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Méditations de J. N. Darby
1 Méditations de J. N. Darby — Exode 3
2 Méditations de J. N. Darby — Exode 12
3 Méditations de J. N. Darby — Exode 14
4 Méditations de J. N. Darby — Exode 12:1-16
5 Méditations de J. N. Darby — Exode 15:1-18
6 Méditations de J. N. Darby — Exode 15:1-21
7 Méditations de J. N. Darby — Exode 16
8 Méditations de J. N. Darby — Exode 17
9 Méditations de J. N. Darby — Exode 18
10 Méditations de J. N. Darby — Exode 24
11 Méditations de J. N. Darby — Exode 24
12 Méditations de J. N. Darby — Exode 28
13 Méditations de J. N. Darby — Exode 29
14 Méditations de J. N. Darby — Exode 33 : La Gloire hors du Camp
15 Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; Exode 33:4-11 ; 34:28-35
n°80 : ME 1895 p. 312
La vérité que ce chapitre nous présente, c’est que Dieu est descendu pour la délivrance de son peuple. Notre délivrance, à nous chrétiens, est bien plus importante que celle d’Égypte, mais le principe de cette délivrance est le même. Ce chapitre est rempli de détails faits pour attirer nos coeurs vers Dieu et nous montrer ce qu’il est à notre égard.
Ce n’était ni la bonne conduite, ni l’état moral d’Israël, qui avaient attiré sur lui l’intérêt de Dieu. Israël était même tombé dans l’idolâtrie ; à quel point, nous le voyons lorsqu’ils font le veau d’or au désert en l’absence de Moïse. Ils regrettaient jusqu’aux oignons et à la viande d’Égypte par lesquels ils pourraient satisfaire leurs convoitises. Mais Dieu a connu l’état misérable de son peuple, son affliction et toutes ses malheureuses circonstances. Israël était esclave en Égypte, esclave du Pharaon, comme nous le sommes du prince de ce monde, et dans une profonde misère. Dieu ne prend pas seulement connaissance de leurs péchés, mais aussi de leur douleur. Mais aussitôt que Dieu vient montrer sa puissance au milieu de son peuple, qu’il descend pour le délivrer, et se présente dans le royaume de Satan, celui-ci, ne pouvant supporter sa présence, le chasse hors du monde. C’est ainsi que, lorsque Jésus est venu, Satan n’a pu le supporter et l’a crucifié. Il faut toute la puissance de la sainteté de Dieu, pour délivrer son peuple du péché et le faire sortir du monde. Le feu que vit Moïse nous représente la sainteté de Dieu en jugement, mais le feu ne consumait pas le buisson. Ainsi Dieu se présente au milieu de son peuple, jugeant ses faiblesses et ses misères, mais il vient en grâce ; c’est pourquoi le buisson, image d’Israël, n’est pas consumé. C’est Dieu lui-même qui descend et se présente dans la puissance de sa sainteté, se révélant au coeur d’Israël, et ne lui mettant pas en compte le péché, à cause de Christ, pour ne s’occuper que de l’affliction et des misères de son peuple.
On ne peut avoir une plus haute idée de Dieu que ce qui nous est dit au v. 14 : Il se met ici en communication avec son peuple et se présente à lui d’une manière toute nouvelle. Quand l’homme pense à Dieu, il admet qu’il devra paraître devant lui comme juge ; mais ici, l’on voit un Dieu qui s’occupe en grâce de son peuple, avant que ce dernier s’occupe de lui. Il se met en relation intime avec nous, selon tous nos besoins. Il est le Dieu des promesses. Il n’a pas pris à honte d’être appelé le Dieu d’Abraham et le père de nous qui croyons. Je suis, dit-il, le Dieu qui a fait les promesses à Abraham, à Isaac et à Jacob, celui qui, à cause de ses promesses, a soin de vous.
Il est «Je suis», et Jésus dit de même : «Avant qu’Abraham fût, je suis». Il se présente dans sa majesté, dans sa sainteté en apparence effrayante, comme le feu du buisson, mais en même temps comme Celui qui est en relation intime avec nous. Ce n’est pas à un envoyé de Dieu, mais à Dieu lui-même, que nous avons à faire, et nous avons sa présence avec nous. Jésus est descendu comme Emmanuel, Dieu avec nous ; il est remonté comme homme dans la gloire, afin que nous la partagions éternellement avec lui. Dieu avec nous, tel est son nom, qui lui reste éternellement. Jamais Christ n’aura honte de nous appeler ses frères, car jamais Dieu n’aura honte d’être le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous n’avons pas à attendre le jugement pour paraître devant Dieu. Il est venir à nous et veut être avec nous dans une relation de bénédiction et de promesse. Il nous a visités (v. 16). Hélas ! les Juifs l’ont rejeté et n’ont pas connu le jour de leur visitation.
Dieu laisse longtemps son peuple en esclavage. Quand Lazare est malade, Jésus n’y va pas et demeure où il est. Il laisse agir le mal jusqu’à la mort pour montrer sa toute-puissance et sa délivrance parfaite, contre laquelle toute la puissance de Satan ne peut rien. Mais quand le mal a eu pleinement son cours et que tout est fini, Jésus ressuscite Lazare. Dieu laisse agir le mal, afin d’introduire un bien qui est au delà et en dehors de toute la puissance du mal.
C’est alors qu’une âme est sur le point d’être délivrée, qu’elle souffre le plus. Il en est ainsi d’Israël. Mais pas un soupir d’une âme opprimée par Satan qui ne soit monté vers Dieu, rien d’oublié, pas une larme qui ne soit mise dans ses vaisseaux, car Dieu avait vu toute l’affliction de son peuple, au lieu de regarder à son péché. Il aurait pu voir son idolâtrie, ses murmures, sa rébellion, mais sa grâce voit l’effet du péché et de l’esclavage et ne s’arrête qu’à leurs douleurs. C’est ainsi que Dieu nous a visités en Christ. Dieu est venu non seulement se mettre à notre portée, se rendre familier avec nous, en s’incarnant pour nous, mais il nous donne aussi des promesses pour l’avenir : «J’ai dit : Je vous ferai monter hors de l’affliction de l’Égypte..» (v. 17). Cela est certain. Dieu a vu la douleur de son peuple et en a pris connaissance. Cela touche les coeurs. Quand sa douleur est passée, un homme malheureux se souvient avec une tendre reconnaissance des marques de sympathie qu’il a reçues. Dieu a vu cette affliction et veut rendre son peuple vainqueur de toute la puissance de ses ennemis, et c’est en remportant lui-même la victoire pour eux. Satan, le prince de ce monde, le prince des ténèbres et de l’autorité de l’air, est vaincu par la puissance et par l’oeuvre de Jésus.
Dieu leur promet d’excellentes choses, un pays découlant de lait et de miel, et il ajoute (v. 18) : «Ils écouteront ta voix». En effet, ils obéissent à la parole de Moïse. C’est une bénédiction nouvelle, donnée de Dieu, sans laquelle Moïse n’aurait jamais pu entreprendre son oeuvre. Israël était tellement accoutumé à l’Égypte, qu’il eût été content d’y rester, comme le fils prodigue, désirant se rassasier des gousses des pourceaux, plutôt que de penser à la maison de son père. Laissés à nous-mêmes, nous préférons à Dieu toute sorte de choses faites pour exciter le dégoût, ou bien nous choisissons Barabbas plutôt que Jésus.
Dieu sait que Satan ne laissera sa proie que par contrainte (v. 19). Il permet cela, afin que les siens comprennent qu’ils sont sans aucune force. Au moment de passer la mer Rouge, quand il a le Pharaon à dos, Israël sent qu’il n’en a aucune.
L’opposition de Satan à la délivrance du peuple de Dieu, donne lieu à une délivrance totale. Israël passe la mer Rouge et jamais ne rentrera en Égypte. Dès que j’ai trouvé que je suis impie, privé de toute force, impuissant contre Satan, je puis dire : Dieu est pour moi. Il m’a délivré, il m’a montré son amour ; je sais que Dieu est pour moi.
Moïse n’aurait pas eu de force, sans le sentiment que Dieu était avec lui, et le signe que Dieu lui en donne vient après qu’Israël aura obéi (v. 12). Il fallait passer la mer Rouge pour venir adorer avec le peuple en Horeb. Dieu nous donne assez de lumière pour voir sa volonté, puis il attend que nous obéissions. Quand nous avons obéi, il nous en fait voir les conséquences. Mais il faut obéir à Dieu, et Dieu se réserve de nous faire passer la mer Rouge, comme s’il n’y avait point de mer. Sa grâce immense s’emploie tout entière pour nous. Quelle honte que nous osions murmurer, lorsque Dieu n’a en vue que notre délivrance complète !
n°183 : ME 1911 p. 458
Ce chapitre est l’image de notre délivrance. La condition des Israélites en Égypte représente la nôtre comme esclaves de Satan. Pharaon était le prince de ce monde, et le peuple de Dieu lui était assujetti. Satan a, dans un sens, des droits sur nous en vertu du péché, et parce que la justice de Dieu est contre nous ; Dieu ayant dit à l’homme : «Le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort». Satan, qui avait menti à l’homme, en lui disant : «Tu ne mourras pas», peut maintenant l’accuser. Mais il est toujours le même menteur ; il dit aujourd’hui à l’homme : Sans doute, tu as failli, mais tu n’es pas aussi entièrement ruiné que ces chrétiens te le disent. De son côté, Dieu ne peut pas dire : «Tu ne mourras pas» ; il doit prendre connaissance du péché, et il faut que sa justice soit reconnue, mais il a un moyen pour écarter les coups de sa justice.
Le Pharaon avait assez de puissance pour garder les Israélites sous un dur esclavage, auquel ils étaient accoutumés. Il n’avait pas de vrais droits et Satan n’en a pas non plus, mais, en attendant, il nous trompe. L’esclavage est, du haut en bas, l’état de tout homme dans ce monde. Cela est si vrai que, plus l’homme est élevé, plus il est esclave. Un pauvre homme se permettra bien des choses dans la rue sans que personne y prenne garde ; mais le riche est asservi par sa position même ; il n’ose blesser les convenances, les usages imposés par le monde.
Notre volonté est aussi un moyen de servitude. Si l’on nous disait que nous sommes dirigés et conduits par Satan, nous n’en conviendrions pas. Mais que fait l’Ennemi ? Il nous présente les choses de ce monde pour entraîner notre volonté dans le péché. Il y a d’abord la convoitise ; puis Satan fournit les moyens de la satisfaire, alors elle enfante le péché. Judas a été entraîné parce qu’il aimait l’argent ; alors Satan entre en lui et endurcit sa conscience. Quand il l’a amené à livrer le Seigneur, il le précipite dans l’abîme en lui enlevant tout espoir en la miséricorde de Dieu.
Dans le cas d’Adam, Satan lui enseigne, après la chute, à rejeter le mal sur d’autres, pour se disculper. Il accuse Dieu et sa femme, au lieu de reconnaître qu’il a péché, et que Dieu est juste en le condamnant.
En d’autres cas l’homme, au lieu d’être convaincu qu’il est perdu, cherche à se persuader que Dieu, étant bon, ne tiendra pas compte du péché. Mais est-ce que Dieu doit faire du ciel quelque chose de semblable à ce qu’est le monde ? Devrait-il y laisser entrer le péché, établir une mesure jusqu’où et combien l’on peut pécher pour y être admis ? Dieu est déshonoré par le péché ; c’est dans ce monde qu’il l’est de jour en jour, et que les anges et tout l’univers apprennent ce que c’est qu’un Dieu déshonoré et une création dégradée. Y a-t-il là quelque chose que Dieu puisse faire entrer dans son monde à Lui?
Non, Dieu sort et dit : J’exécuterai mes jugements et manifesterai ma puissance sur tous les dieux de l’Egypte, et, en même temps, il met son peuple à l’abri du jugement par le sang de l’agneau pascal, et la question n’est pas si le peuple peut voir le sang, mais si Dieu l’a vu. Que ce sang soit sur les poteaux et le linteau de la porte, ou sur le propitiatoire, ou sur moi, la seule question est toujours s’il est placé sous les regards de Dieu.
Mais les Israélites étaient appelés à manger l’agneau pascal, à s’approprier, en figure, par la foi, le sacrifice de Christ. Il n’était pas question de savoir s’ils avaient de l’appétit pour le manger; sans doute, ceux qui avaient faim en jouissaient davantage, mais ce n’était nullement la condition pour s’asseoir à ce repas : ils mangeaient l’agneau avec des pains sans levain, goûtaient la valeur d’un sacrifice sans péché, et y ajoutaient des herbes amères qui leur rappelaient ce qu’ils étaient eux-mêmes. Dès ce moment, ils n’étaient plus esclaves, et devenaient étrangers et voyageurs, avec les reins ceints, des sandales aux pieds et un bâton qu’ils ne prenaient pas pour se reposer.
L’ennemi pouvait encore les poursuivre, mais après avoir passé la mer Rouge, emblême de la mort de Christ comme jugement de Dieu, ils étaient entièrement libres, car non seulement ils y avaient passé dans la mort d’un autre, mais encore tous leurs ennemis avaient été engloutis par les eaux magnifiques. Le peuple était désormais affranchi.
n°85 : ME 1895 p. 389
On trouve dans ce livre de l’Exode trois caractères de Dieu en rapport avec l’oeuvre de notre salut : 1° Sa condescendance : «J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple... je connais ses douleurs» (3:7). 2° Le jugement de Dieu contre le péché — jugement dont les Israélites furent garantis par le sang placé sur leurs portes. Israël, dans ses péchés et ne pouvant se préserver des jugements de Dieu, est préservé par le sang de l’Agneau (12). Dieu ne saurait nous imputer le péché, sans mépriser le sang de son Fils. 3° Dieu libérateur. Il se trouve que toute la puissance de Dieu est pour nous. Satan se présente avec sa puissance, et Dieu la laisse se manifester et se déployer tout entière, afin que nous comprenions bien que nous en sommes entièrement délivrés pour toujours (14). La chose est vraie, que nous en ayons fait l’expérience ou non, mais notre conviction découle de l’expérience que nous avons acquise.
Il a été permis à l’Ennemi de mettre en jeu toutes ses ressources contre le peuple de Dieu, jusqu’à le poursuivre dans le domaine même de Dieu, à travers la mer. C’était pour Israël un moment de terrible épreuve. Ils avaient entendu la parole de Dieu, ils avaient cru à son amour, le sang avait été mis sur leurs portes et ils en avaient éprouvé l’efficace. Ils s’étaient mis en route pour sortir du royaume de Satan, qui ne les laissait partir que par contrainte et les poursuivait maintenant jusqu’aux confins de son royaume. Dieu ordonne aux enfants d’Israël de se détourner de leur chemin, les plaçant dans une telle situation qu’ils doivent sentir toute leur impuissance et toute la force de Pharaon. Tant qu’Israël faisait des briques, il n’avait rien à craindre des chariots des Égyptiens. Le voici qui, dès le commencement de son voyage, se trouve avoir affaire à tout l’attirail de la puissance du roi. Il en est souvent ainsi pour les enfants de Dieu. C’est au moment de leur délivrance qu’ils font, d’une manière inconnue jusque-là, l’expérience de la puissance de Satan, mais ils apprennent que Jésus est le capitaine de leur salut.
Dieu place Israël de telle sorte, qu’il est seul, en présence de l’ennemi d’un côté, de la mer et du désert de l’autre. La mer Rouge est l’emblème de la mort et du jugement. Quand Israël se voit ainsi acculé, il perd confiance. À la suite de l’efficace du sang de l’agneau, il était heureux de quitter l’Égypte, mais ayant été longtemps l’esclave du monde, il n’avait ni l’expérience nécessaire, ni une foi suffisante en la puissance de Dieu. Il fallait encore qu’il fit l’expérience de la puissance de Satan en regard de celle de Dieu, ainsi que de l’exercice de sa fidélité. Comme Israël, l’enfant de Dieu peut aussi être effrayé et abattu devant la mort et le jugement, fruits du pouvoir de l’Ennemi. Israël ne voit d’autre alternative que de mourir au désert ou de servir les Égyptiens. Cette alternative se présente aussi à notre incrédulité, mais il faut que nous fassions l’expérience de notre impuissance totale contre Satan, quand il s’agit de notre délivrance. Le diable a remporté la victoire sur l’homme innocent ; elle ne lui sera pas difficile à remporter sur l’homme pécheur. Ni en Égypte, ni dans le désert, nous ne pouvons rien pour être délivrés de notre Ennemi, car, par nature, nous sommes non seulement impies, mais privés de toute force.
Quoiqu’il n’y eût pas autre chose devant eux que la mer, Dieu dit aux Israélites de marcher. Cela corrobore ce que Dieu a dit : «L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles». Ils doivent marcher en avant comme s’il n’y avait ni mer, ni Pharaon. En face d’un Ennemi plus fort que nous, Dieu nous entoure d’impossibilités, afin que nous comprenions que lui est pour nous de tout son coeur et de toute sa force. C’est ce qu’il nous a montré en Christ, lui qui n’a pas épargné son propre Fils, Celui qui pouvait dire : «Le prince de ce monde vient, mais il n’a rien en moi». — Pilate le reconnaît innocent et le laisse condamner ; les sacrificateurs qui devaient bénir leur Messie, le mettent au rang des malfaiteurs ; les disciples l’abandonnent ; l’un d’entre eux le trahit ; Satan qui a la puissance de la mort, l’exerce contre lui ; il est délaissé de tous ; l’homme déploie sa vigueur contre lui ; Dieu lui-même l’abandonne. C’est vraiment l’heure de l’homme et la puissance des ténèbres. Mais il faut passer la mer Rouge. En Christ, tout le peuple de Dieu a traversé la mort et le jugement. Par la mort, Christ a détruit celui qui avait la puissance de la mort ; mais Jésus, sorti du tombeau, a une vie en dehors de tout le pouvoir de Satan ; la preuve que ce pouvoir est détruit est donnée à la résurrection de Christ. Israël est sorti de la mer Rouge, et pas un seul Égyptien n’apparaît de l’autre côté.
Le chrétien, nous l’avons dit, fait l’expérience de ces choses dans des moments où tout est obscur. Cela arrive aux âmes qui ont encore quelque confiance en elles-mêmes, qui sont difficiles à convaincre d’impuissance et à persuader qu’elles doivent se confier uniquement en Dieu. C’est lorsque ces âmes en sont réduites à dire : «Je dois rester tranquille, car je ne puis rien faire», qu’elles voient la délivrance. Il ne s’agit pas de combattre Pharaon ; il n’est pas nécessaire, pour être délivré, qu’une âme fasse une expérience pareille ; si elle commence par se fier à Dieu, elle pourra l’éviter. Une âme qui a passé par des expériences très douloureuses, peut en retirer l’avantage de mieux comprendre l’état des autres. Il faut pour qu’elles trouvent la délivrance, que ces âmes soient amenées au sentiment de leur impuissance.
Dieu place le sang sur son peuple pour le préserver du jugement, et il le délivre de toute la puissance de Satan. Cette puissance a été manifestée à la croix, mais la résurrection l’a détruite. C’est l’affranchissement, qui consiste non seulement dans la foi à l’expiation, mais en ce que toute la puissance de Dieu est pour nous contre Satan. La confiance seule au sang de l’Agneau n’est pas l’affranchissement.
n°117 : ME 1898 p. 54
Les délivrances du peuple de Dieu sont toujours liées au fait que Dieu va châtier le monde ; Dieu rend témoignage contre lui, et ce témoignage est universel, n’exceptant personne. La loi distingue entre les justes et les injustes ; le Saint-Esprit prend le monde tel quel et le convainc de péché, parce qu’il n’a pas cru en Christ. L’Évangile commence par traiter le monde comme déjà condamné, comme ayant déjà repoussé Jésus et tout ce que Dieu a fait par lui. Dieu a éprouvé de toute manière le coeur humain ; l’Évangile commence quand cette épreuve est terminée ; il suppose tout le monde perdu et offre le salut à ce qui est perdu.
Souvent les âmes veulent faire l’essai de leur propre force ; il se trouve alors qu’elles n’en ont point. Il arrive même à des âmes converties de chercher à être acceptées de Dieu, en faisant ce que le Seigneur Jésus a commandé.
Pharaon n’a pas voulu laisser aller le peuple de Dieu. Dieu réclame le droit qu’il a sur son peuple, pour être servi par lui. Pharaon — le monde — n’y consent pas. Alors Dieu l’avertit par des signes et des plaies. L’Égypte ne veut pas écouter ; Pharaon endurcit son coeur et devient un monument du jugement de Dieu, pour l’instruction du monde. Comme signe et manifestation de son jugement, Dieu frappe en Égypte les premiers-nés, la force de chaque maison. Il en est de même aujourd’hui ; il en fut de même aux temps de Noé : Dieu somme le monde de se soumettre à Christ, l’avertissant de ses jugements, mais le monde ne consent pas à se soumettre, ni à reconnaître son iniquité.
Le monde est toujours averti des jugements de Dieu. Il est dit d’avance que le Seigneur Jésus sera révélé du ciel en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et contre ceux qui n’obéissent point à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Thess. 1:7-8). Ce n’est pas seulement que Dieu dise au monde, comme la loi : «Voici des hommes qui font du bien et en voici qui dont du mal» ; il demande une soumission complète à sa volonté révélée ; il demande que le monde se soumette à Jésus. Tous ceux qui n’y consentent pas, seront forcés de le faire dans le jugement. Pour sauver le monde, Dieu lui présente son Fils humilié. Sans la soumission à Jésus, tout est inutile, car c’est là ce que Dieu exige. Voici mon Fils ; recevez mon Fils : c’est le salut ; rejetez mon Fils : c’est le jugement. Dieu exige la soumission à Jésus comme Sauveur, la soumission à la grâce. Cela change le coeur ; cela change tout. Il faut le reconnaître et le recevoir ainsi ; ou bien le reconnaître plus tard en condamnation et en jugement. Ici, toute autre question, toute question de bonnes oeuvres, est entièrement mise de côté. Il ne s’agissait pas pour Zachée de ce qu’il avait fait ou voulait faire, mais de ce que le salut était entré dans sa maison. Si Jésus est reçu, c’est la grâce et la vie, sinon il exercera la vengeance sur ceux qui ne se soumettent pas. Il est heureux qu’il en soit ainsi, et que vous n’ayez pas à chercher dans vos propres coeurs ce que vous pouvez présenter à Dieu. Lorsque, par la grâce, l’oeil du coeur est ouvert pour voir la grâce, la gloire et la perfection de Jésus, Christ est dans le coeur et l’effet, voulu de Dieu, est produit.
L’Esprit de Dieu commence par présenter la certitude du jugement, car l’Éternel doit avoir ses droits. Satan est en possession du monde ; il trompe les inconvertis et les tient sous sa puissance ; il fait tout ce qu’il peut pour faire croire au monde qu’il est dans le chemin étroit ; il vous dira que vous êtes assez honnêtes, assez justes comme cela. Mais Dieu a des droits, et le monde ne veut pas obéir à l’Évangile et pense échapper à la vengeance, comme Ève pensait, en désobéissant, échapper à la mort.
Satan se sert, de son côté, pour perdre les âmes de tous les moyens que Dieu emploie pour les réveiller. Le christianisme a modifié le monde, et Satan emploie même le christianisme pour le tromper. Les âmes croient être en règle, parce que, quoique n’étant pas converties, leur conscience naturelle a honte, dans les pays chrétiens, de ce qui caractérise les idolâtres et les barbares. Dans ce sens, l’usage du christianisme est une tromperie de Satan, pour faire croire aux hommes qu’ils peuvent se présenter devant Dieu, parce qu’il n’y a rien chez eux d’aussi grossier que chez les païens.
En Jésus, tout ce qui est parfait en Dieu et en l’homme est présenté à la conscience. La sainteté de Dieu est présentée en Jésus, non selon les droits de cette sainteté, mais en grâce parfaite. Mais Dieu veut une entière soumission à Jésus qui ne repousse personne. Il est Dieu dans toute sa bonté pour attirer les coeurs, mais il faut que l’on se soumette à Jésus. Si Jésus est repoussé, c’est la démonstration que le coeur ne veut pas de Dieu, de quelque manière qu’il se présente à l’homme. C’est là l’épreuve définitive du coeur de l’homme, de son orgueil, de sa dureté, de sa légèreté. Rien de tout cela ne peut subsister en la présence de Jésus ; l’orgueil de l’homme a honte en présence de la croix ; la vanité ne peut se montrer devant Jésus, rejeté du monde et méprisé. Rien de ce qui est dans le coeur de l’homme n’ose se présenter devant ce que Dieu est. Dieu sonde le coeur, et c’est ce que l’homme n’aime pas, ni ne veut. Alors qu’il doit se reconnaître pécheur et soumettre sa conscience et sa volonté, il ne le veut pas. Venir dans ses haillons, confessant sa misère, la grâce seule peut faire une telle chose. À cause de cela, l’orgueil de l’homme hait la grâce plus encore que la loi. Le coeur naturel ne peut pas supporter que tout soit mis à découvert, mais Dieu veut sonder le coeur de l’homme et sauver l’âme pour toujours. Dieu agit selon ce qu’il est et non selon nos pensées. Si l’on ne reçoit pas Jésus, Dieu manifestera ce qu’il est par le jugement, car il passera à travers ce monde, comme il a passé à travers l’Égypte.
Au v. 13, nous trouvons la sûreté parfaite des âmes qui se soumettent à Jésus. Israël avait connaissance du jugement de l’Égypte. Il en est toujours ainsi pour les âmes sauvées : elles prennent connaissance des voies de Dieu, du jugement du monde, tandis que les autres espèrent obtenir le ciel sans examiner ce que Dieu a dit. Ayant pris garde à la révélation de Dieu, l’âme craint le jugement ; mais quand Dieu révèle le jugement, il révèle aussi le moyen d’y échapper, et l’âme qui a la crainte de Dieu s’attache à sa Parole. Le sang placé sur la porte est une folie pour l’homme, mais la simplicité de la foi accepte la parole de Dieu dans toute sa simplicité.
L’ange exterminateur avait reçu des ordres. S’il y avait des Israélites très honnêtes qui n’eussent pas le sang sur leur porte, l’ange devait y entrer. Il faut Christ et le salut, ou bien point de Christ et point de salut. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui n’a pas le Fils, n’a pas la vie.
Il y a une grande certitude pour ceux qui sont dans la maison, abrités par le sang. C’est Dieu qui exécute le jugement ; impossible qu’il se trompe, impossible de lui échapper ; mais lorsque Dieu dit qu’il passera outre s’il voit le sang, il y a pour Israël entière certitude qu’il passera et qu’il y a un salut au milieu même du jugement. Dieu ne dit pas : «Quand vous verrez le sang», car, pour échapper au jugement, il ne s’agit pas de la vue que vous avez, soit de vos péchés, soit du sang. Dieu a vu le sang ; lui-même estime le sang de Christ ; lui-même estime le péché. La foi accepte le jugement de Dieu et s’arrête à ce jugement sur le péché par le sang.
Tout cela avait lieu pour faire sortir le peuple d’Égypte et non pour le laisser dans la maison. Dieu nous a lui-même garantis de son jugement, puis il fait sortir son peuple. Après cela viennent la colère de Satan, le voyage, le combat, mais en présence de ces choses, l’âme peut se nourrir des joies de Christ, car elle sait qu’elle est sauvée.
Avec la pâque, Israël a dû manger du pain sans levain (le péché écarté) et des herbes amères. Plus je connais ce que Christ est, plus j’ai de pensées amères sur mes péchés. C’est ainsi que le peuple mangeait l’agneau, mais il le mangeait en sûreté. C’eût été un péché de penser que Dieu pouvait manquer à sa délivrance, et c’est un péché de douter que le sang de Christ purifie de tout péché.
Israël est encore en Égypte, mais il n’y est plus esclave. Il a sa ceinture, ses souliers et son bâton ; il est prêt à se mettre en voyage. C’est là notre position ; nous sommes dans le monde, mais celui-ci n’est plus pour nous que le tombeau vide de Jésus. Israël peut se mettre en route avec l’assurance que Dieu est pour lui dans le voyage, parce qu’il s’est déclaré pour lui dans la question du jugement. L’âme peut être travaillée avant d’avoir connu cela. Quand la révélation de Dieu est reçue dans le coeur, l’âme ne peut trouver la paix avant que la révélation de la grâce soit aussi claire et aussi certaine que celle du péché. «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous». Le chrétien voit son jugement exécuté en Christ ; il sait que le sang est sur la porte et se confie entièrement en Dieu. La soumission consiste d’abord à se soumettre à la justice de Dieu qui nous condamne, tronc et branches, mais qui nous montre que cette condamnation est tombée sur le Seigneur Jésus.
Quand nous avons trouvé la paix, ce n’est que le commencement du voyage. Israël se met en route, sachant que Dieu est pour lui.
Êtes-vous soumis à Christ ? C’est ce que Dieu demande. Il ne veut ni des offrandes, ni des sacrifices ; il vous présente Jésus, en vous montrant ce que vous êtes. Le plus triste pécheur au monde peut être reçu en grâce par Jésus, car il est là pour le recevoir. Si vous avez été convaincu de péché et du salut par Christ, que Dieu vous fasse la grâce de vous nourrir de son Agneau pour commencer le voyage. Ne reculez pas devant les herbes amères.
n°146 : ME 1902 p. 251
Ce cantique est un cantique de délivrance, mais je voudrais considérer ce qu’il nous dit de la demeure de Dieu. Or le Saint-Esprit nous présente toujours la fin dès le commencement, car il ne peut rester en deçà des conseils de Dieu et de la gloire de Christ.
Dieu demeure dans une lumière inaccessible qui ne nous regarde pas, si ce n’est pour provoquer notre adoration. Mais, quand Dieu veut entrer en relation avec ses créatures, il vient habiter au milieu d’elles. Sans doute, il demeure au milieu des anges, comme au milieu de créatures glorieuses et parfaites, mais du moment qu’il est question d’alliance, de développement des conseils de Dieu, de grâce, de pardon, de médiation, Dieu ne prend pas les anges, mais la semence d’Abraham ; il veut demeurer avec les hommes. Après le péché, le paradis de l’homme ne pouvait être la demeure de Dieu, car Dieu ne peut demeurer avec le pécheur, ni s’entretenir avec lui. Mais à mesure que le conseil de Dieu se déploie, on trouve que son intention est de demeurer avec son peuple.
La demeure de Dieu nous est présentée ici sous trois aspects.
1° Le salut est plus que la délivrance ; il est aussi ce en quoi nous sommes introduits après avoir été délivrés. Extérieurement, il nous introduit dans le désert, mais nous ayant sauvés pour l’éternité, Dieu demeure au milieu de nous, comme il dit en Ex. 29:46 : «Je les ai fait sortir du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux. Plus tard, Dieu habite en gloire dans le temple de Salomon. Ensuite, il vient demeurer en Jésus, dans un homme qui est son temple, et enfin, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit.
«Il a été mon salut ; il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation» (v. 2). Ayant senti le bonheur d’avoir Dieu pour nous, nous désirons qu’il demeure avec nous. Il est impossible que nous ayons goûté la grâce de Dieu sans désirer cela. Ce désir se rencontrera toujours si l’âme est sincère et fidèle ; jamais, si elle veut conserver quelque relation avec le péché. La pensée que Dieu est terrible et qu’il est préférable qu’il ne soit pas trop près de nous, ne peut naître que de la chair ; mais quand on connaît Dieu comme Sauveur, le désir qu’il habite avec nous ne peut manquer.
2° «Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté» (v. 13). Au désert, Dieu avait amené Israël à Lui-même. Sa première parole en Sinaï est : «Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi» (Ex. 19:4), mais :
3° Il dit : «Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi» (v. 17). Dieu se préparait encore un lieu où il voulait habiter avec son peuple ; c’était un sanctuaire établi, une gloire préparée. Jésus dit de même : «Je vais vous préparer une place». Dieu a préparé la gloire pour y demeurer, pour y être vu. Cette gloire sera visible et manifeste, et Dieu nous y conduira ; c’est le sanctuaire où il demeure.
On trouve donc ici ces trois choses : 1° le désir du coeur que Dieu habite avec nous ; 2° la certitude qu’il nous a conduits à la demeure de sa sainteté ; 3° la révélation que Dieu nous conduira au lieu qu’il a préparé pour son habitation.
Dieu répond par Nathan au désir de David : «L’Éternel te bâtira une maison». Aussi longtemps que David, type de Christ, est l’homme de guerre, il ne peut pleinement édifier le temple. Ce travail glorieux est réservé à Salomon, l’homme de paix (1 Chr. 17:9-12). C’est lui qui bâtit la maison (2 Chr. 6:2). Salomon est le type de Christ qui bâtit la maison en gloire, accomplissant ainsi le voeu et le désir de nos coeurs.
Ce n’est pas la connaissance du salut individuel qui remplit le coeur du peuple, à la mer Rouge, mais le désir que Dieu ait un domicile fixe au milieu des siens. Peut-être Dieu dira-t-il, comme à David : Ce n’est pas encore le moment. C’est néanmoins là que tendent tous nos désirs, en vue de l’accomplissement des choses promises. Il y aura plus qu’un tabernacle, il y aura un sanctuaire, un domicile fixe que les mains de Dieu ont établi. En attendant, Dieu nous a conduits à la demeure de sa sainteté. C’est la position de l’Église. Les chrétiens ne peuvent se contenter, comme Salomon, que Dieu soit dans les cieux et eux sur la terre. Ils désirent par l’Esprit que Dieu ne soit pas comme un étranger qui vient loger chez eux une nuit, en passant (Jér. 14:8). L’Église peut être affaiblie et dans un triste état, mais elle ne peut abandonner le désir que Dieu soit au milieu d’elle. «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit» (Éph. 2:22). Les enfants de Dieu réunis ensemble, deviennent la demeure de Dieu, et l’Esprit anticipe au milieu d’eux ici-bas ce que Christ fera dans la gloire.
Il y a donc ces deux grandes idées : la certitude que Dieu nous a conduits à la demeure de sa sainteté, et celle que nous ne sommes pas encore dans l’héritage, mais que nous y entrerons.
Le Saint-Esprit saisit l’espérance de la gloire de Dieu et nous la donne ; il l’anticipe ; il ne nous fait pas croire que nous accomplirons cela de nous-mêmes ; c’est Christ qui l’accomplira dans la gloire. L’Esprit est un Esprit d’unité ; il rassemble les enfants de Dieu pour que Dieu demeure au milieu d’eux par ce même Esprit. C’est leur joie de sentir cette présence selon le principe du rassemblement en un des enfants de Dieu, car «il y a un seul corps et un seul Esprit». Les délices du coeur de Dieu, c’est d’habiter au milieu de son peuple en attendant la gloire. Il y a, dans cette habitation, une grande puissance de sainteté. Le Saint-Esprit a pu demeurer en Jésus, parce qu’il était parfaitement pur et saint ; il peut habiter en nous, parce que le sang de Christ nous purifie de tout péché. L’effet de cette présence est de nous faire cheminer selon la pureté et la sainteté qui nous appartiennent. Dieu châtie le peuple, parce qu’il demeure avec lui ; il a laissé marcher les nations en suivant leurs voies, parce qu’il ne demeurait pas au milieu d’elles. Sa sainteté n’en était pas compromise. La présence de Dieu au milieu de nous a pour effet que tout en nous soit jugé ; sans cela, les châtiments s’abattront sur nous et si les châtiments sont méprisés, notre chandelier sera ôté.
Que Dieu fixe cette pensée dans nos coeurs ! Que, par le Saint-Esprit, nous désirions qu’un tabernacle soit dressé dans lequel Dieu demeure. Le domicile fixe sera la gloire. C’est Christ-Salomon qui le bâtit. Que de choses la présence de Dieu briserait et détruirait, si l’homme voulait dresser, sans le Saint-Esprit, un tabernacle pour Dieu. Dieu connaît notre faiblesse ; il ne peut supporter le mal, et sa présence le juge et le châtie dans son peuple.
Pouvons-nous désirer que la présence de Dieu se manifeste au milieu de nous sur la terre ? Quel privilège immense d’être la demeure de Dieu ! Quelle puissance de sainteté cette présence produit ! La conséquence en est de manifester le mal, puis de nous en délivrer par les châtiments, les afflictions ou la discipline.
n°11 : ME 1886 p. 234
Le v. 13 nous montre qu’Israël, sans avoir fait encore un pas dans le désert, est conduit par la miséricorde de Dieu à la demeure de sa sainteté. Mais, du moment que le peuple a passé la mer Rouge, il chante avec joie et triomphe. Il en est de même du chrétien, aussitôt que Christ l’a tiré hors d’Égypte, c’est-à-dire du monde. Israël n’avait jamais été dans un état plus triste que celui qui précéda cette délivrance. Dieu avait fait, sans doute, beaucoup de prodiges en Égypte, mais le peuple ne chante sa délivrance qu’après le passage de la mer Rouge ; type de la mort et de la résurrection de Christ. Notre sujet de frayeur, la mort et le jugement qui nous attendent, devient notre sujet de joie quand nous le considérons dans la mort de Christ et le jugement tombé sur lui. Le miel se trouve dans la gueule du lion. C’est avant de commencer sa marche dans le désert qu’Israël chante le cantique, parce que notre pèlerinage commence par la délivrance de Dieu. L’effet de la délivrance est de nous placer dans le désert.
En Égypte, Israël était esclave de Pharaon, mais il avait en abondance les biens de la terre. C’est la jouissance des choses de cette vie qui nous place sous l’esclavage de Satan, le prince de ce monde. Quand le peuple murmure dans le désert, il se souvient du poisson qu’il mangeait pour rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail... mais non pas des briques. Le salut du chrétien condamne le monde au lieu de l’accréditer, mais le jugement est de Dieu. Pourquoi prêcher l’évangile, si le monde n’est pas perdu ?
Lorsque le sang de Christ a été placé sur nous, nous commençons à sortir d’Égypte, mais l’ennemi nous guette et nous attaque en chemin, comme Pharaon poursuivit Israël jusqu’à la mer Rouge. Nous nous trouvons aux prises avec Satan, et il faut que nous sentions sa force : cette expérience est nécessaire pour abattre nos coeurs, pour nous placer devant Dieu dans notre néant, mais aussi pour nous mettre en état de jouir de Dieu. Le sang sur la porte des Israélites, mettait en évidence le jugement de Dieu en leur faveur, mais pour que nous puissions jouir de Dieu, il faut que Pharaon nous poursuive jusqu’à la mer Rouge, jusqu’à la mort.
Satan est derrière nous ; il nous accule et nous pousse dans la mer ; il cherche à nous effrayer de la même manière. C’est alors que la force de Dieu se manifeste dans notre faiblesse ; c’est alors que la vue de la mort et de la résurrection de Christ nous montre la puissance de Dieu triomphant de celle de Satan et nous affranchissant. La mer Rouge devient la sûreté d’Israël, une muraille à droite et à gauche ; ainsi, la mort de Christ devient notre assurance. La mort est la puissance de Satan aussi longtemps que nous ne la voyons pas dans celle de Christ. La mort de Christ est le salaire de mon péché et me soustrait au jugement. Les croyants passent par la mort de Christ et ont part à sa résurrection : nous sommes ressuscités avec lui. Où est Satan, où Pharaon ? Dans la mer Rouge. Du moment où nous avons compris la force et la puissance de Dieu qui nous placent hors d’Égypte, quoique dans le désert, nous n’avons plus rien à redouter de Pharaon. Il ne reste à Satan que la puissance de la mort. Il a déjà fait tout son possible contre nous ; il n’a pu toucher le peuple de Dieu, sans toucher d’abord le chef de notre salut. Rien n’est plus effrayant que d’entendre le Fils de Dieu dire à Dieu : «Pourquoi m’as-tu abandonné ?» Le jugement dernier et tout le reste n’ont rien d’aussi terrible. Mais la mort n’a pu retenir Christ : du moment qu’il sort du tombeau, la puissance de Satan est détruite et Christ emmène la captivité captive. La mort et le jugement de Christ font tomber Satan dans la fosse qu’il a creusée, tandis que nous sommes amenés auprès de Celui qui nous a aimés.
Être dans le désert est une preuve de la délivrance. Dieu nous conduit dans le désert, afin que nous n’y trouvions que lui-même ; il n’y a, sans lui, ni force, ni nourriture, ni breuvage, ni sentier. L’intelligence humaine ne peut s’appuyer sur Dieu ; la foi seule le peut, parce qu’elle n’a rien. Ou Dieu, ou le désert ; ni l’Égypte, ni Canaan. Quand nous cessons de voir Dieu, le désert est devant nos yeux ; nous sommes hors d’Égypte, pas encore dans le ciel.
Tout ce qui était contre nous est vaincu dans la mort et la résurrection de Christ ; dans le désert, il n’y a que Dieu qui nous donne ce qui est nécessaire pour le voyage et non pour le repos (Deut. 8:2-5). Dieu, dans sa force, nous conduit à la demeure de sa sainteté. C’est le moment de chanter le cantique de délivrance. Nous sommes déjà dans la demeure de sa sainteté, mais non encore introduits dans la gloire (v. 17).
n°89 : ME 1895 p. 471
L’histoire de ce qui s’est passé entre la mer Rouge et Sinaï est la manifestation des principes de la grâce, avant que la loi fût donnée. Nous pouvons trouver dans ce récit la représentation des bénédictions de l’Église, comme peuple de Dieu, pendant sa marche ici-bas, objet de toute l’administration de la grâce de Dieu, malgré toutes ses infidélités qui nous sont présentées pour notre instruction dans l’histoire d’Israël après la mer Rouge. Or la grâce seule répond aux murmures du peuple. Les mêmes murmures se sont produits après la promulgation de la loi, mais alors, ce n’est plus la grâce, ce sont les châtiments qui y répondent. Sans doute, après comme avant Sinaï, Dieu donne la manne, les cailles et l’eau du rocher, mais avant la loi, ces dons étaient la manifestation que Dieu est amour, tandis qu’après la loi ils sont accompagnés des jugements les plus sévères. Dans notre chapitre, Israël est sous la grâce, et porté sur des ailes d’aigle. Sa folie a été de se placer sous la loi et d’entreprendre d’accomplir la volonté de Dieu, qui lui avait-dit : «Si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples» (Ex. 19:5). Israël aurait dû dire : «Nous ne le pouvons pas ; nous reconnaissons le devoir de t’obéir, mais nous ne pouvons pas accepter les promesses sous cette condition». Au lieu de cela, ils disent : «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons». Entreprendre l’obéissance, c’est toujours l’orgueil, quand on a fait auparavant l’expérience de sa faiblesse et de la grâce de Dieu. Tout devoir est notre ruine, parce que nous sommes des pécheurs. Le devoir n’en subsiste pas moins, mais il n’est pas la condition de la grâce. Israël avait été délivré par le sang et par la mer Rouge ; il reçoit de l’eau et du pain par grâce, mais ensuite il accepte la bénédiction sous condition d’obéissance. C’était à la fois l’oubli des bienfaits reçus de la bonté de Dieu et l’oubli de sa propre faiblesse.
Pour faire ressortir cette folie, Dieu conduit Israël par la grâce, avant de lui donner la loi. La loi est intervenue pour que l’offense abondât (Gal. 6 ; 1 Cor. 15:56 ; 2 Cor. 2). Elle est la puissance du péché et un ministère de mort.
La mer Rouge est la délivrance d’Israël par la puissance de Dieu, qui dès lors commence l’instruction de ses enfants. Le désert devient l’occasion de déployer toutes les richesses de sa grâce. Les Israélites regrettent l’Égypte, et Dieu leur répond en leur donnant plus qu’ils ne désiraient.
Les soins de la grâce comprennent trois choses : Christ, notre pain, notre nourriture ; l’eau du rocher, type du Saint-Esprit ; l’intercession de Jésus.
La manne se lie au sabbat, l’eau du rocher au combat, dans lequel le Saint-Esprit nous introduit. Ce combat est accompagné de l’intercession. Le repos de nos âmes provient du don de Christ, et l’effet de la présence du Saint-Esprit est de nous pousser dans le combat. Ces trois choses se trouvent dans les chap. 16 et 17. Si nous sommes fidèles, nous combattons malgré nous ; chaque pied de terrain doit être enlevé à Satan. En combattant, les forces s’épuisent ; notre faiblesse nous est ainsi révélée ; en même temps que la fidélité de Dieu. Malgré notre faiblesse, l’Ennemi est déjà vaincu : «J’ai vaincu le monde». «Résistez à Satan, et il s’enfuira loin de vous». C’est Christ qui combat en nous, et du moment que la force de Christ se déploie en nous, Satan s’en va, reconnaissant la puissance de Celui qui l’a vaincue, lui, le prince de la mort. Israël était déjà pleinement délivré quand il rencontre Amalek ; il n’a pas eu à combattre Pharaon, ce qui pour lui aurait été la mort. Christ, le Prince de la vie, peut seul combattre le prince de la mort.
Israël murmurait de se trouver dans le désert ; il murmure de ce qu’il n’a pas de pain, ensuite, de ce qu’il n’a pas d’eau. Dieu nous envoie des choses pénibles, précisément parce que cela est nécessaire. Le coeur vante ce que l’Éternel avait fait en Égypte, parce qu’en Égypte la volonté n’était pas brisée, ni la chair mortifiée. Israël accuse Moïse de l’avoir amené au désert pour le faire mourir ; la délivrance de Dieu est oubliée ; le coeur retourne au monde ; la chair se souvient de l’Égypte. On n’aime pas à être délivré ; on n’est pas content de la grâce, parce que la chair est en activité et que Dieu ne peut suffire aux désirs de la chair. Rien de ce que Dieu donne ne plait à la chair. Quand nous nous plaignons des circonstances, nous murmurons contre Dieu qui les dirige. Israël était très content d’être dans le désert, lorsqu’il était encore au bord de la mer Rouge.
Après tant de grâces et de délivrances, Israël murmure. Dieu se présente à eux comme leur Sauveur (v. 6). Quand on murmure, on a oublié le salut. Nous disions : «Dieu est bon», au moment où nous sentions la délivrance du péché et de ses conséquences ; mais quand nous nous sentons à l’aise, nous agissons envers Dieu comme s’il n’avait qu’à satisfaire nos désirs. Les difficultés arrivent ; nous murmurons et nous oublions que, si nous y sommes, c’est parce que nous avons été sauvés. Quand j’étais ruiné et réduit à la mendicité, un morceau de pain était trop bon pour moi ; maintenant que je suis délivré et à l’aise, mes murmures ne peuvent provenir que d’un coeur ingrat. Mais Dieu se montre au-dessus de toute l’iniquité, de tout le mal, de tous les murmures. Telle est la grâce ! (v. 7). Dieu n’aurait pu permettre que le péché fût plus grand que lui. «Où le péché a abondé, la grâce a surabondé». C’est à la croix que le péché de l’homme a le plus abondé ; c’est à la croix que Dieu a fait grâce à toutes les iniquités et qu’il s’est montré plus grand que toute la méchanceté de l’homme. Parce que l’Éternel a ouï les murmures du peuple, il veut lui donner la démonstration de sa bonté.
Le v. 8 montre la pure grâce de Dieu ; ce n’est pas la grâce envers un inconverti ; c’est plus que cela, c’est Dieu faisant grâce à ceux qui murmurent contre ses bontés.
Cette grâce est figurée dans la manne. Christ est la manne, le vrai pain descendu du ciel (Jean 6). Si l’on veut comprendre la gloire de Dieu dans sa bonté, il faut absolument en venir à Christ qui est le don de Dieu pour nous, quand nous étions dans nos péchés. Cela est surtout évident sur la croix. Il faut manger sa chair et boire son sang, le recevoir comme mort, car c’est sa mort qui manifeste le plus évidemment l’amour de Dieu pour les pécheurs.
C’est pourquoi, comme type, le sabbat est ajouté à la manne. Christ est notre repos. Si nous voulons garder cette grâce comme quelque chose qui soit à nous, elle se corrompt ; c’est la propre justice. Il nous faut une dépendance totale, journalière, manger Christ et rien d’autre. Le repos de nos âmes vient entièrement de Christ.
Ensuite il faut combattre, sinon Satan nous éloigne toujours plus de la communion avec Dieu. Mais si nous sommes abattus, nous n’avons qu’à penser à Christ pour rendre grâces. En pensant à tout cela, je glorifie le Seigneur, et mon coeur se repose sur tout ce que Dieu est dans ma délivrance. C’est lui qui agit pour moi, qui fait tout, qui a tout fait pour son Église, pour l’éternité, quand nous n’étions que pécheurs. Dieu remporte, par sa bonté, la victoire sur nos coeurs ingrats et rebelles.
n°59 : ME 1893 p. 414
Au cours d’un long voyage, on se reporte vers le repos qui est au bout. Les difficultés de la route peuvent occuper nos esprits, mais on pense au repos. Nous pouvons y penser selon la chair dans ce cas, nous en aurons assez des fatigues, et nous serons las de travailler et de combattre. Si nous y pensons dans le sentiment de la bonté de Dieu, cela nous encourage à marcher jusqu’au terme.
Deux choses distinguent la vie chrétienne : le repos et l’activité. Quand nos coeurs réalisent ce que Dieu est et ce qu’il est pour nous, nous avons du repos. C’est un repos céleste ; mais quand nous cherchons du repos dans le désert, nous oublions Canaan. Ce n’est pas que Dieu ne nous fournisse quelquefois des étapes sur la route. Quand la nuée s’arrêtait, Israël jouissait un moment de ce repos-là, mais c’était un relâche préparé par Dieu et non par l’homme. Jésus lui-même dit à ses disciples : «Venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu» (Marc 6:31).
Au chap. 16, nous trouvons le sabbat, le vrai repos du peuple, établi en rapport avec la manne : Christ, le pain qui est descendu du ciel. Le repos est par Christ. C’est par là que le peuple commence. Au chap. 17, vient le combat. Ce qui nous y introduit immédiatement, c’est le don de Dieu, cette eau, figure du Saint-Esprit, dont le peuple est abreuvé et qui coule pour lui du rocher. Avec la présence du Saint-Esprit, vient le combat et non le repos.
Au moment d’être béni par l’eau du rocher, Israël que Dieu avait sorti d’Égypte, qu’il avait sauvé à travers la mer Rouge, Israël tente Dieu. Satan l’y incite pour l’affaiblir. Comment ! mettre en question que Dieu soit réellement au milieu de son peuple ! Dieu est pour nous ; qu’importe que Satan soit contre nous ? Dieu n’est-il pas plus puissant que tous nos ennemis ? Quand nous pouvons dire : L’Éternel est au milieu-de nous, nous n’avons rien à craindre. La foi trouve de la force dans le sentiment que Dieu est pour nous et dans une entière soumission à sa volonté. C’est surtout dans les difficultés que Dieu se manifeste comme étant pour nous. La foi est appelée à accomplir la volonté de Dieu au milieu d’un monde qui ne connaît ni ne fait cette volonté. Elle compte sur la présence de Dieu, quoiqu’elle ne voie rien et qu’il n’y ait rien autour de nous pour nous rassurer. La foi agit, sans penser aux conséquences. Noé fut averti divinement des choses qui ne se voyaient point encore (Héb. 11), et agit uniquement d’après la parole de Dieu. Abraham va, sans savoir où Dieu le conduit. La foi n’a ni les choses promises, ni le monde ; si elle avait la réalisation des promesses, ce ne serait plus la foi. Elle est un exercice continuel de dépendance et ne peut compter que sur Dieu. Du moment que nous n’agissons plus sans voir, notre activité cherche des appuis dans le monde. Peut-être serons-nous ainsi plus à l’aise, mais la communion et la vie de Dieu en nous seront affaiblies.
Nous devons toujours compter que Dieu est avec nous. C’est la gloire de la foi, de dépendre à tout moment de lui, et de lui seul, sans penser au lendemain. Dieu prend soin du lendemain. Je n’ai à faire que la volonté de Dieu, quand elle se présente; Dieu, répond du reste, c’est son affaire à lui. Qui peut nous séparer de l’amour de Dieu ? Lui qui nous a donné son Fils, nous donnera toutes choses avec lui. Aucune circonstance n’est au-dessus de la fidélité de Dieu.
Je n’ai pas à penser à l’avenir. La seule question est: «L’Éternel est-il au milieu de nous, oui ou non ? «Si nous sommes dans le chemin de Dieu, le chemin nous conduit où Dieu veut que nous allions. Les difficultés se présentent dans le chemin; y a-t-il là quelque chose d’étonnant ? Ne sommes-nous pas appelés à être dans le monde les soldats de Dieu contre Satan ? Celui-ci ne peut rester endormi. Israël raisonnait devant les difficultés ; c’était de l’incrédulité. Dieu veut que les difficultés exercent notre foi. Il donne de l’eau à son peuple; le Saint-Esprit nous mène au combat. La consolation nous est présentée à la fin : «Dieu effacera entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux» (v. 14). Satan sera brisé sous nos pieds.
La victoire ne dépend pas des efforts, de la sagesse et de la force du peuple, mais des mains de Moïse. Il fallait, pour vaincre, une dépendance continuelle de Dieu. La même sagesse, la même force, a de l’effet ou n’en a pas, selon que notre conduite réalise ou non cette dépendance. Si la bénédiction divine n’est pas en activité en notre faveur, Satan est le plus fort. Il est difficile à l’homme d’être fondé sur cette pensée. Quand Dieu nous bénit, nous considérons facilement cela comme un effet de notre conduite, au lieu de n’y voir que Dieu. Ce qui manque bien souvent chez les chrétiens sincères, c’est de rechercher d’une manière suivie la communion avec le Seigneur. La bénédiction dépend à chaque instant de l’activité de sa grâce en notre faveur.
Toute mémoire de Satan, de nos ennemis sera effacée. Ce n’est pas que le combat doive cesser maintenant. L’Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération. Si nous sommes dans le combat, c’est avec Josué, avec Christ comme notre chef, et nous avons la gloire et l’honneur de servir sous lui. Nous aurons la guerre; il nous faut y compter. Si nous ne sommes pas vigilants, l’ennemi l’est toujours et nous succomberons. Si nous sommes dans le combat, même avec de grandes difficultés, c’est parce que l’Éternel est dans le combat.
Quelquefois Dieu nous donne du repos et des circonstances favorables, mais en général nous sommes en pèlerinage avec lui seul dans le désert.
Il n’y a rien que, dans notre état naturel, nous ne préférions à Dieu, non seulement comme bonheur, mais aussi comme force. On voudrait la force du monde pour l’avancement de l’Église, comme si Dieu ne suffisait pas. Gédéon n’a pu combattre qu’avec 300 hommes. Dieu choisit les choses faibles de ce monde, pour confondre les fortes.
Que Dieu nous donne, avec la certitude que Christ intercède pour nous, cette assurance de foi qui s’appuie sur lui. Quelle bonté de Dieu, de tenir pour péché, le manque de confiance en son amour !
n°93 : ME 1896 p. 271
Ce chapitre nous conduit, en type, jusqu’à l’accomplissement des bénédictions futures ; il va au delà de l’économie actuelle. La grâce s’était manifestée envers le peuple dans le don de la manne et de l’eau du rocher, puis Israël avait rencontré le combat avec Amalek. Tout du long, Dieu surpassait par ses bénédictions les murmures et l’iniquité de son peuple. Au chap. 18, nous voyons quel était le but et quel est le résultat de ces bénédictions. Nourri par la manne, rafraîchi par l’eau du rocher, Israël arrive à la montagne de Dieu et s’y repose. Aaron et tous les anciens d’Israël mangent au pied de cette montagne avec Jéthro, beau-père de Moïse ; c’est la jouissance en commun des bénédictions préparées au peuple.
Mais dès lors tout change. Dans le chapitre qui suit, la montagne de Dieu devient le siège de la loi. En Ex. 3:12, elle est le siège de la bénédiction. «Vous servirez Dieu sur cette montagne», dit l’Éternel, et c’est là que le festin est préparé pour le peuple. Il se repose là après le combat d’Amalek. Nous aussi, nous sommes appelés au repos et à la gloire. Il nous faut arriver à ce repos de la gloire par la vertu qui remporte la victoire dans le bon combat : un homme vertueux garde la fidélité malgré les obstacles et les tentations. Le peuple, étant déjà le peuple de Dieu, avait à remplir son devoir par le combat. Christ nous introduit par le salut dans le chemin du désert où nous trouvons le combat, mais, pour parvenir à la gloire, il faut, en livrant le combat, traverser les obstacles. C’est là la vertu. La couronne est la suite de la victoire. Sans le salut, il n’y a pas de combat. Si Jésus ne nous avait pas aimés, et donné la vie éternelle et la force, nous ne serions pas appelés à combattre. Christ est déjà sorti du combat et entré dans la gloire, lui qui était parti de la gloire. C’est ce que Moïse, en type, avait fait : il avait vu la gloire de Dieu dans le buisson à Horeb, la montagne de Dieu (Ex. 3:1), et il est appelé à revenir à cette même montagne (Ex. 3:12). Il part seul, mais il y revient avec le peuple. Il quitte la gloire pour un temps, rachète Israël, le conduit à travers la mer Rouge, par le désert, jusqu’à la montagne d’où il était parti. C’est ce que Christ a fait ; il a vaincu le monde et nous encourage ainsi. Quelle certitude de salut et de gloire ! Christ a quitté le ciel pour accomplir les conseils de Dieu ; si un seul de ceux qu’il est venu sauver manquait, Christ serait rentré au ciel pour rien ! Moïse avait dit : «Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles» (Ex. 10 :9).
Les détails du chap. 18 sont fort intéressants. Moïse, comme nous l’avons vu, est le type de Christ. Jéthro était un gentil ; Séphora, femme de Moïse, avait été séparée de lui, car Moïse l’avait renvoyée au début de sa mission (Conf. 4:24-26 ; 18:2). Séphora est le type de l’Église prise d’entre les gentils. Moïse, chassé d’Égypte par son peuple, va à la montagne et y prend une femme étrangère ; puis, quand il a amené le peuple à la montagne, Jéthro lui-même y arrive, c’est-à-dire les gentils. Jéthro, sacrificateur gentil, loue le Dieu qu’il connaît maintenant (v. 11). Jéthro, duquel est issue Séphora, connaît la gloire de l’Éternel. Séphora est donc l’épouse d’entre les gentils, comme Jéthro les gentils eux-mêmes. Il reconnaît (v. 10-11) que c’est l’Éternel qui a délivré le peuple de la main des Égyptiens et que, en cela en quoi ils avaient agi présomptueusement, il avait été au-dessus d’eux. «Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice» (És. 26:9). Les jugements de Dieu manifestent que Dieu est le plus fort.
Les gentils mangent avec Israël : la même bénédiction aura lieu à la fin des jours. Au v. 12, Séphora ne parait pas ; l’Église sera dans la gloire quand l’ordre et le gouvernement parfaits seront établis selon la justice. Cela n’a pas lieu maintenant, bien que l’Esprit de Dieu ait pour fonction d’établir l’ordre dans l’Église. Dans notre chapitre, tout est en ordre ; c’est comme dans la vision de Zacharie 4:1-3, tandis qu’en Apoc. 11:2-4, tout est en désordre et ne dépasse pas un témoignage rendu. Il en est de même de l’économie actuelle. L’ordre aura lieu pour la terre, quand nous arriverons à la montagne de Dieu. Alors nous verrons Christ roi et sacrificateur ; maintenant nous avons le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit n’est pas Christ, mais il réalise, autant que possible dans ce monde, les choses qui nous ont été promises. Nous possédons tout et n’avons encore rien, mais quand la gloire arrivera, nous aurons tout.
La puissance de l’Esprit s’est montrée au commencement de l’Église ; alors le témoignage du Saint-Esprit avait une telle puissance qu’il était comme une vue ; mais le désordre s’est introduit, au point que le christianisme est devenu l’une des choses les plus corrompues qui se puisse voir. Cependant l’Église peut réaliser sans l’avoir la gloire de Jésus. Étienne a vu la gloire et a été lapidé. Nous pouvons déjà être bénis ici-bas ; c’est une économie de témoignage, de jouissance par l’Esprit, mais ce n’est pas encore la jouissance des promesses. L’Esprit nous rafraîchit, mais il faut combattre. Après cela, l’Épouse sera présentée à l’Époux ; les enfants seront là ; les gentils et les Juifs seront bénis ensemble sur la terre, et un ordre parfait sera établi.
Tout ce récit est plein, pour nous, de conséquences pratiques. 1° Nous avons la certitude parfaite d’être conduits à la montagne, d’être amenés par Christ dans la gloire d’où il est parti. Nous voyons Jésus couronné de gloire et d’honneur, et cette gloire il nous l’a donnée, quoique nous ne la possédions pas encore. Il y va de la gloire, de l’amour et de la fidélité de Christ, que nous soyons conduits à la gloire d’où il est sorti. Il nous faut, en attendant, supporter l’absence de Jésus, dans la certitude de son amour, car la pensée de l’Époux doit toujours être présente au coeur de son Épouse. Dans un certain sens, nous avons plus besoin de son amour que s’il était encore ici-bas. Le temps viendra où l’Épouse sera présentée à Christ dans toute sa gloire ; où elle entrera dans la jouissance de tout ce qui est à Christ. Il faut, en attendant, qu’elle supporte son absence. S’il y a chez elle de l’amour, la femme est plus active pour faire des choses propres à plaire à son mari en son absence, que lorsqu’il est présent.
2° Du moment où Christ a un peuple, le nom de ce dernier est Guershom : «séjournant là» ou «étranger». L’Église est nécessairement ici-bas une étrangère. Il faut que nous soyons voyageurs et étrangers, et rien d’autre. Si l’Église perd ce caractère, si elle s’accoutume à l’absence de Christ, elle perd ce qui la caractérise comme son Épouse. Mais son nom est aussi Éliézer : «Dieu une aide» ; elle a l’Éternel pour son aide. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il nous faut avoir la certitude parfaite que Dieu est pour nous, et que la force de nos ennemis ne fera que manifester la puissance de Dieu en notre faveur.
Plus je suis avec Christ en esprit, plus je sens son absence. Je ne puis le réaliser que par le Saint-Esprit, mais alors je sentirai d’autant plus qu’il n’est pas là, et l’Esprit me fait soupirer et gémir jusqu’à ce que l’Époux vienne.
Que le Saint-Esprit nous fasse penser à Christ, au point de nous faire même renoncer, comme Moïse, à être fils de la fille de Pharaon, c’est-à-dire à tout ce que le monde offre de plus grand. Le chrétien ne sera chez lui qu’au ciel, et aussi longtemps qu’il reste ici-bas il a le mal du pays. Il doit être à la fois Guershom et Éliézer, voyageur, et comptant sur la fidélité de Dieu. Il arrive souvent qu’on voit le bien, mais qu’on a peur d’entrer dans le chemin du témoignage, faute de cette certitude que Dieu est avec nous.
n°99 : ME 1896 p. 409
Nous trouvons ici un principe dont il n’y avait point encore eu d’exemple, savoir une alliance fondée sur le sang. L’alliance de la loi se distingue de la nouvelle alliance. La première était fondée sur l’engagement qu’avait pris Israël de faire tout ce que Dieu avait dit, c’est-à-dire d’observer la loi (v. 3, 7).
Moïse monte sur la montagne, mais des bornes sont plantées pour empêcher le peuple d’y monter. L’Église a une position toute différente ; elle monte avec son Chef. Sous la loi, le chemin du lieu très-saint n’était pas encore manifesté, et il y avait un voile. Moïse seul peut s’approcher de l’Éternel. Mais il y a un mystère, caché depuis le commencement du monde, non encore manifesté sous la loi, c’est l’unité de l’Église avec Christ son chef, comme étant son corps, un corps inséparable de tous les mouvements de la Tête. Tel qu’il est, tels nous sommes dans ce monde. Quant à notre expérience, c’est tout autre chose, nous sommes loin de ce que Christ était ; mais, par le fait de notre union avec Christ, nous pouvons dire que nous sommes nécessairement ce qu’il est. Dire que l’on doit être ce qu’il était, est une folie ; il était, quant au corps, né du Saint-Esprit. Ce qui est vrai, c’est que nous devons marcher sur ses traces ; notre corps ne sera né de nouveau que dans la résurrection. Ce que Christ est, nous le sommes dans ce monde, parce que nous sommes unis à lui par le Saint-Esprit, en vertu de la vie qu’il nous a communiquée. Un tel fait était une chose inconnue avant la glorification du Seigneur Jésus. Le mystère (Rom. 16:25, 26 ; Éph. 3:5-9, etc) maintenant révélé est l’union de Christ avec l’Église qui est son corps. Les fidèles de l’Ancien Testament n’en avaient aucune connaissance, tandis que ceux qui sont à Christ savent maintenant qu’ils sont unis à lui (Jean 14:20).
Le peuple (Ex. 24:5-8) s’engage à observer la loi, et l’alliance est introduite par le sang dont ils sont aspergés, à cette condition. Telle est l’ancienne alliance. Il est évidant que cette alliance, et la bénédiction qui en découlait, dépendait de deux choses : de la fidélité de Dieu et de la fidélité du peuple. La bénédiction est ici la suite de leur obéissance ; pour nous, elle est la suite de l’obéissance de Christ (dans le détail aussi, il est vrai, la suite de notre propre obéissance). Point de bénédiction sans obéissance.
Comme la bénédiction dépendait de la fidélité du peuple et que le peuple était méchant, la bénédiction ne pouvait avoir lieu. Dieu a dû exiger l’obéissance sous l’alliance de la loi. Maintenant, il a dû nous bénir, nous qui sommes sous la grâce. Lorsque la bénédiction dépend de l’obéissance de l’homme, il n’y a point de bénédiction pour lui. Si le peuple manque à sa parole, il faut que Dieu reste fidèle à la sienne et que, par conséquent, il refuse la bénédiction.
Le mot alliance, dans la Parole, n’exige pas nécessairement deux parties contractantes. Une alliance est une disposition de Dieu. L’ancienne alliance était faite avec les Juifs, la nouvelle aussi. Elle n’est pas faite avec nous, mais nous en goûtons tous les bienfaits, parce que les promesses qu’elle contient et dont nous devons jouir comme chrétiens, ont été faites à Christ seul comme semence de la femme et comme semence d’Abraham. Si nous sommes de Christ, nous sommes donc héritiers de la promesse. Dieu ne peut manquer à sa fidélité. La nouvelle alliance repose sur une promesse faite à Christ. La question est donc : Dieu est-il fidèle à son Fils ?
Étant fidèle à Christ, rien ne peut manquer. Dieu a reçu Christ : il me reçoit. La nouvelle alliance ne dépend donc nullement de la conduite de deux parties, mais de la promesse de Dieu à Christ et de la fidélité de Dieu à sa promesse.
Tel est le principe consolant de la grâce. Christ est l’objet d’un amour qui donne et qui promet ; il y a part comme homme parfait et accompli. Nous y avons part par le sang de Christ qui est entré dans le lieu très-saint comme Chef de son peuple. Le sang de l’alliance (Hébr. 13:20) est la preuve que la désobéissance a été expiée et que l’obéissance a été accomplie. Christ a obéi jusqu’à la mort. Voilà l’obéissance sur laquelle est fondée la nouvelle alliance, et le sang qui a été répandu par l’obéissance de Christ est l’expiation de nos désobéissances. Toute désobéissance est effacée, toute obéissance est accomplie. Ce n’est pas dans une obéissance future de notre part que nous trouvons la paix, mais dans l’obéissance déjà accomplie de Christ. Dieu a fait des promesses pour que nous en jouissions avec Christ, mais il faut pour cela que nous soyons parfaitement nettoyés, et pour cela l’effusion de son sang est nécessaire. La nouvelle alliance qui sera faite avec Israël repose sur une promesse de Dieu à Christ, la semence, et nous en avons le bénéfice, parce que nous sommes unis à Christ. Le Juif, sous la loi, commençait par la nécessité de l’obéissance ; le chrétien, par la certitude que Dieu est pour lui, par la certitude de son salut, de la fidélité de Dieu, et de ce que Christ a tout accompli.
Une pensée qui préoccupe souvent les âmes est celle de la nécessité d’être aspergé de nouveau du sang de Christ ; et ainsi la jouissance d’une paix complète avec Dieu est souvent empêchée. Il n’y avait, sous la loi, que trois occasions où fût faite l’aspersion du sang. 1° Sur le peuple pour établir l’alliance. 2° Sur le lépreux pour sa purification. 3° Sur les sacrificateurs pour leur consécration. Le sang a été répandu une fois pour toutes sur le peuple, sur moi comme pécheur, sur nous comme sacrificateurs. Il n’a jamais été répandu de nouveau et ne le sera plus jamais. Si l’aspersion du sang de Christ est sur moi, ce sang peut-il perdre sa valeur ? Cette valeur pourrait-elle être effacée par quelque chose ? Impossible ! Ma conscience est purifiée pour toujours. C’est la vraie position d’un croyant, de savoir que le sang de Christ est pour lui, devant Dieu, avec sa valeur impérissable. Je n’ai donc plus conscience de péché. Plus je sens que le péché ne m’est pas imputé, plus je le juge. C’est en présence de son père qui lui pardonne, qu’un enfant sent le mieux sa faute. Cette grâce rend la conscience délicate. Celui dont les vêtements sont propres, veille à ne pas les salir.
Le principe de l’ancienne alliance était l’obligation du peuple à l’obéissance ; elle dépendait autant de la fidélité du peuple que de celle de Dieu ; la nouvelle dépend de la fidélité de Dieu seul.
Exode 34:5-11, est une modification de l’ancienne alliance que l’on confond souvent avec la nouvelle. Nous n’appartenons pas à une alliance où l’enfant est puni pour le père. Il était impossible, après le veau d’or, que Dieu introduisît Israël en Canaan sur le simple pied de la première alliance. La souveraineté de Dieu intervient ici lorsque tout est perdu sans elle, car tout était perdu pour Israël après le veau d’or. Si Dieu eût agi en justice, c’en était fait du peuple ; alors Dieu se révèle comme le Dieu miséricordieux, faisant grâce, lent à la colère, et il y a espérance. Il faut en venir à la grâce, pour que nos âmes puissent avoir espérance. Du moment que l’on se croit perdu, on est très heureux que Dieu soit souverain et disposé à faire miséricorde à qui il veut. Ceux qui ne croient pas à la souveraineté de Dieu ne savent pas qu’ils sont perdus, ils seraient sans cela heureux d’y recourir pour qu’il leur fût fait miséricorde. Notre orgueil seul nous empêche de nous sentir perdus.
n°152 : ME 1905 p. 313
Aux chapitres 19 et 24 de l’Exode, on trouve une différence dans les relations entre Dieu et Israël au pied de la montagne de Sinaï.
Depuis la sortie d’Égypte jusqu’au Sinaï, Dieu agit en grâce envers son peuple. Cette grâce couvre le mal, donne l’eau, la manne, les cailles, sans un reproche de la part de Dieu, donne enfin la victoire sur Amalek. Israël arrive ainsi, porté sur des ailes d’aigle, à la montagne de Sinaï. Là, il se place, pour recevoir les promesses, sous la condition d’obéissance, condition violée aussitôt que reçue.
La position du peuple vis-à-vis de Dieu est réglée par cette condition au chap. 19. Quand Dieu prononce à leurs oreilles les dix paroles de la loi (19:12-24), ils ne pouvaient monter sur la montagne, Dieu ne voulant pas avoir l’homme si près de Lui, de sa Majesté et de sa justice, car il est un feu consumant. L’Éternel met une barrière autour de lui et ni homme, ni bête, ne peuvent la franchir sans périr, et sans que l’Éternel se jette sur eux (v. 24). Moïse qui représente Christ peut y monter, mais aucune âme ne peut s’approcher de Dieu, quand Il se présente en justice.
Au chap. 24, la scène change. Dieu choisit, avec Moïse et Aaron, Nadab et Abihu, soixante-dix anciens d’Israël, non plus sur le principe de la loi, mais en vertu d’une alliance établie sur le sang, par lequel Israël est présenté à Dieu et mis en relation avec Lui (v. 4-10). Le sang est sur le peuple, et Dieu invite ceux qui avaient été choisis à monter vers Lui. Ils peuvent, au lieu d’un feu consumant, voir le Dieu d’Israël, Dieu en relation avec le peuple. Ils mangent et boivent, ils vivent de leur vie naturelle, quoiqu’ils soient en présence de Dieu. C’est que l’alliance par le sang avait mis le peuple en relation avec Dieu ; telle est toujours la base de toute relation avec Lui. Il en est de même pour nous. Sans que cette alliance soit établie avec nous, car elle ne l’est qu’avec Israël, nous pouvons, en vertu du sang de l’alliance, voir Dieu, dans toute la manifestation de sa justice, sans périr. Le sang est le fondement qui rend possible une relation entre Dieu et des pécheurs. Dieu s’obligeait lui-même, par le sang de l’alliance, à recevoir son peuple. Sans doute, la stabilité de l’alliance, dépendait de l’obéissance du peuple autant que de la fidélité de Dieu, et alors tout a manqué. Mais nous pouvons avoir part au bénéfice d’une nouvelle alliance, parce qu’elle est fondée sur l’obéissance de Christ, maintenant accomplie. L’alliance avec Israël, quoique basée sur le sang, ne pouvait être fondée sur une obéissance future de l’homme. En Christ, l’obéissance a eu lieu, elle a été jusqu’à la mort ; elle ne peut manquer ; c’est une alliance éternelle.
Quant à notre conscience, l’effet d’une telle alliance est que nous pouvons voir Dieu, manger et boire, sans être écrasés par sa justice.
Quant à la pratique, il y a quelque chose qui va, pour nous, plus loin que cela. Lorsque l’alliance a été violée par Israël, Moïse dresse une tente hors du camp (33:7). Il agit seul ; c’est la fidélité individuelle. Dieu le rencontre hors du camp. Ses relations individuelles sont dès lors bien plus intimes que sur la montagne où Dieu était toujours dans la nuée. Ici, il parle avec Moïse face à face, comme avec un intime ami. La fidélité individuelle conduit ainsi Moïse près de Dieu. Plus l’infidélité générale augmente, plus Dieu se rapproche du fidèle et se communique à lui d’une manière intime. Combien cela nous encourage à être fidèles, même si nous devions demeurer seuls.
Sur la montagne, dans Sa majesté, Dieu ne pouvait avoir de contact avec le peuple. Celui qui touchait la montagne était puni de mort. Au lieu de les inviter à monter, Dieu dit : «Avertis solennellement le peuple, de peur qu’ils ne rompent les barrières pour monter vers l’Éternel pour voir, et qu’un grand nombre d’entre eux ne tombe» (19:21). Mais, du moment que le sang est répandu (ch. 24), le Dieu d’Israël, entrant en relation avec son peuple, dit : «Monte vers moi». L’homme peut s’approcher.
À la suite de la désobéissance générale, nous trouverons des difficultés sans nombre, une vie pénible à bien des égards, mais s’il y a de la fidélité, le seul résultat sera que Dieu se montrera face à face et nous parlera comme un ami à des intimes amis.
Christ, chassé par nos péchés hors du camp, est monté dans le ciel. En vertu de son sang, nous sommes unis à Lui, et Dieu nous unit à Lui par son Esprit. Christ n’est donc pas seul dans cette intimité ; par Lui et en Lui, nous sommes, de la même manière que Lui, près de Dieu. Chassé du monde, il est entré en Sa présence. En Lui, l’Église est aussi près de Dieu que lui-même.
Pour jouir de cette présence, il faut suivre Christ hors du camp, même si nous devions être seuls. Suivre Christ, c’est toujours le suivre auprès du Père. Dans cette séparation, nous trouvons lumière, douceur, joie, discernement spirituel. La fidélité nous donne toujours ce discernement et la connaissance de nos privilèges comme chrétiens ici-bas. Paul monte au troisième ciel ; cette communication avec Dieu le fortifie pour son ministère au milieu de circonstances adverses. Être «un homme en Christ» est une jouissance positive. Dieu communique à un tel homme ce qui est nécessaire pour être fidèle, sans commandement qui le réprime.
n°9 : ME 1886 p. 214
Ce chapitre nous parle des vêtements qu’Aaron devait revêtir pour se présenter devant l’Éternel. Il était le représentant du peuple, de ces douze tribus d’Israël dont il portait les noms, un type de ce que Christ fait pour nous dans le ciel. Le Seigneur n’est pas sacrificateur selon l’ordre d’Aaron, mais il exerce, maintenant, la sacrificature, selon le type présenté en Aaron.
Maintenant Christ est caché en Dieu, comme le souverain sacrificateur quand il entrait dans le lieu très-saint, le jour des expiations.
Un sacrificateur suppose des péchés, des misères, ou, comme dans l’épître aux Hébreux, des infirmités. Il est médiateur pour intercéder en faveur du peuple et le représenter devant Dieu. Je suis infirme, mais toutes mes infirmités deviennent, non pas une occasion de jugement, mais, pour Dieu, l’occasion de déployer toute sa tendresse et toutes ses compassions envers moi, par le moyen de notre sacrificateur.
Ici-bas, Jésus lave nos pieds, mais devant Dieu il nous représente dans sa perfection. Il déploie les richesses des miséricordes de Dieu envers nous ici-bas, et il nous présente à Dieu dans sa propre perfection. Le chap. 28 de l’Exode nous montre comment le sacrificateur nous présente devant Dieu.
L’éphod était le vêtement caractéristique du souverain sacrificateur : les deux parties en étaient jointes par deux épaulières qui portaient sur deux pierres d’onyx les noms des douze tribus. La ceinture est un signe de service : «Que vos reins soient ceints». Le pectoral était fixé à l’éphod et portait aussi, sur douze pierres, le nom des douze tribus. Les vêtements étaient de fin lin retors ; ils étaient comme ornés de toutes les grâces possibles, le fond représentant la pureté même.
Aaron devait porter les enfants d’Israël devant Dieu ; il les portait sur ses épaules : tout le fardeau de son peuple et de son gouvernement est sur les épaules de Christ. Si les pierres n’avaient pas été sur les épaules d’Aaron, l’éphod serait tombé ; il était attaché par les noms des enfants d’Israël. Si Christ est sacrificateur, nous sommes sur ses épaules, portés en mémorial devant Dieu. Il porte le fardeau et le gouvernement ; il fait tout ; l’efficace dépend entièrement de lui, même dans ce que nous faisons pour l’Église.
Aaron portait aussi sur son coeur, au pectoral du jugement, les noms de son peuple. Il n’est pas un rayon de la gloire et de l’amour de Dieu luisant sur Christ, qui ne luise aussi sur nous qui sommes portés sur son coeur. Le coeur de Christ nous présente à Dieu. Ce n’est pas seulement pour nous obtenir des grâces particulières, mais c’est nous-mêmes qu’il présente, selon l’amour qu’il y a entre lui et Dieu.
Les Urim et les Thummim sont les lumières et les perfections. Aaron portait sur son coeur devant Dieu, selon les perfections de la présence de Dieu, le jugement des enfants d’Israël. Nos péchés ne peuvent pas dépasser Christ et s’interposer entre Dieu et lui. Il nous maintient continuellement en jugement devant Dieu, selon les lumières et les perfections de cette présence. Dieu ne cache jamais sa face. Il peut nous châtier ; par notre faute, nous pouvons perdre sa communion, mais si Dieu nous cachait sa face, il la cacherait à Christ. Elle est cachée maintenant à Israël qui est sous la loi. Ce sont nos manquements qui élèvent un nuage entre nous et Dieu. C’est une conséquence de notre infirmité, mais la grâce souveraine de Dieu n’en est nullement altérée.
La «sainteté à l’Éternel» est toujours devant Dieu. Nos prières montent en sainteté à l’Éternel, parce que Christ est là. L’iniquité de nos saintes offrandes (car il y en a et tout notre service est imparfait) est présentée devant Dieu selon la sainteté divine en Christ.
Ce chapitre, en nous faisant mieux saisir l’étendue de l’amour et des grâces dont nous sommes les objets, nous remplit d’actions de grâce, et nous fait trouver en Christ des ressources toujours nouvelles, car notre connaissance de lui peut toujours s’accroître et augmenter notre joie.
n°32 : ME 1888 p. 316
Si Dieu nous a rachetés, c’est afin de pouvoir demeurer au milieu de nous (v. 46). La chose sera pleinement accomplie, lorsque le tabernacle de Dieu sera avec les hommes ; aujourd’hui, cette bénédiction a son accomplissement partiel en ce que le Saint-Esprit habite au milieu de nous (Éph. 2:19-22). Il est contristé par l’état de l’Église, mais il n’en est pas moins là pour agir sur nous, nous faire accomplir le bien, louer le Seigneur, comprendre sa Parole. La responsabilité de l’Église serait bien mieux comprise, la puissance bien plus réalisée, il y aurait parmi nous une bien plus grande jouissance de la présence de Dieu, si nous rapportions tout à cette présence, si nous comprenions cette vérité qu’il nous a tirés du monde pour habiter au milieu de nous. Depuis la Pentecôte, il n’est plus parlé du Saint-Esprit que comme étant sur la terre avec l’Église, bien que, comme Dieu, il soit partout.
Ce chapitre nous présente la consécration d’Aaron, type de Christ, et celle d’Aaron et de ses fils qui, pris ensemble, sont toujours un type de l’Église. Il y a plusieurs détails communs à la purification du lépreux et à la consécration des sacrificateurs. Les chrétiens doivent, en effet, être purifiés du péché et consacrés à Dieu pour être la sacrificature royale. Nous sommes cette sacrificature, parce que nous lui appartenons ; chez les Juifs, être Juif ou sacrificateur n’était pas la même chose.
Les offrandes ne pouvaient être présentées que lorsque les sacrificateurs avaient été purifiés. Il n’y a qu’une seule sanctification pour tous, la vie divine. La source et le caractère de cette vie sont la mort et la résurrection de Christ. La vie éternelle nous est donnée et cette vie est dans le Fils ; voilà le témoignage rendu par l’eau, l’Esprit et le sang : l’eau, la purification ; le sang, la mort et l’expiation ; l’Esprit, la résurrection. Christ demeurant ici-bas, ne pouvait être le Chef de la nouvelle famille qui est l’Église. Pour nous, la vie vient de Christ ressuscité, une vie dont Christ ici-bas était l’expression parfaite.
Considéré personnellement, Aaron vient à part (v. 7). Parfaitement pur en lui-même, conçu du Saint-Esprit, Christ a pu être oint du Saint-Esprit sans préparation. Aaron, type de Christ, est oint d’huile sans sacrifice. Comme homme, Christ était pleinement accepté de Dieu ; il a été oint du Saint-Esprit en vertu de sa perfection personnelle. Il n’en était pas ainsi des fils d’Aaron. Afin de pouvoir être introduits dans le service de Dieu, il faut que le sacrifice pour le péché soit offert pour eux. Il faut que le chrétien soit purifié pour être consacré à Dieu. Le sang de Christ est la première chose nécessaire ; la valeur du sang de Christ, fait péché pour nous, nous présente devant Dieu dans la perfection de cette offrande. Quant à l’application du sacrifice, elle suit la sanctification de la personne. En ce sens, la sanctification précède notre consécration à Dieu et notre justification. Il faut que le Saint-Esprit nous sépare du monde, pour que le sang de Christ nous soit appliqué en efficacité de justification. Il fallait être lavé d’eau avant que le sacrifice pour le péché fût offert (Il va sans dire que la justification précède la sanctification journalière). Après le sacrifice pour le péché, l’holocauste est offert, parce que nous sommes présentés devant Dieu selon la bonne odeur du sacrifice de Christ.
On trouve dans le bélier de consécration une pensée de plus que dans la purification du lépreux (Lév. 14) qui, comme nous l’avons dit, offre plusieurs points de contact avec notre chapitre. C’est la consécration à l’Éternel. Tout en nous doit être consacré à Dieu selon la pureté du sang, et selon la confiance qu’il donne devant Dieu. Nous ne sommes pas débiteurs à la chair ; elle n’a point de droits sur nous ; nous pouvons lui opposer le sang de Christ. Satan non plus n’a point de droits sur nous, car la mort de Christ a détruit tous ses droits. Tout est consacré à Dieu, dans notre union avec Christ. Les vêtements sont toutes les choses qui se manifestent, nos habitudes, notre manière d’être. Tout doit provenir de l’onction du Saint-Esprit, répandu sur Aaron et ses fils. Ce sont les affections et les habitudes de Christ qui doivent être nos affections et nos habitudes ici-bas. Christ est dans le lieu très-saint ; tout en nous doit découler de notre union avec Christ, là où il est. Notre caractère doit manifester ce qui est propre au sanctuaire de Dieu, l’obéissance parfaite, la soumission entière, la perfection infinie, la vie pure. L’huile de l’onction figure l’onction du Saint-Esprit, qui donne la connaissance de ces choses et qui est la puissance pour les réaliser ; par cette onction, nous comprenons que nous sommes des personnes célestes.
Consacrés de cette manière, les sacrificateurs pouvaient présenter les offrandes.
L’onction de l’huile (du Saint-Esprit) dépend de notre acceptation parfaite devant Dieu, par le sacrifice de Christ. La présence du Consolateur dans nos coeurs vient à la suite de notre acceptation. L’onction de Christ est venue sans sacrifice, parce qu’il était pur.
Avons-nous saisi cette pensée que tous les chrétiens sont non seulement sauvés, mais consacrés à Dieu ? que nous avons le droit d’entrer en la présence de Dieu, comme étant une sacrificature royale ? Que Dieu nous en donne la joie et la puissance, et nous en fasse sentir la responsabilité.
n°260 (ex 258) : ME 1953 p. 77
Les conseils et les pensées de Dieu ont pour objet son peuple, et son amour pour lui fait qu’Il ne peut pas l’abandonner. Du moment où le peuple est tombé et où il est impossible à Dieu, à cause de ce qu’Il est lui-même, de rester en relation extérieurement avec lui, Il place sa gloire hors du camp et elle reste toujours la source de la bénédiction. Dieu met sa gloire en dehors de toute atteinte, et Il continue d’agir en grâce. Cette grâce même s’exerce sans doute en jugement envers ceux qui ont failli à garder sa gloire au milieu d’eux, mais c’est néanmoins la grâce de Dieu, sans quoi Dieu aurait dû retrancher Israël.
Nous voyons dans ce chapitre l’effet de cette grâce de Dieu : Il se place dans une proximité plus grande avec Moïse et ce dernier en retire une grande et précieuse bénédiction.
En faisant le veau d’or, les Israélites ne voulaient pas entièrement se détourner de l’Éternel. Aaron, en bâtissant un autel devant le veau d’or, proclame : «Demain, une fête à l’Éternel». La conscience des Israélites reconnaissait qu’ils ne pouvaient pas abandonner le nom de l’Éternel, et ils disaient du veau que c’était le dieu qui les avait fait monter d’Égypte. En alliant un veau d’or avec le nom de l’Éternel, ils ont montré l’idée qu’ils se faisaient de ce dernier : idée tellement misérable qu’ils estimaient pouvoir associer son nom à l’image d’une bête ! Dieu ne peut pas supporter une telle association. Il place sa gloire hors du camp. La foi, jugeant sainement la position où Israël se trouve, s’éloigne du camp. Moïse se place franchement là. Du moment qu’il tolérait un veau d’or, le camp repoussait Moïse. En Égypte cela n’aurait pas eu lieu ; la présence du veau d’or n’aurait pas éloigné Moïse, parce qu’Israël n’était pas formé là comme camp de Dieu.
On voit au v. 5 la patience magnifique de Dieu. Il dit : «Vous êtes un peuple de cou roide... je te consumerai : et maintenant, ôte tes ornements de dessus toi, et je saurai ce que je te ferai». Dieu agit avec plus de patience encore que Moïse, et même comme Moïse n’aurait pu le faire sans infidélité. Dieu accepte de monter encore avec le peuple, mais Il exige que le peuple ôte ses ornements ; Il ne veut au moins pas les trouver joyeux et impudents dans le mal. Le peuple attristé se dépouille ; c’est ici la condescendance de Dieu ; Il savait qu’il n’y avait rien à attendre du peuple ; c’est pourquoi Il disait, v. 3 : «Je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple de cou roide ; de peur que je ne te consume en chemin», et cela n’aurait pas manqué d’arriver ; Dieu aurait dû de nouveau les consumer. C’est pourquoi, au lieu d’accorder sa présence à Israël, Il dit, v. 2 : «J’enverrai un ange devant toi». Mais aussitôt que la grâce se manifeste et que le caractère de Dieu en gouvernement est déclaré en ce qu’Il dit à Moïse, v. 19 «Je ferai grâce à qui je ferai grâce, Et je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde», Moïse prie Dieu de monter au milieu d’eux (chap. 34:9), parce que c’est un peuple de cou roide. C’est précisément la raison que Dieu avait donnée pour ne pas monter. Mais quand la grâce est bien établie, Moïse la réclame pour que Dieu monte avec Israël, parce qu’il voit qu’il n’est pas possible de conduire en Canaan ce peuple de cou roide, à moins que Dieu n’y soit. Moïse ajoute : «Pardonne nos iniquités et nos péchés, et prends-nous pour héritage». C’est l’expression de la confiance pleine et entière dans la grâce de Dieu, grâce sans laquelle il est impossible de conduire ce peuple, fardeau dont personne ne pouvait se charger.
Mais quel est l’effet de la manifestation de cette grâce sur Moïse lui-même ? Il tend pour lui, hors du camp, loin du camp (v. 7) une tente, et il l’appelle la tente d’assignation. C’était quelque chose de tout nouveau, car auparavant il n’en avait pas été besoin ; en effet, la présence de Dieu était au milieu du camp, et aucune convocation spéciale n’était nécessaire : Il n’y avait pas à chercher Dieu ailleurs. Mais ici Dieu place sa gloire en dehors, et ceux qui le cherchent vont à la tente. L’effet de cet acte de Moïse était de donner au peuple la conscience que Dieu agissait. La foi sort vers Dieu hors du camp. Mais ceux qui ne cherchaient pas Dieu, se levaient, chacun se tenait à l’entrée de sa tente et regardait Moïse par derrière. Quand la colonne de nuée descend et s’arrête à la porte de la tente, et que Dieu ainsi se manifeste, ils se prosternent. Mais ce n’est pas encore là la foi qui jouit de cette tente d’assignation et qui va chercher l’Éternel.
Suivons Moïse. Pour lui, la conséquence de sa foi, c’est que l’Éternel parle avec lui (v. 11), et qu’il entre dans la communion de Dieu. Ce n’est pas seulement qu’il parle à l’Éternel, mais l’Éternel lui parle. Josué qui a le caractère de Jésus en ce que c’est lui qui devra introduire le peuple au pays de la promesse, ne sort pas de l’intérieur de la tente. Moïse y jouit de l’intimité de Dieu, et se trouve dans la présence de l’Éternel dans la confiance de cette intimité.
«Moïse dit à l’Éternel : Regarde, tu me dis : Fais monter ce peuple ; et tu ne m’as pas fait connaître celui que tu enverras avec moi ; et tu as dit : Je te connais par nom, et tu as aussi trouvé grâce à mes yeux «(v. 12). L’effet de la manifestation de Dieu pour le jugement du peuple en général était de mettre en évidence l’amour de Dieu envers celui qui était fidèle. Quand les jugements de Dieu tomberont sur le monde, ce sera à la fois pour le châtiment du monde, et pour la manifestation de l’amour de Dieu envers ses élus, envers ceux qui ont trouvé grâce à ses yeux.
Moïse ne demande pas à Dieu de lui montrer un chemin ; il demande de savoir qui Dieu veut envoyer avec lui (v. 12) ; et il demande à connaître (v. 13) le chemin de Dieu lui-même. Ce que le coeur et la foi demandent de Dieu, c’est son chemin à Lui pendant que nous sommes dans le désert, et on n’ose pas s’y risquer ans cela. Quelle précieuse confiance que celle-là, qui ne veut avoir dans le désert d’autre chemin que celui de Dieu lui-même. C’est là que Dieu se trouve ; c’est là que l’on connaît les voies de Dieu. Moïse dit : v. 13 : «Je te connaîtrai», si je suis dans ton chemin, et cela «afin que je trouve grâce à tes yeux», dans l’oeuvre de conduire ce peuple. Et il ajoute : «Considère que cette nation est ton peuple».
Dieu répond : «Ma face ira». Dieu va beaucoup plus loin que ce que Moïse demande. Ce que Moïse ne pouvait pas voir directement, la face de Dieu lui-même, sa perfection, voilà ce que Dieu lui accorde. Ce n’est plus seulement un ange envoyé devant Moïse. «Ma face ira, et je te donnerai du repos «(v. 14).
Moïse s’enhardit (v. 15) : «Si ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici». La gloire du peuple est la présence de Dieu lui-même ; c’est cette présence qui les séparera de tout peuple qui est sur la face de la terre.
La grâce souveraine de Dieu est la base de tout, et Moïse a tout ce qu’il demande. Il demande enfin à voir la gloire de Dieu ; mais Dieu fait auparavant passer toute sa bonté devant sa face (v. 19), Il fait connaître son nom, et Il fonde le salut de son peuple sur sa grâce souveraine. Ainsi ce n’est pas par un raisonnement de l’intelligence humaine que nous pouvons voir la grâce et la gloire de Dieu ; ce n’est qu’après avoir été cachés en Christ. Là seulement nous pouvons comprendre ce que Dieu est. C’est quand nous acceptons en toute soumission de nous laisser cacher là, pendant que Dieu passe dans sa majesté, c’est dans la croix de Jésus, que nous le voyons dans toute sa beauté, en majesté, en amour, en fidélité, en justice. Moïse a compris alors la puissante grâce de Dieu. Et quel bonheur ! un tel Dieu nous sépare pour Lui !
Ce que nous avons à demander et à rechercher, c’est la face de l’Éternel, là où Il s’est manifesté, c’est-à-dire en Jésus. Nous n’avons pas à nous prosterner à la porte de notre tente, pour regarder de loin la bénédiction de la présence et de la gloire de Dieu, dont les autres, qui ont la foi, vont jouir hors du camp ; mais à être introduits nous-mêmes dans le chemin de l’Éternel. Cette connaissance fait que nous pouvons être en admiration. Dieu veuille nous donner cette simplicité de foi pour nous attacher à la gloire de Jésus ! Ce sera alors une nécessité que d’aller à la tente. Le fait que nous sentons notre incapacité entière n’est pas ce qui arrête la faveur de Dieu. Moïse n’ose aller ; Dieu lui dit : «Ma face ira et je te donnerai du repos». La fidélité pratique tient à la gloire de Dieu ; on peut alors tout demander, et tout trouver.
n°96 : ME 1896 p. 329
Dans ce chapitre de la 2° épître aux Corinthiens, l’apôtre cite ce qui arriva à Moïse, après la ruine totale d’Israël placé sous la loi, pour nous faire comprendre notre position actuelle sous le ministère de l’Esprit.
Notre Moïse n’a plus de voile pour nous ; nous sommes entrés dans son intimité et nous contemplons le Seigneur à face découverte.
La loi a été un ministère de mort et de condamnation, mais Moïse a été introduit dans l’inimité de Dieu, lui parlant face à face. Ce n’était pas la position d’Israël qui voyait la gloire à travers un voile, mais c’est notre position à nous. Lorsque, pour la première fois, Moïse monte vers Dieu sur le sommet de la montagne, il converse avec Dieu, mais environné de la nuée, dans une certaine obscurité (Ex. 24:15-18). Redescendu de la montagne, il voit le veau d’or et brise les tables de la loi, car l’alliance était déjà rompue. C’est alors qu’il prend le caractère de médiateur. L’infidélité d’Israël avait fait le veau d’or sous prétexte de célébrer une fête à l’Éternel. Aaron conduit le peuple selon son coeur charnel. Moïse, qui a à coeur la gloire de l’Éternel, ne peut supporter ce mal ; il dresse hors du camp la tente d’assignation, et «il arriva que tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp». C’était un principe étranger à la loi et nouveau en Israël que de chercher l’Éternel. L’alliance étant rompue par le fait du veau d’or, Moïse sort du camp, intercède et se trouve dès lors dans une intimité beaucoup plus grande même que sur la montagne ; il converse avec Dieu comme un ami avec son ami. C’est la position dans laquelle Christ, notre Clef, se trouve maintenant, et l’Église avec lui. Josué, type du capitaine de notre salut, ne sort pas de l’intérieur de la tente.
Christ a rompu toute relation avec l’homme sur le pied de la loi, pour établir des relations bien plus intimes avec Dieu dans le ciel, en dehors du camp, du monde et de tout système mondain qui a une religion sur la terre. Christ a rompu toute relation avec la terre, pour que nous nous trouvions avec lui hors du camp. Il faut choisir entre la loi et Christ, entre la terre et le ciel.
Christ n’étant plus sur la terre, notre religion doit suivre notre chef. L’Esprit de Christ nous unit à lui, et nous place tels qu’il est en la présence de Dieu. En Rom. 8, l’Esprit est présenté sous trois caractères. Au v. 9, il est l’Esprit de Dieu qui nous révèle ce que Dieu est, en contraste avec notre chair. Ce que Dieu est comme lumière, condamne en nous, racine et fruits, tout ce qui est de la chair. Il est l’Esprit de Christ (v. 9), comme nous unissant avec Christ. Je suis devant Dieu ce que Christ est, et je suis devant le monde ce que Christ était. Si Christ est en moi, le corps est mort à cause du péché ; — je prononce condamnation sur tout ce qui est la chair en moi ; — et l’Esprit est vie à cause de la justice. Enfin (v. 11), il est l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, un Esprit de puissance pour ressusciter notre corps mortel. En 2 Cor. 3:17, il est appelé un Esprit de liberté, et le Seigneur est cet Esprit là. Christ était la pensée et le but de Dieu dans tout le contenu de l’Ancien Testament, dans tous les sacrifices, comme dans toutes les cérémonies extérieures. Dieu prend-il soin des taureaux et des boucs ? Cela est écrit pour notre instruction. Mais comprendre ces choses n’est pas le tout. Si le Saint-Esprit n’est pas puissant en moi, et si son action n’est pas efficace en mon coeur, je n’ai pas la liberté ; je ne vois pas que je suis en Christ, que je jouis comme lui de l’oeuvre du Père, que je suis pour le Père ce qu’il est, l’objet de son amour. Christ en nous est tout cela ; là où est son Esprit, là est la liberté. Christ n’est pas seulement pour moi un objet d’intelligence ; il est en moi ; sa joie est en moi ; son Esprit réalise ces choses dans mon coeur. Christ habite en moi, pour me communiquer sa paix, sa joie, sa gloire en espérance ; j’ai, par conséquent, une entière liberté. Lui-même est en liberté ; il n’est plus ici-bas homme de douleur et sachant ce que c’est que la langueur ; il a vaincu ; ce Christ qui a vaincu est en nous, lui qui a mis son tabernacle dans le ciel, où ceux qui le cherchent le trouvent. Ce n’est pas une figure, que Christ est en nous ; cela se réalise par la puissance de Dieu. Si nous pouvons réaliser la joie et les droits de Christ dans le ciel, nous les possédons déjà. Le péché ? Christ l’a ôté. La mort ? J’ai la vie éternelle. Le témoignage de l’Esprit me montre Christ comme ayant remporté la victoire. La vraie liberté des enfants de Dieu, c’est que Christ réalise en nous tout ce dont il jouit maintenant. Nous devons reconnaître que, quant à la chair, tout est fini. Que Dieu nous fasse réaliser la puissance de l’Esprit de Christ qui nous fait sentir que nous sommes un avec lui !