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Comment est-elle assise solitaire,


la ville si peuplée ? (Lam. 1:1)

 

 

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Lamentations de Jérémie


et leur application au temps présent

 

 

Philippe Laügt

 

Table des matières

1     Chapitre 1

2     Chapitre 2

3     Chapitre 3

4     Chapitre 4

5     Chapitre 5

 

«Comment, dans sa colère, le Seigneur a t-il couvert d’un nuage la fille de Sion !» (Lam. 2:1). «Comment l’or pur est-il devenu obscur, et l’or fin a-t-il été changé ! Comment les pierres du lieu saint sont-elles répandues au coin de toutes les rues !» (Lam. 4:1). Ces terribles questions sont posées dans les Lamentations de Jérémie, après la prise de Jérusalem, tombée à cause du jugement divin.

Dieu a compassion de son peuple et de sa demeure et, se levant de bonne heure, il leur envoie ses messagers (2 Chr. 36:15). «Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles, et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la fureur de l’Éternel monta contre son peuple et qu’il n’y eut plus de remède» (2 Chr. 36:16). Alors Il envoie contre eux le roi des Chaldéens. Il n’a pas compassion et détruit tout sur son passage, Ses troupes brûlent la Maison de Dieu, abattent la muraille de Jérusalem. Tous les objets désirables sont livrés à la destruction (2 Chr. 36:17 ; Jér. 52).

Dans ses lamentations, le prophète Jérémie partage la douleur des rares survivants, restés dans la ville. Ils ont tous touchés dans leurs affections les plus intimes, broyés sans pitié par un ennemi brutal.

Mais la portée de ce récit dépasse de beaucoup les circonstances qui en donnent l’occasion. L’Esprit de Dieu veut nous faire anticiper un temps encore à venir, cette grande tribulation, qu’Israël doit traverser, pour avoir crucifié son Messie, le Seigneur de gloire.

Il faudra un travail intense dans la conscience et dans le coeur, pour que le peuple connaisse enfin cette restauration définitive, attendue depuis si longtemps.

On est touché de voir Jérémie, qui n’est pas personnellement coupable, prendre une si grande part à leur humiliation. Il s’identifie avec le peuple rebelle, qui a si grièvement péché (Lam. 1:8). Ne l’a-t-il pas supplié, pendant quarante ans, de se repentir ?

On se souvient qu’au début de son ministère, Dieu a montré à son jeune serviteur, Jérémie, un pot bouillant, prêt à se déverser, et l’a averti : «Du nord, le mal fondra sur tous les habitants du pays» (Jér. 1:13-14). Mais personne, comme du temps d’Ésaïe, n’est disposé à écouter les avertissements du prophète. Finalement, la patience de Dieu arrive à son terme, et les envahisseurs annoncés ont fondus sur le Pays.

D’autres auraient dit: «Je vous ai pourtant averti. Si seulement vous m’aviez écouté !» Mais, en vrai serviteur de Dieu, Jérémie ne cherche pas se glorifier d’avoir eu raison.

À se complaire en compagnie des idolâtres (Ps. 50:18 ; Osée 4:12-17), Jérusalem n’a pas tardé à les imiter (1 Cor. 15:33). Dieu envoie maintenant son peuple en captivité au milieu des nations, jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés de leurs voies et se souviennent de Celui qui leur dit, depuis longtemps déjà, dans son amour : «Si tu reviens, ô Israël, reviens à moi ; et si tu ôtes tes abominations de devant moi, tu ne seras plus errant» (Jér. 4:1).

Il faut reconnaître que le même éloignement s’est manifesté chez les rachetés du Seigneur après la Croix. L’Église s’est très vite corrompue, malgré les avertissements répétés des apôtres et des prophètes. Les conséquences en gouvernement de sa ruine se sont manifestées, des ténèbres spirituelles de plus en plus épaisses ont envahi l’Église.

Plus tard, un travail puissant de l’Esprit de Dieu, la Réforme, a été vite gâté par l’activité malfaisante de la chair. l’Église s’est laissée rapidement pénétrer par l’esprit du monde. Au point que l’on a pu, à juste titre, demander : «Mais où donc est l’Église ?» et recevoir une réponse surprenante : «Dans le monde» et à la question : «Où est le monde ?» cette réponse : «Dans l’Église».

Au cours des siècles, d’autres résidus se sont formés, choisissant d’être dans l’opprobre avec le peuple de Dieu. Mais, à leur tour, ils se sont laissé séduire par les attraits trompeurs de ce monde et des fausses doctrines antiscripturaires.

Ces égarements se sont manifestés aussi parmi ceux qui sont sortis des «systèmes humains», pour rendre un témoignage à l’unité de l’Église et à son appel céleste. On peut s’interroger avec tristesse : «Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille» ! (2 Sam. 1:25). La vie chrétienne est aussi un combat (Éphés 6:12).

L’amour du monde, et l’orgueil spirituel peuvent envahir notre coeur, et notre témoignage s’en trouve ruiné.

Le jugement de Dieu commence par sa propre maison : Il permet des divisions qui laissent l’assemblée fort affaiblie. Il y a peu de coeurs brisés, semble t-il. Les consciences sont plutôt endurcies et l’indifférence prévaut parfois. Dieu connaît tout ce désordre, le danger est d’enduire le mur d’un mauvais mortier, pour chercher à cacher notre état réel (Éz. 13:10-14).

Dieu invite plutôt à écouter «la verge et Celui qui l’a décrété» (Mich. 6:9). Si un coeur tremble à sa Parole, il en résulte une réelle confession, dans le jugement de soi-même. L’on retrouve alors ce chemin où Dieu se plaît à bénir les siens.

1                        Chapitre 1

Pour avoir refusé de revenir vers son Dieu, malgré ses appels réitérés (Jér. 5:3 ; Os. 11:5), Jérusalem ne trouve personne qui lui soit en aide au jour de sa détresse ! (Lam. 1:7 ; És. 51:18-19), personne qui la console (Lam. 1:2, 9, 17, 21). Tous ses prétendus amis agissent perfidement envers elle. Par contre elle trouve en Jérémie, type de Christ, un fidèle et fervent intercesseur (Prov. 17:17).

Si l’on considère, de façon plus détaillée, l’état de Jérusalem, comme Néhémie le fera aussi plus tard (Néh. 1:13-16), il y a tout lieu d’être stupéfait ! Autrefois ville prospère, elle est maintenant détruite de fond en comble, vidée de la majeure partie de ses habitants. Ils sont, soit fauchés par la mort, soit déportés par l’ennemi. Même «les petits enfants ont marché captifs devant l’adversaire» (Lam. 1:5). Personne n’a trouvé grâce aux yeux des Chaldéens et Dieu n’est pas intervenu.

Cette ville, jusqu’alors «belle dans son élévation, la joie de toute la terre» (Ps. 48:2 ; Lam. 2:15), devient «comme veuve». Sa ruine est un sujet de moquerie pour ses orgueilleux adversaires. (Lam. 1:7). Même le sanctuaire, dont l’entrée était interdite aux nations par Dieu lui-même, n’est pas épargné. Tous ses trésors sont emportés (Lam. 1:10).

Si nous méprisons pratiquement le dépôt que Dieu s’est plu à nous confier, il le retire et le confie à d’autres. C’est une occasion pour l’ennemi de se moquer. D’ailleurs ici, le peuple affamé, errant pour chercher du pain, est prêt à se séparer du peu qu’il possède encore, pour assouvir sa faim (Lam. 1:11).

Accablée par le silence de Dieu, la ville gémit et lui adresse une ardente prière: «Regarde,... je suis devenue vile». Elle est «descendue prodigieusement» (Lam. 1:9).

Suit un appel émouvant pour éveiller, si possible, la compassion des passants : «N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ?» s’écrie Jérusalem. «Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur... à moi que l’Éternel a affligé au jour de l’ardeur de sa colère» (Lam. 1:12).

Elle se sert de comparaisons saisissantes pour décrire son état misérable, sa langueur : Un feu a été envoyé d’en Haut pour maîtriser ses os, c’est à dire la partie la plus intime de son être. Un filet a été tendu sous ses pieds. Autre image, plus terrible encore : «Le Seigneur a foulé comme au pressoir la vierge, fille de Juda !» (Lam. 1:13-15).

Que de fois nous passons indifférents à côté de la souffrance des autres ! (v. 21). Que d’occasions perdues de leur exprimer un peu de sympathie ! Que Dieu rende nos coeurs plus sensibles, moins égoïstes, mieux à même d’entrer dans les peines de ceux qui nous entourent, et à leur apporter, de Sa part, une consolation véritable (2 Cor. 1:4).

Ici, Jérusalem, au milieu de ses larmes, déclare : «Il est loin de moi, le consolateur qui restaurerait mon âme» (Lam. 1:16).

Comment ne pas penser à la douleur, sans égale, du Seigneur à la Croix, consécutive à la colère de Dieu ? (v. 12) Christ «n’avait rien fait qui ne se dût faire», il était fait péché pour nous. Tandis qu’ici, par la bouche de Jérémie, Jérusalem reconnaît, comme le fera plus tard le brigand sur la Croix, avoir réellement mérité ce qui lui arrive (Lam. 1:18 ; Luc. 23:41).

On pense aussi à cette foule de «ceux qui passaient par là», devant le Sauveur crucifié (Matt. 27:39). Il y avait parmi eux des gens hostiles ou moqueurs, mais beaucoup d’indifférents.

Rien n’a changé aujourd’hui encore en présence de la Croix. À chacun, la question se pose : «Quelle place les souffrances et la mort de Jésus ont-elles dans mon coeur» ? Puis-je témoigner comme l’apôtre que le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi ?

Toute la destruction de Jérusalem, est présentée comme l’oeuvre du Seigneur et la sienne seule (Lam. 1:14-15 ; 2:1, 2, 5, 6, 7, 8, 17, 22).

Habituellement, l’on s’arrête facilement à ce que l’on peut appeler les causes secondes. Pourtant Job, atteint subitement par plusieurs grandes épreuves, ne tombe pas dans ce piège (Job 1:20-22). Il faut reconnaître la main de Celui qui nous éprouve, et se rappeler que son désir est toujours de bénir à la fin ; «Celui que le Seigneur aime, il le discipline» (Héb. 12:5-6). Quelle pensée consolante ! Apprenons à nous humilier sous Sa puissante main.

Cette attitude de coeur est évidente dans l’humble confession qui suit : «L’Éternel est juste, car je me suis rebellée contre son commandement» (Lam. 1:18). Mais Il demeure toujours le seul recours : «Regarde Éternel, car je suis dans la détresse» (Lam. 1:20).

La cité désolée demande ensuite, comme le fait le résidu dans les Psaumes, le jugement de ses adversaires. «Ils se sont réjouis de ce que toi tu as fait» (Lam. 1:21 ; 2:15 ; Ps. 35:15). Une telle requête ne serait pas convenable de la part de chrétiens, durant la période actuelle de la grâce (Matt. 5:44 ; Rom. 12:19-20).

2                        Chapitre 2

Dans la complainte suivante, une description détaillée de la ruine de Jérusalem est faite. Le Seigneur «a couvert d’un nuage la fille de Sion ! Il a jeté des cieux sur la terre la beauté d’Israël» (Lam. 2:1). Il ne s’est pas souvenu du «marchepied de ses pieds».

Notons qu’il n’est pas dit de Jérusalem, comme c’est le cas pour Capernaüm : «qu’elle est abaissée jusque dans le hadès» (Matt. 11:23). Cette dernière ville a été élevée jusqu’au ciel, du fait que le Seigneur y habitait (Matt. 4:13 ; 9:1). Mais malgré tous les miracles opérés au milieu d’elle, elle ne s’est pas repentie. Le jugement de Sodome sera plus supportable que le sien, au jour du jugement.

Tandis que Jérusalem, abaissée pour un temps, mis au rang des autres villes des nations, sera restaurée et sera plus élevée encore que dans le passé: L’Éternel l’appelle : «ma montagne sainte» (És. 66:20).

Le roi de Juda, les sacrificateurs, les prophètes sont, pour la plupart, massacrés ou emmenés en captivité. Mais ce n’est pas de l’activité malfaisante de l’ennemi qu’il est question ici.

C’est Dieu qui, dans l’ardeur de sa colère, dans son indignation, dans sa fureur, a retranché «toute la corne d’Israël» (Lam. 2:3), et élevé celle de ses adversaires (Lam. 2:17). La corne, dans l’Écriture, est le symbole de la force.

À quatre reprises, dans ces versets 4 et 5, le prophète fait ressortir que l’Éternel a agi comme un ennemi. Il a bandé son arc et «tué tout ce qui était agréable à l’oeil dans la tente de la fille de Sion» (Lam. 2:4). Pourtant Dieu n’est jamais un ennemi pour les siens. C’est leur iniquité qui le contraint d’agir ainsi.

Que de fois des enfants de Dieu, du fait de leur obstination ont dû apprendre comme le cheval ou comme le mulet, qui ont besoin de la bride et du mors pour les refréner «quand ils ne veulent pas s’approcher de toi» (Ps. 32:9). Mais la foi est assurée que Son amour et Sa tendresse sont inchangés. Il n’abandonne jamais les siens (Ps. 37:28).

Il n’y a plus de culte, plus de service sacerdotal. «La Loi n’est plus» (Lam. 2:9). Cette expression souligne que la Loi n’est plus respectée sur des points de la plus haute importance, à commencer par ces sacrifices qui doivent pourtant être offerts continuellement.

Les prophètes n’ont vu pour le peuple que «la vanité et la folie». Ils sont responsables de ne pas avoir dénoncé l’iniquité du peuple. Il aurait ainsi été préservé d’aller en captivité (Lam. 2:14). Maintenant ils passent «la nuit sans vision, les ténèbres sans divination» (Mich. 3:6-7).

Les anciens de la fille de Sion, assis par terre, ont de la poussière sur leur tête et sont vêtus de sac en signe de deuil. Ils gardent le silence (Lam. 2:20).

Les vierges et les femmes, humiliées par l’ennemi, dans la détresse, baissent leur tête vers la terre (Lam. 1:4 ; 2:10 ; 5:11).

Le Seigneur a fait oublier dans Sion les jours solennels et le Sabbat. On a bien « poussé des cris dans la Maison de l’Éternel, comme au jour d’une fête solennelle», mais c’étaient les adversaires qui rugissaient ainsi au milieu des lieux assignés au service divin ! (Lam. 2:7 ; Ps. 74:4).

Le Seigneur a saccagé la clôture de Son jardin, un jardin où il n’a trouvé que des raisins sauvages (Lam. 2:6 ; Ps, 80:12-16 ; És. 5:1-7).

Dieu «s’est proposé de détruire la muraille de la fille de Sion» ! (Lam. 2:8). «Il a étendu le cordeau, il n’a pas retiré sa main pour cesser de détruire». Il ne s’agit pas ici d’un cordeau pour mesurer des lots dans le bel héritage (Ps. 16:6) mais du «cordeau de la désolation» (És. 34:11). Dieu a englouti et n’a pas cessé !. Tout est en ruines, les portes sont enfoncées dans la terre et les barres sont brisées. (Lam. 2:8-9). Comment peut-on désormais séparer ce qui est saint de ce qui est profane ? (Éz. 42:20).

L’autel et le sanctuaire sont souillés, dévastés. Tous les objets précieux sont emportés à Babylone (Lam. 1:10). Plus tard, Belshshatsar ose commander, à l’occasion d’un festin, d’amener ces vases d’or et d’argent, tirés du Temple, pour y boire du vin ! (Dan. 5:2).

Même l’Arche, encore mentionnée dans Jérémie 3:16, appelée le «marchepied de Ses pieds» (Lam. 2:1 ; Ps. 132:7) va disparaître à jamais.

Dieu rompt ses relations avec son peuple coupable. Il l’appelle désormais «Lo-Ammi» : pas mon peuple (Osée  1:9). Devant un tel tableau de désolation, la tristesse du prophète est immense. Ses larmes, intarissables, coulent devant cette ruine «grande comme la mer» (Lam. 2:13).

Mais cette situation humiliante n’empêche pas Jérémie d’espérer (Lam. 3:29). Il est décidé à mener deuil «jusqu’à ce que l’Éternel regarde et voie des cieux» (Lam. 1:9, 11, 20 ; 2:20 ; 3:50, 63 ; 5:1).

Jésus, dans les perfections de son coeur, parfaitement humain et parfaitement divin, a pleuré pendant les jours de sa chair sur Jérusalem (Héb. 5:7) : «Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix» ! Dans son omniscience, Il sait tout ce que la ville coupable va endurer, après le rejet de son Messie, et Il en parle à ses disciples (Luc 19:41-44). Quelle douleur pour son merveilleux amour ! Il a longtemps cherché à rassembler ses enfants «comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes» (Matt. 23:37). Il voulait accomplir ses pensées de grâce à l’égard de Jérusalem, créée pour être une jubilation, encore appelée la sainte ville après la crucifixion (Matt. 27:53).

Mais la patience de Dieu a un terme, même vis à vis de son peuple. Mesurons la solennité de ces paroles d’Ésaïe : «Est-ce peu de chose pour vous de lasser la patience des hommes, que vous lassiez aussi la patience de Dieu ?» (És. 7:13).

Les prophètes n’ont pas dénoncé les crimes de Juda, ni cherché à l’amener à la repentance. Enduire un mur avec un mauvais mortier cache momentanément son état réel (Éz. 13:10). Tous les grands aussi, ont mérité ce jugement sévère (Jér. 5:5). Que de fois on voit que la main des chefs et des gouverneurs est la première pour suivre un chemin de péché (Esd. 9:2).

D’autres souffrent aussi, sans être pourtant directement responsables. C’est le cas des vieillards et celui des enfants. Même des nourrissons défaillent de faim, couchés au coin des rues de la ville (Lam. 2:11, 19, 21 ; 4:4).

C’est seulement en retrouvant la communion avec son Dieu que le peuple recevra la nourriture pour son corps et la paix pour son âme. Sinon, il reste affamé et agité.

Faute d’aliments appropriés pour l’édification des âmes, qui amène une croissance spirituelle normale, il y a beaucoup de croyants affaiblis, défaillants, dans les assemblées. Il faut considérer soigneusement nos voies et retourner au Seigneur.

Devant l’ampleur du désastre, Jérémie ne soulève pas d’interrogation. Mais il se tient à la brèche pour le pays (Éz. 22:30), et intercède encore pour ce peuple qu’il aime.

Sa noble attitude rappelle l’intercession du Seigneur sur la Croix à l’égard de ses bourreaux : «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34).

On retrouve ici «ceux qui passent par le chemin» (Lam. 2:15-16), avec plutôt maintenant des moqueries dans leur bouche, ce qui montre leur méchanceté foncière. Leur attitude n’est pas sans rappeler celle des Pharisiens, à l’égard d’Étienne. Ils sifflent et grincent des dents. Ils disent, avec une joie mauvaise : «Nous les avons engloutis ; oui, c’est ici le jour que nous attendions !». Grandement attristé, Jérémie affirme : L’Éternel a fait ce qu’il s’était proposé... l’ennemi s’est réjoui sur toi ! (Lam. 2:16-17 ; Ps. 35:21, 25).

Jésus, la sainte Victime, a connu de tels outrages, poussés à l’extrême, durant les heures terribles de la croix (Ps. 22:7-8 ; Matt. 27:29-31). Ce qui est un sujet d’adoration pour la foi, a été un sujet de moquerie. Ils ont osé dire : «Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ; s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en Lui. Il s’est confié en Dieu, qu’il le délivre maintenant, s’il tient à Lui» (Matt. 27:42-43). Mais cette terrible épreuve fait briller ses perfections. Plus Il est broyé et plus un parfum d’agréable odeur monte vers Dieu.

S’exprimant au sujet des habitants affligés de Jérusalem, le prophète déclare : «Leur coeur a crié au Seigneur» (Lam. 2:18). Ce n’est plus des vêtements que l’on déchire, c’est vraiment le coeur qui se brise (Osée 7:14 ; Joël 2:13). La ville dans sa détresse, répond au conseil : «Lève-toi, crie de nuit» (Lam. 2:19). Elle se tourne vers Celui qu’elle a déshonoré et son coeur se répand devant Lui comme de l’eau : «Regarde Éternel, et considère à qui tu fais ainsi !» (Lam. 2:20).

Les calamités qui fondent sur elle sont décrites, en commençant par la plus horrible. À force de misère, des mères peuvent-elles en arriver à dévorer les petits enfants, dont elles prennent soin ? Jérémie a déjà annoncé de telles atrocités (Jér. 19:9). Moïse la présente comme un des châtiments consécutifs à l’apostasie d’Israël (Lév. 26:29 ; Deut. 28:53, 56).

Une autre question angoissée est posée ensuite : «Tuera-t-on le sacrificateur et le prophète dans le sanctuaire du Seigneur ?» (Lam. 2:20). Un crime aussi odieux a déjà eu lieu (2 Chr. 24:21, cité dans Matt. 23:35).

On comprend que Jérusalem s’écrie : «Tu as convoqué, comme en un jour de fête solennelle, mes terreurs de toutes parts ; et au jour de la colère de l’Éternel, il n’y a eu ni réchappé, ni reste» (Lam. 2:22).

3                        Chapitre 3

Dans la complainte suivante, la détresse du prophète atteint son comble. Sans être personnellement coupable, il prend sur lui les forfaits de son peuple. Tout se passe comme si le châtiment tombe sur lui seul : «Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur» (Lam. 3:1).

Conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière (És. 59:9), Jérémie apparaît dans ce passage, comme un type du Seigneur Jésus, quand il paie, devant la justice inflexible de Dieu, l’immense prix de la Rédemption.

Pour le Seigneur, les souffrances de la part de l’homme (Comparer Lam. 3:14, 30 avec le Ps. 69:12 et És. 50:6) sont suivies par celles qu’il rencontre de la part de Dieu, pendant les trois heures de ténèbres. Fait péché pour nous (2 Cor. 5:21), il subit à notre place le terrible courroux divin. Les effets de cette colère sont évoqués ici (Comparer Lam. 3:8 avec le Ps. 22:2). C’est contre lui que Dieu a «tout le jour tourné et retourné Sa main» (Lam. 3:3). Il a bâti contre Lui un mur infranchissable (Lam. 3:5).

Le Seigneur, plus que tout autre, a habité dans des lieux ténébreux (Lam. 3:6). Il a douloureusement ressentit la solitude, son âme était rejetée «loin de la paix» (Lam. 3:17). Sur la Croix, Dieu ferme l’accès à sa prière. Il bande son arc et darde ses flèches contre la sainte Victime (Lam. 2:4 ; 3:12).

Mais dans le coeur du Seigneur, la confiance et l’espérance ne font pas défaut un seul instant (Ps. 22:9-10), à la différence de Jérémie, qui touche le fond, et en vient à dire : «Ma confiance est périe, et mon espérance en l’Éternel» (Lam. 3:18).

Mais bientôt le prophète se souvient des «bontés de l’Éternel». Le ton change, l’espérance renaît (Lam. 3:21). Sa confiance s’affirme jusqu’au verset 36. L’affligé cherche du secours auprès de Celui qui le frappe ! Son âme, jusqu’alors abattue, réalise que cette calamité, voulue et mesurée par Dieu, a déjà sans doute atteint son comble.

Sa foi est à nouveau soumise et confiante. Il s’adresse à son Dieu : «Souviens-toi de mon affliction» (Lam. 3:19). Il affirme : «Ses compassions ne cessent pas, elles sont nouvelles chaque matin». C’est une source inépuisable ! Grande est sa fidélité, Le prophète ajoute : «c’est pourquoi j’espérerai en Lui», même si toutes les autres sources de joie ont disparu ! (3:22-24 ; Hab. 3:17-18 ; Phil. 4:11-13).

L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à Lui (Lam. 3:25 ; Mich. 7:7). La patience est une disposition devenue rare, alors que ceux qui habitent sur la terre montrent un désir effréné d’obtenir ce que le coeur naturel convoite (Marc 4:19).

Deux choses bonnes pour l’homme sont mentionnées : Il est bon de savoir attendre, et dans le silence, le salut de l’Éternel. Attitude bénie, au milieu des troubles et des perplexités du chemin. Il est bon aussi de porter le joug dans sa jeunesse, car notre volonté propre doit être brisée. Acceptons le joug aisé du Seigneur (Matt. 11:30), au lieu d’être obligé d’apprendre, dans la douleur, courbé «sous un joug de transgressions» (Lam. 1:14). Dans cet état, on éprouve combien il est difficile d’être libéré du joug de l’ennemi, après l’avoir longtemps porté !

Les versets qui suivent (Lam. 3:28-30) font penser une fois encore au Seigneur. En effet, qui plus que Lui a connu la solitude ? (Ps. 102:7 ; Ps. 26:16). Qui a su comme Lui se taire devant ses accusateurs et les faux-témoins ? (Matt. 27:12-14). Il a mis sa bouche dans la poussière, en signe de soumission absolue à la volonté de Dieu. La verset suivant met en évidence Ses merveilleux motifs : Il a pris sur Lui notre iniquité et il a présenté sa joue à celui qui le frappait (És. 50:6). Dans son chemin de renoncement, Il a été rassasié d’opprobre.

L’épreuve ne doit jamais faire douter de l’amour de Dieu. «Ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes» (Lam. 3:33). À plus forte raison quant il s’agit des siens. Il le fait pour un peu de temps, si cela est nécessaire (1 Pier. 1:6).

Une épreuve doit être l’occasion de s’examiner devant Dieu sans complaisance: «Recherchons nos voies et scrutons-les, et retournons jusqu’à l’Éternel» (Lam. 3:40). Alors, chacun peut reconnaître avec le Psalmiste : «Il est bon pour moi que j’aie été affligé, afin que j’apprenne tes statuts», et reconnaître : «Avant que je fusse affligé, j’errais, mais maintenant je garde ta Parole» (Ps. 119:71, 67).

Il y a, sur cette terre, des injustices flagrantes (Lam. 3:34-36). Jérémie a été le témoin oculaire de l’une d’entre elles. Les Chaldéens ont traité avec une grande cruauté leurs prisonniers de guerre. Que de fois l’on fait tort à un homme dans sa cause et l’on fait fléchir son droit !

Mais tout se passe «devant la face du Très-haut» et rien n’arrive sans qu’Il ne l’ait commandé (Job. 1:12 ; 2:6). C’est de Lui que viennent «les maux et les biens».

C’est bien ce que David a compris devant les paroles violentes de Shimhi. Il arrête le bouillant Abishaï, prêt à intervenir et affirme que c’est l’Éternel qui lui a dit : Maudit David ! (2 Sam. 16:7-10).

Mais quel est donc le but que Dieu poursuit ? «Vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux» écrit Jacques (5:11). Dieu désire produire dans le coeur des siens un profond jugement de nous-mêmes qui nous fait souvent cruellement défaut. Il faut revenir à Lui : «Élevons nos coeurs avec nos mains vers Dieu» et confessons, comme Jérémie : «Nous avons désobéi et nous avons été rebelles» (Lam. 3:42).

Or souvent, nous cherchons plutôt à échapper à la discipline qui, pour le présent, ne semble pas être un sujet de joie (Héb. 12:11).

C’est l’attitude de Juda : Dieu envoie le roi de Babylone contre lui, à cause de leurs péchés. Mais leur premier réflexe est de se tourner vers le roi d’Égypte, pour chercher en vain du secours (És. 36:6 ; Jér. 17:5). Agir ainsi, c’est désobéir ouvertement à l’enseignement de la Parole de Dieu (Jac. 4:9-10).

Le prophète doit ajouter : «Tu n’as pas pardonné». C’est inutile de prier, si l’on est déterminé à continuer de pécher (Job 20:12-13). Dieu s’enveloppe d’un nuage, la prière ne passe pas (Jér. 14:11-12). C’est le signe solennel que l’on n’a pas jugé son mauvais état, de sorte qu’il devient désespéré:

Désormais Jérémie doit dire : «Tu nous as faits la balayure et le rebut au milieu des peuples» (Lam. 3:45). Paul, se sert de ces expressions touchant les apôtres. Ceux-ci acceptent d’être ainsi traités. Ils réalisent pleinement que l’opprobre est lié au service du Seigneur. Tandis que les hommes estiment une telle condition extrêmement misérable (1 Cor. 4,13).

«Ceux qui sont mes ennemis sans cause» (Ps. 35:19 ; 69:4), m’ont fait la chasse comme à l’oiseau, rappelle le prophète (Lam. 3:52 ; Jér. 37:15-16). David emploie le même langage, quand Saül le poursuit comme une perdrix sur la montagne (1 Sam. 26:20). Pour le Seigneur, plus encore que pour David ou Jérémie, ces ennemis impitoyables sont ses proches ! (Ps. 55:12-13).

Jérémie se souvient de l’horrible fosse où il a été jeté (Jér. 38:4-6). «Les eaux ont coulé par dessus ma tête». «Ils m’ont ôté la vie... J’ai dit : Je suis retranché !» (Lam 3:53-54). C’est en tout cas l’intention avouée de ses adversaires : «Qu’on fasse donc mourir cet homme !». Mais Dieu prépare un instrument inattendu, Ébed-Mélec l’Éthiopien, et le prophète est délivré (Jér. 38:7-13).

Mais le Seigneur, pour sa part, a dû réellement entrer dans la mort (Rom. 5:6, 8) pour rendre impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est à dire le diable (Héb. 2:14). Prophétiquement, l’homme Christ-Jésus dit : «Il s’est penché vers moi, et a entendu mon cri. Il m’a fait monter hors du puits de la destruction, hors d’un bourbier fangeux» (Ps. 40:1-2).

Le prophète rappelle aussi que sa prière a été exaucée : C’était, comme pour Jonas, «de la fosse des abîmes». Un enfant de Dieu est l’objet de toutes Ses compassions. «Tu t’es approché au jour que je t’ai invoqué, tu as dit : Ne crains pas» (Lam. 3:57). Précieuse parole, si fréquente dans l’Écriture. Ce sont de puissants motifs d’espérer une prompte délivrance (Ps. 69:18) !

Dieu a vu leurs outrages, leurs machinations. Il sait que son serviteur sert de chanson aux buveurs (Lam. 3:14, 63 ; Ps. 69:12). Il a pris sa cause en mains, Il rendra aux adversaires selon leurs oeuvres (2 Tim. 4:14 ; Rom, 12:19).

4                        Chapitre 4

Dans la quatrième complainte, Jérusalem en ruines offre au spectateur un contraste saisissant avec ce qu’elle était du temps de sa prospérité. Le prophète s’étonne : Comment ces fils de Sion, «si précieux, estimés à l’égal de l’or fin», sont-ils maintenant réputés des vases de terre, ouvrage des mains d’un potier ? (Lam. 4:2). En fait, leur belle prestance s’est révélée trompeuse. L’épreuve annoncée a eu lieu (Jér. 9:7). Elle met en évidence le véritable état du coeur. L’or seul résiste. Le feu divin de l’Affineur a tout consumé (1 Cor. 3:13 ; Jér. 6:29). La mort est partout dans la ville, Ils n’ont pas échappé à la souillure.

C’est souvent dans des circonstances extrêmes, que la cruauté éclate au grand jour. Le comportement de la fille de Sion ressemble maintenant à celui des «autruches du désert», cruelles à l’égard de leur couvée (Lam. 4:3 ; Job 39:19). Elle n’a plus de pitié, rien ne semble subsister de son instinct maternel. Personne, un mot qui revient souvent dans ce livre (Lam. 1:4, 7, 9, 21 ; 4:4 ; 5:8), n’est disposé à s’occuper même des petits enfants affamés. L’égoïsme naturel s’étale, dans toute sa laideur.

Même les plus riches, ceux qui «mangeaient des mets délicats», qui ont été «élevés sur l’écarlate», partagent la même misère et périssent dans les rues. La peine de l’iniquité d’Israël est plus grande que la peine du péché de Sodome : le sort de cette ville a été plus supportable, au moins ses habitants ont péri en un instant, tandis que ceux qui restent à Jérusalem meurent lentement d’inanition (Lam. 4:5-6).

La corruption touche même les nazaréens. S’agit-il des Récabites ? (Jér. 35). En tout cas on ne les connaît plus dans les rues de Jérusalem. Au lieu d’être «plus purs que la neige, plus blancs que le lait, leur figure est devenue plus sombre que le noir» (Lam. 4:7-8).

Les chrétiens se font-ils reconnaître par la pureté de leur conduite et leur séparation pour Dieu ?

Avec douleur, Jérémie confirme ici qu’à force de misère, ce qui était auparavant une crainte, est devenue une terrible réalité : «Des femmes tendres» en sont venues à commettre de véritables infamies : Elles ont fait cuire leurs enfants pour s’en nourrir ! (Lam. 4:10 ; 2:20).

L’Éternel a accompli sa fureur. Il a «allumé un feu en Sion qui en a dévoré les fondements» (Lam. 4:11). La ville de Jérusalem était réputée imprenable (Lam. 4:12), avec son puissant système de défense, complété par plusieurs rois, Ozias et Manassé en particulier. D’ailleurs, les nations environnantes savaient bien qu’à plusieurs reprises Dieu avait sauvé de façon miraculeuse Jérusalem, la ville du grand Roi (2 Rois 19:32-34 par exemple).

Mais Dieu verse sa fureur sur Jérusalem, à cause des péchés des prophètes, et des iniquités des sacrificateurs. Chargés de veiller sur le peuple, ils ont en réalité versé le sang des justes (Lam. 4:13). Jérémie connaît, par expérience personnelle leur cruauté (Jér. 26:8). Maintenant, on peut les voir errer dans les rues, aveugles, souillés de sang, de sorte qu’on ne peut toucher leurs vêtements. On leur crie : «Retirez-vous ! un impur ! ne touchez pas !» (Lev. 13:45). Ils sont contraints de s’enfuir. L’on dit parmi les nations : «Ils n’auront plus leur demeure» ! Quelle honte, quand le monde est ainsi témoin de nos misères (2 Sam. 1:20).

Tous ces affligés ont attendu, inutilement, un «secours de vanité». Ils ont compté «continuellement sur une nation qui ne sauvait pas» (Lam. 4:17). Il s’agit des Égyptiens, leurs prétendus alliés. Or pendant ce temps, les Chaldéens épient les habitants de Jérusalem, apparemment du haut des tours dont ils se servent pour assiéger la ville. Ils font la chasse à ceux qui s’aventurent hors des maisons et leur lancent des flèches. Il est devenu dangereux de marcher sur les places.

Plus tard, quand la brèche est faite à la ville, l’ennemi poursuit, par monts et par vaux, Sédécias, qui cherche à s’enfuir. Finalement les Chaldéens s’emparent de celui qui a si mal porté son titre d’Oint de l’Éternel (Lam. 4:19-20 ; Jér. 39:4-5 ; 52:8). Il faudra attendre la venue du véritable Oint de l’Éternel, pour qu’enfin son peuple puisse habiter à son ombre en parfaite sécurité.

Désespérés, les hommes de Juda déclarent : «Notre fin est proche, nos jours sont accomplis» (Lam. 4:18). Une déclaration qui remplit d’allégresse la fille d’Édom ! Mais cette joie mauvaise sera de courte durée. Les nations «ont aidé au mal» (Zach. 1:15 ; Amos 1:11). À leur tour, elles connaîtront le châtiment de Dieu. Il visitera leur iniquité : «La coupe [c’est une coupe de colère, de vengeance divine] passera» vers Édom ; «Tu seras enivrée et tu te mettras à nu» (Lam. 4:21 ; Éz. 25:12-14).

Le peuple pense qu’il n’y a plus d’espoir. C’est à ce moment-là que Dieu déclare : «La peine de ton iniquité a pris fin, fille de Sion» (Lam. 4:22). C’est la seule fois qu’Il parle directement dans ce livre : Sion ne sera plus menée en captivité.

C’est toujours au moment où l’on réalise être vraiment à bout de ressources, que Dieu se plaît à intervenir, montrant son amour et sa puissance. «Parlez au coeur de Jérusalem et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée» (És. 40:2 ; Jér. 46:27-28).

Quel contraste absolu entre l’avenir de Sion et celui d’Édom ! La lecture du livre du prophète Abdias montre qu’Édom va être l’objet d’un jugement définitif, sans même qu’un résidu ne soit épargné.

5                        Chapitre 5

Il reste encore une complainte, mais elle a plutôt le caractère d’une supplication. Le résidu y fait une fois encore la triste et humiliante description de son état, sans rien cacher. Les fidèles invitent à nouveau Dieu à regarder leur opprobre (Ex. 3:7). Ils veulent attirer son attention sur leurs malheurs passés et présents.

Le précieux héritage est aux mains des étrangers (Ps. 79:1). Eux-mêmes ressentent douloureusement leur esclavage. Ils ont follement abandonné la source des eaux vives (Jér. 2:13). «Parce que tu n’as pas servi l’Éternel, avec joie et de bon coeur... tu serviras, dans la faim et dans la soif et dans la nudité... tes ennemis» (Deut. 28:47-48). Ils doivent payer très cher leur eau et les fournitures de première nécessité, comme le bois, pour faire cuire leurs aliments (Lam. 5:4). Ils ont «tendu la main vers l’Égypte, vers l’Assyrie, pour être rassasiés de pain» (Lam. 5:6), mais ils n’ont pas eu de repos. Au contraire, un rude service leur a été imposé. Sans compter des outrages et des humiliations continuelles, d’une nature extrêmement pénible (Lam. 5:11-13). Leurs ennemis ne respectent ni l’âge, ni la condition. C’est une terrible école, que celle de Satan !

À nouveau, ils reconnaissent que leurs pères ont péché (Lam. 5:7), mais eux aussi : «Malheur à nous, car nous avons péché» (Lam. 5:16). Leur coeur est abattu, leurs yeux obscurcis par les larmes, quand ils pensent à la montagne de Sion, si désolée, que des renards s’y promènent en toute quiétude au milieu des ruines.

Cette complainte se termine par ces paroles particulièrement touchantes : «Toi, ô Éternel ! Tu demeures à toujours, ton trône est de génération en génération» (Lam. 5:19). Oui, Dieu seul peut les guérir, les restaurer et «renouveler leurs jours comme ceux autrefois» ! Les coeurs s’abandonnent avec droiture à la sainte volonté de Dieu.

Dès lors, il y a place pour l’espérance ! Comment pourrait-on croire qu’ils sont entièrement rejetés ? (Jér. 14:19). Les dons de grâces et l’appel de Dieu sont sans repentir ! (Rom. 11:29). Il se doit à lui-même, à sa sainteté, de les châtier, mais son âme est toujours en peine de la misère d’Israël (Jug. 10:16).

Bientôt, le Soleil de justice apportera la guérison au pauvre résidu souffrant (Mal. 4:2). Dieu essuiera toute larme de leurs yeux et les fera jouir de ce pays ruisselant de lait et de miel, promis à son ami, Abraham.

Il faut reconnaître avec humiliation que le mal a aussi envahi l’Église. Comme un levain qui fait lever la pâte tout entière, la mondanité, l’abandon de la crainte de Dieu, la mise de côté des enseignements de l’Écriture conjugués, ont provoqué une grande ruine. Ils engendrent de tristes effets moraux, aussi lamentables que ceux qui sont décrits dans ce livre.

Comme pour ce peuple, «notre coeur a cessé de se réjouir» (Lam. 5:15). Avons-nous encore à coeur la gloire de Dieu ou restons-nous indifférents à la misère spirituelle des rassemblements ? Ne laissons pas notre conscience s’endurcir peu à peu. Israël demande ici : Fais-nous revenir à Toi, ô Éternel ! et nous reviendrons (Ps. 80:3, 7, 19). Lui seul peut aussi guérir l’Église. Il va se la présenter sans tâche, ni ride ni rien de semblable. Il veut nous rendre les années mangées par la sauterelle, l’yélec ou la locuste, sa grande armée, envoyée en discipline au milieu de nous (Joël. 2:25). Laissons-le opérer, soyons attentifs à écouter sa voix douce et subtile et obéissons.

Ces affligés de Juda semblent incertains quant à l’issue de leur épreuve. Ils se demandent si c’est vraiment la volonté de Dieu de les restaurer ? (Lam. 5:22).

Mais nous savons par l’Écriture, que si nous confessons nos péchés, Celui qui s’est acquis l’Assemblée par son sang précieux versé à la Croix, est fidèle et juste pour nous pardonner (1 Jean 1:9). Il faut que nos coeurs soient enfin vraiment humiliés et notre Dieu fidèle répondra. Il demeure le MÊME (És. 41 4).

 

 

Du rocher de Jacob toute l’oeuvre est parfaite

Ce que sa bouche a dit, sa main l’accomplira.

Le Tout-Puissant nous soutiendra !

Car il est notre Dieu, notre haute retraite.

 

De tous nos ennemis il sait quel est le nombre

Son bras combat pour nous et nous délivrera

Sa puissance triomphera

Les méchants, devant Lui, s’enfuiront comme une ombre

 

 

2. 11. 2000