du Seigneur lors de leur appel (Marc 3:17) montre son intransigeance, au moment même où Jésus vient d’inciter ses disciples à l’humilité. Ils se sont justement disputés pour savoir qui serait le plus grand (Marc 9:35-37) et pour leur donner un exemple, Jésus a placé un petit enfant au milieu d’eux ! Or nous sommes, hélas, souvent très longs à apprendre nos leçons. Au moment même où le Seigneur instituera la Cène, avec les symboles si précieux de son corps donné et de son sang versé pour nous, le même genre de contestation ressurgit au milieu des disciples ! (Luc 22:24-25).
La réponse de Jean au Seigneur en Marc 9 est très surprenante : « Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, qui ne nous suit pas ; et nous le lui avons défendu (ou : nous l’en avons empêché), parce qu’il ne nous suit pas » (Marc 9:38). Dans le récit parallèle de l’évangile de Luc, il est ajouté : « Il ne te suit pas avec nous » (Marc 9:38-40 ; Luc 9:49-50). Veillons à bannir nos tendances sectaires. De nombreux chrétiens, tout en ne marchant pas avec nous, suivent de très près le Seigneur, avec son esprit de renoncement, en portant leur croix chaque jour (Matt. 16:24). Ils sont un exemple par leur conduite (Marc 8:34).
C’est la seule parole de Jean dans cet évangile de Marc ! Autrefois aussi, Josué s’était montré jaloux pour Moïse. Il était venu lui demander d’empêcher Eldad et Médad de prophétiser dans le camp, parce qu’ils n’étaient pas sortis vers la tente d’assignation (Nom. 11:26-29). Mais il est positivement déclaré que, malgré cette désobéissance, « l’Esprit reposa sur eux… et ils prophétisèrent ». Méditons la réponse de Moïse à Josué : « Ah ! Que plutôt tout le peuple de Dieu fût prophète, que l’Éternel mît son Esprit sur eux ». C’était pour lui une bonne nouvelle, dans ce temps de confusion !
Jean se montre animé par le même esprit. Quelle est la réponse du Seigneur ? Il ne leur dit pas : « Allez avec lui », mais : « Ne le lui défendez pas, car il n’y a personne qui fasse un miracle en mon nom, et qui puisse aussitôt mal parler de moi » (Marc 9:39).
Paul, emprisonné, apprendra, lui aussi, que « quelques-uns prêchaient le Christ par envie et par esprit de parti ». Quelle est sa réaction ? « Quoi donc ? — Toutefois, de toute manière, soit comme prétexte, soit en vérité, Christ est annoncé ; et en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai » (Phil. 1:15-18).
Le Dieu souverain, choisit et forme ses instruments. Quelle que soit leur infirmité, Sa grâce est puissante pour opérer en eux et par eux, à Sa gloire. C’est certes un grand sujet de reconnaissance de connaître le rassemblement au Nom du Seigneur ! Mais si l’on est l’objet d’une si grande grâce, il ne faut pas oublier l’ampleur des besoins aux alentours. Ne regardons pas avec une certaine condescendance d’autres instruments qui n’ont pas encore compris le chemin de la séparation, hors du Camp religieux, mais dont Dieu se sert pour amener des âmes à Christ et au salut par la foi.
Peu après, Jésus qui avait dressé sa face résolument pour aller à Jérusalem, envoie des messagers pour lui préparer un logis dans un village de Samaritains. Or ceux-ci ne Le reçoivent pas justement « parce que sa face était tournée vers Jérusalem » (Luc 9:51-53). Quelle occasion unique perdue de recevoir le Sauveur ! L’inimitié était violente et constante entre les Juifs et les Samaritains. D’où l’étonnement de la femme de Sichar, en entendant Jésus lui dire : « Donne-moi à boire » ! (Jean 4:8-9).
Jean et Jacques s’indignent et proposent : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie ? ». Quel zèle charnel pour le Maître, fondé, pensent-ils, sur une référence tirée de l’Écriture, donc imparable !
Que d’égoïsme, de jalousie, d’étroitesse d’esprit, de rancune et de projets de vengeance. Il faut reconnaître, dans ces diverses circonstances, le triste esprit qui anime si facilement nos cœurs naturels ! Pourtant les disciples avaient vu le Seigneur user de grâce envers cette femme samaritaine, ouvertement méprisée par tous, connue comme une pécheresse. Jésus répond, en censurant fortement Jean et Jacques : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés » ! (Luc 9:52-56).
Plus loin on verra encore Jean, s’endormir, comme les autres, à l’heure terrible pour son Maître, de Gethsémané et, l’instant d’après, profitant de la protection du Seigneur, s’enfuir avec les autres (Jean 18:6 ; Matt. 26:43, 56). Pourtant ce fils du tonnerre, formé peu à peu par les soins de Jésus, deviendra l’apôtre de l’amour !
Le Seigneur, enseignant ensuite dans la synagogue à Capernaüm, appelée sa ville, présente ce qui va paraître pour plusieurs une étrange nourriture. En contraste avec la manne, donnée autrefois au peuple d’Israël, Jésus se présente lui-même comme le pain vivant qui donne la vie éternelle. Il précise aussitôt que le pain qu’il donnera, c’est sa chair, qu’il donnera pour la vie du monde (Jean 6:51). Le Corps du Sauveur a été donné pour nous. Il a porté nos péchés en son corps sur le bois.
Par la foi en cette œuvre de Christ sur la Croix, nous recevons une vie nouvelle, impérissable. Manger sa chair et boire son sang, c’est se nourrir d’un Christ mort pour nous, ce qui se réalise au moment de la conversion (Jean 6:53-54).
Le racheté reçoit alors une vie nouvelle, impérissable. Elle doit être entretenue par cette même nourriture, la seule qui soit appropriée (Jean 6:56) : Le croyant jouit d’une communion intime avec son Sauveur. Il est identifié avec Lui dans sa mort, et appelé à réaliser pratiquement qu’il est mort avec lui au monde et au péché (Jean 6:53-56). Il ne s’agit pas, dans ces versets, de la Cène instituée par le Seigneur seulement la nuit qu’il fut livré. La Cène est un mémorial et un acte de communion. Tandis qu’ici Jésus parle de la nécessité de croire en Lui et de s’approprier la valeur de sa Personne et de son œuvre, Lui qui a donné Sa vie pour nous.
L’homme naturel ne peut pas comprendre ces choses : « Cette parole est dure, qui peut l’ouïr ? » (Jean 6:60). Il peut à la rigueur estimer que la conduite de Jésus est exemplaire, digne d’être imitée. Mais il refuse de reconnaître que son état de péché a rendu la mort de Christ indispensable, sinon l’homme ne pouvait pas être sauvé. Plusieurs donc qui avaient professé être des disciples du Seigneur, s’en vont, choqués par Ses paroles. Il ne cherche pas à les retenir en adoucissant la vérité. Il sonde le cœur de ceux qui restent » : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (Jean 6:66-70). Quelle joie d’entendre cette réponse de Simon Pierre, parlant au nom de tous : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Jean 6:68-70).
Jésus monte alors aux quartiers de Césarée de Philippe et là, il interroge à nouveau ses disciples : « Qui disent les hommes que je suis, moi le Fils de l’homme ? ». Il leur demande aussi : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Matt. 16:13-15). Pierre est prompt à répondre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Alors Jésus lui répond : « Tu es bienheureux Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Il ajoute : « Tu es Pierre : et sur ce roc (c’est à dire la déclaration de Pierre) je bâtirai mon assemblée, et les portes du Hadès ne prévaudront pas contre elle ». Quelle merveilleuse certitude dans nos temps si troublés !
Il promet également à son apôtre de lui donner les clefs du royaume des cieux : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » ! De fait, après l’élévation du Seigneur dans la gloire, Pierre, envoyé par l’Esprit (Act. 10:19-20) ira sans hésiter dans la maison de Corneille, un centurion romain de la cohorte appelée Italique, « pieux, et craignant Dieu avec toute sa maison » (Act. 10:1). Et là, instruit par le Seigneur, il a le privilège de se servir encore de ces clefs : « Je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation, celui qui le craint lui est agréable » (Matt. 16:16-19 ; Act. 10:34-48). Il annonce Jésus-Christ (Lui est Seigneur de tous) tandis que le Saint Esprit tombe sur tous ceux qui entendaient la Parole. Pierre dira plus tard aux frères à Jérusalem : « Qui étais-je, moi, pour pouvoir l’interdire à Dieu ? ». Alors tous, en glorifiant Dieu, devront reconnaître que « Dieu a donc en effet donné aux nations la repentance pour la vie » ! (Act. 11:15-18).
Mais pour l’instant, Jésus commence à enseigner ses disciples, en leur disant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il soit rejeté des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite après trois jours » ! (Marc 8:31). Il rencontre du côté des disciples une incompréhension totale. Le seul qui intervient, c’est justement Pierre. Il prend Jésus à part, et cherche à Le détourner de ce chemin qui conduisait à la Croix. Un chemin où le Seigneur était déterminé à marcher, à la gloire du Père ! (Marc 8:32).
Alors Jésus, se retourne, regarde ses disciples et dit à Pierre : « Va, arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » ! (Marc 8:33 ; Matt. 16:21-23). Pierre, qui l’instant d’avant, avait parlé « comme oracle de Dieu », devient soudain, par manque de vigilance et de discernement, un instrument dans la main du Diable ! Ce dernier cherchait constamment à détourner Christ de son chemin d’obéissance, mais il est aussitôt reconnu par le Seigneur, même quant il agit dans sa ruse par le moyen de Pierre, et il est repoussé.
Combien les rachetés doivent veiller et prier pour que toutes leurs pensées soient amenées captives à l’obéissance de Christ ! Il leur faut rechercher une communion constante avec Lui. « Prenons l’habitude salutaire de juger la chair dans les petites choses, celles qui pourraient paraître anodines. C’est le secret pour être gardé de chute » (JND).
Quand le Seigneur désigne ses apôtres (Marc 3:17-19), Pierre, Jacques et Jean sont nommés les premiers. Déjà, au début de son ministère, le Seigneur avait appelé « ceux qu’Il voulait ». Avant de les quitter, il le rappelle : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisis ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis » (Jean 15:16).
Le caractère de Pierre était énergique. Il était enthousiaste et impulsif. De ce fait, il entraînait facilement les autres à le suivre et à calquer leur conduite sur la sienne. Il avait une sorte de prééminence parmi les disciples. Il dira à Jésus : « Seigneur, si c’est toi, commande-moi d’aller à toi sur les eaux ». De fait, il n’hésite pas à descendre de la nacelle et il marche sur les eaux, pour aller à Jésus. Mais il réalise bientôt que le vent est fort et s’écrie : « Seigneur, sauve-moi » ! (Matt. 14:28-30). Toutefois, quand le temps de l’apprentissage sera terminé, après l’avoir fait passer par une grande épreuve personnelle nécessaire, le Seigneur pourra lui confier un service : fortifier ses frères et annoncer avec zèle l’Évangile.
Jean paraît plus sensible, plus disposé peut-être à se laisser enseigner. Le secret de ses progrès plus rapides : rester le plus près possible de son Maître. Il sera le dernier à rester au milieu de ce monde corrompu et son service sera en particulier de défendre avec fermeté la vérité touchant la Personne de Christ.
Quant à son frère Jacques, il sera fidèle jusqu’à la mort, il recevra la couronne de vie (Act. 12:1-2 ; Apoc. 2:10).
Le Seigneur a voulu faire passer ces trois disciples par un chemin tout à fait particulier. Ils ont appris ensemble à mieux Le connaître, et à mieux s’estimer l’un l’autre, même si le Seigneur était d’abord l’unique Objet de leur foi.
Nous les trouvons ensemble dans la maison de Jaïrus, ce chef de synagogue, dont la fille unique était en train de mourir (Marc 5:37 ; Luc 8:40-41, 51). Ces trois disciples sont seuls à assister à une scène extraordinaire : À l’appel du Prince de la vie (Act. 3:15) la jeune fille se lève immédiatement. Les parents sont « hors d’eux », et l’on est fondé à penser que ces disciples ont partagé leur joie et leur reconnaissance ! Le Seigneur se fait connaître ici, de même qu’au tombeau de Lazare, comme la Résurrection et la Vie (Jean 11:25).
Jésus montre aussi Sa gloire à ses trois disciples, sur la montagne de la transfiguration (Matt. 17:1-8 ; Marc 9:2-8 ; Luc 9:28-36). Il les mène seuls à l’écart, et soudain une grande lumière émane de Son visage et de Ses vêtements, et resplendit autour d’eux. Moïse et Élie apparaissent, parlant avec le Seigneur de la mort qu’il allait accomplir à Jérusalem. Les disciples sont accablés de sommeil ; mais « quand ils furent réveillés, ils virent Sa gloire ». Les deux interlocuteurs du Seigneur disparaissent, l’effroi s’empare des disciples. Mais la Nuée envahit la montagne et une Voix, qui s’adresse aussi à nos cœurs, se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-Le » (Matt. 17:52).
Jésus est maintenant seul avec eux : Ils contemplent « la gloire magnifique », royale, celle du Messie (2 Pier. 1:16-18). Ils découvrent le Fils bien-aimé du Père, et Pierre et Jean en transmettront plus tard la révélation. Quand ils descendent de la montagne, ils ont désormais un secret dans le cœur. Cette lumière resplendissante brille désormais en eux. Il en sera pour ces disciples comme d’Ésaïe, dont il est écrit : « Il vit sa gloire et il parla de Lui » (Jean 12:41). Avons-nous contemplé cette gloire ?
Mais le Fils de Dieu revêt à nouveau l’humble forme d’esclave (Zach. 13:5) et, descendant de la montagne dans la plaine où règne l’incrédulité, il reprend son chemin vers la Croix.
La dernière scène où l’on trouve seulement ces trois disciples se déroule à Gethsémané, qui signifie : pressoir à huile. Jésus s’y rend avec seulement onze disciples. Judas est déjà sorti dans la nuit pour aller Le livrer (Jean 13:30). À huit d’entre eux, Jésus enjoint : « Asseyez-vous ici jusqu’à ce que, m’en étant allé, j’aie prié là » (Matt. 26:36).
Trois autres, Pierre, Jacques et Jean, sont admis à l’accompagner un peu plus loin. Jésus commence alors à être attristé et fort angoissé. Il en fait part aux siens : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort, demeurez ici et veillez avec moi ». Lui-même s’en va un peu plus avant et tombant sur sa face, prie en disant par trois fois : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ». Toutefois, dans sa parfaite soumission, il ajoute : « Non pas comme moi je veux, mais comme Toi tu veux ». Puis il ajoute : « Que ta volonté soit faite » ! (Matt. 26:37-45).
L’Écriture évoque Ses grands cris, Ses larmes, Ses prières et Ses supplications (Héb. 5:7). Jésus mesurait toute l’horreur de cette coupe remplie de la colère de Dieu contre le péché. « Dans l’angoisse du combat, il priait plus instamment ; et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre » (Luc 22:44). Il connaissait parfaitement tout ce que représentait la Croix, et Satan cherchait encore à l’en détourner.
« Et s’étant levé de sa prière, Il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation » (Luc 22:45-46). Il le leur demande en vain à deux reprises et leur dit, finalement : « Dormez dorénavant et reposez-vous ; voici l’heure s’est approchée, et le fils de l’homme est livré dans la main des pécheurs » (Matt. 26:45).
C’était désormais trop tard pour veiller avec lui. À Pierre, il fait ce reproche : « Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une heure » ? (Marc 14:37). Pierre avait pourtant fait de si grandes protestations de loyauté. Quel avertissement le Seigneur lui donne, une mise en garde qui nous concerne tous ! Que Dieu nous garde d’avoir des cœurs assoupis, comme celui de ceux qui formaient pourtant — quelle part excellente ! — le cercle le plus intime autour de Lui. Ne sommes-nous pas parfois plus ou moins indifférents devant Sa gloire ou devant Ses souffrances, liées au fardeau qu’Il portait, celui de nos péchés ? Il devait en recevoir le salaire à notre place sur le bois : la mort (Rom. 6:23). Quand le traître s’approche, avec ceux qui sont venus prendre le Seigneur, ses disciples l’abandonnent.
Mais avant la crucifixion, à l’approche de la fête de Pâque, Jésus sachant que son temps était proche, avait fort désiré célébrer cette Pâque avec ses disciples. Il avait envoyé Pierre et Jean pour l’apprêter (Matt. 26:19). Ils Lui posent une importante question : « Où veux-tu que nous l’apprêtions ? ». Quel est le lieu où il convient, aujourd’hui encore, de se réunir autour de Lui ? (Matt. 18:20). Le Seigneur leur répond : Voici, quand vous entrerez dans la ville, un homme portant une cruche d’eau (une figure du Saint Esprit) viendra à votre rencontre et vous indiquera une grande chambre garnie, où le Maître peut manger la Pâque avec ses disciples (Marc 14:12-16 ; Luc 22:7-13).
Jésus allait laisser ceux qu’Il aimait dans un monde corrompu et violent. Ils avaient tout le corps lavé par le sang de la croix (Jean 13:10). Mais leurs pieds de voyageurs seraient souvent couverts de poussière. Ils seraient, par leurs contacts incessants avec le mal, exposés à la souillure. Alors Jésus lave leurs pieds ; il nous purifie en nous amenant à nous juger à la lumière de la Parole, appliquée à notre conscience (Éph. 5:26 ; Héb. 10:22). Pierre voudrait s’opposer à ce service de Jésus, qu’il estime humiliant pour Lui. Le Seigneur répond par une parole que chacun doit méditer : « Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (Jean 13:6-8). Pierre ne tardera pas à en reconnaître la nécessité, il sera le premier à en faire l’expérience. Sinon que serait-il devenu après l’avoir renié ?
Quand « l’heure fut venue » (Luc 22:14), Jésus se met à table avec les disciples pour manger cette Pâque qu’il fallait (un verbe qui revient quinze fois dans Luc) sacrifier. Jean, à cette occasion, est « à table, dans le sein de Jésus ». Il est pénétré de l’amour du Seigneur pour lui. Jésus est troublé dans son esprit et rend ce témoignage : « En vérité, en vérité, je vous dis que l’un de vous me livrera » (Jean 13:21). Les disciples se regardent les uns les autres, perplexes, ne sachant pas de qui Il parlait. Ils commencent à s’attrister et à dire l’un après l’autre : « Est-ce moi ? » (Marc 14:19). Alors Simon Pierre fait signe à Jean de demander au Seigneur de qui Il parlait. Dans cette place d’intimité qu’il a su occuper et dont il jouit, penché sur la poitrine de Jésus, « le disciple que Jésus aimait » était tout désigné pour poser à Jésus cette terrible question : « Seigneur, lequel est-ce » ? (Jean 13:25).
C’est au cours de ce même repas que Jésus avait annoncé : « Vous serez tous scandalisés en moi, cette nuit ; car il est écrit : « Je frapperai le Berger, et les brebis du troupeau seront dispersées » (Marc 14:27). Les Écritures devaient s’accomplir ; le Seigneur y était toujours attentif ! (Matt. 5:18). Pourtant Pierre, plein de confiance en lui-même, affirme son indéfectible dévouement, sans prêter attention à l’avertissement du Seigneur. « Si tous sont scandalisés en toi, moi je ne serai jamais scandalisé en toi ! ». Avec ses ressources charnelles, malgré ses bonnes intentions, la chute est proche. Jésus répond à Pierre personnellement : « En vérité, je te dis, que cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois » (Matt. 26:34). Au lieu de se soumettre, Pierre s’obstine : « Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les disciples dirent la même chose » (Matt. 26:35). Heureusement que le Seigneur, tout en leur révélant que Satan a demandé à les avoir pour les cribler comme on crible le blé, ajoute : « Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères » (Luc 22:31-32). Jésus révèle de quelle manière il sert et continuera à servir les siens. Son intercession devance leurs épreuves et il les soutient, quand ils les traversent (Jean 17:9, 11, 15).
Simon Pierre et « l’autre disciple » (Jean) vont suivre de loin Jésus, jusqu’au palais de Caïphe. Jean, qui est connu du souverain sacrificateur, entre sans problème, avec Jésus dans la cour. Tandis que Pierre se tient dehors, devant une porte fermée. Jésus l’a averti qu’avec ses propres ressources, il ne peut que Le renier ! Or, dans sa grâce, Dieu place encore un frein sur le chemin de Pierre. Fallait-il forcer cette porte ? On a parfois de bons désirs, mais si Dieu permet qu’une porte reste fermée, il faut l’accepter de sa main. Attendons avec patience que Son chemin s’ouvre (Act. 16:6-10), plutôt que de chercher à poursuivre un chemin qui sera celui de la propre volonté (2 Sam. 18:23 ; Jér. 23:21). Hélas, Jean se sert de ses relations et se montre serviable à l’égard de son cher compagnon Pierre.
Il parle à la portière et elle ouvre la porte à Pierre ! (Jean 18:16). En fait, il rend un mauvais service à son ami, en l’exposant à une occasion de chute. Quel avertissement pour chacun d’entre nous : cherchons la pensée du Seigneur avant d’agir (Ps. 119:59) !
C’est justement cette servante, qui la première, dit à Pierre : « Et toi, n’es-tu pas des disciples de cet homme ? ». Et lui de lui répondre : « Je n’en suis point » (Jean 18:17). « Or les esclaves et les huissiers ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là, car il faisait froid et ils se chauffaient ; et Pierre était avec eux, se tenant là et se chauffant » (Jean 18:18, 25).
En se tenant là et en se chauffant (ce détail est répété deux fois) avec ceux qui avaient saisi et lié son Maître, Pierre l’avait déjà pratiquement renié (Ps. 69:12 ; 1:1). Choisir volontairement nos compagnies dans un monde qui a crucifié Jésus, partager ses délassements, c’est s’exposer à déshonorer le Seigneur. Satan est derrière la scène et cherche à faire tomber Pierre encore plus bas. « Ils lui dirent donc : Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ? Et il nia et dit : Je n’en suis point ». Mais l’un d’entre les esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui auquel Pierre avait coupé l’oreille, dit : « Ne t’ai-je point vu, moi, dans le jardin avec Lui » ? Pierre, se voyant découvert, nia encore (Jean 18:25-27). Et « Il se met même à faire des imprécations et à jurer ». Il prend un langage grossier pour donner le change à son entourage. « Et aussitôt le coq chanta » (Matt. 26:74).
Jésus était alors interrogé par le souverain sacrificateur, « et se tournant, il regarda Pierre ». Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur » (Luc 22:61). Son cœur est brisé, il sort dehors et pleure amèrement (Luc 22 :62). Le travail de restauration a déjà commencé. Par son infidélité, Pierre a échappé un court moment à l’opprobre et à la persécution. Il n’est pourtant pas plus grand que son Maître, qui lui, accepte de rencontrer la haine et le mépris des hommes dans toute leur rigueur (Jean 15:20 ; És. 50:6). L’esprit est prompt, mais la chair est faible (Marc 14:38). N’accablons pas Pierre : pensons plutôt de combien de manières nous pouvons renier le Seigneur, même par nos silences. Si comme Pierre, nous ne sommes pas prêts à reconnaître notre faiblesse, il faudra l’apprendre en faisant d’amères expériences.
Jean est, semble t-il, resté dans la cour. Dans ce cas, il a assisté au reniement de son compagnon de service. En tout cas son évangile décrit la scène en termes aussi brefs et simples que possible.
À la Croix, seul des disciples, Jean se joint au petit groupe de femmes. La mère de Jésus est là. Siméon lui avait annoncé qu’une épée transpercerait sa propre âme (Luc 2:35). Salomé, la mère de Jean, et Marie de Magdala sont là aussi (Marc 15:40-41). Mais le Seigneur, crucifié, s’adresse à elle avec amour, en lui montrant Jean : « Femme, voilà ton fils » puis il dit aussi au disciple : « Voilà ta mère ». Dans sa tendresse, il la confie à ce disciple qu’il aimait, et qui, « dès cette heure-là, la prit chez lui » (Jean 19:25-27).
On retrouve Pierre et Jean ensemble au jour de la résurrection. Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala, cette femme dont Jésus avait chassé sept démons, vient de grand matin au sépulcre, avec Marie, la mère de Jacques et Salomé. Elles se proposent d’embaumer le corps de Jésus.
Les hommes ont accompli le plus grand forfait de tous les temps. Ils ont crucifié le Fils de Dieu, sans lui épargner aucune forme de souffrance et d’humiliation. Mais l’amour l’a enseveli dans un sépulcre neuf. Joseph d’Arimathée et Nicodème ont été préparés pour ce précieux service.
Les femmes qui viennent au sépulcre, s’aperçoivent que la grande pierre, tant redoutée (Marc 16:3) a été roulée. Elles entrent et voient un jeune homme, assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche. Il leur dit : « Ne vous épouvantez point ; vous cherchez Jésus le nazarénien, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre ; il s’en va devant vous en Galilée » (Marc 16:1-7). Alors elles s’enfuient du sépulcre et Marie de Magdala, le cœur rempli de crainte et de joie, vient vers Simon Pierre et « l’autre disciple » que Jésus aimait. Elle leur parle, devant les onze et tous ceux qui pleuraient. Que dit-elle ? « On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis » (Jean 20:2). Puis elle leur fait part de cette vision d’ange qu’elles ont eue (Luc 24:22-23).
Ses paroles semblent à leurs yeux comme des contes et ils ne les croient pas. Mais Pierre, s’étant levé, sort, avec « l’autre disciple » et ils s’en vont au sépulcre. Jean ne se désolidarise pas de son frère coupable : ils couraient les deux ensemble.
Toutefois l’autre disciple court plus vite et arrive le premier au sépulcre. Les pas de Pierre étaient-ils ralentis par une conscience encore chargée ? En tout cas Jean s’étant baissé, voit (regarde simplement) les linges à terre. Pierre arrive à son tour et considère de près les linges et le suaire. Jean entre alors dans le sépulcre et regarde plus attentivement. Pendant des années, ils ont suivi et contemplé l’Agneau de Dieu. Jean l’a considéré sur la croix. Maintenant il voit le tombeau vide, et il croit à Sa résurrection (Jean 20:8-9). Les linges sont intacts, le suaire soigneusement plié dans un lieu à part. Aucun signe d’un départ précipité. Rien non plus que l’on puisse comparer à ces bandes dont il avait fallu délier Lazare (Jean 11:44). Jésus est sorti du tombeau avant que la pierre soit roulée. L’ange est venu la déplacer pour montrer que le sépulcre était vide (Matt. 28:2).
Les disciples retournent chez eux ! (Jean 20:10). Seule Marie de Magdala reste au sépulcre. Tout est tellement changé pour ce cœur endeuillé, elle a perdu sa raison de vivre. Mais une Voix se fait entendre : Marie ! La joie aussitôt l’inonde : elle voit, elle écoute le Seigneur, qui lui confie d’ailleurs un précieux message pour les disciples (Jean 20:17-18) !
Les deux disciples d’Emmaüs après leur rencontre avec le Seigneur, qui a fait brûler leur cœur, sont revenus en hâte à Jérusalem (Luc 24:32-33). Les disciples les accueillent en disant : « Le Seigneur est réellement ressuscité et il est apparu à Simon » (Luc 24:34). La restauration privée, toujours indispensable, a déjà eu lieu, et « comme ils disaient ces choses, Jésus se trouve là au milieu d’eux et leur dit : « Paix vous soit » ! (Luc 24:36)
Des disciples se rendent ensuite, comme le Seigneur le leur avait ordonné, en Galilée (Matt. 28:10). Ils sont sept, cinq d’entre eux sont nommés, deux autres les accompagnent. En tout cas Pierre et Jean en font partie. Mais au lieu d’attendre patiemment la venue annoncée du Seigneur, Pierre, prend une initiative surprenante : « Je m’en vais pêcher ». Les autres lui répondent aussitôt : « Nous allons avec toi » (Jean 21:3). Ils semblent disposés à reprendre leur ancien métier. Veulent-ils se procurer par ce moyen des moyens de subsistance, eux qui pourtant, au service du Seigneur, n’ont jamais manqué de rien (Luc 22:35) ? Comment s’étonner si, cette nuit-là, ces pêcheurs pourtant expérimentés ne prennent rien !
À l’aube, Jésus se tient sur le rivage, sans être reconnu. Il les interroge : « Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? ». On sent toute l’affection du Seigneur dans sa question : il leur faut bien confesser que non. Ils étaient partis à la pêche sans Lui, en oubliant Sa venue et ils n’ont rien pris ! À sa parole, comme autrefois (Luc 5), ils jettent le filet du côté droit de la nacelle, celui qu’Il a désigné, et le filet se remplit d’une multitude de poissons (Jean 21:5-6). Le disciple que Jésus aimait, c’est à dire Jean, reconnaît alors Celui qui a parlé à son cœur. Avec joie, il s’écrie : « C’est le Seigneur » !
Simon Pierre, l’ayant entendu, ceint sa robe de dessus et se jette dans la mer, pour rejoindre Jésus. Il a tout préparé d’avance pour ses serviteurs fatigués et déçus : nourriture et chaleur les attendent. Il vaut mieux se chauffer à ce feu. Le Maître n’a pas besoin de leur poisson (Jean 21:9) mais il ne méprise pas le fruit de leur travail, et en ajoute quelques-unes de leurs prises sur les braises.
Un travail d’amour reste à faire à l’égard de Pierre. À trois reprises, il a renié le Seigneur. Il sera sondé trois fois par cette question douloureuse pour son cœur : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci » (Jean 21:15, 16, 17) ? Il a prétendu avoir plus d’attachement pour le Seigneur que les autres disciples, mais eux, après tout, ne l’ont pas renié (Marc 14:29). « Où donc est cet amour ardent dont tu parlais volontiers ? Je n’en ai pas vu trace ». « Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime » (Jean 21:17). Qu’il nous est précieux de pouvoir nous en remettre exclusivement à Lui. Jésus va-t-il le mettre de côté ? Au contraire, maintenant que Pierre a perdu confiance en lui-même, il est propre pour le service : « Pais mes agneaux, sois berger de mes brebis, pais mes brebis ».
Aussi, au début du livre des Actes, Pierre, un Pierre entièrement restauré, prend la parole au milieu des disciples. C’est son premier discours, il y en aura sept au total. Il rappelle la fin misérable de Judas et montre la nécessité de le remplacer pour compléter les témoins de la résurrection de Christ. C’est un fait fondamental du christianisme (1 Cor. 15:5).
Pierre cite deux passages qui montrent une réelle connaissance des Écritures, et il en fait une application spirituelle (Ps. 69:25 ; Ps. 109:8). Il avait déjà reçu, comme les autres apôtres, l’Esprit comme puissance de vie (Jean 20:22). Ne négligeons pas la lecture et la méditation de l’Écriture, elle sera très utile pour résoudre les cas difficiles.
Au terme de leurs exercices, deux frères semblent remplir les conditions voulues. Ils prient : « Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, montre lequel tu as choisi ». Ils jettent le sort, s’appuyant sur Prov. 16:33, et Matthias est adjoint aux onze apôtres.
Au chapitre suivant, un événement capital a lieu. Le Saint Esprit, Personne divine, descend sur la terre et demeure sur les disciples, sous forme de « langues divisées, comme de feu ». C’est la réalisation de la promesse du Seigneur qui est aussi celle du Père (Act. 1:4 ; 2:1-4).
Sa puissance se manifeste aussitôt en eux. À la surprise générale, ils deviennent capables de s’exprimer dans des langues qu’ils ne connaissaient pas. Or c’était la fête de la Pentecôte, qui amenait chaque année à Jérusalem une foule considérable. Chacun peut entendre, dans sa propre langue, les choses magnifiques de Dieu. Pourtant ceux qui parlent sont des galiléens sans instruction (Act. 4:13 ; Jean 7:15).
S’étant levé avec les onze, Pierre prend à nouveau la parole (Act. 2:14). Il le fera plusieurs fois jusqu’au chapitre 15. Il rappelle le chemin merveilleux du Seigneur ici-bas, sa mort et sa résurrection. Ce Jésus, que le peuple a crucifié, Dieu l’a fait asseoir à sa droite et le désigne à tous comme Seigneur et Christ. Atteints dans leur conscience, saisis de componction, c’est à dire de crainte et de confusion, les auditeurs demandent à Pierre et aux autres apôtres comment apaiser Dieu, après s’être rendus coupables d’un tel outrage (Act. 2:37) ! D’abord par la repentance, leur répond Pierre. C’est le jugement que l’on porte avec Dieu sur ses actes passés. Il s’accompagne de l’abandon de notre mauvaise conduite. C’est la première manifestation de la foi.
Trois mille personnes sont converties et baptisées à la suite de la prédication de celui que Jésus avait appelé à devenir « pêcheur d’hommes ». Le chapitre s’achève par un admirable tableau de l’Assemblée, à ses débuts. Il y avait, au milieu des rachetés du Seigneur, comme aujourd’hui, des réunions pour le Culte, l’édification et la prière (Act. 2:42). Toute âme avait de la crainte (Act. 2:43). Cette gravité et ce sérieux peuvent tout à fait s’accorder avec la joie dont parle le verset 46.
Puis, dans le chapitre suivant, la puissance du Saint Esprit va se manifester par des œuvres. Quel beau tableau offert à nos yeux que Pierre et Jean montant ensemble au temple pour prier ! Avant de guérir ce boiteux qui n’espérait recevoir qu’une aumône, « Pierre ayant avec Jean, arrêté ses yeux sur lui, dit : regarde-nous » (Act. 3:4). Il s’associe entièrement à Jean, dans cet acte de miséricorde, au nom de Jésus Christ. L’homme guéri, louant Dieu, entre avec eux au Temple. Il tient par la main Pierre et Jean. Ces deux disciples sont ensemble étroitement engagés dans le service du Seigneur.
Le lendemain, tous ceux qui étaient de la race souveraine sacerdotale les font comparaître et demandent : « Par quelle puissance et par quel nom avez-vous fait ceci ? » (Act. 4:7). Pierre, avec hardiesse, rempli du Saint Esprit, reconnaît qu’ils ont agi au nom de Jésus Christ, celui que vous, vous avez crucifié (Act. 4:10). Ces hommes religieux sont remplis de haine, mais la hardiesse de Pierre et de Jean les étonne. Ils sont obligés de reconnaître qu’ils ont été avec Jésus (Act. 4:13). Craignant la foule, témoin de ce miracle, ils leur défendent, avec menaces, de parler davantage de ce Nom à qui que ce soit ! Mais Pierre et Jean, d’un seul cœur, leur répondent : « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu » (Act. 4:19).
Relâchés, ces deux disciples reviennent vers les leurs et leur rapportent tout ce qui vient de se passer. La louange s’élève alors d’un commun accord et ils demandent : « Maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces et donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse » (Act. 4:23-31).
Il y aura donc sept discours de l’apôtre Pierre, ils forment un tout dans ces chapitres 1, 2, 3, 5, 5, 10 et 15 des Actes. Notons qu’une fois encore, Pierre et Jean partiront ensemble, à la demande des apôtres, pour visiter la Samarie, où l’évangile est parvenu.
Ils sont appelés à rendre le témoignage que ces Samaritains, si méprisés par les Juifs, ont vraiment reçu la Parole de Dieu. Ils reconnaissent qu’ils font désormais partie du Corps de Christ et prient pour eux. Puis ils sont baptisés. Pierre et Jean leur imposent les mains et ils reçoivent le Saint Esprit (Act. 8:14-17).
Simon le magicien qui assistait à cette scène, leur offre de l’argent pour recevoir lui aussi le Saint Esprit. Il n’y avait chez lui ni droiture, ni crainte de Dieu ni jugement de lui-même. Seule l’attitude ferme de Pierre et de Jean empêche dans cette affaire l’intrusion du mal dans l’Assemblée (Act. 8:19-23).
Une ultime fois Pierre et Jean seront mentionnés ensemble dans l’Écriture, avec Jacques. Ils sont « considérés comme des colonnes » et donnent à Barnabas et à Paul la main d’association pour aller vers les nations tandis qu’eux prendront soin de la circoncision (Gal. 2:8-10).
À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ. « Étant monté en haut, il a emmené captive la captivité et a donné des dons aux hommes » (Éph. 4:7-8). Ce que Dieu a en vue, c’est le perfectionnement des saints pour l’œuvre du service, l’édification du Corps de Christ (Éph. 4:12). L’apôtre Paul déclare qu’à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit, précisant : en vue de l’utilité. Il énumère des dons, très divers, avant d’affirmer : « Mais le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît » (1 Cor. 12:4-11).
D’ailleurs pour illustrer l’unité de l’Église et la diversité des services, il se sert de l’exemple du corps humain. Il est composé de beaucoup de membres et d’organes, dont aucun ne peut fonctionner harmonieusement sans les autres. C’est un organisme unique, conduit par la seule volonté de la tête. Ainsi aussi le Corps de Christ est composé de beaucoup de membres, en fait chaque vrai croyant est un de ces membres. C’est un organisme vivant, un ensemble complexe dont le plus infime a sa raison d’être. Les membres qui paraissent les plus faibles sont nécessaires.
Nous n’avons pas à choisir notre activité (v. 11) ni la place où elle doit s’exercer (v. 18) mais il faut s’appliquer à garder cette merveilleuse unité dans la diversité (Éph. 4:3). Que chacun se garde de mépriser sa propre fonction ou d’envier celle des autres (1 Cor. 12:15-16, 21). Par exemple, l’œil et le petit doigt ne peuvent pas se remplacer l’un l’autre. Mais le second permet d’ôter la poussière venue irriter le premier !
Voyant Jean qui suivait, lui aussi le Seigneur, Pierre s’enquiert : « Et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? ». Nous ressemblons souvent sur ce point à Pierre. Mais Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi » (Jean 21:21-22). « Dieu a placé les membres — chacun d’eux — dans le Corps comme il l’a voulu » (1 Cor. 12:18, 28). Il l’a composé (1 Cor. 12:24) en donnant un plus grand honneur à ce qui en manquait. Que chacun s’applique désormais à employer pour les autres membres de ce Corps ce qu’il a reçu, comme un bon dispensateur de la grâce variée de Dieu (1 Pier. 4:10).
Si nous désirons avec ardeur des dons spirituels plus grands, comme la Parole nous y encourage, demandons en même temps d’être maintenus dans l’humilité, ce qui nous empêchera de nous glorifier d’un don pourtant simplement reçu (1 Cor. 4:7). Il n’est pas pour nous, mais pour l’assemblée (1 Cor. 14:1, 12). En outre, n’oublions jamais que sans l’amour versé dans notre cœur par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5) nous ne sommes rien. Il est le mobile indispensable pour l’exercice de tous les dons. Christ a suivi en perfection à cet égard aussi, son chemin de Serviteur ici-bas. La liste de tout ce que l’amour fait et surtout ne fait pas devrait suffire à parler très fort à notre conscience (1 Cor. 13).
Ainsi, en parcourant le récit de la vie de ces deux disciples, Pierre et Jean, cherchons à comprendre un peu mieux le travail patient de Dieu à l’égard de chacun des siens. Il veut les rendre « conformes à l’image de son propre Fils » et les amener à ce support mutuel, qui se réalise dans cet amour de Christ qui nous unit.
Membres du seul Corps de Christ, comprenons mieux quelle est notre responsabilité de nous « appliquer à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éph. 4:2-3, 15-16).
Enfants de Dieu, vivons sans cesse
Dans cet amour qui nous unit,
Il est l’éternelle richesse
De ceux que le Sauveur bénit.
Abreuvés à la même source,
N’ayons ensemble qu’un seul cœur,
Poursuivons notre heureuse course,
Les yeux fixés sur le Sauveur.