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Similitudes des épîtres de Jude et Pierre

 

J. N. Darby (ajouts Bibliquest entre crochets)

Collected writings 13 p.216-231

 

1        [L’Écriture seule éclaire le sujet des similitudes entre Pierre et Jude]

1.1      [Suffisance de l’Écriture]

2        [La mythologie, source et contenu]

2.1      [Tableau de la mythologie selon l’épitre aux Romains]

2.2      [Danger du retour à l’idolâtrie mystique et mythologique et comment Satan s’en sert pour engluer les hommes]

2.3      [Effets de la lumière du christianisme et de l’Écriture]

2.4      [Quand la mythologie nourrissait les façons de penser du monde]

2.5      [Ce qui était conservé de la connaissance de Dieu]

3        [La vraie lumière apparue en Christ]

4        [Commencement du déclin dans l’Église quand l’ennemi s’infiltre]

5        [Comment les Écritures font face à la lumière déclinante de l’Église]

6        [Rapports des épitres de Pierre et Jude avec les développements précédents du mal]

7        [Grandes lignes des épitres de Pierre]

7.1      [Première épitre]

7.1.1        [Directions quant à la marche]

7.1.2        [Le temps du jugement approche. Dieu Créateur et Gouverneur]

7.1.3        [Rapport avec la prédication d’Actes 2]

7.2      [Deuxième épitre]

7.2.1        [Chapitre 1]

7.2.2        [Au-delà du royaume, jusqu’au jugement par le feu]

7.2.3        [La négation des droits divins sur la création]

7.2.4        [Rappel des jugements antérieurs]

7.2.5        [Les grands caractères du mal]

7.2.6        [La méchanceté surgissant de la vérité]

7.2.7        [La prédication aux esprits qui sont en prison]

8        [Grandes lignes de Jude]

8.1      [Le mal arrivant sous forme d’impies glissés parmi les fidèles]

8.2      [Cas précédents de ceux qui n’ont pas gardé leur origine]

8.3      [Venue du Seigneur en jugement]

9        [Jude et Pierre, l’un par rapport à l’autre]

9.1      [Sujet général]

9.2      [Dieu souverain et juste en Pierre]

9.3      [L’apostasie selon Jude]

9.4      [Différences entre la chrétienté d’occident et d’orient]

10     [Quelques mots sur le protestantisme]

10.1          [Sa lumière a été une délivrance, mais le déclin fait perdre la force morale]

10.2          [Sujets d’encouragement. Ce qu’il faut tenir fermement]

11     [Conclusion]

11.1          [Ce qu’il faut au chrétien pour marcher paisiblement]

11.2          [Ce qui est commun à Pierre et Jude]

 

 

1        [L’Écriture seule éclaire le sujet des similitudes entre Pierre et Jude]

La similitude entre l’épître de Jude et une partie de la seconde épître de Pierre a attiré l’attention, je dirais, de tous les lecteurs critiques, et de la plupart des lecteurs attentifs de l’Écriture. On a eu recours à toutes sortes de spéculations et de méthodes pour l’expliquer, sur lesquelles je n’attirerai pas l’attention des lecteurs. Je suis de plus en plus convaincu que quiconque lit la Parole de Dieu, avec l’aide du Saint Esprit, en saura beaucoup plus que n’importe quel spéculateur érudit qui, en raison de la manière dont il l’aborde, n’a pas la clé de l’Écriture, et manque les preuves même d’avoir un auteur divin, alors que ces preuves brillent d’un éclat sans entrave pour celui qui est enseigné par Dieu. Il faut se rappeler que la science n’a rien à faire là où les choses ne sont pas obscures, et qu’elle vit donc dans le doute et l’obscurité. Lorsqu’une chose est claire et certaine, elle n’est d’aucune utilité. Mon propos sera ici plutôt de remarquer le caractère et l’objet particuliers des épîtres.

 

1.1       [Suffisance de l’Écriture]

J’ajouterai seulement une remarque : le peu d’attention que j’ai pu accorder aux errances de l’esprit humain m’a convaincu que la Parole bénie de Dieu n’a pas seulement fourni une vérité directe de Sa part, ce qui est son but le plus doux et rempli de grâce, mais qu’elle a répondu à toutes les erreurs où les hommes ont été menés par le travail de l’esprit humain au sujet de Dieu. Quand on devient un tant soit peu familier avec ces égarements, les analogies correctives des déclarations de l’Écriture, la façon dont la manière d’enseigner la vérité répond à toutes ces erreurs, ne peuvent manquer de frapper l’esprit. Les incrédules n’ont pas manqué évidemment de découvrir ces analogies correctives, mais ils n’ont aucune idée de la sainteté et de la grâce qui brillent dans la Parole et qui assurent à l’esprit simple l’identité de l’Auteur ; ils s’occupent des simples circonstances extérieures qui s’y rattachent. Ils ont alors prétendu que ces analogies étaient empruntées aux Égyptiens, aux Juifs alexandrins et à je ne sais qui d’autre. Des hommes graves et sérieux — comme Gale dans son «Court of the Gentiles», et d’autres du même genre — ont cherché à démontrer que les Gentils les avaient empruntées aux Juifs. Pour ma part, je ne crois ni à l’une de ces thèses ni à l’autre.

 

2        [La mythologie, source et contenu]

Noé et les premiers patriarches avaient une connaissance étendue de Dieu tel qu’Il se révélait alors dans la création, les jugements et le témoignage ; ils connaissaient des promesses, des avertissements, le sacrifice, etc... ; et quant aux premiers événements de l’histoire divine, ils en connaissaient beaucoup mieux les détails que nous. Mais l’homme n’aimait pas garder Dieu dans Sa connaissance, et l’idolâtrie s’est installée ; de nombreuses traditions conservées jusque-là furent utilisées ; divers actes de méchanceté firent « les hommes vaillants de jadis », les «hommes de renom» des âges suivants, comme le dit l’Écriture, dont on conserva la mémoire. De tout cela un immense système fut établi, comprenant des lambeaux d’idées sur le vrai Dieu, des spéculations mentales à Son sujet, des faits concernant le déluge, son caractère, ses causes et son auteur, un souvenir ténu du paradis, d’autres souvenirs plus vifs de la méchanceté avant le déluge et des personnes épargnées par celui-ci ; la grandeur de la rébellion des hommes éleva les hommes de renom au rang de dieux, alors qu’ils sont comme des réprouvés, ce qui rend perplexes ceux qui s’occupent de mythologie ; le soleil, la lune et les étoiles se mêlèrent à tout cela, rendus comme vivants par l’imagination d’une existence personnifiée des grands disparus ; il y avait la connaissance du fait que le serpent était la cause du mal et de la connaissance du mal, mais il s’ensuivit qu’il fut adoré comme dieu ; le déluge était donc considéré comme une vengeance, mais il était associé au fait que le serpent avait son mot à dire ; la déification de l’arche elle-même comme une mère protectrice liée à la terre elle-même comme la matrice de la nature et de toutes choses ; et tout cela mêlé aux superstitions les plus dégradées et les plus avilissantes que la nature humaine corrompue puisse accepter et pratiquer, mais mystifiées en notions abstraites — tout cela fut utilisé par Satan pour obscurcir et confondre les pensées, et laisser à la conscience, qu’il ne pouvait aider, la possibilité d’un Tartare et de champs Élysées avec une transmigration des âmes ; comme le dit Paul, il s’y rajoutait quelque «dieu inconnu» pour leur déclarer tout cela.

 

2.1       [Tableau de la mythologie selon l’épitre aux Romains]

L’ensemble du processus est décrit avec précision dans Romains 1. On peut lire des volumes de mythologie païenne, mais l’ensemble du résultat est décrit là ; c’en est le tableau le plus parfait, sans qu’aucun élément moral ne soit perdu. Pour moi, cela est divinement parfait ; ainsi la Parole connaît, juge toute la scène et la rejette avec cette juste estimation, laissant l’esprit libre d’apprécier dans la claire atmosphère de la présence du vrai Dieu, respirant l’air pur de tout ce que la grâce et la vérité peuvent révéler dans la personne de Jésus Christ, et l’évangile de Sa grâce, afin de jouir de la vérité.

 

2.2       [Danger du retour à l’idolâtrie mystique et mythologique et comment Satan s’en sert pour engluer les hommes]

Ceci est un simple exemple de ce qu’est l’Écriture à cet égard. Je ne crois pas qu’il existe un labyrinthe de faussetés (parfois avec des approximations élevées de la vérité dans la voie de la connaissance, mais jamais pour amener à une quelconque relation de l’homme avec Dieu), ni une erreur par laquelle Satan a trompé l’homme et l’a tenu ainsi éloigné de Dieu, qui ne soit pas contré par la Parole. Nous en avons peut-être plus besoin que nous ne le pensons. Ma conviction est que le monde — car le vide de l’incrédulité ne peut le satisfaire — retombera dans les illusions de l’idolâtrie mystique et mythologique d’une manière que l’on ne soupçonne guère. Les hommes n’auront pas besoin d’y croire. Il peut s’agir d’une spéculation mentale pour certains, d’une image laissée à l’imagination pour d’autres, d’une habitude acceptée par tous, le pouvoir de Satan fixant solidement l’illusion dans les esprits. Elle a une emprise qui n’est pas la foi, mais qui est un pouvoir sur les pensées des hommes. Combien ont cru que la statue d’or de la plaine de Dura (Dan. 3) était un dieu ? Combien ont refusé de se prosterner devant elle ? Et une fois qu’elle a été érigée, qu’elle a été acceptée, que des motifs financiers ont poussé les hommes à se prosterner devant elle, leur faisant ainsi perdre leur force morale ; quand le pouvoir l’a imposé, les amusements et les commodités, les associations ou espoirs nationaux s’y intéressent, alors les hommes sont prêts à l’accepter, à l’expliquer par des subtilités intellectuelles liées au pouvoir mystérieux de la nature ; ils ont abandonné la conscience et le vrai Dieu, ayant perdu ceci qui était leur sauvegarde. Le filet de Satan est dès lors complet, et l’influence supérieure qu’il exerce sur les esprits, en plus des merveilles apparentes qu’il peut faire ; tout cela ficelle les hommes sans échappatoire, les liant à ce qu’ils ne croient peut-être pas et n’aiment pas : ils ne peuvent pas se dégager de ce en quoi ils sont englués par intérêt, même s’ils le méprisent et le craignent.

 

2.3       [Effets de la lumière du christianisme et de l’Écriture]

Permettez-moi de faire ici une remarque. On peut se demander comment la parole bénie de Dieu peut s’occuper de toutes ces horribles perversités. Nous devons être simples quant au mal, et sages quant au bien (Rom. 16). Certainement nous le sommes. Et c’est exactement ce que l’Écriture a heureusement opéré dans les hommes, relativement et partout où elle a été reçue. Ces horreurs misérables ont même disparu de la société en tant que système et ont été oubliées. Dieu merci ! Cela a été une délivrance pour l’homme, même extérieurement, dans ses relations avec Dieu. Et c’est l’une des perfections de l’Écriture que de l’avoir fait par la révélation du bien, de manière à ne pas entrer dans le mal auquel elle a à faire face dans le monde, bien qu’elle en juge brièvement le caractère moral, et, comme je l’ai déjà dit, elle a ainsi laissé l’esprit libre d’être occupé par le bien. Dieu veuille que les saints ne sortent pas de cette position bénie ! C’est leur privilège spécial béni de Dieu ; et je crois que la Parole est leur armement complet à tous égards, en supposant toujours la force et l’aide du Saint Esprit — la grâce opérant dans le cœur. Et voyez combien l’Écriture, c’est-à-dire notre Dieu dans Sa parole, est sage en cela. Lorsque ce genre de mal est rencontré, il est découvert et jugé. Un homme versé dans le mal y fait allusion, le juge, met en garde contre, sous la forme de quelque vérité. Le simple saint reçoit la vérité elle-même dans toute sa force et n’apprend jamais le mal. Dès qu’il l’a apprise, elle est condamnée et démontrée comme fausse. L’homme qui raisonne voudrait dévoiler et développer le mal, puis y répondre, et remplir ainsi les pensées. Mais Celui qui est bonté et lumière peut dissiper le mal et les ténèbres, selon la perfection de Sa sagesse divine, en se montrant Lui-même, mais d’une manière telle que personne ne peut s’empêcher de voir qu’ils sont opposés à ce qu’Il montre, si l’esprit les a sous les yeux : cependant, celui qui jouit du bien et de la lumière n’a pas besoin de se tourner vers l’autre pour savoir que la lumière est lumière, et le bien bien. La mesure dans laquelle Dieu touche à ces amorces des ténèbres est la mesure dans laquelle c’est nécessaire, en grâce, aux hommes.

 

2.4       [Quand la mythologie nourrissait les façons de penser du monde]

Maintenant, la lumière du christianisme — je ne dis pas simplement sa puissance vivante — a banni tous ces spectres du mal dans leur puissance évidente et directe [état de choses en 1853] ; ou plutôt, ils sont devenus des spectres, fournissent de la matière pour les dictionnaires mythologiques, le savoir classique et les spéculations savantes, les recherches asiatiques, les hiéroglyphes égyptiens, les panthéons, ou les taureaux ailés de Ninive, nouvellement découverts, exposés dans un musée. Le public ne connaît ces choses que de cette manière, et, par conséquent, les pensées des saints n’a aucun lien avec elles. Mais il n’en était pas ainsi lorsque les Écritures ont été écrites. Les pensées du public en étaient remplies, bien que les philosophes aient commencé à spéculer et à s’en moquer, et que beaucoup s’en soient lassés. Pourtant, les habitudes se sont toutes formées à partir d’elles. Lorsque Paul guérissait un impotent, ils allaient lui offrir un sacrifice ; le silence plein de dignité de Barnabas le faisait passer dans leur esprit pour Jupiter, et le discours fervent de Paul le faisait passer à leurs yeux pour Mercure. S’il était piqué par une vipère, Némésis (la vengeance) ne voulait pas lui laisser la vie sauve ; et quand il ne recevait aucun mal, ils changeaient d’avis et disaient que c’était un dieu.

Quant à la masse, ce système était lié à la puissance, et lorsqu’ils voyaient de la puissance, ils l’attribuaient toujours à ce qui était des démons et non à Dieu ; et cela était tellement ancré dans leur esprit que même les esprits spéculatifs, comme les Athéniens en quête de nouveauté, pensaient que Paul préconisait de nouveaux dieux, parce qu’il prêchait Jésus et la résurrection, prenant cette dernière (je suppose) pour une déesse. C’est ainsi que cela tendait à empiéter, par l’intermédiaire de l’homme, sur l’œuvre divine pour la gâcher, comme l’esprit de la pythonisse qui annonçait Paul et Silas comme les instruments et les serviteurs du Dieu très haut, sans parler en fait de Jésus, mais en s’accréditant elle-même en associant son témoignage au leur. Et Simon le magicien voulait acheter cette puissance qui menaçait d’éclipser la sienne, car il connaissait assez la vacuité de sa puissance pour s’étonner en face de la puissance réelle. Au pouvoir de Satan répondait quelque chose de similaire, sauf que c’était vrai et divin. Lorsque l’esprit se penche sur le mal qui prévalait alors, il découvre l’allusion.

 

2.5       [Ce qui était conservé de la connaissance de Dieu]

Les Écritures reprennent les fables de l’idolâtrie revêtues alors de l’énergie de la puissance satanique, elles y font allusion et les jugent. Elles précédaient le jugement prononcé sur elles et sur les formes dans lesquelles la vérité était exprimée afin de les condamner et de délivrer l’esprit asservi. Le ritualisme juif était un système laborieux destiné à préserver, par des soins remplis de grâce, quelques hommes au moins, dans la connaissance du vrai Dieu, et à préserver cette connaissance par eux, alors que les dégradations des idolâtries abominables entraînaient les gens devant eux, jusqu’à ce que vienne la vraie Lumière et la Semence promise. Dieu ne voulait pas faire un second déluge ; le monde est réservé pour le feu. Il voulait que quelque chose soit préservé au milieu du déluge moral dont Satan avait submergé les pensées des hommes. Les vérités existaient dès le commencement ; beaucoup des grands faits rapportés dans les Écritures étaient notoirement antérieurs à leur enregistrement par écrit ; les corruptions étaient le premier effort de l’homme, le remède y était apporté en revêtant les vérités de certaines révélations positives, en jugeant et en préservant des corruptions l’intervention en grâce et en miséricorde de Dieu. Voilà la véritable histoire du monde ; du moins, pour ma part, je n’en doute pas.

 

3        [La vraie lumière apparue en Christ]

Ainsi, tandis que les saints jouissent historiquement de la vérité telle qu’elle a été révélée quant à la création et à toutes les voies subséquentes de Dieu avec les hommes, et tandis qu’enfin la lumière elle-même est apparue en Celui qui a créé, en qui la grâce et la vérité sont venues, — ceux qui fouillent dans l’ancien mal, qui est maintenant un sujet d’érudition, trouvent dans l’Écriture des allusions et des références à ce mal. Les formes de vérité y font face à la vérité corrompue et aux corruptions dans lesquelles Satan avait empêtré l’homme. Et comme l’esprit universel connaissait ces choses à l’époque, même le Nouveau Testament y fait allusion. Mais ici, il faut faire une distinction lorsque le plein éclat de la lumière divine a brillé en Christ pour former la chose nouvelle. Il n’y avait besoin de rien d’autre que de cela — Dieu Lui-même pleinement révélé. En face de la vérité, la grâce, la puissance, toutes en exercice effectif, qu’est-ce qu’un Simon le magicien ou une spéculation idolâtre ? Elle s’efface dans son propre néant devant la lumière. Nous savons (car nous le savons tous) qu’une idole n’est rien. Les ombres, dans tous les sens du terme, se sont enfuies. La vie était la lumière des hommes. Que pouvait faire même (pour ne rien dire du flamboiement de la vérité) un démon chassé ou un oracle réduit au silence, sinon rendre furieux leurs partisans contre ceux qui exerçaient un pouvoir qui ne voulait pas les reconnaitre et qui, absolu, universel et inexorable dans ses revendications comme le vrai Dieu doit l’être, ne voulait accepter aucun camarade (quelle que soit la grâce avec laquelle il agissait) — ne voulait recevoir aucun hommage conciliant de la part de ce qu’il est venu détruire. Cela rendait furieux ceux qui renversaient l’illusion et détruisaient la puissance (tout ce qui s’élève contre la connaissance de Dieu), délivrant l’homme de l’emprise de Satan maintenue par l’un et l’autre : le judaïsme a été traité comme dépositaire de la vérité tant qu’on pouvait espérer, avec la plus grande patience, une crainte de Dieu, mais il a été ensuite jugé comme sombrant dans le niveau commun, comme associé, dans son hostilité, à la puissance qu’il ne voulait pas reconnaître,  et associé à l’idolâtrie contre laquelle il avait été le témoin ?

 

4        [Commencement du déclin dans l’Église quand l’ennemi s’infiltre]

Mais hélas ! car des hommes étaient encore dépositaires de la vérité, et le Seigneur, pour lui donner son plein caractère céleste, était monté en haut (au ciel). Cette énergie révélatrice du bien déclina peu à peu. La vérité est sans doute restée la même. Béni soit Dieu ! c’est la vérité écrite, mais le vase de sa manifestation vivante a perdu son énergie conservatrice. Et la puissance de l’ennemi a commencé à s’infiltrer là où aurait dû se trouver la puissance de délivrance pour les autres. Et remarquez ici que l’énergie et la puissance de l’Église se trouvent en grâce en Dieu. Si elle n’est qu’un corps délivré, c’est un corps faible. Pour être préservée, elle doit être un corps qui délivre, car c’est la puissance de la présence de Dieu en Christ et dans le christianisme. Prenez la plus humble assemblée de saints ou un chrétien individuel. S’il n’y a pas l’énergie d’un témoignage positif qui agit sur d’autres, il y a déclin. Le Dieu de la grâce ne peut pas être inerte dans un témoignage dans un monde de péché. Ce serait une contradiction dans les termes mêmes.

 

5        [Comment les Écritures font face à la lumière déclinante de l’Église]

C’est pourquoi, dans le déclin des chrétiens, nous trouvons des allusions constantes à toutes sortes de maux perdus de vue, pour ainsi dire, à la lumière de la première promulgation du christianisme. Prenez les épîtres à Timothée, celles de Jean, même les Colossiens et déjà les Galates, Pierre, Jude. Les faux docteurs, la corruption, l’apostasie, les antichrists, l’Antichrist, commencent à apparaître dans la lumière déclinante de l’Église. Ce déclin de l’Église est la source principale du mal, mais ce n’est pas la seule forme qu’il prend. Le pouvoir de délivrance une fois affaibli, les anciens maux refoulés réapparaissent, peut-être modifiés, mais identiques (*) — corruption humaine et propre volonté, idolâtrie ou paganisme, judaïsme privé de tout ce qui était de Dieu en lui, spéculations dans les voies d’un monde invisible.

 

(*) Galates 4:8-9 montre que le judaïsme sans Dieu était du paganisme.

 

[Ce que dit l’Écriture face au déclin] se divise en deux grandes branches.

●         Premièrement, la relation de l’homme vis-à-vis de Dieu en tant que tel, qui a été corrompue dans le paganisme et rétablie dans le Judaïsme, bien que sans une pleine révélation de Dieu que l’homme n’aurait pas pu supporter ; cette relation a été parfaitement rétablie dans le christianisme avec une pleine révélation, un point souvent perdu de vue, mais sur lequel les apôtres ont insisté dans leur prédication parmi les païens ou là où se trouvaient les païens ;

●         et, deuxièmement, la relation spéciale dans laquelle la révélation a placé les hommes avec Dieu, et en particulier le christianisme qui supplante tous les autres par sa lumière publique, c’est-à-dire la position responsable de l’Église sur terre, comme établie par Dieu dans une place de témoignage — pour garder et témoigner du bien.

 

[Ce que traite l’Écriture dans ces deux domaines :]

●         L’une concerne le gouvernement du monde, des hommes, des Juifs, des chrétiens, en tant que marchant de manière responsable sur terre, jusqu’à la fin, en relation avec le péché et la justice en tant que tels devant Dieu (bien sûr, en incluant et en jugeant à la lumière du christianisme et des droits de Christ aujourd’hui).

●         L’autre concerne les responsabilités particulières et la faillite de l’Église, comme établie témoin sur terre des choses célestes qu’elle avait en relation avec un Sauveur exalté en haut.

 

Il en résulte un double courant de témoignage quant au mal. [Un premier courant de témoignage quant à] l’abandon ou apostasie de l’Église en tant que corps professant ici-bas, ouvrant la route aux autres maux, tout en étant un mal particulier en soi. [Un second courant de témoignage vis-à-vis du] paganisme (quelle que soit sa forme de développement), du Judaïsme, de la révolte de l’homme contre Dieu, de la corruption. Le premier courant concerne l’église professante et son jugement particulier ; le second courant concerne la relation entre l’homme et Dieu.

Je ne peux pas maintenant entrer dans le point de vue de Paul à ce sujet. Vous le trouverez dans 2 Thessaloniciens 2 dans son caractère prophétique avec la puissance du mal à l’œuvre, et dans 2 Timothée 3, dans son caractère moral. J’aborderai une partie de ce sujet une autre fois, si le Seigneur le permet.

Je pourrais aussi mentionner ici le témoignage de Jean, qui le considère en relation avec la personne du Seigneur Jésus Christ, ainsi qu’avec les fruits et le caractère de la vie divine, tels que manifestés dans l’homme, en Lui et donc en nous, comme ce qui testait ainsi doublement la vraie connaissance de Dieu.

 

6        [Rapports des épitres de Pierre et Jude avec les développements précédents du mal]

Mais je dois maintenant me limiter à Pierre et à Jude. Pierre aborde toute cette question en rapport avec les relations de l’homme avec Dieu, bien sûr à la lumière du christianisme, le gouvernement du monde — Jude, la relation de l’Église avec Dieu et Christ, en tant que vase responsable du témoignage de la grâce.

 

Des maux communs étaient devant les yeux de l’un et de l’autre — des maux liés à la résurgence de la puissance des anciennes corruptions et perversions de la vérité, fraîchement conservées depuis l’époque de Noé lui-même ; mais ils sont traités d’une manière différente. Pierre parle du péché contre Dieu ; Jude, de l’apostasie quant à la place où l’on avait été placé. Il y avait trois grands principes de mal à l’époque :

●         les spéculations mentales sur un monde invisible (et les pouvoirs de la nature et de ce qu’elle produit), ce qui semblait être de l’humilité, mais qui s’immisçait dans des choses qu’on n’avait pas vues, vainement gonflé dans un esprit charnel ; ceci lié au prétendu mal de la matière, d’où les interdictions de se marier, de manger de la viande, qui n’honorent en rien mais qui satisfont la chair. C’est ce qu’on appelle communément le gnosticisme,

●         le second était le judaïsme,

●         le troisième le paganisme,

 

tous opposés à Christ, tous se rejoignant ; le gnosticisme formant le lien entre paganisme et judaïsme, et dont les éléments se retrouvent dans la corruption du christianisme qui se donne le nom d’Église, et en a fait, vu sous l’angle de la responsabilité de l’homme, la grande puissance du mal dans le monde.

 

7        [Grandes lignes des épitres de Pierre]

7.1       [Première épitre]

7.1.1        [Directions quant à la marche]

La rédemption par l’œuvre du Seigneur et la régénération par la parole sont clairement énoncées dans la première épître de Pierre. Mais il n’est pas dans mon propos de développer cela ici. Les chrétiens sont vus comme l’avaient été les Juifs dispersés, des pèlerins au milieu du monde dans lequel ils sont étrangers. Ils ne sont pas vus, comme si souvent dans les épîtres de Paul, ressuscités avec Christ et assis dans les lieux célestes, mais comme marchant sur la terre, bien que régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts pour un héritage conservé dans les cieux, eux étant gardés par la puissance de Dieu pour la révélation aux derniers temps. C’est pourquoi il y a peu de développement doctrinal chez Pierre, mais beaucoup de directives sur la marche à suivre. La révélation de Christ apportera la pleine délivrance. Jusqu’à ce moment-là, ils devaient espérer jusqu’à la fin, ayant les reins de leurs pensées ceints et étant sobres. Ainsi, tandis que les grandes vérités fondamentales du salut et de la vie éternelle sont clairement énoncées pour le salut des âmes, nous avons le gouvernement et les relations de Dieu avec les hommes et les saints dans ce monde. Si un homme aime la vie et veut vivre des jours heureux, il doit se comporter de telle ou telle manière. Qui pourrait leur faire du mal s’ils suivaient le bien ? S’ils souffraient pour la justice (comparez Matt. 5:10), ils étaient heureux, ils devaient sanctifier le Seigneur des armées et ne pas être troublés. Il ne s’agit pas d’un avertissement à ne pas attrister le Saint Esprit, mais, en tant que pèlerins et étrangers, de s’abstenir de ce qui fait la guerre à l’âme ; sous le mal, d’être patient, comme Christ a tout supporté. Ils ne s’attendent pas à rejoindre Christ au ciel par la résurrection, mais à ce qu’Il vienne pour la délivrance. Entre-temps, les yeux du Seigneur sont sur les justes, et Son oreille est ouverte à leurs prières. Vérités bénies et consolantes, mais qui concernent évidemment les saints ici-bas, et le gouvernement de Dieu sur le monde.

 

7.1.2        [Le temps du jugement approche. Dieu Créateur et Gouverneur]

Nous avons donc Noé sauvé par le jugement du monde par l’eau. L’évangile a été prêché pour que les hommes soient jugés ou vivent. Le temps était venu que le jugement commence par la maison de Dieu, clairement sur la terre. Les justes sont sauvés difficilement à travers les dangers et les harcèlements de la puissance de Satan : quelle sera la fin du pécheur et de l’impie ? Pourtant, ils doivent confier leurs âmes à Dieu, comme à un Créateur fidèle, en faisant le bien. C’est pourquoi, bien que l’on trouve la pleine affirmation du Père et de l’Esprit, il est parlé en général de Dieu comme ayant affaire aux hommes en tant que Créateur-Gouverneur ; et Christ est Seigneur, non pas Fils, ce qu’Il n’est d’ailleurs pas appelé dans l’épître.

 

7.1.3        [Rapport avec la prédication d’Actes 2]

Ceci ne fait que montrer sa perfection ; tout est à sa place et en ordre divin. Cela correspond à la prédication de celui (Pierre) qui annonçait que Dieu avait fait Seigneur et Christ ce Jésus qu’ils avaient crucifié. C’est en tant que tel qu’Il est présenté ici. Cependant, la vérité est clairement là. Des bénédictions sont demandées pour eux au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

7.2       [Deuxième épitre]

7.2.1         [Chapitre 1]

La deuxième épître va plus loin dans le mal que l’opposition d’un monde impie et la nécessité d’un châtiment pour l’Église. La sollicitude apostolique allait bientôt s’éteindre, et il voulait mettre par écrit, pour leur sécurité ultérieure, ce qui les mettrait en garde contre d’autres formes de méchanceté que celle d’un monde hostile. Le royaume est encore la limite de leur espérance, sauf dans la seule expression sur l’horizon : «l’étoile du matin levée dans vos cœurs». La puissance et l’avènement étaient ce qu’il avait fait connaître, et il désirait qu’ils aient une riche entrée dans le royaume. La montagne de la transfiguration avait confirmé les prophètes dans leur témoignage de cette gloire manifestée que les hommes pouvaient voir, que Pierre et ses deux condisciples ont vue sur la terre ; et les prophètes prophétisent des événements sur la terre, bien qu’ils témoignent de l’ascension de Christ au ciel, comme le fait aussi l’apôtre (1 Pierre 3:22).

 

7.2.2        [Au-delà du royaume, jusqu’au jugement par le feu]

Mais ce gouvernement juste va plus loin que le royaume. Les méchants, qui se sont fiés à ce que l’œil pouvait voir et à ce qui était stable pour le cœur volontairement trompé de l’homme, seront confrontés à un jugement qui mettra de côté tout ce en quoi la poussière peut se fier : le jour du feu et de la destruction des hommes impies, où toute la belle scène d’un monde orné se fondra sous la chaleur ardente du feu que la colère de Dieu a allumé. Celui qui peut créer peut détruire, et Celui qui a détruit toute forme et toute beauté peut créer à nouveau, et Il le fera — de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où le péché n’existera plus. Le déluge avait, une fois et pour un temps, nettoyé en vain un monde pollué de son horrible souillure, et n’avait laissé qu’un souvenir de la culpabilité et de la catastrophe comme avertissement aux hommes rebelles. En vain. La nature renouvela son ordre, et l’homme son péché, et il crut volontairement qu’il en avait été ainsi depuis la création, et qu’il en serait encore ainsi à l’avenir. On se moquait de la venue de Christ. Nous sommes ici manifestement en présence du jugement du monde — des hommes. C’est une scène qui s’étend depuis la création jusqu’au jugement du monde, alors formé, par le feu, à la fin finale de son histoire mouvementée, de l’homme juste ou méchant devant Dieu — le monde étant la scène où se déploie Son gouvernement. Seulement les derniers jours, auxquels Il devra alors s’adresser, seront caractérisés par la moquerie à l’égard de la venue du juste Juge, clôturant le jour de la patience et amenant le jour du jugement.

 

7.2.3        [La négation des droits divins sur la création]

Or, dans cette scène, deux classes sont introduites, les justes et les méchants ; seulement, un caractère particulier est donné à la forme sous laquelle, en ce qui concerne les chrétiens, la méchanceté se répandrait. Des faux docteurs introduisent des hérésies de perdition, reniant le Maître qui les a achetés. Il ne s’agit pas ici du Seigneur au sens de Jésus notre Seigneur ; il s’agit de Celui qui, par son achat, a un titre sur tous les hommes. Le chef de tout homme est Christ. Ce n’est pas tout, Dieu a pouvoir sur tous les hommes, sur toute chair ; Christ a pouvoir sur toute chair, et cela par droit d’achat aussi bien que par droit de création. Ils résisteront à cela. Il ne s’agit pas d’abandonner des privilèges ecclésiastiques, mais de nier des droits divins que le jugement veut établir, et dont la fonte de toute la scène (lorsque l’homme se sera montré à ses propres yeux par des prétentions hautaines en l’absence de Celui qui pouvait les mettre à l’épreuve) sera la confusion finale — la fin de la scène dans laquelle une telle folie aura été montrée.

 

7.2.4        [Rappel des jugements antérieurs]

C’est pourquoi il rappelle les grands cas et les exemples de jugements semblables. Les anges ont péché : ils sont enchaînés dans les ténèbres, réservés pour le jugement. Noé, le prédicateur de justice, a été épargné, tandis que le monde des impies a été détruit ; Sodome et Gomorrhe ont été renversées pour servir d’exemple aux impies, et le juste Lot a été délivré. Le Seigneur sait alors délivrer les hommes pieux, et réserver les injustes pour un jour de jugement où ils seront punis — en attendant, patience et piété.

 

7.2.5        [Les grands caractères du mal]

Les grandes caractéristiques du mal sont la volonté humaine qui se manifeste par des prétentions hautaines et le rejet de l’autorité — la contrainte de Dieu sur l’âme a disparu — la seigneurie de Christ qui est niée et rejetée ; et, avec elle, le rejet hautain de toute autorité a fait son apparition : avec cela, la volonté, qui rejette ce qui est au-dessus d’elle, se livre à la vile satisfaction de ses propres convoitises charnelles.

 

7.2.6        [La méchanceté surgissant de la vérité]

Mais cela a été introduit par de faux docteurs cupides utilisant des paroles trompeuses. Cela se passait en relation avec ceux qui professaient la voie de la vérité, de sorte que celle-ci était blasphémée. Nous voyons donc chez Pierre le mal lié à l’Église, caractérisé par le rejet de la seigneurie de Christ, la volonté propre et la convoitise. C’est de la méchanceté, bien qu’elle ait surgi en relation avec la vérité. Et c’est une méchanceté considérée en présence d’un Dieu qui juge la terre, qui en a donné des preuves solennelles et qui réserve les anges pour ce jugement — un Créateur fidèle qui préservera les âmes des fidèles à travers tout cela ; et le jugement est considéré comme allant jusqu’à la dissolution des éléments de cette création visible. Dieu est un Dieu de jugement et, bien que lent à la colère, Il punira sûrement la méchanceté. Cela exclut la simple idée d’une apostasie particulière. Les anges pèchent ; le monde est impie ; Sodome et Gomorrhe vivent dans l’impiété, et le jugement les attend, ou a été exécuté ; il en sera de même pour ceux qui méprisent Christ et toute seigneurie. Toute espérance de la nature périra dans la dissolution de la nature sous la main de Dieu.

 

7.2.7        [La prédication aux esprits qui sont en prison]

J’ajouterai, en passant, que cela clarifie un passage qui a souvent laissé les gens perplexes — la prédication aux esprits en prison. Il ne s’agit que de ceux de l’époque de Noé. Pierre parle de l’Esprit de Christ dans les prophètes. Les croyants formaient un petit troupeau, tout comme la famille de Noé. Christ était présent seulement en Esprit : il en était de même au temps de Noé ; cependant, ceux qui le méprisaient étaient en prison, et tel serait le sort de ceux qui négligeaient aujourd’hui le témoignage de Christ par l’Esprit. Ils seront mis en prison pour le jugement. Il en fut de même pour les saints de l’Ancien Testament alors décédés. Les promesses leur avaient été annoncées, mais la possession n’en avait pas été donnée ; ainsi, en marchant comme des hommes sur la terre, ils étaient soumis au jugement en conséquence ; si le témoignage était reçu, ils vivaient selon Dieu en esprit, comme les saints sont appelés à le faire aujourd’hui.

Un Dieu jugeant ceux qui marchent sur la terre, et recherchant la justice ; enfin un nouveau ciel et une nouvelle terre, où la justice habitera : tel est le témoignage du Saint Esprit par Pierre.

 

8        [Grandes lignes de Jude]

8.1       [Le mal arrivant sous forme d’impies glissés parmi les fidèles]

Je passe maintenant à Jude. Ici, nous trouverons l’Église et l’abandon de sa position, le sujet principal de l’Esprit. Il s’efforçait d’écrire avec diligence sur le sujet commun et béni de leur édification, mais il a été contraint de se mettre à écrire sur l’arrivée du mal. L’Église elle-même (le témoin du bien au milieu du mal, et donc contre le mal) devenait, par son déclin et ce travail subtil et secret, le vase même du mal. Ce ne sont pas des enseignants qui introduisent des voies pernicieuses, afin que la voie de la vérité soit calomniée. Des hommes se sont glissés furtivement parmi les chrétiens ; ils étaient des impies qui ont changé la grâce en lascivité ; ils ont renié le seul Seigneur Dieu (le mot Seigneur est le même que le «Seigneur» qui les a achetés, et non le mot habituel, et il signifie l’autorité absolue d’un maître sur ses esclaves). Dans 2 Pierre, c’est le Maître qui les a achetés ; ici, il s’agit de la domination et de l’autorité absolue de Dieu comme tel et de la seigneurie de Christ qui va avec. Il s’agit de la même classe que celle dont parle Pierre ; mais là, il s’agissait de gens cupides enseignant la méchanceté ; ici il s’agit de gens qui se sont infiltrés dans l’Église parmi les saints. Ils étaient dans leurs festins d’amour (agapes), festoyant avec eux sans crainte, et c’étaient les objets du jugement, comme cela a été attesté depuis le commencement du monde, d’après le témoignage d’Énoch qui, enlevé auprès de Dieu dans le ciel, a témoigné au monde de ce qui l’attendait de la part du Seigneur, spécialement sur les impies, dont les discours orgueilleux s’étaient élevés contre lui. Le mal dont parle Énoch était cette impiété et cette résistance au Seigneur, de ceux qui disent : «Par nos langues nous prévaudrons ; nos lèvres sont à nous : qui est seigneur sur nous ?» (Ps. 12:4). Jude montre comment cela se produit. L’Église qui, dans un certain sens, avait été délivrée du monde, ayant en son sein ces gens infiltrés et possédés de cet esprit, était en danger, comme corps sur la terre, d’abandonner sa position, comme tous ceux qui s’étaient éloignés auparavant. Elle avait été placée hors du monde pour montrer la bonté et la sainteté de Dieu, et non pas simplement l’autorité unique du seul Dieu, mais aussi la seigneurie de Jésus Christ. Si elle laissait entrer ce qui le reniait et perdait son premier état, le seul remède était le jugement et non un autre témoignage. C’est donc l’apostasie et l’abandon du premier état sur quoi il est ici insisté, et non sur le fait de la méchanceté.

 

8.2       [Cas précédents de ceux qui n’ont pas gardé leur origine]

Les anges ne sont pas simplement ceux qui ont «péché» ; ils ont quitté leur premier état et n’ont pas gardé leur propre demeure ; ils sont réservés pour le jugement, comme Sodome et Gomorrhe qui sont allées après une autre chair et sont données en exemple. Il ne s’agit pas ici du sauvetage d’un résidu, mais simplement du jugement sur l’abandon du chemin de leur nature. Ainsi, bien qu’Israël ait été racheté de l’Égypte, Dieu a ensuite détruit ceux qui n’ont pas cru. Le mal consistait alors à ne pas maintenir leur état d’origine. Il pouvait s’agir d’un mal naturel comme Caïn, ou religieux comme Balaam, ou encore d’une rébellion ouverte comme Coré. Lorsqu’il a pris ce caractère, la perdition arrive. Ils sont deux fois morts, naturellement et par apostasie après avoir professé ; ils n’avaient pas de fruit réel ; ce qu’ils avaient en apparence,  s’était desséché. Ils étaient des nuages, mais ils n’avaient pas d’eau. Le jugement sera exécuté contre eux quand le Seigneur viendra avec dix mille de Ses saints ; mais ils se glissaient dans l’Église à ce moment-là.

 

8.3       [Venue du Seigneur en jugement]

C’est pourquoi, comme il s’agit de la dispensation actuelle, de l’Église comme corps de témoins sur la terre, il ne parle pas du jour, ni de la dissolution des éléments, mais de la venue du Seigneur, qui jugera les apostats du temps présent. De plus, Pierre, en parlant du jugement du monde, parle de la révélation de Christ au monde, et de l’effondrement du cadre actuel des choses par le feu du jugement. Il ne parle pas de la venue de Christ en ce qui concerne les saints, si ce n’est par les moqueries des moqueurs. Jude, traitant de l’Église et des apostats de cette dispensation, introduit le Seigneur avec Ses saints pour les juger ; mais lorsqu’il adresse directement ses salutations aux saints, il parle de leur présence devant Lui. C’est là sa base, car il s’occupe de ce qui est la part de l’Église : «À celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie,— au seul Dieu, notre Sauveur… soient gloire, majesté» (Jude 24-25).

 

9        [Jude et Pierre, l’un par rapport à l’autre]

9.1       [Sujet général]

Cette incursion des vieux principes du mal, connus depuis les anges jusqu’aux jugements solennels du déluge, de Sodome et de Gomorrhe, sont en vue à la fois par Pierre et Jude. Pierre l’applique au jugement des hommes et du monde par Dieu ; Jude, à la ruine du corps de témoignage et à l’apostasie de ceux qui ne sont pas gardés par Dieu à travers le mal qui s’est glissé dans l’Église, lieu du saint témoignage dans le monde et à l’égard du monde.

 

9.2       [Dieu souverain et juste en Pierre]

Pierre parcourt toute la scène de la création, depuis le péché des anges jusqu’à la dissolution finale des éléments dans leur chaos primitif, pour être renouvelés en «un nouveau ciel et une nouvelle terre» ; il parle d’un Dieu souverain et juste, qui juge, qui ne supporte pas le péché et qui ne peut tolérer la rébellion. Christ est présenté comme Seigneur, mais dans le jugement, il parle d’un Créateur fidèle, qui épargne et délivre toujours les justes, et qui a prouvé qu’Il le ferait, de sorte que l’on peut Lui faire confiance. Le titre juste et souverain, et la position de Christ dans ce titre, caractérisent le témoignage de ces épîtres — Dieu et le monde sont en vue, et Dieu en jugement juste.

 

9.3       [L’apostasie selon Jude]

Jude descend jusqu’à une scène de plus en plus proche. Des hommes mauvais se sont glissés dans l’Église et, une fois la corruption installée, le lieu de témoignage devient la scène de la puissance du mal. Les anciens maux se manifestent, mais en prenant naissance dans l’Église, ils donnent à ceux qui y sont engagés le caractère terrible d’apostasie. La chair, de grandes prétentions au sein de l’Église, aboutissant à des discours durs contre le Seigneur lui-même ; et puis ce jugement par Sa venue, dont le Seigneur avait déjà parlé autrefois par la bouche d’Énoch, l’ancienne prédiction du jugement trouvant ses objets dans les apostats de la dernière ressource de la grâce. Le Nouveau Testament dévoile leur caractère actuel. Il s’insinuait dans l’Église dans ce but. Peu de gens (je crois) savent jusqu’à quel point la partie imaginative du paganisme gnostique est allée, comment elle s’est liée au judaïsme, comment elle a laissé les empreintes de ses souillures sur le christianisme de nom, sur ce qui occupe la place publique de l’Église.

Les Juifs philosophes croyaient que les étoiles étaient des êtres animés, ce qui était du sabéisme.

 

9.4       [Différences entre la chrétienté d’occident et d’orient]

L’influence du paganisme sur les Pères de l’église, en particulier ceux de l’école d’Alexandrie, était effrayante ; personne ne peut douter que des gens comme Origène et Clément en aient été largement imprégnés. L’incursion des anciens maux dans la chrétienté occidentale, moins imaginative (et donc plus orthodoxe), creusait davantage dans le judaïsme quant à son caractère. Elle n’a cependant pas échappé à l’intrusion du mal. On y adore les saints et les anges, on interdit le mariage et on ordonne de s’abstenir de viandes, on prétend à la justice humaine par des œuvres et des ordonnances ; on nie largement la seigneurie et la grâce de Christ. En d’autres termes, les éléments du judaïsme, du gnosticisme et du paganisme sont tous présents — leur développement est freiné, mais ils sont présents et caractérisent le système — la masse ayant rejeté complètement la seigneurie de Christ. Cet élément est bridé, mais il est toujours prêt à éclater lorsque la contrainte de Dieu est levée.

 

10 [Quelques mots sur le protestantisme]

10.1  [Sa lumière a été une délivrance, mais le déclin fait perdre la force morale]

Les gens ne se rendent pas compte à quel point le protestantisme a été une délivrance à cet égard. Mais, hélas, il a perdu sa force morale ; il s’est tourné vers l’incrédulité. La lumière qui était en lui est devenue ténèbres d’un côté, là où il avait rejeté le vieux système gnostique judéo-païen ; et de l’autre côté, là où il en avait conservé quelques éléments, ayant perdu sa force vitale, il y revient de nouveau, comme le chien retourne à son vomissement, pour se plonger volontairement, et donc sans espoir, dans le mal que Dieu est sur le point de détruire, parce qu’il ne reste plus que le jugement. Les masses, quand l’esprit est actif, vous verrez, je n’en doute pas, se tourner vers l’incrédulité rationaliste ; les ordres supérieurs et les pouvoirs gouvernementaux seront sous l’influence du judéo-paganisme.

 

10.2  [Sujets d’encouragement. Ce qu’il faut tenir fermement]

Cependant, Dieu tient les rênes, et il y a Celui qui, s’Il ferme, personne ne peut ouvrir ; s’Il ouvre, personne ne peut fermer ; et dans l’énergie de Sa grâce, il nous appartient, en toute sagesse, car les jours sont mauvais, d’affirmer la Seigneurie de Christ, la sainteté spirituelle de Son nom dans le monde, et la perfection de Sa rédemption, don d’un Dieu d’amour alors qu’il n’y avait rien de bon en l’homme, et parfait pour nous réconcilier avec Lui. La parole écrite est la grande règle immuable et sûre, où Dieu Lui-même parle ; elle est indiquée comme sauvegarde dans les derniers jours, lorsque les prétentions de l’Église, qui contredisent la seigneurie de Christ (car j’ai un seigneur et maitre, et non une dame, au-dessus de moi, et je ne peux servir deux maitres), et avec elles la corruption s’élèvent, alors que nous attendons chaque jour Celui qui nous présentera irréprochables devant la présence de Sa gloire, avec abondance de joie.

 

11 [Conclusion]

11.1  [Ce qu’il faut au chrétien pour marcher paisiblement]

Je n’ai fait qu’esquisser (et en gros, j’en suis bien conscient sans fausse modestie) les grands principes de ces épîtres ; mais j’espère l’avoir fait suffisamment en conformité avec la vérité pour permettre aux saints qui les lisent de se servir de ce que j’ai dit comme d’une aide, dans la mesure où c’est le cas. Si cela les éveille au sens du caractère effrayant du mal qui s’annonce, l’apostasie laissant entrer le flot aggravé et plus subtil d’anciens maux mis en place depuis longtemps par Satan, et leur fait sentir qu’ils ont vraiment à faire à l’ennemi, ce sera vraiment utile. Rappelons-nous seulement que, tout en marchant tranquillement dans le monde, soumis aux autorités en place, comme étant de Dieu, ne s’attendant pas à ce que les hommes nous fassent du mal si nous sommes imitateurs de Celui qui est bon, heureux si c’est pour la justice ou pour Christ que nous souffrons, les chrétiens ne devraient en rien être terrifiés par leurs adversaires, gage évident pour eux de perdition, mais pour eux-mêmes de salut et cela de la part de Dieu (Phil. 1:28). Et si la Seigneurie de Christ est niée, sous couvert de vouloir établir l’autorité de l’Église, ou ouvertement, les chrétiens croient quand même qu’Il est Seigneur et qu’Il a la puissance de maintenir Sa Seigneurie, et tout le pouvoir dans les cieux et sur la terre. Notre rôle est donc de garder la parole de Sa patience, et notre sécurité et notre joie avec Lui seront complètes.

 

11.2  [Ce qui est commun à Pierre et Jude]

Les critiques ont été frappés par la similitude des sujets partiels de Pierre et de Jude. Il ne pouvait en être autrement ; ce sont les expressions du mal qu’ils combattaient et qui s’insinuait alors ; la partie qui frappe le plus les critiques, était parfaitement connue de tous les païens. L’Esprit s’occupait de ce qui se trouvait devant eux. La manière de le traiter était tout à fait distincte. Les grands exemples publiques de jugement étaient également présents et connus de tous ; mais Jude cite un cas (Israël) en rapport avec son but, ce que Pierre ne fait pas ; et Pierre se réfère à la dissolution finale, tandis que Jude se réfère à la venue de Christ avec Ses saints. Il y a là ce qui devait être commun, mais les témoignages à ce sujet sont parfaitement indépendants.