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La résurrection — Les deux résurrections
Vérité fondamentale de l’Évangile
J. N. Darby (combinaison de deux articles distincts à l’origine)
Sous-titres et éléments entre crochets rajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1.1 La résurrection : un fondement de l’Évangile et du christianisme
1.1.1 La résurrection prêchée par les apôtres
1.1.3 La résurrection fait plus que prouver la vérité du christianisme
1.2 Connaître la puissance de la résurrection : une source de puissance de vie
1.3 Conséquences de la résurrection : Christ glorifié, et le croyant justifié
1.3.1 La justification du croyant vient de la foi en la résurrection
1.3.2 La mort de Christ : il portait nos péchés et Satan a été vaincu
1.3.4 Le croyant ressuscité avec Christ est vu par le Père comme étant en Christ
1.3.5 Ressuscité avec Christ : effets sur la vie du croyant
1.3.6 Résurrection → justification → puissance de vie → sanctification
1.3.7 La résurrection source d’une saine estimation du péché
1.3.8 La résurrection donne le sentiment de l’entière faveur de Dieu envers Ses enfants
1.4 Place de la résurrection par rapport à d’autres événements
1.4.3 Jean 5 — Résurrection de vie, résurrection de jugement
1.4.4 Jean 11 — Ce que Marthe a dit et compris. Un état auquel beaucoup de chrétiens se limitent
1.5 Conclusion sur la résurrection
1.5.1 Une vérité qui court dans toute l’Écriture, nécessaire aux pensées de Dieu et des saints
2.1 Bien comprendre cette question qui met en cause d’autres vérités importantes
2.2 Résurrection des saints résultat de la rédemption — Rom. 8:29
2.2.1 La résurrection des saints ne fait pas suite à un jugement
2.2.2 Une résurrection commune avec les méchants est une tradition sans fondement dans l’Écriture
2.2.3 Résurrection à cause de l’Esprit habitant dans le croyant — Rom. 8:11
2.3 Une résurrection commune à tous obscurcit l’Évangile
2.4 Résurrection des saints seulement
2.4.1 1 Cor. 15 : Seuls les saints ressuscitent à la venue du Seigneur
2.4.2 La résurrection des injustes n’est pas à la venue du Seigneur — Apoc. 20:12
2.4.3 1 Thes. 4:16-17 & Phil. 3:21 — Seuls des saints ressuscitent à la venue du Seigneur
2.4.4 Saints associés à Christ, spécialement dans la résurrection — encore 1 Cor. 15
2.4.6 Jean 5:28-29 dissocie la résurrection de vie et la résurrection de jugement
2.5 Tout se règle à la fin du monde ?
2.5.1 La venue de Christ n’est pas à la fin du monde, et le jugement des injustes est plus tard
2.5.2 Résurrection à la consommation du siècle qui n’est pas la fin du monde
2.6 Des caractères de la résurrection qui ne s’appliquent qu’aux saints
2.6.1 Résurrection d’entre les morts et en conformité du corps de Sa gloire — Phil. 3:11, 20, 21
2.6.2 À la rencontre du Seigneur en l’air — 1 Thes. 4:17
2.6.3 «Je vous prendrai auprès de moi» — Jean 14:3
2.6.4 «Christ … apparaitra … sans péché à salut à ceux qui l’attendent» — Héb. 9:27-28
2.7 Parfaite association des saints avec Christ quand Il apparaitra
2.8 La résurrection des méchants : elle n’est pas détaillée
2.9.1 La première résurrection avant le règne de mille ans
2.9.2 Résurrection au sens littéral, non pas une résurrection de principes
2.9.3 Ésaïe 25 confirme la résurrection avant la bénédiction du règne
2.13 Effet de la vérité des deux résurrections sur les autres vérités
2.14.2 La position du croyant est parfaite, tandis que la pratique peut laisser à désirer
2.14.3 Pour le croyant, le temps du tribunal avec les récompenses est après la résurrection
2.14.4 Pour le croyant pas de jugement, mais une comparution qui fait voir ce que Dieu a fait
Plusieurs chrétiens, considérant l’espérance de l’Église en Christ, ont peut-être été amenés à voir l’importance de la doctrine de la résurrection ; mais, plus nous sondons les Écritures, plus nous voyons dans cette doctrine la vérité fondamentale de l’Évangile — la vérité qui donne à la rédemption son caractère, et leur vraie puissance à toutes les autres vérités. Qui ne sait, par exemple, que le christianisme a sa racine et son fondement dans un fait solennel et de toute importance : la mort de notre précieux Sauveur ? Mais s’il avait été possible que la mort eût retenu le Sauveur sous sa puissance, cette mort, au lieu d’être le fondement de la joie et la certitude du salut, aurait été la source d’un désespoir profond que rien n’aurait pu dissiper.
C’est la résurrection qui jette ses rayons éclatants même dans les ténèbres de la tombe de Christ, tombe du seul juste, et trophée de ce qui semblait être la victoire du prince de ce monde. C’est la résurrection qui explique la soumission momentanée de Christ à la puissance du diable et au jugement nécessaire de Dieu.
Nous voyons aussi comment cette vérité caractérise la prédication des apôtres. Nous lisons (Actes 4) que les sacrificateurs étaient en peine de ce que ces derniers annonçaient par Jésus la résurrection d’entre les morts. « Ce Jésus», disaient-ils, «Dieu l’a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins» ; et lorsqu’ils veulent choisir quelqu’un pour remplir le vide que le crime et la mort de Judas avaient fait dans leurs rangs, Pierre, se levant au milieu d’eux, déclare que la résurrection doit être le sujet solennel de leur témoignage. «Il faut donc», dit-il, «que d’entre les hommes qui se sont rassemblés avec nous pendant tout le temps que le Seigneur Jésus entrait et sortait au milieu de nous, en commençant depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour auquel il a été élevé au ciel d’avec nous, quelqu’un d’entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection» (Actes 1:21, 22). Enfin, sans vouloir multiplier les citations, Paul dit : «Si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés» (l Cor. 15:17). Tout ce chapitre nous montre l’importance de la résurrection des croyants aussi bien que de celle de Christ lui-même, deux vérités développées dans le Nouveau Testament et indissolublement liées. Il est aussi à remarquer, parmi toutes les subtilités de Satan, que de même qu’il opposait la prétendue justice des pharisiens à la parfaite et divine justice de Christ notre Sauveur, ainsi il avait préparé l’incrédulité des sadducéens pour combattre la doctrine fondamentale de la résurrection prêchée par les apôtres qui en étaient les témoins (Actes 5:17).
C’est cette doctrine de la résurrection, et la gloire qui en sera la suite, qui lient ensemble le fondement et les espérances de la foi chrétienne ; et c’est aussi la même doctrine qui unit nécessairement la justification et ce qui est la puissance de la vie chrétienne — je veux dire la sanctification (*).
(*) Le croyant est sanctifié par Christ et en Christ ; et cette sanctification effective est la source de toute sainteté pratique. Le croyant est saint, et par conséquent doit être saint dans toute sa conduite (1 Pierre 1:15). Ce principe, que Dieu nous a sanctifiés et que, par conséquent, nous avons à être saints dans notre esprit et dans nos voies, a toujours été le même. Dieu sépare pour lui-même du mal qui existe, et après, donne une suite de directions pour garder dans une séparation pratique ceux qu’il a séparés. Voyez, pour la sanctification d’Israël, Lévitique 20:24-26. Actuellement, la sanctification est la séparation des individus d’avec le monde ; Dieu l’opère pour lui-même en Christ, de sorte que ceux qui sont ainsi séparés ne sont pas du monde comme Christ n’était pas du monde. Ils sont en lui comme ressuscités et sanctifiés dans la puissance d’une nouvelle vie, si cela est réel en eux.
On dit communément que la résurrection de Christ est la preuve de la vérité de la religion chrétienne, et la démonstration que l’œuvre de Christ dans sa mort a été accomplie. C’est, en effet, une vérité, mais elle s’adresse aux incrédules. Si nous voulons démontrer la vérité du christianisme à ceux qui ne croient pas, le fait de la résurrection est le pivot, pour ainsi dire, sur lequel tourne la preuve de cette vérité. Dieu l’a donnée dans ce but. Mais pour les chrétiens, pour ceux qui croient déjà au Sauveur, pour ceux dont l’espérance est déjà fondée sur la certitude de la Parole, et qui désirent éprouver la puissance de cette Parole dans leurs âmes régénérées, la résurrection, telle que l’Écriture la présente, contient beaucoup plus que cela.
L’état misérable de l’Église, et l’une des conséquences de son long sommeil, a été sa satisfaction de recouvrer, par la grâce de Dieu, et peut-être seulement en une certaine mesure, la vérité de la plénitude de l’œuvre de Christ ; mais les chrétiens sont trop souvent disposés à s’arrêter là, ou même à l’espérance d’y avoir part. Nous pensons peu à sonder la Parole pour découvrir les richesses qui y sont contenues, pour trouver l’excellence de la connaissance de Christ, la portion et l’héritage de toute âme régénérée.
Quelquefois cette indolence charnelle cherche à s’excuser elle-même sous prétexte de sagesse ; on voudrait, dit-on, éviter une connaissance spéculative ; d’autres fois, on la couvre d’une activité extérieure qui a peu de puissance réelle, parce qu’elle est due à l’habitude et au devoir (ou du moins elle est la connaissance de l’habitude et du devoir), et n’est pas l’expression de la vie d’une âme étreinte par l’amour de Christ qui agit puissamment en elle. Il n’en est pas de même des chrétiens vivants ; ils ont faim et soif de Dieu. Et où trouveront-ils ce qui satisfera leurs désirs, sinon en Christ et dans toute la gloire qui lui appartient, dans la bonté et la puissance qu’il a manifestées, et qui seules peuvent remplir les âmes de ceux qui croient en lui ?
Paul, en parlant de la doctrine en question, n’avait aucune de ces pensées, quelque sages qu’elles semblent être selon la chair. Il regardait toutes choses comme une perte, en comparaison de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur, pour qui il avait souffert la perte de toutes, et il les estimait comme des ordures, afin qu’il gagnât Christ et fût trouvé en lui, ayant non sa justice qui était de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu moyennant la foi ; pour connaître Jésus Christ et la puissance de sa résurrection d’entre les morts. Il faisait une chose : oubliant les choses qui étaient derrière lui et tendant avec effort vers celles qui étaient devant, il courait droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus (Phil. 3:14).
Il trouvait donc dans la résurrection, non seulement la certitude des fondements de sa foi (Rom. 1:4) et la preuve que la satisfaction pour le péché avait été offerte (1 Cor. 15:17), mais beaucoup plus que cela. La résurrection, pour cet apôtre, comme pour Pierre, était l’objet et la source d’une espérance vivante, la puissance de la vie au-dedans de l’âme. Il cherchait à connaître la puissance de la résurrection : il souffrait la perte de toutes choses, pourvu qu’en quelque manière que ce fût, il pût y parvenir. Si l’Église a perdu sa vie, sa puissance spirituelle, elle ne peut pas espérer les recouvrer en se cachant à elle-même ce qui agissait avec tant d’énergie dans l’âme de Paul, ce qui se présentait à l’esprit de Pierre comme l’aurore de la bénédiction. Cherchons donc, bien-aimés frères, la vérité sur ce sujet, et examinons la précieuse parole de Dieu, afin d’être instruits sur ces puissants objets de la foi. Que l’Esprit de Dieu nous conduise dans toute la vérité, selon la promesse de notre Seigneur ! Il n’a jamais manqué de l’accomplir ; attendons-nous donc à lui !
J’ai dit que le fondement et les espérances de la foi chrétienne sont liés ensemble par cette vérité de la résurrection. 1 Corinthiens 15, montre clairement qu’elle est l’objet de l’espérance chrétienne. En ce qui nous concerne, ce même chapitre nous enseigne qu’elle en est aussi le fondement : «si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés».
Quant à la Personne de Christ (vérité fondamentale de tout le christianisme), nous lisons qu’il a été «déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts» (Rom. 1:4). Dans la même épître, nous trouvons : «Lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification» (4:25). Au chapitre 8, la gloire de Christ ressuscité nous est présentée comme l’objet de notre espérance : «Il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères» (v. 29). Qu’y a-t-il de plus beau et de plus frappant ? La manière dont ces choses sont mises en rapport les unes avec les autres est très claire. L’Église voit Christ glorifié à la droite de Dieu. Dans ce fait elle a la preuve que tout a été accompli pour elle, et qu’une justice qui peut subsister même devant le trône de Dieu, lui appartient dans la Personne de Christ. Mais la gloire lui montre aussi le résultat de cette justice (voy. Phil. 2:6-10). Elle voit dans la Personne de Christ la gloire qui en est la conséquence, c’est-à-dire la gloire qui appartient à l’Église elle-même comme participant à cette justice, en vertu de son union avec Christ : «La gloire que tu m’as donnée», dit le Seigneur, «je la leur ai donnée». Nous avons là le vrai sens de Galates 5:5 : «Nous, par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice». Nous n’attendons pas la justice, nous l’avons déjà en Christ, par la foi. Telle est la position spéciale de l’Église. Justifiés par la foi, mais voyant en Christ, non seulement cette justice accomplie, mais aussi la gloire qui, pour ainsi dire, en est la récompense, nous, comme justifiés, comme remplis de l’Esprit par lequel nous contemplons ainsi Christ — l’Esprit dont la présence est le sceau de cette justice — nous attendons la gloire comme étant ce qui nous appartient, comme ce qui est dû à la justice à laquelle nous participons.
L’emploi que Paul fait de la vérité de la résurrection relativement à la justification du pécheur est très remarquable. Nous verrons qu’en posant la résurrection comme fondement de la justification par la foi, la justification est inséparablement unie à la sanctification. À la fin du chapitre 3 aux Romains, l’apôtre avait parlé du sang de Christ comme de ce que Dieu avait présenté comme objet de la foi justifiante. Au chapitre 4, il continue ce sujet, et, parlant de la justification d’Abraham, il démontre que ce patriarche fut justifié par la foi ; mais l’objet de sa foi était que sa semence égalerait en nombre les étoiles du ciel. Comment une telle déclaration pouvait-elle être l’objet d’une foi justifiante ? L’apôtre répond à cela : «Il n’eut pas égard à son propre corps déjà amorti... étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir. C’est pourquoi aussi cela lui a été compté à justice. Or ce n’est pas pour lui seul qu’il a été écrit que cela lui a été compté, mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur» (v. 19-24). Ainsi la foi en la puissance de Dieu «qui fait vivre les morts», fut la foi qui justifia Abraham. Pierre donne le même caractère à la foi justifiante : «Vous, qui, par lui, croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts», dit-il (1 Pierre 1:21).
L’Église (*) voit Christ mort pour les péchés qu’elle a commis. C’est la fin de tout ce qu’elle a fait comme issue du premier Adam, de tout ce que ses membres font comme ayant en eux-mêmes, et la tirant de lui, la nature du premier Adam. L’amour merveilleux du Sauveur l’a conduit à se mettre à la place de l’Église, et à devenir son substitut en subissant les douleurs de la mort, le juste jugement du Dieu très saint, et les souffrances résultant de sa colère — jugement dont il sentit toute la puissance, parce qu’il est saint lui-même ; colère dont il éprouva tout le poids, toute l’horreur, parce qu’il aimait selon l’amour même de Dieu. Lui, dis-je, s’étant livré lui-même à la mort dans ce but, rendit son esprit, courbé sous le poids de nos péchés. Satan, le prince de ce monde, qui avait la puissance de la mort, bien que ne trouvant rien en Christ qui lui donnât un pouvoir quelconque sur lui, se réjouit de sa victoire sur le seul juste, sur la seule espérance du monde, et dit par la bouche de ses serviteurs : Ha ha ! Ha ha ! en même temps que la mort se glorifiait d’avoir englouti sa plus noble victime. Mais la joie de Satan fut de courte durée ; le triomphe du prince des ténèbres ne fit que mettre en évidence sa défaite. Il avait rencontré, non pas des hommes captifs sous son pouvoir dans le premier Adam, mais le Chef de notre salut. Il avait eu à soutenir le combat avec Lui, il avait eu à déployer toute sa puissance, toute sa force, contre Celui qui avait pris notre cause en main. Mais Christ s’était assujetti lui-même à la justice de Dieu, et non à ceux qui persécutaient Celui que Dieu avait frappé. En apparence, le diable exécutait la sentence, parce qu’il avait sur nous la puissance de la mort comme jugement de Dieu, mais la sentence elle-même était la justice de Dieu contre nous. Or la justice de Dieu était satisfaite, et la puissance de Satan détruite : «Par la mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort» (Héb. 2:14).
(*) L’auteur voit dans l’Église les croyants seulement. Il ne s’agit pas ici de l’église professante [ou faisant profession extérieure de christianisme] (Note du trad.).
Semblable au soleil lorsqu’il se lève, la résurrection a brillé sur le monde. La foi seule l’a contemplée, la foi de ceux dont les yeux étaient ouverts pour voir le résultat grand et définitif du combat, les conséquences du jugement de Dieu qui était tombé sur Christ. Or c’était la foi de ceux que Dieu avait choisis pour rendre témoignage à la complète victoire de son Fils qui seul avait entrepris et seul pouvait entreprendre le combat ; pour en rendre témoignage à un monde entièrement aveuglé par Satan. La victoire fut remportée par Christ seul, mais l’Église, objet de cette victoire, participe à tous ses résultats. C’est abaisser beaucoup la position de l’Église que de dire simplement qu’elle est bénie de Dieu, bénie par Christ. Elle est bénie avec Christ ; elle est la compagne de sa gloire, cohéritière de toutes les promesses. Elle a communion avec Celui qui bénit ; elle entre dans la joie de son Seigneur. Participant de la nature divine, elle sent, en communion avec Celui qui en est la source, la joie et les délices que le Dieu d’amour trouve en bénissant, parce qu’il est l’amour même. Comment donc l’Église participe-t-elle ici-bas à la victoire de Christ et aux fruits de cette victoire ? C’est par son union avec Celui qui a été pour chacun de ses membres un Esprit vivifiant, et les a vivifiés et unis ensemble à lui-même comme membres de son corps.
Christ est leur vie, et, en vertu de leur union avec lui, ils sont rendus participants de toutes les conséquences de ce qu’il a fait, de tout ce qui est en lui comme ressuscité, de toute la faveur dans laquelle il est devant Dieu — c’est une vie et une union qui fait d’eux les objets de la satisfaction que Dieu prend en lui, et qui, lorsque le temps sera venu, les fera participer à toute la gloire dont il est l’héritier, et dans laquelle il sera manifesté. Dieu, et par conséquent la foi aussi, envisage l’Église comme morte avec Christ : ses péchés ayant été placés sur Lui, leur souvenir devant Dieu est enseveli dans le sépulcre de Christ. En tant que Dieu juste, il ne s’en souvient plus : agir autrement, serait ne pas estimer le sang de Christ à sa juste valeur, ce ne serait pas être juste envers lui. «Il est fidèle et juste pour nous pardonner».
Ce ne sont pas nos péchés qui sont devant Dieu ; c’est le sang de Christ. Il nous estime comme rachetés au prix de son sang.
Mais les saints sont vus aussi comme ressuscités avec Christ, vivants, devant le Père, de la vie de Christ, châtiés par le Père (qui les aime parfaitement, comme il aime le Fils lui-même), quand ils se détournent des voies qui lui plaisent — voies appropriées à une telle vie, à une telle union ! «Je suis le vrai cep», dit Jésus, « et mon Père est le cultivateur». Dieu, avec justice, nous regarde comme étant en Christ, aussi parfaits devant lui que Christ lui-même — nos péchés ayant pris fin à la croix. Dans son amour, il nous châtie comme étant en Christ, lorsque nous ne marchons pas dans ses voies, selon la puissance de Christ ressuscité, et comme héritiers de la gloire dont il a hérité en résurrection.
L’Écriture parle de ce sujet dans les termes suivants : «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour» (Col. 1:12, 13). «Étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes, ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix : ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant d’elles en la croix» (Col. 2:12-15). La victoire de Satan sur le premier Adam avait rendu l’adversaire maître de ses possessions et de son héritage : «La création a été assujettie à la vanité». La victoire du second Adam sur Satan l’a dépouillé de tout ce qu’il avait pris au premier Adam.
Dieu, dans sa bonté et dans la sagesse de ses conseils, n’en a pas encore manifesté les résultats ; mais la victoire est complète. L’Église le sait — du moins devrait-elle le savoir. Les conséquences, pour nous, de cette victoire sont les suivantes : «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Col. 3:1-4). Dans sa prière à ce sujet pour les Éphésiens, l’apôtre dit : «Les yeux de votre cœur étant éclairés, pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel» — l’appel du Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, nommé le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, parce que Christ est considéré comme Chef de l’Église et comme homme — «et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; — (et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ; et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour être chef sur toutes choses à l’Assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous)». Et quand «nous étions morts dans nos fautes», continue l’Esprit par la plume de l’apôtre, il «nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». (Éph. 1:18-23 ; 2:5, 6).
Les saints sont donc envisagés par Dieu comme ressuscités avec Christ, et, par conséquent, comme parfaitement justifiés de tous leurs péchés. Ils sont purs, selon la pureté dans laquelle Christ paraît devant Dieu, parce qu’ils sont présentés à Dieu en lui et avec lui. Mais comment un saint participe-t-il maintenant d’une manière effective à des bénédictions si grandes ? C’est en participant à la vie dans la puissance de laquelle Christ est ressuscité. Et c’est ainsi que, par la doctrine de la résurrection, telle que l’Écriture la présente, la justification et la sanctification sont nécessairement unies. C’est ainsi que j’ai part à la justice de Dieu, en étant vivifié de la vie dans laquelle Christ a été ressuscité d’entre les morts, et sorti du tombeau, toutes mes fautes étant pardonnées. Mais cette vie est ici-bas la vie de sainteté. Elle est la source de la sainteté en nous ; elle est la sainteté même, la vie de Dieu en nous. C’est en cela que nous avons la volonté d’appartenir à Dieu, reconnaissant la grâce qui nous a rachetés et convaincus que notre vie n’est pas de nous, mais de Lui. C’est dans la puissance de cette vie que nous cherchons les choses qui sont en haut, qui sont en Christ et qui sont à lui ; par elle que nos affections sont attirées vers Dieu. La vraie sanctification consiste en cela, le vieil homme étant jugé comme mort, parce que Christ est mort à cause de lui. « Le corps est bien mort à cause du péché», — c’est son unique fruit, — «l’Esprit est vie à cause de la justice». Ainsi Christ, en nous donnant la vie, qui est une nature nouvelle et sainte en nous, nous rend participants de tout ce qu’il a fait pour nous comme ressuscité d’entre les morts, et de toute son acceptation devant le Père de gloire.
De plus, nous ne pouvons justement estimer le péché pour ce qu’il vaut, si ce n’est par la résurrection. En voici la raison : c’est la doctrine de la résurrection et le fait que nous sommes ressuscités avec Christ, qui nous enseignent que nous étions morts dans nos péchés. Autrement, ce serait peut-être une guérison, une amélioration de l’homme tel qu’il est, une mise à l’abri de la mort par l’aide de Christ, une agitation des eaux (Jean 5:4), pour que nous nous y plongions nous-mêmes et soyons guéris. C’est de cette manière que l’homme naturel envisage la portée du péché, comme les juifs avec Marthe et Marie, lorsqu’ils disaient : « Celui-ci, qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne mourût pas ?» Et : «Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort».
Mais si nous avons été ressuscités avec Christ, c’est parce que nous étions morts dans nos péchés. La doctrine de notre entière misère, de notre chute complète, découle, et sort, pour ainsi dire, de cette vérité. La bénédiction y est proportionnée ; car la mort a passé, et tout ce qui appartient au vieil homme est mort, par la foi, avec Christ. Nous avons une autre vie, tout à fait nouvelle, dans laquelle nous vivons et disons : «Nous sommes débiteurs, non pas à la chair pour vivre selon la chair».
Il y a une autre conséquence de la résurrection : c’est le sentiment de l’entière faveur de Dieu attachée au fait que nous sommes fils : la faveur «dans laquelle nous sommes». Étant entrés dans le lieu saint par la croix, nous sommes dans la faveur de Dieu ; ayant reçu, non l’esprit de servitude, mais l’Esprit d’adoption, nous crions : «Abba, Père !» Notre participation à la résurrection fait que nous sommes nés de Dieu. Ayant été affranchis, nous sommes devant Dieu comme ses enfants, ceux qu’il a agréés, ses saints. L’amour a été manifesté envers nous, en ce que même dans ce monde nous sommes en Christ, tels qu’il est lui-même devant Dieu, parce que nous lui sommes unis par l’Esprit qu’il nous a donné. Notre relation filiale avec le Père, comme purifiés du péché et revêtus de la robe de justice (relation qui répand la joie dans l’âme) découle de cette doctrine. Il nous a donné le privilège de devenir des enfants de Dieu — non des serviteurs, mais des enfants.
Voilà donc plusieurs précieux résultats de cette vérité de la résurrection et qui nous appartiennent dès ici-bas. Notre union avec Christ en est le fondement. Nous pouvons suivre ces résultats, même à l’égard de notre corps, jusque dans la gloire. La résurrection de Christ est les prémices, celle des saints la moisson. Il existe une relation intime entre la résurrection des saints et la résurrection de Christ, en vertu de l’union de l’Église avec lui, parce que le même Esprit, qui est l’Esprit de Christ, demeure en lui et dans tous les membres de son corps.
Il n’en est pas ainsi quant aux méchants, bien que ce soit la puissance de Christ qui les ressuscite ; ce n’est pas à cause de leur union avec lui, ni parce que son Esprit habite en eux, car il n’y habite pas, et ils ne sont pas unis à Christ. Ainsi la résurrection effective est une chose qui appartient aux saints, comme étant le plein résultat de leur union avec Christ, et elle n’est pas un préliminaire nécessaire de leur jugement. De fait, Christ a déjà été jugé pour eux et a subi la pénalité de tous leurs péchés.
La résurrection des saints est la conséquence de ce qu’ils ont subi en Christ le jugement de leurs péchés, et elle n’est pas le préliminaire de leur jugement par Christ.
Elle est la réception par Christ de l’Église qui a souffert avec lui, afin d’être avec lui dans la gloire de son royaume, comme nous lisons en Jean 14 : «Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures». Christ n’est point allé là pour y être seul : «S’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi». Voici le jugement de l’Église au retour de Christ : les saints sont manifestés devant son tribunal, mais ils sont déjà glorifiés. Cela n’infirme pas le fait qu’il y aura des différences de gloire parmi les saints, que les uns seront à sa droite et les autres à sa gauche dans son royaume (*), mais cela montre seulement que leur résurrection résulte de ce que leur jugement a été exécuté sur Christ. Ce sera la plénitude parfaite de la vie que l’Église possède déjà comme ressuscitée avec lui, l’effet de l’union des saints avec lui, parce que le même Esprit habite en lui et en eux. Il est nécessaire qu’à la manifestation de Christ, les corps de ceux qui sont à lui, jouissent aussi des privilèges du royaume, comme faisant partie de ce qu’il a acheté, et qu’ils soient ainsi complètement et finalement délivrés de la puissance de Satan et de la mort. «Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous», dit l’apôtre aux Romains, «celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous». Ce passage nous révèle clairement que la résurrection des saints est une conséquence de la résurrection de Christ ; et qu’en fait, la résurrection de l’Église est une conséquence de l’intérêt que Dieu prend en elle, comme il le fait à l’égard de Christ, son Chef.
(*) Voyez Matthieu 20:20-23.
Nous allons voir que plusieurs passages montrent la place spéciale des saints dans la résurrection, et que l’Écriture parle de la résurrection de l’Église comme étant entièrement distincte de celle des méchants. Ainsi Paul, dans un passage déjà cité, dit : «Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts». (Phil. 3:11). De même en 1 Corinthiens 15 : «Les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue». En Luc 20, le Seigneur montre que l’existence de la relation entre Dieu et Abraham suppose nécessairement la résurrection, et pas seulement la vie de son esprit séparé du corps. Plusieurs autres passages déclarent aussi cette vérité, et affirment de plus que cette résurrection appartient exclusivement aux enfants de Dieu. Le Seigneur parle de «ceux qui seront estimés dignes d’avoir part... à la résurrection d’entre les morts». Comment seraient-ils estimés dignes d’avoir part à la résurrection, si elle est une chose commune aux saints et au monde — en un mot, si les saints et le monde sont ressuscités en même temps ? Le Seigneur ajoute : «Ils ne peuvent plus mourir ; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection». On voit ici comment la puissance de la résurrection est identifiée avec le privilège d’être enfants de Dieu.
Le rapport entre les deux résurrections, est traité en Jean 5:21-29. « Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut ; car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père... En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie... L’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement». Nous voyons ici les deux grands moyens par lesquels la gloire du Fils qui s’est abaissé, est établie et maintenue. Il vivifie et il juge. il vivifie de même que le Père. Lui seul juge ; le Père ne juge personne.
Les saints sont vivifiés, afin d’avoir communion avec le Père et avec le Fils. Christ, en jugement, revendique et maintient sa gloire et son droit sur tous ceux qui l’ont méprisé ou qui se sont opposés à sa gloire, afin que tous, même les méchants, honorent le Fils, comme ils honorent le Père.
À cette fin, nous voyons qu’il y a deux résurrections : la résurrection de vie, c’est-à-dire l’accomplissement de l’œuvre de Christ dans la vivification des saints ; la puissance de résurrection déjà appliquée à leurs âmes quand ils ont été régénérés, maintenant appliquée à leurs corps. Ensuite, la résurrection de jugement, afin que ceux qui ont fait le mal soient jugés. Je ne parle pas ici de l’intervalle ; je dis seulement qu’il y a deux résurrections différentes aussi bien quant à leur objet et à leur caractère, que quant aux personnes qui y ont part. Je ferai remarquer en passant, que l’expression sur laquelle s’appuient ceux qui objectent à l’interprétation qui suppose un intervalle entre les deux résurrections, n’a nullement la portée qu’ils y attachent. Le Seigneur dit : «L’heure vient» ; et ils voient en cela la preuve que la résurrection des justes et des injustes aura lieu en même temps ; mais ils oublient que le Seigneur emploie le même mot (v. 25) pour désigner le temps de son ministère et au moins dix-huit cents ans d’une nouvelle période qui a commencé à sa résurrection.
Les caractères des deux résurrections dont j’ai parlé, sont très importants, et distinguent de toute manière ces deux événements. L’une, celle des saints qui ont souffert avec Christ, est l’application à nos corps de la puissance de la vie de Christ notre Sauveur, afin d’accomplir sa parole envers nous — la résurrection étant la rédemption des corps, et la conséquence de ce que Christ a fait pour nous quand il nous a sauvés du jugement. L’autre résurrection est la revendication de sa gloire en jugement et l’exercice de la justice du Dieu vivant contre tous ceux qui ont péché. En conséquence, la première résurrection est ce que nous attendons avec un ardent désir, afin d’être avec Christ ; car, lorsqu’il sera manifesté, nous aussi, nous serons manifestés avec lui en gloire. Ce moment après lequel la création entière soupire, est appelé en Romains 8:19, «la révélation des fils de Dieu», «la liberté de la gloire des enfants de Dieu».
Il y a, dans les Écritures, un passage sur ce sujet qui m’a beaucoup frappé, et qui montre d’une manière instructive la différence qu’il y a à considérer la résurrection comme un événement commun à l’Église et au monde, ou comme un privilège spécial aux saints et à l’Église, en vertu de la puissance de la vie qui est en Christ. Je parle de Jean 11. Jésus dit à Marthe : «Ton frère ressuscitera». Marthe répond : «Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour». Il y a dans ses paroles une foi réelle dans une vérité qu’elle avait apprise. Marthe n’était pas sadducéenne. C’est la croyance générale de l’Église : « Il ressuscitera au dernier jour». Cela est hors de doute, mais peut se dire du plus méchant homme. Alors «Jésus lui dit : Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ?» — c’est-à-dire la puissance de Jésus quand il est présent et la puissance qu’il manifestera quand il reviendra. «Elle lui dit : Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde» (v. 27). Ceci encore est une bonne confession ; ceux qui sont sauvés, le croient sans doute aussi. Mais c’est là que, de fait, la majeure partie des croyants s’arrêtent.
«Et ayant dit cela, elle s’en alla et appela secrètement Marie, sa sœur, disant : Le maître est venu, et il t’appelle». Pourquoi Marthe agit-elle ainsi ? D’où venait cette hâte de quitter Jésus, ce précieux Consolateur, pour appeler sa sœur ? N’était-ce pas du sentiment secret qu’elle ne pouvait converser avec Jésus sur de tels sujets ? Elle croyait qu’il était le Fils de Dieu, mais : «Je suis la résurrection et la vie», était quelque chose de trop profond pour elle. Son cœur n’était pas à l’aise dans la compagnie de Jésus parlant ainsi. Et n’avons-nous pas quelque sentiment semblable ? Les privilèges les plus doux, les plus précieux de l’Église, ne sont-ils pas souvent les choses qui éloignent les enfants de Dieu ? Ils ne sont pas à leur aise quand Christ parle de ces choses. Il faut qu’ils aillent chercher quelque Marie. C’est un appel qui s’adresse à d’autres qu’à eux. Quelle était la différence de caractère entre ces deux femmes, toutes deux aimées du Seigneur ? «Une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. Et elle avait une sœur appelée Marie, qui aussi, s’étant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole ; mais Marthe était distraite par beaucoup de service». Le cœur de Marthe n’était pas à l’aise, à cause de son manque de communion avec Jésus, et ne pouvait entrer dans ces précieuses et encourageantes vérités que le cœur de Jésus, rempli de puissance de consolation, versait sur elle pour soulager la douleur qui la brisait. Les comprendre dépassait les pensées habituelles de Marthe, et ayant exprimé tout ce qu’elle pouvait dire en réponse à Jésus, elle va chercher sa sœur qui — sa conscience le lui disait — était plus capable de comprendre ce qui venait du cœur de Jésus — plus capable de rester en communion avec lui et de soutenir une conversation qui lui était pénible, à elle, parce que son intelligence spirituelle n’était pas à cette hauteur. Combien souvent l’état de Marthe serait appelé sagesse ! Combien souvent les choses dont le cœur de Jésus déborde — la révélation de nos bénédictions — sont désignées comme propres à troubler l’Église, peut-être même sont regardées comme des rêveries ! Combien souvent l’Église persiste à rester dans les ténèbres, fuyant Jésus et sa bonté, pour se cacher à elle-même son incapacité d’avoir communion avec lui au sujet de ces choses — contente de pouvoir faire la même confession que Marthe : «Oui, Seigneur,... tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde».
«Je suis riche... je n’ai besoin de rien». Ah ! pauvre Église, puisse l’amour de Jésus briller sur toi ! Qu’il te donne d’avoir une telle confiance en son amour, que tu ne te lasses jamais de tirer de son cœur ces douces et précieuses vérités qui y sont renfermées — vérités qui attachent l’âme à sa Personne et lui donnent la force de marcher dans le monde en séparation de cœur pour lui — vérités qui sont la puissance de cette secrète communion avec lui, laquelle nous rend fidèles durant son absence, joyeux en sa présence, notre âme calme au milieu de toute la misère d’un monde ruiné par la mort, et nous hâtant d’accourir vers lui quand nous entendons ces douces paroles : « Le Maître est venu, et il t’appelle». Qu’il en soit ainsi, ô Jésus, notre Seigneur ! Daigne, oui, daigne jeter tes regards sur ton Église, sur ta pauvre Église, qui t’aime et que tu aimes ! Si elle est faible, fortifie-la ; si elle s’est détournée, ô Dieu ! elle t’aime cependant. Ramène, oh ! ramène-la à Toi-même ; à Toi, sa félicité et sa joie, sa joie éternelle, son Sauveur et sa force. Amène-la près de Toi. Où trouvera-t-elle ce qui renouvellera sa force, sinon en Toi, qui es la résurrection et la vie ?
Une chose reste encore pour terminer l’esquisse que j’ai tenté de faire de cet important sujet. Je sais que, bien loin de l’avoir épuisé, je n’ai fait que l’effleurer.
Par rapport aux dispensations de Dieu, la résurrection est le sujet fondamental de la parole de Dieu, puisque le péché et la mort sont entrés dans le monde et que le péché règne par la mort. Si le péché règne par la mort, la résurrection seule peut être la victoire sur le péché, et c’est une victoire complète et finale ; car celui qui est mort est justifié ou quitte du péché. «Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur lui» (Rom. 6:7-9). Dans toute l’Écriture, nous trouvons cette vérité plus ou moins clairement révélée — fondement de toute espérance et de tout jugement moral. (Voyez Ps. 17:49 ; És. 38). Même la restauration du peuple juif est décrite comme une résurrection. (Voyez Ézéch. 27 ; És. 26). Là est la source de la joie, comme nous le voyons dans le Psaume 16, et en Job 19. Et c’était une vérité si positive — une notion si nécessaire aux pensées de Dieu et de ses saints, que lorsque Dieu dit : «Je suis le Dieu d’Abraham», le Seigneur explique ces paroles comme montrant qu’Abraham devait ressusciter, car «Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants». (Matt. 22:32).
Je disais qu’il restait une chose. On pense généralement que le chapitre 20 de l’Apocalypse est le seul passage de la parole de Dieu qui appuie la notion d’une résurrection à part pour les saints. Nous avons déjà vu que cette pensée se rattache à toutes les grandes vérités de la parole de Dieu.
Que les saints ressuscitent à la venue de Christ, est une chose reconnue, comme nous l’avons vu (1 Cor. 15:23 ; Phil. 3:20, 21 ; 1 Thess. 4:15-17). En Apocalypse 19:20, nous avons les détails. Là, nous voyons que la résurrection des saints précédera de mille ans celle du reste des morts, afin que ceux qui ont souffert avec Christ règnent aussi avec lui quand il prendra le royaume, et apparaissent avec lui en gloire, quand lui, qui est leur vie, apparaîtra.
Chrétien, connais-tu la puissance de la résurrection de Christ ? Tes pensées sont-elles celles de quelqu’un qui est ressuscité avec lui, qui s’occupe des choses d’en haut où Christ est assis à la droite de Dieu ? Ton salut est-il pour ton âme une chose accomplie, de telle sorte que, dans la parfaite confiance d’une nouvelle vie devant Dieu, tu peux, sous la conduite du bon Berger, comme brebis connue du Seigneur, entrer et sortir et trouver de la pâture dans les champs de son bon plaisir ? Comme ressuscité avec lui, es-tu mort au péché, mort aux plaisirs, à la grandeur, à la gloire passagère du monde qui a crucifié le Seigneur de gloire ? Les choses du monde n’exercent-elles plus d’influence sur tes pensées — sur ta vie ; ces choses qui, dans la mesure où elles concernaient l’homme, ont causé la mort de Jésus ? Ne désires-tu pas être quelque chose dans ce monde ? Ah ! si cela était, c’est que tu ne te tiens pas pour mort. Les ténèbres qui entouraient la croix sont encore sur ton cœur. Tu ne respires pas l’air frais et pur de la résurrection de Jésus, de la présence de ton Dieu. Oh ! peuple de Dieu stupide et insensible — qui ignores tes vrais trésors, ta vraie liberté ! Oui, être vivant avec Christ, c’est être mort à tout ce que la chair désire.
Mais si la vie de résurrection de Christ, la joie de la lumière de sa présence, le divin et tendre amour dont Jésus est l’expression et l’objet, brillent sur toi ; si la beauté de la sainteté dans les lieux célestes, si l’hommage parfait et universel rendu à Dieu par des cœurs qui jamais ne se lassent, dont les adorations ne servent qu’à renouveler leur force ; si toutes les choses remplies de la gloire de Dieu, donnant occasion aux louanges dont la source ne tarit point et dont les sujets ne manquent jamais ; si ces choses te plaisent, alors mortifie tes membres qui sont sur la terre. «Vous êtes venus à la montagne de Sion ; et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ; et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle ; et à l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux ; et à Dieu, juge de tous ; et aux esprits des justes consommés ; et à Jésus, médiateur d’une nouvelle alliance ; et au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel». Et crois-tu que les honneurs, la gloire, la grandeur, les plaisirs, les convoitises de ce monde dont Satan est le prince, puissent entrer là ? La porte est trop étroite — la porte de la mort, la mort d’un Christ crucifié et rejeté — la porte de la mort, qui, si elle est la délivrance de la culpabilité du péché, est aussi la délivrance de son joug. Par cette porte, le péché n’entre point ; là doit être laissé tout ce qui appartient à la chair. Ce sont des choses qui ne peuvent être cachées avec Christ en Dieu ; elles ont joué leur triste rôle en le crucifiant sur la terre !
L’amitié du monde est inimitié contre Dieu. Chrétien crois-tu cela ? C’est une nouvelle vie que celle qui entre dans ces lieux saints, où toutes choses sont nouvelles, afin d’être la joie et la jouissance d’un peuple ressuscité. Chrétien, chrétien, la mort a écrit sa sentence sur toutes choses ici-bas ; en les aimant, en t’y attachant, tu ne fais que remplir les mains de la mort. La résurrection de Christ te donne le droit de les ensevelir, et d’ensevelir avec elles la mort elle-même dans le sépulcre — oui, dans le sépulcre de Christ ; afin que, morts au péché, nous vivions à Dieu, héritiers de toutes les promesses avec Christ dans une vie nouvelle. Souviens-toi que si tu es sauvé, tu es ressuscité avec Christ.
Veuille Celui de qui procède toute grâce et tout don parfait, t’accorder de comprendre et de réaliser cette précieuse vérité !
La doctrine de deux résurrections distinctes — une première et une seconde — a été traitée occasionnellement dans plusieurs des écrits qui parlent de la venue du Seigneur. Mais ce sujet, en vertu de son importance et de l’erreur dans laquelle des vues antiscripturaires induisent l’esprit — s’attaquant même à l’Évangile — me paraît réclamer une étude toute spéciale. La doctrine d’une première résurrection se lie à plusieurs autres vérités telles que notre salut définitif en Christ, notre part avec Lui dans la gloire et les bénédictions futures ; enfin le fait de son retour. Tous ces sujets seront traités dans les pages ci-après ; mais mon but est de montrer tout d’abord comment l’Écriture envisage le sujet particulier des deux résurrections.
Sont-elles au nombre de deux et quel est leur vrai caractère ? La réponse est : Oui, il y a deux résurrections entièrement distinctes, soit comme caractère, soit comme époque. L’aspect tout entier de la résurrection des saints est absolument distinct de celui de la résurrection des méchants.
Nous sommes prédestinés à être conformes à l’image du Fils de Dieu pour qu’il soit Premier-né entre plusieurs frères (Rom. 8:29). C’est là le résultat complet des desseins de Dieu à notre égard qui se rapportent évidemment à notre condition de ressuscités. De là vient que nous sommes ressuscités en gloire et que, dans sa nature, notre résurrection est tout à fait distincte de celle des méchants qui ont encore à être jugés. Elle est le résultat complet de la rédemption à laquelle les méchants n’ont aucune part quelconque. Elle n’est pas ce qui conduit, par un jugement futur, à une décision quant à notre condition à venir, mais elle est le fait que nous sommes, par la puissance de Dieu, dans la position que la grâce ineffable de la rédemption nous a faite. Ce seul passage de Romains 8:29 nous prouve immédiatement la grande importance de cette question.
La résurrection d’un saint n’est pas le préliminaire d’un jugement qui décidera de son état, mais elle est son introduction dans une condition où il sera semblable à Christ et pour toujours avec Lui dans la maison du Père — son introduction en puissance dans la condition que la rédemption lui a obtenue. Pesez un moment l’immense importance de cette vérité, incontestable pour ceux qui reconnaissent l’autorité des Écritures. Nous sommes ressuscités en gloire. Quel sceau une telle parole ne met-elle pas à l’efficace de la rédemption et à la nature de notre association vitale avec Christ ! Nous avons la vie en Christ ressuscité. Notre rédemption et l’efficace de l’œuvre de Christ sont si complètes que la puissance qui nous appelle hors du tombeau ne sert qu’à nous placer dans une conformité immédiate et glorieuse avec Christ glorifié qui est notre vie. Il est évident que ceci ne peut s’appliquer à la résurrection des méchants, mais présente avec elle le contraste le plus absolu.
Une résurrection commune, dont le résultat dépendrait ensuite d’un jugement, est entièrement contraire à l’Écriture, c’est une tradition, peut-être profondément enracinée dans l’enseignement de l’Église à son déclin, mais qui n’a aucun fondement dans l’Écriture. L’on verra bientôt que, sous l’influence de cette tradition, le caractère tout entier de l’Évangile et la doctrine de l’état actuel de l’âme sont falsifiés. La résurrection des saints ne doit pas avoir pour résultat un jugement incertain ou indéterminé, mais elle est elle-même le résultat de la rédemption, une résurrection en gloire.
En considérant un autre aspect de la résurrection des saints nous trouverons ce fait amplement confirmé. Nous lisons, au chapitre 8 de l’épitre aux Romains : «Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous». La résurrection des saints est le résultat et la conséquence du fait que le Saint Esprit habite en eux. Comme Jésus a été ressuscité d’entre les morts par Celui dont l’Esprit habite en nous, et dans la puissance de cet Esprit (selon l’enseignement de Pierre), nous serons aussi ressuscités par (ou à cause de) cet Esprit qui habite en nous. Il est également bien clair que ceci ne peut aucunement se rapporter aux méchants. La nature de notre résurrection est différente. Elle est le résultat de la présence en nous du Saint Esprit, ce dernier étant déjà le témoin qu’il n’y a pour nous aucune condamnation, puisque nous sommes en Christ et Christ en nous. Ce qui nous a sauvés, ce qui nous a fait marcher dans la sainteté, en nouveauté de vie comme enfants de Dieu, a pour résultat ce qui démontre pleinement à qui nous appartenons. De même que Christ fut déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts, de même nous, marchant ici-bas par ce même Esprit, nous sommes par Sa puissance, manifestés fils de Dieu en résurrection. Les enfants de Dieu sont les enfants de la résurrection.
Je désire maintenant montrer que dans l’Écriture la résurrection des méchants et celle des justes ne sont jamais confondues l’une avec l’autre. Ce serait confondre une condition qui est le résultat de la rédemption ainsi que la grâce et la puissance qui l’amènent, avec une condition qui est le résultat du péché de l’homme et qui se terminera par le jugement. Il est vrai que, dans l’un et l’autre cas, la puissance divine est à l’œuvre pour appeler les morts hors de leurs tombeaux. Cette confusion jette une complète obscurité sur l’Évangile lui-même, par lequel nous avons part (et c’est par la foi et le Saint Esprit que nous le savons) au résultat de la rédemption. Il y aura une résurrection tant des justes que des injustes. Voilà qui est clairement établi. Ceux qui ont fait le mal sortiront de leurs tombeaux en résurrection de jugement. Cela donne un caractère particulier à la résurrection des méchants, mais nous ne nous occuperons pas davantage de leur cas ; notre but spécial est la résurrection des saints. Il suffit de dire que les méchants ressusciteront, et ressusciteront pour être jugés. Prenons d’abord 1 Corinthiens 15 comme l’expression la plus complète de ce que l’Écriture nous enseigne sur ce sujet. Nous passerons ensuite à 1 Thessaloniciens 4 qui ajoute quelques détails très précis.
1 Corinthiens 15 ne s’applique qu’aux croyants, et va plus loin encore ; il établit distinctement qu’eux seuls ressusciteront à la venue du Seigneur. La résurrection décrite ici est celle des saints. «Il est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité ; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire» (v. 42, 43). Il est clair que cela ne s’applique qu’aux croyants. De plus il est dit : «La mort a été engloutie en victoire», acte de puissance qui nous fait porter l’image du céleste (v. 42, 43, 49, 54). Rien ne prouve plus clairement que nous avons ici la description de la résurrection des saints. Il y a plus encore (v. 20 et suivants) : «Mais maintenant Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis». Christ n’est pas prémices des méchants, voués à la condamnation. Or plus loin il est formellement parlé du rang de chacun dans la résurrection, et les méchants sont laissés de côté : «Chacun dans son propre rang : les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue» (v. 23). C’est-à-dire que, lorsque l’ordre propre de la résurrection est considéré, ceux qui sont du Christ et dont Il est les prémices, sont les seuls qui ressuscitent à Sa venue. La fin vient ensuite «quand il aura remis le royaume à Dieu le Père». Nous avons donc une révélation spéciale au sujet de l’ordre dans lequel a lieu la résurrection ; nous y apprenons que ceux qui sont du Christ, ceux dont Il est les prémices, ressusciteront à Sa venue et porteront Son image.
Cela est pleinement confirmé dans l’Apocalypse (chap. 20) où nous voyons qu’à la fin, lorsque les morts qui n’ont pas eu part à la première résurrection se tiendront devant le trône et que les livres ayant été ouverts ils seront jugés d’après les choses qui y sont écrites, il n’est pas question de la venue de Christ. Car Il est assis sur le grand trône blanc, et de devant Sa face s’enfuit la terre et le ciel. Il n’est donc pas question de Sa venue.
Dans le second passage que nous avons cité, 1 Thessaloniciens 4, nous trouvons de nouveau des instructions précises sur ce point. «Le Seigneur lui-même... descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur... et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thes. 4:16-17). Les saints qui seront transmués sont associés avec les saints ressuscités pour aller à la rencontre du Seigneur et pour être toujours avec Lui ; mais il n’est question ici que des morts en Christ, ou des saints vivants qui seront changés. La séparation n’a lieu qu’en vertu de la grâce et de la foi, et non en vertu du jugement. Jésus vient chercher les siens pour qu’ils soient toujours avec Lui. À ce moment Il transforme le corps de leur abaissement en la conformité du corps de sa gloire (Phil. 3:21). Il est absolument certain que cela ne s’applique qu’aux saints, et que les méchants n’ont pas de part à cette résurrection.
Telle est donc la doctrine formelle de la Parole : la grâce sépare ici-bas les méchants d’avec les croyants, et Christ à Sa venue ressuscite les justes afin de leur donner une part avec Lui.
Remarquez de quelle manière, en 1 Corinthiens 15, les saints sont associés avec Christ. Si nous ne ressuscitons pas, Christ n’a pas été ressuscité non plus, dit l’apôtre, et il insiste sur ce point [15:13]. Nous sommes si bien liés avec Lui que notre cas ne peut être séparé du sien. S’Il n’a pas été ressuscité, nous sommes encore dans nos péchés [15:17] ; et cela montre clairement que si au contraire Il a été ressuscité, nous ne sommes plus dans nos péchés. En Adam tous meurent ; dans le Christ tous sont rendus vivants [15:22]. Ceux qui sont unis à ces deux chefs ont respectivement la même part qu’eux. Christ est les prémices de ceux qui sont endormis. «Tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes. Et... nous porterons aussi l’image du céleste» [15:48-49]. Toutes ces paroles nous enseignent, non une résurrection commune des justes et des injustes qui ne devraient être séparés que par le jugement, mais la précieuse vérité que les saints sont associés à Christ et séparés des méchants.
Les autres passages qui traitent de ce sujet nous montrent-ils que quelque erreur s’est glissée dans notre esprit et que les passages cités jusqu’ici, si clairs qu’ils paraissent, n’enseignent nullement cette vérité ? Bien au contraire, tous les autres passages confirment la doctrine d’une résurrection distincte des justes. «La pareille te sera rendue», dit le Seigneur, «en la résurrection des justes» (Luc 14:14). «Mais ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts», dit Luc 20:35, «ne se marient ni ne sont donnés en mariage, car aussi ils ne peuvent plus mourir ; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection». Nous voyons ici que certains sont estimés dignes d’avoir part à la résurrection d’entre les morts, et de devenir semblables aux anges ; et qu’ils sont prouvés fils de Dieu parce qu’ils appartiennent à cette résurrection et qu’elle est leur part. Si tous étaient ressuscités ensemble, cela ne pourrait être vrai. Il y a une résurrection qui n’appartient qu’aux enfants de Dieu et qui prouve qu’ils sont tels.
Le chapitre 5 de Jean est tout aussi clair. Il nous présente deux grands moyens par lesquels le Fils est glorifié : Il vivifie avec le Père, et Il est seul juge. Ces deux choses ne sont pas confondues. Le jugement a pour but d’obliger chacun à l’honorer. Mais à quelle catégorie est-ce que j’appartiens ? Ceux qui ont entendu Sa parole et cru à Celui qui l’a envoyé, sont vivifiés ; ils ont la vie éternelle ; ils ne viendront pas en jugement, mais sont passés de la mort à la vie. Christ a déjà vivifié des âmes comme Fils de Dieu. «Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement» (v. 28, 29). Il y a donc deux résurrections distinctes de caractère et de nature, l’une en jugement, l’autre en vie et complétant pour le corps ce qui a déjà été fait pour l’âme. Le mot «heure» est allégué ici par certaines personnes pour montrer que ces deux résurrections sont simultanées. Cette question a relativement peu d’importance en comparaison du fait que les saints seront ressuscités à part comme ayant déjà été acceptés, et que les méchants seront ressuscités pour être jugés.
Mais l’opinion suivant laquelle le mot «heure» signifie la même époque n’a pas de fondement. Il y a une heure pendant laquelle les âmes sont vivifiées pour avoir une part avec Christ (v. 25), une autre pendant laquelle le jugement sera exécuté (v. 28). La première a certainement duré plus de 1900 ans et comprend deux périodes distinctes, Christ sur la terre, et Christ dans le ciel. Cet argument n’a aucun fondement alors qu’il repose sur un mot signifiant d’une part au verset 28 un seul et même moment et d’autre part au verset 25 plus de 1900 ans. Il suffit d’une concordance pour montrer la faiblesse de cette argumentation. Les versets 39, 40, 44, 54 (du chap. 6) mentionnant le dernier jour confirment ce que nous disons ; ils montrent comment s’accomplira la promesse de la vie éternelle. Il serait sans importance d’insister sur la résurrection d’un homme au dernier jour comme preuve certaine de faveur et de vie éternelle, si le plus méchant homme était ressuscité exactement de la même manière, le sort de tous deux devant être établi par le jugement.
Il est bon d’affirmer que la notion de la venue de Christ à la fin du monde est antiscripturaire. Lors du jugement des morts qui a lieu à la fin du monde (le dernier ennemi qui sera aboli trouvant alors sa fin) Christ ne vient pas ; Il est assis, comme nous l’avons dit plus haut, sur le grand trône blanc (Apoc. 20:11) ; le ciel et la terre s’enfuient de devant sa face, les morts se tiennent devant le trône et les livres sont ouverts (Apoc. 20:12) sans qu’il y ait aucun retour à la terre.
De même la consommation du siècle (au chapitre 13 de Matthieu et ailleurs ; Matt. 13:39, 40, 49 ; 24:3 ; 28:20) n’est pas la fin de cette terre quand elle sera consumée, mais la fin de l’économie actuelle ; phrase bien connue parmi les juifs qui parlaient du olam-hazeh, ce monde ou ce siècle, et du olam-havo, le siècle à venir, ce dernier étant l’époque du règne du Messie. «Le dernier jour», que nous avons mentionné, fait allusion à cela ; le croyant ressuscitera quand Christ viendra et mettra fin à ce siècle (aiôn). Ces termes ne sont certainement pas «la fin du monde». Christ ne pouvait pas donner la gloire aux siens lorsqu’Il parlait ; mais lorsqu’Il entrera dans son royaume, Il les ressuscitera et ils régneront avec Lui.
Dans l’épître aux Philippiens, nous trouvons la confirmation de la même vérité : «Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts» (Phil. 3:11) ; ce serait un effort bien inutile ; et si l’homme le plus incrédule pouvait y avoir aussi part, il ne serait pas question d’y parvenir. Si, au contraire, les saints doivent être ressuscités à part en gloire, c’est un but qui mérite d’être sérieusement poursuivi. En grec ce passage a une force que le français ne rend pas. L’apôtre a inventé un mot grec pour exprimer cette résurrection distincte — exanastasis — une résurrection d’entre les morts. C’était ce que Paul cherchait à atteindre. Christ, l’objet de la faveur divine, a été ressuscité d’entre les morts, lui, les prémices ; et Paul espérait faire partie de la récolte du Christ lorsqu’Il reviendra du ciel, comme il le dit à la fin du chapitre : «D’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Phil. 3:20-21). Il est donc évident que l’Esprit insiste sur une résurrection qui appartient aux saints et à laquelle les méchants n’ont aucune part. On s’en aperçoit même au sujet des vérités les plus ordinaires : «Attendant l’adoption, la délivrance de notre corps» (Rom. 8:23). L’apôtre n’aurait pu se servir d’une expression semblable pour exprimer que le corps sera délivré du pouvoir de la mort, s’il avait eu en vue une commune résurrection en vue du jugement — et que cela fût une pensée chrétienne. Comment, dans ce cas, la résurrection pourrait-elle être «l’adoption» et la mort serait-elle engloutie en victoire ?
Nous avons déjà examiné 1 Thessaloniciens 4. Les morts en Christ ressuscitent, les vivants sont changés, tous ensemble vont à la rencontre du Seigneur en l’air (1 Thes. 4:17) et ainsi ils seront pour toujours avec le Seigneur ; cet exposé n’a pas besoin de commentaire pour démontrer que les méchants sont exclus de cette scène.
Je voudrais seulement ajouter que, si ce chapitre et 1 Corinthiens 15 parlent très clairement de la résurrection des saints comme ayant lieu à la venue du Seigneur, les passages qui traitent de sa venue pour les saints confirment la même vérité de la manière la plus claire. Par exemple : «Si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:3). Christ revient pour prendre les siens auprès de Lui. Il est inutile d’ajouter que les méchants en sont naturellement exclus.
De même il est dit dans l’épître aux Hébreux : «Comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent» (chap. 9:27, 28). Ici encore l’incrédule n’a aucune part au salut et à l’attente du Seigneur. Remarquez encore, dans ce passage, que cette part du croyant est en contraste avec la mort et le jugement — part naturelle de l’homme déchu. Plus nous sommes familiers avec le Nouveau Testament, plus nous voyons combien Christ et le croyant sont associés par le Saint Esprit ; de telle sorte que la vie et la résurrection appartiennent à tous deux : seulement Christ les possède par droit divin et nous par grâce. Ces croyants se confiaient en Dieu qui ressuscite les morts ; ils savaient que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi avec Jésus et nous présentera avec tous les saints ; ils savaient aussi que «si notre maison terrestre qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (2 Cor. 5:1) ; ils attendaient que ce qui est mortel fût «absorbé par la vie» (2 Cor. 5:4). Dieu les avait formés à cela même, et leur avait aussi donné les arrhes de l’Esprit (2 Cor. 1:22), afin qu’ils eussent toujours confiance.
La froide doctrine d’une résurrection commune à tous, aboutissant au jugement, exclut de telles pensées. Lorsque Christ vient pour juger les vivants sur la terre, et qu’Il les trouve mangeant, buvant, achetant, vendant, etc., (ce qui n’est évidemment pas le grand trône blanc où seuls les morts apparaissent), toute l’Écriture déclare que les saints apparaîtront avec Lui : «Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi» (Zach. 14:5). «Le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades» (Jude 14). «Quand le Christ... sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Col. 3:4). «Et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur» (Apoc. 19:14). «Ceux qui sont avec lui, appelés, et élus, et fidèles» (Apoc. 17:14). Les anges viendront assurément avec Lui, mais combien de ces passages ne s’appliquent ni ne peuvent s’appliquer aux anges ! «Nous apparaîtrons avec Lui en gloire» (Col. 3:4). Ainsi donc avant que Christ juge qui que ce soit, même les vivants, les saints auront été ressuscités et seront avec Lui. Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis par Lui, comme nous l’avons vu en 1 Thessaloniciens 4, où il nous est expliqué comment ils s’en iront pour revenir ainsi. C’est cette parfaite association avec Christ qui donne une telle valeur à la doctrine d’une résurrection distincte des saints.
Nous ne sommes pas seulement sauvés par Christ, mais bénis et glorifiés avec Lui et semblables à Lui, le premier-né entre plusieurs frères. La résurrection est donc à la fois le témoignage et l’espérance des apôtres et des saints, comme nous le voyons dans l’Écriture. Il est clairement enseigné que nous serons heureux dans l’intervalle. Des passages comme 2 Corinthiens 5, Philippiens 1, des exemples comme celui du brigand sur la croix et celui d’Étienne, en sont la preuve certaine, de fait et comme doctrine ; seulement nous n’aurons pas de conformité absolue avec Jésus lorsqu’après la mort nos esprits seront avec Lui, mais lorsque nous serons ressuscités et glorifiés comme Lui, semblables à Lui et le voyant tel qu’Il est.
On peut voir dans ce qui précède que j’ai traité ce sujet au point de vue de l’enseignement de l’Écriture, cherchant ce qu’elle nous dit de la résurrection des saints et de quelle manière elle les associe à Christ. La résurrection des méchants, bien que mentionnée comme distincte et aboutissant au jugement, est simplement constatée et n’est jamais longuement traitée ; tandis que la résurrection des saints est largement développée comme leur part exclusive, et distincte de la première par sa nature, son principe, son objet et son époque.
Je ne sache pas qu’il soit parlé directement de la résurrection des méchants (sauf dans le discours de Paul à Félix et dans le chapitre 5 de l’évangile de Jean) jusqu’au livre de l’Apocalypse que nous allons considérer. Nous y voyons des trônes de jugement avec ceux qui y sont assis. Parmi eux se trouvent ceux qui ont été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu, et ceux qui n’ont pas rendu hommage à la Bête. «Le jugement leur fut donné... et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans». Ceux-ci composent la première résurrection. Remarquez que dans ce moment-là Christ est déjà venu ; que le ciel a été ouvert, que les noces de l’Agneau ont eu lieu, que sa femme s’est préparée, et que la Bête a été jugée. Je ne parle pas du moment exact de la résurrection au milieu de ces événements car il n’en est pas du tout parlé ici, mais je parle de l’époque à laquelle tout cela prend place. Babylone est jugée par Dieu, les noces de l’Agneau sont venues, de sorte que son Épouse est là tout entière ; la Bête est détruite par Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs ; les armées qui l’accompagnent sont sans aucun doute les saints, car ils sont vêtus de robes blanches et ceux qui sont avec lui sont appelés et élus, et fidèles (chap. 17:14). La première de ces épithètes ne peut absolument pas s’appliquer aux anges.
Lorsque l’Assemblée sera au complet, les saints ressuscités seront assis sur des trônes ; parmi eux se trouveront ceux qui ont été décapités pour la parole de Dieu ; parler comme on l’a fait d’une résurrection de principes est donc une absurdité. C’est pour leurs principes que ceux que l’on trouve ici ont été décapités ; Christ n’épouse pas des principes, mais l’Assemblée, selon l’Écriture. Or c’est ici un exposé qui concerne des personnes : «Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection». Sont-ce donc là des principes ? «Sur eux la seconde mort n’a pas de pouvoir ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ». Qui a jamais entendu parler de principes qui seraient des sacrificateurs ? On pourrait à la rigueur parler figurativement de principes régnants, mais non de principes sacrificateurs ! Notez qui sont ces rois et ces sacrificateurs ; car dans le même livre nous lisons : «Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père». Christ a-t-il lavé de leurs péchés ses propres principes ? Ceux qu’Il a lavés sont sacrificateurs et règnent avec Lui. Et encore, selon sa promesse, si nous souffrons avec Lui, nous régnerons aussi avec Lui.
Plus loin nous lisons : «le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis». Y avait-il d’autres principes qui ne vécurent pas ? Il est réellement absurde d’appliquer cette expression à des principes ; il est donc également absurde de l’appliquer à ceux dont ils sont le reste.
Dans chaque cas, par conséquent, il est question d’hommes morts, et dans chaque cas il est parlé de leur résurrection. En un mot le règne promis de bénédiction et de paix sur la terre sera accompagné d’une résurrection des saints et du jugement des méchants sur la terre.
Ésaie ajoute à cela un témoignage frappant. Au chapitre 25 nous lisons : «Le chant des terribles a été apaisé... Il détruira en cette montagne (Sion, Jérusalem) la face du voile qui couvre tous les peuples, et la couverture qui est étendue sur toutes les nations. Il engloutira la mort en victoire». Ce passage nous parle de jugement, puis de la bénédiction qui s’étend de Jérusalem à toutes les nations pour enlever les ténèbres qui les couvrent, et nous présente, en troisième lieu, la déclaration expresse que cela arrivera par la résurrection des saints : «Alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie en victoire». Pour un esprit soumis à l’Écriture et ne se fiant pas à la tradition ou à ses propres raisonnements, ce point est, me semble-t-il, aussi clair que l’Écriture peut le rendre. Si cet argument avait quelque valeur, on pourrait encore ajouter que l’Assemblée l’a cru pendant 200 ans. La mondanité et les hérésies augmentèrent dans la proportion du déclin de cette vérité, et en furent la conséquence, comme le Seigneur l’avait prédit dans la parabole des méchants esclaves.
Je vais citer un autre passage, non qu’il se rapporte en quoi que ce soit à ce sujet, mais parce qu’on croit généralement qu’il s’y rapporte — c’est la parabole des brebis et des chèvres (Matt. 25:31). Ne s’agit-il pas ici, nous dit-on, de tous les hommes, dont les uns sont placés à la droite du Fils de l’Homme et les autres à sa gauche ? La réponse est simple : Il n’y a rien du tout dans ce passage qui se rapporte à la résurrection, mais, comme il nous le dit, il s’agit ici des nations. Ce sont les vivants, non les morts ; les nations sur la terre paraissant devant le Christ quand Il viendra dans sa gloire et s’assiéra sur le trône du jugement et rassemblera toutes les nations pour les juger selon la déclaration des prophètes. Mais de plus nous avons ici trois classes et non pas deux : les brebis, les chèvres et les frères ; une troisième classe qui ne vient pas en jugement, mais que le Seigneur désigne en parlant aux brebis aussi bien qu’aux chèvres par ces mots : «ceux-ci qui sont mes frères». Ceci nous conduit à un autre point bien défini qui montre que ce jugement n’est pas général. Les chèvres et les brebis sont jugées selon la façon dont elles ont traité ces frères qui représentent Christ. Ce qui leur a été fait, lui a été fait à Lui. Or cela n’est pas, et ne peut pas être, la base d’un jugement général. Comme nous le voyons en Romains 2, il y a des hommes qui périront sans loi ; il y en a qui seront jugés par la loi. En fait, la grande majorité des païens (nous ne craignons pas de dire : les neuf dixièmes de tous ceux qui feront partie d’un jugement général) n’auront jamais été en contact avec ceux qui représentent Christ, en sorte que la question ne pourra être soulevée. En un mot le passage ne s’applique pas du tout à un jugement général de ceux qui sont ressuscités, mais (comme cela est dit) au jugement des nations.
Tout lecteur attentif verra que ce qui concerne le témoignage parmi les juifs est traité au chapitre 24 v. 31. Ensuite, ce qui concerne les chrétiens est traité dans trois paraboles, depuis le verset 42 du chapitre 24 jusqu’au verset 30 du chapitre 25, les esclaves fidèles ou méchants, les vierges sages ou folles, les serviteurs responsables de faire valoir leurs talents. Enfin, poursuivant au verset 31 du chapitre 25 le sujet du chapitre 24 v. 31, le Seigneur reprend le jugement de la troisième catégorie, les Gentils : ce jugement se rapportant au témoignage particulier rendu par Lui et les siens, et n’étant pas un jugement général des hommes sur des bases générales. Beaucoup de personnes oublient presque qu’il y a un jugement des vivants aussi bien que des morts, et que Dieu « a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela» (Actes 17:31).
L’immense importance de la vérité sur laquelle nous insistons, et la manière dont elle change le ton de notre christianisme n’aura pas échappé au lecteur chrétien. Au lieu de laisser les croyants mélangés à la masse des incrédules, pour attendre ensemble la décision du jour du jugement, comme si les saints n’étaient pas rachetés, sauvés, et n’avaient pas une liaison spéciale avec Christ — ce qui change entièrement leur position — cette vérité manifeste clairement leur union avec Christ et leur séparation des incrédules. Nous avons Christ, les prémices, puis ceux qui sont du Christ et qui participeront à la résurrection d’entre les morts, la même résurrection que Lui, en vertu de la parfaite faveur dans laquelle ils sont acceptés.
J’ajouterai ici que la résurrection «d’entre les morts» et la résurrection «des morts» ne sont pas confondues dans l’Écriture. La résurrection des morts est la doctrine générale selon laquelle les morts ressusciteront et ne resteront pas dans le tombeau. La résurrection d’entre les morts en vertu de la faveur divine qui repose sur quelques-uns, les prend du milieu des autres qui sont laissés en arrière ; en sorte que les premiers sont ressuscités en gloire pour être avec Christ et semblables à Lui pour toujours. Il est évident que ceci est une vérité tout à fait différente de la soi-disant résurrection générale pour le jugement. Nous sommes séparés des méchants et complètement associés avec Christ. En même temps cette pensée ne touche nullement les vérités fondamentales de l’Évangile, au contraire, elle les renforce ; et cela a aussi son importance, car les hérésies se basent toujours sur des vérités mal comprises ou altérées.
Les deux résurrections donnent un relief tout particulier à la valeur de l’expiation, à l’efficacité absolue de la rédemption, au fait que Christ est notre vie et que nous avons reçu le Saint Esprit. Le fait que nous sommes ressuscités avec Christ, associés à Lui, identifiés avec Lui, apparaît ainsi dans toute sa simplicité et sa force scripturaire ; tandis qu’il est pratiquement mis de côté, si nous sommes mélangés à tous les incrédules qui ont rejeté le Seigneur et qui paraîtront en jugement. L’union de Christ avec son peuple devient ainsi plus claire, tandis que son union divine avec le Père et d’autres vérités fondamentales restent comme toujours à la base de toute la vérité. Son humanité apparaît plus claire que jamais par notre union avec Lui. L’immortalité de l’âme garde son importance vitale, et l’heureux état intermédiaire de l’âme des croyants est manifesté avec plus d’évidence. En effet, si les saints sont soumis à un jugement final pour décider de leur sort, comment peuvent-ils avoir été au ciel avec Christ en attendant ce moment ? Comment penser que Paul, après avoir été plus de 1900 ans avec Christ doive attendre pour savoir s’il sera ou non avec Lui ? Tandis que, si la résurrection des saints n’est pas ce jugement, mais la jonction par la puissance de Christ d’un corps glorifié et d’un esprit bienheureux, cela devient très simple. Notre esprit part pour être avec Christ, comme l’Écriture l’enseigne continuellement ; au temps voulu notre corps ressuscitera en gloire et nous serons rendus conformes à l’image du Fils, nous porterons son image et serons semblables à Lui dans la gloire. S’en aller pour être avec Christ est de beaucoup meilleur ; mais nous attendons sa venue pour obtenir un corps glorieux. La première résurrection, celle d’entre les morts (la seule que l’Écriture reconnaisse pour les saints) lie les affections, la foi, l’espérance du chrétien à Christ — et c’est la plus grande bénédiction que nous puissions avoir dans ce monde.
Des chrétiens sincères demanderont avec raison : S’il en est ainsi, que devient notre comparution devant le tribunal de Christ ? J’ajouterai donc quelques mots sur ce sujet. Nous avons déjà vu qu’en Jean 5 il est positivement établi que le croyant ne viendra pas en jugement, mais il nous faut rechercher la signification des passages qui se rapportent à ce sujet et comprendre toute leur force.
Il ressort clairement de 2 Corinthiens 5 et de Romains 14 que chacun de nous rendra compte de lui-même à Dieu. Le résultat pour les méchants est certainement l’exécution de la sentence de condamnation (non pas la condamnation même, car celui qui ne croit pas est déjà condamné) ; mais ils recevront les choses accomplies dans le corps, étant précipités de devant le grand trône blanc dans l’étang de feu. Je ne m’arrêterai pas davantage sur ce sujet, quelque solennel et important qu’il soit ; ce n’est pas le sujet de notre présente étude. Les vivants (Matt. 25 ; 2 Thess. 1 et Apoc. 19) et les morts (Apoc. 20) subiront un châtiment éternel, mais l’Écriture est aussi claire au sujet de ceux qui sont sauvés. Nous paraîtrons tous devant le tribunal de Christ, nous rendrons tous compte à Dieu de nous-mêmes. À Dieu ne plaise qu’un iota de l’Écriture soit affaibli en quelque manière que ce soit ! Nous avons à recevoir la vérité dans ses moindres détails et à l’appliquer par grâce dans toute sa force. Recherchons donc quelle est la pensée de l’Esprit dans ce passage du tribunal. Il est frappant de voir comment l’Écriture évite ici le mot jugement, même lorsque nous pourrions l’attendre, quand il est question des saints.
Il y a deux côtés de notre position comme chrétiens qui éclairent cette question. Nous nous tenons devant Dieu pour jouir de Lui, en la présence duquel il y a plénitude de joie. Et en outre Dieu nous a donné d’avoir une précieuse part dans l’activité de son amour envers les autres, activité dont le plein exercice se lie clairement avec notre propre état spirituel. Pour qu’Il sorte et combatte avec nous, il ne faut pas d’Acan dans le camp d’Israël. Quant à notre position devant Dieu, nous sommes parfaits en Christ : Il est ma vie, ma justice aussi bien que celle de Paul ; nous serons tous rendus conformes à l’image du Fils de Dieu. Tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes. Mais lorsque nous en venons à l’activité spirituelle, combien est grande la différence ! Nous sommes tous semblables à Christ, tous rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière, nous entrons tous dans la joie de notre Maître : mais, à côté de cela, chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. Le résultat que Christ a obtenu pour chacun de nous est le même ; nous serons rendus conformes à sa propre gloire, nous serons avec Lui dans la maison du Père. Mais, quoique tout soit grâce, chacun de nous aura sa propre récompense pour l’œuvre que le Saint Esprit a accomplie par son moyen. Les Thessaloniciens ne seront pas notre joie et notre couronne dans le jour du Seigneur, comme ils seront celle de Paul. Si nous avons bâti du bois, du foin, du chaume, nous pourrons être sauvés, mais nous en éprouverons une perte. C’est bien là une partie de la vérité et cela n’empêche pas que notre acceptation soit parfaite, la même pour tous, que nous soyons la justice de Dieu en Christ et que Dieu nous ait tous formés pour la gloire.
Chacun de nous recevra pour lui-même les choses accomplies dans le corps. Pour les méchants, ce sera naturellement le châtiment et la condamnation ; pour les saints, la récompense — mais avant ce moment-là ils sont déjà ressuscités, glorifiés, leur corps transformé en la conformité du corps glorieux de Christ. Il est dit : «Aie autorité sur dix villes», «Sois établi sur cinq villes», etc. (Luc 19). Mais il y a plus encore que cela ; nous connaîtrons comme nous avons été connus, nous rendrons compte de nous-mêmes à Dieu, et par conséquent de tout en détail. Il n’y aura rien de secret qui ne soit révélé, ni rien de caché qui ne vienne en lumière. Nous n’aurons plus aucune trace de notre nature pécheresse ; mais si nous rendons compte de nous-mêmes à Dieu, il est clair que cela doit être de toutes choses, sinon ce ne serait pas un compte rendu exact et complet. Si nous savons que nous sommes en Christ et que tout est découvert devant Dieu, cela ne nous alarme pas. Si mon lecteur se sent mal à l’aise à ce sujet, c’est qu’il n’est pas en règle avec Dieu. S’il avait déjà maintenant tout découvert devant Dieu, il ne serait pas effrayé de devoir le faire alors. S’il a revêtu la plus belle robe, il n’aura pas honte de dire quels horribles haillons il avait auparavant. Ah ! s’il ne possède pas cette robe, je comprends qu’il doive essayer de dissimuler et de cacher ses haillons et sa nudité. Mais dire que nous rendrons compte de nous-mêmes à Dieu ne signifie pas que nous serons jugés, car alors nous serons déjà dans la gloire comme nous l’avons vu ; certains d’entre nous auront déjà été avec Christ pendant des siècles.
Mais cette comparution est un grand gain. Je regarde aujourd’hui en arrière et je vois comment le Dieu souverain et saint m’a épargné, gardé, conduit, préservé de chutes, et relevé lorsque j’étais tombé ; comment Il n’a pas détourné ses yeux de moi — comment non seulement il a opéré pour moi un grand salut, mais n’a jamais cessé de me diriger et de veiller sur moi, faisant travailler toutes choses ensemble pour mon bien — comment Il m’a suivi dans mes circonstances, mes dangers, mes difficultés, comment Il m’a accordé la grâce et administré la discipline dont j’avais besoin, en vertu de l’intercession de Christ. Est-ce que je ne désire pas connaître tout cela ? Je le crois maintenant, et lorsque je regarde en arrière je puis citer mille circonstances où Il a agi ainsi à mon égard, et je ne doute pas qu’Il l’ait fait en toute occasion. Mais alors je le verrai dans la perfection. Quelle scène de grâce ce sera ! Eh bien, je me réjouirai avec adoration lorsque je verrai tout cela, comme j’adore et en suis reconnaissant — oh ! combien reconnaissant ! — déjà ici-bas. Si je venais en jugement, ce devrait être pour avoir rejeté toute l’œuvre de Christ, et ma condamnation serait certaine. Mais il n’y a pas de jugement et ne peut y en avoir. Je connaîtrai comme j’ai été connu, et je verrai toutes les voies de Dieu à mon égard.
Mais il y a dans le jugement de nous-mêmes un autre résultat actuel. Nous sommes manifestés à Dieu. La foi anticipe ce moment et produit un résultat pratique et actuel de sanctification — nous sommes ainsi gardés sous l’œil de Dieu. Nous avons été, dit l’apôtre, manifestés à Dieu (2 Cor. 5:11). (Ce n’est pas simplement que nous le serons).
Cette vérité est très importante et nous en avons tous besoin. Quoique les saintes affections doivent être et soient notre part la plus élevée, nous avons, dis-je, besoin de tenir nos consciences sous le regard de Dieu en traversant ce monde, en nous jugeant selon la manière dont Dieu lui-même juge les choses. Être manifestés à Dieu nous pousse à persuader les hommes qui sont encore exposés au jugement de ce grand jour ; cela nous rend attentifs à nous abstenir de juger les autres et à ne pas mettre une pierre d’achoppement sur leur chemin. Telles sont les conséquences que l’apôtre tire même de la frayeur de Dieu, sans mentionner jamais la crainte du jugement pour nous-mêmes qui serons parfaitement semblables en ce jour au Seigneur lui-même. Or «grâces à Dieu pour son don inexprimable !» (2 Cor. 9:15).