[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
RÉFLEXIONS PRATIQUES sur les PSAUMES
Livre 1 : Psaumes 1 à 41 — Livre 2 : Psaumes 42 à 72 — Livre 3 : Psaumes 73 à 89 — Livre 4 : Psaumes 90 à 106 — Livre 5 : Psaumes 107 à 150
par J.-N. Darby
Tables des matières :
7 Cantiques des degrés : Psaumes 120 à 134
Le livre des Psaumes est une des portions de l’Écriture dont l’application et l’interprétation ont été généralement peu comprises ; et néanmoins, il a servi de tout temps à la consolation des saints, en prêtant une voix à l’exercice de leurs âmes devant Dieu.
Depuis quelques années, avec l’intelligence de l’appel et des espérances de l’Église, une connaissance plus approfondie des espérances d’Israël s’est aussi réveillée parmi les chrétiens. Ils ont mieux compris la portée des plaintes touchantes sorties de la plume et du cœur du Roi-Berger d’Israël et d’autres écrivains inspirés des Psaumes.
«David et toute son affliction» a plus de prise sur les affections de nos cœurs que «Salomon et toute sa gloire». Un plus grand que David était en esprit dans toutes les circonstances du roi-prophète, et donnait des accents à ces chants précieux et divins. L’écrivain inspiré de l’épître aux Hébreux ne dit pas, en citant le Psaume 8 à propos des gloires du Fils de l’homme : «David a rendu ce témoignage »; mais : «Quelqu’un a rendu ce témoignage quelque part». L’apôtre savait qu’il y avait là quelqu’un de plus grand que David.
Nous lisons au chapitre 63 d’Ésaïe : «Dans toutes leurs détresses, Il a été en détresse», et nous connaissons l’approche rapide de «cette journée» qui sera «le temps de la détresse pour Jacob» (Jérém. 30:7), mais dont «il sera pourtant sauvé», en contraste avec ses autres afflictions. Israël devra traverser les angoisses de la grande tribulation sous le gouvernement de Dieu en la terre, et les divins gémissements des Psaumes trouveront un écho dans son cœur, lorsqu’il passera par la fournaise. Mais les fidèles apprendront que Celui qui dans toute leur angoisse avait été en angoisse, les avait devancés dans ce chemin. Le résidu d’Israël apprendra ainsi à connaître moralement le cœur et les affections de Jéhovah-Messie, avant que leurs yeux le voient et qu’ils regardent vers Celui qu’ils auront percé et mènent deuil comme quand on mène deuil d’un fils unique. Alors ils lui diront : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il répondra : Ce sont celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis (Zach. 13:6).
L’auteur des pages qu’on va lire a déjà traité ce grand sujet du côté de l’interprétation prophétique (*) ; il va le considérer dans ses rapports avec l’enseignement et le bien moral de l’âme des fidèles.
(*) Études sur la Parole, par J.N. Darby, Les Psaumes
Il est bon toutefois de faire remarquer que les Psaumes ne contiennent pas proprement la vraie expérience des chrétiens, ceux-ci étant introduits dans une relation, dont le Saint Esprit envoyé du ciel leur donne la connaissance et la puissance. Ce livre ne présente cette expérience que dans la mesure de notre participation aux souffrances de Christ. Les chrétiens possèdent quatre choses que l’on ne rencontre jamais dans les Psaumes : une conscience purifiée par le moyen de l’œuvre accomplie à la croix ; l’habitation du Saint Esprit en eux ; la connaissance du Père, par l’Esprit du Fils ; enfin la justice de Dieu, manifestée par l’Évangile comme leur position, en contraste avec «le support des péchés précédents dans la patience de Dieu», qui caractérisait devant Dieu les saints de l’Ancien Testament (Rom. 3:25, 26).
Lorsque le cœur a trouvé dans les Épîtres le déploiement de l’œuvre de Christ, et tout ce qui est nécessaire pour lui faire connaître le repos et la paix avec Dieu ; il remonte en arrière et considère les Évangiles pour y apprendre les voies, les pensées, les actes de Celui qui nous a aimés et qui s’est livré Lui-même pour nous. Puis, remontant encore le courant des Saintes Écritures, s’il a quelque intelligence de la vraie signification des Psaumes, il y fait connaissance avec le cœur de Christ ; il l’y trouve, entrant en sympathie dans les exercices du cœur de son peuple et lui donnant Sa voix pour les exprimer devant Dieu. Le Seigneur a «appris» toutes ces choses, lorsque, en grâce divine, surtout vers la fin de son ministère, il entra dans cette catégorie de souffrances, afin de pouvoir assaisonner la Parole à celui qui est accablé de maux. — Enfin c’est là, dans les Psaumes, que nous trouvons la plainte de son propre cœur, alors que nul cœur humain ne pouvait sonder la profondeur des flots de l’angoisse qui passaient sur son âme sainte.
Puissiez-vous, cher lecteur, si vous avez trouvé la paix avec Dieu, discerner, par son Esprit de grâce, «les choses excellentes» ; puissiez-vous apprendre de chaque ligne des Écritures ces leçons qui élargissent le cœur dans la connaissance de Jésus. S’il est nécessaire pour vous de faire l’application vraie et directe des Psaumes selon l’intention de Dieu, vous y trouverez aussi une nourriture savoureuse pour votre âme, des encouragements et des consolations pour toutes les épreuves du pèlerinage. Vous y apprendrez en outre ce que sont les voies et le gouvernement immuables de Dieu, applicables à tous les temps, mais manifestés d’une manière éclatante dans l’histoire de son ancien peuple d’Israël. Cette nation, rejetée pour un temps, sera restaurée plus tard et deviendra le centre du gouvernement manifeste et public de Dieu sur la terre.
L’Éditeur
Mon but dans les pages qu’on va lire, n’est pas d’interpréter les Psaumes, ce qui a été essayé autre part, mais d’en tirer quelque instruction spirituelle et quelque édification pour nos âmes. Les Psaumes jettent une lumière toute particulière sur le gouvernement de Dieu et sur les sympathies de l’Esprit de Christ pour son peuple. Ces deux choses ont en premier lieu les Juifs pour objet et pour centre de leur action ; mais tout en admettant la grande différence qui existe entre l’état des Juifs et le nôtre, entre la relation d’un peuple avec l’Éternel, et celle d’enfants avec leur Père, il n’en est pas moins vrai que les voies de Dieu en gouvernement s’appliquent aussi à nous chrétiens. Comme point de vue pour envisager le chrétien, le gouvernement de Dieu, quoique au second plan (l’autre point de vue, plus élevé, est céleste) n’en est pas moins d’une importance immense et d’un haut intérêt. C’est sur ce terrain qu’on découvre tous les soins de la tendresse divine de Celui qui a même compté les cheveux de notre tête ; c’est ici que l’on apprend à connaître avec quel sérieux et quelle vigilance il faut marcher devant Dieu qui jamais ne se départ de ses saintes voies, dont on ne se moque point impunément, qui ne retire pas ses yeux de dessus le juste, quoique sa grâce agisse en toutes ces choses pour nous rendre parfaits devant Lui selon ses voies. Le gouvernement de Dieu appliqué à la marche du chrétien, est surtout exposé dans les épîtres de Pierre (voir 1 Pierre 1:17 ; 3:10-15, ainsi que l’esprit et la teneur de toute l’épître). Dans la seconde épître, le gouvernement de Dieu se poursuit jusqu’à la consommation de toutes choses. La première épître présente surtout le gouvernement des justes ; la seconde, le jugement des méchants, quoique ce jugement soit aussi mentionné dans la première comme mettant fin à la puissance du mal et introduisant la délivrance finale des justes. Pierre était l’apôtre de la circoncision ; c’est pourquoi le gouvernement de Dieu s’offre à lui d’une manière spéciale quand il enseigne.
Ce gouvernement sur la terre est clairement indiqué dans le Psaume 1, ainsi que le caractère de ceux qui jouissent de la bénédiction de ce gouvernement.
Il y est question de celui qui se tient loin du chemin des méchants, qui a son plaisir en la loi de l’Éternel et y médite. La soumission au Christ, dans les conseils de Dieu dépositaire du gouvernement au terme de cette époque d’épreuve, tel est le sujet du Psaume 2. Quelques mots seulement sur le premier de ces deux Psaumes, qui forment la base de tous les autres : nulle participation au conseil des méchants, au chemin des pécheurs, ni au siège des moqueurs ; quoiqu’ici, en connexion avec la responsabilité humaine dans la marche, on est toutefois préservé du mal. Les iniques forment des plans, suivent leur propre volonté, voient les choses à leur façon et ont leurs moyens à eux pour arriver à leurs fins ; ce n’est point là qu’on trouve le juste. Le pécheur va son propre chemin et s’y complaît ; le juste ne marche point avec lui. Les moqueurs sont à leur aise et méprisent Dieu ; le juste ne s’assied pas avec eux. Mais le jugement arrivera, et les pécheurs ne pourront subsister dans l’assemblée des justes, introduits alors dans le repos par la gloire de Dieu.
Le Psaume 2 annonce l’établissement du triomphe terrestre de Christ et de sa royauté en Sion, lorsque les nations lui seront données pour héritage. Ces événements ne sont pas encore accomplis. Le gouvernement de Dieu ne met pas les fidèles à l’abri de la souffrance, ainsi que cela aura lieu alors ; mais il fait tourner la souffrance en bénédiction spirituelle et retient encore sa colère. Glorieuse récompense de nos légères afflictions ! Pour nous, le nom de Père est révélé dans ces afflictions mêmes. Nous invoquons comme Père celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun, et nous nous conduisons avec crainte pendant le temps de notre séjour ici-bas, sachant que nous avons été rachetés. Dans ce Psaume, les rois sont exhortés à se soumettre avant que le jugement n’arrive sur la terre. Mais ce jugement n’est pas encore exécuté, et nous avons à apprendre notre propre leçon dans la patience ; c’est ce que les Psaumes vont nous enseigner.
Examinons les enseignements des premiers Psaumes qui suivent. Les ennemis sont multipliés ; mais la première pensée de la foi est : l’Éternel ; l’âme est en sûreté là ; elle regarde de là ceux qui la pressent. L’Éternel devient ainsi l’objet de la confiance. Si l’Éternel entre dans mon cœur avant ceux qui me pressent, tout va bien. Mon esprit est en paix, parce qu’il voit le Seigneur intéressé à ce qui se passe. Lui est ma gloire, mon bouclier et Celui qui élève ma tête. Remarquons encore qu’il ne s’agit point d’une vue indolente et insensible, du bien et du mal, ni d’une confiance indifférente. Le désir et la dépendance sont actifs, ce sont les liens entre l’âme et l’Éternel. Je crierai et il me répondra ; point de doute à ce sujet ; c’est la confiance que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute ; et que s’il écoute, nous avons les choses que nous avons demandées. Si nous sommes sincères, nous ne désirons pas recevoir quelque chose qui ne soit pas selon sa volonté ; mais, au milieu de l’épreuve et des difficultés, quelle chose immense que la certitude de pouvoir compter sur l’oreille et sur le bras de Dieu, dans ce qui est selon sa volonté ! Source de repos et de paix. «Je me suis couché, et je m’endormirai : je me réveillerai, car l’Éternel me soutient». Que c’est grand et simple à la fois ! Cher lecteur, pouvez vous dire cela ? L’épreuve trouve-t-elle votre cœur confiant en Dieu, comme en un père ; et quand elle redouble d’intensité, votre esprit est-il tranquille, votre sommeil est-il doux ? Votre coucher, votre dormir, votre réveil, portent-ils le caractère de la paix qui vous entoure, parce que vous savez que Dieu est, et qu’il dispose de toutes choses ? Dieu se trouve-t-il ainsi placé entre vous d’une part et vos troubles et ceux qui vous pressent d’autre part ? Alors que peut-il vous arriver ? Les «myriades du peuple» font-elles une différence, si Dieu est là ? L’Assyrien s’est enfui avant de pouvoir même se lever pour exécuter une seule de ses menaces ; ces menaces mêmes trahissent la conscience qu’il a de sa peur. Insensés que nous sommes, de mesurer toujours les difficultés et les épreuves d’après nos propres forces et non d’après celles de Dieu, Lui qui est pour nous, si nous sommes à Lui ! Qu’importe que les villes de Canaan soient murées jusqu’aux cieux, si les murailles s’écroulent au son d’une trompette ? Pierre eût-il marché plus facilement sur une mer calme que sur une mer tourmentée ?
Notre sagesse est de savoir que nous sommes incapables de rien faire sans Jésus et qu’avec Lui, nous pouvons tout ce qui est conforme à sa volonté. Le secret de la paix consiste à être occupé de Jésus pour l’amour de Lui ; et alors nous trouverons la paix en Lui et par Lui, et quand l’affliction surviendra, quoique ne devant pas y être insensibles, nous y trouverons Jésus et ses tendres soins, et nous serons plus que vainqueurs.
Ce Psaume nous présente un autre principe, non moins important : l’effet d’une bonne conscience lorsque nous crions à Dieu dans notre détresse. Il ne s’agit point d’une bonne conscience en tant que justifiés du péché, mais d’une bonne conscience en pratique, qui donne de l’assurance envers Dieu. Si notre cœur ne nous condamne pas, dit l’apôtre, alors nous avons de l’assurance envers Dieu. «Quand je crie, réponds-moi, Dieu de ma justice». Il n’est pas dit : Justifie-moi, Dieu de ma justice, mais : Réponds-moi. L’âme est dans l’angoisse, mais précédemment elle avait été «mise au large», elle avait fait l’expérience de la bonté et de la fidélité de Dieu. Il est, Lui seul, la source de sa gloire et de son honneur. Combien c’était vrai de Christ ! L’homme a diffamé sa gloire et est allé après la vanité. Mais il n’en reste pas moins vrai que selon le gouvernement de l’Éternel qui ne peut se renier Lui-même, Il s’est choisi l’homme pieux. «Ils sont à toi», a dit Christ. Nous sommes un peuple qui Lui appartient en propre. Cette vérité demeure, quoi qu’il en soit ; mais, en marchant dans la piété, elle nous devient présente, et nous donne confiance ; nous voyons la clarté de la face de Dieu et nous sommes certains qu’il nous exaucera. Nous n’avons pas perdu le sentiment de ce qu’il est actuellement pour nous ; notre âme n’est pas obscurcie. Or, rien ne s’obscurcit plus facilement que la dépendance de Dieu et la confiance en Lui. L’intégrité avec le sentiment de la dépendance donne courage. Certainement Dieu nous écoute lorsque, pleins de repentance, nous crions à Lui ; mais ici, nous avons autre chose : l’intégrité du cœur donne assurance au jour de l’affliction, parce que notre esprit voit Dieu ; nos regards sont alors fixés sur Lui pendant tout le temps de la détresse. C’est ce que nous trouvons ici : «Méditez dans vos cœurs... et soyez tranquilles», adorez Dieu dans l’intégrité, sans crainte, et confiez-vous en Lui.
En voyant ce qui nous entoure, beaucoup pourraient dire : «Qui nous fera voir du bien ?» Ils pourraient se décourager et désespérer d’en trouver. Mais dans toutes les circonstances et au travers de tout, la lumière de Sa face est le seul bien solide et invariable. La faveur de Dieu est meilleure que la vie, en outre elle fait immanquablement voir le bien. Que peut la puissance du mal devant la puissance de Dieu ? Lui-même dispose du mal, l’éloigne, le change en bénédiction, l’annule, comme bon lui semble. La foi trouve cela dans la lumière de sa face, et l’âme s’élève au-dessus du mal pour se réjouir en Dieu. Il y a là plus de joie que dans les bénédictions temporelles. Ces dernières sont incertaines ; de plus, elles ne sont pas Dieu Lui-même ; et la lumière de sa face dans la détresse, c’est Lui-même ; elle donne à notre âme le secret du fait que Dieu est pour nous. Aussi «je me coucherai, et aussi je dormirai en paix» ; mon repos n’est point troublé par l’insomnie qui craint l’atteinte du mal, car après tout c’est Dieu seul qui me protège dans la joie et dans la détresse.
Ce Psaume me fournit l’occasion de dire maintenant, pour n’y plus revenir, quelques mots sur l’appel au jugement qu’on trouve souvent dans ce livre. Toutes les fois qu’il est en présence de ses ennemis, l’opprimé ne cesse de crier à l’Éternel. C’est à Lui qu’il regarde ; mais il se fonde sur la justice du caractère et du gouvernement de Dieu qui ne saurait avoir de complaisance pour le mal. L’Éternel fera périr l’homme fourbe et violent ; rien n’est plus juste. Le chrétien sent que Dieu ne doit pas laisser durer à jamais le triomphe du mal ; lorsqu’il réfléchit au gouvernement de Dieu, il se réjouit d’avance de l’extirpation du mal par le jugement ; non pas en pensant au méchant, mais à la justice (*) et à son résultat. La vengeance appartient bien à Dieu, mais ce n’est point là l’élément dans lequel Il vit. La part du Juif étant sur la terre («car les débonnaires posséderont le pays, et feront leurs délices d’une abondance de paix»), il désire, pour son propre repos, la destruction de l’homme fourbe et violent. Différente est la part du chrétien : il laisse l’homme violent ici-bas et s’en va au ciel ; il vit et marche personnellement dans une époque de grâce qu’il quittera pour entrer dans la gloire. Même au temps du millénium, pendant lequel Dieu exercera son gouvernement et retranchera le méchant, la grâce encore sera la place distinctive du chrétien : le fleuve d’eau vive a sa source dans la cité ; les feuilles de l’arbre de la vie duquel il savoure les fruits mûrs, sont pour la guérison des nations. Pour le moment, la place du chrétien n’est que grâce et patience. Il fait le bien, souffre pour la justice, endure patiemment, et sait que cela est agréable à Dieu. Il voudrait surmonter le mal par le bien ; il voit le mal, il sait que ce mal sera jugé, que le jugement dévorera les adversaires et, en les considérant comme tels, il peut se réjouir de ce qu’ils sont retranchés pour ne plus empêcher le bien, — juste jugement dont son âme reconnaît la nécessité ; mais, placé sur le terrain plus élevé de la grâce, le chrétien ne cherche point dans le jugement son gain et sa délivrance. Telle a été la position de Christ. C’est Lui qui exécutera le jugement auquel son Esprit fait appel dans ces Psaumes. Mais au temps de sa marche sur la terre, pendant laquelle il a été notre modèle, Christ n’a point appelé le jugement sur ses ennemis ; «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font», telle fut sa prière quand leur violence était dirigée contre Lui ; et, dans le jugement, il n’a point ouvert sa bouche.
(*) Le mot justice correspond aux deux mots anglais justice et righteousness ; il s’agit ici du second qui signifie le contraire de l’iniquité ou du péché, comme dans Hébr. 5:13 ; 1 Jean 3:7.
Le Psaume 5 nous présente donc l’appel au jugement selon le gouvernement de Dieu sur la terre, jugement basé sur le caractère immuable de l’Éternel, et il attend le bonheur et la joie du peuple de Dieu, qui en découleront. Cette attente ne sera point vaine. Mais notre bonheur à nous est dans les cieux, où il n’est plus besoin de pareilles délivrances. Nous quittons cette terre.
Ainsi, tout en désirant faire ressortir la vérité et la justesse de ce Psaume, je ne le présente en aucune façon comme l’expérience d’un chrétien, sauf que notre cri dans la détresse et dans l’épreuve s’adresse aussi, activement et sans partage, au Seigneur — nous pouvons dire : à notre Père.
Les Psaumes 6 et 7 ont le même caractère que le précédent, en ce qu’ils appellent aussi le jugement. Mais le 6ème se place sur un tout autre terrain que le 5ème, et, à certains égards, il peut présenter au chrétien de la lumière en matière d’expérience. Quand le croyant se trouve dans l’épreuve, le mouvement naturel de la foi est de recourir à Dieu comme à la ressource et à l’espérance de l’âme. La grâce immense que Dieu déploie en étant pour nous, le sentiment que rien n’égale son amour, la confiance qui accompagne la soumission du cœur : toutes ces choses attirent le cœur vers Lui. Aussi n’est-il pas, pour l’âme qui se confie en Lui, de temps plus doux que celui de l’épreuve. Cela suppose une volonté brisée, un cœur soumis et la connaissance de l’amour de Dieu. Dans le cas contraire, l’épreuve, par le moyen de la grâce, opère la soumission, puis elle est retirée ; si elle continue, l’âme trouve son bonheur dans la sainte et parfaite volonté de Dieu et dans le fruit qu’elle y recueille. Mais il est un cas où l’épreuve, quoique tout aussi salutaire et pleine de grâce, offre un autre élément, dans lequel l’amour qui se confie en Dieu devient plus difficile à réaliser. C’est lorsque nous sommes éprouvés à cause de notre conduite. Il est difficile de voir l’amour de Dieu dans l’épreuve que nous subissons par suite d’un péché ; il est difficile de ne pas gémir en sentant que cette épreuve, fruit du péché, est une juste punition et qu’ainsi nous n’avons pas le droit d’y chercher l’amour. Néanmoins, à qui nous adresser, si ce n’est à Lui ? Mais comment chercher secours auprès de Celui que nous avons offensé ? Telle est l’angoissante difficulté d’une âme qui, sachant qu’elle s’est elle-même attiré l’épreuve, sent qu’elle n’a pas le droit d’en réclamer la délivrance. Elle serait presque tentée de désespérer et de succomber sous la conscience de cet état. C’est en une occasion semblable que le Seigneur intercéda pour Pierre, afin que la foi de celui-ci ne défaillît pas, et que sa confiance en Christ et en son amour et son espérance en sa faveur divine ne vinssent pas à se perdre ; car alors le désespoir et le remords auraient pu le faire tomber entre les mains de Satan. Pierre, il est vrai, ne subissait ni épreuve, ni châtiment, mais le danger était le même. La foi empêche le désespoir, mais elle n’ôte point le sentiment du péché et de la justice de la répréhension ; elle se confie en Dieu, en son amour, en sa bonté, qui prennent maintenant le caractère de miséricorde dans l’esprit de celui qui souffre. Le sentiment du péché devient plus profond, la peur des conséquences diminue, et le cœur, humilié, se confie en Dieu malgré tout ; néanmoins il sent que le châtiment est mérité, et même, jusqu’à un certain degré, l’âme en souffre peut-être encore.
Voilà l’état dont le Psaume 6 nous fournit un exemple. Nous y trouvons le cri de détresse au fort de l’épreuve, le recours à la grâce, la prière à Dieu de ne pas reprendre dans sa colère, et la confiance même devant la pensée que la répréhension de sa colère serait une juste conséquence de notre péché. Tout en reconnaissant que la colère est méritée, la foi s’appuie sur la grâce et dit : «Jusques à quand ?» Il est impossible que Dieu rejette pour toujours ceux qui se confient en Lui ; la lumière se fera. Il y a une relation avec Dieu, et la foi compte sur cette relation ; le cœur peut donc exposer sa détresse à un Dieu dont les compassions sont connues. Cette confiance est pleinement exprimée dans les trois derniers versets. On remarquera aussi, à propos de ce Psaume, que, dans le gouvernement de Dieu appliqué à cette terre, la mort est envisagée comme un retranchement ; c’était tout à fait le cas pour les Juifs, ainsi qu’on peut le voir dans l’histoire d’Ézéchias et même dans celle de Job ; mais, dans une certaine mesure, c’est aussi le cas pour le chrétien ; il y a des péchés à la mort, et la mort peut être employée comme moyen de discipline (1 Cor. 11:30) ; elle peut aussi être différée (voir les épîtres de Jacques et de Jean). Quant à notre Psaume, il n’entrevoit rien au-delà de la mort, si ce n’est les ténèbres ; le gouvernement de Dieu fait de même. Lorsque le croyant a la paix, il considère la discipline, même justement sévère, comme un signe certain de la faveur divine. Son horreur du péché est, par suite, d’un caractère beaucoup plus dur, parce qu’il a en abomination le péché même, non point ses conséquences. Peut-être les dards enflammés du méchant l’atteindront-ils, ou tout au moins la terreur le menacera ; mais, au travers de toutes ces choses, il s’attend à la miséricorde et à la fidélité de Dieu ; Christ intercédant pour lui, sa foi ne défaut pas. C’est là cependant un terrible état ; mais le cœur s’attache à Dieu et peut dire : «Jusques à quand» ?
Le Psaume 7 est un appel circonstancié à la justice et à la vengeance, uni à la foi dans le jugement de Dieu. Ainsi l’assemblée des peuplades de la terre reconnaîtra l’Éternel et l’environnera.
L’affligé s’attend à la colère de Dieu sur les iniques, tout en priant qu’elle se détourne de lui-même ; et il l’attend avec la certitude de la foi. C’est ce que nous faisons aussi, en reconnaissant la justice parfaite et l’excellence de ces choses ; mais il est impossible de voir dans ce Psaume l’expérience d’un chrétien, sauf en ce qui concerne le sentiment de l’intégrité devant Dieu et la confiance en Lui. Le Psaume 7 est donc l’expression des sentiments de ceux qui, dans la détresse causée par la haine des méchants, cherchent la délivrance, et non point de ceux qui souffrent comme Christ et avec Lui, afin d’être aussi glorifiés avec Lui.
Le Psaume 8 célèbre le gouvernement millénaire de l’Éternel et la gloire du Fils de l’homme, en rapport avec le peuple juif et par sa bouche. Mais ce Psaume nous présente une vue des plus intéressantes de la gloire de Christ et, autant que cela est possible dans l’Ancien Testament, une vue de notre association avec Lui. L’homme est vu ici, établi comme l’image du Dieu invisible, dominateur sur toute la création. Comme révélation directe, le Psaume ne va pas plus loin et ne pouvait aller plus loin que la position d’homme dans ce monde, car le mystère n’était pas révélé dans l’Ancien Testament ; mais Adam était l’image de Celui qui devait venir. L’Éternel est le Seigneur d’Israël. «Qu’est-ce que l’homme» ? La réponse, c’est Christ. Mais Christ est l’Éternel, et sa majesté est établie au-dessus des cieux ; la terre est mise sous ses pieds. Même aux jours de son humiliation, l’ennemi, le vengeur, a été réduit au silence par la louange que publient de Lui les petits enfants et ceux qui tettent ; car le Père a eu soin de pourvoir à ce que, si pour Lui le Seigneur a été méprisé et délaissé des hommes, ce témoignage fût rendu à la gloire de son Fils ; et ce témoignage a été rendu à sa gloire comme Fils de Dieu, comme Fils de David (c’est en rapport avec ce nom que ces paroles sont citées dans Matthieu 21:16), et comme Fils de l’homme (comparez Jean 11 et 12). Mais en ce jour-là son nom sera magnifique par toute la terre. En attendant il est couronné de gloire et d’honneur avant même que toutes choses soient mises sous ses pieds. Comme simple créature, l’homme est petit et faible ; mais l’homme du conseil de Dieu, le dernier Adam domine sur toutes choses. Au chap. 8 des Proverbes on voit Christ avant la création, présenté comme la sagesse de Dieu, les délices de l’Éternel, dont les délices étaient dans les fils des hommes. C’est pourquoi, à sa naissance, les anges célèbrent le bon plaisir de Dieu dans les hommes (non pas sa bonne volonté à leur égard). Qu’est-ce que l’homme ? demande Job irrité. Pourquoi Dieu ne pouvait-il pas se retirer de lui ? (Job 7:17). Il est encore dit au Psaume 144 : Qu’est-ce que l’homme ? La pensée est ici : pourquoi Dieu épargnerait-il si patiemment les méchants ? Mais au Psaume 8 c’est l’homme selon les conseils de Dieu, le dernier Adam, le second homme, Christ, la gloire de l’Éternel, établi comme homme au-dessus des cieux, la terre et même toutes choses étant mises sous ses pieds, ce que nous ne voyons pas encore ; mais nous voyons déjà la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ qui, après avoir été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de sa mort, est couronné de gloire et d’honneur.
Je passe sur les Psaumes 9 et 10, dont le premier célèbre le jugement des ennemis d’Israël, et le second raconte la méchanceté de leurs oppresseurs. Ces deux Psaumes expriment l’assurance, pendant l’oppression, que Dieu la voit et n’oublie pas les affligés ; puis, lors de la délivrance, ils célèbrent la fidélité de l’Éternel. Le monde est jugé avec justice et l’Éternel se fait connaître par le jugement qu’il exécute. Il suffit d’attirer l’attention sérieuse du lecteur sur le jugement du monde, mentionné dans ces Psaumes, et sur la scène principale de ce jugement dans le pays d’Israël. En toute occasion cependant, l’âme humble peut traverser l’oppression et l’épreuve dans la tranquille certitude que Dieu la voit et que sa cause est entre les mains de Dieu. Et même, ce qui est plus difficile, subît-elle une épreuve par sa propre faute, si elle s’humilie véritablement elle peut encore compter sur Dieu.
Passons maintenant au Psaume 11 et examinons quels sont les sentiments de ceux qui, souffrant sous l’épreuve qui précède la délivrance, ont encore à posséder leurs âmes par leur patience. Une chose, en premier lieu, ressort distinctement de ce Psaume (chose toujours vraie, mais non manifestée publiquement comme elle le sera alors), c’est l’impossibilité de compter sur l’homme et d’en espérer le moindre secours, l’instabilité de tout ce qui est terrestre, la ruine complète amenée par le mal. Puisque les fondements sont détruits, que fera le juste ? Pour la foi, tout cela est vrai depuis que Christ a été rejeté ; mais jusqu’à présent, tant que sa patience trouve à s’exercer, et qu’il y a encore des âmes à amener à la communion avec Christ, la main de Dieu refrène le pouvoir du mal. Les choses auxquelles ce Psaume fait allusion, ne seront pleinement manifestées qu’au temps où le méchant dominera sur la terre avant que Dieu se lève pour le jugement et pour délivrer tous les débonnaires de la terre.
Des cas particuliers d’épreuve nous placent souvent, dans notre sphère restreinte, au milieu de circonstances analogues. Seulement, n’oublions pas que nous avons affaire à un Père que nous connaissons comme tel et qui nous discipline pour notre bien, pour notre profit céleste et éternel, avec le même amour par lequel il n’a point épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous.
La question posée dans ce Psaume est celle-ci : «Si les fondements sont détruits, que fera le juste ?» À quoi aura-t-il recours comme assez divinement stable pour s’y appuyer ? car le bien n’existe pas et les méchants n’étant arrêtés par aucun scrupule de conscience, usent de fraude pour détruire les justes. Il y a un moment où le Seigneur avertit de fuir, où il est tout à fait inutile, soit d’agir, soit d’attendre avec patience. Mais tel n’est pas le cas ici ; et cela n’arrivera que lorsque Dieu aura tout abandonné, pour un temps, entre les mains des méchants. La peur et l’incrédulité pousseraient à fuir, comme l’oiseau, loin du mal, en un lieu de refuge et d’humaine sécurité. La foi regarde plus haut : «Je me suis confié en l’Éternel». Se réfugier en Dieu qui est au-dessus de tout, qui connaît tout, auquel rien n’échappe, dont la fidélité est immuable, sans lequel pas un passereau ne tombe, qui enfin dispose de tout, quoi que l’homme propose : se réfugier en Dieu qui est notre Père, c’est la ressource et la paix du juste. Le propre de cela est de rendre notre marche parfaite et de nous tranquilliser en tout temps ; car les circonstances ne gouvernent plus nos sentiments, et l’âme n’a pas d’autre motif de conduite que la volonté de Dieu ; elle l’accomplit avec hardiesse, quand elle y est invitée, en vertu de sa confiance en Lui. De plus, nous sommes tranquilles, sachant que le résultat est entre les mains de Dieu, auquel nous nous confions.
Toutefois, là ne se borne pas l’enseignement du Psaume 11. Sur la terre tout est bouleversement, confusion ; point de sécurité pour le juste. Mais l’Éternel est dans le palais de sa sainteté ; il a son trône dans les cieux ; ses yeux voient, ses paupières sondent les fils des hommes ; Il ne dort ni ne sommeille ; aussi le juste peut-il Lui remettre sa cause. Nous trouvons en outre ici une exposition des voies de Dieu au temps de l’affliction. L’Éternel sonde le juste. Lorsque les paupières de Celui qui voit toutes choses au point de vue de sa propre pureté, sondent les fils des hommes, il a un but spécial quant aux justes. Il les éprouve et il les crible. C’est pour nous une vérité de toute importance que l’activité de Dieu dans ses voies envers les justes, afin d’accomplir tout ce que sa grâce s’est proposé à leur égard, de manifester son caractère, de juger et de les faire juger tout ce qui ne s’accorde pas avec ce caractère divin, de leur donner ainsi l’intelligence de ce qu’Il est Lui-même et de les y conformer moralement ; à la fois soumettant leur volonté et mettant en activité leurs affections par le sentiment de sa fidélité et de son amour. Briser la volonté est un moyen puissant d’ouvrir l’intelligence.
Son temple et son trône gouvernent tout cela. Dans son palais, chacun annonce sa gloire. C’est là que l’homme s’approche de Lui ; là que sont révélés son caractère et sa nature, afin que, conformément à ce caractère et à cette nature, l’homme puisse être associé avec Lui. Son trône dispose toutes choses afin de nous rendre dignes d’être associés au temple. La chair ne se plie naturellement pas volontiers à ces exigences ; mais cette action de Dieu est précisément ce qui est nécessaire et profitable. Il sonde les fils des hommes, aucune de leurs actions ne lui échappe ; toutes choses sont découvertes aux yeux de Celui auquel nous avons affaire, et il en juge. Mais il sonde plus particulièrement les justes, et cela en contraste avec sa haine des méchants sur lesquels il enverra le jugement. Lorsque Dieu sonde les justes, il s’agit avant tout de sa nature et de sa gloire, qu’il n’abandonne pas. Quoique sa face regarde les justes, et quelque plaisir que son amour prenne en eux, il ne saurait se renier Lui-même ; c’est à ce qu’il est Lui-même qu’il veut les rendre conformes, tout en maintenant son caractère en gouvernement. Dieu s’est servi d’Israël pour faire connaître à toute la terre qu’Il ne veut pas souffrir le mal ; et plus ce peuple était près de Lui, moins il pouvait tolérer en lui l’injustice : «Je vous ai connus vous seuls de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités». Aujourd’hui encore, malgré toute Sa grâce, on ne se moque pas de Dieu. L’homme moissonnera ce qu’il aura semé. Une foule de passages démontrent ce principe dans son application à Israël, et ce principe est soigneusement maintenu (Rom. 2:6, etc.). Ce sont, nous l’avons dit, surtout les épîtres de Pierre qui révèlent ce juste gouvernement de Dieu, la première, pour les justes, la seconde, contre les méchants. En sondant et en éprouvant les justes, Dieu revendique et maintient son caractère au milieu de ceux qui sont près de Lui.
Mais il les sonde aussi pour leur profit, et leur prouve ainsi, d’une manière précieuse, tout le soin qu’il prend d’eux. «Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste», dit Élihu. Il est possible que nous soyons affligés par diverses tentations ou épreuves, si cela est nécessaire, et nous devons l’estimer comme une parfaite joie (Jacq. 1:2), sachant que l’épreuve produit la patience. Or, en voici le résultat : «Que la patience ait son œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis» dans toute la volonté de Dieu.
Nous devons nous glorifier dans les tribulations (Rom. 5) ; elles produisent la patience, et notre espérance n’en devient que plus brillante, l’amour de Dieu étant répandu dans nos cœurs — cette vraie clef de tout ce qui arrive.
L’amour de Dieu agissant en discipline, nous fait conclure deux choses exprimées en Hébr. 12. La première, c’est qu’il ne faut pas mépriser la discipline qui a sa raison en nous, puisque c’est l’amour de Dieu qui l’applique ; la seconde, c’est qu’il ne faut pas perdre courage, puisque c’est à l’amour que nous avons affaire.
Le livre de Job nous apprend que Dieu a deux buts différents lorsqu’il éprouve les saints. L’un, est de faire connaître les transgressions, les fautes positives dans lesquelles l’homme a abondé ; l’autre, de détourner l’homme de ce qu’il fait et de lui cacher l’orgueil (Job 33:16, 17 ; 36:7-9). Ce livre nous fournit une instruction toute divine des voies de Dieu quand il sonde les justes. Il nous enseigne aussi cette autre vérité, importante pour les âmes exercées qui, trop souvent, s’arrêtent à des causes secondaires, savoir : que toute cette discipline provient de Dieu, que c’est lui qui l’exerce. L’origine de toutes les épreuves de Job n’était point l’accusation de Satan, mais bien cette parole de Dieu : «As-tu considéré mon serviteur Job ?» Dieu l’avait considéré et avait vu que l’épreuve était nécessaire. Il est vrai que les instruments de cette épreuve étaient des méchants, ou des désastres causés par Satan ; mais Dieu avait considéré son serviteur ; il avait sondé le juste, mais mesuré exactement l’étendue de l’affliction. Aussi est-ce Lui qui arrête son vent fort au jour de son vent d’orient, qui châtie par mesure ; et lorsqu’il eut achevé son œuvre (œuvre que Satan n’aurait jamais pu accomplir) et qu’il eut amené Job à se connaître lui-même, alors il le bénit abondamment.
Dieu nous humilie et nous éprouve pour nous faire connaître ce qui est dans nos cœurs. Il nous nourrit du pain de la foi, mais c’est pour nous faire du bien à la fin.
Quand nous abordons l’épreuve avec la vérité et la puissance de la vie spirituelle, elle développe et fait ressortir en nous la douceur et la maturité de la grâce ; elle détache notre esprit du monde pour le rapprocher de Dieu, et rendre notre âme plus intime avec Lui. Quand l’épreuve est abordée par la chair ou qu’elle la rencontre, celle-ci se révolte et décèle sa propre volonté ; cet état est rendu sensible à la conscience devant Dieu et, en définitive, la propre volonté est détruite par la discipline même, fût-ce d’une manière insensible.
Assurément ce n’est pas l’épreuve en elle-même qui peut conférer la grâce ; mais dirigée par la main de Dieu, l’épreuve peut briser la volonté et mettre au jour des maux cachés et que l’on ne soupçonnait même pas ; la vie nouvelle peut alors se développer d’une manière plus large et plus complète. Dieu prend une plus large place dans le cœur, il y a plus d’intelligence de ses voies, la dépendance et l’humilité augmentent, la vanité de ce monde devient plus évidente et sensible ; on se méfie davantage de la chair et de soi-même. Le saint se vide ainsi de lui-même, pour être rempli du Seigneur ; les choses éternelles et véritables parce qu’elles sont divines, ont une beaucoup plus large place dans l’âme ; et tout ce qui est faux est mis au jour et rejeté. Nos relations avec Dieu prennent plus de maturité, nous vivons plus constamment au milieu des scènes éternelles dans lesquelles il a introduit nos âmes. Regardant alors en arrière, nous découvrons l’amour qui nous a conduits à travers tout, nous sentons notre dépendance et, pleins de reconnaissance, nous bénissons Dieu pour chaque épreuve. Il n’y a que l’épreuve pour nettoyer de toute scorie, pour nous affermir dans une espérance plus glorieuse, plus complète et plus pure, et pour accroître notre intelligence de Dieu, étant dans la même mesure dépouillés de nous-mêmes.
Évidemment le Psaume 12 a été écrit sous le poids de l’extrême injustice et de la violence et sous le sentiment de l’isolement ; la puissance humaine, ainsi que tous ceux qui s’y confient, font la guerre à l’âme du fidèle. Un cas pareil est rare assurément, mais il n’est pas impossible qu’on ait l’occasion de passer par les souffrances que décrit ce Psaume, et des chrétiens individuellement peuvent être isolés et abattus. Le verset 5 annonce les jugements de l’Éternel qui mettront fin à l’oppression. Ces jugements ont souvent lieu encore aujourd’hui, comme conséquence du gouvernement de Dieu ; mais ils ne constituent pas l’espérance directe et particulière du chrétien qui sait, au contraire, que sa place est de faire le bien, de souffrir en faisant ainsi, de supporter patiemment le mal, et que cela est agréable à Dieu. Son repos est autre part, là où Dieu est pleinement glorifié. Il en fut ainsi de Christ ; il en est donc de même de nous. Lui assurément fit le bien, endura ici-bas l’affliction qui en était la conséquence et ne fut pas délivré ; inutile d’ajouter combien cela était agréable à Dieu. Il convenait que Christ souffrît et c’est notre profit, de sorte que nous pouvons aussi nous glorifier dans les tribulations à cause de leur fruit, bien autrement précieux que le repos de cette terre, et qui mûrit pour nous dans le ciel, parce qu’ainsi nous sommes rendus capables de jouir de Dieu plus intimement. Si donc nous souffrons pour la justice et si nous souffrons pour l’amour de Christ, nous sommes bienheureux : l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur nous. Du reste, si nous attendons patiemment, Dieu nous délivre même aujourd’hui en mainte circonstance particulière. Dans tous les cas, et c’est l’idée principale de ce Psaume, les paroles de l’Éternel sont des paroles pures ; elles jugent tout ce qui est en l’homme, mais on peut se confier entièrement en leur réalité. Tout ce que sa bouche a proféré, l’Éternel le maintiendra en sainteté, mais il l’exécutera en puissance. Notre sagesse est de nous en tenir à la parole de Dieu envers et contre tout. Les épreuves extérieures ne sont que des moyens pour purifier et pour éprouver le cœur quant à la foi ; la Parole est la pierre de touche à l’aide de laquelle l’âme éprouve toutes choses, la mesure intérieure de son état devant Dieu et le fondement infaillible sur lequel repose sa confiance. Lorsque le cœur est éprouvé par la parole ou par les circonstances, c’est afin de le dégager de chacune des choses qui l’empêcheraient de se reposer sur toute parole qui sort de la bouche de Dieu et de se l’approprier. Certainement nous vivrons par elles.
Le Psaume 13 continue à exprimer le travail d’une âme sous le poids des épreuves mentionnées au Psaume 10. Ces épreuves, à proprement parler, nous concernent peu ; toutefois le chrétien peut se trouver angoissé par le triomphe apparent et momentané de la puissance du mal ; et alors il peut demander à Dieu d’être délivré, de ne pas être délaissé comme s’Il ne prenait aucun soin de lui. Dans ce Psaume, nous voyons la différence entre la position de Christ et celle du résidu juif : extérieurement, Christ a été abandonné entre les mains des méchants, tandis que le résidu juif en général sera épargné et délivré ; quelques-uns des sages, il est vrai, tomberont en ce jour-là par la main de l’ennemi, afin d’obtenir une meilleure résurrection. Mais, en parlant de ce Psaume, j’ai surtout en vue l’enseignement moral qu’il renferme. Au milieu d’ennemis sans cœur et sans conscience, même en apparence oubliée de Dieu, l’âme se confie en sa miséricorde, compte sur Lui, sur sa bonté, sur sa fidélité miséricordieuse, et se réjouit de la délivrance avant d’être délivrée par la puissance de Dieu. Ainsi, en priant Dieu, nous le remercions avant d’être exaucés, sachant, dans nos cœurs, par la foi, qu’il nous a entendus et qu’il nous a répondu ; nous le bénissons, quoique sa réponse ne soit pas encore manifeste, et c’est la vraie preuve de la foi. Cette assurance procure une paix indicible au milieu de l’affliction. Nous ignorons comment Dieu nous délivrera, mais nous sommes certains que nous serons délivrés, et cela de la manière dont il est nécessaire que nous le soyons ; il dispose de tous les moyens. C’est en Dieu Lui-même que nous avons confiance et, en regardant à Lui, le cœur reçoit une réponse réelle sur laquelle il peut compter. Les circonstances et la Parole éprouvent le cœur ; la confiance et la délivrance divine réjouissent l’esprit. Nous savons, même avant d’être secourus, que Dieu est pour nous. Il est bien naturel de prendre conseil de soi-même, quoique rien ne fatigue et n’angoisse davantage, mais ce n’est pas la foi. La tristesse tend à produire la mort. L’âme, même en se soumettant, se dévore elle-même, mais elle est illuminée quand elle se tourne vers le Seigneur. La conscience que c’est l’ennemi qui travaille contre nous, dispose notre âme à la confiance. C’est une pensée solennelle, et, pour l’homme, ce serait une pensée terrible ; mais, avec Dieu, c’est un motif pour être assuré de la délivrance.
Le Psaume 14 est un exemple frappant d’un principe fréquemment appliqué dans la Parole : des Psaumes et d’autres passages de l’Écriture qui s’appliquent clairement et d’une manière littérale aux juifs dans les derniers jours et aux événements de cette époque, sont cités comme représentant de grands principes qui prononcent moralement sur des vérités importantes en tout temps, vérités qui seront publiquement manifestées aux derniers jours par le jugement de Dieu. L’apôtre cite ce Psaume comme l’expression du jugement divin sur l’état des Juifs, déclaré par leurs propres écritures, et prouvant ainsi la nécessité d’une justice qui ne fût pas d’eux. Je n’ai que peu de choses à ajouter. Nous pouvons nous attendre à des difficultés provenant de l’absence de toute crainte de Dieu en ceux auxquels nous avons affaire ; il semble presque impossible à celui qui craint Dieu, qu’un pareil état puisse exister, qu’il n’y ait dans le cœur aucune componction, aucune chose qui l’arrête dans sa méchanceté, et tout au moins dans une méchanceté délibérée ; cependant cela arrive quelquefois quand on s’y attendait le moins. Mais le Seigneur voit tout cela, et c’est notre confiance.
Il attendra peut-être, il patientera avec le mal, du moins avec ceux qui le font ; il nous exercera de cette manière ; mais il voit tout cela. Puis Dieu Lui-même est au milieu de la génération juste. Il y a une influence produite par la présence de Dieu au milieu des justes, que les ennemis du Seigneur ressentent et qui, dans les justes, n’est connue que par la foi : nous en trouvons un exemple dans ce que Rahab apercevait parmi les Cananéens (Jos. 2:9), et l’apôtre fait allusion au même sentiment dans Phil. 1:28. Ce sentiment de frayeur qu’éprouvent ceux qui s’opposent à la vérité, peut être accompagné de vanterie et de violence ; mais à coup sûr, la foi qui se confie en Dieu produit toujours un sentiment de frayeur chez les méchants, même lorsqu’ils réussissent. Les Juifs, après avoir crucifié Christ, craignaient qu’après tout sa disparition du tombeau n’aggravât encore la situation. Mais pour être ainsi soutenu dans l’épreuve, il faut que le fidèle ait le sentiment de la présence de Dieu.
Le Psaume 15 est une preuve évidente que ces Psaumes s’appliquent directement aux Juifs dans les derniers jours. Toutefois, les saints ne doivent pas perdre de vue l’existence actuelle du gouvernement de Dieu. Ce gouvernement est exposé dans les épîtres de Pierre : dans la première en faveur des justes, dans la seconde en jugement contre les impies (1 Pierre 3:10-15 applique aux chrétiens les principes selon lesquels Dieu agissait envers les Juifs, comme peuple, principes selon lesquels dans les derniers jours il agira d’une manière encore plus absolue, mais qui s’appliquent au temps de notre séjour ici-bas). Ainsi le Psaume 15, quoique d’un caractère essentiellement juif, nous enseigne des principes à suivre ; le verset 4, par exemple, parle de ce qui, en principe, est en tout temps agréable à Dieu.
Ayant fait ces remarques, je passe au Psaume 16 qui s’applique directement à Christ, mais qui contient, en même temps, de précieuses instructions pour nous-mêmes. C’est essentiellement Christ prenant la place d’homme, et indiquant le chemin de la vie qui l’amènerait en la présence de l’Éternel où il y a un rassasiement de joie ; ce chemin le conduisait à travers la mort puisqu’Il venait pour nous, mais il se confiait en l’Éternel. Il ne faut pas perdre de vue le caractère directement prophétique de ce Psaume ; néanmoins le sentier de Christ est un exemple pour nous ; le bon Berger est allé devant ses brebis. Le Psaume 16 établit un principe essentiel : la confiance en Dieu même dans la mort — l’entière dépendance dans l’obéissance ; et ceci joint au fait que Dieu Lui-même était la seule portion de l’homme, excluait tout ce qui était en désaccord avec cette vérité. Ajoutons à cela le fait que Dieu n’était pas perdu de vue un seul instant. Tels sont les grands principes de la vie divine, de cette vie divine entrant sur la scène du péché et de la mort. Sans doute nous devrions parler de communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ dans ce sentier de la vie ; mais ce sont les grands principes moraux, l’état subjectif de l’âme, qui nous sont présentés ici, et cela dans la personne même de Christ : c’est, remarquez-le, sa perfection comme homme, et devant Dieu, et envers Dieu. Il ne s’agit pas de la perfection divine, de Dieu manifesté à l’homme, mais de ce qu’Il était comme homme dépendant de Dieu ; il ne s’agit pas même de l’offrande de Lui-même, dans laquelle nous avons aussi à le suivre (1 Jean 3:16), mais de sa place d’homme dans la perfection. Il s’agit de sa perfection devant Dieu, du principe qui le gouvernait. Par conséquent, même cette parole de Christ : «Ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi», s’applique aussi à nous. Affirmer qu’actuellement notre bonté ne va pas jusqu’à Dieu, paraît absurde ; mais ces mots appliqués à Christ homme, à Lui qui était absolument parfait, nous aident à comprendre un peu la nature de cette bonté, principe que nous pouvons nous appliquer, et qui nous met à notre place. C’est la perfection de l’homme envers Dieu, ce chemin nouveau dont Christ est la perfection et l’exemple sur la terre. Mais cette précieuse pensée met en évidence la place infiniment bénie que nous occupons en tant que chrétiens, quoique au milieu non seulement de la faiblesse, mais aussi de luttes intérieures inconnues à Christ en qui il n’y avait pas de péché. Toutefois, la place de Christ est l’expression absolue de la nôtre devant Dieu ; cela est pleinement révélé à la fin de l’Évangile de Jean, surtout dans le chapitre 17.
L’Épître de Jean aussi, qui d’abord présente Christ comme la manifestation sur la terre de la vie éternelle qui était auprès du Père, sa manifestation dans un homme que leurs mains avaient touché, enseigne que cela est vrai dans les chrétiens, de même qu’en Christ (1 Jean 2:8), montre que la justice et l’amour sont le caractère de cette vie, et ajoute que, par la présence du Saint Esprit, nous demeurons en Dieu et Dieu en nous. Nous possédons cette vie éternelle descendue du ciel, mais dont il est dit qu’elle est dans le Fils seul ; toutefois celui qui a le Fils a aussi la vie. Voilà, en effet, ce qui donne à cette vie toute sa valeur. Les Psaumes assurément, ne peuvent pas la présenter comme l’Épître de Jean, qui en développe toute l’étendue et l’importance, et cependant nous voyons ici Christ prenant sa place parmi les excellents de la terre. L’apôtre Jean, tout en donnant à entendre que le croyant possède la vie éternelle, ne va pas jusqu’à la présentation de cette vie en gloire devant Dieu ; il fait voir seulement que nous serons avec Christ dans le ciel. C’est Paul qui expose ce que Jean sous-entend ; aussi bien n’avait-il vu Christ que dans la gloire. Jean présente la vie en elle-même et manifestée sur la terre ; la vie est la lumière des hommes.
J’ai déjà touché plus haut ce fait que le Psaume 16 présente un développement restreint de la vie de Christ sur la terre ; mais cette restriction même éclaire et met à sa place propre, d’une manière directe et bénie, cette partie de la vie de Christ qui fait le sujet de notre Psaume. Christ, traversant ce monde, était la manifestation de Dieu Lui-même (des traits divins de son caractère, non point de son titre et de sa nature divine) : amour parfait, justice et sainteté parfaites. Il était la vérité dans la révélation de tout ce que Dieu est. Quelle bénédiction ! Et en cela nous avons à l’imiter (voir Éphés. 4:32 ; 5:1-2 ; Col. 3:10). Mais le Psaume 16 n’envisage pas Christ de cette manière ; il le présente comme l’homme dépendant et soumis ; il le présente aussi comme prenant sa place parmi le résidu d’Israël en contraste avec l’idolâtrie de ce peuple. Laissant de côté ce dernier point, je désire fixer nos pensées sur le caractère de la vie de Christ.
Cette expression : «Ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi», ne pourrait convenir à la divine manifestation de la bonté sur cette terre. Mais, prenant en tout point la place d’homme ici-bas, le Seigneur nous montre la position véritable de l’homme vivant pour Dieu, non pas dans son innocence, moins encore certes dans le péché — tout au contraire — mais parfait en justice et en vraie sainteté au milieu d’un monde de péché, connaissant le bien et le mal, tenté, mais séparé du péché et des pécheurs ; non pas élevé plus haut que les cieux, mais propre à l’être par les désirs de sa nature et par sa marche vers ce but ; dépendant, obéissant, ne prenant pas sa place avec Dieu, mais devant Lui, en tant que responsable comme homme sur la terre, et fixant les yeux sur la place de la bénédiction parfaite comme homme avec Dieu, quand il serait dans sa présence et qu’il y aurait pour lui un rassasiement de joie. Cette place, nous pouvons la partager avec Christ, quand nous avons sa nature. Christ, envisagé ainsi, c’est l’homme confiant en Dieu, trouvant son plaisir et sa joie en Dieu, vivant de foi, et dans ce sens séparé de Lui ; non pas Dieu manifesté en chair, quoique cela fût également vrai de notre précieux Sauveur. Telle est notre place sur la terre, en tant que sanctifiés par la vérité, place bien au-dessus de celle du Résidu juif ; en outre, nous avons la conscience de notre union avec Christ par le moyen du Saint Esprit.
Cette place dont je parle, le Seigneur la prend lorsqu’il dit au jeune homme : «Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu». Quant aux pratiques extérieures, le jeune homme avait peu de chose à se reprocher ; mais là où il y avait la vie divine, il fallait plus que cela, pour caractériser cette vie dans sa marche vers le lieu du rassasiement de joie, au milieu d’un monde de péché et de pécheurs ; il fallait ce qui s’était vu en Abraham et dans les saints de Dieu, en David et dans les prophètes : «L’Éternel est la portion de mon héritage». Jésus lui dit en quelque sorte : Aie le Seigneur Lui-même comme ce qui gouverne et dirige ton cœur ! «Va, vends ce que tu as et donne aux pauvres, et viens, suis-moi». Mais, au moins à ce moment, le Seigneur n’était point la portion de son héritage ; peut-être, par la grâce, l’est-il devenu plus tard.
L’état qui est décrit dans ce Psaume, c’est l’état de l’homme considéré comme séparé de Dieu (il ne s’agit naturellement pas ici d’une séparation morale ; je ne parle pas non plus de l’union de la nature divine et de la nature humaine en Christ). Toutefois, c’est l’homme participant de la nature divine (il n’en pouvait être autrement), mais ayant Dieu pour objet, pour assurance, comme ayant seul autorité sur lui ; c’est l’homme, dépendant de Dieu en toute chose, et parfait dans sa foi en Lui. Cet état ne pouvait se réaliser que dans un être qui participât personnellement de la nature divine — Dieu Lui-même en l’homme — tel que Christ, ou médiatement tel que ceux qui sont nés de Dieu. Mais, nous l’avons déjà remarqué, Christ n’est pas considéré ici sous ce point de vue et il ne s’agit pas non plus du croyant comme étant uni à Christ. La présence divine en Lui est considérée non point dans la manifestation de Dieu en Lui, mais plutôt dans son effet : la perfection absolue de Christ comme homme. Sa marche est celle d’un homme moralement en présence de Dieu. Christ dépend ici de l’Éternel quant à sa résurrection, et il dit : «Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol», quoiqu’Il ait pu dire également : «Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai». Homme parfait, il pouvait, d’autre part, dire : «Père ! entre tes mains je remets mon esprit» ; ainsi Pierre disait aux Juifs : «Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié» ; tandis que Thomas avait dit à Jésus : «Mon Seigneur et mon Dieu». Pierre, en effet, considère toujours Christ comme l’homme rejeté, comme le Messie exalté par Dieu ; il n’annonce pas le Fils de Dieu comme Paul l’annonça aussitôt dans les synagogues, quoique, par une révélation divine, Pierre ait été le premier à le confesser comme tel.
Christ, tel que nous le voyons ici, est donc notre modèle parfait ; il nous montre ce qu’est l’homme parfait. Le premier grand principe, celui qui caractérise tout le Psaume 16, c’est l’entier abandon de Christ entre les mains de Dieu, sa confiance en Lui. Il ne se garantit pas Lui-même, ne compte point sur soi, mais s’en rapporte à Dieu : «Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi». Cela est d’une immense importance. Christ, comme Dieu, aurait pu se garantir lui-même ; mais il n’était pas venu dans ce but. Dans ce sens-là, il était impossible qu’il cherchât à se garantir lui-même. Christ était venu en amour pour souffrir, pour obéir, et ainsi pour sauver aussi par grâce, mais pour glorifier Dieu. Moralement parlant, il ne pouvait dévier de cela. Si l’on parle de sa puissance, nul doute que Christ aurait pu se délivrer lui-même ; et quant à son droit à la faveur de Dieu, comme Fils, s’il avait demandé douze légions d’anges, il les aurait eues. Mais alors, c’est Lui qui l’affirme, Christ n’aurait point accompli les conseils révélés de Dieu.
Cette soumission et cette dépendance étaient volontaires, mais parfaites, la seule chose convenable dans la position qu’Il avait prise. — C’était la foi parfaite. Il était le chef et le consommateur de la foi, de l’abandon de soi, de la dépendance, de la confiance ; ajoutons que la parole de Dieu était la révélation en vertu de laquelle il agissait, ce à quoi il obéissait, l’arme dont il se servait, comme il l’a prouvé lors de la tentation au désert. Christ étant la Parole et la vérité en personne, tout ce qu’il disait exprimait ce qu’il était (Jean 8:25) ; mais il n’en est pas moins vrai que Christ obéissait, comme homme, à l’autorité des Écritures, en faisait usage et agissait par elles ; mais ici il prend la position de dépendance et de confiance : c’est comme homme qu’il dit : «Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi».
Un second principe, nécessairement renfermé en partie dans ce qui précède, c’est l’entière subordination à la volonté de Dieu (dans ce Psaume, il s’agit de l’Éternel, Dieu révélé aux Juifs ; pour nous, il s’agit du Père et du Fils, — d’un seul Dieu, le Père, et d’un seul Seigneur, Jésus Christ). «Tu as dit à l’Éternel : Tu es le Seigneur». Remarquez ces mots : Tu as dit ; c’est Christ qui l’a dit. Christ était bien l’Éternel ; mais dans sa marche ici-bas, il n’a point pris cette place. Étant en forme de Dieu, et ne regardant pas comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, il a pris la forme d’esclave et a été trouvé en figure comme un homme. Prise volontairement, gardée parfaitement dans la mort et à travers la mort, la place qu’il prit fut l’humiliation. Cet acte volontaire était divin et prouvait son titre divin ; les créatures doivent garder chacune sa place, bien que, lorsqu’elles n’étaient pas gardées par Dieu, aucune ne l’ait fait. La place qui a été donnée à Christ comme homme, mais qu’il a méritée, est la gloire (Jean 17) ; Il s’est abaissé Lui-même et Dieu l’a haut élevé. Il avait dit à l’Éternel : «Tu es le Seigneur», ce qui signifie : Je te suis subordonné. Sans cesser d’être Dieu, il avait pris en dehors de la Divinité une place dont la Divinité seule pouvait remplir les conditions ; dans cette place, Il devait satisfaire Dieu comme homme, glorifier Dieu dans un monde d’apostasie et de péché, ayant contre Lui tout ce qui était dans ce monde, et la puissance de Satan, et, vers la fin, même la colère de Dieu, afin d’accomplir la gloire de Dieu en justice.
C’est ainsi qu’il dit : «Ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi» — aussi haut que Toi. Christ devait remplir la place de l’homme, dans la condition dans laquelle la gloire de Dieu s’y trouvait intéressée. Homme parfait, quand il se trouvait dans ce caractère, il était seul dans sa perfection : personne pour le secourir ou même pour compatir avec Lui. Sa confiance devait être en Dieu, dans la vie et à travers la mort, que dis-je ? même sous le poids de la colère divine ; mais ici c’était dans le chemin de la vie et, même ce chemin, Dieu le Lui ferait connaître (vers. 11).
Mais, de plus, il existait sur la terre des objets de la faveur divine, dont Christ ne se séparait pas. Il n’en parle pas ici comme ayant été choisis par Lui (c’est le cas dans l’évangile de Jean, lorsqu’il dit à ses disciples : «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis», quoique là aussi pour un service), ni comme étant choisis par la grâce de Dieu, mais comme étant les objets du bon plaisir de Dieu dans le chemin qu’ils suivaient, manifestés moralement comme les saints qui sont sur la terre, les excellents qui étaient dans le sentier où Il devait entrer lui-même. Cela est plein d’intérêt ; il s’agit encore ici de la place morale de Christ homme, trouvant son plaisir dans ce en quoi Dieu trouvait le sien, comme il convenait à un être parfait avec Dieu, dont Moïse est le type remarquable en Hébreux 11:24-26. Christ prend ici sa place parmi les saints, parmi ceux qui étaient réellement mis à part pour Dieu. Il la prit de fait dans l’humiliation et l’obéissance la plus parfaite, lorsqu’il alla se faire baptiser du baptême de Jean avec ceux que l’Esprit de Dieu poussait à s’humilier. Lors du premier et du plus humble acte de la vie divine, l’acte d’un cœur qui s’abandonne à Dieu en confessant le péché, Celui qui n’a pas connu le péché se joignit à ceux qui venaient le reconnaître ; car cet aveu de leur part était la vie divine, et les consacrait à Dieu. Ils étaient véritablement les «excellents» de la terre. Quelle douceur, quelle consolation dans le désert, d’y voir Christ marchant dans ce chemin, victorieux de toutes les tentations qui s’y rencontrent, comme on le voit aussitôt après son baptême par Jean, liant l’homme fort au moyen de la vie qu’Il possédait et qui était victorieuse de toute la puissance de l’ennemi ! Évidemment, quoique nous trouvions dans ce Psaume la vie divine, le fruit de la grâce, il ne s’agit point ici de Dieu se manifestant lui-même, d’une bonté qui aille, dans son caractère propre, jusqu’à Dieu, puisqu’elle confessait le péché, tout en étant la grâce divine en Christ pour faire cela. Ajoutons qu’il n’appartenait pas proprement à Dieu, comme tel, de mourir, quoique seul l’amour parfait, seul un être qui fût Dieu, ait pu mourir comme Christ mourut, ait pu se livrer lui-même, laisser sa vie, et ainsi donner à son Père un motif de l’aimer pour ce qu’il a fait. Christ homme, agissait à la place de l’homme, devant Dieu et envers Dieu, comme les hommes auraient dû le faire ; mais il agissait d’une manière absolue, parfaite et libre dans son amour pour le Père, ce qu’il n’aurait pu faire sans être Lui-même divin. Qu’une personne divine ait agi de cette manière, cela est d’une valeur au-delà de toute expression. Voilà, outre beaucoup d’autres choses, ce que le Sauveur a fait pour nous, Lui, homme à notre place, étant dans la perfection de cette place les délices de Dieu, et l’occupant suivant ce qu’elle devait être au milieu d’un monde pécheur, en quoi précisément il glorifiait Dieu.
Il est très important pour l’instruction et pour l’assurance de nos âmes de voir ainsi Christ, objet adorable de délices. Ce sentier de Christ, l’œil du vautour ne l’a pas aperçu ; aucune pensée de l’homme ne l’aurait découvert, si Lui, l’homme parfait, n’y avait marché. Ce sentier de la vie, nous l’avons vivant, dans une personne (car ce n’aurait pu être autrement), dans un être vivant qui doit être l’objet de notre amour. Assurément, la parole écrite nous fournit dans tous leurs détails les éléments de cette vie, mais en même temps, quelque nombreux et précieux que soient les préceptes qui dirigent notre marche, elle nous fait beaucoup connaître de cette vie, dans celle de Christ Lui-même ; en sorte que nous comprenons cette vie, selon le degré de spiritualité avec lequel nous saisissons, dans ses motifs, ou plutôt dans son motif et sa nature, la vie de Christ présentée dans les Évangiles ou d’autres portions de l’Écriture.
Même quand il s’agit de préceptes, nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards ; or pour cela, il faut évidemment avoir la vraie connaissance de ce qu’Il est.
Telle que je l’ai décrite, la vie divine, parfaite en soi, mais manifestée dans la connaissance du bien et du mal, et démontrée au milieu du mal — démontrée en nous, qui sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés — se présente ici dans la séparation complète d’avec le mal et surtout dans la confession de l’Éternel comme mobile et source de la vie. Il repousse (v. 4) tout ce qui peut être appelé un autre Dieu ; il n’a aucune part à cela et le rejette absolument. Il s’attache à l’Éternel. La fidélité envers l’Éternel caractérise la vie de Christ marchant sur la terre ; la fidélité envers Christ caractérise la nôtre ; Christ est tout et en tous. L’Éternel est non seulement le Seigneur auquel il obéit, mais aussi la portion de son héritage. Christ n’a pas cherché autre chose : plus encore que les sacrificateurs d’autrefois, car son cœur et ses affections étaient engagés, Christ possédait en l’Éternel son héritage et la portion de sa coupe, la coupe qu’il devait boire ici-bas, c’est-à-dire sa jouissance en espérance, sa provision pour la route.
Voici, je le suppose, la différence entre l’héritage et la coupe : l’héritage est la portion permanente de l’âme, tandis que la coupe est l’image de ce qui occupe les sentiments et de ce qui se présente à l’esprit de l’homme pour l’occuper le long du chemin. Dieu donne à boire la coupe de la colère aux méchants ; le Seigneur eut à boire la coupe de la colère sur la croix. «Ma coupe est comble» — la bénédiction dont elle est pleine déborde ; nous avons aussi coutume de dire : C’est une coupe amère. Il s’agit non seulement des circonstances que nous traversons, à moins que nos âmes ne leur soient asservies, mais de ce que nous ressentons, de ce que nos esprits éprouvent, de ce qui les oppresse dans ces circonstances. Au Psaume 23, par exemple, les circonstances sont toutes affligeantes, mais au travers de toutes, l’Éternel est le berger, et la coupe déborde de joie et de bénédiction. Ainsi pour Christ : L’Éternel est la portion permanente de son âme et, en même temps, tout le long de sa marche ici-bas, Celui sur lequel son cœur se repose ; l’Éternel forme et caractérise ses sentiments bien plus que toute l’affliction qu’Il endure, sauf à la croix. Ma viande, dit-il, est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Jamais l’homme n’a pu entrer dans les pensées de Christ, pas même ses disciples. Une seule, qui jadis se tint assise à ses pieds, a été mue dans son affection pour Lui par un sentiment auquel Christ a donné une voix, mais de manière à faire ressortir le mal profond qui dominait chez tous les autres ; mais il avait une viande à manger qu’ils ne connaissaient pas. L’Éternel, la portion de sa coupe, était plus près de Lui que toutes les circonstances de la vie, auxquelles, comme homme, Il était pleinement sensible et qui auraient pu l’oppresser. Nous en exceptons la croix, mais non : Il est sa portion là plus que partout ailleurs, car c’était la colère de l’Éternel Lui-même qui s’appesantissait sur son âme dans la coupe qu’il but alors.
À part cela, l’Éternel était si véritablement la grande circonstance et la substance de sa vie en toutes choses et à travers toutes choses, qu’il pouvait seulement désirer que sa joie fût accomplie dans ses disciples. Cette joie de Christ venait de Dieu seul, voilà sa perfection. Le monde, pour lui, n’était absolument qu’un désert altéré et sans eau, mais la faveur de l’Éternel était meilleure que la vie ; elle était sa vie en pratique au milieu d’un monde où il était sensible à tout, mais avec l’Éternel réalisé. Entre lui et toutes ces choses se plaçait l’Éternel et sa faveur, la vie de son âme. Tel aussi le chrétien, quoique peut-être abandonné et emprisonné : «Réjouissez-vous dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous». La nature a des circonstances entre elle et Dieu ; la foi a Dieu entre le cœur et les circonstances. Quelle différence !
Il n’y a point de paix semblable à celle qu’on éprouve, caché dans la tente à l’abri des insultes des hommes. Mais cela, c’est la vie divine au travers du monde ; c’est avoir l’Éternel pour héritage (pour nous, c’est le Père et le Fils, une révélation plus complète par le Fils lui-même), l’Éternel comme portion permanente de l’âme ; l’Éternel comme la joie actuelle du cœur, comme la force qui le remplit et qui donne sa saveur à la vie (comp. Psaumes 64, 23).
Vient en troisième lieu cette précieuse confiance, que l’Éternel maintient notre lot ; alors nous n’avons confiance ni en nous-mêmes, ni en des circonstances favorables, ni en «une montagne à laquelle l’Éternel Lui-même a donné la stabilité et la force», mais uniquement en Lui. «Fais tes délices de l’Éternel ; et il te donnera les demandes de ton cœur». La foi s’appuie sur l’Éternel, sur l’amour du Père et de Jésus. Pour nous procurer un bonheur et une paix infaillibles, nous n’avons point à regarder aux circonstances, sauf pour les traverser avec Dieu. Christ a réalisé cela d’une manière parfaite ; il n’avait que l’Éternel, ne comptait sur rien d’autre. L’apôtre Paul en est aussi un exemple frappant, et c’est, en principe, le sentier de chaque chrétien dans lequel, une fois ou l’autre, sa foi sera exercée. La vie de la foi se résume ainsi : Dieu Lui-même est la portion de notre héritage et de notre coupe, il maintient notre lot. Pour nous chrétiens, cette vérité trouve un précieux développement dans la connaissance du Père et du Fils ; mais le principe essentiel reste le même : c’est la vie de Christ ; on en jouit à l’exclusion de toutes les autres choses qui pourraient devenir l’objet de la confiance ou la portion du cœur, et en contraste avec elles. Ce principe, exprimé dans le Psaume 16, selon les relations d’un Juif, est essentiellement vrai en tous temps.
Je désire faire remarquer un trait caractéristique du Psaume 16 et qui ressort surtout de la comparaison avec le Psaume suivant. Les circonstances extérieures, quoique ici sous-entendues, ne sont pas mentionnées une seule fois ; c’est une vie divine avec Dieu, qui ne connaît que Lui et ne vit dans l’intimité journalière que de Lui seul ; on trouve, il est vrai, la mort, le shéol, le sépulcre ; mais ils ne sont mentionnés que comme une occasion pour l’exercice de la puissance et de la fidélité de l’Éternel. Ce Psaume nous dépeint l’homme vivant dans ce monde par l’Éternel, avec l’Éternel, en vue de Lui, et jouissant de Lui pour toujours en dépit de la mort. Les circonstances ne sont que des circonstances, elles ne sont point le sujet du Psaume ; la vie divine ne passe jamais. «Nos regards», dit l’apôtre, «n’étant pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas ; car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles» ; telle est l’expression chrétienne de cette vérité. La première partie de la phrase, dont j’ai omis la citation, nous dit l’effet de cette vérité quant aux circonstances ; on la comparera mieux avec le Psaume suivant. L’apôtre exprime admirablement la vie elle-même en un seul mot : «Car pour moi, vivre, c’est Christ, et mourir», peut-on s’en étonner, était «un gain». Il est important de se rappeler qu’il y a une vie divine intérieure qui habite et se réjouit en Dieu, n’ayant pas affaire aux circonstances, quoiqu’elle nous rende capables de les traverser, mais fortifiée en nous par les circonstances, parce qu’elles détruisent la chair et la propre volonté, et qu’ainsi nous vivons plus complètement de la vie intérieure avec Dieu.
La conséquence en est, pour l’âme, un sentiment profond de bénédiction : «Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables». Christ n’aurait pas pu dire cela de cette manière, s’il avait eu le royaume pendant sa vie ici-bas ; nous ne pourrions pas le dire non plus, même dans le paradis terrestre, ou si nous avions le monde entier à notre disposition. Cette relation vivante avec Dieu jette une telle clarté, une telle auréole sur toutes choses, elle allume dans l’âme un sentiment si direct de la bénédiction divine, que rien ne peut lui être comparé, sauf l’entière réalisation de cette bénédiction en la présence de Dieu. Un homme avec Dieu, jouissant de Lui dans une nature capable de le faire avec la conscience du résultat final et nécessaire, lorsque cette jouissance sera pleinement accomplie sans aucun nuage ; — un homme, tel que Christ a été dans ce monde avec Dieu, voilà la joie la plus parfaite qui puisse exister, sauf l’accomplissement éternel de tout ce qu’elle a fait connaître et goûter à l’âme. Il ne s’agit point ici de la portion du Messie, mais de cette joie touchant laquelle Christ disait : «afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes». Il va sans dire qu’Il héritera toutes choses, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de cela en cet endroit ; ce n’était point là la joie qui était devant lui, pour laquelle il a enduré la croix, ayant méprisé la honte. Il y a «un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour nous» ; on en a la conscience lorsqu’on se réjouit en Dieu. La vie trouve là ses délices ; en la présence de Dieu il y a un rassasiement de joie.
«Les cordeaux tombés en des lieux agréables» représentent, ce me semble, la joie de Christ homme, en Dieu et dans ce qui était devant Dieu (comp. Col. 3:1-3). Ce qui suit est l’expression de cette vie dans son activité envers Dieu : «Je bénirai l’Éternel qui me donne conseil». Dans la vie divine, nous avons besoin de conseil, de l’instruction positive de la sagesse (la sagesse est une direction, un guide divin dans la confusion du mal au milieu de ce monde), pour être sages quant au bien ; non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ; saisissant l’occasion, non point comme étant sans intelligence, mais comprenant quelle est la volonté du Seigneur. L’Éternel donne conseil ; de sorte que si quelqu’un manque de sagesse, qu’il demande à Dieu qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches. Voilà l’immense avantage d’être conduit directement par Dieu : Dieu est intéressé à conduire le juste dans le vrai sentier qui lui convient à Lui-même, à travers le désert où il n’y a point de chemin. L’innocence, jouissant des bénédictions de Dieu, n’avait pas besoin de chemin. En un monde séparé de Dieu, quel chemin trouver ? Retourner en arrière ? Impossible : aucun pécheur n’est jamais revenu à l’innocence ; le chemin de l’arbre de la vie est fermé de ce côté. Comment donc un chemin à travers un monde sans Dieu ? Mais Dieu peut faire un chemin, s’il donne une vie nouvelle et à cette vie un objet nouveau — Lui-même connu dans le ciel, — s’il y a une nouvelle création, et si nous sommes créés de nouveau. Or, Christ est une vie nouvelle ; en accord avec cette vie et comme homme dépendant de Dieu, il traverse le monde et arrive à une nouvelle place donnée à l’homme. C’est Dieu qui a préparé le chemin pour l’homme revêtu de cette vie ; il l’a préparé pour Christ qui était cette vie et par conséquent la lumière des hommes. Dieu a même préparé les œuvres qui conviennent, «les bonnes œuvres qu’il a préparées d’avance, afin que nous marchions en elles». Cette dernière pensée dépasse un peu, il est vrai, la portée du Psaume 16 ; il contient cependant l’idée de l’activité de la nature divine en l’homme, et ne se borne pas à la marche juste et sainte de l’homme qui a cette vie devant Dieu, chose, en son lieu, aussi importante que l’autre. Ainsi Moïse ne dit pas : «Fais-moi connaître un chemin à travers le désert», mais : «Fais-moi connaître ton chemin, et je te connaîtrai, afin que je trouve grâce à tes yeux». Ce que Moïse cherchait, l’Éternel le donne : le conseil et les directions de son amour. Voilà la marche de Christ, voilà comme il conduit ses brebis, allant devant elles ; et maintenant nous sommes conduits par l’Esprit de Dieu, étant nous-mêmes fils de Dieu. C’est là le sentier divin de la sagesse, que l’œil du vautour n’a point aperçu, le sentier de l’homme, mais de l’homme possédant la vie de Dieu, marchant au devant de la présence de Dieu, vers l’héritage incorruptible, par un chemin non corrompu, le sentier de Dieu à travers ce monde. Mais, dans ce chemin, Dieu donne conseil, et pour cela il faut être dépendant de Dieu, et Christ y a marché. «Tu me conduiras par ton conseil», dit même le résidu d’Israël, et nous lisons au Psaume 32 : Je te conseillerai, ayant mon œil sur toi». Je le répète, l’Éternel est intéressé à conduire l’homme de Dieu et notre âme l’en bénit ; c’est dans ce sentier que Christ marcha. La parole écrite est le moyen principal d’y marcher ; toutefois, il y a aussi l’action directe de Dieu en nous par son Esprit.
Mais il y a de plus l’intelligence divine : «Durant les nuits mes reins m’enseignent». La vie divine est une vie intelligente ; je ne sépare point cela de la grâce divine en nous, cependant c’est autre chose qu’un conseil donné par Dieu ; nous pouvons être remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle (Col. 1:9-10). «Et pourquoi aussi», disait Jésus aux Pharisiens, «ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste» ? Ainsi, dégagés des influences extérieures, les pensées secrètes et les mouvements intimes du cœur enseignent ce qui est conforme au sentier de Dieu dans ce monde. Un homme doué d’intelligence spirituelle, discerne toutes choses. Il s’agit de l’opération intérieure de la vie (en nous c’est par la grâce) touchant les choses divines, et se manifestant par la connaissance du sentier divin, de ce qui est agréable à Dieu. En Christ cela existait d’une manière parfaite ; en nous, cela existe selon la mesure de notre spiritualité ; or, voici à quoi le chrétien doit être particulièrement attentif, c’est de ne point négliger ce qu’une vie divinement instruite lui suggère et lui fait conclure lorsqu’elle est dégagée de l’influence des circonstances environnantes. Cela peut paraître insensé, mais si l’on agit ainsi dans une humble dépendance de Dieu, il sera démontré, en fin de compte, que c’était sa sagesse. Du reste, l’intelligence divine se distinguera toujours d’une imagination exaltée.
D’abord, l’état de l’âme duquel je parle est tout l’opposé d’une imagination exaltée, car la prétention à une direction spirituelle spéciale n’est jamais humble ; puis le contrôle que la parole de Dieu exerce et qui gouverne la vie divine tout entière est là pour juger toute fausse prétention. La vie divine est toujours absolument assujettie à la Parole : Christ, qui était cette vie même, la Parole et la Sagesse, et précisément parce qu’il l’était, a toujours pleinement honoré la Parole écrite comme étant les directions et l’autorité de Dieu pour l’homme.
Cependant, en pratique, l’exercice de la vie divine ne se résume pas tout entier dans le fait qu’on est dirigé par Dieu ; elle ne regarde absolument qu’à Lui : «Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi», dit Christ comme homme ici-bas ; aussi ne détournait-il jamais ses yeux de Lui. Nos cœurs doivent l’avouer ; pour eux c’est souvent le contraire. Quelle séparation de tout ce qui est mal, quelle puissance morale au milieu du monde, si nous étions constamment tels ! Rien de comparable ici-bas à la dignité d’un homme qui marche continuellement avec Dieu, et cependant rien n’est plus éloigné d’une chute, parce que cette marche est dans l’humilité ; l’humilité parfaite s’y trouve ; en la présence et dans la jouissance de Dieu on ne pourrait s’exalter soi-même ni même désirer de s’exalter : mais quelle absence du moi, quel renoncement de toute volonté, quel œil simple et, dans l’intention, quelle activité remarquable et sérieuse, quand le Seigneur est l’unique objet, le but unique ! Je dis : «le Seigneur», parce qu’il est le seul objet qui puisse dominer et sanctifier le cœur ; tout cède lorsqu’il s’agit de lui obéir ; quand le devoir et l’intention du cœur vont ensemble, et sont une seule et même chose, il remplit, à Lui seul, tout le cœur de lumière. Voilà ce que Jacques appelle «la loi parfaite de la liberté», parfaite obéissance, et néanmoins parfait propos arrêté du cœur, comme dit Jésus : «afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais». Nous disons comme chrétiens : Christ est tout, et celui qui l’aime garde ses commandements.
De même Jésus se proposait toujours l’Éternel devant Lui. C’est là la perfection de l’homme comme tel ; la constance et la pureté avec lesquelles nous agissons ainsi, sont la mesure de notre degré de spiritualité. Mais si Jésus s’est constamment proposé l’Éternel devant lui, assurément l’Éternel ne pouvait lui faire défaut, et il ne nous fera pas défaut non plus. Ayant marché de cette manière, Christ maintient les saints dans le même sentier que lui. «Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite, je ne serai pas ébranlé». C’est par la foi que l’on connaît cela. Dieu peut permettre que nous souffrions pour la justice : Christ a ainsi souffert ; que nous soyons mis à mort : Christ l’a été ; mais il ne peut laisser tomber à terre un seul cheveu de notre tête, il ne peut manquer de nous introduire dans la vie suivant le sentier dans lequel nous marchons ; néanmoins il est ici question de la confiance en l’Éternel Lui-même, de la foi, non point de la justice en l’Éternel, sujet du Psaume suivant. En marchant dans le sentier de l’homme suivant la volonté de Dieu et en ayant Dieu seul devant elle comme le but et l’objet qui sanctifie, — la foi sait que Dieu est à sa droite. L’Éternel protégera ; comment et par quoi n’entre pas en question ; ce sera la protection de l’Éternel. Quelle force cela donne en traversant un monde où tout nous est hostile, et quelle puissance de sanctification nous y trouvons ! Il n’y a pas d’autre motif que l’Éternel, pas d’autre ressource que Lui ; hors de Lui aucune chose qui puisse répondre aux désirs du cœur, et en laquelle ce dernier veuille chercher son assurance.
Aussi, quoi qu’il arrivât, Christ s’attendait patiemment à l’Éternel, sans chercher d’autre délivrance ; nous devons agir de même et voilà précisément ce qui rend la marche parfaite ; nous ne dévions ni d’un côté ni de l’autre pour nous faire le chemin plus facile. Cette pensée devient celle de notre Psaume : la mort était devant Christ. Comme Abraham, appelé à sacrifier son fils dans lequel les promesses devaient s’accomplir, Christ, vivant sur la terre, devait renoncer à toutes les promesses qui lui appartenaient à juste titre, et avec elles, il devait renoncer à la vie.
Son affliction à cet égard, car il ressentait toutes choses d’une manière parfaite, est décrite dans le Psaume 102 ; mais, dans ce Psaume-ci, comme Abraham qui se confia en l’Éternel et reçut, en figure, Isaac d’entre les morts, le Seigneur aussi, le chef et le consommateur de la foi, se confie parfaitement en l’Éternel, en vue de sa propre mort. Il se proposait constamment l’Éternel devant lui ; l’Éternel était à sa droite, c’est pourquoi son cœur se réjouissait et sa « gloire » tressaillait de joie ; sa chair habitait en assurance ; car l’Éternel dans lequel il se confiait, n’abandonnerait pas son âme au shéol et ne permettrait pas que son bien-aimé, ou son Saint, vît la corruption. «Ton Saint» n’a pas ici le même sens que «les saints de la terre» ; les saints sont ceux qui sont mis à part, consacrés à Dieu ; «Ton Saint» est celui qui marche pieusement, qui est agréable à Dieu, c’est Christ connu dans ce caractère ; le même nom lui est donné au Psaume 89:19 : «de ton Saint». Remarquons qu’il est dit : Ton Saint, celui qui appartient moralement à Dieu par la perfection de son caractère. Les chrétiens sont tels, mais pleins d’imperfections ; ils sont saints, mis à part pour Dieu, mais ils sont aussi les «élus de Dieu, saints et bien-aimés», et doivent marcher comme tels, revêtant le caractère de grâce selon lequel Christ marcha ici-bas. La première partie de Colossiens 3 montre cette vie pleinement manifestée en nous ; Éphésiens 1:4, la montre en résultat dans sa perfection. Cette confiance de l’âme pieuse en la fidélité de l’Éternel, la conclusion de la foi que d’après cette nature il ne peut en être autrement, et la conscience d’être en relation avec Dieu comme objet de ses délices, tout cela est fort beau dans ce Psaume. Il n’est pas dit : «Tu me ressusciteras» ; mais, dans la pensée de Celui en qui habite la puissance de la vie, il est impossible que l’Éternel laisse au shéol, loin de Lui dans la mort, l’âme qui possède cette vie, et qu’Il abandonne à la corruption l’objet de ses délices.
Cette confiance et cette conclusion morales sont de toute beauté : «il n’était pas possible, dit Pierre, qu’il fût retenu par elle» ; cela peut aussi comprendre sa personne, mais sa puissance ne saurait être séparée de cette grâce. La même confiance, découlant de la vie, se manifeste en ce qu’il est certain que l’Éternel lui fera connaître le chemin de la vie. C’est ici la perfection de la foi par rapport à la vie, mais cette foi est en l’Éternel. «Tu me feras connaître le chemin de la vie», peut-être à travers la mort, car si Christ devait être parfait avec Dieu, c’est là que conduisait ce sentier, mais non point pour y rester, sans quoi ce sentier n’eût pas été celui de la vie. L’Éternel ne pouvait pas lui en indiquer d’autre. L’homme, en dépit des avertissements, avait pris le sentier de la mort, le sentier de sa propre volonté et de sa désobéissance ; mais Christ est survenu, l’homme obéissant. Il n’y avait pas de chemin pour l’homme dans le paradis, pas de chemin naturel de vie dans le désert du péché. L’homme n’avait pas la vie en lui-même ; quel chemin de la vie nouvelle et divine en l’homme pouvait-il donc y avoir pour l’homme, dans un monde de péché au milieu d’hommes déjà séparés de Dieu ? La loi, il est vrai, en avait proposé un, mais ce chemin-là n’avait servi qu’à manifester la corruption de la nature humaine, qu’à donner la connaissance du péché et le rendre excessivement pécheur. Christ qui avait la vie, aurait, sans aucun doute, pu garder ce chemin, et même il le garda parce qu’en Lui il n’y avait pas de péché ; en cela, toutefois, il était le seul dans ce chemin et complètement séparé de nous qui sommes pécheurs. Mais dans un sentier de foi, il pouvait s’associer à ceux qui étaient vivifiés par la Parole, — confessant le péché, et non pas observateurs de la loi, — jugeant tout mal, séparés des pécheurs par la grâce qui les vivifiait et, tout en n’étant pas du monde, suivant le sentier de la foi à travers le monde vers le résultat définitif de la vie divine, qui n’était pas sur la terre et ne pouvait être atteint qu’en passant par la mort de la chair. Christ n’avait en soi rien à juger, rien à confesser, rien à quoi ou pour quoi il eût dû mourir ; mais il pouvait marcher dans le sentier saint de la foi à travers le monde, sentier dans lequel eux-mêmes, étant renouvelés, devaient marcher ; toutefois, pour l’amour d’eux, ce chemin de sainteté était nécessairement la mort, car leur vie précédente avait été une vie de péché. Christ aurait pu demeurer seul, il aurait pu avoir douze légions d’anges et monter au ciel ; mais, je le dis avec révérence, quoique la chose eût été juste en ce qui le concerne, devenir homme dans ce but n’aurait pas eu de sens.
Non seulement Christ meurt pour nous (car la vie, non pas l’expiation, est le sujet de ce Psaume), mais s’étant proposé de nous accompagner, même de nous précéder, il parcourt ce sentier à travers la mort, afin d’en détruire pour nous le pouvoir, et il le parcourt seul. Comme il avait vaincu auparavant la puissance de Satan dans ce monde, de même il la détruisit dans la mort ; mais ce sentier, il le parcourut seul ; les disciples ne pouvaient pas l’y suivre, avant qu’il eût anéanti la puissance de Satan dans la mort : «Tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard» ; ni la force de la volonté humaine, ni l’affection n’étaient suffisantes. Mais une fois mort au péché et fortifié par la force de Christ, Pierre, comme Jésus, put se laisser ceindre et conduire par un autre là où la nature ne voulait pas aller. À partir du baptême de Jean, Christ se joignit à ces «saints qui sont sur la terre», marcha dans ce chemin, parfaitement séparé du péché, et, seulement avec Dieu, faisant sa volonté, il fut l’exemple de ce chemin de la vie dans l’homme ; puis, étant mort au péché, Christ vit pour Dieu, là où cette vie a son plein couronnement, où n’existe aucun mal. Christ agit ainsi par la foi tout le temps de son séjour terrestre, mais comme homme, en un monde séparé de Dieu et prenant la Parole pour son guide, vivant de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, comme aussi nous devons le faire. La résurrection a démontré la perfection d’une vie qui était constamment selon l’Esprit de sainteté. Mais maintenant Christ vit de cette vie, dans le lieu où elle a sa place propre, et c’est cela qu’il anticipe, quoiqu’à travers la mort, dans une vie qui n’a jamais discontinué : «Ta face est un rassasiement de joie». Cette face, toujours l’objet de ses délices, est maintenant sa joie parfaite : «Il y a des plaisirs à ta droite pour toujours». La puissance divine l’a élevé à cette place de puissance et de faveur en témoignage du fait qu’il est parfaitement agréable à Dieu.
Voilà la vie telle qu’elle est avec Dieu, la vie manifestée comme homme dans ce monde, s’associant aux saints de la terre et marchant dans le même sentier qu’eux (ce n’est pas Christ les unissant à Lui-même), la vie devant Dieu et regardant toujours à Lui, une vie que ni l’homme innocent, quoique sans péché, ni l’homme pécheur ne pouvaient connaître, une vie dont, en réalité, on ne devait pas vivre dans le Paradis et dont on ne pouvait pas vivre comme appartenant au monde, mais dont il vivait à Dieu à travers le monde, se proposant toujours l’Éternel devant soi comme son objet. Telle est la vie que nous devons vivre. «Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi». Christ, ce Psaume le montre, vécut de la vie de la foi et ne vécut jamais que de foi ; et ce fut là sa perfection. Dans ce monde, il n’y en a pas d’autre pour l’homme. C’est une vie qui n’a pour objet que le Seigneur Lui-même.
Chose merveilleuse — n’avoir pas un objet quelconque dans ce monde ; car autrement ce n’est pas la foi, mais la vue ou la convoitise. L’homme innocent n’avait pas d’objet, il jouissait en paix de la bonté de Dieu ; l’homme séparé de Dieu a beaucoup d’objets, mais tous ils détournent son cœur de Dieu et aboutissent à la mort. Moralement séparé de Dieu, il peut trouver la famine dans le pays ; mais Dieu n’est aucunement l’objet de son cœur. D’autre part, la vie nouvelle qui descend d’auprès du Père, regarde avec désir vers sa source et devient, en l’homme, cette nature qui tend vers Dieu ; qui a le Fils de Dieu pour objet, comme le dit Paul : «afin que je gagne Christ». Cette vie n’a aucune part dans ce monde, et comme vie en l’homme, elle regarde à Dieu, s’appuie sur Dieu, sans chercher d’autre ressource ou soutien, obéit à Dieu et ne peut vivre que de foi. Mais c’est une vie d’homme, elle ne va pas jusqu’à Dieu. Dieu comme tel, est saint, juste, il est amour, mais ne peut évidemment vivre de foi, lui qui est l’objet de la foi. Cette vie n’est pas non plus précisément la vie des anges, quoiqu’ils soient saints, obéissants et pleins d’amour ; c’est la vie de l’homme vivant entièrement pour Dieu et en vue de Dieu dans un monde qui s’est détourné de Lui ; vivant ainsi en vue de Lui et par la foi ; car il ne s’agit pas seulement d’un service dans ce monde, que les anges aussi peuvent rendre ; mais, moralement, nous ne sommes pas du monde, puisque la vie est descendue du ciel : «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde», dit Christ. Toutefois, quant à notre place d’hommes nous sommes du monde, par conséquent nous devons vivre de manière à ne pas en être moralement. Objectivement nous sommes entièrement hors du monde ; nous avons affaire avec Dieu, sans quoi ce serait de l’idolâtrie.
Ainsi, tandis que cette vie est une vie d’homme et comme telle, rien de plus, cependant elle doit être absolument pour Dieu selon la nature de Dieu ; et ce en quoi elle vit, elle le vit à Dieu. Le Père qui est vivant avait envoyé Christ, et Christ vécut (dia ton Patera) à cause du Père ; ainsi il dit : «Celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi». Dieu est la mesure de la perfection de motif et, par conséquent, pour l’avenir, celle de la perfection de jouissance, et le cœur se moule entièrement sur Lui. Cette vie d’homme, Christ la vécut et l’acheva tout entière. C’est hors de cette vie que Satan cherchait à le faire sortir dans le désert, pour avoir une volonté à Lui en changeant les pierres en pain ; pour se défier de Dieu, en éprouvant si Dieu accomplirait ou non sa promesse ; et enfin pour avoir un objet : les royaumes du monde. Cette dernière chose aurait détruit la nature même de la vie, et Satan pleinement découvert est aussitôt chassé. Christ ne voulait pas quitter sa place d’homme dans la dépendance, l’obéissance et la confiance illimitée en l’Éternel. Son sentier ici-bas était avec les excellents de la terre, parfait dans la vie qui était descendue du ciel, mais dont il vivait sur la terre en regardant au ciel.
Quels que soient les privilèges de notre union avec Christ, il est de toute importance que le chrétien vive dans la crainte de Dieu et dans la foi en Lui, selon la vie de Christ. Il ne s’agit pas de notre responsabilité humaine sans loi ou sous une loi comme fils d’Adam ; c’en est fait de nous sur ce terrain-là ; mais de la responsabilité de la vie nouvelle de la foi, étrangère et voyageuse ici-bas — d’une vie descendue du ciel. «Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils ; celui qui a le Fils a la vie» ; c’est une vie dont l’homme vit en traversant ce monde, mais qui est en dehors du monde quant à son objet — une vie de foi, qui trouve dans la face de Dieu un rassasiement de joie. Une vie d’homme, quoique parfaite pour Dieu et dans sa joie en Lui, ne va pas jusqu’à Dieu. Voilà ce que fut Christ, et bien plus que cela ; voilà aussi ce que nous sommes en tant que chrétiens ; seulement n’oublions pas que le développement de cette vie en nous n’est pas, comme dans ce Psaume, en rapport avec le nom de l’Éternel, mais avec la pleine révélation du Père et du Fils. L’être béni qui vécut ainsi comme homme sur la terre, est maintenant assis comme homme à la droite de Dieu, où il y a des plaisirs pour toujours ; il est avec Celui dont la face est un rassasiement de joie. Sa chair n’a pas vu la corruption et son âme n’a pas été abandonnée au shéol. En vue de la joie qui lui était proposée, il a méprisé la honte et enduré la croix, lui le chef et le consommateur de la foi.
Le Psaume 16 nous a montré la vie spirituelle intérieure de Christ, par conséquent aussi la nôtre, aboutissant à la joie ineffable de la présence de Dieu.
Le Psaume 17 considère cette vie au point de vue pratique ici-bas et en rapport avec les difficultés qu’elle rencontre au milieu des hommes opposés à ce qui est juste. L’état de l’âme est toujours caractérisé, comme au Psaume précédant, par une entière dépendance de Dieu, mais quant à son intégrité envers Lui, et en opposition à l’homme, elle peut faire appel à la justice. Toutefois, elle ne se venge point elle-même, mais s’en remet entièrement à Dieu, et elle recueille ainsi les fruits de ses voies en justice. Ne pas se venger soi-même, montrer la patience de la vie nouvelle au milieu du mal, regarder à Dieu et tout lui remettre — voilà le grand secret de la sagesse pratique. Cela suppose une marche intègre dans le sentier de la vie divine et ainsi la possibilité d’en appeler au jugement nécessaire de Dieu quant à cette marche, dans la connaissance de ce qu’il est et la confiance en Lui ; mais même alors on demande la délivrance, non point la vengeance ; on demande seulement que les plans des iniques soient déjoués. Si nous n’avons pas marché d’une manière intègre, la confiance en Dieu est encore notre vraie place ; il épargne et restaure en grâce, car il est abondant en miséricorde. Mais ce point-là, quoique d’autres Psaumes s’en occupent, n’est pas le sujet de celui-ci. Ici la chose dont il est question, c’est la vie intègre à laquelle Dieu a égard et qu’il défend contre les hommes de ce monde ; car il s’agit de Christ et des chrétiens, pour autant qu’ils vivent de la vie de Christ, quoique l’application directe de ce Psaume soit, comme toujours, à Christ et au Résidu. L’Éternel écoute les justes et prête l’oreille à la requête qui ne s’élève pas de lèvres trompeuses.
Remarquons que, dans ce Psaume, la vie de Christ est présentée comme devant rencontrer et rencontrant dans le monde, l’opposition et l’hostilité des hommes du monde. Nous avons vu comment cette vie, associée aux excellents de la terre, était séparée de la terre, la traversant comme étrangère, quoique y habitant humainement ; mais, — et cela prouve que le cœur n’a toujours que l’Éternel seul pour objet, — la foi sait que les hommes de ce monde servent à éprouver le cœur et, pour ce qui nous concerne, à nous garder étrangers dans ce monde, auquel nous sommes sans cesse en danger de nous mêler. Toutefois Dieu délivre de ces hommes-là. Pour des raisons infiniment précieuses, Christ ne fut pas délivré, aussi se livrait-il volontairement. Le cœur a ici le sentiment de son intégrité et compte par conséquent sur la délivrance ; mais il n’y a aucun esprit de vengeance. C’est l’Esprit de Christ Lui-même, plus élevé par conséquent que l’esprit du Résidu, et bien plutôt l’esprit chrétien. Il y a la conscience de la justice et de l’intégrité, mais une entière dépendance du Seigneur à ce sujet, non pas pour ce qui concerne la justification, — il ne s’agit pas de cela ici, — mais pour ce qui concerne la confiance. «Je n’ai rien sur ma conscience», dit Paul, «mais par là je ne suis pas justifié» ; «si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance envers Dieu». Jésus dit : «Le Père ne m’a pas laissé seul, parce que moi je fais toujours les choses qui lui plaisent». Il y a conscience de justice et confiance en Dieu ; le cœur en appelle à Lui à cause de la justice. Tout cela est juste, c’est une juste appréciation de Dieu, que d’avoir la confiance qu’il ne veut et ne peut pas être inconséquent avec Lui-même. Mêler à cette pensée un désir de vengeance, c’est en déchoir.
Voici d’autres traits qui caractérisent cette vie consciente : Non seulement c’est une marche intègre, mais aussi un cœur éprouvé, dont les mouvements secrets sont seuls avec Dieu. Lorsque les reins enseignent, Dieu sonde, mais il ne trouve rien. Absolument vrai de Christ, cela est aussi vrai du chrétien quant au propos arrêté de son cœur et pour autant qu’il ne garde rien, qu’il ne cache rien à Dieu ; cela peut arriver même après une chute, mais alors dans une entière et profonde humiliation : «Tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime». Même chose en Job, qui tenait ferme la conscience de son intégrité et non pas celle de ne pas avoir failli. Les errements de la nature humaine devaient être réprimés et jugés, et il ne put le faire qu’après s’être humilié en la présence de Dieu. Dieu rend témoignage à Job qu’il s’était pendant longtemps maintenu intègre sous tous les rapports ; il agissait comme devant Dieu en toute occasion, sans toutefois se connaître lui-même comme il le fallait. Christ a toujours marché de cette manière, et son cœur étant mis à l’épreuve, il ne s’y trouva jamais autre chose que de l’intégrité envers Dieu. De plus il avait un dessein arrêté, sa pensée n’allait pas au-delà de sa parole. Il était un homme parfait, comme le dit Jacques. Ensuite, à l’égard des actions des hommes, — car il marcha comme un homme dans ce monde, — la parole de Dieu était sa règle absolue ; c’est par elle qu’il s’est gardé des voies de l’homme violent. Or il n’y a point d’orgueil, mais une entière dépendance de l’Éternel dans le droit sentier : «Quand tu soutiens mes pas dans tes sentiers, mes pieds ne chancellent point». Telle fut la vie pratique de Christ dans ce monde ; c’étaient là sa vie et sa marche en elles-mêmes.
Dans ce qui suit, à partir du verset 6, cette vie intègre est présentée comme s’attendant à Dieu, en face de l’opposition et de l’hostilité qu’elle rencontre de la part des méchants. La bonté et l’amour de l’Éternel sont pour le fidèle l’unique appui en présence de l’ennemi ; c’est encore la perfection. Le sentier de Christ était avec Dieu : point de concession pour être épargné, en plaisant aux hommes ; aucune plainte de ne pas avoir sa portion ici-bas ; il voit sans envie le succès et la prospérité des hommes de ce monde. La foi pleinement mise à l’épreuve reste la foi. Si nous avons confiance en Dieu et qu’il soit notre portion, nous avons courage pour marcher dans son sentier et ne pas trouver de satisfaction pour la nature ; mais c’est de la foi. Autrement on désirera, en quelque manière, ce qui pourrait satisfaire le cœur naturel, et on risquera de céder, afin d’obtenir ce que la nature demande et que le monde donne — pas autre chose, après tout, que des gousses périssables. Toutefois le cœur de l’homme a besoin de quelque chose : s’il a le Seigneur, cela suffit, mais cela le met à l’épreuve. Nous trouvons dans ce Psaume la perfection quant au cœur et quant au sentier dans ce monde. Le grand secret c’est d’avoir le cœur rempli de Christ et d’être ainsi dans le chemin de la volonté de Dieu. Alors il n’y a plus de place pour une volonté et des actes qui font la guerre à l’âme, et desquels le moi est toujours le centre, comme Christ est le centre du cœur qui marche par la foi ; alors l’âme a devant elle comme résultat béni «sa face en justice». Remarquez ces mots : en justice ; ce n’est point la joie absolue en Dieu dont parle le Psaume 16, mais la justice qui procure la joie en la présence de Dieu à ceux qui ont souffert pour elle et à cause d’elle ici-bas, dans les sentiers de Dieu, au milieu d’un monde hostile, en renonçant à eux-mêmes. «Dieu n’est pas injuste pour oublier». — «C’est une chose juste devant Dieu qu’il vous donne du repos avec nous». Le cœur aussi est satisfait, non pas ici précisément de ce que Dieu est, mais de ce que nous sommes. «Quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image». Ainsi, «nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est». «Nous sommes prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères». Prendre de saintes délices en Dieu, se proposer toujours Dieu devant soi, conduit à des délices parfaites et à une parfaite joie en Lui, lors de leur plein accomplissement en sa présence. La fidélité à Dieu, intérieure et extérieure, au milieu d’un monde qui nous est hostile et peut-être nous persécute, aboutit à une juste récompense de gloire et à la présence de Dieu en justice. Ces deux choses sont parfaites en Christ, et par Christ elles sont la portion des saints.
Les versets 7 et 11 contiennent une application générale à ceux qui sont associés à Christ ; mais, quoique applicable au résidu, ce Psaume montre la propre perfection de Christ, et ainsi celle du chrétien : le Psaume 17 s’occupe de la délivrance attendue, tandis qu’au 16 il s’agissait du passage parfait de la vie avec Dieu à travers la mort, jusqu’à la plénitude de joie en Lui dans sa présence. Ici, au contraire, il est fait appel à une juste délivrance d’entre les mains des hommes ; et c’est ce qu’il est aussi permis aux chrétiens de désirer, quoiqu’ils puissent être honorés du martyre selon le modèle des souffrances de Christ : «le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste», dit l’apôtre. Comme marchant dans le sentier de la justice, et comme opposée à toutes les machinations des méchants, l’âme peut entièrement compter sur Dieu. Celui qui marche ainsi, Dieu le délivre par sa droite. S’il a failli, il peut avoir la confiance d’être restauré. Mais il y a un sentier de justice tracé par Christ ici-bas en un monde de péché ; il nous a laissé les traces bénies de ses pas et le témoignage des mouvements de son cœur, afin que nous y marchions et que nous en vivions.
Le Psaume 18 est du plus profond intérêt, car il présente les souffrances de Christ, comme centre de toutes les délivrances d’Israël. Son cri du milieu de la souffrance a appelé sur ce peuple toute la faveur de Dieu en puissance. Aussi, pour cette raison même, ai-je peu de chose à dire touchant l’application de ce Psaume aux chrétiens. Le grand et précieux principe qu’il développe, c’est le cri au Dieu dans lequel on se confie au milieu de la détresse, cri qu’Il a sûrement entendu. Ici, comme en d’autres cas, Christ nous apparaît comme exemple : «Cet affligé a crié, et l’Éternel l’a entendu». Seulement il ne s’agit pas, comme au Psaume 34, de la tendre commisération de Dieu envers l’affligé souffrant, mais de l’intérêt que l’Éternel prend à un Christ souffrant qui a marché dans une parfaite obéissance à la loi. Ce Psaume est un chant de louange à cause de l’exaucement, l’Éternel s’étant fait connaître comme un «rocher» et «Celui qui délivre» ; mais, comme je l’ai fait souvent remarquer, ces premiers versets expriment le résultat ; puis nous trouvons le détail de ce qui conduit à ce résultat.
«Je crierai à l’Éternel» (v. 3), car c’est son nom, son nom seul, à Lui, le Dieu de son peuple, qui inspire la confiance. C’est son nom qui est célébré ; mais le motif de toutes ces louanges, c’est la réponse de Dieu au cri dirigé vers Lui dans la détresse au milieu des ennemis et dans les angoisses de la mort. Dans cette détresse, «de son temple» l’Éternel a entendu ; ainsi le temple de l’Éternel se trouve associé avec la terre, avec la délivrance et le triomphe terrestres. Une autre chose encore, et du plus haut intérêt, établit ce rapport : l’obéissance à la loi, comme motif pour être exaucé au jour de la détresse (v. 20-26).
L’obéissance parfaite du Messie, ici-bas, et sa dépendance de l’Éternel, quand dans la détresse il criait à Lui, furent cause de sa délivrance et de son triomphe terrestres. Les deux Psaumes précédents anticipent la bénédiction céleste, quoique le 17 s’occupe aussi de la confusion qui en résultera pour les ennemis de Christ ; l’espérance proposée est céleste ; la justice n’est pas une justice légale. Le premier de ces deux Psaumes montre un cœur qui se repose en l’Éternel ; le second, un cœur en règle avec Dieu, dans ce monde, et attendant la justice.
Le Psaume 18 parle de l’obéissance aux statuts de l’Éternel, du cri dans la détresse, jusqu’aux douleurs de la mort ; puis de la délivrance et du triomphe terrestres, comme résultat de la justice légale de Christ, lorsqu’Il est dans la détresse, entouré des flots «de son puissant ennemi» et «des torrents de Bélial» (18:17, 4).
Remarquons bien qu’il s’agit ici de la puissance des hommes et de la mort ; du cri que, dans ces circonstances, il jette devant Dieu, et non point de la main de Dieu, appesantie sur Christ souffrant pour le péché. La justice légale du Messie et sa détresse ont pour résultat le triomphe terrestre et la suprématie de David et de sa postérité. C’est le gouvernement de Dieu, ayant égard à la justice sur la terre, qui en Christ était parfaite (v. 25, 26). Mais cela, pleinement accompli lorsque les ennemis de Christ seront mis sous ses pieds, ne l’est pas encore maintenant, parce que Dieu prépare ses saints pour une demeure et une joie célestes, et que, pendant toute la durée de l’épreuve du premier Adam, Il leur montre, par diverses afflictions, que leur repos n’est pas ici-bas.
Néanmoins ce Psaume contient aussi des enseignements précieux pour toute âme. En souffrant à cause de la justice, on peut sûrement compter sur Dieu. De plus, nous voyons ici, d’une manière bien douce, son intérêt et sa sympathie, éveillant en nous les plus précieuses affections. Le Seigneur entend notre cri dans la détresse ; au fort même de l’angoisse, nous pouvons avoir confiance, et les choses qui sembleraient devoir exclure cette confiance, en sont précisément l’occasion.
Ce Psaume nous enseigne à invoquer le Seigneur dans l’affliction, quelle qu’en soit la cause ; ainsi, non seulement nous savons que nous serons délivrés, mais nous apprenons aussi à connaître le Seigneur, dans sa sympathie, sa tendresse, son intérêt pour nous. J’aime l’Éternel, dit-il ; ou plutôt son cœur s’adresse à Dieu Lui-même ; puis il pense à tout ce que Dieu est pour nous : «Éternel, mon rocher, et mon lieu fort, et celui qui me délivre ! Mon Dieu, mon rocher, en qui je me confie, mon bouclier et la corne de mon salut, ma haute retraite !» Le cœur s’élargit, en pensant à ce que Dieu a été pour nous. Tel il est, en vérité ! Quoique nos délivrances puissent ne pas être exactement de celles qui sont racontées dans ce Psaume, toutefois nous nous trouvons souvent au milieu de difficultés et d’afflictions ; alors, en criant au Seigneur, la délivrance arrive.
Remarquons, en outre, que les voies du Seigneur envers nous, aussi bien que son salut éternel, éveillent en nos cœurs de saintes affections, des affections confiantes, de la piété ; non seulement des louanges, parce qu’Il nous a rachetés pour toujours, mais encore la connaissance journalière de sa sympathie et de sa tendre compassion. Il ne peut supporter de nous voir souffrir, à moins que cela ne soit nécessaire, et il y a telle épreuve qui suscite de l’amour pour Lui : «Éphraïm m’est-il un fils précieux ? Car depuis que j’ai parlé contre lui, je me souviens de lui encore constamment». Alors, il est vrai, Dieu se souvenait d’Éphraïm, quand il était sous le châtiment, tandis qu’ici nous avons la souffrance au milieu d’une marche intègre ; mais, au fond, il y a de l’intégrité dans le chrétien, aussi bien qu’en Christ ; par conséquent, il peut crier à Dieu dans cette détresse. Toutefois, au Psaume 18, c’est le cri d’un cœur saint et calme, se confiant en Dieu et trouvant dans sa fidélité de riches résultats ; le cœur est attiré vers Dieu Lui-même.
Dans les Psaumes 16, 17, 18, nous avons trouvé Christ lui-même ; sa position personnelle, la joie qui Lui est proposée dans le ciel, et son triomphe final sur la terre, comme y ayant souffert, Lui, le juste sous la loi. Les trois Psaumes suivants nous montrent le résidu pieux contemplant les divers témoignages présentés à la responsabilité de l’homme. Je ferai quelques remarques sur chacun de ces Psaumes.
Nous avons, en premier lieu (Ps. 19), le témoignage de la création ; particulièrement celui des cieux, car la terre, donnée à l’homme, a été corrompue. Remarquons qu’il est parlé ici non pas de l’Éternel, mais de Dieu, de l’espérance en Dieu comme tel. C’est pourquoi l’homme pieux voit que le témoignage s’étend par toute la terre et que les Gentils sont l’objet du témoignage de Dieu. C’est un point fort important, que les Juifs auraient dû comprendre. Paul, qui le comprenait par le Saint Esprit, leur citait le Psaume 19 dans ce but, n’insistant pas sur ce qu’était ce témoignage, mais sur le fait qu’il parvenait en tous pays, jusqu’au bout du monde. L’homme pieux peut se réjouir de ce témoignage rendu à la gloire de son Dieu ; mais il en voit aussi l’étendue ; il en comprend le caractère universel ; il sait que c’est à Dieu que ce témoignage est rendu. Telle sera aussi la pensée du résidu dans les derniers jours (Ps. 148).
Toutefois, l’homme pieux connaît aussi, par expérience, l’excellence de la loi divine ; et quoique, pour Israël, cette loi fût, il va sans dire, celle que Moïse lui avait donnée, nous devons l’entendre ici comme le témoignage de la Parole de Dieu à la conscience. Je dis «à la conscience», parce que nous n’avons pas ici la révélation des richesses de la grâce, ou la manifestation de la personne de Christ et des voies de Dieu en Lui, mais bien le témoignage de la Parole de Dieu concernant l’homme, et pour la conscience de l’homme, même quand il est pris dans un sens tout à fait général. Il n’est pas dit en cet endroit : la loi de Dieu, mais : «la loi de l’Éternel» : d’un Dieu connu selon sa relation d’alliance. Sa loi est donnée à son peuple, à ses serviteurs ; elle est parfaite ; elle exprime exactement la pensée de Dieu, touchant ce que l’homme devrait être devant Dieu, selon sa volonté, maintenant que le mal est connu. Or, telle n’est point la pensée de l’homme, même lorsqu’il prend plaisir en la loi de Dieu ; c’est pourquoi l’âme est restaurée par elle. On a la conscience de cet effet ; car l’âme qui possède la vie, apprécie la loi de Dieu lorsque celle-ci est révélée (quoiqu’elle puisse l’avoir perdue de vue) ; l’âme est sensible, d’une manière vivante, à la vérité de cette loi. Comme parole de Dieu, elle a une puissance vivante pour celui qui vit ; lorsqu’on ne la perd pas de vue, elle éclaire et dirige. Elle est pure et fait que les yeux voient ; elle nous fait voir clair, quand nos cœurs et notre vie spirituelle sont obscurcis. Notre Psaume met cela en connexion avec l’état du cœur. Le fidèle s’en rapporte non seulement à la loi, mais au Seigneur Lui-même ; on trouve, dans sa conscience, l’effet du sentiment de la présence de Dieu, la crainte du Seigneur. Dieu est introduit dans chaque circonstance ; le cœur s’en rapporte à Lui et à son jugement sur toute chose. Ces choses sont pures, aucune tache ne saurait y rester ; c’est là un principe éternel, parce qu’il dépend de la nature même de Dieu. De plus, les actes et les voies de Dieu en tant qu’exprimés (car le mot «jugements» comprend aussi bien son appréciation que ses jugements exécutés, quand il montre son jugement par ses châtiments), puis en outre et généralement parlant, tous les jugements qu’il porte, de quelque manière qu’Il les manifeste, ne sont que vérité et se trouvent parfaitement justes. Non seulement cela, ils sont, pour les fidèles, plus désirables que l’or et plus doux que le miel ; car, chose infiniment douce et précieuse pour les saints, ils sont l’expression de la pensée de Dieu.
En outre, le cœur se trouve au milieu de dangers et de tendances humaines qui l’éloignent du Seigneur ; alors les jugements qu’Il porte sur toute conduite humaine, nous servent d’avertissement ; car la joie de la parole et, pour le chrétien, la joie du ciel, ne sont point suffisantes : nous avons besoin de la sagesse et de la prudence, capables d’indiquer, dans la confusion du mal, un sentier divin qui nous guide hors de l’atteinte du mal qui est dans ce monde. Ici même, la parole de Dieu nous atteint. Dans l’observation de ses jugements, il y a une grande récompense, une bénédiction réelle ici-bas, et la paix du cœur ; l’âme est heureuse avec Dieu, elle traverse le monde en paix ; le cœur du chrétien est ainsi entièrement libre pour servir les autres.
Remarquez qu’il ne s’agit pas seulement de ce que la loi est, mais de ce que le cœur sait qu’elle est : le serviteur de l’Éternel est éclairé (ou averti) par elle. On y trouve ses délices, selon la nouvelle nature, et la conscience d’une relation avec Dieu (car nous sommes serviteurs de Dieu, bien que nous ayons avec Lui d’autres relations plus élevées, plus intimes et plus glorieuses). Cependant cette confiance et cette proximité ont pour résultat de faire éprouver le besoin de se connaître soi-même complètement, et de se défier de soi. «Qui est-ce qui comprend ses erreurs ? Purifie-moi de mes fautes cachées». Quoique trouvant mes délices en la Parole et l’appréciant, lorsque j’y pense, il se peut qu’en bien des choses je n’aie pas jugé mon propre cœur, ou que je ne sois pas moralement capable de le sonder, de manière à le juger selon la perfection de la Parole. Il y a effectivement des progrès dans le jugement spirituel. Mais, avec de l’intégrité et de la confiance en Dieu, on Lui demande d’être purifié des fautes cachées et d’être gardé des actions commises avec fierté, de celles qu’on commet en le méprisant ouvertement. Alors on sera pur, gardé près de Dieu, et l’on ne se détournera pas vers les idoles et la vanité. Des péchés peu apparents qu’on néglige, de la confiance en soi qu’on n’a pas jugée, conduisent à l’oubli de Dieu et au reniement de sa vérité. Je ne parle pas ici de notre sécurité, par la grâce, mais du chemin où conduisent ces fautes-là.
Enfin, le désir vrai du cœur est indiqué au verset 14 : «Que les paroles de ma bouche et la méditation de mon cœur soient agréables devant toi, ô l’Éternel !» La preuve véritable d’une vie pieuse, c’est la recherche du bien, intérieurement, quand on est en la présence de Dieu seul ; la recherche du bien avec Dieu, non pas devant les hommes, ou pour qu’ils en aient connaissance ; sans même parler de l’hypocrisie, j’entends ici une marche avec Dieu. Finalement, nous voyons que la vraie intégrité reconnaît Dieu pour son rocher et son Rédempteur, car il est impossible qu’on soit avec Lui, dans l’intelligence que nous donne une vie nouvelle, sans avoir le sentiment qu’on a besoin de Lui sous ces deux aspects.
Dans les Psaumes 20 et 21, comme nous l’avons déjà dit, nous trouvons le troisième témoignage présenté à la responsabilité humaine ; ce témoignage, c’est Christ. Mais il y a ici encore un autre sujet, digne de notre attention ; le Psaume 20 nous montre le profond intérêt que le cœur trouve à considérer le Témoin fidèle, au milieu de ses afflictions. Cette idée est présentée sous une forme juive, sans doute ; mais, comme ailleurs, la substance en est vraie pour nous aussi. C’est encore la confiance en l’Éternel, qui caractérise le sentiment de celui qui parle, car le Dieu de Jacob occupe sa pensée ; la foi en Lui se base sur cette relation. Cependant le Messie est contemplé au milieu des épreuves et des difficultés de sa vie terrestre, ne marchant que dans la piété envers l’Éternel et dans sa dépendance. Rien ne saurait mieux que cela caractériser Christ comme homme. L’Oint de l’Éternel est délivré et exaucé ; le cœur du fidèle est plongé, tout entier, dans cette pensée. Toutefois le résidu voit plus loin que cela (Israël aurait dû le voir aussi). Il voit (Psaume 21) l’Oint de l’Éternel qui avait demandé la vie, recevant en réponse à sa demande un glorieux prolongement de jours à perpétuité ; une vie, dans la lumière immédiate de la face de Dieu, qui le remplit de joie. Puis, après cela, sa main trouvant tous ses ennemis, et les faisant périr. Cependant, ici encore (comme dans Jean 17, où nous voyons en même temps, qu’il est un avec le Père), le Messie reçoit toutes choses de l’Éternel, comme homme, et c’est ainsi qu’Il est envisagé par les fidèles. Pierre le présente de la même manière. Son privilège, c’est la faveur de l’Éternel ; sa piété, la confiance en l’Éternel. Ce lien entre Lui et l’Éternel, occupe le cœur des fidèles qui sont ainsi profondément attachés au Messie ; or c’est là, effectivement, ce qui caractérisait Christ, qui ne cherchait, en rien, sa propre gloire, mais uniquement celle de son Père. Aussi l’Éternel s’associe entièrement à Lui (Psaume 21:9) ; et, de son côté, le fidèle en fait de même. Comme le Messie est exalté par l’Éternel, en dépit de ses ennemis, de même aussi l’Éternel, en faisant cela, est exalté dans sa gloire. De là vient que le Résidu, ayant les mêmes intérêts, chante et célèbre le pouvoir de l’Éternel (v. 13).
Cet enchaînement des intérêts des fidèles, ce lien profond de leur cœur au Messie, Messie et l’Éternel, caractérise leur piété ; il est plein de beauté et d’intérêt. Toutefois, pendant sa vie, Christ n’a jamais pris ce titre vis-à-vis de ses disciples, parce qu’Il voulait leur enseigner plus que cela. Il était le Fils de l’homme et parlait de Son Père, comme étant Lui-même le Fils de Dieu : «Mon Père, disait-il aux Juifs, duquel vous dites qu’il est votre Dieu». Il possédait toutes les qualités morales de Messie, Fils de Dieu ; mais il voulait détacher ses disciples des relations terrestres, pour les faire participer à des relations plus élevées et célestes. C’est la différence qu’il ne faut jamais oublier de faire, toutes les fois que nous nous occupons des Psaumes. Nous contemplons, avec un profond intérêt, les afflictions et les souffrances de Christ, mais d’un point de vue plus élevé. Ce qui nous occupe, ce n’est pas le contraste entre la place officielle de Christ et son humiliation, mais l’amour divin et parfait, par lequel il s’est anéanti Lui-même, pour descendre sur la terre, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes, et traversant dans un but d’amour toutes les épreuves et les douleurs d’un monde de douleurs. Dans tout cela, nous voyons sa gloire. La vérité est enseignée d’une manière bien plus profonde, dans le Nouveau Testament. Toutefois la manière dont Christ nous est présenté, dans les Psaumes, comme le vrai homme dépendant de Dieu, et sa piété, dans cette dépendance, sont très instructives pour nous qui pouvons y ajouter cette vérité plus profonde, en suite de la révélation du Fils de Dieu. On voit, en elle, la parole de vie.
En commentant le Psaume 22, nous n’avons pas à développer ici la doctrine précieuse qu’il contient : l’introduction, sur une base toute nouvelle, c’est-à-dire la rédemption et la mort de Christ, de la grâce qui, s’élevant au-dessus de la responsabilité humaine, a mis fin, pour toujours, à celle-ci. Nous continuerons à nous occuper des sentiments et des pensées de Christ, car la piété, décrite dans cette partie des Psaumes, est la piété de Christ Lui-même. Rien, au reste, de plus instructif, de plus sanctifiant et qui soit plus propre à donner de la profondeur à notre piété !
Tel sera donc maintenant notre sujet. Que le Seigneur nous donne de fouler ce terrain avec toute révérence !
Nous trouvons ici ce qui donna occasion au cri suprême du Sauveur, cri qui ne pouvait être exaucé, avant qu’Il eût bu, jusqu’à la lie, le calice de douleur. Il décrit toutes ses angoisses ; elles grandissent, elles sont à leur comble. La violence, une violence furieuse et sans frein l’entoure ; ce sont des taureaux de Basan, des lions déchirants et rugissants : mais ce n’était pas la résistance hautaine de l’homme qu’il leur opposait ; il faut qu’il subisse, qu’il sente tout cela dans l’humble soumission de sa nature ; qu’il connaisse la faiblesse — mais jamais le péché, de la nature humaine, sauf en le portant pour l’ôter. Il est répandu comme de l’eau, tous ses os se déjoignent ; son cœur est comme de la cire, s’étant fondu au dedans de ses entrailles ; sa vigueur est desséchée comme un têt, sa langue est attachée à son palais. Toutefois, il ne s’arrête pas ici à des causes secondes, et aussi ne le pourrait-il pas. Il est dans la poussière de la mort ; mais c’est l’Éternel qui l’y a mis. Il s’agit ici de son état, de la poussière de la mort ; mais il regarde à la vraie source de tout, aux pensées et aux conseils de l’Éternel. Agir ainsi, percevoir moralement avec une sensibilité parfaite le caractère des ennemis qui sont les instruments de nos souffrances ; mais regarder à travers tout à la sagesse, à la volonté et aux voies de Dieu, regarder à Dieu Lui-même, fidèle dans ses relations avec nous et source réelle de toutes choses, voilà, à cet égard, la perfection. Mais outre la violence, qui, comme instrument, avait mis dans la poussière de la mort le Sauveur débonnaire, n’offrant aucune résistance, muet comme un agneau devant celui qui le tond ; outre les moqueries et les mauvais traitements que cette violence accumulait sur Celui dont la seule présence fit reculer et tomber par terre tous ses ennemis ; il y avait encore la manifestation du caractère des hommes, au pouvoir desquels il se trouvait, après s’être livré Lui-même. «Des chiens l’environnaient», des créatures sans cœur et sans conscience, sans honte et sans entrailles, dont le plaisir consistait dans la honte d’un autre, insultant celui qui ne leur résistait pas, outrageant le juste. Ils étaient aussi pervers que violents ; ils le contemplaient, ils le regardaient. Dépouillé de ses vêtements, exposé aux regards endurcis de ceux qui jouissaient de leur iniquité et de sa honte, combien le Sauveur n’a-t-il pas dû sentir l’ignominie et la lâcheté de leurs insultes ! Ils s’amusent à partager entre eux ses vêtements ; ils jettent le sort sur la robe de l’innocent. Pas un regard de pitié ; personne pour secourir ! Quelle détresse ! Il regarde à l’Éternel, il le supplie de ne pas s’éloigner de lui ; et si lui n’a pas de force, il supplie l’Éternel, sa force, de venir à son aide.
Ici, nous touchons au moment suprême de cette heure solennelle. Quand, du côté des hommes, il est à l’extrémité, et qu’il ne rencontre pas un regard de compassion, pas une main tendue pour le secourir, Christ regarde à l’Éternel, le Dieu de l’alliance, pour la foi d’Israël et pour celle du Messie ; mais, ô mystère des mystères ! ici même, point de délivrance ; il ne reste que l’infinie perfection de l’Être béni (Il fallait que cette perfection fût alors infinie).
Là encore, Christ se trouve associé, dans ce Psaume, avec Israël, quelle que soit, du reste, l’efficace de son œuvre, en ce moment décisif et central de l’histoire divine, où la question du bien et du mal a été définie, résolue, et décidée pour l’éternité. Il fallait que le Dieu d’Israël abandonnât Christ, abolît l’inimitié et déchirât le voile qui cachait Dieu, en Israël ; il fallait cela pour que, dans le plein résultat de l’amour divin en justice, la grâce pût régner par la justice en vie éternelle, par Jésus Christ notre Seigneur, pour tout croyant, tant Juif que Gentil, et pour l’entière gloire de Dieu, dans le ciel et sur la terre.
Remarquez toutefois que Christ est nécessairement présenté d’une façon différente, dans les Évangiles et dans les Psaumes. Là, c’est comme Fils qu’Il parle (sauf lorsqu’Il est abandonné) : «Père, pardonne-leur», et plus tard : «Père ! entre tes mains je remets mon esprit». Ici, au contraire, il dit : «Éternel, ne te tiens pas loin de moi !» Il a recours, pour Lui-même, au Dieu d’Israël, son Dieu, et le résultat y correspond : le résidu est rassemblé, puis tout Israël, puis les nations millénaires et «le peuple qui naîtra» ; tous ceux enfin qui, par appel, sont le fruit béni de l’œuvre de Christ ; mais il n’est point parlé du ciel.
Ayant signalé cette différence, importante pour l’application des Psaumes, même lorsqu’ils parlent de la croix, je désire ajouter quelques mots sur le caractère de la foi et de la piété de Christ dans ce Psaume, et sur sa confiance en l’Éternel, comme étant venu Lui-même au milieu du peuple d’Israël ; «car c’est d’Israël, selon la chair, qu’est issu le Christ, qui est sur toutes choses Dieu, béni éternellement».
Nous trouvons ici un sentiment profond de son état extérieur d’abjection et d’isolement qui contraste, d’une manière accablante, avec celui des fidèles, circonstance éminemment propre à produire, dans le cœur humain, l’irritation et le découragement, à faire oublier ce que Dieu était, si cela eût été possible pour Jésus : «Moi, je suis un ver et non point un homme, l’opprobre des hommes et le méprisé du peuple». Ce n’était pas tout. Le Sauveur bien aimé, «remis à l’Éternel dès la matrice, dont la confiance avait été en l’Éternel, lorsqu’il était sur les mamelles de sa mère», qui avait recherché sa volonté et glorifié son nom, devait déclarer publiquement, en face des insultes et des railleries de ses ennemis, que Dieu l’avait abandonné. La profondeur morale d’une pareille épreuve, personne ne saurait l’exprimer que Celui-là seul qui l’a subie ; elle était en proportion de l’amour dont il jouissait, dans lequel il vivait, et de sa fidélité dans cet amour. Je parle ici d’épreuve et de piété, non pas d’expiation.
Au milieu de toutes ces angoisses, le Seigneur est parfait à l’égard de l’Éternel. En premier lieu, sa confiance est parfaite ; il ne dit pas : Éternel ; car il n’y avait pas alors d’exercice de relation, comme avec son Père, en Gethsémané ; mais il dit : «Mon Dieu, mon Dieu». Quelque terrible que soit cet abandon, la foi parfaite en Dieu, son dévouement à Lui, comme étant le seul qu’il reconnaisse, demeurent absolus et inébranlables. Christ subjectivement, comme homme, est parfait ; absolument parfait.
En second lieu, un autre fait nous démontre cette même vérité. Quelles que fussent ses souffrances, et quoiqu’il ne se trouvât, dans sa marche, aucune cause pour être abandonné, le témoignage que Christ rend à Dieu, le sentiment qu’il a de la perfection de la nature et des voies de Dieu, reste le même et dans une élévation plus grande encore : «Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël». Que Dieu abandonne le juste, lui, le Juste, ne doute pas un instant de sa perfection en agissant ainsi. Rien ne saurait exprimer d’une manière plus complète la perfection de Christ, homme, sa position comme tel, et comment il avait pris la place désignée par ces mots : «Ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi». Nous ne voyons pas ici Christ contemplant les conseils de Dieu et comprenant leur accomplissement qu’il avait lui-même entrepris ; nous le voyons homme dépendant, sensible à l’épreuve qui l’atteint comme homme, mais parfait et fidèle, lorsqu’au milieu de ses angoisses, — dans lesquelles il comptait sur une réponse, la seule sur laquelle il pût compter — Dieu Lui-même le laisse sans réponse.
Nous, nous pouvons répondre à cette question : «Pourquoi m’as-tu abandonné ?» Nous y répondrons dans une éternelle adoration, nous qui croyons en Lui. Mais il nous importe infiniment de savoir, non seulement que Christ a fait, par Lui-même, la purification de nos péchés, en buvant la coupe de la colère, mais encore de connaître Christ comme Celui qui a souffert personnellement sous l’abandon de Dieu ; qui est entré, comme homme, quant à Lui-même, dans tout le sentiment de cet abandon, dans la douleur personnelle qui s’y rattache ; parce que, quoiqu’il en ait souffert tout seul, nous sommes ainsi conduits à la joie que Christ éprouva, en entrant de nouveau et plus que jamais, dans la lumière sans nuage de la face de son Père. Il y est entré en conséquence de la rédemption, selon la valeur de cette dernière, selon le bon plaisir de Dieu, qui reposait nécessairement sur Lui, selon son acceptation, lorsqu’il eut parfaitement glorifié Dieu là où le péché avait introduit la confusion en toutes choses. Ainsi, tout ce que Dieu était, mis en évidence par le péché (car le péché avait mis en évidence l’amour souverain, la justice, la vérité, et revendiqué la majesté de Dieu), se trouvait parfaitement révélé et glorifié. Les souffrances personnelles de Christ nous mènent, dis-je, à cette joie dans laquelle il entra, comme homme, auprès de son Dieu et Père, et qu’il nous communique en nous introduisant dans la pleine bénédiction, dans laquelle il est entré, comme homme, puisque cette joie était la conséquence d’une œuvre accomplie pour nos péchés. Dans cette œuvre, il fut seul ; mais il y était pour nous, en même temps que pour la gloire divine ; et il nous introduit dans la bénédiction dont il jouit en conséquence de son œuvre.
Ces remarques concernent la seconde partie du Psaume 22, et je désire seulement porter notre attention sur les sentiments de Christ qui s’y trouvent exprimés. L’Éternel lui a répondu d’entre les cornes des buffles lorsqu’il était transpercé par la puissance de la mort ; le jugement de Dieu, sur le péché, a été exécuté ; il est passé.
J’ai fait remarquer ailleurs un fait très instructif que voici : Dans les évangiles, Christ, pendant sa carrière ici-bas, ne parle jamais de Dieu, comme de son Dieu, mais toujours comme du Père ; c’est là l’expression de sa propre relation personnelle ; c’est là aussi le nom qu’il révèle à ses disciples. Jamais, dans l’histoire des évangiles, il ne se nomme directement «le Christ» ; non qu’il n’ait été présenté comme tel à Israël, car il l’était ; mais ce n’est pas là le nom et la position qu’il prend lui-même, vis-à-vis de Dieu et de son Père ; c’est dans cette dernière relation que nous avons à le connaître. Lorsque les Juifs Lui disent : «Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement», il répond : «Je vous l’ai déjà dit». Mais, en tant que révélé à nous, il est Emmanuel, le prophète qui devait venir, le Fils de l’homme, le Fils de Dieu. En parlant avec Dieu et de Dieu, il dit toujours : «Père» et «mon Père». En parlant avec ses disciples, il se nomme «le Fils de l’homme». Dans le Psaume que nous étudions, Christ dit : «Mon Dieu, mon Dieu». Il est l’homme dont Dieu s’occupe en jugement, mais, quoique abandonné, il est l’homme parfait dans sa propre relation avec Dieu, par la foi, et il dit : «Mon Dieu».
Alors, il déclare le nom de Dieu à ses frères et emploie ces deux titres, lui cet homme, qui est allé jusqu’aux limites de l’épreuve avec Dieu, revendiquant tout ce que Dieu est en justice, en vérité, en majesté et en amour. «Mon Dieu», dit-il. Tout ce que Dieu est, dans sa propre perfection, sa majesté, et dans ce qu’il exige, il l’est nécessairement pour nous et d’une manière obligatoire, quoique selon les délices de son amour envers nous, parce que nous sommes en Christ ; sans doute selon ses propres conseils, mais il l’est d’une manière juste, par conséquent nécessaire et inaltérable pour nous. Ce qu’il est comme Dieu, il l’est comme notre Dieu ; car il est pour nous, par le moyen de Christ éprouvé sur la croix ; le péché ayant été aboli par le sacrifice de Lui-même. La perfection de Dieu, sans nuage, luit sur nous dans toute la bénédiction qui lui est propre, comme elle luit sur Christ, en vertu de ce qu’il a glorifié Dieu dans la perfection selon laquelle Dieu est ainsi manifesté.
Ce nom de Dieu, c’est-à-dire la réalité de cette relation, nous est déclaré. La nature et le nom de Dieu, pleins de grâce, ont été déclarés, sur la terre, par Christ, qui était le Fils unique dans le sein du Père. Or, l’homme pécheur, en inimitié contre Dieu, ne pouvait avoir aucune part à cela. «La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas comprise». L’homme a vu Christ, et l’a haï, ainsi que Son Père. Mais Christ fut fait péché pour nous, se tint comme homme responsable devant Dieu, avec Dieu, dans tous les attributs selon lesquels Dieu s’occupa du péché ; en tout cela Il fut trouvé parfait, afin que l’amour pût s’exercer librement sans faillir à la justice. C’est pourquoi Christ dit : «J’ai à être baptisé d’un baptême, et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli !» Car Il était cet amour — Dieu, en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, jusqu’à ce que cet amour pût se répandre, selon la perfection de Dieu, en justice ; or cet amour ne pouvait se répandre librement, là où il y avait le péché ; cela n’eut lieu que par le moyen de la croix, par le moyen de la perfection de Christ, lorsqu’il fut fait péché pour nous. Alors, en cela et par cela même, l’amour fut exalté et le caractère de Dieu pleinement déployé ; son nom, le nom de Dieu qui devait être révélé, fut pleinement manifesté. Aussi Christ pouvait-il dire : «À cause de ceci que le Père m’aime».
Mais ensuite, Christ entra dans une mesure plus grande encore dans la joie de l’amour de son Père, et tout cela comme homme. Il le fit lorsqu’il fut exaucé, mais la résurrection en fut la manifestation publique et évidente. Il fut ressuscité par la gloire du Père ; alors il déclara ce nom à ses frères. Car maintenant, le péché étant, hors de Christ, la seule place de l’homme vis-à-vis de Dieu, celui qui croit, a, en Christ, la place de Christ ressuscité d’entre les morts, dans la même relation que celle de Christ avec le Père. La mort étant intervenue, il ne peut pas avoir d’autre place. «Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu». Maintenant, Christ emploie les deux titres de Dieu et de Père, et les applique tous deux à nous, parce que tout ce que Dieu est, il l’est, en justice, pour Lui, l’homme dans la gloire, et que Christ est rentré dans la joie de la communion de son Père, nous plaçant, en vertu de son œuvre accomplie pour nous, dans la position où il est Lui-même. Il nous y place, comme ses frères, participants, par grâce, de sa faveur et de son héritage.
Je me suis étendu, plus que je ne le voulais, quoique d’une manière pratique, sur la doctrine qui est en rapport avec le Psaume 22 ; car mon but est ici de montrer les sentiments et les affections de Christ. La première pensée de Christ, lorsqu’il lui a été répondu d’entre les cornes des buffles, est, remarquons-le, de déclarer, à ses frères, le nom de Dieu et de son Père ; quoique glorifié, il n’a pas honte de nous appeler ses frères. Parfait en amour, attaché à ces excellents de la terre, une fois entré dans sa position de joie et de bénédiction, par une œuvre qui leur fournit le droit d’y entrer aussi, il s’occupe de leur révéler ce qui les a placés dans la même position, avec Lui. Il les rassemble ; puis, après avoir mis dans leur bouche la même louange que celle qu’il va prononcer, il donne le ton, comme homme, et fait entendre la louange au milieu de l’Assemblée. Comme nous devrions l’accompagner avec des voix joyeuses et des cœurs qui débordent ! Quant à celui qui n’est pas au clair sur son acceptation, et sur le bonheur d’être un enfant de Dieu, en vertu de la rédemption, il ne peut pas chanter avec Christ. Christ loue au milieu de l’Assemblée. Qui est-ce qui chante avec Lui ? Celui qui a appris le cantique ; celui qui peut le chanter, comme ayant échappé au jugement pour entrer dans la pleine lumière et la joie de l’acceptation. Le chap. 1 de l’épître aux Éphésiens (versets 3, 4) nous montre cette position que nous occupons. Ici, nous voyons les saints entonnant, conduits par Jésus, un cantique de louange, en rapport avec la joie même dont Il jouit. La grâce de cette position est parfaite.
Je ne parlerai pas ici des résultats ultérieurs de l’œuvre de Christ. Remarquons seulement que tout est grâce ; qu’il n’est pas question du jugement (la grâce est fondée sur le jugement), et qu’ici rien ne dépasse les limites de la terre.
Le Psaume 23 a été dicté par l’Esprit, de manière à s’appliquer soit à Christ mourant, soit au saint qui suit ses traces, soit au résidu qui a été mis à part. Les souffrances de Christ de la part de Dieu ou de l’homme, ne sont pas considérées ici, non plus que celles des fidèles, si ce n’est comme de simples faits, qui fournissent l’occasion de montrer les soins de l’Éternel. «L’Éternel est mon berger», — sa sollicitude constante et invariable, voilà le sujet du Psaume. C’est une vie passée, quoi qu’il en soit, sous son œil et sous sa garde, avec l’expérience que cette vie procure et avec l’assurance que l’amour de l’Éternel donne jusqu’à la fin et pour toujours. Cette assurance que le cœur éprouve, ne provient pas des choses qu’il donne, mais de Lui-même. «L’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien». La puissance, la grâce, la bonté, l’intérêt du seul Fidèle : toutes ces choses donnent de l’assurance à travers toutes les circonstances, pour toujours, et pour chaque instant : Puisque c’est Lui qui a entrepris et s’est chargé Lui-même d’avoir soin de ses fidèles, comment ceux-ci manqueraient-ils de rien ? Ni les événements qui peuvent survenir, ni les moyens qu’il emploiera, ne doivent nous préoccuper. Les soins du berger — voilà notre assurance. Le fruit naturel de sa sollicitude, c’est la sécurité des pâturages verts et frais, la jouissance paisible des rafraîchissements assurés de sa bonté.
En fait, l’homme, le Résidu en particulier, Christ Lui-même, sont au milieu d’épreuves angoissantes, de la mort, d’ennemis puissants. L’âme est-elle troublée et affaissée ? — Il la restaure. Marche-t-on par la vallée de l’ombre de la mort ? la mort étend-elle son voile obscur sur celui qui va descendre dans son ombre ? Il est là, plus grand que la mort, pour conduire et pour soutenir. Des ennemis puissants, inexorables, sont-ils là pour menacer et effrayer ? Devant Lui, ils sont sans force. Il dresse devant ses bien-aimés, la table où ceux-ci s’asseyent à l’abri et en sûreté. L’onction divine est le sceau de la puissance, lorsque tout est contre nous. Faiblesse humaine, mort, puissance spirituelle de méchanceté, tout cela n’est que l’occasion de manifester clairement que l’Éternel, le Berger, est la sauvegarde infaillible de son peuple.
Assurément, Christ n’était pas une brebis ; mais il fraya le sentier que les brebis doivent suivre ; il se confia en l’Éternel. Il est le «l’Éternel-Berger» de ceux qui sont à Lui. Il nous aime, comme l’Éternel l’aima et eut soin de Lui. C’est donc la sollicitude infaillible de l’Éternel, à travers toutes les choses qui assaillent la nature humaine, pendant qu’elle traverse le monde. Le fruit naturel et propre de cette sollicitude c’est de verts pâturages dans une paisible sécurité ; dans l’état de ruine où est l’homme, et pendant sa marche au milieu des puissances du mal, c’est une puissance infaillible qui soutient.
C’est pourquoi le cœur se confiant en l’Éternel, l’Immuable, compte sur l’avenir : car l’avenir est aussi certain que le passé : «La bonté et la gratuité me suivront tous les jours de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de l’Éternel pour de longs jours». La confiance repose sur l’Éternel Lui-même ; c’est pourquoi toutes les circonstances, toute la puissance du mal, toutes les difficultés de l’homme mortel qui s’y rattachent, ne sont que des occasions de manifester la puissance de l’Éternel comme intéressé, dans sa fidélité immuable, à soutenir le fidèle au travers de ces choses.
Il est intéressant d’observer cette sollicitude de la puissance divine, gardant dans les pensées du Christ souffrant sa place infaillible et certaine, au-dessus de toutes les souffrances particulières, de l’épreuve et de la mort du Seigneur. Telle est la bénédiction de l’homme fidèle, pendant que la terre n’appartient pas au Seigneur et que la puissance du mal, la mort, et des adversaires puissants sont en vue. L’Éternel est la sûre demeure de la foi.
Lorsque la terre appartiendra au Seigneur (Psaume 24), «qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel ; et qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté» ? Ici, remarquons-le, la porte a été ouverte à tous ; seulement Jacob possède une position d’acceptation, et la proximité de l’Éternel. Toutefois la bénédiction et l’acceptation en grâce, de la part de Dieu, qui est leur salut, sont la portion de tous ceux qui se sont purifiés pour rechercher Dieu, lequel a placé sa bénédiction en Jacob. Leur caractère est décrit ; mais tous les Gentils qui le possèdent, ont accès à la sainte montagne de l’Éternel. Christ Lui-même y entre, en triomphe, comme l’Éternel.
Le Psaume 24 clôt toute la série de Psaumes qui parle de l’association de Christ avec les excellents, avec les saints qui sont sur la terre. Nous y avons vu Christ dans le chemin de la vie avec les saints ; Christ dans le chemin de la justice, au milieu d’un monde méchant ; Christ souffrant, centre de toute l’histoire d’Israël, objet de l’intérêt de l’Éternel quand il est identifié avec Israël ; Christ, souffrant comme témoin de la vérité, l’objet des pensées et des affections du résidu ; Christ, souffrant comme abandonné de Dieu ; Christ, entrant en personne, dans le sentier que les brebis doivent suivre, et leur manifestant ainsi les soins de l’Éternel, quoiqu’il soit Lui-même le vrai Berger (Jean 10) ; enfin Christ, entrant dans le temple, en sa qualité de l’Éternel triomphant, d’Éternel des armées, lorsque tous reconnaissent Jacob et le Dieu de Jacob.
Quoique le Seigneur soit un modèle pour nous, sous plusieurs des aspects qui nous sont ici présentés, toutefois l’action réelle et efficace, sur la piété du cœur, est produite en le voyant véritablement homme, frayant le chemin devant nos yeux, et engageant toutes les affections de l’âme dans la contemplation de sa marche.
Dans les Psaumes suivants, nous trouvons de nouveau les pensées et les sentiments du Résidu, au milieu de ses afflictions, en rapport avec cette même position de Christ ; mais nous y puiserons une grande instruction pour nos cœurs, dans un chemin qui est toujours celui de l’affliction et qui reste essentiellement tel, aussi longtemps que le mal règne ici-bas. En jetant un dernier coup d’œil sur les Psaumes qui précèdent, nous pouvons signaler un développement progressif dans leur caractère. Ainsi, les Psaumes 3 à 7 renferment des principes et un état généraux, indiquant que la justice ne règne pas encore par le jugement. Ceci est fondé sur les grands principes des deux premiers Psaumes. L’homme juste au milieu des méchants ; le jugement encore à venir ; et les conseils de Dieu, concernant le Messie, annoncés, mais non encore accomplis au Psaume 8. Les Psaumes 9 et 10 renferment les événements concernant le peuple Juif et son pays, dans les derniers jours ; puis dans les Psaumes 11 à 15, nous trouvons les relations, le jugement et les principes du Résidu, qui regarde à l’Éternel, dans cet état de choses. Enfin les Psaumes 16 à 24, ayant donné à connaître toute la position de Christ, par rapport à Israël, l’introduisant au milieu de ce peuple et indiquant le résultat de cette introduction, nous trouverons dans les Psaumes suivants, beaucoup plus de détails touchant les expériences et les exercices des saints aux derniers jours. Ces exercices sont nécessairement fondés sur l’intervention et le sacrifice de Christ. Je n’entends point dire, pour cela, que les saints d’alors aient une idée claire du sacrifice de Christ, et que les expressions des Psaumes supposent cela, ni qu’elles conviennent à une âme affranchie. Mais de tels exercices ne peuvent avoir lieu sans l’intervention et le sacrifice de Christ ; le Saint Esprit, dans le Résidu comme en toute âme, opère en vertu de ces deux choses, et afin de les faire reconnaître d’une manière complète.
Dans le Psaume 25, nous trouvons, bien définie, pour la première fois, la confession du péché. Cette confession, jointe à la déclaration et à la conscience de l’intégrité du cœur, que contient le Psaume 26, forme la base subjective de toutes les expériences des fidèles : les Psaumes 27 et 28 en forment la base objective. Nous y trouvons l’Éternel, lumière et délivrance ; puis, en outre, une détresse actuelle, sous l’oppression des méchants, et, en même temps, la confiance du cœur en l’Éternel. Mais plus on étudiera les Psaumes, plus on découvrira qu’ils s’appliquent proprement aux Juifs, et cela, d’une manière presque universelle ; qu’ils ont trait à l’homme pieux et juste du Résidu, dont les pensées sont en accord avec sa position et lui sont fournies par l’Esprit de Christ, parlant par la bouche du prophète. Plusieurs parties des Psaumes peuvent être appliquées à Christ lui-même ; il n’en est pas ainsi pour toutes. Cela nous montre deux choses que j’ai déjà fait remarquer : d’abord, que la possibilité d’appliquer ces passages à Christ n’implique pas qu’ils soient des prophéties qui le concernent exclusivement, ni que le Psaume tout entier s’applique à lui : J’ai encore fait remarquer le danger réel qu’il y aurait à envisager les Psaumes comme étant l’expression de la piété chrétienne. Ils ne le sont pas. Sans doute, ils fournissent souvent une instruction précieuse, relativement à la confiance en Dieu ; mais celui qui emprunterait la forme de sa piété aux Psaumes dans leur ensemble, celui-là fausserait le christianisme. Passons maintenant aux détails.
Dans les difficultés qui l’entourent, l’âme s’élève vers l’Éternel ; c’est là le vrai moyen de surmonter les difficultés et d’avoir la paix au milieu d’elles. Un cœur vrai n’a pas d’autre refuge ; tout autre le détournerait de celui-là. Au milieu de l’épreuve, il dit : «Mon Dieu» ; il peut, par Christ, le dire maintenant et se confier en Dieu : «Que je ne sois pas confus ; que mes ennemis ne triomphent pas de moi !» Tel est, dans les difficultés, le premier désir de la foi. Mais la foi, quand elle est réelle, ne peut se borner à soi ; elle est associée par grâce, à la bonté de Dieu, sentie dans ce désir même, et associée, par conséquent, avec tous ceux qui s’attendent à l’Éternel. Elle souhaite que les méchants (ceux qui agissent perfidement sans cause, — ceux qui aiment l’iniquité ; non pas ceux qui tombent dans le péché) soient confus. Comme principe général, ce désir n’est pas contraire au christianisme. Le chrétien ne peut pas souhaiter que ses ennemis individuels soient jugés ; mais il désire que le mal soit ôté et que les ennemis du bien soient confus. Il aime et désire la justice ; il souhaite que l’oppresseur de la justice, des petits, des humbles et des justes, soit renversé et confus. Dans ses circonstances personnelles, le chrétien peut désirer cela comme résultat, sans toutefois souhaiter du mal à l’individu. Sa confiance en l’Éternel l’empêche de faire la moindre démarche au détriment de son ennemi ; mais il remet sa cause au Seigneur et la laisse entre ses mains, attendant d’être délivré par Lui.
Il y a encore un autre trait distinctif du saint, dont le cœur se tourne repentant vers le Seigneur. Il cherche les voies de l’Éternel, ses sentiers, afin d’être conduit dans sa vérité et enseigné. Remarquons ce caractère très défini du bien, dans une âme sincère ; elle ne cherche pas simplement un bon chemin, mais c’est le chemin du Seigneur qu’elle cherche. L’esprit du saint s’est retourné vers le Seigneur ; il pense à lui, il estime son caractère ; il a la conscience qu’il lui doit fidélité et service ; qu’il lui appartient, et que tout lui appartient ; il prend plaisir en son chemin et n’en cherche aucun autre. Toutefois, ce Psaume nous présente quelqu’un (le Juif) qui se retourne vers Dieu ; non pas une personne nouvellement convertie. Israël (et le saint aussi) se souvient de ses fautes et les rappelle ; mais il dit à l’Éternel : «Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse ; selon ta gratuité souviens-toi de moi». Il le prie de se souvenir de lui seulement de cette manière ; car il sait que l’Éternel est plein de compassion, et c’est pour la gloire de son nom qu’il peut ainsi faire appel à sa miséricorde.
Cette demande ne montre pas la connaissance du pardon, mais la confiance dans la grâce. Ce n’est pas ici une conscience purifiée, quoique cela découle de la réponse de Dieu ; mais c’est une manière de s’approcher de Dieu qui lui est agréable. Nous en trouvons un exemple dans l’Évangile : la femme pécheresse s’approcha ainsi de Jésus, et elle s’en alla en paix.
Il y a une fidélité du Seigneur à sa propre bonté, à son caractère propre qui est au-dessus du mal ; caractère qui le fait agir (une rançon ayant été trouvée, grâce à laquelle la justice est maintenue) pour la vraie bénédiction du pécheur qui s’approche ainsi de Lui. Il est dit même de Joseph : «C’était un homme juste et qui ne voulait pas faire d’elle un exemple». Quant à l’homme, il a sans doute encore d’autres motifs ; mais pour autant qu’il doit agir comme Dieu agit, le principe dont je parle trouve son application. L’Éternel est bon et droit. Il est bon envers nous ; il aime la droiture et il aime à la voir ; aussi veut-il l’enseigner, dans sa grâce, à ceux qui s’en sont écartés. C’est une grande douceur pour celui qui s’est égaré que de pouvoir compter là-dessus. Remarquez qu’au v. 8, il n’est pas dit son chemin ou sa voie, mais le chemin ; au v. 4, tes voies exprimait l’état de cœur du saint, tandis que les mots du v. 8 expriment la connaissance (ou plutôt la confiance) du saint quant à ce qui se trouve dans le cœur de l’Éternel. Il ne s’agit pas proprement de ce qu’est ce chemin ; il va sans dire qu’il est bon ; mais le Seigneur le lui enseignera. Son amour actif s’occupera de lui pour son bien. Toutefois, lorsque le vrai caractère du saint restauré est décrit, le caractère du chemin n’est pas non plus oublié : «Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires» ; dans le chemin qui exprime la pensée de Dieu : «Il enseignera sa voie aux débonnaires» (v. 9).
Mais, à un autre point de vue, on peut signaler, dans ce Psaume, une marche progressive. Il se divise en trois parties : v. 1-7 ; 8-14 ; et 15-22. Dans la première, l’âme persécutée et éprouvée, jugeant ses péchés précédents, mais confiante en Dieu et regardant à Lui, s’adresse à lui touchant ses besoins et ses difficultés, en face de la puissance du mal. Dans la seconde partie, cet appel à Dieu amène l’âme à parler de Lui en déclarant ce qu’il est dans ses voies. Dans la troisième, l’âme regarde personnellement à Dieu, comme étant assurée de son intérêt pour elle ; et invoque le regard de Dieu sur elle, sur ses ennemis, sur ses circonstances, comptant, en cela, sur son pardon, mais confiante en sa propre intégrité, dont elle a conscience. Enfin, elle étend sa requête à tout Israël.
On peut encore remarquer une marche progressive dans les détails, quant à l’état de l’âme qui parle de Dieu. D’abord sa bonté et sa droiture font qu’il enseigne aux pécheurs la droiture de cœur. Ils s’étaient égarés dans leurs propres voies. Combien leur oubli des voies de Dieu était terrible ! Mais le Seigneur, dans sa bonté et sa miséricorde, ne veut pas les laisser sans direction ; leur état attire sa compassion. Le Seigneur aime le droit chemin et ne peut bénir ailleurs : aussi enseigne-t-il le chemin aux pécheurs. Or, reconnaître son péché, et connaître en même temps la bonté du Seigneur, a pour effet l’humilité, la soumission d’esprit, la petitesse, l’absence de fierté, du moi, de ce que les païens considéraient comme la source de la vertu. Dans cet état, Dieu conduit dans le discernement et enseigne sa voie. Non seulement la voie est enseignée à celui qui s’en était écarté ; mais dès qu’il y a de l’humilité et de la soumission à Dieu, il conduit dans l’intelligence, dans l’esprit et dans la pensée de ses voies. Il forme, par ses instructions, ceux qui le craignent à discerner ce qu’est la voie de Dieu Lui-même. C’est là une conformité intérieure et morale avec Dieu, qui s’applique à discerner et à juger les circonstances. Cette conformité morale et ce discernement sont fort précieux.
Le vers. 12 va plus loin ; il nous montre quelqu’un craignant Dieu, marchant dans la conscience de sa présence, de sa propre responsabilité vis-à-vis de Dieu et, de cœur, s’en référant à Lui dans une entière dépendance de lui. Il y a ici plus que le discernement moral, il y a la connaissance de la voie choisie de Dieu. L’homme qui est guidé dans le droit chemin (ou jugement) saura ce qui est juste ; il le fera et évitera le mal. Mais l’homme d’Issacar avait la connaissance des temps (1 Chron. 12:32). Il y avait une voie choisie par Dieu, au milieu du mal qui régnait ; et celui qui craignait l’Éternel sera enseigné dans cette voie-là ; il trouvera le sentier qui mène à une entière bénédiction. C’est là un grand privilège, duquel ni les ténèbres, ni la confusion qui nous entourent ne sauraient nous priver. Il s’agit de la voie choisie, par l’Éternel, au milieu de cette confusion ; d’un sentier particulier d’alliance pour ceux qui le craignent.
Il existe certainement, aussi pour le chrétien, un tel sentier au milieu de la confusion où se trouve actuellement l’Église de Dieu : Les paroles qui suivent (v. 14) nous le montrent avec un surcroît d’évidence. «Le secret de l’Éternel», car il a un secret pour les oreilles de ceux qui l’écoutent, «est pour ceux qui le craignent», ses amis, auxquels il donne à connaître sa pensée. Faut-il s’étonner que Marie connût mieux cette pensée que Marthe ? Elle oignit d’avance le Seigneur pour sa sépulture : elle avait la pensée du Seigneur quant à la scène qui se préparait. La Parole est toujours un préservatif contre de fausses prétentions à posséder la pensée du Seigneur ; il n’en est pas moins vrai que le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent. Quoique toutes choses semblent s’opposer à l’accomplissement de sa promesse assurée, ceux qui le craignent en prévoient cependant le résultat ; par la foi, ils comprennent qu’elle avance vers son accomplissement, et ils en verront enfin la pleine réalisation lorsque les voies de Dieu seront accomplies. C’est là une grande bénédiction ; cela donne, tout le long du chemin, une tranquillité et une paix qu’aucune autre chose ne pourrait procurer, parce qu’on possède la pensée du Seigneur. Ici se termine la seconde partie du Psaume.
En traversant le mal, l’âme ne se confie qu’en Dieu et en son amour fidèle : «Mes yeux sont continuellement sur l’Éternel, car c’est lui qui fera sortir mes pieds du filet». — Sur l’Éternel ! voilà le secret de tout. On regarde hors du mal et l’on se confie en Dieu, qui est au-dessus de tout mal. La connaissance du secret de l’Éternel n’est ni de l’insensibilité au mal présent, même lorsque ce mal nous affecte nous-mêmes, ni de la froideur à l’égard de l’intérêt que Dieu prend à nous (non seulement à la justice, quoiqu’il soit toujours juste, mais à nous-mêmes). Le secret de l’Éternel, communiqué à ceux qui le craignent, fait naître l’intimité et la confiance : «Tourne-toi vers moi, et use de grâce envers moi ; car je suis seul et affligé». Le cœur est vrai avec Dieu ; mais cela suppose l’intégrité, comme dans ce Psaume. Or, cette intégrité est en Christ, pour ceux qui sont vrais de cœur, quoiqu’ils confessent être, en eux-mêmes, les premiers des pécheurs, et que, dans leur chair, il n’habite aucun bien.
Le cœur peut raconter à Dieu toute l’hostilité de ses ennemis et laisser cela entre ses mains. Ayant mis sa confiance en Dieu, il s’attend à ne pas être confus. Christ seul a dû, pour nous, éprouver le contraire ; mais une âme droite ne sera jamais confuse. Toutefois, le cœur du fidèle, malgré cette intimité avec Dieu et cette confiance en Lui, n’oublie pas son peuple (ici Israël ; pour nous, l’Église) (v. 22) ; il Lui est attaché, car c’est une conséquence nécessaire de cette intimité.
Je suis entré dans quelques détails sur les sentiments moraux dépeints dans ce Psaume ; mais il ne faut pas oublier que tous ces sentiments se fondent sur le fait que le cœur a la conscience intime de ce que l’Éternel est pour lui ; ce qui prédomine, c’est la pensée de l’Éternel ; elle est la source de toutes ces expériences.
Dans le Psaume 26 nous trouvons, comme je l’ai déjà dit, la conscience de l’intégrité plutôt que la confession des péchés ; mais, comme dans le Psaume précédent, tout se rapporte à l’Éternel, à ce qu’il est et à l’attachement de l’âme à Lui. Le fidèle en tire le principe de séparation d’avec les méchants ; puis la joie finale dans son assemblée, lorsqu’il y aura délivrance complète des hommes de sang. L’esprit du Psaume 26 est cette intégrité qui a gardé l’âme séparée des pécheurs par ses propres affections, par son attachement à l’Éternel et par sa confiance en Lui, vis-à-vis de la puissance du mal. Or, pour le moment, et par rapport aux saints, les méchants sont toujours les plus puissants, parce qu’ils peuvent agir selon leur propre volonté, sans conscience et sans frein. La conscience, en présence de l’Éternel, Lui demande de ne point assembler le juste avec les pécheurs, lorsqu’il interviendra en puissance. Elle compte là-dessus, par la foi. Telle est l’expression du chemin et des désirs d’une conscience intègre, en présence du mal.
Le Psaume 27 nous montre un cœur confiant en l’Éternel, mais toutefois exercé devant Lui, en présence des manifestations extérieures du mal. Qu’y a-t-il de plus capable de produire la frayeur que l’angoisse d’esprit ? La confiance en songeant aux ennemis, et l’exercice du cœur en regardant à Dieu, réunis dans ce Psaume, me semblent très instructifs, quoique étranges au premier abord. La confiance n’est pas de l’indifférence ni de l’insensibilité ; elle produit de réels exercices du cœur avec Dieu ; même des exercices accompagnés de crainte, s’affirment par la confiance et la hardiesse en face de l’action hostile du mal. L’homme s’attendrait à de la crainte en présence de l’ennemi, et à de la confiance quand on est devant Dieu ; tandis que la grâce, lorsqu’elle agit dans de vrais exercices du cœur avec Dieu, inspire de la hardiesse en face de l’ennemi. Il existe une puissance réelle du mal. Le cœur bien enseigné la sent (d’une manière plus ou moins spirituelle) dans ses sources intérieures et sa réalité ; mais il la sent avec Dieu : il est alors en paix quant au résultat du conflit, et au milieu même de ce conflit. Ainsi Christ, dans l’exercice de son âme devant Dieu, suait comme des grumeaux de sang ; mais il était parfaitement calme en présence de ses ennemis ; bien plus, la seule mention de son nom les fit reculer et tomber par terre. Cela est plein d’instruction par rapport aux difficultés et aux peines de la vie chrétienne. Lorsque le cœur est exercé avec Dieu et devant Dieu, à l’égard de la puissance du mal, dont il a conscience, le mal même, quelle qu’en soit la puissance, est impuissant lorsqu’il apparaît, si nous admettons que l’exercice du cœur a été complet. «C’est ici votre heure», dit Christ, «et le pouvoir des ténèbres». Mais il avait senti tout cela avec Dieu, et, quant au fait même, il reçut la coupe de la main du Père, et non point de celle de l’ennemi qui, quant à Christ, n’avait nullement ce pouvoir.
Le Psaume 27 nous montre ces mêmes choses opérées, selon l’esprit de Christ, dans de simples hommes. L’Éternel est, par la foi, la lumière du saint : Il éclaire tout ce qui l’entoure. Quoique les ténèbres et leur pouvoir soient là, il n’existe pas, pour l’esprit, de pouvoir des ténèbres ; elles dominent les ennemis, mais, de la part de Dieu, la lumière est dans le cœur du fidèle, et ainsi il marche dans la lumière. C’est une grande consolation ! Mais le Seigneur est plus que cela. Il est une délivrance actuelle. À la vérité, Dieu ne pouvait être cela pour Christ, avant qu’il eût bu la coupe ; mais Il est connu comme délivrance actuelle pour l’âme rachetée, au milieu de l’épreuve. La même révélation de l’Éternel qui donne la lumière, nous donne, dans cette lumière, l’assurance d’être délivrés ; je ne dis pas qu’elle nous fasse voir nécessairement la délivrance, car le moyen en peut être obscurci, mais elle nous en assure. Puisque l’Éternel est là, en lumière, il délivrera. Pour nous, c’est le Père, et quand il s’agit de gouvernement, le Seigneur ; mais dès que c’est Dieu Lui-même, évidemment il n’y a rien à craindre. Voilà ce qui est proclamé ici : que l’on pense à ces méchants, sans conscience qui les réprime ; ou bien à la guerre, cette scène de violence terrible, où la volonté de l’homme est déchaînée. Que le Seigneur soit là, il sera pourvu à tout.
N’oublions pas toutefois qu’il y a un principe ou un état d’âme important, lié à cette confiance et qui en est la base : c’est d’avoir un œil simple et de ne désirer qu’une chose ; de regarder à l’Éternel, en n’ayant qu’un but : celui d’être avec Lui, en sa présence, là où il se trouve, et où on peut l’adorer, voir sa beauté et apprendre sa volonté et sa pensée. Mais cela est lié d’autre part à la confiance en sa bonté. L’âme, sans défense en elle-même, sait que le Seigneur la mettra à couvert, au mauvais jour, dans sa loge. Là, qui pourrait lui nuire ou la troubler ? Quel amour nous trouvons en Dieu ! Quel intérêt il porte à ceux qu’il aime ! L’âme habite avec Lui, et elle habite en sûreté. Il ne s’agit pas ici d’une délivrance apparente, mais du secret de sa tente. Il est merveilleux de voir comment le Seigneur agit quand le mal est dans toute sa fureur et qu’en apparence il n’y a aucune ressource. L’âme n’en cherche pas ; elle se confie doucement et tranquillement en Dieu, et trouve toute sécurité en Lui. Le verset 6 compte sur la plénitude de la délivrance et des louanges dans la tente de l’Éternel, qui n’est plus un lieu secret, un asile caché, mais le lieu béni des louanges publiques.
Dans les versets suivants, nous trouvons les exercices de l’âme avec Dieu, tandis qu’elle s’attend à Lui pour être secourue. Le Seigneur avait dit : «Cherchez ma face», et il ne pouvait pas la cacher. L’âme reconnaît la possibilité de la colère ; elle prie Dieu de la détourner et compte sur la grâce. Cela est bien important pour l’âme, car on s’attendrait à ce qu’elle ne se confiât en Dieu, qu’à condition qu’Il n’eût rien contre elle. Il n’en est pas ainsi : le cœur peut reconnaître qu’il devrait s’attendre à la colère, et néanmoins se confier en la grâce. Il a connu un Seigneur secourable et s’attend à n’être pas abandonné d’un Dieu sauveur. Cette confiance est complète, plus complète encore que celle qui se fonde sur les liens les plus étroits selon la nature. Telle est, en effet, la confiance de celui qui connaît le Seigneur. Il a affaire avec Dieu seul, il Lui demande de lui enseigner sa voie et de le conduire dans le sentier uni, parce que ses ennemis épient le moment où il s’écarterait du chemin. La pression des ennemis était grande ; telle elle sera aussi pour les saints. Il y a une volonté de mal, de faux témoins, puis de la cruauté.
La bonté de l’Éternel, à l’exclusion de tout moyen humain, la bonté de l’Éternel dans son gouvernement, telle est la ressource du cœur. En voici le résultat : «Attends-toi à l’Éternel», c’est Lui qui fortifie le cœur, «oui, attends-toi à l’Éternel». Voilà le secret de la force, au temps de l’adversité ; alors il n’y a rien à craindre. Nous, chrétiens, nous avons pu connaître l’amour d’un Père dans notre chemin comme ses enfants et les soins de Christ, le bon Berger ; mais le principe de notre confiance dans le Seigneur est le même. Il est remarquable combien toute idée d’une autre ressource ou d’une autre aide que celle de l’Éternel est absente de ce Psaume. C’est là ce qui maintient l’intégrité, car l’Éternel ne peut secourir autrement qu’en maintenant la droiture de cœur. Au milieu de la ruse de ses adversaires, l’âme ne connaît rien, ni les ressources, ni la force, ni la sagesse, ni les plans de l’homme ; rien, si ce n’est de chercher la face de l’Éternel. Avec Lui, tout est réglé ; et ainsi, quant à l’homme intérieur, tout est vérité et intégrité. Désormais, c’est l’Éternel que les ennemis concernent ; tel est le secret de notre sécurité et de notre tranquillité dans l’épreuve. Sa grâce étant là, nous pouvons compter sur le Seigneur en tout temps. Si nous nous sommes égarés, avouons-le-Lui ; c’est un exercice vrai de l’âme en sa présence. Dans les rapports entre elle et Lui, il agit selon la vérité ; mais la grâce, et le secret de sa tente, et la délivrance qui en découle, sont la place de l’âme.
Quoique l’Éternel soit le sujet principal du Psaume 28, comme de tous ceux dont nous nous occupons, nous trouvons cependant ici un point spécial en ce qui concerne le juste : son cri à l’Éternel, ses supplications. En criant à Lui, le cœur entre en liaison avec le Seigneur. Le cri implique l’intérêt que le Seigneur nous porte ; cet intérêt nous l’avons pour point de départ ; il indique aussi que nous reconnaissons notre dépendance de Lui. Ainsi, le cri et la prière à Dieu sont importants ; ils indiquent l’état de l’âme. Nous pouvons désirer quelque chose du Seigneur, avoir foi en sa bonté qui aime à donner ; mais crier à Lui nous identifie avec Lui d’une manière avouée, même devant autrui. Dans ce Psaume, l’âme est au comble de la détresse, le puits du shéol est béant devant elle ; mais le principe est toujours vrai, même lorsque nous intercédons pour d’autres. Ici la foi se montre dans le cri, lorsque, à vue humaine, tout espoir est impossible. Cette liaison avec le Seigneur est clairement indiquée ici, car nous y trouvons la raison pour ne pas être entraîné dans le jugement avec les iniques.
Au Psaume 26, c’était l’intégrité du saint dans ses voies ; ici, c’est la liaison avec le Seigneur (constatée par le cri de l’âme vers Lui), qui est la sauvegarde du croyant en présence du jugement. Et, quoique ce soit sur la méchanceté des ouvriers d’iniquité que se fonde l’attente de leur jugement, toutefois il est déclaré que c’est leur mépris de l’Éternel qui est la cause de leur destruction. Le juste s’est confié en Lui et a été secouru. Mais dans la délivrance que Dieu nous accorde, il y a plus, bien plus que le seul fait d’être délivré. C’est Lui qui nous a délivrés. Le cœur était attaché à Lui, regardait à Lui, l’adorait, croyait en Lui, et il ne nous a pas fait défaut. Que cela est vrai, et combien cela attache, tout de nouveau, le cœur à Lui : «En lui mon cœur a eu sa confiance, et j’ai été secouru ; et mon cœur s’est réjoui, et je le célébrerai par mon cantique». S’attendre ainsi au Seigneur, avec confiance, c’est entrer réellement dans son caractère et s’y conformer ; c’est l’estimer, l’honorer et y trouver ses délices, dans l’assurance que ce caractère ne peut changer ; c’est apprécier le Seigneur ; or, quiconque apprécie une chose moralement excellente, y est conforme, toutefois d’une manière dépendante.
J’ai un ami, d’un caractère noble, fidèle et dévoué ; je me trouve dans des circonstances où tout s’oppose à la probabilité, ou même à la possibilité qu’il me vienne en aide ; cependant, je suis certain qu’il me secourra ; je compte avec affection sur ce qu’il est. Évidemment mon appréciation n’a pas changé. Je le considère comme supérieur à toutes les circonstances, et gouverné par sa propre perfection. C’est là-dessus que je compte, c’est cela que j’apprécie. Quelles que soient les circonstances, mon cœur est avec le sien, appréciant sa conduite, quoique dans le chemin de la dépendance ; et son cœur est avec le mien. Lorsqu’il a agi, je me réjouis en lui, je me réjouis de la juste appréciation que j’avais faite de mon ami ; je le connaissais bien, je connaissais ce qu’il est ; je me réjouis en sa perfection, à laquelle je m’attendais comme à une chose certaine, supérieure à toutes les circonstances. Son intervention m’a prouvé qu’il s’intéressait à moi. De même, lorsque Dieu délivre le chrétien, comme lorsqu’il délivrera le Résidu dont parle ce Psaume, ils peuvent dire : «Voici, c’est ici notre Dieu, nous l’avons attendu» [És. 25:9].
C’est bien la même pensée que nous voyons chez Job, à travers sa coupable irritation. Il compte sur Dieu, il sait ce que Dieu serait et ferait pour lui, s’il pouvait le trouver. Le Psaume 28 nous montre donc un homme dont le cœur s’est confié en celui de Dieu, a trouvé ce cœur et se réjouit en lui, qui a réellement honoré Dieu, quoique seulement en s’attendant à Lui dans une confiance inébranlable. Il trouve la satisfaction dans ce qu’est son puissant ami, et dans son amour. Il se réjouit de la délivrance, car il a souffert, il a été opprimé dans sa faiblesse ; mais il se réjouit, en trouvant les délices de son cœur dans son libérateur. Il possède un ami qui lui a formé le cœur d’après sa propre excellence, qui l’a formé pour se confier en elle.
Tout cela se trouve aussi dans le chrétien, mais d’une manière plus calme, parce qu’il est mieux instruit dans les choses célestes, qu’il connaît Dieu d’une manière plus parfaite, qu’il a moins d’anxiété touchant les choses d’ici-bas et qu’il ne regarde pas aux choses visibles. Mais le principe est le même.
Le Psaume 29, envisagé au point de vue suivant lequel nous étudions maintenant les Psaumes, ne donne pas lieu à beaucoup de remarques. Il engage les puissants de la terre à reconnaître l’Éternel et à Lui donner gloire, à Lui rendre l’honneur dû à son nom. Je désire seulement faire remarquer la liaison qui existe entre cela et le culte ; il s’agit de rendre honneur à l’Éternel dans son temple, là où il a placé son nom. Son nom a été révélé ; la gloire est due à son nom, c’est-à-dire à Lui-même comme ayant été révélé ; son nom est à la fois la révélation de Lui-même, et de sa relation avec son peuple. C’est dans son temple qu’il a placé son nom, de manière à former un centre d’association et un lieu révélé de culte. Ainsi, tandis que sa voix proclame la majesté de ce nom, ceux qui le connaissent sont rassemblés, par ce nom même, comme centre d’une commune adoration. La gloire du nom de l’Éternel est révélée et prouvée par le contenu des derniers versets. «L’Éternel s’assied sur les flots» ; il domine et dirige, en vue de ses propres desseins, les mouvements tumultueux de la masse des peuples. Il siège aussi comme roi éternellement. Comme il est au-dessus des soulèvements des hommes, ainsi il préside à jamais dans un gouvernement sûr et inébranlable.
Mais, outre cela, l’Éternel est en rapport avec son peuple ; il lui donne la force, il le bénit en paix. Le vers. 10 exprime la possession de la puissance sur toutes choses et en Lui-même ; le vers. 11 annonce ce qu’il est pour le peuple. C’est, d’une part, l’invitation adressée aux fils des forts de la terre de connaître l’Éternel, d’autre part la bénédiction assurée d’Israël.
La grande vérité contenue dans le Psaume 30 est d’un profond intérêt pratique : c’est que la joie qui découle de la délivrance accordée par le Seigneur (ici par l’Éternel), est plus grande, plus profonde, que les bénédictions de la prospérité, alors même que cette prospérité est reconnue comme venant de Dieu. Il se peut que la délivrance s’applique à des afflictions produites par nos fautes ; ce sera certainement le cas du résidu juif, mais elle n’en est pas moins pleine et entière, et lorsque le péché, ou le mal, sont pleinement reconnus, la restauration et la bénédiction sont absolues dans la communion avec Dieu. Le pardon, ou la pensée du pardon dans une âme qui n’est pas guérie, peuvent être accompagnés de regrets. Quand l’âme est guérie, elle apprend assurément à juger le mal, à être pleine d’humilité, s’il a dû y avoir jugement ; à avoir toujours plus de tendresse délicate et de grâce pour les autres ; mais, la guérison étant complète, l’âme entièrement éprouvée n’aura pas de regrets, parce qu’elle sera exclusivement remplie de ce que Dieu comme tel est pour elle. Elle aura la chair en horreur ainsi que les principes qui l’ont conduite au mal ; mais, si le mal est réellement haï, on sera délivré de l’horreur que le moi inspire et la paix régnera dans l’âme. Il est vrai que le Psaume 30 ne poursuit pas ces pensées aussi loin ; il s’occupe des circonstances extérieures, de la main de Dieu qui s’appesantit sur l’âme à cause du péché, plutôt que du péché qui y a donné lieu ; mais il les présente comme étant des effets de la colère de Dieu, et par suite comme exprimant la colère ou la faveur de Dieu ; et c’est à cela que l’âme s’arrête. Elle avait été dans la prospérité, et l’avait attribuée à Dieu, mais elle fondait sur les circonstances l’assurance de son bonheur, quoiqu’elle les considérât comme lui ayant été accordées par Dieu.
En agissant ainsi et tout en reconnaissant Dieu comme Celui qui donne et qui assure la bénédiction, l’âme se reposait sur la bénédiction et sur une bénédiction qui, au lieu de délivrer du moi, s’adressait à lui.
«Je ne serai jamais ébranlé. Éternel ! par ta faveur tu as donné la stabilité et la force à ma montagne». Quoiqu’il puisse, dans ce cas, y avoir de la piété, cela pourrait facilement dégénérer en : «C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel» (Jér. 7:4). Ce Psaume suppose, du reste, une piété vraie. Seulement il est dit : La faveur de l’Éternel avait donné une force stable à ma montagne, au lieu que cette faveur elle-même fût considérée comme la bénédiction.
L’Éternel cache sa face, et tout aussitôt l’âme sent ce qu’est la dépendance directe de Dieu ; elle cherche Sa bénédiction immédiate. Les châtiments et les épreuves qu’entraînent les fautes, surviennent, et alors l’âme éprouve que la faveur divine elle-même est la bénédiction dont elle a besoin ; ce que l’Éternel est Lui-même devient la source de la joie. Le fait que sa colère est sur le peuple est senti ; non pas seulement les circonstances dans lesquelles cette colère s’exprime, mais le fait même que l’Éternel cache sa face à cause du péché. L’âme est amenée, quoique par l’angoisse et la détresse, dans une relation immédiate avec Dieu. Elle est amenée à considérer le «moi», non point comme un objet digne d’être cultivé, centre de sa propre bénédiction, mais comme étant pécheur, et elle a besoin de la faveur de Dieu. Ainsi est produite, par grâce, une œuvre douloureuse, mais extrêmement utile et importante, lorsque ce jugement de soi-même est opéré au-dedans de l’âme, de manière à produire l’intégrité spirituelle. La faveur de l’Éternel luit sur elle, on en jouit. Dès lors cette faveur elle-même est devenue la bénédiction, et la délivrance l’accompagne, au temps qui convient à Dieu. On entre ainsi, avec une sainte adoration, dans la vraie nature de Dieu ; on ne le considère plus seulement comme un Dieu qui est utile à l’homme en le bénissant. Dans cet état, l’ennemi ne se réjouit plus à propos de nous et l’âme elle-même est guérie. Nous voyons que si Dieu montre ainsi sa colère, ce n’est qu’afin d’instruire et de discipliner les saints pour un moment ; et alors étant purifiés, ils jouissent ainsi plus pleinement de Lui. Littéralement ce Psaume s’applique au résidu juif, délivré au moment où il est arrivé jusqu’au bord du sépulcre ; mais, pour eux aussi, le vrai travail d’âme est avec Dieu.
Je dirai encore quelques mots sur différents états d’âme, dans lesquels les saints peuvent se trouver actuellement et dont ce Psaume fournit l’occasion de parler. Il y a d’abord ce qu’on peut appeler comparativement l’innocence ; c’est l’état d’une âme convertie qui ne connaît pas la corruption et n’a pas de grands combats intérieurs. Dans ce cas-ci, on jouit de la grâce du pardon et l’âme est heureuse dans la connaissance de la bonté et de l’amour de Dieu, son Sauveur. Une telle âme en marchant tout près de Dieu, peut arriver à se juger véritablement et acquérir une profonde connaissance de Dieu. Autrement l’âme est superficielle, on a peu de connaissance de son propre moi, comme homme en la chair ; la séparation de la sphère charnelle, du monde, sous son aspect aimable, est peu mise en pratique.
Vient ensuite l’état d’une âme qui, ayant péché, a passé par des exercices plus profonds, et se trouve amenée ainsi, d’une manière humiliante, à la connaissance du moi. C’est plutôt ce dernier cas que nous voyons dans le Psaume 30. Alors le pardon peut être connu et c’est un repos. Mais s’il y a eu de la légèreté ou de la bassesse vis-à-vis de Dieu, on a une certaine honte du péché, et l’on manque de cette libre confiance vis-à-vis de Dieu qui se montre naturellement quand on jouit de Lui. Cette confiance est alors plus difficile à trouver. Mais dans ce cas, le moi n’est certainement pas mis de côté.
Un troisième état d’âme, c’est lorsque la racine qui a produit le mal est réellement jugée, c’est-à-dire non seulement le mal lui-même, mais son point de départ, et que le moi est ainsi mis de côté en pratique. Alors la faveur divine est tout. Le cœur est intègre devant Dieu, et, quoique humble, plein de hardiesse vis-à-vis des hommes. Il a la conscience d’un lien entre lui et Dieu : la faveur divine ; il connaît Dieu comme étant moralement à l’unisson avec lui, comme son soutien véritable et sa force. Le présent, non point le passé, est alors la place du cœur avec Dieu.
Le Psaume 31 exprime une confiance absolue en l’Éternel — Dieu connu dans notre relation avec Lui, — quand on traverse les phases les plus terribles de l’épreuve et de l’angoisse, et quand c’est le péché qui en a été la cause ; toutefois, lorsque la foi est à l’œuvre, on compte sur le nom connu de Dieu et, par conséquent, sur sa justice en le faisant valoir comme tel. Ce n’est pas que l’on compte avec orgueil sur Dieu ; mais que l’on se confie en l’Éternel à cause de ce qu’il est Lui-même — à cause de son nom (vers. 3) — mais en confessant pleinement qu’on a failli et que c’est le péché qui a amené l’angoisse sur celui qui crie à l’Éternel. C’est moins la confession de l’iniquité elle-même, que la reconnaissance du fait que l’épreuve, du milieu de laquelle on crie à Dieu, est due à l’iniquité. Mais, étant à l’extrémité, l’âme est poussée à s’adresser en confiance à Dieu, selon la révélation qu’il a faite de Lui-même.
Le caractère particulier de ce Psaume est la confiance et l’abandon de sa cause entre les mains de l’Éternel, parce qu’on le connaît personnellement. Une telle connaissance du Seigneur, une telle foi en ce qu’il est Lui-même, que l’âme peut se confier en Lui, et tout Lui remettre, quand la détresse et l’hostilité des hommes sont à leur comble, c’est là un principe profond de la vraie piété ; et, de plus, c’est un principe de parfaite justice, parce que l’âme ne peut regarder ainsi à Dieu que dans un état de justice. L’Éternel est connu comme ayant considéré la détresse de l’affligé ; il a connu son âme au milieu de l’adversité. Les souffrances ne signifiaient pas que Dieu abandonnât celui qui souffrait ; au contraire, Dieu connaissait et suivait l’âme de l’affligé ; son cœur l’approuvait, il pensait à elle au milieu des circonstances difficiles ; et, quoique coupable, l’affligé regarde à l’Éternel à travers la souffrance, comme étant approuvé par Lui. Il accepte la punition de son iniquité, mais dans ce sentiment de justice se confie en l’Éternel ; et dans cet esprit, dans ce qui est parfait en principe, il s’en remet entièrement à l’Éternel ; il sait que tout est dans sa main ; il est content qu’il en soit ainsi (v. 15). Aussi dit-il : «Fais luire ta face sur ton serviteur» ; et il compte, puisque Dieu se montre favorable pour lui, ne pas être confus, non plus que ceux qui se confient en l’Éternel. Il a mis en réserve sa bonté pour ceux qui le craignent, et qui se confient en Lui devant les fils des hommes. Sa présence est un sanctuaire sûr et infaillible qui rend impuissantes toutes les entreprises de la malice des hommes. L’affligé admet que, sous l’extrême pression de l’angoisse, il avait dit un moment qu’il était retranché de devant Dieu ; néanmoins la foi s’était montrée dans l’appel qu’il faisait à l’Éternel et il avait été exaucé. L’Éternel garde les fidèles, de sorte que les saints peuvent l’aimer et avoir bon courage en toute circonstance.
Il n’est pas dit que chacun ait à traverser des afflictions semblables à celles que décrit notre Psaume ; mais lorsqu’elles sont la part du croyant, elles lui donnent beaucoup d’intimité et de confiance. Ce qu’est un Dieu connu, et le cri résultant de la foi en ce qu’il est, voilà le fond de ce Psaume. Je ne dirais pas que ce soit l’exercice le plus brillant de la foi ; on le trouvera plutôt dans l’épître aux Philippiens, heureuse expression de l’expérience normale du chrétien ; ce n’est pas non plus l’exercice le plus fréquent ; mais Dieu, dans sa riche miséricorde, a, dans sa Parole, prévu chaque besoin et pourvu à chaque position. L’état d’âme, décrit dans ce Psaume, est une intime et profonde confiance en Dieu, très exercée, mais apprise seulement à travers une détresse qui était nécessaire.
Mais, au milieu de tous les exercices de cœur qui appartiennent à une âme renouvelée dans ses difficultés ici-bas, il est un point qui est le centre de tout, un besoin pour lequel à la fois le cœur et la conscience désirent ardemment une réponse ; c’est la relation de l’âme avec Dieu, lorsqu’elle pense à son péché devant Lui. Elle a besoin de confiance pour l’épreuve, de délivrance, et de secours. Elle est soutenue par des promesses, et le cœur et la volonté sont soumis aux voies de Dieu. Mais au-dessus de tout, l’âme a besoin de réconciliation avec Lui, de la lumière sans nuage de sa présence ; quant à son propre état, elle a besoin de pardon et d’absence de culpabilité. L’entière abolition de toute culpabilité devant Dieu et son pardon complet sont liés ici, d’une manière admirable, avec la purification du cœur et de l’homme intérieur, toute fraude étant ôtée par la confession des péchés actuels. Mais l’âme commence, ainsi qu’elle le doit, avec Dieu, et trouve sa satisfaction dans les pensées de Dieu à son égard. Cela est juste. C’est seulement ainsi que le cœur peut être réellement purifié, que le péché est envisagé sous son vrai jour, et que Dieu a sa vraie place, choses sans lesquelles rien n’est en ordre. Cependant c’est la conscience d’être pardonné qui agit d’abord sur l’âme, après que la conviction et l’affliction à cause du péché ont été opérées, et que l’âme a été amenée à le confesser : «Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée». Il a péché contre Dieu, il a transgressé ; tout cela est parfaitement pardonné. Mais c’était le péché devant Dieu et le mal, une chose haïssable aux yeux de Dieu, et qui l’est maintenant pour l’âme elle-même. Ce péché est expié, couvert ; la propitiation a été faite. Ensuite l’état actuel de l’âme est présenté d’une manière absolue : L’Éternel n’impute point l’iniquité, et maintenant le cœur tout entier est ouvert devant Dieu ; il ne s’y trouve point de fraude ; comment y en aurait-il quand tout est mis à nu devant Dieu, que tout est mis en règle, et que le péché est entièrement ôté de devant ses yeux ? Quelle bénédiction que d’avoir la lumière parfaite de Dieu brillant sur une âme sans souillure ! Je ne dis pas : «sur une âme innocente», ce qui serait une bénédiction bien inférieure. En effet, la lumière parfaite n’est pas appropriée à l’état d’une âme innocente, tandis qu’il est infiniment précieux, quand on connaît le bien et le mal, et quand on sait ce qu’est la lumière, en contraste avec les ténèbres, d’en être illuminé, étant soi-même aussi blanc que la neige. Je ne nie pas qu’il ne s’agisse plutôt ici d’une relation personnelle avec Dieu, relation dont je vais m’occuper ; mais, pour le chrétien, cette relation est la conséquence du pardon connu, du fait que le péché est couvert et qu’il n’est point imputé. Maintenant cette relation existe assurément sur le pied de la foi, mais la chose n’en est pas moins réelle pour cela. Ce Psaume détaille aussi les voies de Dieu pour amener l’âme à l’état dont nous venons de parler, et ses voies après qu’elle y a été amenée. La volonté orgueilleuse qui se refuse à confesser les fautes ne trouve aucun repos (quelle grâce, que l’âme soit ainsi poursuivie !) mais l’âme réconciliée et en communion est guidée par Lui de la manière la plus intime et entourée de ses soins au milieu de l’épreuve.
Ce Psaume est donc l’expression de la bénédiction dont l’âme a la conscience dans le sentiment qu’elle est pardonnée. Quelle douceur d’être dans la pleine lumière de la faveur de Dieu, dans le sentiment que son amour a été en activité à notre égard ! Le fait que cette faveur est imméritée n’est pas le plus vif sujet de notre joie, mais lui donne une grande profondeur, parce que c’est Dieu Lui-même qui pardonne. Ensuite il y a la conscience que le péché a été ôté de devant Dieu ; c’est une immense bénédiction. Qu’elle est douce la pensée qu’aucun péché n’apparaît plus devant la face de Dieu ! Mais il y a de plus cette conscience bien nette, non pas qu’il n’y avait pas de péché, mais que Dieu n’en impute aucun ; que c’est de sa part, une décision déterminée, arrêtée : Il ne l’impute pas. On est bien loin de nier le péché ; ce serait de la fraude. Dans ce verset 2, ce sont moins les sentiments qui sont en jeu, que la certitude judiciaire de cette non-imputation du péché ; chose nécessaire pour produire la vérité dans l’homme intérieur. Ceci se rattache à la confession.
Le verset qui nous occupe parle de la droiture non seulement en paroles et de confession, mais d’esprit. Il y a la vérité dans l’homme intérieur : l’âme n’a aucun désir de pallier ou de se cacher à elle-même le mal ; elle se place elle-même devant le pardon, devant la non-imputation, c’est-à-dire, qu’elle reconnaît son péché, au lieu de chercher à l’atténuer. On voit le péché selon la vérité et, à cause de cela, le péché n’est pas imputé. Or, la phrase est absolue et générale : «auquel l’Éternel ne compte pas l’iniquité». C’est ici la condition absolue de l’individu ; ce n’est pas seulement que son iniquité, sa faute particulière lui est pardonnée, quoique cela aussi soit vrai, mais c’est la non-imputation absolue de toute iniquité quelconque. Au jugement de Dieu, cet homme existe devant Lui comme n’ayant aucun péché. Alors mon cœur est ouvert et libre devant Dieu. J’ai la conscience de cela et je regarde vers Lui comme acquitté de tout péché, ayant la certitude qu’il n’en voit aucun sur moi. Par conséquent, il n’y a aucun nuage, rien à cacher. Toutefois ceci n’a lieu que si la confession a été faite. La non-imputation absolue, c’est le jugement actuel que Dieu porte sur moi, c’est la manière dont il me considère. Il ne voit point de péché, il n’en existe aucun entre moi et Lui. Mais, pour arriver à la conscience de cette précieuse vérité, il a fallu la confession. Jusque là, Dieu appesantissait sa main sur l’âme, afin de l’obliger à confesser son péché. Quelle grâce de Dieu, de veiller ainsi sur une âme, et aussi sur une âme égarée, pour l’amener à Lui ! Celui qui parle dans ce Psaume a été amené, par grâce, à reconnaître le péché devant Dieu, sans chercher à l’excuser ; en lui donnant son vrai caractère, avec un esprit réellement sans fraude, quelque humiliant que cela puisse être.
Tout cela est important moralement. Mais il y a plus : «Je confesserai mes transgressions» (v. 5). Ses actes eux-mêmes lui reviennent en mémoire ; il prend la résolution de confesser ses transgressions, et tout est en règle : L’Éternel «a pardonné l’iniquité». 1 Jean 1 applique cela au chrétien, car nous aussi, nous ne pouvons dire que nous n’avons pas de péché, et nous confessons nos péchés.
Il est très instructif de voir ici le rapport entre l’absence de tout péché sur la conscience, et l’absence de fraude dans le cœur, parce que celui-ci a été entièrement mis au large en vertu de la non-imputation dont il a connaissance. Le cœur ne peut être mis au large autrement ; mais il y est amené selon la vérité par la confession, et à la confession par la confiance. C’est seulement ainsi que le cœur est ouvert à Dieu, par le moyen de la grâce, c’est ainsi qu’il y a vérité dans l’homme intérieur (bien que nous soyons contraints de nous humilier quant à notre propre volonté), par le pardon manifesté dans cette promesse : «Il y a pardon par devers toi, afin que tu sois craint».
Cette révélation de Dieu éveille chez tous ceux qui sont droits de cœur et chez les débonnaires la pensée et le désir de regarder à Lui au temps où il se révèle Lui-même comme le Dieu qui pardonne : tandis qu’on le trouve. Ainsi, pour Christ lui-même, il est parlé en Ésaïe 49:8, du temps agréé. Quand il eut été trouvé parfait, c’est-à-dire parfaitement éprouvé devant Dieu, Christ fut exaucé, car il avait été fait péché. L’apôtre commente ainsi ce passage : «Voici c’est maintenant le temps agréable ; voici c’est maintenant le jour du salut». La révélation du pardon et la joie d’une pareille relation avec Dieu, font que l’âme des saints le désire et se réjouit en un tel Dieu ; aussi le chercheront-ils. En supposant qu’ils n’aient pas le sentiment de péchés actuels, ils savent toutefois qu’ils sont des pécheurs ; et Dieu est ainsi révélé sous un caractère qui fait leurs délices ; et leur âme s’attache à Lui. Ils le cherchent, non pas simplement pour trouver le pardon ; car ils sont présentés ici dans leur caractère de débonnaires, de gens pieux ; mais c’est Dieu Lui-même qui attire leur cœur, un Dieu qui pardonne, qui a ce caractère-là et ces voies-là. Et, remarquez-le, Dieu agissant ainsi, Dieu étant ainsi révélé, c’est le temps où on le trouve. Cette relation entre la piété du cœur, la bienveillance de Dieu et la puissance d’attraction qu’elle exerce, est fort belle, et l’effet en est profond dans une âme pieuse. Il faut qu’il y ait le sentiment du besoin, de la dépendance, et celui du besoin de la grâce, comme telle, dans le caractère tout entier de notre relation avec Dieu. Mais il y a, en même temps, une profonde réalisation de la grâce parfaite et divine, de l’amour, comme aussi de la bonté souveraine des voies de Dieu en tout cela ; cette réalisation est proportionnée à la piété, quand la conscience n’est pas mauvaise. Heureux dans cette bonté, nous sentons que cette grâce nous sied et sied à Dieu ; sommes-nous pieux, elle nous attire à Dieu. Aussi nous trouvons là un abri certain, quoi qu’il advienne.
En l’appliquant au Résidu, ce principe est très clair. Israël, les Juifs ont été profondément coupables sous tous les rapports. Dieu offre le pardon, comme on le voit dans ce Psaume, ainsi que partout dans Moïse et les prophètes. La chose est sentie ; c’est ainsi que Dieu se révèle ; le Résidu pieux est touché de cette grâce ; les péchés sont confessés, sans doute, mais les cœurs des fidèles sont attirés vers Dieu et le cherchent. Quand le débordement des jugements survient, ils sont mis à l’abri (vers 6). Dans tous les cas, l’âme qui connaît ainsi la bonté, peut compter sur Dieu. Dieu Lui-même ainsi connu, est son asile. À la fin, les chants de délivrance seront sa portion (v. 7).
Ensuite viennent des promesses. Nous avons à traverser un désert où il n’y a point de chemin ; mais au milieu des pièges de toute espèce, et du danger de faire fausse route, Dieu nous guide et nous enseigne. L’œil du Seigneur est sur nous et nous dirige. Il ne se contente pas de nous tracer le chemin, puis de nous y laisser seuls ; non, Lui-même nous surveille et nous conduit dans le chemin qui Lui agrée, et qui est le fruit de sa sagesse, un chemin divin pour nous. C’est Dieu Lui-même qui nous est présenté ici : la bonté de Dieu, la direction de Dieu, l’intérêt que Dieu prend à nous pour nous pardonner au besoin, pour nous guider avec l’œil toujours vigilant de l’amour. Mais cela suppose que nos cœurs sont attentifs à l’œil de Dieu. Le chemin consiste à faire attention à Lui et à suivre son regard avec intelligence. Ainsi l’âme est enseignée intérieurement dans ce qui est agréable au Seigneur et formée d’après Lui en connaissance. Ce principe est largement développé dans le Nouveau Testament (Phil. 1:9-11 ; Col. 1:9-10 ; 3:10 ; Éph. 4:24) ; même Moïse dit : «Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître ton chemin, et je te connaîtrai afin que je trouve grâce à tes yeux» (Ex. 33:13).
C’est la connaissance spirituelle de la voie de Dieu, acquise sous sa conduite, et la communion avec Lui, fondée sur sa faveur. Aussi sont-ils avertis, de ne pas être comme des animaux sans intelligence qui ont besoin d’être conduits par des moyens extérieurs. Il se peut que Dieu doive nous conduire ainsi, et il le fait quelquefois en grâce, par sa providence ; mais dans ce chemin, il n’y a point d’intelligence spirituelle, pas d’assimilation morale à sa nature, pas d’accroissement de la jouissance de notre nouvelle nature en Lui, ni d’accroissement de capacité pour connaître Dieu. Le résultat de ce qui précède est indiqué aux deux derniers versets dans les voies judiciaires de Dieu. Seulement il faut bien remarquer que c’est en l’Éternel Lui-même, que l’âme est appelée à se réjouir, non pas dans les conséquences, quoique la bonté environne ceux qui se confient en l’Éternel. Dieu, Lui-même, connu par le pardon, connu par sa bonté toujours accessible, comme un sûr asile de l’âme, comme celui qui la guide de ses soins et de son œil, c’est ce Dieu en qui l’âme, ainsi enseignée, est invitée à se réjouir. Paul dit, de même : «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous». Nous nous glorifions en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons obtenu la réconciliation. Il remplit l’âme et Il est au-dessus de tout.
Je n’ai que quelques principes à indiquer en parlant du Psaume 33. Tous les Psaumes, jusqu’à la fin du 39, décrivent l’état moral du résidu juif aux derniers jours. Je dis : son état moral, plutôt que sa condition sous l’oppression de l’ennemi ; l’idée du pardon donne en général à ces Psaumes une couleur plus brillante, quoique le sentiment de la condition du Résidu s’y trouve aussi comme ailleurs. Le Psaume 33 fait suite au dernier verset du 32ème. La pensée du pardon ayant mis un nouveau cantique dans la bouche de celui qui parle, il peut, avec une confiance plus éclairée et en regardant à la parole et aux œuvres de Dieu, rechercher les principes d’après lesquels les hommes devraient agir. La terre est considérée comme étant sous le regard et la direction de Dieu : Son gouvernement s’exerce sur elle. Cette vérité qui sera pleinement manifestée à la fin, s’applique aussi au côté inférieur de la vie chrétienne (comparez Psaume 34:12-16 ; 1 Pierre 3:10).
Nous trouvons ici quelques principes généraux : «L’œuvre de l’Éternel est avec vérité». Je puis, avec toute assurance, compter qu’Il agira d’après les principes connus de sa sainte volonté ; par conséquent sa parole, qui est essentiellement juste, peut me juger maintenant ; c’est là toujours un principe important. Sans le faire publiquement et d’une manière visible, le Seigneur gouverne toutes choses ; ainsi je puis agir d’après sa parole et être sûr des conséquences. Je puis, sans doute, souffrir pour Christ ; c’est une bénédiction encore meilleure ; mais, agir selon la parole de Dieu, aura la bénédiction pour résultat.
Depuis le verset 6, la puissance de la Parole est montrée dans la création. La terre devrait craindre l’Éternel : «car il a parlé et la chose a été» ; et encore : «Il dissipe les conseils des hommes, mais son conseil subsiste à toujours». Puis vient un autre principe : la bénédiction d’être le peuple choisi de Dieu, d’être son héritage. Il s’agit d’Israël ; cependant la foi doit marcher maintenant selon la puissance de ce principe. «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés» [Col.3:12]. Nous ne sommes pas l’héritage de Dieu, mais ses héritiers ; toutefois la hauteur de notre position, plus élevée que celle d’Israël, ne détruit pas le principe en lui-même, quoiqu’elle lui donne une application plus profonde. Nous avons à traverser le monde comme les élus de Dieu, et c’est là une position extrêmement précieuse. Nous sommes élus selon la préconnaissance de Dieu, le Père ; mais nous marchons dans la conscience d’être les élus de Dieu. Il dirige et forme tous les cœurs (v. 15). Quelle chose à savoir quand j’ai affaire avec les hommes ! Il fait que toutes choses ensemble concourent à mon bien. Ainsi, tandis que toute force humaine n’est que néant, je puis m’attendre au Seigneur avec une pleine confiance. Son œil aussi ne se retire jamais de dessus moi (voir Job 36:7).
Le Psaume 34 va plus loin. Il traite, de la manière la plus admirable, le sujet de l’affliction et de l’épreuve. L’Éternel Lui-même, comme toujours, est le refrain béni de ce Psaume [note Bibliquest : on l’y trouve dans tous les versets, sauf 5, 12, 13, 14, 20]. Dans les quatre premiers versets, c’est spécialement l’esprit de Christ qui parle, mais comme donnant une expression au cœur de tous ceux qui sont éprouvés de cette manière, et afin que chacun de ceux qui possèdent la foi, en trouve ici l’expression. La force du Psaume est dans ces mots : «en tout temps» (v. 1). Il est aisé de louer l’Éternel, quand il permet que tout aille à notre souhait ; mais, dans ce cas, l’Éternel n’est pas réellement loué pour ce qu’Il est. Nous voyons ici, dans l’épreuve, l’âme humble et soumise. Elle a cherché l’Éternel et a trouvé en Lui un ami prêt à la secourir. Voilà ce qui a rendu l’Éternel intime et précieux pour elle. Le cœur du saint était éprouvé, exercé, accablé par la détresse et l’injustice, mais sa volonté ne s’est point élevée avec fierté ou colère ; au contraire, il expose avec confiance son affaire à l’Éternel, s’appuyant sur sa bonté, et l’Éternel s’intéresse à lui. Ce n’est pas ici la haute et souveraine providence extérieure (ce qui doit sans doute exciter aussi notre reconnaissance), mais c’est l’intérêt affectueux du Seigneur pour un cœur qui est dans l’épreuve. La chose est bien plus intime, l’intérêt plus profond, le lien formé plus doux et plus puissant. Nous ne trouvons pas ici l’orgueil de la volonté dans l’épreuve ou dans le succès, mais un cœur angoissé et humble, trouvant l’oreille et le cœur de l’Éternel qui lui sont ouverts. Consolé ainsi lui-même, il est capable de consoler les autres par la consolation dont il est lui-même consolé de Dieu. «L’Éternel m’a délivré de toutes mes frayeurs». Oh ! combien souvent nous pouvons dire cela, même au sujet d’un malheur auquel nous avions lieu de nous attendre, et que Dieu a écarté ! Cette connaissance du Seigneur conduit à l’exercice de l’amour, pour encourager les autres, tandis que le cœur en fait l’expérience et en est rempli. Cela est appliqué, par l’Esprit, au Résidu (vers. 5) : «Leurs faces ne sont pas confuses» ; et le Résidu rappelle le cas de Christ au verset 6. Le verset 7 énonce la même vérité d’une manière générale. Les versets 8-10 nous montrent comment celui qui s’est confié dans le Seigneur est rendu capable, par sa propre expérience bénie, de donner aux autres la certitude qu’ils trouveront le même secours.
L’expérience de la bonté de l’Éternel est bien précieuse. Non seulement on en est assuré pour toutes les épreuves, mais le Seigneur Lui-même est connu. On le bénit, on le loue. Le cœur demeure en Lui, il trouve sa joie et son repos en Lui et dans la bonté de ce Seigneur qui est seul dans ce qu’il est, et auquel nul ne ressemble. Cette bénédiction est infinie et divine dans sa nature comme Celui qui en est la source ; elle n’en est pas moins, pour notre cœur, plus intime qu’aucun être humain ne pourrait l’être, car ce dernier existe toujours en dehors de nous, tandis que nous demeurons dans le Seigneur qui est notre soutien et le repos de notre cœur. Rien de comparable à cela. Nul autre ne peut être aussi près de nos cœurs que Dieu, car Il est en nous. Quelle intimité que celle-là !
Il y a ici encore un autre principe : ce Psaume nous présente la marche dans laquelle on jouit de cette bénédiction (v. 7-10) : craindre l’Éternel, se confier en l’Éternel et chercher l’Éternel. Le caractère de cette crainte de Dieu est indiqué aux versets 11-16, passage cité en partie dans l’épître de Pierre. La fin du vers. 16 y est omise comme non applicable maintenant, quoique pour le chrétien le fait général du gouvernement de Dieu soit applicable dans la dispensation actuelle. Il importe de ne pas oublier cela. Il est parfaitement vrai, non seulement qu’on ne se moque pas de Dieu, que l’homme moissonnera ce qu’il aura semé, que selon le gouvernement de Dieu, certaines conséquences sont attachées à une certaine conduite ; mais encore qu’il surveille et gouverne directement ses enfants ; il peut les rendre malades, les faire mourir, ou les délivrer de la maladie et de la mort en suite de la confession ou de l’intercession. «Les yeux de l’Éternel regardent vers les justes, et ses oreilles sont ouvertes à leur cri» (v. 15), et de plus, «l’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé et il sauve ceux qui ont l’esprit abattu» (v. 18). Puis (v. 14) il y a un sentier désigné par Dieu comme celui de la paix dans ce monde ; non seulement comme étant en lui-même le sentier de la puissance spirituelle, mais comme étant celui de la paix et de la tranquillité ici-bas, par lequel on traverse paisiblement ce monde sous le regard de Dieu. C’est bien précieux pour nous. La grâce est un moyen de marcher ainsi, car le cœur n’est pas entraîné à la paresse et à la satisfaction des passions. Les pieds sont chaussés de la préparation de l’Évangile de paix. Autant qu’il dépend de nous, nous vivons en paix avec tous les hommes. Ce principe est vrai, même pour les hommes inconvertis. Ceux qui marchent dans cette voie, en général, ont des jours heureux, parce que telle est la conséquence du gouvernement public de Dieu. Il sied au chrétien de marcher de cette manière, mais d’autres le peuvent aussi. Ce gouvernement de Dieu est toujours vrai, comme nous le voyons en Job ; seulement chaque fidèle devrait le comprendre.
Il reste encore un mot à dire. Ce gouvernement n’est point tel maintenant que les justes n’aient pas à souffrir, et bien plus encore, quand il s’agit du nom de Christ (voir 1 Pierre 3:14-17). Mais l’Éternel veille sur eux ; pas un seul passereau ne tombe en terre sans notre Père. Il nous semble étrange de lire : «On fera mourir quelques-uns d’entre vous... et pas un cheveu de votre tête ne périra» [Luc 21:16, 18].
Le gouvernement de Dieu n’est pas actuellement le gouvernement public, dont le but sera de supprimer tout mal, mais il s’exerce en vue des justes, sous la puissance du mal et au travers de cette puissance. Quand Christ apparaîtra, alors le mal sera entièrement supprimé. En général, ceux qui vivent paisiblement vivront en paix ; toutefois, en un monde où se trouve la puissance de Satan, les justes ont à souffrir, à supporter maintes afflictions, mais aucune n’est soustraite aux regards vigilants du Seigneur ; et la délivrance arrivera d’une manière ou de l’autre.
Qui eût dit que ce Psaume serait littéralement accompli en Christ, lorsque Juifs et Gentils, prêtres et gouverneurs, unissaient contre Lui leur fureur qui semblait n’avoir aucun frein, et que tout semblait aller à leur gré ? Pas un cheveu de notre tête qui ne soit compté.
Je doute que le verset 20 de ce Psaume soit exactement une prophétie, quoiqu’il ait été accompli à la lettre en Christ. Je supposerais plutôt que le passage de l’Évangile de Jean se rapporte à Exode 12:46. Au reste, en admettant que ce verset ne soit pas cité, Christ est évidemment un exemple parfait de la déclaration faite dans ce Psaume, comme grand principe général. Les soins de Dieu ne font jamais défaut ; ils se montrent dans les plus petites circonstances et en dépit de toutes les pensées humaines, quoique Dieu puisse permettre que beaucoup d’afflictions arrivent à ceux qui se confient en Lui. Ces afflictions mêmes seront sûrement une bénédiction. L’âme, apprenant ainsi les voies du Seigneur et se confiant en Lui, peut le bénir en tout temps. Sous ce rapport, à la vérité, le christianisme nous fournit, à l’égard de la vie spirituelle, des expériences plus profondes. Mais il est précieux de connaître le Seigneur comme Celui qui veille ainsi sur nous, en amour ; de connaître les soins d’un Père tendre, dans lesquels nous pouvons nous confier, et sous lesquels nous pouvons marcher paisiblement dans ce monde, cherchant le bien de ceux qui nous entourent.
Le Psaume 35 contient un appel direct au jugement des adversaires, appel fait par l’Esprit de Christ dans le Résidu ; j’ai donc peu de remarques à faire sur ce sujet. Christ fut le premier à souffrir les choses qui doivent être l’objet du jugement ; mais, comme nous l’avons vu, jamais Christ n’a personnellement fait appel au jugement. Ce Psaume, toutefois, nous montre l’esprit dans lequel le jugement est requis. C’est après un temps de patience et de grâce infatigable, d’une grâce restée sans résultat, alors que, au lieu de se venger lui-même, le Résidu s’en remettait à Dieu ; c’est alors seulement qu’il s’adresse à Dieu pour obtenir la délivrance. Ceci est important à remarquer quant à l’appel fait au jugement (v. 12-14). Ce n’est qu’au moment d’être englouti, qu’il supplie le Seigneur d’intervenir Lui-même et, certes, la chose aura lieu. Le pauvre ne sera pas toujours dans l’oubli ; il ne convient pas que la méchanceté sans cœur, injuste et cruelle, ait toujours le dessus. Mais il convient que les saints soient patients et endurent tout, jusqu’à ce que le Seigneur Lui-même intervienne. Tel est, en effet, l’esprit de ce Psaume ; alors ils se réjouissent dans le salut de l’Éternel. Le sentiment de la justice divine qui inflige le châtiment à l’iniquité cruelle est fort à sa place. En outre, nous trouvons ici le caractère et la voie du méchant, et ce qui l’avait précédée, la voie pleine de grâce de Celui qui avait trouvé le méchant «plus fort que lui».
Les versets 26 et 27 s’appliquent spécialement à Christ, mais le Psaume entier peut être dans la bouche de tout croyant zélé et fidèle qui par sa fidélité a attiré sur lui le flot de la méchanceté. Je veux encore citer quelques passages, afin de montrer l’opération de cet esprit dont j’ai parlé plus haut et jusqu’à quel point le Seigneur l’applique au résidu. Quant à Lui, il n’a jamais demandé ce jugement, mais il l’a prophétisé. 1 Samuel 24:25, 26, nous montre l’esprit dans lequel David était gardé, quoique faible. David était, même alors, l’instrument particulièrement qualifié par la grâce, pour adapter la pensée de Christ, en ces Psaumes, aux circonstances dans lesquelles le Résidu, rejeté comme Lui, se trouvera une fois. Il a même pu s’élever, quand Dieu l’a voulu, jusqu’à la déclaration prophétique des circonstances que Christ devait traverser, et a pu fournir, (honneur immense !) dans une foule de Psaumes, les paroles par lesquelles Christ Lui-même pourrait s’exprimer (voir surtout le chap. 24:11-13 et la fin du chap. 26). C’est ainsi qu’Abigaïl le maintient dans cet esprit, par la miséricorde ; mais il n’y a point de propre vengeance ; il s’en remet complètement à Dieu.
Les directions que le Seigneur donne à ses disciples, en Matthieu 10, indiquent aussi l’esprit dans lequel le résidu doit rendre témoignage à la commission qu’il a reçue de Lui, et qui va jusqu’à son retour (v. 13-15 ; comp. Ps. 35:13). Il importe que le chrétien comprenne que s’il doit agir selon l’esprit de Christ pendant sa marche au milieu de ce monde, esprit qui était bien différent du désir du jugement exprimé dans les Psaumes, toutefois ce désir est juste et légitime à sa place. En effet, ce désir du jugement n’est point celui de la vengeance personnelle, mais un appel adressé au Dieu juste et libérateur, après une patience parfaite sous l’oppression injuste des méchants ; le cœur s’étant soumis à la volonté divine et ayant appris la leçon que Dieu voulait lui enseigner (voir Psaume 92:12, etc.). Néanmoins le chrétien est sur un terrain tout différent.
Au point de vue que je viens d’indiquer, le Psaume 35 est important. Nous y voyons l’esprit du Résidu exercé devant Dieu par l’épreuve, et intérieurement soumis ; n’attendant que de Dieu la délivrance telle qu’elle était promise à Israël et au Résidu lui-même, sous le gouvernement divin révélé dans la loi et les prophètes.
Le Psaume 36, quoique prononcé à l’occasion d’une très grande épreuve, est néanmoins et, dirai-je, pour cette raison même, rempli d’une consolation profonde. L’épreuve consiste en ce que les voies des méchants prouvent au cœur du serviteur de Dieu qu’il n’y a en eux, ni conscience pour les refréner, ni crainte de Dieu pour réprimer leur malice, ni aucune chose sur laquelle on puisse compter. Se flattant en soi-même, il machine les moyens de nuire et n’a point en horreur le mal. Combien souvent, hélas ! le fidèle rencontre ces choses, lorsqu’il se trouve en conflit avec la puissance de l’ennemi. On a de la peine à croire à une pareille absence totale de conscience, à une telle malice préméditée et réfléchie ; et cependant elles existent ; notre cœur le sait bien, et la Parole les désigne comme des traits caractéristiques du méchant. Mais la consolation n’en est que plus profonde et plus bénie, parce que la grandeur même du mal fait que l’âme s’abandonne entièrement à un Dieu fidèle et plein de miséricorde qui est au-dessus de tous les complots des hommes ; de telle sorte que nous pouvons demeurer dans une paix parfaite. «Ô Éternel ! ta bonté est dans les cieux». Que pourrait faire le méchant ? Ses desseins ne sauraient atteindre aux cieux, ni déjouer les plans et le gouvernement qui sont établis là-haut, ni se placer entre leur réalisation et l’âme du fidèle. La miséricorde est hors de l’atteinte des stratagèmes ennemis.
Il existe encore en Dieu une autre qualité : il est fidèle. La gratuité est la source de tous ses actes, et elle les dirige. C’est notre consolation, mais je puis aussi compter sur la fidélité de Dieu ; elle s’élève bien au-dessus de toutes les machinations des iniques. Le principe immuable du gouvernement de Dieu en amour fidèle, la justice de sa manière d’agir, sont aussi fermes, aussi dominants en force que les montagnes ; ses voies en jugement et ses actes sont aussi profonds, aussi puissants que l’immense abîme. Impossible à nous de sonder à l’avance son comment et son pourquoi. Il opère au-dessus de la puissance du mal ; mais aussi hors de l’atteinte de l’homme chétif ; de sorte qu’il peut se servir de la malice des hommes pour accomplir ses conseils de bénédiction : «Éternel, tu sauves l’homme et la bête». Du moment que nous introduisons dans nos circonstances le Seigneur connu ainsi, toute la malice des hommes, qui ne rencontre pas un frein dans la crainte de Dieu, n’a d’autre effet que de reporter notre confiance sur Dieu, non sur l’homme. C’est une épreuve réelle, mais c’est la paix parfaite. C’est une rupture complète entre le fidèle et l’homme éloigné de Dieu, mais c’est un lien étroit, formé entre le cœur et Dieu, dans une confiance qui ne s’attache qu’à Lui.
L’effet moral en est immense ; il nous est retracé aux versets 7-8 : «Combien est précieuse ta bonté, ô Dieu !» Désormais, on ne trouve plus seulement un abri contre la méchanceté sans conscience de l’homme ; mais on trouve la source même de la bonté, en Celui dans lequel on trouve cet abri. «Les fils des hommes se réfugient sous l’ombre de tes ailes», parce que sa bonté est précieuse. Telle est la condition vraie et convenable de la créature ; condition qui suppose le mal et le besoin de la grâce ; mais qui trouve sa ressource dans cette grâce.
Versets 7-9. Il y a plus encore : Cette bonté qui l’a protégé et abrité devient la portion du fidèle. Tel est le résultat béni du fait que Dieu est devenu notre unique ressource, et que tout rapport avec l’homme est rompu : Sous l’ombre des ailes de l’Éternel, on est «abondamment rassasié de la graisse de Sa maison, et tu les abreuveras au fleuve de tes délices». Il y a des joies et des plaisirs qui appartiennent à la maison de Dieu ; et plus encore, à Dieu Lui-même. C’est là ce qui caractérise la joie des saints ; ceci ne peut être notre partage que lorsque nous avons été rendus participants de la nature divine, puisque celle-ci trouve nécessairement sa joie là où Dieu trouve la sienne. Telle est la bénédiction spéciale des saints ; Dieu nous l’accorde dans sa plénitude. Il nous donne sa propre présence, Il nous donne Christ.
Quelle bénédiction incomparable que celle de recevoir une nature capable de jouir des joies divines ; de joies qui n’ont pour motifs que la plénitude des objets divins, dont nous sommes appelés à jouir sous tous les rapports ! Regardant en haut, notre vocation est d’être saints et irréprochables devant Lui en amour ; de jouir de Dieu et d’être ses délices, selon la nature divine qui nous est communiquée ; notre relation avec Lui est d’être ses fils, adoptés pour Lui-même ; le lieu de notre héritage c’est la maison de Dieu, notre propre demeure ; puis, en tant qu’héritiers de Dieu et co-héritiers de Christ, nous possédons tout ce qui Lui est assujetti. Cette dernière portion est, sans doute, inférieure à l’autre ; la joie n’en est pas moins divine, puisque cette possession acquise sera rachetée et rendue parfaitement heureuse sous le gouvernement de Christ. Nous l’avons, en outre, en communion les uns avec les autres. Le chrétien jouit de tout cela de la manière la plus élevée, parce que Christ est devenu sa vie, et qu’Il l’a introduit dans la relation la plus élevée et la plus intime avec le Père. C’est ainsi que, par la puissance du Saint Esprit, nous avons communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Notre joie est accomplie. Tout cela, quoique j’en aie parlé par rapport aux chrétiens, est établi en principe dans ce Psaume ; or, en principe, cela est vrai de tous les saints ; mais non pas au même degré que pour les chrétiens, «Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous».
Notre Psaume continue ainsi (vers. 9) : «Car par devers toi est la source de la vie, en ta lumière nous verrons la lumière». Jusqu’ici il a plutôt mentionné ce que Dieu est pour nous, considéré comme notre protection, notre asile, notre consolation ; en un mot, comme notre ressource. Ensuite, ce Psaume nous ayant amenés à la graisse de la maison de Dieu et au fleuve de ses délices, il indique ce que Dieu est en bénédiction : celle-ci étant considérée davantage en Lui-même ou d’une manière intrinsèque. C’est plutôt ce qu’il est pour nous que en nous ; cette dernière portion étant, par le Saint Esprit, le privilège des chrétiens. Ce qui est en nous, est vu ici en Dieu, comme sa source. Le Psaume dit : «Par devers toi est», tandis que le Seigneur dit en parlant du chrétien : «elle sera en lui» (Jean 4). Cependant, Dieu reste tel ; et c’est ainsi qu’il est révélé et connu dans ce Psaume. Par devers Lui est la source de la vie. La grande portée de cette parole n’a jamais été pleinement révélée avant la venue de Christ. En Lui était la vie. Il y avait un arbre de vie duquel l’homme n’a jamais mangé, ordonné pour être l’instrument de la vie de l’homme. Au temps des patriarches, la question de la vie n’était pas soulevée, mais il s’agit de ce que le Tout-Puissant est pour ceux qu’il aime et bénit. La loi rattache la vie, en tant que promesse, à l’œuvre de l’homme et à l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La vie était une chose à atteindre. La vie est une connexion vivante avec la source de la bénédiction ; ou, du moins, une jouissance vivante de la faveur de Dieu ; elle n’est pas nécessairement le ciel. Aucune loi au monde n’était la vie ni ne pouvait la donner. Dieu la promettait à celui qui accomplirait la loi. Lui-même en est la source ; mais la loi donnée à un pécheur, sur la base de sa propre responsabilité, loin d’être un moyen de vie, ne pouvait être qu’un ministère de mort et de condamnation [2 Cor. 3:7, 9]. Elle parlait de la vie et la désignait comme une promesse faite à l’obéissance, mais, de fait, la loi fut trouvée être pour la mort [Rom.7:10].
Les Psaumes, quoiqu’ils parlent aussi de choses célestes, mettent en évidence la liaison du cœur du Résidu avec Dieu ; ils nous font connaître chaque palpitation, chaque battement de ce cœur dans la nécessité ; ils nous font sentir tout ce que Dieu est pour lui. Tout cela a lieu selon l’opération de l’Esprit de Christ, quoique la délivrance temporelle soit toujours ici le désir principal. La vie et la résurrection, comme espérance de la foi, ont aussi nécessairement leur place dans les sentiments du Résidu ; mais on ne découvre cette espérance que dans les profondeurs de leurs plus intimes pensées. Cette espérance répond au besoin de ceux qui peuvent avoir à passer par la mort. Nous ne trouvons point, dans les Psaumes, la vie et l’incorruptibilité mises en lumière par l’Évangile ; la vie dans un homme, le Fils de Dieu, comme Esprit vivifiant ; la vie en nous, parce qu’il devient notre vie. Toutefois, comme l’Esprit de Christ parle dans les Psaumes, Lui qui avait la vie en Lui-même, était sûr du sentier de la vie en ce monde. Or, ce sentier conduisant par la mort, selon le conseil pour l’accomplissement duquel Il était venu dans le monde, Christ était sûr aussi de la résurrection ; c’est-à-dire que son âme ne serait pas laissée en hadès et que sa chair ne verrait pas la corruption. Toutefois ces choses étaient réalisées par Christ dans la dépendance de Dieu, comme homme.
Les remarques que nous venons de faire, trouvent leur confirmation dans notre Psaume. Le cœur du fidèle est séparé de l’homme qui, lui-même, est entièrement séparé de toute crainte de Dieu ; alors, il cherche non seulement la protection et la bonté de Dieu, mais il voit que c’est chez Dieu qu’est la source de la vie. Nous savons que la mort est vaincue, que son pouvoir est annulé. Nous savons que la vie éternelle qui était auprès du Père est descendue du ciel. Nous savons qu’elle nous est communiquée, que Christ est notre vie, que celui qui a le Fils, a la vie ; que nous sommes vivifiés selon l’excellente grandeur de sa puissance, selon l’opération de la puissance de sa force, dans laquelle il a ressuscité le Christ d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes ; de sorte que la vie pour nous et en nous (car Christ est notre vie), est le triomphe final sur la mort et pénètre dans les lieux célestes. Voilà ce qui a été mis en lumière par l’Évangile. Jean annonce la vie descendue sur la terre, manifestée en Christ, puis communiquée à nous. Paul montre plutôt la vie dans la plénitude de son résultat céleste, suivant les conseils de Dieu en gloire. Évidemment notre Psaume ne parle pas de tout cela ; il ne pouvait en être question avant la résurrection de Christ ; et même il n’aurait pas pu y avoir de justice en cela. Qui est-ce qui avait droit aux lieux célestes avant que Christ y fût entré ? En qui la vie pouvait-elle être manifestée en gloire avant que la Tête y fût entrée en résurrection ? Toutefois, le principe, le fondement, la source de la vie sont vus et révélés dans ce Psaume.
Les Psaumes ne sont pas la loi, quoique la loi y soit encore reconnue. Mais ils présentent l’opération de l’Esprit de Christ et de vie en ceux qui sont sous la loi et en Christ Lui-même ; en ceux aussi qui ont à confesser qu’ils sont pécheurs sous la loi, et qui, par conséquent, ne peuvent espérer d’obtenir la vie par le moyen de la loi ; mais dont les yeux sont ouverts pour considérer la miséricorde, le pardon et la grâce, sinon le ciel ; et encore, ce dernier, en tant que le sentiment de la joie de la présence de Dieu l’exprime, nous le trouvons atteint au Psaume 16 qui nous donne l’expression de la vie dans toute sa plénitude.
Ainsi, — pensée précieuse, — ce Psaume considère la source de la vie en Dieu, lorsque, sous la Loi, tout est mort et condamnation. Les fidèles des Psaumes ne peuvent pas dire : «la vie a été manifestée et nous l’avons vue» ; encore moins : «notre vie est cachée avec Christ en Dieu» ; mais ils ont appris, ils savent et peuvent dire : «Par devers toi est la source de la vie» (v. 9). Aussi s’abreuvent-ils au fleuve de ses délices. Où cette vie serait-elle satisfaite ailleurs ? les besoins d’un cœur, même à son insu animé par elle, où pourraient-ils être contentés, sinon à ce fleuve, au fleuve dont les ruisseaux réjouissent la ville de Dieu ? Nous qui sommes venus à Christ ; nous qui avons bu de l’eau qu’il donne, nous avons en nous-mêmes une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle ; et même, par l’Esprit, des fleuves sortent de nous ; ils découlent de ce qu’il y a de plus intime dans la conscience de la bénédiction.
Or tout ceci, c’est la puissance de vie dans l’Esprit ; cependant il est également précieux de savoir que la nature de cette vie est divine. J’ai fait remarquer ailleurs que ce qui, dans l’épître aux Colossiens, est présenté comme la vie et la nature, est appliqué au Saint Esprit dans l’épître aux Éphésiens. Ici, dans ce Psaume, nous trouvons Dieu comme source de la vie. Quelle bénédiction de savoir que la source, c’est Dieu lui-même ! Le Père a la vie en Lui-même ; cela est vrai de Christ comme homme ; puis nous qui avons le Fils, nous avons la vie. La vie est considérée ici comme une source qui coule. C’est à Dieu comme étant la source de la vie que nos cœurs doivent s’attacher, afin que nous puissions sentir et connaître ce qu’est la vie ; savoir que c’est une joie divine de posséder une vie, divine dans sa nature et capable de se réjouir. La nature d’une telle vie est de se réjouir en ce qui est divin. En effet, elle ne peut jouir d’autre chose, sauf de la bonté ou de la vérité en tant qu’elles sont l’expression de ce qui est divin. Cette vie trouve sa joie dans les fleuves qui découlent intarissables de l’amour divin ; fleuves dans lesquels nous nous abreuvons de la bénédiction qui est en la nature de Dieu. Nous possédons une nature qui, étant spirituellement la même que celle de Dieu, doit et peut jouir de Lui selon la perfection de cette nature elle-même. Nous nous réjouissons en Dieu.
Il y a autre chose encore : «En ta lumière nous verrons la lumière». Dieu n’est pas seulement une source de vie, mais une lumière qui éclaire. Il a la vie en Lui-même, mais il en est la source. De même aussi il est la lumière ; il éclaire ; il communique la lumière. Il en est de même de Christ : en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Enfin, quant à nous, Christ est notre vie et nous sommes lumière dans le Seigneur.
Dans notre Psaume, on cherche la lumière plutôt comme consolation au milieu des ténèbres de l’épreuve, lorsque l’homme, sous la puissance de Satan, est manifesté comme étant réellement les ténèbres mêmes. Cela conduit à la découverte de ce que Dieu est. En principe et d’une manière abstraite, aucun autre Psaume ne nous fait autant approcher de ce qui a été accompli en Christ. Seulement ici ces choses sont vues en l’Éternel comme leur source et comme Celui en qui elles se manifestent. C’est ce qui leur donne leur perfection divine : «Par devers toi est la source de la vie, en ta lumière nous verrons la lumière». Au milieu des ténèbres et de l’épreuve, c’est la confiance que l’Éternel en grâce est une source de vie, et que dans sa lumière ils verront la lumière. En Christ nous trouvons, de toute manière, des vérités plus profondes ; car, lorsque la vie était la lumière des hommes, non pas simplement pour une délivrance extérieure, mais lorsqu’elle brillait dans l’obscurité morale de ce monde, les ténèbres restèrent ténèbres et ne comprirent pas la lumière. Aussi longtemps qu’il fut dans le monde, Christ était la lumière du monde. Les hommes préférèrent les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
La fin du Psaume revient à l’espérance actuelle de la délivrance par le gouvernement de Dieu et à l’assurance de son accomplissement. La connaissance de l’Éternel et la droiture de cœur caractérisent ici les justes, tandis que les ennemis se distinguent par leur orgueil et leur malice. La foi du juste les voit d’avance tombés et incapables de se relever (vers. 12).
Le Psaume 37 est en rapport très évident avec la manifestation du gouvernement direct de Dieu dans ce monde, telle qu’elle aura lieu quand les débonnaires hériteront la terre et que les méchants seront retranchés. Nous avons déjà vu que les épîtres de Pierre contiennent tout particulièrement le rapport de ce gouvernement de Dieu avec la condition chrétienne, dans la mesure selon laquelle il s’y applique. Nous trouvons aussi, au commencement de Matthieu 5, mais avec un caractère beaucoup plus évangélique, quoique sans aller au-delà du royaume des cieux, l’application de ce gouvernement en forme de promesses, relatives à l’état moral qui plaît à Dieu.
Ce Psaume contient en outre des exhortations intéressantes et fort instructives quant à l’esprit dans lequel le croyant doit marcher et quant au caractère de sa confiance en Dieu, au milieu du mal qui l’entoure. Le temps de la manifestation directe du gouvernement de Dieu n’est, il est vrai, pas encore arrivé, et, sans aucun doute, à la veille d’être détruite, la puissance oppressive du mal grandira plus que jamais ; toutefois, maintenant déjà, le mal est à l’œuvre et c’est le temps de la patience. Jusqu’à la venue de Christ nous sommes, en principe, dans le mauvais jour ; la patience et le royaume de Jésus Christ trouvent place ensemble dans nos cœurs ; mais non pas son propre royaume et sa gloire. Toutes ces exhortations sont fondées sur la certitude qu’après tout l’Éternel est au-dessus de tout mal, qu’il aime la droiture, qu’il n’oublie pas les justes et ceux qui se confient en Lui, et qu’en fin de compte, c’est la voie de l’Éternel qui aura le dessus. En attendant, la foi est exercée ; on juge tout ce qui dans le cœur pourrait nuire au caractère spirituel et empêcher la confiance dans le Seigneur qui convient au saint.
La première exhortation est relative à la tranquillité d’esprit. «Ne t’irrite pas». Elle est générale et s’applique à la disposition d’esprit. Lorsque la propre volonté et le désir de se trouver à l’aise se mêlent à l’amour de la justice, lorsqu’on désire la justice, (et on le fait parfois en partie à cause de la crainte qu’inspire la puissance du mal) tout en aimant la paix qui satisfait des intérêts égoïstes, on est enclin à s’irriter lorsqu’on voit les méchants réussir. C’est là, au fond, le même esprit d’incrédulité que celui des méchants ; quoiqu’avec d’autres désirs, c’est de l’incrédulité et de la propre volonté. La colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. Nous ne devons pas nous irriter, c’est de la méfiance ; ni être jaloux, ce qui est plus mauvais encore, car c’est de l’égoïsme. Voici maintenant l’instruction positive touchant l’esprit dans lequel nous devons marcher, la ressource contre la puissance du mal : «Confie-toi en l’Éternel et pratique le bien». Selon la promesse tu en recueilleras le fruit.
Ensuite (vers. 4) : «Fais tes délices de l’Éternel : et il te donnera les demandes de ton cœur». De saints désirs qui ont Dieu pour objet seront satisfaits ; on rencontrera l’opposition, la honte, peut-être la calomnie : «Remets ta voie sur l’Éternel». Combien cela est vrai ! C’est Lui qui a toujours, comme on dit, le dernier mot, pourvu que nous ayons la foi d’attendre. Il accomplira ce que le cœur du juste désire, et rendra évidente la justice de ce dernier.
Au verset 7, nous trouvons le caractère le plus évident de la confiance : il consiste en ce que le cœur et les désirs s’attendent patiemment à l’Éternel. Que les circonstances tumultueuses, la violence et les efforts de l’ennemi, se pressent autour d’elle, l’âme attend patiemment qu’il plaise à l’Éternel d’intervenir quand il Lui plaira. Que les méchants prospèrent, l’Éternel a son heure déterminée qui vient toujours à propos et met tout en ordre. Il peut vouloir nous châtier pour notre avantage, amener ses desseins à maturité, patienter avec les méchants, faire ressortir sa gloire, ce qui est notre joie éternelle. Ainsi, ni dépit, ni colère, ni agitation, ni inquiétude ; car, en laissant agir dans ces choses notre propre volonté pour combattre le mal, nous ne ferions qu’y tomber nous-mêmes ; telle n’est point la patience et la foi des saints. «Ceux qui font le mal seront retranchés» ; les saints ne doivent pas être de ce nombre. «Ceux qui s’attendent à l’Éternel, ceux-là posséderont le pays», de même aussi les débonnaires (v. 11) et les bénis de l’Éternel (v. 22). Tout cela, sans doute, concerne les Juifs ; mais, nous l’avons vu, le gouvernement de Dieu s’exerce toujours, quoiqu’il ne soit pas encore manifesté publiquement ; et quand l’âme s’est attendue à Lui patiemment, elle trouve sa bénédiction même ici-bas. La dernière partie du Psaume expose avec soin que la manifestation publique de ce gouvernement de la terre sera en rapport avec les Juifs ; et quoiqu’il agisse plus secrètement pendant le temps de la grâce céleste, son existence n’en est pas moins réelle.
Il y a encore, sur la bénédiction, quelques passages que je voudrais faire remarquer : «Par l’Éternel, les pas de l’homme sont affermis». C’est une grande et précieuse bénédiction de penser qu’en ce désert, où il n’y a point de chemin au milieu de la confusion et de l’iniquité, notre Père affermit nos pas. Un jeune chrétien, plein de confiance en son zèle, pourra bien ne pas apprécier la valeur d’une telle assurance ; mais combien d’expériences ne lui faudra-t-il pas traverser ? Pour qui a vu le monde, pour qui en connaît les pièges, et a fait l’expérience que c’est un désert d’iniquité, sans chemin pour vous conduire, il est infiniment précieux de savoir que le Seigneur affermit nos pas. Le jeune chrétien, lui aussi, lorsqu’il est humble, est affermi par la grâce s’il s’attend au Seigneur, quoiqu’il n’en comprenne que plus tard le privilège immense et ne saisisse point encore la sagesse et la miséricorde de Dieu. Mais ce n’est pas tout. Lorsqu’on est ainsi affermi, le chemin est bon, il est divin ; il n’y en a pas d’autre et le cœur y marche d’un pas assuré ; car le chrétien est conduit par l’Esprit de Dieu ; son cœur est dans Ses sentiers, comme dit Moïse : «Fais-moi connaître ton chemin (non pas un chemin), et je te connaîtrai». Si je connais les voies d’une personne, je connais aussi la personne. Dieu conduit par son Esprit qui agit sur l’homme intérieur et en lui, et la Parole sanctifie. Alors Il prend son plaisir à la voie du saint ; Il trouve ses délices à voir un chemin divin suivi par un homme au milieu de ce monde d’iniquité. Christ a suivi ce sentier d’une manière parfaite, et Dieu y a pris ses délices. En tant que nous suivons Christ, notre voie fait aussi les délices de Dieu ; elle est selon son cœur.
Remarquons bien qu’il n’y a pas d’autre chemin que Christ. Adam n’avait pas besoin d’un chemin ; il devait rester où il était, et y jouir de la bonté de Dieu. Dans un monde de péché, il n’y a point de chemin ; tout y est péché, confusion. Mais Christ Lui-même manifesta, selon Dieu, en ce monde, la vie divine et le sentier de cette vie à travers le monde auquel elle n’appartenait pas. C’est une chose toute nouvelle, manifestée en partie dans chaque saint pendant sa marche de foi ici-bas ; mais ayant son existence propre et manifestée en Christ d’une manière parfaite. Tel est notre sentier. Nous avons à suivre les pas de Christ, il est le chemin qui mène au Père et c’est vers Lui que nous allons. C’est un privilège immense, de savoir que nos pas sont conduits par le Seigneur pour nous garder du mal et qu’ensuite il prend plaisir à notre voie. Quel chemin au milieu de ce monde pervers ! Comme nous devons soigneusement nous y tenir, sans nous en laisser dévier ni distraire ! Nous trouvons ici, comme en Colossiens 3 et Éphésiens 4:5, les préceptes bénis qui s’y rapportent.
Remarquons encore une autre grâce. Dieu veille sur le saint ; s’il tombe (c’est-à-dire dans l’épreuve, non pas d’une manière charnelle), il n’est pas entièrement abattu (cf. 2 Cor. 4:9, etc.), car l’Éternel lui soutient la main. Il peut entrer dans les vues de Dieu, dans le gouvernement de Dieu à son égard, que le saint soit abaissé, qu’il soit mis de côté ; mais la main du Seigneur est en cela, elle ne l’a pas abandonné, elle le soutient. Le vase peut être brisé ou déshonoré par les hommes, la puissance est de Dieu.
Il y a une raison morale pour les voies de Dieu. Il aime la droiture (vers. 28) ; outre cela, nous avons l’assurance de son amour souverain, il aime ses saints, ils sont gardés à jamais. Puis, en rapport avec les voies de cette justice, nous trouvons ici quelques-uns des traits qui distinguent le juste : «Sa bouche profère la sagesse», c’est-à-dire la pensée de Dieu, «et sa langue parle la droiture», c’est-à-dire la droiture des voies divines, au point de vue de Dieu ; la manière dont Dieu juge du bien ou du mal. «La loi de Dieu est dans son cœur» ; son cœur est dans le chemin de la volonté révélée de Dieu. «Ses pas ne chancelleront pas». Nous devons donc nous attendre au Seigneur et garder sa voie. La fin de l’homme intègre et de l’homme droit, c’est la paix. En pratique, il en est de même du chrétien. Il se peut qu’il soit châtié pour des fautes particulières, car les voies de Dieu sont, à travers la grâce, justes et immuables ; mais s’il marche ici-bas d’un cœur intègre, durant les jours de sa vie, elle se terminera, pas encore en gloire peut-être, mais en paix. Craindre Dieu et marcher en sa présence c’est un grand moyen d’avoir la paix. Je ne parle pas de la paix, acquise pour la conscience d’un pécheur par le sang précieux de Christ, mais de la paix de Dieu qui remplit le cœur lorsqu’on expose toutes choses devant Lui.
Enfin, le Seigneur est la force des justes au temps de la détresse (v. 39). Il leur aide et les délivre ; il les délivrera de leurs ennemis, parce qu’ils se confient en Lui. Cela est toujours vrai.
Le Psaume 38 nous présente un état d’âme particulier. La relation du cœur avec Dieu est connue et appréciée, même avec confiance, tandis que l’âme continue à exprimer ses sentiments : «Je m’attends à toi, Éternel ! Toi, tu me répondras, Seigneur mon Dieu !» Toutefois l’âme est au comble de l’affliction et de la détresse, qu’elle envisage comme le châtiment du Seigneur. Elle est sous le châtiment, mais elle prie pour en être délivrée. Du milieu de la détresse la plus profonde, affligée par une maladie répugnante, abandonnée de ses amis, entourée d’ennemis actifs, dans un état qui a quelque similitude avec celui de Job, l’âme regarde à l’Éternel. Le cœur attribue au péché toutes ces souffrances, mais tout d’abord il regarde à l’Éternel et voit sa main. Voilà ce qui montre de la foi et un esprit droit.
L’ordre des pensées qui se suivent ici est remarquable ; d’abord le jugement de l’Éternel, ensuite le péché qui en est la cause, puis la misère personnelle, l’abandon des amis, l’activité et le mauvais vouloir des adversaires ; puis la conscience de tout cela, et, comme résultat, la confiance du cœur en Celui qui a frappé et son recours à Lui seul. Enfin ce qui était au fond du cœur se découvre : c’est l’espoir en l’Éternel, la conscience de Lui appartenir si intimement que le triomphe des adversaires de la foi est impossible ; mais le sentiment de la nécessité de son intervention, parce que la pauvre âme pécheresse n’a aucune force en elle-même.
Tout cela conduit à l’expression d’une vraie intégrité de cœur. Non seulement le péché est reconnu comme étant la cause du jugement, mais il est aussi confessé ; de plus, on se juge soi-même devant un Dieu en qui l’on se confie et ainsi l’on peut Lui demander librement son secours. Désormais l’âme qui, par la grâce, a été rendue capable, en se jugeant, de se séparer du péché, est aussi capable de distinguer entre ses ennemis et les jugements que l’Éternel fait tomber sur elle par leur moyen. Dès lors, elle n’envisage les ennemis que dans leur propre malice, dans leur hostilité contre le serviteur de l’Éternel, dans leur haine de ce qui est juste, et elle peut réclamer le secours de l’Éternel contre eux. En effet, le croyant, quoique dans le passé il ait gravement péché et doive subir la juste humiliation qui en est la conséquence, poursuit en réalité le bien dans sa marche ici-bas ; et s’il est vrai que l’Éternel se sert de la malice des méchants comme d’une verge, ce n’est certes pas le mal que les méchants haïssent dans les saints, mais bien au contraire les rapports de ces derniers avec celui qu’ils reconnaissent pour leur Seigneur. Néanmoins le jugement était juste. Telle sera l’histoire véritable du Résidu lorsque, sous les coups terribles du châtiment de l’Éternel, il se sera décidément tourné vers la justice. Mais aussi quelle instruction pour nous-mêmes, lorsque nous subissons un châtiment pour avoir mal fait !
Ce Psaume paraît se rapporter au châtiment compliqué d’un cas particulièrement grave ; mais, lorsque nous sommes sous la discipline, comme il nous enseigne où nous devons regarder, par quoi il nous faut commencer ! Il peut y avoir le sentiment que la main de Dieu nous châtie à cause du péché ; que sa colère est méritée ; mais si le cœur regarde à l’amour fidèle du Seigneur dans ses relations avec nous, nous crierons à Lui, pour qu’il détourne l’ardeur de sa juste colère et de sa fureur. Il y a un gouvernement de Dieu en rapport avec sa nature ; et quoique ses châtiments ne détruisent ni notre foi ni la connaissance de notre relation avec Lui (avec le Père), ni la certitude qu’il ne saurait y avoir de péché imputé au croyant, toutefois l’âme qui se sent sous le poids du gouvernement de Dieu, ne se tranquillise pas avec ces pensées. Elles sont, à coup sûr, d’une immense importance ; elles forment la base de notre confiance ; elles soutiennent et dirigent l’âme d’une manière très réelle ; mais elles ne sont pas, dans le cas particulier, l’objet que nous avons directement en vue. L’âme a plutôt devant elle la sainte nature du Dieu avec lequel nous avons communion, et ce qu’il est nécessairement par rapport au péché. Le gouvernement de Dieu est selon cette nature, qui a été, il est vrai, glorifiée par l’œuvre de la rédemption, quant à l’imputation du péché ; mais quoique l’âme ne mette pas en doute la rédemption, elle a néanmoins, pour le moment et avec raison, le sentiment que Dieu, suivant sa propre nature et comme Seigneur dans son gouvernement, doit voir le péché avec colère ; l’âme ne raisonne pas sur ces choses. C’est parce que nous avons une nature qui connaît Dieu et une conscience réveillée, que nous sentons cela à l’égard de nous-mêmes ; et la connaissance de la bonté de Dieu rend encore plus terrible le jugement que nous portons sur nous-mêmes. Ce n’est ni le désespoir, ni le doute quant à la justification ; mais l’âme ne se cache pas derrière la connaissance de sa justification, pour échapper au sentiment de l’estimation que Dieu fait du péché. C’est parce qu’elle connaît le Seigneur, que l’âme le supplie d’arrêter la colère et la fureur que mérite son péché ; c’est parce qu’elle le connaît, qu’elle s’attend à Celui dont elle a mérité le déplaisir. Dans l’épreuve, on regarde à la main et aux pensées de Celui qui l’inflige ; on interprète les voies de Dieu, parce que tout vient de sa main, et l’on recherche quelle est sa pensée. Dès lors, la relation avec Dieu étant présente à la conscience, le cœur saisit la valeur et la puissance de l’épreuve comme moyen de purification plutôt que comme exercice de la colère divine. Il peut dire : «Seigneur ! tout mon désir est devant toi, et mon gémissement ne t’est point caché».
Cette manière d’introduire le Seigneur dans les châtiments qu’il inflige ; de l’introduire selon la plénitude de son amour et selon sa relation avec nous, est de toute beauté. Dieu devient ainsi, pour le cœur, la clef de ses propres voies. Le cœur retrouve son équilibre et, comme nous le voyons à la fin du Psaume, il a la conscience que Dieu est pour lui, sa ressource contre l’épreuve qui l’accablait auparavant, épreuve à l’égard de laquelle, dans le sentiment du péché qui en avait été la cause, il suppliait Dieu de détourner sa colère et sa fureur. Tel est le résultat, lorsqu’on regarde directement à Dieu et que l’on confesse simplement, du fond de l’âme, le mal qu’on a commis envers Lui. Les rapports entre l’âme et Dieu sont réglés, et, dès lors, on règle avec Dieu les difficultés que le cœur éprouve de la part des adversaires. Le secret de tout consiste à regarder directement à Dieu Lui-même, tel qu’Il est dans sa relation avec nous, en confessant sincèrement le péché tout en remettant toutes choses entre ses mains. La confiance en l’Éternel est le mobile de toutes les pensées contenues dans ces Psaumes.
La relation de Père, que Dieu prend vis-à-vis de nous, chrétiens, et qui est réalisée par la foi, modifie en un sens la nature de nos sentiments. Nous avons, quand nous regardons à Lui, une impression plus profonde de sa tendresse pour nous et de sa grâce, de sa compassion et de son amour ; mais, en principe, notre sentiment est le même que celui qui est exprimé dans ce Psaume ; s’il est vrai que nous nous confions en son amour, Dieu n’en reste pas moins devant notre âme et notre conscience comme un Dieu qui exerce le gouvernement d’une manière conforme à la sainteté de sa propre nature. On remarquera que l’âme, tout en exprimant à Dieu son désir, est entièrement soumise et se tait sur les injustices de ses ennemis, parce qu’elle espère et se confie en Dieu, et qu’elle s’en remet à Lui, après avoir, dans un esprit de confession, rejeté tout son fardeau sur Lui et considéré l’épreuve comme venant de sa main. Autrement l’âme n’aurait pas mis le Seigneur entre elle et ses ennemis (vers. 13 et suivants).
Le Psaume 39 exprime le néant de l’homme en présence d’un mal qui se présente avec des prétentions à la puissance, tandis que le saint s’en remet à l’Éternel. En présence des méchants il est resté muet, de peur qu’il ne parlât follement ou qu’il ne s’élevât contre eux, comme si lui aussi avait de la force, tandis que tout, dans l’homme, n’est que vanité. Ensuite, dans l’épreuve qu’il a à traverser, le saint voit la main de Dieu, il a recours à Lui afin d’être délivré et aussitôt, pour ainsi dire, toutes les prétentions des méchants s’évanouissent. L’Éternel le châtiait à cause de son iniquité. Le croyant est étranger en ce monde ; il y séjourne avec Dieu, qui seul connaît la durée de ce pèlerinage. Il ne dépend pas de l’arrogance ni du succès des méchants ; il ne doit pas non plus s’inquiéter de leurs bruyantes prétentions ; autrement il agirait comme étant de ce monde dont il n’a rien à réclamer. Vivons-nous toujours ainsi ? Au verset 12, le saint prend cette place d’Abraham, de David et de tous ceux qui ont marché par la foi, mais sa requête comme juif croyant, ne va pas au-delà d’une délivrance terrestre ; seulement il rapporte à Dieu le châtiment et la délivrance. C’est aussi ce que nous pouvons faire, lorsque nous nous trouvons sous la discipline du Seigneur (v. 9, 10). En ce qui concerne le gouvernement et les voies de Dieu, ce désir est dans l’esprit du Nouveau Testament.
Dans tous ces Psaumes, nous avons vu le saint en chute (le Résidu), regardant à un Dieu qu’il connaît selon sa relation personnelle et sa grâce immuable, malgré cet état de chute. Au Psaume 40, nous trouvons Christ prenant une position de patience, mais sans chute, et fournissant ainsi un motif de confiance, même pour ceux qui sont tombés, puisqu’il prend sa place avec eux dans leurs afflictions et dans le sentier de l’intégrité sur la terre ; car ils sont après tout les saints, les excellents de la terre. Aussi Christ ne manque-t-il pas de se placer Lui-même sous le fardeau du mal et des péchés sous lequel Israël s’est mis par sa propre faute. Quoique ceci soit vrai sous tous les rapports, quant à la rédemption d’Israël, nous connaissons cependant cette vérité d’une manière plus profonde, car Christ a glorifié Dieu de manière à nous donner une place dans le ciel.
Telle n’est pas la pensée de ce Psaume ; mais la manière dont Christ s’identifie ici avec Israël, selon l’intégrité du Résidu fidèle, est profondément instructive et nous fait entrer d’une façon admirable dans l’intelligence de l’un des côtés particuliers de ses souffrances. Christ n’est pas envisagé ici comme mourant pour faire l’expiation ou porter la colère, mais comme mourant au milieu des souffrances, des douleurs et de l’angoisse. Et elles sont bien telles, quoique, en même temps, il subisse les souffrances expiatoires, en buvant la coupe de la colère ; et à ce point de vue il ne souffre pas avec son peuple, mais pour son peuple. Ici, au contraire, Dieu est envisagé comme secourant Christ lorsque, dans son affliction, il s’attend à l’Éternel. Cette affliction pèse sur le Résidu, comme conséquence de l’opposition d’Israël, de ses fautes, de son abandon de Dieu. Christ qui a été fidèle à Dieu en toutes choses, comme il le dit dans ce Psaume, participe à cette affliction et y entre en grâce divine.
Il ne s’agit nullement ici de ses relations personnelles avec Dieu, mais de sa participation aux relations du Résidu avec Dieu, comme faisant partie d’Israël. Les siennes ont été parfaites ; les leurs, quoique fondées d’une part sur la fidélité de l’Éternel, sont, d’autre part, actuellement le fruit du péché. Christ est ici à la fin de sa vie, terminée moralement déjà quant à son service. Pendant cette vie, il avait accompli la volonté de Dieu, dans le corps qui Lui avait été préparé ; il avait déclaré fidèlement la justice de Dieu dans la grande congrégation (vers. 9), c’est-à-dire, publiquement au milieu d’Israël. Maintenant, à cause de ce témoignage fidèle envers les hommes, des maux sans nombre tombent sur lui. La même chose arrivera au Résidu ; leurs épreuves, de la part des orgueilleux, seront la conséquence de leur fidélité et de leur témoignage, mais avec cette différence qu’ils les auront méritées comme impliqués eux-mêmes dans les péchés du peuple.
Nous savons que ce qui est dit ici de Christ, a eu lieu en réalité quand son heure fut venue, l’heure de ses ennemis et de la puissance des ténèbres.
Dans ce Psaume, puisqu’il n’est pas question de ses souffrances en propitiation, mais de son association avec (et non pour, comme je l’ai dit) le Résidu, nous ne trouvons pas les paroles : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» comme au Psaume 22, qui contient le fondement de la grâce en justice. Ici, au contraire, il s’agit de la vie parfaite de Christ et de ses souffrances au moment de la quitter, souffrances au milieu desquelles il s’en remet à la fidélité et à la bonté de l’Éternel, instruisant ainsi son peuple à s’y confier à son tour, et lui fournissant dans l’épreuve l’exemple de sa propre perfection : «J’ai attendu patiemment l’Éternel !» La patience avait là son œuvre parfaite, leçon importante pour nous ! La chair peut attendre longtemps, mais jamais elle n’attend jusqu’à ce que le Seigneur intervienne, jamais avec une entière soumission ; jamais elle ne se confie en sa puissance et sa fidélité seules, selon la perfection dans l’obéissance à sa volonté. Saül attendit près de sept jours, mais ce en quoi était sa confiance charnelle, son armée, diminuait ; les Philistins, ses orgueilleux ennemis, étaient là ; il n’attendit pas jusqu’à ce que Dieu intervînt par le moyen de Samuel. Eût-il obéi, eût-il senti qu’il ne pouvait rien par lui-même et n’avait qu’à obéir et à attendre, alors il eût dit : «Je ne puis ni ne dois rien faire jusqu’à ce que l’Éternel m’envoie Samuel». Mais la chair s’appuyait sur sa propre sagesse et se confiait en sa force, malgré les formes de la piété, et tout fut perdu. Épreuve et défaite de la chair ! Christ éprouvé s’attendit patiemment à l’Éternel. Il fut parfait et accompli dans toute la volonté de Dieu. Tel est aussi notre sentier en vertu de la grâce.
Voilà l’importante instruction personnelle contenue dans ce Psaume, sauf que la propre perfection de Christ est toujours la plus grande de toutes les instructions. Ici il se présente Lui-même comme modèle : «J’ai attendu patiemment l’Éternel». C’est-à-dire, j’ai attendu jusqu’à ce que l’Éternel en personne intervînt. Quoique mis à l’épreuve jusqu’au bout, il n’y eut chez lui aucun mouvement de propre volonté ; de là sa perfection.
Son cœur était parfaitement droit : il ne voulait d’autre délivrance que celle de l’Éternel. C’est là un point de toute importance quant à l’état du cœur. Il sait qu’il n’y en a pas d’autre, et que l’Éternel est parfaitement juste, lorsque sa volonté morale a été parfaitement accomplie et que sa justice a été revendiquée quand il le fallait. Il y a la perfection connue de la volonté de Dieu, le seul titre de Christ ; puis la perfection de sa soumission et son désir qui ne tend que vers Lui.
Comme il s’agit ici d’un modèle pour les saints, l’épreuve est considérée comme telle, la mort n’est mentionnée qu’en tant qu’elle peut être une épreuve ; le puits de la destruction, le bourbier fangeux sont des images de détresse, de terreur et, humainement parlant, de danger. La ressource, c’est de crier à l’Éternel, et il est exaucé à cause de sa crainte. Ici Christ parle en personne, mais au verset 3, la délivrance le rend capable de s’adresser au Résidu : «Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu» ; ils peuvent chanter même la délivrance des maux venus sur eux en conséquence de leurs péchés. «Plusieurs le verront, et craindront, et se confieront en l’Éternel» ; ceci ouvre la porte aux Gentils.
Dieu est intervenu pour délivrer des effets du mal : et il a mis, dit l’affligé, mes pieds sur un roc, au-dessus du mal et de tous ses effets. Cette fidélité de la grâce, cette délivrance divine manifestée chez Celui qui avait été plongé jusqu’au fond de l’épreuve, devient un lieu de repos pour la foi d’autres fidèles, d’autant plus que Christ avait subi l’épreuve comme conséquence de l’état du peuple devant Dieu. Aussi la fidélité de Dieu et sa délivrance sont-elles appliquées à l’état du Résidu, bien qu’applicables aussi à tout fidèle éprouvé par la méchanceté d’autrui et la puissance du mal, qu’il a peut-être attirée sur lui-même. «Bienheureux l’homme qui a mis en l’Éternel sa confiance, et ne s’est pas tourné vers les orgueilleux», vers les prétentions élevées de l’homme et le succès apparent de sa méchanceté, «ni vers ceux qui se détournent vers le mensonge», qui abandonnent Dieu, pour chercher des refuges trompeurs et les déceptions de l’incrédulité.
Ensuite, comme homme, Christ commence à réciter les merveilles de la fidélité de Dieu envers son peuple : «Tu as multiplié tes œuvres merveilleuses et tes pensées envers nous». Il s’associe au peuple.
Le verset 6 introduit sur la scène, à part de tous, l’Être glorieux, Celui qui, dans l’éternité, pouvait s’entretenir avec l’Éternel, le Fils, la Parole qui était auprès de Dieu, qui était Dieu, qui était dès le commencement auprès de Dieu. Selon ce qui était écrit de lui dans le rouleau du livre, il trouve préparée pour Lui la place de l’obéissance (tu m’as creusé des oreilles, formé un corps) ; et selon les conseils divins et par amour pour nous, il entre librement et volontairement dans cette place d’obéissance. Une fois qu’il l’a prise en devenant homme, et qu’il a revêtu la forme d’esclave, ses délices sont de faire la volonté de Dieu ; la loi de Dieu est au-dedans de ses entrailles. Tel est Christ comme homme obéissant ; se présentant dans sa libre volonté, prenant le corps qui Lui a été préparé, entrant comme esclave parfait dans la place de l’obéissance volontaire et joyeuse.
Le verset 6 nous présente la pensée et les conseils de Dieu ; le verset 7, Christ se présentant librement pour faire la volonté de Dieu selon ces conseils. Mais n’oublions pas qu’il parle après s’être fait homme et que les versets 6 et 7 sont une révélation de ce qui s’est passé dans le monde éternel (pensée merveilleuse !) nous disant comment Christ est devenu homme. Au verset 8, de même qu’au verset 5, Christ parle comme occupant sa place sur la terre. «Mon Dieu, j’ai pris plaisir à faire ta volonté et ta loi est au-dedans de mes entrailles». Telle est sa perfection comme homme.
Aux versets 9, 10, nous trouvons la perfection de son service ; il a annoncé la justice devant tout le peuple d’Israël, il ne l’a pas retenue ni cachée au-dedans de son cœur ; c’est une leçon pour chacun de nous, mais il faut s’en servir sous la direction divine. Il a annoncé la justice de Dieu, ses voies, sa nature, ses jugements, le jugement du mal et ce que Dieu était dans ce jugement, puis sa fidélité et sa délivrance (il y avait cela en l’Éternel pour Israël), sa bonté et sa vérité. Il a annoncé la justice à l’homme et cela d’une manière parfaite ; il a pleinement déclaré ce que l’Éternel était envers Israël dans toute la perfection de sa nature et de son caractère. Tout cela il l’a fait, mais il en demande le plein accomplissement. Mais alors Celui qui avait librement entrepris ce service pour la gloire de Dieu envers Israël, se trouve dans une position nouvelle (v. 11, etc.) ; son dévouement Lui attire la haine du peuple, l’opposition de tous ceux qui prennent plaisir à son malheur.
Ce grand débat et la nécessité de la délivrance des saints font surgir la question de savoir quel est, aux yeux de Dieu, l’état de ceux qui ont besoin d’être délivrés. Or, quoique ce Psaume ne parle pas de l’expiation, nous voyons ici que l’expression gouvernementale de la pensée de Dieu à l’égard du péché d’Israël pèse sur l’âme de Christ, comme elle pèsera en effet plus tard sur le Résidu ; car celui-ci, impliqué dans le péché d’Israël, comme faisant partie de ce peuple, sentira s’appesantir sur lui les conséquences des iniquités d’Israël et moissonnera ce qu’Israël a semé. Ainsi le Résidu sera sous le poids, non pas de la condamnation (car ce fardeau, Christ l’a porté pour eux dans l’expiation), mais des épreuves et de la détresse qui seront pour eux l’expression du déplaisir de Dieu. Mais au milieu de tout cela, la foi vraie s’attendra à la bonté et à la vérité de l’Éternel qui avaient été proclamées, tandis que la déclaration de la justice leur fera sentir qu’elle témoigne contre le péché, par l’angoisse qui en sera la conséquence : position analogue à celles des frères de Joseph devant lui.
Le Psaume 40 nous a parlé du Seigneur venant prendre la place de l’obéissance dans le corps qui lui avait été préparé, descendant ici-bas pour être affligé et pauvre, et s’attendant patiemment à l’Éternel.
Le Psaume 41 parle de la bénédiction de ceux qui étaient capables de discerner cette place de l’affligé. Le Seigneur y était avant tous et l’a comprise mieux que personne ; mais nous savons, d’après les béatitudes de l’Évangile de Matthieu, comment il déclare bienheureux ceux qui, en vertu de la grâce, sont comme Lui pauvres en esprit. En réalité ces béatitudes sont, presque en entier, la description exacte de ce que Christ était, bien qu’elles soient présentées comme le caractère auquel est attaché la bénédiction : pauvre en esprit, débonnaire, pur de cœur, n’est-ce pas le portrait de Celui qui nous apportait la paix ? Dans l’Évangile de Luc, il s’adresse plus directement à ses disciples : «Bienheureux vous pauvres», leur dit-il, mais il entre dans leurs épreuves et dans leur position, et quand il a mis dehors ses propres brebis, il va devant elles.
Ce Psaume, tout en faisant le tableau d’un caractère général, a trouvé son accomplissement spécial en Christ, qui a cité le verset 9 comme accompli en Lui-même ; et n’est-ce pas l’identification de ce dernier avec le Résidu qui donne aux Psaumes un si profond intérêt ? «Cet affligé a crié» (Ps. 34), et nous trouvons ici l’intelligence de cette position : «Bienheureux celui qui comprend le pauvre» (v. 1). Nous trouvons d’autre part la confiance assurée que l’Éternel le maintiendra dans son intégrité et l’établira devant Lui pour toujours (v. 12). Lorsque l’affligé s’attend à l’Éternel, humble et soumis au milieu de l’épreuve, heureux celui qui entre dans sa position, y prend intérêt et en a l’intelligence spirituelle ! Ce misérable, que poursuit la méchanceté des hommes, regarde à l’Éternel et s’attend à sa miséricorde en intégrité de cœur.
Les Psaumes 42 à 45, qui ouvrent le deuxième livre, offrent un détail qui donne un caractère tout particulier à la portée spirituelle aussi bien que prophétique de ce livre : c’est l’absence du nom que Dieu prend en rapport avec l’alliance. Au Psaume 46, nous trouvons la transition du nom de Dieu à celui de l’Éternel. Quelles que fussent les détresses et les afflictions décrites dans les quarante et un premiers Psaumes, du sein de l’angoisse le cœur du psalmiste regardait toujours librement vers l’Éternel ; il était en pleine relation avec Lui et jouissait du culte public dans lequel son nom était célébré. Mais ici, chassé dehors, il n’a que le souvenir de ces choses ; il est rejeté et ne peut plus que regarder, dans le secret de son âme et au milieu des circonstances du désert, à la nature et à l’essence même de Dieu.
N’oublions pas la différence qui existe entre la nature des relations avec Dieu comme Père et comme l’Éternel, ni que le fidèle attend ici une délivrance extérieure et le jugement qui doit l’amener. Toutefois ce changement nous fournira d’importantes instructions.
Le Psaume 22 exprime cette différence d’une manière frappante. Là, Christ lui-même, ayant été fait péché pour nous, était séparé de la jouissance de sa relation personnelle avec le Père, car il était fait péché pour nous ; au milieu de souffrances humaines, il ne trouve pas, cette unique fois, le soulagement divin. Quant à la colère actuelle de Dieu, il va sans dire qu’aucune âme pieuse n’a jamais à la subir ; mais, quant à l’affliction, la face de Dieu est cachée à Israël, et lorsque ce peuple est réveillé, il sent que Dieu lui cache sa face à cause du péché, quoique sa foi soit alors à l’œuvre ; or, telle est précisément la situation décrite par ces Psaumes. Nous y voyons la foi qui regarde à Dieu, lorsque toutes les circonstances sont contre celui qui la possède et l’exerce, et lorsque les fidèles sont exclus de la jouissance d’une communion publique et d’une relation avec Dieu, basée sur son alliance. C’est la situation dans laquelle Dieu place son peuple, lorsque la relation de l’alliance faite avec Israël est brisée (comme elle le sera et l’est déjà) ou qu’elle n’est pas connue. La foi reconnaissant la justice de cette situation, regarde, à travers toutes les épreuves, à la fidélité de Dieu comme telle. C’est, pour ainsi dire, une foi dénuée de tout, n’ayant, pour la soutenir, aucune des choses que Dieu donne à son peuple comme témoignage de sa faveur. Il en résulte que l’âme est pleinement mise à l’épreuve.
Ce qui est en question ici pour l’âme, n’est pas de savoir dans quelle mesure elle jouit des dons de Dieu, mais dans quelle mesure son état peut se rattacher à ce que Dieu est en Lui-même, et compter là-dessus. L’âme est ainsi mise à l’épreuve jusque dans ses profondeurs, parce que tout ce qui est de la chair est complètement jugé, et qu’il ne saurait y avoir aucune relation entre cette dernière et Dieu. Cela, à coup sûr, ne sera jamais compris que par une nouvelle nature, capable de saisir ce que Dieu est, et de s’attacher aux promesses par grâce et par l’œuvre du Saint Esprit. Mais, de cette manière, la chair est complètement jugée ; on connaît, on discerne toute la différence qui existe entre elle et le nouvel homme, toutefois on ignore encore la rédemption. En conséquence de la nouvelle nature, on a la conscience d’avoir le désir de faire le bien, et qu’il y a une faveur divine, mais on n’a point de paix. Le cœur est mis à l’épreuve, pour que nous nous abandonnions à la grâce dans une dépendance absolue. C’est en pratique le même principe que nous trouvons au chapitre 7 de l’épître aux Romains.
En parlant du Psaume 42, nous ne pouvons nous attacher qu’au principe général qu’il renferme (à moins qu’il ne s’agisse d’un cas tout particulier d’expérience chrétienne) : parce que ce Psaume suppose que l’on se souvient des bénédictions qu’on a autrefois goûtées en commun.
Voici le cas spécial dont je parle : Lorsqu’une âme a cru au pardon, qu’elle a reconnu, il est vrai, son état de péché, mais sans avoir été réellement sondée, ou sans avoir découvert la nature toute pécheresse de la chair, il se peut que cette âme vienne à perdre sa première joie, et qu’elle connaisse Dieu juste assez pour éprouver l’angoisse de ne pas avoir la lumière de sa face ; mais alors ce sentiment même lui inspire un désir sincère d’en jouir. Un cas semblable a lieu quand une âme s’est crue chrétienne, et que, par l’opération de l’Esprit de Dieu, elle découvre qu’elle s’est trompée. Dans les deux cas, l’effet réel et bienheureux de la position dans laquelle nous sommes placés par la rédemption, est ignoré.
Ce Psaume ne dépasse pas l’espérance, mais celle-ci est rendue plus profonde et plus vraie par l’épreuve ; il exprime plutôt le résultat de l’épreuve que l’épreuve elle-même par laquelle l’âme a dû passer ; c’est pourquoi, toute abattue qu’elle soit, nous trouvons ici une expression si bénie de son état. Elle a soif de Dieu Lui-même ; différant en cela de l’âme du chrétien, qui peut se réjouir en Dieu (Rom 5) ; toutefois cette soif de Dieu est, sous certains rapports, quelque chose de plus profond que la première joie, parce que la joie n’est que partiellement réalisée, tandis que la soif est complète et que Dieu Lui-même, en Lui-même, est l’objet que l’on désire. Le Psaume fait, sans doute, allusion aux circonstances, et c’est la perte qu’elle a faite de Dieu en rapport avec des circonstances heureuses qui la soutenaient plus ou moins, c’est cette perte qui oblige l’âme à s’appuyer plus absolument sur Dieu même, à le vouloir lui seul ; et, comme nous le verrons plus loin, qui lui fait chercher sa joie auprès de Dieu. C’est cette soif de Dieu que l’âme spirituelle doit surtout rechercher dans ce Psaume. Celui qui parle ici a perdu la joie de la multitude (v. 4), mais maintenant il soupire ardemment après Dieu Lui-même. Pour lui, le contraste est sensible, mais c’est de Dieu même qu’il ressent la perte pour son cœur. Voilà ce après quoi il crie. Les personnes et les circonstances heureuses disparaissent de son esprit, comme elles ont disparu de la scène, bien qu’il en ait joui avec Dieu. Individuellement, le cœur a besoin de Dieu pour soi. La nature divine en nous soupire après sa joie en Dieu, seul objet dont la plénitude la satisfasse, parce que cette nature est divine ; elle a une soif ardente de cet objet unique, grand et précieux, le seul qui remplisse tous les désirs et qui exclue tout autre objet.
Auparavant l’âme avait joui des bénédictions de la part de Dieu, et de Dieu Lui-même en elles. Maintenant c’est Dieu qui devient nécessairement, et d’une manière consciente, la bénédiction tout entière. L’épreuve a jugé tout ce qui est de la chair quant à l’état subjectif de l’âme, elle a mis fin à cette jouissance médiate de Dieu, qui n’avait lieu qu’au moyen des circonstances. Alors la vie divine, pour goûter son entière bénédiction et la conscience de ce qu’est cette bénédiction, trouve sa joie parfaite en Dieu Lui-même, en Dieu seul.
Cet exercice de l’âme est remarquable par sa profondeur. Ce n’est pas que l’âme doive renoncer à la joie ; mais la source de la joie, la pure bénédiction morale, prend une beaucoup plus grande place dans le cœur, et, comme nous allons le voir, le caractérise désormais. Vous rencontrerez des chrétiens qui, lorsqu’ils sont profondément éprouvés par la perte de bénédictions précédemment accordées par Dieu, deviennent bien plus calmes et ont un sentiment bien plus intime que le Seigneur est leur portion ; libérés désormais de l’influence des circonstances, ils jouissent davantage de ce précieux centre de repos.
Bien que d’une manière douloureuse, — et il en est ainsi même dans la discipline du Seigneur, — l’ennemi contribue au progrès de l’âme dans cette direction. Les adversaires disent : Où est ton Dieu ? (v. 10). En chassant le fidèle, ils l’avaient exclu de la jouissance publique des bénédictions accordées par Dieu et qui, pour Israël, se rattachaient à son alliance. Job nous offre l’exemple d’une épreuve semblable. Où était désormais le signe que les fidèles eussent des bénédictions de la part de Dieu ? Ils les Lui avaient attribuées, ils avaient proclamé la fidélité et la puissance de Dieu pour protéger ; et maintenant leurs adversaires les raillent, et leur disent : «Où est ton Dieu ?» comme plus tard les malheureux Juifs l’ont dit à Christ ; mais ces paroles ont pour seul effet de rejeter l’âme vers Dieu, car elle n’a aucune ressource sauf ce que Dieu est Lui-même. Les adversaires lui avaient enlevé toute autre chose, en l’excluant des bénédictions dont l’abus tendait à mettre Dieu de côté. Ils avaient réussi à la priver de tout, ils ne lui avaient laissé que Dieu ; elle espère en Lui ; mais quelle est la conséquence ? Implorera-t-elle des bénédictions ? Nullement. Souvent l’âme, parce qu’elle cherche la joie, ne réussit pas à la trouver, car ce n’est pas cela qui purifie et qui bénit ; or, pour bénir, il faut que Dieu purifie ; tandis qu’une fois dépouillés de nous-mêmes et cherchant Dieu, nous trouvons la joie. De même ici, tout en se souvenant de la joie passée, l’âme s’écrie : «Je le célébrerai encore ; sa face est le salut» (v. 5).
Il y a encore d’autres points à observer dans ce Psaume. La fierté, la résistance stoïque contre l’épreuve, ne poussent pas l’âme vers Dieu ; au contraire, elles la tiennent tout spécialement loin de Lui, lui apprennent, ou prétendent lui apprendre à se passer de Dieu. C’est ainsi que les Stoïciens enseignaient que l’homme de courage était l’égal de Dieu. Ici, l’âme a passé par l’affliction et elle sent sa dépendance, aussi peut-elle être à l’aise avec Dieu, à cause de sa bonté et de sa fidélité. Quand l’affliction est complète, sans ressources et sans secours, elle donne de l’intimité avec Celui qui a la volonté et le pouvoir de secourir. On est avec Dieu, on lui dit son affliction (v. 5). Auparavant le cœur raisonnait avec lui-même ; maintenant il dit : «Mon Dieu ! mon âme est abattue au dedans de moi ; c’est pourquoi il me souvient de toi».
Ceci nous amène à un autre point. Les afflictions elles-mêmes viennent de Dieu. Le jugement intérieur de soi-même et l’espoir en Dieu, l’introduisent Lui seul en toutes choses. Les ennemis ont disparu en même temps que les bénédictions : «Tes vagues et tes flots ont passé sur moi» (v. 7). C’est Dieu qui commença à s’occuper de Job, sans confier son dessein ni à Job, ni à Satan ; il se servit de la malice aveugle de l’Adversaire pour briser la nature insoumise de son serviteur, dont ce dernier lui-même ne se doutait pas, et pour amener une bénédiction. «Un abîme appelait un autre abîme», mais c’était «à la voix des cataractes de Dieu».
Lorsqu’on voit ainsi la main de Dieu dirigeant toutes choses dès l’origine afin d’accomplir son dessein, on est amené à la conscience d’une relation d’alliance avec Lui selon son caractère de l’Éternel (pour nous c’est avec le Père) ; et, selon cette relation, on s’attend à Lui pour l’avenir : «De jour, l’Éternel commandera à sa bonté ; et de nuit, son cantique sera avec moi, ma prière au Dieu de ma vie». On acquiert ainsi de la confiance, de la hardiesse vis-à-vis d’un Dieu fidèle : «Je dirai à Dieu, mon rocher : Pourquoi m’as-tu oublié ?» Le mot abandonné n’est pas employé ici. Christ seul a été abandonné ; la foi sait qu’elle ne le sera jamais. Mais, en vertu de cette confiance dans l’amour infaillible de Dieu, le psalmiste demande à Celui qui est son rocher pourquoi il l’a laissé au pouvoir de ses ennemis. Chose digne de remarque ! Du moment que nous voyons la main de Dieu dans nos afflictions, nous pouvons attendre la délivrance, parce que c’est Dieu, et que sa main est sur nous en amour.
Et maintenant les outrages des adversaires deviennent une occasion de requête à Dieu (v. 10), car lorsqu’ils disent : «Où est ton Dieu ?» la seule réponse c’est que Dieu se manifeste Lui-même. En attendant l’âme a soupiré plus profondément après Dieu Lui-même. Toute légèreté de cœur ayant disparu, cette manifestation a infiniment plus de valeur. Ici les assurances de bénédiction sont augmentées, avant que l’âme angoissée n’ait dit qu’elle était assurée du salut de sa face et qu’elle en ferait le thème de ses louanges ; mais nous avons vu que le cœur purifié et exercé a été amené à se confier dans la parfaite fidélité de Dieu, selon la relation qu’il sait exister entre Dieu et lui. Le cœur, sans être encore délivré extérieurement, s’attache à Dieu comme à l’objet de ses désirs et de sa confiance. Aussi s’écrie-t-il maintenant : «Il est le salut de ma face et mon Dieu». Sa face reflète en joie le resplendissement de la face de Dieu en amour. La détresse, la privation de toutes les bénédictions, même religieuses, qui lui avaient été données, ont fait que le cœur s’est rejeté sur Dieu et regarde à Lui comme à l’unique source de joie, avec cette confiance qui s’établit dès que l’âme est près de Dieu et qu’elle reconnaît, par la foi, la relation qui existe entre elle et Lui. Il ne peut en être autrement. Peut-être la paix complète, la pleine jouissance du cœur, se feront-elles attendre, si le Seigneur juge nécessaire de purifier encore et d’éprouver ; mais on s’appuiera cependant sur lui avec confiance et l’âme sera amenée de cette façon à avoir réellement soif de lui. «Mon âme a soif de Dieu». Elle s’adresse à Lui ; nous ne trouvons pas ici la réponse, mais nous voyons l’état de l’âme amenée à espérer simplement en Dieu Lui-même, assurée que la lumière de sa face brillera sur elle et qu’elle y trouvera la joie et la santé.
Encore un détail : c’est quand l’âme a été brisée, c’est quand la résistance de son orgueil a cédé, qu’elle se souvient de Dieu (v. 6). Quand elle voit la main de Dieu dans ses épreuves (v. 7), elle voit aussi que l’Éternel (Dieu connu dans sa relation avec elle) «commandera à sa bonté» ; or Dieu est le Dieu de sa vie et Il est son rocher.
Dans le Psaume 42, nous venons de voir l’âme restaurée intérieurement et amenée à avoir véritablement soif de Dieu Lui-même ; cherchant toute sa joie en Lui. Arrivée là, nous la voyons au Psaume 43 demander une délivrance qui la rende capable de jouir pleinement de Dieu en toute liberté. Dieu est devenu «l’allégresse de sa joie» et, ainsi restaurée, elle sera appelée de nouveau à l’adorer librement, à pouvoir exprimer la plénitude de sa joie et de sa reconnaissance. Dieu n’est pas nommé ici le Dieu de sa vie, mais le Dieu de sa force (v. 2). Jusqu’à ce que l’âme fût arrivée à considérer Dieu Lui-même comme sa joie, ce cri de délivrance, cri naturel sans être mauvais, s’il était soumis à la volonté de Dieu (au fond, la soumission fait plutôt désirer d’être purifié, que délivré de l’épreuve), ce cri exprimait un certain désir de soulagement et de tranquillité, choses qui, cependant, ne sont pas à mépriser lorsque c’est Dieu qui les accorde. Mais maintenant que l’âme est purifiée, le cri de délivrance se lie au désir de louer et de glorifier Dieu.
Notez ce changement qui s’opère dans une âme, traversant l’épreuve dispensée justement et en amour de la part de Dieu, quoiqu’injustement peut-être de la part des hommes. Il est naturel que le cœur désire d’être mis en liberté ; mais, comme Élihu le dit à Job, si ce n’est pas en étant soumis aux voies de grâce de Dieu, alors c’est préférer l’iniquité à l’affliction (Job 36:21) ; on manque ainsi à la fois de droiture et de soumission. Dès que le cœur est complètement restauré, le désir de la délivrance est parfaitement à sa place ; ensuite, si notre conscience est droite, nous savons très bien et Dieu sait parfaitement que, si nous Lui sommes soumis et désirons avoir un cœur parfait, la délivrance arrivera sûrement au moment convenable. Tout notre désir est d’être manifestement en paix avec Dieu, ou de le glorifier et de le louer publiquement.
Au Ps. 42, les ennemis extérieurs outrageaient le fidèle ; ils étaient, à ses yeux, les vagues et les flots de Dieu (v. 7) ; mais la chose terrible, c’était leur question : «Où est ton Dieu ?» Alors l’âme eut soif de Lui ; maintenant elle désire qu’il lui soit fait justice et implore la délivrance (v. 1). Il y avait une épreuve plus sensible que l’oppression extérieure, quoique celle-ci existât encore ; c’était la méchanceté directe des iniques : «Délivre-moi de l’homme trompeur et inique». Le fidèle désire que la lumière et la vérité de Dieu apparaissent, pour le conduire et l’amener à la montagne sainte de Dieu. Ce n’est plus seulement la conscience que Dieu est la joie secrète de son âme, mais que ce Dieu qui est sa joie l’amènera maintenant, par sa puissance, à le louer, à l’adorer publiquement. Le Dieu qui est sa force l’amènera là, et le fidèle sera en présence de Celui qui est l’allégresse de sa joie (v. 4).
Cet espoir encourage son cœur et le ramène aussi à ce qui était le secret et la plénitude de sa joie ; à son espérance que Dieu serait le salut de sa face. Moralement, Dieu était l’allégresse de sa joie ; et cette allégresse éclatait dans une adoration pleine de joie et se reflétait sur la face radieuse de celui qui en jouissait.
Dans le Psaume précédent, le résultat de l’épreuve est la soif de l’âme après Dieu, quoiqu’elle désire la bénédiction. Ici, ce dernier point est réalisé dans l’âme, mais quoiqu’elle ne soit pas encore rétablie dans les bénédictions extérieures et publiques, Dieu est son allégresse, son Dieu, et cette restauration extérieure est attendue prochainement.
Le second livre des Psaumes présente à coup sûr un développement d’exercices moraux plus complet, plus profond, que le premier livre. L’âme y est mise en rapport direct avec Dieu ; mais l’application de ces Psaumes à l’état du chrétien n’en est pas plus facile, par la simple raison, que ce livre n’a pas pour sujet les exercices qui découlent de la relation avec Dieu lorsqu’on est sous le poids de l’épreuve, mais les exercices de l’âme avec Dieu lorsqu’elle a perdu la jouissance de sa relation.
Pour appliquer au chrétien le contenu du premier livre, il suffisait de saisir la différence entre la relation de l’Éternel et celle de Père. Mais la relation du chrétien avec Dieu étant fondée sur la destruction de tout ce qui est dans la chair, quiconque a cette relation est placé, par cela même, au-delà de la position tout entière, exprimée dans le second livre des Psaumes. La condition chrétienne est céleste ainsi que les exercices qui en découlent ; aussi l’état chrétien proprement dit se trouve-t-il encore moins ici que dans le premier livre. Cependant, la relation avec Dieu d’une âme exercée y est mise en relief.
Dans le Psaume 44, les fidèles reconnaissent que c’est uniquement en vertu de la grâce et de la puissance divines qu’ils ont joui des bénédictions, des signes de la faveur de Dieu, dont ils sont maintenant privés. Le gouvernement direct de Dieu est reconnu : «C’est toi qui est mon roi, ô Dieu !» C’est le langage d’Israël, toujours vrai pour nous, quoique l’autorité de Dieu, sans être moins absolue, soit infiniment plus intime dans nos relations actuelles ; car Il est notre Seigneur par la rédemption.
Nous ne renions pas le Seigneur qui nous a achetés ; telle est aussi la confiance des fidèles dans ce Psaume : ils se glorifieront en Élohim et célébreront son nom à toujours ; quoiqu’Israël fût rejeté et que ses ennemis eussent le dessus, ils restaient fermes, n’ayant point oublié Dieu, ni violé son alliance.
Deux grands principes sont en jeu ici : d’une part, la fidélité qui s’attache à la volonté et à l’autorité de Dieu, malgré la ruine et l’apparence du plus complet abandon ; d’autre part, la confiance qui ne cherche pas d’autre secours que Dieu Lui-même, alors qu’Il semble avoir abandonné les fidèles. L’intégrité et la foi personnelle sont ainsi mises complètement à l’épreuve ; or, c’est précisément ce dont l’âme a besoin pour pouvoir être introduite de nouveau dans la pleine jouissance de bénédictions positives. Le fait que Dieu éprouve ainsi son peuple, est d’une haute importance (aujourd’hui c’est spirituellement qu’Il l’éprouve avant de lui faire trouver la paix). L’épreuve produit cette confiance absolue en Dieu Lui-même, qui caractérise le second livre des Psaumes ; elle montre aussi, que le cœur fidèle préfère l’intégrité avec Dieu à toute espèce d’aise ou de confort ; car, même si la confiance et la droiture ne leur rapportent rien, les fidèles tiennent à Dieu pour l’amour de Lui ; Lui-même est leur objet, à la fois moralement et dans ses droits sur eux. Dès lors, le cœur ne peut se tourner vers autre chose, car c’est Dieu qu’il lui faut ; ni chercher aucun secours qui le ferait sortir des voies de Dieu.
Cette réflexion introduit un autre sujet, auquel ce Psaume nous conduit : Les épreuves qui accompagnent l’abandon apparent dans lequel le fidèle se trouve, il les attribue à la propre main de Dieu. «Tu nous as fait retourner en arrière... tu nous as livrés comme des brebis destinées à être mangées, etc».
Outre l’application individuelle, je voudrais faire encore une observation qui se rattache à notre Psaume. Lorsque Dieu châtie et couvre de confusion son peuple, engagé dans une lutte publique avec la puissance du mal ; lorsque, dans l’exercice de son gouvernement, il permet que le pouvoir de l’ennemi ait le dessus, c’est là, pour les siens, une épreuve immense, non seulement à cause de leur propre affliction, mais parce que le nom de Dieu est déshonoré. En cela l’ennemi triomphe, mais c’est là aussi que le gouvernement de Dieu se montre.
Nous apprenons dans ce Psaume, quelles sont les méditations de l’âme intègre au milieu de ces circonstances douloureuses ; quoiqu’elle eût été écrasée dans le lieu des chacals et couverte de l’ombre de la mort, elle n’avait pas oublié Dieu, ni violé son alliance. Au contraire ; s’il fallait que le gouvernement public de Dieu s’exerçât vis-à-vis de ce qui professait son nom et afin de séparer les fidèles qui pouvaient se trouver au milieu d’un peuple professant, — toutefois, quant aux fidèles eux-mêmes, ils souffraient réellement pour le nom de Dieu. Je crois qu’il faut distinguer ici entre le nom de Dieu et le nom de l’Éternel ; sans doute, Dieu était l’Éternel, comme il est pour nous le Père ; mais il s’agit ici de ce que Dieu est comme tel. Ce n’est pas seulement la fidélité à ne point renier le nom révélé, mais les souffrances avaient lieu à cause de ce que Dieu est ; on ne se tournait pas, dans son cœur, vers les idoles ; on préférait souffrir tout au monde plutôt que renier le vrai Dieu. Les fidèles agissaient ainsi pour l’amour de Lui, à cause de ce qu’Il était, quoique les bénédictions leur fissent défaut, et parce que le Dieu qui était en alliance avec son peuple était le vrai Dieu. Ils ne voulaient pas être éprouvés seulement en vue des bénédictions de l’alliance, mais pour l’attachement de leur cœur à ce que Dieu était dans sa nature. En principe, il en est de même quant a nous. C’est de la joie, parce que l’amour de l’intégrité, la participation à la nature divine, — par laquelle nous nous réjouissons en ce qui est bien, en ce qui est de Dieu, — donne la conscience d’elle-même, c’est-à-dire la joie consciente propre à cette nature qui se réjouit de ce qui est juste et bon.
Ce n’est pas de la propre justice, mais la joie consciente de la nature divine dans ce qui est bon ; la propre joie divine selon sa nature. Seulement, pour ce qui nous concerne, il faut que cette joie ait un objet : Dieu lui-même ; alors cette joie est manifestée en nous, lorsque nous souffrons pour Lui. C’est pourquoi il est dit ici (car les ennemis haïssaient Dieu) «À cause de toi, nous sommes mis à mort tous les jours, nous sommes estimés comme des brebis de tuerie». Afin que les affections du cœur soient mises en pleine lumière et que les souffrances soient réellement pour l’amour de Dieu, il faut qu’il y ait absence des bénédictions qui appartiennent à sa puissance. Les fidèles sont donc abandonnés, pour un temps, à l’oppression de l’ennemi ; et cette dispensation, tout en scrutant leur cœur pour reconnaître s’il n’y a point de voie de mensonge, les amène à souffrir à cause de ce que Dieu est. Ensuite, au temps convenable, leur cri d’angoisse trouvera de sa part une réponse, car il ne peut sans motif laisser au pouvoir du mal ce qui répond à sa nature : l’intégrité envers Lui. Il en est toujours ainsi : bien que les sources de notre joie soient toutes dans un autre monde, néanmoins, comme règle, Dieu, conformément à son alliance, délivre dans ce monde-ci. Par rapport à la terre, ce cri des fidèles introduit le Messie.
Je crois voir, dans le Psaume 44, un progrès sur les deux Psaumes précédents. Ceux-ci représentaient le fidèle délaissé ; il recherchait la lumière de la face de Dieu ; alors tout allait bien. Ici le fidèle, en dépit de tout, s’attache à Dieu lui-même, dans l’intégrité de son cœur. En principe, c’est la même chose dans ces trois Psaumes, mais d’une manière plus absolue dans le dernier ; et c’est ce dont on a besoin. C’est précisément cet attachement à Dieu même, en dépit de tout, qu’il faut apprendre ; car c’est là que l’on peut voir si le cœur est absolument pour Dieu.
Ce Psaume a évidemment pour objet de célébrer le Messie, le Roi. Le cœur sent qu’il bouillonne d’une bonne parole. Lorsque Christ est devant l’âme, il la ranime, il la réveille. Ici, c’est en sa qualité de Roi victorieux, en sorte que nous trouvons ici plus exclusivement son triomphe humain, et moins l’appréciation chrétienne proprement dite de sa personne. La puissance du mal sera alors terrassée et le cœur s’en réjouira avec chants de triomphe. Pour nous, maintenant, la joie est plus profonde, plus divine. Collectivement, nous attendons l’Époux ; individuellement, le Sauveur qui n’a pas honte de nous appeler ses frères. En pensant à Lui comme à une personne divine, nous sentons la profondeur de cette œuvre divine, insondable, dans laquelle Dieu a rencontré le péché et l’a aboli pour nous ; nous contemplons la gloire dans laquelle Christ est entré, et dont il est digne à la fois dans sa personne et par son œuvre. Toutefois, nous pouvons comprendre la joie triomphante des Juifs délivrés, ou du moins celle que produit l’anticipation de leur délivrance par le Messie.
Mais à côté de cette joie, le Psaume 45 contient un principe d’une grande importance : La fille est appelée à oublier son peuple et la maison de son père, et le roi désirera sa beauté ; alors, au lieu d’être bénie en ses pères elle sera bénie en ses fils (v. 16). L’association avec Christ rompt les anciens liens naturels et en forme de tout nouveaux. Ce principe est évidemment d’un caractère absolu et décisif ; mais le v. 11 l’établit de la manière la plus forte : «Oublie ton peuple, et la maison de ton père ; et le roi désirera ta beauté !» Pour le chrétien, s’il veut pouvoir marcher de manière à faire les délices du Seigneur, il faut donc qu’il y ait une rupture complète d’avec tout ce à quoi la nature se rattache. Les doctrines qui forment la base de ce principe, ne sont pas exposées ici ; cela ne conviendrait pas aux Psaumes. Il s’agit ici de l’état de l’âme, elle doit oublier tout ce qui, selon la nature, avait un droit sur elle ; c’est l’introduction de Christ qui rend cela nécessaire. Christ lui-même aussi, en a fini avec le monde par la mort, et il est entré par la résurrection dans un monde nouveau. Son droit est absolu, en contraste avec tous les autres. En tout ce qui est selon la nature, il n’y a point de lien, point d’association avec les bénédictions dans lesquelles Il introduit ; c’est un ordre de relations tout différent. Les relations anciennes, à leur place, revendiquaient naturellement leur droit sur le cœur ; mais Christ, en nous amenant à Lui-même, en fonde de nouvelles dont il est le centre et il possède un droit divin. On entre dans les nouvelles relations, en abandonnant les anciennes, par la rédemption qui nous en délivre. Il faut que Christ, de droit divin, possède le cœur tout entier, Lui qui, en se donnant pour nous et à nous, nous introduit dans une scène toute nouvelle en relation avec lui. Lui seul peut prétendre à notre cœur ; accepter d’autres prétendants, c’est renier ses droits ; c’est abandonner notre nature divine et notre position en lui ; c’est retourner aux choses anciennes. Être à lui, voilà tout notre être, et, comme la Parole l’exprime, «Christ est tout». Nous renions cette vérité si nous acceptons la concurrence d’autres droits que les siens.
Ceci peut se dire de la religion comme d’autre chose. Lors du règne de Christ, il faudra que le Juif cesse de se glorifier dans ses pères pour se glorifier en Lui ; et, quant à nous, quelque religion légale ou charnelle que nous ayons eue, tout est mis de côté ; tout ce qui était gain est devenu perte ; les choses anciennes sont passées ; nous en avons été sortis. Christ et l’avenir qu’il donne, sont notre tout. Christ peut nous placer au milieu de devoirs actuels en rapport avec des relations humaines, et il le fait ; mais quiconque regarde en arrière n’est pas propre pour le royaume de Dieu. Auparavant tout avait failli ; Christ est joie et bonheur, et cela d’une manière stable et en puissance. On trouvera cette vérité pleinement établie comme doctrine et comme expérience en 2 Corinthiens 5 : «Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. En sorte que, si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles».
Le Psaume 46 nous présente une vérité très simple, mais bien solennelle et importante ; une vérité dont les chrétiens ont besoin pour traverser les souffrances de ce monde, et pour se garder de la disposition à chercher du secours dans les efforts humains. «Tenez-vous tranquilles et sachez que je suis Dieu» (v. 10). Voilà l’exhortation ; l’encouragement, le voici : «Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver». Si tel est le caractère de DIEU, lorsque les eaux viendraient à bruire et à écumer et que les montagnes seraient ébranlées à cause de l’emportement de la mer, nous pouvons être tranquilles. Qu’importe le tumulte et la puissance des eaux, si Dieu, notre refuge, est présent. Seulement il nous faut attendre qu’Il intervienne, et c’est là l’épreuve de la foi ; aussi il ajoute : «Sachez que je suis Dieu». On peut être mis à l’épreuve, soit comme exercice de patience, soit en résistant à l’envie de se délivrer par des efforts humains ; mais la vérité que nous trouvons dans ce Psaume est un encouragement précieux et béni, qu’aucune affliction quelconque ne saurait diminuer ; car c’est de la créature que vient la détresse, tandis que Dieu est Dieu. Toutefois, cela suppose que l’on ne cherche pas d’autre refuge ; c’est la confiance parfaite, même lorsque tout est contre nous.
Le point capital, c’est que Dieu, comme tel, est notre refuge et notre force. Il ne dit pas : «l’Éternel» (Jéhovah) et ne parle, plus bas, de l’Éternel que lorsqu’il est question de relations. Il s’agit ici de Dieu dans sa nature, en contraste avec l’homme et même avec toute puissance quelconque ; car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? La foi saisit cette vérité. Dieu est un refuge où nous pouvons trouver un abri sûr, et Il est la force, de sorte qu’aucune puissance adverse ne peut réussir à nous atteindre. L’angoisse est à son comble, un pouvoir insolent s’élève contre nous ; Lui est notre secours facile à trouver, notre abri infaillible ; mais ce secours peut ne pas toujours paraître facile à trouver. Aussi l’on regarde à Dieu Lui-même, et le fait que nous sommes absolument rejetés sur Lui seul et qu’il n’y a pas d’autre ressource, rend indifférente à nos yeux toute la puissance du mal, puisqu’il ne peut absolument rien contre Dieu. «Quelle est cette confiance que tu as ?» disait le roi d’Assyrie à Ézéchias. S’il s’agissait d’autres secours, nous pourrions les comparer ensemble, en peser la valeur ; pour celui-ci, il ne faut que la foi : «Vous croyez en Dieu» [Jean 14 :1].
Tout effort est vain qui s’oppose à ce qu’Il nous aide ; mais il faut savoir attendre le secours. Les moyens humains l’excluent, car alors c’est une autre espèce de ressource qui n’est pas la foi. Dieu peut nous demander d’agir, alors la foi le fait avec confiance ; mais ce n’est jamais selon les voies humaines, et quand l’affaire est entre les mains de Dieu, dès qu’il ne s’agit point d’un devoir, notre rôle est d’être tranquilles et nous connaîtrons bientôt qu’il est Dieu. Les efforts de l’homme gâtent tout ; les plans humains ne valent jamais rien. Dieu interviendra à sa manière et à son heure. Certes, il y a des devoirs ; en avez-vous, accomplissez-les ; mais quand il n’y a pas de devoirs et que la puissance du mal est à l’œuvre contre nous, notre devoir est de rester tranquilles. Les efforts humains prouvent le manque de foi et de quiétude ; les plans ne sont autre chose que la chair.
Nous avons vu ailleurs que l’intégrité est nécessaire pour se confier en Dieu, parce que c’est en la sainte nature de Dieu qu’on se confie. Cette confiance absolue est requise lorsque la puissance du mal va en grandissant ; et le sentier du saint est caractérisé par la patience jusqu’au moment de la délivrance.
Nous trouvons encore ici une autre pensée. Dieu, le Très-Haut sur toute la terre, a une demeure où les fleuves de sa grâce rafraîchissent ; cette demeure qui était la ville de Dieu, Sion et le temple, est maintenant l’Église. C’est là que coulent les ruisseaux rafraîchissants ; il la préservera (il le fera pour l’Église d’une manière encore meilleure que pour Sion, la cité de ses fêtes solennelles), et c’est là qu’il entre dans le caractère particulier de sa propre relation. C’est là qu’il donne la paix, ayant détruit toute la puissance de l’ennemi. Alors, quiconque aura attendu saura qui est Dieu ; nous, nous le saurons au milieu de scènes encore plus saintes et plus radieuses.
Je n’ai que peu de mots à dire sur ce Psaume. C’est l’annonce prophétique du triomphe du peuple de Dieu, lorsque la délivrance est intervenue. Ce qu’il est utile d’observer, c’est combien le gouvernement du monde est en rapport étroit avec Israël. Dieu, le Très-Haut, est un grand roi sur toute la terre. Puis les peuples et les nations sont assujettis à Israël, et Dieu choisit l’héritage pour le résidu de son peuple, — Jacob lequel il aime. Tout cela aboutit aux louanges de Dieu Lui-même, en réveillant l’adoration de son peuple : quelles que soient les bénédictions et la gloire du peuple de Dieu, son bonheur est dans la gloire de Dieu Lui-même. D’abord sa puissance est célébrée, et ceux d’entre les peuples qui sont en relation avec Israël sont invités à s’en réjouir avec une voix de triomphe, parce que cette puissance est aussi leur délivrance et leur bénédiction ; Israël sait cela et le leur annonce. Là ce peuple trouve enfin sa place ; mais il en résulte que Dieu domine dans sa pensée. C’est ce qui arrive toujours quand l’âme connaît réellement la bénédiction ; elle se tourne vers Celui qui bénit.
Alors, ce ne sont pas seulement des actions de grâces, mais l’âme célèbre tout ce que Dieu est en tant que connu des siens sous le caractère d’un Dieu qui les bénit. Sa propre gloire à Lui, est leur joie ; ils ne le connaissent pas simplement à cause de ses bénédictions, mais dans sa propre gloire qui se fait connaître en bénissant. Ainsi les versets 5-8 célèbrent ce que Dieu est, manifesté et connu de cette manière. De même en Rom. 5:11, non seulement le salut est constaté, mais il est dit : «Nous nous glorifions en Dieu... par lequel nous avons obtenu la réconciliation».
Ensuite, au v. 7, on est appelé à célébrer ses louanges avec intelligence. Les relations de Dieu sont établies au v. 8 ; et c’est un point que nous négligeons facilement, car nous sommes appelés à vivre et à louer Dieu conformément à ses relations avec nous. Il est pour nous «le Père», Christ est «le Seigneur» ; tandis qu’ici, dans le royaume, il «est assis sur le trône de sa sainteté», et il «règne sur les nations», caractères qui n’ont affaire qu’au déploiement de sa puissance sur la terre. Ceux d’entre les peuples qui sont de bonne volonté se réunissent, s’associant à une nation particulière, qu’ils reconnaissent comme le peuple de la promesse, celui du Dieu d’Abraham. «Les boucliers de la terre sont à Dieu ; il est fort exalté» ; telle doit être la dernière pensée qui domine dans le cœur des saints.
J’ajoute, en terminant, que ce Psaume s’occupe du règne de Dieu à son point de vue le plus général, en rapport avec l’exaltation divine, mais en connexion avec Israël qui la célèbre.
Le Psaume 48 contient des détails locaux et les jugements par lesquels le trône de Dieu est établi en Sion. Ce que les fidèles avaient entendu (Ps. 44) ils le voient maintenant (v. 8). Ainsi se termine le tableau historique de cette période. Elle commençait avec le rejet du résidu, tandis que le méchant était assis en puissance sur le trône ; elle se termine par l’établissement du trône de justice en jugement. Les événements des derniers jours passent devant les yeux des fidèles.
Le Psaume 49 est un commentaire détaillé de tout ce qui précède, et nous montre la place que l’homme occupe dans ce tableau. Ce Psaume met en lumière la vanité du monde, et ses rapports avec le jugement de Dieu à la fin, mais ce qui est dit ici s’applique à tous les temps, bien que cela ne doive être publiquement réalisé qu’alors. La mort prouve la folie de toute sagesse, de toute prévoyance et de toute grandeur humaines : observation générale d’après laquelle on se dirige rarement, mais qui est toujours vraie. Il est dit de la sagesse (Job 28:22) : «La destruction et la mort disent : De nos oreilles nous en avons entendu la rumeur». Elles ne peuvent pas donner la sagesse positive, mais elles peuvent montrer d’une manière négative que cela seul a quelque valeur, qui n’appartient pas à l’homme mortel. L’homme établit sa famille, perpétue son nom : il disparaît ; rien n’arrête la main de la mort. Il n’est pas au pouvoir de l’homme de racheter de la mort (v. 7). Il vient un matin (v. 14), où les justes auront le dessus sur ceux qui paraissent sages quant à ce monde. La mort se repaît d’eux ; ou bien, comme ayant négligé Dieu, ils sont assujettis aux justes lorsque le jugement de Dieu arrive. Mais la puissance de Dieu, en laquelle les justes se confient, est au-dessus de la puissance de la mort ; Il rachètera de la mort le résidu (v. 15). De même aussi ceux qui seront vivants à la venue de Christ pour l’Église, ne mourront point ; ceux qui seront morts ressusciteront. Telle est la confiance du croyant : la mort ne l’alarme pas, car il se confie en quelqu’un qui est au-dessus de la mort, qui rachète (qui délivre entièrement de sa puissance), ou qui ressuscite.
Toutefois le chrétien va plus loin, quoique cela soit vrai aussi à son égard. Il peut dire : «Afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts», mais, de plus, il dit : «Nous avions en nous-mêmes la sentence de mort» (2 Cor. 1:9). Il ne prend nullement, comme le Résidu, sa part de ce côté-ci de la mort, en sorte que l’objet de son âme soit la délivrance de la mort pour vivre ici-bas. Christ étant mort, les rapports du chrétien avec ce monde ont cessé, sauf pour le traverser comme pèlerin. Il a la sentence de mort en lui-même ; il ne connaît personne selon la chair, pas même Christ. Ses associations avec le monde sont terminées, il n’est plus qu’un serviteur de Christ dans le monde. Il se tient lui-même pour mort ; il est crucifié avec Christ ; toutefois il vit, mais c’est Christ qui vit en lui ; et ce qu’il vit en la chair, il le vit dans la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré Lui-même pour lui, en sorte qu’il est délivré de ce présent siècle. Ainsi, bien que le chrétien soit placé sur le terrain de ce Psaume, quant au principe général, il est dans une position toute différente. Il n’est nullement question pour lui d’échapper à la mort (quoique extérieurement cela puisse avoir lieu, puisque nous ne mourrons pas tous), car la mort est un gain pour lui ; de plus, il se considère comme mort, sa vie étant cachée avec Christ en Dieu ; et Christ étant sa vie. Mais cela n’en montre que mieux la folie — sur laquelle le Psaume insiste — d’accumuler des biens, de s’élever soi-même et de compter sur l’avenir, dans un monde où règne la mort ; de compter sur les choses auxquelles s’applique le pouvoir de la mort. «L’homme qui est en honneur ne dure pas».
Qu’il est difficile, même lorsqu’on est heureux en Christ, avec des pensées et des joies célestes, de ne pas regarder aux choses visibles, de penser que la sagesse, les talents, les succès et l’approbation des hommes, ne sont absolument rien que la pâture de la mort ! Que le saint veille donc ; qu’il ne s’effraie point lorsque le succès accompagne ceux qui n’acceptent pas la croix. Nous attendons le jugement de Dieu sur tout ce qui est puissant et élevé ; nous exerçons ce jugement dans notre conscience. Il n’y a aucune intelligence divine dans l’homme dont le cœur est attaché à la gloire de ce monde. Les hommes le loueront : il a réussi ; il a établi ses enfants ; il a relevé sa position. On louera cela en termes pompeux, mais cet homme n’a point d’intelligence ! Son cœur est lié aux choses dont la mort se repaît et dont la mort est la mesure ! Tous les motifs du monde sont pesés par la mort. Après tout, l’homme avec ses motifs est semblable aux bêtes brutes qui périssent — seulement il a plus de soucis.
Cet enseignement que la mort nous donne, n’est pas tout ; il y a encore l’exécution du jugement divin. Ce sujet introduit des considérations nouvelles : le contraste entre la religion cérémonielle que Dieu peut avoir ordonnée dans sa bonté envers l’homme, et cette justice pratique qui est nécessaire pour que Dieu puisse reconnaître l’homme. Mais on ne la trouvera que dans une relation avec Dieu, et selon le moyen qu’Il a ordonné pour cela. Les saints sont assemblés par le sacrifice. La grâce qui rachète et le sentiment qu’elle est nécessaire doivent intervenir pour que les saints soient reconnus de Dieu comme tels ; mais c’est à Dieu qu’ils sont assemblés (v 5). Le jugement a lieu selon le terrain sur lequel l’homme est placé. S’il a des privilèges, il est jugé pour en avoir abusé, mais c’est toujours selon le terrain moral sur lequel sa conscience se trouve. De même ici, quant à Israël, Dieu ne se plaint pas du manque de sacrifices. Il ne s’agit nullement d’une religion cérémonielle, mais de la méchanceté. Dieu ayant gardé le silence dans le temps de sa longue patience, le monde pourrait s’imaginer qu’on peut le satisfaire comme un homme, avec des formes extérieures, des sacrifices, des cérémonies, et pas de conscience ; et que Dieu ne regarde pas plus loin. Mais Dieu met sous les yeux de l’homme ce qu’il a fait (v. 21).
Celui qui connaît Dieu de manière à pouvoir le louer, qui reconnaît ce que Dieu est, qui le bénit pour ce qu’Il est, et règle sa voie, celui-là jouira de la bénédiction gouvernementale de Dieu (v. 23). Celui qui offre des sacrifices comme s’il pouvait ainsi apaiser Dieu, puis qui continue sans prendre garde à Lui dans sa conscience, celui-là Dieu le reprendra et mettra devant ses yeux tout ce qu’il a fait. Si la chose a lieu ici-bas, c’est pour le salut ; si elle a lieu en jugement il n’y aura personne qui délivre (v. 21, 22).
Ce Psaume nous enseigne que, là où il y a une œuvre de Dieu, elle dépasse encore de beaucoup en profondeur le contenu du Psaume précédent. Dieu avait annoncé le jugement ; mais ici, l’âme, sous l’impulsion divine, espère en la grâce. Elle désire que Celui qui seul peut le faire, la purifie d’une manière digne de Lui ; car l’âme, ainsi enseignée, sent qu’elle a affaire avec Dieu, et recherche une purification appropriée à une telle rencontre. C’est ainsi que, en Jean 13, le Seigneur qui était venu de Dieu, qui s’en allait à Dieu, et entre les mains duquel le Père avait mis toutes choses, dit à Pierre : «Si je ne le lave, tu n’as pas de part avec moi». Le péché aussi est confessé. Ce qui caractérise ce Psaume, c’est le fait d’avoir affaire à Dieu Lui-même et, en outre, le sentiment de celui qui est intéressé à cela. Or, comme je l’ai dit, ce que nous trouvons ici s’étend beaucoup au-delà de l’objet dont le jugement s’occupe. C’est pourquoi, à partir du v. 5, nous trouvons des principes intérieurs, car il est question d’avoir affaire avec Dieu et non pas seulement du jugement des actes commis.
Il y a le sentiment du péché dans la nature, et dans l’origine de notre être ; on sent que Dieu veut la vérité dans l’homme intérieur ; mais il y a, de plus, cette confiance en Dieu qu’Il enseignera la sagesse divine dans le secret du cœur, cette sagesse que l’œil du vautour n’a point vue. Ceci est précieux à comprendre. L’âme envisage l’humiliation avec joie, comme étant le moyen de briser une volonté profane ; car, puisqu’elle la hait, elle désire la voir brisée. En ce sens, l’amertume de l’humiliation est douce. Il y a la conscience bénie que, lorsque le Seigneur nous lave, nous sommes tout nets, plus blancs que la neige. Précieuse pensée, que celle d’être nets devant Ses yeux ! On y croit si peu, parce qu’on ne croit pas que c’est Lui qui purifie.
Jusqu’ici nous trouvons plutôt la valeur intrinsèque de la purification : ce que c’est qu’être net pour Dieu ; ce qui, pour Lui, est nécessaire et ce en quoi le cœur prend son plaisir. Maintenant on recherche la joie, mais une joie qui vienne de Dieu. Le châtiment, l’humiliation et tout le reste, étant considérés comme dispensés par la main de Dieu, on est autorisé dès lors, à désirer la joie, la faveur, la face de Dieu. Un tel désir n’aurait été auparavant qu’une jouissance égoïste quoique bien naturelle ; mais Dieu ne donne pas la joie tant que le cœur n’est pas en règle. Pour jouir ici-bas de la faveur et de la joie, il faut que le cœur soit vrai, réellement purifié, en accord avec Dieu. D’autre part, on ne peut séparer le désir que Dieu cache sa face de nos péchés et qu’Il efface toutes nos iniquités, du besoin d’avoir un cœur net ; mais, avec cette différence que maintenant ce désir s’exprime en face de la bonté de Dieu. Ce n’est plus seulement une chose requise par la sainteté de Dieu et à laquelle le cœur donne son assentiment, mais c’est l’œuvre de sa grâce, une chose qui vient de Lui : «Crée-moi un cœur pur, ô Dieu !» Donne-le-moi, «et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit» — un esprit recueilli, fixé calmement, invariablement, sur Dieu, seul objet du cœur ; un esprit qui compte paisiblement sur Lui et s’attend à Lui. L’âme ainsi enseignée ne peut se passer de la présence de Dieu ; sa frayeur est d’en être bannie. Elle n’a pas encore la pleine intelligence de la grâce et de la sûreté de la faveur divine, mais elle ne peut se passer de sa présence ; en être éloignée serait pour elle une misère immense ; elle le sent d’autant plus que son œil est davantage fixé sur Lui. C’est pourquoi l’âme supplie avant tout de ne pas être renvoyée de devant sa face, car elle l’a connue en vérité, comme répondant à ses désirs, comme lui étant nécessaire. En dehors de la présence de Dieu, il ne peut y avoir pour elle aucune joie.
L’action du Saint Esprit est connue ici comme la puissance de la joie ; mais son habitation en nous n’est pas connue. L’âme demande de n’être pas privée de l’action du Saint Esprit. Il faut remarquer ici que le cas diffère de celui d’un chrétien ; que nous le considérions au début de sa conversion ou lorsqu’il est restauré et qu’il rentre en communion. Jusqu’ici nous avons pu appliquer au chrétien les grands principes essentiels de la communion de l’âme avec Dieu ; mais ces versets nous donnent l’occasion de constater la différence dont nous venons de parler. Un chrétien intelligent ne pourrait pas dire littéralement : «Ne m’ôte pas l’Esprit de ta sainteté» ; il considère les effets de son péché d’une toute autre manière. Il a contristé l’Esprit, il a péché contre l’amour, mais il ne croit pas que Dieu lui ôte jamais son Saint Esprit. Lorsque le châtiment est extrême et que le bouclier de la foi est à terre, peut-être le chrétien doutera-t-il qu’il ait le Saint Esprit ou même qu’il l’ait jamais eu ; mais jamais il ne demandera qu’il ne lui soit pas ôté. Il est presque au désespoir ; il se croit réprouvé, et s’il pense qu’il avait le Saint Esprit d’une manière extérieure, comme en Hébreux 6, il juge impossible, puisqu’il l’a perdu, qu’il puisse être renouvelé encore à repentance. Mais, sauf dans ce cas extrême, ou bien, lorsqu’on fait usage d’Hébr. 6 pour sa propre condamnation (usage fréquent, tant que l’on n’a pas obtenu une paix réelle), il n’y a aucune pensée pareille chez un chrétien. Un homme peut douter qu’il ait le Saint Esprit, mais un chrétien intelligent ne pense pas que Dieu le retire. Il sera peut-être dans un état qui touche au désespoir ; il sera profondément affligé, parce qu’il a contristé l’Esprit qui est en lui. Le résidu peut demander que l’Esprit agisse présentement en Israël, vu que Dieu reconnaît cette nation, chose que, du moins, le résidu espère (comparez Aggée 2:15).
David de même, ayant péché, pouvait parler ainsi ; un chrétien ne le pourrait pas. À la rigueur, ce cri pourrait être celui d’un chrétien inexpérimenté qui n’a pas trouvé la paix, et ne sait pas que Dieu n’ôte pas son Esprit au chrétien. Un chrétien connaissant la vérité, mais ayant failli dans sa marche et assailli par l’ennemi, pourrait demander de ne pas perdre pratiquement cette action de l’Esprit qui seule nous maintient dans la communion, et qui tient élevé le bouclier de la foi ; et la chose serait à sa place. Celui qui se trouverait ainsi privé de cette action, pourrait dire : «Rends-moi la joie de ton salut» ; il faudrait pour cela qu’il en fût à l’extrémité ; et encore ne s’agit-il pas là de l’état de l’âme ; mais seulement du point auquel elle revient. Dans le cas extrême, on va jusqu’à croire que l’on est perdu, quoique, après tout, l’espoir ne soit jamais tout à fait abandonné. Mais lorsqu’une telle âme vient à se repentir, les versets 11 et 12 sont d’un usage pratique, quoiqu’elle n’ait jamais lieu de dire : «Ne m’ôte pas l’Esprit de ta sainteté».
Il y a une action constante du Saint Esprit pour conserver la foi vivante ; cette action peut être la source d’une grande joie lorsque nous marchons avec Dieu ; mais lorsque nous n’avons pas de joie, elle empêche l’ennemi d’introduire le doute dans notre âme devant Dieu. Elle conserve, comme je l’ai dit, la foi vivante. L’ennemi n’est pas, comme puissance des ténèbres, entre nos âmes et Dieu. Voilà, pratiquement, ce que l’âme désire dans ce Psaume ; elle demande que la joie sensible du salut de Dieu soit rendue, mais elle n’a pas la connaissance de l’habitation de l’Esprit, fondée sur la rédemption.
Il se peut que nous ayons à exprimer aussi, comme le v. 12, le désir que la joie du salut nous soit rendue et que notre cœur soit soutenu par le libre Esprit de Dieu ; qu’il ait cette liberté devant Dieu et dans son service, dont jouit par l’Esprit (quand ce dernier n’est pas contristé), l’âme qui connaît la rédemption et la lumière précieuse de la face de Dieu. En David il y avait l’incertitude que le pardon pût être répété, incertitude aggravée par la grandeur de son péché. Alors, en effet, l’acceptation définitive et permanente du croyant était encore inconnue. En Israël, dans les derniers jours, il y aura la connaissance de relations longtemps goûtées — maintenant toutes mises en question — quoiqu’il y ait de la confiance en Dieu à cet égard. Mais tel n’est point l’état du chrétien. S’il sait que le Saint Esprit habite en lui, il sait aussi qu’il y demeure.
L’âme en laquelle l’Esprit de Dieu agit, peut, à cet égard, se trouver dans les états suivants : Premièrement, exercée mais ignorante, ayant une idée générale de la miséricorde, elle s’appliquera à elle-même toutes ces conséquences du péché, vaguement peut-être, mais avec terreur. Secondement, lorsque le pardon est connu (mais surtout quand la conviction du péché qui accompagne cette connaissance n’est que superficielle), sans que la justice de Dieu soit connue, l’âme qui a perdu le sentiment du pardon par une chute ou par insouciance, voit le jugement devant elle, sans avoir la justice ; alors, toute joie précédente devient amertume ; elle s’applique la réprobation prononcée en Hébr. 6, ainsi que tous les autres passages qui parlent soit de la persévérance comme d’une condition, soit de l’apostasie. Dans ce cas, l’âme n’était pas réellement affranchie. Elle a connu le pardon, non pas la justice ; elle a connu le sang sur les linteaux des portes, mais non pas la Mer Rouge. Elle est en voie d’apprendre la justice divine et la paix durable devant Dieu en Christ ressuscité. Troisièmement, il y a le cas dont j’ai parlé plus haut, où la vérité étant connue, on a traité légèrement le péché ; alors on se trouve sous la puissance de l’ennemi ; il n’y a point de force pour appliquer la Parole ou les promesses, et l’on s’applique à soi-même chaque sentence amère. La justice de Dieu en jugement étant reconnue comme juste, c’est, pour ainsi dire, non pas Dieu, mais Satan qui est l’interprète de la Parole. Cependant Dieu se sert de tout cela comme d’un châtiment pour remettre l’âme en règle, et celle-ci, par grâce, s’attache à Dieu, en dépit de tout.
En parlant de ces versets j’ai peut-être dépassé les limites habituelles, mais la chose m’a paru nécessaire, parce qu’on en abuse si souvent pour placer les chrétiens sur le terrain de l’Ancien Testament, et pour leur enlever la vérité de la demeure constante de l’Esprit en eux ; tout cela est une fausse application de notre passage.
Je terminerai par quelques remarques sur les derniers versets. L’âme n’est pas encore restaurée ni libre devant Dieu, elle désire l’être. Une fois restaurée, elle peut librement enseigner les autres. Mais, tandis qu’elle désire un cœur pur, il est un autre caractère du péché, le fardeau d’une âme qui a rejeté Christ : «la coulpe du sang». «Délivre-moi de la coulpe du sang» (v. 14). Il va sans dire que nous ne pouvons mettre Christ à mort ; mais le péché est le même. Ainsi, dans le péché, il n’y a pas seulement la souillure, mais les sentiments sont mauvais ; il y a de la haine contre Dieu, manifestée par l’inimitié envers les saints et surtout envers Christ. Nous pouvons comprendre comment Israël pourra faire une telle demande ; car ils ont dit : «Que Son sang soit sur nous et sur nos enfants !» Mais, en pratique, nos cœurs aussi l’ont rejeté et n’ont pas voulu de Lui. Toutefois, l’âme qui a été approchée de Dieu par sa grâce, peut demander d’être aussi purifiée de cela ; bien plus, en recevant le pardon de ce péché, elle voit que Dieu est en effet le Dieu de son salut ; qu’il n’est pas le Dieu de jugement, mais que, dans le cas du péché le plus extrême, Dieu est un Sauveur — qu’il sauve en amour. Alors l’âme chante hautement la justice de Dieu (v. 14). Dans sa vraie relation avec Dieu, il n’y avait que le péché ; la croix, c’était Dieu rencontrant le péché et le péché rencontrant Dieu dans l’homme. L’homme (c’est-à-dire le pécheur) n’avait que le péché. Par la croix, il a montré qu’il n’était que haine et violence contre Dieu présent en amour. Mais là même Dieu devint, non pas un restaurateur, mais un Sauveur, un Sauveur parfait ; et Il montra sa justice en ce qui concerne l’œuvre de Christ, en plaçant l’homme, Christ comme homme, à sa droite. Alors seulement la justice de Dieu est connue ; et, cette justice ayant triomphé dans le salut, l’âme la chante hautement. Telle est la vraie liberté ; le Saint Esprit donné en est la puissance. La conséquence nécessaire c’est que les sacrifices n’ont plus de place ; où seraient-ils ? Comment reconnaîtraient-ils Dieu ? Un esprit brisé, voilà ce qui s’accorde avec la croix, avec le corps donné de Christ et les péchés pardonnés. Dieu ne méprise pas cet esprit. Cela répond à sa pensée dans la croix, à sa grâce envers le pécheur. Alors suivent la paix, la bénédiction et le service. Ici, naturellement, la chose a lieu selon l’ordre millénaire juif, mais elle est réalisée en esprit dans le chrétien.
Le Psaume 52 n’exige que peu de remarques. Il s’occupe du jugement en Israël, mais il contient quelques principes qui s’appliquent directement, à toute époque, au croyant qui ne regarde pas aux circonstances, lorsque prévaut la puissance du mal. Le mal se vante lui-même ainsi que sa puissance, mais la foi voit autre chose. La bonté de Dieu, devant lequel les hommes sont comme des sauterelles, dure de jour en jour (v. 1), bien que le mal ait continuellement le dessus. Il n’y a pas de moment où cette bonté ne se trouve pleinement en Lui ; pas de jour où quelque chose Lui échappe, ou bien se trouve hors de sa portée. Il ne s’agit pas seulement de la puissance de Dieu, mais de sa bonté. C’est une grande vérité générale ; mais nous, chrétiens, nous disons : Notre Père ! «Pas un passereau ne tombe en terre sans votre Père». D’un autre côté, il y a ici une pensée particulièrement précieuse ; il ne s’agit pas de la bonté de l’Éternel dans sa relation avec Israël, mais de ce qui est dans la nature de Dieu. La bonté de Dieu, quelle ressource contre le mal ! Comme telle, elle ne peut ni cesser, ni être interrompue. La fin de l’orgueil, c’est la ruine, mais celui qui s’assure dans le Seigneur et dans son amour fidèle, sera, lorsque tout le reste se flétrit, comme un olivier vert planté dans les parvis de la maison de Dieu.
Ce Psaume, comme nous le savons, apporte la conviction de leur état de péché irrémédiable, à ceux qui possèdent les plus grands privilèges. Le secret de leur conduite n’est pas nouveau ; j’en dirai quelques mots. La voie du méchant tout entière a pour point de départ ceci : Pour lui Dieu n’est pas. La foi n’existe pas et Dieu n’est pas vu ; tel est le secret de toute erreur, soit en pratique, soit dans le raisonnement humain. Plus nous examinons dans son ensemble le cours de l’activité humaine, nos fautes à nous, chrétiens, les errements divers de la philosophie, plus nous trouvons aussi que «Il n’y a point de Dieu» est à la racine de tout cela. Il s’agit ici d’une conscience qui ne tient aucun compte de Dieu. Le cœur n’a aucun désir de Lui, et la volonté est à l’œuvre comme s’il n’y avait point de Dieu. C’est ainsi que l’insensé dit en son cœur : «Il n’y a point de Dieu». Pourquoi donc le dit-il ? Parce que sa conscience lui dit qu’il y a un Dieu. Sa volonté voudrait qu’il n’y en eût point ; et comme cet insensé ne voit pas Dieu dans ses œuvres, sa volonté ne voit que ce qu’elle veut. Dieu est mis de côté et toute la conduite de l’insensé est sous l’influence de sa propre volonté, comme s’il n’y avait point de Dieu. S’il réfléchit, il s’efforce de prouver que Dieu n’est pas, parce qu’autrement il ne pourrait pas continuer à faire ce qu’il veut. S’exaltant lui-même et se décevant lui-même, il en vient, quant à sa condition pratique, à vouloir que Dieu n’existe pas. Ce n’est pas qu’il le pense, mais il agit comme s’il le pensait, soit dans ses intentions, soit dans ses actes. Dans un certain sens, on peut dire que même il pense ainsi ; car exclusivement occupé des choses présentes, aveuglé parce qu’il est devenu étranger à Dieu, mort quant au sentiment moral, jugeant d’après les choses présentes, il en tire des conclusions, et ne croit pas qu’il y ait un Dieu. Il vit dans ses pensées ainsi formées, et s’exprime, de cette manière, en son cœur. Lorsque sa conscience s’éveille, il sait bien qu’il y a un Dieu ; mais il vit dans sa volonté et dans les pensées de cette volonté et, pour lui, il n’y a point de Dieu.
Il est étonnant de voir combien le raisonnement humain fait habituellement abstraction de l’existence de Dieu. Impossible qu’on regarde autour de soi, sans se rendre compte que la somme du mal est fort grande. Si l’on n’accepte pas la chute et le salut, que doit-on penser quand on ne voit pas Dieu intervenir, d’une manière immédiate, comme en Israël ? On laisse Dieu de côté, et l’on explique tout comme s’il n’existait pas. Les hommes ne veulent pas placer toutes choses sur le terrain de la vérité ; par conséquent, ils ne peuvent aucunement introduire Dieu dans ces choses, et ils expliquent tout sans Lui. Voilà ce qu’on appelle la philosophie. Or cela mène nécessairement sous la puissance du mal, car le mal existe et par conséquent sa puissance. Si Dieu n’est pas introduit, il faut, dans ce cas, que la puissance du mal ait le dessus, car où est celui qui l’en empêcherait ? Toutefois Dieu retient, jusqu’à ce que son temps soit venu, le temps où il n’y a plus de bien à faire par la patience. Alors le mal arrive à son comble, comme nous le voyons dans ce Psaume, et le résultat c’est le jugement dont il est parlé au v. 5. Mais remarquons que les principes du monde sont les mêmes à toute époque. Dès que j’agis comme si Dieu n’existait pas (c’est-à-dire sans m’inquiéter de Sa volonté), c’est comme si je disais dans mon cœur : «Il n’y a point de Dieu».
Si la peur dont il est parlé au v. 5 est celle de la congrégation des justes, comme je le pense, nous voyons combien les justes ont peu de raison de s’effrayer au jour de la puissance du mal ; car plus le mal grandit, plus c’est Dieu que cela concerne. Le mal a-t-il atteint son extrême limite, Dieu seul est en cause, et, par conséquent, il n’y a plus aucune raison de craindre. C’est lorsque les méchants triomphent que Dieu les méprise. Le psalmiste, comme Juif, désire ardemment cette époque qui sera celle de la restauration d’Israël. Dans un certain sens, nous la désirons aussi, parce que nous désirons la disparition du mal et le repos de la terre ; mais ce n’est pas la bénédiction la plus élevée.
Ce Psaume contient un seul principe, mais des plus importants pour la pratique : Dieu seul et son nom ; c’est-à-dire que la révélation de Lui-même est la ressource de l’âme. Les étrangers n’ont pas mis Dieu devant leurs yeux ; il n’en est pas ainsi du croyant, et, pour lui, tout dépend du nom de Dieu. Le fidèle exprime sa dépendance et recherche Dieu selon son nom. Ce nom tient la première place dans le Psaume. Il faut remarquer que Dieu n’est pas connu ici dans une relation d’alliance qui subsiste. Il ne s’agit pas de l’Éternel, sauf à la fin du Psaume, mais de Dieu, comme tel, en contraste avec les hommes et tout le reste ; de Dieu connu en ce qu’Il est : comme source de miséricorde et de bonté, de laquelle nous dépendons. Mais Dieu s’est révélé Lui-même ; il s’est fait connaître aux hommes ; son nom qui exprime ce qu’Il est, ce nom est connu, et le cœur se confie en cela. Que cette confiance est douce ! C’est la joie et le repos. Que pourrait faire l’homme, si Dieu est pour nous ? Il se peut que je ne sache pas ce que Dieu fera ; mais j’ai confiance en Lui. Dieu dit qu’Il est mon secours. Une fois que l’âme est délivrée ou qu’elle pense à la délivrance, tout ce que Dieu est en relation avec son peuple, devient pour elle un sujet de louange. Mais ce que Dieu est, comme Dieu, voilà sa ressource.
Le Psaume 55 est l’expression d’une extrême détresse d’esprit. Il y avait là des ennemis du dehors ; mais ce qui pesait avant tout sur l’esprit du fidèle, c’était la haine de ceux qui étaient dans la plus intime relation avec lui. Ceci l’amène en présence de la mort et du jugement divin, parce que, comme instruments de Satan, ses ennemis voudraient charger son âme de la culpabilité devant Dieu. Le Seigneur Lui-même (quoique ce Psaume ne soit pas proprement une prophétie qui s’applique à Lui) a entièrement passé par là, je n’ai pas besoin de le dire. Ils cherchèrent à faire de Lui un coupable ; ils triomphèrent lorsque Jésus fut abandonné de Dieu, et ils estimèrent qu’étant ainsi frappé, il était battu de Dieu et affligé. Ce Psaume a trait directement au Résidu des derniers jours ; mais, comme nous l’avons vu, dans toutes leurs détresses, le Christ a été en détresse.
C’est une chose très solennelle que de voir une âme chargée de l’iniquité par des hommes méchants, instruments de Satan. Le Seigneur a éprouvé cela plus profondément que personne, parce qu’Il s’est chargé de notre iniquité. Il ne s’agit pas proprement de la colère que Christ a portée, et que nous ne porterons jamais, mais du fait, que la puissance de Satan, par le moyen des méchants, veut mettre le poids de la colère sur l’âme du juste. Le Seigneur peut juger cette épreuve nécessaire, mais ce ne sera jamais qu’un cas exceptionnel pour les chrétiens.
On trouve ici de la confiance en Dieu, l’espoir que son oreille est attentive au cri du cœur qui se confie en Lui. Mais, jusqu’à ce qu’on ait regardé au Seigneur, la puissance de l’iniquité et l’iniquité elle-même épouvantent et écrasent l’âme. L’existence et la puissance du mal — de ce qui est opposé à Dieu — pèsent sur l’âme ; et à cela se joint le fait que la confiance du juste en l’homme a été outrageusement trompée, car ce n’est pas un ennemi avoué, mais c’est un ami qui a fait ces choses. Comment compter sur quoi que ce soit qui vienne de l’homme, si nos plus proches nous trahissent ? Aussi le cœur éprouve-t-il ce que c’est que l’isolement ; il ne peut compter sur rien. Le Seigneur a traversé et éprouvé cette puissance du mal : nous ne la sentons que lorsque la chair n’est pas brisée et qu’elle a besoin de l’être. Sans doute, le mal existe, mais, pour la foi, Christ a brisé sa puissance ; toutefois, en tant que nous sommes pécheurs, cet effort de la puissance de Satan contre nous, aura nécessairement un caractère de jugement. Par grâce, nous pouvons être au-dessus de cela et avoir confiance. C’est pour cela aussi que Christ a prié pour Pierre ; et, bien qu’ayant failli sous la puissance de Satan, il fut préservé de douter de l’amour du Seigneur et de descendre jusqu’au désespoir. La chose la plus terrible, dans ce Psaume, c’est que la méchanceté se présente comme la puissance du mal. L’esprit du fidèle recule d’épouvante devant ce manque de cœur ; il voudrait fuir ; car un esprit de grâce aimerait à se reposer en paix lorsque de tous côtés le mal l’environne. Toutefois le cœur a la conscience de n’avoir aucune association avec le mal ; il ne demande qu’à fuir, pour être seul, en repos, car il est dans une position où il n’a personne en qui se confier. Ceci le rejette entièrement sur le Seigneur, car, après tout, il n’a pas, dans ce monde, des ailes de colombe.
Le résultat est que la méchanceté est présentée devant le Seigneur, c’est-à-dire en pleine lumière ; ce qui introduit naturellement le point de vue sous lequel tout est considéré dans les Psaumes : la patience en présence du mal, la justice qui doit envisager le mal sous son vrai caractère ; et enfin la pensée du jugement. Sans doute, les Psaumes nous parlent aussi des souffrances de Christ sous le péché, même jusqu’à subir la colère, ainsi que de la grâce qui ressort d’un jugement déjà exécuté ; mais, en général, les Psaumes présentent l’aspect du gouvernement de Dieu ; car le jugement du mal et la délivrance de l’opprimé sont dans la nature de Dieu en tant qu’il gouverne et qu’il voit toutes choses. Jusqu’ici, le cœur gémissait sous l’oppression et dans la souffrance, en pensant avec horreur et affliction d’esprit au mal qu’on cherchait à lui imputer ; mais maintenant, il peut, regardant au Seigneur, considérer le mal plus calmement quant à son caractère propre, et quant au jugement qui va suivre. De là, une pleine confiance en l’Éternel, connu comme le Dieu de l’alliance. Aussi, depuis le v. 19, le fidèle, en toute liberté d’esprit, envisage calmement toutes choses et en considère la fin. La conclusion ne se fait pas attendre. Elle est parfaite, elle est précieuse malgré le sentiment le plus profond d’un mal arrivé à son comble : «Rejette ton fardeau sur l’Éternel et Il te soutiendra ; Il ne permettra jamais que le juste soit ébranlé». Ici se terminent tous les exercices qui sont en rapport avec le fondement de notre foi ; et, bien que ce Psaume exprime le désir du jugement, lorsque l’on considère le principe du v. 22, on y trouve le précieux soutien de la foi dans toutes les épreuves. Il y a deux points à remarquer ici : «Rejette ton fardeau sur l’Éternel». Quelle que soit l’épreuve ou la difficulté, rejette-la sur le Seigneur. Cela ne signifie pas que l’épreuve soit toujours retirée ; dans ce cas-ci la chose n’aura lieu qu’à l’arrivée du jugement ; mais «Il te soutiendra». Cela vaut mieux que si les épreuves étaient retirées ; car c’est Dieu venant directement se mettre en rapport avec nous, avec nos âmes ; c’est le sentiment de son intérêt pour nous, c’est sa faveur, sa proximité ; Il vient pour nous aider dans nos besoins. C’est un état divin de l’âme, meilleur même que l’absence du mal. Dieu est un secours assuré pour nous soutenir.
Le second point est la fidélité infaillible de Dieu. «Il ne permettra jamais que le juste soit ébranlé». Peut-être sera-t-il éprouvé ; mais Dieu ne peut ni ne veut permettre que le mal dans le monde ait le dessus. Par le moyen du mal nous pouvons apprendre à avoir confiance, et, en ayant confiance, nous savons que le Seigneur nous gardera. Le caractère du mal rend l’intervention de Dieu nécessaire ; — montre d’autant plus clairement qu’il faut que Dieu intervienne.
L’âme est sortie des profondeurs de la détresse intérieure, dans laquelle elle se trouvait au Ps. 55. En effet, bien que les ennemis du fidèle se tiennent aux aguets pour surprendre son âme, il ne s’agit plus ici de l’infidélité et de la trahison de ses amis ; ce sont des ennemis qui cherchent à lui faire du tort. Il est effrayé plutôt que désolé, et regarde à Dieu à travers les difficultés. Aussitôt la foi est en activité. Dans le Psaume précédent, l’esprit du fidèle était profondément abattu au-dedans de lui ; ici, il est seulement éprouvé ; aussi peut-il bien vite se confier en Dieu, dont la Parole est, pour lui, le témoignage d’une délivrance certaine.
Dans le Ps. 55, c’est seulement au v. 19 et à la fin que le fidèle est capable d’introduire Dieu ; tandis qu’ici Dieu est aussitôt devant l’âme. En réalité, les épreuves extérieures sont peu de chose, comparées avec les déchirements intérieurs de l’esprit : «L’esprit d’un homme soutient son infirmité ; mais l’esprit abattu, qui le supportera ?» (Prov. 18:14). La confiance du saint est donc en Dieu. Mais cette confiance en Dieu ne peut exister sans quelque révélation de sa part. Or, quand l’âme peut regarder à Lui et avoir confiance, le témoignage qu’Il nous a donné dans son amour, ce par quoi Il a révélé ses pensées, devient à la fois le guide et l’assurance de l’âme. Combien la possession de ce témoignage est précieuse ! Dieu ne peut faire autrement que de l’accomplir. Ces deux points — Dieu Lui-même et sa Parole — sont les pivots de la pensée dans ce Psaume. «En Dieu, je louerai sa Parole». Sa Parole nous donne le témoignage certain de ce qu’il sera, de ce qu’il est pour nous.
Mais, lorsqu’il s’agit de Dieu, que peut faire la chair ? Telle est la conclusion à laquelle l’âme arrive. Elle a des ennemis, peut-être forts et puissants, et elle n’est pas insensible à cela. Ils se tiennent cachés et complotent contre le fidèle qui n’a aucune ressource en la chair. Tout cela lui est utile, en lui faisant connaître le monde dans lequel il se trouve, et en le sevrant de la chair. Que peut-il donc faire ? Rien du tout. Dieu devient sa seule ressource, et cela lui offre autant de bénédiction positive que d’utilité. En réalité, si Dieu est pour nous, que peut faire la chair ? Un homme du monde peut avoir des ressources charnelles contre la chair, mais un saint ne peut recourir à de telles armes : elles le détourneraient de Dieu, au moment même où Dieu l’amène complètement à Lui. Il ne peut pas dire «conjuration» de tout ce dont le peuple, faible en la foi, dit : «conjuration» ; d’autre part il ne doit pas non plus craindre leur crainte, ni s’en épouvanter, mais il doit sanctifier l’Éternel des armées Lui-même qui lui sera pour sanctuaire. Ici le fidèle est amené, par ce qui est pour lui une occasion de crainte, à regarder à Dieu. Dès lors, que peut faire la chair ? Dieu dispose de toutes choses, et il a ses plans qu’il exécutera certainement.
Une autre bénédiction, non moins profonde, accompagne celle-ci. L’âme est dans l’épreuve, les méchants complotent contre elle, mais Dieu est avec elle dans l’affliction et enregistre tout cela. Il compte les allées et venues du fidèle ; car ce dernier est considéré ici comme dépourvu des privilèges extérieurs qui appartiennent au peuple de Dieu et des bénédictions de sa maison. Dieu enregistre tout cela, et le fidèle peut être assuré, comme il l’exprime admirablement, que le Seigneur met chacune de ses larmes dans ses vaisseaux. Chaque affliction du fidèle est écrite dans son livre. Précieuse pensée ! Ainsi le cœur se confie en Lui, et il sait que, lorsqu’il crie à Lui, tous ses ennemis retourneront en arrière. Ensuite, comme il avait loué la Parole de Dieu avec foi, regardant à elle, soutenu par elle, comptant sur elle au milieu de ses frayeurs et de ses afflictions, (oh ! que les saints sachent mieux le faire !) il veut la louer encore en comptant sur la délivrance par l’intervention infaillible de Dieu.
Ce Psaume nous présente encore, naturellement sous une forme juive, un autre principe en rapport avec ces exercices du cœur, principe que l’on rencontre toujours dans ces exercices, et qui, en tant qu’ils viennent de Dieu, est, en effet, l’un de leurs objets principaux. Je veux parler du sentiment que l’on appartient, qu’on a été livré, consacré à Dieu. «Les vœux que je t’ai faits sont sur moi, ô Dieu !» Cela se manifeste dans le sentiment de la louange, sentiment qui se traduira en louanges, lors de la délivrance ; mais le cœur apprend dans ces épreuves, ce que nous sommes portés à oublier, que «nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes». Ce sentiment, dans sa phase inférieure, se lie au besoin de la délivrance, dans sa phase la plus élevée, à la joie de savoir que Dieu nous reconnaît pour siens, en vertu de la rédemption qui, de fait, nous a rendus siens entièrement, comme ce fut le cas extérieurement pour Israël lors de la délivrance d’Égypte. C’est pourquoi les louanges sont déjà dans le cœur de l’opprimé ; il a, par la foi, les choses qu’il a demandées, mais ces gratuités et ces délivrances sont, pour lui, un motif pour obtenir encore davantage. Ayant été délivré de la mort, il compte que ses pieds seront gardés de broncher. Il était sous la puissance et l’oppression de l’ennemi, du diable qui avait le pouvoir de la mort. Il est mis en liberté ; désormais il lui faut marcher sans broncher et sans tomber en chemin, mais il a appris dans l’épreuve ce que c’est que la dépendance, et il regarde à Dieu pour être gardé. «Ne garderas-tu pas mes pieds de broncher ?»
L’âme a encore appris autre chose dans sa détresse ; elle connaît maintenant le bonheur de marcher devant Dieu dans la lumière de sa faveur et dans la sécurité de sa présence. Elle regarde à cela comme à l’objet en vue duquel elle doit être gardée. Elle désire sa propre paix et son bonheur, mais elle les désire devant Dieu. La «lumière des vivants» était la lumière de la faveur divine qui préservait Israël. Nous ne trouvons pas ici l’ordre le plus élevé de la joie, mais nous voyons une âme qui, du sein de la détresse et de l’oppression, s’attend à la fidèle bonté de Dieu, afin de pouvoir marcher devant Lui en paix et en sécurité.
Au Psaume 57, nous trouvons les mêmes épreuves, mais avec plus de confiance. L’œil du fidèle qui voit briller plus distinctement la puissance de Dieu et son secours, voit aussi plus clairement combien de mal et d’iniquité il y a dans ses ennemis, et s’arrête moins à ses propres difficultés. La chose reste toujours vraie, et nous avons à la noter, car notre cœur est perfide. Quand il sort de ses propres craintes et de ce qui personnellement l’oppresse, il est en danger de trop s’appesantir sur la méchanceté de ses ennemis. Sans doute, il la verra toujours davantage, plus il regardera à Dieu. Le danger n’est pas là, mais dans le fait qu’on s’appesantit sur le mal. Il est dangereux de passer l’éponge sur le mal et de continuer tranquillement son chemin, mais il est aussi nuisible de s’y appesantir. Le mal ne nourrit pas l’âme — comment le pourrait-il ? — et il en résulte peu à peu un esprit contraire à l’Évangile. Nous verrons le mal, si nous sommes près de Dieu, mais nous nous occuperons aussitôt de Dieu et non pas du mal. Dieu est entièrement au-dessus du mal.
Ainsi il y a progression dans ces trois Psaumes. Le premier verset des Psaumes 56 et 57, nous montre ce qui les distingue. Dans l’un, il est dit : «Car l’homme voudrait m’engloutir, ... il m’opprime» ; dans l’autre : «Car en toi mon âme se réfugie». Au Psaume 56, le fidèle se confie en la parole de Dieu ; ici, il en attend l’accomplissement par la main de Dieu et se réfugie sous l’ombre de ses ailes, jusqu’à ce que les calamités soient passées. C’est de là qu’il peut considérer d’avance Dieu s’élevant au-dessus des cieux et sa gloire s’étendant au-dessus de toute la terre. Cela ne signifie certes pas que la puissance du mal existe moins qu’auparavant, car l’âme était courbée par elle (v. 6), mais les pensées se reposent davantage sur Dieu. Remarquez, de plus, qu’il n’y a aucune idée de résister au mal et de s’en débarrasser par sa propre force. L’âme s’attend à Dieu, et il le faut pour que son sentier soit parfait : c’est ce que Christ a fait.
Le Psaume précédent s’occupe davantage du sentiment que Dieu prend part à l’affliction du fidèle ; tandis que celui-ci considère plutôt le fait que l’âme désire y échapper, mais par la délivrance que Dieu accomplira et qu’il enverra des cieux. De plus, le fidèle voit les méchants pris dans leurs propres embûches ; mais il n’a pas la pensée de contre-miner leurs plans ; au contraire, s’abandonnant entièrement à Dieu, il voit que leurs plans deviennent leur propre ruine, et ainsi, le jugement est exécuté d’une manière frappante et la foi est hautement confirmée. Par la foi, il reçoit, pour ainsi dire, la louange préparée, et cela parmi les Ammim et les Leummim — les peuples et les peuplades : qui ne sont pas proprement des païens adversaires et ennemis. Les épreuves du fidèle sont au milieu du peuple, de la part d’hommes avec lesquels il était associé ; il ne s’agit pas de triompher de ses adversaires, mais d’être délivré là où il ne pouvait que courber son âme. Le résultat, c’est la louange parmi les hommes, dans une sphère plus vaste que celle au milieu de laquelle il avait été éprouvé ; et il en est toujours ainsi, car Celui qui délivre est grand. De fait, le psalmiste considère la gloire millénaire à venir, alors que, dans le Christ, toutes choses seront réunies en un ; mais je ne parle ici que de ce qui a trait aux voies de Dieu.
Peu de mots suffiront pour ce Psaume ; en voici le point capital : Pour les méchants, comme tels, il n’y a aucun espoir d’amendement ; mais Dieu les jugera, en sorte que les hommes verront qu’il y a une récompense pour le juste, et un Dieu qui juge la terre. Y a-t-il parmi les hommes un jugement intègre et juste ? Telle est la question. Il y a de la méchanceté dans leurs cœurs ; on y trouve des plans et des trames. La méchanceté appartient à leur nature et à leur volonté, et se caractérise par la fausseté. Elle vient du serpent, elle est diabolique de sa nature, et ils se refusent à toute puissance d’attraction, à toute influence, quelle qu’elle soit. Dieu intervient, et l’Éternel juge ; et, bien que leur puissance et leur force soient comme celles des lions, ils se fondent, ils se réduisent à rien, lorsque sa main se fait sentir. La vengeance intervient, mais de plus (ce qui explique la joie que le juste en ressent), elle justifie le juste, démontre qu’il avait raison malgré sa faiblesse apparente et l’ennemi qui l’écrase ; preuve enfin que Dieu est juste, et que, malgré l’opposition, il existe un Juge.
Le but que je me propose ici me permet d’être bref sur ce Psaume. Il a trait directement au jugement que le fidèle invoque sur les nations. J’indiquerai seulement que, lorsqu’il s’agit du Seigneur et de ses saints, il faut attendre du monde une absence complète de conscience et de cœur ; sentence terrible, mais confirmée par ces Psaumes aussi bien que par l’expérience. Le simple refuge du fidèle est en Dieu : «Dieu est ma haute retraite». On ne trouve ici ni plans, ni travaux de défense, ni recherche de moyens humains pour s’opposer à la puissance de l’ennemi. Avec ces moyens-là, nous pouvons réussir partiellement peut-être et pour un certain temps ; mais, en nous servant d’armes charnelles, nous perdons la dépendance de Dieu qui a pour conséquence son intervention ; nous perdons aussi la perfection de marche et de témoignage que l’on acquiert en s’attendant à Lui. Nous avons donné beau jeu à l’ennemi en reconnaissant la puissance du monde comme compétente, pour régler la question du bien et du mal ; puissance qui, après tout, restera entre les mains de ce dernier jusqu’à la venue de Christ, bien que Dieu la tienne sous sa direction souveraine. Le cœur du fidèle doit dire : «le Dieu qui use de bonté envers moi» (v. 17) ; il le connaît comme tel ; il tient à sa faveur et il a confiance en sa fidélité. Il prévoit la méchanceté qui n’a aucune crainte de Dieu. Les méchants reviendront, des gens sans cœur et impies (v. 14), mais le fidèle chantera la force de Dieu (v. 16). Et non seulement cela, mais, dans son affliction, il a fait l’expérience de la bonté, des soins tendres et miséricordieux de l’Éternel, lui qui a besoin même de miséricorde à cause de ses manquements. Il célébrera avec joie la bonté de Dieu, et cela lorsqu’apparaîtront des jours meilleurs, car cette bonté s’est manifestée au jour où il était dans la détresse. Dieu est aussi sa force, et c’est à Lui qu’il chantera. Étant ainsi encouragé, le fidèle ne chante pas seulement de Dieu, mais à Dieu. La méchanceté des adversaires est considérée ici comme pure méchanceté. Il se peut qu’entre Dieu et le fidèle il y ait occasion à discipline, mais, quand il s’agit du fidèle et du méchant, le premier n’a donné aucune occasion à la perfidie de son ennemi. Cependant, se tourne-t-il vers Dieu, dans le sentiment de la puissance du mal qui est contre lui, il s’attend à la bonté. Son cœur aime à se tourner de ce côté-là avec la conscience de sa propre faiblesse et de sa nullité. Pour lui Dieu est «le Dieu qui use de bonté envers lui».
Nous ne pouvons appliquer en principe le Psaume 60 qu’à nos combats extérieurs avec la puissance du mal. Dans ce conflit, Dieu peut trouver bon, selon son gouvernement, de nous laisser là vaincus et dispersés pour le moment ; et c’est bien le châtiment le plus sévère et le plus sensible en ces sortes de combats : car, servant la cause de Dieu, il nous faut la voir déshonorée sur la terre par notre faute ou par nos manquements. Sans doute, étant nous-mêmes au milieu du combat, il se peut qu’en nous l’orgueil ait aussi à être mortifié ; toutefois le sentiment de douleur et d’affliction est un sentiment naturel qui doit remplir le cœur du serviteur de Dieu. C’est une chose terrible que de voir ceux qui occupent la place du peuple de Dieu et de ses témoins, rendus confus devant leurs ennemis, tandis que la cause de Dieu semble pour le moment avoir subi un échec complet. Dieu a donné une bannière à ceux qui le craignent, pour la déployer à cause de la vérité. Il a mis son enseigne au milieu d’eux, et c’est une chose terrible, qu’avec elle, ils soient défaits et repoussés ; qu’en disant : Jéhovah Nissi (*), ils voient l’ennemi avoir le dessus. L’Éternel avait guerre avec Amalek ; mais lorsqu’un Acan se trouvait dans le camp, Il ne sortait pas ; car lorsque Dieu conteste, c’est afin d’exercer la conscience de son peuple : cependant, lorsqu’elle est ainsi abattue, la foi ne perd point courage quoiqu’elle boive le vin d’étourdissement. Elle regarde à Dieu, juge le mal s’il est là, ou reconnaît qu’il doit en exister, bien que, peut-être, elle ne le découvre pas encore. Mais Dieu a parlé dans sa sainteté. L’immutabilité même de sa nature, qui ne supporte pas le mal, donne la certitude qu’Il accomplira sa parole en leur faveur. C’est à cela que la foi regarde — sur cela qu’elle compte. Et lorsqu’elle est obligée de demander : «Qui me conduira dans la ville forte ?» elle répond : «Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, qui nous as rejetés ?» — Alors tout est en règle. Celui qui avait ainsi discipliné son peuple, sera leur force, leur sûr et fidèle Libérateur. Par Lui, quoique d’abord dispersés, les saints feront des actions de valeur. C’est que la foi regarde à Dieu à travers tout, car Il est fidèle et sa faveur est meilleure que la vie. Cette confiance est pleinement mise en lumière dans le Psaume suivant.
(*) L’Éternel mon enseigne (Ex. 17:15)
Ici, le fidèle est encore tenu éloigné de la jouissance des bénédictions présentes. Il est au bout de la terre, mais il regarde à Dieu. Son cœur est accablé au-dedans de lui-même. Intérieurement il ne trouve aucune ressource contre les difficultés extérieures. L’orgueil défiera les difficultés et restera hautain même dans la destruction, mais tel n’est point le chemin du fidèle. Il faut ajouter que le courage naturel, qui se maintient au milieu de l’adversité, a toujours en vue quelque résultat qu’il espère ; mais nous n’en trouvons aucun dans les circonstances du fidèle qui nous sont présentées ici. Il est expulsé ; il n’a aucun sujet d’espérer une délivrance humaine, et l’orgueil est loin de lui. Il s’humilie sous la main de Dieu ; mais il a une ressource — Dieu le conduit sur un rocher qui est trop haut pour lui (v. 2). La foi atteint ce qui est au-dessus des circonstances, lorsque la nature est écrasée par elles. Et si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Dieu s’intéresse à nous ; nous le savons, il l’a montré. Le cœur peut s’attendre à Celui devant qui toutes les circonstances ne sont absolument rien ; il se confie en Dieu et le moi disparaît sous son accablement. Dieu est le gardien, il est la portion du croyant. Dès lors, tout le reste n’entre pas en ligne de compte. Il s’agit du contraste entre Dieu et les circonstances, et non pas entre les circonstances et nous. Dieu a entendu le cri du croyant en détresse, et, de même qu’il a confiance maintenant, il demeurera aussi à toujours dans la tente de Dieu. Le «rocher trop haut pour nous», tel est le secret de toute paix dans l’épreuve. Vis-à-vis des géants, les espions se comparent à des sauterelles. Dieu était-il ainsi ? Les murailles atteignaient jusqu’aux cieux — qu’importe, lorsqu’elles tombent sous elles-mêmes ?
Ce Psaume a pour sujet le repos de l’âme qui s’attend à Dieu, repos qui implique la dépendance et la confiance ; et toutes deux sont telles que nous attendons le moment que Dieu juge convenable.
La dépendance suppose que nous ne pouvons et ne devons rien faire sans Lui, que l’âme ne désire que ce qu’Il fait, et qu’enfin, agir sans Lui, même pour nous défendre, est seulement l’action de notre propre volonté, partant l’indépendance de Dieu. Saül ne s’attendit pas à Dieu. Il attendit presque sept jours ; mais s’il avait compris la dépendance de Dieu, et que rien ne pouvait se faire sans Lui, il n’eût rien fait jusqu’à l’arrivée de Samuel. C’est ce qu’il ne fit pas ; il voulut agir de lui-même et perdit le royaume. La délivrance de Dieu est douce, elle est amour ; c’est une juste, une sainte délivrance, digne de la révélation de sa faveur et de sa grâce. Elle est parfaite en sa place, en sa manière et en son temps. Lorsque la volonté n’agit pas, l’âme qui attend la délivrance la rencontre et en jouit dans sa perfection, et ainsi nous sommes parfaits et accomplis dans la volonté de Dieu.
Nous avons dit que l’attente implique aussi la confiance. En effet, pourquoi attendrions-nous, si Dieu n’intervenait pas ? C’est ainsi que, dans l’intervalle, l’âme est soutenue, et la confiance est telle qu’on attend patiemment le moment du Seigneur. La patience a son œuvre parfaite, en sorte que nous sommes parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu. Sans doute, il y a aussi une manière active de compter sur Dieu, mais la confiance dont je parle laisse l’âme s’attendant à Lui d’une façon absolue et exclusive. Elle n’est pas d’elle-même active, elle s’attend à Dieu seul.
Les deux points qui sont en rapport avec cette attente, démontrent l’état de l’âme. «De Lui vient mon salut» (v. 1), et : «Mon attente est en Lui» (v. 5). Lui seul est le rocher et le salut ; aussi l’âme confiante s’attend à lui, ne cherche aucun autre refuge, ne regarde qu’à lui seul pour la délivrance. Le cœur est donc, en principe, (Christ l’était de fait) parfait dans sa confiance, et rencontre dans la dépendance la perfection de Dieu ; il n’accepte rien d’autre, parce qu’il a l’assurance que Dieu est parfait et agira selon sa perfection au moment convenable. Ainsi la foi correspond à la perfection de Dieu. D’un autre côté, il n’y a aucune activité quelconque de propre volonté ; on n’accepte, pour se délivrer soi-même, aucune intervention qui, dans sa nature, soit inférieure à Dieu Lui-même. C’est pourquoi l’attente patiente qui compte sur Dieu est un principe d’une immense importance, principe qui, dans les Psaumes, caractérise la foi et par conséquent Christ Lui-même.
Mais il reste encore quelques points à remarquer : «Confiez-vous en Lui en tout temps» (v. 8). La constance accompagne cette confiance en Dieu, et elle se montre dans toutes les circonstances. Si je regarde à Lui moralement, il est toujours suffisant, toujours le même, il ne change pas. Je ne puis agir sans Lui, si je crois que Lui seul est parfait dans toutes ses voies. Observez, toutefois, que ceci ne suppose pas qu’il n’y ait point d’exercices, ni d’épreuves du cœur ; autrement, l’on n’aurait pas besoin d’être exhorté à s’attendre à Dieu. Mais si Dieu est fidèle et s’il attend Lui-même que le moment réponde à la vérité et à son propre caractère, de manière à ce que ses voies soient parfaites, il est aussi plein de bonté et de tendre amour pour ceux qui s’attendent à Lui. Il les invite à répandre leurs cœurs devant Lui. Combien cela fut réalisé en Christ ! De quelle manière n’a-t-il pas, en Jean 12 et surtout en Gethsémané, répandu son cœur devant Dieu ! Dieu est toujours un refuge. Il agit au temps convenable. Il est toujours un refuge pour le cœur ; et le cœur réalise ce qu’Il est avant que la délivrance arrive. Sous certains rapports, c’est encore plus précieux que la délivrance elle-même ; mais cela suppose l’intégrité.
Encore un point. Cette attente de la délivrance de Dieu a pour effet de nous faire comprendre qu’elle sera complète et parfaite lorsqu’elle arrivera. «Je ne serai pas ébranlé». Le fidèle devait attendre, en effet, jusqu’à ce que Dieu intervînt en perfection ; mais alors sa puissance le met parfaitement à l’abri. L’homme peut penser qu’il y a du secours en l’homme, ou en ce que l’homme possède, ou bien encore dans la force de volonté humaine ; mais la foi sait que la puissance appartient à Dieu.
Le dernier verset montre que l’âme regarde à la parfaite et divine justice des voies de Dieu, mais avec la conscience de l’intégrité. L’intervention finale de Dieu, le jugement qu’il exécute, seront la délivrance du juste. Il s’est identifié dans son cœur avec les voies de Dieu sur la terre, et il a attendu jusqu’à ce que Dieu les accomplît parfaitement en puissance. Ce sera à la fois la fin du mal, et la miséricorde pour ceux qui ont cherché le bien et qui se sont attendus à Dieu, lui remettant la vengeance. Ce sera une juste récompense pour l’homme juste qui a attendu : son attente trouvera une réponse et la puissance du mal sera détruite. C’est dans ce chemin que nous sommes appelés à marcher. Dieu agit ainsi dans son gouvernement actuel, quoique l’accomplissement final manque encore, mais nous avons à compter sur Lui et à nous attendre à Lui de cette manière.
Le Psaume 63 suppose l’entière connaissance des bénédictions que renferment les relations avec Dieu, mais non pas la pleine jouissance de ces bénédictions ; bien au contraire, celui qui les connaît parfaitement se trouve ici dans une position qui est en contraste absolu avec leur jouissance. Or, dans ces conditions, ce n’est pas la bénédiction qu’il recherche et qu’il désire, mais c’est Dieu Lui-même et la révélation de sa gloire dans le lieu de sa demeure. L’être tout entier a soif de Lui. Le fait que le fidèle est dans ce monde, en une terre aride et altérée, sans eau, n’a pour conséquence ni des plaintes, ni la recherche de la délivrance, mais la soif : on a soif de Dieu. Ce sentiment d’une nature qui Le désire ardemment, nous donne aussi la conscience qu’Il est notre Dieu. Les délices que trouve en Lui la nature divine qui est en nous, nous donnent le sentiment de cette relation. Ces deux choses ne peuvent être séparées. Si nous avons quelque connaissance de Dieu et que nous ne le connaissions pas comme notre Dieu, c’est le désespoir ou quelque chose d’approchant ; et en tout cas Dieu n’est pas connu comme la source du bonheur, de manière à ce que nous le désirions. «Mon Dieu» et cette soif de Lui ne peuvent être séparés. Il ne s’agit pas de l’Éternel et des bénédictions, mais de la nature divine et de Dieu qui fait ses délices ; mais non pas sans le sentiment de dépendance qui s’approprie ce qui est exprimé par les mots : «Mon Dieu». L’âme qui a des désirs de même nature que Dieu et qui, en vertu de cela, le souhaite Lui-même, sent moralement et réellement qu’Il est son Dieu. Cela n’a été réalisé parfaitement qu’en Christ ; quant à nous, nous ne pouvons plus le réaliser dès que nous perdons le sentiment de notre relation. Or, la chose est tout aussi vraie quand il s’agit non plus de la relation, mais de la nature de la jouissance, c’est-à-dire lorsque cette jouissance ne découle pas d’une relation, comme lorsque je dis : «Père», mais de la nature divine, comme lorsque je dis : «Mon Dieu».
Ce besoin, cette soif de Dieu s’accompagne nécessairement du désir de le voir possédant en plein sa puissance et sa gloire. Nous ne pourrons pas aimer beaucoup Celui auquel nous regardons, sans désirer qu’il jouisse de toute la plénitude de la gloire qui Lui appartient et que nous le voyions dans cette gloire. La joie que nous trouvons en Lui vient de Lui et nous sentons que nous lui en sommes redevables : c’est pourquoi nous désirons le voir en possession de tout ce qui Lui est dû. Christ répond à ce sentiment lorsqu’il dit : «Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde». Mais le principe initial, la source de tout cela, c’est que Dieu Lui-même est désiré et connu comme notre Dieu, quoi qu’il en soit. Non seulement le cœur peut s’approprier cela, comme je l’ai dit, mais il veut avoir Dieu Lui-même et nul autre. La nature qui est de Dieu ne veut absolument que Lui seul. Lorsque Dieu est véritablement connu ainsi et que l’âme est identifiée avec Lui dans son désir, le fait qu’elle se trouve au milieu d’un monde où il n’y a pas même une goutte d’eau pour la rafraîchir, ne peut que rendre son désir plus intense. Mais cela dépend de ce qu’Il est connu, connu comme Il se révèle Lui-même dans l’intimité de sa propre nature, dans le sanctuaire où il se manifeste et où il se fait connaître.
Une autre pensée s’ajoute à celle-ci : Lorsque Dieu est ainsi connu, tel qu’Il est dans le sanctuaire, l’âme comprend son amour, sa grâce, sa faveur et sa bonté ; elle garde le sentiment de ces choses, qui sont meilleures que la vie. «La vie», c’est la vie ici-bas, la jouissance actuelle de la vie dans ce monde, et, sous ce rapport, cette vie n’offrait absolument rien au fidèle. De même aussi Paul dit : «Si, pour cette vie seulement, nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes». Chez Paul, à la vérité, il s’agit plutôt d’affliction extérieure — dans notre Psaume, du sentiment intime, résultant de la vie dans laquelle le fidèle sent et parle ici-bas, qu’il ne se trouve pas la plus petite chose dans le monde qui puisse correspondre à cette nature ou la rafraîchir. Ceci a été parfaitement réalisé en Christ, et remarquablement développé en Paul, bien que, pour lui, ce fût le résultat de l’épreuve. Il se réjouissait toujours dans le Seigneur, lorsque rien ne rafraîchissait son esprit.
Dans le sentiment de cette bonté, au milieu d’une terre aride et altérée, les lèvres du fidèle louent son Dieu. Ceci est très doux ; et, remarquez-le, c’est parfait dans sa nature, parce que c’est Dieu seul ; car il n’y a absolument rien dans la terre où se trouve le juste. Dieu, son Dieu, est aussi son désir ; la bonté de Dieu est le rafraîchissement de son âme. Or ceci est la vie divine et parfaite dans celui qui possède la nature divine, bien qu’il soit dans le lieu de la dépendance ; une vie connue seulement de l’âme née de Dieu, ou bien connue dans sa perfection céleste. Il en fut ainsi de Christ.
Voilà donc ce qui donne exclusivement sa couleur à la vie ici-bas. «Ainsi je te bénirai durant ma vie» ici-bas, dans cette terre aride et altérée. C’est là tout ce en quoi consiste la vie de l’âme du fidèle ici-bas. C’est pourquoi, dans cette vie, il bénit Dieu, son Dieu. Toute sa vie, dans cette terre déserte, est, en esprit, hors de ce lieu. Là rien absolument n’attire son âme. Il ne trouve son rafraîchissement qu’en Dieu seul, car cette terre n’est qu’un désert pour la nouvelle nature. Cependant il n’est pas encore dans la pleine et actuelle jouissance de Dieu que donne sa présence ; il est encore dans la terre aride, altérée et sans eau, mais il bénit durant sa vie, il confesse et adore le Dieu qu’il connaît. Ainsi, séparé du tourbillon du monde, on trouve un bonheur parfait, une parfaite satisfaction du cœur. De plus, lorsqu’il n’y a rien pour attirer l’attention de la chair (chose insupportable pour celle-ci, mais, pour l’esprit renouvelé, une véritable délivrance), alors l’âme peut méditer sur Dieu Lui-même. Elle trouve en Lui-même la plus complète et la plus riche nourriture ; elle est satisfaite ; elle n’a besoin de rien d’autre ; elle est rassasiée lorsqu’elle peut être ainsi seule avec Dieu, dans lequel est son plaisir.
Le Seigneur dit de ceux qui viennent à lui : «Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif» (Jean 6:35). Il présente la chose du côté négatif, parce qu’il s’agit dans ce passage de ce qu’il faut à la nature humaine ici-bas : Il n’y aura plus, dit-il, les besoins non satisfaits du cœur de l’homme dans ce monde. Notre Psaume, au contraire, présente le côté positif, parce qu’il parle des délices, de la complète satisfaction que la nature nouvelle trouve en Dieu. Les jouissances du cœur sont créées et satisfaites par la révélation de Dieu Lui-même. Dieu est l’objet exclusif de la joie et des délices du cœur ; l’âme étant rassasiée, les louanges débordent et de la bouche sort un chant de réjouissance. Aussi le psalmiste n’est-il pas obligé d’approfondir jusqu’à quel point nous sommes autorisés ou capables de louer dans notre état présent ; il n’est question que de la nouvelle nature trouvant ses propres délices en Dieu et ne pensant à rien d’autre. Parce qu’elle pense simplement à Lui, elle ne songe pas à elle-même, et elle loue parce qu’Il est une source de louanges. Voilà la vraie simplicité. Lorsque mon œil n’est pas simple, la pensée de Dieu découvre cela, est obligée de protester et me force à penser à moi-même ; mais lorsqu’il s’agit simplement de la nouvelle nature, comme dans ce Psaume, tous ses plaisirs sont uniquement en Dieu, et la bouche le loue avec un chant de joie. Cette simplicité de cœur est très précieuse. Remarquez qu’en parlant de cela, notre Psaume suppose quelqu’un qui est exposé aux distractions du monde ; et c’est pourquoi il envisage la condition de l’âme solitaire, qui, au lieu de sentir sa solitude, est délivrée de la distraction pour se réjouir en Dieu.
Plus loin, le Psaume ne parle plus seulement des distractions, mais des circonstances adverses, de la force des ennemis. L’âme voit Dieu, son Dieu, comme ayant été son secours. Dieu était sa joie, et dans ce monde entièrement désert et sans eau, elle est rassasiée comme de moelle et de graisse. C’était sortir en esprit hors du monde pour se réjouir en Dieu ; mais, pour ce monde aussi, pour traverser ses combats et ses épreuves, l’âme du fidèle a besoin de l’Être béni, et la grâce de Dieu se déploie là richement. Nous nous réjouissons toujours dans le Seigneur en tant que nous regardons à la source de notre joie. Mais, si au dehors il y a des combats, et même au dedans des craintes, Il console ceux qui sont abattus ; «car tu as été mon secours». Nous trouvons ici la description d’une expérience déjà faite, tandis que Paul en parle comme étant lui-même en voie de la traverser. C’est pourquoi aussi ce Psaume nous présente une âme qui considère Dieu, qui veut chanter de joie à l’ombre de ses ailes. C’est là le lieu connu de refuge et de confiance ; c’est l’expression du bonheur de sentir en tout temps la faveur de Dieu, et la sécurité dans laquelle nous demeurons. Je ne sais ce qui peut arriver, mais Il sera là ; et de plus, le sentiment de sa bonté, de son intérêt actif pour l’âme est pour elle une source de douce joie. Elle est heureuse de posséder pour refuge cette divine faveur ; elle est activement occupée à la conserver. Voici donc la condition de l’âme dans son activité : elle s’attache à Dieu pour le suivre. Elle veut le suivre, venir à Lui, jouir de sa présence ; elle dit avec certitude : «Ta droite me soutient».
Les derniers versets traitent du jugement qui, selon le gouvernement de Dieu, tombera sur les ennemis des hommes justes, et particulièrement sur les ennemis de Christ. Nous n’avons en vue proprement que la première partie de ce Psaume ; toutefois remarquons ici, comme nous l’avons fait souvent, que Dieu gouverne. Nous pouvons compter sur son intervention, en tant qu’elle est nécessaire pour assurer la bénédiction de son peuple qui s’est attendu à Lui, bien que cette intervention n’ait peut-être pas lieu au moment où notre nature la désirerait.
En somme, ce Psaume nous montre une foi simple ; l’âme trouve sa joie en Dieu Lui-même et se réjouit dans les soins assurés du Seigneur, dont la faveur l’a protégée comme un bouclier. Si nous comparons ce Psaume avec le Psaume 84, qui lui ressemble en plusieurs points, nous verrons que dans ce dernier il est question de la jouissance présente des bénédictions de l’alliance, ainsi que du chemin par lequel on y arrive ; tandis qu’ici nous trouvons plutôt ce qu’est Dieu Lui-même, lorsqu’on est loin des bénédictions dans une terre altérée et sans eau ; puis encore ce que sont sa protection, ses soins au milieu des difficultés, des dangers qui nous entourent. Ce point de vue nous deviendra fort clair, si nous nous souvenons que le deuxième livre des Psaumes a pour caractère prophétique l’expulsion du résidu hors de son pays.
Le Psaume 64 décrit un état de choses qui caractérise ce monde et qui est familier à tout homme exercé au service de Dieu ici-bas ; je veux parler de la voie des méchants qui haïssent la justice, et cherchent à accuser de mal ceux qui sont droits de cœur. Cela montre combien la conscience est universelle et puissante, et une autre vérité en ressort aussi : c’est que l’on s’attend à ce que les principes de ceux qui se confient en Dieu et confessent son nom, ne produisent que ce qui est parfaitement bon. En réalité, c’est le plus fort témoignage qui puisse être rendu, soit aux principes de la foi, soit à l’incurable méchanceté du cœur humain. Les méchants reconnaissent que la foi doit produire et produit, comme le fruit qui lui est propre, ce qui est juste et parfait et qu’elle attend ce fruit de ceux qui marchent par la foi. D’autre part, ils montrent combien ils haïssent ce principe de la foi et ceux qui, par lui, s’attachent au Seigneur ; car ils cherchent à découvrir l’iniquité et l’inconséquence dans la marche des enfants de Dieu. Quelle preuve terrible de la méchanceté du monde ! Malgré cela, cette méchanceté est universelle, et on la trouve bien moins parmi les impies avoués, que parmi les honnêtes mondains. Il est vrai que nous avons ici, chez ceux qui s’adonnent volontairement à l’iniquité, non pas une immoralité évidente, mais, ce qui est pis, la méchanceté ; ils tiennent leurs conseils secrets. Toutefois l’esprit du mal dans l’homme n’est pas différent, bien que les conseils secrets appartiennent au caractère extrême du mal. Mais, s’ils ne vont pas toujours jusque-là, les hommes montrent bien qu’il y a chez eux communauté de sentiments, d’action et de pensée, parce qu’un même esprit les anime.
Ensuite, leurs langues sont des instruments d’attaque et d’injures. Le saint n’a ni défense, ni remèdes extérieurs ; mais en cela, aussi bien que par rapport à la violence, Dieu est son refuge. Remarquez-le : il parle de la crainte de l’ennemi, car la méchanceté de ce dernier a pour but de produire la frayeur. Le fidèle ne peut tenir tête à cette méchanceté, car il n’a aucune arme à lui opposer, mais il présente à Dieu la difficulté en la lui remettant. Dieu éprouve les siens, mais le résultat, c’est que les méchants attirent le jugement de Dieu sur leur propre tête ; la frayeur les saisira et ils verront et reconnaîtront l’œuvre de Dieu. C’est ce que les fidèles doivent attendre pour que la joie soit complète ; car leur délivrance étant divine, ils doivent attendre que le temps du jugement divin soit arrivé. Abraham fut étranger, et ses descendants restèrent sous l’oppression, «car l’iniquité des Amoréens n’était pas encore venue à son comble» (Gen. 15:16). Peut-être aussi, pour nous, l’épreuve n’est-elle pas encore complète ; mais, en tout cas, lorsque Dieu interviendra, ce sera le moment parfait. Notre délivrance n’est pas le seul résultat ; comme elle arrive au moment fixé par Dieu, et ainsi selon la perfection de ses jugements, ce sont les voies de Dieu qui s’y manifestent. Les jugements de Dieu étant sur la terre, les habitants du monde apprennent ainsi la justice. Tel sera l’effet du plein accomplissement du jugement ; mais même en des cas particuliers, les hommes glorifient Dieu au jour de la visitation ; ils reconnaissent que ceux qui se sont confiés en Lui ont eu raison ; que ce Dieu qui paraissait ne pas intervenir attendait seulement dans sa sainte justice, et qu’Il a soin des justes. Ainsi ses voies sont parfaites et c’est un gain immense, car Dieu est glorifié.
Le Psaume 65 a trait à la bénédiction de la création actuelle, et parle de la louange et de la joie qui jailliront lorsque Dieu abolira la puissance du mal ; cependant il envisage l’effet actuel de sa bonté comme témoignant de cette bénédiction future. Ce qui est en vue dans ce Psaume, c’est la bénédiction du peuple de Dieu, afin qu’ait lieu la bénédiction universelle ; car la création qui soupire n’attend pas seulement, comme ici, la délivrance d’Israël, mais bien plus encore la révélation des enfants de Dieu, laquelle amènera son affranchissement ; mais le cœur est prêt, et ceci nous conduit à un principe général, instructif pour nous en tout temps ; c’est-à-dire la disposition du cœur à louer Dieu au milieu de l’épreuve et à se confier en la Toute-Puissance, dont la nature est de dispenser la bénédiction. Toutefois ce Psaume ne s’applique qu’aux circonstances du croyant. Le chrétien n’est jamais, selon l’Esprit, dans un état d’âme dans lequel il ne puisse louer. Son cœur peut s’être éloigné de Dieu, tellement qu’il faille que l’Esprit le reprenne et l’humilie ; dans ce cas, la louange n’est pas prête du tout. Ici, bien que le cœur soit prêt, les circonstances ne fournissent pas d’occasion à la louange. La louange est silencieuse, quoiqu’il y ait la conscience qu’elle appartient à Dieu ; le vœu sera payé. Ceci peut être le fait du chrétien. Il peut dire dans l’épreuve, et c’est une pensée légitime : Je suis sûr que je le louerai encore et Lui rendrai grâces pour sa délivrance. Il en est encore ainsi pour nous, maintenant, relativement à la louange la plus élevée. Dans les parvis célestes notre louange est encore silencieuse ; mais nous l’attendons et nous soupirons après elle. Le v. 4 montre clairement que notre Psaume est occupé de la forme juive de la louange. La pensée générale, c’est que nous attendons seulement l’accomplissement de la bénédiction pour que la louange éclate. La fidélité et la puissance de Dieu sont célébrées comme nous assurant cela, mais ici, c’est en jugement et pour des bénédictions terrestres ; tandis que le chrétien, quels que soient les empêchements et les puissances ennemies, compte sur cette fidélité et sur cette puissance de Dieu pour l’introduire dans la cité céleste. Les transgressions ne barreront pas le chemin ; par la grâce seule nous pouvons dire : «Tu as pardonné nos transgressions». Il entend nos prières et nous vient en aide.
De plus, il s’agit ici de la gloire du Seigneur, gloire nécessaire, même dans sa partie terrestre ; mais que nous trouvons ici en principe. — «Toute chair viendra à toi». Le Juif considérait cela comme une partie de la gloire. Les desseins de Dieu doivent être accomplis pour sa gloire, mais, dans sa grâce, il les a identifiés avec nous ; comme aussi Paul l’exprime par le Saint Esprit : «Autant il y a de promesses de Dieu, en lui (Christ) est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous» (2 Cor. 1:20). Certaine donc, que Dieu doit être glorifié, la foi voit, dans ce fait, notre propre gloire et notre bénédiction. Ce qui caractérise la foi, ce n’est pas de croire que Dieu est glorieux, mais d’associer cette gloire avec la bénédiction de son peuple. Josué dit : «Que feras-tu pour ton grand nom ?» (Jos. 7:9). Moïse dit : «Les Égyptiens en entendront parler» (Nombr. 14:13), et il en est toujours ainsi lorsqu’il plaide avec Dieu. Quelle source de sécurité, quel sujet de louanges, que Dieu ait ainsi identifié sa gloire avec notre bénédiction et avec les promesses qu’il nous a faites en Christ !
Il y a, quant à la valeur morale de ce Psaume, un point qu’il est bien intéressant de noter : Je veux parler de la manière dont tout est attribué à Dieu lorsque vient la délivrance. On voit Dieu tout du long. Le Psaume remonte jusqu’à la rédemption originelle, source non équivoque de tout (v. 6), et va jusqu’à la bénédiction finale du peuple de Dieu qui sera la bénédiction du monde. Maintenant on découvre que, lorsque tout semblait être plongé dans l’obscurité, sa puissance était au-dessus de tout. «Il domine par sa puissance pour toujours ; ses yeux observent les nations». Malheur à celui qui s’élève lui-même.
Mais bien plus encore : Dieu est vu dans la tribulation même, reconnu comme en étant l’auteur, bien que nos fautes aient pu en être l’occasion. C’est la vraie pierre de touche qui fait connaître si le cœur est droit — ce que le Lévitique, parlant d’Israël, appelle : «accepter la punition de notre iniquité» (Lév. 26:41, 43). On voit ici deux choses : Dieu les avait mis dans la détresse et à travers la détresse il avait maintenu leur âme en vie. Il en fut de même pour Job quant à ces deux points. De plus, Dieu n’a pas permis que leurs pieds fussent ébranlés et détournés par la tribulation, du sentier divin de la foi.
Les v. 10 et 11 reconnaissent cela ; et si des instruments ont été employés dans ce but, ce n’étaient après tout que des instruments. L’épreuve était très grande ; ils le sentent et le voient, mais c’était l’œuvre de Dieu. Ce n’est pas tout. Dieu a en cela un dessein positif qu’il accomplit ; il a un chemin, un lieu d’amour, et l’épreuve fait partie de son dessein, car il veut, par elle, préparer l’âme pour le lieu d’une si grande bénédiction. Tu nous as fait entrer «dans un lieu spacieux». Dieu envoie la détresse, préserve l’âme qui s’y trouve, se sert de l’épreuve pour affiner l’âme comme on affine l’argent, ranime son espérance, laquelle repose ainsi plus entièrement sur Lui, et peut, d’un regard plus pur, considérer ses promesses ; enfin, il la fait entrer dans un lieu spacieux.
Ce Psaume fait ressortir en même temps quelques autres points, touchant l’état de l’âme. L’affliction l’a poussée vers Dieu ; et quoique, pour nous, les vœux et autres choses semblables soient mauvais, cependant, bien que le fidèle soit sous le châtiment, l’espoir en Dieu produit dans son cœur le besoin de s’en rapporter à Lui et de se tourner vers Lui comme vers la source d’une meilleure espérance. Pour que nous puissions avoir confiance en Dieu et que notre attente soit en Lui au milieu de l’épreuve et du châtiment, il faut avant tout que notre volonté soit brisée ; lorsqu’elle est brisée, nous le pouvons, même en ayant conscience que l’affliction est le fruit de notre propre faute, mais il faut pour cela de l’intégrité ; alors des actions de grâces en sont le résultat. Dès lors, le cœur peut rendre témoignage pour Dieu à d’autres (v. 16) ; il a connu l’intervention du Seigneur en sa faveur. Le fidèle a crié, Dieu l’a écouté. «C’est ici», dit l’apôtre, «la confiance que nous avons en Lui» (1 Jean 5:14,15) ; car ce que l’on apprend ici par le moyen de l’affliction devrait être l’état constant de l’âme lorsqu’elle n’a pas à la traverser. Le sentiment dominant de l’âme est ici la reconnaissance, et il en sera toujours ainsi ; elle y retournera, c’est-à-dire à Dieu — au secret de sa propre reconnaissance envers Lui, et c’est la joie du cœur. Le point capital du Psaume, c’est que l’on reconnaît tout cela après la délivrance ; mais quand ce que Dieu est pour nous est reçu dans le cœur, le résultat c’est une foi qui y répond au milieu même de l’épreuve.
Je n’ai, qu’une remarque à faire sur le Psaume 67. Lorsque le cœur désire les bénédictions, même sur le peuple de Dieu, c’est la gloire de Dieu qui est le ressort de ce désir. Alors les bénédictions coulent en abondance et la louange monte à Dieu. Ce Psaume explique Rom. 11:15.
Quelque frappant et intéressant que soit ce Psaume, je n’ai, pour mon but actuel, que fort peu à en dire. Une on deux remarques me sont suggérées en passant. Il s’agit spécialement du caractère de Dieu en grâce ; mais dans sa propre grâce souveraine, en rapport avec les Juifs ; il ne se montre pas dans sa relation d’alliance, mais il les établit comme peuple, ainsi qu’il le fit autrefois en Sinaï, seulement il le fait maintenant en grâce et en puissance. Jah n’est point, j’en suis convaincu, le même nom que l’Éternel : c’est l’existence absolue de Dieu, et non pas son existence continue, qui fait que l’on peut compter sur la fidélité de Celui qui était, qui est, et qui vient. Il est ici, il vit à toujours et à perpétuité. Dans ce Psaume, il n’est appelé l’Éternel que lorsqu’il parle de son habitation et de sa demeure sur la montagne de Sion, parce que là il prend et sa position et son nom d’alliance. Nous avons Jah aux v. 4 et 18 ; dans le reste du Psaume, Adonaï est rendu par «Seigneur». Il me semble que ce dernier titre met Christ en rapport avec la restauration d’Israël, lui donnant la place de Seigneur, mais associant plus que le Psaume 110, ce titre avec son caractère de l’Éternel. Le v. 18 est naturellement le centre de cela, mais comme, suivant la promesse, il est l’Éternel en Sion, nous le voyons ici dans le caractère de celui qui, étant monté en haut après sa réjection, reçoit des dons comme homme. Il est au-delà de toutes les promesses juives. Toutefois, ce même passage parle des Juifs rebelles ; mais alors il n’est plus question de l’Éternel, mais de Jah Élohim. L’exaltation de Christ ramènera Dieu en souveraine grâce au milieu d’Israël.
Le Psaume 69 est une prophétie si complète de Christ que je n’en fais l’objet d’aucune remarque. C’est une description détaillée de ses afflictions dans la vie et dans la mort. J’en ai parlé longuement autre part.
Le Psaume 70 suggère une seule remarque. On consent à tout supporter, à être pauvre, nécessiteux, méprisé, pourvu que le peuple de Dieu soit heureux et dans un état qui le pousse à la louange. La bénédiction de l’Éternel n’est pas méprisée, mais pour la posséder on s’attend à Lui.
Le véritable esprit de foi dans le fidèle, c’est que son cœur soit attaché au bonheur et à la bénédiction du peuple de Dieu.
Le Psaume 71 ne nous retiendra pas longtemps. Il repose sur deux points : d’abord la justice de Dieu. — Le psalmiste ne réclame rien sur le pied de sa propre justice ; mais il sait que Dieu sera conséquent avec Lui-même, qu’il ne le délaissera, ni ne l’abandonnera. C’est pourquoi il compte en second lieu sur sa fidélité.
Le Psaume 72 nous montre la gloire de Christ comme Salomon ; il n’est donc pas nécessaire d’ajouter ici aucune remarque sur son contenu.
Ce Psaume, qui forme le début du troisième livre, traite du jugement temporel de Dieu en Israël, jugement qui répond aux anxiétés dont le cœur des fidèles est agité. Toutefois, comme ces anxiétés sont de tous les temps, nous trouverons ici le sujet de quelques remarques.
Les méchants réussissent ; Dieu semble avoir oublié, et le cœur du fidèle porte envie aux arrogants. Qu’est-ce que cela prouve ? — Que trop souvent notre cœur désire avoir sa part ici-bas, ou, tout au moins, qu’il voudrait pouvoir concilier sa part à venir avec une portion actuelle sur la terre. Il est juste que l’on éprouve de l’affliction en présence du mal qui domine dans le monde, mais cette affliction se mêle souvent, dans nos cœurs, avec le désir de faire notre propre volonté et d’en finir avec le mal par le jugement. Lorsque notre volonté va de pair avec le sentiment de la domination du mal, nous éprouvons soit de l’irritation, soit du découragement, et, par conséquent, nous cessons de persévérer à bien faire. Les méchants prospèrent dans le monde. Quelle énigme ! Où donc est le gouvernement de Dieu ? Quelle est donc l’utilité du bien ? Sans aucun doute, cette épreuve était particulièrement sensible alors que les bénédictions temporelles avaient été données comme un signe de la faveur divine. Mais les chrétiens sont rarement assez séparés de ce monde pour ne pas ressentir le succès de la méchanceté et éprouver le désir d’en tirer vengeance. D’autre part, l’indifférence à l’égard du mal est absolument condamnable. On voit par là que notre chemin est étroit. Pour nous y conduire, il faut que la grâce agisse dans nos cœurs, car nous avons à sentir le mal en lui-même, et combien il déshonore Dieu, en même temps que nous devons attendre le moment convenable où Dieu interviendra. Dans ses souffrances, Christ a réalisé cela en perfection.
Il y a un seul lieu où l’on puisse apprendre, c’est dans les sanctuaires de Dieu. La volonté y est soumise ; Dieu y est connu ; l’œil n’y est pas obscurci par les passions du monde et par l’incertitude ignorante qui se demande comment faire ce que Dieu seul peut faire : tenir compte du bien, où qu’il se trouve, avoir une patience parfaite vis-à-vis du mal, en sorte que le jugement n’atteigne que le mal, et qu’il soit le jugement véritable d’un mal sans excuse. Notre impatience ne pourrait jamais réaliser ces choses, lors même que nous jugeons justement le mal comme tel. Mais, dans le sanctuaire, la volonté est muette et Dieu est écouté. Ses voies sont justes et nous considérons les choses avec ses propres yeux. Le mal nous apparaît plus haïssable ; nous comprenons combien la compassion est de saison, combien la patience est adorable, mais aussi combien le jugement est assuré. Ainsi le sentiment de la justice reste entier dans le cœur, mais dépouillé de tout désir de vengeance : la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. Le jugement est juste parce que la patience est parfaite ; il est d’autant plus terrible qu’il est libre de toute passion ; il appartient à Dieu. Le moi est en jeu, lorsque les disciples désirent que le feu descende du ciel. Ils ne savaient pas de quel esprit ils étaient animés ; et cependant les Samaritains, en un certain sens, méritaient réellement ce jugement. Mais lorsque Dieu se réveille au moment voulu, les méchants sont comme un songe ; leur orgueil, leurs prétentions sont comme une image évanouie (v. 20). La foi accepte cela et ne cherche pas à rien hâter.
Une autre vérité précieuse ressort de ce passage. Il avait été «stupide, sans connaissance, comme une brute avec Dieu» ; cependant il y avait en lui de l’intégrité et de la conscience. S’il avait donné vent à ses pensées, lorsqu’il était sur le point de dire que la piété était inutile, il eût été infidèle à la génération des fils de Dieu. Voilà ce qui l’arrête. Qu’il est beau de voir, au milieu des résistances de la volonté de l’homme, le cœur repris et restauré par les saintes affections, par la conscience qui craint de mettre une pierre d’achoppement sur le chemin du plus humble des enfants de Dieu ! Cette occasion montre qu’Il est réellement l’objet des affections ; elle manifeste aussi la crainte de Dieu qui prouve qu’on le connaît et qu’on l’aime, que l’on possède la nature nouvelle. Reconnaître Dieu est une marque importante qu’il y a du bien ; mais ce que le cœur sait de lui-même, c’est qu’il était comme une brute dans ses raisonnements. Toutefois, remarquez ceci : tout en avouant sa folie, il arrive à reconnaître qu’en dépit de tout cela il était continuellement avec Dieu. Oh ! combien la connaissance parfaite de nous-mêmes, lorsque nous connaîtrons comme nous avons été connus, mettra en lumière la grâce patiente, invariable de Dieu qui veille sur nous tout le long du chemin, selon son amour adorable et selon l’intérêt qu’il nous porte ! Au milieu de toute sa folie il était toujours avec Dieu, et Dieu l’avait tenu par la main droite. Précieuse grâce ! Dieu nous aime, a soin de nous, veille sur nous, s’intéresse à nous ; en raison de son amour souverain, nous lui sommes nécessaires pour qu’Il soit satisfait. «Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste». C’est une magnifique expression de la grâce invariable. Or il est Dieu et non pas un homme ; c’est pourquoi, ici, le cœur compte sur Lui.
Jusqu’ici le juste avait pu dire à travers toutes les défaillances de sa foi : «Tu m’as tenu par la main droite» ; maintenant, étant en communion, il ajoute : «Tu me conduiras par ton conseil». Il ne s’agit plus seulement d’être soutenu sans en avoir conscience, mais d’être guidé dans la communion par la pensée et la volonté de Dieu. Le fidèle voit cela dès qu’il s’est jugé et qu’il jouit de la communion. Cela ne signifie pas que Dieu ne nous guide pas et ne nous force à marcher selon ses propres conseils ; employant le mors et la bride lorsque nous ne sommes pas en communion avec lui. Il ne peut manquer de le faire ; mais alors l’âme ne le comprend pas, et, partant, ne peut en parler, comme elle le fait ici, dans la conscience qu’Il la conduit par son conseil.
Nous rencontrons ici, en nous tenant à la force du passage, la distinction bien claire de la position juive : «Après la gloire, tu me recevras». Ce passage a été altéré pour l’adapter aux idées chrétiennes, et on en a perdu le véritable sens (comp. Zach. 2:8). Après la gloire, c’est-à-dire lorsqu’elle aura été établie, Israël sera reçu ; mais nous reviendrons dans cette gloire avec Christ (Col. 3:4).
Le cœur est maintenant restauré par cette visite au sanctuaire : «Qui ai-je dans les cieux» sinon le Seigneur ? — Notre pensée, à nous, peut être élargie par la connaissance du Père et du Fils ; toutefois c’est la même vérité, seulement mieux connue. Quel autre avons-nous dans le ciel que Dieu, le centre, la source, l’ensemble tout entier de la bénédiction ? Sur la terre, il n’y a pour le croyant aucune source de bonheur en dehors de Dieu ; il est, lui, la seule source ; tandis que, si nos regards ne sont pas simplement fixés sur Lui, il y aura une quantité de désirs de distraction. Ici l’œil est tout à fait simple. Étant dans le monde, cela nous donne le sentiment que nous sommes seuls, mais seuls avec Dieu. Il en fut de même de notre bien-aimé Sauveur : «Vous serez tous scandalisés en moi cette nuit»... «et vous me laisserez seul ; et je ne suis pas seul, car le Père est avec moi». Dans un sens, le cœur accepte la prépondérance du mal, et il est séparé, d’une manière très bénie, de toutes choses pour Dieu. Voyez la bénédiction qui ressort de ce mal apparent : Si tout était paisible, bon et prospère dans l’état de choses présent et imparfait, le cœur s’abaisserait à cet état d’imperfection et deviendrait réellement mondain ; mais la prépondérance du mal, tout en pesant sur l’âme, lui fait chercher un refuge dans le sanctuaire, tandis que la volonté est tenue en bride par le sentiment qu’on ne peut pas se séparer du peuple de Dieu. Le cœur est sevré du monde, et, dans un monde où le mal domine, il regarde à Dieu, le possède comme sa part unique dans le ciel, et n’a ainsi rien que Lui seul au monde. Dieu occupe la seule place souveraine dans le cœur. Rien ne peut rivaliser avec Lui, et, comme il est dit dans le Nouveau Testament : «Christ est tout».
À ceci se rattache une autre bénédiction, une bénédiction durable, tandis que la chair et le cœur sont consumés : Dieu est le rocher du cœur. Il le soutient avec une bonté et une puissance divines ; il n’est pas seulement un soutien actuel, mais il est le partage du cœur à jamais. Ceci conduit à une sérieuse et douce conclusion : «Pour moi, m’approcher de Dieu est mon bien». Là nous apprenons la vérité ; là nous trouvons l’encouragement. Il a mis sa confiance dans le Seigneur Éternel, en Celui qui est souverain en force, ferme et fidèle en ses promesses. Celui qui se confie en Lui aura sûrement à raconter toutes ses œuvres merveilleuses. Il se trouvera là où on peut les voir et en faire l’expérience ; son cœur sera préparé à y prendre garde et à les comprendre ; il aura la joie de témoigner de la fidélité de Celui en qui il s’est confié. Au v. 20 nous avons seulement la puissance souveraine, au dernier verset nous trouvons aussi la fidélité de Dieu à son alliance.
Nous trouvons ici la confiance en la fidélité de Dieu, fondée sur la confiance en Dieu Lui-même, lorsque la puissance de l’ennemi semble, quant aux circonstances extérieures, avoir enlevé tout espoir. Mais nous trouvons en même temps ce qu’Il est pour son peuple. La rédemption a prouvé son profond intérêt pour les siens. Ils sont à Lui en propre. Tout en les acquérant par sa grâce souveraine et divine, il s’est associé avec eux (en grâce aussi, sans doute), d’une manière indissoluble ; et le cœur s’écrie (v. 22) : «Lève-toi, ô Dieu ! plaide ta cause». Quelle bénédiction ! Moïse de même, dit continuellement : «Tu les as fait sortir». Si donc le peuple se trouve au dernier degré de l’abaissement, si le tumulte des ennemis va grandissant toujours, c’est un motif de plus pour avoir confiance ; car il s’agit de grâce, de grâce fidèle, et la puissance sur toutes choses est par devers Lui. Le cœur, loin d’être effrayé, supplie Dieu qu’il se souvienne des attaques et des insultes de l’ennemi, car les insultes s’adressent à son nom. Il est de fait que l’inimitié du monde contre son peuple se trouve être réellement contre le Seigneur. S’ils n’étaient pas son peuple, le monde ne s’occuperait pas tant d’eux. Il faut que le peuple de Dieu s’en souvienne, et n’oublie pas, au milieu de sa propre faiblesse, que c’est Dieu qui est en cause.
Le Psaume 75 proclame l’avènement certain et le juste gouvernement du royaume de Christ ; remarquez seulement que la foi rend grâces avant que ce royaume soit établi, et qu’elle avertit les pécheurs orgueilleux, car Dieu est le juge. Les prétentions humaines ne servent de rien contre Lui. Remarquez encore ceci : Lorsque Christ prend le royaume, tout est confusion ; la terre et ses piliers se fondent. Même alors, nos cœurs doivent pouvoir dire : Le nom de Dieu (pour nous le Père) est près, c’est-à-dire que tout ce en quoi Dieu se révèle est près de nous ; en sorte que nous pouvons toujours avoir confiance, et être sans crainte. Les voies et les actes de Dieu sont d’accord avec son nom. Nous croyons en son nom de Tout-Puissant, de Très-Haut, nous croyons qu’il vengera l’Église persécutée, en jugeant Babylone et sa puissance ; toutefois, comme je l’ai déjà dit, il ne s’agit pas pour nous directement du nom de Dieu, mais de celui du Père. Dans ce sens, il n’est question de gouvernement que par rapport à ses enfants. Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père. Toute la puissance contenue dans ce nom qui est ainsi manifesté, toute la grâce et la fidélité qui s’y trouvent pour ceux qui sont ressuscités avec Christ, qui sont aimés comme il est aimé, voilà ce qui est toujours près de nous ; et cette œuvre merveilleuse de la résurrection de Christ le déclare, dût la mort elle-même être sur nous.
Le sujet général de ce Psaume est encore le jugement exécuté en rapport avec Israël. Mais nous pouvons noter ici un principe général : c’est que le siège de la bénédiction de Dieu et de son trône, ou plutôt, que leur manifestation sur la terre, alors même que cette manifestation serait tombée au plus bas, est bien plus excellente que toute la puissance et la violence de l’homme. Lorsque Dieu les tance, les hommes tombent sans force. Lorsque Dieu se lève, que peuvent-ils faire ? Mais l’exécution du jugement de Dieu sur la terre a son effet et son but immédiats : la délivrance des débonnaires. Il sauve tous les débonnaires de la terre. Son amour et sa fidèle bonté sont en exercice, même dans le jugement.
Un second principe, que la foi applique en tout temps, principe encourageant et consolant, c’est que Dieu fait tourner la colère de l’homme à sa louange (v. 10). Il fait tout servir à sa propre gloire, à ses desseins, et il arrête tout le reste. Lorsque la foi est exercée, elle compte sur Dieu, à travers tout, bien certaine que Dieu aura le dernier mot, le mot final en toute chose.
Le Psaume 77 nous présente quelques points instructifs à noter. La plainte va plus loin, peut-être, que ne devrait aller celle d’aucun chrétien. Le 7ème verset, dans notre bouche, serait tout simplement de l’incrédulité, tandis que, pour le Juif, dont le peuple est rejeté dans tout ce qui touche à ses privilèges, la question surgit naturellement, comme en Rom. 11 : «Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ?» Mais, abstraction faite de cela, nous trouvons dans ce Psaume beaucoup d’instruction pour un temps de profonde affliction, lorsque le poids de circonstances très difficiles, ou même notre propre faute, ont peut-être plongé notre âme dans une grande détresse, quant à ses circonstances extérieures. Le sujet de ce Psaume, c’est que le fidèle cherche actuellement et activement le Seigneur. C’est un appel direct du cœur, et non pas un simple désir, ni seulement de la soumission. Sa voix s’adresse à Dieu. Ceci est plus important que nous ne sommes disposés à l’admettre.
Je ne crois pas qu’il soit entièrement juste de dire que «la prière est le sincère désir de l’âme proféré ou non exprimé». Loin de moi la pensée qu’il ne puisse y avoir ni soupir, ni gémissement lorsque l’Esprit Saint intercède, ou bien que le cœur qui s’élève à Dieu trouve jamais auprès de Lui refus ou froideur. J’admets tout cela ; mais il y a dans la prière la présentation actuelle à Dieu d’une difficulté connue, l’expression d’un besoin dans lequel nous nous trouvons. Le cœur s’exprime par une invocation positive. Ainsi il se présente lui-même devant Dieu, et la chose est très importante dans notre relation avec Lui. Il y a la vérité dans l’homme intérieur, et une vraie dépendance accompagnée de confiance ; tandis qu’auparavant il n’y avait que soucis rongeants, un cœur qui se repliait sur ses difficultés, une âme qui refusait d’être consolée. La volonté agissait et ne pouvait obtenir ce qui lui manquait. L’âme pensait à Dieu, mais sans trouver aucune consolation ; elle n’avait que ses propres pensées sur Dieu ; elle gémissait, mais ne priait pas, et l’Esprit était sans force (v. 3). Éveillé, le fidèle ne pouvait naturellement pas s’occuper de choses ordinaires ; son trouble l’empêchait de parler. C’est le tableau saisissant d’une âme en profonde détresse, mais cette peinture ne se trouve entièrement réalisée que lorsqu’une âme, sous la main de Dieu qui la châtie, a perdu le sentiment de la faveur divine ou bien ne connaît pas encore la paix. Toutefois cet état peut se rencontrer chez tous ceux qui, à un certain degré, ne regardent pas à Lui. Mais l’âme se tourne vers Dieu ; elle se souvient d’avoir joui de sa miséricorde, d’avoir chanté des cantiques pendant la nuit. Le Seigneur a-t-il rejeté pour toujours ? Il n’y a pas lieu, pour le chrétien, à une pareille question, mais bien à un châtiment terrible et douloureux, lorsqu’il a laissé tomber le bouclier de la foi, et que les dards enflammés du méchant ont atteint son cœur. Cette question peut surgir lorsqu’une âme, sans manquer toutefois de sincérité, a reçu légèrement l’Évangile de la grâce, tandis que le travail de conscience n’a lieu que plus tard. Mais lorsque, au lieu de s’entretenir avec lui-même et de raisonner avec sa propre misère, le cœur regarde à Dieu, il voit alors que toute cette misère est en lui-même et non pas en Dieu, et les choses prennent un tout autre aspect.
Le chrétien, lui, n’a pas besoin d’en revenir aux miséricordes passées (tandis que le Juif aura raison de le faire), parce que toute la faveur de Dieu repose actuellement sur lui, même si Satan a eu pour un temps prise sur son esprit, et qu’il se retrouve dans la lumière de cette faveur, aussitôt que le nuage qui s’était élevé de son propre cœur est dissipé. Les Juifs avaient autrefois des bénédictions dispensées par la grâce souveraine, et ils font bien de s’en souvenir au temps de leur réjection, bien qu’ils ne soient pas rejetés pour toujours. Le chrétien n’est jamais rejeté ; aussi n’est-il pas question pour lui de se souvenir, mais de rentrer dans la jouissance de la faveur divine, qui n’a jamais discontinué.
Dans le reste du Psaume, le chrétien apprend que la voie de Dieu est dans le lieu saint. Si sa faveur est invariable, sa voie est néanmoins toujours d’accord avec sa sainteté, bien que, pour la même raison, elle soit aussi d’accord avec son fidèle amour. Du moment qu’Israël se convertit, c’est pour revenir à la souveraine grâce et à la rédemption. La voie de Dieu est dans la mer (v. 19) ; on ne peut en suivre les traces ; elle est en puissance. Tous les mouvements, toute la force de ce qui semble indomptable, infranchissable, sont dans sa main.
En somme, ce Psaume présente le contraste entre le travail et l’agitation inquiète d’une âme qui s’abandonne à ses propres pensées, et l’état de cette âme qui se tourne vers Dieu et crie à Dieu lorsqu’elle se souvient de Lui. Le chrétien qui conclurait de tout cela à une interruption de la faveur divine se tromperait étrangement. Mais il peut apprendre ici qu’au milieu de souffrances accablantes, lorsque la propre volonté est à l’œuvre, il n’y a aucun repos jusqu’à ce que son âme se souvienne de Dieu et qu’elle crie à Lui.
Ce Psaume récapitule évidemment l’histoire d’Israël, pour les convaincre de désobéissance et d’incrédulité, et leur montrer l’inutilité, pour leurs cœurs, de toutes les voies de Dieu envers eux ; il décrit ensuite avec magnificence comment Dieu recourt à sa grâce souveraine pour bénir ; mais on trouve en outre ici quelques-uns des signes de l’incrédulité et les avertissements à cet égard. Il peut être utile d’examiner ce sujet. Le grand principe que je viens de signaler est lui-même du plus haut intérêt. La grâce souveraine est l’unique ressource de Dieu, s’il veut bénir l’homme. Quelque miséricordieuses que soient ses voies, elles manquent leur but. Il aime son peuple, mais il n’a d’autre ressource pour le bénir que sa propre grâce. S’il agissait suivant le résultat de ses voies, il serait obligé d’abandonner son peuple, car «ils tournèrent comme un arc trompeur». Il en a toujours été ainsi. Mais lorsque le mal est à son comble, Dieu se réveille dans son amour envers eux, à cause de leur misère, et de l’amour qu’il leur porte. Alors il accomplit à sa manière le propos de sa grâce. «Il choisit la tribu de Juda... la montagne de Sion, qu’il aima... il choisit David, son serviteur» (v. 68 et 70).
Tel est l’enseignement général de ce Psaume. Parlons maintenant des caractères de l’incrédulité, car ils sont instructifs. La miséricorde et la fidélité passées de Dieu ne donnent aucun courage contre la difficulté présente ; Dieu doit être connu par une foi du moment. Nous ne pouvons nous fonder sur les miséricordes passées pour nous donner confiance. «Dieu pourrait-il dresser une table dans le désert ? Voici, il a frappé le rocher... pourrait-il aussi donner du pain ?» (v. 19, 20). L’expérience de la bonté et de la puissance n’aura pas pour résultat que l’homme se confie en elle, lorsque survient un nouveau besoin ou que la convoitise est en jeu. Les choses n’en allèrent pas mieux, lorsqu’«il eut commandé aux nuées d’en haut et qu’il eut ouvert les portes des cieux et qu’il eut fait pleuvoir sur eux la manne». Le châtiment de leur convoitise, à l’occasion des cailles que Dieu leur avait envoyées, ne mit pas non plus un frein à leur volonté incrédule. Tant qu’il se trouve sous la main de Dieu, l’homme se souvient de Lui. Un peu de relâche... aussitôt apparaissent l’oubli et la propre volonté. Mais Dieu fut plein de compassion ; il arrêta sa main étendue en jugement. «Ils tentèrent Dieu et affligèrent le Saint d’Israël» ; — ils se méfièrent de cette puissance de Dieu, qui était capable d’accomplir tous ses desseins de grâce envers eux, de faire ce qu’il fallait, pour son peuple, en chaque circonstance. Je limite Dieu, du moment que je suppose qu’une chose quelconque puisse ne pas être pour la bénédiction. Ceci est un grand péché, et, si nous songeons à tout ce que Dieu a fait pour nous, nous sommes doublement coupables. Le Saint Esprit prend invariablement pour point de départ la révélation de l’amour infini de Dieu, afin d’en déduire toutes les conséquences. Il a réconcilié ; certainement il sauvera jusqu’au bout. Il n’a pas épargné son Fils ; comment ne donnera-t-il pas toutes choses ? C’est la bonté infinie ; mais, douter de sa puissance, c’est douter qu’il soit Dieu. Ce doute nous empêche de placer notre espérance en Lui. L’expérience devrait fortifier la foi ; mais il faut une foi présente pour mettre l’expérience à profit. Que le Seigneur de grâce nous garde de limiter Dieu dans sa puissance, et par conséquent dans sa puissance pour nous bénir. Au lieu d’être portés à ne nous souvenir de Dieu que lorsque sa main s’appesantit sur nous, puissions-nous, au milieu même de bénédictions présentes, ne penser à Lui que pour Lui-même, et parce que nos cœurs Lui sont attachés ! Alors, au milieu des épreuves, nous serons capables de compter sur sa bonté et nous ne serons pas enclins à limiter sa puissance.
Le Psaume 79 appelle le jugement sur les nations ; mais ce sujet ne nous arrêtera pas. Le seul point que je désire mentionner, c’est la manière dont le cœur se tourne vers Dieu, lorsqu’il est très abattu. Il ne cherche pas même à se venger, mais, étant à l’extrémité sous l’oppression du mal, il se tourne vers Dieu, et se souvient ainsi de ses propres péchés. Il n’a pas d’autre refuge que le nom de Dieu. «Ne te souviens pas contre nous des iniquités anciennes ; que tes compassions viennent en hâte au-devant de nous... Aide-nous, ô Dieu de notre salut ! à cause de la gloire de ton nom ; et délivre-nous, et pardonne nos péchés à cause de ton nom» (v. 8-9). Tel est l’effet du châtiment, à supposer que nous connaissions Dieu : il produit l’humilité du cœur, la véritable confession, la conscience qui sait n’avoir aucun droit à la délivrance, mais qui compte sur la bonté de Dieu et sur son nom, en un mot, sur ce qu’il est. L’âme se repose sur le fait qu’il y a compassion, que Dieu écoute le gémissement de ses prisonniers, et qu’il agira selon la grandeur de sa puissance pour garantir ceux qui sont voués à la mort, malgré la force apparente du bras qui les retient.
L’ennemi avait outragé le Seigneur en injuriant son peuple. «Où est leur Dieu ?» où est leur confiance ? Alors le Seigneur se manifeste : voilà ce que son peuple attendait, aussi célèbre-t-il l’Éternel.
Ce Psaume met en lumière une autre vérité que nous rencontrons souvent dans l’Écriture. Dieu n’est pas seulement un Dieu glorieux qui doit maintenir sa gloire, mais, ayant acquis un peuple sur la terre, il a identifié sa gloire avec ce peuple. La foi sent profondément cette vérité qui la pénètre de reconnaissance, et elle compte sur la délivrance et sur la grâce. Dieu délivre tout en garantissant sa propre gloire. Mais, pour la même raison, Dieu ne permet aucun mal, parce que son nom est lié à son peuple, comme Israël nous en fournit l’exemple : «Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités» (Amos 3:2). Ici, le châtiment est sur son peuple et le nom de Dieu est outragé. Aussi, tout en s’humiliant et en recherchant la miséricorde et la purification, attendent-ils la délivrance car le peuple de Dieu est devenu fort chétif.
Le Psaume 80 est hardi dans ses invocations. Il passe de la délivrance d’Égypte à la connaissance, non pas de Christ, mais du Fils de l’homme ; et encore le considère-t-il plutôt comme le provin [Bibliquest : branche de vigne qui prend racine] que Dieu s’est fortifié pour Lui-même. On ne trouve pas ici les mots qui rendent si clair le début du chap. 15 de Jean : «Je suis le vrai cep, vous, les sarments». Cependant notre Psaume va jusqu’à reconnaître l’homme de la droite de Dieu, le Fils de l’homme, qu’il a fortifié pour soi. Mais si, dans cette confiance en Dieu, et regardant au Fils de l’homme, ce Psaume parle hardiment, s’il attribue tout à la grâce, il porte néanmoins un caractère absolument juif : il fait allusion à l’ordre des tribus dans le désert (v. 2) ; il connaît Dieu comme Celui qui est assis entre les chérubins (v. 1) ; il considère Israël comme le cep de Dieu, et le Messie, dans son caractère juif le plus élevé, comme le Fils de l’homme ; enfin, toute son espérance, c’est que Dieu ramènera son peuple. Nous allons examiner cette dernière expression, car elle caractérise l’invocation de ce Psaume. On la trouve aux v. 3, 7 et 19 ; nous la rencontrons dans la même acception en Jér. 31:18, 19 et au chap. 5, v. 21 des Lamentations. Elle offre donc un intérêt particulier.
La discipline seule, en elle-même, peut bien briser la volonté, humilier, lorsque Dieu agit, et faire ainsi une œuvre préparatoire, mais elle ne ramène pas à Dieu. C’est ainsi que les fidèles sont amenés à dire ici, comme dans les désolations d’Éphraïm et de Juda, lorsqu’ils sont au plus bas, et qu’ils n’attendent plus aucun autre secours : «Ramène-moi», «ramène-nous». Ce n’est pas simplement une tristesse selon Dieu et la conscience de péché, ce qui n’est pas même, à proprement parler, la pensée de ce Psaume ; mais il y a le sentiment qu’ils appartiennent à Dieu, qu’ils sont le peuple de Dieu, et en même temps l’objet de sa réprobation : — «ils périssent parce que tu les tances». Il est question ici des voies de Dieu envers son peuple, et ce Psaume peut s’appliquer aussi à un saint dans le temps actuel, lorsque Dieu agit ici-bas à son égard selon le témoignage qu’il a rendu. Il y a, je le répète, le sentiment de Lui appartenir, mais le cœur qui repasse l’œuvre de Dieu et les bénédictions qu’elle a produites autrefois, voit maintenant cette œuvre détruite, témoignant ainsi de la puissance de l’ennemi. Cependant ce n’est pas cette puissance qui préoccupe la foi, mais c’est le courroux de Dieu. La foi se tourne vers Lui, comme à la source première de la bénédiction et de la puissance qui a opéré cette bénédiction, comme à Celui dont c’est l’œuvre, et qui est toujours occupé en faveur de son peuple. La foi s’arrête à la beauté de l’œuvre de Dieu, aux délices qu’il prend à cette vigne qu’il avait plantée pour Lui-même, mais qui maintenant est arrachée ; et la foi en conclut que Dieu interviendra en grâce. Mais cette intervention doit consister d’abord en ce que Dieu ramène à Lui son peuple.
L’état dans lequel ils se trouvent est en rapport avec la ruine générale, mais ce n’est pas ici la pensée principale : ils ne peuvent séparer leur propre état d’avec l’intervention divine. Il leur faut cette intervention, mais son premier acte doit être de les restaurer, de les ramener. Ils désirent la bénédiction, mais ils la veulent selon le caractère de Dieu, qui commencera d’abord par eux et les ramènera ; et alors la face de Dieu luira sur eux et ils seront délivrés. Quelle bénédiction, lorsque nous nous étions détournés de Dieu, de pouvoir l’invoquer, lui demandant qu’il nous ramène, et que sa face luise sur nous de telle manière qu’elle apporte la bénédiction et une délivrance actuelle à son peuple. Le fidèle demande à Dieu de retourner et de visiter le cep ; toutefois il ne s’attend pas à la restauration de l’état de choses primitif (ce n’est pas la manière de faire de Dieu), mais à l’établissement du provin que Dieu a fortifié pour Lui-même. Il en est ainsi de nous maintenant : Nous attendons que Christ soit exalté, même dans les plus petites choses. Si nous avons failli, il ne nous sied pas d’attendre que Dieu rétablisse les choses sur le même pied qu’auparavant, comme si rien ne s’était passé — ceci ne pourrait pas être à sa gloire — mais nous pouvons nous attendre à ce qu’il intervienne pour montrer sa bonté dans ce qui manifeste sa grâce, et à ce qu’il écoute le cri de son peuple : «Que ta main», s’écrie la foi d’Israël, «soit sur l’homme de ta droite». C’est là qu’ils trouvent leur force et leur sûreté, et qu’ils sont gardés debout. — «Et nous ne nous retirerons pas de toi». Il en sera pleinement ainsi d’Israël aux derniers jours, et il en est ainsi de nous en pratique. Sa présence est ce qui nous garde.
Mais la foi cherche encore une autre chose. L’éloignement de Dieu, la recherche de la propre volonté, ont pour résultat l’engourdissement et la mort ; aussi, quand ils sont ramenés, ont-ils besoin d’être vivifiés ; il faut que cette puissance qui ranime et qui donne la vie, rappelle leur cœur vers Dieu. Alors ils l’invoqueront avec un redoublement de sérieux et une confiance nouvelle : «Fais-nous revivre, et nous invoquerons ton nom». Pour Israël ce sera réellement la vie d’entre les morts. C’est plus que la prière qui crie à Dieu dans l’épreuve ; c’est le cœur qui, plein de confiance, en appelle à Dieu, après avoir été ramené à Lui. Cette scène prophétique montre évidemment la restauration d’Israël. Dieu ne cache pas maintenant sa face aux siens, mais il l’a cachée à Israël ; toutefois les chrétiens peuvent reconnaître ses voies en gouvernement dans leur œuvre, dans leur service, et dans leur état comme corps.
En rapport avec notre sujet, je voudrais ajouter quelques mots sur le retour personnel à Dieu et la repentance, tels que nous les trouvons dans les passages de Jérémie cités plus haut. Ainsi, au chap. 31:18, il est dit : «Convertis-moi» ou : ramène moi «et je serai converti». Nous avons donc en premier lieu l’action de Dieu en grâce, ramenant le pécheur, le convertissant. Ce dernier ne regardait pas à Dieu, il lui avait tourné le dos ; et maintenant, de cœur et de volonté, il se retourne vers Lui. La repentance vient après : «Car, après que j’ai été converti, je me suis repenti». — Mon cœur, ayant été tourné vers Dieu et amené dans la lumière, je me mis à l’œuvre ; je jugeai tout, aussi bien l’état de mon cœur que mes voies pendant mon éloignement de Lui. Alors, introduit dans la vraie bénédiction, possédant la pensée de Dieu quant au bien, on reste confondu d’avoir pu désirer et poursuivre des choses si vaines et si mauvaises.
L’épître aux Corinthiens nous présente une autre pensée. La conversion que Dieu opère produit la tristesse (2 Cor. 7). La première lettre de l’apôtre avait pénétré, par la puissance de l’Esprit, dans leurs âmes. Ce n’était pas encore le jugement complet de leur état dans la lumière, mais, leur propre volonté étant retenue par l’action divine, il y avait chez eux de l’affliction dans le sentiment qu’ils s’étaient écartés du droit chemin. Alors la conscience commença à agir et non plus la volonté ; peut-être le moi y avait-il encore part en quelque mesure. Néanmoins c’était une tristesse selon Dieu, une volonté brisée, un cœur contrit ; il y avait le sentiment que l’on avait suivi sa propre volonté et oublié Dieu. Les illusions d’une volonté perverse s’en sont allées, et dès lors commence l’action de la nature divine en nous, résultat du fait que nous avons affaire à Dieu. Cette action n’est pas accompagnée de frayeur lorsqu’elle est bien sentie ; il n’y a nulle idée que Dieu veuille nous imputer le péché, ou nous condamner, mais bien la tristesse et l’affliction du cœur à la pensée que l’on a suivi la perversité et les tromperies de sa propre volonté. Cette tristesse produit un jugement du mal bien plus actif et plus décidé, et ce jugement est appelé ici la repentance. «La tristesse qui est selon Dieu, opère une repentance à salut dont on n’a pas de regret». Par cette conversion dont nous venons de parler, l’âme ayant été amenée, par l’opération de la grâce de Dieu, à s’affliger pour avoir écouté sa propre volonté, rentre maintenant (ou plutôt entre pour la première fois) sous l’influence naturelle et sous l’action du nouvel homme non contristé. Elle juge, par l’énergie spirituelle, tout le mal, comme Dieu le juge en principe. Le sentiment de la culpabilité n’a point disparu, mais, ce qui caractérise cet état c’est le jugement de la faute — le jugement du moi en tant que celui-ci y est impliqué. Le cœur est pur du mal, lorsqu’il le juge comme Dieu le fait et s’en sépare comme d’une chose qui lui est extérieure, à laquelle il est étranger. Or ceci est la sainteté, laquelle gagne souvent en profondeur à mesure que l’on connaît mieux le moi.
Nous voyons un exemple dans le discours de Pierre au chap. 2 des Actes. L’apôtre venait de mettre devant leurs yeux le péché du peuple. «Alors ils eurent le cœur saisi de componction et ils dirent à Pierre : Que ferons-nous ?» Il n’était plus question de leur volonté qui leur avait dicté ce cri furieux : «Crucifie-le, crucifie-le !» Le péché a accompli son acte et ne peut plus se changer. La folie d’un tel acte se présente à eux, apportant l’angoisse à leurs cœurs. «Que ferons-nous ?» Ils sont convertis ; ils en sont arrivés à l’affliction et à la tristesse selon Dieu. Que leur dit Pierre ? «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés». Ils étaient convertis, saisis de componction en songeant à la folie de leur péché ; ils avaient encore à se repentir. Il y a une chose plus grande, plus profonde, plus complète qu’une âme amenée à la lumière ; c’est lorsque le nouvel homme exerce son jugement sur ce que le moi avait été. Il ne s’agit plus d’une âme convaincue de la part de Dieu et se soumettant, dans le sentiment de sa culpabilité, à l’effet de sa grâce et de sa présence, mais il s’agit d’une âme qui rejette spirituellement, en communion avec Dieu, le mal comme tel, du terrain où le nouvel homme se tient avec Dieu. La contrition et l’humilité de cœur accompagnent cet acte, mais l’âme est rentrée dans sa liberté devant Dieu. Il y a une vraie repentance, du moment que le moi est mis de côté et que la nouvelle nature, s’étant emparée du jugement et de la volonté, juge librement, comme une chose rejetée, tout ce qui avait séduit la chair et ce en quoi elle prenait plaisir.
Ce Psaume nous fournit l’occasion de noter quelques principes du gouvernement de Dieu. C’est lorsqu’on a été rétabli dans la bénédiction, que l’on peut considérer les voies merveilleuses de Dieu. Si le peuple avait été fidèle, loin d’être affligé, il aurait joui non seulement de la paix, mais d’une bénédiction actuelle et abondante. Loin de là, il ferma son oreille à Dieu ; aussi Dieu les abandonna aux convoitises de leur cœur ; ils marchèrent selon leurs propres conseils et tombèrent bientôt au pouvoir de leurs ennemis, toujours plus forts que le peuple de Dieu, lorsque celui-ci descend sur leur terrain. Dieu nous a délivrés. Nous avons été délivrés de l’esclavage et du fardeau du péché. La puissance divine (une puissance qui, tout en se manifestant par ses effets, a néanmoins sa source dans le secret des conseils divins) nous a répondu, lorsque, sous le péché, nous étions dans l’angoisse et dans la détresse ; et, dès lors, tout en ayant part, en vertu de notre position, à la plénitude de la bénédiction, nous sommes sous la responsabilité quant aux bénédictions présentes que nous avons reçues. «Oh ! si tu voulais m’écouter !» Ce que Dieu veut, c’est la vérité du cœur envers Lui, c’est que non seulement on évite le mal quand il se rencontre, mais qu’il n’ait point d’idole dans le cœur. Ce qui révèle l’état du cœur, c’est la vérité dans l’homme intérieur vis-à-vis de Dieu. Mais Dieu nous appelle à cela comme étant déjà notre Dieu (nous disons maintenant : Père), qui nous a délivrés et sauvés et qui nous dit (sans doute lorsque nous sommes dans le sentier de l’obéissance) : «Ouvre ta bouche toute grande et je la remplirai». Nous sommes appelés à élargir nos cœurs pour recevoir la bénédiction. Dieu a de riches, d’abondantes provisions pour nous, et nous engage à ouvrir notre bouche toute grande. Tout son désir est de la remplir de ses propres richesses, des richesses de bénédictions de la grâce données par sa propre main. Les richesses insondables de Christ nous appartiennent et sont communiquées à nos âmes. Mais hélas ! souvent nous ressemblons à Israël : «Mon peuple n’a pas écouté ma voix».
Alors, pour les châtier, Dieu laisse les siens se nourrir du fruit de leurs propres voies : jugement terrible par lequel on est parfois humilié et amené à sentir l’amertume de la puissance de l’ennemi, et d’autres fois, ce qui est pire, porté à se croire finalement abandonné ! Ce cas ne peut guère se présenter, lorsque l’âme a été réellement vidée du «moi» et de la propre justice si subtile dans sa nature. Toutefois les dards enflammés du malin sont terribles pour l’âme. Ce ne sont nullement ici les doutes d’une âme exercée sous la loi, l’incertitude de savoir si Dieu sera pour elle, si elle pourra échapper ; mais c’est la frayeur que l’âme éprouve vis-à-vis d’un Dieu qui est contre elle. Tandis que, dans le premier cas, il s’agit du doute légal, dans le second, c’est le doute du désespoir produit par Satan. Si le saint marche fidèlement, il aura sûrement des ennemis, Satan et ses machinations, à combattre, mais c’est de fait le Seigneur qui remporte la victoire sur eux. Ce combat est, après la patience de la foi, la preuve encourageante que le Seigneur est avec nous pendant la course. Nos adversaires sont ceux du Seigneur ; avoir conscience de cela est une immense force. Ceux qui s’opposent à nous lorsque nous marchons dans le sentier du Seigneur, sont en tout cas, sous ce rapport, au nombre de ceux qui haïssent le Seigneur. Ils sont trouvés menteurs et vains dans leurs prétentions, tandis que le saint marche en paix par la puissance du Seigneur dans un chemin uni. «Celui qui fait la volonté de Dieu demeure à toujours» ; il est nourri de la moelle du froment, de la connaissance la plus précieuse de Christ ; tandis que la douceur de la grâce divine rafraîchit et satisfait le désir de l’Esprit.
Ces deux Psaumes ne demandent pas de commentaire particulier en rapport avec l’objet de ces méditations. Au Psaume 82, le lecteur remarquera que Dieu juge au milieu des juges, spécialement ceux qui, en Israël, avaient la loi divine pour les guider. Ils tombent ainsi de la position qu’ils occupaient comme exerçant l’autorité de Dieu sur la terre, dans celle de l’homme responsable, et Dieu se lève pour juger la terre. Dans ce Psaume, Dieu s’occupe de l’iniquité de l’homme envers son semblable et de la différence entre le jugement confié à l’homme et la justice. Le Psaume 83 envisage l’homme coupable d’inimitié active contre Dieu, usant, dans sa haine envers le peuple de Dieu, de ruses, de conspirations, de violence, afin que même leur souvenir soit ôté de la terre (v. 4). Mais ces efforts de l’homme ont pour résultat final que «l’Éternel seul (le Dieu d’Israël) est le Très-Haut sur toute la terre». L’oppression exercée de haut en bas par ceux qui représentent Dieu sur la terre, la rébellion dirigée de bas en haut contre Dieu et se manifestant par la haine envers son peuple terrestre : tels sont les caractères de l’homme et l’objet du jugement de Dieu sur la terre.
Bien que Dieu soit nécessairement le centre de tous les désirs du nouvel homme, il n’est cependant point parlé ici, comme au Psaume 63, du désir qui a Dieu comme tel pour objet. L’Éternel est reconnu comme le Dieu vivant, mais comme un Dieu manifesté, en relation avec son peuple. Il n’est pas dit ici : «Mon âme a soif de Dieu», mais : «Combien sont aimables tes demeures, ô Éternel des armées !» Elles ne seraient pas aimables si l’Éternel n’y était pas et si elles n’étaient pas les siennes. Il s’agit donc ici du bonheur que l’on trouve dans la jouissance d’une relation publique avec Celui qui demeure au milieu de son peuple, et non pas d’un bonheur abstrait que l’on trouverait en Dieu même. Les demeures de Dieu sont un lieu de repos pour le cœur ; c’est comme l’hirondelle qui a, de la part de Dieu, un nid où elle a mis ses petits. Et ceci est juste. Le désir de l’âme après Dieu Lui-même est la racine et l’essence de la piété personnelle. Le secret de Dieu se trouve là, et l’âme est gardée dans la sainteté de sa présence, et exercée dans cette sainteté devant Lui. Mais le vrai refuge de l’âme pieuse est là où Dieu manifeste sa gloire, où il est adoré. «Dans son temple, tout dit : Gloire !» (Ps. 29:9). C’est là que la louange est produite continuellement.
Il ne s’agit pas ici des exercices de l’âme, mais d’un cœur pieux débordant (et la chose ne peut avoir lieu que dans le nouvel homme) en actions de grâces et en adoration avec ceux qui sont d’un même sentiment, là où tous adorent, là où il n’y a rien d’autre que la louange ; car l’autel de Dieu est le centre des désirs et des épanchements du cœur. Là Dieu se manifeste, là le cœur est à l’aise loin des exercices et des épreuves ; aussi comprend-il bien que dans ce lieu on louera Dieu sans cesse. Ceux qui y demeurent n’ont rien d’autre à faire. Telle sera la bénédiction dans son parfait accomplissement.
Mais il est encore une autre chose (v. 5 et suiv.) dans laquelle on éprouve la bénédiction : je veux parler du chemin, chemin qui conduit au sanctuaire en traversant le monde qui est la vallée des pleurs. Celui qui, d’un cœur tranquille, marche en pèlerin vers le repos et la demeure de Dieu, a sa force dans le Seigneur. Aussi est-il appelé bienheureux. Si la demeure de Dieu, le lieu où sa gloire est manifestée et que cette gloire remplit, est l’objet vers lequel tendent tous les désirs du cœur, le chemin qui y conduit sera aussi dans le cœur. Ce chemin peut être rude, il peut conduire par la vallée des pleurs, vallée où l’on trouve la croix, mais c’est le chemin qui mène au but et le cœur y est attaché. D’ailleurs, le cœur se confie en Dieu ; l’amour de Dieu est pour lui la clef de tout ; c’est pourquoi il est dit : «Seigneur, par ces choses on vit, et en toutes ces choses est la vie de mon esprit» (És. 38:16). Elles changent la vallée des pleurs en une fontaine et font trouver dans l’affliction les rafraîchissements de la grâce. Car il faut que la volonté soit brisée, que les mouvements de la volonté dans les désirs du cœur soient jugés, pour que la grâce, pour que Dieu Lui-même (cette source de joie et de bénédiction) puisse avoir toute sa place. C’est ce que produisent les exercices et les épreuves du désert. La vallée n’est pas appelée la vallée de l’épreuve, mais celle des pleurs ; car, ce qui produit la fontaine rafraîchissante, ce ne sont pas simplement des faits extérieurs, mais ce sont les exercices du cœur qui découlent de ces faits. Sans aucun doute la cause en est les difficultés du chemin dans la vallée. Christ, l’homme parfait dans ses voies, était aussi un homme de douleurs, et il manifestait et exerçait son amour au milieu des souffrances. Nous, nous avons besoin d’être humiliés et brisés afin de parvenir à cet état, mais c’est précisément ce qui change pour nous la vallée en fontaine. «Par ces choses on vit et en toutes ces choses est la vie de mon esprit». Dans la douleur de sa réjection, auprès du puits de Sichar, le Seigneur avait une viande à manger que ses disciples ne connaissaient pas.
Mais ce n’est pas tout : il y a des provisions de grâce qui sont directement fournies d’en haut ; Dieu envoie en grâce la pluie sur son héritage, pour le rafraîchir lorsqu’il est altéré. La pluie couvre de bénédictions la vallée. Les communications de l’Esprit de Dieu, la révélation de Christ à l’âme, l’amour du Père, tout cela rafraîchit et réjouit le cœur et le détourne du monde pour le remplir de ce qui lui fait voir le néant du monde. Le nouvel homme goûte ces joies, et traverse joyeusement la vallée en pensant à ces choses. Il marche de force en force. Ce ne sont pas des forces accumulées, et cependant la force est augmentée ; mais cet accroissement de force, bien loin d’affaiblir la dépendance de Dieu, en augmente, au contraire, le sentiment. On se connaît mieux et l’on se défie beaucoup plus de soi-même ; on est plus simple et l’on a un sentiment plus net que la force appartient à Dieu. Pierre nous en est un exemple. Le Seigneur lui dit : «Quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères». C’était un cas extrême quant aux moyens employés pour le produire, mais qui nous montre combien le jugement de soi-même et l’école de la dépendance sont le moyen d’avoir la force, parce que la force est réellement en Christ. «Ma puissance s’accomplit dans l’infirmité». Ainsi la force que nous avons et que nous sentons, au point où nous sommes amenés à réaliser la grâce et la présence de Christ, nous pousse plus loin et nous fait avancer dans notre voyage à travers le désert ; nous en usons (je ne dis pas que nous la perdions) le long du voyage ; nous employons cette force en chemin, mais ce n’est pas la même chose qu’éprouver la jouissance de tirer toute bénédiction de Lui.
Cela nous conduit à nous rendre mieux compte du besoin que nous avons de Christ, et à une connaissance de nous-mêmes qui est augmentée par les choses que nous traversons. Cette découverte du «moi» n’est cependant pas toujours le résultat d’un jugement que nous formons sur nous-mêmes, mais elle provient du dépouillement du moi et du déclin de sa puissance trompeuse sur notre cœur, qui nous fait nous abandonner plus simplement à Christ. C’est ainsi que nous avançons graduellement en force ; Christ est davantage notre tout, et, si nous tombons en faute, le progrès se montrera en ce que le moi sera positivement jugé et l’âme restaurée. Le résultat sera notre apparition devant Dieu, où le moi n’existera plus, et dans le lieu où il a placé sa bénédiction, et où tous montent pour l’adorer et le glorifier. Même à présent il y a une réalisation partielle de cela, mais la chose ne sera accomplie certainement qu’en gloire, dans la Jérusalem céleste et dans la maison du Père. Mais tout cela produit la supplication, la supplication avec le sentiment de la Majesté divine, mais aussi avec la conscience d’une précieuse relation dans laquelle on se trouve. Il est Jéhovah, l’Éternel des armées, mais il est aussi le Dieu de Jacob.
Il y a plus encore. Jusqu’à ce que nous soyons introduits en réalité dans les parvis de Dieu, nous dépendons de cette Majesté et de cette fidélité à son alliance (pour nous, c’est le nom du Père en union avec Christ), mais nous dépendons aussi du fait que Dieu regarde à Christ. C’est notre sauvegarde pour le temps présent et, dans un sens, pour l’éternité. Nous avons de l’assurance, de la confiance, et nous prions parce que Dieu regarde la face de son Oint. Mais cette confiance que nous avons sur le chemin à travers la vallée de Baca se lie au désir d’être dans ses parvis. Regarde notre garant, ô Dieu, repose-toi en lui, «car un jour dans tes parvis vaut mieux que mille». Mieux vaut se tenir sur le seuil dans la maison de Dieu que jouir de tout ce que les tentes des méchants peuvent offrir, ou du droit d’y habiter. Dieu éclaire de sa glorieuse Majesté, et il protège. Il donnera, dans une grâce parfaite qui ne connaît pas d’entraves, tout ce dont nous avons besoin quand nous sommes dans l’épreuve en chemin, tout ce qu’il faut à notre faiblesse, qui possède le doux privilège de pouvoir compter sur son secours. Et enfin, lorsque nous serons introduits dans la maison avec la capacité d’en jouir, il nous donnera la gloire avec Lui-même. Nous pouvons compter sur Lui pour toutes choses. Il est bon ; il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent devant Lui. Le Psaume se termine par cette affirmation bénie : «Bienheureux l’homme qui se confie en toi». Combien cela est vrai ! Rien n’est hors de sa portée, rien ne peut troubler sa puissance ; rien dont son amour ne veuille se charger à notre place ; rien dont sa sagesse ne puisse se servir pour notre bénédiction. Le cœur connaît son amour et peut y compter ; il sait que : «Bienheureux est l’homme qui se confie en lui».
Le Psaume 85 fait ressortir un principe d’une grande importance pratique ; c’est la différence entre le pardon de tout ce qui appartient à notre état précédent, et la bénédiction dans laquelle le croyant est introduit par la jouissance d’une relation avec Dieu. Il s’agit naturellement dans ce Psaume du rétablissement d’Israël dans la jouissance de la bénédiction, dans son pays, événement par lequel seront accomplies les promesses de l’Éternel ; mais je ne parlerai ici que de ce qui nous concerne.
Le pardon est reconnu comme étant le fruit de la bonté de l’Éternel, de sa bonté assurée envers son peuple ; aussi les fidèles comptent-ils sur une pleine et entière bénédiction ; mais cette bénédiction et le pardon sont deux choses distinctes. Il en est de même pour nous : le pardon s’applique à tout ce que nous avons fait, en tant que nous sommes considérés comme appartenant au vieil homme et à ses actions. Nous sommes ramenés, et tous les fruits du vieil homme sont mis de côté pour toujours par le sacrifice de Christ ; nous avons ainsi un pardon complet. Quant à notre état précédent, la colère est passée. Tous nos péchés sont couverts, mais, malgré cela, il reste encore l’éloignement de Dieu et il n’y a pas la jouissance de sa communion. La crainte du jugement et du Juge est passée, mais il n’y a pas la jouissance d’une bénédiction actuelle avec Dieu. Sa faveur qui repose sur ceux avec lesquels tout est réglé, et les communications de cette faveur dans une relation établie selon la nature et la justice divines, tout cela est encore inconnu. Il y a eu de la joie ; elle est grande encore, car on se sent pardonné ; mais ce pardon s’applique à ce que nous sommes dans la chair, et n’est pas la communion avec Dieu dans une nature qui, parce qu’elle vient de Lui, est capable de jouir de Lui et de nul autre. Quoiqu’on ait le pardon, cette distance de Dieu, cette impossibilité de jouir de Lui avec une nature nouvelle et divine, se fait sentir à l’âme comme étant proprement la colère. Dans cet état on ne peut parler d’avoir été amené à Dieu, ni de repos, car on ne le trouve que dans la jouissance de sa faveur.
C’est aussi le désir exprimé dans ce Psaume. Les captifs de Jacob avaient été rétablis, mais il faut davantage à l’âme du fidèle : il désire être ramené à Dieu et qu’il n’y ait plus pour lui aucune indignation. Cette parole est d’une immense portée ; mais, sans elle, il est impossible de trouver le repos, lorsque nous connaissons, au moins en espérance, et l’amour et la communion. Peut-être avons-nous désiré de posséder le sentiment de sa faveur, mais nous ne pouvons l’obtenir ni par des progrès ni par des victoires : on ne l’obtient que par le pardon et par la délivrance, car nous avons découvert qu’il y a rédemption et pardon, alors ce n’est plus seulement le besoin de la conscience qui nous pousse à nous approcher, mais ce sont les désirs spirituels du nouvel homme. «Ne veux-tu pas nous faire vivre de nouveau, afin que ton peuple se réjouisse en toi ?» (v. 6). L’âme est vivifiée par la présence de l’Esprit de Dieu et se réjouit en Dieu Lui-même.
C’est ce que nous trouvons aussi en Rom. 5 : «Nous avons la paix avec Dieu ;... et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation». «Éternel ! fais-nous voir ta bonté» (car c’est la bonté, mais provenant d’un Dieu connu dans sa relation avec son peuple — comme pour nous c’est le Père connu en Christ), «et accorde-nous ton salut». L’âme a appris à connaître la grâce ; elle attend la réponse, parce qu’elle espère en la grâce. Ce n’est pas une angoisse légale, mais le désir de connaître Dieu dans sa faveur. «Il dira paix à son peuple et à ses saints... Son salut est près de ceux qui le craignent» (v. 8, 9).
Ceci est de toute importance pour l’âme ; elle ne doit pas s’arrêter au pardon qui est sa première et urgente nécessité, mais elle doit comprendre qu’elle est appelée à jouir de Dieu, dans la communion sans nuage d’une nature nouvelle. Cette nature qui est moralement la nature divine trouve nécessairement toutes ses délices en Dieu ; seulement, dans notre cas, cette joie dépend de Lui et va en augmentant — nous nous glorifions en Dieu. Sans doute, ce sentiment doit être fondé sur la justice, et, comme nous allons le voir, sur la justice divine. S’il en était autrement ce ne serait pas Dieu ; mais l’idée présentée ici n’est pas celle d’un règlement de comptes avec un Dieu qui met notre justice en question : il s’agit de jouir de la présence de Dieu, d’être en communion avec Lui, selon la perfection dans laquelle nous avons été placés devant Lui, de trouver en Lui nos délices, dans la nature divine dont nous sommes participants. Voici comment la chose nous est présentée par rapport à Israël : «La bonté et la vérité se sont rencontrées ; la justice et la paix se sont entre-baisées».
C’est la bonté, car elle est accordée à des pécheurs en pure et souveraine grâce ; mais c’est aussi la vérité, car elle accomplit toutes les promesses de Dieu faites à Israël. Pour nous, c’est bien plus que la promesse, car au fond il n’y pas de promesse à l’Église. Toutefois la réalisation de ces vérités est plus frappante dans le cas de l’Église, puisque la position de cette dernière en Christ correspond à la position de Christ Lui-même. L’Église est, devant Dieu, dans la même faveur dans laquelle Christ se trouve comme ressuscité d’entre les morts. La justice semblait être contre le pécheur : elle l’était en effet ; mais, en vertu de la justice divine, elle s’allie à la paix pour le pécheur. «La justice et la paix se sont entre-baisées». La paix correspond à la bonté et la justice à la vérité. Ils ont — nous avons — la paix par grâce ; mais la justice par la foi en Jésus Christ nous introduit dans la pleine jouissance de la position dans laquelle il se trouve, sinon ce ne serait pas la justice. «La vérité germera de la terre» : en effet, c’est là que toutes les promesses seront accomplies pour Israël. Il n’est pas question de cela pour nous, mais d’être assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Il ne nous est pas dit non plus : «La gloire demeurera dans notre pays» (v. 9) ; non, mais nous sommes par droit et par position dans la gloire de Dieu, en haut ; mais dans tous les cas «la justice regarde des cieux (*)» (v. 11). Il ne s’agit ni pour Israël ni pour nous d’une justice qui regarde de la terre pour réclamer la bénédiction du ciel. Dieu a établi la justice dans les cieux mêmes, car Christ s’y trouve. Il y est en vertu de la justice de Dieu. La justice était une justice divine et céleste. Christ ayant glorifié Dieu, est glorifié auprès de Dieu et en Lui : c’est la justice divine. Nos bénédictions célestes aussi bien que les bénédictions terrestres d’Israël en découlent. Au v. 12, nous trouvons en outre des bénédictions conférées d’en haut : tout cela est donc le produit de cette contrée céleste dont les joies et les privilèges nous sont octroyés pour en jouir.
(*) Notez comment ceci met de côté la justice légale qui regarde de la terre vers le ciel.
Le dernier verset a trait proprement à la terre, mais je désire faire ressortir une vérité qui s’y rattache. Le gouvernement actuel de Dieu ne s’applique ni au pardon, ni à la paix, mais à une marche dans la jouissance divine. Nous jouissons de cette précieuse communion en demeurant en Dieu et Dieu en nous, par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Si nous le contristons, nous sommes affligés, humiliés, peut-être châtiés. Notre position reste la même, mais la réalisation et la jouissance de cette position dépendent des révélations et de l’action du Saint Esprit en nous, qui dépendent elles-mêmes de notre marche, de notre état, de notre obéissance.
C’est ainsi qu’en Jean 14 et 15, la jouissance des bénédictions et de la faveur divines dépend de la marche du fidèle. Cela doit être, du moment que cette jouissance est le résultat de l’habitation en nous du Saint Esprit : en effet, comment pourrions-nous jouir de la communion en amour, au milieu des pensées vaines ou mauvaises ? La présence du Saint Esprit dépend de la justice, autrement dit, de la présence de Christ dans le ciel ; et c’est par ce don du Saint Esprit que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. Nous demeurons en Lui et Lui en nous. Mais, lorsqu’il y a du mal, la chair est à l’œuvre, le Saint Esprit est contristé, la communion est interrompue. Il n’est nullement question de notre relation (elle est établie par la séance de Christ dans le ciel), mais il est question de la jouissance des bénédictions dans lesquelles nous avons été introduits ; il s’agit d’avoir communion avec Dieu. Ici, toute notre marche avec Dieu entre en ligne de compte, quoique je ne puisse bien marcher que par grâce. Le point sur lequel j’insiste ici, c’est qu’il est de toute importance de saisir clairement la différence qui existe entre le pardon (c’est-à-dire la grâce appliquée par l’œuvre de Christ au péché et à tous les fruits du vieil homme) et notre introduction en Lui, en justice, dans la présence et dans la communion de Dieu, la où n’entrent jamais aucun nuage, ni aucune question de péché. Nous pouvons sortir de cette présence, perdre non pas le droit d’y avoir part, mais la jouissance de cette bénédiction dans notre âme, et voir, non pas la paix avec Dieu, mais la communion détruite ; nous pouvons, dis-je, sortir de cette présence, mais jamais aucun nuage de péché ne peut y entrer. Nous sommes aimés comme Christ est aimé. Tout dépend de son œuvre. Mais le pardon des choses hors desquelles nous avons été retirés, c’est-à-dire l’application de l’œuvre de Christ à notre responsabilité comme enfants d’Adam selon la chair est une vérité ; tandis qu’une autre vérité est que nous ne sommes pas dans la chair, mais en Christ, dans la jouissance des choses dans lesquelles il est entré, Lui, notre vie à jamais.
Le Psaume 86, bien simple dans ce qu’il exprime, est néanmoins rempli d’importantes vérités pratiques ; car les richesses de la gloire et de la puissance de Dieu suppléent à la faiblesse d’une âme qui a été amenée à Lui. L’âme trouve son centre, non pas en étant capable, dans son état de faiblesse, d’embrasser d’abord l’étendue de la gloire, mais en faisant de Dieu son centre ; et ainsi elle célèbre Dieu, comptant sur sa puissance et sur la délivrance finale qui l’introduira dans la gloire.
L’âme a quatre titres à l’attention de l’Éternel : le croyant est affligé et misérable ; il n’est pas d’entre les orgueilleux de la terre ; il est saint, réellement mis à part pour Dieu ; enfin, comme serviteur de l’Éternel, (il s’agit pour nous, comme nous l’avons souvent fait remarquer, du nom du Père et de Christ comme Seigneur) il se confie en Lui et crie journellement à Lui. Tel est l’état de l’âme du fidèle : il est affligé et saint, c’est-à-dire mis à part pour le Seigneur ; il est serviteur ; il se confie en Dieu et sa confiance n’est pas inactive, car il crie dans le sentiment de son besoin et de sa dépendance. Se confiant en la bonté de Dieu, l’âme demeure dans cette assurance ainsi que dans la conscience de la majesté du Seigneur, élevé au-dessus de tous ceux qui prétendent à la force. Lui seul est Dieu, Lui seul est grand et fait des choses merveilleuses (v. 10). Alors l’âme désire être instruite de la voie de Dieu — elle n’a aucune envie de suivre son propre chemin. La vérité, la parole de Dieu est son guide.
Ici se présente un nouveau besoin : le cœur a la tendance d’être distrait par mille objets, par mille pensées fugitives, aussi demande-t-il au Seigneur de lui donner un seul but : «Unis mon cœur à la crainte de ton nom» (v. 11). Combien nous avons besoin d’avoir un cœur concentré tout entier sur Christ ! Là se trouve la puissance ; là aussi cette réalisation des choses divines qui transporte nos cœurs dans la scène céleste, qui les met en rapport direct avec les sources divines de la force. Lorsque d’autres pensées nous occupent, nous sommes en dehors, dans un autre monde dont il nous faut être délivrés ; nous ne sommes plus dans le monde divin et céleste dont nous avons à être des témoins.
La majesté et la gloire du nom de Dieu avaient été vues au v. 9 ; mais cela n’introduit pas l’âme dans la gloire comme dans sa demeure habituelle. En un sens c’est une chose trop élevée pour nous, et nous le sentons. Que nous sommes petits, et comme nous ne connaissons qu’en partie ! mais cela nous engage, quelque pauvres et faibles que nous soyons, à concentrer de plus en plus toutes nos affections sur Dieu. Voilà ce qu’il faut, ce qui satisfait l’âme, ce qui répond à ses besoins. Pleine d’affection, d’adoration reconnaissante, elle est placée par grâce au centre de toute cette gloire. Aussi peut-elle dire : «Je te célébrerai de tout mon cœur, Seigneur, mon Dieu !» Selon le désir qu’il avait exprimé, le cœur «uni» désormais peut louer Dieu comme il est appelé à le faire, et comme il le fera bientôt en perfection. Nous sommes appelés à comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur ; mais il nous faut auparavant avoir été amenés au centre : il faut que Christ habite dans nos cœurs par la foi et que nous soyons enracinés et fondés dans l’amour. Dès lors, le connaissant, nous glorifions son nom à toujours. Notre petitesse a trouvé dans sa grandeur notre place et notre force. Nous sommes placés, comme je l’ai dit, au centre de la gloire.
De là se déroule devant nos yeux la grande délivrance que Dieu a accomplie. Nous comprenons que la grâce suprême en est la seule source. Il ne s’agit pas simplement de reconnaître sa grâce dans l’ordre naturel des choses lorsque tout est en règle, mais il s’agit de la grâce, de la souveraine grâce, de l’amour divin dans son activité, descendu ici-bas pour nous délivrer des profondeurs du shéol. Ceci donne un caractère tout spécial à notre connaissance de Dieu. Nous dépendons entièrement de sa bonté, et cependant notre amour pour lui a un caractère très intime, parce que, par notre misère même, nous apprenons que nous sommes les objets de son amour dont la grandeur infinie nous est ainsi connue. L’âme, se confiant ainsi en Dieu et occupée avant tout de Lui pour elle-même, voit s’élever contre elle l’inimitié des gens orgueilleux qui ne craignent point l’Éternel. Elle compte sur l’intervention de Dieu, et c’est une grande preuve de foi ; mais sa confiance dans l’amour qui s’est intéressé à elle lui fait demander davantage. Elle se réjouit dans l’attente que Dieu manifestera qu’Il est pour elle ; or le fait qu’il est pour nous, c’est non seulement la délivrance, mais la satisfaction du cœur. L’âme ne demande pas autre chose ; elle désire que Dieu montre par un signe qu’Il est pour elle. Cette part assurée de tous ceux qui se confient en Dieu et qui marchent avec Lui, le Seigneur, comme nous le voyons au Psaume 22, l’a désirée et ne l’a pas obtenue, lorsqu’il prit la dernière place et s’anéantit pour l’amour de nous ; mais en cela même, parfait en amour, il glorifiait le Père, et était ainsi au-dessus de tous. Voilà pourquoi le Père l’aimait, pourquoi comme homme il a été glorifié d’une manière bien plus grande encore. Au moment suprême il ne fut ni soutenu, ni consolé dans l’épreuve ; mais il était le seul qui dût faire cette expérience. Nous nous confions en Dieu et il nous délivre ; Christ, parfait d’une manière absolue, a été seul dans cette perfection. Du moins, que le Seigneur nous donne des cœurs unis sans distraction à la crainte de son nom et dans l’amour du Père. Là est notre centre ; là nous n’avons rien à craindre des ennemis (Phil. 1:27-28).
La fondation de Dieu, voilà ce qui rend toutes choses sûres et certaines. Ce qui provoque l’intérêt, ce qui affermit le cœur du croyant, ce n’est pas le fait que la cité de Dieu soit fondée sur les montagnes de sainteté, mais qu’elle repose sur le fondement de Dieu même. Il en est ainsi de nous : «Le solide fondement de Dieu demeure». L’apôtre prononce ces mots lorsque l’état de l’Église était si mauvais, que le fidèle était appelé à le juger et à se purifier de beaucoup d’entre ceux qui en faisaient partie. Néanmoins le fondement de Dieu demeure ferme, ainsi que son appel et son héritage dans les saints.
Ce Psaume nous présente une autre considération qui semble bien dure à l’activité selon la chair : la foi attache plus d’importance à la cité de Dieu qu’à tout ce que l’homme a construit. Le point de vue de ce Psaume est essentiellement juif. Lorsque l’Éternel enregistre les peuples, les saints et le Messie Lui-même sont comptés comme faisant partie de Sion. Voilà pourquoi des choses glorieuses sont dites de Sion, car il s’agit de la manière dont Dieu considère la cité. Pour nous, cette vérité se présente sous une autre forme, celle de l’Église : Christ en fait partie comme étant sa Tête, et non pas comme y étant né. Là sont les sources rafraîchissantes de Dieu. Mais, en pratique, lorsque l’Église de Dieu est méprisée, lorsqu’elle est formée de gens qui ne comptent pour rien dans ce monde, nous en vantons-nous parce qu’ils sont riches en foi et précieux aux yeux de Dieu ? ou bien les grandeurs de cette Égypte, de cette Babylone, que Dieu jugera, éclipsent-elles à nos yeux la ville de Dieu ? Jugeons-nous selon la pensée de Dieu, ou selon la pensée de l’homme ? Les vaines apparences de ce monde ont-elles quelque poids pour nous ; ou bien la foi au Seigneur de gloire nous porte-t-elle à estimer hautement les choses que Dieu estime glorieuses ? Il a un peuple qu’il enregistre. Est-ce l’esprit du monde, est-ce l’Esprit de Dieu qui nous donne la mesure de ce qui est vil ou précieux ? Pesons le langage de l’épître de Jacques. Que nos âmes soient pénétrées de la valeur des choses que Dieu estimera excellentes dans les demeures célestes.
Au commencement de ce Psaume, Dieu est connu et invoqué, selon son nom révélé, comme l’unique Sauveur (v. 1), et c’est précisément à ce point-là que les exercices dont ce Psaume nous parle amènent l’âme du fidèle : tout ce qui, du dehors, pèse sur elle, contribue à lui faire comprendre que ces choses viennent de la main, et, plus encore, du jugement de Dieu, en sorte que la délivrance ne peut être de sa part qu’un pur acte de souveraineté. «Éternel, Dieu de mon salut »; telle est la pensée dominante du Psaume.
La condition qui y est décrite est celle d’une affliction présente, au milieu de laquelle la nature ne peut trouver son compte ; et l’éloignement de tous les amis et connaissances. Mais ceci n’est que la partie extérieure et négative de la souffrance. Ce qui pèse particulièrement sur l’esprit du fidèle c’est la mort, la mort comme témoignage de la colère de Dieu ; et le cœur est amené à reconnaître ce fait, par conviction que le Dieu révélé de la promesse est l’unique Sauveur. La vie du psalmiste «touchait au shéol» (v. 3). La fureur de Dieu pesait sur lui (v. 7). Cependant c’est Dieu qu’il invoque. Il s’agissait de la nature dépourvue de ses ressources, de la nature, avec le poids de la mort pesant sur elle, c’est-à-dire avec sa destruction et sa fin. Or l’introduction de Dieu et de la foi en Lui, d’une foi suffisante pour reconnaître que tout dépend de Lui, ne font que rendre plus sensible le poids de sa colère. Et, de fait, telle est la mort considérée dans sa vraie portée. Christ la vit ainsi en Gethsémané, quoiqu’il ne pût tenir en tout point le langage de ce Psaume. Une âme convaincue la considère ainsi, lorsque dans son état naturel, comme enfant d’Adam, elle a les yeux ouverts pour reconnaître Dieu.
Toutefois ce Psaume ne va pas au-delà de cette vie et de sa terminaison selon la nature, en rapport avec le judaïsme. Mais la foi en la révélation de Dieu, qui a fait sentir si profondément à l’âme ce qu’est la mort, en tant que colère de Dieu, porte le cœur à invoquer comme un Sauveur Celui qui a infligé cette colère. Telle est la valeur d’une pareille expérience. Elle nous montre notre véritable état, notre vraie relation selon Dieu avec la nature. Il n’y a aucun moyen d’échapper, car c’est notre état devant Dieu, en raison de son jugement. Cela fait que nous en avons fini avec le moi, du moment que nous sommes délivrés ; que nous connaissons la délivrance comme une grâce souveraine, comme la délivrance de Dieu ; et l’âme trouve son repos dans cette révélation. Jusqu’au moment de la délivrance l’âme crie à Dieu ; mais, lorsque la délivrance est obtenue, la chair, avec tout ce qu’elle est, demeure sous la colère, comme une chose jugée. Désormais elle ne pourra plus nous tromper et faire en sorte que nous mettions réellement notre confiance en elle ; bien que nous puissions oublier pour un moment combien elle est mauvaise et que nous ayons même à veiller et à combattre contre elle. Mais, aux yeux de Dieu, l’état de la chair est toujours tenu comme une chose condamnée et mauvaise. Ce Psaume nous décrit de quelle manière l’âme arrive à reconnaître cela ; parfois elle ne l’atteint qu’à son lit de mort. Il ne devrait pas en être ainsi, mais cela explique ce qui a lieu de surprendre souvent chez des personnes pieuses. Il faut que l’âme, pour être affranchie, ait réellement passé par là. Elle est alors sur le terrain du salut de Dieu : dans l’Esprit et non dans la chair.
C’est pour n’avoir pas vu cela que plusieurs ont été conduits à vivre d’expériences et non de Christ. Ils parlent d’un travail du Saint Esprit, ils disent connaître la méchanceté de la chair, la puissance de la loi pour faire mourir, ce qui signifie simplement qu’ils ne les ont pas apprises ; autrement ils y seraient morts. Ils vivent dans ce Psaume, mais ils n’ont pas encore appris le salut et l’évangile ; ils ne savent pas qu’ils sont morts et ressuscités avec Christ. Ils sentent que la mort pèse sur eux, telle que ce Psaume la décrit, comme étant la colère de Dieu, et cela est bon ; mais ils n’ont pas reçu en eux-mêmes la sentence de mort, en vertu du fait que Christ est mort en grâce pour eux, de manière à pouvoir se tenir eux-mêmes pour morts et crucifiés avec Christ, néanmoins vivants, toutefois non pas eux, mais Christ vivant en eux, Christ qui a été mort et a entièrement ôté tout ce qui pesait sur eux. Ils se trouvent sous le poids de la colère à cause de ce qu’ils sont par nature, ce qui est parfaitement vrai à sa place ; mais ils n’ont pas «appris le Christ» et, par Lui, qu’ils ne sont pas dans la chair, mais en Christ qui a tout porté, tout traversé pour eux, en sorte que, maintenant, par Lui, ils sont libres dans le nouvel homme en tant que ressuscités en Lui.
Ce Psaume offre un trait remarquable qu’il est utile de signaler : la confiance en la fidélité de Dieu, selon la Parole de sa promesse originelle, quand, extérieurement, tout semble la démentir.
L’attente de l’accomplissement de cette promesse est fondée sur la grâce et, de fait, sur Christ, en qui toutes les grâces promises se concentrent. «J’ai dit : La bonté sera édifiée pour toujours ; dans les cieux mêmes tu établiras ta fidélité» (v. 2). L’accomplissement des promesses de Dieu sur la terre sera une source de louanges pour les habitants du ciel. Cependant la fin du Psaume nous parle comme si Dieu avait fait tous les hommes en vain. Triste pensée ! — la puissance du mal domine, les hommes en sont les instruments volontaires, et le bien n’a d’autre place que l’opprobre et l’affliction. Malgré cela Dieu est invoqué : Qu’il se rappelle la faiblesse de ses saints et leur opprobre. Néanmoins il y a de la confiance, et, quel que puisse être l’état des choses, il a accompli la rédemption, brisé la puissance de l’ennemi ; et ne l’a-t-il pas fait d’une manière bien meilleure que pour Israël ? À Lui est le bras de la puissance ; sa droite est haut élevée, quel que soit leur état. Les cieux et la terre sont à Lui, bien que, jusqu’à la venue de Christ, nous ne puissions dire encore : «Possesseur du ciel et de la terre». La justice et le jugement sont les attributs inséparables de son trône. La bonté et la vérité l’annoncent lorsqu’il s’avance. Cette expression est magnifique. Dieu a un trône, un trône avec le caractère duquel toutes choses doivent être mises d’accord.
Mais lorsqu’il sort pour agir, la tendre miséricorde et la bonté marchent devant Lui ; et la vérité fidèle annoncera à son peuple sa présence, lorsqu’il s’avancera. Il agit en grâce et en fidélité, parce que sa volonté est à l’œuvre et que sa nature est amour. Cependant son trône maintient toujours la justice et le jugement. Combien la chose n’a-t-elle pas été visiblement réalisée en Christ ! En Israël elle le sera aux derniers jours, mais cela d’une manière signalée en Christ, et même alors elle ne pourra l’être qu’à cause de Lui. Cette connaissance de Dieu donne le sentiment de la bénédiction au milieu de l’affliction : «Bienheureux le peuple qui connaît le cri de joie ! Ils marchent, ô Éternel ! à la lumière de ta face. Ils s’égaient en ton nom tout le jour, et sont haut élevés par ta justice. Car tu es la gloire de leur force ; et dans ton bon plaisir notre corne sera haut élevée». Tout cela est réalisé dans le cœur au milieu des afflictions, en sorte que le fidèle peut être «comme attristé, mais toujours joyeux» ; et recevoir ainsi une douce bénédiction. Les tribulations et les difficultés ne font qu’accroître cette bénédiction pour le fidèle, car elles lui font sentir le prix de la fidélité et de la faveur de Dieu, et comprendre que rien ne peut le séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur. La révélation de la faveur divine à l’âme remplit de douceur le sentier de l’affliction. Ainsi Christ Lui-même fut un homme de douleurs, et cependant il pouvait dire : «Afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes».
Le Psaume insiste ensuite sur la sûreté des promesses en Christ. Les fondements de cette sûreté sont : la grâce, la fidélité, le caractère du trône divin et des agissements divins, l’accomplissement passé de la rédemption, enfin le titre de Dieu et la puissance par laquelle il a brisé le pouvoir hostile du mal ; — tout cela nous est donné à connaître par l’Esprit, comme étant l’amour du Père, par le Fils, et nous amène, au milieu de toutes les épreuves, à goûter véritablement de cœur, par la foi, la lumière de la présence de Dieu selon toute la faveur qu’il nous montre en Christ. Dans ce Psaume ces choses sont naturellement exprimées selon le point de vue juif ; mais Christ se manifeste à nous comme il ne le fait pas au monde. Le Père et le Fils viennent faire leur demeure chez nous. La joie est déjà notre part ; nous comptons sur une entière et finale délivrance.
Le Psaume 90 nous présente, d’une manière spéciale, le cri d’Israël demandant grâce et désirant ardemment le rétablissement aux derniers jours après sa longue affliction ; mais nous trouvons ici des principes dont nous désirons, selon notre habitude, faire l’application pratique. Ce Psaume considère deux points dans le gouvernement de Dieu : la discipline proprement dite, et la grâce qui satisfait à tout. Ces deux points sont fondés sur une autre vérité : Dieu est le seul Dieu immuable ; il est avant que ce monde, auquel la discipline se rattache, fût créé, le même qu’aujourd’hui, et il est aujourd’hui le même qu’alors ; car, le temps qui nous semble si long, n’est rien pour Lui ; de plus, il est l’habitation de son peuple, son repos, sa demeure, son asile assuré, quels qu’aient été ses égarements. Quant au premier homme, d’un seul mot il le met de côté et le rétablit. Il est comme l’herbe qui reverdit et qui sèche. Mais bien que cela soit vrai, lorsque nous mettons en regard Dieu et l’homme, la foi saisit et les voies et les desseins de Dieu dans son activité envers son peuple, dans laquelle Israël ne trouve que la colère, parce qu’il ne connaît pas encore la réconciliation, tandis que nous savons qu’elle est amour, ce qui du reste ne change en rien le fait de cette activité, quand il s’agit de nous en faire l’application.
Premièrement, quant à ses voies, il est dit (v. 11) : «Selon ta crainte, ton courroux». Son courroux n’est pas arbitraire, mais il est selon la propre nature et le caractère de Dieu. Le craindre, c’est le connaître en vérité, en sorte que l’on applique ce qu’Il est au saint jugement de tout ce qui se trouve dans le cœur, afin que rien ne Lui déplaise et n’altère la communion avec Lui. Or la colère comme discipline, c’est-à-dire le déplaisir de Dieu manifesté dans son gouvernement, est l’expression de ce saint jugement en présence de l’état de l’âme, quand on n’a pas surveillé ce dernier ou que la propre volonté le caractérisait. Ce jugement justifie le caractère de Dieu à l’égard de ce qui, en nous, est opposé à ce caractère. La foi, l’enseignement divin, nous montrent que «son courroux est selon sa crainte». Mais lorsque notre volonté se soumet, notre faiblesse même, loin de produire la terreur, ne sera qu’un motif de plus pour invoquer Dieu. Or Dieu reconnaît cette faiblesse ; il considère de quoi nous sommes faits, se souvenant que nous ne sommes que poussière. Mais, du moment que nous sentons notre néant et que nous appliquons notre cœur à la sagesse, dont le commencement est la crainte de l’Éternel, Dieu n’est plus obligé d’aggraver cette crainte, en soumettant notre volonté et en corrigeant notre négligence : le cœur prend courage, il devient hardi. Ce n’est pas du raisonnement, mais par la grâce la confiance est rétablie, et le cœur dit : «Éternel ! retourne-toi. Jusques à quand ?» (v. 13).
Ces mots, nous l’avons déjà dit souvent, sont le langage de la foi. Dieu se propose de bénir son peuple, et finalement il le bénira ; c’est pourquoi, lorsqu’il est dans l’angoisse, sa foi peut dire : Jusques à quand ? Le moi n’est point de la foi et la crainte de Dieu doit être produite ; mais là où se trouve la foi, elle s’élève de nouveau jusqu’à la certitude de la grâce qu’elle connaît, et dit : Jusques à quand ? Remarquez-le, il y a connaissance de la grâce. Les fidèles ne disent pas : «Viens», mais : «Retourne-toi» ; non pas comme si Dieu les avait abandonnés (quoique, selon ses voies, la chose soit vraie pour Israël, puisque l’Éternel cache sa face de la maison de Jacob : És. 8:17), mais nous attendons qu’il se retourne, c’est-à-dire qu’il nous soit donné de jouir de sa faveur et des grâces présentes que nous connaissons. Alors l’âme s’épanouit dans une entière confiance. La foi sait que la pensée de Dieu est de bénir, de donner, par sa faveur, la joie et l’allégresse à son peuple, elle y compte : «Rassasie-nous, au matin» (v. 14). Quelle parole hardie vis-à-vis de Dieu ! Mais c’est de la confiance maintenant ; l’âme est moralement restaurée et a retrouvé la jouissance de l’amour, dans lequel Dieu lui-même se réjouit. Cet état est envisagé aussi comme étant durable : «Nous chanterons de joie», disent-ils, «et nous nous réjouirons tous nos jours». Pourquoi l’âme n’attendrait-elle pas cela du Dieu de bonté ? Pour Israël la chose a peut-être un caractère plutôt extérieur ; elle reste vraie pour nous spirituellement. Le fidèle regarde à un Dieu qui épargne, qui tient compte de l’affliction de son peuple, quoiqu’il ait été forcé de l’infliger. Au chap. 40 d’Ésaïe, v. 2, le désir que le fidèle exprime ici, nous est présenté d’une manière admirable et touchante. «Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli... car elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés». Le cœur de l’Éternel a estimé que le châtiment nécessaire avait été double, lorsqu’il le comparait aux péchés de Jérusalem ; car la réponse à la foi va toujours au-delà de ce que celle-ci a demandé (Voir les prières et les réponses du Ps. 132).
Mais la foi, qui regarde aux pensées et aux desseins de Dieu, lorsqu’il bénit, ne s’arrête pas aux bénédictions dont le but est de restaurer ou d’épargner. Dieu, dans son amour, a un but à l’accomplissement duquel il travaille ; aussi les fidèles ne disent-ils pas seulement : «Rassasie-nous de ta bonté», mais : «Que ton œuvre apparaisse à tes serviteurs». L’œuvre de Dieu même amènera la bénédiction ; aussi, combien cette dernière sera-t-elle parfaite, lorsqu’elle sera manifestée pour l’honneur et la joie de son peuple ! Il en est de même pour nous ; nos âmes ne cherchent pas seulement la grâce qui nous restaure ; elles cherchent ensuite l’œuvre positive de Dieu qui produit la bénédiction, en nous amenant encore plus près de Lui. Il ne s’agit donc jamais pour l’âme du simple relèvement, mais d’être rendue plus capable d’apprécier Dieu, un Dieu qui lui est plus complètement révélé. Cependant nous en attendons encore le résultat dans la pleine manifestation de la gloire, lorsque nous connaîtrons comme nous avons été connus. Ce v. 16, qui parle des «fils» se rapporte littéralement à Israël pendant le millénium, mais nous attendons l’accomplissement parfait de l’œuvre de Dieu pour nous en résurrection et en gloire, et notre introduction dans la gloire pour y habiter éternellement.
À cette pensée s’en ajoute une autre, bien précieuse aussi : «Et que la gratuité du Seigneur, notre Dieu, soit sur nous» (v. 17). Ici les Juifs fidèles ne pouvaient guère, dans leurs pensées, aller au-delà du don manifeste de la bénédiction, dispensée par la main de Dieu, et qui les caractérisait comme appartenant à l’Éternel. Mais pour nous, quelle plénitude de bénédiction ! Ne serons-nous pas dans la gloire de Christ Lui-même ! tels que Lui, à sa ressemblance, devant notre Dieu et Père, dans le lieu des parfaites délices ? Toutefois les bénédictions présentes sont aussi notre part, car nous pouvons être sous le régime de la grâce, «comme des arbres d’aloès que l’Éternel a plantés» ; ce qui était le cas pour Israël lorsqu’il habitait sous ses tentes (Nombr. 24:6). Or l’Église aussi devrait donner, aux yeux des anges, le spectacle de la grâce, de l’ordre et de la beauté, et chaque croyant individuellement devrait être la manifestation de la vie de Jésus. Dans ce cas aussi, les œuvres de nos mains, sous la faveur divine, sont affermies pour nous.
J’ai fait remarquer autre part la structure de ce magnifique Psaume et je n’ai pas beaucoup à en dire ici, car il définit les noms sous lesquels Dieu s’est manifesté, ainsi que les effets spécifiques de la foi, allant même jusqu’aux choses directement applicables à Christ ; c’est pourquoi aussi le principe général ne peut être déduit de ce Psaume ou y être rapporté avec autant de justesse. Ce serait réduire à quelque chose de vague ce qui est à dessein spécifique. Ce Psaume déclare que l’Éternel, comme tel, est Dieu, en sorte que celui qui reconnaît ce nom, se trouve sous les soins d’El-Schaddaï (Tout-Puissant), pour un accomplissement spécial de promesses terrestres selon les voies de Dieu. Telle n’est pas notre position ; celui qui agirait d’après cela se tromperait, quand même une foi générale, et la confiance du cœur fondée sur ce principe, seraient certainement bénies. Ce Psaume ne parle pas des châtiments d’un Père, auxquels se rattache le gouvernement de Dieu.
Ici, aucun mal n’approche de la tente de ceux qui se confient en l’Éternel. Voilà ce qui était pour Asaph un sujet d’étonnement jusqu’à ce qu’il fût entré dans les sanctuaires de Dieu : il voyait les méchants prospérer, tandis que son châtiment revenait chaque matin. Or le résultat certain du fait que l’on reconnaît l’Éternel, c’est d’être abrité de tout mal, lorsque le gouvernement de Dieu intervient.
Malgré ce qui vient d’être dit, nous apprenons à connaître ici quelques-uns des caractères de la confiance. Il faut plus que connaître un Dieu Tout-Puissant, qui est au-dessus de toutes choses : il faut connaître le lieu secret où l’on trouve Dieu se révélant Lui-même en vérité. La vraie foi connaît ce lieu, et s’y entretient avec Dieu selon cette révélation. Son nom est révélé à la foi : pour nous, c’est celui de Christ comme Seigneur et du Père. Ainsi la foi trouve son refuge et sa forte tour dans la confession de son nom, et, de plus, elle s’y confie : c’est une grande chose, car ni puissance du mal, ni sujet d’angoisse, n’ont le pouvoir d’inquiéter l’âme, si, regardant au Seigneur, on se confie en Lui. La foi reçoit ici la promesse d’une sollicitude protectrice toujours vigilante, et cela reste vrai en dépit de tous les maux extérieurs, qui pourraient survenir.
Nous en avons un exemple en Luc 21:16-18, où le Seigneur dit qu’on ferait mourir quelques-uns d’entre eux, mais que pas un cheveu de leur tête ne périrait ; ils étaient tous comptés. La puissance providentielle est tout entière aux mains de Dieu. La foi s’identifie avec les intérêts du peuple de Dieu (v. 9) ; mais, ce qui a gouverné le cœur, c’est le propre nom du Seigneur, et le vrai nom de Dieu lui est connu ; c’est-à-dire, je le répète, la vraie révélation de Dieu Lui-même, connue par l’enseignement divin. Pour nous c’est Christ, et le Père en Lui. La foi invoque le Seigneur (v. 15). Ce n’est pas seulement une confiance passive, qui a aussi sa place marquée ; c’est une foi qui, parce qu’elle se confie en Dieu, aime à converser avec lui et à lui faire part de ses besoins. La présence de Dieu est là pour la foi, ainsi que l’exercice de sa puissance qui s’y rattache, et la chose, dans sa véritable application, est aussi vraie maintenant qu’alors, et que pour l’avenir. Sans doute, le chemin est différent, parce que le but, qui est d’introduire un état céleste, est différent. Ce chemin apporte la bénédiction présente, non sans des persécutions, et reçoit l’assurance d’un salut éternel et céleste.
Ce Psaume est un chant de louange pour la délivrance finale d’Israël et, comme pour le Psaume précédent, le nom millénaire de l’Éternel en est la clef, tandis que les Psaumes suivants traitent de la réintroduction du Fils unique sur la scène. Nous trouvons ici un principe à noter : L’élévation des méchants a pour résultat final leur destruction. L’homme qui n’est pas instruit par Dieu ne voit pas cela ; mais la foi discerne les ennemis du Seigneur dans ses adversaires et dans la puissance du mal qui s’élève, qui l’opprime et obscurcit son horizon. Mais aussi la foi a confiance, quoiqu’elle soit plus éprouvée qu’un autre, car cette puissance du mal lui est très pénible. Si le chrétien doit être entièrement étranger à tout désir personnel de vengeance (et nous avons à nous garder d’un tel sentiment), ne peut-il pas se réjouir en pensant que la terre sera délivrée de la puissance des méchants ? Certainement, car il est dit : «Réjouissez-vous, vous les saints, et les apôtres et les prophètes!» (Apoc. 18:20). La foi donne un sens très vif du mal, parce que c’est le mal et qu’il est hostile à Dieu, à la bonté, à la vérité ; c’est pourquoi elle se réjouit du juste jugement du Seigneur. Mais c’est comme étant l’œuvre du Seigneur, l’ouvrage de ses mains, qu’elle s’en réjouit, et en cela consiste la perfection. En outre le jugement annonce que le Seigneur est droit (v. 15). Il faut, dans l’intervalle, que la foi attende avec patience. Les Psaumes suivants expriment et célèbrent l’arrivée du jugement.
Nous trouvons dans ce Psaume quelques principes très importants. La puissance, bien qu’elle s’exerce maintenant pour le triomphe du bien, n’est pas une puissance nouvelle. Le trône du Seigneur est établi dès longtemps ; Lui-même est dès l’éternité (v. 2). Nulle invasion du mal n’a pu toucher cela ni l’affaiblir. Cette invasion avait eu lieu. La fureur et la volonté de l’homme s’étaient élevées comme des vagues tumultueuses ; mais en vain : l’Éternel qui est dans les lieux hauts est plus puissant. Dieu laisse libre cours à cette rébellion de l’homme ; mais, tant que dure la patience, la puissance de l’Ancien des jours est cachée à l’incrédulité, en sorte que l’homme s’imagine avoir tout dans sa main. Mais lorsque le péché s’élève de manière à l’atteindre, Lui, et à provoquer son action, un seul instant suffit pour accomplir les conseils de Dieu en puissance par la destruction des méchants.
Ce n’est pas tout. La foi a quelque chose sur quoi elle s’appuie : les témoignages de Dieu qui sont très sûrs (v. 5). On peut compter sur la parole de Dieu comme sur Lui-même, non seulement pour la délivrance finale, mais pour être guidés le long du sentier des difficultés. Ce n’est pas tout encore ; il y a un caractère qui est une sauvegarde contre l’erreur, et un moyen de discerner et de juger le vrai chemin : «La sainteté sied à ta maison». Oh ! combien ces deux principes nous encouragent et illuminent notre route ! Combien ils nous fortifient dans la certitude qu’il s’agit de la propre nature de Dieu, et qu’il ne peut en être autrement. Ainsi les témoignages de Dieu et la sainteté de Dieu affermissent et assurent le cœur quant à ce qui est de Dieu. Si les courants des eaux s’élèvent, la puissance de Dieu mettra tout à sa place par le jugement.
J’ai fort peu à dire sur les Psaumes 93 à 101, par rapport à mon sujet actuel, quoiqu’ils soient très frappants. En effet, ils ne traitent pas des exercices du cœur au temps de l’épreuve, mais ils parlent de la puissance, intervenant pour mettre fin à ce temps-là. Ils sont caractérisés par ce début : «L’Éternel règne — le monde est affermi» (v. 1). Je n’aurai donc que quelques remarques à faire : et d’abord, le résultat de toute cette patience de Dieu en gouvernement, c’est que l’homme s’élève contre Lui comme les flots de la mer ; mais Dieu est plus puissant que l’homme. Sa puissance met fin à tout cela.
Deux grandes vérités accompagnent celle-ci : les témoignages de Dieu sont très sûrs, et nous pouvons compter à travers tout sur sa Parole. Elle révèle sa nature, son conseil, son caractère. Elle montre les principes selon lesquels il agira — point de paix pour le méchant, mais une certitude infaillible des conseils et de la puissance divins. L’homme peut être comme l’herbe, le péché s’élever comme les fortes vagues de la mer, mais la parole de l’Éternel demeure éternellement, de même que celui qui fait sa volonté. Aussi, dans tous les temps, nous pouvons prendre cette parole pour règle, quelque sombre que tout nous paraisse, quelque puissant que soit le mal. Que ce soit Israël ou l’Église, l’apostasie ou une profession sans réalité, la persécution ou la prospérité qui séduit, Sa parole est véritable, elle est un guide sûr, répondant à la nature et au caractère de Celui auquel, en définitive, appartient tout pouvoir. Et s’il fut un temps où Celui auquel appartenait tout pouvoir était compté parmi les malfaiteurs, il était néanmoins conduit par cette Parole ; il s’y soumit, il l’accomplit, et après tout «le jugement retournera à la justice» (Ps. 94:15). Nous avons vu jusqu’ici tout ce qui se rapporte au gouvernement actuel et au déploiement futur de la puissance publique de Dieu, au royaume et à la patience, puis au royaume et à la gloire du Seigneur.
Mais il y a une seconde chose : l’Éternel a une maison, une demeure. Prenez-la comme son habitation céleste, ou comme son temple où tout dit : Gloire ! ou bien, comme ce qui le remplace, comme l’Église, son habitation par l’Esprit ; dans tous les cas, une seule chose essentielle la caractérise, parce qu’elle est son habitation : «La sainteté sied à sa maison pour de longs jours», la séparation pour Dieu, selon sa propre nature.
Ces deux points, la parole de Dieu et la sainteté de sa nature, guident le fidèle dans toutes les circonstances, jusqu’à ce que la puissance intervienne pour le soutenir ; parce qu’à travers tous les soulèvements de la puissance du mal, il compte sur Dieu. Dieu, dans sa grâce, a communiqué sa pensée aux hommes, a parlé. Advienne que pourra, sa Parole demeure sûre. Cela est inhérent à sa nature et dépend de sa puissance comme Dieu. S’il parle, il doit, pour ainsi dire, à sa nature d’accomplir. Je ne peux pas croire qu’il soit Dieu, il ne serait pas Dieu, si, lorsqu’il a parlé, sa parole restait sans effet. «Aura-t-il dit, et ne le fera-t-il pas ? aura-t-il parlé, et ne l’accomplira-t-il pas ?» (Nombr. 23:19). S’il est Dieu, la vérité et la puissance pour accomplir ne peuvent manquer, sinon il n’est pas Dieu. Ce serait chez lui de l’ignorance, ou quelque autre aurait la puissance de l’empêcher d’agir. Ses témoignages sont très sûrs. Au milieu du mal c’est une immense, une parfaite consolation, un recours parfait.
Mais l’autre point est tout aussi important, et a autant de droits sur la conscience. S’il est Dieu, la sainteté est nécessaire en tout cas. Ni la vérité la plus élevée, ni la certitude entièrement digne de confiance de la parole divine, ne changeront cette nécessité. Elle met l’homme, subjectivement à sa place. Il pourra s’enorgueillir de la vérité, se vanter de la certitude des promesses, comme si Dieu s’était lié Lui-même vis-à-vis de l’homme, mais il faut que Dieu soit conséquent avec Lui-même ; ce qui n’est pas saint, ne peut nullement être de Lui. Il est suprême, et tout doit se rapporter à Lui, tout doit lui être consacré dans sa présence, et, pour autant qu’il est révélé, tout doit correspondre à ce qu’il est. Ainsi l’homme est tenu en échec et la vraie connaissance de Dieu est donnée. Ce n’est pas une sainteté sans la Parole, ni la connaissance ou l’assurance sans la sainteté. L’Esprit de vérité est l’Esprit Saint ; l’Esprit Saint est l’Esprit de vérité.
Notez encore que ces témoignages viennent de Dieu, qu’ils sont la déclaration positive de sa pensée et de sa volonté (non pas une connaissance de Dieu, que l’homme se vante d’atteindre par sa volonté, ni la prétention de l’homme à savoir ce que Dieu doit être, quoique la conscience enseignée par la tradition, souvent pervertie par elle, puisse bien en avoir une certaine conception) ; ce sont les témoignages positifs de Dieu, de sorte que l’homme doit s’y soumettre tout en étant soutenu par eux. Il ne s’agit ni des raisonnements de l’homme, ni de la conscience de l’homme, mais des témoignages de Dieu, de la révélation active de Dieu par Lui-même, de l’émission de sa Parole. Ces témoignages sont reçus simplement par la foi, et comme tels l’âme s’y soumet. Cette soumission caractérise l’âme qui reconnaît Dieu. La puissance viendra en son temps et mettra publiquement tout à sa place. Dans l’intervalle la foi s’appuie sur les témoignages, sur la révélation de Dieu qui soumet l’âme et qui la soutient.
Mais, en outre, Dieu a une habitation, une maison. Ceci, comme je l’ai remarqué autre part, est l’un des fruits immenses de la rédemption. Dieu n’habitait ni avec l’innocence, ni avec les fidèles ; ni avec Adam avant sa chute, ni avec Abraham. L’innocence caractérisait le premier, et la foi, le sentier béni du second. Dieu les visitait, montrant à l’un et à l’autre sa condescendance et sa bonté, soit que cette visite fût rendue inutile, soit qu’elle apportât la grâce de Dieu. Mais, lors de la rédemption d’Israël, nous trouvons que l’Éternel avait fait sortir son peuple du pays d’Égypte, afin de pouvoir habiter au milieu de lui (Ex. 29:45-46). Ce qui convient à la maison de Dieu n’est pas l’innocence, mais une consécration absolue à Lui, suivant sa nature, lorsque le bien et le mal sont connus. Ce caractère et cette nature se trouvent dans le ciel, mais là, il n’y aura plus besoin de témoignages. L’homme possède la connaissance du bien et du mal, mais dans un état de séparation de Dieu et dans le péché. Mais lorsque Dieu a racheté l’homme pour Lui-même, l’a purifié et délivré, alors il habite avec l’homme, dans l’homme, — en Israël, selon la révélation partielle de Lui-même qu’il avait donnée alors ; dans le fidèle maintenant, par son Esprit, et dans l’Assemblée ; et cela pour l’éternité, car maintenant cette habitation a lieu selon ce qu’il est en Lui-même, pleinement révélé en Christ et par sa mort. Elle est donc fondée sur un témoignage ; car il faut que Dieu se révèle Lui-même, ainsi que sa rédemption, et ses voies, et ce qu’il est. Ainsi, le Saint Esprit est donné en conséquence de l’exaltation de Christ, après l’accomplissement de la rédemption, et, de fait, en vertu de la réception, par la foi, du témoignage de Dieu. Lorsque Dieu est connu (et non pas seulement la vérité), alors on a la conscience de ce qui Lui convient ; on trouve ses délices dans Son nom, selon sa propre nature, et cela fournit la preuve non seulement que la vérité est connue, mais avec la vérité Dieu Lui-même, — car Christ est la vérité et l’Esprit est la vérité. C’est pourquoi, du moment qu’Israël est racheté, il est parlé de la sainteté de Dieu, et non pas auparavant, car Dieu allait habiter au milieu d’eux après les avoir amenés à Lui. Le monde sera établi par la puissance ; mais il s’agit ici de la consécration à Dieu par le témoignage, et de sa propre présence en vertu de la rédemption. Il ne s’agit pas ici de la magnificence et de l’ordre de sa maison (comme nous les trouvons au Ps. 101), mais de l’habitation de ses délices, et de sa nature (comp. Ps. 132:13-14).
Ce Psaume est l’expression de l’attente du jugement et de la vengeance qui mettra le monde en ordre ; mais nous y trouvons aussi la discipline et les consolations du Seigneur, soutenant l’âme dans l’intervalle ; et nous allons nous en occuper un moment. Le triomphe des méchants est, pour celui qui croit en Dieu, une pensée pénible et accablante ; la puissance du mal est évidente ; voilà ce qui affecte maintenant aussi le cœur du fidèle, non pas dans un sens prophétique, mais dans un sens moral. L’aveuglement et l’orgueil de l’homme éloigné de Dieu, pèsent sur le cœur de celui qui, en vertu de la connaissance qu’il a de Dieu, voit que le jour du méchant approche. Nous trouvons en même temps la perception distincte que l’on est le peuple de Dieu, dont la faiblesse et l’affliction ne font que fournir l’occasion de l’opprimer. Tels sont les deux motifs évidents pour juger que cela ne peut pas durer toujours. Celui qui a formé l’œil voit certainement tout cela. Les pensées de l’homme ne sont que vanité. Deux choses donc sont le fondement de la pensée du fidèle : l’intérêt de Dieu pour son peuple et Sa bonté qui n’oubliera ni le pauvre opprimé, ni le fait même de l’orgueil des méchants.
Mais une autre pensée est introduite : Dieu juge le mal, mais il commence par sa propre maison. Dans les voies qui font souffrir son peuple, on peut reconnaître la main de Dieu aussi bien que celle de l’homme. Le cœur du fidèle s’attache à cette pensée : «Bienheureux l’homme que tu châties, ô Jah !» (v. 12). Nous trouvons ici «l’interprète, un entre mille», dont il est parlé au livre de Job (Job 33:23). Dieu, par le châtiment, nous enseigne les vérités de sa loi. Dieu, par tout ce courant du mal qui a la haute main, brise la volonté, enseigne la dépendance, sépare non seulement le cœur mais l’esprit, du monde où ce mal règne. Comment pourrait-il y avoir une union avec un monde où l’on voit cette puissance du mal, devant laquelle on recule moralement ? L’homme pense qu’il peut traverser le monde à l’amiable, sans participer au mal ; mais quoi donc, si le monde lui-même est mauvais, et qu’on le sente tel ? Ainsi la méchanceté qui s’élève, qui rejette Dieu, devient son propre remède pour le cœur de celui qui reconnaît Dieu ; elle exerce le cœur, le purifie, le transporte hors de la sphère où sa propre volonté est active, lorsque, peut-être, sans en avoir l’intention, mais de fait pratiquement, il y cherchait une issue pour la nature. La vie divine lui ayant donné les pensées de Dieu, le cœur rencontre un monde qui ne veut rien de Dieu, et qui s’élève contre Lui : mais en tout cela le fidèle trouve la main de Dieu.
Il y a plus encore : nous trouvons ici, outre la discipline de sa main, l’enseignement intérieur direct par sa Parole qui le révèle Lui-même. Ainsi le mal orgueilleux a pour effet, non seulement de repousser le cœur, mais aussi, lorsque ce dernier est soumis et qu’il a goûté que le Seigneur est bon, de le pousser dans les bras d’un Dieu connu en grâce et par la révélation de Lui-même, de ses voies et de ses desseins. Ainsi la grâce produit elle-même son effet dans l’âme. Le cœur renouvelé est introduit dans sa propre sphère et apprend à connaître non seulement le caractère de Dieu, qui aime nécessairement le bien et qui hait le mal, mais encore ses propres voies, le développement de sa grâce et de sa vérité, sa sainteté dans la sphère dans laquelle il révèle ce qu’il est pour ceux qui le connaissent. Ceci est un repos de cœur pour le fidèle, un repos de l’esprit qui cherche le bien et y trouve ses délices. Si le fidèle cherchait à combattre le mal dans le monde (quelque activité qu’il mette dans un service selon la volonté de Dieu et quelque profond que soit le désir de son cœur que Dieu réprime le mal en triomphe), il n’éprouverait qu’accablement et déception amère ; mais lorsque la puissance du mal est arrivée à maturité, l’âme est obligée de prendre sa place là où Dieu et ses voies sont directement révélés, et là, près de l’autel de Dieu (car le culte est produit), elle trouve le repos jusqu’à ce que... — car elle attend encore que le mal soit ôté, que l’affligé et le pauvre soient délivrés, mais elle attend avec patience, apprenant la pensée de Dieu, et elle y trouve son repos, le repos dans ce qui est éternel. Elle participera à l’activité pour le bien, partout où il y a une porte ouverte, mais elle a son repos dans ce qui est proprement de Dieu. L’établissement du bien en puissance aura lieu, cela est certain. Dieu est la sûreté même dans ses voies. Il ne rejettera pas son peuple. Il ne veut pas que le mal domine à toujours.
Il s’agit ici, naturellement, de l’intervention en jugement sur la terre, du jugement retournant à la justice ; la puissance et le bien allant ensemble, et non pas la puissance et le mal. Nous possédons des choses meilleures : une révélation céleste pour des fils, une position céleste, et la maison de notre Père devant nous ; mais le principe est le même. Le jugement qui était autrefois dans les mains des souverains sacrificateurs et de Pilate, tandis que la justice et la vérité se trouvaient dans la personne bénie de Jésus, retournera aux mains de Celui qui fut jadis le pauvre et l’opprimé ; le jugement retournera à la justice. Et si nous qui prenons notre croix, sommes heureux de souffrir, afin de régner avec Lui, il reste vrai que les pensées et les voies, les conseils et la fidélité de Dieu seront accomplis. La grâce céleste et la gloire céleste, avec le repos qui nous reste, seront ajoutés à notre repos d’esprit actuel ; mais la justice aussi, puisqu’elle est céleste, aura domination, avec une bénédiction éternelle pour nous qui avons une part avec Celui qui a souffert. L’impossibilité que le mal continue à exercer sa puissance si seulement le Seigneur se montre, est exprimée d’une manière frappante au v. 20.
Remarquez que la puissance du mal est profondément sentie (v. 16, 17). Qu’il en soit ainsi ! Cela peut montrer notre faiblesse parfois, mais il est bon qu’elle soit montrée, si la foi est là. Le cœur ne devrait pas s’accoutumer à la puissance du mal ; il ne le fera pas s’il est avec Dieu ; il y sera sensible, il s’en étonnera, et il dépendra de la restauration divine pour le rencontrer en pensée. C’est ce que Christ a réalisé, mais en perfection, car il n’y avait pas de faute dans ses pensées. Il s’étonnait de leur incrédulité (Marc 6:6) ; il les regarda tout à l’entour avec colère, étant attristé de l’endurcissement de leurs cœurs (Marc 3:5) ; il a dit : «Jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je» ? (Marc 9:19). Puis, non moins prompt de cœur dans l’activité du bien quand il s’agissait d’un besoin, il pouvait dire : «Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure», et puis encore, le voici, parfait en soumission et en obéissance, avec le seul désir de glorifier son Père, afin que son Père pût se glorifier Lui-même — parfait en toutes choses (Jean 12:27). Et nous, hélas ! si nous ne sommes aidés quelquefois, prompts à habiter dans le silence (v. 17), nous aurions bientôt, pour ainsi dire, abandonné la partie, là où Christ, notre Sauveur béni, a senti toutes choses infiniment plus que nous et fut parfait en tout. Mais lorsque, dans le sentiment de notre tendance à faillir, ou bien dans la réalité d’un danger présent, nous nous tournons vers Dieu, son secours est là. C’est une grande grâce. L’instruction est donc pour le repos de l’esprit, mais nous trouvons soutien et secours dans nos voies (v. 12-18). David se fortifiait en Dieu, et dans ce cas qui pourrait faillir ? Celui qui est plus puissant que tous, Celui dont la puissance s’accomplit dans l’infirmité, est là pour aider ; il est là dans une personne éprouvée, dans un témoin de sa bonté, à l’exemple duquel nous pouvons voir que, même si nous n’avions jamais manqué, nous étions toutefois en danger (v. 18).
Maintenant une autre scène s’ouvre, car Dieu pense à tout pour nous. Si nos esprits travaillent, combien de questions se présentent à nous dans la confusion, dans le labyrinthe du mélange entre le bien et le mal ! (v. 19). L’esprit qui jouit de la bonté de Dieu peut éviter cela, et il fait bien, mais la racine et la source de toutes ces questions sont dans les cœurs des hommes et la puissance du mal qui nous entoure les suscite. Ce n’est pas seulement de l’égoïsme, quoique le moi soit toujours le centre de toutes ces questions, mais quand l’esprit est affligé par le mal, on a une multitude de pensées. Certes, je ne dis pas que ce soit bien ; c’est le fruit de notre éloignement de Dieu, par lequel le mal est entré dans le monde de Dieu, et de fait, c’est être nous-mêmes au milieu de ce mal. Mais lorsque le cœur et l’esprit vont au-delà du mal, ayant la connaissance du bien et du mal, la révélation des pensées de Dieu, quand l’esprit travaille, augmente encore la difficulté et la multitude des pensées, parce que l’esprit voit plus clairement le bien. Pourquoi ce mal, et d’où vient-il ? L’esprit voit un autre monde de la puissance de Dieu. Pourquoi donc ce monde-ci ? L’esprit considère un monde qui est au-delà et en rapporte des pensées dans ce monde-ci, où elles ne sont pas réalisées. Il voit la bonté et la puissance et habite pourtant au milieu de l’affliction et du mal. Ces pensées peuvent avoir, et ont souvent un caractère égoïste. C’est alors un principe bas, mais, quoi qu’il en soit, ces pensées ont toujours l’homme pour centre, sont toujours mauvaises, ne sont autre chose que «la multitude de nos pensées». Christ seul a fait exception, lui qui, parfait en amour et en sainteté, a introduit en perfection dans son esprit et dans sa personne, un autre monde dans celui-ci. Mais Dieu a compassion. Je me réfugie en Lui par la foi. Cela console et réjouit mon âme. Les spéculations de nos pensées, quand nous connaissons le bien et le mal, soit par l’affliction personnelle, soit par l’activité de l’esprit, ce qui est pire, nous lancent dans les raisonnements interminables, mais non pas réellement infinis, de la spéculation sur ce qui devrait être, ou dans des reproches à Dieu sur ce qu’il est. Tout cela se montre parfois sous l’apparence plus humble de l’étonnement ; on reconnaît que cela est trop difficile pour nous ; mais c’est un esprit limité, un esprit qui se meut dans la sphère de ce monde, n’ayant, hors de cette sphère, aucunes facultés naturelles, et entrant dans ses pensées et ses spéculations, en relation avec l’infini, avec le bien et le mal. Il a une multitude de pensées, mais pas de repos possible. Dans son état actuel, il n’appartient pas à la sphère dans laquelle il s’est engagé.
De là procède, soit dit en passant, la forme que l’incrédulité revêt habituellement de nos jours ; ce qu’on nomme le positivisme ou le réalisme. On dit : «Je sais ce que je vois et ce que j’éprouve, peut-être avec les quelques petites conclusions que j’en tire» ; et l’on prétend s’arrêter là. En réalité on ne s’y arrête pas, car on prétend nier tout ce qui est au-delà. Cela est évidemment faux, car si l’on ne connaît que ce que l’homme peut connaître par lui-même, on ne peut nier ce qui est au-delà, pas plus qu’on ne peut l’affirmer : C’est donc un principe sans consistance ; mais il est faux encore sous un autre point de vue. L’esprit n’a aucune certitude, mais il a une multitude de pensées qui dépassent la sphère des facultés naturelles de l’homme, et peuvent décider de ce qui appartient à ces facultés. Il y a une multitude de pensées au dedans de nous. Nous sommes incompétents pour arriver à une conclusion, néanmoins il y a des pensées, suggérées par une chose ou par l’autre, mais le cœur ne trouve point de réponse. Tel est le cas, lorsqu’il n’y a pas incrédulité, mais seulement l’activité naturelle du cœur humain. Il n’y aura point de réponse jusqu’à ce que le jugement vienne, jusqu’à ce que «le jugement retourne à la justice».
Dans ce Psaume, l’exercice d’âme dont nous parlons se rapporte plus entièrement, cela va sans dire, au gouvernement de ce monde. À ces pensées, le christianisme, la révélation d’un autre monde, a ajouté mille autres pensées qui surgissent lorsque l’esprit de l’homme travaille. Mais il y a un refuge, une ressource ; ce n’est pas de donner à l’esprit l’explication de toutes choses et de le maintenir ainsi dans la folle et inique prétention de juger Dieu ; mais c’est d’introduire dans l’âme le bien positif qui est en Dieu ; en sorte qu’elle ait la certitude de posséder la bénédiction et la vérité, malgré la multitude des pensées dont elle est incapable de trouver la solution. La conscience est droite quand elle est mise en exercice et qu’elle juge le moi. Mais lorsque, avec notre connaissance affaiblie et obscurcie du bien et du mal, en la nommant conscience, nous prétendons juger Dieu, cette prétention est de faire de notre ignorance et de notre état moral tel quel, la mesure de ce qui est parfait, alors que nous connaissons tout imparfaitement, et Dieu pas du tout. En effet, dans cet état, les hommes se forment un jugement qu’eux-mêmes doivent ensuite reconnaître comme tel.
C’est évidemment juger de tout un système de choses, lorsque, en réalité, nous n’en avons devant nous qu’un bout obscur. Mon raisonnement, ayant pour point de départ un état de choses rempli de mal, je ne puis juger de rien. Dieu n’a pas encore mis les choses en ordre, et je ne suis nullement compétent pour juger même comment cela aura lieu ; mais Dieu a introduit le bien, le bien parfait, Lui-même, au milieu du mal. Il m’a fait découvrir le mal en moi, il m’a fait me juger moi-même ; avantage moral immense. Seuls, ceux qui se sont jugés ainsi sont droits et sans fraude quant à l’état de leur âme. C’est la conscience honnête et droite, et cela me fait trouver une ressource dans la grâce, une parfaite connaissance de son amour (en Israël, une connaissance relative par le moyen de ses voies). Alors, dans les détails des exercices subséquents, destinés à produire la connaissance de soi-même et à purifier l’âme, ayant connu l’amour parfait, je puis y avoir recours, et j’ai aussi ce que cet amour m’a révélé et donné, la grâce et la vérité ; et cela non pas seulement dans leur révélation extérieure, quelque autorité qu’elles possèdent, mais dans mon âme par le Saint Esprit. «Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage au dedans de lui-même» (1 Jean 5:10). «Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas ouï, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, mais Dieu nous l’a révélé par son Esprit» (1 Cor. 2:9, 10). Et encore : «Nous nous glorifions en Dieu» (Rom. 5:11). Mais de plus, Dieu agit directement par son Esprit. Son amour est versé dans nos cœurs ; nous pouvons compter sur sa fidélité dans cet amour ; mais la communion directe avec Lui-même nous élève à une source de joie que les difficultés ni l’affliction ne peuvent troubler. Rien ne nous sépare de son amour ; nous sommes plus que vainqueurs dans ce monde ; nous avons les joies d’un autre monde, des consolations divines à travers les épreuves que nous avons à supporter, et en présence du mal qui nous assiège : la puissance du mal nous pousse vers notre retraite, vers notre joie en Celui qui reste toujours le même, et que nous apprenons à mieux connaître. Le jugement mettra fin à la scène dans laquelle il me faut être affligé.
Je ne m’arrête pas sur ces Psaumes, parce qu’ils parlent de la venue même du Seigneur en jugement, et ne traitent pas des exercices du cœur qui attend cette venue. Le Psaume 95 appelle les Juifs, et le Psaume 96, les Gentils, à être prêts pour aller à sa rencontre ; au Psaume 97, il arrive dans les nuées ; au Psaume 98, il a accompli la délivrance ; au Psaume 99, il a établi son siège à Jérusalem entre les chérubins. Le Psaume 100 appelle les gentils à partager la joie d’Israël et à rendre culte. Le Psaume 101 nous donne les principes d’après lesquels le roi de l’Éternel gouvernera la terre.
Le Psaume 102 est l’un des plus profondément intéressants de tout le livre, mais je bornerai mes remarques à ce qui suit. Ce Psaume s’applique spécialement au Seigneur Jésus, quelles que puissent être les circonstances ou l’affliction individuelle qui ont fourni l’occasion de le composer. La citation qui en est faite au premier chapitre de l’épître aux Hébreux ne laisse aucun doute à ce sujet, et lui donne une profondeur d’intérêt qu’à peine un autre Psaume peut égaler. Il montre comment la nature divine, éternelle du Seigneur, résout la difficulté d’un Messie qui a été retranché, alors que Sion doit être restaurée plus tard. Mais ceci donne une profondeur et un caractère tout particuliers à la douleur poignante de ses afflictions. Ce n’est pas un résultat glorieux en bénédiction, la conséquence d’une œuvre unique dans sa nature et dans sa valeur, ce n’est pas non plus le jugement qui suit le rejet du Messie, mais c’est la vérité éternelle de la nature divine du Seigneur, rencontrant la réalité de ses afflictions, même jusqu’à la mort. C’est donc principalement Sa personne qui est l’objet spécial de ce Psaume et qui lui donne un intérêt particulier. Mais, quoique nous y trouvions la sécurité des enfants de ses serviteurs, il ne nous offre pas proprement d’instruction sur le gouvernement de Dieu, lors même que le fondement de tout cela soit en grâce. Les Psaumes suivants (103 à 106) qui terminent ce livre, ne nous apportent pas non plus beaucoup d’enseignement sur ce sujet. L’Esprit considère ce que Dieu est toujours pour la foi, mais en rapport avec la délivrance future, introduite par la venue du Seigneur.
Toutefois la puissance du bien qui sera manifestée en mettant toutes choses en ordre, et que la foi considère comme prête à intervenir, est réalisée, par cette foi, comme appartenant à Celui qu’elle connaît déjà. Ainsi la foi se repose sur cette puissance comme étant le caractère de Dieu ; elle se repose sur Dieu comme portant ce caractère de puissance, quoique les résultats de cette dernière ne soient pas encore produits, et elle revêt les choses présentes de cette connaissance de Dieu, bien que le mal soit encore ici-bas. La foi considère le monde comme le déploiement de la puissance et de la sagesse, sous un gouvernement de bonté, Dieu étant connu, quoique le mal ne soit pas encore finalement aboli et que les résultats de la bonté ne soient pas encore produits. Mais Celui qui gouverne est bon. Or cela est connu par ceux qui ont péché contre Lui, connu pour eux-mêmes et en eux-mêmes ; et c’est cette connaissance de Dieu qui rend l’âme capable de voir la sagesse et la bonté en toutes choses, quoique les effets du péché soient encore présents.
Ce principe est très important : je parle de discerner Dieu et le bien au milieu de la scène de péché dans laquelle nous vivons. Il est vrai qu’un Juif pieux qui n’aurait pas vu Jésus rejeté, qui ne connaîtrait pas la croix, ne pourrait connaître le mal comme nous ; cependant il le connaîtrait en partie ; et la foi qui attend une délivrance finale, non encore venue, introduit Dieu, ainsi connu, sur la scène que la foi devra traverser. Dieu qui, au milieu du mal, n’a rien laissé échapper de sa main, Dieu a souverainement ordonné toutes choses au milieu de ce mal, quoique ce dernier ne vienne pas de Lui ; dans le jugement, il s’est souvenu de la miséricorde. Et lorsque l’esclavage de la corruption entra dans ce monde, Lui, qui avait fait toutes choses très bonnes, a tenu les rênes et a tout ordonné très sagement, malgré tous les témoignages qui puissent rester du mal, de la misère et de la mort. Nous sommes sous leur esclavage jusqu’à ce que nous soyons divinement délivrés, mais Dieu n’a jamais été sous cette servitude, il n’y sera jamais. Il veut que nous sachions que toute la création soupire et que, dès qu’Il régnera, la délivrance viendra ; mais que le Créateur qui fit toutes choses bonnes, gouverne et conduit tout maintenant : «Ses compassions sont sur toutes ses œuvres» (Ps. 145:9). Maintenant la foi regarde au-delà du mal qu’elle ressent, elle ne désire pas y être insensible, mais ses yeux s’attachent sur Celui qui est au-dessus du mal et qui peut introduire sa bonté, même au milieu de la scène actuelle. Elle discerne le rôle qu’Il y joue, et reconnaît même ce rôle comme étant supérieur à tout le mal. Il ne s’agit pas ici de la jouissance naturelle de la création (quoique toutes les créatures comme telles soient bonnes et aimables), car cette jouissance peut être une complète déception à l’égard de soi-même, et un aveuglement complet à l’égard du mal ; mais c’est la foi atteignant la bonté par-dessus le mal, et introduisant cette bonté dans la jouissance qu’elle a de Dieu dans la créature.
Je le répète : Israël ne pourrait pas connaître le péché comme nous le connaissons ; mais, d’un autre côté, il ne pourrait pas avoir connu la rédemption effectuée et la réconciliation future comme nous, qui pouvons ainsi introduire Dieu maintenant d’une manière plus complète. Tel est le caractère général des Psaumes 103, 104 et 105. Ils contemplent, mais par la foi, la délivrance finale d’Israël ; et ils considèrent la création, non pas dans sa perfection abstraite, mais Dieu en elle ; et voient, en outre, l’histoire d’Israël comme une série de chutes, mais la miséricorde et la bonté de Dieu qui s’élèvent au-dessus d’elles.
C’est ainsi que le Psaume 103 reconnaît le pardon et la guérison, espère, par la foi, en la délivrance et en la grâce qui sont réservées à Israël, et connaît Dieu selon cette grâce et cette délivrance, tout en voyant dans l’intervalle sa patience et sa bonté appliquées à son gouvernement. Il est lent à la colère et d’une grande bonté. S’agit-il du péché, nous savons sur quel fondement parfait tout est établi, mais notre Psaume célèbre l’effet de cette œuvre dans le gouvernement d’Israël ; toutefois, pour tous les temps, Dieu est connu selon cette connaissance qu’il a donnée de Lui à la croix. C’est pourquoi il ne s’agit pas ici d’une bonté vague, par laquelle on se trompe soi-même, mais le mal est reconnu tandis que Dieu est connu dans sa bonté. Voilà ce qui devrait caractériser nos voies et nos pensées. Non pas qu’il ne nous faille pas avoir à faire avec le mal, car si nous regardons au-dessous de la surface, nous le rencontrons partout : mais je devrais m’en être occupé de telle manière avec Dieu, que je ramène Dieu avec moi, selon le caractère dans lequel je l’ai trouvé, c’est-à-dire comme étant au-dessus de tout mal. Mes pieds devraient être chaussés de la préparation de l’Évangile de paix.
Le Psaume 104 envisage la création sous le même aspect. Le dernier verset montre le jugement qui nettoie le monde du mal, et la puissance souveraine de Dieu est reconnue. Mais l’Esprit est capable d’introduire la bonté au milieu de tout ce qu’il voit. Toutefois ce Psaume ne va pas au-delà d’une création en chute.
Le Psaume 105 récapitule les voies spéciales de Dieu envers Israël aux temps passés. La délivrance actuelle par le moyen du jugement se trouve aussi mentionnée ici, mais elle est considérée comme étant sa fidélité à sa promesse et à sa grâce. Ici, la manifestation présente de la bonté réveille le souvenir de toutes les voies de Dieu dans le passé. Tel il est, tel il a toujours été.
Le Psaume 106 considère l’autre côté du tableau, et montre les voies de l’homme qui, au milieu de toutes les interventions de Dieu en bonté, après la première joie de la délivrance, est retourné à sa propre méchanceté et à ses voies impies. Cependant l’oreille de Dieu restait toujours ouverte, Il s’est souvenu de sa promesse, il s’est repenti selon la multitude de ses bontés, de manière à produire finalement la louange et les actions de grâces à son nom. Le Psaume précédent nous a montré ce que Dieu était dans ses propres voies ; celui-ci montre qu’il est finalement au-dessus du mal, en accomplissant sa miséricorde et ses promesses, après que les hommes s’étaient montrés ce qu’ils sont. Dieu est bon en Lui-même, Dieu est bon au milieu du mal, non pas comme permettant le mal, mais comme se faisant connaître par ses propres voies de miséricorde ! Or Dieu étant ainsi connu par le cœur, ce dernier passe au milieu des circonstances présentes selon cette connaissance qu’il a de Lui. Mais pour faire cela avec conséquence et constamment, il faut non seulement que le cœur connaisse Dieu, mais qu’il vive habituellement avec Lui. Ainsi se termine le quatrième Livre des Psaumes.
Le dernier livre des Psaumes nous présente, outre les nombreux cantiques de louanges qu’il contient, toutes les circonstances morales d’Israël, lors de son retour à la bénédiction. Le premier de ces Psaumes imprime son caractère au livre tout entier. Il considère les fidèles comme rassemblés et de retour, tout en retraçant les scènes diverses qu’ils peuvent avoir traversées, même depuis leur entrée dans le pays, et montrant les voies de Dieu qui se sont exercées là envers eux. C’est la description d’angoisses et d’épreuves, au milieu desquelles les misérables ont crié à l’Éternel qui a répondu et qui est intervenu en faveur de l’âme exercée et ballottée par l’orage ; aussi les hommes sont-ils exhortés à reconnaître et à louer l’Éternel.
Au premier plan nous rencontrons cette précieuse vérité : «Sa bonté demeure à toujours». L’amour et la bonté immuables de Dieu sont célébrés tout le long de l’histoire d’Israël, depuis la première chute, évidente et démontrée, de ce peuple. L’homme a manqué, la grâce de Dieu envers son peuple ne manque jamais. Les rachetés et ceux qu’il a rassemblés sont appelés à rendre témoignage de cette vérité. Étrangers et pèlerins, sans lieu de repos, sans patrie, assaillis par la soif et la faim, leur âme défaillant en eux, ils ont crié à l’Éternel qui les a conduits dans un chemin droit là où leurs pieds et leur cœur ont trouvé du repos.
Deux caractères sont attribués à l’âme qui se trouve dans cette condition (v.9) : Elle est altérée et affamée. C’est le désir et le besoin, mais tous deux apportés devant le Seigneur : et dès lors la miséricorde. Il ne s’agit pas ici de saints désirs, mais c’est Dieu répondant aux besoins. L’âme fatiguée et défaillante a des besoins, mais ceux-ci se changent en un cri au Seigneur. Certainement la miséricorde se trouve par-devers lui. Il en serait ainsi, quand même l’affliction et la détresse seraient le châtiment des affligés et le fruit de leur rébellion ; mais ici, quand le cœur se tourne vers le Seigneur, la grâce le rencontre et la délivrance en est la suite. Les portes d’airain, les barres de fer qui retenaient ces hommes captifs, sont brisées, alors que l’iniquité et la folie par lesquelles ils avaient abandonné le Seigneur avaient amené tout cela sur eux. Il envoie sa parole afin de les guérir et ainsi de les délivrer. Lorsque les hommes, aventureux, bravant les dangers, étaient à bout de ressources au milieu de la mer tempétueuse qui ne leur offrait pas où prendre pied, le Seigneur intervient en leur faveur, apaise les flots, et les conduit au port qu’ils désiraient (v. 30).
Dans l’endroit même de l’habitation de son peuple, dans l’endroit des promesses, son gouvernement direct intervient. Par le jugement, les fleuves sont changés en déserts, la terre fertile en terre salée ; mais il change le désert en un étang d’eau ; il juge l’iniquité et fait voir sa bonté à l’âme en détresse ; il rassasie les affamés qui comptent sur lui. Mais insoucieux et enorgueillis dans cette position même, il faut qu’ils soient humiliés. Il verse le mépris sur les nobles, mais il relève le pauvre de l’affliction (v. 40). Ce n’est pas l’ordre d’un monde béni de Dieu, dans lequel il n’y a pas de mal ; c’est le gouvernement de Dieu là où le mal se trouve ; d’un Dieu qui domine le mal pour accomplir les desseins de son propre gouvernement, pour cacher l’orgueil à l’homme [Job 33:17], pour consoler et encourager les pauvres en esprit qui regardent à lui, ne se confiant ni dans l’orgueil ni dans la force de l’homme, et ne voulant s’appuyer que sur le Seigneur. Même dans tous les chemins où leur volonté, et jusqu’à leurs péchés, les ont conduits, du moment qu’on regarde à Lui, on rencontre sa gratuité et sa bonté.
Dieu s’occupe ainsi du cœur, employant l’état des choses et les voies de l’homme comme moyens pour se faire connaître Lui-même à l’âme. Les hommes droits s’en réjouissent. Oh ! que cela est vrai ! et combien plus encore lorsqu’on verra le fruit de la bonté du Seigneur envers l’humble cœur dans l’attente, qui avait placé sa confiance en Lui ! À la fin le mal sera réprimé, mais dans l’intervalle, pendant le voyage, le Seigneur nous rencontre et nous console, justifiant ainsi le chemin d’un humble cœur ; et quiconque est sage et prend garde à ces choses, verra, comprendra les bontés de l’Éternel ; elles rempliront son cœur de joie et d’allégresse, malgré l’activité, les prétentions, les succès apparents de la volonté de l’homme. Que le Seigneur nous enseigne à marcher humblement et sans bruit devant lui, laissant à sa bonne main le soin des résultats. C’est difficile parfois, mais sage toujours. Il est pénible sans doute de voir prospérer le méchant et l’iniquité ; le monde est rempli de mal ; mais Dieu travaille au milieu de cet état de choses et ses voies produiront enfin la bénédiction, ainsi que le fruit de sa bonté et de sa juste puissance.
Ce Psaume ne me fournira qu’une ou deux courtes remarques, mais sur un sujet d’une grande beauté. Nous trouvons ici une grande confiance, et, comme toujours, de la miséricorde pour l’âme qui se connaît elle-même et qui se présente avec vérité devant Dieu. Mais le moyen de sa délivrance et de sa bénédiction, c’est que Dieu soit exalté. Cette exaltation sera donc nécessairement sainte et juste. «Élève-toi, ô Dieu ! au-dessus des cieux, et que ta gloire soit au-dessus de toute la terre, afin que tes bien-aimés soient délivrés» (v. 5-6). C’est une pensée bénie, et une vérité que la foi doit saisir maintenant, même dans le temps de l’épreuve, que notre bénédiction et la gloire de Dieu ne font qu’un tout ; seulement il nous faut mettre sa gloire en première ligne. C’est le principe même de l’intégrité de l’âme, et la bénédiction la plus élevée. «Celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé», dit le Seigneur, «celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui» (Jean 7:18). Et autre part encore : «Que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure... Père, glorifie ton nom» (Jean 12:27). Puis viennent ces paroles : «Moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même» (Jean 12:32). Ainsi, au milieu de l’épreuve et même du mal, la foi identifie la gloire de Dieu avec son peuple. «Les Cananéens l’entendront... Que feras-tu pour ton grand nom ?» (Jos. 7:9).
Par la même raison le mal ne peut pas être épargné quand nous sommes au milieu du peuple de Dieu, et lorsque Dieu a été publiquement déshonoré, cette injonction en est la conséquence : «Que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami» (Ex. 32:27). En un mot, la foi identifie la gloire et l’exaltation de Dieu avec son peuple, mais elle donne à Dieu le premier rang. Dans notre Psaume, c’est en bénédiction, aussi nous y trouvons cette remarquable réponse de Dieu : «Je me réjouirai» (v. 7). Il trouve sa joie et ses délices dans la bénédiction de son peuple. Il se réjouit en leur faisant du bien, en délivrant ses bien-aimés, en usant de sa puissance pour écarter le mal qui les oppressait, et pour les mettre en possession de ce qui leur appartient comme don de sa grâce. Quelle que soit la force de leurs adversaires, il accomplira la bénédiction des siens. La ville forte ne peut pas tenir devant lui. Et quand même, par leur propre faute, son secours leur avait été refusé (Israël, comme nous le savons, avait été rejeté pour longtemps), lorsque viendra le temps déterminé pour la bénédiction des humbles, il déploiera la puissance nécessaire pour tout accomplir. Il donne force à son peuple, et son propre pouvoir les délivre. Ils ont appris que sa puissance seule a de la valeur et de l’efficace.
Ce Psaume nous présente le jugement de Juda, et celui des Juifs compagnons de l’Antichrist aux derniers jours : si l’enseignement qu’il renferme ne traite pas beaucoup d’expériences, nous y trouvons cependant un témoignage de la plus grande solennité. Et d’abord le motif pour être secouru : «Agis pour moi à cause de ton nom» (v. 21). La nature et la gloire de Dieu sont à la source de toutes ses voies, et lorsque le cœur s’est emparé de cette vérité, il voit la délivrance comme réponse, car Dieu ne peut être en désaccord avec Lui-même. Mais, pour trouver cette réponse, il faut que le cœur soit amené à une condition qui corresponde à ce nom, c’est-à-dire à l’humilité, au jugement du mal en nous, et ainsi à l’intégrité et à la dépendance. Il se peut que Dieu nous éprouve à fond pour manifester le brisement de la volonté et le produire, et pour que le cœur, entièrement soumis, s’en remette à Lui de toutes choses. Quant à Christ, toutes ces épreuves n’eurent pour résultat que de faire ressortir son entière perfection ; en nous, elles produisent l’intégrité et la dépendance. En Lui, toute cette affliction venait absolument de la main de Dieu, c’est-à-dire qu’elle ne trouvait aucun motif en Lui-même. Or ce privilège de recevoir tout de sa main nous est aussi accordé par grâce ; et même si nous avons donné occasion à l’affliction par notre propre volonté ou par le mal, Dieu s’en sert en discipline ; puis, lorsqu’il a accompli son œuvre, il établit ses saints dans la bénédiction, à la confusion des adversaires, forcés ainsi de reconnaître sa main, alors que, triomphants dans le mal, ils ne pensaient qu’à triompher du juste. Mais, contre leur attente, ils se sont rencontrés avec Dieu, car l’affliction faisait partie de ses voies envers son peuple ; et ce gouvernement de Dieu peut continuer ainsi à notre égard, parce que la rédemption est complète. Cette affliction, dans le cas de Christ, n’était que la pure haine de l’homme contre le bien parfait, et il la subissait pour nous. «Pour son amour ils ont été ses adversaires» (v. 4). Mais ces hommes qui aiment le mal sont «continuellement devant l’Éternel» (v. 15) ; le moment de manifester cela lui appartient : pour nous, ce sera lorsque son œuvre pour subjuguer notre volonté et nous enseigner une sainte dépendance sera complète ; cela eut lieu en Christ, lorsque, sa dépendance ayant été pleinement manifestée, Dieu fut pleinement glorifié.
Je n’ai qu’une remarque à faire sur ce Psaume qui traite de la glorification du Christ à la droite de Dieu. Le dernier verset nous montre la perfection du Seigneur dans cet esprit de dépendance qui a caractérisé sa course terrestre, et c’est aussi le chemin où ceux qui marchent selon le nouvel homme ont à le suivre. Heureux des rafraîchissements que Dieu fournit, n’en ayant pas d’autres, et les recevant comme nous les trouvons, c’est-à-dire comme Dieu Lui-même les donne le long du chemin, — tel est l’esprit de l’humble dépendance.
Dans la plupart des Psaumes de ce dernier livre, il est tellement question de l’intervention du jugement et de la puissance, que les instructions en vue des épreuves du voyage sont un peu reportées à l’arrière plan. C’est ce que nous trouvons dans ce Psaume-ci. Il entonne, par anticipation sans doute, son Alléluia sur les œuvres de Dieu. Seulement il faut remarquer que ces œuvres de délivrance sont toujours conformes à la vérité du caractère de Dieu, qu’elles sont fondées sur cette vérité et la confirment. Les œuvres de ses mains sont vérité et jugement. En elles tous ses commandements sont démontrés sûrs et véritables. Ils restent debout à perpétuité et pour toujours, étant faits avec vérité et droiture (v. 7, 8). Aussi, pour jouir du fruit de ses œuvres, il nous faut marcher selon les voies du Seigneur, comptant sur la certitude de sa promesse, et, s’il tarde, nous attendre à Lui. Mais, comme nous l’avons toujours vu, dans ses œuvres sont trouvées et senties la miséricorde et la compassion envers nous. Notre délivrance est le fruit de la bonté souveraine. C’est pourquoi la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse ; l’obéissance nous conduit à l’intelligence. Étant dans le chemin de Dieu, la lumière, c’est la vérité dans ce chemin, c’est d’être en accord avec ce dernier.
Vous ne pouvez séparer la vraie connaissance des choses divines d’avec la piété. La nouvelle nature pieuse, obéissante, qui par grâce dépend de Dieu, peut seule désirer ou comprendre ces choses. «Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu» (Jean 7:17). C’est pourquoi, dans le chemin de l’obéissance, on trouve toujours davantage, à mesure qu’on réalise la lumière en étant soumis à Dieu et dépendant de Lui, car la lumière et le chemin de la nouvelle nature ne sont qu’un ; aussi est-il dit : «La vérité selon qu’elle est en Jésus, c’est-à-dire d’avoir dépouillé le vieil homme, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité» (Éph. 4:21-24), et encore : «Nous sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés» (Col. 3:10). Dans ce chemin nous avons à marcher par la foi, jusqu’à ce que la puissance intervienne. Pour Israël, ce chemin de l’obéissance a plutôt un caractère légal, mais le principe reste toujours vrai, parce que la vraie connaissance est la connaissance de Dieu. Il est impossible de séparer la vraie connaissance d’un état qui reconnaît Dieu pour ce qu’il est, c’est-à-dire de l’obéissance et de la dépendance.
J’omets intentionnellement les promesses de bénédiction temporelle ; elles s’appliquent directement au peuple et au système juifs, et si ces derniers Psaumes en font une mention spéciale, c’est qu’ils nous présentent la bénédiction comme venant d’être introduite par le jugement. Néanmoins nous y trouvons quelques principes dignes d’attention, car ces Psaumes insistent en particulier sur la sagesse qui consiste à agir dans l’obéissance à travers le chemin de l’épreuve. Il y avait bien des raisons, et il y en a toujours, pour dire que la fidélité était tout simplement une folie et la ruine pour les fidèles ; mais Dieu les avertit, et le chemin de la sagesse consiste à l’écouter. Les résultats de ce chemin demeurent, alors que les méchants disparaissent. La génération des hommes droits sera bénie. Sa justice demeure à perpétuité. Sans doute les ténèbres semblent envelopper le juste, mais là même, la lumière se lève pour lui. Il nous faut apprendre à nous confier en Dieu : la bénédiction est assurée à celui qui obéit. Mais cette marche avec Dieu, la paix du cœur et l’intelligence de la bonté, rendent l’âme miséricordieuse, pleine de compassion pour d’autres, et en même temps intègre à leur égard. La recherche de soi-même n’est pas le principe qui gouverne le fidèle. Il est miséricordieux, libéral, il n’y a pas chez lui la promptitude de la propre volonté. Il conduit et maintient ses affaires dans la crainte de Dieu avec sobre bon sens ; il n’use pas de légèreté, en sorte que son «oui» soit «non». Guidé par Dieu dans ses entreprises, il poursuit son chemin jusqu’au bout, parce que telle est la volonté du Seigneur, et il le fait avec la force et la fermeté que donne la conscience d’accomplir cette volonté. Or cela est important pour le chemin des saints, car c’est un témoignage que Dieu s’y trouve et que sa pensée est le guide de notre marche. Dieu demeure ; celui qui fait la volonté de Dieu demeure aussi.
De plus, lorsque la puissance du mal se déploie, le croyant n’est pas ébranlé. Au milieu d’exercices de cœur, et du mal moral, il était avec Dieu. Pour lui la volonté de Dieu était suprême. Il regardait à Lui comme à Celui dont la volonté a tout ordonné, et considérait Dieu Lui-même comme son tout. Il lui suffisait que Dieu fût satisfait. En tant que motifs, les circonstances avaient perdu leur influence sur lui, et Dieu avait, pour ainsi dire, pris leur place dans son cœur et dans son esprit. Aussi quand les difficultés s’élèvent, elles rencontrent un cœur qui connaît Dieu et se confie en Lui : «Son cœur est ferme, se confiant en l’Éternel» (v. 7).
Un seul principe se présente à nous, dans ce Psaume, mais il ne peut nous être rappelé trop souvent, car nous avons une tendance constante à l’oublier. Dieu choisit des choses faibles, afin qu’il soit évident que le bien et la bénédiction proviennent de sa puissance et de son amour. Dieu se sert de moyens ; mais quand l’homme parle de moyens il n’entend généralement pas par là cette dépendance du cœur qui s’en remet à Dieu, la prière, la Parole, etc., mais plutôt l’appui que l’on cherche dans l’influence et la force de l’homme. Cela est très mal. Souvenons-nous bien que Dieu choisit les choses folles de ce monde pour confondre les sages, et les choses faibles, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu ! S’il en était autrement, la bénédiction ne serait pas une bénédiction divine. Mais dans cette puissance divine nous trouvons la grâce et pouvons compter sur elle. «Il a placé sa demeure en haut ; il s’abaisse pour regarder dans les cieux et sur la terre ; de la poussière il fait lever le misérable, de dessus le fumier il élève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles, avec les nobles de son peuple ; il fait habiter la femme stérile dans une maison, joyeuse mère de fils». Telles sont les voies de Dieu ; le cœur y trouve ses délices. À lui la puissance et la bonté, mais quelle leçon que celle-là au milieu du monde et pour le cœur de l’homme !
On trouve dans ce beau petit Psaume la même pensée sur la puissance de Dieu que dans le Psaume précédent. De la pierre dure il a fait sortir des eaux. Sa présence fait trembler cette terre qui l’avait oublié, mais sa puissance et sa grâce apportent à son peuple dans le désert, le rafraîchissement et la vie qu’elles font sortir de ce qui est aux yeux de l’homme sans espoir et tout à fait contraire. La dépendance et la confiance en Lui, tel est le paisible chemin de la foi.
Le premier principe que nous rencontrons ici, principe simple mais puissant, est exprimé par ces mots : «Non point à nous, ô Éternel ! non point à nous, mais à ton nom, donne gloire» ; c’est-à-dire que l’âme donne à la gloire du Seigneur le premier rang ; et c’est ce que Christ à réalisé en perfection. Mais le principe que l’on trouve ensuite, c’est la relation qui existe entre cette gloire et le peuple de Dieu. Le premier principe donne la pureté des motifs, le second le courage et l’espérance de la foi. Remarquez en outre une chose particulièrement précieuse : le nom de Dieu, c’est-à-dire la révélation de son caractère, est spécialement approprié aux bénédictions de son peuple. Il avait parlé pour donner la promesse, mais, pour leur part, ils ont manqué de se l’approprier dans le chemin de la justice. Toutefois Dieu a promis, et c’est ici que son nom est introduit en rapport avec son gouvernement en grâce : «À ton nom donne gloire, à cause de ta bonté», qui est une partie de son nom ; «à cause de ta vérité», en voici une autre. Or c’est en ceci que se montre sa gloire : s’il n’avait pas le premier de ces caractères, le second ne pourrait être maintenu. Un jugement juste aurait retranché les coupables, mais alors, où aurait été l’accomplissement de sa promesse ? Mais la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement (Jacq. 2:13). Ce que Dieu est dans sa nature — il est amour — se manifeste et se fait connaître dans ses voies de grâce envers les errants, et en miséricorde, en les conduisant sans doute à la repentance, mais afin qu’ils soient en mesure de jouir de leurs relations avec Dieu d’une manière qui convienne moralement à ces relations ; ensuite il accomplit sa promesse selon sa vérité. Mais la gloire divine est en premier rang et l’âme y compte.
Dieu s’était fait le Dieu de son peuple pour manifester ses voies. «Pourquoi les nations diraient-elles : Où donc est leur Dieu ?» (v. 2). C’est ce que mettaient autrefois en avant Moïse et Josué quand ils plaidaient avec Dieu. De plus, cela est dit en contraste avec les idoles des païens. Lorsque c’est la gloire de Dieu qui est recherchée en premier lieu par la foi, la conséquence en est non seulement que le peuple est béni selon cette gloire, mais que le cœur des fidèles reçoit par là l’intelligence et la perception de cette gloire en elle-même. C’est une grande bénédiction. Ils se réjouissent sans doute du salut, mais ils se réjouissent en Dieu. Pour que leur salut soit complètement manifesté il faut que Dieu se montre en jugement. Il n’en est pas de même quand il s’agit de notre bénédiction, car il nous a donné des choses célestes, là où est sa propre demeure, se révélant à nous dans ce qu’il est en Lui-même, et non pas seulement dans ses voies. Car nous pouvons remarquer ici que cette terre est la sphère, et que cette vie présente l’énergie dans laquelle Dieu est connu et confessé. «Les morts ne louent pas Jah» ; «il a donné la terre aux fils des hommes» ; tandis que nous nous réjouissons d’être morts et d’avoir, avec Christ, notre place en résurrection dans les lieux célestes. Nous ne pouvons assez insister là-dessus, quoique l’on trouve dans ces Psaumes de l’instruction quant aux voies de Dieu sur la terre. Dans les derniers Psaumes spécialement, c’est le gouvernement terrestre qui est en vue, parce que le jugement final est sur le point d’intervenir. Quelle bénédiction pour nous de posséder le ciel au lieu de cette perspective, et d’avoir notre Dieu, tel qu’il est, c’est-à-dire comme notre Père !
Ce Psaume nous montre les supplications du fidèle exaucées, aussi y est-il peu question du gouvernement de Dieu. L’âme est délivrée, après avoir été plongée dans les angoisses de la mort. Nous trouvons ici l’histoire du Résidu de la fin, histoire dans laquelle le Seigneur est entré en grâce d’une manière si merveilleuse, quoiqu’il ne soit pas le sujet de cette prophétie, comme on le voit d’après la citation qu’en fait l’Apôtre (v. 10 ; cf. 2 Cor. 4:13), citation applicable à tous ceux qui souffrent de la même manière. La délivrance a trait à ce monde-ci. Ce Psaume a pour pensée fondamentale la grâce et la fidélité de l’Éternel pour délivrer. Ce qui caractérise le fidèle, c’est la simplicité, qualité précieuse, mais, pour quelques-uns, difficile à réaliser. Elle est produite chez ceux qui s’en rapportent en simplicité de cœur aux pensées de Dieu et vivent en elles, puis s’attendent à Celui qui accomplit toujours ses propres pensées et qui se souvient de ceux qui se confient en Lui. L’opposé de cela, c’est l’activité des pensées de l’homme, auxquelles viennent se mêler sa volonté et ses projets. Ces derniers s’évanouissent et l’on est désappointé. L’esprit d’humilité ne pense pas tant ; il reçoit les pensées de Dieu, et ces pensées ont un caractère moral. Il demeure en elles ; il obéit, il s’attend à Dieu. Tel était Éliézer au chap. 24 de la Genèse.
La délivrance divine, survenant comme une faveur et comme une réponse au cri de l’âme, est pleine de douceur. Nous éprouvons la fidélité de Dieu à l’égard de notre état et de notre attente. Aussi la bénédiction reçue, plutôt que de produire simplement la jouissance de la bénédiction, a-t-elle pour fruit la reconnaissance et ces mots : «J’ai aimé l’Éternel». Alors l’âme entre plus avant dans la jouissance de ce qu’elle possède. Elle sent que le Seigneur a agi miséricordieusement. Elle retourne en son repos, sa foi ayant été en activité auparavant. Elle avait cru, elle avait parlé comme se confiant en Dieu, mais elle avait été fort affligée ; maintenant elle trouve le Dieu en qui elle s’est confiée, comme source de joie et de bénédiction, et non pas, remarquez-le, la bénédiction comme source de joie. Au temps de l’épreuve, l’âme se tournait vers Dieu et non vers la consolation ; c’est encore Lui qu’elle cherche maintenant, au temps de la joie. Le Seigneur Lui-même est devant l’âme, source pour elle de tout bien.
Remarquez encore, dans ce Psaume, la conviction que tous les hommes ont entièrement failli. Le sens n’est pas proprement : «Je disais en ma précipitation» (v. 11), mais : «dans mon agitation», c’est-à-dire sous la pression de l’anxiété qui pousse l’homme à fuir en toute hâte. Cette agitation donnait la conscience que l’on ne pouvait nullement se fier à l’homme. Sans doute, ce n’était ni la simple foi, ni un jugement sain, mais il y a des moments où Dieu nous fait sentir que nous ne pouvons nous reposer sur l’homme et que Lui seul nous reste. Nous recevons souvent des consolations par les hommes. Paul dit : «Dieu qui console ceux qui sont abattus, m’a consolé par l’arrivée de Tite», mais nous ne devons pas nous fier à l’homme ; aussi y a-t-il des moments où nous devons nous écrier : «Tout homme est menteur», en nous en remettant entièrement au Seigneur. Je n’ai pas besoin de faire remarquer combien il en fut ainsi pour Christ ; et cependant il pouvait, en grâce, dire à ses disciples : «Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations». Mais il y eut une heure où il dut dire et sentir ces paroles : «L’un d’entre vous me trahira», et : «Vous serez tous scandalisés en moi cette nuit», et : «Vous me laisserez seul». Ceci mettait en lumière sa perfection, et nous y apprenons à nous appuyer sur le Seigneur seul, sans que cette connaissance de l’homme diminue en rien chez nous la confiance et l’ouverture de cœur, mais enseignés que nous sommes à ne dépendre que de Dieu. Une joie sans obstacle viendra ensuite, mais maintenant, dans toutes nos difficultés, le Seigneur pense à nous.
La conscience de la grâce et de la faveur divines élargit le cœur. Alors qu’il était sous la loi, le peuple d’Israël n’avait jamais pensé à inviter les nations à la louange ; il le fait quand la grâce lui a apporté la bénédiction. Le sentiment de ce que Dieu est pour nous, la jouissance reconnaissante des choses que nous possédons comme étant de Dieu, ouvrent, par la connaissance que nous avons de Lui, nos bouches et nos cœurs pour la louange. Cette jouissance nous engage à inviter d’autres encore à jouir de sa bonté. On trouve ici, dans la connaissance de l’amour, une assimilation à la nature divine et à sa prérogative ; seulement nous connaissons l’amour, lorsque nous apprenons comment il s’exerce envers nous-mêmes.
Ici nous sommes de nouveau sur le terrain de la bénédiction finale ; aussi, quand il s’agit dans ce Psaume du gouvernement de Dieu au milieu de l’épreuve, il n’y est fait allusion qu’au passé. Nous assistons à la reconnaissance par Israël, des voies de Dieu, et de la personne de Christ, après que la bénédiction a été introduite ; ils célèbrent cette grâce de l’Éternel qui a dépassé en durée toutes leurs voies, cette bonté qui demeure éternellement. Je ne fais que noter ici l’aspect sous lequel les circonstances de ce Psaume peuvent nous être appliquées en tout temps. Dieu est pour son peuple, pour les siens ; mais les hommes, peut-être tous les hommes, sont contre eux. Il n’y a qu’à se confier au Seigneur, et la victoire reste à la foi. Mais au milieu de circonstances où le gouvernement de Dieu est à l’œuvre pour corriger le mal, Satan cherche et trouve sa part. Combien cela fut vrai lorsqu’il conduisit tous les hommes contre Christ ! Ai-je besoin de dire combien cela se réalisera aux derniers jours de la puissance de l’Antichrist ! Mais, comme nous le montre le livre de Job, il en est de même dans les divers châtiments de Dieu. Le mal dans la conscience, ou même le mal inconscient dans le cœur, donne prise à Satan, souvent une prise terrible sur l’âme, même quand cette âme est intègre. On ne trouve du repos que dans le jugement de soi-même et dans la confession de ce qui a donné prise à l’ennemi. Ce dernier voudrait nous faire tomber ainsi, mais, comme dans le cas de Job, derrière tous ces châtiments la main de Dieu peut être vue. «Jah m’a sévèrement châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort» (v. 18). Oui, car l’Éternel voulait bénir. Un seul a pu dire : «Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi» (Jean 14:30) ; mais, pour ce qui nous concerne, tout est amour et bénédiction (comp. Deut. 8), pour que nous reconnaissions pleinement à la fin ce que Christ est dans les conseils de Dieu selon sa victoire et selon sa gloire. Il nous faut être ainsi exercés ; il faut que le sol soit labouré par la charrue et par la herse, mais ce travail a pour résultat : «C’est ici le jour que l’Éternel a fait» (v. 24). Sans doute il s’agit ici de la bénédiction finale de la terre lors de l’apparition de Christ, mais le même principe se réalise pour l’âme, chaque fois que par l’épreuve elle est amenée à être manifestée et purifiée devant Dieu. Les portes de la justice qui introduisent, pour ainsi dire, dans la joie de la communion sont ouvertes. Nous reconnaissons comme étant l’œuvre du Seigneur la grâce à laquelle nous n’avions aucun droit, et tout est lumière. Il est évident que ce Psaume ne s’applique directement qu’au Résidu, mais je cherche à relier cette grande manifestation du gouvernement de Dieu, aux détails dans lesquels ce gouvernement s’applique à nous.
Ici nous trouvons exprimé l’effet de la foi écrite dans le cœur d’Israël, lorsque ce peuple, après avoir erré longtemps loin des sentiers de Dieu, affligera son âme sous les conséquences de sa faute. Ce Psaume est l’un de ceux qui prononcent la béatitude.
Nous allons examiner quelques-uns des éléments de cette œuvre dans le cœur. La béatitude est prononcée sur ceux qui sont «intègres dans leur voie». Le monde est plein de souillure. Il n’y a qu’un seul chemin dans le monde (le nôtre est hors du monde, et nous sommes étrangers et pèlerins à la suite d’un Christ monté en haut), mais un seul qui puisse être sans souillure, et c’est la loi de Dieu. Il ne s’agit pas ici de ce qui est céleste, formé au-dedans de nous, des pensées fixées sur les choses qui sont en haut, d’une marche selon la puissance de l’Esprit ; sans doute des fruits sont produits par là, qu’aucune loi divine ne condamnera ; mais il s’agit d’un chemin entièrement formé par la volonté de Dieu, exprimée par Lui pour la marche de l’homme au milieu de ce monde. «Ils marchent dans la loi de l’Éternel» ; ils trouvent leur bonheur dans ce qui est droit, dans ce que le péché ni le monde n’ont souillé, et qui consiste à marcher dans la loi. C’est une règle parfaite, selon Dieu, pour un homme vivant dans ce monde. Mais le cœur va plus loin que cela ; il regarde à la source. Dieu a témoigné sa volonté ; il a montré qu’il voulait que l’homme y marchât et le cœur recherche cette volonté, non seulement parce qu’elle est sans souillure et parfaite, mais parce que ce sont «ses témoignages».
À cela se rattache le désir qui a Dieu Lui-même pour objet. Ils «le cherchent de tout leur cœur» (v. 2). Tel est le caractère général des effets de la loi écrite dans le cœur. L’effet pratique est évident : ils «ne font pas d’iniquité». Non seulement le cœur est mis en ordre, moralement, dans la sainteté, mais le mal relatif, l’iniquité n’est pas commise. Au lieu de faire leur propre volonté, gonflés du sentiment de leur importance vis-à-vis de Dieu, ils «marchent dans ses voies» (v. 3). L’autorité de Dieu est reconnue dans le cœur, on s’empresse de s’y soumettre, et les désirs du cœur se portent vers elle.
«Oh ! que mes voies fussent dressées pour garder tes statuts !» (v. 5). Il ne s’agit plus seulement de la connaissance des voies de Dieu, ou de ce que le cœur approuve au-dedans de lui-même, mais du désir que tout le cours présent de la vie soit ordonné de manière à garder les statuts de l’Éternel, qu’il ne soit pas dirigé vers la satisfaction de notre volonté, ou bien que notre volonté ne soit pas simplement inclinée vers celle de Dieu. Ici le fidèle sent sa dépendance quant au cours tout entier de sa vie et exprime le désir d’être dirigé. La conscience et le discernement spirituel vont ensemble. La honte ne découle pas de la désapprobation de l’homme, mais du fait d’une conscience en désaccord avec la volonté révélée de Dieu. Or ce chemin est unique dans sa perfection. Tout ce qui est en dehors de lui n’est pas parfait, mais est du monde qui est une abomination pour Dieu. Il faut que, de vouloir, de cœur et de marche, nous soyons dans ce chemin, ou que nous soyons dehors, et alors nous serons confus, si, du reste, notre cœur est droit. Si mon esprit et mon âme ont discerné moralement l’excellence du chemin de Dieu, ma conscience me rend honteux lorsque je suis en quelque manière hors de ce chemin. Le cœur qui est en règle prend garde à «tous les commandements» de Dieu. Or quand cela a lieu, non seulement la conscience est à l’aise et paisible, mais le cœur est mis en liberté. «Je te célébrerai d’un cœur droit, quand j’aurai appris les ordonnances de ta justice» (v. 7). Dieu est connu par ses voies, et le cœur restauré et ayant appris ses pensées (non plus ses commandements, mais ses jugements (*)), est capable de le célébrer non seulement pour ses bienfaits, mais parce qu’il est en association avec Dieu Lui-même.
(*) Note Bibliquest : la traduction JND de la Bible a traduit, ici, ordonnance, avec une note disant que le mot original a les deux sens
Un autre élément de cet état (v. 8) est la pleine volonté et la résolution du cœur d’obéir à ce que Dieu a ordonné et établi, et de le garder ; de garder ce qui a pour soi l’autorité de Dieu, et non pas simplement ce qui est moralement bien ou mal. Mais c’était un temps où Israël s’était éloigné de l’Éternel ; c’est pourquoi nous trouvons ici une invocation spéciale à Dieu pour qu’il ne les délaisse pas entièrement. Nous voyons ainsi que la forme de ce Psaume ne peut s’appliquer au chrétien. Ce dernier ne s’attend jamais à être complètement délaissé, et il ne pourrait s’appliquer ce passage que lorsque, dans une marche particulière, il a la conscience d’avoir suivi sa propre volonté. Mais le principe général est pour nous une source abondante d’enseignements, car il s’agit de ce qui est produit dans le cœur quant à sa disposition morale.
Mais il est encore d’autres points d’une importance pratique. La tendance de l’énergie humaine, comme telle, est de suivre sa propre volonté. C’est maintenant une chose naturelle, mais il en était autrement avant la chute. Alors l’homme jouissait, rendait grâces et bénissait ; il suivait tout naturellement le chemin, chemin très simple, prescrit par Dieu. Maintenant, par une première défiance à l’égard de Dieu, la propre volonté a été introduite. Or ici nous trouvons un contraste d’une importance capitale entre l’obéissance chrétienne et la loi. La loi s’adresse, comme telle, à l’homme responsable ici-bas, sans introduire la question d’une nouvelle nature et sans même la supposer, quoiqu’elle nous fasse découvrir le besoin de cette nature nouvelle, lorsque nous reconnaissons que la loi est spirituelle. La loi suppose une volonté et des convoitises qui doivent être tenues en bride et comprimées. L’Ancien Testament ne parle pas de chair et d’esprit, mais d’hommes responsables et de leurs voies. L’obéissance chrétienne est comme celle de Christ ; la volonté de Dieu est non seulement la règle, mais aussi le motif de l’activité : «Je viens pour faire ta volonté !» Il va sans dire que cette volonté sera aussi une règle pour nous guider. Christ étant notre vie, l’obéissance en nous est le fruit d’une nouvelle nature. Nous ne trouvons pas dans l’Ancien Testament ces mots : «Il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu». Ce n’est pas que, sous l’ancienne alliance, il n’y eût pas chez les âmes renouvelées le désir d’obéir ; tel était le cas, en effet, et il ne pouvait en être autrement ; mais la relation entre les hommes et Dieu reposait sur une loi en dehors d’eux-mêmes, pour gouverner leurs voies en tant qu’hommes dans la chair, et non pas sur une nouvelle nature connue, basée sur les résultats de la rédemption, nature dont le seul mobile était la volonté de Dieu. Les prophètes ont parlé de Christ comme ayant ce caractère (voir Ps. 40), et les docteurs d’Israël auraient dû connaître ces choses ; pour entrer dans leurs futurs privilèges, il fallait qu’ils fussent nés d’eau et de l’Esprit (cf. Ézéch. 36). Mais l’obéissance sous la loi était une règle s’appliquant à des hommes qui avaient une volonté dont les manifestations devaient être jugées par la loi, et non pas à des hommes avec une nature dont le seul mobile était la volonté de Dieu, nature basée de telle sorte sur la puissance de la rédemption, qu’elle a le droit de tenir pour mort le vieil homme, mis à découvert, après que Dieu l’a déclaré mort par Christ. Aussi les héritiers ne différaient-ils sous la loi en rien des esclaves, quand il s’agissait de faire ceci on cela, quoique leur volonté pût différer.
Ce qui était donc en question, c’étaient les voies et non la nature, alors même que le cœur était renouvelé sous la loi. C’est pourquoi le jeune homme, chez lequel on trouve l’énergie de la volonté devait «rendre pure sa voie» (v. 9). Les convoitises tendaient à conduire ailleurs sa volonté ; comment trouverait-il le moyen de maintenir ses voies pures devant Dieu ? Par la vigilance, par la crainte de Dieu selon la parole de Dieu, et non par sa volonté. La parole de Dieu ! Qu’il est précieux de l’avoir, au milieu d’un monde de ténèbres et de propre volonté, pour conduire nos pas dans un chemin qui réponde à la pensée de Dieu ! Le cœur est mis en règle par elle. Ce n’est pas, il est vrai, la douce jouissance de l’amour dans une âme réconciliée, l’amour versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné, mais, ce qui est d’une importance vitale, c’est le cœur mis en règle en la présence de Dieu. Cela suppose un homme éloigné de Dieu, mais intègre quant à ses désirs. Les deux choses sont vraies du chrétien. Il est réconcilié, il a des affections paisibles dans une relation parfaite, chose inconnue sous la loi ; et tous ses désirs sont pour Celui qui l’a aimé, tel qu’il le connaît et le voit dans sa gloire ; il ne le cherche plus, il le connaît. Ici (v. 10) il le «recherche de tout son cœur» ; il n’y a pas de fraude ; c’est un cœur vrai qui désire Dieu. Alors ce cœur vrai, auquel les commandements de Dieu sont précieux, parce qu’ils lui font connaître Sa volonté, demande à l’Éternel qu’il ne le laisse pas s’égarer loin d’eux. Il a confiance en la bonté de Dieu, car, lorsqu’on le cherche en vérité, il y a toujours en quelque mesure le sentiment de sa bonté : ces deux choses distinguent la conversion du travail d’une conscience effrayée.
Nous trouvons ensuite un autre principe. Le cœur qui cherche Dieu de cette manière, avec le désir de faire sa volonté, ne cherche pas seulement d’être en règle quant à sa conduite extérieure, lorsque l’occasion s’en présente, mais il garde la Parole au centre, pour ainsi dire, et à la source de son activité (v. 11). Il la cache dans son propre cœur, comme ce qu’il aime ; «car du cœur (où cette Parole est cachée) sont les sources de la vie» (Prov. 4:23). Combien grande est la place que la Parole occupe ici ! Remarquez aussi que l’appréciation de notre conduite par les hommes disparaît. Tout se passe entre Dieu et l’âme, et c’est là l’intégrité du cœur. Il ne s’agit pas d’un œil simple qui n’a qu’un objet, mais la simplicité consiste ici à le chercher de tout son cœur. C’est l’intégrité qui, en vertu du désir qui porte l’âme vers Dieu, voit dans sa volonté ce qui gouverne les sources de la vie. Ce principe est important et précieux. La Parole cachée dans le cœur nous garde de pécher contre Lui.
Mais l’âme va plus loin (v. 12). Elle reconnaît que l’Éternel Lui-même est béni, tel qu’il est connu dans ses voies, dans sa bonté, dans sa grâce qui demeure éternellement. Au milieu de ses tribulations, c’est là que le cœur renouvelé trouve sa ressource et son repos. «Éternel, tu es béni !» Cela pousse le cœur à s’occuper de ce que l’Éternel a décrété et ordonné, et à y chercher l’enseignement divin. Regarder à Dieu donne du courage ainsi que la conscience de l’intégrité et de la fidélité ; il en est toujours ainsi quand le cœur est droit. Quelque humble que l’on soit, quand on marche dans l’intégrité on en a conscience devant Dieu. On verra de la faiblesse et de l’infirmité dans ses voies, des manquements dont on jugera la cause ; mais, vis-à-vis de Dieu, l’on aura la conscience de n’avoir aucune fraude et d’être pur dans ses intentions. «Je fais une chose». «Pour moi, vivre c’est Christ». Cela n’entrave pas l’humilité ; quoique, en fin de compte, quand nous aurions fait toutes les choses qui nous ont été commandées, nous serions encore des serviteurs inutiles, nous sentons notre entière dépendance de la grâce et la force divine pour vouloir et pour faire, et cette dépendance est notre devoir et notre bonheur ; mais nous avons la joyeuse assurance, auprès de Dieu et de sa part, que notre cœur est intègre.
Le service (v. 13) découle de la confiance en Dieu, jointe à la connaissance de la bénédiction qui est en Lui, et à l’appréciation de ce qu’il a donné. Au Psaume 40, Christ exprime cela en perfection ; ici l’esprit du fidèle est le même. L’intelligence des choses divines selon leur puissance et la valeur qu’elles ont pour nous, nous engage à les déclarer, et par là nous glorifions Dieu. L’amour envers les autres peut accompagner cette déclaration, mais c’est un autre point. Nous devons à Dieu de déclarer ce qu’Il est. Nous devons le connaître Lui, et ensuite confesser ce qu’Il est. La louange diffère de cette confession en ce que le sentiment de ce qu’Il est s’adresse à lui-même. La perfection se trouve là où il est pleinement connu, en sorte qu’il n’est pas nécessaire de le déclarer à d’autres. En raison de cette connaissance, tous ensemble l’adorent d’un même cœur. Alors nous ne réservons rien : «J’ai raconté de mes lèvres toutes les ordonnances de ta bouche». Nous sommes remplis de ce que Dieu est, de son excellence, et nous l’exprimons. Nous pouvons avoir à nous retenir pour le bien des autres, mais nous estimons Dieu suffisamment pour l’annoncer dans sa plénitude. Les témoignages de Dieu deviennent la richesse de nos âmes (v. 14). La possession du ciel modifie cela en quelque manière, cependant le chemin des témoignages de Dieu nous prépare ici-bas une joie morale, comme les richesses préparent de la joie aux hommes de ce monde. Mais à côté de l’activité extérieure du devoir, il y a une vie intérieure qui s’occupe de ces choses. Quelle nourriture, combien de choses à digérer, à apprendre, dans les témoignages de Dieu ! Nous les méditons (v. 15) ; nous y trouvons la pensée de Dieu, l’intention du Saint Esprit. Ainsi l’âme est rassasiée de joie, mais les voies de Dieu sont considérées avec respect comme autorité pour notre cœur, et ce dernier s’en occupe aussi. Non seulement les témoignages de Dieu réjouissent l’âme, mais il y a aussi l’activité du nouvel homme. Il y prend plaisir (v. 16), il en fait son occupation, ses délices et les garde en sa mémoire (hélas, combien cela nous manque !), ce qui est la vraie preuve d’affection.
Avec la troisième division, un nouveau principe est introduit. Cette division a trait littéralement aux afflictions d’Israël dans les derniers jours, mais en principe elle s’applique à tous les temps, c’est-à-dire aux afflictions et aux épreuves qui accompagnent la piété. Dans un monde où elle est étrangère, l’âme s’attend à la miséricorde de Celui qui est au-dessus de tout. Pour garder la loi, elle a besoin de cette miséricorde. Sans doute elle peut être fortifiée de telle manière qu’elle aille courageusement au-devant du martyre, mais en général elle implore la miséricorde pour être rendue capable de marcher. Le fidèle la proclame, comme serviteur de l’Éternel, et compte être gardé par elle afin de marcher en vérité. C’est un des grands éléments du retour de l’âme de Dieu. Par ce fait, Dieu a désormais sa vraie place et l’autorité qui lui appartient. Quelle que soit la grandeur du mal qu’il permet (voir Ps. 94), Dieu, notre Dieu est au-dessus de tout, et, de plus, la bonté lui appartient nécessairement toujours (v. 17).
Mais il y a plus : l’âme qui connaît Dieu de cette manière désire connaître Sa pensée, non pas seulement comme règle de conduite, mais afin de «voir les merveilles qui sont dans sa loi» (v. 18). Or tout cela nous donne la conscience d’être des étrangers dans le pays (v. 19). Un Dieu bon, dont nous sommes les serviteurs, et un monde méchant, font de l’homme «un étranger» ; et combien plus encore nous le sommes avec Christ ! Nous avons besoin de ces commandements de Dieu qui font moralement nos délices, mais nous chrétiens, nous y ajoutons la plénitude de Christ. «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». «Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole est la vérité». Ici le cœur est entièrement absorbé et rempli de l’objet de son désir : «Mon âme est brisée par le désir» (v. 20), car la nouvelle nature trouve une jouissance infinie dans la plénitude des révélations de Dieu. Mais la jouissance de la Parole donne une juste estimation de ce qu’est l’homme dans le monde, l’homme «orgueilleux», agissant selon sa propre volonté et s’exaltant lui-même (v. 21). Il peut paraître réussir en jetant son défi à Dieu ; mais il est sous une malédiction ; il s’égare du seul vrai chemin de l’homme qui est le chemin de Dieu. L’exaltation de la volonté humaine a pour conséquence nécessaire la malédiction ; car nous sommes ainsi éloignés de Dieu, en rébellion contre Lui, et toute activité de la volonté humaine a ce même caractère. Mais la piété ne fait pas seulement de nous des étrangers (position pénible pour le cœur), elle nous attire de cruelles moqueries (v. 22), car l’homme orgueilleux ne tolère pas la soumission à Dieu, qui est pour lui une chose méprisable. Le déiste s’exalte lui-même ; l’homme ne méprise pas cela, car la volonté propre y est en jeu ; mais en présence de Dieu il faut que l’homme se soumette, et c’est ce que les hommes volontaires méprisent, bien que leur conscience soit souvent mal à l’aise.
Le fidèle, tout en souffrant patiemment, souhaite d’être délivré de ces choses ; il désire que Dieu revendique ses droits, qu’il ne supporte pas que les siens soient écrasés par le mal. Mais, en attendant, le cœur peut se retirer dans ce qui fait ses délices ; il médite les statuts de Dieu (v. 23), abrité là de l’orgueil de l’homme. Les témoignages divins sont ses délices et aussi les hommes de son conseil (v. 24).
Celui qui cherche à marcher dans les voies de Dieu aura souvent à traverser de mauvais jours, jours où la puissance du mal a le dessus et exerce sa pression sur l’esprit du fidèle. Ce qui caractérise alors la fidélité, c’est que le cœur ne se détourne pas vers un chemin plus facile ou vers d’autres consolations, mais compte sur Dieu pour qu’il le relève selon sa Parole (v. 25). Là est le cœur du fidèle ; il préfère l’affliction avec la Parole plutôt que d’abandonner celle-ci ; mais il a appris à se fier en Dieu et compte être secouru au milieu de l’affliction, selon cette révélation qu’Il a faite de Lui-même ; or on peut compter sur Lui pour ce secours. Le cœur avait été vrai à l’égard de Dieu ; non seulement il savait que Dieu connaissait toutes ses voies, mais il avait encore le désir d’être sincère devant sa face et se confiait en Dieu même en de telles circonstances : il Lui avait déclaré ses voies (v. 26).
Cette intégrité du cœur au temps de la tribulation, quand on n’a pas encore la joie de la délivrance de Dieu, est très importante. On est capable de dire : «Quand mon esprit était accablé en moi, toi tu as connu mon sentier» (Ps. 142:3). Toutefois il y a confiance dans le résultat, en sorte que l’âme s’attache aux voies de Dieu, et le cœur qui compte sur sa fidélité est certain de pouvoir annoncer bientôt ses merveilles, s’il est conduit par lui dans une marche fidèle (v. 27). L’âme n’avait pas seulement pris une place abaissée et humiliée, n’ayant aucun courage quant aux choses extérieures, mais elle sentait aussi sa faiblesse intérieure : de tristesse elle s’était fondue en larmes (v. 28). Cependant la force qu’elle attend est selon la parole de Dieu. Elle ne cherche pas autre chose. Elle demande que la voie du mensonge qui l’entoure soit éloignée de son propre cœur (v. 29). Cette voie était pour elle une cause d’abattement, mais il vaut mieux être abattu par le mal que de trouver son plaisir en y marchant. Une foi plus énergique pourrait élever l’âme au-dessus du mal ; il est bon toutefois d’avoir le sentiment du mal et de la dépendance. Le fidèle s’était engagé délibérément dans ce chemin ; il connaissait toutes les difficultés, mais il avait choisi la voie de la fidélité (v. 30). «Seigneur, vers qui irions-nous ?» Combien simple dès lors est notre chemin ! L’âme était demeurée ferme, et une autre chose en découle : elle voit que ses joies et ses douleurs sont en la main de Dieu. Dût-elle être honteuse (v. 31), cela viendrait de Lui, mais comment aurait-il la pensée de nous rendre honteux, parce que nous gardons ses propres témoignages ? «Être honteux» ne signifie pas ici : porter l’opprobre sous les moqueries des hommes, mais : être couvert de honte comme ayant à venir en jugement. Après, tout (v. 32), on ne court librement dans la voie de Dieu, que lorsque le cœur est mis au large et jouit en liberté de la joie de sa présence.
Les versets dont nous venons de parler, expriment le désir de comprendre la voie des commandements de Dieu, afin que le cœur reçoive de l’enseignement au milieu de l’affliction ; tandis qu’ici il est plutôt question de garder et d’observer ces commandements dans le chemin de Dieu. Dans les trois divisions précédentes, il s’agissait des résolutions du cœur ; nous trouvons ici la demande d’être enseigné de Dieu, car le cœur, intègre dans ses résolutions, se tourne alors vers Lui, en premier lieu peut-être, à cause de ses afflictions, mais ensuite pour être guidé et pour dépendre de Lui. Quand notre volonté est droite, nous avons encore besoin de son enseignement (v. 33), de l’intelligence qui vient de Lui (v. 34), et aussi de son aide (v. 35). «Fais-moi marcher». Le cœur désire aussi être incliné au bien, mais l’avarice, cette racine de tout mal, le détourne ; il en est de même de la vanité, seulement cette dernière nous entoure et ne constitue pas l’inclination du cœur proprement dite, mais plutôt la distraction qui éloigne le cœur de la présence de Dieu pour l’occuper de folies. Aussi le fidèle demande-t-il à être doué d’énergie et de vie pour chercher de cœur et avec un œil simple le Seigneur et sa volonté (v. 36, 37). Il désire aussi que la Parole soit confirmée à son âme, et cela peut avoir lieu intérieurement par le Saint Esprit qui lui donne de la puissance, ou même par les voies de Dieu selon cette Parole. Le cœur suit Dieu et Lui obéit sans hésitation, mais il désire être fortifié et confirmé dans cette voie. L’opprobre qu’il craint (v. 39) a lieu quand Dieu permet que les siens soient humiliés pour la justice, sans intervenir pour les protéger ou les en délivrer. C’est comme s’il abandonnait son serviteur aux moqueries de l’ennemi auquel tout réussit, ou du moins, comme s’il laissait le fidèle dans un état tel que ses adversaires doivent triompher de lui. Christ a dit aussi : «L’opprobre m’a brisé le cœur» ; et le monde pouvait dire : «Il s’est confié en Dieu ; qu’il le délivre».
Mais après tout, les choses ordonnées de Dieu, dans lesquelles le fidèle avait à marcher, étaient bonnes (v. 39). Pourquoi serait-il abandonné à l’opprobre qu’il craignait ? Son cœur était en règle ; il désirait ardemment les préceptes de Dieu, et comptait sur le Seigneur pour être vivifié et doué de l’énergie d’une volonté renouvelée, pour être gardé de toute distraction par la fidélité divine, c’est-à-dire par un Dieu qui est en accord parfait avec sa propre bonté et sa propre faveur sur lesquelles nous pouvons compter. «Fais-moi vivre dans ta justice». Cette demande suppose une connaissance croissante de Dieu, en sorte que nous pouvons compter sur Lui, et il en est de même des appels du fidèle à être secouru et enseigné. La droiture et l’intégrité mènent à la confiance en Lui pour être conduits dans le chemin de la justice, chemin, nous en avons la certitude, qu’il doit aimer. La communion avec Lui, par grâce, donne cette confiance ; mais les derniers mots du v. 40 dénotent une intimité de foi plus profonde, qui compte sur ce que Dieu est nécessairement.
Remarquez ici que nulle part la pensée ne surgit de regarder à autre chose qu’à Dieu, au milieu de la difficulté ou de l’épreuve. Le fidèle cherche aide pour garder la loi, il cherche la délivrance de l’épreuve qui lui est survenue à cause de sa fidélité, mais il n’a pas la moindre idée de chercher du secours autre part ; la chose ne se présente pas même à sa pensée ; et c’est la vraie intégrité du cœur. Il cherche Dieu en vérité, sa volonté, Dieu en grâce, Dieu Lui-même comme objet, mais il ne cherche que Dieu, rien hors de Lui, rien à part de Lui. Il s’attend à ses miséricordes, et cela doit être ; à la délivrance qu’il accorde, et cela selon sa Parole ; car Dieu s’est parfaitement révélé et il ne nous faut rien de moins que Lui. Quelle réponse il y a dans sa délivrance, à l’ennemi qui nous charge d’opprobre ! Sa Parole qu’il nous avait envoyée a trouvé dans le cœur la confiance aussi bien que l’obéissance (v. 41-42).
Ce point est important ; il ne s’agit pas seulement de l’autorité de la Parole, mais nous avons «scellé que Dieu est vrai» (Jean 3:33) ; nous recevons cette Parole comme celle de Dieu, et Dieu, nous le savons, doit être vrai, car nous le connaissons. L’âme est intéressée à la vérité de la Parole ; elle l’a reçue comme étant de Dieu et venant de Lui ; elle en a fait ses délices, y a mis sa confiance, l’a tenue en face des méchants comme ce qu’elle avait reçu de Dieu, comme ce qui était aussi parfait que Lui et le révélait ; elle l’a identifiée, pour ainsi dire, avec Dieu. Aussi, quand il y avait délivrance selon cette Parole (et le cœur ne voulait pas la chercher autrement), c’était la réponse même que le fidèle désirait faire à ceux qui le chargeaient d’opprobre. La Parole de Dieu a une place immense dans le cœur : elle est ce qui révèle Dieu : non seulement elle fait cela, mais elle est ce qui le fait (Jean 5:39). Si Dieu avait abandonné le fidèle, comme la crainte le portait à le penser, la Parole aurait été «ôtée de sa bouche». Toutefois il n’exprime pas ici un doute quant à la vérité de la Parole ; il ne met nullement en question si elle est le témoignage de Dieu ; mais il craint qu’il ne lui soit plus permis de l’accréditer par la foi. Cela le préoccupe, parce qu’il a la connaissance de la valeur de cette Parole. Telle a été l’épreuve de Christ et la perfection de la croix : s’agissait-il là de son désir, il disait : «Comment donc seraient accomplies les Écritures ?» (Matt. 26:54). S’agissait-il de sa confiance, il s’exprimait ainsi : «Et toi, tu es saint» (Ps. 22:3).
Dans notre Psaume, le fidèle s’est attendu aux jugements de Dieu, à ce que Dieu agisse selon ce qui est sorti de sa bouche, selon la révélation qu’il a faite de Lui-même dans sa Parole et il a été ainsi rendu capable de garder cette Parole à toujours et à perpétuité. Il en sera ainsi d’Israël lorsqu’il sera délivré de l’oppresseur à la fin, la loi ayant été écrite dans son cœur. Dans sa vie, Christ n’a reçu aucune des promesses, mais une gloire plus élevée l’attendait comme homme, en réponse à une fidélité plus haute, infinie envers Dieu, fidélité à révéler la nature de Dieu, à en être la preuve, lorsque Lui était abandonné, au seul moment où Christ pût l’être, c’est-à-dire à cause du péché. Israël marchera au large lorsque les jugements de Dieu seront accomplis, car son désir était d’être libre pour les garder dans le bonheur et dans la joie.
Par grâce, nous pouvons l’apprendre aussi en certaines occasions, mais notre chemin est plus élevé que cela : il consiste à suivre Christ et à souffrir avec Lui. Le fidèle, lui, a été encouragé par ces pensées ; la Parole a pris pour lui sa valeur et Dieu sa place, pour ainsi dire, quoiqu’invisible ; il parle de ses témoignages devant les rois et n’est pas honteux (v. 46). Tel est le caractère de la foi : elle a le sentiment de l’importance du témoignage de Dieu et en est remplie. Elle donne aux hommes leur place, et le respect qui leur est dû ; mais Dieu remplit et gouverne la pensée sans effort, et, pour ainsi dire, naturellement. Les commandements de Dieu deviennent ainsi les délices du cœur, au lieu d’exercer une pression sur la conscience (v. 47). On les confesse ouvertement et l’on s’y voue ; telle est, je suppose, la signification «de lever ses mains» (v. 48). C’est un aveu solennel, une affirmation du cœur. Le fidèle ne les a pas seulement aimés, mais il déclare ouvertement qu’il reconnaît leur vérité et leur autorité ; il dit : Voilà ce que je reconnais. Et comme il reconnaît ouvertement la confiance en ses commandements, il s’en entretient, il les médite pour sa propre joie (v. 48).
Le fidèle a compté sur la parole de Dieu ; Dieu l’a enseigné en faisant que son âme s’y attendît ; elle attend maintenant que Dieu ajoute son amen à sa Parole, comme elle-même l’a fait de son côté par grâce (v. 49). Cette confiance de foi en la parole de Dieu avait été sa consolation dans son affliction. Elle y trouvait ce qui rendait son espérance ferme et inébranlable, et ce qui apportait à l’âme la fidélité et le témoignage de Dieu, Dieu Lui-même comme espérance, lorsque le fidèle était entouré de circonstances adverses et n’avait rien sur quoi il pût s’appuyer. Or c’est là sa vraie consolation dans l’affliction ; mais il compte sur Dieu pour qu’il accomplisse sa Parole ; il sait que Dieu ne peut faire autrement. La Parole elle-même avait fait vivre l’âme pour en attendre l’accomplissement. Cette obéissance humble et patiente qui accepte l’opprobre avec soumission, avait été pour les orgueilleux un sujet d’outrages et de moqueries ; mais la foi en la Parole avait empêché l’âme de dévier (v. 51) ; elle était restée ferme dans l’affliction. Elle se souvenait des voies de Dieu, telles qu’elles avaient été jadis, lorsque son bras avait été étendu. Ce qui la rendait obéissante lui inspirait aussi la confiance, c’est-à-dire qu’elle regardait à Dieu, et cela conservait leur clarté à la vision et à la mémoire de la foi. L’âme comptait sur la fidélité de Dieu et se souvenait de ses ordonnances, car le gouvernement de Dieu comprend ces deux choses. Les voies de jadis sont la pensée constante d’Israël dans les Psaumes, et nous pouvons aussi y penser à l’occasion, quoique notre espérance soit autre part, semblable à celle de Christ, en faveur duquel rien ne se réalisa, lorsqu’il eut été entièrement mis à l’épreuve ; mais la meilleure part, la résurrection, fut la réponse pour nous.
Cependant la pensée des jugements de Dieu, ne fait point éprouver de crainte à contempler leur résultat pour les méchants qui courent volontairement à leur rencontre. Toutefois ce passage nous présente encore autre chose que la fin des méchants. La méchanceté elle-même donne à l’âme du fidèle un sentiment de tristesse poignante. L’âme séjourne en Méshec (Ps. 120:5), et ce qu’elle voit autour d’elle la remplit de douleur, car son bonheur est dans la fraîche atmosphère de la sainte volonté divine. L’haleine empestée et fétide du péché n’est pour elle qu’angoisse et souffrance ; elle voit le péché, non seulement comme tel et dans son caractère intrinsèque, mais dans l’orgueil de la perversité. En dépit de cela elle connaît la joie : les statuts de l’Éternel sont ses cantiques dans la maison de son pèlerinage (v. 54).
Comme cela est vrai ! Comme le cœur, oppressé par le mal qui l’entoure, est soulagé et rafraîchi par la Parole et les témoignages de Dieu Lui-même ! Ses statuts sont nos cantiques dans la maison de notre pèlerinage ; et l’isolement dans lequel se trouve le cœur au milieu d’un monde méchant (car il veut et doit être isolé, s’il est fidèle, quelque douce que soit la communion pendant le voyage) sera compensé par le nom du Seigneur (par le nom de l’Éternel pour le Résidu, et pour nous par celui de Christ et du Père en lui). Et lorsque nous sommes seuls avec nos pensées (v. 55), elles sont remplies de leurs noms ; tout est paix, et les résolutions du cœur, dans l’obéissance et la communion, sont établies et affermies. Or tel est le fruit de l’obéissance, car la sainteté et la communion — le sentiment de la présence de Dieu — sont le fruit de l’obéissance. L’épître aux Romains (6:22) dit : «Vous avez votre fruit dans la sainteté, et pour fin la vie éternelle». L’obéissance signifie ici l’observation diligente des préceptes divins, chose qu’il ne faut pas oublier.
Cette division du Psaume nous présente plutôt les affections en rapport avec la Parole écrite dans le cœur : «Ma part, ô Éternel, c’est de garder tes paroles» (v. 57). Le cœur le possède, Lui, comme source de joie et de bénédiction. À cela se joint nécessairement la résolution du cœur envers Dieu : «Je l’ai dit». Il est impossible de considérer le Seigneur comme sa portion sans avoir le dessein de faire sa volonté, autrement ce ne serait pas le reconnaître. Et cela implique aussi nécessairement le désir de sa faveur, puisqu’il est Dieu. Toutefois la Parole qui a éveillé ce désir et cette confiance a sa place ici, car d’une part, elle certifie la grâce, et de l’autre, elle révèle les principes sur lesquels la faveur et la grâce reposent. Nous trouvons le même désir au v. 59, non pas simplement l’obéissance (quoique ce désir la produise), mais la méditation du cœur : «J’ai pensé à mes voies» ; ce sont les exercices intérieurs du cœur, chose nécessaire et importante pour nous, — «et j’ai tourné mes pieds vers tes témoignages».
Il se peut que nous obéissions instinctivement, presque indifféremment, avec une bonne intention, sans doute, mais de manière à montrer que le cœur n’est pas avec Dieu, qu’il n’est pas exercé, ni désireux de lui plaire, et c’est la preuve, même si notre chemin n’est pas mauvais, d’un bien pauvre état d’âme. Mais le fidèle, qui est en bon état devant Dieu, repasse le but de ses voies, leur direction, dans quelle mesure elles répondent au but vers lequel nous conduit la lumière qui nous est donnée, et, si notre but correspond à cette lumière, dans quelle mesure nous y répondons en le poursuivant sérieusement en pratique, et en réalisant son caractère. Car nous pouvons être extérieurement sans reproche, aimables même en apparence, mais infidèles à l’appel de Dieu. Dans ce cas, il nous faut, cela va sans dire, retourner aux témoignages de Dieu, qui sont capables de rendre «l’homme de Dieu accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre» (2 Tim. 3:17). Nous voyons comment la source de tout cela, c’est d’avoir le Seigneur pour notre portion ; mais il faut que nous ayons un cœur qui fasse le compte de ses voies.
Or cela nous rend diligents lorsque notre cœur est en règle. Nous ne prenons alors conseil ni de la chair, ni du sang, n’ayant en vue que la faveur de Dieu et le but qui nous est assigné : «Je me suis hâté, et je n’ai point différé à garder tes commandements» (v. 60). Il est à peine besoin de dire combien cela est caractéristique et de toute importance. Ce sont les prémices essentielles, c’est le ressort d’une vie de fidélité envers Dieu, comme nous le voyons d’une manière remarquable chez l’apôtre Paul. On trouvera, dans ce chemin, la souffrance, l’opposition des instruments de Satan, de ceux qui haïssent le Seigneur, mais la vie intérieure reste ferme et bien dirigée, et n’a pas d’indécision quant à l’appréciation du chemin à suivre : «Je n’ai pas oublié ta loi» (v. 61). On peut être occupé de résistance et du mal, en sorte que l’état du cœur, quoiqu’il s’oppose aux méchants, soit formé par ces choses. Dans ce cas, c’est combattre la chair par la chair ; tandis que le caractère du chemin de celui qui regarde au Seigneur, au milieu de la scène d’iniquité qu’il traverse, est formé par la parole de Dieu que le cœur n’a pas oubliée, et cela conduit à reconnaître que c’est Dieu qui s’occupe de ces choses. On s’attend à la perfection des voies de Dieu à l’égard du mal.
C’est une consolation ; car un esprit intègre voudrait parfois s’élever avec indignation contre le mal qui se manifeste publiquement ; mais la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu (Jacq. 1:20). Il est souvent difficile à un esprit actif et énergique de prendre une position d’humilité et de ne pas faire descendre le feu du ciel, ou de ne pas vouloir frapper de son épée, lorsque Christ et sa vérité sont attaqués et insultés, mais lorsque nous regardons en haut, nous avons des cantiques pour l’heure de minuit (v. 62). Un cœur simple, conduit par le Seigneur dans ses voies, possède des sources de joie qui le raniment et le réveillent dans les mauvais jours et lorsqu’il est seul avec Dieu. La tristesse l’entoure, mais la joie est avec lui. Il se lève, son cœur vibre de louange ; il est non seulement consolé dans l’affliction, mais délivré des liens du mal, et actif dans la louange de Celui qu’il connaît et qui est sa portion. Car le jugement et la délivrance arriveront selon sa Parole, et le cœur s’élevant à Dieu s’en remet dès lors à Lui pour les accomplir. Mais si nous sommes et devons être seuls, lorsqu’il s’agit de foi et non pas de communion, et que le Seigneur est notre portion, nous sommes, d’autre part, les compagnons de ceux qui le craignent et qui marchent dans ses voies (v. 63). Ici le fidèle peut regarder autour de lui et voir la bonté de Dieu malgré tout le mal qui pesait sur l’âme. Il en est toujours ainsi ; le mal peut enfler ses flots, mais le Seigneur est toujours au-dessus du mal ; et lorsque le cœur réalise cela par la foi, et que la volonté est soumise à l’égard de toutes ces choses, si l’âme avait été autrefois consolée par la pensée des jugements de Dieu, elle trouve maintenant les preuves constantes de sa grâce, et cherche en paix à être conduite dans ses voies. Ainsi se termine cette partie intéressante de l’expérience de l’âme sous l’influence de la parole de Dieu.
Avec le sentiment des bénédictions qui viennent de Dieu, le cœur le considérant désormais comme sa portion, et la volonté étant brisée, nous trouvons maintenant la conscience que l’on est son serviteur. Mais dans sa perfection immuable, la Parole, le grand sujet de ce Psaume, a toujours sa place. La Parole est le chemin de l’Éternel selon sa bonté ; elle nous donne l’assurance de cette bonté en nous le révélant Lui-même ainsi que ses voies, et elle est le guide de notre chemin. C’est une chose très précieuse, car cette Parole nous enseigne que nous pouvons et comment nous pouvons compter sur elle. Ici (v. 67), c’est par l’expérience que le fidèle a pu l’apprendre ; il avait été affligé ; il peut maintenant se rendre compte du pourquoi ; mais telle qu’a été la parole de l’Éternel, telles ont été ses voies. Nous aussi, et c’est d’un prix inestimable, nous pouvons compter sur elle en tout temps ; nous pouvons encore avoir davantage ; mais nous avons cela. Maintenant le fidèle désire posséder le discernement, fruit de l’enseignement divin ; il demande le bon sens et la connaissance que Dieu donne, car il a mis son sceau aux commandements de Dieu, le mot : «ajouter foi» étant ici ajouter l’amen de son cœur. Comme lui, nous aussi nous pouvons avoir pleine confiance que nous serons guidés en cela. Sa volonté avait été brisée ; l’affliction était survenue ; auparavant la volonté avait eu son cours, on avait oublié Dieu, suivi son propre chemin. Maintenant on comprend le but de l’affliction et l’obéissance est produite.
Quelle grâce dans les voies de Dieu envers nous, bien que ses voies en gouvernement soient selon sa justice et qu’il reste en toute occasion nécessairement juste ! Car parfois, quand nous nous sommes éloignés de Lui, il brise le cœur par sa faveur, comme Lui seul sait le faire. Aussi voyons-nous le cœur humilié et soumis connaître Dieu selon sa bonté : «Tu es bon et bienfaisant» (v. 68). Il recherche les voies de Dieu : Maintenant, dit-il, «enseigne-moi tes statuts» ; c’est là cette bonté qu’il désire. Il est beau de considérer comment la volonté est brisée et le cœur mis en règle. L’orgueil d’adversaires impies est sous les yeux du fidèle ; ils forgent des mensonges contre lui, et cela est naturel, puisqu’il a abandonné leurs voies et l’orgueil de sa propre volonté, mais l’expérience lui a donné la décision du cœur. C’était assez de s’être égaré ; maintenant il s’attache avec décision à ce qu’il possède, et la différence morale est grande. D’un côté, la propre volonté et le moi et peut-être le succès ; de l’autre, un cœur qui trouve ses délices dans la loi de l’Éternel, de Celui auquel nous appartenons, dans la volonté de Jésus Christ en toutes choses.
Mais on trouve encore autre chose qu’une volonté brisée et le retour à Dieu : par la grâce infinie il y a, dans cette expérience, un progrès positif. Le brisement de la volonté met les éléments du cœur en contact direct avec la Parole. Le moi est jugé selon les différentes formes qu’il revêt au dedans de nous ; on discerne ce qu’est la chair dans ses voies, quelque trompeuses qu’en soient les apparences. Ainsi le cœur, délivré du moi, reçoit l’enseignement, et, la lumière de la Parole le pénétrant et l’exerçant, il apprend à en connaître la portée et la puissance ; car, bien qu’elle soit, ou plutôt parce qu’elle est la parole de Dieu, elle s’adresse et s’adapte au cœur de l’homme ; mais elle ne l’atteint, de manière à être comprise, que lorsque la volonté est brisée et la conscience réveillée. Voyez la parabole du semeur et le quatrième chapitre de l’évangile de Jean. Mais alors la loi de la bouche de Dieu (v. 72), l’expression de sa pensée et de sa volonté parfaites, de sa volonté à notre égard, cette loi nous est plus précieuse que toutes choses. Nous vivons par elle et nous vivons d’elle ; elle fait nos délices, comme venant de Lui et comme répondant parfaitement à nos besoins.
L’âme s’adresse maintenant à Dieu, comme dépendant de Lui pour l’existence même de l’homme, afin d’être dirigée sûrement et guidée par Lui. Cette pensée est exprimée par l’apôtre Pierre quand il dit : «Remettant leurs âmes, en faisant le bien, à un fidèle Créateur» (1 Pierre 4:19). Seul le cœur qui le connaît en grâce peut faire cela ; sinon nous cherchons notre propre volonté dans la résistance à la sienne. Mais du moment que nous le connaissons, c’est dans tout ce qu’Il est, selon la vérité de sa nature en grâce ; ainsi notre connaissance de Dieu s’élargit et nous pouvons l’appliquer à tout. Elle justifie ainsi le désir fondé sur elle. Ici (v. 73), cette connaissance s’applique à l’enseignement de la Parole, parce que l’âme marche et doit marcher dans l’ancienne création. Mais nous pouvons aussi, comme étant actuellement ici-bas, compter sur la vérité de la nature de Dieu, lorsque, comme je l’ai dit plus haut, nous le connaissons ; et nous pouvons compter sur Lui de cette manière, parce qu’ainsi, dans le sens le plus complet et le plus absolu, s’exprime notre dépendance de Lui, aussi bien que le désir d’un cœur renouvelé. Je n’existe que par toi : fais-moi donc marcher sous ta conduite et dans les dispositions de cœur que tu donnes.
Celui qui m’a fait peut me donner de l’intelligence. Mais cette confiance en Dieu devient un lien commun, formé chez d’autres par la même disposition du cœur, qui trouve son plaisir à voir Dieu reconnu et honoré, et est affectionné à ceux qui font de même au milieu d’un monde méchant (v. 74). Ils deviennent compagnons, comme il est dit : «Ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre» (Mal. 3:16), et comme nous le voyons aussi dans cette délicieuse peinture du résidu caché, au commencement de Luc.
Un autre trait de cette œuvre divine dans l’âme, c’est que, ayant une vraie connaissance de Dieu, elle arrive à le justifier dans ses voies, quelque pénibles qu’elles lui soient. Le cœur reconnaît de deux manières que ses jugements sont justice (v. 75). D’abord ce sont ses jugements, et nous savons ce qu’Il est. Il ne peut agir qu’avec justice, et de plus, avec justice à notre égard ; il est fidèle envers nous en grâce. Mais, en second lieu, nous reconnaissons moralement la justesse de ses jugements. Dieu ne peut tolérer le mal, et surtout quand il s’agit de son peuple. Pour leur bien, il ne le peut pas. Ainsi le bien et le mal sont connus et jugés, et l’on comprend que la sollicitude de Dieu pour les siens l’oblige à surveiller leurs voies. Mais la certitude que le châtiment vient de Dieu, tout en produisant la soumission, donne aussi le désir de sa faveur, lorsque la soumission est complète. Sans doute on souhaite du soulagement ; mais un cœur humilié, avec le désir naturel d’être soulagé, cherche dans cet allégement à sa souffrance et non pas dans la propre volonté, la faveur divine, la consolation de la part de Dieu. «Que ta bonté, je te prie, soit ma consolation» (v. 76). «Dieu qui console ceux qui sont abaissés», dit l’apôtre (2 Cor. 7:6), et cette consolation dépend de la fidèle parole de Dieu. Le croyant compte sur cette bonté, s’y attend, et il a raison.
Désirer simplement d’être soulagé, n’est pas autre chose que la propre volonté, et pourrait devenir, si ce désir nous était accordé, le moyen d’afflictions nouvelles ; mais une volonté soumise et brisée dans le châtiment, a raison de désirer qu’il lui soit fait miséricorde. Le croyant connaît ce caractère du Dieu de miséricorde (v. 77) ; il désire que Dieu l’exerce si possible ; il peut, dans ce cas, mettre en avant son intégrité, car ce désir est légitime lorsque la soumission est complète et quand on sent que la bonté est en Dieu. Aussi dit-il ici : «Car ta loi fait mes délices», et le jugement, ajoute-t-il, est la portion des orgueilleux (v. 78). Il a le sentiment que la volonté orgueilleuse est la cause du jugement. Pendant la période actuelle de la grâce, le chrétien désire que cette volonté de l’homme puisse être changée. Il sait néanmoins que «la foi n’est pas de tous» (2 Thess. 3:2). Ici, le désir que les orgueilleux soient rendus honteux est selon le caractère d’un Dieu juste. Le fidèle se tient à part et médite la volonté révélée de Dieu. Mais il ne cherche pas seulement la faveur de Dieu ; il demande que ceux qui craignent Dieu se tournent vers celui qui est affligé (v. 79). Les rapports avec eux ont un caractère spécial. Ce n’est pas qu’il les recherche, bien que la chose soit bonne ; mais on trouve ici cette énergie de confiance en Dieu qui fait qu’on ne cherche que Lui, qu’on ne s’appuie pas sur d’autres, mais qu’on trouve plaisir à leur association. Ce n’est pas que le fidèle ne soit pas le compagnon de ceux qui craignent Dieu (v. 63), mais ici il ne cherche sa consolation qu’en Dieu. Il en est de même pour les amis de Job qui revinrent à lui lorsque le témoignage de Dieu fut avec lui. Seulement, quelles que soient les consolations données, le désir du fidèle est d’être maintenu dans l’intégrité (v. 80). Il ne lui vient pas à la pensée de pouvoir être béni en dehors du chemin de la parole de Dieu. De cette manière le serviteur de Dieu ne sera pas rendu honteux.
Ces versets vont encore plus loin. La pression de la puissance du mal est plus grande, le cri du fidèle plus pressant, mais sa confiance en la Parole est complète. Cette précieuse révélation de Dieu, de sa volonté et de sa faveur (choses dans lesquelles il ne peut mentir), maintient le cœur à travers tout. Quelle bénédiction d’avoir une révélation de Lui, aussi sûre que Lui-même ! Ensuite le fidèle présente deux motifs pour être exaucé : d’abord l’extrémité de sa détresse : il est devenu comme une outre mise à la fumée (v. 83), mais il n’oublie pas les statuts de l’Éternel. En second lieu, il était une pauvre créature, d’une existence éphémère ; il était temps, s’il devait jouir de la bonté de Dieu, que celui-ci étendît sa main pour le secourir. Or l’affliction qu’il traversait était d’une part le produit de l’orgueil de l’homme, de l’autre, elle n’était pas selon la Parole que Dieu avait confirmée et reconnue (v. 85). Toutefois cette Parole tout entière n’était que fidélité, et la persécution était injuste (v. 86) et avait atteint ses dernières limites. Le fidèle était presque consumé sur la terre, dans le lieu même de la promesse et de la puissance de Dieu ; mais il n’avait point abandonné ses commandements. Il s’attend aussi à la miséricorde comme moyen de le faire vivre (v. 88). La consolation venant du dehors ne lui suffit pas ; il désire que son âme elle-même soit restaurée, et qu’il puisse ainsi garder fermement, avec bon courage et confiance, le témoignage de la bouche de Dieu. Ainsi l’affliction et la détresse deviennent, quand le cœur est intègre, une raison que nous présentons à Dieu pour être exaucés.
Un autre aspect de la Parole est maintenant placé devant l’âme. Cette Parole est devant Dieu, dans les cieux mêmes ; elle y est établie pour toujours. Là où Dieu est, elle demeure avec le caractère qui lui est propre, comme étant l’expression du propos arrêté de Dieu. Mais, quoique son conseil soit arrêté dans le ciel, c’est hors du ciel qu’il a agi. Sa fidélité, sa manière invariable de s’en tenir à ce qu’il dit et à ce qu’il est, restent les mêmes à travers les générations changeantes des hommes. Aussi, quand nous avons sa Parole, nous pouvons y compter aussi sûrement que sur ce qui est dans le ciel ; elle ne change pas davantage que Dieu Lui-même. Il a établi la terre et elle demeure ferme (v. 90). Tout subsiste comme Dieu l’a ordonné ; car, autre vérité importante, toutes les choses qui existent servent Dieu (v. 91). Si même il leur a donné des lois déterminées, pourquoi n’en sortent-elles pas ? Parce qu’elles dépendent de Lui : «Toutes choses le servent». Or l’âme trouve sa force dans cette Parole. Ici nous trouvons une obéissance morale volontaire dans un cœur renouvelé ; lorsque toutes les circonstances étaient contraires, il aurait été difficile de tenir bon, si le côté moral de la loi n’avait exercé sa puissance sur l’âme (v. 92). Dieu semblait être en dehors des circonstances, mais le plaisir que le cœur trouvait à la loi de Dieu le faisait tenir ferme.
Comme chrétiens, nous avons, je le pense, quelque chose de plus, quoique ceci mérite notre attention comme témoignage d’un cœur renouvelé, et par conséquent s’applique à nous. Nous nous glorifions dans les tribulations, sachant ce qu’elles produisent en nous, et l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné, amour qui nous est témoigné par le don de son Fils. «Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom. 8:28). Combien, dans le sens le plus élevé, Christ fut attaché à la volonté de Dieu au milieu des circonstances les plus contraires — même en face de la colère ! Cette puissance de la Parole pour soutenir le cœur dans l’affliction, pour restaurer la force du nouvel homme et vivifier l’homme intérieur, affermit le cœur dans la conscience de la valeur divine de cette Parole (v. 93). Et ceci nous amène à Dieu avec la conscience que nous sommes à Lui (v. 94). Je ne dis pas que cela produise en nous cette pensée, mais cela conduit nos cœurs à en avoir conscience et, par conséquent, à regarder vers Celui qui est fidèle pour sauver et délivrer.
Comme toujours dans ce Psaume, cela a lieu dans la conscience de notre intégrité : «J’ai recherché tes préceptes» (v. 94). Cette intégrité est nécessaire ; si elle manque, la confiance est affaiblie, quoique Dieu puisse faire grâce.
Nous voyons ici l’âme mise continuellement en présence de ses ennemis qui l’oppriment ; il en sera ainsi du Résidu d’Israël aux derniers jours. Dans un sens, il en est toujours de même pour nous, mais cela s’applique plus particulièrement aux mauvais jours. «Les méchants m’attendent pour me faire périr» (v. 95). Mais l’âme attend en paix, attentive aux témoignages de Dieu. Ils lui donnent la paix et la rendent capable de remettre tout à Dieu.
Une autre cause de tristesse pour l’âme est la ruine générale (v. 96). Non que l’intégrité n’existe pas, mais, dans son accablement, le cœur serait disposé à le croire. Car il n’y a pas de perfection ou d’accomplissement (telle est la force du mot) de la volonté de Dieu, même dans ceux qui entreprennent d’y marcher. Mais si le cœur se tourne vers la Parole, l’effet en est bien différent. Cette ruine même, quoiqu’elle ne puisse être justifiée, nous amène à voir combien le commandement de Dieu est parfait, complet, d’une grande étendue ; combien il touche à toutes les circonstances de l’homme, à tout ce qui tient aux relations entre Dieu et sa créature, à toutes ses relations morales.
Ces versets nous montrent l’affection que le fidèle a pour la loi et la valeur qu’il y attache, connaissant cette valeur par expérience. Il aime la loi de Dieu en elle-même. Elle lui est donnée de Dieu comme la révélation de sa volonté. Il en fait l’objet de sa méditation tout le jour (v. 97), non pour le fruit qu’il en retire, ou la sagesse dont elle le pare, vis-à-vis des autres, mais il l’aime pour elle-même. C’est ce qui caractérise le nouvel homme. Or l’effet de la loi, lorsqu’elle est aimée pour elle-même, est de rendre l’homme plus sage que ses ennemis, quelque subtils et rusés qu’ils puissent être (v. 98). Il y a un sentier que l’œil du vautour ne connaît pas — «sages quant au bien, et simples quant au mal» (Rom. 16:19) — sentier qui surmonte et déjoue les adversaires de Dieu et du juste. Ils ne peuvent se former aucune appréciation des principes de ceux qui craignent Dieu, si ces derniers restent attachés à ces principes et conséquents avec eux. «Tes commandements... sont toujours avec moi» (v. 98). Telle est la sagesse divine, sagesse sans intermédiaire, en sorte qu’elle donne le discernement (car, parfaite sous tous les rapports, elle agit sur l’âme et la forme), ce que ne peut aucun enseignement humain, quelque pieux qu’il puisse être. Celui-ci peut être fort utile en tant qu’il est tiré de la Parole et qu’il y mène ; mais même lorsqu’il s’agit du don le plus élevé, rien de ce qu’on peut apprendre par ce moyen ne fait partie du trésor de la foi dans l’âme, tant qu’elle ne l’a pas appris dans la Parole. On peut nous l’avoir montré du doigt, cela peut intéresser l’esprit et le cœur, mais pour le posséder, il faut l’avoir appris avec Dieu. «Ils seront tous enseignés de Dieu» (Jean 6:45).
Rien n’enseigne comme la parole de Dieu, recherchée et sondée dans une soumission sainte et reçue avec la simplicité d’un petit enfant. Elle nous donne alors l’intelligence, — la sagesse divine, — pour notre esprit et notre marche ; et ainsi, quand les préceptes de Dieu sont observés, elle nous donne plus de sagesse que n’en apporte l’expérience humaine (v. 99-100). Elle devient un motif positif ; nous la préférons aux mauvaises voies que nous quittons toutes pour la seule qui soit celle de Dieu, parce que c’est en celle-là que le cœur a appris à trouver ses délices (v. 101). Nous voyons aussi combien l’âme est ici en relation directe avec Dieu en grâce, et combien la conscience qu’elle est de Dieu, donne de l’autorité à Sa parole. «Je ne me suis point détourné de tes ordonnances, car c’est toi qui m’as instruit» (v. 102). Ceci est d’un grand poids pour l’âme, lorsque la puissance de la parole de Dieu a été réalisée. Ce qui est enseigné par l’homme pourra être abandonné pour l’homme ; mais ce qui est enseigné par Dieu, nous ne pourrons jamais l’abandonner pour Dieu ; pour qui d’autre le laisserions-nous ? Cet enseignement engage l’âme par la foi et par l’autorité divine. Il vient de Dieu et mène à Lui. Maintenant l’âme revient à la pensée de la douceur de la Parole (v. 103). Ces communications divines sont ses délices. Elles ne sont pas seulement un devoir, quoiqu’il soit reconnu aussi, mais elles sont plus douces que le miel à la bouche. C’est par les préceptes de Dieu que le cœur est formé et qu’il apprend à discerner le mal d’avec le bien. Il ne s’en tient pas à l’obéissance à une loi, mais le discernement moral se développe dans le cœur et dans la volonté. Le cœur étant attaché à la parole de Dieu, par le fait de l’habitude, les sens sont exercés à discerner le bien et le mal, et l’on hait toute voie de mensonge.
Il est remarquable de voir à combien de choses la Parole s’applique. Dans la dernière section, le cœur et les affections s’occupaient de la Parole pour elle-même, comme conduisant à la sagesse. Maintenant elle nous est montrée comme un guide pour notre chemin, à travers le monde dans lequel nous marchons — ce qui est un but bien différent du premier. «Elle est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier» (v. 105). Elle est le moyen de produire une marche droite, non seulement parce qu’elle place le cœur dans la droiture, mais parce qu’elle jette la lumière sur ce monde, et non seulement sur ce monde tel qu’il est, mais aussi sur notre chemin qui le traverse. De même aussi Christ ne se borne pas à faire ressortir par sa justice pratique ce qu’est le monde, mais il donne à celui qui le suit la lumière de la vie. La Parole montre le chemin de la loi (pour nous le chemin de la vie divine) à travers le monde. Mais le caractère d’obéissance ne se perd jamais. Ici il prend la forme juive, cela va sans dire : «J’ai juré, et je le tiendrai, de garder les ordonnances de ta justice» (v. 106). Cependant je crois que nous trouvons ici une estimation morale bien marquée du caractère de ces jugements en contraste avec l’homme et le monde. Il n’est point parlé ici de témoignages ; ceux-là sont pour le fidèle ; mais «les ordonnances de ta justice» indiquent le contraste entre les voies de Dieu et celles de l’homme.
Ensuite (v. 107) le fidèle considère les épreuves au milieu desquelles doit passer son chemin. L’affliction est regardée ici simplement comme une affliction, non comme venant de la main de Dieu. Le croyant avait eu à l’apprendre sous ce dernier caractère, sa volonté étant brisée (voy. v. 67, 71, 75), ce qui détruisait toute force humaine (v. 81-83). Le v. 107, au contraire, nous présente l’affliction dans un chemin qui est éclairé par la Parole, et le fidèle cherche, pour y marcher, la force et la vigueur que la Parole donne à l’âme. Le désir du cœur n’est pas ici la délivrance, quelque douce qu’elle puisse être, mais que les offrandes volontaires de sa bouche soient agréées, parce qu’il se tourne vers Dieu dans ce chemin de justice où, gardé par Dieu et possédant ses pensées, il peut lui offrir des louanges volontaires. Ces dernières n’avaient point été interrompues par l’affliction (v. 108). Il avait été extrêmement affligé, il avait erré ; mais, marchant maintenant dans la droiture du cœur, il désire que les louanges qui en sortent, fruits de la puissance de la Parole, soient agréées. Ceci est juste, mais ce n’est pas la joie du salut actuel. La conscience d’avoir erré se montre ici partout, quoique le cœur soit rétabli. La Parole a de l’empire sur ses voies ; il sent qu’elle est une lumière sur le chemin où il vient d’entrer, et quoiqu’il soit encore, dans un certain sens, sous les conséquences de son ancienne marche, son cœur redressé peut éclater en louanges ; pourront-elles être acceptées ? Son désir est qu’elles le soient et certainement elles le seront.
L’humilité de ce désir est juste, comme le désir lui-même est le fruit de la grâce. Ce n’est pas la louange pleine de simplicité d’une âme en relation connue avec Dieu, louange qui coule sans hésitation, comme fruit naturel et nécessaire de la bénédiction ; au contraire, tout en louant, il désire être enseigné dans les voies de Dieu, en contraste avec le mal. La décision du cœur caractérise alors sa marche. Son affliction et son danger étaient grands, son âme était continuellement exposée à la mort, mais cela ne change pas sa détermination, il n’oublie pas la loi de Dieu. Le danger ne l’absorbait pas au point de la lui faire perdre de vue. Ceci est une preuve bénie de la puissance qu’ont les liens établis, par la grâce, entre nous et Dieu ; et combien, lorsque la foi est exercée, ce que nous connaissons de Dieu est supérieur à la puissance de Satan et aux plus grands effets des circonstances ! En dépit d’eux, l’âme garde la mémoire de ce que Dieu lui donne. L’astuce et les ruses subtiles étaient semées sur son passage ; pour un esprit droit cela est éprouvant et pénible, mais ses pieds restent dans le bon chemin. Des obstacles y avaient été placés pour jeter le fidèle dans le découragement, mais la Parole exerçait son influence sur l’homme intérieur. Le secret de ceci, c’est qu’il avait pris les témoignages de Dieu pour son héritage à toujours (v. 111). Ce n’était pas une jouissance présente, sentiment qui peut exercer une influence immédiate sur l’esprit et se perdre en un instant, mais c’était l’estimation donnée de Dieu, de la vérité bonne et divine contenue dans ces témoignages. Aussi, quand cette pensée est réellement retenue par grâce, elle demeure et n’est point affectée par les circonstances. Les terreurs et les ruses de l’ennemi poussent l’âme à s’attacher plus solidement à la vérité de Dieu et à tout ce qui vient de Lui. Ses témoignages ont été et seront la jouissance du cœur. Seulement nous, nous disons encore davantage : «Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur». L’obéissance, dans sa pratique continuelle, était le but du cœur — c’était un engagement à perpétuité. Ainsi en est-il de nous. Cependant nous dirons plutôt : «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin» (Jean 13:1). Or ceci nous engage aussi à une obéissance perpétuelle, qui doit être notre élément et notre état comme hommes.
La section suivante est d’un caractère simple. L’âme rend compte de son propre état, puis s’attend à l’intervention de Dieu selon la Parole (v. 116) ; elle espère la voir, mais en même temps elle appréhende les jugements de Dieu sur les désobéissants (v. 118-120). «J’ai eu en haine ceux qui sont doubles de cœur, mais j’aime ta loi» (v. 113). Ainsi l’âme se détourne des hommes et s’attache à la parole de Dieu. Dieu seul est son asile et son bouclier ; elle s’est attendue à sa Parole (v. 114). Puis, regardant du côté des hommes, elle se retire d’avec les méchants (v. 115) ; son parti est pris, elle s’attend à être soutenue jusqu’à la fin, et à n’être pas désappointée dans cette espérance fondée sur la Parole.
Mais le désir du fidèle a plus de précision encore ; c’est-à-dire qu’il regarde au Seigneur afin qu’il le soutienne dans le chemin, et alors il sera en sûreté. Il n’a pas seulement besoin d’être gardé, mais d’être tenu moralement dans la droiture ; il a besoin de la grâce et de la force de Dieu pour le soutenir. Autrement l’ennemi aurait l’avantage sur lui, mais, gardé ainsi, il regardera continuellement aux statuts de Dieu (v. 117). Mais il voit ses jugements sur ceux qui s’égarent de ses statuts. Ce par quoi ils avaient cherché à séduire les hommes se trouve n’être que vanité et vide (v. 118). La tromperie est, vis-à-vis des hommes, de la fausseté, c’est-à-dire ce qui est vain et faux en soi-même. Dieu rejette les méchants (v. 119), et les traite comme n’étant que néant, comme des scories, et cela encourage le fidèle dans les témoignages de Dieu, dont il a gardé les voies en dépit du méchant qui les raillait. Mais il est rempli de frayeur, d’une juste frayeur à la vue de ces jugements. Quant à nous, nous serons au-dessus d’eux, gardés hors de l’heure de la tentation qui viendra sur toute la terre, mais nous sommes encouragés par la Parole et par le jugement même à regarder à Celui dont il émane, et il en est toujours ainsi dans ce Psaume.
Rien ne peut être plus naturel, ni mieux à sa place que cette juste frayeur. L’expression de l’apôtre (combien l’Écriture est toujours parfaite !) en vue de jugements plus profonds, quoique extérieurement moins terribles, montre que, lors même que lui n’y serait pas directement engagé du tout, il n’y était point insensible. Il dit : «Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes» (2 Cor. 5:11). Cette crainte n’éveillait en lui que l’amour (car lui-même ne viendrait point en jugement), mais il en connaissait la solennité et la terreur. Cette pensée agissait en puissance sanctifiante en le manifestant actuellement à Dieu ; mais chez celui qui, comme dans le Psaume précédent, passait à travers ce jugement, quoique sans en être atteint, la crainte était juste. C’est ainsi que, «par la foi, Noé étant averti divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, craignit, et bâtit une arche pour la conservation de sa maison» (Hébr. 11:7).
Il y a trois points dans cette section. Le croyant est en pleine présence de la puissance du mal, et il regarde à l’Éternel Lui-même. L’énergie du mal, dans son caractère moral, ne fait que l’attacher toujours davantage à la parole de Dieu et à ses témoignages. Tel est l’effet de la proximité de Dieu, parce que sa présence garde le cœur libre et confiant, et maintient le sentiment de la valeur des choses contenues dans la parole de Dieu. Je pense qu’il y a progrès ici.
Au v. 82, il dit : «Quand me consoleras-tu ?» Ici il n’en est pas de même, quoiqu’il recherche sérieusement la faveur de l’Éternel. Il en appelle à la protection de Dieu, sur le principe de la justice ; avec cela, il me semble que, lors même qu’il éprouve un ardent désir de délivrance, il y compte plus à cause de la parole de la justice de Dieu, qu’à cause de la fidélité à sa promesse de le délivrer, comme le montre le v. 123. Il sent que, lorsqu’il sera délivré, son cœur sera en liberté pour obéir. Mais il demandait encore plus que la délivrance et faisait encore mieux que de mesurer celle-ci au mal sous lequel il gémissait. Son cœur était venu à Dieu et il désirait être traité selon sa bonté.
Ceci est aussi un progrès et montre, je le crois, la conscience d’une intégrité sur laquelle Dieu a mis son sceau dans le cœur. Lorsque nous sommes dans les souffrances sous la main de Dieu en châtiment, nous cherchons la miséricorde pour être délivrés : la grâce et le désir de sa faveur nous y portent. Mais sa délivrance dépend de Lui — elle est imméritée. L’oppression de la puissance du mal est sentie comme étant méritée, et la délivrance est une preuve suffisante de la miséricorde. Mais lorsque cette épreuve a eu son effet, lorsque le cœur purifié est rendu capable de penser davantage à Dieu, à sa sainteté, à sa volonté, moins à l’affliction et au mal extérieur sous lequel il ne reste plus affaissé — en un mot, lorsque le cœur est rétabli moralement — (or la place que Dieu y occupe, en contraste avec la place qu’y prend l’affliction, est la pierre de touche de ce rétablissement moral), il mesure par Dieu ce qu’il cherche, car il est, pour ainsi dire, rentré dans sa connaissance intérieurement révélée. C’est pourquoi nous voyons, dans ce qui suit, le fruit de cette réconciliation avec Dieu, ou de ce retour à Lui. Le cœur rentré dans l’intégrité dit : «Je suis ton serviteur» (v. 125). Nous n’avons pas encore rencontré ceci. Nous avons vu de saints désirs, de la confiance, une confession sincère et l’expression générale : «Tu as fait du bien à ton serviteur» (v. 65 ; cf. 49 et 76). Mais ceci est autre chose. Le fidèle se présente directement à Dieu comme étant dans cette relation et cette position. «Je suis ton serviteur». C’est la soumission parfaite de quelqu’un qui a cette position, sachant, comme cela est vrai, que Dieu l’y reconnaît. C’est beaucoup dire. Quel fondement pour demander à Dieu l’intelligence nécessaire pour le servir ! Quelle chose sérieuse, en effet, que des êtres tels que nous soient appelés à servir Dieu d’une manière qui Lui plaise ! Sans nul doute, il y a un grand encouragement à pouvoir dire : «Je suis ton serviteur». Il en est ainsi dans la parabole des talents, où la confiance en Celui qui les avait rendus capables de le servir était pour les serviteurs le ressort du service. Mais là tout était heureux et en règle, tandis qu’ici, dans ce Psaume, l’âme arrive seulement à dire : «Je suis ton serviteur», après de longs châtiments pour ses errements.
Le v. 126 nous montre la confiance qui s’accroît, et qui prend le langage béni de quelqu’un qui est libre devant Dieu. La loi de Dieu est précieuse à Dieu Lui-même ; pas un iota n’en passera sans être accompli. Lorsque le croyant a appris à regarder en dehors de lui, le mépris général de la loi ne fait que l’enhardir auprès de Dieu. Il est temps pour toi d’agir : «ils ont annulé ta loi» (v. 126). Quel principe que celui-ci ! L’autorité de Dieu doit toujours être maintenue ; en sorte que le comble du mal donne l’assurance de la délivrance. Cela rend la loi de Dieu excessivement précieuse à l’âme. L’amour pour la loi (ici elle est l’expression de la volonté de Dieu) grandit avec l’agrandissement de la puissance du mal. Nous sentons davantage combien elle est précieuse, sûre, combien elle procède de Dieu ; et ce qui rend l’intervention de Dieu précieuse contre la puissance du mal, rend sa Parole précieuse aussi contre le développement de ce mal. Ceci est éprouvé de deux manières : d’abord les commandements de Dieu sont aimés au-dessus de tout ce que l’homme apprécie, ensuite il y a décision dans notre jugement moral. Tous les commandements de Dieu sont estimés comme absolument droits (v. 128) et comme étant l’ensemble de ce qui est bon, et toute voie de mensonge est haïe. La distinction entre le bien et le mal se fait uniquement par la Parole.
L’âme en est arrivée maintenant au point d’estimer la valeur de la loi en elle-même, après y avoir obéi et en avoir compris l’excellence. C’est de l’intelligence. «Tes témoignages sont merveilleux, c’est pourquoi mon âme les observe». Les paroles de Dieu, entrant dans le cœur, illuminent ; elles donnent de l’intelligence même aux simples (v. 129, 130). Ainsi, elles deviennent pour le cœur le sujet d’un sérieux désir ; l’âme est occupée de leur excellence. Elles produisent une soif ; elles n’ont pas encore rempli le cœur, quoiqu’elles aient engendré le désir. Il peut y avoir intelligence, obéissance quant à la voie que nous suivons ici-bas, faim et soif de justice, une appropriation morale au besoin et à sa satisfaction ; mais ce désir ne sera pleinement satisfait que lors de l’accomplissement des promesses, et lorsque Dieu prendra sa place, Lui qui révèle sa pensée par ses témoignages. Ainsi en est-il de nous, quoique d’une manière plus élevée, car Christ Lui-même et les choses célestes sont le but de nos désirs.
Ce que le fidèle demande ici, c’est la grâce pour affermir ses pas, et pour le racheter de l’oppression (v. 133-134). On voit qu’il est au milieu du mal et cherche la face de Dieu pour être éclairé et enseigné (v. 135). Il éprouve une profonde tristesse, parce que la loi n’est point observée. Mais cela semble découler plutôt du sentiment de l’excellence de la loi, que de l’amour pour les personnes qui ont failli.
Mais la justice de la loi de Dieu et la clef qu’elle nous donne de ses voies, mènent à la connaissance de ce qu’est l’Éternel qui la donna. «Tu es juste, ô Éternel ! et droit dans tes jugements» (v. 137). C’est la manière dont l’Éternel agit dans un cas donné, ou la décision morale qu’il exprime à ce sujet. Il a commandé la justice de ses témoignages et la fidélité (v. 138). C’est ce qui les caractérise. Le mépris des paroles de l’Éternel avait excité le zèle du fidèle, de manière à le dévorer (v. 139) ; il devenait comme un combattant sérieux en collision avec le mal dans sa puissance, comme Christ dans le temple. Mais quel que soit le mal autour de lui, il y a un repos et une consolation pour le cœur, lorsque la parole de Dieu est connue et aimée. «Ta Parole est bien affinée» (v. 140) ; plus vous la mettez à l’épreuve, plus elle se montre être la pureté même ; le cœur l’aime comme son refuge et sa joie. Elle donne de la grandeur et du courage à l’âme. Il se peut qu’on soit petit et méprisé, cependant on a le courage de garder les préceptes de Dieu, en dépit de la puissance du monde ou de son mépris (v. 141), car ce sont les paroles de Dieu — ce que Dieu est lorsqu’il juge le mal et le bien ; il est éternel. Sa justice est à toujours, et sa loi, vérité (v. 142).
Il n’est pas question ici de la vérité qui vint avec la grâce par Jésus Christ. Mais en présence de toutes les choses de la terre, qui ne sont que mensonge, la loi est la vérité, la vraie religion, la pensée de Dieu sur toute chose, en contraste avec les pensées de l’homme et tout ce qu’il prétend être. Et Dieu établira à jamais son jugement révélé dans la loi (cf. Ésaïe 42:3). La loi n’est pas la révélation absolue de Dieu, tel qu’Il est ; nous avons cette révélation en Christ. Mais elle est la révélation du jugement de Dieu quant à l’homme, quant au bien et au mal ; ce jugement sera établi à toujours. Le jugement exécuté sera ratifié. Ceux qui ont péché contre la loi seront jugés par la loi ; exactement comme ceux qui auront entendu la parole de Christ, seront jugés par elle. La puissance du mal jettera la tribulation sur le résidu ; mais il aura pour consolation les commandements qui seront pour lui les délices de l’homme intérieur. Il en est de même pour nous dans toutes les afflictions, au mauvais jour, et cela d’une manière plus élevée. Maintenant il en arrive au point que nous avons déjà touché : «La justice de tes témoignages est à toujours» (v. 144). Ils viennent de Dieu, ils sont sa volonté et sa pensée à l’égard de l’homme ; et celles-ci seront établies à toujours. Ce que le croyant doit rechercher, c’est de l’intelligence. Alors il vivra, guidé dans le chemin où l’on trouve la vie, où on la trouve, alors même que les méchants sont retranchés ; et jamais ici-bas autant qu’alors. Ceci est vrai du gouvernement de Dieu envers nous et même de Christ : «Comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour» (Jean 15:10). Quant à la vie, elle était en Lui, mais nous l’avons par Lui, ainsi que tous ceux qui vivent ; mais cela ne fut mis en lumière que par l’Évangile. Ce qui était présenté alors comme le chemin gouvernemental de la vie et le sera littéralement aussi à la fin, est le chemin gouvernemental de bénédiction pour nous ici-bas.
Ici l’âme exprime à Dieu le sentiment de sa dépendance. Ceci est un point important. Nous sommes dépendants, nous savons que nous le sommes, mais nous restons ainsi sans chercher du secours. Cela montre véritablement un manque d’intérêt à ce pour quoi nous sommes dépendants, et un manque de confiance en l’amour fidèle de Dieu. S’il en était autrement, nous crierions à Lui. «Si tu connaissais le don de Dieu et... celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné» (Jean 4:10). Ici, il crie de tout son cœur et déclare sa ferme intention d’obéir aux statuts de l’Éternel.
Ensuite il cherche la délivrance, afin que, ayant les témoignages, il puisse les garder sans empêchement et d’un cœur bien disposé (v. 146). Il y avait du zèle dans ce cri, car le cœur dirigé par la Parole avait confiance en elle, — cependant le zèle ne s’applique pas seulement à la délivrance, mais aussi au désir de méditer la parole même de l’Éternel. Certainement la délivrance était recherchée, mais la Parole elle-même était aimée. Tout cela se lie nécessairement dans l’âme. La délivrance, c’est d’être avec Dieu à l’abri de ceux qui transgressent sa loi, des oppresseurs rebelles. La méditation de la loi (c’est aussi être avec Dieu), et la Parole qui nous donne espérance, ce sont les témoignages dont nous faisons nos délices. De plus, le fidèle dans la détresse s’attendait avec sincérité de cœur à ce que l’Éternel le fît revivre selon sa bonté, — il en est ainsi pour nous et il en fut ainsi de Christ, — mais avec le désir que l’œuvre de la puissance fût accomplie en lui ; il s’attendait à recevoir la vie selon la pensée de Dieu (c’est-à-dire avec une nature et des désirs conformes à la pensée de Dieu. Le fidèle ne parle point comme étant mort, mais il parle d’une vivification morale). Nous savons qu’il nous faut une vie nouvelle.
Le sentiment de la puissance actuelle du mal pesait sur l’âme du fidèle. L’Éternel seul était le refuge où il pût se retirer. Ceci est très beau, la seule vraie ressource qui repose sur un principe parfait. «J’ai attendu patiemment l’Éternel» (Ps. 40:1). C’est une soumission parfaite à sa volonté ; aucune délivrance n’est recherchée avant que sa volonté ne la donne ; mais la foi savait que l’Éternel était près, et que le chemin était uni. Tous ses commandements étaient le seul chemin véritable de sécurité, le seul chemin selon Dieu. Les témoignages de l’Éternel étaient fondés pour toujours (v. 152) ; ils ne pouvaient changer et seront justifiés. Seulement, il faut que Dieu intervienne, et telle est ici la demande et le cri de l’âme. Ces versets sont un appel à être délivré. Pour être véritable et venir de Dieu, cette délivrance doit être selon sa Parole, elle doit confirmer à jamais la vérité de cette Parole dans ses témoignages moraux et comme fondement de l’espérance.
L’âme de celui qui ouvre son cœur à Dieu est maintenant beaucoup plus en présence de ses persécuteurs et de ses ennemis, de la délivrance de Dieu et du besoin de son secours, qu’elle ne l’était au commencement. Là, en effet, le cœur avait plus en vue ce que la loi était pour lui. Il en est toujours ainsi. Christ a commencé avec la parole de bénédiction ; à la fin il est en présence des ennemis et demande la délivrance. Paul commence aussi par présenter la bénédiction, puis à la fin de sa carrière il souffre la persécution et l’abandon. Il en est toujours ainsi lorsqu’on persévère dans le bien, parce que le témoignage de Dieu sous toutes ses faces et la fidélité attirent l’opposition, et que la place de la Parole dans le monde (non dans nos propres cœurs) se fait sentir plus distinctement. Malgré cela le cœur ne ressent aucune incertitude. On a besoin de salut, c’est-à-dire de délivrance actuelle, mais ce salut est loin des méchants (v. 155). Quand il y a droiture de cœur et de marche, l’affliction est une raison pour supplier Dieu.
Avec la délivrance, l’âme demande aussi d’être vivifiée ; elle recherche la puissance pratique d’une vie selon la Parole et les jugements révélés de Dieu. On recherche la justice en liberté et en puissance, lorsqu’elle est aimée dans le cœur. On recherche la sécurité extérieure dans la Parole, mais aussi la puissance intérieure, tout en pensant aux tendres miséricordes de l’Éternel ; on cherche encore à être vivifié selon les jugements de Dieu. Le sentiment de la bonté de Dieu nous porte toujours à désirer sa volonté. Lorsque nous pensons avec délices à la pureté et a la bénédiction de la Parole, nous pensons à Sa bonté comme au moyen de nous vivifier. Sa Parole est si précieuse ! nous regardons à la grâce pour nous former complètement d’après elle. La vérité et la perpétuité caractérisent cette Parole (v. 160).
Dans cette partie du Psaume, l’âme va un peu plus loin. Le cœur a peur en présence de la parole de Dieu ; c’est un sentiment selon Lui (v. 161). Elle se présente avec l’autorité de Dieu ; et néanmoins il se réjouit en elle, comme un homme qui aurait trouvé un grand butin (v. 162). La connexion de ces deux choses caractérise la pleine compréhension de la Parole. Elle est de Dieu, — chose solennelle, — l’âme tremble, est-il dit, à sa Parole (És. 66:2, 5). Elle vient à nous avec une autorité divine, absolue ; mais comme elle est la parole de Dieu et que nous avons une nouvelle nature, et sommes enseignés de Dieu, nous nous réjouissons d’une manière indicible en ce qui est de Lui, en ce qui le révèle. La loi est reçue comme la vérité elle-même, c’est-à-dire comme vraie mesure de ce qui est bien, et cette mesure s’applique indifféremment à tout, soit au bien, soit au mal. Le fidèle hait et il aime ; il hait le mensonge, il aime la loi ; il n’aime pas seulement ce qui est juste, mais ce qui en est l’expression selon l’autorité de Dieu (v. 163). Tout ceci engendre la louange, parce que le cœur s’élève jusqu’à la source de toutes ces choses (v. 164).
Non seulement nous possédons ce qui est bon, mais nous l’avons de Dieu. L’âme le loue selon ses relations avec Lui. Ce sont les voies de l’Éternel avec son peuple. Mais la volonté exprimée de Dieu possède encore un autre pouvoir, lorsqu’elle est reçue réellement ; le cœur est en paix (v. 165). Il connaît une communication parfaite de Dieu dont il est satisfait, et, s’il se confie en Dieu, les circonstances ne peuvent le faire broncher, parce qu’il possède la pensée de Dieu qu’aucune circonstance ne peut affecter. Rien ne peut donc le renverser. Je possède ce qui est parfait, de la part de Dieu, j’en connais la perfection, et j’en jouis avec une nature nouvelle. Tout cela ne peut être ébranlé par rien d’extérieur.
Outre l’obéissance, nous trouvons ici un autre élément d’une marche selon Dieu. «Toutes mes voies sont devant toi» (v. 168). Cela mène naturellement à l’obéissance, mais le cœur et la conscience sont entièrement devant Dieu. C’est un principe des plus importants. Paul dit : «Nous sommes manifestés à Dieu» ; seulement il va plus loin. Il regardait au jugement final et complet des hommes, et en vue de cela il connaissait la justice de Dieu. Ce n’étaient pas seulement ses voies devant Dieu, quant à son gouvernement terrestre. Il était manifesté lui-même, comme les hommes le seraient, devant le tribunal de Christ, — qui jugera parfaitement comme Fils de l’homme, manifestant le cœur tout entier avec ses pensées les plus secrètes.
Lorsque les hommes se sont égarés, les cris et les supplications viennent en premier lieu, la louange et le témoignage ensuite. Cependant le cri et la supplication sont selon Dieu, lors même qu’ils sont produits par le besoin. Le croyant cherche la sagesse, l’intelligence, non pas précisément celle de la Parole elle-même, mais celle qui est selon cette Parole. C’est là cette sagesse en discernement que possèdent ceux qui sont instruits dans la parole de Dieu. Ils pénètrent clairement ce qui est devant eux. Sans doute c’est la pensée de Dieu et sa volonté qu’ils discernent, mais ils les discernent dans les circonstances. Ils ne marchent pas comme des fous, mais comme des sages. La Parole a formé leur jugement. Ensuite l’âme désire être exaucée et délivrée. Cependant la volonté révélée de Dieu reste toujours ses délices. Elle louera Dieu lorsqu’il le lui aura réellement enseigné. La reconnaissance vient en premier lieu, puisque notre part est toujours de recevoir d’abord de Dieu, ensuite nous avons la liberté d’en parler à d’autres (v. 171-172).
Ce principe est important. Aucun témoignage, aucune prédication, aucun enseignement, même lorsque le sujet en est parfaitement légitime, n’est véritablement un bon enseignement lorsque l’âme n’a pas été d’abord nourrie pour elle-même. Il nous faut boire nous-mêmes, afin que des sources d’eau vive puissent découler de nous. Toute autre chose en effet dessèche l’âme. «Afin que tes progrès soient évidents à tous», dit l’apôtre. L’enseignement n’est frais, bon, puissant que quand il a été d’abord la part de l’âme avec Dieu. Le secours de la main de Dieu (v. 173), le désir de Son salut (v. 174), n’est pas uniquement le désir d’être délivré. Si l’on ne cherche que cela, c’est chercher la délivrance par un chemin de traverse et non pas dans le chemin de Dieu. Mais lorsque le cœur vit dans les préceptes de Dieu, il ne recherche que la délivrance de Dieu.
Tel fut le Christ : «J’ai attendu patiemment l’Éternel». C’était la soumission à la volonté de Dieu. Dieu ne pouvait intervenir avant que sa volonté fût accomplie, de manière à ce que sa gloire fût établie dans son intervention — avant que ses conseils fussent accomplis et que le jugement parfait fût produit par son intervention. L’âme avait appris, quoique souvent au moyen de la souffrance, à désirer la seule délivrance selon Dieu. Là était la perfection de Christ sous ce rapport ; tel doit être aussi notre sentier dans l’intégrité de notre soumission. Alors l’âme loue Dieu, Dieu Lui-même dans ses voies, et ses ordonnances lui sont en aide (v. 175). C’est un principe de grande bénédiction et d’une grande perfection. Cependant, bien qu’il ait été amené jusque-là, ou plus exactement parce qu’il en est venu là, le peuple (et à l’occasion nous aussi) reconnaît qu’il a été «égaré comme la brebis perdue», car dans tout ce Psaume la condition du peuple est qu’ils avaient été égarés, mais qu’enfin la loi est écrite dans leurs cœurs, au moins en tant que désir. Le Résidu humble et repentant (et nous aussi, je le répète, lorsque nous nous sommes éloignés de Dieu) désire que Dieu le recherche, car il est droit de cœur, attentif à ses commandements.
Telle est la clef de tout ce Psaume : Israël s’était égaré, mais il a dans le cœur le désir et l’amour de la loi de Dieu ; sa condition et ses circonstances ne sont pas encore rétablies par la délivrance de l’Éternel, mais son cœur est rétabli, en sorte que Dieu peut intervenir, sa Parole et sa délivrance étant leur désir, et cette Parole étant le fondement de leur espérance. Dans le relèvement de toute âme, nous voyons un procédé analogue, spécialement lorsque cette âme est sous le châtiment. On ne cherche pas la consolation sans relèvement, lorsqu’on est droit de cœur. Seulement, si nous connaissons le Seigneur, nous nous tenons en Lui, comme étant notre justice. Israël ne pouvait pas parler de cela comme d’une chose établie, comme d’une position connue ; il ne s’attendait à posséder ce privilège que lorsqu’il aurait obtenu la délivrance ; la prophétie avait annoncé que l’Éternel serait leur justice. Quelque vrai, quelque miséricordieux que cela soit pour eux, notre place à nous est infiniment plus élevée.
Je termine ici ces notes courantes sur le Psaume 119, et je sens vivement combien elles sont restées au-dessous du sujet. Mais je sens aussi chaque jour davantage que, quoique cela soit vrai et puisse s’appliquer au gouvernement de nos cœurs, nous nous trouvons ici fort loin du terrain chrétien. Rien ne rend la chose plus sensible que les Psaumes. Ni le Père, ni la justice divine n’y sont connus, ni cette classe entière de sentiments précieux et saints qui en découlent pour nous. Puissions-nous nous souvenir que nous sommes des chrétiens !
Ces Psaumes des degrés (120-134) traitent tous des circonstances du Résidu restauré, mais non encore délivré ; nous chercherons ici à pénétrer leur portée morale. Le premier Psaume déclare l’état du Résidu et sa ressource. «À l’Éternel, en ma détresse, j’ai crié ; et il m’a répondu» (v. 1). Il parle du caractère du mal : c’est la tromperie et la puissance hostile. Il était pénible pour le cœur d’avoir toujours à les rencontrer. Mais telle était la position du fidèle ; il habitait au milieu du mal ; c’était là sa souffrance et sa détresse. Lorsqu’il cherche la paix, eux sont pour la guerre. C’est aussi l’esprit et le caractère du chrétien au milieu de la puissance du mal, qui se montre telle lorsqu’elle est provoquée par la présence du bien. Cependant le jugement tombera sur la langue trompeuse. Ce Psaume est la simple expression de l’affliction d’une âme qui aime la paix, qui la procure et se trouve en présence de la tromperie inique de l’homme. Sa ressource est d’en appeler à Dieu, qui entend.
Où l’âme doit-elle se tourner ? vers les montagnes ? (comp. Jér 3:23). Le secours se trouvera dans le Seigneur. Mon secours est en l’Éternel, et l’Éternel me gardera sûrement ; il ne sommeille ni ne dort. La pensée capitale est celle-ci : Éloigne de moi toute espérance fausse et vaine, et place devant moi le seul véritable objet et la seule vraie ressource sur laquelle on puisse compter, afin de tenir tout mal à l’écart. Seulement nous devons remarquer que l’application littérale de ce Psaume ne peut être faite maintenant. Christ a été compté parmi les transgresseurs, et nous devons poursuivre notre route sans attendre une délivrance absolue ; cependant nous sommes assurés que tous les cheveux de notre tête sont comptés. Dieu ne retire pas maintenant ses yeux de dessus le juste, mais, en somme, nous ne nous attendons pas à être réservés pour cette terre, comme le Juif le sera de droit s’il marche dans le sentier de la fidélité. Cependant notre Père veille sur nous avec une vigilance incessante. Nous pouvons reposer en paix sous l’ombre de ses ailes. L’instruction que nous pouvons tirer de ce Psaume est que, au milieu de tout mal, nous devons regarder seulement au Seigneur.
La maison de Dieu, c’est-à-dire sa présence et son adoration dans le lieu de son repos, est notre désir (pour nous c’est le ciel). Mais l’amour pour ce lieu où Dieu habite est accompagné du sentiment que sa présence et l’adoration des saints sont liées ensemble en bénédiction. Cette demeure nous est chère, non seulement pour l’amour du Seigneur, centre de tout, mais pour l’amour de tous les saints, de nos frères et de nos compagnons. Ce n’est pas notre premier objet, mais c’est le premier cercle autour du vrai centre, c’est l’amour pour tous les saints. Nous aimons le ciel, mais nous l’aimons parce qu’il est la demeure de Celui avec qui nous avons à faire — c’est la maison de notre Père. Si le ciel m’est cher, c’est précisément parce qu’Il y habite. Nous désirons même le bien de l’Église maintenant, pour la même raison. Nous prenons notre place dans les lieux célestes ; ils sont glorieux et saints, et nous en jouissons ; mais la maison de Dieu en est le centre pour nos cœurs.
Le cœur s’attend à Dieu pour la délivrance. Ainsi en est-il de nous. Nous sommes oppressés par la présence de la puissance du mal. Nous nous attendons continuellement à Dieu pour qu’il envoie le Sauveur bien-aimé qui ôtera tout ce mal. Le mépris des orgueilleux cessera, et tout sera complètement changé pour le repos de nos âmes.
Dieu seul garde son peuple. Le grand point de tous ces Psaumes est de regarder à Lui seul. Et c’est là notre portion tout le long du chemin, et tout particulièrement dans ces derniers jours. Tous les autres refuges donneront, d’une manière ou de l’autre, une direction fausse à l’âme, l’entraîneront dans un faux chemin, la rendront moins sainte dans ses motifs, moins pure et moins sage dans sa marche. Dieu peut faire usage de chaque chose, parce que son motif pour nous bénir est toujours en Lui-même et qu’il dispose de toutes choses ; tandis que nous sommes formés dans nos cœurs par les objets que nous avons devant les yeux, et que nous nous conformons nécessairement à ce que nous avons pris pour appui.
Or la confiance dans le Seigneur est parfaitement sûre. Une main divine et puissante nous garantit. Nous savons, d’après plusieurs passages de l’Écriture, que le Seigneur peut trouver bon de nous laisser souffrir, mais pas un cheveu de notre tête ne périra. Quand son temps sera venu, le bâton de la méchanceté ne reposera pas sur le lot des justes. Il peut nous laisser souffrir pour notre Dieu ou pour l’amour de son Nom ; mais, même alors, ce n’est pas selon la volonté et la puissance du méchant, mais selon sa propre volonté. Seulement cela suppose que l’on marche dans ses voies.
Nous trouvons ici une restauration partielle qui nous fait espérer la pleine bénédiction. Dieu peut avoir délivré l’âme de l’éloignement et de l’affliction des jours mauvais, où elle s’était égarée et détournée, sans cependant qu’il l’ait tout à fait restaurée. Dieu intervient en bonté lorsqu’il y a repentance, nous encourage, nous apporte des bénédictions que nous n’aurions jamais osé espérer, rétablit l’âme dans le lieu de la bénédiction et manifeste sa faveur dans une certaine mesure, de manière à ce que nous sentions avec grande joie qu’Il est pour nous. Cependant ce n’est point le courant paisible de sa faveur, en communion avec lui, comme s’il n’y avait rien que sa faveur, goûtée naturellement dans la place où nous sommes. Il en fut ainsi de Jacob à Péniel ; Dieu le bénit, mais ne voulut point révéler son Nom — il bénissait, sans se révéler Lui-même. L’âme reçoit cette bénédiction de Dieu, et, dans cette mesure, trouve sa faveur ; mais ce n’est pas la communion ; elle ne reçoit pas non plus la communication de ce qu’Il est, de manière à être capable, étant envoyée de sa part dans ce monde, d’y être un de ses témoins. C’est là notre véritable place. Sans aucun doute, c’est une grande grâce d’être bénis et restaurés lorsque nous nous étions éloignés de lui, mais notre lot est d’être paisiblement en communion, là où Dieu nous a placés, avec Lui-même, étant ainsi des vaisseaux de sa révélation de Lui-même à d’autres hommes. Notre Psaume exprime cela sous une forme juive.
Mais il y a encore un autre principe. Dans un monde où règne la puissance du mal, le temps des semailles, pendant lequel, en possession de la Parole, nous combattons le mal, est un temps de larmes. «Je leur ai donné ta Parole et le monde les a haïs» (Jean 17:14). Le christianisme a été semé dans les larmes du Fils de Dieu. C’est le fruit du travail de son âme qu’il verra en ce jour-là. Ainsi, dans chaque service (et nous devons nous y attendre) où il doit y avoir une bénédiction réelle, nous rencontrerons la tristesse produite par l’opposition du monde, et même dans l’Église, l’affliction plus grande encore des épreuves, des manquements et des fautes, là où nous voudrions voir Christ pleinement représenté. Mais, en allant en avant avec la précieuse Parole, nous pouvons être certains de rapporter nos gerbes.
Ce Psaume nous dit que Dieu seul donne l’accroissement. Tout travail, toute fatigue, sont inutiles à moins que Dieu Lui-même ne soit là pour agir et bénir ; comme le peuple avait dit de Jonathan : «Il a opéré avec Dieu aujourd’hui». Ainsi les efforts diligents des méchants n’aboutissent à rien et, béni soit son Nom, il donne le repos et la paix à ses bien-aimés sans la fatigue et le travail par lesquels les hommes de ce monde cherchent en vain la paix et le repos.
Mais si la bénédiction du Seigneur seule peut nous garder ou nous donner le succès, ceux qui craignent l’Éternel peuvent compter sur elle. Cela n’exclut pas la persécution, ni la discipline et l’exercice de la foi ; mais lorsque nous marchons dans la crainte de Dieu, même dans ces épreuves, nous sommes dans le chemin de la paix. «Qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de celui qui est bon ?» (1 Pierre 3:13). Cela ne signifie pas que nous aurons une prospérité qui consiste à satisfaire nos convoitises, mais la jouissance paisible ici-bas de la faveur divine. Mais il y a une joie au-dessus de toutes les autres, — et ce Psaume en parle comme étant alors le fruit de la piété, — c’est de voir le peuple de Dieu et son habitation dans la prospérité et dans la paix, bénis de Dieu d’une manière manifeste. C’est, pour ce monde, le désir le plus élevé, le plus constant du cœur. La bénédiction découlera sur nous de l’habitation de Dieu, qui est le lieu de la foi sur la terre, avant que le temple final de gloire soit bâti et que nous voyions la bénédiction reposer sur lui.
Les détails naturellement en sont juifs ; ils présentent des bénédictions extérieures, la promesse d’une bénédiction finale qui remplacera la tribulation ; et la foi s’appuie sur cette promesse aux jours mauvais et dans le temps de la détresse. Heureux d’en recevoir quelque anticipation maintenant dans l’Église de Dieu (car ce détail de la demeure de Dieu s’applique maintenant à l’Église), nous savons que la paix sera parfaite lorsque Dieu aura accompli ses conseils. Nous regardons d’avance à cette paix, et nous sommes certains de l’atteindre, car il veut la bénédiction de l’Église. Sion est le lieu de la foi ; ce n’est pas le temple de Morija, mais c’est là où David a placé l’arche lorsqu’il l’eut ramenée. Le Seigneur est reconnu là. Ainsi en est-il de nous ; nous avons déjà la bénédiction au lieu où la grâce se déploie en puissance ; nous aurons un repos parfait.
L’âme regarde en arrière et découvre les voies fidèles de Dieu tout le long de la route — précieuse pensée ! Combien il est doux de se retourner, pour voir, pendant que nous étions obligés de marcher par la foi et lorsqu’il nous semblait qu’Il ne regardait pas, qu’au contraire l’œil du Seigneur veillait sans cesse sur nous et ordonnait toutes choses ! C’est l’intégrité qui nous rend capables de faire cela. Il est vrai que celui qui pouvait dire : «Les jours des années de mon pèlerinage ont été courts et mauvais» (Gen. 47:9), put aussi dire : «L’ange qui m’a délivré de tout mal» (48:16). Et il est précieux de voir sa fidélité, même lorsque nous avons manqué, lorsque notre injustice recommande la justice de Dieu. Cependant c’est encore autre chose, quand, dans le sentier de Dieu, à travers des difficultés et des épreuves (peut-être aussi des doutes et des craintes quant à la réussite de notre service et de nos efforts pour faire valoir ce qui nous a été confié), nous pouvons reconnaître partout la bonne main de Dieu. Ici le chagrin et l’épreuve sont considérés comme étant l’hostilité des ennemis de Dieu contre son peuple, mais leur inimitié est déjouée. Dieu, même en châtiant, s’est montré fidèle, et maintenant il manifeste sa justice, sa fidélité à ses propres voies et à ses promesses. Il répond à l’attente et à la confiance qu’il a Lui-même produites. Il a coupé les cordes des méchants. Nous aussi, nous pouvons nous y attendre. Il châtie, si cela est nécessaire, quoiqu’il n’afflige pas volontiers ; mais il répondra à l’attente de la foi ; il veut délivrer, il veut bénir, et l’attente des orgueilleux sera comme l’herbe des toits.
Le Psaume précédent considère l’affliction et les souffrances de ceux qui sont au Seigneur, et le plaisir des méchants à les opprimer ; ce Psaume-ci parle du châtiment et du mal, auxquels j’ai fait allusion en commentant le Psaume 129. Ce qui caractérise ici les souffrances de l’âme, ce n’est pas l’oppression du méchant, mais la conscience du péché devant Dieu. L’oppression est injuste, elle est le plaisir du méchant ; mais, bien qu’après avoir été restaurés nous puissions reconnaître cela, cependant notre relèvement vient de Dieu quand nous regardons à sa miséricorde. Malgré ce que nous avons mérité, et tout en le reconnaissant, nous attendons sa délivrance avec des cœurs qui ont le sentiment de leur péché. Car ici ce n’est pas le pardon dans le sens de justification, quoiqu’il s’y rattache, mais en gouvernement. Il est question d’un Dieu qui prend garde à l’iniquité, et il ne s’agit pas de l’oppression, quoique cette dernière soit la verge extérieure de la main de Dieu qui amène l’âme à reconnaître son péché. Mais elle invoque le Seigneur. Ce n’est pas à l’oppresseur qu’elle s’adresse pour obtenir du relâche ; car ce serait le caractère de l’apostasie, d’accepter la puissance du mal, de faire un compromis avec elle. L’âme est dans les lieux profonds, mais intègre ; elle en attribue la cause à son péché ; elle crie au Seigneur par la foi, comme à Celui qui pardonne ; elle s’attend à ce que le Seigneur intervienne lorsqu’il Lui plaira, en sorte que sa délivrance aussi bien que sa faveur soient justes, et elle se confie en sa Parole. «Israël, attends-toi à l’Éternel» (v. 7), telle est sa conclusion, et cela glorifie son caractère comme étant au-dessus du mal, et le glorifie Lui-même comme étant bon ; et tant que la délivrance n’a pas ce caractère on ne la recherche pas. «Auprès de l’Éternel est la bonté, et il y a rédemption en abondance auprès de lui» : miséricorde pour l’âme qui a péché, et rédemption en abondance. Ainsi la vérité est dans l’homme intérieur, le véritable caractère de Dieu est connu, ainsi que sa puissance active en complète délivrance. Combien cela ne vaut-il pas mieux que de faire un compromis avec le mal !
Ce Psaume nous donne un autre caractère de l’âme restaurée ; elle est en règle avec Dieu. Elle ne s’enfle point, elle ne raisonne pas. Elle marche humblement comme un enfant sevré et attend la délivrance : elle s’attend à l’Éternel. L’activité de l’esprit quant à ce qui devrait être, et pour arranger les choses qui sont en réalité dans la main de Dieu, ne peut aller de pair avec la vraie espérance en Lui, dans l’humilité de cœur. Or c’est là souvent une grande épreuve pour notre foi, lorsque nous sommes témoins de la puissance du mal.
Ce Psaume est important, car il nous montre la position qu’occupent tous ces Psaumes des degrés. Nous avons ici, en effet, la maison, comme dans les Ps. 122 et 127, dont le premier semble se rapporter au temple, sans que, selon moi, il soit encore accepté et construit par Dieu, comme le fait voir le Psaume 127. Le Résidu se réjouit à la pensée d’aller à la maison et à Jérusalem, et orne cette maison des pensées de la foi, mais le Seigneur ne l’a pas encore bâtie. Tous les chants des degrés sont l’expression des pensées et des sentiments des saints entre leur restauration extérieure, lorsque «la fleur devient un raisin vert qui mûrit» (Ésaïe 18), et l’entière restauration pour la jouissance des bénédictions du Seigneur, lorsque leurs ennemis auront été retranchés par le jugement. C’est la position du Résidu, telle qu’Ésaïe 18 la décrit : mais nous avons en outre Sion et David — l’intervention de la puissance en grâce, liant les cœurs du Résidu avec l’Éternel, comme une chose présente, et donnant le témoignage actuel que sa miséricorde demeure à toujours. Car David plaça l’arche sur le mont de Sion, et fit chanter ce cantique pour la première fois, lorsque l’arche eut été délivrée de la main des Philistins et rapportée de la maison d’Obed-Édom. Israël responsable avait failli, et Dieu avait livré à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi (Ps. 78:61). Enfin l’arche fut ramenée, et la grâce souveraine, pour l’amour de son Nom (premièrement par un prophète, et ensuite réellement par la puissance en grâce, par un roi), agit alors en faveur d’Israël et donna un nouveau lien, un nouveau fondement de relation, par la présence de l’arche sur le mont de Sion. Ce n’était pas le temple, le lieu de paix et de prospérités assurées, mais c’était une relation avec Dieu renouvelée pour la foi, David en étant le centre. Le fils de David, le vrai Salomon, devait donner plus tard la pleine bénédiction ; car, après tout, ce n’est pas David qui bâtit la maison. Ici donc le lieu du repos est dans le cœur et en espérance, et ce que nous avons, c’est la personne sur laquelle la bénédiction est fondée (comp. 2 Sam. 7 et 1 Chron. 17).
David nous est présenté comme la véritable racine des dispensations, comme caractérisant la bénédiction dans sa personne, mais la maison de Dieu est le sujet principal : des demeures pour le Puissant de Jacob. Il ne s’agit donc pas non plus des bénédictions du désert. Ce n’est pas : «Lève-toi, ô Éternel, et que tes ennemis soient dispersés», et : «Reviens, ô Éternel, aux dix mille milliers d’Israël» (Nomb. 10:35-36) ; mais c’est : «Lève-toi, Éternel ! pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force !» (v. 8). C’est Sion qui est le repos de Dieu à perpétuité. C’est elle qu’il a choisie ; là il fera germer la corne de David. La personne du fils de David, la grâce royale en Sion, voilà ce qui caractérise la bénédiction. Quelle que soit la maison qui est bâtie, c’est David et ses afflictions qui sont rappelés, non pas Salomon, le fils typique de David, et sa maison. En réalité la foi de Salomon fut, personnellement, en tout point inférieure. Il alla à Gabaon, non pas à Sion ; au tabernacle vide, et non pas à l’arche, si ce n’est plus tard. Le cœur de David était attaché à la maison, et il devait en être ainsi. Mais Dieu bâtit une maison à David, comme il le lui dit. C’est la grâce personnelle de Christ qui est le centre de tout, et la foi formait le véritable lien avec Dieu, alors que la bénédiction extérieure n’était pas encore introduite en paix.
Quelle bénédiction pour le résidu d’alors ; et c’est en principe notre cas maintenant, surtout dans ces derniers jours ! Ses demeures et son marchepied sont plus que son temple. C’est pourquoi, dans l’épître aux Hébreux, le tabernacle, non pas le temple, est pris comme figure et comme ombre (mais non comme véritable image) des bénédictions de la foi. Cependant nous désirons le repos de Dieu, c’est-à-dire qu’Il se repose, et ainsi nous adorons dans sa maison.
Étudions un peu les détails de ce qui nous est présenté. La réponse de Dieu va en toutes choses au-delà de notre désir. Il y a trois requêtes. La première est que l’Éternel entre dans son repos, et que ses sacrificateurs soient revêtus de justice. C’est ce qui convient pour eux ; c’est le désir du juste. «L’Éternel juste aime la justice ; sa face regarde l’homme droit» (Ps. 11:7). Combien souvent ils avaient été le contraire ! La seconde requête est que la faveur et la bénédiction de l’Éternel puissent être telles que les saints chantent de joie. La troisième est que, à cause de David, l’Éternel ne repousse pas la face de son Oint. Quant à David, il y a une promesse positive et une promesse conditionnelle. Puis voici la réponse : Sion sera son repos à perpétuité ; il l’a désirée et choisie ; ses sacrificateurs seront revêtus de salut, et ses saints exulteront en chantant de joie. La corne de David germera ; sa couronne fleurira sur lui, le vrai David, le Fils de David, le Bien-aimé !
Et maintenant remarquez les principes. Les afflictions de la foi sont le vrai chemin de la bénédiction. Un lieu de repos pour Dieu, voilà le désir de la nouvelle nature ; car le péché, le désordre seulement, a troublé ce repos ; et remarquez que c’est le repos qui a sa place dans ses relations avec ses créatures, car il se repose toujours en Lui-même ; mais il doit se reposer en sainteté et en amour, dans l’état des créatures avec lesquelles il a affaire, et qui sera alors selon ses intentions, selon son amour. Voilà ce que le cœur désire. C’est le repos de Dieu, et le cœur ne se reposera qu’alors. Mais ce repos a un caractère différent, selon la manière dont Dieu s’est révélé en Israël : c’est l’accomplissement de l’alliance promise et la gloire gouvernementale ; pour nous, c’est la maison de notre Père, le repos de Dieu selon sa propre nature, saints et irrépréhensibles devant lui en amour, et en gloire. Cela a lieu dans le Bien-aimé, le vrai David, l’Oint, le Christ ; assurant la bénédiction en Lui, avec Lui, et comme Lui, et lui donnant son vrai caractère.
Remarquez, toutefois, que la simplicité de la foi, sa propre énergie, ne s’appuyant point sur le passé qui est ruiné ou qui doit être oublié, mais sur ce qui est devant nous comme objet de la foi, sur notre entière dépendance, sur la conduite divine, — cette simplicité de foi, opérée par Dieu lui-même, nous conduit dans le lieu que Dieu a choisi et désiré. David conduisit l’arche en Sion, mais Dieu avait choisi Sion, l’avait désirée pour être son habitation. En nous, cela est identifié avec la nouvelle création, étant faits participants de la nature divine. C’est en elle que la foi vit, agit et juge ; elle est dans le croyant une nature nouvelle, vivant de Christ comme de son objet et de sa nourriture, et elle apprend à connaître en Lui le lieu du repos de Dieu. Car David et Sion sont réellement identifiés, chacun à sa manière, l’un avec l’autre. Ainsi donc notre nouvelle nature, le désir de Dieu, l’élection de Dieu, le repos de Dieu et Christ Lui-même, tous coïncident.
Mais le lieu de la gloire de Christ, qui est le repos de Dieu, où il demeure, Dieu le reconnaît comme Lui appartenant pour toujours : «C’est ici mon repos à perpétuité», et la foi regarde toutes choses comme liées à ce repos : les sacrificateurs de Dieu, les saints de Dieu, — «tes sacrificateurs, tes saints». Mais Dieu, de son côté, prenant Christ pour lieu de repos de sa gloire, et contemplant Sion, le lieu de sa demeure, de son repos, de son habitation (pour nous c’est l’Église qui est son habitation, son tabernacle, la nouvelle Jérusalem, la sainte cité), Dieu, dis-je, s’étant ainsi associé avec elle (comp. Éphés. 3:21 ; Apoc. 21:3), regarde les sacrificateurs et les saints comme les sacrificateurs et les saints de Sion, montrant ainsi tout spécialement ses délices en elle, son identification avec elle. Ses sacrificateurs et ses saints sont aussi en Sion ; ils appartiennent à Sion. Alors c’est Lui qui établira la gloire de la corne de David, la gloire de la puissance de son Bien-aimé et son règne. Or le sujet du Psaume (David en étant le fondement, sa gloire éternelle le résultat) c’est Sion — pour nous l’Église, la Jérusalem céleste. C’est là son repos, sa demeure éternelle, son désir, le lieu qu’il a choisi. Et s’il glorifie pleinement son Oint, ainsi qu’il veut et doit le faire, c’est là qu’il le fera. Quoique son Nom fleurisse en Lui-même (car sa personne doit être le fondement et le centre de la gloire), cependant ce Nom demeurera dans la cité de la grâce et de la gloire. Les sacrificateurs, les saints de Sion, auront le salut et une abondance de joie. On ne pourrait dire de Sion : son David et son Christ, — ce serait hors de place ; mais la dignité de Christ est notre gloire personnelle ; cette dignité demeure là, dans le lieu auquel elle est associée ; et tout le reste peut être considéré comme appartenant à ce lieu. La gloire est à Lui, le lieu de cette gloire est la cité choisie de Dieu — pour nous c’est l’Église, la Jérusalem céleste.
Ici encore nous trouvons la bénédiction et l’unité, mais d’après l’analogie d’Aaron ; le bord de ses vêtements a part à l’onction de la tête, et un seul Esprit produit l’unité, selon laquelle (Éphés. 4:3) les saints doivent demeurer ensemble. La bénédiction aussi se trouve là. La rosée abondante de Hermon, c’est-à-dire abondante comme sur la montagne de Hermon, descend sur la montagne de Sion. Cette communion est riche en bénédictions d’en haut, comme le rafraîchissement désiré d’une rosée abondante tombe sur les collines éternelles ; car l’Éternel a commandé la bénédiction en Sion. L’onction du Seigneur, le Saint Esprit, et le rafraîchissement abondant des bénédictions célestes, accompagneront l’unité d’Israël en Sion. Combien cela a été plus profondément réalisé pour l’Église, lorsque l’onction du Saint Esprit et sa pleine administration de grâce, par la Parole qui révélait les choses célestes, ont enrichi et rendu précieuse l’unité en Christ, que cet Esprit avait formée ! Hélas ! où est-elle maintenant ? Cependant elle reste notre privilège.
Ces Psaumes des degrés se terminent par un appel à bénir l’Éternel. C’est dans le lieu saint que les saints doivent adorer. D’autre part, la bénédiction est prononcée de Sion sur celui qui a traversé l’affliction et l’a supportée. Ce sont les bénédictions de Melchisédec, seulement elles sont dans le lieu saint de l’Éternel, et sortent de Sion où sa grâce a établi la puissance pour bénir. Ce Psaume est l’expression complète, et comme le couronnement de ceux qui précèdent ; on y trouve ces deux points : les fidèles capables de bénir l’Éternel dans son propre sanctuaire, et l’homme pieux béni de Sion, désolée depuis si longtemps, mais où l’Éternel demeure désormais. La cité sur laquelle Jésus a pu pleurer, dont les serviteurs de l’Éternel n’ont pas oublié la poussière, est maintenant le siège du sanctuaire de l’Éternel, et, qui plus est, le siège de sa présence. Pour nous, cela ne sera accompli en plénitude que lorsque nous serons dans la maison du Père. Mais alors, quoique la louange sans doute retentisse sans cesse, nous n’aurons pas besoin de faire appel à d’autres pour adorer. Nous sommes rois et sacrificateurs, et, comme tels, en effet, nous bénissons maintenant en Esprit ; bien plus encore, comme de chers enfants, saints et bien-aimés. C’est dans le lieu très saint, où le sacrificateur juif ne pouvait pas entrer pour adorer, même en figure, que nous sommes en réalité, et que nous bénissons Celui dans la présence et la lumière duquel nous nous trouvons. Nous ne pourrons donc pas dire «durant les nuits», car «il n’y aura plus de nuit» ; mais, ici-bas, nous louons maintenant en Esprit disant : «La nuit est fort avancée». Et, quant à nos âmes, «les ténèbres s’en vont, et la vraie lumière luit déjà».
Mais c’est dans les lieux saints que nous bénissons, dans la propre présence de Dieu, et par conséquent dans le ciel. Nous pouvons bien dire qu’il nous a fait entrer en un lieu spacieux (Ps. 66:12). Et, tandis qu’alors sur la terre ce sera l’Éternel, le Créateur, qui bénira du lieu choisi de la grâce en puissance, pour nous, maintenant, c’est Celui qui donne la vie éternelle et dans la connaissance duquel nous la possédons, qui nous bénit, comme introduits, en possession de cette vie, dans le lieu même où elle est connue sans nuages, et où ce qu’Il est comme puissance et source de cette vie est pleinement manifesté. Connaître le Père et Jésus Christ qu’Il a envoyé, c’est la vie éternelle. Le Père a la vie en Lui-même et, dans le Fils, l’homme ici-bas possède la vie. Il était la vie avec le Père avant que le monde fût. Nous l’avons en Lui, et là-haut, en accord avec cette vie, avec ce dont elle jouit, nous posséderons en Dieu la plénitude de ce qui fait nos délices, comme un être saint jouit de la sainteté, comme un être aimant jouit de l’amour. Il est pour nous le Dieu de l’amour rédempteur, le Père et le Fils, non pas simplement le Créateur du ciel et de la terre. Telle est notre place. Nous en jouissons maintenant par l’Esprit Saint, mais seulement dans des vases de terre. Toutefois nous sommes appelés à être «saints et irrépréhensibles devant lui en amour», enfants du Père, et notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. L’accomplissement des promesses en grâce est une grande chose, la jouissance de la communion est une chose plus grande encore. Les Psaumes des degrés sont la marche d’Israël en avant dans le pays, hors de l’affliction, et par l’affliction, jusqu’à la pleine bénédiction en Sion qui en est le couronnement et le résultat, l’Éternel habitant là.
Ce Psaume nous décrit moins la louange des sacrificateurs que la louange plus générale d’Israël ; c’est pourquoi aussi il nous parle de la place occupée par le peuple devant Dieu. Ils sont dans les parvis de Dieu comme son peuple, le louant, car il est bon, et c’est une chose agréable. Nous le louons comme sacrificateurs dans le sanctuaire. Mais nous le louons aussi sur la terre dans le sentiment de sa bonté, et cette louange est agréable. Son Nom nous est connu, c’est-à-dire la révélation qu’il a donnée de Lui-même, de manière à se faire connaître à nous. Mais il y a plus : nous chantons, comme nous faisons tout le reste, en qualité d’élus de Dieu, saints et bien-aimés — immense privilège ! Non seulement Dieu est bon, — il l’est dans sa nature — mais nous sommes les objets spéciaux de sa faveur et de ses délices, et, lorsque nous connaissons cette vérité, elle est pour nous une source immense de jouissance. Comme peuple de Dieu, nous le savons, et pour nous-mêmes comme faisant partie de ce peuple ; mais, quand nous nous en faisons l’application personnelle, nous trouvons des délices divines à savoir que nous sommes le trésor particulier de Dieu, les objets personnels de son bon plaisir, et cela, non en vertu d’une élection nationale, mais selon sa propre nature. Il est clair que cette relation est pour nous l’effet de la pure grâce de Dieu ; et c’est ce qui lui donne son prix. On reconnaît ce fait comme vrai et on s’y repose ; c’est une doctrine de l’Écriture ; c’est «la foi» (Jude 3) ; mais c’est une immense bénédiction de la réaliser dans nos relations avec Dieu. Mais nous savons, en outre, qu’Il est grand, et, quoique nous le connaissions comme Père, nous le connaissons et réalisons sa présence comme étant excessivement grand, et nos cœurs y trouvent leurs délices. Notre Seigneur est au-dessus de tout. Ceci est plus général pour nous que pour Israël qui pouvait parler d’autres dieux, mais la suprématie de Dieu et le fait qu’il est seul Dieu restent vrais pour le cœur. Il est souverain dans ses actions partout, et c’est une consolation pour nous pendant que nous traversons en faiblesse un monde de méchanceté. Il dispose de toutes choses ; il a frappé la puissance du mal et fait sortir son peuple ; il l’a amené dans un héritage céleste d’où les puissances des ténèbres ont été exclues. Ceci est vrai pour nous maintenant, comme dans Éphés. 4 et Col. 2, quoique nous ne possédions pas encore l’héritage. Nous comptons pleinement sur le résultat final, et nous l’anticipons, quoique ignorant le jour et l’heure.
Quant à Israël, cette vérité nous est présentée ici dans un passage remarquable. Au v. 13, la mention de son nom, de son mémorial qui est de génération en génération nous reporte à la promesse primitive en Exode 3:15, par laquelle Dieu se manifesta à Moïse comme Celui qui recevait Israël en grâce pour toujours. Ensuite (v. 14), nous avons la même déclaration prophétique qu’en Deut. 32:36, de ce qu’Il ferait lorsqu’Israël serait complètement tombé : il jugerait son peuple et se repentirait en faveur de ses serviteurs. Les idoles ne sont rien. C’est dans le lieu du repos royal que la louange se fait entendre, dans Jérusalem où l’Éternel demeure. Ainsi en est-il de nous. L’Église (et même le saint individuellement), sait qu’elle est l’habitation céleste de Dieu, l’Épouse, et maintenant que nous demeurons en lui et lui en nous, comme nous le savons par l’Esprit, et collectivement aussi, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit. Mais cette habitation est une chose nouvelle, céleste ; elle porte le caractère de ce qui est céleste, de ce qui demeure éternellement.
Ce Psaume célèbre un principe important en rapport avec Sion, lieu de la grâce souveraine en puissance : c’est que notre partage — la louange et les actions de grâces — dépend du fait que sa bonté demeure à toujours. Icabod avait été écrit sur Israël. L’arche, où le sang devait être placé au jour des propitiations, afin qu’Israël pût se tenir devant Dieu, cette arche fut prise et même perdue quant à ce qui concernait Israël. Mais la bonté de Dieu demeure à toujours, et David, aussitôt qu’il a placé l’arche en Sion, y établit aussi ce cantique, célébrant l’Éternel, seul Dieu, le Créateur, Celui qui fait des merveilles en faveur de son peuple. Pour nous aussi sa bonté demeure à toujours. Christ et l’amour du Père gardent notre bénédiction de toutes manières et nous conservent pour elle. Mais tandis que la gloire nous attend et qu’il nous affermira jusqu’à la fin, nous possédons ce en quoi il nous affermit, c’est-à-dire la vie éternelle en qualité d’enfants de Dieu. Nous avons la vie et nous le savons ; nous ne possédons rien encore de l’héritage, mais nous en sommes assurés et nous sommes gardés en vue de l’héritage. Dans ce désert, nous avons occasion de répéter sans cesse : «Sa bonté demeure à toujours». Mais ce n’est qu’en chemin que nous pouvons le dire, parce que nous possédons la vie éternelle. Seulement, lorsqu’une âme, s’étant éloignée de Lui, a été restaurée, elle peut dire en se l’appliquant spécialement : «Sa bonté demeure à toujours».
Il y a une double application de ce Psaume à nos âmes. Rien ne peut nous faire oublier la Jérusalem céleste, la cité dont Dieu et l’Agneau sont le temple, la cité où ils demeurent. Toute la gloire du monde n’est rien, comparée avec cette demeure céleste. Mais l’Église sur la terre, qui plus tard sera cette demeure en gloire, occupe nos cœurs. Nous la voyons désolée, ses murs renversés, ses enfants dispersés ou menés en captivité ; malgré cela le cœur du fidèle y reste attaché. La gloire extérieure et mondaine de Babylone ne peut détruire l’attachement et l’amour du cœur pour l’Église, telle que Dieu l’a fondée sur la terre. Le chrétien anticipe même avec joie le jugement de ceux qui l’ont corrompue, mais il ne peut avoir ce sentiment-là envers les individus pris isolément, — ce serait de la vengeance, — il n’est permis que quand il s’agit de la puissance du mal, considérée dans son ensemble.
La durée éternelle de la bonté de Dieu apporte au cœur la précieuse intelligence de plusieurs autres vérités qui lui révèlent le caractère de Dieu, et lui rendent chère et certaine la Parole qui révèle ce caractère, en sorte que le fidèle est rempli de louanges. C’est un élément de toute importance ; il ne s’agit pas ici d’actions de grâces à cause d’une bénédiction, ni même de reconnaissance pour ce qu’on désire, alors que le principal courant du cœur est autre part qu’auprès de Dieu ; mais il s’agit d’avoir appris à connaître Dieu d’une telle manière que le cœur en est rempli de louanges ; et ceci a toujours lieu dans des circonstances, dans lesquelles le cœur entier le désire. Il en sera de même pour Israël au dernier jour. Cela s’apprend graduellement par le dépouillement du moi, ou en des temps de profonde affliction, lorsque le secours nous manque et qu’ainsi la propre volonté est brisée intérieurement. Il en résulte que l’âme, connaissant Dieu de cette manière, le bénit en face de toute la puissance prétentieuse de ce monde, puissance qui semblait enrichir et rendre heureux ceux qui s’appuyaient sur elle. Nous le louons de tout notre cœur, nous le louons devant les dieux (v. 1). Tout ce qui est au-dedans et tout ce qui est hors de nous, a cédé la place à Dieu, connu et révélé dans sa Parole.
La bonté et la vérité sont les grands traits par lesquels il est connu, exactement comme la grâce (mot plus étendu) et la vérité sont venues par Jésus Christ qui est la Parole vivante. C’est en Lui qu’elles sont venues et c’est en Lui que nous connaissons leur plénitude et leur perfection. Dans notre Psaume, la bonté et la vérité sont connues par l’expérience ; c’est l’amour dans la création et dans les circonstances, non pas la grâce infinie et parfaite en elle-même. Ici Dieu avait accompli sa Parole. Sa fidélité s’était magnifiée elle-même et avait montré au croyant combien il avait raison de se confier en Dieu, lorsque tout semblait contraire. Mais cela impliquait aussi sa bonté qui prend soin de nous et sa persévérance à nous aimer, malgré nos manquements. Sa Parole nous enseignait à nous confier en Lui, elle était dans sa nature un appel à cette confiance ; elle nous révélait dans ce but sa bonté envers les pécheurs, mais elle nous exhortait aussi à nous attendre à Lui, à nous confier en Lui, quoiqu’elle nous eût mis dans une position d’humiliation, éloignés en apparence de tout ce que nous désirions, et laissés en butte à la puissance du mal pour éprouver notre foi. Il en fut ainsi de Christ et de ceux qui le suivaient.
Mais voici un autre point. Le fidèle, guidé par cette Parole, et dirigé par elle dans ses pensées, cria, fut exaucé, et, avant que la réponse publique lui fût accordée en puissance, Dieu le fortifia en puissance dans son âme. Combien cela est vrai du chrétien, de Christ Lui-même ! Et nous avons ainsi l’assurance que tous, un jour, devront reconnaître cette puissance en laquelle nous nous sommes confiés au temps de l’obscurité. Nous avons eu la pensée de Dieu en suivant Jésus ; nous avons accompli la volonté de Dieu par sa puissance, avant que cette même puissance intervînt pour délivrer et pour exécuter publiquement cette volonté. Alors tout genou, forcément, se ploiera devant Celui devant lequel les nôtres se sont ployés joyeusement. Ceux qui reconnaîtront franchement sa puissance dans ce jour-là (car ce sont ceux dont il s’agit ici) loueront et béniront le nom du Seigneur.
C’est ainsi que la Parole révèle Dieu comme l’objet de la confiance du cœur ; ensuite Dieu dans sa fidélité vient effectuer tout ce qu’Il avait conduit le cœur à attendre de Lui. La Parole fait les deux choses : elle révèle Dieu, et elle place devant l’espérance ce en quoi la Parole sera accomplie. Ceci fait ressortir un autre caractère de la bonté de Dieu. Le Seigneur, quelque haut élevé qu’il soit, voit ceux qui sont en bas état. Il est trop élevé pour que l’exaltation de l’homme fasse aucune différence pour Lui ; car à qui regarde des cieux, tout paraît plat sur la terre. Mais ici-bas, il y a des choses élevées et des choses basses ; or Dieu pense à ceux qui sont en bas état. La détresse atteint le fidèle lui-même ; mais la bonté et la promesse donnent la délivrance selon la Parole. Il y a plus encore. Dieu achèvera ce qui nous concerne ; il accomplira en bénédiction en nous et pour nous — cela selon notre relation avec Lui et dans la communion avec Lui-même — ce qu’il s’est proposé de faire et ce qu’il a révélé dans sa Parole. Par dessus tout à travers toutes les difficultés et au-delà de toute limite «sa bonté demeure à toujours».
Or cela ne peut avoir lieu sans que tout ce que nous sommes soit sondé à fond et c’est une grande grâce quand il y a confiance en Lui ; car Celui qui seul peut le faire, et qui le fait selon sa propre perfection, nous sonde pour nous purifier de tout ce qui est incompatible avec Lui-même, avec ses pensées, et par conséquent avec notre bonheur, qu’on ne trouve qu’en communion avec Lui.
Je ne crois pas que ce Psaume aille au-delà de la création, de l’œuvre de Dieu qu’Il connaît parfaitement, quoiqu’il puisse s’y trouver une allusion bien connue à l’Église. C’est la conscience amenée à apprendre que Dieu sait parfaitement tout ce qui est en nous. Toute chose est découverte à ses yeux ; actuellement il voit tout — mais, plus encore, il sonde tout. Même offensé par nous, il est avec nous dans toutes nos voies, et cela produit du malaise. Adam innocent ne pouvait en avoir l’idée. Il n’y avait point en lui d’acte de réflexion pour juger sa conduite et, par conséquent, aucune idée de ce que Dieu avait à considérer. Il pouvait jouir et bénir. Mais là où il y a une connaissance du bien et du mal, un acte de réflexion sur ce qui se passe dans nos cœurs, l’œil de Dieu qui en atteint tous les replis, qui connaît tout, nous inquiète, met mal à l’aise la conscience troublée. Dieu est partout, et aussi dans chaque recoin de mon cœur ; les ténèbres et la lumière n’y changent rien. Ce fait nous inquiète même maintenant dans notre état naturel ; car la crainte, la crainte morale est entrée, et fait désormais partie de notre nature. Cependant, lorsque Dieu est connu, il y a confiance, et ici l’intégrité du cœur donne confiance. Dans ce Psaume, nous ne trouvons pas la confiance paisible d’une rédemption connue, ou d’une vie dans une nature dont Christ est Lui-même la plénitude ; mais nous trouvons l’état du cœur qui donne confiance, parce que cet état est l’intégrité de la nouvelle nature. Or cette connaissance de Dieu qui sonde la conscience, est considérée ici comme résultat de la puissance créatrice.
Nous sommes l’ouvrage de ses mains. Ici nous voyons l’homme comme tel, et la terre de laquelle il a été façonné au commencement est, pour ainsi dire, le ventre qui l’a enfanté. Dieu nous a formés ; que ce soit dans le ventre de la poussière ou de notre mère il nous a tirés d’un lieu où, avant notre existence, nous n’étions rien. Ce même Dieu a toujours pensé à nous tout le long de la route, et la confiance a été acquise, une confiance qui atteint jusqu’à la connaissance et à la puissance créatrices de Dieu. S’il voit dans les ténèbres, il nous garde dans les ténèbres. Lorsque nous nous réveillons, et il en sera de même en la résurrection, nous sommes avec Lui. Il connaît nos pensées, mais il pense à nous lorsque nous ne le savons pas. Ainsi, si Dieu connaît toutes nos pensées longtemps avant que les siennes nous deviennent précieuses, l’abolition du mal est pour nous une attente certaine, comme aussi l’annonce du jugement sur les ennemis du Seigneur que nous haïssons pour cette cause.
Les chrétiens ne désirent pas la ruine des méchants comme âmes, ni Dieu non plus ; mais, en tant que méchants, ennemis du Seigneur, on désire qu’ils soient écartés par le jugement — on les abhorre comme ennemis du Seigneur et l’on se réjouit qu’ils soient retranchés pour ne plus corrompre et détruire la terre. Mais si le désir de leur jugement est selon la sainteté et la justice, non selon notre propre volonté, nous désirerons aussi que le mal en nous-mêmes soit complètement sondé et manifesté. C’est la haine du mal, lorsque nous sommes sous l’œil d’un Dieu dont le regard pénètre toutes choses.
Mais il est excessivement beau de voir cette intégrité du cœur amené dans la pleine lumière de la présence de Dieu, devant laquelle on tremblait autrefois parce qu’elle sondait toutes choses. Maintenant ce même cœur désire être sondé et connu de Dieu, pour être débarrassé du mal qu’il hait. Remarquez encore que la simple intégrité sans Dieu ne suffit pas pour découvrir le mal. L’homme naturel, honnête, peut se servir de sa conscience, mais comme l’œil naturel a besoin de la lumière pour sonder les objets, nous avons besoin de la présence de Celui qui est lumière. Celui qui avait gardé les commandements depuis sa jeunesse pour sa propre conscience, se retira devant ce qui sondait son cœur et ses motifs. Ainsi, même si nous désirons connaître le mal de nos cœurs, nous introduisons Dieu dans cette œuvre, et nous le cherchons afin qu’il travaille à cet effet ; sinon, il n’y a pas d’intégrité.
Ce Psaume enseigne, au milieu de la malice incessante et des ruses du méchant, à s’appuyer entièrement sur le Seigneur. Le fidèle ne peut rivaliser avec le monde en ruse et en complots, mais il y en a un au-dessus de tous qui connaît la fin depuis le commencement, — nous devons regarder à Lui. Considérez le caractère du peuple de Dieu en présence de cette méchanceté ; ils sont les affligés, les pauvres, les justes, les hommes droits, et ils peuvent compter sur le Seigneur contre celui qui fait le mal et contre le méchant. L’Éternel est reconnu comme leur Dieu. Ainsi nous reconnaissons Dieu pleinement comme nôtre, dans la révélation du Père et de Jésus notre Seigneur. Il est reconnu comme tel en face du monde.
Ce Psaume désire la délivrance, mais plutôt encore la droiture du cœur au milieu de l’épreuve. Il désire d’être avec Dieu, près de lui, afin que Dieu s’approche de lui. Le cœur est avec Dieu — intègre vis-à-vis de Lui. Son premier désir n’est pas : «délivre, mais prête l’oreille à ma voix» ; afin que sa requête soit comme l’encens, l’élévation de ses mains comme l’offrande du soir. De plus il désire, et combien cela est nécessaire, que dans la calamité Dieu veuille mettre une garde à sa bouche et veiller sur la porte de ses lèvres. En principe, nous pouvons être vrais et tenir fermement le parti du Seigneur ; mais combien un seul mot impatient ou prétentieux, un mot de reproche, peut ternir le témoignage, donner prise à l’ennemi et, dans cette mesure, mettre l’âme mal avec Dieu.
Aucun point n’est plus important que celui-ci pour le fidèle. Celui qui peut tenir sa langue en bride est un homme parfait. Il prend garde de n’être en aucune façon entraîné dans les sentiers ou dans la société des méchants. Ce dont il a besoin, c’est d’être gardé dans l’intégrité. S’il est nécessaire que le juste soit battu, il s’en réjouira comme d’une huile d’onction excellente, et il honorera, comme un ami, le juste qui en agit ainsi envers lui. La grâce accompagne cela. Si les calamités tombent sur ceux qui sont extérieurement le peuple de Dieu (car c’est de ceux-là qu’il est parlé dans ce Psaume), sur ceux qui ont été les ennemis de celui qui essayait de marcher pieusement et de se garder du mal, le cœur du juste pleurera sur eux ; il ne se réjouit ni ne triomphe sur eux ; sa requête monte à Dieu pour eux. Il attend le renversement de ceux qui avaient pouvoir sur le peuple ; il les voit battus par l’ennemi en sorte que leur orgueil soit abaissé pour tout de bon, et qu’ils écoutent les paroles du juste ; et lui, il connaît la douceur de ces paroles, quelles que soient les peines qu’il traverse. La détresse était profonde, le mal dominait, mais son regard était fixé sur Dieu.
Nous trouvons encore ici que l’objet des désirs du fidèle c’est la proximité de son âme avec Dieu. «N’abandonne pas mon âme» (v. 8). C’est une marque certaine d’un cœur renouvelé. Ainsi, le brigand sur la croix ne songe pas même à ses souffrances, mais il demande à Christ de se souvenir de lui dans son royaume. C’est un tableau frappant d’intégrité de cœur, dans une âme qui, ayant été éloignée de Dieu, est moralement restaurée, bien qu’elle soif encore sous l’épreuve.
Ici le fidèle exprime une détresse extrême ; tout refuge lui manque — aucun homme ne s’inquiète de son âme. De sa voix, il crie à l’Éternel. Comme nous l’avons vu, c’est plus que de se confier en Lui. Dieu est connu selon la révélation de Lui-même ; et ainsi nous regardons au Seigneur et à l’amour d’un Père. Mais en criant de sa voix à Dieu, il y a confession de son Nom ; le fidèle reconnaît pleinement sa dépendance et se confie dans le Seigneur. Au lieu d’être inquiet, son cœur peut s’ouvrir devant le Seigneur et lui présenter ses requêtes. C’est un signe certain de confiance lorsque nous lui communiquons nos peines — c’est une grande chose que de les laisser à Dieu. Mais ici nous trouvons une autre consolation ; le fidèle est dans le chemin de Dieu, et de là découle un sentiment d’une immense importance dans les temps d’épreuve, c’est que Dieu sait, reconnaît, et observe de son regard pour l’approuver, le chemin de l’homme fidèle. C’est une source de force et de consolation. Cela suppose de la foi ; il nous suffit de réaliser que notre chemin plaît à Dieu. L’esprit peut être accablé sous le poids de l’inimitié et de l’abandon, mais l’âme est en paix, se reposant sur l’approbation de Dieu.
Je ne mentionne pas ici le désir du jugement, nous en avons déjà souvent parlé comme ayant trait à la dispensation judaïque. Dans ce Psaume, nous voyons une âme fléchissant sous l’angoisse, mais cependant, en principe, une âme en règle avec Dieu ; une âme châtiée pour le péché, quoique entourée d’hostilité, mais amenée à être intègre devant Dieu. Elle désire le pardon, afin de ne pas être sous le jugement de la part de Dieu et afin que Dieu soit son libérateur ; le fidèle désire cela comme appartenant de cœur à Dieu et étant son serviteur. Le cœur est brisé par l’affliction, mais se confie en Dieu et cherche Son chemin. Il transporte, pour ainsi dire, ses maux de la part de Dieu sur les adversaires, s’associant avec Dieu et demandant qu’il le reconnaisse et défende sa cause contre la puissance du mal dont Il s’était servi comme d’une verge. Nous faisons nous-mêmes cette expérience, lorsque nous avons souffert de la malignité de nos ennemis, mais par notre propre faute. Lorsque le cœur est vrai avec Dieu et qu’il s’est complètement soumis, qu’il est restauré, acceptant le châtiment de son iniquité au lieu de s’excuser, il peut alors demander à Dieu d’intervenir en sa faveur contre la méchanceté, mais ceci n’arrive que lorsqu’il a mis la gloire de Dieu au-dessus du moi. L’âme alors s’attache à la jouissance de la bonté de Dieu avec un esprit soumis et adouci, ses motifs (non pas seulement ses voies) sont purifiés, ce qui est le vrai but de la discipline, et elle trouve ainsi la puissance de la communion qui est en relation directe avec nos motifs et l’état de notre cœur.
Les liens du cœur avec Dieu sont fortifiés et, parce qu’il en est ainsi, nous cherchons sa volonté. «Ton bon Esprit», dit-il. Le cœur vit dans le sentiment de ce que l’Esprit opère en nous ; son influence sur le cœur est bonne. L’âme a trouvé où est le bien. L’accord est établi entre le cœur et les choses de l’Esprit, cet accord est senti et l’âme y trouve de vraies délices. Alors nous disons, comme au Psaume 147, que la louange est bonne ; elle est bienséante, agréable, on sent qu’elle est agréable ; agréable, parce qu’elle est juste. De plus, nous avons la conscience de la faveur divine qui repose sur nous. Mais en même temps l’âme désire en jouir là où tout sera en harmonie avec cette faveur ; là où son exercice et ses fruits seront naturels, car le fidèle est encore au milieu de la souillure des ennemis. Pour nous, cela n’aura lieu que dans le ciel. Par l’épreuve le cœur est sanctifié pour Dieu, par grâce, et confesse en intégrité qu’il ne peut pas soutenir le jugement et s’attend à la faveur et à la délivrance divines.
Je n’ai qu’une remarque à faire ici. Tous ces exercices nous font connaître ce qu’est l’homme et toute la portée du bien et du mal. Lorsque nous connaissons l’homme, que nous le voyons, que nous le jugeons, et qu’il est cependant délivré, nous avons alors une connaissance de toute la scène qui fait ressortir la patience de Dieu, sa bonté et ses voies, et rend toutes ces choses parfaites à nos yeux. «L’homme ressemble à la vanité» (v. 4), mais nous chantons un cantique nouveau ; heureux le peuple duquel il en est ainsi ! Nous avons naturellement une connaissance beaucoup plus profonde de toutes ces choses qui ont été établies par un seul acte à la croix, et nous nous tenons pour morts et vivants à Dieu par Celui qui est ressuscité. C’est une nouvelle création et nous sommes enfants du Père. Cependant chacun ne l’apprend pas comme Paul et, dans chaque cas particulier, il faut l’apprendre par expérience. Un esprit simple, saisi par Christ, et qui ne prend pas conseil de la chair ni du sang, l’apprend plus facilement, et marche dans la puissance de la nouvelle création, mais hélas ! combien de chrétiens aiment à être Juifs et vivent seulement pour mourir à la fin, n’apprenant la mort que de cette manière, au lieu de mourir d’abord pour vivre ensuite comme vivants à Dieu, et d’être trouvés en Christ selon la puissance de cette vie, soit qu’ils veillent, soit qu’ils dorment.
Ce cantique regarde en arrière et montre l’âme (car je ne parle pas ici de dispensation ; sous cet aspect c’est l’Esprit de Christ montrant ce qui se passe au millénium) racontant avec louanges et actions de grâces les œuvres et les voies de Dieu qu’elle considère dans le passé, et célébrant la grandeur de Dieu. Dans ces voies, le caractère de Dieu s’est entièrement manifesté, et l’âme a appris cette leçon bénie et connaît ce qu’il est (voir v. 8, 9, 14-20).
C’est une grande bénédiction. Tout ce que nous avons traversé nous exerce, brise notre volonté, nous fait connaître ce que nous sommes, et, par cette préparation de nos cœurs, nous apprenons ce que Dieu est. Israël avait appris à se connaître dans le désert, mais ici les fidèles apprennent à connaître Dieu, s’ils ont des cœurs pour comprendre : premièrement ce qu’Il est, et ensuite de quelle manière il se montre tel à d’autres. Ce n’est pas seulement sa grandeur : elle a été démontrée en faisant tout concourir à ses propres fins ; mais il est plein de grâce, de bonté, rempli d’amour pour les autres et plein de compassion. Il est lent à la colère, — peut-être le cœur s’en est-il plaint quelquefois quand nous étions dans l’épreuve, mais elle nous était nécessaire, — et grand en bonté. Oui, souvent nous sommes des Jonas, quoique nous ayons, ou que nous ayons eu besoin d’autant de compassion que Ninive.
Mais que n’aurions-nous pas perdu, sans parler de nous être perdus nous-mêmes, si notre Dieu n’avait pas été tout cela ? Tel est le Dieu auquel nous avons affaire, et lorsque nous sommes délivrés, nous nous réjouissons en Lui, tel qu’Il est. Par la foi, sans doute, nous nous réjouissons qu’Il soit tel, mais il faut que nos volontés soient brisées, que nos cœurs soient intègres dans leurs désirs, leurs pensées, dans tout leur état, pour qu’ils puissent se réjouir pleinement en Dieu, qui supporte si longtemps le mal que nous haïssons et les méchants qui contrecarrent notre désir de faire le bien, désir auquel se mêle peut-être notre volonté, quand elle revêt sa forme la plus subtile. «Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés» (Luc 9:55). «Car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde» (Jean 12:47). Il était la manifestation de Dieu en amour et en long support, et nous devons marcher dans l’amour comme Lui a marché, s’offrant Lui-même à Dieu, ne cherchant en rien sa propre volonté, s’en remettant à Celui qui juge justement.
Finalement, dans la paix, nous nous réjouirons de tout notre cœur en Dieu comme tel. C’est sa nature, son caractère, d’être bon envers tous, ses compassions étant sur toutes ses œuvres (comp. les épîtres de Pierre, l’apôtre du gouvernement de Dieu et de ses jugements, par exemple : 2 Pierre 3:9, l’épître qui applique le jugement au méchant. Il est aussi le fidèle Créateur, 1 Pierre 4:9. On voit dans ce passage, comme autre part, que les épîtres de Pierre traitent du gouvernement de Dieu comme les Psaumes, sauf qu’elles introduisent la Rédemption).
Premièrement donc, nous trouvons la compassion. Le Seigneur est occupé des besoins des hommes, de tous ceux qui tombent (c’est la faiblesse), de tous ceux qui sont courbés (c’est l’oppression). Puis, comme il dit en Jonas : «Et aussi beaucoup de bétail». C’est Lui qui prend soin de l’homme et de la bête. De plus, il y a un caractère moral et des relations dans lesquelles il a affaire avec l’homme. Il est juste en toutes ses voies, il tient compte de tout ce qui est dû à autrui et aussi à Lui-même. Il pense aux autres, car cela fait aussi partie de sa justice et il y a un dessein plein de grâce, sans aucun mal, dans ses œuvres. Son oreille est ouverte au cri de ceux qui le cherchent. Il accomplit le souhait de ceux qui le craignent. Il garde ceux qui l’aiment ; ainsi il s’intéresse à chaque besoin et tient compte de toutes nos voies. Nous voyons donc que les exercices de nos cœurs nous amènent à le connaître.
Les Psaumes suivants sont les alléluias d’un peuple délivré. On peut toutefois y trouver quelques principes des voies de Dieu en général, parce que Dieu dans la délivrance a montré à qui il pensait et comment il avait soin de nous.
Nous trouvons ici cette sagesse qui consiste à se confier dans le Seigneur qui endure tout, qui vit à toujours. Ne vous confiez pas en l’homme, dit le psalmiste ; son esprit sort, tous ses desseins périssent. Il n’en est pas ainsi de Dieu. Non seulement il a la puissance mais il est fidèle, il garde la vérité à toujours. De plus sa tendre miséricorde est à l’œuvre pour secourir les affligés. L’opprimé, celui qui a faim, les prisonniers, sont devant ses yeux, les objets de sa sollicitude et de sa puissance ; il ouvre les yeux des aveugles, relève ceux qui sont courbés. Tout cela est une consolation pour le cœur de ceux qui sont dans la souffrance, dans l’épreuve, qui sont opprimés. Mais, de plus, il aime les justes, en sorte que, quoi qu’il leur arrive, ils peuvent se confier en Lui. Il garde et affermit l’étranger dont le cœur peut souffrir loin de sa patrie, l’orphelin ou la veuve dont les soutiens naturels ont été enlevés. Le cœur du juste a une confiance assurée, le cœur de ceux qui sont courbés, de ceux qui sont privés de soutiens terrestres, a la main fidèle d’un Dieu qui a soin d’eux, parce qu’ils sont dans de telles circonstances. Voilà ce que Dieu est toujours.
Le grand principe de tous ces Psaumes, c’est que le seul vrai Dieu, le Créateur, Celui qui prend soin de toutes les créatures, est spécialement connu comme le Dieu de son peuple, est connu comme juste, plein de compassion et de bonté, par son peuple qu’il a délivré. Ses voies et son caractère se sont manifestés à ceux qui ont été délivrés ; mais il est le Dieu d’Israël, tandis que nous disons : Notre Père, ou : Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Tout ceci est largement développé dans ce Psaume ; nous y trouvons le motif pour se confier en Lui dans chaque épreuve, mais aussi pour le chercher et marcher dans la justice pratique, car il prend plaisir en ceux qui le craignent. Il est encore question d’une autre bénédiction qui appartient à son peuple, et à nous aussi, c’est-à-dire sa Parole. C’est la première des bénédictions. Il a donné sa Parole à son peuple, il n’en a pas fait de même pour les autres nations. Il y a ici une différence entre nous et Israël. En soi-même cela est vrai pour tous deux ; mais le Juif était renfermé dans son propre système. Le temple était un lieu de rassemblement pour toutes les nations, mais, même pour les Juifs, il n’y avait aucun accès jusqu’à Dieu, aucune connaissance de Lui par la révélation de Lui-même. La loi leur enseignait ce que l’homme devait être, les voies de Dieu leur enseignaient bien des leçons, s’ils voulaient les apprendre comme ils le font ici ; mais le chemin des lieux saints n’était pas manifesté, et le témoignage que Dieu est amour ne pouvait encore être publié. Ils étaient enseignés par ses voies sur la terre, mais ils ne le connaissaient pas dans le ciel ; ils ne le connaîtront pas même dans le millénium comme nous le connaissons, seulement sa grâce et sa rédemption leur seront plus claires alors ; tandis que nous le connaissons comme lumière et comme amour. Nous serons alors dans la maison du Père. C’est pourquoi, tandis que nous avons la Parole qui nous révèle Celui qui s’est sanctifié Lui-même, comme homme dans le ciel, à part du monde, nous avons aussi connu l’amour de Dieu se révélant dans la puissance de la vie éternelle. Nous connaissons le Père dans le Fils, et ainsi Dieu comme amour ; et, de plus, nous sommes en Lui et Lui en nous. Nous avons par conséquent un ministère de l’évangile, et chacun de nous est un témoin de l’amour divin et de la justice céleste.
Nous n’avons point de sacrificature ici-bas, sauf ce que nous sommes tous, mais nous entrons avec pleine liberté dans les lieux saints, notre grand Souverain Sacrificateur y étant pour toujours. La Parole est dans ce sens autre chose pour nous que pour les Juifs, quoiqu’elle soit toujours la parole de Dieu. Nous avons la Parole pour d’autres, parce qu’elle est la véritable connaissance de Dieu Lui-même en grâce, une Parole céleste.
Quelques autres éléments de sa bonté sont mentionnés dans ce Psaume, quoique le contenu général en soit le même. Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il bande leurs plaies. Il n’a pas seulement de tendres compassions en grâce, mais un remède, et de plus en plus il établit sûrement, il rend fortes les barres des portes de la cité de Dieu, et bénit ses fils au milieu d’elle. Ainsi nous avons dans ce Psaume un déploiement plus complet, plus riche de la grâce. Le principe général est le même : les voies de Dieu révélant ce qu’Il est dans sa bonté et son juste gouvernement, et la connaissance de Dieu par le moyen de ses statuts et de ses jugements ; mais non pas la révélation de Lui-même et l’introduction dans sa présence tel qu’il est, ni la connaissance de son caractère de Père. C’en est plutôt le contraste (voir Éphés. 1:3-5, où nous trouvons la position du chrétien, comme aux v. 19-23, notre relation avec Christ ; comparez encore chap. 5:25-30).
Une remarque suffira pour noter le caractère de ce Psaume. Toute la création est appelée à louer Dieu, mais avec le mot additionnel : «Il exaltera la corne de son peuple». C’est plus que la délivrance et la miséricorde. Il exaltera Israël dans la création comme le peuple de sa faveur sur la terre. Il est le sujet de louanges de ses saints, du peuple qui est près de Lui — pensée bénie ! mais bien plus encore pour nous qui serons près de Lui, sans voile, dans sa maison et en sa présence. Israël est près du Créateur comme son peuple sur la terre ; mais nous, avec Dieu notre Père dans le ciel, semblables au Seigneur Jésus, son Fils unique. Dans ce Psaume, comme dans le suivant, il n’est pas parlé de délivrance, parce qu’ils indiquent un progrès : d’abord la miséricorde et la délivrance, ainsi que la faveur divine sur le juste éprouvé au milieu de Sion, puis la corne de son peuple exaltée ; Israël, un peuple qui est près de Lui ; et maintenant viennent la joie et le triomphe.
Dieu prend plaisir en ses bien-aimés, et ils sont son arme contre ses ennemis ; les louanges du Dieu fort sont dans leurs bouches, dans leurs mains une épée à deux tranchants, pour exécuter le jugement qui est écrit. Nous voyons aussitôt que nous sommes sur le terrain juif du jugement dans ce monde. Il y a du bonheur, même pour le chrétien, à voir le mal aboli par la puissance : «Ô ciel ! Réjouis-toi sur elle, et vous les saints, et les apôtres, et les prophètes». Mais cela n’a lieu pour l’Église que lorsqu’elle est sur le terrain prophétique et non pas sur son propre terrain. C’est pourquoi aussi, le Père n’est pas mentionné dans l’Apocalypse plus que dans les Psaumes. Lorsqu’il est question de relation avec le Père, elle se manifeste en amour, et cette différence que nous avons notée si souvent, est aussi distincte, aussi simple que possible pour un cœur spirituel ; elle est de toute importance pour rendre les Psaumes intelligibles et pour placer le christianisme sur son terrain propre et véritable. Le chrétien n’est pas un Juif ; Dieu ne se révèle pas à lui sous le nom de l’Éternel, mais sous celui de Père, comme Christ l’établit d’une manière si frappante.
Ce Psaume donne la pleine louange à l’Éternel de deux manières : dans le sanctuaire et dans le firmament de sa force, car ses voies qui viennent du firmament de sa puissance ont toujours été d’accord avec le sanctuaire d’où il gouvernait Israël, et elles confirmaient la révélation qu’il avait faite de Lui-même dans le sanctuaire. Il en est de même pour nous : il fait concourir toutes choses ensemble au bien de ceux qui l’aiment, mais c’est en accord avec la place céleste à laquelle ils appartiennent et vers laquelle il les conduit. Christ est maintenant dans le firmament de sa puissance. Il est loué pour ses actes, loué pour sa grandeur qu’il a manifestée dans ses actes. L’Éternel est l’objet de la louange — l’Éternel le Dieu d’Israël, mais aussi l’Éternel le Créateur et le Conservateur de toutes choses — le juste Juge. Mais ici c’est l’Éternel, Dieu dans son sanctuaire. Nous aussi, après tout ce que nous avons reçu dans un sens plus élevé qu’Israël, nous nous glorifions dans les tribulations et finalement en Dieu Lui-même — non pas dans ce que nous avons reçu. On ne trouve pas ici, comme auparavant : «Louez notre Dieu», mais le Psaume s’élève plus haut : «Louez Dieu dans son saint lieu». Le sentiment profond de ce qu’est Dieu s’élève au-delà de la relation dans laquelle nous sommes, quoique ce soit aussi pour nous une relation avec Lui dans le sens le plus élevé. L’amour de notre Père, de Celui qui est notre Père et le Père de Christ, est doux, mais nous nous réjouissons en Dieu. Loué soit son Nom !