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Méditations  de  J. N. Darby

 

 

 

1     Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  1

2     Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  2

3     Méditations de J. N. Darby    [1  Corinthiens 11:31-32 ; discipline et jugement]  Extrait d’une Méditation

4     Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  12

5     Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  13

6     Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  13 : L’Amour (fragment)

7     Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  15:13-28

 

 

 

 

1              Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  1

n°141 : ME 1902 p. 74

Dieu a fait de la croix la pierre de touche de tous les sentiments, de toutes les pensées de l’homme. Tous ceux qui ne reconnaissent pas la puissance et la sagesse de Dieu dans la croix, sont rejetés avec toutes leurs pensées. La sagesse humaine ne peut l’apprécier ; il faut qu’elle soit obligée de s’en remettre à la sagesse de Dieu. Tout ce qui est dans l’homme ne fait que l’aveugler. Dieu a revêtu sa sagesse, sa puissance et sa gloire de cette forme, la croix, afin que l’homme, par sa sagesse, ne la comprit pas. Considérons donc, comment la croix de Christ anéantit la sagesse humaine.

Pour obtenir le salut, il ne s’agit pas de raisonnements. Celui qui a faim a besoin de manger et non de raisonner. De même, raisonner ne sert de rien à ceux qui périssent ; c’est la croix qui les sauve. L’homme n’aime pas la croix, parce qu’elle démontre l’état de son coeur. Dieu n’a pas pu épargner le péché, quand son Fils même a été fait péché, et l’homme voit là ce que Dieu pense du péché. Même la justice de l’homme est une chose honteuse en présence de la croix. La sagesse de l’homme ne sonde jamais le coeur humain pour lui faire dire qu’il est pécheur. La philosophie veut juger Dieu et ne veut pas que l’homme soit jugé par Lui, tandis que la foi nous place devant Dieu, comme devant un juge. La philosophie religieuse est encore pire que l’autre, en jugeant ou voulant juger ce que Dieu est, car ce qu’il faut, c’est la conscience et une conscience éclairée de Dieu.

En présence de la croix, la conscience juge et condamne le péché et rend impossible de s’endurcir. Rien n’est plus humiliant, car alors il faut recevoir le salut et en être redevable à un autre, pour pouvoir paraître devant la sainteté de Dieu.

Poursuivez-vous les plaisirs, ou êtes-vous satisfaits de votre sagesse ou de votre justice ? Y a-t-il peut-être ici des âmes qui pensent qu’il y a des plaisirs innocents ? Comment jugerez-vous de cette innocence, sinon par la croix de Christ ? L’amour de Dieu a envoyé son Fils souffrir sur la croix, et, en présence de la croix, peut-on déclarer innocentes les choses dans lesquelles les passions se développent et qui nourrissent la chair ? Ce qui est précieux au coeur de Dieu, c’est la croix de Christ. Si l’on voyait Christ crucifié au milieu d’une danse innocente, que deviendrait cette danse ? Tout notre plaisir serait gâté, car Satan a inventé les plaisirs pour que les âmes en jouissent loin de Dieu. Dès que la conscience est atteinte, on juge tout cela, parce que Dieu le juge.

Mais peut-être n’avez-vous pas cherché les plaisirs, et cela vous donne une bonne opinion de vous-mêmes. Vous êtes donc justes ? La propre justice est une enveloppe difficile à traverser. Les gens de mauvaise vie sont plus près du royaume des cieux que les justes. L’homme orgueilleux, le propre juste, résiste plus qu’un autre. Comment la croix de Jésus le juge-t-elle ? Comme plus éloigné du royaume des cieux qu’un pécheur, parce que vous résistez davantage et que vous accepteriez volontiers en Dieu un grain de miséricorde qui puisse suppléer à ce qui vous manque pour avoir une opinion parfaite de vous-mêmes. Vous êtes éloignés de Christ, et la croix le démontre.

Si vous avez besoin de la croix de Christ, d’où cela vient-il ? Avez-vous assez péché pour mériter la condamnation ? La croix de Christ le déclare, mais la propre justice a l’effronterie de se présenter devant la croix, comme si elle n’en avait pas besoin, et c’est un péché beaucoup plus grand encore que de suivre ses plaisirs. Votre justice est-elle celle d’un coeur qui pense à Dieu et suit le Seigneur Jésus ? Non, c’est l’hypocrisie qui couvre un peu la grossièreté du péché et voudrait donner bonne apparence au mauvais état de l’âme.

Nous voyons dans la croix la puissance et la sagesse de Dieu. La sagesse de Dieu juge de toutes choses selon leur état, et la puissance de Dieu tire l’homme de l’état où il se trouve. La puissance de Dieu nous met en état de vouloir et de faire autre chose que ce que nous voudrions. Un homme qui connaît le bien et ne peut le faire, ne manifeste pas la puissance de Dieu. Tous les efforts que l’homme peut faire, aboutissent à une bonne opinion de lui-même. Cela ne rétablit pas sa relation avec Dieu. Si Dieu ne nous aimait pas dans notre état de péché, ce ne serait pas l’amour de Dieu pour de pauvres pécheurs, mais pour des gens qui sont capables de faire quelque chose. Dieu justifie l’impie ; il n’a pas à justifier des justes. Il faut que nous soyons des objets de l’amour de Christ, quand nous sommes parfaitement impuissants. Christ s’est approché de nous, là où nous sommes. La croix a démontré que Dieu peut s’occuper de nous en amour, quoique méchants et souillés. Elle a démontré la justice de Dieu, son horreur du péché, lorsqu’il a frappé son Fils, fait péché pour nous. Elle a mis en lumière la vérité de Dieu, car le salaire du péché, c’est la mort. Elle a manifesté la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. Ce qui montre le plus cette puissance, c’est de trouver un homme pécheur éloigné de Dieu, et de le ramener à Lui. La croix répond à tous les besoins du coeur de l’homme.

Rien de plus difficile que de rétablir la confiance quand elle est perdue. En donnant son Fils, Dieu a pris mon cas en considération et a fait tout ce qui était nécessaire pour m’inspirer toute confiance.

Ce qui est encore difficile, c’est de nous faire confesser le mal. La croix de Christ produit cet effet, devant lequel la philosophie est impuissante. Elle produit la vérité dans l’homme.

Rien n’est plus difficile à guérir, que des passions très fortes. Quand la croix de Christ est connue, tout est complètement changé : Christ nous devient précieux ; les objets de nos passions deviennent abominables à nos yeux et nous aimons ce que nous haïssions.

Ce qui est difficile aussi, c’est qu’une mauvaise conscience devienne bonne. Plus je suis éclairé, plus je vois les taches et les souillures de mon âme. La puissance de Dieu, par la croix, peut donner une bonne conscience, parce que, tout en montrant l’état de péché du coeur, la croix montre que tout est effacé ; elle change le coeur, et donne une bonne conscience. Confessant ce que nous sommes, et le coeur étant vrai, la paix avec Dieu est établie. Voilà comment la croix devient la sagesse et la puissance de Dieu pour la conscience qui en a besoin.

Tout cela n’exalte pas l’homme. Notre part dans la croix, c’est que nous avons commis le péché et que nous avons crucifié Christ. Si l’homme avait pu ajouter quelque mérite à la croix de Christ, il s’en serait vanté ; mais il est impossible qu’un homme qui a conscience du péché, puisse se glorifier d’avoir crucifié le Seigneur Jésus.

Tel est l’homme en présence de la croix. Comment en profitera-t-il ? Par la foi. Si cela a été accompli pour nous et hors de nous, il ne nous reste qu’à bénir Dieu et à croire ce qu’il a fait. Dieu a pu montrer, dans la croix, tout ce qu’est le péché, en montrant sa grâce à l’égard du péché. La propre justice, comme tout le reste, est jugée à la croix. La conscience en prend connaissance. Il faut que la croix de Christ juge tous les mouvements cachés du coeur, tout en ôtant le péché. On ne peut en jouir qu’en croyant ce que Dieu a fait. Dieu justifie qui ? Les méchants. L’homme n’a d’autre part dans sa justification que ses péchés, dont il a besoin d’être justifié. Dieu ne veut pas laisser dans votre coeur ce qui vous donnerait bonne opinion de vous-mêmes. Il vous faut découvrir ce que vous êtes et trouver la parfaite paix. La croix est la seule chose qui mette la vérité dans le coeur.

Vous aimez, n’est-ce pas, à avoir une bonne opinion de vous-mêmes, et aussi que les autres aient une bonne opinion de vous ? La croix détruit tout cela. On sait, peut-être, que Christ a sauvé des pécheurs et l’on voudrait trouver en soi les fruits qui font qu’on est un chrétien. Ce n’est qu’une autre forme de la propre justice. Quand nous voyons que nous sommes pécheurs et perdus, nous savons où nous en sommes. Ce n’est pas l’Évangile, que de vouloir trouver en soi des fruits pour être élu. La base de la confiance évangélique, c’est l’oeuvre de Dieu, le prix de la croix de Christ, aux yeux de Dieu lui-même. Avant que Dieu entre dans mon coeur, il sait beaucoup mieux que moi les choses qui y étaient avant qu’il y entrât. La conscience simple, vraie, se repose sur la grâce de Dieu, manifestée à la croix et saisie par la foi. Dieu a accompli en Jésus l’oeuvre qui efface le péché, et gagne ainsi mon coeur.

Vous reconnaissez-vous comme de pauvres pécheurs, nus devant Dieu ? Que Dieu sonde vos coeurs, vous fasse voir ce que vous êtes, et déchire le voile, afin que vous vous connaissiez pleinement et que vous voyez que Dieu a jugé vos péchés sur la croix !

 

 

2              Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  2

n°121 : ME 1900 p. 276

L’apôtre distingue entre son oeuvre quand il la commença à Corinthe et son travail au milieu de ceux qui avaient déjà la foi et la connaissance de leur position en Christ. Pour combattre la science du monde au milieu d’un peuple savant, il n’a voulu savoir que Jésus-Christ, et encore Jésus-Christ dans la faiblesse, crucifié.

Paul était loin d’être éloquent ; il travaillait dans la faiblesse, dans la crainte et dans un grand tremblement. Il est bon pour le chrétien de sentir sa faiblesse et son néant ; plus on est près de Dieu, plus on les éprouve. Il n’est pas agréable d’être faible et incapable d’accomplir ce qu’on a devant soi, mais c’est une bonne chose. Il arrive souvent que, tout en affirmant qu’il n’y a pas de force en nous, nous ne nous sentons pas faibles. Paul se sentait faible, puisqu’il était dans la crainte et, je le répète, c’est une bonne chose quand nous travaillons pour le Seigneur.

Les paroles de la sagesse humaine sont un attrait pour l’homme ; mais ce que Paul déployait, c’était l’action du Saint-Esprit qui glorifiait la puissance de Dieu. Celui qui est attiré par la sagesse de l’homme, s’attache à cette sagesse ; celui qui est touché par la puissance de Dieu est mis directement en rapport avec Dieu ; il sait de qui il est enseigné. L’homme est capable d’apprendre toute sorte de choses, mais si ces choses ne le mettent pas directement en rapport avec Dieu, son âme n’y gagnera rien pour l’éternité.

v. 6. — Nous sommes parfaits quand nous avons saisi la puissance de notre résurrection avec Jésus. Une âme peut être attirée, vivifiée, justifiée, sans être encore parmi les parfaits. Cette expression se rattache toujours à la résurrection et à la communion que nous avons avec Jésus ressuscité. On peut avoir la foi, sans une assurance simple et bénie d’être identifié avec le Seigneur, d’être ressuscité avec Lui, d’avoir passé par la mort et d’être devant Dieu comme ressuscité et parfait. Dans le premier cas, Christ est déjà l’objet de l’âme, objet qu’elle perd quelquefois de vue ; dans le second, il s’agit d’un état d’âme tout différent. Savoir qu’on est amené à Christ est une chose, savoir qu’on est identifié avec Lui est une autre chose, qui apporte à l’âme une nouvelle sûreté et une nouvelle puissance.

v. 7. — «Pour notre gloire». Christ en est le centre et le Chef ; on y trouve un lien avec tous les enfants de Dieu ; on a le sentiment de posséder Christ ensemble. Le monde est tout à fait en dehors d’une telle position ; les chefs de ce siècle n’y ont rien vu ; c’est une chose cachée, même à ceux qui, étant attirés, n’ont pas encore reçu le sceau de l’Esprit dans leurs âmes. Si le monde n’avait pas méconnu la gloire de Jésus, cette gloire n’aurait pas été accomplie. Quand il cherche le plus à entraver les desseins de Dieu, Satan ne fait jamais que pousser à leur accomplissement.

v. 9-10. — L’homme le plus instruit du monde, ne sait rien de cette gloire ; tout chrétien peut la connaître. Cela différencie l’intelligence de l’homme de la révélation que nous fait le Saint-Esprit. Les capacités de l’homme n’y sont pour rien, et la conscience du plus grand pécheur est beaucoup plus rapprochée de ces choses que l’intelligence des sages, parce que cette révélation entre en nous par la conscience. Le chrétien ne peut pas prétexter son ignorance ; Pierre était un pêcheur ignorant, mais il était enseigné du Saint-Esprit et pouvait comprendre des choses que, ni le souverain sacrificateur, ni Gamaliel, ne pouvaient comprendre. De plus, le chrétien le plus ignorant, enseigné par le Saint-Esprit, et mis par lui en rapport avec Dieu, est bien plus intelligent dans les choses de Dieu que même le chrétien le plus savant quand il ne cherche pas l’enseignement du Saint-Esprit. L’âme qui se borne à goûter la révélation par l’intelligence n’est pas en position de connaître les choses profondes de Dieu, mais si, comme un pauvre pécheur, vous êtes enseigné de Dieu, quelle certitude, quelle intelligence n’aurez-vous pas !

v. 11-12. — Personne ne sait ce qui est dans la pensée de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. Nous avons reçu cet Esprit, et c’est par lui que nous connaissons les choses de Dieu. Personne n’en sait tant soit peu sans le Saint-Esprit et, s’il ne demeure pas en nous, nous ne savons rien. Tout ce que nous apprenons de Dieu, nous met en rapport avec Lui ; il faut aussi employer des instruments humains pour nous révéler ces choses. C’est ce que dit le v. 13. «Lesquelles nous proposons» : il parle ici de sa fonction d’apôtre. Même pour les proposer, il faut être enseigné du Saint-Esprit et avoir le Saint-Esprit ; il est nécessaire, soit pour les recevoir, soit pour les communiquer, soit pour les recevoir quand elles sont communiquées.

v. 14-15. — La chair ne peut ni juger l’Esprit de Dieu, ni comprendre ses motifs. Elle ne peut (v. 16) comprendre la pensée du Seigneur, mais nous avons la pensée de Christ. Cela donne un grand calme et une grande sûreté dans la conduite ; cela suppose un état spirituel, non un état charnel. Quand la chair agit, elle entrave nos relations avec Dieu.

La source de toute connaissance, c’est le Saint-Esprit demeurant en nous. Sans doute il y a en nous de la faiblesse, mais en même temps nous avons l’Esprit et la pensée de Christ. Tout ce qui ne vient pas de Dieu ne vaut rien et ne pourra nous servir ni dans la tentation, ni contre l’abattement. Ce que le Saint-Esprit nous a enseigné vaut seul quelque chose. Nous trouvons dans la communion avec Jésus une joie et une douceur qui excluent toute difficulté. L’âme se repose sur son amour et oublie les obstacles, sachant que c’est son affaire à Lui et qu’il y pourvoit. Comme ayant le Saint-Esprit, tout est à nous.

 

 

 

3              Méditations de J. N. Darby    [1  Corinthiens 11:31-32 ; discipline et jugement]  Extrait d’une Méditation

n°288 : ME 1953 p. 158

Celui qui a suivi de près la marche des chrétiens, et qui s’est occupé des âmes avec un coeur tant soit peu zélé pour la gloire du Seigneur, et avec un vrai désir du bien-être spirituel des chers enfants de Dieu, n’aura pas manqué de s’apercevoir de la fatale influence que le monde exerce sur eux quand il trouve l’entrée de leur coeur. Dieu seul, si ce n’est le coeur qui en a souffert, sait par quels subtils moyens et sous quelle aimable apparence l’esprit du monde envahit souvent le coeur du chrétien. Toutefois, les voies par lesquelles le monde s’insinue dans le coeur, ne sont jamais la manifestation de Christ à l’âme, ni la puissance de sa présence : c’est pourquoi ceux qui par la grâce se trouvent près de Christ, sont garantis de l’influence de ces sentiments et peuvent les juger, ainsi que tout ce qui tend à frayer dans le coeur un chemin au monde ou aux désirs en rapport avec le monde.

Ici-bas, nous sommes en lutte avec l’ennemi ; il cherche à nous surprendre lorsque nous ne sommes pas sur nos gardes ; et pour cela, il sait se transformer même en ange de lumière ; si nous ne sommes pas près de Christ, et que nous n’ayons pas revêtu l’armure complète de Dieu, il nous est impossible de résister à ses ruses. La difficulté principale n’est pas de résister à la puissance de Satan, car Christ a vaincu pour nous ce terrible ennemi ; mais c’est de découvrir les pièges qu’il nous tend, et surtout de distinguer que c’est lui qui est en action. Dans nos luttes avec l’ennemi, il s’agit donc de connaître l’état de nos propres coeurs. L’oeil simple, c’est-à-dire le coeur rempli de Christ, discerne la ruse, et l’âme a recours au Sauveur pour sa délivrance ; ou même, ses affections étant fixées sur Christ, le coeur n’offre pas de prise aux efforts de l’ennemi. Un coeur simple et plein du Seigneur échappe à bien des choses qui troublent la paix de celui qui ne s’en tient pas près. Grâce à Dieu, l’âme troublée et tourmentée trouve une ressource et un complet rétablissement dans la grâce de Celui qu’elle a eu la folie d’oublier ; seulement elle jouit des fruits de la grâce à travers plus de peines et d’exercices de coeur. Mais qu’elle ait courage : Il sait délivrer aussi bien que compatir. Voici maintenant les deux principes qui règlent les voies de Dieu à notre égard, pendant que nous traversons le désert : d’un côté, Dieu garde le coeur pour lui faire discerner ses propres intentions ; et de l’autre, Christ intercède pour nous, à l’égard de tout ce qui peut être appelé infirmité. Il y a des difficultés réelles sur le chemin, et il y a des faiblesses en nous, et hélas ! une volonté qui n’aime pas à être bridée, et qui se trahit sous mille formes de pensée et d’action. Nos faiblesses, comme notre volonté, tendraient à nous empêcher d’arriver au but de notre voyage ; mais il y a une grande différence dans la manière dont Dieu agit à l’égard de nos faiblesses, et à l’égard de notre volonté et des pensées qui en sont le fruit. «Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du coeur» (Hébr. 4:12). Dieu juge par sa Parole nos pensées et nos intentions. Rien ne Lui échappe, aussi est-Il fidèle envers nous ; sa parole est dans le coeur comme un oeil auquel rien n’est caché. Toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire.

La tendance de notre coeur naturel est de se bercer des illusions qu’il aime, mais rien n’est caché ; aucune de nos pensées ni de nos intentions ne l’est aux yeux de Celui à qui nous avons affaire ; et non seulement cela : sa parole est simple, nette et claire ; elle parle dans notre conscience, sachons l’écouter. Souvenons-nous que, quand Dieu parle, nous avons affaire à Celui qui parle aussi bien qu’à ce qu’Il dit. Voudrions-nous lui résister et le provoquer à jalousie ? Nous ne pourrons éviter qu’Il ait prise sur notre conscience.

Au lieu de regimber contre les aiguillons, pensons plutôt au but que Dieu se propose. Il pourrait nous laisser à nous-mêmes, nous laisser marcher dans les choses qui, si sa grâce n’intervient, peuvent rendre toute la traversée du désert triste et humiliante pour nous. Il pourrait dire comme à Israël : «Éphraïm s’est attaché aux idoles, laisse-le faire» (Osée 4:17). Terrible châtiment, plus dur que la punition extérieure la plus sévère ! Mais notre Dieu ne veut pas nous priver de la clarté de sa face et de la douceur de sa communion. Car Dieu ne châtie pas volontiers : c’est une oeuvre étrange, comme Il le dit (És. 28:21). Mais le mal est toujours mal à ses yeux, et Il ne peut le permettre. Comment donc Dieu agit-il dans nos pauvres coeurs ? Il les atteint par sa parole, pour que notre conscience voie chaque chose comme Il la voit Lui-même. Son oeil est sur nous, sur notre coeur ; et Il trouve l’oeil de notre conscience éclairé sur ce qui se passe dans le coeur par cette parole qui lui révèle Dieu. Ce qui se trouve dans mon coeur, est-ce la pensée d’un pèlerin, la pensée de celui qui aime Dieu, une pensée selon la volonté de Dieu, une pensée qui convient à quelqu’un que Christ a aimé assez pour s’abaisser jusqu’à la mort pour lui ? La pensée qui m’occupe, est-ce que je me la permets comme étant agréable à Christ, à ce Christ qui s’est donné pour moi afin que je sois sauvé ? Il m’aime, Il sait ce qui tend à me faire tomber dans le désert. Il ne veut pas gouverner par des principes autres que les siens, autres que la sainteté, autres que ceux qui font les délices de l’homme nouveau, autres que la nature divine. Il ne peut se renier Lui-même (2 Tim. 2:13).

Voici maintenant le second point que je désire faire remarquer : c’est le gouvernement que Dieu exerce à l’égard de ses enfants. Il les avertit par sa parole, et s’ils n’écoutent pas, il intervient par sa puissance pour les arrêter, afin de pouvoir les bénir (cf. Job 33:14, 30). Dans les voies de Dieu le salut n’est pas mis en question ; Il regarde ses enfants et châtie ceux qu’Il aime. Dieu ne retire pas ses yeux de dessus les justes, et Il dit aussi aux fils d’Israël par le prophète Amos : «Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre, c’est pourquoi je visiterai sur vous toute vos iniquités» (Amos 3:2).

Dans la 1° Épître aux Corinthiens, nous voyons que lorsque les chrétiens participaient à la cène du Seigneur indignement, Dieu les frappait, aussi plusieurs étaient faibles et malades, et d’autres même dormaient (1 Cor. 11), c’est-à-dire étaient morts ; et l’apôtre, en faisant remarquer cela, ajoute : «Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde». Solennelle pensée que d’être sous la main du Seigneur qui punit le mal partout où Il le trouve ! Il est un feu consumant, et lorsque le moment en est venu, le jugement commence par sa maison. Quelle différence entre de tels rapports avec Dieu et la joie de son amour et de sa communion, lorsque l’on n’a pas contristé son Esprit et que l’on marche sous son regard et à la clarté de sa face. Je ne doute pas qu’une grande partie des maladies et des épreuves des chrétiens ne soient des châtiments envoyés de Dieu pour les choses mauvaises à ses yeux, desquelles la conscience aurait dû prendre connaissance, et qu’elle a négligées. Dieu a été obligé de produire en nous l’effet qu’auraient dû produire les exercices d’âme devant Lui. Il serait cependant injuste de penser que toutes les afflictions soient des châtiments, lors même qu’elles le sont quelquefois, elles ne nous sont pas toujours envoyées pour des fautes. Il se trouve dans l’âme des choses qui tiennent au caractère naturel et dont on a besoin d’être corrigé pour vivre davantage dans la communion de Dieu et pour le glorifier dans tous les détails de la vie. Ce que nous ne savons pas faire sous ce rapport, Dieu le fait pour nous, mais il y a beaucoup d’enfants de Dieu qui commettent des fautes que leur conscience devrait sentir, et qu’ils découvriraient si leur âme était dans la présence de Dieu. Jacob a lutté toute sa vie contre lui-même, et Dieu pour le bénir a dû lutter avec lui. Pour cela aussi, Il n’a pas voulu lui révéler Son nom. L’histoire d’Abraham est toute différente. Paul reçut une écharde dans sa chair pour prévenir le mal ; c’est que le danger ne provenait pas de sa négligence, mais de l’abondance des révélations qu’il avait eues.

Que Dieu nous donne, ainsi qu’à tous ses enfants, de rechercher chaque jour Sa divine présence

 

 

 

4              Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  12

n°45 : ME 1892 p. 266

Dans ce chapitre, il est question du Saint Esprit agissant comme puissance dans l’Église. Quand il exerce ainsi son action, il rend plus tranchée la séparation entre l’Église et le monde, et condamne ce dernier. L’Église infidèle a pu se rapprocher du monde et se mélanger avec lui ; le Saint-Esprit ne le peut pas, aussi sépare-t-il du monde. Il le fait en attachant les coeurs à Christ, en réunissant les enfants de Dieu dispersés et en leur donnant une même pensée. Lorsqu’il y a division entre les enfants de Dieu, c’est qu’ils sont charnels et marchent comme des hommes. Satan, le monde, le péché, dispersent ; le Saint Esprit rassemble. Quand les enfants de Dieu ont perdu l’unité de l’Esprit, c’est que l’esprit de mondanité les a envahis.

Quand la parole de Dieu nous présente le Saint-Esprit, non plus comme puissance, mais comme principe de communion, elle nous en parle autrement. C’est alors le Père qui l’envoie, ou le Fils qui l’envoie au nom du Père. Par lui, nous sommes unis à Christ, un seul esprit avec Christ, et en communion avec le Père et avec le Fils. Mais lorsque la Parole nous montre l’Esprit distribuant des dons comme il lui plaît, elle lui donne la place d’autorité dans l’Église. S’agit-il de l’Esprit comme puissance, Christ lui-même l’a reçu dans ce caractère à l’occasion du baptême de Jean. C’est au même point de vue que vous trouvez l’Esprit mentionné en Luc 24:49 ; Act. 1:8 ; 2:33 ; Éph. 4:5, 6.

Comme homme, Christ se trouve actuellement dans la présence de Dieu, afin de lui présenter l’Église et de recevoir tout ce qui est nécessaire à l’Assemblée, pour le lui communiquer et l’en nourrir. Comme homme, Christ a reçu le Saint Esprit pour l’Église ; il le lui donne, et cet Esprit ne la quitte jamais. La présence du Saint-Esprit dans l’Église est ce qui la distingue du monde. Elle est actuellement d’une faiblesse extrême, parce qu’elle ne se fie pas à la puissance du Saint-Esprit.

À la fin de l’évangile de Luc, le Seigneur ouvre l’intelligence des apôtres pour entendre les Écritures, mais ce n’était pas encore être «revêtus de puissance d’en haut» (Luc 24:45, 49). On peut comprendre la Parole et l’expliquer, sans avoir la puissance qui la rend efficace pour nous et pour autrui. Nous pouvons jouir beaucoup en entendant expliquer la Parole, mais si la puissance du Saint-Esprit n’est pas dans l’âme, cette Parole demeure inefficace, et le coeur n’en ressent pas l’effet.

Dans l’Église, quoique le Saint-Esprit soit un, il y a toutes sortes de dons. L’Esprit est Dieu, et distribue à chacun en particulier comme il lui plaît (v. 11). C’est une puissance de l’Esprit en nous, qui agit par nous pour le bien des autres ; ce n’est ni la vie, ni la communion. On le voit distinctement chez les prophètes qui ont été avant Christ (1 Pier. 1:10-12). On peut être l’agent pour opérer une bénédiction, sans en être soi-même l’objet. Par ces dons qui nous sont départis, nous devenons des serviteurs de Christ : il y a plusieurs dons, mais un même Seigneur (v. 5). Tous ces dons doivent être sous la direction de l’Esprit et au service de Christ. Il arrivait aux Corinthiens d’employer leurs dons à leur propre gloire. Tous les dons peuvent donner lieu à cet abus. Le Saint-Esprit agit librement en qui il veut, car, à cet égard, il est souverain ; il peut parler par la bouche d’un homme inconverti ; il peut même faire parler une ânesse ; il peut, par le frère le plus ignorant, reprendre les plus instruits. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit, en vue de l’utilité commune (v. 7), et il ne faut pas employer les dons, si on ne le fait pour le bien des âmes et pour l’utilité du corps de Christ, de l’Église.

Certains dons étaient un signe pour le monde, et ont discontinué ; d’autres sont nécessaires à la vie de l’Église, et Dieu les a maintenus. Les premiers étaient les ornements de l’Église, son témoignage aux yeux du monde. Si Dieu avait laissé tous ces ornements et continué ces signes à l’Église mondaine et idolâtre, il aurait sanctionné le mal aux yeux même des incrédules.

D’autre part, Christ n’a jamais manqué de donner les dons nécessaires à la nourriture de son corps ; il aime sa chair, la nourrit et l’entretient ; il les continuera toujours. Mais il est arrivé dans l’histoire de l’Église, et il arrive encore tous les jours, que l’Esprit étant contristé, le loup en prend occasion pour venir et disperser le troupeau. Alors les membres, n’étant pas unis de fait, n’agissent plus ensemble pour le bien de tous. Cela n’empêche pas que tout témoin fidèle ne fasse de son mieux au milieu de ce désordre.

Nous devons nous appliquer à reconnaître en nous le don du Saint-Esprit, afin de servir Christ par son exercice. C’est une chose extrêmement triste de voir des chrétiens se choisir un ministre. S’ils écoutaient le Saint-Esprit, ils seraient édifiés par tout ministre de Christ. Du moment où nous reconnaissons la voix du Saint-Esprit, nous devons nous soumettre à cette voix. C’est une cause de bien des misères, que l’homme ait voulu remplacer le Saint-Esprit. Dans les premiers temps de l’Église, l’Esprit agissait, on en reconnaissait la puissance, et on se soumettait à lui. Quand il agit, on est exhorté, instruit, humilié, édifié ; quand c’est l’homme, on jouit peut-être, mais sans profit. Ce ne sont pas les dons les plus manifestes qui sont les plus évidents aux yeux de Dieu et qui agissent le plus puissamment pour le bien de l’Église. Un don de sagesse qui s’exerce en particulier, peut être plus efficace qu’un don de prédicateur qui s’exerce en public. Les membres du corps les plus faibles sont les plus nécessaires. Personne ne voit le coeur, ce réservoir de la vie du corps, mais s’il cessait de battre, tout serait fini ; il est plus essentiel que les yeux et la main que l’on voit. Il est improbable que Dieu ait donné tous les dons à un seul homme. Toute assemblée est languissante, dès qu’un seul homme y exerce ses dons.

 

 

5              Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  13

n°69 : ME 1894 p. 394

Rien n’est probablement plus méconnu que l’amour. Ce qui, chez l’homme, est aimable en un certain sens, sert souvent de couverture à l’égoïsme. On appelle de l’amour ne pas aimer à faire de la peine à autrui, et au fond rien ne lui est plus opposé. Dieu est amour, et cependant il ne songe pas à se présenter à l’homme de manière à en être bien reçu. Jésus est venu en amour dans le monde avec des paroles de vérité et les hommes l’ont rejeté. Le Dieu d’amour n’épargne pas l’homme ; il lui montre sa corruption et son orgueil, mais il ne s’épargne pas lui-même et donne son propre Fils pour l’homme. La charité n’épargne pas le mal chez les autres, mais elle est un oubli complet de soi-même. Elle reçoit des autres tout le mal possible, et leur fait tout le bien possible.

Sans l’amour, les plus excellents dons de Dieu ne servent de rien. Les Corinthiens se glorifiaient de leurs dons et la chair en abusait. Paul leur montre que, sans l’amour, les dons les plus excellents exaltent l’homme et sa vanité, que sans l’amour, tous ces dons ne sont rien.

L’apôtre parle dans ce chapitre de différents caractères de l’amour et non de ce que l’amour est en lui-même. Ce n’est pas une définition, mais la manière dont l’amour agit. Quand il est dit : «Dieu est amour», c’est bien le même amour que dans notre chapitre, mais c’est l’amour vu en Dieu, la bonté souveraine, sortant d’elle-même pour se manifester, mais de nous il est dit : «L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs, par l’Esprit Saint qui nous a été donné» (Rom. 5:5). Pour nous l’amour, c’est demeurer en Dieu et Dieu en nous. Dieu est la source, la présence du Saint-Esprit dans le coeur est la puissance de cet amour. Dans le coeur, l’amour de Dieu pour nous et notre amour pour lui, ne sont pas séparés.

L’amour commence pour nous, quand nous comprenons que Dieu nous a aimés. Le coeur naturel n’a aucune idée de l’amour de Dieu (la conscience peut tout au plus connaître quelque chose de sa justice) ; mais quand je sens que Dieu m’a aimé, qu’il a pu aimer un pécheur, je comprends que Dieu est amour. Un philosophe est aveugle à de semblables pensées.

Par la foi, je connais le Dieu d’amour qui m’a sauvé ; le Saint-Esprit vient habiter dans mon coeur pour me donner communion avec lui. Alors mon âme est en repos, satisfaite, parce que je possède ce Dieu qui habite en moi par le Saint-Esprit. J’ai la conscience qu’en le possédant tout m’appartient. Comment ne me contenterais-je pas de la plénitude de Dieu ? Puis-je rien envier de ce que possède un homme quelconque ? J’ai le Dieu d’amour pour ma portion, et je suis satisfait ; je ne désire que de jouir toujours plus de cette plénitude. Mon coeur est ainsi débarrassé de toutes les circonstances extérieures. Mais de plus, connaissant l’amour de Dieu, je sens ma petitesse et mon néant ; mon orgueil naturel, mon désir d’être quelque chose aux yeux des hommes, disparaissent. Je deviens humble ; je me dévoue. L’amour se soumet aux services les plus infimes, en faveur de ce qu’il aime.

L’amour de Jésus-Christ pour nous devient le modèle du nôtre. Cet amour de Christ nous fait supporter les faibles, dans le sentiment que Christ les aime, et cela sans nous rendre moins clairvoyants pour le mal.

Il ne faut pas «poursuivre l’amour» (14:1) pour l’avoir. On émonde l’arbre et on engraisse le terrain avant d’avoir les fruits. Ainsi la présence de Dieu en nous, la communion avec lui et la vie de Christ, nous le font avoir, et l’ayant, nous avons à le poursuivre en en portant les fruits. Cela est bien différent de ce que le monde appelle «charité».

L’amour est la chose la plus excellente, et cependant, nous l’avons déjà dans son principe ; nous possédons l’amour de Dieu ; nous le posséderons toujours ; il sera toujours en nous. Ainsi l’éternité de notre joie est assurée. Si je pouvais craindre de perdre cet amour, je serais profondément malheureux.

Les meilleurs dons ne sont que des moyens qui auront leur fin, mais l’amour ne périt jamais. Nous verrons Dieu face à face ; nous connaîtrons comme nous avons été connus ; son amour sera éternellement en nous.

Rien ne détruit l’égoïsme, comme de connaître le Dieu d’amour.

 

 

 

 

6              Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  13 : L’Amour (fragment)

n°257 (ex 256) : ME 1950 p. 221

Je ne pense pas qu’il y ait rien de plus méconnu que l’amour, et souvent même ce n’est que par égoïsme que nous aimons quelqu’un. On se refuse à être affecté par la peine d’autrui, on s’en détourne, et d’autre part on craindra de faire de la peine, de peur d’être mal considéré : ce sentiment est l’opposé de l’amour. L’amour s’occupe des autres selon leur état et s’oublie pour eux. Il n’épargne pas le mal chez les autres, mais il s’oublie entièrement pour y porter remède. Dieu est amour et Jésus est venu vers les hommes avec des paroles de vérité : Il n’a pas été reçu. Dieu en effet n’épargne pas le coeur humain, et Il lui démontre son orgueil. Mais Il ne s’épargne pas lui-même : Il donne son Fils pour l’homme. Jésus reçoit tout le mal possible, et fait tout le bien possible. L’amour de Dieu met le mal en évidence, mais il le pardonne.

L’oubli de soi-même est ainsi le trait dominant de l’amour. Sans lui, les plus excellents dons de Dieu ne servent à rien. Les Corinthiens se glorifiaient du don des langues ; la chair en abusait. Paul leur montre que les dons les plus excellents, s’ils ne sont pas accompagnés de l’amour, ne font qu’exalter l’homme et sa vanité. Sans ce principe d’amour, tous ces dons ne sont rien.

Paul parle ici uniquement des effets de l’amour et non de l’amour lui-même. L’esprit de Dieu est l’amour ; si on croit le trouver en soi-même on confondra toujours la crainte de faire de la peine afin d’être bien reçu, avec l’amour de Dieu. L’amour, c’est de demeurer en Dieu et Dieu en nous. Dieu en est la source. La présence de Dieu et le Saint Esprit agissant dans le coeur, c’est là la source et la puissance de l’amour.

Dans le coeur, l’amour de Dieu pour nous et notre amour pour Dieu ne sont pas séparés. L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. Quand nous comprenons que Dieu nous a aimés le premier, alors commence l’amour. Le coeur naturel n’a aucune idée de l’amour de Dieu ; la conscience peut tout au plus connaître quelque chose de sa justice. Quand je réalise que Dieu m’a aimé, je comprends qu’Il est amour parce qu’Il a pu aimer un pécheur. Aucune philosophie ne peut comprendre cela.

Le Saint Esprit vient habiter dans mon coeur pour me donner communion avec ce Dieu d’amour (Rom. 5:5). Je connais Dieu parce qu’Il m’a sauvé, et je me glorifie en Lui. L’âme est dans le repos, satisfaite, parce que Dieu est en moi, habite en moi par son Saint Esprit. Si j’ai la conscience que tout m’appartient parce que je possède Dieu, je me contente de la plénitude de Dieu, et je ne peux plus rien envier de ce que possède un homme quelconque.

Ayant Dieu pour notre portion, nous sommes satisfaits, nous ne désirons que jouir davantage de cette plénitude. Le coeur est heureux d’être débarrassé de toutes les circonstances extérieures. Dans la présence de Dieu, nous sentons notre petitesse et notre néant devant Lui. Cela détruit l’orgueil.

L’orgueil est le sentiment d’être quelque chose devant l’homme. L’amour au contraire se soumet aux plus humbles services pour ce qu’il aime. L’amour de Jésus pour les siens nous fait aimer ceux qu’Il aime, si la présence de son Esprit est sentie. Cet amour de Christ nous fait supporter un frère faible dans le sentiment que Christ l’aime ; cela même nous rendra plus clairvoyants pour le mal. Il ne faut pas chercher l’amour pour l’avoir. Pour avoir les fruits, il faut émonder l’arbre, et engraisser le terrain. La présence de Dieu en nous, la communion avec Dieu et la vie de Christ en nous, nous font trouver cet amour. C’est tout l’opposé de ce que l’homme appelle charité. Laisser aller son frère dans le péché, par crainte de le blesser, de lui faire de la peine, ce n’est pas là de l’amour.

L’amour est la chose la plus excellente et nous l’avons déjà dans son principe. Possédant déjà l’amour de Dieu, nous avons l’assurance de l’éternité de notre joie. Dieu est éternel, et je sais que je Le posséderai toujours, que son amour sera toujours en moi.

Si je pouvais craindre de perdre cet amour, je serais doublement malheureux. L’amour ne périt jamais ; les meilleurs des autres dons ne sont que des moyens d’édification passagers. Quand nous verrons Dieu face à face, son amour sera avec nous.

Le propre de l’amour est de ne pas s’épargner soi-même pour faire le bien et supporter le mal. Il n’y a d’autre moyen de supporter l’égoïsme que de se tenir en la présence de Dieu. Et là, le sentiment de notre néant devant Lui et l’assurance de posséder toutes choses avec Lui vont ensemble.

 

 

 

7              Méditations de J. N. Darby    1  Corinthiens  15:13-28

19 Novembre 1844    n°217 : ME 1916 p. 397

Quelle scène la parole de Dieu place ici, en quelques mots, devant nos yeux ! Ce ne sont pas des raisonnements, mais la révélation claire, et dont la source est certaine, d’une chose bien connue.

Si les morts ne ressuscitent pas, Christ n’est pas ressuscité ; son sort ne peut être séparé de celui des hommes. Notre position est si complètement unie à la sienne, que si l’on y touche, tout tombe : la foi est vaine, la prédication est vaine, et nous sommes des imposteurs. M’ôter la résurrection, c’est me ravir mon Sauveur. Cela touche aussi au lien entre Paul et tous les chrétiens. Si les morts ne ressuscitent pas, tout m’est ôté, même le lien avec ceux qui dorment. Si l’espérance, dit l’apôtre, n’est que pour la vie d’ici-bas, «nous sommes plus misérables que tous les hommes» quant aux circonstances de cette vie. Paul était un «sans patrie» partout où il allait, et, s’il n’y avait point de résurrection, pouvait-il y avoir une plus grande misère que la sienne ?

Je me suis demandé quel est le secret caché dans ce fait que Christ a la toute-puissance dans les cieux et sur la terre et laisse ici-bas ceux qu’il aime, plus misérables que tous les hommes. La puissance est en Christ ; il est ressuscité, et c’est dans l’autre vie que Dieu déploie les résultats de sa grâce et les effets de sa gloire. Christ a été fait les prémices de ceux qui dorment, mais l’ensemble des siens manquerait à Dieu, si Christ, les prémices, était seul ressuscité. Il n’est pas question ici de ce qui a lieu entre la résurrection de Christ et sa seconde venue, mais, dans ce passage, je trouve ceci : 1° Dieu assujettit toutes choses à l’homme, en Christ. 2° Christ exerce cette puissance en s’assujettissant toutes choses, même ses ennemis. C’est son règne, lequel suppose encore des ennemis. 3° À la fin, il remet le royaume à Dieu, le Père, mais pas avant que, dans l’exercice de sa puissance, le dernier ennemi, la mort, ait été abolie.

Nous régnerons avec Lui, nous aurons la même gloire que Lui, quand il soumettra tous ses ennemis. Mais, en attendant, Christ ne règne pas encore, et nous ne participons pas encore à son règne. Pendant cette période, où Christ est assis à la droite de Dieu, nous sommes «plus misérables que tous les hommes». Comme Médiateur, Christ est entré dans son repos, mais, quant à sa personne, il est assis à la droite de Dieu jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds. Il est, là, ayant toute puissance, et laisse cependant les siens exposés aux persécutions, aux difficultés de toute sorte, de fait, «plus misérables que tous les hommes».

La réponse à la question, posée plus haut, est qu’il y a pour le chrétien, autre chose encore que d’être avec Christ dans la gloire : Jésus fait, par lui, une oeuvre secrète et cachée. Sa puissance n’est pas le repos pour s’occuper de nous. Nous en faisons nous-mêmes l’expérience. Si nous avons des occupations, nous ne pouvons être tout entiers aux affaires des autres. Ce n’est que dans le repos et la paix qui suit notre travail, que nous avons un plein loisir pour sympathiser avec eux. N’ayant rien qui nous occupe pour nous-mêmes, nous pouvons nous donner entièrement à ceux qui ont besoin de nous. Christ est cela pour nous ; il n’a plus à tenir tête pour lui-même à toute la contradiction des pécheurs, à la méchanceté d’Hérode, à l’indifférence de Ponce Pilate. Il est de tous les hommes le plus heureux. La conséquence en est que son amour peut se répandre comme un fleuve et que toutes nos tribulations d’ici-bas deviennent les occasions de sa sympathie et de sa grâce. Il verse les choses dont il jouit auprès du Père comme baume et consolation dans nos coeurs, pour les détacher des tristes circonstances de la terre et mettre notre âme en relation complète avec son amour. Plus donc nous serons exercés et dépouillés de tout, plus notre joie sera complète, car nous trouverons en Christ une réponse parfaite à toutes les souffrances de nos coeurs. Telle est son oeuvre en nous maintenant, pour qu’en suivant le chemin de la foi, nous fassions des progrès réels. Séparés des choses présentes, tout ce que nous rencontrons dans ce monde devient un moyen de nous purifier, en liant nos âmes à Christ.

Que Dieu, en nous gardant du mal, nous fasse profiter, par sa grâce, de la position de Christ ressuscité, lequel actuellement n’a rien à faire qu’à attacher nos âmes à Lui par sa grâce, en nous exerçant par les circonstances que nous traversons !