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UN HOMME FRUSTRERA-T-IL DIEU ?
VOUS ME FRUSTREZ TOUJOURS,
VOUS, LA NATION TOUT ENTIÈRE — Mal. 3:8-9
Philippe Laügt
Août 2005
Table des matières :
1 Ce qui devait être offert à Dieu
5.4 Néhémie 8 — La Parole de Dieu
6.2 Ressources encore disponibles. Les dons de Dieu
« J’ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange » (És. 43:21 ; Ex. 19:6). Israël est l’objet d’un choix souverain de Dieu qui l’a aimé, lui « le plus petit de tous les peuples ». Il l’a racheté de la maison de servitude, libéré de ce Pharaon qui était une figure évidente de Satan (Deut. 7:6-8).
Les Israélites célébrèrent leur rédemption dans un cantique, après avoir traversé la Mer Rouge. « Il a été mon salut. Il est mon Dieu et je lui préparerai une habitation – le Dieu de mon père et je l’exalterai » (Ex. 15:2). Plus tard, entré dans son héritage, chaque Israélite devait apporter au sacrificateur les prémices des fruits du pays, et rappeler devant Dieu que son père était un Araméen qui périssait. Il rendait ce témoignage que l’Éternel avait entendu leur cri, avait vu leur humiliation et il les avait fait sortir d’Égypte « à main forte et à bras étendu » (Deut. 26:5-8).
Objets d’une si merveilleuse grâce, ils devaient prendre garde à ne jamais paraître devant la face de Dieu à vide ; cette injonction est répétée à trois reprises (Ex. 23:15 ; 34:20 ; Deut. 16:16). Reconnaissant les droits de Dieu sur eux, ils ne devaient point différer à Lui offrir l’abondance de leur grenier et de ce qui coule de leur pressoir. De plus le premier-né de leurs fils et celui de leur bétail appartenaient à l’Éternel (Ex. 22:29-30).
Il avait ordonné aux fils d’Israël : « Vous prendrez garde à me présenter, au temps fixé, mon offrande, mon pain, pour mes sacrifices par feu qui me sont une odeur agréable » (Nom. 28:1-2). L’Écriture précisait également : la graisse de ma fête ne passera pas la nuit jusqu’au matin (Ex. 23:18). Elle devait fumer tout entière sur l’autel pour Dieu (Lév. 3:16-17). Les sacrificateurs devaient offrir chaque jour en holocauste continuel deux agneaux sans défaut. Tout dans ce culte offert à Dieu lui parlait des perfections de son Bien-aimé et de la valeur de son sacrifice, de Celui qui répondrait au temps fixé aux droits de Sa justice et apporterait ainsi la rédemption au pécheur repentant.
Durant toute la traversée du désert, l’Éternel conduira ce peuple avec bonté. La nuée fixera leurs déplacements (Nom. 9:17). La manne, le pain du ciel, et l’eau du rocher répondront, jour après jour, à leurs besoins.
Au début le peuple montre d’heureuses dispositions, que Dieu se plaît à rappeler longtemps après : « Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, quand tu marchais après moi dans le désert, dans un pays non semé. Israël était saint à l’Éternel, les prémices de ses fruits » (Jér. 2:2). Mais ce premier élan du cœur sera, hélas, sans lendemain. Ils cèdent vite aux convoitises, à la fornication, aux murmures et même à l’idolâtrie (1 Cor. 10:5-11). Autour du veau d’or, le peuple s’assied pour manger et pour boire, et ils se lèvent pour se divertir (Ex. 32:6).
Plus tard, comparaissant devant un sanhédrin hostile qui finalement va le lapider, Étienne rappelle la place que d’affreuses idoles avaient déjà pris dans leur cœur : « Vous avez porté le tabernacle de Moloch et l’étoile de votre Dieu Remphan ». Durant ces quarante ans, ils n’avaient pas offert à Dieu les sacrifices qu’Il attendait (Act. 7:42-43). Pourtant, ils avaient quitté l’Égypte avec une abondance de gros et de menu bétail, ayant dépouillé les Égyptiens (Ex. 12:32:38).
Quand Asaph rappelle les œuvres de Dieu, sa patience, il constate : « Que de fois ils l’irritèrent dans le désert, et le provoquèrent dans le lieu désolé ! Et ils recommencèrent et tentèrent Dieu, et affligèrent (limitèrent) le Saint d’Israël (Ps. 78:40-41).
Au moment de la construction du Tabernacle, tout homme à l’esprit libéral prenait de ce qui était à lui et apportait à l’Éternel une offrande volontaire. Toute femme intelligente filait et apportait ce qu’elle avait filé : du bleu, de la pourpre, de l’écarlate et du fin coton (Ex. 35). Mais génération après génération, les affections s’émoussent alors que les péchés se multiplient, selon toutes les abominations des nations. Dieu maintient pourtant à travers les âges la « grande nuée de témoins » (Héb. 11 et 12:1) ; Il patiente encore, car Il a compassion de son peuple et de sa demeure. Mais finalement il lui faut constater qu’il n’a plus de remède : « Ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles et se raillaient de ses prophètes » (2 Chr. 36:16). La colère de Dieu fait partie de ses perfections. Alors Il décrète 70 ans de désolation sur le pays d’Israël, et livre Israël au roi des Chaldéens.
Le moment viendra pourtant d’user une fois encore de miséricorde envers son peuple : dans sa grâce, Dieu réveille l’esprit du roi de Perse (Prov. 21:1). L’occasion est offerte aux prisonniers, de la part de ce roi des nations, de remonter de la captivité, pour rebâtir à Jérusalem, la Maison de l’Éternel. Ils seront un peu moins de cinquante mille à repartir, « tous ceux dont Dieu avait réveillé l’esprit » (Esd. 1:5). Joshua et Zorobabel les accompagnent dans ce long et difficile voyage (Esd. 2:64-69).
Malgré leur indigence et leur vie précaire au milieu des ruines de Jérusalem, l’esprit de dévouement se manifeste à nouveau parmi les chefs des pères de ce petit résidu, à la gloire de Dieu. Les restants donnent volontairement pour la maison de Dieu, pour aider à la relever sur son emplacement. Et la Parole consigne soigneusement ce qui est placé dans le « trésor de l’œuvre » selon leur pouvoir (Esd. 2:69).
L’autel est d’abord rebâti « sur son emplacement » (gardons-nous des innovations !) pour offrir des holocaustes « selon ce qui est écrit ». Puis, ils posent les fondements du temple (Esd. 3:2:6). Et là encore, ils donnent de l’argent aux tailleurs de pierre et aux charpentiers, et des vivres et des boissons et de l’huile aux Sidoniens et aux Tyriens pour amener du Liban du bois de cèdre (Esd. 2:7). Quand Dieu commence un travail, une réponse d’amour est toujours produite dans le cœur de quelques-uns des siens.
On constate encore un heureux signe de discernement spirituel : ils refusent l’alliance séduisante des ennemis, qui offrent d’aider à construire. Ils maintiennent une heureuse position de séparation. Tant de « réveils dans la chrétienté » ont été gâchés pour n’avoir pas su refuser ce genre de compromis.
Alors l’ennemi change de tactique et les accuse violemment auprès du roi Artaxerxès de rebâtir la « ville méchante et rebelle ». L’ordre est alors donné d’interrompre la construction. Le travail s’arrête, car la crainte des hommes tend un piège (Prov. 29:25).
Mais ce sont les exhortations de deux prophètes, Aggée et Zacharie, envoyés par l’Éternel, qui révèlent les vrais motifs de ces quatorze années d’arrêt. Découragé mais surtout attiédi dans ses affections pour Dieu, le résidu a dit, secrètement ou publiquement : « Le temps n’est pas venu, le temps de la Maison de Dieu, pour la bâtir, et ils ont alors habité dans leurs maisons « lambrissées » ! (Agg. 1:4). Ces deux serviteurs de Dieu raniment leurs cœurs abattus en leur parlant du Messie et de Sa venue. « L’objet du désir de toutes les nations » remplira cette maison de gloire (Agg. 2:7) !
Alors leur zèle se ranime, la construction du temple reprend, avec l’aide des prophètes. « L’œil de leur Dieu était sur les anciens des Juifs » (Esd. 5:2,-5) . Ils font l’expérience de la promesse contenue dans le même verset des Proverbes cité plus haut : « Qui se confie en l’Éternel est élevé dans une haute retraite ».
La construction s’achève quelques années après et la dédicace est célébrée dans la joie, même si l’arche est définitivement perdue (Esd. 6:15-18). Ne méprisons pas « le jour des petites choses » (Zach. 4:10).
Une quarantaine d’années vont s’écouler avant la venue à Jérusalem d’Esdras. Pensée souvent répétée, la bonne main de son Dieu était sur ce sacrificateur, qui était aussi un scribe. « Il avait disposé son cœur à rechercher la loi de l’Éternel, et à la faire, et à enseigner en Israël les statuts et les ordonnances » (Esd. 7:9-10). À son invitation, un petit nombre de pèlerins s’assemble, 1500 à peine. Ils ont peu de force, cependant Dieu met toujours une porte ouverte devant ceux qui l’aiment et sont disposés à Le servir, laissant derrière eux « abondance de pain et insouciant repos », pour le servir.
Or la piété et le zèle caractérisaient Esdras. Avec lui, tous s’humilient et supplient Dieu de leur montrer « le vrai chemin pour eux et pour leurs enfants et tout leur avoir ». Cet homme de Dieu avait eu honte de demander au roi des forces et de la cavalerie pour les aider en chemin contre l’ennemi. Il avait rendu un beau témoignage auprès de ce monarque : « La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent ; et sa force et sa colère sont contre tous ceux qui l’abandonnent » (Esd. 8:21-22). Il lui faut veiller, dans la pratique, à ne pas démentir sa déclaration de foi. Est-ce notre exercice devant Dieu et les hommes ?
Les voyages en ce temps n’étaient ni sûrs ni faciles, mais ils jeûnent et prient, et l’Éternel les exauce (Esd. 8:23 ; Ps. 34:4). Ils n’arrivent pas les mains vides. Esdras avait pesé lui-même ces dons entre les mains de plusieurs de ses compagnons de voyage : « l’argent et l’or et les ustensiles, l’offrande pour la maison de notre Dieu ». Avec amour, ils ont veillé et gardé soigneusement tous ces trésors. À l’arrivée, tout est pesé dans les mains des sacrificateurs et trouvé complet. Alors promptement, ils offrent des sacrifices. Quel exemple pour les rachetés du Seigneur qui ont également le privilège de garder « le bon dépôt » jusqu’à de la fin de leur voyage (2 Tim. 1:14).
Dans sa miséricorde, Dieu a souvent produit des réveils. Mais la triste histoire semble se répéter facilement : un commencement plein de promesses, suivi d’un déclin plus ou moins rapide. Dans notre cœur de racheté il y a cette constante tendance à abandonner la source des eaux vives et à se creuser des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau (Jér. 2:13). Beaucoup d’entre nous ont reçu des vérités retrouvées à l’occasion de ces « réveils ». Les avons-nous gardé ? (Ps. 19:10-11). Soyons attentifs à ne pas les laisser glisser insensiblement de nos mains vite lassées. Il est impossible de les mettre en pratique, si le premier amour pour le Seigneur fait peu à peu place à la tiédeur.
Esdras est sans doute arrivé à Jérusalem avec de grands espoirs. Mais il est presque aussitôt accablé par ce qu’il apprend au sujet du peuple ! L’indispensable séparation des nations païennes environnantes n’a pas été maintenue (Deut. 7:1-6). Chose plus humiliante encore, « la main des chefs et des gouverneurs avait été la première dans ce péché » (Esd. 9:2) ! Ils sont maintenant nombreux à s’être alliés à ces nations par mariage. Ils ont appris leurs coutumes et pratiqué leurs sacrifices et leurs abominations.
On assiste donc à une scène de douleur et de larmes (Ps. 119:136). Malgré un début encourageant, ce résidu de Juda est tombé à son tour dans un piège identique à celui qu’avait connu autrefois le peuple tout entier ! Et les mêmes raisons sont aujourd’hui à l’origine de la quasi-apostasie qui a envahit la chrétienté professante, dont nous faisons partie. Quelle attention avons-nous portée à cette injonction formelle de l’Écriture : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules » ? (2 Cor. 6:14). Avons-nous réalisé la gravité de ce piège redoutable, constamment tendu, celui de la mondanité ? A-t-elle pas envahi de façon insidieuse notre vie personnelle et notre foyer, provoquant des désastres souvent irréversibles ?
Esdras reconnaît que Dieu leur a donné « un clou » dans son saint lieu, permettant de mettre les choses précieuses à l’abri des prédateurs. Ils ont retrouvé un peu de vie dans leur servitude, mais ils sont bientôt retombés dans le péché (Esd. 9:6-8). Retenons l’attitude d’Esdras qui se place devant Dieu et s’associe à Israël tout entier : « Je suis confus et j’ai honte de lever vers toi ma tête, ô mon Dieu ». Le sacrifice qu’il offre rappelle l’unité de peuple de Dieu, mais montre aussi la responsabilité commune et la souffrance partagée (1 Cor. 12:26).
Une tâche longue et douloureuse attendait ceux qui avaient confessé leurs péchés. Il fallait renvoyer ces femmes étrangères, rompant ainsi les liens dans lesquels ils s’étaient laissés prendre. On peut confesser un mal sans l’abandonner. On peut avoir conscience de son péché et de son éloignement, sans avoir la foi et l’énergie pour rompre de telles chaînes. Crions avec droiture au Seigneur : il mettra toutes Ses ressources à notre disposition.
Tout dans cette circonstance sera fait avec soin et avec ordre. Quelle tristesse de voir que tant de vrais et dévoués serviteurs du Seigneur ont eu des fils qui n’ont pas suivi les traces de leurs pères ! Et la liste donnée à la fin du livre d’Esdras peut, hélas, se prolonger jusqu’aux temps actuels.
On se souvient sans doute qu’après la prière de Salomon, au moment de la dédicace du temple, Dieu avait promis au sujet de sa Maison : « Mes yeux et mon cœur seront toujours là » (1 Rois 9:3). Fidèle à Ses promesses, Il suscite encore un autre ouvrier dans son champ en faveur de ce résidu remonté de la captivité. C’est Néhémie, captif à Suse, qui ne cesse de mener deuil devant la misère de Jérusalem. Il prie jour et nuit devant cette douloureuse situation (Néh. 1:4-11). Néhémie occupe à la cour d’Artaxerxès un poste de confiance, celui d’échanson du roi. Il pourrait le conserver égoïstement et chercher à se justifier, comme tant d’autres, en pensant : « J’ai la confiance du roi, c’est auprès de lui que je peux éventuellement être utile à mon peuple ». Ce genre de raisonnement habile germe parfois dans le cœur, quand nous voulons justifier nos liens avec le monde !
Mais, dans ses vives affections pour son Dieu et pour son peuple, Néhémie (un nom qui signifie : l’Éternel m’a consolé) n’a qu’un désir : rendre visite à ses frères dans la détresse et chercher leur bien ! (Néh. 2:10). Il prie longtemps avant qu’une occasion se présente de parler avec le roi. Pendant cet entretien. Dieu répond à sa brève requête et lui fait trouver miséricorde auprès de cet homme.
Son premier mouvement, en arrivant à Jérusalem, est d’aller constater de nuit le spectacle effrayant de ces murailles en ruine et de ces portes consumées par le feu (Néh. 2:13). Dieu le soutient dans cette épreuve et agit aussi dans les cœurs de ses frères. À l’appel de Néhémie, ceux-ci lui donnent immédiatement une réponse très encourageante : « Levons-nous et bâtissons ». Ils manifestent leur désir de s’engager dans l’œuvre de Dieu : « Et ils fortifièrent leurs mains pour bien faire » (Néh. 2:18).
Des ennemis nombreux vont s’efforcer de les accabler dans leur faiblesse. À mesure que le travail progresse, ils cherchent de plus en plus à les effrayer, usant de pièges subtils (Néh. 6:2-9). Mais le peuple a le cœur au travail (Néh. 4:6). Tout Juda, à quelques exceptions près (Néh. 3:5), s’active à la reconstruction de la muraille de Jérusalem : l’un répare une porte, l’autre une tour, l’autre encore une longue portion du mur lui-même (Néh. 3:13). Chacun travaille selon ses capacités et surtout son dévouement. À ce compte, avec le secours divin, de façon miraculeuse, la muraille s’achève en cinquante-deux jours (Néh. 4:6 ; 6:15 ; Ps. 69:9).
Le chapitre 8 décrit aussi une scène remarquable. Une soif intense d’entendre la Parole de Dieu se manifeste au milieu d’eux. Elle a si souvent été délaissée, d’où tant de maux au milieu des croyants ! Mais ici à la requête de tout le résidu, rassemblé comme un seul homme sur la place qui est devant la porte des eaux, Esdras auquel Néhémie a reconnu la préséance, donne lecture de la Parole de Dieu « depuis l’aube jusqu’à midi » (Néh. 8:3) !
Quand il ouvre le Livre, tous se lèvent et quand il bénit l’Éternel, tous disent : « Amen, amen » et se prosternent. Tandis qu’au milieu d’eux, plusieurs lévites s’appliquent à faire comprendre la Loi à chacun. Ils lisent distinctement et les assistants prêtent l’oreille et écoutent. Le premier fruit de cette lecture sur les assistants est de les faire pleurer. La Parole ne revient pas à Dieu sans effet (És. 55:11). Ils commencent à comprendre à quel point ils se sont éloignés.
Mais Esdras et Néhémie les apaisent et les invitent au contraire à se réjouir « car ce jour est saint » (Néh. 8:9-10). La joie de l’Éternel est leur force (Ps 28:7). Une expérience qui peut être la nôtre aussi !
Un réel désir de mieux connaître la pensée de Dieu se développe au milieu les chefs du peuple. Un autre rassemblement a lieu le second jour, auprès d’Esdras, « pour devenir intelligents dans les paroles de la loi » (Néh. 8:13-15). En écoutant sa lecture, ils comprennent que le moment est venu de célébrer la fête des Tabernacles. Elle revêtira plus d’éclat encore qu’aux jours de Salomon et s’accompagnera d’une lecture de la Parole du premier au dernier jour, et une très grande joie (Néh. 8:17) !
Au début du chapitre 9, la scène change complètement. En un jour fixé, les fils d’Israël s’assemblent pour confesser leurs péchés et ceux de leurs pères. Cette confession peut se résumer par cette déclaration : « Tu es juste dans tout ce qui nous est survenu, car tu as agi avec vérité et nous, nous avons agi méchamment » (Néh. 9:33). Pour juger un mal, il faut remonter à ses origines (ici, il s’agissait du veau d’or) et cette confession doit être précise (Lév. 5:5). Il est évident qu’un esprit de réveil était enfin à l’œuvre parmi eux. Ils reconnaissent avoir « agi par fierté » (Néh. 9:16:39) et se trouver maintenant dans une « grande détresse » (Néh. 9:37). Alors ils pensent qu’il convient de renouveler leur alliance et de l’écrire, espérant peut-être savoir mieux la garder que leurs pères ! Cet espoir sera déçu : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul » (Rom. 3:10-12). Reconnaissant leur incapacité à faire le bien, ils auraient dû se rejeter sur sa seule grâce.
En effet leur état spirituel ne va pas tarder à s’affaiblir à nouveau. Avant la fin du livre, on retrouve au milieu d’eux, comme dans le passé, de graves manquements. Néhémie a été obligé de retourner vers le roi. En son absence, Tobija, un ennemi bien connu pourtant, se fait attribuer, par le grand sacrificateur Éliashib, une des chambres attenantes à la Maison de l’Éternel ! Et les portiers, préposés sur ces chambres des trésors, ne gardent pas ce que leur Dieu leur avait confié. Nos propres cœurs ressemblent parfois à ces chambres où le monde entrepose ses affaires à la place qui appartient à Dieu. Là devraient seulement se trouver ces offrandes que Dieu attend de la part des siens !
Les péchés vont par troupeau ! Néhémie apprend que les lévites et les chantres n’ont pas reçu leurs portions : le peuple n’apportait plus les dîmes de façon régulière ! Le repos du Sabbat n’était plus respecté. Il était profané par le peuple lui-même qui permettait aux Tyriens de faire du commerce en ce saint jour ! (És. 58:13). De plus on ne veillait plus aux portes. La nuit l’ennemi pouvait facilement s’introduire. Enfin, des mariages avaient lieu à nouveau avec des femmes étrangères. Ce péché était d’autant plus grave qu’il a été récemment dénoncé et, en principe, abandonné. Même le petit-fils d’Éliashib était devenu le gendre de Sanballat, un ennemi encore plus redoutable que Tobija : Néhémie le chasse d’auprès de lui et il continue à lutter pour que les droits de Dieu soient respectés, au milieu d’une sourde hostilité générale.
Avant les quatre cents ans de silence prophétique complet, qui précédent la venue de Christ, Dieu envoie dans sa grande miséricorde un dernier messager. Il s’adresse essentiellement au résidu remonté de la captivité, même s’il s’agit de l’oracle de l’Éternel à Israël (Act. 7:52). Mais le peuple et ses conducteurs ne sont pas prêts à reconnaître leurs torts. Semblables à ceux qui sont restés à Babylone, et malgré leur orthodoxie extérieure, leur défaillance morale et spirituelle est évidente : le résidu méprise le service du Seigneur et il le trouve fatiguant (Mal. 1:10 ; 12-14).
Dès la première déclaration transmise par Malachie : « Je vous ai aimés, dit l’Éternel », ils contestent aussitôt et persistent à le faire, après chaque avertissement du prophète. Inconscients, ingrats, perfides (Mal. 2:10, 11, 14, 15, 16), ils réfutent l’amour de Dieu avec une insolence proprement incroyable : « En quoi nous as-tu aimés ? ». Ont-ils oublié Ses innombrables bienfaits ? Ils foulent aux pieds l’honneur de l’Éternel et ses préceptes les plus solennels. Ils se sont éloignés de Lui et refusent de revenir (Mal. 1:8 ; 2:7 ; Lév. 22:17-25).
Considérons un des principaux reproches de Malachie : nous sommes grandement concernés. Dieu était frustré (Mal 3:8-10) par son peuple ! Le résidu gardait pour lui-même ce qui Lui était dû au Seigneur, selon la loi. Vont-ils le reconnaître ? Non, ils récusent cette accusation précise ! Pourtant Celui qui leur parle est le même qui, assit plus tard vis-à-vis du trésor du Temple, se montre attentif et apprécie comment chacun y apporte : s’agit-il de son « superflu » ou de « toute sa subsistance » ? (Marc 12:41-44).
Juda s’est emparé des dîmes et des offrandes élevées qui appartenaient à Dieu. Il les avait dépensées à son profit ! Alors le gouvernement de Dieu faisait tomber sur eux une malédiction méritée, mais ils continuaient malgré tout à Le frustrer (Mal. 3:9) ! Déjà leurs pères avaient agi un peu de la même manière en arrêtant la construction de la Maison de l’Éternel pour se bâtir de belles demeures. C’est donner la première place à ses propres affaires, et accorder à Dieu le surplus éventuel. Ces affections attiédies, cet aveuglement concernant leur état spirituel, cette indifférence modifient toute la conduite. Ils demandent : « En quoi avons-nous méprisé ton Nom ? » La réponse est claire : « Vous présentez sur mon autel du pain souillé ». Ils s’obstinent : « En quoi t’avons-nous profané ? ». Celui qui lit dans le cœur et entend ce dont on parle à l’oreille dans les chambres, leur répond : « Vous dites : la Table du Seigneur est méprisable » (Mal. 1:6-7 ; Luc 12:3). En effet ils offrent à Dieu des bêtes qu’ils n’auraient jamais osé présenter à leur gouverneur (Mal. 1:8). Ils font passer leurs intérêts personnels avant le service de Dieu. Et pourtant, ils osent dire : « C’est en vain que l’on sert Dieu », estimant que faire l’acquit de leur charge et marcher dans le deuil (un simple simulacre !) devant l’Éternel ne leur est d’aucun profit ! Plus ou moins ouvertement, ils envient les orgueilleux, les méchants délivrés malgré leur conduite (Mal. 3:14-15). Le comportement humiliant de ce résidu Juif doit toucher sérieusement nos propres consciences. Le zèle de la maison de Dieu dévorait le Seigneur, homme parfait sur cette terre. Oserions-nous affirmer qu’il en est de même dans notre vie ?
Toutefois Malachie affirme aux Juifs que s’ils reviennent à l’Éternel, il reviendra à eux. S’ils Lui donnent à nouveau ce qui Lui est dû, il leur ouvrira les écluses des cieux et les comblera au-delà de leurs besoins (Mal. 3:10-12). Les limitations ne sont pas de Son côté. Au milieu de ce peuple devenu dur et arrogant, un résidu pieux subsistait encore : « Ceux qui craignent l’Éternel ». La soumission à la volonté de Dieu était le principe directeur de leur vie. De plus ils cherchaient à s’aider, à s’encourager spirituellement. Cette attitude était agréable à Dieu et un livre de souvenir était écrit devant Lui (Mal. 3:16).
Tout au long de son histoire, le peuple juif a fait la merveilleuse expérience des compassions de Dieu, mais il ne pouvait pas saisir la signification profonde de tous ces sacrifices que Dieu leur demandait d’offrir jour après jour, et selon les cas qui se présentaient. En fait, tous étaient des types de la Personne et de l’œuvre de Christ. Leur valeur était relative : ils ne pouvaient pas rendre parfaits ceux qui s’approchaient (Héb. 10:1-4, 10).
Il en va maintenant tout différemment pour les chrétiens. Le temps des ombres a pris fin. Nous connaissons le don inexprimable de Dieu : Christ s’est abaissé volontairement et il a vécu ici-bas comme un homme parfait. Lui seul pouvait être la sainte victime. Son œuvre à la Croix pouvait parfaitement satisfaire à la justice de Dieu. Maintenant le pécheur repentant est lavé à jamais de ses péchés par Son sang précieux répandu. Le racheté est scellé du Saint Esprit, qui prend de ce qui est à Christ et nous l’annonce (Éphés. 1:13 ; Jean 16:14). Racheté à si grand prix, il appartient entièrement à Celui qui est Son Seigneur. L’apôtre Paul déclare : « L’amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu’Il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:14-15). Quel saint zèle devrait constamment animer chaque enfant de Dieu !
L’Église de Christ aujourd’hui, est beaucoup plus responsable qu’Israël, du fait de ses immenses privilèges. Et pourtant on est obligé de reconnaître avec tristesse que son état actuel rappelle, de façon frappante, celui que Malachie décrivait, à la fin de la dispensation précédente. La plupart des chrétiens sont maintenus captifs dans des systèmes religieux non scripturaires. Ils sont donc dans une mauvaise position mais aussi, hélas, dans une condition morale mauvaise. La lettre à Laodicée en apporte le triste témoignage.
Toutefois, au début du dix-neuvième siècle, par un travail de Dieu manifeste, un résidu a été délivré des systèmes religieux humains et a été placé sur le vrai terrain où Dieu s’était proposé d’avoir son peuple. Mais là encore, le temps passant, Dieu a maintenant une controverse solennelle avec ce résidu. En effet, même si leur position ecclésiastique est peut-être encore juste, il se trouve à son tour dans une mauvaise condition morale ! Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites, dit le Seigneur à chacun.
Le résidu, à l’époque de Malachie, comme aussi quatre cents ans plus tard, au début de l’Évangile de Luc, avait conservé les formes du Culte, mais la réalisation pratique faisait absolument défaut chez la plupart d’entre eux. Qu’en est-il aujourd’hui au milieu de ce que l’on peut considérer comme un résidu chrétien ? Notre vie, notre marche honorent-elles le Seigneur ? Les pensées, les paroles, les actes reflètent-ils une réelle crainte de Dieu ? Sinon le Seigneur et sa Parole sont méprisés de toutes sortes de manières
L’attitude insolente du résidu, à l’époque de Malachie, montrait à quel point il est aveugle quant à son état réel. Combien vite on est prêt à excuser une marche défaillante (Jér. 2:23) ! On dit, servant de l’Écriture : C’est vrai, nous manquons à plusieurs égards, mais nous sommes restés sur le vrai terrain des Écritures. On cherche d’abord à atténuer ses défaillances et on refuse même de les reconnaître !
Dieu désire que l’on soit animé d’un esprit de franche volonté, que l’on agisse avec droiture (Ps. 51:12). Ce n’était plus le cas même au milieu du résidu de Juda. Peut être faut-il aussi reconnaître que l’amour pour Christ s’est beaucoup affaibli dans nos cœurs ? Si la recherche de nos aises et l’égoïsme ont envahi insidieusement notre marche pratique, comment aimer avec ferveur le Seigneur et servir avec dévouement ses bien-aimés ?
Envions l’excellent témoignage que l’apôtre peut rendre au sujet des Macédoniens : Malgré leur extrême pauvreté et une grande épreuve de tribulation, ils s’étaient d’abord donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur. Ce don initial essentiel avait provoqué tous les autres ! Spontanément, avec joie, au-delà même de leur pouvoir, ces rachetés avaient demandé avec de grandes instances la grâce et la communion d’un service envers les saints ! (2 Cor. 8:1-5). Probablement nous sentons-nous repris par un tel exemple. Demandons alors instamment à Dieu de ranimer notre amour pour Lui et de réveiller dans nos cœurs un désir ardent de Le servir en servant les siens.
Il pourrait arriver que l’on présente ou enseigne la Parole, que l’on prodigue des soins pastoraux sans pourtant avoir un état intérieur convenable. Le motif caché de notre service pourrait être le « Moi ». Il cherche toujours à s’élever et recherche même parfois un gain honteux. Des assemblées entières peuvent, elles aussi, s’égarer. Dans la lettre écrite à Éphèse par l’apôtre Jean, il est mentionné, comme à Thessalonique, des œuvres, du travail et de la patience ! Mais la foi, l’espérance et l’amour (en particulier le premier amour) faisaient maintenant défaut.
Au temps de Malachie le service du Seigneur commençait à fatiguer le résidu. D’où des paroles de ce genre : « Voilà, quel ennui ! », qui exprimaient leur mépris (Mal. 1:13). Hélas, la même fatigue peut se manifester aujourd’hui au milieu de l’Assemblée pour les choses de Dieu. On peut s’être montré fort actif dans le service du Seigneur et puis soudain les mains se lassent et les genoux défaillent. On est fatigué pour lire la Parole, pour se souvenir du Seigneur à sa Table, pour annoncer l’Évangile, fatigué même du peuple de Dieu, oublieux de la place qu’il occupe dans Son cœur !
N’avons-nous pas à confesser que, dans notre bas état, un signe des plus inquiétants, est que malgré les avertissements répétés, alors que la main de Dieu pèse en discipline sur nous (Amos 2:13), nous semblons peu disposés à écouter et à prendre à cœur Ses avertissements ! Écoutons Sa voix d’amour : « Encore maintenant, dit l’Éternel, revenez à moi de tout votre cœur … déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel votre Dieu ; car il est plein de grâce et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté » (Joël 2:12-14). Cessons de frustrer Dieu, de Lui refuser ce qui Lui est dû ! Chacun d’entre nous doit se sentir personnellement concerné ! Faisons notre ce cantique qui est aussi une prière :
« Seigneur, toi qui pour nous t’offris en sacrifice,
Remplis-nous de ferveur pour mettre à ton service,
Nos jours, nos biens, nos corps, nos cœurs !
Si nous pouvons vraiment dire avec l’apôtre : « Pour moi, vivre c’est Christ », notre existence aura un but conforme à la pensée de Dieu, elle sera à la gloire de Celui qui pour nous est mort et a été ressuscité, et auquel nous appartenons désormais.