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Méditations  de  J. N. Darby

 

 

 

1     Méditations de J. N. Darby    Genèse  3:1-15

2     Méditations de J. N. Darby    Genèse  4:3-22

3     Méditations de J. N. Darby    Genèse  8:20-22

4     Méditations de J. N. Darby    Genèse  12

5     Méditations de J. N. Darby    Genèse  12    Appel, Position et Infidélité

6     Méditations de J. N. Darby    Genèse  12:1-8 : Abraham

7     Méditations de J. N. Darby    Genèse  12

8     Méditations de J. N. Darby    Genèse  18:16-33

9     Méditations de J. N. Darby    Genèse  24

10          Méditations de J. N. Darby    Genèse  35

11          Méditations de J. N. Darby    Genèse  47:1-10

 

 

 

1              Méditations de J. N. Darby    Genèse  3:1-15

n°137 : ME 1901 p. 391

Ce n’est pas la parole de Dieu qui nous révèle qu’il y a du péché et de la misère dans le monde, mais elle explique à la foi comment Satan y est entré et les conséquences du péché dans les rapports de l’homme avec Dieu. L’homme sait très bien que l’iniquité et la souillure existent ici-bas et personne n’y est satisfait de sa part, car tout homme a du malaise dans le coeur.

Le premier acte du serpent ancien est d’introduire quelque chose — de se placer Lui-même — entre Dieu et nous. Or rien ne peut nous rendre heureux, si ce n’est la certitude qu’entre nous et Dieu il n’y a point de question et que Dieu nous aime. Satan commence par induire l’âme à se méfier de Dieu. L’homme désire satisfaire sa volonté ; Satan lui montre que Dieu ne veut pas qu’il la satisfasse. Il ne porte la pensée de la femme, ni sur la bonté de Dieu, ni sur l’obéissance qui lui est due. La femme savait pourquoi elle ne devait pas manger de l’arbre ; elle savait qu’il en résulterait positivement du mal. Dieu nous a avertis des conséquences du péché ; il a dit : «Vous mourrez». Satan cherche à nous le cacher et dit à la femme : «Vous ne mourrez nullement... vous serez comme des dieux». La deuxième assertion est vraie dans un sens : le péché a rendu l’homme beaucoup plus intelligent sur la question du bien et du mal et il peut juger de tout. Mais Satan avait caché à l’homme qu’en désobéissant, il serait entièrement séparé de Dieu et aurait une mauvaise conscience. Tout ce qui est rapproché de nous a plus d’importance et semble de plus grande dimension que ce qui est lointain. L’arbre était devant la femme, le jugement de Dieu était éloigné ; elle prit donc du fruit et en mangea. Leurs yeux furent ouverts ; ils acquirent une connaissance qui, en portant leurs regards sur eux-mêmes, leur fit voir leur nudité.

Satan parle aujourd’hui de la même manière aux hommes. «Vous ne mourrez pas»;  les menaces de Dieu ne s’accompliront pas. Il nous cache les avertissements divins, et nous faisons ce que Satan et nos propres convoitises nous conseillent.

L’homme prend des feuilles de figuier pour voiler sa nudité ; il fait des efforts pour se cacher à lui-même le mal qui lui est arrivé ; mais quand Dieu survient il en est autrement. Dieu s’approche comme si rien n’avait eu lieu ; sans le péché, cette visite aurait été un honneur et une joie pour l’homme ; avec le péché, il s’enfuit et cherche à se cacher de Dieu, comme il avait voulu se cacher à lui-même. Dieu dit à Adam : «Où es-tu ?» Quelle chose horrible pour l’homme que d’être dans le cas de se cacher de Dieu. Il dit «J’ai eu peur», parce que, devant Dieu, sa conscience est atteinte. Toute idée de jouir du péché a disparu, et il ne reste que Dieu que l’on craint et dont on ne peut s’approcher. La relation avec Dieu était, du côté de l’homme, irréparablement rompue.

«Qui t’a montré que tu étais nu ?» Adam répond en accusant la femme et Dieu qui l’a donnée. La lâcheté entre dans l’âme avec le péché. Adam cherche à s’excuser par les circonstances et partage la faute entre la femme et Dieu ; il laisse Dieu vider la question entre Ève et Lui. Une mauvaise conscience craint trop Dieu pour confesser son péché et sait trop bien qu’elle a péché pour le nier.

Si vous aviez pleine confiance en Dieu et que vous fussiez parfaitement sûr que Dieu vous aime, vous seriez heureux. Introduisez de la défiance où il y a du bonheur et des relations intimes, et tout le bonheur s’envole. C’est ce que Satan a réussi à produire dans tous nos coeurs. Vous ne vous fiez pas à Dieu pour votre propre bonheur et vous préférez vous fier à votre volonté et à vos efforts. Telle est l’origine du péché : l’incrédulité qui doute de Dieu, et c’est par là que Satan commence son oeuvre. Il persuade à l’homme que Dieu garde quelque chose pour Lui-même, de peur que l’homme ne soit aussi heureux que Lui.

La femme a tort de s’entretenir avec Satan ; elle n’aurait pas dû écouter une voix qui venait jeter dans son âme des germes de défiance contre Dieu. Satan persuade en outre à tout homme que Dieu est trop bon pour nous juger si nous péchons, et l’homme, malgré le péché, espère et se persuade qu’il ne sera pas condamné. C’est la voix du serpent ancien. Dieu a démontré, dans la mort de son Fils, que le salaire du péché c’est la mort et la colère. La conscience, devenue mauvaise, se cache sa misère et sa nudité à elle-même. Tout l’effort du monde est de se cacher sa nudité devant Dieu ; il voudrait ôter les effets extérieurs et grossiers du péché dans le monde, l’ivrognerie, le meurtre, le vol, etc. Ce sont des ceintures de feuilles avec lesquelles il cherche à se voiler sa misère. Mais en outre, maintenant que le péché est entre nos consciences et Dieu, on voudrait que quelque chose nous cachât de Lui. L’homme se sert pour cela des choses innocentes. Les arbres étaient dans ce cas ; l’homme les emploie pour se cacher de Dieu et il prétend être innocent dans l’usage qu’il en fait. Quand la voix de Dieu réveille notre conscience, nous cherchons à nous cacher de Lui, mais cela est inutile. Dieu dit : «Où es-tu ?» S’il le disait aujourd’hui à chacune de vos âmes, serait-ce une joie pour vous de venir en sa présence ?

Dieu seul est notre ressource et notre refuge quand nous avons péché. Il n’y a que son pardon qui ôte la fraude du coeur, mais si vous vous cachez de Dieu, où en sont vos âmes ? Dieu n’avait pas encore chassé Adam de sa présence, que déjà Adam avait fui la présence de Dieu. Notre conscience nous dit que, si nous avons péché, il n’y a ni feuilles ni arbres qui puissent nous cacher. S’il y a un Dieu juste, l’homme est nécessairement malheureux dans sa conscience ; il ne peut vivre en paix dans le péché que s’il n’y a point de Dieu. Point de Dieu ! c’est là toute l’espérance de l’incrédulité.

Adam cherche à s’excuser comme s’il n’avait rien convoité lui-même, comme s’il n’avait pas obéi à la femme, au lieu d’obéir à Dieu, comme s’il n’était pas responsable, autant qu’elle, d’avoir mangé de l’arbre.

Devant toute la bonté de Dieu, et quoiqu’il ait donné son Fils pour de pauvres pécheurs, vous n’avez pas confiance en Lui. C’est un péché ; peu importe de quelle manière votre défiance se manifeste, votre ingratitude est démontrée.

Ève a écouté et cru Satan au lieu de Dieu ; c’est ce que l’homme fait toujours et il espère, malgré cela, acquérir le salut et la vie éternelle ! Tous les efforts que vous faites pour vous rendre heureux, démontrent que vous ne l’êtes pas. Pourquoi les arts et les plaisirs, si le monde était heureux ? L’effet de la présence de Dieu serait d’arrêter vos plaisirs. S’ils sont incompatibles avec cette présence, où sera leur place dans la vie éternelle ? Le péché n’est pas seulement défiance, désobéissance, mensonge, assujettissement à Satan, c’est aussi de chercher à s’étourdir loin de la présence de Dieu. L’homme peut se soustraire à cette présence pendant que la grâce dure encore. Satan, ses meilleurs amis selon le monde, l’aident à cela, mais ils ne le pourront plus quand Dieu jugera.

Dieu sait bien ce que vous êtes ; il connaît l’iniquité de Satan qui veut faire de l’homme sa proie, mais il y a une réponse que Satan ne connaissait pas et dont l’homme ne pouvait avoir l’idée : Dieu fait une promesse. Il ne donne pas des promesses à ceux qui sont incapables d’en jouir, parce qu’il faut pour cela se confier en Dieu. La question est désormais entre le serpent et le second Adam. Dieu ne dit à Adam que des choses qui montrent les conséquences actuelles du péché. Il dit au serpent ce qu’il fera, puis il fait la promesse de Christ comme seule espérance de l’homme perdu, avant même qu’il l’ait chassé de Sa présence. Dieu révèle ce que Jésus fera en détruisant l’oeuvre de Satan.

On ne voit pas signe de repentance chez l’homme ; il avait montré la lâcheté, la bassesse, la fraude de son coeur. Dieu ne parle pas de l’homme, mais de ses conseils et des réponses qu’il y a en Lui-même à un état pareil. Il annonce la «semence de la femme». Cette proclamation n’est plus maintenant une promesse, Jésus est venu ; l’homme misérable avait pensé que Dieu, jaloux de son bonheur, n’avait pas voulu lui donner le fruit de l’arbre. Quel mensonge de Satan ! Dieu qui semblait refuser un fruit à l’homme innocent, a donné son Fils à l’homme pécheur, et le coeur de l’homme est si perverti, qu’il n’a pas confiance en Celui qui a donné son Fils. Jésus, au lieu de fuir la condamnation, est allé au-devant d’elle. Au lieu de charger, comme Adam, sa femme de son péché, il a pris sur Lui les péchés de celle qu’il a voulu pour Épouse. Il a rendu impuissant, par la mort, celui qui avait le pouvoir de la mort. L’effet de la mort de Jésus est de nous inspirer une parfaite confiance ; elle nous met en relation avec Dieu, sans crainte et sans difficulté pour nous, parce qu’elle nous revêt quand nous sommes misérables et nus. La grâce a pris connaissance du péché, et le jugement a frappé le Fils !

Votre confiance est-elle en Dieu ? Croyez-vous qu’en amour il a donné son Fils pour vous ? Cette confiance rend l’obéissance facile et nous fait la préférer avec ses conséquences, et au milieu de toutes les difficultés, à notre propre volonté, parce que nous avons appris qu’il n’est rien de plus précieux que l’amour.

 

 

 

 

2              Méditations de J. N. Darby    Genèse  4:3-22

n°114 : ME 1897 p. 315

C’est ainsi que, dès le commencement, la famille de Dieu a été manifestée et que la famille du diable a pris son caractère et son développement (1 Jean 3:12). Lors de la manifestation du Fils de Dieu, ces deux familles étaient déjà dans le monde, mais, depuis la croix, leur caractère est bien plus tranché. Il faut être de l’une ou de l’autre. Parce qu’un est religieux, on croit qu’on ne peut être de la famille du diable, mais Caïn était religieux et Abel était religieux aussi ; la différence entre eux gisait précisément dans leur religion. L’homme a, par nature, le besoin d’adorer quelque chose, le besoin, non encore raisonné, d’avoir une religion. Il sent qu’il y a une puissance supérieure à lui et que les besoins de son coeur ne peuvent être satisfaits par lui-même. Satan s’est emparé de ces sentiments pour devenir le dieu des hommes, en sorte que ce que les nations sacrifient, elles le sacrifient aux démons.

Aux jours de Caïn, il n’y avait pas encore de faux dieux, ni de démons qu’on adorât directement, aussi le cas de Caïn se rapproche-t-il bien davantage de celui des chrétiens de nom de nos jours. Caïn reconnaissait Dieu et voulait lui présenter un culte. Il en est ainsi maintenant de la plupart des hommes. Mais la pensée seule d’offrir à l’Éternel un culte dans l’état où nous sommes est une abomination, car nous sommes des pécheurs, tandis que Dieu est saint.

Caïn était très honnête ; il s’approche de Dieu pour lui présenter les fruits de la terre, quelque chose qui lui avait coûté beaucoup de travail et de peine. Abel présente une offrande qui ne lui a rien coûté. Quels étaient ces fruits de la terre ? Les résultats de la malédiction de Dieu, les produits du travail auquel l’homme est condamné, parce que le jugement l’a chassé d’Éden et de la présence de Dieu. Caïn croit pouvoir offrir à Dieu, pour lui être agréable, ce que produit la terre maudite ; il ne sent ni la malédiction, ni son état de péché. Tel est encore aujourd’hui l’état du monde. Qu’il ne s’imagine pas avoir part, à la vie éternelle en offrant son culte à Dieu ! Le culte du coeur naturel est la plus grande insulte faite à Dieu ; l’homme, chassé de Sa présence, vient, dans son orgueil qui ne tient aucun compte de la sainteté de Dieu, se présenter à lui dans ses péchés, comme si rien n’était arrivé.

Quelle était l’offrande d’Abel ? Des bêtes mises à mort et leur graisse. Abel est le premier que l’apôtre Paul signale comme un croyant. Il est dit, en Hébr. 11, que, par la foi, il offrit un meilleur sacrifice que Caïn. La mort est la conséquence du péché et la preuve de la condamnation. Abel reconnaît cette condamnation et présente une victime à sa place, un substitut. Il offre comme son seul refuge une expiation ; en figure la mort et le sang de Jésus. Il s’approche avec le sang, car sa foi est en exercice. Voilà en quoi diffèrent ces deux sacrifices. Caïn offre les fruits d’une terre maudite et se présente devant Dieu, comme si le péché n’existait pas ; il en est de même de tous ceux qui pensent s’approcher de Dieu sans l’efficace du sang de Christ. Caïn cherche un Dieu selon ses pensées, qui ne soit pas saint, qui le reçoive tel qu’il est, et il ne tient aucun compte du jugement que Dieu a prononcé. Mais si Dieu recevait Caïn avec les fruits de la malédiction, pourquoi aurait-il chassé Adam de sa présence ?

Du moment que Dieu n’a pas égard au sacrifice de Caïn, ce dernier est irrité ; il ne veut pas d’un tel Dieu ; il ne voit pas que, loin de nous proclamer meilleurs et plus honnêtes que les autres, la foi vient à Dieu reconnaissant l’état de ruine de l’homme, la justice de Dieu quand il condamne, et la grâce qui nous substitue Christ comme victime. L’orgueil de l’homme pécheur s’irrite que Dieu ne lui permette pas d’entrer en sa présence, aussi ce qui se manifeste aussitôt, c’est la haine de Caïn contre son frère. Le monde ne peut supporter que Dieu fasse grâce à quelqu’un. L’orgueil de l’homme aurait dû se soumettre à la grâce de Dieu ; il ne l’a pas voulu.

Le monde a mis à mort Jésus, le Juste, dont la mort d’Abel était le type. En Éden, l’homme a péché contre Dieu ; hors d’Éden, l’homme a haï son prochain. Cette haine arrive à son apogée dans la mort de Christ qui met le comble au péché du monde. L’homme a péché contre Dieu ; il a manifesté sa haine inexorable coutre tout ce qui représentait Dieu sur la terre et il a mis Jésus à mort. Dieu réclame le sang de Christ à ce monde qui l’a versé. Pour ceux qui croient, ce sang est une expiation ; pour ceux qui, comme les Juifs, ont rejeté Christ, ce sang demeure sur eux et sur leurs enfants. Le monde a crucifié le Seigneur et, si vous restez dans le monde, vous prenez position avec lui.

Mais Dieu ne peut s’en tenir là. Il redemande le sang de son Fils au monde, et par son jugement il manifeste le cas qu’il en fait. Pour les croyants, ce que l’homme a pensé en mal, Dieu l’a pensé en bien, et le sang qui a été versé a coulé pour le péché. Ce n’est pas un culte à Dieu que de mépriser le péché du monde et ce que Dieu a dit de ce péché !

(v. 7). «Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ?» S’il y a un homme juste, sans péché, à la bonne heure, tu peux être reçu. «Si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la porte». Dieu a mis le sacrifice pour le péché à notre porte. Il aurait pu nous punir pour un péché quelconque, pour les violations de la loi ; il ne le fait pas ; il n’impute pas le péché. Dieu dit : Vous avez rejeté le Saint et le Juste, mais ce que vous avez pensé en mal, je l’ai pensé en bien. Cette victime, du sang de laquelle vous êtes coupables, je l’ai mise à votre porte.

Quoi de plus terrible, que d’avoir tué le Fils de Dieu, d’avoir rejeté Dieu qui se présentait en bonté ! Dans le sacrifice pour le péché, Dieu montre au monde son péché, mais il lui montre aussi que l’homme peut désormais s’approcher de Dieu, la victime pour le péché lui ayant été offerte. C’est là ce qui rend l’homme sans excuse. Aussi longtemps que Jésus peut être présenté, l’homme a un remède. L’horreur du péché, c’est que l’homme rejette Jésus et réponde à cette question : «Où est Abel, ton frère ?» «Je ne sais. Suis-je, moi, le gardien de mon frère ?» L’indifférence pour Christ est la preuve de l’indifférence la plus profonde pour le péché et pour ce que Dieu a fait.

Caïn en prend son parti et sort de la présence de l’Éternel. On est insouciant quant à Jésus, mais on voudrait éviter les conséquences immédiates du péché. C’est ce que les hommes désirent ; c’est ce qui leur fait quitter la présence de l’Éternel pour aller dans le monde.

Caïn y établit sa famille ; il veut la placer loin de Dieu ; il cultive pour cela les agréments de la vie. L’effort de l’homme éloigné de Dieu, est de rendre le monde agréable sans lui ; il cherche à se passer de Dieu le plus gaiement possible. Sorti de la présence de Celui dont il a rejeté le Fils, il donne son nom aux villes qu’il bâtit et s’établit dans l’aisance. Il ne lui manque qu’une chose, la présence de Dieu et de Christ, mais cette présence gâterait toute sa joie.

Du moment que le nom de Jésus est invoqué, il faut qu’on reconnaisse que le monde est éloigné de Dieu ; il faut qu’on prenne le parti d’Abel rejeté et qu’on souffre avec Christ. Il n’y a point d’hésitation possible, si l’on a la conscience que Dieu a accepté son Fils et nous a acceptés avec lui. Le coeur est désormais au large avec Dieu et a compris ses pensées. Par ce lien avec Jésus, il se trouve placé dans la faveur de Dieu et en jouit. Mais il faut souffrir dans un monde où Caïn hait toujours Abel jusqu’à la mort. Ce sera le jugement qui manifestera à la fin ce qu’est la famille de Caïn.

Ou bien, il nous faut avoir part avec le crucifié, le rejeté, sans rien dans le monde, reconnaissant notre condamnation dans la mort du Fils de Dieu qui nous sauve, possédant tout l’héritage de Jésus, la souffrance ici-bas et la gloire à venir ; — ou bien, il nous faut être du monde, plongés dans l’aveuglement avec lui, étrangers à toute vérité et courant au-devant du jugement.

Où en êtes-vous ? Pouvez-vous dire que Jésus est votre vie, votre tout ? Que Dieu vous fasse la grâce de comprendre son amour qui, dans le don de Jésus, parle si clairement à vos âmes !

 

 

3              Méditations de J. N. Darby    Genèse  8:20-22

2 juin 1844    n°204 : ME 1915 p. 74

Si l’on considère ce qui se passe sur la terre, on a lieu d’être étonné de la patience de Dieu. Quand il crée l’homme, le péché entre dans le monde. Il le chasse du Paradis, et le péché se multiplie. Après avoir appelé Abraham, il choisit le peuple d’Israël, la sacrificature, la royauté : tous sont infidèles. La manière dont l’homme a abusé de tout ce que Dieu a fait en sa faveur, et a gâté tout ce qu’Il avait établi, n’empêche pas Dieu de persévérer à son égard. Quel objet a-t-il donc en vue pour persister et patienter malgré tout ? Du commencement à la fin, cet objet est Christ. La patience de Dieu supporte ses misérables créatures, parce qu’il peut se reposer sur Christ.

La foi répond à ces pensées de Dieu, les saisit et comprend Dieu dans ses voies. Sans doute, au milieu du mal le coeur souffre, mais si les circonstances sont difficiles, la foi est tranquille ; elle attend ; elle réalise les pensées de Dieu par le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit faisait qu’un Jephthé, un Jonathan et tant d’autres s’attendaient à Dieu pour qu’il opérât avec eux. Par le Saint Esprit, la foi répond, dans le coeur, aux pensées de Dieu ; elle en embrasse l’étendue du commencement à la fin ; elle sait attendre, et, en un sens, elle n’est pas plus petite que Dieu lui-même. En même temps, elle nous met à notre place, parce qu’elle s’attend à Dieu et qu’elle est convaincue que Dieu sait très bien ce qu’il a à faire. Elle produit l’activité, dès qu’elle a la certitude que Dieu veut que nous agissions. Alors la plus grande montagne devient une plaine. Moïse étend sa verge ; Israël entre dans la mer : il n’y a plus de mer ; l’obstacle a disparu, car la foi pense comme Dieu.

Dieu supporte tout le mal que l’homme peut faire, parce qu’il a la gloire de Christ en vue, et que cette gloire sera rendue plus glorieuse à la suite de tout ce qui semblait devoir l’anéantir. Il en est de même pour nous : nous savons que Dieu glorifiera Jésus, et que tous les efforts de Satan ne feront que faire jaillir la gloire de Christ d’une manière plus éclatante. Josué et Caleb étaient fidèles au milieu d’Israël infidèle ; ils ont subi les conséquences de cette infidélité du peuple, mais avec la certitude d’entrer dans le pays de Canaan où les autres ne devaient pas entrer. Il en est de même d’Élie, et, à la fin, il monte au ciel dans un tourbillon. Il arrive souvent, dans les voies de Dieu, que la foi doive subir, peut-être même en châtiment, les conséquences du péché de l’homme, mais en cela la foi patiente avec Dieu, parce qu’elle sait que Dieu se glorifiera, et elle est satisfaite. Cela peut nous arriver à tous, comme à Noé, comme à Paul. — La foi pense avec Dieu, sinon elle ne peut penser comme Dieu, car Dieu pense d’en haut et nous d’en bas. C’est d’en haut que Dieu nous présente et nous manifeste ses pensées en Christ.

Le conseil de Dieu en Christ soutient, si je puis m’exprimer ainsi, la patience de Dieu. Ce qui fait que Dieu supporte et bénit, au lieu de maudire, c’est la bonne odeur qui monte du sacrifice de Noé, type de celui de Christ. C’est ici (vers. 20), la première fois que nous rencontrons l’autel.

Dieu s’était repenti dans son coeur d’avoir fait l’homme. Il peut créer et détruire : cela ne concerne pas ses dons qui sont sans repentance. Il y a beaucoup de choses que Dieu a créées et qu’il ne veut pas conserver. Il s’est repenti d’avoir fait l’homme et le détruit ; mais nous trouvons ici une chose nouvelle : l’autel. Dieu flaire une odeur agréable et dit en son coeur : «Je ne maudirai plus de nouveau la terre à cause de l’homme» (v. 21). Tant que la terre existera, cette bonne odeur aura une efficace continuelle. L’ordre de la terre ne cessera pas, quel que soit le péché de l’homme. Le coeur de Dieu, ses affections sont occupés de Christ, de l’odeur agréable de son sacrifice, et il agit envers le monde en vertu de ce parfum. Il peut lui infliger des châtiments de détail, mais rien ne démentira la vertu du sacrifice de son Bien-aimé. Il agit donc, envers la terre, en vertu de cette odeur agréable. Quelle chose pour nous, de connaître ce qui émeut tout le coeur de Dieu ! La Bible nous le révèle. Quand la perfection de Dieu trouve une chose qui lui réponde, il l’accepte, et c’est la perfection de la croix. La foi s’appuie sur cela : elle connaît le coeur de Celui qui a donné son Fils. Dès le commencement, Dieu avait Christ en vue, et c’est pourquoi il a supporté les péchés qui ont précédé la croix (Rom. 3:25).

Le salut est, dans un sens, une chose à venir que nous n’avons pas encore. Pour accomplir ce salut, Dieu agit envers nous, en vertu de la bonne odeur du sacrifice de Christ. Si Dieu dit : «Je ne maudirai plus», la foi sait sur quoi il se fonde pour cela. Elle pense avec Dieu, au sujet du péché ; elle sait que tout ce qu’il fera à notre égard, malgré tous nos manquements, sera en vertu de la satisfaction qu’il trouve dans le sacrifice de son Agneau, de Celui qui a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui.

Dieu est occupé d’une chose, de Christ ; il faut, je le sais, qu’il se conduise d’après cela. J’entre, par la foi, dans la pensée de Dieu, et cela me sanctifie. Il ne s’agit pas seulement de mes péchés expiés, mais de la valeur même du sacrifice pour Dieu. À travers tout, ma foi compte sur Dieu et sur son coeur. Je rencontre des difficultés ; l’Église même est en ruine ; mais, quoiqu’il arrive, nous comptons sur Dieu en Christ, et notre coeur va de l’avant, rempli de joie et d’assurance dans sa communion.

 

 

 

4              Méditations de J. N. Darby    Genèse  12

n°116 : ME 1897 p. 357

Nous trouvons trois choses dans ce chapitre, l’appel, la position, et l’infidélité du croyant. C’est ici, pour la première fois, que l’appel de Dieu nous est présenté dans la Parole. Le monde étant corrompu et idolâtre, Dieu appelle Abram. Il est l’objet de l’élection, de l’appel et des promesses de Dieu, les trois racines, pour ainsi dire, de l’arbre de la grâce.

Le monde étant corrompu, l’appel de Dieu nous fait tout quitter et rompre tout lien pour en sortir. Il place pour cela devant nous des promesses qui nous font laisser derrière nous les choses terrestres. Le père d’Abram sort avec lui, mais n’arrive pas en Canaan ; il demeure en Charan, à moitié chemin, et ne jouit jamais des promesses. Abram devait sortir de sa parenté aussi bien que de son pays, mais il avait pris son père avec lui, et son père reste en chemin. La grâce de Dieu passe par-dessus la faiblesse d’Abram, seulement après la sortie d’Ur, il lui faut sortir de nouveau de Charan ; c’était double peine.

Après nous avoir appelés, nous avoir donné les promesses, Dieu nous conduit pour nous introduire dans leur jouissance en Canaan. Il rompt tôt ou tard les liens qui nous en séparent et, si nous ne voulons pas marcher tout droit, nous sommes privés pour le moment de leur jouissance.

Au v. 6, nous trouvons de nouvelles circonstances. Les malices spirituelles sont en possession du pays de la promesse. Abram ne peut les chasser. Nous sommes étrangers dans ce monde, nous avons dû tout quitter pour atteindre les promesses et, cependant, nous n’en sommes pas encore entrés en possession. Nous sommes étrangers sur la terre et nous marchons par la foi, non par la vue des choses du ciel. Les Cananéens, les malices spirituelles, demeurent là où sont les promesses. Abram, lui, demeure avec Dieu, étranger au milieu de Canaan, mais Dieu s’y manifeste à lui ; il a, comme part, la présence de Dieu dans le pays de la promesse où il est étranger.

Dieu se révèle à lui et il lui dresse un autel. Pour nous aussi, la révélation de Dieu, comme Père, à nos âmes, est la source de tout vrai culte. Nous pouvons alors rendre culte à Dieu, tout en n’ayant pas plus qu’Abram de quoi poser notre pied en Canaan. Abram lui-même ne dut-il pas y acheter un sépulcre ?

Abram est aussi pèlerin dans le pays de la promesse ; il le voit, mais ne le possède pas et n’a que les arrhes de l’héritage.

Aux v. 9-13, on voit l’infidélité pratique d’Abram, image de celle de l’Église. Poussé par les difficultés, par la famine, il descend de son chef en Égypte, sans consulter Dieu qui veut, par le désert, nous garder sous sa dépendance, nous nourrir de sa grâce, et non de ce que la sagesse de l’homme nous fait trouver. Quand l’esprit de l’homme est à l’oeuvre, il le fait toujours descendre en Égypte, et nous tombons sous la dépendance du monde quand nous quittons celle de Dieu. C’était pour l’exercice de la foi d’Abram que Dieu lui faisait rencontrer la famine dans le pays où il l’avait introduit. Il en fut de même pour Israël (Deut. 8:3) ; il en est encore de même pour nous. Dieu nous humilie et nous fait avoir faim, alors l’homme demande des cailles et, si Dieu les accorde, c’est en châtiment.

Il nous faut marcher sous la dépendance constante de Dieu. Il nous éprouve de toute manière, comme il le fait envers tous ses enfants, pour savoir si nous tiendrons ferme dans le chemin et si nous retiendrons les choses de Dieu. La sagesse naturelle de l’homme le conduit en Égypte où il préfère être rassasié que d’avoir faim dans le pays de la promesse. Il en est de la chair comme de Saül qui ne sut pas attendre la fin du septième jour pour offrir le sacrifice et perdit ainsi le royaume.

Abram agit de son chef ; il n’est plus avec Dieu, il n’est plus dans la terre de promesse ; il se trouve, avec sa faiblesse, en présence d’une puissance plus grande que la sienne. Alors il renie sa femme. Du moment que nous nions que l’Église soit uniquement à Christ, nous tombons sous la puissance du monde. Abram infidèle est bien traité par le Pharaon, mais aucun des présents du roi ne pouvait entrer chez lui sans lui percer le coeur comme une épée et sans lui reprocher le séjour de Saraï dans le palais du Pharaon. En toute chose, le premier pas est important et montre la tendance de notre coeur. Abram est repris dans son coeur, et tout ce qu’il reçoit est une preuve de sa servitude et de son déshonneur. Mais Dieu n’abandonne ni ses droits, ni sa fidélité. Quoique Pharaon ne fût pas coupable envers Abram, il l’était envers Dieu, et Dieu le frappe. C’est toujours la fin du monde. Dieu revendique ses droits et Christ revendique les siens sur l’Église qu’il a choisie et rachetée pour qu’elle fût à lui seul !

 

 

 

 

5              Méditations de J. N. Darby    Genèse  12    Appel, Position et Infidélité

n°270 (ex 265) : ME 1962 p. 276

Le chapitre 12 de la Genèse, en nous racontant le début de l’histoire d’Abraham, nous donne sous forme de types l’appel de l’Église, sa position et son infidélité.

Il y avait eu avant Abraham d’autres hommes appelés, mais l’appel n’avait pas été révélé, et c’est ici pour la première fois qu’il nous est donné comme instruction. Le monde étant corrompu, Dieu appelle Abraham : c’est l’élection ; et l’appel de Dieu nous fait sortir du monde, nous fait tout quitter, rompre tout lien. Il place devant nous des promesses, et derrière nous les choses terrestres.

Abram devait sortir de son pays et de sa parenté. Il quitte bien son pays, mais emmène son père avec lui. Le résultat pour lui c’est qu’il lui faudra de nouveau sortir de Charan après être sorti d’Ur : double peine ! Quant à Térakh, il n’entre pas en Canaan, mais reste à Charan et y meurt ; il ne peut pas jouir des promesses ; il reste à moitié chemin. C’est toujours le cas si la vie de Dieu n’est pas là ; on peut accompagner les fidèles, mais jamais jouir des promesses. Dieu cependant passe par-dessus toute la faiblesse d’Abram et le fait sortir de Charan. Dieu nous appelle, nous donne des promesses et nous conduit vers Canaan pour nous y introduire. Il rompt tôt ou tard les liens qui nous entravent, et si nous ne voulons pas aller tout droit au but désigné, nous sommes privés pour un temps de la jouissance des promesses.

Depuis le verset 6, Abram est entré dans le pays, et la position de l’Église nous est décrite. Les puissances spirituelles de méchanceté, sous les traits des Cananéens, sont dans le pays des promesses. Abram ne peut pas les chasser, il est étranger comme nous le sommes dans le monde. Nous avons dû tout quitter pour suivre les promesses et nous ne sommes pas entrés en possession de l’héritage ; nous n’en avons que les arrhes. Nous sommes étrangers sur la terre et nous marchons par la foi et non par la vue des choses célestes. Abram donc demeure étranger avec Dieu en Canaan, et c’est là que Dieu se manifeste à lui. La révélation à nos âmes de Dieu comme Père est la source de tout vrai culte. Nous pouvons alors bâtir un autel et rendre culte à Dieu, comme Abram qui ne possédait pas en Canaan de quoi poser son pied, (il dut même y acheter un sépulcre), mais qui bâtit là deux autels (v. 7 et 8). Il est un pèlerin dans le pays de la promesse.

À partir du verset 9 nous voyons le résultat de l’infidélité de l’Église. Elle rencontre des difficultés, une famine ; c’est toujours ce que le croyant ressent dès qu’il commence à penser à autre chose qu’à Christ. Abram, sans consulter Dieu, descend en Égypte, de son propre chef. Il n’est pas avec Dieu et il n’est pas dans le pays de la promesse ; il se trouve avec sa faiblesse en présence d’une puissance plus grande que la sienne. Alors il renie sa femme. Du moment que nous nions que l’Église est uniquement à Christ, nous tombons sous la puissance du Pharaon ; et dès qu’Abram est infidèle il est bien traité et comblé de biens par lui. Mais aucun de ces présents ne pouvait entrer chez lui sans lui reprocher le fait que Saraï était chez le Pharaon. C’était une épée dans son coeur. Le premier pas est toujours important ; il montre la tendance du coeur. Abram est puni dans son coeur et tout ce qu’il reçoit est une preuve de sa servitude et de son déshonneur. Mais Dieu n’abandonne pas ses droits et ne dément pas sa fidélité, et quoique le Pharaon ne fût pas coupable vis-à-vis d’Abram, il l’était vis-à-vis de Dieu, et Dieu le frappe. C’est toujours ainsi qu’il en arrive avec le monde. Dieu revendique ses droits sur l’Église qu’Il a choisie pour Lui-même.

Dieu veut que pendant que nous voyageons dans le désert, nous restions sous sa dépendance, et que nous soyons nourris de sa grâce et non pas de ce que la sagesse de l’homme peut nous faire trouver. Du moment où l’esprit de l’homme agit, c’est un voyage en Égypte : nous tombons dans la dépendance de l’homme quand nous quittons celle de Dieu. Si Dieu nous fait éprouver la famine dans le pays où Il introduit son peuple, c’est pour exercer notre foi (Deut. 8:2, 3). Il nous humilie et nous fait avoir faim. Alors l’homme veut avoir des cailles ; Dieu les lui donne, mais c’est un châtiment.

Il nous faut marcher dans une constante dépendance de Dieu. Il nous éprouve de toutes manières pour savoir si nous tiendrons ferme dans le chemin et dans les choses de Dieu. Il en agit de même avec tous ses enfants. La sagesse naturelle de l’homme le mène en Égypte : quoi de plus naturel que d’aller chercher de la nourriture là où l’on pense en trouver, quand on craint d’en manquer ? Mais il vaut mieux avoir faim dans le pays de la promesse que d’être rassasié en Égypte ; car Dieu nous donne exactement ce qu’il nous faut au moment convenable, moment qui n’est pas toujours celui que nous voudrions ! Gardons-nous de faire comme Saül, qui n’ayant pas su attendre la fin du septième jour que Samuel lui avait assigné pour offrir le sacrifice, a perdu le royaume.

 

 

 

6              Méditations de J. N. Darby    Genèse  12:1-8 : Abraham

n°274 (ex 269) : ME 1964 p. 297

Nous rencontrons en Abraham l’appel de la grâce, bien avant qu’il soit question de la loi. Au chapitre 24 de Josué nous apprenons que le père d’Abraham était idolâtre. Le péché de l’homme était déjà consommé ; ce dernier avait complètement abandonné le vrai Dieu et ne pouvait plus dépendre que de la grâce souveraine. Les voies de Dieu à l’égard d’Abraham ont donc été celles de la pure grâce ; Dieu l’a choisi entre tous les hommes pour être le père de la foi. La promesse lui est donnée sans condition, sans question de justice, uniquement par grâce. Le péché était complet ; Dieu intervient, appelle personnellement Abraham et lui fait un don gratuit. Le patriarche devient donc le témoin de ce que fait la grâce de Dieu, souveraine en bénédiction. Les promesses viennent avant la loi ; la question de la justice de l’homme n’est pas touchée et, du moment qu’elle l’est sous la loi, il est démontré que l’homme n’a pas cette justice.

Christ est venu accomplir la justice, nécessaire pour que nous jouissions de la présence de Dieu lui-même. La grâce fait une oeuvre par laquelle nous devenons la justice de Dieu en Christ. Le Christ était promis, mais dire que l’homme serait assis dans les lieux célestes avec Lui, cela dépasse toute promesse. Il est bon que nous nous en souvenions : il y a, au-dessus de la promesse, une oeuvre que Christ a accomplie par lui-même, et dans laquelle la grâce souveraine de Dieu a été manifestée. En Matt. 15:22, la Cananéenne vient à Jésus sur le pied des promesses, le reconnaissant comme Fils de David ; mais comme Cananéenne elle n’y avait aucun droit. On n’est fondé dans la grâce que lorsqu’on se trouve en la présence de Dieu sans aucun droit et selon une oeuvre dans laquelle Dieu lui-même est glorifié. Cela donne devant Dieu une assurance que rien d’autre ne peut donner.

La grâce avait appelé Abraham, aussi le trouvons-nous jouissant des bénédictions qui nous appartiennent.

Nous trouvons, dans ce chapitre, deux manifestations de Dieu sur lesquelles je désire attirer l’attention : la manifestation en vertu de laquelle Abraham a marché et celle en vertu de laquelle il a pu adorer Dieu.

Le Dieu de gloire apparut à Abraham pour l’appeler (Actes 7:2). C’est toujours notre cas : Dieu se révèle à nos coeurs et c’est la mesure de tout, le degré dans lequel nous le voyons par la foi. La Parole, la puissance de l’Esprit sont le moyen qu’Il emploie pour se révéler. La révélation du Dieu qui est lumière manifeste le péché, montre ce que nous sommes. Le malheur de l’homme est qu’il est loin de Dieu, si loin, qu’il est sans lumière et ne le sait pas.

Le principe qui gouverne toute notre vie, c’est que nous avons vu le Seigneur. Tel fut le cas de Saul de Tarse. Jésus se révèle au coeur ; on le connaît et dès lors la direction de la vie est totalement changée : on connaît Dieu, on comprend sa grâce et l’on se met en marche pour le suivre, cela gouverne toute la vie. Cette révélation nous fait rompre avec nos propres intérêts ; l’appel de Dieu a tout changé dans notre coeur ; Jésus Christ est devenu notre objet : nos yeux sont ouverts sur Lui.

Ce n’est pas tout : Dieu donne à celui qu’Il a appelé. Abram part avec Saraï, sa femme, et Lot, et quitte tout pour jouir du pays que l’Éternel lui a donné. Il y entre, quand les Cananéens y habitent encore. C’est aussi notre cas : nous sommes dans les lieux célestes par la foi ; nous n’en sommes pas encore entrés en possession, et nous n’avons que les arrhes de l’Esprit.

Dieu se révèle à l’homme dans son état d’éloignement de Lui ; son bonheur est de suivre l’Éternel mais il n’a pas encore la force et le principe de la communion. Cependant il a ce qu’il faut pour marcher et suivre le Seigneur. Abram obéit à l’appel de Dieu ; la manifestation divine le gouverne assez pour le faire rompre avec son pays et sa parenté, avec le monde qui l’entoure. Mais cela ne suffit pas ; en sortant, Abram se trouve en contact avec la vie d’ici-bas : le Cananéen est encore dans le pays ; ce n’est pas, pour le patriarche, l’entrée en possession, mais la communion avec l’Éternel (pour nous la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ) est bien supérieure à l’héritage. Abram marche dans tout ce qu’il a reçu comme promesse de la gloire, mais la communion avec Dieu et la communion les uns avec les autres est une chose différente. Il n’était question jusqu’ici que de marche, mais Abram n’avait pas d’autel.

Une fois entré dans le pays, l’Éternel lui apparaît de nouveau. Il ne possède rien encore, mais Dieu se manifeste à son coeur pour lui faire comprendre combien il est aimé. C’est de là que naît le vrai culte ; il découle de la joie produite par la manifestation que Dieu nous donne de Lui-même. Un chrétien ne peut pas se contenter du salut seulement. Quand il se trouve là où il n’a rien, alors la communion commence. Une telle chose est plus que la marche, plus que la gloire, plus que l’héritage ; c’est s’entretenir avec Dieu. L’âme a trouvé sa demeure en Dieu et Dieu en elle : «Nous ferons notre demeure chez lui» (Jean 14:23).

Au chapitre 15, Dieu dit à Abram : «Je suis ton bouclier et ta très grande récompense». Abram répond : «Que me donneras-tu ?» Il n’a pas pour objet Dieu lui-même, mais ce que Dieu donne.

Au chapitre 17 la scène change. L’Éternel se révèle à lui comme le Tout-Puissant. Abram tombe sur sa face. Dieu est là : c’est Lui-même, non plus ce qu’Il lui donnera, qui est le souverain bien pour son âme.

Si quelqu’un garde mes commandements, dit le Seigneur, je me manifesterai à lui. Ce n’est pas : Je le récompenserai. Quand on est dans cette position, Dieu vient nous dire : Voilà ce que je suis. Nous nous glorifions en Dieu lui-même. Le Père et le Fils deviennent la source de notre joie et de notre communion. C’est là la vie chrétienne. Abram aussi était pour l’Éternel comme un ami.

Après cela Dieu lui révèle ce qu’Il va faire (18:17). Abraham intercède pour les autres, entre dans les pensées de Dieu, dans ses pensées d’amour. Il est avec Dieu sur ce pied. Quel privilège qu’une telle intimité, que de recevoir communication des pensées et des conseils de Dieu. Il ne nous donne pas une place moindre que celle-là.

Il y a donc deux révélations de Dieu, la première pour nous faire marcher, la seconde pour nous introduire dans sa communion. C’est dans cette dernière que l’on trouve l’autel, l’adoration, la liberté d’entretien avec Dieu.

Tel est notre privilège chrétien. Nos coeurs peuvent-ils dire : J’en jouis ? Avons-nous cette révélation du Père et du Fils, où l’âme trouve une joie actuelle dans la clarté de Sa face ? C’est là que l’on trouve aussi l’intelligence de ses voies et de ses pensées ; repos plein de douceur, qui bannit l’influence de la douleur et de tout le mal dont nous sommes entourés, parce que le coeur a trouvé là ce qu’aucune des choses d’ici-bas ne peut nous ravir, car rien ne nous séparera jamais de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur (Rom. 8:39).

Que Dieu nous donne de jouir de la révélation qu’Il nous a donnée de Lui-même, de Celui qui a fait les promesses et qui sera la source éternelle de notre joie et de notre bonheur !

 

7              Méditations de J. N. Darby    Genèse  12

n°76 : ME 1895 p. 53

Abraham est le père des fidèles ; il représente la vie et la marche de la foi sur la terre. Avec Abraham commence la première manifestation d’un principe important : l’appel de Dieu. Il y avait déjà eu auparavant des appelés, mais l’appel n’avait pas été révélé. On voit dans les premiers chapitres de la Genèse, les effets du péché et le jugement du monde, mais depuis le chap. 12, Dieu appelle un homme et le fait sortir de sa famille, pour fonder par son moyen un nouveau peuple, à part pour lui. C’est l’appel de Dieu qui opère cette séparation.

Josué 24:2, montre que même les hommes de la famille de Sem étaient tombés dans l’idolâtrie et avaient reconnu Satan comme leur prince, en l’adorant au lieu de Dieu. Dieu ne change pas l’état du monde, mais il appelle un peuple qu’il choisit pour être son peuple. La vocation de Dieu choisit Abraham, l’appelle à tout quitter, et le fait agir sur le principe de la foi, en le conduisait dans un pays inconnu, sans autre certitude que la promesse de Dieu.

Depuis les jours d’Abraham, c’est en nous appelant à être séparés du monde que Dieu nous bénit, et il n’y a pas de bénédiction sans cette séparation. Dieu se sépare un peuple à lui par des promesses, en l’appelant à tout quitter pour lui. Nous devons obéir en quittant tout et en suivant Dieu. Abraham, confiant dans la promesse, entre au pays de Canaan, mais il vit en étranger au milieu de ce qui lui est promis. Dieu nous appelle à tout quitter, parce que ce monde est sous l’esclavage de Satan et n’a d’autre liberté que celle de pécher et de désobéir à Dieu.

La fin du chapitre nous montre le résultat de l’infidélité du croyant, quand il se trouve aux prises avec des circonstances difficiles. Il y avait une famine dans le pays. Quoique en esprit dans le pays de la promesse, le chrétien ressent la famine, du moment qu’il commence à penser à autre chose qu’à Christ. Abraham descend en Égypte, type du monde, prend conseil de sa propre sagesse et non de Dieu, et se trouve aux prises avec une puissance qui lui est supérieure. Quand le chrétien descend dans le monde pour y chercher des ressources, avec sa force humaine individuelle, il se trouve en face de la puissance de Satan qui, bien que cachée, est une force plus grande que la sienne.

Abraham a peur ; il a recours à sa sagesse et renie Sara ; il nie la relation de sa femme avec lui, et cette dernière trouve sa place dans le monde. Abraham est honoré de Pharaon ; c’est ce qui arrive au chrétien qui est dans la main du monde ; il reçoit du monde des honneurs qui ne sont que la preuve de sa servitude.

Abraham a nié la position qui faisait de Sara quelque chose qui lui appartenait entièrement. Il n’a pas voulu confesser hautement ses principes. Le chrétien, quand il manque de fidélité, ne proclame plus que l’Église est l’Épouse de Christ. Alors le monde la revendique. Il veut bien la prendre pour femme et la garder chez lui pour en avoir le bénéfice, mais c’est en effaçant la gloire de Christ. Chacun des dons de Pharaon aurait dû reprocher à Abraham son infidélité. Des jugements sur ce monde en sont le résultat, car Dieu ne renonce pas à ses droits. Parce que les chrétiens, entraînés dans le monde, se conforment à ce dernier, Dieu le frappe de grandes plaies, à cause du déshonneur qui en résulte pour l’Église. Abraham ne devait avoir aucune paix en Égypte, et n’en retirait que les preuves de sa servitude.

Le monde ayant renié le Seigneur Jésus, Dieu ne le reconnaît que comme perdu. Il lui offre la grâce maintenant et le jugera plus tard. Quand la lumière est venue au monde, les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Dieu ne porte pas remède à l’état du monde ; mais il appelle hors du monde ceux qui en avaient fait partie jusque-là. Abraham dut quitter sa famille, parce qu’on y adorait des dieux étrangers. Dieu nous appelle à sortir du monde, et c’est en nous révélant ses promesses en Christ qu’il nous en fait sortir. Jésus est assis à la droite de Dieu, et ceux qui sont appelés, le sont par la révélation de Jésus. Il faut sortir du monde de coeur (non pas encore du corps), et s’attacher à Jésus, rompre avec le monde, comme Jésus a rompu avec lui pour aller s’asseoir à la droite de Dieu. Toutes les promesses sont faites à Abraham et à sa semence, c’est-à-dire à Jésus. Pour y avoir part il faut être à lui. Dieu présente son Fils au monde ; le monde le rejette ; en retour, Dieu le reçoit. Pour avoir part aux richesses de la maison de Dieu, il faut avoir part à Jésus que le monde a rejeté. Par ce principe tout devient facile, quoiqu’il puisse y avoir une famine dans le pays.

Du moment, que je confesse le Seigneur Jésus, je ne puis être que pèlerin et étranger dans le monde. Dieu nous a aimés, appelés, séparés ; et tout ce qui est pénible dans notre vie est une preuve de plus que nous sommes à Christ. Nous avons part à toutes les promesses, car du moment que Christ est ma portion, mon héritage, j’ai tout ce que Dieu lui a donné. Dieu glorifiera son Fils et sa gloire sera mienne, et moi-même je serai à la gloire de Dieu. Tout ce que le Saint-Esprit révèle, il le révèle comme m’appartenant, car je suis un enfant de Dieu. Le chrétien n’est pas, comme les prophètes, un simple canal de la révélation ; il en est l’objet, car il est cohéritier du Fils. Je ne puis rien voir qui appartienne à Jésus, sans dire que tout cela est mien.

Nous sommes étrangers par l’appel de Dieu et, comme tels, nous n’avons plus le monde et nous n’avons pas encore le ciel, mais nous avons Celui qui nous a appelés. Si nous n’avions qu’une profession, notre état serait des plus misérables.

Passer un jour en n’ayant rien que Dieu, est une chose difficile, mais c’est à quoi Dieu veut nous accoutumer. Il nous place dans le désert, pour que nous n’ayons rien que Dieu ; ni conseil, ni route, ni subsistance que par Dieu.

Abraham était séparé de ses faux dieux, mais il sait qu’il peut en paix adorer l’Éternel ; il lui bâtit un autel et le sert, parce qu’il est à Dieu et que Dieu est à lui.

Sommes-nous satisfaits de n’avoir d’autre jouissance que des promesses et la communion avec Dieu ? Dieu ne manquera pas de nous conduire à chaque pas, et il nous fera obtenir l’accomplissement des promesses. Si nous cherchons des ressources dans le monde, le monde nous asservira. Si nos pensées s’éloignent de Dieu, nous trouverons la famine dans le pays. Le monde est plus fort sur son terrain que nous, mais il ne comprend pas les sources de notre confiance. Les chrétiens mondanisés sont, en un certain sens, plus à leur aise que les chrétiens fidèles. Mais il faut, dans le chemin de l’obéissance, savoir supporter la famine en reconnaissant la main de Dieu, et ne pas aller chercher des ressources en Égypte. Laisser l’Église entre les mains du monde, c’est l’exposer à être déshonorée.

Nous devons nous souvenir de ce qui nous a placés dans l’obligation d’être séparés : c’est la grâce, la pure grâce. C’est parce que Dieu a voulu me donner Christ et me faire jouir de tout ce qu’il a donné à Christ, qu’il me sépare du monde.

Il n’y a pour nous qu’une seule obligation vis-à-vis de l’appel de Dieu ; c’est l’obéissance de la foi. Dieu sait mieux pourvoir à notre bonheur que nous-mêmes !

 

 

8              Méditations de J. N. Darby    Genèse  18:16-33

n°51 : ME 1893 p. 273

La destruction de Sodome est un type de ce qui arrivera au jour de la venue du Seigneur. On se conduisait comme si le monde devait durer, et c’est encore le grand péché du monde, ce qui signale l’incrédulité du coeur de l’homme. On fait tous les arrangements possibles, comme si le monde devait durer encore, et cependant, depuis la mort de Jésus, le monde ne peut compter sur un seul jour. Dieu attend que l’iniquité de la terre soit à son comble, qu’elle se manifeste ouvertement, avant d’exercer le jugement. Mais l’exécution de la sentence n’a point encore eu lieu ; le coeur de l’homme s’adonne au mal et compte faire ce qu’il a toujours fait (2 Pier. 3). C’est là le principe de l’incrédulité ; c’était le caractère du monde avant le déluge et celui de Sodome.

Au milieu de tout cela, Abraham étranger et voyageur, est le type des fidèles séparés de coeur de toutes les choses d’ici-bas, le type aussi de l’Église qui n’a qu’un objet, le ciel (Héb. 11). Il a vu de loin les choses promises et a fait profession d’être étranger et voyageur sur la terre. Aussi Dieu ne prend point à honte d’être appelé leur Dieu, mais il aurait honte d’appeler son peuple ceux qui auraient trouvé leur patrie ici-bas. Le fidèle fait aussi profession d’être étranger sur la terre. Abraham n’avait qu’un sépulcre dans le pays de Canaan. Comme il suivait Dieu fidèlement, Dieu prenait à lui un intérêt particulier ; Abraham est appelé son ami. Abraham n’avait pas d’incertitude dans sa marche : il quitte Ur des Chaldéens ; il n’hésite pas entre Ur et Canaan. La femme de Lot, elle, quitte Sodome de corps, non de coeur, et son jugement nous est rappelé par le Seigneur : «Souvenez-vous de la femme de Lot».

L’Église n’est pas dans un état que Dieu puisse reconnaître, si elle ne fait pas profession d’être étrangère ici-bas et en voyage pour le ciel.

Dieu communique à Abraham ses pensées comme à un ami ; il lui annonce un fils et le Messie ; il lui fait part de la chute imminente de Sodome ; il se révèle à Abraham dans la plus grande intimité : il arrive devant sa tente, s’assied à sa table, converse avec lui, marche avec lui. Le Saint-Esprit nous donne avec Dieu une intimité bien plus grande que celle d’Abraham. Il se peut que nous y ayons fait peu de progrès, mais c’est là notre privilège. Quoique cela ne soit pas visible, la réalité de cette intimité n’en est pas moins grande. Dieu est venu à nous en la personne de Jésus ; ses conseils nous sont révélés dans la Parole et le Saint-Esprit nous est donné. Ce qui nous manque, ce ne sont pas des relations, mais la foi simple et forte d’Abraham.

Abraham ne craint pas la présence de l’Éternel ; cette sorte de crainte est l’effet de notre état de péché. Quand nous avons vu la gloire de Dieu en Jésus et que nous possédons la vie éternelle, la présence de Dieu nous devient très douce ; elle est pour nous une source de force et de pleine confiance ; elle nous rend heureux et produit dans nos coeurs une joie ineffable. Lorsqu’une âme est dans cette intimité avec Dieu, il lui communique ses pensées. «Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ?»

L’Église est séparée du monde ; elle est amie de Dieu. Dieu lui communique ses pensées et lui confie ce qu’il va faire, non seulement pour elle, mais aussi au monde ; il va juger les vivants et retrancher les méchants. Dieu montre envers Sodome, envers le monde, la plus grande patience. Si un homme avait à gouverner le monde, il ne pourrait en supporter l’ingratitude et l’iniquité pendant une heure.

Les anges se rendent à Sodome, mais Abraham se tient encore devant l’Éternel. C’est aussi la position de l’Église, de se tenir devant Dieu, afin d’apprendre ses desseins et de s’instruire de ses pensées. L’amour de Dieu pour elle lui est familier ; elle a conscience de cet amour. Alors elle intercède pour le monde, espérant qu’il y a encore lieu à la grâce. Elle s’élève au-dessus des circonstances pour puiser la grâce en Dieu qui en est la source. Si je ne puis pas intercéder pour d’autres, c’est que le péché est plus fort que ma foi. Quand nous sommes près de Dieu, l’Esprit qui voit le péché, intercède en nous pour le pécheur.

Dieu fait plus que ce qu’Abraham demande. Il fait sortir Lot de Sodome et le sauve. Les anges ne pouvaient rien faire avant que Lot fût sorti. L’oeil de Dieu était sur lui. Quel bonheur de pouvoir compter sur l’amour de Dieu pour les justes !

L’intercession d’Abraham est persévérante. Nous ne savons pas, comme Dieu le sait, ce qu’il va faire, néanmoins nous pouvons intercéder avec foi. Abraham s’enhardit ; sa confiance grandit ; il connait Dieu à la fin beaucoup mieux qu’au commencement. La paix de Dieu garde son coeur. Le fruit de tout cela est marqué dans le chap. 19:27, 28. Abraham vient au lieu où il s’était tenu devant l’Éternel ; il voit le jugement des méchants, mais il est loin de ce jugement. C’est là notre position ; si nous sommes réellement célestes, c’est ainsi que nous voyons le jugement du monde.

Ce qui a placé Lot au milieu même du jugement, c’est son infidélité, sa convoitise pour le monde et ses attraits. Plus tard, il dresse ses tentes jusqu’à Sodome ; enfin, on le trouve dans Sodome même. Lot est pour nous le type d’un chrétien mondain. Il est sauvé comme à travers le feu, tandis qu’Abraham est avec l’Éternel, converse avec lui, et considère le jugement dans la paix de Dieu.

 

 

 

9              Méditations de J. N. Darby    Genèse  24

n°56 : ME 1893 p. 347

Tout est en germe dans la Genèse. Elle résume, en un sens, toute la Bible. Elle nous montre le commencement des deux alliances, le jugement de Dieu ; elle introduit le grand principe de l’appel de Dieu et dévoile les conseils de Dieu dans la vie des patriarches. Caïn et Abel personnifient les deux familles des hommes ; Abraham est appelé à quitter sa patrie pour aller où Dieu lui montrera. Cet appel a lieu, lorsque Satan s’est manifesté comme prince du monde et se fait adorer (Jos. 24:2). Alors Dieu se choisit un peuple ; Isaac devient le type de Christ ressuscité ; il est l’enfant de la promesse, le type de Celui qui est le chef de l’Église. L’Église est l’épouse de Christ, comme Rebecca est l’épouse d’Isaac.

Nous trouvons, au chap. 24, le type de l’appel de l’Église. Éliézer est envoyé pour chercher Rebecca, comme le Saint-Esprit est venu chercher l’Église.

La foi reconnaît sa position, s’appuie sur la révélation de la parole de Dieu, et agit suivant cette position. Éliézer dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Abraham. Dieu s’était déjà manifesté sous ce caractère. Dieu est le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ. Quand la foi agit, elle compte sur les promesses de Dieu déjà révélées, et elle est sûre d’être exaucée. Aussi Éliézer a une pleine confiance. Même quand il y a une apparence de réponse, la foi attend que la volonté de Dieu soit manifestée avec certitude.

Isaac était en Canaan ; il ne va pas chercher sa femme lui-même ; Abraham avait défendu à Éliézer de conduire Isaac chez la femme qu’il lui aurait trouvée. Jésus en a fini avec le monde ; c’est dans ce monde que l’Esprit vient chercher l’Église, mais elle ne doit pas y rester ; sa vocation est céleste ; elle ne peut rien avoir en commun avec le monde, sans perdre sa communion avec Christ. Elle doit sortir de ce monde pour être conduite à lui.

Abraham a donné à Isaac tout ce qu’il a (v. 36). C’est là le conseil de Dieu à l’égard de Christ (Jean 17). Le Saint-Esprit nous présente Christ, comme le Fils auquel le Père a tout donné. C’est de cette manière que l’Église est appelée : Christ lui est présenté comme l’objet de l’amour du Père. Le Père aime le Fils et lui a donné toutes choses.

Éliézer avait le gouvernement de tout ce qui était dans la maison d’Abraham (v. 2). Tel est le caractère du Saint-Esprit ; il prend ce qui est du Père pour nous le communiquer. Éliézer fait part à Rebecca des richesses d’Abraham ; l’Église est attirée par les grâces que le Saint-Esprit apporte à ceux qui sont appelés à la composer.

Rebecca doit tout quitter. Si l’Église suit le Saint-Esprit, il faut qu’elle abandonne tout, que tous les liens avec le monde soient rompus, que Christ soit entièrement le Maître ; car il ne peut partager avec Satan le coeur de son épouse. Le trône de Christ et celui de Satan ne peuvent subsister ensemble. Laban et Béthuel cherchent à retenir Rebecca, mais Éliézer ne veut pas être retenu. Quand le Saint-Esprit agit, il n’a qu’un objet, la gloire de Christ, la volonté du Père. Jésus défendait à ceux qu’il envoyait de saluer personne en chemin. Un coeur rempli du Saint-Esprit n’est préoccupé que de Christ. On quitte tout, parce que les affections sont autre part ; c’est ce qui rend possible de quitter père, mère, champs et sa propre vie. Il est impossible à l’homme de poursuivre deux buts ; il est déterminé par l’un ou par l’autre. Celui qui hésite entre deux buts ne fait jamais rien. Un homme que ses affaires occupent, n’a de temps que pour elles ; mais s’il a son enfant malade, il oublie toutes ses affaires pour son enfant. Celui qui cherche des richesses ne cherche pas Christ. Il faut que ce dernier domine tout dans nos affections. Rien ne prouve mieux la présence du Saint-Esprit dans le coeur, que cette décision dont Éliézer donne l’exemple.

Le Saint-Esprit est venu pour nous faire sortir du monde ; tel est son grand objet par rapport à nous. Éliézer n’avait fait ce long voyage que pour chercher Rebecca. Le coeur de celle-ci est attiré par les présents qu’il lui apporte. Ce n’est pas la loi qui nous pousse vers Christ, dans la crainte de l’enfer ; c’est l’Esprit qui nous attire en prenant les choses de Christ pour nous les donner.

Rebecca quitte tout et suit l’étranger. «J’irai»; tout est dans ce mot. C’est le coeur renonçant à tout, parce qu’il a savouré ce que le Saint-Esprit lui a communiqué des choses de Christ. Le Saint-Esprit nous conduit tout droit à lui. Rebecca était encore bien loin d’Isaac, quand elle dit : J’irai. Elle quitte tout pour se rendre où Éliézer la conduit. Montrons-nous aussi cette obéissance au Saint-Esprit ?

Isaac quitte l’endroit où Agar avait été chassée de la présence d’Abraham, pour aller au-devant de Rebecca (v. 62 ; conf. 16:14). Il avait une place prête pour son épouse.

Éliézer ne se borne pas à donner une certaine connaissance et des convictions à Rebecca, pour la laisser ensuite où elle était ; non, il la prend et l’amène à Isaac. Beaucoup de chrétiens pensent à introduire du christianisme dans le monde, mais ce n’est pas prendre une épouse pour Christ. Il faut que l’Église soit à lui, et à lui seul. La fidélité d’une femme consiste à tout mettre en ordre dans la maison, selon la volonté de son mari. Le coeur doit être entièrement à Christ. «Celui qui est double de coeur est inconstant dans toutes ses voies».

Avons-nous dit : «J’irai ?» L’action du Saint-Esprit nous présente Christ comme ayant des droits sur nous ; le monde n’en a aucun ; son amitié est inimitié contre Dieu.

Plus Rebecca s’éloignait des tentes de Laban, plus elle se rapprochait de celles d’Isaac.

Dieu nous fasse la grâce de comprendre les attraits qu’il y a en Jésus, qui s’est dévoué complètement pour nous, afin que nous aussi nous lui soyons complètement dévoués.

 

 

10         Méditations de J. N. Darby    Genèse  35

15 septembre 1844    n°176 : ME 1911 p. 55

Toute l’histoire de Jacob, jusqu’à ce chapitre, est celle d’un homme qui a la foi, mais non pas la confiance en Dieu. Il n’est pas, comme Ésaü, un incrédule, un profane ; il fait cas des promesses de Dieu, mais il emploie de mauvais moyens pour les obtenir, comme si Dieu manquait de puissance pour accomplir ce qu’il a promis. C’est un homme que Dieu reconnaît (car il s’appelle aussi bien le Dieu de Jacob, que d’Abraham et d’Isaac, et jamais le Dieu d’Ésaü), mais dont la marche n’est pas une marche de confiance et de droiture. La conséquence en est une suite de peines et de châtiments que Dieu lui inflige dans son amour, jusqu’à ce qu’il l’ait amené à reconnaître que la chair est impuissante, qu’elle ne vaut rien ; et qu’enfin son coeur soit purifié devant Dieu.

Vous savez tous comment, d’accord avec Rebecca, Jacob trompe son père, comment, pour fuir la colère d’Ésaü, il se rend en Paddan-Aram chez Laban, comment il part, n’ayant rien que son bâton, comment il est obligé de prendre des pierres pour chevet. Pendant son sommeil, Dieu lui apparaît au haut de l’échelle, lui étant au bas ; les anges y montent et y descendent ; Dieu lui promet qu’il ne l’abandonnera pas, qu’il le ramènera et donnera à sa postérité la terre sur laquelle il est couché. Ensuite, Jacob se rend chez Laban qui le trompe au sujet de sa femme, et lui change dix fois son salaire. Il y reste vingt ans, dans un service voisin de l’esclavage, et quand enfin, par des moyens peu avouables, il s’est acquis des richesses, il s’aperçoit que le visage de Laban est changé à son égard, et prend la fuite avec tout ce qu’il possède. Laban le poursuit ; Dieu intervient et défend à Laban de lui faire aucun mal, montrant ainsi qu’il protège Jacob.

Après que Laban l’a quitté, Dieu envoie ses anges au-devant de lui. Jacob appelle ce lieu : Deux armées, Mahanaïm. Cependant, malgré tout cela, Jacob n’a pas encore confiance en Dieu. Il apprend qu’Ésaü vient, avec 400 hommes, à sa rencontre, dans un bon esprit, car Dieu l’a apaisé, mais Jacob est rempli d’une grande crainte, ne sachant que faire. Pourquoi ? C’est qu’il avait une mauvaise conscience à l’égard d’Ésaü. Combien il est triste qu’un enfant de Dieu ait une telle attitude devant le monde, qu’il soit obligé de rougir devant lui ! Il a perdu sa force, et cela durera aussi longtemps qu’il n’est pas entièrement en règle avec Dieu. Dieu ne lui retire jamais sa grâce, mais, précisément à cause de cette grâce, il le traitera avec une exacte justice et le châtiera, jusqu’à ce qu’il l’ait amené à reconnaître son état. Jacob prie, rappelle à Dieu ses promesses et lui demande de le délivrer (32:9-13), mais ici encore, il ne compte pas entièrement que Dieu agira, car il agit lui-même en envoyant au-devant d’Ésaü un, deux, trois troupeaux pour l’apaiser. Il avait dit : «Délivre-moi de la main de mon frère Ésaü», mais il ne croit pas sincèrement que Dieu le fera, car il fait, quant à lui, tout ce qu’il peut pour se concilier son frère que Dieu avait déjà apaisé.

Enfin il reste seul, le dernier de tous, car il est toujours rempli de frayeur ; mais c’est là que Dieu l’attend et lutte avec lui, sans toutefois se révéler à lui, car il ne peut avoir communion avec Jacob comme avec Abraham. Qu’il est triste de lutter avec Dieu, quand nous pourrions jouir d’une pleine liberté de communion avec Lui !

Toutefois, Dieu soutient la foi de Jacob pendant la lutte, car il ne veut pas que la foi de son serviteur défaille. Il lui donne de la force pour vaincre, mais en même temps il touche l’emboîture de sa hanche, et Jacob porte désormais toute sa vie la marque de sa lutte avec Dieu : il reste boiteux. Pour nous aussi, chers amis, il y a deux choses dont Dieu veut que nous gardions le mémorial toute notre vie : la victoire de la foi et l’humiliation de la chair.

Lorsque l’aurore se lève, Dieu veut quitter Jacob, car il n’est pas question de se manifester à lui. Jacob sait bien qu’il a affaire à Dieu, sans avoir une entière liberté avec Lui. Il lui dit : «Déclare-moi ton nom» ; Dieu refuse de le lui dire, car la pleine communion manque encore ; toutefois il le bénit et lui donne le nom d’Israël (victorieux de Dieu). Jacob dit : «J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée».

Quand il rencontre Ésaü, il le craint encore et dit : «J’irai chez mon seigneur à Séhir», mais cette pensée est loin de son esprit. Il se rend à Sichem et y commet une nouvelle faute : à l’instar de Lot, il campe devant une ville, et s’achète une portion là où il devait être étranger et voyageur. Il en est toujours ainsi, lorsque Dieu n’est pas tout pour nous et que nous ne sommes pas heureux de n’avoir que Lui ; nous campons devant la ville, et il nous faut la portion du champ où nous avions dressé notre tente.

Vous connaissez tous les conséquences, pour le pauvre Jacob, de son séjour en cet endroit. Il est obligé d’abandonner son champ et son autel. Plus tard, il a dû dire, de tout le temps où il marchait ainsi : «Mes jours ont été courts et mauvais»

Maintenant Dieu le fait remonter à Béthel, et il dit à sa famille : «Ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous». On s’étonnera peut-être qu’il y eût de l’idolâtrie dans la maison de Jacob ; mais, quand le coeur n’est pas entièrement droit, on tolère facilement le mal ; on y participe par manque de force ; souvent on ne le voit pas tel qu’il est. Quand on campe devant la ville, le discernement est obscurci ; il faut être près de Dieu, et non au milieu du mal, pour juger ce dernier.

Alors Jacob retourne à Béthel, le point de départ où Dieu lui était apparu et lui avait fait des promesses. Dieu les lui répète, recommençant, pour ainsi dire, ses relations avec lui sur un pied tout nouveau de confiance et de fidélité, et lui rappelant qu’il ne s’appellera plus désormais Jacob, mais Israël. Jacob, amené à vider son coeur devant Dieu, peut désormais lui parler librement et n’a plus besoin de lui dire : «Déclare-moi ton nom», mais parle avec Lui, comme le faisait Abraham (v. 11-15).

Puissions-nous, chers amis, pour être heureux et glorifier Dieu, avoir des coeurs non partagés. Ne nous contentons pas, comme Jacob, de la foi seulement, mais ayons une pleine confiance en Dieu, notre Père, et ne soyons jamais obligés de lutter avec Lui !

 

 

11         Méditations de J. N. Darby    Genèse  47:1-10

n°74 : ME 1895 p. 31

Cette histoire montre la supériorité des enfants de Dieu sur le monde. Elle nous montre le plus misérable des croyants, placé plus haut que le plus élevé des habitants de cette terre.

Joseph est le type de Christ, rejeté de ses frères, haï, parce qu’il devait régner sur eux, vendu aux étrangers par les siens, et exalté au-dessus des gentils. L’entrevue de Joseph avec ses frères est un type de Christ recevant les Juifs humiliés.

Les Juifs sont, sur la terre, l’exemple de l’élection comme nation et du manquement de l’homme au milieu des privilèges dans lesquels Dieu l’avait placé. Cependant Jacob, le père d’Israël, ruiné par la famine, n’ayant pas de quoi nourrir son bétail, est élevé au-dessus du Pharaon.

Quand nous portons les yeux sur nous-mêmes, c’est pour voir ce que nous sommes, quant à notre responsabilité devant Dieu. Abraham, Isaac, Jacob, prouvent dans leur marche que l’homme placé sous la bénédiction s’éloigne de Dieu. Mais Abraham, quoiqu’il au manqué à quelques égards, est remarquablement béni. Isaac, beaucoup moins fidèle que lui, est frappé dans sa famille. Jacob, bien plus infidèle encore, est bien plus châtié de Dieu. Jacob est un saint dans un triste état ; il emploie des moyens humains pour obtenir ce qui est un objet de foi ; il s’empare de la bénédiction par ruse, au lieu de l’attendre dans l’obéissance. Les moyens qu’il emploie ne sont pas du tout selon la volonté de Dieu ; et cependant, le désir de son coeur était de marcher par la foi ! Il est séparé de sa famille pendant 21 ans et trompé par son beau-père ; il reçoit ainsi le châtiment de son péché.

Quand il est sous l’effet de ce châtiment, Dieu l’accompagne. Jacob rentre en Canaan, ayant peur d’Ésaü, et Dieu vient encore à son secours. Mais le châtiment s’étend aussi à sa famille ; il lui faut maudire Ruben, Siméon et Lévi. Jacob avait donc raison de dire : «Mes jours ont été courts et mauvais». C’est toujours le cas d’un enfant de Dieu qui ne marche pas fidèlement. Ce n’est pas le cas d’un mondain qui, pendant sa vie, peut jouir de ses biens et a la récompense qu’il désire. Dieu laisse souvent le monde ainsi, et le méchant prospère devant les hommes, ayant ses biens en cette vie. Même à sa mort, ses funérailles cachent la misère de la mort et du péché.

Un chrétien qui n’est pas fidèle est, par la bonté de Dieu, toujours triste, tandis qu’un méchant peut être heureux ici-bas. Mais, du moment qu’un tel chrétien, triste, affligé, se trouve vis-à-vis du plus béni et du plus heureux d’entre les gens du monde, il est au-dessus de ce dernier et peut le bénir. «Or, sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent» (Hébr. 7:7).

Jacob, devant Pharaon, agit sans hésitation comme étant le plus grand. Il a conscience de ce droit, par la certitude de ses relations avec Dieu. Il avait été châtié, mais Dieu l’aimait ; il a le sentiment d’être plus grand que le plus grand du monde ; il sait qu’il appartient à Dieu, et que les promesses de Dieu lui appartiennent. Mais en bénissant, il reconnaît toute son indignité. La conscience de la présence de Dieu produit une sincérité qui lui donne la hardiesse de confesser sa misère devant le Pharaon. Celui-ci aurait pu lui dire : Comment le béni de l’Éternel se trouve-t-il dans un tel état ? Jacob, tout en étant exalté, est humilité : «Mes jours n’ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères». Ceux qui ont été fidèles, mes pères, n’ont pas été comme moi ; mais, tel que je suis, je puis te bénir.

Dieu a châtié Jacob à cause de ses infidélités, et le châtiment même, donne à Jacob la conscience de la faveur de Dieu ; ses pensées découlent de sa relation avec lui. Le sentiment intime de cette relation nous donne, vis-à-vis du monde, une grande supériorité. Si le monde m’offre quelque chose, je me souviens que Christ est à moi, qu’il est ma portion, et je ne puis échanger ma relation avec Dieu, contre les dons d’un monde qui périra, d’un monde qui a crucifié le Seigneur Jésus. Notre relation avec Dieu nous place plus haut que tout ce que le monde peut attendre. Avons-nous le sentiment de ce privilège ? Nous suffit-il d’avoir Christ, d’être en sa présence ? Oui, si Christ est aimé, car le coeur qui connaît le Seigneur, a goûté qu’il est bon.

Lorsque je m’occupe de ma fidélité, je vois toute sorte de sujets d’humiliation, mais lorsque j’ai la présence de Christ, je suis satisfait. Je suis à Dieu ; ce sentiment me place au-dessus du monde.

Ma conscience d’être à lui, est-elle assez vive pour que je fasse cette confession ? Si cette conscience est faible, si j’ai peur de me dire un enfant de Dieu, j’aurai peur aussi de dire que je suis un pauvre chrétien. Avec la joie d’être un enfant de Dieu, l’âme gagne de la franchise, et je ne crains pas d’avouer que mes jours ont été courts et mauvais. C’est l’effet de cette certitude qui met Jacob à même de bénir le roi. Que Dieu nous donne de nous juger, dans le sentiment que nous sommes enfants de Dieu. Pour être au large avec Dieu, il nous faut laisser Dieu pénétrer de sa lumière tous les recoins cachés de nos coeurs. Du moment que mon coeur n’a rien à cacher à Dieu, Dieu n’a rien à cacher à mon coeur. Il ne veut pas cacher à Abraham ce qu’il va faire (18:17), mais il cache son nom à Jacob (32:29).

Y a-t-il quelque inconverti qui puisse avec raison dire du mal d’un enfant de Dieu ? (Le monde peut haïr les fidèles, mais il méprise toujours les chrétiens qui ne marchent pas selon leurs privilèges et ne se séparent pas de lui). Cet enfant de Dieu que tu as le droit de condamner est placé bien plus haut que toi. Dieu le châtiera à cause de ses infidélités, mais celui qui méprise l’enfant de Dieu, méprise Dieu lui-même. Le monde sait qu’un chrétien ne doit pas faire certaines choses, tandis qu’un mondain qui commet l’iniquité peut être appelé très honnête par le monde. Ce dernier reconnaît ainsi que la position de l’enfant de Dieu est infiniment supérieure à la sienne. S’il trouve le chrétien en faute, il confesse par là qu’il n’est pas un chrétien. Pour ce mondain, au jour du jugement, il ne s’agira pas de la valeur qu’ont eue les enfants de Dieu, mais de la valeur que Christ a eue pour lui.