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LETTRE SUR LES
PARABOLES DE MATTHIEU 13
J. N. Darby
Table des matières :
2 3 premières paraboles du royaume (aspect extérieur)
Je pense, cher frère, qu’il se trouve des explications de Matthieu 13, déjà publiées ; mais puisque, parait-il, plusieurs frères ne les ont pas lues, je donnerai une courte explication de ce chapitre, en réponse à la demande de votre correspondant.
La fin du chapitre 12 avait terminé les relations de Christ avec les juifs, et même toute relation avec les hommes selon la chair ; sept esprits pires que celui qui était sorti de ce peuple, rentreraient avec lui dans la maison vide, balayée, ornée, et abandonnée, hélas ! à l’ennemi ; toutefois pas à jamais. Jésus ne reconnaissait plus les liens qui l’attachaient de par la chair. Ceux qui faisaient la volonté de son Père étaient ses frères, ses soeurs et sa mère. Tout était fini quant à son enseignement au peuple, comme étant, lui, «le prophète qui devait venir». Il quitte la maison et s’assied dans un bateau, sur la mer. Il ne pense plus à cueillir du fruit dans sa vigne. Il sème, il porte avec lui ce qui, étant reçu dans le coeur, portera du fruit ; mais il n’en cherche plus dans sa vigne comme il l’avait fait. Il en cherche encore moins dans le monde.
Maintenant venons aux paraboles du chapitre. Nous en trouvons sept. La première n’est pas une similitude du royaume. Il s’agit de l’effet produit dans l’individu par la Parole. Ensuite, il y a trois paraboles, similitudes du royaume, proclamées en présence de la multitude.
Enfin, quand Jésus est rentré dans la maison, il adresse à ses disciples seuls, une explication de la première parabole ; puis il en ajoute trois autres, déclarant à ce sujet qu’il parle en paraboles, parce qu’il n’était plus donné au peuple d’entendre annoncer le royaume comme étant encore pour eux ; ceci était donné à ceux-là seuls qui avaient reçu le témoignage de Jésus, et Jésus lui-même comme le Christ (v. 11).
La première parabole est bien la parole du royaume ; mais non pas une similitude du royaume. Il s’agit de la réception de cette parole dans le coeur ; non de l’établissement du royaume dans ce monde. Il y a quatre classes : L’auditeur insouciant ; ici, de même que les oiseaux ramassent les graines jetées le long du chemin, le diable ôte la parole semée dans les coeurs insouciants ; car la parole venant du coeur de Dieu, est adaptée au coeur de l’homme. Ensuite vient un coeur qui reçoit la Parole avec joie. Les bonnes nouvelles du royaume et de la bénédiction divine réjouissent le coeur, mais la conscience n’est pas atteinte ; il n’y a donc pas de racines, et quand la persécution et la tribulation arrivent à cause de la Parole, comme l’insouciant ne l’avait reçue que pour la joie qu’elle lui apportait, il y renonce à cause de la tribulation qui s’ensuit. Il n’y a point de fruit. Un troisième cas semblait donner l’espoir que la semence germerait, mais les ronces et les épines l’étouffent ; les soucis, l’amour des richesses, ne permettent pas que la Parole porte des fruits à maturité. Finalement, la semence tombe dans un bon terrain ; il y a de l’intelligence spirituelle : un coeur comprend la Parole, il la reçoit ; alors elle porte plus ou moins de fruit en chacun. Les cas ne sont pas présentés comme constatant la doctrine de la grâce et de l’opération de l’Esprit, ni le contraire ; mais pour constater le résultat qui, de fait, se manifestait ensuite des semailles de la Parole. Toutefois ces cas divers sont placés par le Seigneur devant la conscience. Que celui qui a des oreilles pour entendre, écoute.
Ensuite viennent les paraboles du royaume. Les trois premières présentent l’apparence extérieure du royaume ; ce qu’il devient à la vue du monde. La première de ces trois ajoute la séparation des méchants d’avec les justes ; elle se termine par l’ordre, aux moissonneurs, de cacher le bon grain dans le grenier. Sauf le fait annoncé par le Seigneur, que le bon grain doit être, selon ses ordres, caché dans le grenier, nous n’avons dans ces paraboles que l’effet public, dans le monde, de l’établissement du royaume des cieux : c’est-à-dire du royaume de Dieu, pendant que le roi est caché dans le ciel et qu’il n’a encore ni pris sa grande puissance, ni agi en roi, de sorte que le royaume, sans roi reconnu ou manifesté, fait des progrès, prend certaines formes qui témoignent de l’absence du roi, et fait son chemin comme si lui ne s’en occupait pas ; bien que, de fait, il agisse par sa grâce pour appeler et faire croître les siens (comp. Marc 4:26-29).
Le Fils de l’homme sème de bonne semence (la parole de Dieu). Pendant que les hommes dorment, Satan vient et sème de l’ivraie là où le bon grain avait été semé. Ce n’est pas l’état naturel d’un coeur païen ou incrédule ; c’est ce que Satan a introduit au milieu des vrais chrétiens, pour gâter la récolte sur la terre. Il ne peut ruiner le bon grain, ni l’empêcher d’être recueilli dans le grenier ; mais, dans ce monde, la récolte est gâtée. Cela doit durer jusqu’à la moisson. Alors le Fils de l’homme s’en occupera personnellement de nouveau. En attendant, ses serviteurs n’ont pas à s’occuper de l’ivraie dans le monde, dans le but de rendre la récolte pure dans le monde. Leur affaire n’est pas avec l’ivraie. La récolte, une fois gâtée, reste gâtée jusqu’à la fin. Mais ceci se rapporte à l’état de la récolte dans le monde ; c’est-à-dire à la chrétienté. Nous n’avons rien à faire ici avec l’Église, «assemblée de Dieu». Ici le bon grain n’est pas réuni en assemblée. À la moisson, tout sera mis en ordre. En arrachant l’ivraie du champ (du monde) on pourrait arracher du bon grain ; c’est aussi ce qui est arrivé lorsque Rome a voulu détruire les hérétiques.
La seconde parabole présente le royaume comme une grande puissance sur la terre (comp. Daniel 4). C’est ce dont un grand arbre est toujours la figure, dans la Parole ; comme l’Assyrie, l’Égypte. La semence de la Parole, en apparence menue au commencement, est devenue, de fait, une grande, et même la plus grande des puissances sur la terre.
La troisième de nos paraboles, celle du levain, montre non pas un effet individuel et réel, comme c’était le cas dans la parabole du semeur, où l’effet disparaît quand la Parole ne s’enracine pas dans la conscience ; mais il s’agit d’une influence générale, qui remplit complètement une sphère limitée. Aussi un terme (le levain) est employé ; terme qui, partout ailleurs, a le sens de corruption. C’est encore la chrétienté.
Après cela, le Seigneur renvoie les foules, rentre dans la maison, et là, ne parle qu’à ses disciples. Il explique la parabole de l’ivraie ; puis il en ajoute trois autres. Nous avons à donner quelques remarques sur l’explication que le Seigneur donne de la parabole «de l’ivraie et du champ» (v. 36-43, comp. 24-30).
Le jugement de Dieu manifeste publiquement ce qui n’est connu que spirituellement avant ce jugement. Aussi chaque explication des paraboles et des prophéties introduit-elle toujours des éléments qui ne se trouvent pas dans la parabole elle-même, ou dans la prophétie. Ici, l’ivraie déjà liée en faisceaux (en des masses associées ensemble et restant encore sur le champ) est jetée dans le feu. Christ, par un jugement terrestre, ôte de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l’iniquité. La partie terrestre du royaume est purifiée : puis les justes luisent comme le soleil dans le royaume de leur Père. C’est la partie céleste ; alors le royaume des cieux offrira deux parties distinctes : le royaume du Père, en haut ; et celui du Fils de l’homme, en bas.
Les trois paraboles qui suivent (v. 44-50) montrent l’intention de Christ et l’intelligence divine dans ces choses. Le champ est acheté pour avoir le trésor. Christ a acheté (non racheté) le monde, pour avoir les siens. Son pouvoir sur ceux qui récusent ses droits, se manifestera en jugement ; mais ce n’est pas là le sujet de la parabole.
Ensuite (v. 45, 46), la beauté morale de l’Église engage ses affections. Il cherche ce qui est beau. Là, il le trouve. Dans ces deux cas il renonce à tous ses droits comme Messie, Fils de Dieu sur la terre, aux promesses comme Fils de David et venu en chair. Il a été jusqu’à s’anéantir lui-même, pour avoir le fruit de son humiliation dans la gloire des siens ; le fruit du travail de son âme.
Enfin (v. 47-50), le royaume prend à la fin le caractère d’un filet jeté dans la mer et qui rassemble toute espèce de poissons, bons et mauvais. Il s’agit de la chrétienté qui n’embrasse pas tous les gens de ce monde, mais une quantité limitée, quoique composée de toutes les sortes d’hommes. Ici les pêcheurs agissent en séparant ; et l’on retrouve l’intention divine qui voulait de bons poissons, tandis que l’oeuvre des pêcheurs en a réuni de toutes les espèces ; cependant ils séparent les bons. C’était ce qu’ils cherchaient, et ils laissaient les autres là. Puis, l’explication passe outre, au jugement. Les anges séparent (non les bons des mauvais, mais) les mauvais d’avec les bons ; puis les mauvais sont jetés dans la fournaise de feu. L’acte des pêcheurs est un acte d’intelligence spirituelle, lorsque la chrétienté est formée comme elle l’est à présent.
Voilà, en quelques mots, cher frère, le vrai sens, je le crois, de ces paraboles pleines d’instruction pour nous. Le scribe instruit dans les choses du royaume possède bien ce que les prophètes ont annoncé ; et il y ajoute les explications qui sont le fruit de la venue et du rejet du Christ, faits qui donnent au royaume une forme qui nous est présentée dans ces paraboles.