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Il a été avec le riche dans sa mort (És. 53:9).
Philippe Laügt
Table des matières :
2 Signes accompagnateurs de la mort de Jésus
4 Les aromates pour embaumer Son corps
5 Joseph d’Arimathée et Nicodème
9 Le tombeau vide — La résurrection
Sur la Croix, après les trois heures de ténèbres, où il a connu l’abandon de son Dieu fort, Jésus a dit : « C’est accompli » (Jean 19:30 ; Matt. 27:30). L’œuvre de la grâce est terminée, c’est un cri de victoire. Puis, ayant baissé sa tête et crié à haute voix, il remet son esprit entre les mains du Père, et il expire (Luc 23:45). Sa mort ne ressemble à aucune autre. Il entre volontairement dans la mort, cette forteresse de l’Ennemi. Il en sortira tout à l’heure, dans la puissance d’une vie impérissable. Il ne succombe pas d’épuisement comme les autres suppliciés. Pilate s’étonnera, ayant peine à croire qu’Il soit déjà mort, il lui faudra le témoignage du centurion.
Dans leur haine violente, les Juifs s’étaient hâtés de le crucifier avant la Fête, entre deux malfaiteurs. Portant sur Lui sans honte leurs mains iniques, ils L’ont cloué au bois.
Puis, absolument inconscients de leur véritable état, alors qu’ils viennent de commettre le plus odieux des crimes, ils demandent à Pilate que les corps ne restent pas sur ces croix pendant le Sabbat, mettant en avant leur souci de ne pas se souiller ! C’était déjà la Préparation. Le jour de ce Sabbat était grand, car il coïncidait avec la Pâque !
Dieu se sert de leur habitude de nettoyer le dehors de la coupe et du plat, alors qu’au dedans, ils sont pleins de rapine et de dérèglement (Matt. 23:25), pour que Son saint Fils reçoive une sépulture très honorable : « Il a été avec le riche dans sa mort, parce qu’il n’avait fait aucune violence, et qu’il n’y avait pas de fraude dans sa bouche » (És. 53:9). Dieu l’avait annoncé sept cents ans auparavant, par la bouche de son prophète.
Pilate accède à la demande des Juifs, et donne l’ordre de rompre les jambes des crucifiés pour hâter leur fin, et qu’on puisse les ôter (Jean 19:31). Les soldats, venant à Jésus, s’aperçoivent qu’Il est déjà mort. Alors, l’un d’entre eux, instrument inconscient de l’accomplissement des Écritures (Ps. 34:20), au lieu de lui briser les jambes selon l’ordre reçu, dans un dernier geste d’outrage, perce Son côté avec une lance. Et aussitôt, quelle merveille, le sang qui purifie et l’eau qui lave en sortent et se répandent. C’est la réponse divine, parfaite, à la culpabilité et à la souillure de l’homme. (Jean 19:34). Nous avons été rachetés par le sang précieux de Christ. Versé, il répond à tout ce qu’exigeait la justice de Dieu (1 Pier. 1:19). L’eau elle aussi, dans l’Écriture, a une grande importance. Ici, c’est une figure de la Parole, qui purifie de toute souillure, et permet à l’homme de se tenir dans la présence de Dieu (Éphés. 5:26 ; Jean 13:8).
Mais cette mort expiatoire du Seigneur devait être aussitôt suivie de grandes manifestations visibles. C’est d’abord le voile du temple qui, en se déchirant en deux, « depuis le haut jusqu’en bas » (Marc 15:38) montre à quel point ce sacrifice parfait a répondu aux droits de la sainteté de Dieu. Le chemin des lieux saints est désormais ouvert pour le racheté (Matt. 27:51 ; Héb. 10:19-20). Puis la terre tremble, les rochers se fendent et les sépulcres s’ouvrent. Les corps des saints ressuscitent et apparaissent dans la sainte ville, Jérusalem, après la résurrection du Seigneur (Matt. 27:52-53).
Mais que va t-il en advenir du corps de Jésus, de ce corps par Dieu même formé (Héb. 10:5) ?
Après la cruelle et infamante peine de la croix, réservée aux esclaves, aux criminels et aux brigands, on jetait généralement le corps des suppliciés à la voirie. Ils étaient, soit brûlés dans la vallée maudite de Hinnom, soit abandonnés aux appétits des oiseaux du ciel et des bêtes des champs (2 Sam. 21:10). Et les Juifs, désireux avant tout d’épuiser leur haine contre Jésus, étaient certainement prêts à Lui faire partager si possible le sort impitoyable réservé « aux méchants »(És. 53:9).
Mais, si la haine avait crucifié le Seigneur de gloire, l’amour aura désormais l’immense privilège de l’ensevelir. Le Dieu saint, à l’heure de l’expiation, était resté sourd aux appels du Fils de son amour, fait péché pour nous. Mais maintenant, il va veiller jalousement sur le corps de son Bien-aimé. Il doit être enseveli avec le plus grand soin, être l’objet du plus grand respect.
Déjà à Béthanie, six jours avant la Pâque, Marie, avait discerné, aux pieds de Jésus que Sa mort était proche. Elle avait préparé une livre de nard pur de grand prix, pour oindre Sa tête (Matt. 26:7) et Ses pieds (Jean 12:3). Et, à ses disciples indignés, qui s’écriaient : « À quoi bon cette perte ? » Le Seigneur avait répondu : « Pourquoi donnez-vous du déplaisir à cette femme ? Car elle a fait une bonne oeuvre envers moi....En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture » (Matt. 26:6-12 : Jean 12:3-7). Il est significatif qu’elle ne semble pas avoir été parmi celles qui, plus tard, se sont rendues au sépulcre, pour embaumer Son corps (Luc 24:10).
Présentement, non loin de la Croix, plusieurs femmes regardent de loin. Elles ont suivi et servi Jésus depuis la Galilée (Matt. 27:55-56). Et plus tard, au moment de la descente au tombeau, Marie de Magdala et Marie, la mère de Joses, seront là aussi, attentives, regardant « où on Le mettait » (Marc 16:47 : Luc 23:55). La Parole de Dieu a conservé précieusement le souvenir de tous ces gestes, de toute cette ferveur, expression de cœurs remplis d’amour pour le Seigneur.
Aussitôt après le Sabbat, Marie de Magdala, et Marie la mère de Jacques, et Salomé, achèteront et prépareront des aromates « pour venir L’embaumer ». Mais quand, de fort grand matin, elles arriveront au tombeau, se demandant avec inquiétude : « Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre ? », — car elle était fort grande — et scellée ! ce sera pour la trouver roulée et le sépulcre vide. Entrant dans le sépulcre, saisies d’épouvante, elles entendront un jeune homme, assis sur le côté droit, et vêtu de blanc, leur dire : « Vous cherchez Jésus le Nazarénien, le crucifié, il est ressuscité, il n’est pas ici » (Marc 16:1-6). Il n’était plus temps d’entourer de soins Son corps. Apprenons, à Ses pieds, chaque jour, à faire ce qui Lui plaît. Nous pourrons alors agir avec intelligence, au moment convenable. Retenons pour nous-mêmes les paroles du Seigneur : « Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée (Luc 10:41-42).
Depuis longtemps déjà, les disciples ont fuit. Mais le Dieu souverain, comme dans tant d’autres occasions, a secrètement préparé des instruments dociles. Manifestement, Joseph d’Arimathée et Nicodème, chacun selon sa capacité, sont prêts à remplir ce précieux service, sans égal. Ils vont le remplir ensemble. Ils ont probablement suivi un chemin très dissemblable, ils viennent de lieux très différents, mais ils vont se rencontrer, au moment convenable, conduits par Dieu lui-même, au pied de la Croix de notre Seigneur Jésus Christ. Ce qui les unit, c’est le même amour fervent pour Lui, le même désir de l’honorer (Phil. 2:2) au moment unique, inscrutable, où Il descend, victime volontaire, dans la mort.
La Parole de Dieu souligne que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, qu’ « il a été enseveli, » et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les Écritures (1 Cor. 15:3-4).
Ici, nous sommes au moment où Il va être enseveli. Et à ce moment-là aussi, tout doit se dérouler uniquement selon la pensée divine, rien n’est laissé à l’initiative de l’homme. Des mains pures et des cœurs dévoués sont nécessaires, Dieu s’en est pourvu. Plus tard, quant il s’agit de s’occuper du corps d’Étienne, ce fidèle témoin, une certaine attitude de cœur convenait aussi : « Des hommes pieux emportèrent Étienne pour l’ensevelir, et menèrent un grand deuil sur lui » (Act. 8:2).
La lecture des quatre Évangiles, nous permet de relever plusieurs traits concernant Nicodème et Joseph d’Arimathée : Il est question à trois reprises de Nicodème. Ce docteur d’Israël était venu voir Jésus de nuit. Il avait appris, auprès de Lui, une vérité aussi étrange qu’humiliante : Une autre naissance par l’action conjuguée de l’eau et de l’Esprit, lui était nécessaire pour « voir » le royaume de Dieu, et recevoir la vie éternelle ! (Jean 3:3-10). Plus tard, ce même Nicodème avait timidement tenté de plaider devant ses pairs, en faveur de Celui avec lequel il avait eu cet entretien personnel, inoubliable. Sans succès aucun, d’ailleurs. Ils manquaient par trop de droiture (Jean 7:50-52). Mais maintenant, dans cette occasion ultime, quand tout semble perdu et devenu inutile, il en finira avec sa prudence, et cessera de cacher soigneusement son amour pour le Seigneur.
Quant à Joseph d’Arimathée, c’est un homme riche. Matthieu, qui présente le Roi, le Messie, le fait ressortir. À ce titre, il s’est fait tailler, dans le rocher, un sépulcre. Mais le lieu est pour le moins étrange. N’est-il pas situé à portée de voix de l’endroit sinistre, où l’on dressait les potences réservées au supplice des criminels ? Mais l’on peut comprendre maintenant à quel usage extraordinaire, unique, va servir ce tombeau ! (Matt. 27:57-60). Joseph était aussi un « conseiller honorable ». Il avait, en quelque sorte, à Jérusalem, rang de Sénateur (Marc 15:43). Mais c’était aussi — et surtout — un homme de bien, et juste (Luc 23:50-51). L’évangéliste précise qu’il n’a jamais voulu se joindre au conseil des Juifs, ni à leur action contre Jésus. Il comptait parmi ceux qui attendaient le royaume de Dieu. Il avait, comme les disciples sur le chemin d’Émmaüs, mis toute son espérance en Jésus. Il aurait pu dire, avec eux : « Or nous, nous espérions qu’il était Celui qui doit délivrer Israël » (Luc 24:21). D’ailleurs, Matthieu et Jean précisent qu’il était lui-même disciple de Jésus (Jean 19:38). Mais jusqu’ici, il l’avait été en secret, par crainte des Juifs. Que de fois la crainte des hommes nous paralyse et nous empêche de glorifier et de suivre vraiment le Seigneur ! Il faut lire à ce sujet Jean 7:13 ; 9:22 ; 20:19 et Prov. 29:25.
« Le soir étant venu », Joseph d’Arimathée arrive sur les lieux. (Matt. 27:57) Avec hardiesse, il « prend sur lui » d’entrer auprès du gouverneur, Pilate, et lui demande le corps de Jésus. Le mot employé ici dans la langue originale met l’accent sur toute la valeur de ce corps, par Dieu formé. Et notons, en passant, que même le corps du croyant, pourtant corruptible, sera vivifié « à cause de son Esprit qui habite en vous » (Rom. 8:11).
Nous pouvons imaginer l’étonnement de Pilate. La démarche de Joseph, sa prise de position déterminée, était une provocation dangereuse à l’égard des Juifs. Cet acte le séparait définitivement de la caste dominante des Pharisiens, premiers responsables de la mort du Seigneur. Moralement, Joseph sortait maintenant délibérément « vers Lui, hors du camp, portant son opprobre » !
Après s’être enquis et avoir reçu confirmation de la mort de Jésus, Pilate donne « l’ordre que le corps soit livré ». Mais ici, le mot employé par le texte original signifie simplement le « cadavre ». Pour Pilate, ce n’était qu’une dépouille sans valeur, que Joseph réclamait (Matt. 27:58).
Aussitôt ce dernier vient donc ôter le corps de Jésus, le descendant avec précaution et respect du bois (Act. 13:29). Il faut se hâter, le repos sabbatique est proche, toute activité sera bientôt interdite. Mais Nicodème l’a rejoint. C’est le même « qui au commencement était allé de nuit à Jésus ». Il apporte « une mixtion de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres », plus de 32kg ! (Jean 19:39). Ces aromates évoquent la souffrance et la mort. Composer une si grande quantité de parfum a été certainement un grand travail !
Durant cette scène très solennelle, « ils prirent le corps du Seigneur et l’enveloppèrent de linges (ou plutôt de bandelettes), avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir » (Jean 19:40). Luc parle d’un linceul (23:53). Matthieu ajoute qu’il était net (27:59), tandis que Marc précise que Joseph l’avait acheté (15:46).
Or il y avait au lieu où le Seigneur avait été crucifié, un jardin, et dans ce jardin, était ce sépulcre neuf, qui appartenait à Joseph d’Arimathée (Matt. 27:60). Un jardin évoque souvent à notre esprit des scènes riantes. Ils sont généralement semés de plantes utiles ou d’agrément. Dans le Cantique des cantiques, le Bien Aimé aimait à s’y promener pour manger ses fruits exquis et cueillir ses lis (4:14 ; 6:2).
Mais depuis qu’Adam, placé par l’amour divin dans un jardin de délices, s’est vendu pour rien à l’Ennemi, tombant dans la désobéissance, la mort, salaire du péché, est venue tout gâter et ses effets se font partout sentir. Toute la création ensemble soupire, elle est en travail jusqu’à maintenant. Toujours sous les conséquences du péché de l’homme, elle attend d’être affranchie de la servitude de la corruption (Rom. 8:21-22). Dès lors plus d’un jardin par les tombeaux qui s’y trouvent, ne fait que rappeler que « la mort est passée à tous les hommes, parce que tous ont péché » (Rom. 5:12).
Le sépulcre était donc proche de Golgotha. Trois Évangiles précisent qu’il était taillé dans le roc. Jamais personne n’y avait été mis. Le corps adorable de notre Sauveur, du Saint de Dieu, ne devait pas connaître la corruption (Ps. 16:10 ; Act. 2:31-32 ; 13:36-37). Placé dans ce sépulcre, Il sera gardé de tout contact impur, et aucun doute ne sera possible, non plus, quant à son identité. « Et Joseph le mit dans son sépulcre neuf ». Puis, avant de s’en aller, il ferme avec soin l’entrée du sépulcre. Il roule à cet effet une grande pierre contre la porte (Matt. 27:60). « Et Marie de Magdala et l’autre Marie assistent à cette scène, « assises vis à vis du sépulcre » (ibid. 61).
Chers frères et sœurs, est-ce la fin de toutes les espérances de la foi ? Comme l’exprime l’apôtre : « Si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés....Nous sommes plus misérables que tous les hommes ». Mais conduit par l’Esprit, il ajoute aussitôt : « Maintenant Christ est ressuscité d’entre les morts » (1 Cor. 15:17-20). C’est en vain que les ennemis vont chercher, encouragés par Pilate, à rendre le tombeau inviolable, en scellant la pierre et en y mettant la garde (Matt. 27:65). Leurs précautions futiles ne feront que rendre le triomphe du Seigneur plus éclatant encore. C’est volontairement qu’Il est descendu dans les parties inférieures de la terre — ce qui signifie simplement qu’il a été enseveli (Éphés. 4:9). Mais il est aussi celui qui est sorti victorieux de la mort et monté au-dessus de tous les cieux. Il avait déclaré aux Juifs incrédules, qui réclamaient un miracle : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai...il parlait du temple de son corps » (Jean 2:19-21).
Au grand matin lumineux de la Résurrection, le troisième jour, éblouis, nous pouvons contempler le tombeau vide ! Un ange du Seigneur, descendant du ciel, a roulé la pierre et s’est assis sur elle (Matt. 28:2). Les linges sont à terre, et le suaire qui était sur sa tête, est plié dans un lieu à part (Luc 24:12 ; Jean 20:6-7). Tout s’est passé sans hâte, dans un ordre parfait. Quel contraste avec Lazare sortant du tombeau ! Il fallait le délier, pour le laisser aller (Jean 11:44). Mais ici l’Ennemi a connu la puissance du Seigneur, et il est manifeste que le tombeau aussi Lui rend obéissance !
Il est ressuscité, les siens l’ont vu. Il s’est présenté à eux vivant, « avec plusieurs preuves assurées ». Il leur a montré les blessures de ses mains et de ses pieds, témoignage sans fin de ses souffrances (Act. 1:3 ; Luc 24:39). Puis, après leur avoir parlé, il est élevé en haut dans le ciel et s’assied de plein droit à la droite de Dieu (Marc 16:19). Désormais, si le tombeau est vide, le trône est occupé, et nos cœurs désirent s’occuper avec adoration de tout ce qui Le concerne.
Vainqueur de Satan et du monde,
Le Fils de Dieu sort du tombeau :
Aux horreurs d’une nuit profonde,
Succède le jour le plus beau.
Plus de terreur, plus de détresse !
Ô chrétiens, peuple racheté,
Avec une sainte allégresse,
Chantons Jésus ressuscité !