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NOTES sur L’APOCALYPSE.
3° édition corrigée 1860
par J.N. Darby
Table des matières :
1 Préface à l’édition anglaise de 1849
8 Chapitres 9 et 10 et 11 :1-18
14 Appendice B : Chapitre 18:24
18.2 Chapitres 21:9-27 et 22 :1-5
19 Appendice C [Note de Bibliquest : Sur l’ordre des sujets dans l’Apocalypse]
L’ouvrage suivant est la traduction de notes prises (*) lors de conférences données à Lausanne, en 1842. On y trouvera quelques corrections, très peu nombreuses, faites pour la deuxième édition en français (**). L’auteur garde, quant à la double portée de l’Apocalypse, les mêmes convictions qu’il exprimait dans ses «Notes sur le livre de l’Apocalypse», publiées il y a plusieurs années.
On ne trouvera dans le présent ouvrage que l’application littérale et finale du livre, mais il estime de toute importance de reconnaître l’autre. La rapidité avec laquelle Dieu agit envers ce monde pour en terminer l’histoire, et l’intelligence de la relation et des rapports des différentes parties de l’Écriture entre elles, rendent d’autant plus pressant, dans le temps actuel, le besoin de faire ressortir l’accomplissement littéral et final du livre.
Que le livre ait une portée à la fois historique et morale n’est que le développement de 1 Jean 2 : 18.
(*) En français.
(**) Le présent volume reproduit intégralement une troisième édition en français, corrigée, qui a été publiée en 1860, donc antérieurement à la traduction J. N. D. (Pau-Vevey).
Les versets 1 à 8 servent d’introduction à tout le livre.
Il est très utile d’examiner le caractère de ce livre, et de quelle manière Jésus s’y révèle. Cet examen jettera de la lumière sur l’Apocalypse tout entière.
Il y a une bénédiction spéciale attachée à la lecture de ce livre : 1 :1, 3; 22 :7. C’est une chose pratique : «Bienheureux celui qui lit, et ceux qui gardent les paroles de la prophétie, et ceux qui gardent les choses qui y sont écrites.»
Rien n’est plus important. Les prophéties de l’Ancien Testament fortifiaient les Juifs dans leurs relations avec Dieu, et les attachaient à son gouvernement. Tout en laissant aller les hommes quant à leurs passions, Dieu n’a jamais lâché, et ne lâchera jamais complètement les rênes de ce monde. C’est ce que l’Apocalypse nous montre. Tout concourt à la gloire de Jésus. Nous voyons, Hébreux 11, les effets de la prophétie sur la foi. La foi d’Abel reconnaît le sacrifice. La foi d’Énoch marche avec Dieu. La foi de Noé condamne le monde; elle ne se borne pas à reconnaître l’efficace du sacrifice, et à marcher avec Dieu. Noé était divinement averti des choses qui ne se voyaient pas encore. Séparé du monde, dans sa marche, par cet avertissement, il a été fait héritier de la justice qui est par la foi, et il a condamné le monde. Le monde a tué l’héritier, Jésus. L’Église, étant divinement avertie de ce qui va arriver, sait que l’homme rebelle à Dieu n’a aucun droit à l’héritage du monde. L’Église en souffrance ne le possède pas. Christ nous est présenté, dans l’Apocalypse, comme héritier du monde. L’Église, comme Noé, condamne le monde dont elle est cohéritière avec Christ. (*)
(*) Comme figure Énoch représente l’Église, et Noé le résidu des Juifs qui traverse les jugements ; mais ce qui est dit dans le texte est juste par rapport à l’esprit de prophétie.
Dieu n’est jamais présenté comme Père dans l’Apocalypse ; cela nous montre le caractère de ce livre. Quand il s’agit de la gloire de l’héritage dans les Saints (Éph. 1:17, 18), Christ est présenté comme homme, et Dieu, comme le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ; tandis qu’en Éph. 3 :14, il est nommé le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, parce qu’il s’agit de la communion du Père et du Fils. Dans l’Apocalypse, Dieu est présenté comme le Dieu qui gouverne le monde; au lieu que, lorsqu’il s’agit de ses propres relations avec l’Église, il est appelé Père. Aussi, dans l’Apocalypse, n’est-il pas question de ses rapports avec l’Église, mais du monde et de ses rapports avec Dieu comme gouverneur du monde.
Dans ce premier chapitre, Christ est présenté comme homme, mais glorieux. Il communique par un ange comme organe. Ce n’est pas l’Esprit de révélation et de communion, faisant jouir l’Église de la gloire et des rapports de communion avec le Père et avec le Fils. Il y a une grande différence entre ce qui est communiqué à l’Église et ce qui a l’Église pour objet. Lorsque l’Écriture s’adresse à l’Église au sujet de ce qui la regarde, elle le fait, selon la présence de l’Esprit qui, comme Église, comme famille, la met en communion avec le Père et le Fils. Cela se trouve dans les Epîtres. Mais Dieu communique à l’Église plus que ce qui la regarde, elle. Il a communiqué à Abraham ce qui concernait Sodome. Il communique de même à l’Église ce qui regarde le monde.
Verset 1. Jésus reçoit une révélation et la communique à Jean par un ange (*). C’est la prophétie, le témoignage de Jésus, c’est-à-dire le témoignage qu’il rend, lui, et la Parole de Dieu.
(*) Ce n’est pas que tout ne soit pas inspiré; on ne parle que de la forme de la communication.
Il est assez important, pour l’intelligence de ce livre, de faire remarquer la distinction entre un témoignage de Jésus et un témoignage rendu à Jésus. Il est dit que l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus; de sorte que ceux qui ne recevraient que cela, et qui n’auraient rien de plus, auraient le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu. (*)
(*) Dans le second verset, les savants sont d’accord pour lire non : «et tout ce qu’il a vu,» mais : [savoir] «tout ce qu’il a vu ;» c’est-à-dire que les visions elles-mêmes de l’Apocalypse forment le témoignage.
Verset 2. Cette prophétie est : 1° la Parole de Dieu, 2° le témoignage de Jésus-Christ, 3° une vision : «tout ce qu’il a vu.»
Verset 3. «Le temps est proche.» Ces choses ne sont pas accomplies. L’idée du retour de Jésus était si présente, que les disciples pensaient que Jean ne mourrait point avant la venue du Christ. Jean a clos le livre de la révélation. La durée de l’Église n’entre pas en ligne de compte ici.
Malachie termine l’Ancien Testament par la promesse d’Élie. Jusqu’à ce que cette promesse s’accomplisse au moins spirituellement en Jean-Baptiste, tout est apocryphe, et il n’y a pas de nouvelle révélation, non plus que des communications destinées à constater une relation reconnue. Ainsi l’Apocalypse, qui termine toute la révélation de Dieu, annonce la venue de Jésus, et tout est apocryphe jusqu’à ce que le Seigneur vienne recevoir l’Église.
Dieu n’abandonne pas son peuple dans l’intervalle, mais il ne fait plus de révélation (*). C’est pourquoi il dit : «Le temps est proche.» Ainsi les Apôtres parlent de leur temps comme des derniers jours. Tout l’intervalle, jusqu’au retour de Jésus, est le long support de Dieu en grâce envers le monde. L’Église doit marcher par la foi et par la révélation déjà reçue.
(*) Toutefois, quoique Dieu le Père ne fasse plus de révélations à l’Église, selon les relations du Chef du Corps avec les membres de ce Corps dans son unité, il lui donne, dans l’Apocalypse même, des communications sur le jugement qu’il porte sur l’état de choses qui, dans le monde, a le nom de l’Église, quel que soit d’ailleurs son état.
Les sept églises sont prises comme des exemples des états divers sur lesquels le Seigneur porte ce jugement, exemples qui servent ainsi d’avertissement à tous. Elles fournissent aussi ainsi, je n’en doute nullement, au lecteur intelligent l’histoire des phases successives de l’état de l’église professante, comme elles paraissent aux yeux de Dieu jusqu’à là fin.
Versets 4 et 5. Jean s’adresse aux sept Églises directement.
La salutation convient au caractère du livre. Dieu se présente comme l’Éternel, comme celui qui règne et qui gouverne. L’Esprit est présenté en dehors des rapports de l’Église avec Dieu comme Esprit de sagesse, de puissance et de lumière. C’est l’Esprit dans la plénitude de ses attributs de puissance et de perfection en tout genre, pour l’accomplissement de la volonté de Dieu dans le monde. Jésus n’est pas non plus présenté ici comme chef de l’Église dans le Ciel, mais comme témoin fidèle, comme ressuscité et comme Prince des rois de la terre, ce qu’il a été et ce qu’il sera sur la terre.
Verset 6. C’est l’Église qui reçoit la révélation, et qui répond : «À celui qui nous a aimés.» Si Christ lui est présenté, quel que soit le caractère de la gloire dans laquelle il est révélé, elle le connaît et elle pense à lui selon ce qu’il est pour elle-même.
Elle ne peut oublier l’amour dont elle a été elle-même l’objet, et elle exprime la relation dans laquelle elle est avec Dieu dans la scène qui va se dérouler et où son Sauveur l’a placée. Jésus est placé le dernier, parce qu’il est celui qui communique avec la terre, et qui possède tous les droits sur elle, droits dont ce livre s’occupe.
Dieu est sur le trône, l’Esprit devant le trône, et Jésus en rapport avec la terre. C’est le but du livre. Ce n’est pas l’Église qui est ici dans la pensée de Dieu ; c’est elle qui la reçoit. Jésus a droit d’héritage sur le monde, malgré Satan ; et il admet l’Église à la connaissance des conseils de Dieu avant que les événements arrivent. Dieu communique à Abraham ce qu’il va faire à Sodome ; et ici, à l’Église, ce qu’il veut faire au monde, afin que l’Église demeure hors de tout ce système qui conduit au jugement.
Verset 7. «Il vient sur les nuées.» Ce verset passe à ce qui établit les relations de Jésus avec le monde, y compris les Juifs, et fait voir de quelle nature elles sont. C’est là l’idée principale, la grande révélation. L’économie actuelle est une économie de foi. L’Église n’a pas vu Jésus ressuscité ; elle n’a vu que les témoins de sa résurrection, et elle doit y croire sur leur témoignage. «Bienheureux sont ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru» (Jean 20 :9). Tel est le principe du fidèle dans l’économie actuelle. «Tout oeil le verra» (non pas ceux qui croient seulement); c’est là le caractère de l’économie à venir.
Verset 8. Après la révélation de la manifestation de Jésus à tout oeil dans le temps à venir, Dieu se présente lui-même pour clore tout le témoignage par la révélation de lui-même, tel qu’il avait été au commencement, et le Dieu Tout-Puissant, celui qui a été, qui est et qui vient, qui demeure le même à travers tout ce qui passe. Mais le titre d’Alpha et d’Oméga que prend ici l’Éternel est le même que celui qui est donné à Jésus (Apoc. 21 : 6) lorsque la prophétie se trouve close. Jésus est toujours 1’image du Dieu invisible, toujours Dieu lui-même manifesté en chair, Celui qui est, qui était et qui est à venir, le Tout-Puissant. En comparant aussi 1 Tim. 6 : 14-16, avec Apoc. 19 : 16, on voit que les titres de Roi des rois et de Seigneur des seigneurs, qui, dans le premier de ces passages, sont appliqués à «Celui qui habite dans une lumière inaccessible» et qui montrera Jésus, sont appliqués à Jésus dans le second ; et, quand Jésus est «montré,» il vient avec les noms mêmes que prend Celui qui l’a montré. Ainsi aussi il est présenté à l’Ancien des jours comme Fils de l’homme, mais dans le même chapitre (Daniel 7) c’est l’Ancien des jours qui vient. Le nom de Tout-Puissant est celui par lequel Dieu s’est révélé à Abraham (Exode 6 :3). À la fin, il se révèle comme celui qui accomplira pour les Juifs les promesses faites à Abraham. Le Tout-Puissant, qui avait fait ces promesses, est l’Éternel, c’est-à-dire Jehovah, le Dieu d’Israël.
Verset 9. Il est bon de faire remarquer la position de Jean, position qui tient au caractère du livre. Jean ne se considère pas précisément ici comme membre du Corps, bien qu’il le soit; mais il se considère dans sa position actuelle, dans l’état où le retard de l’arrivée du Maître plaçait le fidèle, dans la tribulation, ainsi que tous les autres, savoir dans la tribulation de Christ, étant membre de son Royaume, et en attendant, comme lui, le moment de l’accomplissement des promesses de gloire. Il est le compagnon de tous les fidèles, dans la tribulation, dans le royaume et dans la patience de Christ. C’est la part de l’Église. C’est ce qui lui convient pendant que le Roi est caché en Dieu. Comparez Jean 21 : 22. La Parole de Dieu et le témoignage de Jésus l’avaient placé dans cette position ; et le témoignage de Jésus était tout particulièrement celui du royaume.
On peut encore remarquer que le jour du Seigneur est bien ici le jour du dimanche. On a voulu l’appliquer au grand jour. Mais il est bien certain que les visions de l’Apocalypse s’appliquent, pour la plupart, à ce qui précède ce jour-là. Aussi ce jour n’est jamais appelé kuriakh hmera.
Le reste du chapitre montre déjà la gloire de Christ. L’affliction et la gloire de Jésus sont inséparables.
Versets 12 :13. Quand Jean se tourne pour voir le Tout-Puissant, l’Alpha et l’Oméga, il voit Jésus. Il voit ce qui caractérisait l’Ancien des jours en Dan. 7 : 9, 13. En Daniel, le Fils de l’homme est conduit à l’Ancien des jours, et reçoit la Seigneurie. Or l’Ancien des jours est reconnu à des traits distincts. Dans Apoc. 1 : 14, Jésus, le Fils de l’homme porte lui-même les traits caractéristiques de l’Ancien des jours.
Jésus ne peut se présenter comme homme sans que l’Église et le Saint Esprit le reconnaissent comme Dieu Éternel et Tout-Puissant, comme celui qui a la domination sur le monde. Dieu nous accorde de comprendre ce qu’il veut faire quant au monde, et nous fait voir Jésus, qui a souffert, exalté souverainement comme homme. On voit, quand le Fils de l’homme est manifesté dans la gloire (et il en a été de même lors de son séjour ici-bas), Dieu lui-même, l’Éternel, aussi bien que l’homme à qui tout droit de gloire appartient. Jésus a la récompense de s’être humilié et anéanti pour nous. Au Ps. 102, il dit : «Il a abattu ma force en chemin, il a abrégé mes jours.» La réponse est : «Tu es le même, et tes ans ne seront jamais achevés.» Jean voit aussi les sept églises (les choses qui sont), et Christ au milieu d’elles, mais pas maintenant comme serviteur. Son vêtement descend jusqu’à ses pieds. Sa ceinture d’or est la gloire divine en jugement, qui ceint son corps pour le jugement non de lui-même, comme il l’a fait une fois, mais d’autrui : la fermeté judiciaire. Sa tête décèle l’Ancien des jours. Les yeux, pénétrants comme le feu en jugement. La gloire et la majesté se révélaient en lui; et il tenait les représentants des sept églises dans la main droite de sa puissance.
Verset 16. Il juge par l’épée de sa bouche, épée à deux tranchants. La gloire suprême brille sur sa face.
Verset 17. On ne trouve pas ici l’esprit d’adoption et de confiance. C’est l’homme devant la gloire de Celui qui gouverne.
Verset 18. Jésus, homme, mort une fois, mais maintenant vivant et vainqueur de l’enfer et de la mort, libérateur ainsi de son peuple, ôte la frayeur à celui qui trouve la mort dans sa gloire divine. Parlant dans ce caractère, il communique la révélation voulue de Dieu à son serviteur Jean, prophète pour l’Église et pour ceux qui doivent se servir de ce livre.
Verset 19. On voit ici la division de toute l’Apocalypse en trois parties :
1° Les choses vues, c’est-à-dire la gloire de Jésus, telle que nous l’avons vue dépeinte.
2° Les choses qui sont, ou les sept églises.
3° Les choses qui viennent après celles-là, ou la prophétie : chapitre 4 :1.
Ainsi, l’ordre du livre présente : la personne de Jésus, Fils de l’homme, en gloire, l’Éternel; les églises, et Jésus comme Juge au milieu d’elles; enfin, des révélations au sujet du monde.
Jésus est révélé ici, non comme Chef de l’Église, mais comme Juge et Gouverneur dans l’Église; non comme l’Olivier qui donne l’huile, ou le Chef qui distribue des dons, mais comme Chef qui use uniquement de menaces et de récompenses; non comme serviteur, ou Avocat, ou Pasteur des brebis, mais en longs vêtements, dans la dignité de Juge, et comme celui qui vient pour voir si les chandeliers brillent.
Il est important de bien saisir que, tout en donnant un aperçu de l’histoire de l’Église, le but général de ce livre est la révélation des relations du Dieu souverain avec le monde, de Dieu considéré comme introduisant dans le monde Jésus comme héritier. On verra combien cela ôte les difficultés.
L’intelligence de ce livre suppose une âme fondée dans ses relations avec le Père et le Fils, à laquelle Dieu veut révéler ses rapports avec le monde comme Dieu et le jugement que doit exécuter Jésus.
Il serait triste et honteux pour nous que nous ne fussions pas assez de la famille de Dieu pour être intéressés à toute sa gloire.
Dans mes méditations, j’ai évité de rien dire sur les sept églises, ce sujet ne faisant pas proprement partie de la prophétie. Je me borne à ajouter, sur la demande des lecteurs, quelques mots à ce sujet (*).
(*) La première édition de ces notes ne renfermait rien sur ces deux chapitres. L’auteur a écrit ces quelques pages pour répondre à un désir généralement exprimé.
Non seulement les sept églises d’Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée ont réellement existé, mais, en outre, elles ont été choisies pour servir d’occasion de présenter à toute l’Église les pensées de Dieu.
Il est bien connu que le nombre sept renferme l’idée de quelque chose de spirituellement complet. Les sept églises sont les choses qui sont. Aussi, les choses qui sont prennent-elles fin avec l’histoire des sept églises. Ce qui arrive ensuite ne peut pas être considéré comme appartenant au temps présent, dans le sens dans lequel cette expression se rapporte à la position où Jean se trouvait.
Les détails prophétiques étaient en dehors de cette période-là ; c’étaient les choses qui devaient arriver ensuite ; c’est-à-dire que les détails prophétiques du livre de l’Apocalypse ne se trouvent pas compris dans le temps actuel, moralement considéré comme le temps présent des églises.
Or, les sept églises peuvent être envisagées de deux manières. Et d’abord, ce sont bien les sept églises de ce nom et de ce temps-là. En outre, il est certain que la gloire de Christ, Juge au milieu de l’Église, ne se bornait pas à cela; et le nombre sept dirige notre pensée sur quelque chose de complet.
Sont-ce donc toutes les églises de cette époque-là, ou est-ce l’histoire générale de l’Église sur la terre?
Ce dont il s’agit premièrement, c’est de l’état moral, où que cet état puisse se trouver dans l’Église ; et le jugement porté est porté sur cet état-là, et il est adressé à tous ceux qui ont des oreilles pour entendre. Ce jugement s’étend donc moralement aux églises de cette époque. Mais, en tant qu’il dépeint des états distincts et divers l’un de l’autre, on a de la peine à l’appliquer à l’Église tout entière d’un moment donné, et la pensée est ainsi bien plutôt dirigée vers des époques où l’état de l’Église professante serait caractérisé par ce qui est dit des églises successivement placées sous nos yeux.
L’expression «les choses qui sont» s’y prête très naturellement ; car, ainsi que nous l’avons vu, on a de la peine à appliquer sept états bien divers à l’état général de l’Église d’une même époque, et il est évident que l’expression «les choses qui sont» s’étend au delà des sept églises d’Asie.
Or, jusqu’à ce que, comme témoignage sur la terre, l’église professante soit rejetée, son état se trouve naturellement désigné par l’expression «les choses qui sont,» en contraste avec les intentions de Dieu en introduisant une économie nouvelle par l’exercice de sa puissance dans le monde ; et c’est ce qui distingue ces deux chapitres des chapitres qui suivent. L’Église est vue en décadence jusqu’à ce qu’elle soit vomie de la bouche du Seigneur. Après cela vient l’histoire du trône. On peut donc distinguer les sept églises de ce moment-là, historiquement présentées (églises qui ne rendent pas toute la pensée de Dieu), d’avec l’histoire de l’Église en général jusqu’à la fin, chacune de ces deux choses nous présentant «les choses qui sont.»
Une observation importante se présente ici quant à la forme de la prophétie.
Aussi longtemps que le peuple de Dieu demeure plus ou moins reconnu, c’est à ce peuple que la prophétie est adressée. Lorsque Dieu ne le reconnaît plus, les voies de Dieu sont communiquées au prophète qui déclare les conseils de Dieu quant au monde. Ainsi, dans l’Ancien Testament, aussi longtemps que le peuple juif est reconnu de Dieu, c’est à lui que les prophètes s’adressent. Daniel, captif à Babylone, reçoit des visions relatives aux rapports des Juifs avec les nations et à l’histoire de ces nations ; mais la prophétie n’est pas adressée au peuple. Ainsi, l’Apocalypse, dans sa partie prophétique, ne reconnaît plus l’Église sur la terre, et ne s’adresse pas à l’Église elle-même.
Les choses qui sont, ainsi que ce que Jean avait vu de la gloire de Christ, Juge au milieu des églises, sont bien adressées à ces églises. Dans la partie prophétique de l’Apocalypse, le témoignage est rendu au milieu de ces églises ; il y reste pour ainsi dire déposé, mais la parole ne leur est pas adressée. Le Seigneur avait dit de Jean : «Si je veux qu’il reste jusqu’à ce que je vienne.» Jean, qui, personnellement, a été le dernier des Apôtres, rend aux églises le dernier témoignage des relations de Christ avec elles, selon leur état actuel, état de transition, on peut le dire, dans lequel les églises sont vues sous un jour tout nouveau. Si nous considérons Jean comme personne symbolique, son témoignage dure jusqu’à ce que l’Église ne soit plus reconnue du tout, et la prophétie prend la place des communications directes faites à l’Église. Elle annonce l’introduction en jugement du Premier-né, jugement de l’apostasie et du monde ; elle annonce les événements qui dépendent du trône et en précèdent l’introduction. Or, pour parler de ces choses, il était nécessaire que l’Église fùt mise de côté. Sans cela, tout aurait été fait en vue de l’Église elle-même. Dès le commencement de la prophétie, le Seigneur Jésus est vu comme Agneau dans le trône, comme celui qui a personnellement souffert sur la terre, et non comme Juge dans les églises sur la terre.
Il ne serait pas possible d’entrer ici dans les détails des sept églises (*).
(*) Depuis la publication de ces lignes, il a été publié des Méditations sur les sept églises.
Ce serait écrire un livre. Les diverses promesses, figures de la joie céleste à venir, les titres et les désignations donnés à Christ, les rapports entre ces promesses et ces désignations, et les rapports de ces dernières avec l’état de l’église en vue de laquelle ces désignations sont données, tout cela mériterait une étude étendue ; mais nous devons nous borner à en donner une idée générale.
Comme nous l’avons vu, l’état des sept églises est un état de transition. Dans l’Apocalypse, Christ est Juge; Juge des sept églises et Juge du monde. Il n’y paraît plus comme le Chef de l’Église qui, en grâce et par des membres choisis du Corps, communique ses bénédictions, ses préceptes ou ses exhortations, ou qui, ceint d’un linge, leur lave les pieds. Il juge l’état de choses et il menace. Quelquefois, il veut ôter le chandelier, lorsqu’une église ne répond pas à ce qui lui a été confié en rendant témoignage au monde.
Une remarque se présente ici. Le chandelier de Dieu, quant à son gouvernement dans le monde, n’était plus à Jérusalem. Dieu gouvernera le monde par son Premier-né, et il lui frayera le chemin par ses jugements. Mais le jugement commence par sa Maison. C’est là qu’était la lumière, le chandelier de Dieu; c’est là qu’aux yeux du monde, se trouvait le nom de Dieu. Quelle que soit l’infidélité d’un système pareil, et bien que Dieu agisse en suscitant ailleurs un témoignage, cependant, devant le monde, jusqu’à ce que le système, soit, bien qu’établi de Dieu, jugé, il porte la responsabilité qui se rattache aux privilèges qui lui ont été confiés, et Dieu agit en jugement à son égard. Or, Jérusalem était le siège du témoignage de Dieu. Le chandelier de Dieu y avait été. M’adressant à des chrétiens, il est superflu d’insister sur ce point, savoir que la lumière et la présence de Dieu se trouvent spirituellement au milieu des chrétiens. Néanmoins, la responsabilité de Jérusalem et sa position devant le monde n’ont pris fin que par sa destruction par le jugement de Dieu. Après cette destruction et dans un sens terrestre, le chandelier de Dieu était dans l’église professante. Jusqu’alors, les chrétiens n’avaient figuré aux yeux du monde que comme une secte d’entre les Juifs. C’est ainsi que nous trouvons loin de Rome Priscille et Aquilas, parce que Claude avait ordonné à tout Juif de s’en éloigner. C’est au milieu des Gentils, à Antioche, ce point de départ de l’oeuvre de Paul, apôtre des Gentils, que les chrétiens ont commencé à avoir un nom à eux (crhmatisai) (Act. 11 :26).
C’est ainsi que, peu à peu et spécialement par la mission de Paul, Dieu préparait un autre chandelier devant le monde. Travaillée par ses péchés, par le sang du Juste et par les jugements de Dieu, Jérusalem disparaît entièrement de la scène. Alors, il ne reste que l’église professante qui soit le témoignage de Dieu devant le monde. C’est l’église professante qui le devient, et c’est à elle, par conséquent, que le jugement de Dieu sur la terre se rapporte.
La position de l’Église était peut-être plus heureuse auparavant, lorsqu’elle n’avait à chercher ses bénédictions que de maison en maison (kat’ oikon), et que le Temple demeurait le lieu public du témoignage de Dieu. Toutefois, Dieu est toujours fidèle envers les siens et sage dans ses voies. Enfin, c’est dans ce nouveau caractère que l’Église est envisagée dans l’Apocalypse. Christ est là en jugement au milieu des chandeliers. Dans la partie prophétique de ce livre, l’Église ne parait plus sur la terre. Les jugements se rapportent au monde. Ils ont pour point de départ le trône dans le ciel, et non pas Christ se promenant sur la terre au milieu des chandeliers, qui ne brillent guère peut-être, mais qui y sont encore.
Ainsi, tout en s’appliquant aux sept églises d’Asie, et moralement à qui que ce soit, les adresses aux églises s’appliquent à l’église professante, aussi longtemps qu’elle conserve publiquement cette place sur la terre. Dans le détail, cela peut être ôté d’un lieu et transporté dans un autre, ainsi que cela a eu lieu. Tel état aussi (et il faut s’en souvenir) peut commencer, et tel autre continuer encore. L’état de l’église d’Éphèse a continué, hélas ! jusqu’à la fin, et le chandelier sera ôté! Bien d’autres misères sont survenues en attendant.
Encore une chose à remarquer.
Les caractères selon lesquels Christ agit au milieu des églises jusqu’à celle de Thyatire, sont ceux qui se retrouvent dans la révélation qui a été faite de sa gloire dans ce qui précède. Depuis Sardes, il n’en est plus ainsi, sauf le fait qu’il retient en sa main l’autorité sur les églises. Il possède les sept étoiles; mais les noms qu’il prend (c’est-à-dire le caractère selon lequel il agit, et qui est l’objet de la foi intelligente de l’Église) doivent être toujours cherchés plus loin dans la connaissance de Christ. Ils sont en dehors de cette révélation de lui-même qui établissait les fondements de ses rapports avec les églises, dans la position normale qu’il prend envers elles ici.
Avec l’église de Sardes, le témoignage aux églises recommence donc, jusqu’à un certain point, comme de nouveau, tout en étant une partie de l’ensemble. L’Esprit répète ce trait caractéristique, que Jésus a les sept étoiles. Mais la position est moins ecclésiastique, et tient plus à ce qui est essentiel dans la nature de ses relations avec les églises, et avec le système qui doit suivre celui de l’Église.
Il y a une exception à ce qui vient d’être dit dans le cas de Thyatire. Le titre de Fils de Dieu ne fait pas partie de la révélation de Christ dans le chapitre précédent quoique les traits qui l’accompagnent s’y rapportent. Mais il me semble que, dans l’apostasie en principe qui caractérise l’église de Thyatire (en tant qu’il y a association avec les idoles, et que cela est toléré), ce trait a sa place lorsqu’une relation ecclésiastique bien reconnue va prendre fin. Christ est Fils de Dieu. C’est dans ce titre essentiel de la gloire de sa personne qu’il a posé le fondement de l’Église, et qu’il était l’objet de sa foi. Ainsi, les droits de l’Église, associée à lui comme cohéritière en contraste avec les nations, étaient rappelés bien à propos, lorsque l’église professante abandonnait la seule foi et l’espérance qui lui appartenait, comme séparée du monde, à Dieu et pour Dieu. L’étoile du matin, l’aube du nouveau jour, brillait dans le coeur de celui qui était vainqueur en de telles circonstances. Comparez 22 : 16.
Considérées comme l’histoire de l’Église, ces sept églises nous présentent les époques suivantes :
1° Sa première décadence déjà dans le temps de Jean.
2° Le temps des persécutions.
3° L’établissement de l’église professante dans l’empire, soit dans le monde, et le germe de l’apostasie ecclésiastique.
4° Le temps de cette apostasie ecclésiastique où Jésabel séduit et est tolérée.
5° Sardes, le temps du système protestant établi sur la terre.
6° Le temps où, privée de sa force, la fidélité à la parole de la patience de Christ caractérise ceux qui le connaissent.
7° Le temps de se dire riche, tandis que, en fait de vraies richesses, on manque de tout. L’état final, la tiédeur que Christ vomit de sa bouche.
Il faut remarquer qu’il ne faut pas chercher l’énergie qui produit des effets, mais l’effet produit par cette énergie. C’est là ce que Dieu juge. Il agit en énergie. Ainsi, la Réformation a été l’énergie de l’Esprit de Dieu. L’état du protestantisme est une chose qu’il juge.
Les églises caractérisent l’état, la position du témoignage chrétien qui attire l’attention du monde, le chandelier qui y est pour lumière. S’il en est ainsi, il est évident que l’étude de ces églises, l’étude de leur spécialité est du plus grand intérêt pour mon lecteur. Je l’engage d’autant plus à s’en occuper, que les traits les plus précieux de la joie céleste s’y trouvent.
Je n’ajoute que quelques mots sur l’ensemble.
Les promesses adressées aux deux premières églises se rapportent à la récompense générale, et qui, pour ainsi dire, coule de source pour tout chrétien. La promesse faite à la troisième église, a trait à une connaissance personnelle et individuelle de Jésus, qui suppose que la force de la marche fidèle se trouve déjà plus dans la foi individuelle, dans la fidélité individuelle. On connaissait Jésus comme à part; on en jouissait de même. Dans l’église de Thyatire, au milieu de l’iniquité générale, il y a une fidélité et un dévouement remarquables ; et l’Esprit de Dieu, tout en laissant au corps le caractère de chandelier, c’est-à-dire la responsabilité du témoignage devant le monde, distingue entièrement ceux qui n’avaient pas part à cette iniquité. Voyez 2 : 24, où la leçon est encore plus forte, ou au moins plus claire, dans toutes les éditions critiques.
Quant aux trois dernières églises, on peut remarquer que Sardes est menacée du jugement du monde. Comparez 1 Thess. 5. La promesse faite à Philadelphie devient d’un prix inestimable pour le fidèle d’aujourd’hui. La venue de Jésus y est déclarée pour soutenir la foi d’une façon particulière. Et finalement, tout en démontrant sa patience parfaite (si quelqu’un y reste encore), on voit en Laodicée l’église (professante) vomie de la bouche du Seigneur,
Ces deux chapitres présentent un ensemble; c’est une introduction qui nous fait entrer dans la scène où le prophète est introduit, savoir le Ciel. La prophétie proprement dite ne commence qu’au chapitre 6, avec l’ouverture des sceaux.
Le chapitre 4 commence par les choses qui doivent arriver ensuite, c’est-à-dire, après les sept églises. Les choses qu’il a vues, c’est la gloire de Christ au milieu des églises. Les choses qui sont, sont les sept églises.
Les choses à venir commencent quand les églises sont mises de côté : Apoc. 3 : 16. Comparez 4 : 1, et 1 : 19.
Les épîtres aux sept églises sont chacune une prophétie morale qui renferme des promesses et des menaces, basées sur une certaine conduite. L’Église, comme jugée, est mise de côté. On peut appliquer ces lettres à l’Église dans tous les états qui y sont dépeints. Elles sont la voix de Jésus comme jugeant l’état des églises.
Au chapitre 4 viennent les choses qui doivent arriver ensuite. Ce ne sont plus les choses qui sont. Celles-ci durent aussi longtemps que l’Église existe. C’est de ce terme «qui sont» que découle la double interprétation de l’Apocalypse.
Si l’on envisage les sept églises comme un aperçu de l’histoire de l’Église, la dernière, Laodicée, reçoit cette sentence : «Je te vomirai de ma bouche.» En conséquence, l’Église n’est plus reconnue sur la terre ; et ce qui suit dans l’Apocalypse, c’est l’histoire du gouvernement de Dieu, et de ses châtiments envoyés dès lors sur la terre jusqu’à ce que Christ vienne pour y établir son règne. Si l’on considère les églises dans le sens littéral, les symboles de la prophétie s’appliquent à des événements qui sont en grande partie déjà accomplis. Mais, en aucun cas, l’Église n’est, dans l’Apocalypse, ni reconnue, ni présentée sur la terre depuis le chapitre 4, depuis que la scène est changée, et que Jean quitte les choses qui sont, pour être introduit à voir dans le Ciel les choses à venir.
Les choses qui sont étant donc mises de côté, le chapitre 4 commence. Aussi longtemps que ces choses sont, rien du chapitre 4 n’est accompli. Dans ce chapitre, l’Église est toujours censée être dans le Ciel, quoiqu’elle ne soit pas encore manifestée, ce qui n’arrive qu’aux chapitres 19 et 20.
Le sujet du chapitre 4, c’est la création et le droit de Dieu sur la création.
Le sujet du chapitre 5, ce sont les droits de l’Agneau comme Rédempteur, le droit de rédemption de Jésus. Le Saint Esprit n’est plus présenté comme agissant dans les relations de Dieu avec ses enfants; ce sont les relations de Dieu et du monde. Puisque Jésus a des droits sur le monde, il est présenté ici dans le trône, mais il n’a pas encore le sien. De même aussi Dieu s’y trouve assis.
Droit du trône de Dieu en création;
Droit de l’Agneau en rédemption.
Tel est, en résumé, le contenu de ces deux chapitres.
Verset 1. Monte ici. C’en est fini avec la terre, le prophète quitte la terre. Le temps viendra où un trône sera posé sur la terre. Dans le passage qui nous occupe, le trône de Dieu est dans le Ciel.
Autrefois, le trône de Dieu était sur la terre, à Jérusalem. Cela aura lieu encore une fois comme l’annonce Jérémie, 3: 17. La Schéchina de gloire était dans le temple; mais cela a entièrement cessé depuis que Jérusalem a été prise par Nébucadnetzar. Les temps des Gentils ont commencé dès lors, et Dieu a donné le royaume à Nébucadnetzar.
Au commencement d’Ézéchiel, on voit les mêmes chérubins qu’ici quitter le temple et la ville (Ézéch. 10 : 18, et 11 : 23) (*). La puissance terrestre a été transportée aux Gentils (Dan. 2:37). Le peuple ayant été infidèle, Dieu a quitté son peuple, et, dès lors, il n’a pas repris sa place sur la terre. Dieu a seulement présenté son Fils comme Roi, et comme ayant droit à régner sur les Juifs; mais le Fils a été rejeté. Dès lors, Dieu rassemble l’Église, la cohéritière de Christ. Christ est assis sur le trône auprès du Père, il intercède pour nous. Quand l’Église, en tant qu’économie sur la terre, a pris fin, le trône de Dieu redevient le centre de relation avec la terre, et Dieu recommence à intervenir directement dans le monde, sans avoir encore replacé son Fils sur la terre.
(*) Au fond, ceci est vrai; mais il m’a paru que l’interprétation ordinaire (savoir que l’Éternel y est envisagé comme assis dans le temple) n’est pas tout à fait exacte. Dieu assis sur les chérubins vient pour juger la ville. La gloire de Dieu vient du nord (9). C’est le jugement exécuté par les Chaldéens (Éz. 1 : 4). Cette gloire se trouve dans la plaine (3:23). Transporté à Jérusalem (8), Ézéchiel l’y retrouve. L’Éternel se tient sur le seuil de la porte (9 : 3). Enfin, il abandonne la maison et la ville.
Si l’on examine le trône (versets 2, 5, 6), on trouve que tout y est disposé selon le type du Temple ; mais il s’agit ici d’un gouvernement.
Nous trouvons tous les traits de ce que Dieu est, saut celui de Père.
L’arc-en-ciel (vers. 3), est l’alliance de Dieu avec la création.
Avant Noé, il n’y avait point de gouvernement. Après le déluge, Dieu fait une promesse de bénédiction pour la terre, et il remet à l’homme le droit de l’épée et du gouvernement pour réprimer le mal. Après avoir rejeté les Juifs, Dieu a transmis ce gouvernement aux Gentils jusqu’à ce jour.
Verset 4. Les vingt-quatre Anciens correspondent aux vingt-quatre classes de sacrificateurs (1 Chron. 24) ; mais ils sont couronnés. Le nombre vingt-quatre représente deux fois douze. On peut y trouver peut-être les douze Patriarches et les douze Apôtres, les Saints des deux économies.
Verset 5. Les éclairs, les tonnerres, les voix sont la puissance de Dieu en jugement et en gouvernement, comme en Sinaï.
Les sept lampes ardentes sont la manifestation de Dieu, qui conduit, éclaire et bénit ; c’est la puissance directrice du Saint Esprit avec les éléments de force et de sagesse. Il discerne avec une puissance qui agit au milieu de ce qu’il discerne.
Verset 6. La mer de verre correspond à la Mer d’airain du Tabernacle et du Temple, dans lequel on ne voit point ici de voile. La mer de verre (*) est une pureté devenue solide, et ayant pris le caractère d’un état permanent; ce n’est plus de l’eau, c’est-à-dire un simple moyen de purification, comme sur la terre dans la Mer d’airain.
(*) Le verre, pur comme de l’eau, présente la sainteté établie d’une manière immuable. L’eau purifiait ce qui était souillé selon cette même sainteté.
Les quatre êtres vivants sont les soutiens du trône. Ils ont des attributs significatifs. Le Lion signifie la force, la puissance royale. Jésus est le Lion de Juda. La ressemblance a un Veau rappelle la fermeté, la solidité particulière au pied des boeufs.
La ressemblance à une face d’homme annonce l’intelligence.
L’Aigle qui vole marque la rapidité dans les jugements. C’est toujours Dieu dans la création. Ceci est une allusion au chapitre 1° d’Ézéchiel. En Ézéchiel, chaque être vivant avait les quatre faces, ce qui indique la puissance de la Providence qui voit tout et qui agit sur la terre ; mais ici on voit la stabilité et la fermeté du trône de Dieu dans le Ciel. On voit la puissance de Dieu et ses droits en création, et non les Agents de cette puissance. On n’a pas assez fait attention qu’il est ici question des principes de l’action et non des Agents. C’est pourquoi l’on a mal compris ces quatre êtres vivants.
Verset 8. Nous avons encore ici tous les noms de Dieu, sauf celui qui concerne l’Église, celui de Père. Il est Seigneur Dieu Tout-Puissant, Éternel. Ce sont les noms par lesquels Dieu s’est révélé dans chaque économie. Avec l’Église (*), il prend le nom de Père. Nous avons tout ce que Dieu a été sur la terre avec son peuple, et rien autre. Ces êtres vivants reconnaissent que Dieu est saint en tout ce qu’il fait sur la terre, et ils lui rendent gloire.
(*) L’Église n’est pas, proprement, une économie; c’est le rassemblement des cohéritiers en unité, pendant que le royaume est en mystère, lorsque la loi est terminée comme économie. Le royaume n’est pas encore établi en puissance, et tout est en transition. Ici, les saints sont vus en haut, et le trône de Dieu est en rapport avec la terre. Nous avons dans ce chapitre un témoignage des plus beaux, rendu à la position des saints célestes en vue des jugements. Quand le trône de jugement est placé et avant qu’aucun jugement soit exécuté, ils sont assis sur des trônes eux-mêmes et entourent le trône de jugement. Les signes du jugement qui partent du trône, les laissent assis dans une parfaite tranquillité, mais quand l’excellence de Celui qui y est assis est célébrée par les quatre êtres vivants, ils quittent volontairement et à l’instant leurs trônes, et jettent leurs couronnes devant l’Éternel en lui attribuant toute la gloire. — C’est l’esprit chrétien.
Vers. 9. Les vingt-quatre Anciens se prosternent (c’est un culte positif), et ne se bornent pas, comme les quatre êtres vivants, à donner gloire. Les Saints en haut se joignent aux louanges des êtres vivants, et adorent Dieu comme Créateur (verset 11). Ces louanges ne sont pas fondées sur la relation entre Dieu et l’Église. Les Saints célèbrent Dieu comme Créateur. Il est important de saisir ce caractère de gouvernement des choses de ce monde.
C’est de ce trône, comme centre de gouvernement, que tout sort dans l’Apocalypse. Ce trône va intervenir dans le gouvernement de la terre, et c’est précisément parce que Christ vient réclamer ses droits au gouvernement de la terre, que la Bête et les rois de la terre se préparent à faire la guerre au Christ.
Dans ce chapitre, il y a une autre vérité de toute importance : c’est le droit de l’Agneau mis à mort à ouvrir le livre, et à mettre en train les événements qui introduisent le royaume.
Verset 5. Nous avons ici les conseils de Dieu en donnant l’héritage à son Fils. Ce livre cacheté de sept sceaux est le livre de l’héritage qui doit échoir à Jésus. C’est le livre de la mise en possession ; la description des moyens employés de Dieu pour que Jésus soit mis en possession; la description de ses voies de jugement, jusqu’au bout pleines de patience, voies dont le droit de rédemption forme le fondement (voyez Ésaïe 26:5-11). Jérémie (au chap. 32) nous apprend que le contrat d’acquisition d’un héritage se transcrit sur deux rouleaux, l’un cacheté, l’autre ouvert. Ce livre scellé est le contrat de l’héritage qui doit être donné au Fils.
Qui peut dérouler les événements qui mettront Christ en possession de l’héritage de la terre? Personne, sinon Christ lui-même. Qui en a le droit? Lui seul, lui le Rédempteur qui l’a rachetée, et qui, par le sang et par la puissance, peut tout réclamer et tout délivrer comme étant sien. Comp. Éphés. 1.
On ne pleure pas, maintenant, sur ce qu’il ne se trouve personne qui soit digne de lire le livre, ou parce que l’on ne comprend pas comment l’héritage sera donné au Fils de l’homme. Le Lion de Juda, la Racine de David, celui qui est lui-même la source de la Maison de David, a vaincu par la Rédemption «pour ouvrir ce livre et en rompre les sceaux.» Adam avait droit à l’héritage, mais il l’a perdu. Christ a dû racheter ce droit des mains de Satan. Il a dû en remettre le prix ; et ce prix, c’était sa mort. Il a racheté pour lui-même toutes choses. Tout a été créé par lui et pour lui; mais la Création ici-bas est tombée par Adam dans les mains de Satan, qui l’emploie à corrompre les hommes et à les éloigner de Dieu.
Versets 6-10. Au milieu du trône et des Anciens, l’Agneau se tient comme mis à mort. L’Agneau a sept cornes. Les cornes sont un symbole de puissance; sept est un symbole de perfection. Les sept cornes sont la perfection de la puissance; les sept yeux, la perfection de l’Esprit qui voit tout. C’est l’activité de cette clairvoyance de l’Agneau qui agit sur la terre.
L’Agneau se présente toujours comme mis à mort, et non encore comme manifesté en gloire. Booz rachète la terre d’Elimélech, et Ruth est un type du résidu racheté. Jésus, le vrai Booz, le vrai Puissant, rachète Ruth, son peuple, et le champ d’Elimélech, la terre.
Ce qui donne à l’Agneau le droit d’exercer la toute-puissance, c’est qu’il donne à Dieu le prix du rachat de toutes choses. Dieu avait comme perdu son héritage. L’Agneau l’a racheté pour Dieu.
Verset 10. La joie de ceux qu’il a rachetés (*), c’est qu’ils régneront sur la terre, selon ce droit de Jésus qu’ils peuvent revendiquer. Ils voient que, l’Agneau ayant pris le livre, Dieu commence à intervenir pour donner à Christ le gouvernement de la terre, et ils voient qu’ils régneront. Il ne s’agit pas ici pour eux de la joie de la communion avec Dieu, quoiqu’elle soit plus précieuse encore.
(*) La plupart des éditions modernes lisent ici, d’après les manuscrits de la meilleure autorité: «nous a rachetés» et «ils régneront,» ou omettent le «nous». Dans ce cas, ce serait le cantique de ceux qui sont déjà en haut, qui se réjouissent de ce que leurs frères encore en bas, dans la persécution, seront délivrés et régneront.
Versets 11-14. Les Anges ne disent pas qu’il les a rachetés; il les a seulement maintenus. La création a de nouveau sa voix pour bénir Celui qui l’a rachetée. Dieu est vivant aux siècles des siècles. Il semble un moment que, l’homme ayant tué l’héritier, l’héritage est à lui. Mais Dieu est vivant aux siècles des siècles. Il ne change pas ; et, à la fin, la création rentre dans ses relations avec Dieu. Il y aura eu la manifestation de la patience et de la bonté de Dieu par la présence du mal. Dieu n’aurait jamais été manifesté ainsi dans sa bonté, sans la présence du mal. Dieu a vaincu le mal par le bien.
La place de l’Église est d’être dans l’intimité de Dieu, et de comprendre l’intention de Christ et les pensées de Dieu. Dieu nous a révélé ces choses par son Esprit. C’est la connaissance en ce sens qui distingue l’Église. Plus tard, elle jouira de tout ce que Christ possède en puissance.
Ces chapitres sont de toute importance pour comprendre la gloire de Christ et l’Apocalypse. La gloire de Christ est ce qui ressort particulièrement de l’Apocalypse. Si la lecture de ce livre nous fait aimer cette gloire de Christ, nous en jouirons bien davantage.
Que Dieu mette cet amour dans nos coeurs, et qu’il nous fasse jouir de cet amour de Jésus.
Nous avons vu le caractère sous lequel Dieu nous est présenté dans ce livre. L’Apocalypse présente Dieu comme le Dieu Souverain ; elle présente le trône du Tout-Puissant dans le monde. Les objets de la Providence sont sous ce gouvernement.
Nous avons vu, en outre, que l’Agneau a droit à l’héritage. Le grand objet de l’Apocalypse, c’est le Fils de l’homme mis en possession de l’héritage, qu’il a racheté et dont il a ôté, la souillure. Toute la création de Dieu a été souillée. Le jour des expiations offrait un type du rachat que Jésus en a fait. On voit dans ce type : 1° le sang mis sur le propitiatoire, ce qui permettait à Dieu de se mettre en relation avec qui que ce fût ; 2° le sang sur le Tabernacle souillé par les péchés du peuple; 3° la confession, par le Souverain Sacrificateur, des péchés du peuple sur le bouc, Hazazel.
La création est rachetée, aussi bien que l’Église: l’Église, pour être cohéritière; la création, pour être l’héritage.
L’héritage donné au Fils de l’homme, tel est le grand sujet qui nous est présenté. Il a seul le droit d’ouvrir le livre. La Rédemption lui en donne le droit.
L’Agneau commence à ouvrir les sceaux. Il ne se met pas encore en scène pour prendre possession de l’héritage, et exécuter le jugement. C’est encore l’Agneau dans le trône, dans le Ciel, durant la période où Dieu prend le gouvernement, sans avoir encore donné le trône au Fils. On voit ce qui se passe avant la prise de possession de l’héritage par Jésus.
L’un des quatre êtres vivants: c’est encore ici l’action de la Providence. Les symboles sont un langage sûr et conséquent avec lui-même, aussi bien que tout autre, quand on a saisi ce que signifie tel ou tel symbole selon la Parole. On s’est souvent trompé en prenant une application d’un symbole pour le sens de ce symbole. Ainsi, Christ est appelé le Soleil de Justice ; mais Soleil ne signifie pas Christ. Le Soleil est seulement un symbole de la gloire et du gouvernement suprême. Dieu fit le Soleil pour dominer sur le jour (Genèse 1 :16). On s’égarerait en ne prenant pas l’idée abstraite, et en prenant le Soleil pour Christ.
Un cheval représente cette action de Providence qui se manifeste dans le gouvernement de la terre sous différentes formes, et, plus exactement, la puissance impériale considérée comme effet de l’oeuvre de Dieu, soit des agents qu’il emploie. C’est un symbole qui peut figurer ou Christ, ou un empereur, ou tel autre. Il y a ici une allusion à Zach. 1, où les chevaux indiquent les empires qui ont exercé la puissance sur les Juifs.
Le cheval blanc, c’est la victoire et le triomphe. Je ne vois pas Christ ici. Christ est encore l’Agneau au milieu du trône. Ce n’est pas encore ici Christ qui sort pour la victoire et la destruction de ses ennemis, ce que figure le cheval blanc du 19° chapitre. Ici, Christ, l’Agneau, est encore caché en Dieu, qui commence à agir. Ce sont ici les préparations gouvernementales et providentielles de la venue de Jésus.
Verset 2. La première chose qui soit manifestée, c’est un grand conquérant.
Versets 3 et 4. Le second pas, dans ce qui précède la venue de Christ, c’est que la paix est ôtée de la terre.
Versets 5 et 6. La famine.
Versets 7 et 8. Les quatre jugements de Dieu sur la terre réunis (Ézéch. 14 : 21). Ce sont les quatre plaies mortelles que Dieu envoie pour exécuter ses jugements. Ici, c’est quelque chose qui imprime son caractère sur l’état des choses dans la terre prophétique, et qui manifeste que Dieu intervient. Les hommes doivent y faire attention (Matth. 24 :5-8).
Ces calamités sont un commencement d’enfantement. C’est en Judée que le dénouement arrive. Ces fléaux sont dans le même ordre ici qu’au 24° de Matthieu. La paix est ôtée de la terre ; la famine, la peste ; puis, les tremblements de terre, comme on va le voir. En Matthieu 24, le Seigneur applique cela au devoir de ses disciples en Judée. Quoiqu’il y ait eu de cela un accomplissement partiel à la prise de Jérusalem par Titus, il est impossible d’appliquer les choses qui y sont dites à cette ruine. Ces choses se rapportent évidemment à un événement futur. Après l’abomination de désolation, le bonheur doit revenir au bout de 1290 jours, selon Daniel 12 : 11. Mais cela n’est pas encore accompli, et la ruine de Jérusalem n’en a pas été suivie. Rien, au sujet de la ruine de Jérusalem par Titus, n’est certain quant à l’accomplissement des circonstances bibliques.
Les quatre plaies mortelles de Dieu tombent sur la terre, et précèdent la manifestation du Fils de l’homme.
Versets 9-11. Le cinquième sceau nous introduit à la connaissance d’un fait déjà arrivé. Toute cette scène est comme dans le Temple. Il y a sous l’Autel ceux qui ont été mis à mort pour l’Évangile. Ces personnes sont comme des holocaustes (*). Ils sont morts quant à ce monde, mais non pas quant à Dieu. Dieu les voit et les fait voir vivants. Il y en aura même qui seront mis à mort d’entre ceux qui croient que la terre appartient à Dieu. Notre témoignage actuellement est que le Ciel et toutes choses appartiennent à Dieu et qu’il nous introduit dans le Ciel, héritiers de toutes choses. Il y aura à la fin un tout autre témoignage, savoir que la terre appartient à Dieu et a été rachetée par Jésus. Les deux témoins du chapitre 11 se tiennent en la présence du Seigneur de la terre. S’il n’y avait point de Ciel, leur témoignage serait tout aussi complet. La question sera alors celle-ci : La terre appartient-elle à Dieu? C’est ce que la Bête, l’Antichrist, et les hommes de la terre ne veulent pas admettre. Ce témoignage est celui d’Élie et de Moïse (11 :6) quant aux circonstances, et quant aux signes qui le confirment. Au temps d’Élie, le peuple était en apostasie, et, au temps de Moïse, le peuple était en captivité. Il y aura un témoignage rendu aux droits de Dieu quant à la terre. Notre témoignage est le témoignage du salut et de l’Église. Il ne se rapporte pas à la terre, bien que nous comprenions ce que la Parole en dit.
(*) Ce sont, il me semble, ceux qui auront souffert avant la dernière tyrannie de l’Antichrist.
Les âmes demandent la vengeance ; c’est le caractère de l’Esprit prophétique; ce n’est pas celui de l’Église. Elle ne dit pas : «Jusques à quand ne vengeras-tu point notre sang (*) ?» L’Esprit de Christ, comme Roi et Juge de la terre, demande la vengeance de Dieu sur le mal (Ésaïe 26 :1-9). Le méchant n’a pas maintenant le dessus sur moi ; s’il me tue, la mort est à moi, et il m’envoie où je désire être.
(*) C’est ce qui distingue aussi les Psaumes. La délivrance est attendue de la destruction des ennemis, tandis que l’Église en sera délivrée en ce qu’elle sera elle-même ôtée du milieu d’eux.
Ceux qui habitent sur la terre : c’est une expression particulière dans l’Apocalypse. Il y a des habitants des Cieux, c’est l’Église (*). Il y a une race qui a son habitation sur la terre. L’Église y est étrangère et en pèlerinage, ainsi que tous les saints qui ont vécu avant la venue de Jésus (Hébr. 11). Il en est de même de ceux qui subiront la mort pendant le règne de la Bête, ou qui auront été décapités pour leur témoignage. «Nous n’avons point ici-bas de cité permanente.» Nous sommes comme les Lévites et les Sacrificateurs, sans héritage en Israël. Les habitants de la terre sont les ennemis de Dieu, la race de Caïn, chassée de la présence de Dieu, qui s’établit sur la terre. Du moment où Christ a été rejeté, le monde est jugé. Ceux qui veulent s’établir sur la terre ont part à la malédiction de Caïn. L’homme a péché contre Dieu, et la terre a été maudite. Mais, quand Caïn eut tué son frère, il fut maudit de la terre; et, chassé de Dieu, il alla fonder une ville et s’établir sur la terre. C’est ce que le monde fait après avoir tué Jésus. Ceux qui habitent la terre sont ceux sur qui le jugement tombera.
(*) Il faut ajouter ici les saints de l’Ancien Testament, et même, pour satisfaire à toute la force de l’expression, d’autres fidèles qui seront mis à mort, selon Daniel 11; mais tous ne seront pas encore en haut à cette époque (v. 11).
Les âmes sous l’Autel ne mettent pas la possession du Ciel en question. L’expression : «Jusques à quand?» est technique pour signifier que, quand Dieu châtie, ou que l’on endure l’affliction, en tant que ce châtiment est sur les siens, on a la confiance que cela aura une fin. C’est, au milieu du châtiment et de la souffrance, la foi qui s’attend à l’intervention de Dieu (Ésaïe 6 :11). Ce sont ceux qui sont dans le Ciel qui demandent la vengeance sur les habitants de la terre. Je ne pense pas que ce soit l’Église proprement dite comme un tout, mais ceux qui ont perdu la vie pour le témoignage, et plus particulièrement, il me semble, lorsque l’Église, comme Église sur la terre, n’y est plus. En effet, l’Église, comme Église, ne se retrouve qu’aux noces de l’Agneau. C’est une tout autre position que la position de l’Église. Tout le courant de nos idées est changé ici, parce qu’il n’est question que du gouvernement de Dieu, et de sa prise en possession de la terre. Vue ainsi, la chose est toute simple.
Verset 11. Quoique le temps soit proche, où tout devra être terminé, néanmoins, il y a encore des témoins.
Versets 12-17. Il y a encore ici un préliminaire important, le sixième sceau. Toutes ces choses doivent précéder la journée de Christ. Mais la frayeur des hommes est déjà si grande qu’ils la croient venue.
Le tremblement de terre indique la rupture de l’arrangement des choses sur la terre, un bouleversement. Le Soleil, c’est-à-dire la gloire et le gouvernement suprême, perd tout son éclat. Tout croule sous la main de Dieu, même les autorités établies au-dessus de la terre. Il est dit, au verset 14 : les montagnes furent remuées de leur place; et, au verset 43, qu’ils se cachent dans les montagnes. On voit ici que les symboles ne doivent pas être pris selon la lettre.
Joël 2 :31, nous apprend que ces choses arrivent avant le jour du Seigneur, avant l’exécution du jugement. Il y a bien des choses qui précèdent ce jour, qui ne sont pas même des événements sur la terre, mais des préliminaires du gouvernement de Dieu (Ps. 2: 8, 12). Actuellement, Christ ne demande pas encore le monde; ses demandes ne s’appliquent qu’à l’Église. Quand il demande la terre, c’est pour le jugement; mais il y a (vers. 12 du Ps.) des avertissements pour les rois de la terre. Il ne s’agit pas là de reconnaître le Fils comme Sauveur, mais comme Roi qui a droit à posséder la terre.
Tous ceux qui sont de Christ seront avec lui, et auront la puissance sur les nations (Apoc. 2 :26, 27). Cette puissance n’est donc pas le rassemblement de l’Église. Il s’agit de l’exercice de la puissance de Celui qui est sur le trône, pour que les rois fassent attention et se soumettent. Christ a droit non seulement à avoir des âmes pour le Ciel, mais à être mis en possession de la terre.
Rien, plus que la prophétie, n’est propre à toucher le coeur par rapport au monde, et à le séparer du présent siècle mauvais. Dieu met son doigt sur tout ce qui est dans ce monde. Toute la scène du monde, comme sphère de l’activité humaine, ne fait que nous éloigner de Dieu, le monde sera l’objet du jugement du Fils de l’homme, quand il reviendra.
Nous avons vu la manifestation du trône, et de la puissance de Dieu qui agit sur le monde en gouvernement; le droit de l’Agneau à intervenir sur la terre, et à ouvrir les sceaux; puis, les plaies de Dieu qui préparent cette intervention.
Le chapitre 7 est comme une parenthèse entre le sixième et le septième sceau, parce que Dieu veut intervenir d’une manière plus positive et spéciale au centre de toutes choses, en Canaan; et il ne veut rien faire avant d’avoir séparé son peuple juif, et d’avoir mis son sceau sur lui.
Dieu ne s’en tient plus à un commencement de douleur, il scelle son peuple sur la terre en vue de ce qui va arriver. On voit en même temps ceux des douze tribus d’Israël qui sont scellés sur la terre, et ceux qui viennent de toutes les nations et langues. L’Ange qui scelle les tribus monte (verset 2) du côté de l’Orient. Christ est l’Orient d’en haut. L’Ange monte du côté où le Soleil de Justice doit se lever sur la terre. Le jour a toujours lieu pour ceux qui sont dans la lumière. Le jour du Seigneur est le jugement pour ceux qui sont sur la terre. Les expressions de jour du Seigneur et de venue de Jésus sont fort distinctes. Quand l’Écriture parle de la venue de Jésus, elle applique cette expression non seulement au jour du Seigneur, mais aussi à ce qui précède ce jour, savoir à la réception de l’Église qui va à la rencontre du Seigneur dans l’air (1 Thess. 4 : 15-17). Pour ceux qui en sont, le jour, c’est la lumière, la bénédiction. Quand le jour de Christ se lèvera sur la terre, nous serons comme les rayons de ce Soleil ; mais, pour les méchants, ce jour sera leur confusion.
Le Dieu vivant est le Dieu qui possède la vie, et non le Dieu de jugement. La vie de Dieu est puissante, plus que la puissance de la mort, puissance que Satan tient dans sa main.
Verset 3. Il y a ici un principe précieux. Dans tous les bouleversements, dans toutes les préparations des jugements de Dieu, la puissance de l’Ange qui déploie la puissance de Dieu en miséricorde, est plus grande que la puissance des Anges qui exécutent les jugements de Dieu. Le bien est plus puissant que le mal. Cet Ange, qui porte le sceau, peut crier à haute voix : «Ne nuisez point.» Cela se voit aussi à l’occasion de Lot, qui est un type du résidu qui échappe lors de la venue du Fils de l’homme. Les Anges ne peuvent rien contre Sodome avant qu’il en soit sorti. Il y a une précédence dans les attributs de Dieu, et sa miséricorde va avant sa justice. L’Ange veut d’abord marquer sur le front les serviteurs de Dieu, parce que cela se manifeste à tout le monde. Ces marqués sont le résidu d’Israël pour la terre ; ce ne sont pas les enfants de Dieu dans l’acception ordinaire de ce mot, comme désignant les fidèles de l’économie actuelle. En un sens, nous devrions avoir le sceau de Dieu sur le front, c’est-à-dire une confession ouverte du Seigneur Jésus; mais, pour le chrétien, le sceau de Dieu est en lui-même, pour lui donner la jouissance et la liberté de communion avec le Fils et avec le Père. Ayant ce sceau, nous sommes manifestés aux puissances dans les lieux célestes. Ici, il est question d’un sceau et d’une manifestation sur la terre.
Versets 5-8. Le nombre douze est symbolique c’est le nombre parfait des réchappés, du résidu d’Israël. Dieu seul peut connaître le nombre de ceux qu’il marque. Nous avons l’onction du Saint Esprit pour comprendre toutes choses; le sceau du Saint Esprit pour jouir de la communion de Dieu comme siens, assurés de sa faveur; les arrhes du Saint Esprit pour jouir des choses que nous attendons, que nous connaissons. Cela est au-dessus de ce que nous trouvons ici. Notre part est d’être bénis avec Celui qui bénit. Celle d’Israël est d’être béni sur la terre.
Versets 9-12. Quant à la grande multitude venue de toute langue, tribu, peuple et nation, le langage qu’elle tient (verset 10) (*) n’est pas l’expression de la jouissance des enfants avec le Père. Elle se borne à reconnaître Dieu qui sauve. Il est toujours ici question de Dieu et de l’Agneau, et non de la jouissance des enfants avec le Père. Ceux qui sont dans le monde ne le voient pas tel qu’il est. Nous le verrons tel qu’il est dans la gloire du Père. Israël le verra dans sa propre gloire, et nous serons dans cette gloire de Jésus, comme Jésus est dans la gloire du Père. Ici, la multitude adore debout, devant le trône, en attribuant son salut à Dieu et à l’Agneau. Ce n’est pas la plus douce idée de nos rapports avec Dieu. Les Anciens se prosternent à part en célébrant la gloire de Dieu lui-même.
(*) Cette description du chapitre 7 me paraît la moins précise et la moins facile à comprendre de toutes celles que nous avons dans l’Apocalypse. Mais il est évident que ce qui est dit ne monte pas jusqu’à la position normale de l’Église. Aussi, les Anciens parlent-ils de cette multitude comme d’une classe à part. La multitude rapporte son salut à Dieu, tel qu’il est révélé dans l’Apocalypse, assis sur le trône. Tout le chapitre paraît être une préparation pour ce qui va arriver, et nous présenter d’avance les élus qui s’y trouveront, mais que Dieu gardera à travers la tribulation de cette heure, dont ceux qui garderont la parole de la patience de Christ seront gardés. Toutefois, cette multitude est en rapport avec les Anciens; mais sa joie n’est que la consolation et le repos, et elle n’entre pas d’avance, et pour les autres, dans l’intelligence des voies de Dieu, ainsi que le font ceux du chapitre 5. Elle ne chante pas non plus.
Versets 13 et 14. C’est un des Anciens qui parle, et non un des quatre êtres vivants, parce qu’il est question de l’intelligence des voies de Dieu, et non de la Providence de Dieu sur la terre. Il est important de remarquer les différentes classes et les différentes formes de bénédiction qui se trouvent, à diverses reprises, dans l’Apocalypse. Ceux qui sont venus de la grande tribulation sont une classe à part. Ce sont, il me semble, ceux qui auront traversé les événements qui suivent, et spécialement ceux qui auront passé par cette grande tribulation annoncée en Apoc. 3 : 10.
La tribulation mentionnée en Matth. 24 : 21, se rapporte plus particulièrement à ce qui arrivera en Judée, ou plutôt à Jérusalem, sous l’Antichrist, et s’applique aux Juifs. Ceux qui sont venus de la grande tribulation (quelques-uns traduisent : de grande tribulation ou d’une grande), ne sont pas l’Église proprement dite, parce que, d’après Apoc. 3 : 10, elle en sera préservée. Néanmoins, je ne veux pas dire non plus que ce soient les mêmes personnes dont il est question au sujet de la grande tribulation dont il est parlé en Matth. 24 : 15, 22. Car, en Matthieu, ces personnes sont évidemment des Juifs, tandis que, dans le chapitre que nous lisons, ceux qui sont venus de la grande tribulation sont des Gentils, «une grande foule que personne ne pouvait compter, de toutes nations et tribus, peuples et langues.» Aussi règne-t-il un certain vague dans les expressions, et cela, il me semble, selon l’intention du Saint Esprit. Ils sont spécialement reconnus des vingt-quatre Anciens, mais ils ne paraissent pas être strictement de l’Église proprement dite.
Verset 15. Ce sont des idées juives : la présence de Dieu au milieu de son peuple, servir Dieu dans son Temple, contempler la beauté ravissante de son Temple et de son Palais. On sert Dieu soit en l’adorant, soit en travaillant pour lui. Ils seront jour et nuit dans son Temple. Or dans la cité céleste il n’y en a pas.
Versets 16 et 17. Dieu est Tabernacle sur eux (*), comme pour les soulager. L’Agneau les paît et les conduit. Dieu veut détruire dans l’âme des siens la frayeur de sa Majesté par l’idée de sa débonnaireté. Une âme inconvertie ne peut concevoir la débonnaireté de Dieu qui «essuie les larmes.» Dieu veut nous avoir près de lui comme des enfants près de leur Père. Il aime assez ses enfants pour prendre connaissance de leurs afflictions, pour les consoler et essuyer leurs larmes.
(*) Il est important de bien faire attention à cette expression, comme au fait que cette multitude est distincte des vingt-quatre Anciens. Aussi, sauf les expressions : devant le trône, il n’y a rien qui se rapporte directement au Ciel.
Verset 1. Il y a un silence, un repos.
Verset 2. Dieu s’annonce, il intervient plus directement ; il s’annonce par les trompettes.
Versets 3-5. Il y avait deux Autels dans le Temple. Le Temple était divisé en deux par le voile. En dehors du voile était l’autel des parfums, dans le Lieu Saint. En dehors du Lieu Saint, mais dans le parvis, c’est-à-dire la première chose qu’on rencontre en s’approchant de Dieu quand on est attiré, hors du monde, mais qu’on est encore dans le monde, se trouvait l’Autel des holocaustes. C’est dans le monde que Christ a souffert, et que les Saints souffrent aussi (*). L’Autel des parfums était dans le Lieu Saint, et l’encens montait au trône de Dieu, dans le Lieu Très-Saint; l’Autel est immédiatement devant le trône. Les Saints sont encore affligés; leurs plaintes et leurs supplications montent devant Dieu, qui commence à intervenir. Les cris des Saints font intervenir Dieu par des jugements. Jésus est ici l’Ange qui présente les prières des Saints. Il ne se présente pas ici comme leur Avocat auprès du Père, ce qui se rapporte à notre état spirituel, mais comme en appelant, en effet, les jugements de Dieu sur ceux qui les opprimaient.
(*) Ceci est vrai dans un sens; mais aussi, c’était, devant Dieu, comme dans le Ciel. Moralement on n’entrait là, quant à l’Antitype, que comme né de nouveau, et Christ élevé de la terre était devant Dieu. Le parvis était sous certains rapports le parvis du Ciel, et non pas le monde de dehors. C’était un endroit de transition. La Mer d’airain, par exemple, qui était dans le parvis, est vue, ici, dans le Ciel ; les âmes sous l’Autel (des holocaustes) sont dans le Ciel. Aussi n’y a-t-il point de voile.
Versets 6-15. Nous voyons ici l’intervention de Dieu par des jugements positifs.
Première trompette. Les jugements de Dieu tombent sur la terre prophétique, c’est-à-dire sur les quatre monarchies.
Les arbres sont ce qui est élevé, éminent; l’herbe verte est la prospérité.
Seconde trompette. La mer, ce sont les peuples qui ne sont pas dans la terre prophétique; c’est la masse des peuples.
Troisième trompette : les fleuves. Cette expression symbolique est difficile à saisir. J’ai vu deux choses dans l’emploi que l’Écriture en fait : 1° les peuples; les fleuves ont ravagé la terre d’Israël ; 2° les principes qui gouvernent ces peuples. Les fleuves sont l’activité des peuples sous certains principes. Ainsi, en És. 8 : 5-8, les eaux du fleuve (vers. 7) sont «le roi d’Assur et toute sa gloire.» És. 59 : 19 ; Ps. 93 : 3, 4 : les fleuves sont les peuples sur lesquels l’Éternel a remporté la victoire, pour établir son règne. Ce qui est établi dans ce psaume.
L’étoile tombée est une puissance déchue; les eaux amères sont la corruption des principes des peuples.
Quatrième trompette. Le soleil est la puissance suprême et la gloire. La lune et les étoiles sont des gloires subalternes, d’un ordre inférieur au soleil.
Le peuple de Dieu se trouve dans la misère; les prières montent. Dieu intervient et frappe la terre ; non pas encore les habitants de la terre, mais leurs circonstances, leurs richesses, les choses dans lesquelles ils se plaisent. Aujourd’hui, au contraire, pendant le temps de la grâce, Dieu frappe pour convertir et pour châtier ses enfants, tandis qu’on voit souvent les méchants jouir d’une grande prospérité.
Dans les trois trompettes qui suivent, il s’agit des habitants de la terre ; mais, jusqu’à la quatrième trompette, ce ne sont que des jugements extérieurs. Avant même que ces malheurs extérieurs puissent arriver, Dieu marque ses élus et les scelle ; les jugements ne les touchent pas, mais frappent ceux qui les affligent.
Le peuple céleste souffre avec Christ pour l’amour de Jésus; c’est quelque chose de plus que de souffrir par conscience. Ceux qui souffrent pour la justice, le royaume des Cieux est à eux : mais ceux qui souffrent pour l’amour de Jésus, leur récompense sera grande dans les Cieux. Abraham et Lot en sont un exemple. Lot voit la plaine du Jourdain, et choisit la terre. Il est dans la bénédiction, mais il est dans le pays de Sodome. Il approche peu à peu de Sodome, et enfin il habite Sodome. Abraham en est loin. Dieu l’avertit de ce qui va arriver à Sodome.
L’Église en paix, aimée de Dieu, séparée du monde, s’entretient avec Dieu de ce qui va arriver au monde. Israël a voulu le monde. Il a dit : «tuons l’héritier et l’héritage sera à nous.» L’Église dit comme Thomas : «Allons mourir avec lui» (Jean 11 :16). La conséquence en est qu’Israël sera dans l’affliction comme Lot à Sodome, et il échappera à travers le feu. Le résidu d’Israël aimera la justice; mais, ayant aimé le monde, il a l’affliction et l’angoisse d’un homme qui se trouve là où les jugements de Dieu tombent sur le monde. Abraham voit de loin la fumée monter de la plaine, mais il n’y est pas.
Il y a des afflictions amenées par la fidélité ; c’est alors souffrir avec Christ. — Il en est d’autres qui proviennent de, l’infidélité. Il faut remarquer qu’il y a des bénédictions qui, par la miséricorde de Dieu, s’attachent à la fidélité dans une position où la faiblesse de notre foi nous a conduits; mais ce ne sont pas les bénédictions qui s’attachent à une foi simple. Aussi, sont-elles accompagnées de peines et de souffrances, qui ont plus ou moins le caractère de châtiments.
Ce qui concerne le jugement du monde intéresse l’Église, en ce que Dieu lui fait connaître, comme à son ami, ce qui arrivera au monde. Un ami peut-il ne pas s’intéresser à ce que lui communique son ami? — Il faut absolument que tôt ou tard on renonce à tout : ou avec joie, par l’Esprit de Christ; ou avec honte, parce que les jugements de Dieu rompent les liens où nous sommes retenus. Il faut alors tout quitter, ou être brûlé dans Sodome. La prophétie a une force toute particulière pour nous séparer de ce présent siècle mauvais, que la patience de Dieu peut supporter, parce qu’il en retire les siens, mais qui néanmoins est jugé.
Toute cette partie du livre nous présente la fin de l’Apocalypse ou de la prophétie. L’histoire publique extérieure se termine à la fin du 18° verset du chap. 11. C’est là que se termine l’histoire du gouvernement en la terre, et le jugement de Dieu sur la terre.
Il y a un progrès dans l’action gouvernementale et providentielle de Dieu sur les hommes. Il y a premièrement des choses ordinaires, telles que des famines, des pestes. Plus tard, il y a des jugements plus frappants; les puissances tombent. Puis, dans les quatre premières trompettes, les hommes sont jugés dans leurs circonstances.
Dans les trois dernières trompettes, les jugements tombent sur les hommes eux-mêmes.
Après le 12° chapitre, l’Apocalypse nous donne l’histoire particulière de l’Apostasie.
Cinquième trompette. L’étoile qui tombe sur la terre est une puissance du ciel en chute. La clef du puits de l’abîme lui est donnée. Dieu laisse agir Satan tantôt pour le bien de ses enfants, tantôt pour des jugements sur ses ennemis. Satan et ses anges saisissent avec joie l’occasion de faire le mal. Ici Dieu vient châtier l’iniquité des hommes.
Il y a déjà sur la terre des élus des douze tribus d’Israël, qui ont le sceau de Dieu sur leur front. Ils étaient marqués de Dieu avant de le connaître eux-mêmes. Le progrès de leur connaissance n’est pas notre sujet ici. On peut consulter là-dessus les deux derniers chapitres de Daniel et les Psaumes.
Verset 2. On voit une influence diabolique qui obscurcit le gouvernement de la terre. La fumée obscurcit l’air et le soleil, c’est-à-dire l’état ordinaire de la terre sous le rapport du gouvernement, et des influences générales qui agissent sur les hommes.
Verset 3. Cette puissance diabolique ne se borne pas à obscurcir ce qui éclaire les hommes; elle exerce une influence mortelle et les tourmente. Les influences saines sont obscurcies, et cette force, qui sort de l’abîme, pénètre partout.
Verset 4. L’intention de Dieu n’est pas encore de tuer les hommes. Satan, malgré sa malice et son pouvoir, ne peut faire que ce qui est dans l’intention de Dieu. C’est ici une puissance morale diabolique sur les hommes qui n’ont pas la marque de Dieu sur leur front. Elle n’agit pas sur l’herbe, ni sur la verdure (sur les circonstances), mais seulement sur ceux qui ne sont pas reconnus de Dieu (*).
(*) Il me parait que tout ceci s’applique et se limite plus particulièrement aux Juifs (mais ils sont identifiés avec les Gentils qui se trouvent dans le pays. On voit la même chose en Ésaïe 66), et plus exactement à la Palestine.
Satan a la puissance de tourmenter les ennemis de Dieu par des jugements, qui les frappent premièrement dans leurs circonstances, et qui ensuite les frappent dans leurs personnes et les tourmentent, parce que les premiers jugements n’avaient pas produit leur effet.
Versets 5 et 6. L’angoisse va jusqu’à faire chercher la mort.
Verset 7. C’est un peuple suscité pour agir en jugement sur les autres. Cette puissance de Satan prend cette forme. Les couronnes semblables à de l’or sont une apparence de justice royale, peut-être soi-disant divine.
Verset 8. On voit leur puissance de destruction.
Versets 9 et 10. Leur puissance de nuire est dans leur queue, La queue est l’image des faux prophètes; comparez Ésaïe 9 :14.
Verset 11. Elles ont un chef qui commande les ténèbres sataniques qui peuvent influer sur la terre. C’est le destructeur, Apollyon.
Dieu agit ainsi d’une manière beaucoup plus directe sur les hommes, et non plus seulement sur leurs circonstances. C’est le premier malheur. Nous sommes, il me semble, en Orient.
Sixième trompette (v. 13-21). L’ange sonne à la suite d’un appel de Christ. Le Seigneur est encore caché; mais il s’occupe déjà de la terre, où il a un peuple pour lequel il intercède. Comparez Ésaïe 30 :18. On entend une voix, aux cornes de l’autel d’or ou autel des parfums (Exode 40 :26, 27), de l’autel d’intercession. Cette voix donne un ordre à l’ange qui a sonné la sixième trompette. L’intercession ne s’applique ni à l’état moral ni aux combats spirituels de ceux qui en profitent, mais à la manifestation des jugements de Dieu qui, par la suite, opéreront la délivrance d’un peuple terrestre.
Verset 15. Maintenant les hommes ne sont pas seulement tourmentés, mais leur vie est atteinte.
Verset 17. Le feu et le soufre sont la puissance de jugement, de la mort et de l’enfer entre les mains de Satan, appliquée aux hommes.
Verset 19. Il y a encore ici la puissance du prophète de mensonge, en même temps qu’une puissance satanique spéciale, celle du Serpent ancien.
Versets 20 et 21. Tous ces jugements préparatoires ne changent pas les hommes, qui sont empoisonnés par les queues des chevaux (queues qui, semblables à des serpents, ont des têtes par lesquelles elles nuisent), étant livrés à Satan pour croire au mensonge (2 Thess. 2 :11), de même que les païens avaient été livrés à un esprit de ténèbres et d’incrédulité (Rom. 1 :28), et que les Juifs, à leur tour, ont eu le coeur engraissé. Dieu avant envoyé aux hommes la vérité, ceux-ci ont préféré le mensonge, et Dieu les livre à ce qu’ils désirent, au mensonge, à un mensonge efficace. C’est un jugement terrible. Ceux qui ne veulent pas la vérité peuvent très bien prospérer extérieurement. Mais cette prospérité précède l’écrasement. Voilà ce que le monde a à attendre. Ce malheur vient du Nord-Est de la Palestine.
Ce chapitre forme une parenthèse, un épisode. Il y a un système de grande importance qui doit se développer, c’est l’Apostasie. C’est ce qu’il y a de plus détaillé dans l’Apocalypse. Il est nécessaire, avant d’en finir avec le gouvernement de Dieu sur la terre, d’introduire cette apostasie ; c’est ce qui a lieu ici.
La scène est en Judée. Les nations se sont rassemblées autour de Jérusalem comme des gerbes, qui vont être l’objet des jugements de Dieu. Jusque là, l’intervention directe de Dieu n’avait pas encore eu lieu sur la terre.
Le premier livre avait des sceaux. Ici, c’est un livre ouvert où tout le monde peut lire, et qui, tout en s’appliquant à la terre, s’applique non aux providences cachées de Dieu, mais au témoignage ouvert et public à son nom, et à l’état de profession qui l’accompagne.
Verset 1. L’arc-en-ciel désigne l’alliance de Dieu avec la création, et sa fidélité envers la création ; le soleil, la puissance suprême; les colonnes de feu, la fermeté du jugement.
Verset 9. C’est une révélation donnée par Christ lui-même comme ayant l’autorité de la terre, et comme allant en prendre possession par le jugement. Le livre étant ouvert, il n’y a plus de mystère. Nous voyons ici non pas Christ comme le Lion de Juda, mais les droits de Christ. Il met un pied sur la terre, l’autre sur la mer, c’est-à-dire sur la terre prophélique, et sur ce qui est en dehors, sur tout le monde.
Verset 3. Les sept tonnerres. Tous les droits de Dieu sur la terre, et la voix de Dieu qui fait entendre ses droits. La manière dont cela arrive est cachée.
Versets 4-6. Le jugement est encore suspendu jusqu’à ce que la septième trompette ait sonné. Toutefois, il ne doit plus y avoir de délai; mais le mystère de Dieu sera accompli ainsi que les Prophètes l’ont annoncé. Il y aura un objet spécial du dernier jugement, savoir la Bête qui monte de l’abîme. Il faut que l’objet de ce jugement paraisse, avant que le jugement puisse avoir lieu. Il était doux pour Jean de recevoir la révélation de Dieu. Mais, quand il médite le contenu de la prophétie pour son peuple, il en est rempli d’amertume.
Verset 11. Il faut que les nations et les rois reparaissent à la fin, pour être l’objet du dernier jugement. Dieu ne les a jamais perdus de vue. Ces nations, ces langues qui sont le résultat de la confusion de Babel, c’est-à-dire toutes les nations dont il est fait mention dans la Genèse, 10 et 11, reparaissent, soit en Daniel, soit en Ézéchiel, soit ailleurs, comme au Ps. 83°. Il n’en manque que deux de la liste de la Genèse, pour être les objets du jugement.
Il y a des adorateurs et des prophètes, c’est-à-dire un témoignage. Les Gentils font leur volonté, et foulent aux pieds la sainte cité. — Dieu a un résidu marqué, qui est en relation avec lui.
Versets 1 et 2 On distingue ici l’autel des holocaustes, le temple et les adorateurs qui s’y trouvent. Tout le reste est foulé aux pieds.
Sur les quarante-deux mois. Il reste une semaine des semaines de Daniel. — Il y a eu sept semaines et soixante-deux semaines jusqu’au Messie. Les événements de la dernière semaine sont en dehors de ce qui regarde l’Église.
Il en est de cette dernière semaine comme des soixante-neuf autres; elles étaient déterminées sur le peuple d’Israël et sur la sainte cité. Dan. 11 :24 : Il y a soixante-dix semaines déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville.» Il y a eu soixante-neuf semaines d’écoulées, jusqu’au Christ (Daniel 11 :26).
L’Église est un système céleste et non providentiel, qui n’a rien de commun avec les choses terrestres, avec le temple à Jérusalem (*). La semaine qui reste n’est pas accomplie, quoique le Christ sous un certain point de vue, en ait rempli une moitié par son ministère : mais sous un autre, elle reste à accomplir en son entier. C’est alors que Dieu reprend ses voies, ses jugements, son gouvernement terrestre avec les Juifs. Pendant la première demi-semaine, le Prince garde son alliance avec la masse du peuple. Au milieu de la semaine il fait cesser l’offrande.
(*) C’est ce qui donne un caractère bien remarquable aux Psaumes. La délivrance résulte de l’exécution des jugements, qui, par conséquent, est demandée. L’Église en sortira en montant au Ciel. Les Psaumes se rapportent évidemment au résidu juif et au résidu d’Israël aux derniers jours, avec les conséquences qui en découlent pour le monde, et avec l’oeuvre et les sympathies de Christ qui en sont le fondement.
Je pense que le premier livre des Psaumes a trait aux souffrances des fidèles à Jérusalem, période qui a une grande analogie avec le ministère de Christ sur la terre. Elle s’étend jusqu’à la fin du Psaume 41. La résurrection s’y trouve mentionnée beaucoup plus fréquemment qu’ailleurs; néanmoins, ce sont ici des espérances proprement israélites. Depuis le Ps. 42°, nous voyons ces fidèles chassés de Jérusalem, mais la prophétie entre dans une sphère beaucoup plus étendue, parce que tout Israël, introduisant le Fils unique dans le monde, et, par conséquent, le témoignage aux Gentils, et l’alléluia final de triomphe, est maintenant exposé à nos regards. Mais les espérances sont plus exclusivement israélites, quelqu’un Christ souffrant soit le centre et l’appui de chaque âme et de chaque position. Si cette différence se rapporte aux demi-semaines, les 41 premiers psaumes se rapportent à la première et aux souffrances du résidu fidèle qui rend témoignage.
C’est un fait bien connu que les Psaumes sont divisés en cinq livres, — division qui découle, je crois, de la différence des sujets, indépendamment de chaque groupe de Psaumes, qui, en particulier, traite un sujet complet en soi. Mais je ne puis croire qu’aucune partie des Psaumes décrive l’Église comme telle, c’est-à-dire, la puissance du Saint Esprit dans l’unité du corps de Christ sur la terre. Si un chrétien, eu égard à sa marche ici-bas ou à l’état de son âme, se reconnaît lui-même dans l’état décrit en tel ou tel Psaume, il a certainement la sympathie de l’Esprit de Christ qui y est donnée, et c’est là la force particulière aux Psaumes; Christ s’engageant dans l’affliction terrestre et dans la condition de son peuple souffrant sur la terre, au lieu de posséder ce dont il est parlé dans les deux premiers Psaumes. Maintenant, son peuple terrestre passera par là, et les Psaumes auront pour lui une pleine application. Mais alors les saints, le résidu conformément à l’élection de grâce, et les Gentils entés ont suivi Christ dans cette position sur la terre; et c’est pourquoi ils trouvent en cela la sympathie et les consolations de Christ. Mais alors des bénédictions plus élevées, des bénédictions célestes leur ont été révélées : leur séance avec Christ dans les lieux célestes, chose à laquelle (sauf quelques allusions dans ce qui concerne les cieux au jour du jugement) les Psaumes ne se rapportent pas. Ce n’est pas là la bénédiction qui leur est particulière. Elle découle de la participation de Christ à des afflictions terrestres, et à la condition de son peuple souffrant sur la terre, que nous trouvons dans l’expression de son propre coeur (non dans les prophéties qui le concernent), la déclaration prophétique de sa propre condition. Car il y a participé, non en haut par pure sympathie divine, mais comme s’y trouvant réellement ici-bas; et c’est ce qui rend les Psaumes si particulièrement précieux. Mais alors c’est comme Juif qu’il était sur la terre, quoique étant beaucoup plus qu’un Juif; et les circonstances littérales s’identifient toujours avec ce peuple. Il ne s’élève pas à sa position céleste, sinon dans des expressions générales, telles que : «les cieux déclareront sa justice,» etc. Mais, quoique Christ ne s’y élève pas à l’unité du corps céleste, cependant les membres de ce corps ont pris sur la terre la position de Christ; et c’est pourquoi, quand l’ombre de son affliction (et ce n’en est en effet que l’ombre) passe sur eux, ils trouvent que c’est son affliction, et ainsi sa sympathie en cela; et cela leur est vraiment précieux, quoique cela puisse leur suggérer l’idée qu’ils ne peuvent s’élever à leur propre place avec lui. Ce qu’il est en eux, c’est la manne éternelle des saints.» (An examination, etc., by J.N. Darby, p. 175).
Il y a maintenant quelque chose de précis. Jérusalem, un peuple à Jérusalem, la cité foulée par les Gentils. Ce sont là les relations d’Israël avec Dieu. Puisque Israël n’a pas voulu se soumettre à Christ, il se soumettra à l’Antichrist. Il y a un petit résidu qui ne voudra pas reconnaître l’Antichrist ; mais la masse du peuple le reconnaîtra. Dieu garde ce résidu qu’il a marqué. Je ne veux pas dire, néanmoins, que le résidu marqué chapitre 7 se borne à cela; car il y en a ailleurs des douze tribus. Il y a un témoignage de Dieu contre les hommes, par des prophètes.
Verset 5. Les deux témoins, des prophètes en affliction.
Verset 4. Dieu est le Seigneur de la terre. Il ne veut pas que les temps des Gentils durent plus longtemps, et qu’ils foulent ce qu’ils ne peuvent pas dévorer. Cela est fini. Dieu va se manifester comme Seigneur de la terre. Il avait donné la terre aux Gentils (Dan. 2 :37). Son trône avait jugé et quitté Jérusalem (Ézéch. 1 à 11, particulièrement 10 :18, et 11 :22, et il donne la puissance de la terre à Nébucadnetzar, aux Gentils (Dan. 2 :37, 38). Et, jusqu’à ce que les temps des Gentils soient écoulés, Jérusalem sera foulée sous leurs pieds (Luc 21 :24). Mais Dieu veut être de nouveau Seigneur de la terre. Les deux témoins rendent témoignage à cette seigneurie, au Seigneur de la terre, non au Père, à la gloire céleste et au Seigneur du Ciel.
On voit, en Zach. 4, un chandelier. Tout est en ordre, chaque chose y est à sa place. La royauté et la sacrificature de Christ nourrissent toujours le peuple juif, et tout est à sa place. Mais ici tout est en désordre. Il y a deux chandeliers, deux oliviers, mais on ne sait où les placer; il n’y a rien d’établi encore, mais il y a un témoignage à ces choses, à leur établissement prochain.
Versets 5-8. Voilà le sort des témoins, parce que la Bête, le méchant selon la puissance de Satan, peut consolider son empire. Les témoins rendent témoignage au droit de Dieu sur la terre. Il y a une allusion au caractère de Moïse et d’Élie. à1oïse a frappé l’Égypte de plaies; le peuple de Dieu était alors captif sous.la puissance des Gentils. Moïse déployait la puissance de Dieu contre Pharaon d’une manière préparatoire, avant un jugement sur lui. — Élie a fermé le ciel et en a fait descendre le feu. Élie est venu dans le temps de l’apostasie d’Israël. La dernière condition d’Israël est pire que la première. L’esprit d’idolâtrie, le démon d’Israël, prendra sept esprits pires que lui, et rentrera en Israël. Le service des deux témoins est celui de Moïse contre Pharaon, et celui d’Élie au milieu d’un peuple apostat. Mais la Bête qui monte de l’abîme, tue les deux témoins. C’est tout ce qui se fait avant de sonner la dernière trompette. Les détails sur l’Antichrist sont révélés dans la suite de l’Apocalypse.
C’est une chose sérieuse que de voir la fin de ce siècle, et le jugement, non des morts, mais des nations ; de voir comment les hommes méprisent tous les jugements de Dieu ; comment tout se concentre à deux témoins et à un petit résidu à Jérusalem. Il est dit : Les péagers ont cru, ayant reçu le baptême de Jean. Mais les Pharisiens rejettent ce baptême, ne croient pas en Jésus, et s’endurcissent ensuite contre le Saint Esprit, tandis que les péagers, ayant reçu le premier témoignage, reçoivent aussi Jésus et ensuite le Saint Esprit. Il est important de saisir le plus faible avertissement, le plus petit son de la voix de Dieu, et d’obéir au plus petit avertissement que Dieu nous envoie. Il y a toujours des avertissements négligés avant des châtiments.
Verset 14. Deux malheurs sont passés ; le troisième, qui se terminera par le jugement de la Bête, arrive bientôt.
Versets 15-18. Septième trompette. Ce n’est pas ici que les détails de ce troisième malheur sont donnés. Ils se trouvent plus loin ; mais la septième trompette est le signal de l’intervention de Dieu (voyez 10 :7), Par conséquent, lorsqu’elle sonne, on célèbre dans le Ciel cette intervention avec toutes ses conséquences. Ce qui est célébré, c’est le résultat. La marche de ce qui est jugé est réservée pour ce qui suit. Cette intervention commence par le jugement de la Bête et des nations qui se sont émues; mais, si c’est, quant à eux, le moment de la colère, c’est, quant aux serviteurs de Dieu, à ses saints et à ses prophètes, le moment où ils reçoivent le salaire, que Dieu, dans sa fidélité et son amour, se plait à leur donner. De grandes voix dans le Ciel louent Dieu avec joie, parce que les royaumes du monde ont passé à notre Seigneur et à son Christ. Les vingt-quatre Anciens rendent grâces et adorent Dieu, parce que le Seigneur Dieu Tout-Puissant a pris en main sa grande puissance, et qu’il est entré dans son règne. La joie éclate dans le Ciel, parce que le règne de l’iniquité et du Prince de ce monde a pris fin sur la terre; parce que la création, soumise depuis Adam à la vanité et à l’esclavage de la corruption (Rom. 8 :19-22), rentre dans la bénédiction, par la présence du second Adam, par l’exercice de sa royauté bénie, et par la manifestation des enfants de Dieu ; et, principalement, parce que Jésus règne, Jésus haï du monde ! Jésus le méprisé et le rejeté des hommes! mais Jésus, le Fils bien-aimé du Père, l’Époux glorieux de l’Église glorifiée!
Ce qui précède le vers. 19 du chap. 11° termine l’histoire générale des voies de Dieu. Et, avant d’en venir aux jugements spéciaux sur l’Apostasie, l’Apocalypse nous révèle plus en détail ce qui doit arriver sur la terre. Le verset 18 avait conduit jusqu’à la fin, jusqu’à la septième trompette. Le verset 19 reprend les choses de plus haut.
Dans ce qui suit, nous avons : 1° les sources du mal et ce qui découle de ces sources ; 2° le développement de la puissance de Satan et des ressorts du mal dans les instruments qu’il emploie, mal qui se développe sous une forme très positive; 3° enfin, ce que Dieu fait pour détruire le mal.
Chapitre 11 :19. Le temple de Dieu est ouvert dans le Ciel, et l’Arche de l’alliance est vue dans son temple. Avant que le mal se manifeste, nous avons cette joie que rien ne peut toucher à l’Arche, et que tout ce qui concerne le peuple de Dieu est fondé, est ferme et assuré dans le Ciel. En traitant alliance avec son peuple, le Seigneur se lie. C’est ici l’Arche de son alliance. La puissance de Dieu, sa sainteté sont obligées de se développer pour son peuple, de se déployer en sa faveur. Cela est précieux. Le coeur de l’homme veut être effrayé par la vue du mal. Mais, avant de laisser voir le mal, Dieu manifeste à la vue de la foi son temple et l’Arche de son alliance, où tout est ferme, où rien ne peut être touché. Les foudres peuvent tomber sur la terre, mais non sur le temple de Dieu. Ce n’est plus le trône ; c’est le lieu d’adoration, le lieu où Dieu est adoré.
Les éclairs, les voix, les tonnerres, la grêle sont l’action de Dieu sur l’atmosphère de la terre, sur ce qui entoure la terre. Les terreurs de Dieu agissent sur le monde.
Après cela, l’Apocalypse nous montre les sources du mal, et le jugement de Dieu sur ces sources.
Les chapitres 12, 13 et 14 forment un tout. Le 12° nous présente en grand les sources et les résultats. Le 13°, les instruments de Satan pour le développement du mal sur la terre. Le 14°, les relations de Dieu en bien avec son peuple et le monde, ainsi que les jugements de Dieu sur les instruments de Satan que le chap. 13° nous fait connaître.
Le chapitre 12° a trois parties : la première, du verset 1 au verset 6 ; la seconde, du verset 7 au verset 12 ; la troisième, du verset 13 au verset 17.
Première partie. Les six premiers versets nous présentent les acteurs de cette scène, savoir :
— Une femme enceinte de celui qui est l’objet de tous les conseils de Dieu et le vase de sa puissance sur la terre; faible en elle-même, elle est revêtue de la gloire suprême selon ses conseils. C’est Israël selon les pensées et selon les conseils de Dieu.
— Un enfant puissant, qui n’exerce pas encore sa puissance, mais qui est caché et retiré de la scène dans le Ciel, tandis que la femme s’enfuit dans le désert.
— Un grand dragon roux, Satan, qui veut dévorer l’enfant, et qui hait la femme et la poursuit.
La femme est revêtue du soleil, de la gloire souveraine, de toute autorité suprême. La lune est sous ses pieds ; le reflet de cette gloire, l’ancien système symbolique d’Israël est sous ses pieds. Elle est couronnée de douze étoiles, de puissance dans l’homme développée en perfection (*).
(*) On trouvera le nombre sept signe de la perfection essentielle en bien ou en mal; et douze, de la perfection dans l’homme; ainsi : douze Patriarches, douze Apôtres, etc.
Le second signe au ciel, c’est l’enfant fort. La femme n’est pas l’Église. Il y a un dragon roux contre la femme; c’est Satan qui s’oppose à la manifestation de la gloire de l’enfant et de la femme. Sa puissance est parfaite en son genre, mais imparfaite dans son développement humain : il a sept têtes couronnées et dix cornes. La queue désigne l’influence mauvaise d’erreur et de doctrine. Le Dragon entraîne la troisième partie des étoiles, des autorités. Satan veut dévorer le Fils. L’enfant est Christ, et c’est aussi son Église comme associée à Christ. Elle doit, comme Christ, gouverner les nations (Ps. 2 et Apoc. 2 :26, 27). L’Église reçoit cela comme associée à Christ; cependant, elle sera aussi active dans le Ciel. Quand le Seigneur Jésus reviendra dans le déploiement de son autorité, il gouvernera les nations avec un sceptre de fer, et l’Église sera avec lui (Ps. 2 : 6-9; Apoc. 2 :27). C’est ce que Christ fera quand il possédera l’héritage des nations. Maintenant, il demande l’Église (Jean 17 : 9). Plus tard, il demandera le monde (Ps. 2 : 7). Il communique à l’Église la possession du monde (Apoc. 2 :27). L’enfant màle est donc Christ, tête de l’Église qui est son corps. Tout l’homme, c’est Christ et l’Église. Christ communique à l’Église tout ce qu’il a; mais la puissance de Christ n’est pas encore mise en évidence. Christ et l’Église sont cachés vers Dieu. La femme, au contraire, qui était revêtue du soleil, demeure sur la terre et dans le désert. Du moment où il faut chercher cette femme sur la terre, ce ne peut être que les Juifs. L’Église n’est que dans les lieux célestes, et n’est pas connue sur la terre. Jérusalem est le centre où Dieu reconnaît son peuple. C’est le peuple de Dieu, en relation avec Dieu, qui devient la femme sur la terre quand l’enfant mâle est dans le Ciel. Si l’on en vient aux instruments terrestres, c’est des Juifs que Christ est né : «De Sion il sera dit : Cet homme est né là» (Ps. 87), És. 9 : Un fils nous est né. Nous avons la pensée de Dieu dans la femme, et la gloire. Nous avons en outre le fruit de cette pensée, Christ, mais pour le moment caché. — La puissance du Dragon en veut à la femme; mais elle ne peut toucher à l’enfant qui est dans le Ciel.
Seconde partie. Versets 7-12. Nous apprenons ici quelles sont les circonstances qui forcent la femme à fuir. Satan et ses anges sont dans le Ciel (Éphés. 6 :12). Les cieux que Dieu a créés, où son trône peut être placé, sont accessibles à Satan. C’est là qu’il a accusé Job ; mais Satan ne peut entrer dans la lumière inaccessible. Jésus dit en parlant des miracles de ses disciples — «J’ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair.» À la vue d’un petit échantillon des puissances du monde à venir, il aperçoit en perspective toute la puissance de Satan chassé du ciel. Il y a ici une bataille dans le ciel. Michel et ses anges combattent contre le Dragon et ses anges. Michel est appelé l’Archange (Jude, 9). La Parole de Dieu ne parle que d’un archange. Le résultat immédiat de cette bataille est que Satan est chassé sur la terre. Il ne peut plus rien dans le ciel. C’est se tromper complètement que de penser que Satan est dans l’étang de feu. Il est avec les anges dans les lieux célestes. Il y aura même des hommes dans le lac de feu brûlant et dans le soufre avant que Satan y soit (Apoc. 19 :20). Il sera chassé du ciel et jeté sur la terre, où il agira encore et séduira les nations. Il est encore adoré chez les nations païennes. — Depuis le moment où la prophétie nous conduit ici par avance, les cieux sont pour toujours nettoyés des souillures et de la présence de Satan. Il a été vaincu à cause du sang de l’Agneau. L’effet des accusations de Satan est de manifester la faveur de Dieu envers ses enfants. Chassé du ciel, Satan viendra sur la terre y faire éclater la révolte contre le ciel.
Troisième partie. Versets 13-17. Au lieu de voir, comme au verset 1, la femme dans le ciel, ayant le soleil pour couronne, c’est-à-dire, selon la pensée et les conseils de Dieu, revêtue de l’autorité suprême, nous la trouvons sur la terre. Christ est sorti de la femme, des Juifs. L’Église n’est nullement la mère de Christ : elle est son épouse. Quand Satan est chassé du ciel, il commence à en vouloir au peuple juif, où est le seul témoignage de Dieu sur la terre.
Deux ailes d’un grand aigle sont données à la femme. L’homme fort de Dieu, Christ, n’exerce pas encore sa puissance. La femme n’a rien à faire qu’à s’enfuir pour trois ans et demi, temps pendant lequel Satan exercera sa fureur sur la terre. La seule ressource de la femme sera de fuir. Jésus l’a dit en Matth. 24 :16. Depuis le moment où l’abomination qui cause la désolation sera établie dans le lieu saint (Matth. 24 :15 ; Dan. 11 :31), il s’écoulera trois ans et demi jusqu’à la délivrance. Au commencement de ces trois ans et demi, il faut que les disciples fuient aux montagnes (Matth. 24 :16). La femme s’enfuit au désert. C’est le temps de l’indignation (Dan. 8 : 19), et de la vengeance (És. 34 : 8 ; 60 : 2 ; Jér. 50 :15, 28 ; 51 : 6, 11, etc.). On ne peut appliquer aux aigles romaines ce qui est dit de l’abomination qui cause la désolation. Rien, depuis la prise de Jérusalem par Titus, ne coïncide avec l’accomplissement des 1290 jours déterminés en Dan. 12 : 11, même en supputant, comme quelques-uns le voudraient, 1290 ans au lieu de 1290 jours.
Le Serpent fait tous ses efforts pour détruire la femme, même quand elle fuit. — Il demeure (vers. 17) un résidu de la semence de la femme, contre lequel Satan fera la guerre. Ceux qui gardent les commandements de Dieu et le témoignage (*) de Jésus-Christ sont ceux qui ont l’esprit de prophétie, qui s’attachent à Jésus (**), à la promesse de Dieu et non à l’Antichrist. Le fleuve qui sort de la gueule du Dragon, c’est une masse de peuples. En Ésaïe 8 : 7 et 8, le roi d’Assur et toute sa gloire, quand il vient ravager la Judée, sont présentés sous l’image des eaux d’un fleuve grosses et fortes. La terre engloutit le fleuve que le Dragon jette après la femme. Dieu, par sa providence, empêche ces nations de dévorer et de détruire Israël.
(*) Il me paraît certain que le témoignage de Jésus-Christ est le témoignage qu’il a rendu, et, non celui qui lui a été rendu.
Je n’ai pas pu trouver un seul exemple d’un témoin à l’égard d’une personne exprimé avec le génitif de la personne. Il est presque toujours construit avec peri. Dans les cas où cette préposition manque, il y a le datif de la personne : témoignage à et non témoignage de. Il y en a quelques exemples dans le Nouveau Testament. Les exemples où le témoignage est au génitif avec peri pour exprimer le rapport du témoignage avec celui qui en est l’objet, sont trop nombreux pour être cités ici. Il est dit : «Jean a rendu témoignage à la vérité; » et «Tous et la vérité rendent témoignage à Démétrius» (Jean 5 :33; — 3 Jean 12 et aussi 3 et 6). Le commencement de l’Apocalypse nous donne une confirmation additionnelle de ceci (même si 1 Cor. 1 : 6, était pris de cette manière). Christ envoie et signifie ce qu’il a reçu de Dieu, et le Prophète rapporte la parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ. Ici, je pense, on ne peut douter que le témoignage de Jésus-Christ ne soit celui qu’il a donné, ou envoyé, ou signifié; ce que confirment les paroles : «tout ce qu’il a vu,» non pas : et tout ce, etc. Ce témoignage de Jésus-Christ a été la même chose que l’esprit de prophétie; c’était un seul et même témoignage. L’esprit de prophétie était le témoignage de Jésus lui-même, dans les mains duquel il peut même se trouver. Ainsi je n’ai aucun doute que ce ne soit le témoignage de Jésus, et non le témoignage à Jésus. Cela serait d’autant plus important que cela montrerait que le témoignage auquel ce passage fait allusion était le témoignage prophétique. Nul doute que l’Évangile ne fût le témoignage de Jésus. Il est vérité, quoique le sujet ou l’instrument du témoignage. Mais la pensée générale était ici le témoignage prophétique. Je ne puis le prendre autrement, même au verset 9, à cause des mots: «royaume et patience.» Wahl affirme comme chose certaine ce que j’ai avancé ici.
(**) C’est-à-dire au témoignage de l’esprit de prophétie, qui est le témoignage de Jésus. Voyez la note précédente.
Nous avons ici la fin de la dernière semaine de Daniel. Cette fin de semaine reste pour les choses terrestres. Elle demeure à accomplir. Après le combat dont il est parlé dans ce chapitre, Satan ne regagnera jamais le ciel. Après avoir été lié dans l’abîme pendant mille ans, il regagnera la terre et séduira les nations (Apoc. 20 : 8), mais il ne regagnera jamais le ciel.
Les habitants de la terre ne sont jamais l’Église. Ce sont ceux qui s’attachent au système de ce monde dans la terre prophétique aux derniers jours, et qui y demeurent. Ceux de la mer sont les nations en dehors de la terre prophétique. Ceux qui habitent sur la terre sans être justes ont contre eux Satan dans toute sa fureur. La femme s’enfuit (*).
(*) L’ordre observé ici est à remarquer. — L’enlèvement de l’enfant mâle. — La guerre dans le ciel. — Sur la terre, la persécution de la femme par Satan chassé du ciel.
Le chapitre 12 nous a appris à connaître les sources du mal dans un grand signe qui paraît au ciel. On voit dans le chapitre 13° les instruments mauvais qui se trouvent sur la terre, instruments que, dans son iniquité, Satan emploie pour l’accomplissement de tout ce mal dont il est la source. Le Dragon imite Dieu qui donne toute autorité au Fils, et celui-ci au Saint Esprit qui l’exerce en sa présence. Satan donne sa puissance à une Bête, et il y a une autre Bête qui l’exerce en la présence de la première. L’une des Bêtes vient de la mer, l’autre de la terre. Nous avons en elles les instruments du mal sur la terre et leur plein développement.
Première Bête, versets 1 à 10. La mer représente une masse de peuples où il n’y a point de forme. Quand la chose est en ordre, elle a une forme : c’est la terre. La mer, c’est la masse des peuples avant qu’ils prennent une forme définitive. En Apocalypse 17 :15, Babylone est assise sur les mers, c’est-à-dire, sur les peuples, les nations, les langues.
L’ours, le léopard, le lion sont, en Daniel, les symboles de trois d’entre les quatre monarchies. Quand le trône de Dieu a cessé d’exister à Jérusalem, Dieu a remis toute puissance aux mains des Gentils. Il y a, jusqu’à la fin, quatre empires représentés par quatre Bêtes. Il n’est rien dit ici des trois premières, parce qu’elles avaient déjà passé du temps de l’Apôtre (*). La prophétie ne pouvait plus concerner que la quatrième Bête, l’empire Romain. C’est la Bête la plus importante, celle qui a eu affaire au Seigneur Jésus. L’empire Romain a été mis à l’épreuve de la part de Dieu par la présence du Seigneur Jésus. Jésus a été présenté à la quatrième Bête, et condamné par Pilate comme roi des Juifs. Il était né roi des Juifs, et le trône de Dieu sur la terre lui appartenait. Il a été le rejeté des hommes ; toutefois le trône lui appartient, et le trône lui sera rendu (Actes 2 :30; Ésaïe 9 : 5, 6, etc.). En attendant, il est caché en Dieu et assis à sa droite, selon le Psaume 110°. L’empire Romain s’est rendu coupable d’avoir rejeté Celui qui seul avait droit de domination sur toute la terre. Cela donne un caractère spécial à cette Bête. Ce n’est pas tout. Cette Bête fait, dans tous les temps et dans toutes les circonstances, la guerre aux Saints sur la terre, et poursuit en eux le Seigneur Jésus. L’empire Romain a le caractère des trois premières Bêtes, et en réunit les qualités dans son corps. La quatrième Bête sera détruite (Dan. 7 : 26), et alors la Seigneurie sera donnée au Fils de l’Homme par l’Ancien des Jours (Dan. 7 : 11-14). Cette Bête reçoit la puissance du Dragon (Apoc. 13 :2), et devient directement l’instrument de Satan. Comme le Père a donné toute puissance au Fils, et que, spirituellement parlant, elle est exercée ici-bas par le Saint Esprit, de même le Dragon donne sa puissance à la Bête, puissance exercée par une seconde Bête.
(*) Elles sont seulement ramenées dans la forme de la quatrième.
La première Bête a sept têtes et dix cornes. Chaque corne est un royaume. Chaque royaume est couronné. Tous ces royaumes sont d’accord à donner leur puissance à la Bête, qui est un principe de blasphème. L’empire Romain doit être divisé en dix royaumes, qui donnent leur puissance à la Bête. Cela n’est pas encore arrivé. Il est vrai que l’empire Romain est déjà tombé une fois et a été divisé; mais cela n’accomplit point la prophétie. L’union de la Bête avec les dix cornes n’a jamais existé. Quand les royaumes barbares du moyen-âge sont entrés en scène, ils ont détruit l’unité de l’empire Romain. La coexistence de cette unité et des dix royaumes n’a jamais eu lieu. Au lieu de donner leur puissance à la Bête, il faudrait dire que les royaumes barbares, que l’on veut considérer comme ces dix cornes, ont détruit la Bête. Cela nous prouve qu’il est inutile de chercher dans le passé l’accomplissement des choses que l’Apocalypse nous révèle ici, et dont Dan. 7 et Apoc. 17 :12-14, nous instruisent aussi. Leur accomplissement est encore à venir. Ce sont des choses prophétiques et non historiques. Nous pouvons laisser de côté cinq têtes déjà tombées au temps de l’Apôtre. Il y a une tête contemporaine de l’Apôtre, et une autre qui doit venir. Une des têtes a une plaie mortelle ; mais elle doit guérir ou ressusciter (*). C’est en tout l’imitation de ce que Dieu fait et de la résurrection du Seigneur Jésus. Tous les royaumes de l’ouest de l’Europe se réuniront pour donner leur puissance à l’empire Romain. — Dans l’admiration de ce rétablissement de l’empire Romain, toute la terre suivra la Bête. Jamais encore cela n’est arrivé. Napoléon en offre une image. C’est comme un prélude à l’accomplissement de la prophétie. Il y aura une admiration d’adoration, de culte envers cet empire ressuscité.
(*) Il ne s’agit pas du tout ici d’une description d’un Antichrist personnel, mais bien d’une description caractéristique de la puissance collective de la Bête. La plaie mortelle de l’Antichrist, par exemple, n’a jamais été guérie.
Outre ce côté extérieur, il y a (verset 5) un côté moral, une bouche qui profère des blasphèmes (Dan. 7 : 8). Ce temps terrible des blasphèmes de la Bête durera quarante-deux mois. Elle déploie sa colère contre ceux qui habitent au Ciel. En principe, il en est déjà ainsi. Si un chrétien veut être un habitant du Ciel, le monde ne peut pas le supporter. Cela sera encore plus terrible alors. Il faut distinguer ceux qui habitent sur la terre, c’est-à-dire sur la terre prophétique, qui ont leurs espérances sur la terre, et qui n’y sont pas étrangers et pèlerins, d’avec les nations, tribus et langues, qui sont les hommes en général. Ceux qui habitent sur la terre adoreront la Bête, ce qui n’est pas dit des langues, tribus et nations. La condition de ceux qui habitent sur la terre sera d’adorer la Bête. Les langues, tribus, peuples et nations subissent son autorité, mais elles ne la suivent ni ne l’adorent (2 Thess. 2 : 9-12). Il y a l’avènement de l’Antichrist comme l’avènement de Christ. Ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité, mais qui ont aimé l’iniquité, seront livrés au mensonge, à l’erreur efficace pour croire au mensonge. Ce sont là ceux qui habitent sur la terre, la chrétienté (*), et non les païens à qui la vérité n’a jamais été proposée. Les expressions : puissance, prodiges, miracles, sont celles mêmes que Pierre emploie (Act. 2 :22) pour démontrer aux Juifs la puissance de Jésus. Satan déploiera les mêmes choses dans le mal pour accréditer le mal. Il est terrible de voir le monde rejeter la vérité, être livré au mensonge, et réduit à adorer celui à qui le Dragon a donné la puissance, pour n’avoir pas voulu adorer le Christ à qui Dieu a donné la puissance.
(*) Je ne doute guère que ceci n’ait une application encore plus directe à la Palestine. Elle est la terre par excellence.
Ce que nous lisons au verset 10 est un principe pour les chrétiens. La patience et la foi des Saints ont pour caractère de ne pas résister du tout. Cela est vrai dans tous les temps. Si quelqu’un veut employer les armes de la chair, il les subira. Qui tirera l’épée périra par l’épée.
Seconde Bête, versets 11-18. Elle sort de la terre prophétique (*), des nations qui ont une forme. Elle a la forme de la puissance du Christ, la forme de l’Agneau quant à ses cornes, mais ce qu’elle dit est la voix de Satan. Elle se revêt de la forme de l’Agneau quant à sa puissance, et toutefois elle a la doctrine du Dragon. La seconde Bête exerce toute la puissance de la première en sa présence. Elle fait des prodiges pareils à celui d’Élie, qui faisait descendre le feu du ciel pour assurer Israël que Jehovah était le seul vrai Dieu. Elle prend l’apparence de faire descendre sur les hommes les jugements de Dieu.
(*) Le monde prophétique n’est pas du tout la même chose que le monde romain. Près de la moitié de la terre prophétique (en limitant cette expression aux quatre empires) est en dehors du monde romain. En outre, quoique je n’aie point d’objection contre cette distinction de terre prophétique, dont il est question en Daniel, parce qu’elle est en relation avec les temps des Gentils, et avec la puissance qui leur est donnée pendant la période de la rejection de Jérusalem, toujours est-il à propos de rappeler qu’une portion considérable des prophéties s’applique à d’autres sujets et à d’autres contrées ; ainsi, nous ne devons pas nous figurer que, par la terre prophétique, il faille entendre la terre dont traite la Prophétie, mais, uniquement, cette portion de la terre abandonnée aux Gentils pendant une certaine période prophétique, durant laquelle Jérusalem a été mise de côté, et l’autorité de la maison de David brisée, — cette verge étant méprisée comme tout autre arbre. Si nous ne tenons pas compte de cette distinction, le livre entier d’Ézéchiel, par exemple, sera laissé en dehors de la Prophétie. Et ce n’est pas tout : il y a encore Nahum, Jonas, Amos et une grande partie des livres d’autres Prophètes, qui s’occupent d’autres contrées, ou d’Israël et de Juda, sous d’autres points de vue.
De plus, c’est une grave erreur de dire que la situation géographique de la terre prophétique soit autour de la Grande Mer, ou de la Mer Méditerranée. Les deux premiers Empires, après toutes leurs conquêtes, ne firent qu’atteindre les bords de cette mer; le vrai corps de leur territoire était loin, bien loin d’elle.... Le commencement de la grandeur de la terre prophétique (c’est-à-dire Babylone) n’eut aucune relation avec la Grande Mer. L’Empire subséquent fut plus à l’est encore; et le troisième, issu d’un pays peu éloigné de la Méditerranée, poussa toutes ses conquêtes loin d’eIle, du côté de l’orient, et n’occupa jamais que l’extrémité de cette mer qui avait déjà été en la possession des Perses. Les quatre cinquièmes de la Méditerranée demeurèrent en dehors du troisième Empire, ou de l’Empire grec; les Romains seuls l’enveloppèrent dans leurs conquêtes et sous leur domination.
La forme de Bête n’est pas la dernière forme de la seconde Bête. Elle paraîtra à la fin comme faux-prophète. Ici, ce sont seulement les premières manifestations. On voit la première Bête dans tout son ensemble ; mais la fin de la seconde Bête est à la fin du chapitre 19, où nous voyons la Bête être prise avec le faux-prophète. On reconnaît évidemment là les deux Bêtes du chapitre 13 ; et le faux-prophète du 19° est la seconde Bête du 13°. La seconde Bête ne garde pas toujours le caractère de puissance terrestre et séculière. Elle a une doctrine; et, quand sa puissance tombe, sa doctrine lui prête de l’influence; elle perd son caractère de Bête, mais non celui de faux-prophète. Dans sa destruction finale, elle est caractérisée comme faux-prophète. Il est peut-être incertain si sa destruction comme faux prophète fait autre chose que de présenter ce qui caractérise la Bête, seul caractère qu’elle retienne dans ses dernières relations avec la première Bête. C’est une personne qui exerce toute son influence par sa doctrine. Son premier caractère et sa première puissance sont perdus; on ne dit pas comment. La puissance de la seconde Bête était dans ses prodiges. La même influence est dans le faux-prophète. On reconnaît en lui la Bête. C’est une séduction pour séduire les habitants de la terre, et les soumettre à la première Bête, à l’empire Romain, qui est le dépositaire direct de la puissance de Satan. C’est la fin de ce mélange de religion et de mondanité qui donne à ceux qui professent de servir Dieu le titre d’habitants de la terre. Si nous sommes chrétiens, nous sommes du Ciel et non de l’empire Romain. L’homme pense que, s’il se débarrasse de la religion, la marche de l’intelligence sera plus rapide, et qu’il sera plus heureux. Oui, il y aura plus d’activité d’intelligence, mais pas un iota de conscience. La bouche sera pleine de blasphèmes. D’autres croient que le christianisme aura le dessus. Non. Les incrédules auront ce qu’ils désirent, ce qui est l’objet de leur attente. Les facultés de l’homme produiront des choses extraordinaires, mais elles ne produiront ni la conscience, ni le bonheur, ni la vie éternelle ; et l’homme ne s’exalte que pour recevoir un coup plus terrible, un jugement plus épouvantable! C’est là ce que la Parole de Dieu nous dit. Quand même la grande Prostituée sera détruite (Apoc. 17 :16-17), il n’en résultera pas la conversion de ceux qui l’auront détruite, car les dix rois donnent leur autorité à la Bête. Il faut que les choses en viennent là pour que le jugement de Dieu s’exécute. La conscience même peut jeter dans les bras de Satan, si l’on n’est pas garanti par la puissance de Jésus. Afin que personne n’échappe à la première Bête, la seconde est là pour séduire les hommes par le mensonge.
Toutes ces choses nous sont dites pour que nous rejetions jusqu’au moindre détail de ce système de corruption qui a l’apparence de l’autorité du Christ sous quelque forme que ce soit, mais qui a la parole du Dragon.
L’image de la Bête, verset 15, c’est l’image du chef de l’empire Romain.
Versets 17 et 18. Je confesse mon ignorance sur le nombre 666. Je ne puis rien vous présenter qui me satisfasse. Avec les mots apostasie et tradition, on trouve le nombre 666 ; mais je ne sais rien de sûr sur cela.
Dieu nous fasse sentir et voir dans quel train et dans quel chemin le monde marche, afin d’en éviter toutes les influences! Quand on connaît la fin d’une chose, on évite ce qui conduit à cette fin (*). Cet avenir de la chrétienté est terrible. Dieu nous le fait connaître afin que nous l’évitions. Plus je vois ce qui se passe (**), plus je vois que les choses se hâtent pour que le mal ait le dessus, afin que Dieu le frappe et nettoie la terre. Il faut le comble de l’iniquité pour que Dieu frappe (Gen. 15 : 16). Nous sommes dans les derniers temps à cet égard. Les hommes croient à de grands progrès, et ont un grand malaise dans l’attente de ce qui va arriver. Les chrétiens ont à se tenir à part, et à vivre selon les principes d’une vocation céleste.
(*) J’admets que nous sommes intéressés dans les événements prédits, dans un sens différent, par les prophéties de l’Ancien Testament ; parce que les prophéties de l’Ancien Testament annoncent les conséquences de la conduite d’Israël, et l’Apocalypse, les conséquences de la conduite de l’Église ou de la chrétienté, ainsi que les voies de Dieu à cet égard. Il en résulte que tout homme qui se trouve sur le théâtre de la chrétienté, est très directement intéressé dans tout le contenu de ce livre, et cela de la manière la plus sérieuse et la plus solennelle; mais cela ne prouve nullement que l’Église fidèle doive être enveloppée dans les circonstances dont elle est ainsi avertie, quoique ces avertissements puissent être du plus profond intérêt pour elle. Les avertissements et les révélations peuvent être précisément des moyens de nous empêcher d’être enveloppés dans ces circonstances, tout en pouvant contribuer à guider et à soutenir ceux qui s’y trouveront. Bienheureux celui qui lit, et ceux qui écoutent les paroles de cette Prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites ! car le temps est proche. À quoi j’ajoute seulement, que cette exhortation de Jean s’applique à ceux qui ne se trouvaient pas dans les circonstances en question; car il dit : «Bienheureux sont ceux qui gardent les choses qui y sont écrites! » et cela non pas en tant qu’étant dans les circonstances, mais, au contraire, parce que le temps est proche. C’est-à-dire qu’ils devaient anticiper les choses révélées dans cette Prophétie. Je puis observer moralement les choses dont parle une prophétie, non pas quand les jugements prophétisés sont là. C’est une révélation de choses futures, qui doit agir actuellement sur ma conscience. Je ne veux pas dire qu’il n’y ait pas là des directions pour les saints qui se trouveront impliqués dans les événements annoncés. Il peut y en avoir dans des cas particuliers. Le Seigneur peut dire, comme il a dit ailleurs : «Alors faites ceci;» puis : «alors faites cela;» mais une bénédiction attachée à l’observation des choses écrites dans une prophétie, tant qu’elle demeure prophétie (et c’est ici le cas), ne se rapporte pas à la conduite de quelqu’un placé dans les circonstances prédites, et, par conséquent, ne peut nullement prouver que nous soyons dans ces circonstances.
(**) Ces notes ont été prises en 1842.
Le chapitre précédent nous a donné la description et l’histoire des grands instruments du mal sur la terre. Celui-ci, qui est le dernier des trois chapitres (12-14) dont l’ensemble forme, pour ainsi dire, un livre, nous donne l’histoire des voies de Dieu sur la terre pendant la puissance de la Bête jusqu’à la fin des jugements. Nous nous trouvons ici, non dans le Ciel, comme au chapitre 12°, non sur la terre avec la Bête, mais sur la montagne de Sion. Dieu agit encore en grâce, non plus pour rassembler l’Église, mais envers le résidu sur la terre.
Versets 1-5. Il y a des rachetés d’entre ceux de la terre, qui sont des prémices à Dieu et à l’Agneau. Avant que la moisson soit complètement mûre, des prémices sont présentées à Dieu. Nous sommes les prémices célestes de toute la création pour être avec Christ, chef de la création, d’une manière céleste. Mais Dieu veut qu’il y ait un lien entre le Ciel et la terre. Jésus doit unir toutes choses au Ciel et sur la terre. Le péché a embrouillé tout cela et rompu le lien. Jésus est venu, et il était sur la terre un lien entre le Ciel et la terre. Le Saint Esprit descend sur lui. Le ciel était ouvert parce que Jésus, celui que le Ciel pouvait reconnaître, était sur la terre. En Jean 1 : 51, les anges descendent sur lui comme Fils de l’homme, ce qui sera pleinement accompli dans la gloire de Jésus. Étienne voit le ciel ouvert; mais Jésus, l’objet des délices de Dieu, est dans le Ciel, où l’homme est entré en Christ, et où l’homme peut trouver place avec Christ. Le ciel s’ouvre quand l’Évangile est rejeté des Juifs, afin que l’Église, pleine du Saint Esprit, contemple la gloire de Dieu. Quand Jésus était sur la terre, le Ciel regardait la terre; maintenant que Jésus est dans le Ciel, l’Église sur la terre regarde en haut.
Jésus n’a pas renoncé à ses droits sur la terre. L’Église est choisie par lui, pour être dans le Ciel avec lui, et pour partager la possession des droits de Jésus sur la terre. Jésus doit régner et unir les Cieux et la terre. Cela commence ici (*). Les cent quarante-quatre mille sont sur la montagne de Sion, et, à ce qui paraît, apprennent le cantique des Cieux. En Sinaï, Dieu demande à la terre l’obéissance. La montagne de Sion représente, au contraire, la grâce royale sur la terre. Après qu’Israël a manqué sous Moïse, sous les Juges, sous Saül, David devient roi élu de Dieu pour régner sur son peuple. Jésus doit s’asseoir sur le trône de David. David a transporté l’Arche sur la montagne de Sion, en la cité de David (2 Sam. 6 :12-19). Il est dit dans l’épître aux Hébreux, chapitre 12 :22 : «Vous êtes venus à la montagne de Sion,» c’est-à-dire, non au Ciel, mais à la montagne de la grâce royale, par opposition à Sinaï, à la montagne où l’Arche de l’alliance se trouvait avant que le temple fût bâti. La suite de ce passage donne le millénium dans sa partie céleste et sa partie terrestre (Ps. 78 :67-72). — Après l’infidélité d’Israël, Dieu choisit David pour paître son peuple. La montagne de Sion est le siège de cette autorité. Le passage de l’épître aux Hébreux cité plus haut montre toute la gloire qui entourera le Seigneur Jésus, lorsqu’il montera sur le trône de David ; et l’épître aux Hébreux nous dit : Vous n’appartenez pas au système de Sinaï, où l’homme manque, mais au système de la grâce.
(*) Sion n’était pas la place du temple, mais celle de la royauté; mais d’abord de la grâce; — la place des relations de Dieu en grâce avec la terre, avant que le temple fût bâti, — là où David avait préparé un lieu pour l’Arche, — Sion en contraste avec Sinaï, la place de la loi pour la terre. Aussi, la loi devait sortir en grâce de la ville du grand Roi, cette «Sion qui annonce de bonnes nouvelles.» Ici donc, par anticipation du temps où le Seigneur Dieu et l’Agneau doivent être le temple de la Jérusalem céleste, où, en même temps, sur la terre, la gloire de Salomon doit être déployée dans tout son éclat, — ici, dis-je, se tenait un Agneau, continuant à conserver ce caractère, n’apparaissant pas encore dans celui de Fils de l’Homme, mais tirant du côté de sa royauté, du côté de la terre, sans cesser pourtant d’être associé à son peuple, qui souffre encore, et au nombre parfait du résidu, de ceux qui ont le nom de son Père sur leurs fronts, manifestation de caractère en eux semblable, aux yeux de la grâce, à celui que Christ a porté. Leur trait caractéristique consiste en ceci, c’est qu’ils se sont conservés purs. Ceux qui habitent sur la terre, lisons-nous plus bas, ont été enivrés du poison de la fornication de Babylone; mais ceux-ci se sont conservés purs, quoique Babylone ne soit pas encore tombée. Ils ont été rachetés d’entre les hommes, de la terre, — pour former un peuple particulier par la puissance de leurs vies au milieu de ces professants, pendant que Babylone subsiste encore. Ce n’est donc pas du règne de Christ en bénédiction qu’il est question ici, non plus que de la proclamation au loin de l’Évangile; il ne s’agit que de la pureté d’un petit nombre de témoins fidèles, qui suivent l’Agneau, le saint Martyr. Le monde peut les avoir méprisés, comme un peuple inconnu; toutefois, le résidu complet, parfait, ne s’en trouve pas moins rassemblé ici. Et, comme Sion, ainsi que nous l’avons dit, était la place de l’Arche avant la construction du temple (le temple étant le type de la gloire établie), nous les trouvons ici rassemblés sur le mont de Sion; cependant, nous sommes toujours dans les lieux célestes, car le cantique nouveau est chanté devant le trône de Dieu et devant les Anciens. La moisson et les actes du Fils de l’homme sont subséquents à ceci, de même que la chute de Babylone. Ceux-ci sont rachetés de la terre, pendant que la terre continuait à ressembler au portrait qui en est tracé dans les deux précédents chapitres, rachetés, disons-nous, comme prémices à Dieu et à l’Agneau (**). C’est la première fois que nous voyons cette relation formellement exprimée. Elle me parait se rattacher à la fidélité pendant la corruption, durant laquelle l’œuvre médiatoriale de Christ a été confondue, pervertie ou niée, de même que la gloire médiatoriale est décrite en ces termes : «trône de Dieu et de l’Agneau», «le Seigneur Dieu Tout-Puissant et l’Agneau en sont le temple,» etc. Ainsi, dans l’Épouse fidèle mise en contraste avec la grande Prostituée qui corrompt la terre par sa fornication, nous avons l’ÉgIise élue ou céleste (dont il est parlé, par conséquent, comme revenant du ciel), opposée au système terrestre qui se lie avec les rois de la terre. C’est le Seigneur Dieu qui juge la prostituée. Les rois de la terre font la guerre à l’Agneau. «Prémices à Dieu et à l’Agneau», ces mots semblent indiquer la séparation d’avec le mal, d’un côté; la souffrance, dans la fidélité à l’Agneau, de la part des incrédules, d’un autre côté.
(**) Ces mots, dans cette occurrence, sembleraient indiquer que, outre l’Église proprement dite, dont la place est dans les Cieux et qui, dans un sens, en a fini avec la terre, il y aurait un résidu racheté de la terre, en relation aussi avec l’Agneau (c’est-à-dire avec Christ souffrant), reconnu par son Père, et chantant devant le trône et devant les Anciens; classe particulière de personnages, ayant aussi un cantique tout spécial. Ils sont les prémices achetées de la terre, achetées d’entre les hommes. Le corps de l’Église, dans son caractère céleste, avait précédemment disparu de la scène; il n’avait rien à faire avec la terre. Plus tard, le refus d’adorer la Bête conduit à la délivrance dans un lieu terrestre, délivrance que fait ressortir encore l’avertissement d’une colère et de tourments sans fin, devant les saints anges, ministres de la Providence de Dieu, et devant l’Agneau immolé, dont, dans la grande controverse, les adorateurs de la Bête ont refusé et repoussé la grâce, la puissance et les droits. Ces cent quarante-quatre mille sont davantage, au point de vue des circonstances, conformes au Seigneur dans son lot terrestre et dans son élévation. Ils ne sont pas considérés à part comme I’Épouse de Christ, mais comme occupant une place spéciale en tant que vierges à l’égard du mal qui corrompait la terre.
Jean voit l’Agneau sur la montagne de Sion. On ne peut jouir de la faveur de Dieu que par l’Agneau. Le Ciel entonne un cantique de joie, parce que la bénédiction de la terre commence à poindre. Ceux qui sont rachetés de la terre apprennent le cantique. C’est une oeuvre et une bénédiction particulières avant la moisson générale ; ce sont les épis mûrs les premiers, choisis et présentés à Dieu avant les autres. Ces cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre sont les seuls qui puissent apprendre ce cantique. Ils ont l’ouïe plus fine pour entendre les choses du Ciel, et pour être un lien entre le Ciel et la terre.
Dans l’Apocalypse, la terre (h gh) est toujours distincte du monde (*). La terre est ce qu’on appelle la terre prophétique, où la lumière a déjà été. Avant que Dieu juge les nations, les tribus, les peuples et les langues qui sont hors de la terre, aussi bien que ceux qui habitent sur la terre, il y a un nouveau témoignage, celui d’un Ange qui annonce les jugements de Dieu qui vont tomber sur le monde (vers. 6 et 7). Ce n’est pas ici l’Évangile qui rassemble l’Église, c’est l’Évangile éternel (**). Le témoignage de l’Ange est : «Craignez Dieu et lui donnez gloire, parce que l’heure de son jugement est venue; et adorez Celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources des eaux.» Ce témoignage porte sur le jugement de Dieu, et fait un appel aux nations idolâtres pour les engager à fuir ce jugement (***). Il n’est pas question ici du message du salut que Dieu adresse maintenant aux hommes en faisant prêcher le nom de Jésus. Appliquer ce passage aux missions actuelles, c’est fermer la bouche de l’Ange qui dit . «L’heure du jugement est venue.» Dieu, au contraire, nous donne encore le temps d’annoncer la grâce aux pécheurs, et de prêcher l’Évangile à toute créature. Le temps de ce message est celui duquel le Saint Esprit dit : «Voici maintenant un jour de salut.» L’Évangile que nous avons à prêcher rassemble l’Église pour le Ciel; celui de l’Ange annonce le jugement à la terre. Dieu envoie toujours un témoignage spécial avant le jugement. Il a envoyé Noé avant le déluge. Il agira encore de la même manière avant le jugement de la terre.
(*) Auguste, représentant la puissance impériale de la Bête, la terre habitable (oikoumenh) lui fut donnée ; et l’orgueil de l’homme, ignorant, comme il l’était, des conseils de Dieu, était assez enclin à assumer ce titre. Mais c’est sans aucun fondement qu’on voudrait le prendre, dans le but de limiter ce mot aux bornes du monde romain d’alors. Est-ce seulement le jugement de la terre romaine qui est expressément annoncé à tous les hommes par la résurrection de Christ (Act. 17 :31) ? Ou est-ce là le sens de ce mot au vers. 6e du même chapitre ? Ou, encore, est-ce que la voix (Rom. 10 :18) n’est allée que dans la terre romaine, ici où l’on traduit : «aux extrémités du monde;» — ici où ce terme est employé pour rendre thebel, le monde, dans son sens hébreu le plus étendu (cf. les Septante, Ps. 9 :8)? Je ne connais d’ailleurs aucun passage qui donne à gh, terre, un sens plus étendu qu’à oikoumenh (voir És. 24:4). C’est le contraire qui a lieu, comme on le voit dans les passages cités ci-dessus; c’est-à-dire que gh est la traduction de êretz, et oikoumenh de thebel. Il n’est évidemment rien qui autorise à prendre pour le monde romain dans Apoc. 3:10, parce que ce mot est appliqué une fois à l’Empire dans un sens restreint, cet Empire renfermant alors tout le monde civilisé, qui, en effet, lui avait été donné par Dieu.
(**) Éternel, pour le distinguer, je pense, de toutes bonnes nouvelles temporaires, ou répondant à des besoins spéciaux. Canaan était un Évangile pour Israël; la venue de Christ en la chair était une bonne nouvelle pour Israël. Mais, ici, c’est l’Évangile éternel, — aiwnioV — la promesse pleine et complète des résultats dans le Fils de l’homme, basée sur les intentions et les droits de Dieu, et, cela comme par rédemption. Cet Évangile implique, par conséquent, le royaume, quoique, dans quelques cas, le fondement seul en soit posé. Quiconque étudiera soigneusement les Évangiles apercevra la transition des promesses présentées aux Juifs dans la personne du Christ en la chair, à cet Évangile éternel. C’est au sujet de celui-ci qu’il est dit : «À moins que quelqu’un ne soit engendré d’en haut, il ne peut voir le royaume de Dieu;» après quoi sont introduites les choses terrestres et les choses célestes.
(***) Quand l’Évangile éternel est proclamé, ce n’est pas pour amener un état de bénédiction universelle; mais c’est un appel à la crainte de Dieu au milieu de l’apostasie générale, «parce que l’heure de son jugement est venue;» de même que «cet Évangile du royaume doit être d’abord prêché par toute la terre, en témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin» (c’est-à-dire la fin du siècle; cf. Matthieu 24 :3 et 14); et c’est là, je le crois, tout en reconnaissant pleinement ce qui précède et les principes qui en découlent, c’est là le sens sérieux et final du passage. Ainsi, comme je l’ai fait observer dans la note précédente, Dieu est annoncé comme Créateur, qui a un droit sur ses créatures, et qui se présente en cette qualité aux hommes sur la terre, de même que contre toutes leurs idolâtries, reprenant (d’abord en témoignage) sa place comme Dieu de la terre. Babylone, qui avait été la grande corruptrice de la terre et le centre de l’idolâtrie, est ensuite jugée par Dieu.
Le verset 8 nous montre Babylone qui tombe; ce n’est pas encore la chute de la Bête. Babylone est la ville de corruption où tout est marchandise, même les âmes des hommes. On voit plus tard le détail de ce jugement.
Versets 9-11. Un troisième ange annonce le châtiment des habitants de la terre qui adorent la Bête. Il faut que les hommes choisissent entre la colère de Dieu ou celle de la Bête. Dans ces temps-là, la grande preuve de la foi sera de ne pas adorer la Bête.
Verset 12. «Ici est la patience des saints.» Il est des temps où l’on peut marcher tranquillement. La fidélité consiste alors dans une entière séparation du monde, ce que la paix rend difficile, parce que, les frontières respectives s’oubliant presque, la mondanité entre. Dans les temps de persécution, la fidélité consiste dans le témoignage, ainsi qu’à ne pas se soumettre à renier le Seigneur et son témoignage pour échapper à la colère de l’homme et de l’Ennemi.
Verset 13. Dorénavant, bienheureux les morts qui meurent au Seigneur (*) ! La question de la mort pour Jésus est résolue pour le bonheur de ceux qui meurent, et pour leur gloire et leur retour avec Christ.
(*) Oi aponqhskonteV désigne, je pense, non pas toute l’Église, puisque nous ne mourrons pas tous, mais tous ceux, en tant que catégorie, qui meurent dans le Seigneur. Ce qui est signalé ici, c’est le temps de la bénédiction, et non celui de la mort. Le Saint Esprit donne ce témoignage à la bénédiction, réalisée alors, de ceux qui meurent en Jésus, afin qu’ils puissent sortir bienheureux de la vie, même en supposant qu’ils meurent après ce moment.
Les versets 14-16 nous font apercevoir la moisson de la terre. La moisson embrasse du bon et du mauvais. C’est la fin du siècle. Il ne s’agit que de la terre. Deux seront dans un lit; l’un sera pris par le jugement et l’autre laissé, comme cela est arrivé au déluge et à Sodome. Le monde est pris par le jugement qui sépare les fidèles.
Versets 17-20. Le feu est toujours le jugement de Dieu. Tous seront salés de feu. L’oeuvre de chacun sera éprouvée par le feu. L’Ange sorti de l’autel a puissance sur le feu, sur le jugement de Dieu. Il y a trois choses à remarquer dans ce que l’Écriture nous dit de la vigne. «La maison d’Israël est la vigne de l’Éternel des armées, et les hommes de Juda, le plant en qui il prenait plaisir» (És. 5 : 7). Mais cette vigne israélite n’a donné que du verjus. Le chapitre 15° de Jean nous présente Jésus lui-même comme étant devenu la vigne sur la terre, la vraie vigne; mais il est rejeté. C’est parce que cette vigne est sur la terre que le sarment qui ne produit pas de fruit est retranché. Il ne s’agit pas là des élus pour le Ciel comme tels. Un Juif pouvait être conforme à la loi, et cependant ne pas produire de fruit. Maintenant c’est une question de fruit. Ce que l’Apocalypse nous présente ici, c’est la vigne de la terre, la forme du peuple de Dieu sur la terre; mais toutes les grappes sont l’objet du jugement et de la colère de Dieu. Ce n’est pas une moisson dans laquelle il y ait à séparer le bon grain du mauvais ; il n’y a rien dans cette vigne que du mauvais, et il y a un jugement terrible de Dieu «hors de la cité» près de Jérusalem, et en Édom (És. 63 :1-6). On ne sait comment on a pu appliquer ce passage à l’oeuvre de Jésus sur la croix. Tout ce qui y est dit est exactement le contraire de la croix. Il est magnifiquement vêtu. Il est dans toute la grandeur de sa force. Il foule au pressoir, et marche sur les peuples dans sa colère. Leur sang rejaillit sur lui, non le sien sur les peuples. Il rachète alors les Juifs. — À la croix, son bras ne l’a pas sauvé. — La vigne, la forme de religion sur la terre, sera l’objet du jugement. Ceci contient une allusion à ce qui avait lieu parmi les Juifs. Dans le chapitre 23 du Lévitique, les fêtes nous sont présentées dans l’ordre suivant : 1° la Pâque: Christ est notre pâque; 2° la Pentecôte: la venue du Saint Esprit nous a donné la réalité de cette fête ; le Saint Esprit rassemble l’Église comme les prémices de la création; 3° la Fête des tabernacles: elle n’a pas encore eu son antitype. Il s’écoulait plusieurs mois d’intervalle sans fêtes après la Pentecôte. Au septième mois qui commence par la fête des trompettes, au dixième jour, Israël devait s’affliger. Au quinzième jour, commençait la fête des tabernacles, pendant laquelle Israël vivait sous des tentes, en mémoire et en témoignage de ce qu’Israël avait été étranger et voyageur dans le désert, lui qui maintenant était en paix dans la terre de la promesse. Cette fête des tabernacles avait lieu après la moisson et la vendange, après que le rapport de la terre avait été recueilli. Cette moisson et cette vendange sont encore à venir (*), et la vraie fête des tabernacles n’a pas encore eu lieu.
(*) La moisson et la vendange sont deux actes de jugement, dont le premier a une portée beaucoup plus étendue ; aussi, dans la moisson, les coins du champ ne sont-ils pas débarrassés de froment. Elle peut faire une distinction, démêler et prendre les méchants, en laissant ceux qui sont épargnés pour les bénédictions terrestres. La vendange est un acte de pure vengeance exercée sur un objet spécial, duquel Israël avait eu la forme et Christ sur la terre seul la puissance, qui tire son caractère de la terre : dans la crise, je pense juive (**). Les raisins en sont maintenant tout à fait mûrs. Cette vengeance est un jugement terrestre actuel : «le sang sort de la cuve» en abondance et au loin ; c’était un jugement épouvantable dans le pays. Tout cela et tout le contenu de ce chapitre sont des avertissements religieux de Dieu, ou des dispensations de Dieu envers la terre.
Je ne pense pas du tout que la vendange soit le seul jugement : c’est proprement et spécialement celui de l’apostasie positive. L’emploi des mêmes termes en Joël 3, où il est parlé de Josaphat, ne prouve rien. En Joël, ce sont uniquement des figures générales. En Ésaïe 66, nous avons un jugement qui semblerait comprendre la vendange, quoique ici il n’y ait point d’allusion à ce jugement. Quelques-uns réchappent, et annoncent parmi les nations la gloire de l’Éternel qu’ils ont vue ; — les corps morts des tués sont dans une sorte de géhenne. Au chapitre 63°, nous avons le pressoir en rapport avec Édom. Ce jugement dans l’Idumée est mentionné comme le grand jugement en Ésaïe 34. Outre cela, il y a encore évidemment le jugement de l’Assyrien en Michée 5, où Jésus, le Messie, est déjà la Paix de son peuple, et, si ce jugement est une chose à part, il en est de même pour Gog aussi. Zacharie 14, semblerait se rapporter à Joël. Quant à Édom, voir encore Psaume 83. Ce sujet est d’une trop grande étendue pour que je puisse le traiter ici. La vendange a sa place propre et particulière, Israël apostat et l’Antichrist avec ses sectateurs. L’idée d’expliquer par un littéralisme exagéré la figure employée ici, me semble, comme dans beaucoup d’exemples analogues, n’aboutir qu’à faire tort à la vérité. Qu’il doive y avoir un terrible carnage et une destruction des pécheurs, je n’en doute pas; mais «le sang qui sort de la cuve» signifie tout simplement qu’il est ici question d’hommes foulés aux pieds avec fureur. Car ce n’est évidemment pas une cuve, au littéral ; et, quant au moût qui découle de la vallée de Josaphat, il n’est pas dit, dans l’Apocalypse, que la scène se passe là; et, en fût-il ainsi, une rivière de sang, large et profonde, ne pourrait pas, même avec des exagérations pareilles, répondre réellement au cas en question, parce qu’elle devrait couler dans un espace de 1,600 stades, c’est-à-dire de 200 milles ou 67 lieues. J’avoue qu’à mes yeux, c’est dégrader les Écritures que d’en forcer le sens de cette manière ; c’est rendre tout absurde, pour avoir une demi-exactitude, selon l’étroitesse de l’esprit de l’homme ; et le reste ne se conciliant ni avec d’autres parties, ni avec quoi que ce soit.
(**) [note de Bibliquest] : Israël avait eu la forme d’une vigne (Ésaïe 5) ; Christ en a pris la place comme le vrai cep (Jean 15) ; un objet représenté par une vigne est en rapport avec la terre ; l’auteur estime que, dans la crise finale de Apoc. 14, la vendange porte sur un domaine juif.
En résumé, ce chapitre 14° de l’Apocalypse nous fait voir un peuple élu, la grâce qui agit, un témoignage rendu, la chute de Babylone, un avertissement à ceux qui adoreront la bête, le bonheur de ceux qui meurent au Seigneur, la moisson et la vendange de la terre.
Il est très instructif pour nous de voir où tout cela conduit, et quel en sera le terme. Tout ce qui est charnel tombe sous le jugement de Dieu. C’est là qu’aboutissent toutes les espérances des hommes. Il y a aussi la consolation de pouvoir s’élever au-dessus de toutes ces choses, de voir le Ciel ouvert. Plus il y a pour nous de mort sur la terre, plus nous voyons le Ciel. Si la puissance du Saint Esprit nous porte à un témoignage qui nous conduise à la mort, nous serons mille fois plus heureux, et nous verrons le Ciel ouvert pour nous. Les principes de la corruption de la terre sont tous en activité. La fidélité consiste à fuir ces principes, dont les fruits sont des grappes pour la vendange de la terre.
Ces deux chapitres contiennent un même sujet, la vengeance de Dieu. Les sept fioles sont les fioles de la colère de Dieu. Ce sont encore des choses préparatoires. C’est la colère de Dieu, et non encore celle de l’Agneau et son jugement. Le chap. 17° est un épisode sur Babylone ; le 18° chapitre, le jugement de Babylone.
Les choses que ce chapitre renferme ne font pas suite à celles que contient le chapitre 14°. C’est un autre signe. Il s’agit maintenant des dernières plaies par lesquelles Dieu consomme sa colère contre les habitants de la terre. Ce sont des jugements préparatoires qui convient l’homme à la repentance, mais qui, après tout, ne font que provoquer chez lui la colère. Nous ne voyons pas encore ici l’Agneau ; ce n’est pas la manifestation de Jésus en personne.
Dans toute l’Apocalypse, nous voyons la fidélité de Dieu envers son peuple avant l’exécution de ses jugements. Impossible qu’un cheveu se perde, même quand le fidèle est tué. Satan peut pour le moment mettre à mort le corps; mais toute sa puissance se termine là.
Les versets 2 et 3 mettent devant nos yeux les symboles de choses fort touchantes. Les circonstances de la scène font allusion au service du temple. La Mer de verre rappelle la Mer d’airain dans le temple. Nous avons vu des âmes sous l’autel des holocaustes. Nous sommes conduits ici un peu plus loin vers la cuve, la Mer d’airain, où les sacrificateurs consacrés se lavaient les mains et les pieds, comme Jésus lave les pieds de ceux qu’il a consacrés sacrificateurs après avoir été holocauste pour eux. Cette Mer d’airain représente la pureté. Ici, la mer est remplie de verre, cela est aussi transparent que l’eau l’était dans la cuve d’airain, mais c’est à l’état solide. C’est la pureté employée non plus comme instrument de purification; c’est une pureté ferme, inaltérable, sur laquelle on se tient debout. Comparez chapitre 21 :18. Dans notre contact avec le monde, nous sommes toujours souillés. Nos pieds sont sur la terre. Nous sommes lavés; mais nous marchons sur une terre souillée, et Jésus nous lave les pieds. Dans la cité céleste, nous marcherons sur la pureté même. Toute la cité est pureté. C’est là la nature des choses célestes. Ceux qui sont dans la cité sont en contact avec la perfection de la pureté de Dieu. Il n’y a donc plus ni souillures, ni purifications. C’est, pour le fond, ce qu’on voit des élus au verset 2 ; ils se tenaient sur la mer de verre. Il y a de plus le feu, parce qu’ils avaient traversé les jugements de Dieu. Ils avaient passé par la tribulation sous l’Antichrist (voir 13 :15, 16). Ils avaient vaincu, vaincu même en mourant. Ils avaient aussi montré leur fidélité, et n’avaient pas adoré la Bête. Les fidèles dont il est ici question, forment une classe particulière. Ils sont sur une mer comme de feu. Dans son principe, c’est le caractère de nos tribulations. L’eau ne suffit pas toujours à la dureté de nos coeurs. Il faut le feu, le châtiment, l’épreuve; mais l’épreuve ne serait rien, s’il n’y avait pas l’action du Saint Esprit par la Parole. Si je punis mon enfant et qu’il se soumette, la punition cesse; sinon elle continue. Voilà pourquoi souvent les épreuves et les châtiments continuent. Il faut alors demander et accepter que l’oeuvre intérieure soit accomplie, et l’épreuve cessera.
Dans les châtiments, la main de Dieu s’applique exactement à l’état où l’âme se trouve. Abraham, étant plus fidèle que Lot, échappe aux souffrances de Lot. La position de Lot était plus pénible. L’infidélité peut être l’occasion de la manifestation des voies de Dieu, quoique celui qui est plus fidèle soit plus béni en tous cas. La fidélité, quoique déployée dans des circonstances dont plus de fidélité nous aurait préservés, ne manque pas de récompense ; mais cela se fait au milieu de plus de souffrances.
Verset 5. Il y a deux sujets de louanges. On peut chanter les merveilles de Dieu, ses oeuvres, comme c’était le cas en Israël ; ou bien on peut chanter les voies de Dieu, comme c’est le cas de l’Église. Comme événements extérieurs, l’Église n’a connu ni plaies d’Égypte, ni mer Rouge, ni Sinaï. Ces choses ont été écrites pour son instruction. Elle a la connaissance des voies et des pensées de Dieu. Dans l’état judaïque, dans le bas âge (Gal. 4 :1-3), ces choses leur sont arrivées; mais elles sont écrites pour nous. Ils avaient besoin de choses palpables. Ils étaient comme des fidèles en bas âge. La mer Rouge n’a pas été fendue pour nous; mais, quand Paul dit : «Ils ont été baptisés en Moïse dans la mer,» je comprends la mer Rouge mieux qu’Israël, et j’ai là-dessus l’intention et la pensée de Dieu, ce qui est évidemment une plus grande faveur.
Les fidèles chantent le cantique de Moïse et celui de l’Agneau, la puissance visible de Dieu en la mer rouge et au Sinaï, — et la gloire de Dieu dans l’Agneau, sa foi et son obéissance jusqu’à la mort, assujetti qu’il a été pour un moment à la puissance du Méchant; ils chantent l’amour de Dieu, les voies de Dieu, la gloire de Dieu, choses manifestées dans ses jugements, mais concentrées dans la croix de Jésus (*). «Que tes oeuvres sont merveilleuses! Que tes voies sont justes et véritables !» Les Saints ici ont ces deux choses devant les yeux : — les oeuvres de Dieu, la délivrance manifeste de son peuple, son jugement sur les méchants; c’est le cantique de Moïse; — l’intention, les conseils de Dieu envers son peuple; c’est le cantique de l’Agneau. — Ps. 103 : 7 : «Dieu a fait connaître ses voies à Moïse ; ses exploits aux enfants d’Israël.» Moïse avait vu sur la montagne le modèle des choses de Dieu, le modèle du Tabernacle et des lieux saints. Il n’y a pas de type plus intéressant de la position de l’Église, que Moïse qui monte sur la montagne après avoir brisé les tables. — Les noms donnés à Dieu, vers. 3, sont ceux de Seigneur, nom révélé à Israël, et de Tout-Puissant, nom révélé à Abraham. Ce sont les oeuvres de Dieu que ces noms rappellent.
(*) Le cantique de l’Agneau se rapporte ici plutôt à l’exaltation de l’Agneau dans sa puissance royale, et à sa suprématie dans les derniers jours, qu’à son oeuvre d’expiation à la croix. L’Agneau a été immolé; mais, dans l’Apocalypse, cela désigne la place que prend Celui qui a été immolé, en vertu de son humiliation, plutôt qu’il n’est proprement question de sa mort expiatoire. C’est cette personne souffrante qui est élevée en gloire. Ici de même. Alors, «la grâce et la vérité se rencontreront; la justice et la paix s’entre-baiseront. La vérité germera de la terre, et la justice regardera des cieux.» Ce sont là les voies de Dieu. Nul doute que moralement cela n’ait été accompli sur la croix; mais le Psaume parle de la manifestation qu’il y en aura finalement sur la terre, et l’endroit qui nous occupe aussi. Ce qui est l’objet du cantique c’est particulièrement la manifestation de ces choses sur la terre, et non ce en quoi elles sont connues à la foi.
On voit, verset 4, comment les nations seront amenées à Dieu ; c’est que ses jugements seront pleinement manifestés. És. 26 :9, 10, nous montre le même principe, principe essentiel pour comprendre les voies de Dieu à cet égard : «Est~il fait grâce au méchant? il n’en apprend point la justice.» C’est là ce que nous voyons sous l’Évangile ; mais, «quand les jugements de Dieu sont en la terre, les habitants de la terre habitable apprennent la justice.» Le jugement dévorera les méchants, et cela instruira la terre. L’effet de l’Évangile ne sera pas d’assujettir à Dieu les habitants de la terre. L’Évangile rassemble l’Église pour la gloire céleste. C’est parce que les jugements sont manifestés, que les nations viennent se prosterner devant Dieu.
Les versets 5 à 8 nous présentent une nouvelle scène. Les sept anges sont vêtus d’un lin pur et blanc ; c’est la pureté personnelle. Ils ont des ceintures d’or sur leur poitrine. L’or représente la justice de Dieu; la ceinture est le signe de l’activité, ou de ce gouvernement et de cette puissance sur nous-mêmes qui nous rendent propres à l’action, et par là-même à l’exécution de cette justice. Christ aussi a une ceinture d’or. Ce n’est pas la grâce qui est ici en activité; c’est la colère et la vengeance de Dieu.
Jésus avait dit : «Dans votre patience, possédez vos âmes» (Luc 21 :19). C’est une position de fidélité pendant le témoignage. Il y aura un moment où Dieu seul se rendra témoignage sans témoignage d’homme; ce sera un témoignage de vengeance à la puissance et à la justice méprisées.
Ce sont les quatre êtres vivants qui donnent les fioles.
La fumée de la gloire de Dieu est un témoignage de puissance et de majesté ; mais cela obscurcit et empêche les relations avec Dieu, et personne, dans ce moment-là, ne peut s’approcher de Dieu. Dieu ne nous apparaît là ni dans l’Arche, ni en Christ, où il réconcilie l’homme avec lui-même, et habite en Israël. C’est un moment de majesté et non de grâce.
Dans le chapitre 16° les fioles sont versées. La terre prophétique est ici l’objet du jugement : la terre où Dieu s’est fait connaître, et où il a été rejeté. Les fioles de la colère doivent être versées sur les habitants impénitents de cette terre. Quand Dieu seul peut se rendre témoignage, parce que tout autre témoignage a été refusé, il faut que le monde subisse la vengeance de Dieu.
Vous vous rappelez que nous nous sommes particulièrement occupés de ceux qui sont sur la Mer de verre, et qui échappent au jugement, et chantent le cantique de Moïse et de l’Agneau. Ils avaient dit, dans leur cantique, que les jugements de Dieu étaient pleinement manifestés ; et les anges sortent du temple pour l’exécution de ces jugements. Nous avons distingué la colère de Dieu qui tombe sur la terre sans que Christ soit manifesté, d’avec le jugement et la colère de l’Agneau manifesté en personne. La manifestation du Seigneur Jésus et son jugement sont tout autre chose que la colère de Dieu; et, quand Dieu a agi dans sa colère, tout n’est pas fini. Dieu manifeste seulement sa gloire par les instruments qu’il a choisis, et ce n’est pas le moment d’entrer dans le temple. La colère de l’Agneau, postérieure à ces événements, tombe sur la Bête qui entre en scène d’une façon particulière après cela.
Vers. 1 et 2, La scène est changée. Auparavant, la Bête persécutait ceux qui n’avaient pas son image; maintenant, Dieu agit, et frappe ceux qui avaient persécuté, et qui s’étaient soumis à la puissance de la Bête. Le Soleil n’est ici que l’autorité suprême sur la terre, ce qui luit sur la terre et sur cette scène prophétique des jugements. Les habitants de la terre avaient adoré la Bête, et persécuté les Saints et les Prophètes. Quand la fiole de la colère de Dieu se verse sur la terre, elle atteint ceux qui avaient adoré la Bête et pris sa marque. Il y a ici allusion à ce qui s’est passé en Égypte. Un ulcère malin et dangereux, la misère et l’angoisse atteignent les personnes de ceux qui n’ont pas voulu se soumettre au Seigneur Jésus, qui ont préféré leurs aises sur la terre et le mensonge de Satan. C’est ainsi qu’on s’aveugle; puis Dieu envoie un aveuglement judiciaire. Il a endurci le coeur de Pharaon et engraissé le coeur d’Israël. Il en fera de même du monde qui se dit chrétien, qui aura rejeté les avertissements de Dieu et méprisé ses jugements. Dieu les livre au mensonge et envoie ensuite ses jugements. On voit dans le reste du livre la fin du monde christianisé. Plus je lis ces passages, plus je suis étonné que tous ceux qui les lisent puissent les lire sans y apprendre que tout ce que nous voyons autour de nous a une fin, et une fin en condamnation.
Versets 3-7. Le second ange verse sa fiole dans la mer, sur les nations qui sont hors de la terre prophétique. La terre est le théâtre où se décident dans la création les choses morales. Les incrédules ont souvent comparé l’importance de cette terre avec celle des autres étoiles; en cela, ils ont seulement montré la folie de leur sagesse. C’est dans l’homme et sur cette terre que toutes les questions morales de la justice de Dieu, de sa sagesse et de son amour se décident. L’importance de la bataille ne découle pas du lieu où elle se donne, mais des principes qu’elle décide. C’est ici que tout ce qui manifeste l’empire de Dieu et la puissance du mal a été mis en évidence par la mort et la résurrection de Jésus. Pendant la durée de l’économie judaïque, la Judée est la scène de la manifestation des voies de Dieu; alors elle s’appelle la terre. Maintenant, la terre est la chrétienté dans l’empire romain, où se manifestaient aussi les voies de Dieu. La mer est la masse confuse des nations hors de cette terre prophétique. Il y a ici un jugement universel sur ces nations. Les fleuves sont ces peuples rendus distincts les uns des autres sous l’influence de certains principes. Il est dit : la fontaine de Jacob. — Le sang hors du corps, c’est la mort. La mort est le caractère du jugement qui tombe sur ces nations. En Égypte, Moïse a changé l’eau en sang. Quant à ceux dont il est fait mention ici, le principe de leur vie, de leur être devant Dieu, c’est la mort. Ils ont fait mourir les justes, et Dieu les livre à la mort. Au verset 7, la voix vient de l’autel, parce que c’est là qu’ont été, pour ainsi dire, offertes à Dieu les âmes de ceux qui ont été persécutés, et dont Dieu tire vengeance. L’expression «comme le sang d’un corps mort» (vers. 3) nous donne l’idée la plus terrible de la mort. Dans le corps, le sang est la vie. Ce qui devrait donc entretenir la vie devient l’expression de la mort.
Versets 8 et 9. Le Soleil, le pouvoir sur la terre, devient intolérable et brûle les hommes comme du feu.
Verset 10. Quand le jugement survient seul, il ne produit aucune repentance. Dieu a eu patience avec le monde, et cette patience a différé le retour de Jésus. Dieu avait enseigné aux Apôtres d’attendre le Seigneur Jésus. L’homme, il est vrai, trouve que le maître tarde à venir ; mais, quand l’Église tient ce langage, elle commence à faire sa volonté, et à entrer en communion avec le monde. Du moment où le serviteur dit en son coeur : Mon maître tarde à venir, il bat ses compagnons de service, et se met à manger et à boire avec les ivrognes ; il devient mondain et infidèle. Il est vrai que l’Époux tarde à venir. Néanmoins, il faut attendre, et ceux qui agissent comme attendant leur maître moissonneront selon leur attente. Si l’on cesse de l’attendre, on se prépare une part avec les hypocrites. Attendre Jésus, voilà ce qui, au commencement, détachait le coeur du monde et rendait fidèle. La conséquence de cette fidélité et de ce détachement du monde, c’est que le christianisme a pénétré dans le monde. Pour agir sur une masse d’hommes, il faut ne pas prendre leur caractère; il faut que Dieu soit manifesté, et non pas que l’Église prenne les principes des hommes. L’attente du Seigneur, voilà ce qui distinguait les premiers chrétiens, et ce qui les a séparés du monde. Qui aura la meilleure part, ou ceux qui ont agi ainsi, ou ceux qui ont dit . L’Époux tarde à venir? Du moment où l’on nous tient un tel langage, on nous propose un principe qui fausse notre position comme chrétiens. Et, quoique en réalité il tarde, ceux qui‑ l’attendent remplissent son intention, et ceux qui ne l’attendent pas seront confus.
Dieu use de patience envers le monde et attend, parce qu’il ne veut pas la mort du méchant. Mais le jugement arrive tôt ou tard. Je vois évidemment qu’on s’oppose à la doctrine de la venue de Jésus, ou que, du moins, on veut se persuader qu’il ne viendra pas si promptement. C’est là le principe du serviteur infidèle, et ce principe mêle le chrétien avec le monde, tandis que l’attente de Jésus sépare le chrétien du monde. Dieu avait eu patience. Il a donné des avertissements ; et, quand les jugements atteignent les hommes, les hommes blasphèment. Si la volonté n’est pas soumise, le coeur est toujours aigri par les châtiments.
Versets 10 et 11. Le cinquième ange frappe le trône de la Bête, et non la Bête elle-même. L’irritation des coeurs contre Dieu va à l’excès, et les hommes se mordent la langue de fureur. Le royaume de la Bête, qui avait fait de si belles promesses, est rempli d’angoisses. C’est le cas des ennemis de Dieu; même aujourd’hui leur conscience les mord.
Versets 12-16. Le sixième ange verse sa fiole sur le grand fleuve, l’Euphrate. La Bête évidemment n’est pas détruite, quoique son empire soit malheureux. Il y a ici un intervalle, comme après le sixième sceau et la sixième trompette. L’Euphrate, barrière de la terre prophétique du côté de l’Orient, est desséché. La barrière tombe et les rois de l’Orient peuvent entrer (vers. 12) (*). Le vers. 13 nous présente la puissance directe de Satan, le Dragon, l’ennemi direct de Jésus, le Christ ; la puissance de la Bête, l’empire Romain dans son état de révolte contre Dieu; la puissance du faux-prophète. Des esprits immondes en sortent, et vont vers les rois du monde universel. Tout ce qui sur la terre gouverne et dirige sera rassemblé par ces trois esprits immondes. Ce n’est donc pas le christianisme qui envahira le monde ; ce sont, au contraire, les influences diaboliques qui rassemblent les habitants et les puissances de la terre. Il est bien évident que des esprits immondes ne sont pas l’Évangile; et il n’y a pas de plus grande illusion au monde que de croire que le christianisme va s’étendre et se communiquer à tout le monde. C’est toujours par des jugements que la connaissance de la gloire de l’Éternel (et non la connaissance de sa grâce) remplira la terre (Habak. 2 : 14). Il est très facile aux hommes de dire : Nous remplirons; mais cela n’est pas dit. Il est dit : «La gloire de l’Éternel remplira.» Ce n’est pas pour cela dire de ne pas prêcher l’Évangile. Si je crois que le jugement arrivera promptement, et tombera sur la chrétienté, c’est ce qui pousse à rendre témoignage, mais à le rendre selon la pensée de Dieu, et non selon les illusions des hommes. Voyez le jugement qui va arriver, et cherchez de toute votre force à tirer les pécheurs de la colère à venir. Quand nous voyons l’incrédulité se manifester de plus en plus, et un témoignage destiné à retirer les hommes de l’iniquité, c’est une preuve que le jugement est proche. Si trois mille personnes furent converties en un jour, c’est que Jérusalem allait être livrée. Le verset 15 renferme encore un avertissement. Je ne sais rien de satisfaisant sur le mot Armageddon du verset 16 ; voyez Juges 5 :19, et 2 Rois 23 :29, mais surtout le premier de ces passages.
(*) Il y a évidemment ici une allusion à la position de l’Euphrate : ce ne sont pas, je crois, les rois de l’Orient, mais les rois qui viennent de l’orient, twn apo anatolon hliou. Ce dessèchement du grand fleuve de l’Euphrate prépare leur chemin. D’autres passages me donnent lieu de penser que l’Euphrate sera desséché, tout au moins momentanément, pour laisser passer Israël; mais je ne crois pas que notre passage s’applique à cet événement, vu qu’il se trouve au milieu d’une prophétie symbolique, où il est dit que la sixième fiole est versée sur l’Euphrate. D’après un passage précédent, on envisage communément celui-ci comme indiquant le desséchement de la puissance turque; cela peut être, ou du moins il peut y avoir quelque chose d’analogue, en prenant tout le chapitre dans un sens subordonné et préparatoire, sens qu’il a aussi à mon avis, et qu’il continue d’avoir de nos jours, ainsi que je l’ai dit à l’occasion d’autres chapitres, seulement pendant une plus longue période. Je crois que ce chapitre a eu une telle application, et cela se concilie bien avec l’ensemble du plan prolongé de la Prophétie, parce que la seconde Bête perd son caractère de Bête, et devient un faux-prophète avant le dénouement final. Dans le 15° chapitre, les Saints sont demeurés victorieux des efforts tentés pour les faire adorer l’image de la Bête; mais c’était la seconde Bête, et non le faux-prophète, qui cherchait à les faire adorer l’image de la première: mais ici il a le caractère de faux-prophète, en sorte que, jusqu’ici (c’est-à-dire en principe), la victoire avait été obtenue, et pouvait être célébrée par l’Esprit, pour l’Église. Mais, quand nous en venons à un plus positif accomplissement du jugement, à l’exécution de fait de ce jugement, après que les Saints célestes ont disparu de la scène, et après la clôture du témoignage de grâce qui recueille les sauvés dans les lieux célestes, alors il doit y avoir quelque chose de plus distinct, quelque chose qui fraie la voie aux rois d’Orient, pour qu’ils puissent prendre part à la grande catastrophe, y jouer leur rôle. La barrière et les ressources de l’empire Romain d’occident sont desséchées, en sorte que la voie est préparée pour cette arrivée des rois de l’Orient. C’est après cela que les esprits impurs sortent, pour rassembler les rois de toute la terre, pour la guerre de la grande journée du Dieu Tout-Puissant.
Les versets 17-21 nous montrent le grand bouleversement des nations. Tout ce qu’il y a de plus ferme et de plus élevé des montagnes) est bouleversé. Un jugement direct de Dieu fond sur les hommes. Tous les fondements de la terre, comme système moitié moral et moitié civil, sont bouleversés. — Quel bonheur pour le chrétien d’avoir une paix assurée, de savoir qu’ayant gardé la parole de la patience de Christ, il sera gardé de l’heure de la tentation, et que, plus il y a d’orage au dehors, plus il y a de repos et de tranquillité dans la maison de Dieu! Nous avons pour nous la stabilité du trône même d’où sortent ces jugements, et ces jugements ne nous touchent pas. C’est là la joie de l’enfant de Dieu. La paix de Dieu le garde au milieu de cet avenir terrible du monde.
Nous sommes entrés dans les scènes des derniers jugements que Dieu doit accomplir pour introduire la gloire de Jésus. Les sept fioles ont accompli la colère de Dieu. L’Esprit prophétique nous présente avec plus de détail les deux formes du mal à la fin : Babylone et la Bête. Les choses se simplifient, et sont plus faciles à saisir qu’au commencement de l’Apocalypse. Quand le mal se manifeste, la chose est plus claire, parce que le dénouement de la scène de ce monde intéresse plus particulièrement l’Église.
Verset 1. Dans la connaissance des choses célestes, on parle des choses qui ne sont pas encore comme si elles étaient. Dieu a tout prévu et tout jugé. Le Ciel est familier avec le mal en jugement, comme avec le bien pour en jouir. Dieu a tout signalé d’avance, et tout se trouve sur le chemin de sa gloire. L’Ange a la connaissance familière de la grande Prostituée. Pour nous, cela n’est pas clair, et il faut que cela nous soit expliqué. Tout ce qui nous arrive est préconnu et préarrangé de Dieu, pour que son enfant se tienne debout dans les difficultés. Ce que j’ai à faire, c’est de me dire : Dieu sait parfaitement où j’en suis, et quel est le chemin qu’il a préparé pour me tirer d’embarras, en demeurant fidèle. En toutes choses, présentez vos requêtes à Dieu, sachant qu’il a soin de vous. Jean n’avait pas pu imaginer même une telle chose que la Prostituée ; elle a le double caractère de corruption et d’influence sur les peuples.
Il y a deux choses dans ce chapitre : Babylone et la Bête, la corruption, et la puissance du mal, la violence. La volonté de l’homme se manifeste de ces deux manières : corruption et violence; c’était l’état du monde au temps du déluge. Satan est menteur et meurtrier. Le Seigneur Jésus est la vérité et la vie, au lieu d’être menteur et violent. L’Antichrist fait sa volonté. Jésus fait la volonté de Celui qui l’a envoyé. Il y a ici la corruption, la violence, la propre volonté et le meurtre. Babylone est la corruption dans toute son étendue, et la Bête est la propre volonté qui se révolte contre Dieu lui-même. Ces deux principes, qui se trouvent dès le commencement, prennent un corps et agissent.
Verset 2. Les rois de la terre sont les puissances où la lumière a été, les puissances de la dernière scène prophétique des monarchies.
Verset 3. Babylone est un système où le commerce et les richesses abondent, la capitale des vanités du monde, mais ce qui la caractérise aux yeux de Dieu, c’est qu’elle est la mère de toutes les idolâtries. Avec toutes ses richesses, pour l’Esprit de Dieu, c’est un désert (verset 3). Il ne trouve rien dans le monde qui puisse satisfaire les saints désirs d’un coeur nouveau. Ce que la chair aime, l’Esprit le hait. Ce qui est désirable pour la chair n’est que désert et corruption pour l’Esprit.
La Bête qui a sept têtes et dix cornes (verset 3), c’est l’empire Romain. Ici la femme est montée sur la Bête et la domine. Ce sont les rapports entre la corruption morale en ce monde et les puissances civiles. Plus tard, ces rapports sont changés.
Dans l’Ancien Testament, Babylone empoisonne les nations. Ici aussi, elle est le centre qui attire les nations, le centre de la gloire, de la corruption et du luxe de ce monde. C’est aussi le centre religieux de l’idolâtrie (*) (Dan. 2). Ce système de corruption est, au commencement, monté sur la Bête et la domine. Les rois de la terre se trouvent bien dans ces rapports avec la Femme. La corruption gouverne.
(*) L’idolâtrie est ce par quoi Dieu caractérise son mal réellement satanique; son luxe, les plaisirs, le gain, ce par quoi l’homme est attiré vers elle. — Il est une certaine action, appropriée aux passions et aux convoitises des hommes, tels qu’ils sont naturellement; — il en est une autre de déception positive, de séduction et d’influence sur leurs âmes, — puissance de Satan plus immédiate et plus formelle. Satan occupe les hommes de la première, à laquelle ils sont naturellement enclins, et qui n’a, en apparence, point de mal ; qui, au contraire, se relie avec le bien-être, avec le travail des classes pauvres et les progrès d’une civilisation paisible; mais, derrière tout cela, et en amenant les hommes à tout sacrifier à cela, Satan se réserve d’exercer toujours plus sur eux l’autre influence, par laquelle il peut non seulement les empêcher complètement d’être accessibles au témoignage de Dieu, mais encore établir sa propre, directe et complète autorité.... Quel est le fait? Avec quoi se trouve identifiée la prospérité commerciale de ce pays, et qu’a-t-elle contribué à produire? L’apostasie religieuse. À cause de cela, les hommes ont consenti à renoncer à tout principe. La nation a abandonné son témoignage extérieur, et sa protestation publique contre le pouvoir de Satan, et les atteintes mensongères portées à la gloire médiatoriale de Christ; et, en y contribuant ailleurs, elle a fait beaucoup plus encore : — elle a abandonné comme nation la profession publique de la vérité elle-même.
C’est un fait que la Femme est assise sur de grandes eaux. Elle a affaire avec des peuples. Son association, ses relations avec eux ont naturellement pour but de les séduire autant qu’il lui sera possible. Mais, si le fait est clairement indiqué, le comment ne l’est pas de même; il faut le déduire de la Parole. Or ce chapitre m’apprend qu’elle est la source et la mère de l’idolâtrie et des idoles de la terre; car personne ne doute que ce ne soit le sens du mot abominations. C’est là son caractère réel et, aux yeux de la foi, son caractère évident; caractère écrit sur son front, quoique ce fût un mystère. Que le commerce conduise à l’orgueil et à l’indifférence religieuse, je n’en doute pas; et qu’en agrandissant les désirs des hommes, il les fasse courir après ce que Dieu n’avait pas mis à leur portée, et qu’à cause de cela il soit appelé fornication, c’est parfaitement vrai. Et c’est ce qui se trouvera prévaloir à la fin, comme à Tyr jadis, je n’en doute pas. Toujours est-il que ce que Dieu a écrit sur le front de cette femme mystérieuse, c’est idolâtrie. C’est là son caractère. Et pourtant il n’y a pas grand mystère en des hommes aimant les richesses, et les cherchant au moyen du commerce. Cela peut leur donner une influence extraordinaire de nos jours, mais ce n’est pas un mystère. Cela a déjà existé, comme système prédominant, à Tyr, à Carthage, à Venise, à Gênes, à Pise, en Hollande et ailleurs. En outre, il serait difficile de dire du commerce qu’il a été trouvé ivre du sang des Saints et du sang des témoins de Jésus. Que le commerce, aujourd’hui peut-être plus que jamais, puisse contribuer à amener le système qui agira ainsi, je n’en doute pas. Mais ce n’est pas le système commercial qui s’est enivré de sang. Je crois que le développement complet de ce système est encore à venir; mais je ne pourrais pas dire entièrement à venir, parce que la Femme est l’héritière légitime de ceux qui ont répandu tout le sang des Saints sur la terre. Jérusalem, de même, était coupable d’une manière nouvelle et extraordinaire, mais ce n’était pour elle que l’action de combler la mesure de leurs pères....
Le Protestantisme, sauf dans ce qu’il peut avoir de commun avec le Papisme, est impuissant pour agir sur les masses et pour les conduire, et partant il est comparativement inutile aux gouvernements. Il apprécie trop la vérité, et cela ne sert à rien lorsqu’il s’agit de gouverner des hommes, à l’exception de ceux qui aiment cette vérité. Aussi, c’est le Papisme que les gouvernements favorisent. Et, en encourageant le commerce, la prospérité commerciale croissante conduit à faire bon marché des principes, et donne lieu à un latitudinarisme qui laisse le champ libre aux influences et à l’activité papistes. Les Chrétiens doivent être un peuple à part, séparé du monde. Aussi, le Papisme est à tous égards en voie de progrès, et le sera tant que les gouvernements conserveront leur autorité. Mais ses succès causeront sa ruine, et je ne doute pas que l’unité populaire, produite par le commerce florissant, et qui tend nécessairement à détruire le sentiment de nationalité, ne contribue à provoquer ce que la démocratie finira par demander, — ce qu’elle demande partout où elle est en maturité, ce que d’ailleurs les circonstances politiques rendront nécessaire, savoir, l’établissement d’un centre d’union, qui se trouvera dans la petite corne. La conséquence en sera la subversion de tout système pacifique, un essor militaire et des guerres, que Dieu terminera par le jugement. De tout cet avenir, chacun jugera selon la lumière qui lui a été donnée. Quant aux faits actuels auxquels j’ai fait allusion, il suffit de la connaissance de ce qui se passe pour reconnaître la vérité de ce que j’en ai dit. Que le commerce doive jouer un grand rôle en tout ceci, je le crois pleinement : les coeurs des hommes en étant préoccupés, les agents du parti de Satan auront le loisir de faire leur oeuvre derrière le commerce, plus encore que par son moyen. Mais quelle que soit, aux yeux de l’homme, l’apparence de ce système, quelque grand qu’il paraisse sur l’horizon de la chair, la foi lit sur le front de Babylone ce nom . «Mère des abominations» ; et sur celui de la Bête : «Blasphème».
Finalement, je reconnais tout à fait l’aveuglement des richesses commerciales, mais c’est un aveuglement à l’égard d’autre chose que Satan opère et qui sera jugé. Les convoitises de l’homme sont le mobile du premier, et, en tant que cela, Satan exerce sa puissance sur le coeur des hommes; mais l’oeuvre propre de Satan est dans l’autre trait qui caractérise Babylone, pour aliéner les hommes de Dieu, et les mettre en état de révolte ouverte contre Dieu. La puissance de séduction de Satan est une puissance religieuse, — son dernier effort est une révolte ouvertement blasphématoire. Voyez 2 Thess. 2, aussi sur ce sujet, et Apocal. 13 :12 et suivants.
Les noms de blasphème sont divers caractères de propre volonté et de rébellion dans la Bête qui s’oppose à Dieu.
Au verset 5, Babylone est la source de toute la corruption. Elle fait que toutes les relations qui devaient subsister avec Dieu ont lieu avec le monde. Elle fait quitter le vrai Dieu pour s’adonner à des idoles.
Verset 6. La puissance civile est celle qui de fait met les Saints à mort; mais c’est Babylone qui est coupable. Elle est ivre du sang des Saints et du sang des martyrs, des témoins de Jésus. C’est en elle que se retrouve le sang des Saints, comme autrefois Jérusalem était coupable du sang des Prophètes. C’est là que se trouve le principe de la religion qui se lie au monde, et cherche ses ressources dans le monde. C’est la chose la plus haïssable devant Dieu.
Au verset 7, Jean s’étonne de voir que ce qui a la forme et le nom de la religion soit coupable du sang des martyrs. Il a dû être non moins étonnant pour un Juif que Dieu redemandât à Jérusalem le sang des Prophètes. Devant Dieu, une génération hérite des générations précédentes toute l’iniquité qu’elles ont accomplie. Cette iniquité devrait avertir leur conscience. «Vous dites vous-mêmes que vous êtes les enfants de ceux qui ont tué les Prophètes.» S’ils ne sont pas entièrement séparés de Babylone, les chrétiens héritent l’iniquité des temps précédents, parce que leur conscience n’en tire pas instruction, et qu’ils s’y adjoignent. Quand l’homme a épuisé un principe, Dieu lui en présente un autre pour agir sur sa conscience ; et, s’il le rejette, il est d’autant plus coupable. En Abel, la nature est violée ; plus tard, la connaissance traditionnelle de Dieu (Rom. 1 : 18-23) ; plus tard, la Loi ; plus tard, c’est Jésus qui met le coeur à l’épreuve. Quand la connaissance du Père et du Fils est introduite, les Juifs veulent être fidèles à Dieu en tuant ceux qui introduisent cette connaissance. On se prévaut d’une vérité connue auparavant, qui, en tant que généralement reçue et que les hommes s’en glorifient, ne coûte rien, pour s’opposer à de nouvelles lumières qui demandent de la foi. Les Juifs insistent sur l’unité de Dieu pour nier le Fils. Quand nous en appelons à une lumière bénie dans un temps pour rejeter une lumière actuelle, c’est rejeter le moyen par lequel Dieu veut agir maintenant. C’étaient les Juifs dévots, et non les païens, qui s’opposaient le plus au christianisme. La sincérité ne suffit pas ; il faut que la nouvelle lumière soit admise. «Ils vous tueront, parce qu’ils n’ont connu ni mon Père ni moi» (Jean 16 :3). Ainsi, la lumière la plus précieuse devient l’instrument du mal dans les mains de l’incrédulité. Ce principe est très important pour ceux qui agissent dans le règne de Dieu.
Depuis le verset 8, l’Ange quitte la Femme et nous donne l’histoire de la Bête.
Le contenu du verset 8 avait déjà été annoncé d’une manière moins claire auparavant. Quand on parle de l’empire Romain, on dit qu’il n’existe plus. On trouve ici cette difficulté prévue, signalée et expliquée. Ici est la clef de l’énigme, avec la certitude que Celui qui la donne a inventé l’énigme.
L’empire Romain doit sortir de l’abîme, des ténèbres, et agir avec puissance pour le mal. Il est très sérieux de voir qu’à la fin, la puissance dominatrice de la terre sortira de l’abîme même. Les habitants de la terre s’étonneront de cette espèce de résurrection de l’empire Romain, et c’est alors que le monde suivra la Bête (chap. 13, verset 3). Il sera séduit quand la Bête aura le caractère de résurrection de l’empire Romain détruit depuis des siècles.
Versets 9 et 10. Il y a un certain rapport entre la Femme et la Bête. Une femme, une ville établie sur la perfection de la puissance, sur sept montagnes, est le centre de la corruption. La Bête a aussi sept têtes. Les têtes sont des rois. Il y en a cinq qui sont tombés : cinq rois ou cinq formes de gouvernement. Peu importent de tels détails, car l’histoire n’est pas nécessaire pour comprendre la prophétie. Souvent même elle est un empêchement, parce que souvent ce qui est important pour l’homme ne l’est pas pour Dieu, parce que Dieu a Christ en vue (*). Quoique l’histoire accomplisse la prophétie, elle ne l’explique jamais, tandis que la prophétie peut expliquer l’histoire. Les fidèles sont appelés à croire à la prophétie avant qu’elle s’accomplisse. Le moyen de comprendre la Parole,. c’est de comprendre la pensée de Dieu et ses voies quant à Christ. Du temps de l’Apôtre, il y avait déjà cinq rois de tombés, et il en existait un sixième. Il en devait venir un septième pour un peu de temps.
(*) Je crois que tous les efforts tentés pour interpréter la Prophétie par l’Histoire ont extrêmement nui à la détermination du vrai sens de la première. Quand, avec l’aide de l’Esprit de Christ, nous avons bien compris la pensée de Dieu, s’il s’agit de faits historiques, nous avons le jugement. de Dieu sur ces faits et leur explication. Mais l’Histoire est le jugement de l’homme sur les événements; de l’homme qui n’a pas du tout le droit d’affirmer que ces événements se trouvent dans la Prophétie : il est clair qu’il doit comprendre la Prophétie avant de pouvoir l’appliquer à un seul de ces événements. Quand il la comprend, il a ce que Dieu se propose de lui donner, sans qu’il ait besoin de rien chercher ailleurs. Je suis convaincu que l’Histoire n’est, en aucun sens, nécessaire à l’intelligence de la Prophétie. Je trouve dans celle-ci des faits, la pensée de Dieu sur leurs causes, et, par conséquent aussi, le jugement moral qu’il en porte. Je n’ai pas besoin de l’Histoire pour savoir que Ninive et Babylone sont détruites, ou que Jérusalem est entre les mains des Gentils. Il est évident que, quand une prophétie s’applique à des faits, elle est la vraie histoire de ces faits; mais elle est beaucoup plus que cela. C’est elle qui rattache ces faits à l’ensemble des décrets de Dieu en Christ. Aussi, toutes les fois qu’un fait isolé, quelque important qu’il soit aux yeux de l’homme, est présenté comme l’accomplissement d’une prophétie, cette prophétie devient d’une explication particulière, et c’est là, je crois, le sens de 2 Pierre 1 : 20. Sans doute que, quand une prophétie est accomplie, l’accomplissement est une preuve de sa vérité; mais le chrétien n’a pas besoin de cela. D’ailleurs, la preuve d’une vérité et son interprétation sont deux choses bien différentes.
Verset 11. La huitième tête de la Bête est la Bête elle-même, toute la puissance de la Bête concentrée dans la personne du chef. C’est l’empire Romain ressuscité par Satan avec un caractère diabolique, mais qui sera détruit par la puissance de Dieu. Il y a un rétablissement à venir de l’empire Romain, et cet empire rétabli sera détruit par la puissance de Dieu. Dans 2 Thess. 2 : 5, l’homme de péché est appelé le fils de la perdition.
Verset 12. Les dix cornes ont leur puissance en même temps que la Bête. Les royaumes sortis de la destruction de l’empire Romain par les Barbares n’ont pas été les cornes prophétiques. On s’est donné de la peine en pure perte à ce sujet. Les rois Barbares ont détruit l’empire Romain au lieu d’exercer leur puissance en même temps que lui. Il y aura comme une confédération de rois avec un centre, une tête qui exercera la puissance au milieu d’eux.
Verset 14. Ces rois combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau, qui est le Roi des rois, les vaincra. L’Église l’accompagnera. Les appelés et élus et fidèles, voilà ceux qui sont avec lui.
Verset 16. Les cornes (*) haïront la Prostituée, et lui ôteront sa chair, sa richesse, sa grandeur. Elles sont fatiguées d’elle et n’en veulent plus. On croit que, si l’on pouvait se débarrasser de cette forme extérieure et corrompue de christianisme, on serait béni. C’est le contraire. Quand les dix rois dépouillent la Prostituée, ils donnent leur royaume à la Bête. Les rois de la terre ne donneront pas leur puissance à Christ; au contraire, ils la donneront à la Bête et feront la guerre à l’Agneau. Il est inconcevable que ceux qui lisent la Parole de Dieu puissent entretenir la pensée que les rois de la terre donneront leur puissance à l’Agneau. Quand on réussirait à détruire la Prostituée, on n’aurait d’autre résultat que la guerre contre l’Agneau. Il importe que l’Église de Dieu ne se trompe pas à cet égard. Dieu nous avertit afin que nous évitions le chemin qui conduit à la perdition.
(*) Il parait que les meilleurs manuscrits ajoutent: «et la Bête;» ce qui modifierait ce qui est dit ici. Ainsi aussi, en suivant la volonté de la Bête dans la destruction de la Femme, il paraîtrait que ce ne serait pas lors de sa destruction qu’elles donnent pour la première fois leur puissance à la Bête; c’est une preuve de son assujettissement, mais cela n’en marque pas le commencement.
Il y a dans ce chapitre trois parties essentielles la Femme qui devient le centre de la corruption, et qui exerce l’influence sur la masse des peuples; la Bête, sortie de l’abîme ; les dix rois qui agissent (*) contre la Femme, donnent leur puissance à la Bête, et tombent en faisant la guerre à l’Agneau.
(*) Avec la Bête. Voyez la note précédente.
Il faut distinguer entre ces expressions la Femme et la Prostituée. Que Rome ait été le centre, je n’en doute pas. La Femme est la ville; mais la Prostituée embrasse tout un système de corruption qui a des formes diverses, dont l’esprit de mondanité, longtemps revêtu de la forme de la religion, est le principe dominant. Ce chapitre nous montre plus particulièrement la Prostituée sous sa forme religieuse. Les abominations qui sont présentées comme ce qui caractérise la grande Prostituée sont, sans aucun doute, des idolâtries, la corruption religieuse caractérisant la Prostituée. Le luxe et la mondanité servent d’occasion pour éblouir les yeux, pour obscurcir et lier les coeurs. Toute cette prospérité tombe en ruines ; mais la cause du jugement est le mal religieux. Quant à la Prostituée, sa chair est mangée, et elle cesse d’être montée sur la Bête, parce que les rois vont (*) donner leur puissance à la Bête et la bête règne elle-même.
(*) Voyez la note sur le verset 16.
Nous avons donc ici des associations mondaines, une grande extension de trafic, d’échanges et d’opulence, — un grand système de prospérité mondaine; mais son caractère pour le jugement est sa fornication, — non pas sa pourpre, son écarlate et le reste, quoique tout cela se rattachât à sa fornication et en fût comme la livrée. Et c’est toujours là le cas: — on devient mondain, — et, grâce à cet esprit, et pour acquérir cette richesse, on se prostitue aux passions des rois de la terre ; voilà justement la vraie cause de cet état. Mais, comme jadis le sang de tous les justes fut trouvé dans la maison de Dieu, alors apostate, — non pas dans celle du monde ou dans celle du méchant extérieurement; — comme il fut jugé à Jérusalem, et non pas dans la païenne Rome, — il en est toujours ainsi; c’est toujours la forme ecclésiastique de la méchanceté qui prime dans le mal, et non pas la forme mondaine. La contradiction est mentionnée comme la contradiction de Coré, plutôt que de Dathan et d’Abiram, quoique la terre ait aussi englouti ces derniers; et la Bête peut être jugée aussi bien que Babylone, mais elle n’est pas présentée aux regards des hommes en des termes aussi graves d’après le jugement moral de Dieu. La corruption morale est toujours pire que la puissance du mal. Babylone est aussi la mère des fornicateurs et des abominations ou des idolâtries de la terre. L’invocation d’un démon sous le nom de Paul est pire que la même invocation sous le nom d’Hercule ou de Thésée; et l’extirpation sous la médiation de Christ est plus fatale et plus pernicieuse (en tant que c’est là le remède même) que celle de l’unité du seul et vrai Jehovah. Elle est ici un mystère. L’apostasie de la puissance et de la grandeur mondaines n’était pas un mystère pour le résidu échappé de Babylone, et pour le prisonnier de Domitien à Patmos. Mais ce qui était un mystère, c’est que l’Église, sur laquelle l’Apôtre veillait, pût prendre cette forme; c’est qu’elle en pût venir à dominer l’état de choses sous lequel Jean souffrait alors comme un pauvre et méprisé disciple du Crucifié, et à corrompre un monde dont l’Église était proprement la seule vraie lumière. Elle était la mère des abominations de la terre; mais sa domination était sur les grandes eaux, c’est-à-dire sur des peuples, et des foules, et des nations, et des langues.
Il est important d’éviter ces principes et ces formes qui conduisent à la perdition. Les Élus, Appelés et Fidèles sont avec l’Agneau quand il détruit la Bête et les rois. Cela est infiniment précieux, et sépare de l’esprit de ce monde. Un païen n’est pas à Babylone (*). Il ne peut y être. Un chrétien peut s’y trouver. Tout ce qui peut lier le monde et la religion, voilà le principe de Babylone. L’esprit de Babylone, l’esprit de mondanité est un terrain bien glissant. Voilà pourquoi Dieu nous avertit. Que Dieu nous garde!
(*) Je sais que plusieurs prennent Babylone uniquement comme un grand système mondain. Qu’elle soit cela, c’est parfaitement évident; mais l’exclusion du caractère ecclésiastique à cet endroit me semble une grande erreur; c’est là le virus de l’activité de sa volonté en cet endroit, quoiqu’elle soit revêtue du monde. Elle n’est pas considérée ici comme la cité du roi apostat, du tout, quoique, dans le sens mondain, elle puisse être le commencement de son royaume. Il est introduit ici comme la huitième tête de la Bête, qui supplante la Femme. Les rois rendent celle-ci déserte et nue pour donner leur puissance à celui-là; car la puissance, et non la richesse, est la dernière forme du mal présentée, et cela contre l’Agneau, ce qui constitue plus qu’une simple apostasie, une vraie révolte en activité. C’est pourquoi Dieu juge Babylone; et ce sont les destructeurs de sa richesse et de son importance qui donnent leur royaume à la Bête; là-dessus vient la guerre contre l’Agneau. Je ne doute pas que les principes de Babylone ne fussent manifestés en elle, — non pas la puissance royale. Quoique Babylone fût le commencement de sa puissance en laquelle l’autorité royale fut pour la première fois déployée, cependant elle est spécialement le produit de la volonté confédérée des hommes. C’est ce qu’on voit dans le caractère qui constitue la Prostituée, et qui pourtant ne se développe que par sa fornication et sa corruption; et les effets en sont supplantés par une autre confédération, qui n’est pas seulement une apostasie, comme l’est toute volonté d’homme séparée de Dieu, mais une guerre active contre l’Agneau, Roi établi de Dieu.
Nous avons vu qu’il y a dans tous les temps le mensonge et la violence, Babylone et la Bête. Satan est dès le commencement menteur et meurtrier. Depuis le commencement du chap. 18° jusqu’au vers. 10 du chap. 19°, nous voyons le contraste entre Babylone et la Nouvelle-Jérusalem. Pour montrer le jugement de la Prostituée, l’Esprit nous a présenté, dans le chap. 17°, la Femme et la Bête dans leurs rapports l’une avec l’autre. Ici, chap. 18°, il montre Babylone seule pour en révéler le jugement.
Le grand principe de Babylone est la mondanité, mais la mondanité comme position de captivité pour le peuple de Dieu, en rapport avec la prostitution des affections naturelles de l’homme. Dans l’Ancien Testament, la fornication est appliquée au commerce, non au commerce en vue des besoins, mais à l’esprit de commerce pour le gain. Tyr en est l’exemple. L’idolâtrie proprement dite était un adultère (*) pour Jérusalem, parce que l’Éternel était son mari. Dans l’Église, c’est la fornication, parce que les noces n’ont pas encore eu lieu ; mais il y a plus de rapport moral qu’on ne pense, parce que le coeur est loin de Dieu, et la conscience aussi, par l’appât du gain. «L’avarice est idolâtrie» (Éphés. 5 : 5 ; voyez aussi Phil. 3 :18-20). La forme la plus abominable de la mondanité, c’est que ceux qui se disent chrétiens, séparés à Dieu par le sang de l’Agneau, vivent dans la mondanité, dans les principes du monde qui a rejeté le Seigneur Jésus. Nous parlons des rapports moraux; nous avons déjà vu que l’idolâtrie caractérise Babylone, les abominations signifiant l’idolâtrie.
(*) Il est absolument impossible de dire ici que l’Église est représentée comme mariée, vu que les noces en sont racontées dans le 19° chapitre, comme subséquentes à la destruction de Babylone. Le désir de Paul était de la présenter à Christ comme une vierge chaste. Et le Seigneur se la présentera à lui-même glorieuse, cette Église, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable. Ainsi, quant à sa position actuelle, l’Église est représentée comme une fiancée, et non comme une femme mariée, quoique l’amour du mari et de la femme soit employé figurément comme une image de l’amour de Christ pour l’Église. Je ne connais, d’ailleurs, aucun passage qui présente l’Église comme mariée, quoique cette expression puisse fort bien, je le suppose, être employée par la foi qui anticipe sur l’avenir, et qui peut faire parler l’Église comme femme de Jésus. C’est la Jérusalem terrestre qui est appelée la femme mariée.
L’Apocalypse est presque tout empruntée de l’Ancien Testament, de sorte que celui-ci nous donne pour la comprendre beaucoup de lumière. Babylone est l’ennemie de Jérusalem. Israël est sorti d’Égypte. L’Égypte est le monde naturel; il n’en est pas ainsi de Babylone (*). Un païen est en Égypte. Satan est son prince. Israël, sorti d’Égypte, n’y est jamais retourné; mais il a été en captivité à Babylone. Dès le commencement, Babylone a été l’esprit de mondanité, les attraits de ce monde pour le coeur sorti d’Égypte. C’est un manteau de Sinhar, c’est-à-dire un vêtement babylonien, qui a attiré le coeur de Acan (Jos. 7 : 21). Quand le roi de Babylone envoie auprès d’Ézéchias parce qu’il avait été malade, et qu’il était guéri (2 Rois 20 : 12, et Ésaïe 39 : 1), Ézéchias montre ses trésors aux envoyés du roi de Babylone. Mais Ésaïe lui dit: «Tout ce que tes pères ont amassé dans leurs trésors sera transporté à Babylone.» Du moment où l’Église veut s’exalter devant le monde, et par des choses qui ont trait au monde, ce qui du reste est toujours le cas quand on veut s’exalter, elle tombe sous l’influence et la puissance du monde. Plus tard, Babylone est présentée dans sa puissance, et le peuple d’Israël y est captif. Il y a l’idolâtrie, la statue d’or et toutes sortes de richesses. Babylone est le centre de l’idolâtrie et de la puissance du monde. Elle est tombée par Cyrus, et le peuple de Dieu a été délivré jusqu’à un certain point. Tels sont, dans l’Ancien Testament, les traits de Babylone. Babylone est la puissance de ce monde qui trafique de tout, du monde qui s’est élevé à cause de l’iniquité du peuple de Dieu, et où le peuple de Dieu s’est trouvé en captivité. Quand l’Église se mondanise, le monde est toujours plus puissant que l’Église. Mais jusqu’à ce que la volonté publique des hommes fasse la guerre à l’Agneau, une église fausse ou mondaine est nécessaire aux gouvernements.
(*) Quant à l’emploi de Babylone dans l’Apocalypse, il est certain que, comme tout le reste de ce livre, il est emprunté aux prophéties de l’Ancien Testament, en changeant ce qui doit être changé, comme la description de la nouvelle Jérusalem est prise du 60° ch. d’Ésaïe. On pourrait beaucoup plus raisonnablement prendre la Jérusalem de l’Apocalypse pour la Jérusalem terrestre d’Ésaïe, que celle-ci pour la Babylone terrestre de ce prophète ou de Jérémie. Il y a une Babylone littérale et une Babylone mystique; une Jérusalem littérale et une Jérusalem mystique. Mais, pour revenir au caractère de Babylone, nous ajouterons qu’elle a, de toute ancienneté, ce double caractère : le commerce et l’idolâtrie. C’était «un pays de marchands, une ville de négociants,» — le grand marché du monde, comme l’appelle un habile écrivain; mais l’Écriture nous suffit; et le manteau de Sinhar, à une époque très ancienne, et la ville de négociants sous le règne de Nébucadnetzar, nous montrent clairement en quoi cette cité était fameuse, comme elle pouvait l’être naturellement par sa situation même (ainsi il est dit : «Le cri des Chaldéens sera dans les navires;» És. 43), comme Bagdad dès lors, jusqu’à un certain point. Ensuite elle était pleine d’idolâtrie (És. 21 :9; aussi Jér. 50 :38) : «C’est un pays d’images taillées, et ils agiront en insensés à l’égard de leurs dieux qui les épouvantent.» Aussi, dans Ésaïe, la controverse entre Jehovah et ces idoles se clôt par le jugement de Babylone, et commence ainsi : «Bel s’est incliné sur ses genoux; Nébo est renversé.» Ainsi, «Babylone a été comme une coupe d’or en la main de l’Éternel, enivrant toute la terre; les nations ont bu de son vin; c’est pourquoi les nations en ont perdu l’esprit» (Jér. 51 :7; cf. 15-18). Ces deux traits sont mis en relief par voie d’analogie. Que tout chrétien y réfléchisse, et dise quelle est la vraie défection à l’égard de Dieu, le commerce ou l’idolâtrie. Et, comme alors la négation de la gloire et de l’unité de l’Être divin était le but de Satan et de l’idolâtrie, ainsi maintenant la négation de la gloire unique et de l’oeuvre efficace du Médiateur est son objet, — c’est de là que Dieu amène à lui les hommes en grâce. Nous avons donc les moyens de juger de la nature de la corruption de la Babylone mystique.
Ce que nous trouvons dans le 18° chapitre de l’Apocalypse, c’est l’état de Babylone en chute et non sa gloire. C’est le jugement de Babylone (vers. 2 et 3). Elle a joui pour un temps des agréments de la terre, mais elle devient une habitation de démons. En même temps, il est dit au peuple de Dieu (vers. 4) : «Sortez du milieu d’elle.» Israël a été captif à Babylone par le jugement de Dieu. Quand Babylone est tombée, Israël en est sorti. Si je discerne Babylone, je suis appelé à en sortir pour ne pas avoir part aux jugements qui vont tomber sur elle.
Versets 6-8. Le peuple de Dieu sur la terre est appelé à lui rendre la pareille, et le double de ce qu’elle lui a fait. L’Église dans le Ciel est appelée a se réjouir de son jugement (verset 20).
Pourquoi l’Esprit de Dieu fait-il la liste de tout ce commerce, versets 11-13? Pour nous signaler l’occupation des enfants de Babylone. Tout était marchandise pour elle. C’est un centre de toutes les choses dont peuvent jouir les habitants de la terre. Et, si les corps et les âmes des hommes étaient utiles à cela, ils seraient aussi réduits à l’état de marchandise. Tout y est pour le gain, l’agrément et le commerce de ce monde. L’esprit de cela est déjà manifesté, quoique tous les détails ne se voient pas. Commercer et s’enrichir, voilà le ressort de toute la politique actuelle du monde; et, si les âmes sont utiles dans ce but, cela est égal, pourvu qu’on atteigne son but, gagner et bien arranger ce monde dont Satan est le prince. Plus les facilités pour ce train d’avarice et de luxe seront grandes, plus les âmes des hommes en seront dévorées. Il faut que le monde soit tout, et que le Prince de ce monde règne sans empêchement, et il faut que tout se prête à cela. Rien n’est plus triste que de voir que tout se vend, tout s’achète; que c’est là tout l’objet du monde. et que tout cède quand il s’agit de gain. Cette destruction de tout principe par l’esprit du gain laisse le champ libre à cette puissance plus directe de Satan qui lie les coeurs à sa domination. Il est à craindre que le coeur des chrétiens ne soit envahi par ces principes ; car les principes du monde envahissent jusqu’à un certain point les coeurs chrétiens. On s’en glorifie même.
Il y avait dans le coeur de Caïn la haine positive et le meurtre, mais aussi le caractère du Prince de ce monde. Il bâtit une ville et embellit le monde (Gen. 4 :16). Satan gouverne les coeurs par ces, moyens, et devient ainsi prince de ce monde par tous les agréments de la vie que le monde appelle innocents. Quel mal y a-t-il aux richesses, à la musique, au dessin et à tant d’autres choses? C’est que, par leur moyen, Satan gouverne le monde et les coeurs des hommes pour l’éternité. C’est le caractère de Babylone. Israël était à Babylone, mais n’était pas Babylone. Il est abominable qu’un chrétien s’accommode des principes de Babylone.
Cette corruption et ce système d’agréments sont spécialement mauvais pour nous, en ce que tout cela se pratique après que l’homme a été chassé de la présence de Dieu, et que, sorti de devant la face de l’Éternel, il a arrangé le monde de son mieux : société polie, agréments, arts, etc. Dieu a présenté au monde son Fils comme héritier de toutes choses, et le monde l’a rejeté. Mais le Père reçoit le Fils rejeté, et le monde est trouvé en opposition directe avec Dieu. Après avoir tué son frère et avoir été chassé de la présence de Dieu, Caïn embellit le monde. Le monde était déjà pécheur contre Dieu ; mais, comme Caïn, il a ajouté à cela de tuer Celui qui a voulu se faire notre frère. Jésus n’est pas du monde, mais du Père. «Père juste, le monde ne t’a point connu» (Jean 17 :25). Ce qui caractérise les disciples, c’est de suivre le Fils dans le Ciel, d’être célestes et de n’être pas du monde. «Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais du monde» (1 Jean 2 :16). Le Père est opposé au monde; le Fils à Satan ; l’Esprit à la chair. Pour autant que le chrétien entre dans les voies du monde, c’est une prostitution complète. Quand le monde est en face de l’Église et tient l’Église en captivité, c’est là le plein caractère de Babylone, quoiqu’elle fût déjà Babylone avant de faire cela, et pour le faire. Tout ce qui rend le monde heureux en dépit de Dieu est le train de Babylone. Et, pour le chrétien, s’y trouver, c’est se trouver à Babylone. Le monde peut s’enrichir sans que cela nous touche ; mais, quand il se trouve dans la tente de Acan un manteau de Sinhar, tout le camp est corrompu, et Dieu le juge. Quand il s’établit des rapports d’union entre Babylone et le peuple de Dieu, c’est un indice que toutes les richesses d’Ézéchias seront transportées à Babylone. Quand Ézéchias est assez riche pour montrer ses trésors, il a les principes du monde, et le jugement est commencé. Quand Babylone se rend coupable d’emmener Israël captif, le peuple de Dieu n’a aucune force.
Verset 4. Le malheur du peuple de Dieu, c’est d’avoir part au péché de Babylone; et le moyen de n’y pas avoir part est d’en sortir, de sortir du milieu d’elle pour ne pas participer à ses péchés et, comme conséquence, à ses plaies. On en sort à cause de ses péchés, pour n’y pas participer, et non parce que ses plaies sont arrivées. Il est évident que l’Église, les vrais chrétiens se sont mondanisés. Dieu a eu longue patience. — Babylone tombe quand Belsatsar se glorifie non seulement d’avoir rendu le peuple de Dieu captif, mais aussi d’avoir eu le dessus sur Dieu. Quand Babylone est tombée, le peuple de Dieu s’y trouvait; cela aura lieu encore, quoique l’Église soit enlevée auparavant.
L’esprit de mondanité s’oppose au témoignage de Dieu, et il est coupable de la mort de ceux qui ont rendu témoignage à Jésus. Plus il y a de religion dans le monde, plus il est acharné à mettre à mort ceux qui rendent témoignage à Jésus. Quand Nébucadnetzar élève la statue d’or, il jette les Hébreux dans la fournaise. Quand Jésus le Christ est prêché, ce sont les Juifs qui vont de ville en ville pousser les païens à persécuter les chrétiens, et qui suivent dans ce but les Apôtres de ville en ville. Ce qui supporte le moins la lumière de Dieu, c’est ce qui prétend être la religion de Dieu sans l’être. Si Jésus est le Fils de Dieu dans le Ciel, qu’est-ce que les Juifs ont fait? — Babylone est la mondanité chassée loin de Dieu comme coupable de la mort de Christ, et qui, néanmoins, s’adonne à embellir le monde. Mondanisée, l’Église s’éteint. Babylone dans l’Église, elle égorge les Prophètes et les Saints. N’étant pas du vrai Dieu, et ne pouvant l’être, car elle ne serait plus Babylone, elle se sert de l’idolâtrie obligatoire pour établir l’unité. C’est ce que Nébucadnetzar a fait. Voilà les grands principes de Babylone; et il faut que ceux qui n’agissent pas par la conscience subissent le joug de cette mondanité prospère, qui fait commerce même des âmes des hommes. Il reste pour nous le témoignage que le monde n’est pas du Père, que Christ n’est pas du monde, et que le monde sera jugé (verset 8).
Jusqu’à ce que le jugement de Dieu tombe sur le monde, le monde réussira de plus en plus. Cela n’est pas encore pleinement accompli; mais nous sommes avertis de fuir tous ces principes de Babylone, en vertu desquels la société s’embellit et s’arrange sans Dieu, et qui la conduisent jusqu’à faire de la conscience une marchandise. Dieu mette dans nos coeurs de ne pas participer à ses péchés, pour ne pas participer à ses plaies! Tous ces principes babyloniens, tout ce que vos yeux peuvent convoiter pour vos salons et vos agréments, tout cela vous sépare du Ciel. Tout cela est du monde qui a rejeté Christ. Voulez-vous peut-être être de Babylone en petit? Comme l’Esprit est opposé à la chair, le Fils à Satan, ainsi le Père est opposé au monde. C’est la puissance des affections célestes qui chasse le désir de ces choses charnelles.
Il y a encore en Babylone d’autres principes que je n’ai pas fait remarquer. Les chapitres 10° et 11° de la Genèse nous énumèrent toutes les familles de la terre et leur division. Il s’y trouve deux grands principes qui caractérisent l’élan du coeur humain à faire sa propre volonté, savoir l’esprit de despotisme et l’esprit d’association. Nemrod, premier exemple de la domination individuelle, commença a être puissant sur la terre (Gen. 10 :8). Nébucadnetzar, premier chef des quatre monarchies, exerce, par une volonté forte, la puissance sur ses semblables. D’un autre côté, l’homme n’aime pas à être gouverné, et il s’associe aux autres pour être entièrement indépendant de Dieu. Associé à d’autres, il se croit capable de tout. L’union, dit-il, fait la force, et cela est vrai jusqu’à ce que Dieu intervienne. Les hommes s’associent pour avoir un nom sur la terre; c’est là l’esprit d’association. Mais, quand Dieu a dispersé les hommes, Nemrod s’empare de tout ce qu’ils avaient fait. «Le commencement de son règne fut Babel» (Gen. 10 : 10). Dieu reconnaît (Gen. 11 :6) la puissance du principe d’association, mais c’est le principe propre de Babylone. L’homme veut s’associer, et, par sa propre volonté unie à celle des autres, s’acquérir de la réputation. Cet esprit d’union n’a d’autre objet que la gloire de l’homme.
Pour l’Église, il existe une véritable unité : «Un seul esprit et un seul corps.» Cette unité a le Saint Esprit pour puissance de vie, et Christ pour centre de tout. Le christianisme seul a pu donner une grande force à l’individualité et à la conscience, et en même temps réunir les hommes sous la direction de Christ, vers un seul centre qui est Christ. Cela n’est possible que par le Saint Esprit, qui ôte l’égoïsme en donnant force à la conscience, et en donnant par la foi au coeur un objet en dehors de lui-même, objet qui agit sur la conscience individuelle, et nous réunit tous, par une affection dominante, à un seul centre d’affection, par une seule vie et une seule puissance de l’Esprit.
L’unité de Babylone est d’une tout autre nature. Elle tend à la gloire de l’homme, qui veut réunir les hommes autour d’un système que la sagesse et la prudence de l’homme ont inventé. — Babylone a toujours un chef. Après que Dieu a mis Babel en confusion, un homme s’empare de toutes ces volontés éparses, les réunit sous la sienne et les fait obéir. Association et despotisme, sous ces deux formes, c’est l’homme qui veut se faire un nom. La conscience n’est pas en activité ; il n’y a ni racines ni fruits. — La conscience n’admet rien entre Dieu et soi. Tout ce que l’homme peut faire, comme instrument, c’est de mettre la conscience en relation avec Dieu. — Pendant longtemps, l’esprit de cette fausse unité babylonienne a été extérieurement religieux : il n’en est pas moins l’esprit de Babylone.
L’esprit d’association est très puissant dans ces temps-ci. L’association commerciale domine tout, et le besoin d’unité est partout proclamé. L’homme réussira d’une manière étonnante; mais tout cela n’aboutira qu’à la confusion de la volonté de l’homme, et à sa soumission à la Bête comme dernier chef. Le remède à tout cela, c’est la conscience. Le Saint Esprit agit comme esprit d’union des enfants de Dieu ; mais la conscience ne peut pas être en société, et rejeter sa responsabilité individuelle. Elle est individuelle, sans quoi Dieu ne serait pas le maître de la conscience. Le Saint Esprit la dirige vers Jésus. Si l’on veut éviter les principes du mal, il n’y a d’autre moyen que la conscience. Elle rend sage pour le bien et simple pour le mal. Le chrétien qui agit selon sa conscience évitera mille pièges dont il ne se doute pas du tout.
Cette Babylone, dont nous avons vu la gloire, sera l’objet du jugement de Dieu. Quand cela aura lieu, tous les ennemis ne seront pas détruits. Il reste le huitième chef de la Bête. Dieu exerce toujours la patience de ses enfants.
Babylone est prostituée, non adultère. Israël, dans l’infidélité, était adultère; mais l’Église corrompue est prostituée, parce que les noces de l’Agneau n’ont pas encore eu lieu (*). L’Éternel était le mari d’Israël. Sa présence y était, et il en découlait des bénédictions terrestres. Néanmoins, la folie de l’homme l’a jeté dans l’idolâtrie. — L’Épouse de l’Agneau n’est pas encore formée dans sa totalité céleste. L’ensemble de l’Église n’est ni encore accompli, ni encore ressuscité. Aussi l’Église doit-elle toujours attendre. Et, comme il n’est pas agréable d’attendre sans posséder, l’Église a voulu avoir, comme le Judaïsme, des jouissances sur la terre. Plus il y a de l’Esprit, plus au contraire on souffre, et plus on est en avant dans le combat. L’Église, ayant cessé d’attendre son Époux, a voulu jouir dans le monde et s’est corrompue. C’est parce que le système de bénédictions terrestres a manqué en Israël, que l’Église a été introduite. L’Église n’a de ses possessions futures que les arrhes. Sa position est d’attendre. Satan a travesti tout cela, et a abaissé l’idée de dévouement dans l’Église. Au commencement, personne ne disait que ce qu’il avait fùt à lui. Plus tard, on voit les Epîtres avertir les riches (1 Tim. 6 :17-19). Ensuite, l’Église a voulu être riche. Les vierges sages ont sommeillé. Satan s’est introduit, et le Prince de ce monde est devenu prince dans l’Église professante, ses vrais membres mêmes étant presque tous perdus dans la corruption. Et c’est dans cette Église corrompue, que Satan se trouve, et qu’on a vendu même des âmes d’hommes. À la fin les rois ne veulent plus de cette Prostituée.
(*) Voyez ci-dessous l’Appendice A, emprunté, ainsi qu’un grand nombre de notes, à la traduction anglaise des Notes sur l’Apocalypse.
La Bête elle-même ayant mis de côté la Prostituée, et la Prostituée étant détruite, la Bête, la violence, veut elle-même faire la guerre à l’Agneau. C’est l’empire Romain ressuscité, le huitième chef de la Bête, qui fait ouvertement la guerre à l’Agneau. Ce n’est plus simplement la corruption, c’est la violence. Ésaïe (14 :12-17) nous fait voir le roi de Babylone prenant tous les titres et les caractères de Christ. Il veut s’asseoir sur la montagne d’assignation à Jérusalem, dans le palais du grand Roi, aux côtés d’aquilon. Il prétend à tout ce que Jésus possède, et à se rendre semblable à Jésus. Mettre son trône au-dessus des étoiles, monter au-dessus des nuées, être semblable au Souverain, c’est là une récapitulation des titres de gloire de Jésus, et la forme la plus hardie de l’orgueil de la terre. En un sens, c’est un bonheur que cela arrive, parce qu’alors il faut que Dieu juge et le détruise. Mais, auparavant, il faut que l’Église soit unie à Jésus pour entrer dans cette gloire, et nous sommes introduits aux noces de l’Agneau.
[note de Bibliquest : Appendice aux chapitres 17 et 18 : l’Église est-elle Épouse ou fiancée ?]
Tous les chrétiens ne sentent pas l’importance de ce qui est dit, selon la pensée de l’Esprit, quant à l’Église, envisagée non comme mariée encore, quoique fiancée à Christ; ce qui fait que le péché du corps des professants dans le monde est désigné comme une prostitution plutôt que comme un adultère. C’est pourquoi je prends la liberté d’ajouter que l’habile et rusé Bossuet, évêque de Meaux, considérait, lui, ce point comme si grave, qu’il cherche fort adroitement à réfuter l’application que font les protestants d’Apocalypse 17 et 18, par cet argument : S’il eût été question de l’infidélité d’un corps religieux, le symbole employé pour le désigner eût été une femme adultère et non une prostituée ; c’est-à-dire qu’il eût dû représenter la culpabilité d’une femme mariée, convaincue d’infidélité. Cette idée fut regardée comme une réfutation triomphante du stigmate, que cet éminent controversiste cherche à rejeter sur Rome païenne, en le détournant de Rome dans son état, actuel et futur. Or, non seulement Bossuet se trompait, mais une soigneuse investigation du fait tend à établir le point même qu’il cherche à renverser. Nous ne pouvons mieux faire pour le démontrer que citer quelques mots sur Rom. 7, de l’auteur des Notes sur l’Apocalypse. L’expression genhtai andri eterw est traduite dans la version de Martin : «Si elle épouse un autre mari,» ce qui semble une exagération du texte, vu que, dans le troisième verset, il s’agit d’une femme qui, son mari étant vivant, passerait à un autre homme. Cela semble être une phrase plus générale, quoique, dans un sens honnête, elle puisse parfaitement avoir cette signification. Mais, quoiqu’on puisse bien dire, en un certain sens, que l’âme est mariée à Christ ressuscité, il n’est (je crois) jamais dit de l’Église, comme telle, qu’elle soit mariée à Christ. Il est dit, quant à un corps particulier : Je vous ai unis (fiancés) à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste.» Dans le 19° chapitre de l’Apocalypse, nous avons cette joyeuse acclamation : «Alléluia! parce que le Seigneur Dieu Tout-Puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse, et donnons-lui gloire, parce que les noces de l’Agneau sont venues, et que la femme s’est préparée.» Ceci a lieu après le jugement de Babylone. Et encore au chap. 21 : 9 : «Je te montrerai l’épouse de l’Agneau, la femme.» Avant les noces donc nous avons, indubitablement, l’Église non mariée à l’Agneau, et j’estime que c’est là une différence de toute importance; l’ignorance sur ce point a donné lieu à tout autant d’erreurs que toute autre relative aux Écritures. On petit dire que l’Église est fiancée ou destinée à Jésus, mais le mariage n’est pas encore venu. Il aura lieu lorsque l’Église lui sera unie, au jour où il apparaîtra dans sa gloire, où il appellera les siens en haut dans les airs; alors «il se présentera à lui-même glorieuse cette Église, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable.» Le corps juif était ainsi marié : «J’ai droit de mari sur vous, dit l’ÉTERNEL. — Ne crains point, car tu ne seras point honteuse, ni confuse, et tu ne rougiras point; mais tu oublieras la honte de ta jeunesse, et tu ne te souviendras plus de l’opprobre de ton veuvage. Car ton mari est celui qui t’a faite; l’ÉTERNEL des armées est son nom; et ton Rédempteur est le Saint d’Israël ; il sera appelé le Dieu de toute la terre. Car l’ÉTERNEL t’a appelée comme une femme délaissée et travaillée en son esprit, et comme une femme qu’on aurait épousée dans la jeunesse, et qui aurait été répudiée, a dit ton Dieu» (Jér. 3 : 14 ; És. 54 : 4-6). Et c’est là ce que nous trouverons établi partout d’une manière remarquable. Ainsi, le corps juif est toujours appelé adultère, comme en Osée 3 ; l’Église est représentée comme corrompue, mais non pas comme ayant violé la foi conjugale : «Tu as jugé la grande Prostituée,» et le péché de l’Église, c’est la fornication. — Or, cette différence touche à toute la position dans laquelle nous nous trouvons placés. Jamais encore, l’Église n’a été amenée dans la position vis-à-vis de Dieu, où tous les arguments de la grande masse des commentateurs de l’Écriture la supposent placée (et ceci est un nouvel exemple du mal que l’on fait en appliquant les déclarations de l’Ancien Testament aux sujets du Nouveau, comme s’ils leur appartenaient), quoique, par l’Esprit, la foi voie cette place comme étant à elle, et se garde, par conséquent, pour cette place. C’est la part de Babylone de se souiller avec tous les rois de la terre ; mais nous, bien qu’avec des affections longtemps mises à l’épreuve, nous connaissons la fidélité de l’amour du Rédempteur, et nous demeurons dans la solitude jusqu’à ce que Celui qui nous a aimés apparaisse. Car nous sommes «fiancés à un seul mari,» et cela doit être dans la résurrection ; car le second Adam nous est connu dans la résurrection ; nous avons été pris de lui dans la mort ; maintenant il est mort à tous excepté à la foi, et c’est pourquoi l’Église est toujours prise de lui, et en résurrection nous serons un avec lui, mariés à lui. Nous sommes, il est vrai, un Esprit avec lui maintenant, et c’est pourquoi nous connaissons la bénédiction ; mais le corps tout entier de l’Église sera finalement uni à lui dans la joie de son Seigneur. Je pense que l’on trouvera que toutes les Écritures justifient cette différence, et qu’elle affecte bien positivement notre position, tandis que nous apprenons à distinguer l’aspect de fidélité que l’Église devrait présenter, sa complète séparation du monde, de tout appui d’un caractère mondain, comme une vierge chaste à Christ ; genomenh andri eterw, elle a perdu tout son caractère aussi bien que ses relations. Si l’Esprit du Sauveur ressuscité est en moi, je suis par là-même uni à lui, et ainsi je dois me garder moi-même. Je suis vitalement et éternellement un avec lui ; mais l’Église, comme corps, n’est pas de même mariée avec lui, car elle n’est pas encore formée. Il ne convient pas à sa position de s’approprier les privilèges d’une femme ; tout comme il lui siérait mal, dans son état actuel, d’avoir dans sa conduite autre chose que la modestie d’une femme. Elle doit régner comme reine sur tous les biens de son Seigneur, et gouverner avec lui dans sa maison ; la fidélité de l’espérance envers celui qui est si longtemps éloigné de sa bien-aimée à laquelle il s’est engagé, — comme une étrangère, par conséquent, au milieu de tous ceux qui ne le connaissent pas, — voilà sa part actuelle. Qu’elle reçoive d’en haut, ou non, les témoignages de son amour pour elle, la fidélité envers lui est toujours son affaire manifeste. Le monde peut considérer son sort comme insensé, misérable, désespéré ; mais elle sait en qui elle a cru, et elle peut être contente d’être l’objet des moqueries de ceux qui ne le savent pas, parce qu’elle a le secret de son amour par son Esprit habitant en elle, et elle se réjouira en ce jour où il justifiera sa fidélité et célébrera la sienne, à elle, devant ceux qui l’avaient méprisée (comp. Apoc. 3:8, 9). Je suis de jour en jour plus convaincu que c’est là la position réelle, la seule position de l’Église ; elle peut avoir, l’abandon et l’affliction du veuvage, mais aussi la vivacité et le piquant d’affection d’une veuve, et cela avant d’avoir été femme. Babylone n’a pas besoin d’être affligée et d’attendre à part ; elle a prodigué ses affections à dix mille amants qui la haïront à la fin. Mais le croyant fidèle, en tant que participant de l’esprit de l’Église, attendra, comme séparé du monde et dans l’esprit d’une sainte séparation, Celui en qui est son espérance. J’ajouterai que, à mon avis, nous trouvons une association remarquablement belle de l’oeuvre de Dieu et de celle de l’homme dans la personne du Seigneur, en rapprochant Gen. 2 : 22, et Éph. 5 :27.
Que les hommes soient tenus comme responsables de leur conduite, et qu’ils aient à rendre compte d’eux-mêmes devant Dieu, c’est là un principe généralement admis, et sur lequel il n’est nullement nécessaire d’insister. «Chacun de nous, dit l’Apôtre, rendra compte à Dieu pour ce qui le concerne» (Rom. 14 :12). «Chacun portera son propre fardeau» (Gal. 6 :5). «Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres,.... dans le jour où Dieu jugera les choses secrètes des hommes, selon mon Évangile, par Jésus-Christ» (Rom. 2 :6, 16). Mais ce n’est pas là le gouvernement de Dieu dans le monde. Dieu agit souvent dans le monde envers les masses, conséquemment au résultat général que le corps tout entier présente à ses yeux, et même aux yeux du monde, s’il s’agit de son peuple qui est appelé à lui rendre témoignage; car, sans cela, Dieu serait identifié avec le mal, et son caractère serait compromis. Il peut supporter tout en châtiant; mais, comme il est écrit (Ézéch. 39 : 23), «les nations sauront que la maison d’Israël avait été transportée en captivité à cause de son iniquité.» Quelquefois le péché d’un chef, qui séduit les autres, mais qui est lui-même le grand coupable, attire le jugement sur sa postérité et sur son peuple. — 2 Rois 23 :26 : «Toutefois, l’Éternel ne revint point de l’ardeur de sa grande colère, de laquelle il avait été embrasé contre Juda, à cause de tout ce que Manassé avait fait pour l’irriter.» D’un autre côté, nous voyons le monde portant les conséquences des péchés de leurs pères, témoin les païens : Dieu les a livrés à un entendement réprouvé. Ici donc, évidemment, il faut distinguer bien positivement entre le jugement éternel de Dieu, et son jugement dans le gouvernement du monde. Car, par rapport à son jugement éternel, il est dit des Gentils : «Tous ceux qui ont péché sans loi, périront aussi sans loi... dans le jour où Dieu jugera les choses secrètes des hommes par Jésus-Christ, selon mon Évangile» (Rom. 2 :12, 16), — l’Évangile que Paul prêchait. Mais, quant au gouvernement du monde, il est dit des mêmes Gentils : «Dieu a regardé par-dessus les temps d’ignorance;» car, en fait, «il n’y a pas de péché mis en compte, s’il n’y a pas de loi.» Cependant, le péché et la mort ont régné. C’est qu’ils héritaient du péché de leurs pères. Mais, en gouvernement, ils n’étaient pas tenus comme responsables de leurs propres actes ; ils l’étaient pour l’éternité selon la lumière qu’ils avaient négligée. Quand Dieu s’est mis en relation avec un peuple, et a placé au milieu de ce peuple un témoignage, dont la lumière fasse ressortir le péché qu’ils commettent, et dans lequel ils persistent malgré ce témoignage, alors Dieu, selon son gouvernement ici-bas, fait venir le jugement de tout ce péché sur la génération qui a comblé la mesure de leur culpabilité; en sorte qu’il n’y a plus lieu à la patience. Témoin les Juifs, qui rejetèrent Christ et le témoignage du Saint Esprit : tout le sang juste qui avait été versé sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, devait être redemandé à cette génération-là. Dieu ne l’avait pas redemandé précédemment : Il les avait éclairés par sa loi, réveillés par ses Prophètes, avertis par ses châtiments; par l’envoi de son Fils, il en avait appelé à tout leur être moral. Même les péchés de leurs pères auraient dû être, pour les enfants, un avertissement à éviter les mêmes transgressions, parce que, après les péchés des pères, ces transgressions étaient commises dans la lumière. Mais ils y persévérèrent, et ainsi ils s’amassèrent la colère pour le jour du jugement; et ils ont porté les conséquences de tout cela, conformément au juste jugement de Dieu. Cela n’empêche pas du tout que chacun de leurs pères ne subisse, ou ne subisse pas, les conséquences de son propre péché dans le jugement des morts; mais la nation, tout le système, l’objet public du gouvernement de Dieu dans le monde, a été jugé. S’il y avait des Saints fidèles qui déploraient le mal, ils étaient transportés dans un autre système, précisément de même que les justes des âges précédents jouiront des effets de leur fidélité dans le monde à venir. Le fait est que, si le fils pèche après son père, son péché est plus grand que celui de son père; parce que, si la lumière, qui luit dans le système au milieu duquel je me trouve, est dans mon coeur, la vue du mal agira puissamment sur ma conscience ; elle produira l’horreur pour le péché ainsi commis sous les yeux de Dieu, et je l’éviterai, étonné de trouver une telle conduite possible, comme un homme qui en voit un autre marcher dans la boue, ou tomber dans un précipice. Si je persévère dans le péché de mon père, je suis plus coupable que lui, en ce que son péché était un avertissement pour moi ; mon péché est doublé, moralement aggravé de tout l’effet que son péché aurait dû produire sur moi pour m’en détourner; c’est-à-dire, de tout ce que son péché était aux yeux de Dieu ; car nous supposons le cas d’un homme qui a la lumière et le témoignage de Dieu. Mon péché est aggravé de tout cela, quoique mon père soit également responsable de ce qu’il a fait. Aussi il est évident que, dans ce cas, mon coeur est endurci en raison du péché de mon père, que j’ai vu ou que j’aurais dû voir à la lumière de Dieu qui m’était donnée (Ézéch. 23 :11 ; 2 Chron. 34 :19, etc.; Jér. 6 :15).
C’est là ce que nous voyons quant au jugement de Dieu en Israël. Ajoutons seulement que, dans sa bonté, Dieu a continuellement renouvelé ce témoignage, et que, dans sa patience, il a envoyé ses prophètes, se levant chaque jour dès le matin, et les envoyant, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède (voir aussi Jér. 7), et à la fin envoyant son propre Fils. La conséquence en fut, comme nous l’avons déjà dit, que tout le sang juste, versé sur la terre, depuis le sang d’Abel jusqu’à celui de Zacharie, vint sur la génération qui comblait la mesure des iniquités de leurs pères, en rejetant le dernier témoignage de Dieu (Matth. 23 :35). Ici, le péché est hérité, et le peuple tenu, eu égard au gouvernement de Dieu, comme responsable des péchés de leurs pères; les leurs propres étaient moralement l’accumulation de tous ceux qui étaient passés, et que Dieu avait supportés selon la patience qu’ils avaient méprisée, et dont ils avaient pris occasion de se plonger toujours plus dans le mal (*) (voir aussi Dan. 5 :18-23). Évidemment, cette considération peut augmenter le péché individuel ; mais cela n’empêche pas l’application de l’autre grand principe du gouvernement de Dieu, quant à ceux qui portent son nom, ou qui jouissent de sa lumière, ou qui se trouvent (en conséquence, peut-être, de leur propre orgueil et de l’aveuglement de Satan) dans la position (ou prétendent à jouir de la position) où Dieu avait placé les siens. (Voyez, comme exemples, Jér. 23 ; Matth. 24 : 48, etc.) On peut ajouter que le jugement de Dieu est en rapport avec l’iniquité du peuple : il fait venir sur eux leur iniquité (Comp. Jér. 5 : 21 ; És. 6 : 9, et d’autres passages, tels que 2 Thess. 2 : 10, 11). Or l’Esprit de Dieu applique ce principe général à Babylone dans l’Apocalypse : En elle fut trouvé le sang de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre. Le jugement de Dieu la rend responsable de tout ce qui avait été fait depuis le commencement, et les Apôtres et Prophètes sont invités à se réjouir de la vengeance que Dieu en tire. Ces Apôtres et Prophètes n’avaient point eu de rapports avec elle, mais la Babylone des derniers jours héritera et sera responsable du mal dont les Apôtres avaient souffert. Néanmoins, chacun répondra pour son propre péché, qu’il soit commis au commencement ou à la fin des âges; quoique, comme nous l’avons déjà dit, la coulpe individuelle puisse être aggravée par la persévérance dans le même péché, ou puisse, d’un autre côté, être moins grave, vu le manque de lumière. Nul de ceux qui connaissent et honorent Dieu, ne doutera que la culpabilité de Babylone ne soit réelle (**).
(*) Finalement, Dieu était forcé, quant à ce qui regarde son gouvernement public dans le monde, d’imputer toutes choses, parce que son nom était réclamé sur son peuple. Il devenait, pour ainsi parler, associé responsable de tous les péchés de son peuple, si lui-même ne les jugeait pas. Sa gloire consistait à user de patience, mais jamais à tolérer le péché parmi le peuple avec lequel il s’identifiait lui-même; il est donc bien évident que c’est le péché du peuple qui devait être puni. Si le péché de mon enfant s’accumule en raison de ma patience, ce n’est pas sa dernière faute que je punis à la fin, mais c’est mon enfant en raison de tout le mal que j’ai supporté jusqu’alors, et qui s’est aggravé à cause de ma patience même. Il en est précisément ainsi du peuple de Dieu.
(**) Quant à Babylone, nous la voyons active pour corrompre : elle fait boire les nations. Si Israël s’est corrompu au lieu d’observer la loi, Babylone a corrompu au lieu d’agir en amour et en vérité. Le peuple de Dieu se trouve en elle, et il est en danger de participer à ses péchés. Il est évident pour moi que, tout en ayant l’orgueil et l’idolâtrie comme racines du mal, son iniquité est le résultat du mépris et de l’abandon de toute la lumière de Dieu, depuis Noé jusqu’à l’Église, aussi bien que du témoignage des derniers temps. Son coeur est plein de toute l’iniquité de l’homme en présence de la lumière de Dieu et de tous les privilèges des siens en Christ, et en ayant connaissance. Ce sera, en fait, l’activité de Satan; mais, au point de vue des hommes et de leur responsabilité, ce sera la falsification et l’abjuration de toutes les relations fondées sur les révélations de Dieu. La Bête est autre chose; elle combat contre le pouvoir de Christ, le Fils de l’Homme. Ce n’est pas la totale corruption des hommes dans les choses que, en principe, ils tenaient de Dieu.
Ce sont là des exemples bien évidents de ce principe de Dieu, dans son gouvernement : de tenir un système comme responsable de tout le mal qui a été fait pendant sa durée, même pendant toute la durée de ce qui l’a précédé, et dont il a hérité les privilèges tout en les dépassant. Les hommes héritent des péchés de ceux qui les ont précédés, et sont jugés responsables du tout. Quant à ce qui concerne l’individu, il portera la peine de ce qu’il a fait.
La gloire appartient à Dieu, puis encore à l’Agneau. Si l’Église cherche ses avantages sur la terre, elle tombe en Babylone. Jésus veut qu’elle ait la gloire qui lui appartient, et qu’elle attende avec lui qu’il entre dans sa gloire pour en jouir avec lui. Si elle veut une gloire terrestre, son coeur abandonne son Époux, et c’est là la plus grande infidélité. Nous devons ne rien avoir des choses que donne le Prince de ce monde, mais recevoir les choses célestes de la main de Dieu, et les attendre de lui-même. L’Église doit être sur la terre la manifestation de ce détachement entier de la terre; elle doit être dans une indépendance entière de toute autre chose, et sous la dépendance absolue de Dieu. C’est là l’épreuve et la preuve de la foi, que de refuser de posséder les choses avant que Dieu les donne. C’était le péché de Saül que d’avoir sacrifié avant que Samuel fùt venu. Il vaut infiniment mieux attendre que, nous jouissions de tout avec Christ. Toutes choses sont à nous ; nous à Christ, et Christ à Dieu (1 Cor. 3:22-23) ; et, si cette chaîne est rompue, la relation de la créature avec Dieu est rompue aussi. Il faut que l’Église attende que le jugement de Dieu soit exécuté pour l’époque de sa gloire. Satan cherche toujours à tromper l’Église à cet égard. Il cherche même à unir les chrétiens, dans un esprit d’association humaine, pour arriver à un millénium spirituel qui n’est pas promis, et qui exalterait l’homme et les moyens qu’il a en sa main. L’Épouse ne peut être heureuse que par la présence de l’Époux. Dieu, de son côté, ne veut pas, sans Christ, exercer sa puissance dans le gouvernement du monde. Ceux qui cherchent à produire un millénium spirituel veulent des moyens des hommes. Comme il leur faut de l’argent, ils s’appuient sur ce que l’homme peut donner. C’est une Babel, malgré l’excellence des intentions; et les chrétiens qui veulent la bénédiction avant le jugement s’appuient toujours sur la chair.
Versets 3 et 4. L’Église loue le Seigneur du jugement de Babylone (*). L’Agneau n’est pas encore manifesté. Dieu juge la corruption. L’Agneau juge la Bête, parce qu’elle s’élève contre le Roi des rois.
(*) Ainsi Babylone est jugée, — détruite, — avec ses corruptions qui corrompaient la terre, et le sang des serviteurs du Seigneur Dieu est vengé. Ce jugement est célébré dans le Ciel, comme l’oeuvre du Seigneur Dieu, par une multitude et par les représentants mystiques des rachetés; ce culte s’adresse à Dieu assis sur le trône, dont la puissance et les jugements viennent d’être ainsi manifestés. Maintenant, le chemin est rendu libre, et une voix sort du trône, invitant tous les serviteurs de Dieu à louer le Seigneur. Ses enfants peuvent toujours le louer en esprit; mais ici, la prédominance du mal étant écartée, nul répit n’étant plus accordé, ceux-ci, dans leur caractère de serviteurs, avec tous ceux qui craignent Dieu, peuvent le louer; car il règne maintenant comme le Seigneur Dieu Tout-Puissant, c’est-à-dire avec le caractère ou les caractères sous lesquels il agit avec la terre, en tant que Dieu, Créateur, Auteur des promesses et Bouclier de ses Saints pendant leur pèlerinage terrestre, ou en tant que Consommateur éternel de tout ce qu’il a promis, Jehovah, Elohim, Schaddaï. Ces noms, il les prend maintenant en puissance et il règne. Quant au temps, ceci nous ramène au chap. 11 :17, dans l’intervalle, nous avons eu la source, le caractère et la forme du mal, et le jugement de tout, sauf la Bête et la révolte contre l’Agneau, qui est terrestre. Tout mal secret ou ce qui est seulement corrompu, tout mal qui avait sa place dans le Ciel étant écarté, ce n’est plus qu’une question de puissance publique, dernière ressource, moyen désespéré de Satan sur la terre. C’est pourquoi, dans ce chapitre, la louange est rendue à Dieu dans ce caractère de Seigneur Dieu Tout-Puissant qui règne, et l’allégresse et la joie éclatent immédiatement. Puis, son premier, son immédiat décret se manifeste, avant même le jugement exécuté par l’Agneau sur ses ennemis terrestres : «les noces de l’Agneau sont venues.» C’est ici une affaire d’ordre et d’économie. Nous sommes maintenant enfants de Dieu; mais les noces de l’Agneau ne sont pas encore venues, et sa femme ne s’est pas encore préparée. Il ne S’agit donc pas ici de notre position d’enfants en relation avec le Père ; mais, le temps de la manifestation de la gloire du Seigneur étant arrivé, le Seigneur Dieu prend en main sa grande puissance, il juge et détruit la méchante contrefaçon mondaine, et la femme de l’Agneau se prépare. Le temps pour cela est venu; toutefois, cette Épouse et ces noces étant des choses célestes, il n’en est parlé qu’en passant. L’époque de ces noces, la préparation de l’Épouse, et la nature de sa robe sont seules mentionnées comme d’importants détails, indiquant la suite et le progrès des événements: et cette scène se clôt par l’énonciation d’une bénédiction sur ceux qui sont invités au souper des noces de l’Agneau; et le Prophète est ramené sur la terre, où les Saints, vêtus de robes blanches, se trouvent être les compagnons de la gloire de Jésus en jugement. Cela termine toute la scène proprement céleste, savoir la période durant laquelle l’Agneau et ses disciples n’étaient pas encore manifestés sur la terre. Elle est close par ces mots : «Ce sont là les véritables paroles de Dieu.»
Versets 5 et 6. Dieu commence à prendre possession de son royaume. Quand Dieu agit en Roi, il exerce le jugement. S’il agissait maintenant en Roi, toute âme ici serait retranchée; mais il agit maintenant en patience et en grâce pendant la sacrificature de Jésus.
Le verset 7 est l’expression de notre joie. Impossible que Christ prenne son royaume avant que l’Église soit parée, qu’elle soit manifestée dans la gloire, et qu’il y ait, par la résurrection, l’introduction de l’Église dans la gloire pour les noces de l’Agneau. Jésus veut nous voir unis à lui dans la gloire. Quand Christ manifestera sa gloire, il veut que le monde, qui nous a méprisés, sache que nous sommes aimés comme Christ lui-même a été aimé.
Les noces de l’Agneau seront pour nous la manifestation de cet amour. Babylone étant jugée, le Seigneur nous annonce les noces de l’Agneau. Nous voyons le contraste entre Babylone, la gloire du monde, et l’Église de Dieu qui a souffert avec Christ, qui a été persécutée dans le monde, mais qui maintenant est glorifiée avec Jésus. On voit ici le caractère entièrement céleste de l’Église.
Les souffrances de l’Église lui sont absolument nécessaires. Du moment où elle cesse de souffrir, elle commence à perdre son vrai caractère, et à cesser son témoignage dans le monde. Il y a toujours eu dans les Réveils des difficultés et des persécutions, parce que Satan n’est pas lié. Un homme qui, pour se défendre, ne peut pas employer des armes, doit souffrir. Il est très pénible aussi de vivre avec les personnes qui nous entourent sans avoir une seule idée en commun; et plus les affections naturelles sont vives, plus le coeur souffre. Le Saint Esprit aiguise la sensibilité; mais il donne la force de supporter le mal que cela fait. La sensibilité plus délicate est, en même temps, froissée de tous les côtés sans trouver de la sympathie. Dieu veut ainsi éprouver les chrétiens pour manifester Christ en eux. Il ne peut pas changer cela avant d’exécuter le jugement. Aussi longtemps qu’un coeur se rend au témoignage que Dieu envoie, c’est encore le temps où Dieu laisse ses enfants dans la souffrance. La puissance du Saint Esprit n’est pas du monde; elle entre dans le monde; mais elle ne peut s’habituer au monde, ni y trouver son contentement. Si l’on regarde à la mission du Saint Esprit, à la position de l’Époux. dans le Ciel, tout nous pousse à être décidés à souffrir avec Christ pour le nom de Christ.
Est-il extraordinaire que le Saint Esprit nous attache au Ciel, et nous détache de la terre? Jésus avait le goût du Ciel en tout ce qu’il faisait, et le monde ne peut supporter cela. L’Église se délie de Christ en tout ce en quoi elle se lie au monde. Jésus ne peut rien reconnaître dans le monde; car il n’y a rien dans le monde qui n’ait, selon sa force, contribué à le rejeter. Impossible qu’une épouse puisse s’attacher à deux maris. Non seulement cela est défendu, cela est de plus impossible. Comme Épouse, l’Église est à Christ, et nous sommes morts à tout, excepté à Christ ressuscité. Christ ne peut être pour l’Église qu’un Époux céleste. Comme Sauveur temporel d’Israël et en relation avec les Juifs, Jésus défend aux siens d’aller dans le chemin des Gentils; il était Juif et ne pouvait reconnaître que des Juifs. «Je ne suis, dit-il, envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël» (Matth. 15 : 24). — L’Église, pour avoir un Christ, doit avoir un Christ ressuscité. Le monde ayant rejeté Christ, Christ ne veut pas du monde. La croix a mis une barrière éternelle entre le monde comme tel et Jésus. «Le monde ne me verra plus» (Jean 14 : 19), sinon comme juge. Jésus sauve une âme en la séparant du monde, et communique à cette âme une vie qui jouit du monde à venir, où Jésus est glorifié et aimé. Le témoignage rendu à Jésus ne peut opérer qu’en retirant une âme du monde, et en la faisant entrer dans l’Église. Pourrait-on avoir un Époux ressuscité et une épouse sur la terre? Cela n’est pas possible. Ayant la vie de Christ dans un corps qui est encore du monde, le chrétien souffre et se voit entravé par ce corps de mort. C’est Christ seul, Christ ressuscité, Christ glorifié, qui est l’Époux de l’Église; et une église du monde, une religion du monde est impossible. Pour sauver l’Église, il faut que Christ meure ; et l’Église ne peut posséder un Christ vivant, à moins que ce ne soit un Christ ressuscité. Nous souffrons ici-bas, parce que nous avons une âme ressuscitée dans un corps qui ne l’est pas, et qui est dans un monde en inimitié contre Dieu. Vouloir préparer l’Église ici-bas pour la venue de Christ, c’est ne comprendre ni Christ, ni l’Église. C’est quand le Seigneur Dieu Tout-Puissant est entré dans son règne, quand les noces de l’Agneau sont venues, que l’Église connaît la joie et que l’Épouse est parée. Dire que l’Éternel règne, c’est, en un sens, une espèce de blasphème. C’était l’erreur immorale des amis de Job. Dieu n’exerce pas sa puissance en gouvernement direct. Croyez-vous qu’il permette que le péché prospère, que l’incrédulité lève le front, et que la guerre exerce ses ravages? Tout cela ne prouve-t-il pas que Satan est le Prince de ce monde? Le Seigneur n’entre dans son règne qu’à la chute de Babylone. Appliquer les Psaumes au temps présent quand ils disent : «L’Éternel règne», c’est produire la confusion. On voit, dans ces Psaumes, la justice et le désir de tremper ses pieds dans le sang des ennemis. Quel rapport y a-t-il avec l’esprit du chrétien? Cela se rapporte à une Économie de jugement et de justice, et non de grâce. La grâce agit maintenant pour attacher le coeur aux choses célestes. Dans le règne de Christ, Dieu régnera en justice, et l’Esprit de Christ, dans les Psaumes, demande la justice dans le temps de son règne. Les principes des relations de Dieu avec les hommes sont tout autres. Le règne de Christ sera sur la terre un temps de joie; mais cette joie viendra de la présence de la justice agissant sur la terre (Ps. 96, 97, 98, 99). Quand l’Éternel entrera dans son règne, il exécutera la justice et le jugement sur la terre. Croyez-vous que, s’il exerçait actuellement le jugement, les choses iraient sur la terre comme elles y vont? L’Éternel fait grâce maintenant; et, quand il exercera la justice, le méchant sera retranché, et le juste pourra vivre en paix, car il sera soutenu et réjoui. Quand on a voulu chanter les Psaumes comme appartenant à l’Église, on a confondu les relations de l’Éternel avec Israël et celles du Père avec l’Église, et l’on a enfoncé l’Église dans les ténèbres et la mondanité. Quand on confond tout cela, l’Éternel ne se trouve pas juste, et le Père ne sanctifie pas son peuple. Dans l’Apocalypse, nous ne trouvons pas les relations de l’Église avec le Père. Aussi longtemps que l’Église est ici-bas, l’Éternel n’est point entré dans son règne.
Au verset 7, le premier objet de l’amour de Dieu est d’unir l’Église à Christ. Il faut que cela ait eu lieu pour que Christ paraisse en gloire et qu’il juge la Bête. L’Église n’est pas encore l’Épouse, elle n’est que la Fiancée de Christ. Le Saint Esprit ne peut jamais ni produire la gloire de l’Église, ni faire les noces de l’Agneau, parce qu’il ne peut pas être l’Époux de l’Église. Et vouloir la joie du millénium par le Saint Esprit seulement, c’est vouloir la joie de l’Épouse sans l’Époux, ce qui est une folie. Il faut la manifestation personnelle de Jésus. Il faut que l’Église soit ressuscitée pour être avec son Époux ressuscité.
Quel est actuellement l’effet d’un témoignage dans le monde? De susciter la persécution dans la mesure de la puissance du témoignage du Saint Esprit. Si l’on veut qu’il en soit autrement, il faut que l’Éternel règne et qu’il exerce la justice. Vouloir un millénium par le Saint Esprit, c’est ainsi vouloir la plus violente persécution. Plus le Saint Esprit agit, plus la persécution est vive.
Dans le paradis, quand Dieu a bâti la femme, il la présente à Adam ; c’est ce qui arrivera quant à l’Église (Éph. 5 : 27). L’amour de Jésus pour l’Église est quelque chose de bien plus particulier et de bien plus intime que l’amour de Dieu pour le monde. Il a donné sa vie pour elle ; il la lave par sa Parole; il se la présentera glorieuse dans la même gloire que lui-même ressuscité et glorifié. Ce seront là les noces de l’Agneau. L’Église est l’Épouse liée à Jésus dans la gloire. Elle est justifiée, purifiée, glorifiée. Une Épouse dans un corps vil n’est pas propre à un Époux qui a un corps glorieux.
Que le Tout-Puissant entre dans son règne, c’est une chose à venir. Dieu ne règne maintenant que par sa providence cachée. Dans son règne, tout sera mis en règle; mais il ne peut rendre la terre et la création heureuses avant que ce que Christ a de plus précieux en jouisse avec lui. La première chose pour l’accomplissement des conseils du Père et de l’amour de Jésus, c’est la résurrection de l’Église et les noces de l’Agneau. Notre part est d’être avec Christ, et de jouir avec lui de tout ce dont il hérite, et de tout ce dont il jouit. Le principe de la fidélité de l’Église, c’est de ne rien reconnaître et de ne rien avoir avant que son Époux ne vienne. Elle doit vivre en Épouse qui attend son Époux, et se garder en son absence de tout ce qui est indigne de lui (*).
(*) Verset 10. «Je suis ton (de Jean) compagnon de service» (et Jean était l’esclave et un témoin (**) de Jésus), «et celui de tes frères les prophètes ; car le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie.» Cette dernière phrase est ce qu’on appelle une proposition réciproque, chacun de ses deux membres ayant un nominatif avec l’article. Aussi sommes-nous tout à fait en droit de la lire dans le sens inverse, savoir : «L’Esprit de la prophétie est le témoignage de Jésus.» Or cela équivaut à la déclaration que cette position de prophète, comparativement distante, qui n’est pas la communication de la vérité concernant la famille, comme telle, n’en est pas moins le canal d’un témoignage rendu à Jésus. En Pierre, je trouve l’Esprit de prophétie en contraste avec l’Évangile ou le témoignage de l’Église, qui appartenait à la famille, quoique, il va sans dire, le premier ait la même autorité que le dernier. L’Esprit de Christ dans les prophètes rendait d’avance témoignage, et administrait des choses qui ont été annoncées par ceux qui vous ont prêché l’Évangile par l’Esprit Saint envoyé du Ciel. Dans ces choses, les anges désirent de voir en se baissant; ils en sont eux-mêmes les messagers, parce qu’ils ne sont pas proprement de la famille, quoique toutes choses appartiennent à Christ qui en est le chef. Un économe gère les biens; il n’a rien à faire avec les intérêts particuliers de la famille, quoique la famille ait affaire avec les biens aussi. En un mot, ce qui caractérise les divers témoignages dans ce livre, c’est l’Esprit de prophétie, et non pas la position particulière de Jean, en tant qu’Apôtre, dans la famille; aussi, parle-t-il de lui-même seulement comme participant au royaume et à la patience de Jésus-Christ, et non pas comme Apôtre dans l’Église. Christ lui-même ne prend, en s’adressant aux églises, d’autres titres que ceux qui rappellent ce qu’il a été, ou désignent ce qu’il sera sur la terre; savoir, le fidèle Témoin, le Premier-né d’entre les morts, et le Chef des rois de la terre. Et la célébration de l’union de l’Église avec Christ dans les lieux célestes est mise dans la bouche d’autres personnages, et dans le Ciel. La réponse des Saints, au commencement (1 : 5, 6), et le désir de l’Épouse, à la fin (22 :17), associent l’Église ici-bas à cela. Mais ces passages sont avant et après la partie prophétique. Ainsi donc, le caractère des témoignages, dans tout le cours de ce livre, est non pas celui d’un témoignage rendu au sein de l’ÉgIise et se rapportant à elle, mais un caractère prophético-angélique, qui contraste, quant à sa nature, avec le témoignage du Saint Esprit envoyé du Ciel.
Il est bien évident que tout cela était approprié à un état de choses où tout était en désordre. Il n’est pas moins vrai que tout cela a pu servir, comme application, dès qu’on a pu dire qu’il n’y avait plus d’églises sur la terre, formées selon la pensée de Dieu, et que l’apostasie était moralement survenue, mais cela s’appliquera plus directement encore à un temps de plus positive manifestation de ces principes; par conséquent, bienheureux est celui qui garde les paroles de ce livre pendant toute cette période! Mais cela ne s’applique à aucune condition de l’Église proprement dite; cela ne concerne pas la famille comme telle. Et c’est une chose remarquable que, soit à l’introduction, soit à la clôture du Livre, avant et après la partie prophétique, là où le nom de Jésus est mentionné, il est toujours associé à ce témoignage (1 : 2, 5 et 9); Christ lui-même devient, pour ainsi dire, un prophète, révélant ce que Dieu lui a donné.
(**) Notre pensée sur le caractère de ce témoignage, savoir qu’il n’est pas proprement celui du Saint Esprit dans l’Église, mais celui de l’Esprit de prophétie, est singulièrement confirmée si nous adoptons, comme toutes les éditions critiques le font, et cela, semble-t-il, avec abondance d’autorités, la leçon, au chap. 1 :2 : «le témoignage de Jésus-Christ (concernant ou savoir) tout ce qu’il a vu»; c’est-à-dire en omettant «et» devant «tout», comme au reste la version de Lausanne l’a fait.
Dans les noces de l’Agneau, nous voyons ce que Christ est pour son Église; dans le jugement de la Bête, ce que Christ est comme juge.
La violence qui s’élève contre la puissance de l’Agneau est l’objet du jugement. Il faut auparavant la gloire de Jésus avec l’Église, les noces de l’Agneau.
«Tout a été créé par lui et pour lui» (Col. 1 : 16). Tout est créé pour sa gloire, et les hommes du monde n’y pensent pas. Tout genou fléchira devant lui; c’est le centre de toutes les pensées et de toute la justice de Dieu. Jésus s’est anéanti, Jésus sera glorifié. L’homme se sert de l’abaissement de Jésus pour le mépriser; mais Dieu le glorifiera là-même où il s’est anéanti, et dans la forme dans laquelle il s’est anéanti, et il le glorifiera par ceux pour qui il s’est anéanti.
Pour la philosophie, Dieu n’est qu’un moyen d’agrandir l’homme et de glorifier l’homme ; mais Dieu a voulu humilier la sagesse et l’intelligence de l’homme en sauvant, par la folie de la prédication, tous ceux qui croient. C’est là où le Fils de Dieu a été humilié qu’il sera glorifié; et il faut que l’homme fléchisse le genou devant le second Adam. Dieu veut le Seigneur Jésus comme Seigneur de gloire, et il veut être glorifié en Jésus, en ce que les hommes se soumettent au Seigneur Jésus. Il faut reconnaître Jésus tel que Dieu l’a présenté selon la folie de la prédication, ou le reconnaître sans miséricorde quand sa gloire sera manifestée. Si l’on ne veut pas un Sauveur, on aura un Juge. Personne qui ne doive fléchir le genou devant Jésus. Si on ne le fait pas maintenant, c’est ingratitude et lâcheté.
La seconde pensée de Dieu dans ses conseils, c’est l’Église. Comme il a associé Ève à Adam, ainsi il a associé l’Église à Christ. Nous avons parlé des noces de l’Agneau et de l’Église ressuscitée et glorifiée, unie à Christ ressuscité et glorifié. C’est une chose toute différente de la bienveillance de Dieu envers ses créatures. C’est une relation intime entre les Enfants et le Père, entre l’Épouse et l’Époux. L’Église est comptée comme étant non du monde, mais du Ciel. Elle est originaire d’en haut. Outre cela, il y a les relations de Dieu avec le monde, le gouvernement de Dieu. L’homme ne veut pas que Christ gouverne le monde: il veut le gouverner lui-même, et exclure Dieu de ce monde. «Voici l’héritier (non l’Époux), tuons-le et l’héritage sera à nous» (Matth. 21 : 38).
Aussi longtemps que dure le temps favorable, le temps du salut, l’homme s’adonne à l’iniquité de toute sa force. Il veut avoir sa volonté malgré Dieu, et être comme Dieu. En ce sens, tout homme a l’esprit de l’Antichrist, que le Saint Esprit caractérise en ces mots : «Le roi fera selon sa volonté» (Dan. 11 :36). Cela ne peut pas durer. Il faut enfin que l’homme soit jugé par Celui qu’il a rejeté. Le Ciel doit-il gouverner la terre ? Oui ; mais l’homme dit : C’est moi qui dois gouverner, et non pas Dieu. Dans quatre occasions, Dieu a des entretiens solennels avec l’homme.
— Dieu a parlé à l’homme pour la première fois dans le jardin d’Éden. Toute relation avec Dieu était déjà rompue, car l’homme n’a jamais eu d’entretien avec Dieu avant que cet entretien fût sa condamnation.
— La seconde fois, c’est sur Sinaï. Israël effrayé dit . «Que Dieu ne nous parle pas» (Exode 20 :19) car la gloire de Dieu effraie le coeur de l’homme.
— La troisième fois, c’est en Jésus, Dieu manifesté en chair. L’homme n’a pas voulu de Dieu en douceur. Il a fallu dès lors être ou chrétien ou antichrétien.
— La quatrième fois, c’est quand Jésus vient de nouveau, et qu’il exécute le jugement sur tous ceux qui ne sont pas soumis au Seigneur Jésus. On sera trouvé ou pour lui ou contre lui. Tous ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité seront condamnés.
Christ et l’Église paraissent en gloire, et ne paraissent qu’au jugement. Le Ciel s’ouvre pour leur apparition glorieuse (*).
(*) Maintenant (chap. 19) le ciel est ouvert : ce n’est pas Jean qui y est ravi; ce n’est pas un signe au ciel ; ce n’est pas le temple qui lui est ouvert dans le ciel ; c’est le ciel ouvert et quelqu’un qui en sort (**). Lorsque Jésus était sur la terre, le ciel s’ouvrit pour que le Saint Esprit en descendit sur Jésus ici-bas en témoignage qu’il était Fils de Dieu. Il s’ouvrit afin que les anges de Dieu pussent monter et descendre sur le Fils de l’homme. Il s’ouvrit pour l’Église (savoir dans le cas d’Étienne, terminant la période de la patience de Dieu avec les Juifs), afin qu’elle prit consciemment sa place dans le ciel, et aussi afin que l’unité du corps et sa position céleste fussent révélées à Paul et prêchées par lui. Maintenant, il est ouvert afin que le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs lui-même en sorte, pour agir sur la terre, — pour juger et faire la guerre en justice. Le temps est venu où la puissance doit être appliquée à la justice (***) sur la terre. Il vient en manifestant sa fidélité et sa vérité. — Il vient exercer un jugement qui scrute à la fois et nettoie. Il vient, réunissant en lui plusieurs royautés, et ayant le secret de sa propre puissance, que personne ne connaît que lui-même. Ses armées sont vêtues d’un fin lin blanc et pur, — justice, et pureté céleste — les sacrificateurs de Dieu. Il vient pour accomplir une vengeance divine, — son vêtement est teint de sang; il vient avec le titre de la manifestation de la puissance de Dieu, qui, dès la création jusqu’ici, fut «la Parole de Dieu.» Ainsi il avait créé, ainsi il s’était révélé, ainsi il juge. Les armées qui sont dans le ciel le suivent. Personne dans ce combat n’est avec lui sur la terre. Son bras l’a sauvé. Il frappe, gouverne et foule la cuve de la colère de Dieu. La puissance et le titre sous lesquels il est maintenant publiquement manifesté, c’est : «Roi des rois et Seigneur des seigneurs;» cela nous rappelle 17 :14.
(**) J’ai depuis longtemps pensé, et il est évident pour moi, d’après ce passage, que l’Église est alors avec Christ dans les lieux célestes, même avant ceci; car elle en sort avec lui.
(***) «Le jugement s’unira à la justice, et tous ceux qui sont droits de coeur le suivront» (Ps. 94 :15).
Le Ciel ne pouvait pas s’ouvrir sur l’homme, l’homme étant pécheur. Quand Jésus est venu sur la terre, le Ciel s’est ouvert : Jésus est reconnu Fils de Dieu, et le Saint Esprit descend sur lui. Par le Saint Esprit, Étienne voit le Ciel ouvert (Act. 7 :55); il regarde dans le Ciel, et trouve sa part avec Jésus, étant comme lui rejeté sur la terre, mais identifié avec la gloire de Dieu. C’est aussi la position de toute l’Église. À la fin, le Ciel s’ouvre pour manifester le Fils de l’homme ; et, quand il s’ouvre ainsi, c’est pour que le Seigneur Jésus revienne lui-même, et qu’il exécute le jugement sur la terre. C’est seulement quand le mal force Dieu à faire attention à lui, que Dieu le frappe. Jusqu’à ce que l’iniquité soit à son comble (Gen. 15 :16), la patience de Dieu est longue.
La dernière Bête, l’empire Romain ressuscité, monte de l’abîme et va à la perdition. C’est ici ce que nous avons en scène. Les passions des hommes seront excitées et inspirées par Satan. «L’avènement du Méchant sera selon l’énergie de Satan» (2 Thess. 2 :9). Judas en est un exemple. En lui, nous ne voyons pas uniquement la convoitise, ni l’action de Satan sur la convoitise, mais Satan prenant possession du coeur, et produisant l’endurcissement de toutes les affections naturelles d’un disciple envers Jésus. De même alors, Satan produira l’endurcissement des coeurs dont il sera en possession, même contre la manifestation de toute la gloire de Jésus. Certains sentiments naturels subsistent et se trouvent jusqu’à ce que le coeur soit possédé par Satan; mais, après cela, l’homme est capable de tout. Ainsi, les souverains sacrificateurs voulaient tuer Lazare (Jean 12 :10), parce que Jésus l’avait ressuscité, et qu’à cause de cela plusieurs Juifs les quittaient et croyaient en Jésus; et ils se déterminèrent à faire mourir Jésus, parce qu’il avait ressuscité Lazare (Jean 11 :47-50).
L’homme de la terre élève la tête jusqu’au Ciel. Comme Adam, il veut être comme Dieu ; il veut l’être selon le caractère de Christ, et il est Antichrist. Il veut posséder la terre et faire la guerre au Ciel (És. 14 :13, 14). Rempli de toute la puissance de Satan, toutes les facultés de l’homme exercées avec la puissance de Satan, il exerce son influence sur tous les hommes, et veut se placer à Jérusalem comme roi de toute la terre, et s’élever jusqu’à être semblable au Souverain. C’est alors que le Fils de l’homme, qui s’est abaissé et que Dieu a exalté, descendra du Ciel, et l’homme de la terre, qui s’est soi-même exalté, sera abaissé. Il s’agit de savoir, et c’est là toute la question, si l’homme de la terre aura le dessus sur l’homme du Ciel. La dernière Bête, avant envahi la terre et étant suivie des rois de la terre, fait la guerre à Christ. Il faut savoir si Dieu sera le plus fort, non pas dans la conscience seulement, mais dans le monde et dans la gloire. Jérusalem devient déjà le centre des pensées de l’homme sur la terre, parce que c’est là que les nations doivent être assemblées pour être jugées (Zach. 12 : 1-3). Les nations paraissent commencer à se charger de Jérusalem. Elles le feront sans reconnaître le droit de Christ, qui est le vrai Roi à Jérusalem; mais Dieu fera valoir les droits de Christ. Les nations travaillent dans le feu de pure vanité (És. 50 : 11), pour que Celui qui a été méprisé soit glorifié.
Versets 11-13. Jésus paraît. Il a sa gloire essentielle, un nom qu’il connaît seul. Tout ce qu’il fait est la manifestation de ce que Dieu a révélé. Il sera la Parole de Dieu en jugement, et sera l’exécuteur de la révélation de Dieu contre le péché. Maintenant, la Parole juge moralement; alors, elle jugera actuellement.
Les chevaux blancs sont un signe de victoire. L’épée tranchante se voit déjà, Apoc. 1 : 16.
Le verset 15 fait allusion au Ps. 2:8, 9 : «Demande-moi, et je te donnerai pour ton héritage les nations, et pour ta possession les bouts de la terre. Tu les briseras avec un sceptre de fer, et tu les mettras en pièces comme un vase de potier.» C’est ce que Jésus exécutera à son apparition glorieuse. Briser les nations avec un sceptre de fer, c’est là une tout autre chose que l’Évangile. Il a les nations non pour Épouse, mais pour héritage. La petite pierre (Dan. 2 : 34, 35) devient une montagne qui remplit toute la terre. L’Église (Apoc. 2 :16, 17) partage la puissance de Jésus sur les nations. Jésus a reçu de son Père non seulement de sauver l’Église, mais aussi de briser les nations; et l’Église sera avec lui. Jésus n’a pas encore demandé l’héritage des nations; mais il prie pour que les siens soient gardés. Il est le Souverain Sacrificateur non du monde, mais de l’Église : «Nous avons un Souverain Sacrificateur» (Hébr. 4 : 14, 15 ; 8 : 1). Les Juifs rebelles seront jugés. Le jugement de Jésus sur le monde, voilà l’emploi de son sceptre de fer.
Il est important de distinguer entre le droit à l’héritage des nations et la relation de Christ avec l’Église. En És. 63 :1-6, Christ nous est révélé quand il foule la cuve de l’indignation de l’Éternel, et le sang (Apoc. 14 : 18-20) jaillit jusqu’au mors des chevaux. C’est ainsi que nous est dépeint ce terrible jugement de Dieu.
Le verset 16 nous apprend que Jésus ne prend son titre de Roi des rois que lorsqu’au son de la septième trompette, les royaumes de cette terre deviennent les royaumes de l’Éternel et de son Oint. Quand l’attention politique se porte sur Jérusalem, quand les choses se préparent rapidement pour le jugement de Christ sur la terre, quand ce jugement va être exécuté, c’est précisément alors que les nations rejettent Christ et s’endurcissent.
Jésus paraîtra comme le Fidèle, le Véritable, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, étant déjà l’Époux de l’Église glorifiée.
C’est après cela que viendra le jugement de la Bête et du Faux-prophète. Le Faux-prophète se trouve ici identifié avec la seconde Bête. La distinction entre l’Église glorifiée et le monde jugé est très évidente dans le chapitre où nous sommes. L’Antichrist s’élève et Christ ne vient que le juger. Les choses que Dieu séparera dans le jugement sont déjà séparées dans sa pensée, et elles le sont autant que quand elles seront vues, les unes dans l’étang de feu, et les autres dans le Ciel. Le jugement ne fait que de manifester cela au monde (*).
(*) Les dix rois sont spécialement caractérisés par leur guerre contre l’Agneau, dans laquelle ils ont pris la principale part ; mais ici l’expression est plus générale. Jean voit ici la Bête et les rois de la terre. Ceux qui ont gouverné la terre sont généralement à la téte de ceux qui refusent de se soumettre à ce conquérant royal, le Seigneur. La Bête est la première, occupant une place proéminente ; puis, les rois de la terre ensemble avec leurs armées. Cela indique le caractère général de l’état de la terre à cette époque. La Bête et le Faux-prophète sont saisis, et jetés dans le lac de feu. Le Faux-prophète, par ce qui est dit de lui pour le caractériser, est identifié avec la seconde Bête à deux cornes, qui s’élève de la terre, et qui a perdu sa puissance séculière, mais non son caractère de conseiller de malheur dans les derniers jours. Le reste fut tué par le glaive de Celui qui était monté sur le cheval, — glaive qui «sortait de sa bouche.» Car., quoique ce soit l’exécution du jugement, et non plus seulement l’épée de l’Esprit, mais celle du Seigneur, exerçant un jugement énergique et royal sur les vivants, cela a lieu conformément à la Parole. C’est le jugement de la Parole qui sort de sa bouche, — et qui les fait mourir. Il concerne proprement ceux qui sont contre lui, lorsqu’il vient des Cieux pour juger ceux qui sont directement sous l’influence et le pouvoir de l’apostasie. Toujours est-il que les rois de la terre dit plus que les dix rois, et laisse une idée générale. Je doute pourtant que cela implique Gog, qui vient contre la terre d’Israël et contre ce peuple plutôt que contre l’Agneau, ou même contre le Prince des princes. En Gog, nous voyons la satisfaction de l’avarice, — la passion de posséder. Il vient contre le pays dont les villes sont sans murailles, et périt sur les montagnes d’Israël, après qu’Israël a été ramené dans sa terre, où il est en repos et habite en assurance.
Il y a trois formes que prend la puissance de Satan:
1° L’empire Romain dans sa huitième Tête, le chef de la dernière forme de la Bête dans le temps des Gentils;
2° Un roi qui fait sa volonté, et veut établir son trône à Jérusalem;
3° Le Méchant, l’iniquité à son comble.
Le Faux prophète est la seconde Bête du chapitre 13°, qui avait des cornes comme l’Agneau, et parlait comme le Dragon. Babylone a disparu de la scène.
Verset 17. Le banquet du grand Dieu est une figure très-forte de la destruction des rois, des capitaines, des puissants, des chevaux et de ceux qui les montent, des libres, des esclaves, des petits et des grands, de tous ceux, en un mot, dont les corps sont donnés aux oiseaux de proie. — L’Ange qui se tient dans le Soleil agit selon la puissance du gouvernement et de l’autorité supérieure de Dieu, dans son jugement contre celui qui est en rébellion contre lui.
Dan. 7 : 7, 8, nous montre la quatrième Bête, la quatrième monarchie, comme une puissance blasphématrice que Dieu juge et détruit totalement (*) (verset 11). Le détail de cette destruction nous est donné dans l’Apocalypse.
(*) Le verset 8 nous donne le caractère de la petite corne, — dernière forme du mal dans la Bête, ou de sa présomption contre le Très-Haut; c’est-à-dire son caractère devant Dieu. Le Prophète regarda cela jusqu’à ce que les trônes fussent placés; aux versets 9 et 10, le jugement se tient et les livres sont ouverts; — ce n’est pas alors le temps du témoignage. Puis il regarda de nouveau, jusqu’à ce que la Bête fût tuée (verset 11), à cause des grandes paroles de la petite corne. Après quoi, il est question du royaume donné au Fils de l’Homme; cela en rapport avec le Seigneur. Dans l’explication, verset 21, sont introduits les Saints, soit ceux des lieux célestes, soit simplement les Saints; là aussi est donné le caractère de la corne relativement aux Saints, — des lieux célestes ou non ; — c’est le caractère de la corne. Cela dure jusqu’à ce que, d’abord, l’Ancien des Jours soit venu; puis le jugement est donné aux Saints des lieux célestes ; en troisième lieu, les Saints, célestes ou sur la terre, obtiennent le royaume. Quant à l’explication des actes de la petite corne, nous avons, d’abord, sa présomption contre le Souverain; ensuite, elle froisse les Saints des lieux célestes, et s’arroge le droit de changer les ordonnances de Dieu en Israël ; et le pouvoir lui en est donné pour une période déterminée ; puis le jugement se tient, comme il est dit à la fin des versets 10 et 11. Le 25° verset me semble donc indiquer proprement les trois ans et demi, précédant le jugement des versets 10 et 26, qui lui ôte sa domination, en détruisant et en faisant périr la Bête (verset 26); puis le règne, sous tous les cieux, est donné au peuple des Saints du Très-Haut, et ainsi le peuple terrestre à Jérusalem, la ville du grand Roi, est mis en relation avec le peuple céleste.
J’en conclus que, dans le chapitre huitième, il s’agit d’un tout autre ennemi, entièrement différent et même opposé à celui-ci. Je crois que la confusion de l’Assyrien et de la Bête a beaucoup contribué à obscurcir la Prophétie, et à embrouiller les esprits sur la simplicité de ses détails. L’un est l’ennemi de Christ, venant du Ciel avec les Saints; l’autre est l’ennemi de Christ, associé au résidu, reçu en grâce, des Juifs à Jérusalem.
Dan. 7 : 17 et 18 : Les Saints du Souverain remplacent dans l’autorité non seulement la Bête qui proférait de grandes choses contre Dieu, mais même les quatre Bêtes. Au verset 21, la corne qui proférait de grandes choses fait la guerre aux Saints. Mais, si Dieu permet que la Bête surmonte les Saints, c’est jusqu’à ce que Christ, l’Ancien des Jours, vienne, que le jugement soit donné aux Saints du Souverain, et que les Saints obtiennent le royaume. Ce qui met fin à l’empire de la Bête, c’est la venue de l’Ancien des Jours, et non la prédication de l’Évangile. Voilà le caractère de la Bête et sa fin.
Dans l’Apocalypse, comme en Daniel, il y a dix royaumes (*). La Bête a une plaie mortelle; mais elle sort de l’abîme. Les dix rois lui donnent leur puissance, ainsi que le Dragon son trône, et elle va à la perdition. Les rois s’associent à elle; et cette puissance satanique, qui a surmonté les Saints dans tous les temps et qui a été rétablie, va à perdition. C’est l’Apostasie et l’antagonisme de la puissance contre Dieu. La huitième tête est la Bête. Toute sa puissance est concentrée dans la tête, dans le chef de l’empire Romain. Cela n’est pas encore manifesté. Ce chef met le comble à la rébellion des Gentils, auxquels Dieu avait confié la puissance lorsqu’il retira son trône de Jérusalem, lors de la captivité de Babylone. Au lieu de glorifier Dieu dans son royaume, l’homme a rejeté Jésus, et à la fin il se trouve faire la guerre à Jésus. Mais il y a d’autres caractères de l’iniquité finale qui se trouvent associés à la souveraineté de la Bête.
(*) Seulement, Daniel nous donne les détails de l’histoire, et, par conséquent, trois cornes tombent devant la petite; tandis que, dans l’Apocalypse, ceci est omis. C’est que, dans l’Apocalypse, nous avons plutôt ce qui caractérise les Bêtes que leur histoire terrestre.
2 Thess. 2 :1-12 : Au verset 3, l’Antichrist est Fils de perdition. Il va à la perdition. L’Antichristl’ le Méchant, est le comble de l’iniquité de l’homme. Avoir péché contre Dieu, violé la loi, et rejeté Jésus, quoique moralement rien n’y manque au péché de l’homme, n’est pas encore le comble de l’iniquité. Le mystère d’iniquité, c’est le mal qui agit d’une manière cachée au sein de l’Église, pour y être un germe destiné à croître jusqu’à la révolte, à une révolte qui va jusqu’à s’élever contre Christ manifesté en gloire. Pendant que les hommes sommeillaient, l’ennemi a semé l’ivraie. Le mystère d’iniquité, qui se mettait en train du temps de l’Apôtre, se termine dans la révolte de la chrétienté. Dieu ne juge pas ce qui n’est qu’à l’état de mystère. Le mystère, c’est ce qui n’est connu que par la révélation, et, sans elle, il demeure caché à toute intelligence humaine. Il en est aussi ainsi du mystère de piété, Dieu manifesté en chair, et du mystère de l’union de Christ et de l’Église. Ce qui est un mystère d’iniquité, c’est que l’Église ait été le nid où Satan a couvé et fait éclore le comble de l’iniquité de l’homme. Jude veut écrire sur le salut qui leur est commun ; mais il ne le peut pas. Le mal était commencé, et il les pousse à combattre pour ce qu’ils avaient. Il les met en garde : «car quelques-uns se sont glissés parmi vous qui changent la grâce de Dieu en dissolution,» et qui finissent en reniant le Seigneur Jésus. Ceux-là étaient les mêmes dont Énoch avait prophétisé. Renier le Sauveur reconnu selon le témoignage de l’Esprit, et ensuite s’élever contre lui (*), c’est là le comble ; après cela le jugement vient.
(*) L’Apostasie finale, ou la révolte, ira toutefois plus loin encore. Ce sera bien le reniement du Seigneur ainsi connu (quant à la profession), mais aussi le reniement du Messie par les Juifs qui se joindront à l’Antichrist, et le reniement de Dieu par l’homme qui, dans son orgueil, s’élèvera contre lui. Ce sera le résultat accompli de l’oeuvre de Satan. La corruption de l’Église, ou la substitution de son œuvre à l’Église tout en en prenant le nom, voilà son chef-d’oeuvre de finesse et de ruse.
Aux Thessaloniciens, Paul explique le progrès du mystère d’iniquité, pendant que ce qui lui fait obstacle subsiste. Quand cela sera ôté, l’Inique sera manifesté. Il est le représentant de l’iniquité, et il sera manifesté quand ce qui bride l’iniquité, sera ôté. Son caractère, c’est d’être sans loi, de faire sa propre volonté, la volonté de l’homme. Le mot traduit par le Méchant signifie celui qui est sans loi. Christ, l’Homme de Dieu, dit : «Me voici, ô Dieu, pour faire ta volonté» (Ps. 40 :8: Hébr.10). Il a été serviteur en tout. Il donne le royaume à ceux à qui le Père l’a destiné. Sa seule volonté était de faire la volonté de Dieu : «Non ma volonté, mais la tienne.» — «Par l’obéissance d’un seul, plusieurs sont rendus justes» (Rom. 5 : 19). Il n’a en rien fait sa volonté.
Ce qui caractérise ce siècle, et ce dont ce siècle se vante, c’est le droit de faire sa volonté. C’est aussi ce qui caractérise le péché d’Adam avant que les mauvaises convoitises fussent dans le monde. Le caractère de Christ, le vrai Roi élu de Dieu, c’est l’obéissance. «Afin que le monde sache que j’aime le Père, et comme le Père m’a donné commandement, ainsi je fais» (Jean 14 : 31). Jésus est obéissant jusqu’à la mort. La puissance de Dieu agissait en lui pour le rendre, malgré les difficultés, obéissant au point de s’anéantir devant Dieu, et de tout faire pour Dieu. Le caractère du Méchant, c’est d’être sans loi et de faire sa volonté. Le débat consiste à savoir qui doit réussir, ou l’Homme de Dieu, ou l’homme de la terre qui veut faire sa volonté. Le principe du mal, c’est d’avoir une volonté. Pendant longtemps, Dieu restreint cela et le bride. Quand il ôte ce qui fait obstacle, alors se manifeste l’Inique qui fait sa volonté, et s’élève même contre la manifestation de la gloire, comme, dans le mystère d’iniquité, ainsi que lorsque Jésus était ici-bas, l’homme s’était élevé contre la manifestation de la grâce. Pour l’homme, point d’indépendance : sujet de Dieu ou sujet de Satan. Celui-là seul qui peut se garantir de la mort est indépendant. Dieu permet que Satan agisse avec efficace. Les hommes ont voulu faire leur volonté. Ils font des signes, des prodiges et des miracles de mensonge. Le Méchant sera l’expression de l’iniquité de l’homme sans frein, qui ne veut pas de loi. Il se placera sous l’influence et sous l’esclavage de Satan qui lui donne toute sa force. C’est, dans toute sa force, le principe et le résumé du premier Adam, mais dans une volonté prononcée, le sachant, le voulant, et agissant selon les pensées que Satan peut lui inspirer, et la puissance qu’il peut lui communiquer.
Dan. 11 : 36 et 45, nous montre que l’Antichrist, le roi, fera selon sa volonté. Comme roi, il veut régner sur les Juifs à Jérusalem. Il s’élèvera par-dessus tout Dieu, proférera des choses étranges, et prospérera jusqu’à ce que l’indignation contre les Juifs soit accomplie. Il veut être roi à Jérusalem, et il est le comble de l’iniquité. Ensuite, il est détruit, C’est la fin du temps des Gentils.
La Bête et le Faux-prophète sont, avant tous les autres, jetés dans l’étang de feu et de soufre. C’est, au moins quant à ceux-là, le jugement et le jugement final des vivants.
L’Antichrist nie le Père et le Fils (1 Jean 2 :2). Il nie Jésus-Christ venu en chair, et il nie que Jésus soit le Messie. C’est par ce dernier moyen qu’il s’attachera les Juifs incrédules. Il nie Christ venu en chair, et il se donne pour le Christ.
Le Faux-prophète, verset 20, est ici la seconde Bête du chap. 13 :11. Il a la forme de la puissance du Christ et la voix de Satan. Il fait des prodiges ; comp. 19 :20, avec 13 : 12-14. Ces passages montrent l’identité de la seconde Bête et du Faux prophète.
Le caractère de Bête signifie celui d’un empire. En perdant son caractère de Bête, elle cesse d’être une puissance séculière, et devient seulement une puissance par sa doctrine. Elle exerce la puissance de la première Bête, et elle fait qu’on l’adore. Elle est jugée comme Faux-prophète. On a vu quelque chose de pareil dans le faux christianisme (*), qui, après avoir perdu son empire mondain et terrestre, a gardé la puissance de son influence doctrinale. La puissance temporelle du papisme, ou plutôt de la hiérarchie y compris le pape, est jusqu’à un certain point détruite ; mais il subsiste comme Faux-prophète, et il sera toujours tel plus évidemment et avec plus d’influence (**) jusqu’à ce que le système soit jugé de Dieu.
(*) Je ne change rien ici, parce que je ne doute pas de la vérité de ce qui s’y trouve. Mais les rapports de la seconde Bête avec l’état de la Palestine aux derniers jours ne sont pas touchés ici.
(**) Le chapitre 19° termine la guerre, jugement du Fils de l’homme, venant du Ciel comme Parole de Dieu, Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Au chapitre 20 : 1-3, nous avons Satan lié par un ange. Au chapitre 20 vers. 4, commence la séance en jugement et en règne (non pas la venue en jugement comme en 19 : 11 : «Il juge et fait la guerre»). Et quoique le règne du bien soit interrompu par le déchaînement momentané de Satan, c’est alors le feu descendant du ciel de la part de Dieu, qui les dévore, non la venue de Christ ou la guerre faite par lui; et la séance en jugement est reprise, mais seulement pour le jugement des morts de dessus le grand trône blanc.
Telle est, pour le sens, la vraie division. C’est un fait que, quoique commode pour les recherches et les références, la division en chapitres est un mal sous le rapport de la suite et de l’intelligence des pensées, parce que la Bible n’a pas été écrite en chapitres. Ainsi les trois premiers versets du chap. 20° forment, par eux-mêmes, un sujet complet, tout en faisant suite au chapitre 19°. Ils appartiennent plutôt au 19° qu’au 20°, et cependant, ce me semble, le 19° présente une vue très complète d’un seul sujet, la double relation de l’Église avec Christ, en sorte que cela fait un très bon chapitre. Les trois premiers versets du chapitre 20° s’y rattachent historiquement, et non quant au sujet même. C’est un acte à part. Le verset 4 reprend le sujet du chapitre 19°, c’est-à-dire, les relations de Christ et de l’Église : — ils vivent et règnent; — mais historiquement il ne suit pas le vers. 3°. Après avoir traité de la même période qu’aux versets 1-3, envisagée sous un autre point de vue, jusqu’à la fin du verset 6, le chapitre reprend alors et poursuit l’histoire jusqu’à la fin. Ce que je viens de dire faciliterait la distribution naturelle en paragraphes : 19 :1-9, 10, 11 -21 ; 20 : 1-3, (4-6), 15 ; 21 :1-8, 9-27 ; 22 :1-7 ; — le huitième verset commençant évidemment les remarques de l’Apôtre sur les visions et les révélations qui lui avaient été faites, et qui dès lors étaient terminées.
Nous avons vu le jugement de Babylone de la part de Dieu, et celui de la Bête et du Faux-Prophète de la part de Jésus. Nous trouvons maintenant le jugement qui tombe sur Satan (*), source, puissance et force de toute cette iniquité. Le coeur de l’homme était le terrain où tout cela était semé. Satan néanmoins en était l’auteur.
(*) Le jugement guerrier du Seigneur finit par la destruction de la Bête et de ses armées, etc. Les versets 1 à 3 du chapitre 20° nous font voir Satan lié à la suite de ce jugement. Au verset 4, le sujet recommence, et nous avons jusqu’à la fin du chapitre la séance en jugement, un jugement en séance sur un trône, soit au commencement des mille ans, soit pendant leur durée, soit après leur fin. Les versets 3 et 4 ne sont pas historiquement consécutifs, quoique, en général, ils le soient quant au sujet qu’ils traitent.
Vers. 1-3. Le fait que Satan sera lié est de toute importance pour le monde. On peut difficilement se faire une idée de la différence qui en résultera pour le monde ; nous avons pour cela trop peu l’idée de la corruption du coeur rusé et méchant de l’homme, et de la puissance de Satan. L’un des principaux caractères de l’économie à venir, c’est que Satan est lié, état tout nouveau pour le monde. Comme méchant et séducteur, Satan est le Serpent; comme possédant de la force, il est le Dragon ; comme adversaire, il a le nom de Satan ; comme accusateur, celui de Diable (diaboloV). Satan avait ravi toute la création à Adam comme ayant droit, en le faisant tomber dans le péché, et par là à Dieu. Adam, comme image de Celui qui devait venir, avait la possession de toute la terre. Satan le séduit. Ève et Adam tombent, et toute la création est tombée en eux. Adam était le chaînon qui rattachait à Dieu toute la création au-dessous des cieux. Ce chaînon ayant manqué, tout tombe, tout est ruiné dans son chef et séparé de Dieu, et Satan figure comme Prince de ce monde. Dieu intervient de plusieurs manières, entre autres, par le déluge ; néanmoins, le monde se plonge dans l’idolâtrie, et par là tombe plus que jamais sous la puissance de Satan. Dans la Parole, il n’est pas question d’idolâtrie avant le déluge. L’homme, en tant qu’homme, a adoré Satan et en bien des lieux l’adore encore. Les philosophes de l’antiquité l’ont eux-mêmes adoré non moins que les idolâtres de nos jours. Dans la sagesse de Dieu, il a été démontré que l’homme, par sa sagesse, ne connaissait pas Dieu ; et voilà où sa sagesse l’a conduit. Pour chasser toute idolâtrie, Dieu a séparé une nation, lui a manifesté sa gloire, lui a parlé, s’est fait connaître à elle. Néanmoins, avant que Moïse fût redescendu de la montagne, Israël avait fait le veau d’or, et était ainsi entré sous la puissance de Satan, malgré les barrières que Dieu avait élevées autour de son peuple (*).
(*) Il est remarquable que, tout en rappelant aux Juifs la manière dont ils avaient rejeté tous les appels que Dieu leur avait adressés, pour les engager à revenir à lui en se repentant, Étienne rapporte la captivité actuelle des Juifs à leur péché, notamment à leur idolâtrie dans le désert.
Dieu a ensuite envoyé son Fils, second Adam, quoique non encore manifesté comme tel. Christ n’est le second Adam et le père de la race spirituelle qu’après sa résurrection, comme Adam, d’un autre côté, n’est le père de la race déchue qu’après sa chute. De même que Satan s’était adressé à Adam, il s’adresse aussi à Jésus conduit au désert par l’Esprit pour être tenté ; mais c’est en vain. Jésus, ayant lié l’homme fort, chasse des démons, montrant en même temps par là quelle puissance Satan exerçait dans les possédés. Pour démontrer que ce n’est pas l’iniquité de l’homme qui est appelée le démon, la légion entre dans les pourceaux, et agit en ces animaux. Les démons demandent de ne pas être envoyés dans l’abîme (*), le temps n’en étant pas encore venu. Voyant qu’il ne peut plus rien contre Jésus pour le séduire, ou pour anéantir l’effet de sa puissance, Satan suscite tout le monde contre lui. Et, comme Jésus ne voulait pas abandonner l’homme, étant même venu pour donner sa vie en rançon pour plusieurs, Satan fait venir sur lui toute la terreur de la mort sur son âme pour l’arrêter dans le chemin de l’obéissance, et de fait, quoiqu’il eût vaincu Satan en Gethsémané, il a dû mourir et passer par la puissance des ténèbres (**). Tout ce que l’homme était, était ruiné et au-dessous de la mort, et c’est dans la résurrection de Jésus que se retrouvent la victoire et la preuve du jugement du Prince de ce monde.
(*) C’est-à-dire là où nous le voyons renfermé dans ce chapitre.
(**) Il s’en faut bien que ce soit là tout ce qui se trouve dans la mort bénie du Seigneur ; mais je me borne à ce seul point ici.
Cependant le temps de l’exécution du jugement n’était pas encore venu, et Satan demeure encore dans les lieux célestes, non dans le Ciel où Dieu habite, mais dans les cieux créés. La mort de Jésus ne l’en a pas chassé. Toutefois, quand, par le nom de Jésus, les disciples chassent les démons de la création, Jésus dit : «J’ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair.» Il prévoit la chute de Satan par la puissance de ce nom de Jésus. Actuellement, Satan agit encore dans la création, comme le fait voir l’exemple de Job. Jésus est maintenant absent, dans le Ciel. N’étant pas lié, Satan éprouve et tente l’homme, et l’homme tombe. Il s’occupe de l’Église, y sème l’ivraie et gâte l’oeuvre de Dieu sur la terre. Il ne peut la gâter pour le Ciel.
Dans ce résumé de ce que Satan accomplit sur la terre, nous voyons comment il gâte tout jusqu’à ce qu’il soit lié. Dieu, à la vérité, garde les fidèles ; néanmoins, Satan est dans le monde et y gâte l’oeuvre de Dieu ; et, si notre salut dépendait de la responsabilité de l’homme, il n’y aurait point de salut, pour nous.
Les hommes du monde ne se font aucune idée de la manière dont Satan aveugle le coeur. Avant que Dieu l’impose en châtiment, Satan agit déjà par l’erreur, et aveugle les hommes qui croient le mensonge. Depuis le commencement, jusqu’au terme où nous conduit ce 20° chapitre de l’Apocalypse, tout ce que Dieu a fait sur la terre, dans le monde et dans l’Église, a été gâté par Satan. — Satan a de l’influence sur le monde; il aveugle et les païens et le monde christianisé. Hélas! il aveugle aussi les entants de Dieu quant à leur héritage et à la venue de Jésus. Satan veut dérober à l’Église cette vérité, et lui faire dire : «Mon Maître tarde à venir.» Il ne veut pas qu’on croie que son empire va être détruit. Mais la vérité est, en même temps, professée et maintenue par des personnes non converties, et elle subsiste de la part de Dieu parmi les hommes. Mais quand Dieu livre ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité à son influence, il n’en sera pas ainsi. Dieu livrera les hommes à une erreur efficace pour qu’ils croient le mensonge.
Nous avons vu, au chap. 12°, Satan chassé du Ciel. Il n’y rentrera jamais. Il tombe sur la terre, et y suscite l’Antichrist contre Christ. Alors, Christ descend du Ciel, détruit la Bête et le faux-prophète, et lie Satan lui-même. La création cesse d’être sous sa domination, et l’homme, soustrait à l’empire de Satan, passe sous celui de Jésus. Il peut rester du mal dans le coeur de l’homme, mais Satan est banni de la scène du monde. Le Juge, le second Adam, descend du Ciel selon la victoire qu’il a déjà remportée dans la résurrection. Ceci n’est point encore l’état d’éternité. Ce sont des choses manifestées sur la terre, où Jésus régnera après avoir lié Satan, et délivré la création de la servitude de la corruption.
Pourquoi ne pas lier Satan tout de suite? C’est que la création attend la manifestation des enfants de Dieu (Rom. 8 : 19). Christ ne peut se manifester dans la gloire et dans le jugement, ni délivrer le monde, sans avoir délivré et ressuscité l’Église, et sans que le jugement soit donné à l’Église aussi bien qu’à Christ. «Ne savez-vous pas que les Saints jugeront le monde» (1 Cor. 6 : 2) ? Et Daniel dit (7 :22) que l’Ancien des Jours vient, et que le jugement est donné aux Saints du Souverain. Voilà pourquoi la création n’est pas encore délivrée de la servitude de la corruption. Il faut que l’Église ressuscitée juge le monde avec Christ.
Le monde à venir doit aussi être soumis à l’épreuve. Cela n’arrive pas pendant toute la durée du règne de Christ, mais seulement à la fin de ce règne, lorsque Satan sort de l’abîme. Alors, comme toujours, l’homme manque immédiatement.
Pendant que Satan est lié, il n’y a point de séduction : aussi n’y aura-t-il ni combat, ni souffrance, ni victoire. Dieu permet que ces choses aient lieu maintenant, afin que nous ayons la gloire. Les préceptes les plus ordinaires de l’Évangile supposent la supériorité de l’Ennemi quant à ce monde, et ordonnent de ne pas résister au mal ; ils supposent ainsi un état de souffrance. Si le monde était vraiment chrétien, ces préceptes ne s’appliqueraient pas, parce qu’il n’y aurait rien à souffrir.
Vers. 4-6. Il y a des trônes. Daniel dit (7 : 9) : «Je regardai jusqu’à ce que les trônes fument placés.» Daniel voit seulement les trônes; ici, nous voyons ceux qui sont assis dessus. Actuellement, il y a à souffrir ; alors, nous régnerons avec Christ, et nous serons assis sur le trône de Jésus (Apoc. 3:21). «La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée» (Jean 17 :22). Le monde verra cette gloire, et saura que nous avons été aimés comme Christ a été aimé. Quand Christ s’assiéra sur le trône de sa gloire, nous serons assis sur des trônes. Ce royaume médiatorial, dans lequel Christ est assis sur son trône, sera à la fin remis à Dieu le Père (1 Cor. 15 :24).
Les décapités sont ceux qui ont souffert pour leur témoignage pendant le cours des événements que nous avons vus dans l’Apocalypse.
Outre ceux qui sont assis sur des trônes, description générale de l’état des Saints glorifiés, on voit des décapités, et une troisième classe, celle de ceux qui n’ont pas reçu la marque de la Bête ; fidélité négative, il est vrai, mais qui n’est pas oubliée.
Ces trois classes, ceux qui sont assis sur des trônes, les décapités et ceux qui n’ont pas reçu la marque de la Bête, ont également part à la première résurrection, qui précède de mille ans la résurrection des morts qui sont morts dans leurs péchés.
On a voulu faire de la première résurrection une résurrection de principes; mais voir des principes triompher, les miens ou d’autres, ce ne peut être une récompense d’avoir été décapité pour ces principes. Par une figure de langage, on peut à la rigueur dire que des principes règnent; mais comment dire qu’ils seront sacrificateurs? Les ressuscités régneront avec Christ mille ans, et ils seront rois et sacrificateurs ; et cela ne peut être appliqué en aucune façon à des principes, mais uniquement aux personnes des Saints ressuscités.
Nous voyons donc ici Satan lié, Jésus régnant sur (*) la terre, et les fidèles régnant avec Jésus lui-même. Il importe de bien comprendre que Satan gâte toute oeuvre de Dieu sur la terre, qu’à la vérité la mort de Jésus chasse Satan de la conscience, mais ne le chasse pas du Ciel. La puissance de Christ détruit la puissance de Satan; mais cette dernière puissance ne sera jamais autant manifestée que dans la Bête et dans la personne de l’Antichrist. Nous avons à combattre jusqu’à ce que Satan soit chassé du Ciel.
(*) Non pas ici qu’il soit sur la terre pour régner, mais que la terre est soumise à son autorité directe.
Du verset 4 au verset 10, nous avons l’ensemble des mille ans. C’est le règne de Christ avec ses Saints qui gouvernent, et Satan est lié.
Tout l’état du monde dépend de ces deux choses, le règne de Christ et la prison de Satan.
Aujourd’hui, au contraire, Christ est caché, et Satan est délié et agit.
Le règne dont il est ici question est si distinct et si positif que ceux qui sont dans le Ciel disent : «Nous (*) régnerons sur la terre» (Apoc. 5 :10). Ils ont une puissance du Ciel, et régneront sur la terre selon cette puissance. La gloire de Jésus est le but des conseils de Dieu. Tout, dans la Parole et dans les voies de Dieu, est dirigé vers ce but; sans cela on ne peut avoir l’intelligence de la Parole. L’objet de Dieu c’est Christ. Dieu a voulu que tout son Être fût palpablement manifesté, et cette manifestation a lieu en Jésus (**). Personne n’a vu Dieu. Le Fils nous l’a révélé. Dieu manifesté en chair s’est fait connaître à nous. Dieu n’est vu des anges que par la manifestation de Dieu dans la personne de Christ. La connaissance de Dieu en Jésus donne l’intelligence au chrétien le plus simple. Dieu s’est manifesté à l’homme tel qu’il est, et s’est mis à son niveau. Les simples peuvent le saisir et le comprendre. Il cache ces choses aux sages et aux intelligents. Jésus est le but et la pensée de tous les conseils de Dieu.
(*) Il parait que les meilleurs manuscrits lisent ici : «ils régneront ;» mais cela ne change rien dans le raisonnement du texte.
(**) Non seulement Dieu s’est manifesté en Christ; mais Jésus s’est donné, et il s’est donné jusqu’à la mort, afin que tout ce que Dieu est soit manifesté en ce qu’il a fait envers lui et envers nous par lui, et que toute la gloire de Dieu, toute la vérité de son caractère fussent revendiquées et établies par le moyen de ce qui est survenu à Jésus.
Cette gloire que Dieu a donnée à Christ, Dieu la manifeste en Jésus comme homme. Déjà dans la création, la gloire divine du Fils a été manifestée, et son droit de tout posséder a été établi. Jésus a tout créé. Il a droit à la création, et celle-ci ne peut être bénie que sous Jésus et pendant son règne. Dieu a voulu que toutes choses fussent assujetties à l’homme. Adam était chef de la création; il est tombé, et tout est tombé en lui et avec lui. Satan ayant eu le dessus sur Adam, tout est tombé sous la puissance de Satan, qui remplit le monde de mal, et qui gouverne par les passions des hommes.
Il ne s’agit pas seulement de salut, dans les conseils de Dieu, mais du rétablissement de toutes choses et de leur assujettissement à Christ. Dieu rétablit toutes choses ainsi que l’homme lui-même, en introduisant dans le monde Jésus, le second Adam. Les enfants des hommes ne sont pas en cela abandonnés. Dieu unit l’Église au second Adam, et ceux qui sont sauvés le sont en tant qu’ils ont reçu la vie du second Adam. Toute la création est tombée en la personne du premier Adam, et c’est le second Adam qui devient l’objet de tous les conseils de Dieu. Dieu ne restaure pas le premier Adam. Il en introduit un second, source de vie pour tous les rachetés.
La Parole a été faite chair. Dieu s’est fait homme, afin que toutes choses fussent assujetties à l’homme, et cet homme, c’est Jésus (Hébr. 2 ; Ps. 8 (*) ; 1 Cor. 15 : 27 ; Éph. 1). L’homme Jésus est établi sur toutes choses.
(*) Il est, intéressant de voir, dans les deux premiers Psaumes, les droits de Jésus comme homme juste selon le gouvernement de Dieu, et ses droits selon les conseils de Dieu comme l’Oint, le Christ. Dans les Psaumes suivants, on voit bien que rien de cela n’est accompli, ainsi qu’on le sait. Puis, Christ ayant souffert, nous avons, au Psaume 8°, le grand résultat sur la terre de sa position comme Fils de l’homme, expliqué par Hébr. 2. Comparez Éph. 1 : 20-23 ; 4 :9, 10, et voyez Luc 9, où il défend aux disciples de l’annoncer comme le Christ, en remplaçant ce titre par les souffrances et la gloire du Fils de l’homme, — portion de l’Église. Comparez aussi Jean 11 et 12, où ses droits comme Fils de Dieu et comme Fils de David sont mis en évidence. Et, aussitôt que celui de Fils de l’homme commence à poindre, les souffrances se présentent au Seigneur, ainsi que notre participation à ses souffrances.
Le premier Adam et le second Adam ne peuvent subsister ensemble. Il est impossible que Christ et Satan soient tous deux en même temps princes de ce monde. Christ n’est pas encore assis sur son trône à lui; il est sur le trône de son Père (Apoc. 3 : 21). Aujourd’hui, c’est la présence de l’Esprit de Christ dans les coeurs qui les rend fidèles. Pour que Christ règne comme second Adam, il faut que Satan soit lié (*).
(*) L’acte de régner de fait sur les trônes est une conséquence de l’éloignement du pouvoir séducteur de Satan. De même de Christ : Il vient premièrement, ensuite il prend le trône du monde. Ses compagnons ont été cachés avec lui pendant, ce temps; et, quoique les siens soient déjà glorifiés (c’est de ceux-ci que je parle maintenant), les trônes ne furent vus qu’à la fin de la guerre. Leurs droits étaient tout à fait établis; ils étaient arrivés jusqu’à lui ; mais ils ne pouvaient pas avant cela posséder réellement le royaume; lui-même ne le pouvait pas non plus. Le cheval et le trône sont deux choses distinctes : pouvoir impérial, énergique, triomphant, et pouvoir absolu, paisible, judiciaire, comme Roi. Car l’acte de Christ en venant ainsi n’est pas simplement un acte peu important; le trône de sa gloire subsiste toujours, jusqu’à ce que, comme Roi médiatorial, il l’abandonne. Sur ce trône du Fils de l’homme, les Saints s’assiéront, occupant des trônes avec lui et jugeant le monde. Et c’est là un règne de paix, mais, en même temps, de justice; ce dernier caractère est proprement juif; car les cieux et la terre se répondent mutuellement en paix; — la paix est maintenant sur la terre, parce que la face du Ciel, dans son caractère propre, par le moyen de Christ le médiateur et des Saints avec lui, resplendit actuellement sur la terre.
La question n’est pas de savoir si le règne de Christ est un règne spirituel ou personnel; car le Saint Esprit ne nous quitte pas quand nous sommes glorifiés, et, à cause de cela, ce règne est spirituel aussi bien que personnel. Mais dire que Christ ne sera pas là, c’est nier le règne de Christ. Le Saint Esprit n’a pas été fait homme, il n’est pas l’Époux de l’Église, et l’Église désire l’Époux. L’Esprit et l’Épouse disent : «Viens». L’Esprit ne se le dit pas à lui-même, il le dit à Christ. Un règne de Christ sans Christ, c’est un règne sans roi. C’est borner l’Église à désirer ce qu’elle a déjà, savoir le Saint Esprit. C’est tout confondre dans les relations de Christ comme Roi de la terre et comme Époux de l’Église.
Act. 3 : 19-21 : Ce dont les Prophètes ont parlé, c’est la gloire à la fin, et le rétablissement de toutes choses. Il faut que le Ciel contienne Jésus (et non le Saint Esprit, qui était descendu) jusqu’au rétablissement de toutes choses, et jusqu’au temps de rafraîchissement. C’est Christ qui, comme homme, doit régner. Dieu a voulu soumettre toutes choses à l’Homme, non à Christ qui ne vient pas, mais à Christ qui sera envoyé du Ciel, et qui maintenant est prêché. Il faut l’homme Jésus manifesté en gloire.
Jésus est de plus investi du jugement. Il juge parce qu’il est Fils de l’homme (Jean 5 :27). Le Saint Esprit n’est pas Fils de l’homme. D’ailleurs, le jugement précède le millénium, et ne peut se concevoir avant un millénium amené par le Saint Esprit et par la prédication de l’Évangile.
Les promesses faites au second Adam, l’attente de l’Époux, le jugement, tout est personnel au Fils de l’Homme. C’est Jésus en personne. Tout cela s’attache à la gloire de Christ. On ne peut être dans le vrai en quoi que ce soit, si l’on s’écarte de la personne du Fils de l’homme. Le Saint Esprit ne peut agir que pour magnifier et glorifier le Seigneur Jésus.
Le règne de mille ans est une récompense. On ose dire quelquefois que ce sont des principes qui régneront, qu’il s’agit d’une résurrection de principes. Mais il est dit qu’ils régneront avec Christ, et je ne puis ainsi confondre des principes et une personne. Si nous souffrons, nous régnerons ; nous ne sommes pas des principes. Quand nous souffrons, c’est pour que les principes règnent ; et ce serait pour moi une récompense singulière, quand je souffre, que de dire que mes principes régneront mille ans.
L’Apôtre parle de la première résurrection comme si tout le monde savait qu’il y a deux résurrections. Dans la Parole de Dieu, il est toujours question de deux résurrections, et jamais d’une résurrection générale, dont on n’y trouve ni l’expression ni l’idée. Dieu ne confond pas ainsi les justes et les injustes; et rien ne les sépare plus que la résurrection. Maintenant, ils sont mêlés et confondus dans le monde; mais la résurrection les sépare. Il y a une résurrection d’entre les morts. Donc il y a des morts qui ne ressuscitent pas dans cette résurrection-là, tandis que d’autres ressuscitent.
Comment des principes peuvent-ils être sacrificateurs? C’est un non-sens. Ceux qui régneront seront sacrificateurs. Il nous a lavés, nous a aimés. nous a faits rois et sacrificateurs. On ne peut ni laver des principes, ni les faire sacrificateurs. Si l’on ôte la personne de Jésus et les personnes des Saints dans la gloire, on coupe la racine de toutes les affections, et l’on a un millénium sans Christ et sans affections.
La première résurrection et la seconde manifestent la gloire de Christ de deux manières fort différentes. L’Église glorifie le Seigneur en étant avec lui et en le servant. Jésus sera glorifié dans le jugement des méchants, qui reconnaîtront, malgré eux, qu’il est le Seigneur. Et, pour cela, la résurrection des justes met le comble à leur vie et à leur gloire. La puissance de vie de Christ est appliquée à leur corps, tandis que la résurrection des méchants est une résurrection de jugement, et non de vie. La résurrection de vie n’appartient nullement aux méchants. «Il ressuscitera nos corps mortels à cause de son Esprit demeurant en nous» (Rom. 8 :11). La vie de Christ et l’Esprit de Christ ne sont pas dans les méchants. Ainsi, la cause de la résurrection des justes n’est pas dans les méchants. Par la résurrection, les justes sont rendus conformes à l’image de Jésus-Christ (Jean 5 :25). En Luc 14 :14, le Seigneur Jésus dit : «La pareille te sera rendue en la résurrection des justes.» Si tous ressuscitent ensemble, on ne peut tenir ni ce langage, ni celui de Jésus en Luc 20 :35, où il parle de «ceux qui seront rendus dignes d’obtenir» ce siècle-là et la résurrection des morts; car, si tous ressuscitent ensemble, il ne peut arriver qu’il y en ait qui soient rendus dignes de la résurrection. Voilà pour la résurrection des justes. La résurrection des méchants est pour le jugement. Elle n’est pas contemporaine de celle des justes. Pour que les justes règnent, il faut qu’ils soient ressuscités. Ils porteront l’image du Céleste. «Nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est» (1 Jean 3:2).
Nous lisons (1 Cor. 15 : 23) : «Chacun en son rang propre : Christ, les prémices; puis, ceux qui sont de Christ à son avènement.» L’idée d’une résurrection générale vient de la tradition, et de ce que l’on a perdu la vue du parfait salut de l’Église. Ceux qui ont cru sont déjà justifiés, et ils ont part à la résurrection des justes, qui met le comble à leur gloire et à leur bonheur. Ceux qui seront morts en Christ ressusciteront, et ceux qui vivront seront transmués (1 Thess. 4 : 13-17).
Il y a un bonheur immense à la pensée que nous serons conformes à l’image de Jésus, et que nous aurons la même part que lui. Si nous n’étions pas gardés de Dieu, la vue même de la gloire de Christ ne nous empêcherait pas de tomber entre les mains de Satan. Que cela nous encourage et nous rende humbles!
Les versets 7 et 8 renferment un principe aussi important qu’humiliant. Impossible que, dans quelque position que ce soit, l’homme ne tombe pas s’il est abandonné à lui-même, et s’il n’a pas une vie communiquée de Dieu, dont la grâce de Dieu est la force. Quand même Jésus est manifesté en gloire, cela ne change pas le coeur. Ce changement est une oeuvre de grâce. Du moment où ceux mêmes qui ont vu la gloire ne sont plus gardés de la tentation par la puissance de Dieu lui‑même, et où ils sont assujettis à la tentation, ils tombent, et Satan en fait aussitôt ses esclaves. Satan délié sort de l’abîme et monte sur la terre, non dans le ciel, où il ne rentre plus. Chassé de la terre, Satan sera jeté dans l’étang de feu et de soufre, où la Bête et le Faux-Prophète sont depuis le commencement du millénium, et jamais il n’en sortira.
Nous avons là la preuve que le jugement des morts n’a pas lieu à la venue de Christ. Quand il y a le grand trône blanc, la terre s’enfuit, et ce n’est pas le retour de Jésus.
Dans l’économie actuelle, Dieu visite les Gentils pour en tirer un peuple pour son nom (Act. 15 : 14), peuple rejeté qui ne suit pas le train de ce monde. Satan s’oppose à ce peuple, avec lequel est le Saint Esprit, et qui jouit d’avance de la gloire et de la joie qui appartiennent au peuple de Dieu. Il en résulte que c’est un peuple séparé, qui, s’il entre tant soit peu dans la voie du monde, manque à son témoignage
Déjà en Abraham, Dieu se sépare de ce monde un peuple qu’il laisse dans le monde. Israël était, d’une manière nationale, séparé du monde. Un Israélite ne pouvait épouser une païenne. Cette séparation était selon la chair, et non le résultat de la foi.
Dans l’Église, c’est la foi individuelle qui fait cette séparation. Tous les préceptes de l’Évangile supposent un état de persécution (Matth. 5 : 38-48; 20 : 16). Tout suppose l’opposition. L’Esprit de Christ se manifeste en nous au milieu de l’opposition (Luc 14 : 25-32). S’il y avait un monde chrétien, les préceptes de l’Évangile n’auraient pas d’application.
Dans les mille ans, c’est le contraire. Jésus sera prince de ce monde, dont Satan est le prince aujourd’hui. Aujourd’hui, «tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés» (2 Tim. 3 : 12). Nous sommes appelés à souffrir ; et, si le monde se christianisait véritablement, nous serions appelés à flotter avec le courant au lieu de nager contre lui.
Quand Satan sera lié, tout cela sera changé, et cette opposition du monde tombera. Le Seigneur Jésus régnera en justice; il n’y aura pas de tentations ; et les masses seront de fait gouvernées par lui. Si cela arrivait dans l’économie actuelle, tous les préceptes de l’Évangile seraient inutiles et hors d’oeuvre. Sous le règne de Christ, on verra glorifiée l’Église qui a déjà souffert, et le monde béni, sans tentations de Satan, en paix et sous le gouvernement du Fils de l’Homme. Il ne s’ensuit pas que, sur la terre, toute âme alors soit convertie.
Si le règne des mille ans était un millénium spirituel, il ne serait pas possible que Satan délié pût séduire ceux qui auraient la vie de Christ en eux. Au lieu de cela, c’est un gouvernement sans tentations; et, quand Satan est délié, il entraîne l’homme malgré la vue de la gloire de Jésus; et c’est là l’épreuve finale, qui démontre combien il est impossible que Dieu se fie à sa créature (*) (Jean 2 :24). Nous sommes appelés à nous confier à la fidélité de Dieu, parce que nous avons appris que Dieu ne peut pas se fier à la nôtre.
(*) Quand les nations forment une masse d’agents hostiles, cela nous montre l’efficace de Satan agissant en elles ; mais ce n’est pas là un réveil de la Bête ni rien de semblable. Grâce à Dieu, il y aura un terme final à cette sombre et subtile apostasie, résultat de la présence de Satan dans le ciel ; ce qui se trouve après le millénium est une simple manifestation d’une inimitié ouvertement hostile, en ceux que Satan a pu parvenir à séduire. Gardons-nous donc soigneusement de perdre de vue le caractère actuel du mal, de la révolte et de I’apostasie, savoir qu’il découle du fait que Satan est dans les lieux célestes, bien que l’Église, par la connaissance qu’elle a de l’exaltation de Christ, connaisse que lui et elle-même sont pleinement victorieux de l’Adversaire. Pendant les trois dernières années et demie, Satan n’est plus dans le ciel. Aussi ici la lutte n’est pas avec les principautés et les puissances, avec les malices spirituelles dans les lieux célestes. Au chapitre 12°, Satan a été précipité du ciel; ensuite il est lié et jeté dans l’abîme, l’histoire de la terre n’étant pas encore terminée. À la fin il est jeté dans le lac de feu. La venue de Jésus, dont le jugement s’exerce sur la Bête et le Faux-prophète, n’est pas la même chose que la descente de l’Ange de la providence et de la puissance de Dieu, pour enfermer Satan dans l’abîme. La gloire et le règne du Fils de l’homme semblent justifier les voies de Dieu à l’égard de la chute du monde qui a commencé avec Noé. La bénédiction du dernier Adam, en tant que chef d’une race rachetée, prend la place de la misère et du mal antédiluviens, par lesquels les enfants d’Adam tombé manifestaient leur caractère ; alors, cet état de choses se termina par le jugement d’eau. L’état éternel commencera par un jugement de feu. Dans le règne du Fils de l’homme avec ses Saints, «un Roi régnera en justice.» Dans les bénédictions qu’apportera le second Adam, comme chef de la nouvelle race, quand le tabernacle de Dieu sera avec les hommes, la justice HABITERA; ce sera sa paisible et constante habitation, sans qu’il soit besoin de force pour la maintenir. Sous un point de vue partiel, les principes de ces deux états de choses se mélangent entre eux, en vertu de la puissance et de l’influence de la Jérusalem céleste et de son grand Époux; et ainsi nous avons le Psaume 85° accompli; cependant, ils sont toujours bien différents.
Il serait extraordinaire, dans les voies de Dieu, que l’homme ne fût pas soumis à l’épreuve et à la tentation dans une économie. Ceux du millénium doivent être tentés comme les autres. La conséquence en est la même : l’homme tombe. La présence même de Christ ne l’empêche pas; et le cœur est si irrémédiablement mauvais et méchant qu’en présence de Jésus, il satisfait encore à ses convoitises au lieu de plaire à Jésus. L’homme innocent est tombé : à plus forte raison, celui qui ne l’est plus.
Dans un temps où la gloire de Christ est manifestée, la révolte ne peut pas être cachée. On peut voir la gloire de Christ, en être convaincu et s’y opposer! Lazare ressuscité, les Juifs veulent le faire mourir avec Jésus à cause du témoignage de la puissance de Christ. Si le coeur de l’homme n’est converti, renouvelé et gardé de Dieu, il est capable de tout.
Versets 9 et 10. Ils veulent faire la guerre aux Saints et à la cité, bien-aimée de Dieu.
Dans ce temps-là, le monde entier sera la sphère des jugements de la prophétie. Avec les Juifs, les promesses et les voies de Dieu sont circonscrites dans la terre de Canaan, qui est simplement aussi appelée la Terre. — Plus tard, cette sphère s’étend, et les quatre monarchies, puis la chrétienté deviennent la terre prophétique. Jésus régnera sur toute la terre habitée, et la prophétie s’étend alors à toute sa surface. Si, quand Christ est manifesté en gloire, le monde s’oppose au peuple de Dieu, il n’est pas surprenant que la même chose arrive maintenant que Christ est caché. Penser le contraire, c’est se faire illusion.
Pour comprendre la gloire de Christ dans l’Église, il faut que l’Église soit séparée du monde. Quand elle est mêlée au monde, cela ne fait que gâter l’Église et les chrétiens. Le monde ne se rapproche jamais des chrétiens, et il ne le peut, car sa nature ne le lui permet pas ; mais les chrétiens peuvent, à leur dommage, se rapprocher du monde, parce que le vieil homme est encore en eux.
Verset 10. La Bête et le Faux-prophète sont déjà dans l’étang ardent depuis le jugement de la terre. Satan n’est point maintenant dans l’étang de feu et de soufre. Il règne dans les cabarets, dans les bals, dans les concerts, et il gouverne les coeurs des hommes en leur présentant des choses agréables à leurs convoitises. Quand Satan sera dans l’étang ardent, il n’y régnera pas; il y sera l’être le plus misérable. Au commencement du millénium, la Bête et le Faux-prophète y sont jetés tout vifs. Satan n’est que lié dans l’abîme, d’où il doit sortir pour tenter encore les hommes.
Aussi longtemps que Satan est dans le ciel, il est le Prince de ce monde. Il y a des idolâtres, une Babylone, et cette influence secrète qui trompe le coeur de l’homme au point de lui faire tenir un morceau de bois pour un dieu. Ce sont là les effets des tromperies de l’Ennemi. Où en est la plus grande partie de la race humaine? Elle est plongée dans l’idolâtrie! La civilisation n’en fait pas sortir l’homme: les peuples de l’antiquité dont la civilisation nous a été transmise, ne sont pas par elle sortis de l’idolâtrie; et les hommes les plus éclairés se soumettent à des choses que leur raison rejette, parce qu’ils sont sous l’influence de Satan. Quand Satan est sorti de l’abîme, il ne peut plus exercer cette influence, parce qu’il ne peut remonter dans le ciel, et se donner pour Dieu aux hommes. Il ne peut que les pousser à une révolte ouverte.
Versets 11 — 15. Satan étant mis de côté, voici le jugement des morts (*).
(*) Le jugement de la Bête et de ses armées n’est pas, ce me semble, le jugement de Matth. 25; et Matth. 25 n’est pas non plus le jugement du grand trône blanc. En Matth., le jugement me paraît être celui des nations en général, alors que Christ ne fait pas la guerre, soit qu’il vienne du ciel, soit qu’il fasse la guerre en relation à Jérusalem; mais quand il siège sur son trône, étant venu et jugeant les nations pour la manière dont elles ont traité les prédicateurs de l’Évangile du règne, en cette sortie qui aura spécialement lieu à la fin (**). Ce n’est pas : «Il enverra ses armées» ; mais c’est la session calme et solennelle du trône, devant lequel comparaissent ceux qui l’ont méprisé dans la personne de ses messagers.
Quoique le fait de la résurrection des justes soit ici mentionné, pour les mettre à part du jugement, on insiste peu sur l’état millénial lui-même, parce que ce chapitre est proprement le récit de la session du jugement. Nous voyons que ceux qui ont part à la première résurrection sont entièrement exempts de ce jugement; puis, les actes de Satan, amenant le premier jugement millénial, sont mentionnés; enfin, ce jugement lui-même. Sur le grand trône blanc (car ici il n’y a plus des trônes), est assis Celui, de devant la face duquel s’enfuient la terre et le ciel. Ici donc, il n’est nullement question d’une venue, ni d’un jugement thV oikoumenhV du monde habitable comme scène, ni d’un jugement des vivants. Les morts, petits et grands, se tiennent devant Dieu, et ils sont jugés, d’après les choses écrites dans les livres, selon leurs oeuvres. Nous avons là un état général de la portion de ceux qui ne sont pas écrits dans le livre de la vie. Quelles que soient les différences qui peuvent exister quant à la mesure, ils sont tous jetés dans le lac de feu. Maintenant, ce n’est plus seulement une place préparée pour le diable et pour ses anges. Le diable y est; le Faux-prophète et la Bête y sont depuis longtemps; et de plus, maintenant, quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de la vie, y est jeté.
(**) Si quelqu’un demande ce que deviennent les Saints, ou quel changement ils subissent à la fin du millénium, la réponse est: l’Écriture n’en dit rien, si ce n’est que d’autres passages nous apprennent, en principe, qu’ils auront des natures incorruptibles dans cette scène, où toutes choses seront faites nouvelles.
Le jugement du grand trône blanc ne s’applique qu’aux morts. C’est alors qu’a lieu la résurrection de jugement ; la résurrection de vie n’a lieu que pour ceux qui doivent régner. L’effet du jugement est que, «devant ta face, nul homme vivant ne sera justifié» (Ps. 143 : 2). Il n’y a que ceux qui ont la vie de Christ qui échappent à l’étang ardent de feu et de soufre. Être jugé selon ses oeuvres, c’est être condamné.
Une chose qui démontre qu’il ne s’agit pas ici de la venue de Christ, c’est que le lieu du grand trône blanc n’est pas déterminé; tandis qu’Actes 1 :11, annoncent le retour de Jésus sur la terre, et que Zach. 14 : 4, nous le montre sur la montagne des Oliviers. C’est de cette montagne qu’il a été élevé d’avec ses disciples, et c’est sur cette montagne qu’il posera de nouveau la plante de ses pieds.
Cela n’est pas du tout le grand trône blanc. Quand celui-ci paraît, 1e ciel et la terre s’enfuient de devant sa face. Ce n’est pas là revenir sur la terre. Les morts comparaissent devant lui. Pour le jugement des vivants il faut qu’il vienne où les vivants se trouvent. C’en est fini du ciel et de la terre actuels.
Un événement de toute gravité ici (*), c’est que Jésus rend le royaume à Dieu le Père (1 Cor. 15 : 24). Il a pris le royaume comme homme. Celui qui s’est fait homme s’est anéanti, et a été souverainement exalté. Il est question de son humanité, et non pas de sa déité proprement dite.
(*) Maintenant, il ne s’agit pas uniquement d’un changement d’économie. Le grand trône blanc n’a aucun rapport avec aucune économie; il n’en a qu’avec les morts. Il y a un changement physique alors : un ciel nouveau, une terre nouvelle, et plus de mer. Ici, Jean voit quelque chose de nouveau, savoir, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu. Ce fait général est donné ici, je pense, pour nous présenter ces objets. Sa portée nous est indiquée à part, et d’abord le progrès historique ou les résultats ; et nous trouvons le tabernacle de Dieu, non pas le trône ou l’habitation céleste de Dieu et de l’Agneau; mais Dieu tout en tous, — le tabernacle de Dieu avec les hommes. La race, l’homme est maintenant béni par la présence de Dieu, et la grâce a ménagé une voie, au moyen de laquelle, sans qu’il y ait plus lieu à la désolante question : «Où es-tu?» Dieu peut visiter les hommes, et même avoir son tabernacle au milieu d’eux, ce qui n’avait pas lieu en Éden, rassemblés maintenant dans le béni second Adam, l’homme ressuscité et glorifié et non plus dans le premier Adam tombé. Comme nous l’avons dit, le millénium est le contraste de la chute noachique, où Satan est chassé du ciel, et où intervient un gouvernement juste et efficace pour procurer la bénédiction et la paix. À la chute de l’homme, au règne du premier Adam, est ici opposée la bénédiction parfaite, impérissable, nouvelle et durable du second Adam, — toutes choses faites nouvelles, — plus de mort, — tout mal jeté dans le lac de feu. Le verset 9 du chapitre 19° fait mention de la bénédiction spéciale du premier état, — les noces de l’Agneau; 21 :5, les bénédictions de ce dernier. L’état de la terre pendant le millénium est plus proprement le sujet des prophéties de l’Ancien Testament, — cet état est le rétablissement de toutes les choses dont elles parlent. La connexion des bénédictions célestes avec cet état, durant le millénium, est pourtant comprise dans ce qui suit pour compléter le tableau, et donner aux Saints la joie de leur propre portion dans ces bénédictions, laquelle portion, dans son caractère particulier et intrinsèque, est, de plus, éternelle. Ce récit est renfermé depuis le chap. 21 :9, au 22 :6 (**).
(*) 21 :8 termine les détails historiques; ce qui suit est une description, soit de l’effet de la bénédiction qui descend de la ville sur la terre, soit de la ville elle-même.
Comme homme, Jésus intercède maintenant ; comme homme aussi, il régnera. Cela est infiniment précieux pour nous. Jésus n’est pas un Dieu inconnu, mais un homme assis à la droite de Dieu. Comme homme, il rendra à Dieu le Père le royaume que, comme homme, il a reçu (1 Cor. 15 : 22-28). Comme homme, le Fils sera assujetti à Dieu et ne régnera plus, quoique, comme Dieu, il règne éternellement. Il n’y a plus d’intercession quand tous les Saints sont heureux, ni de gouvernement quand il n’y a plus de méchants ; et Dieu sera tout en tous.
La justice alors ne régnera pas, elle habitera.
La perfection n’existera que lorsqu’il aura fait toutes choses nouvelles.
Il n’y a pas ici de distinction de peuple de Dieu parmi les hommes. Le tabernacle de Dieu est avec les hommes. Tout est paix. Dieu est tout en tous. Tous ceux qui restent après le jugement sont bénis ensemble. Mais il est à considérer si ce qui est l’Église d’aujourd’hui n’a pas aussi une bénédiction spéciale, si elle ne sera pas le tabernacle de Dieu parmi les hommes. Voyez Éphés. 3 : 21. Pour ma part, je le crois.
Jésus est ici l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin des conseils de Dieu. Il est Dieu lui-même. Quand il aura tout accompli et tout assujetti à Dieu, la bénédiction éternelle aura lieu. Depuis la chute d’Adam jusqu’à ce jour-là, c’est la manifestation de la grâce et de la patience de Dieu.
Nous sommes, en un sens, à la fin du livre de l’Apocalypse. C’est ici que se terminent les événements de la prophétie (*).
(*) Voyez Appendice C.
Ce qui suit est une description de la Nouvelle Jérusalem, de la joie des Saints pendant les mille ans, et des rapports de la Jérusalem céleste avec la terre. Tout tient à Christ. Le plus petit de ceux qui s’attachent à Christ, qui aiment Christ, luira dans la gloire de Christ; et celui-là sera trouvé sage, même par les méchants qui le méprisent aujourd’hui.
Dieu nous rende fidèles à la gloire de Christ pendant que le monde méprise cette gloire ! et nous en serons rendus participants quand elle sera manifestée.
En comparant le verset 9 avec le verset 1 du chapitre 16°, vous trouverez cette ressemblance que c’est l’un des sept anges qui ont eu les sept fioles qui donne à Jean la description de Babylone, et que c’est l’un d’eux qui décrit l’Épouse de l’Agneau, la Sainte Cité, ainsi que toute la suite de la prophétie, depuis le verset 9. Le développement historique du service médiatorial de l’Agneau, contenu dans ce livre, est déjà terminé.
Ce qui se trouve, chapitre 21 :9-27, et chapitre 22 :1-5, ne forme pas une suite historique ou prophétique de ce qui précède. C’est une description de la Nouvelle-Jérusalem, et l’état de choses qui y est dépeint précède ce qui est dit au commencement du chapitre. L’Ange décrit aussi Babylone après en avoir montré l’histoire.
Versets 9-13. C’est dans le Ciel, dans la gloire seulement, qu’il est question de l’Épouse, de la Femme de l’Agneau, pour ce qui regarde l’accomplissement des voies de Dieu à son égard. Toute l’économie actuelle n’est que le (*) rassemblement des pierres vivantes de cette ville, le rassemblement des Saints, de l’Église. Par la résurrection, nous serons tous placés sans bruit dans la gloire qui nous a été préparée.
(*) Je n’ai pas besoin de dire que ceci ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu d’Église une sur la terre dans les temps antérieurs. J’ai assez insisté là-dessus en d’autres écrits. Il y en a bien eu, et dans la relation d’Épouse avec Christ par la foi. Néanmoins, il est également évident que l’ensemble n’en est formé que lorsqu’elle est là tout entière dans la gloire. Du reste, ce n’est que le principe général de ce que Dieu accomplira pleinement dans la gloire. En attendant, il veut que l’homme le manifeste par la puissance du Saint Esprit dans ce monde.
C’est ici l’Épouse de l’Agneau, non celle du Roi, comme dans l’Ancien Testament. L’Église a part aux souffrances comme à la gloire de Christ, et, pour elle, Jésus est l’Agneau et non le Roi, la manifestation de la justice absolue et céleste de Dieu et non de sa justice terrestre; car, dans le dernier cas, le Christ n’aurait pas dû mourir, et s’il est mort, il exécutera le jugement sur ses ennemis. Cette justice céleste est cachée en Dieu, inconnu du monde, mais connu de la foi. Devant le monde, la mort de Christ est la plus grande injustice de l’homme. L’Agneau est aussi la manifestation de la patience et de la bonté de Dieu. Mais, quant à l’accomplissement de la justice, en vue de sa mort, il ne pouvait être estimé selon sa valeur que dans le Ciel. Nulle récompense sur la terre n’aurait été digne de ce que Jésus a souffert. La manière dont Jésus a glorifié le Père ne pouvait être récompensée dignement qu’en plaçant le Fils à la droite du Père. Souffrir pour avoir bien fait et se soumettre à tout, voilà la part du chrétien. Mieux vaut garder le caractère de Jésus que son manteau. L’Église a part à tout cela. Elle a la communion des souffrances de Christ et de sa résurrection. Elle devient l’Épouse de l’Agneau dans sa gloire, comme, dans sa rejection, elle a eu part à ses souffrances. On ne peut avoir la part de Christ en haut dans le ciel sans avoir celle de Christ ici-bas. Christ est tout un.
L’Épouse du Roi est l’Épouse sur la terre. L’Épouse de l’Agneau est l’Église dans la gloire. Elle jouit des fruits mûrs de l’arbre de vie, dont les feuilles sont pour la guérison des Gentils. Même dans la gloire, la grâce est la part de l’Église. Le gouvernement en justice caractérise Jérusalem sur la terre. La cité vient du Ciel. La cité qui vient de la terre, c’est Babylone. Ici, c’est la «sainte Jérusalem.» — «Elle vient du Ciel». Elle ne se trouve pas sur la terre; on n’y en a pas même l’idée. Cela peut être manifesté à la terre ; mais c’est une chose céleste dans son origine, dans son caractère, dans toute sa nature.
Ce qui vient de Dieu est saint. Jésus, le seul homme vraiment issu de Dieu, était parfaitement saint. Il n’était pas de la terre. Impossible que quelque chose entache l’origine et la nature de ce qui vient du Ciel. «Il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu» (1 Jean 3:9). Notre corps ressuscité est une maison du Ciel; c’est une gloire réservée dans le Ciel. Ce qui est vraiment de Dieu, uni à Dieu, ne peut pas se flétrir. Dans sa nature, la vie essentiellement divine, non seulement est pure, mais elle ne peut ni se flétrir ni se corrompre.
Il y a encore quelque chose de plus : «la gloire de Dieu.» Puis, la ville a les formes et la beauté de ce que Dieu manifeste en gloire. Dieu y est glorifié. Tout relève de sa gloire et s’y rapporte. Tout en est le témoignage. Tout en est revêtu. «Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu» (Rom. 5 : 2). Christ viendra pour être glorifié dans les Saints, et l’Église est revêtue de la gloire de Dieu lui-même. Il est précieux que nous ayons toujours le vrai but de Dieu, qui ne peut s’arrêter en deçà de sa gloire. Si l’on veut voir le fond dans les conseils de Dieu, il faut voir sa gloire. Ce qui me fait, en voyage, passer par tel ou tel endroit, ce n’est pas le désir de voir cet endroit-là, mais celui d’arriver à un but plus éloigné. La vue de la gloire sanctifie véritablement, et donne un but au-dessus de tout ce qui pourrait être préparé pour nous arrêter. Jamais ici-bas on ne marchera bien, même dans les plus petits détails, si le grand but n’est pas devant nos yeux. Si j’ai quelque objet en deçà de la gloire, même le bon état de l’Église en détail, mon âme en souffrira. Il y a quelque chose de relevé en tout ce que fait le chrétien qui, en ce qu’il fait, a la gloire de Dieu pour but.
Jamais, nous l’avons vu, il n’est question du Père dans l’Apocalypse. Nous n’avons pas non plus ici des enfants du Père, mais l’Épouse de l’Agneau. Ce livre parle de gouvernement et de gloire, et Dieu, dans ce livre, prend tous ses titres, sauf celui de Père.
Les Apôtres de l’Agneau (verset 14), non les douze tribus d’Israël, forment les fondements de la ville. Les Prophètes savaient que ces choses étaient non pour eux, mais pour nous (1 Pierre 1 :12).
Il y a un ordre parfait. Le roseau d’or (vers. 15), la justice exacte de Dieu, mesure tout et juge de tout. Le résultat du travail de Dieu est parfait. Rien n’y manque. Rien n’y est plus long que l’autre. Tout est parfaitement réglé. Il n’y a plus un seul coup de marteau à donner. Tout est parfait, mais parfait, non dans l’infini, mais dans le fini. Dieu est l’Architecte.
Verset 18. Dieu est le bâtiment de la muraille. Le jaspe représente Dieu. Christ est ceint d’or pur, et il est dit: «La justice est la ceinture de ses reins.» C’est la justice divine, non terrestre, accomplie en Jésus.
Verset 21. Il y a aussi la pureté, un verre transparent, la parfaite pureté de Dieu. Aussi on ne peut plus être souillé (chap. 15 : 2). La pureté n’est plus d’eau, qui purifie ce qui a été souillé, mais de verre; elle est consolidée et rendue ferme. L’Église, une avec Christ, est vue là avant la justice de Dieu, sa pureté, sa sainteté. La justice humaine ne convient pas à un chrétien. On ne peut mêler ensemble la justice terrestre qui dit : «Oeil pour oeil, dent pour dent,» avec la grâce. La justice du Ciel peut s’allier avec la grâce ; et la seule justice qui convienne au chrétien, c’est une justice céleste. Elle se donne et n’élève pas d’exigences. Dieu ayant communiqué, sa nature à l’homme en Christ, il est élevé au-dessus du péché, et il a part à la sainteté de Dieu. Le vrai caractère du chrétien est celui de la justice et de la sainteté divines, et celui de la grâce. C’est ce qui convient à Dieu quand il est manifesté comme homme. Il faut de la foi pour perdre sa fortune et pardonner; mais, si c’est sortir de la société de l’homme, c’est entrer dans celle de Dieu. Quelle part pour nous, et de quelle manière cela élève nos âmes! Cette justice, cette sainteté de Dieu ne peut être pleinement manifestée, jusqu’à ce que l’Église soit manifestée en gloire.
La différence des pierres (versets 19 et 20) renferme des détails qui dépassent ma connaissance, s’il y a des distinctions à faire. Il est dit de Satan avant sa chute qu’il se promenait parmi des pierres de feu, que sa couverture était de pierres précieuses (Ézéch. 28 : 14). Christ a ces pierres sur le pectoral du Souverain Sacrificateur. Ces pierres sont non la pure lumière, mais le reflet de la gloire divine dans lequel la créature la plus élevée marchait avant sa chute. C’est dans cette position que Christ place l’Église sur son coeur, devant Dieu, selon la grâce et dans la pleine manifestation de laquelle il la place en gloire. L’Église est dans cette gloire. C’est tout ce qu’il y a de plus rapproché de Dieu, quand il s’agit de la gloire. C’est le rayonnement de la nature divine reflété et manifesté dans sa beauté variée dans la créature, et cela dans ses rapports les plus immédiats avec Dieu (*), rayonnement communiqué entre lui et la créature. En Ézéchiel, cela a lieu en création ; sur le pectoral de Jésus, en grâce ; ici, en gloire. Il s’agit ici des droits de souveraineté de Dieu qui place l’Église dans cette gloire, et non de l’affection du Père pour les enfants. Dans le premier cas, la créature n’a pas pu s’y maintenir. Christ y maintient l’Église dans sa faiblesse. Il la place là selon sa force, à lui, dans la gloire.
(*) Ceci ne dit pas qu’il n’y a pas de relations plus parfaites en elles-mêmes, car il y en a; et non seulement cela, mais on se glorifie en Dieu lui-même. Le texte se rapporte à la position faite à la créature pour sa propre gloire.
Au verset 21, les douze portes sont douze perles. C’est-à-dire ce qu’il y a de beau dans la perfection de la grâce morale dans l’Église, une perle de grand prix (Matth. 13 : 46), c’est ce que Christ avait cherché. La place est d’or pur et de verre transparent; il n’y a plus de souillure possible. Jésus n’aura plus à s’occuper à laver nos pieds pour que nous puissions entrer en la présence de Dieu pour notre culte. Dans la gloire, on sera debout sur la pureté. Plus nous irons, plus nous serons dans la pureté, sans avoir plus besoin de la conscience pour être toujours sur nos gardes. Plus nous nous laisserons aller à nos affections, plus nous louerons Dieu. C’est un grand repos pour celui qui aime la sainteté. Les pierres précieuses expriment les fondements solides de notre gloire, et nous marcherons dans la pureté. C’est là le repos céleste.
Versets 22-27. Il n’y a plus de temple, c’est-à-dire, plus rien qui, tout en étant l’expression et le séjour de la gloire de Dieu, la renferme et la cache. Dieu est le temple. Il se révèle sans intermédiaire et se revêt de sa propre gloire, et son peuple s’y trouve pour adorer à Jérusalem. Si l’on sortait du temple, on trouvait le monde. Dans le ciel, on sera enfermé en Dieu. Il est le centre intime de tout, comme aussi la circonférence de notre bonheur. Pour sortir de la pureté, il faudra alors sortir de Dieu, qui est infini. Tous les noms de Dieu en cette économie, sauf celui de Père, sont ici. L’Agneau, Celui qui a souffert et qui concentre nos affections, est aussi le temple. La gloire de Dieu éclairera la cité (verset 23), et l’Agneau en sera le porte-lumière. Nous trouverons dans l’éclat immense de la gloire de Dieu, celui que nous connaissons et qui nous a aimés dans l’humiliation. Nous connaîtrons comme nous avons été connus. Cela a des conséquences. Les nations épargnées sur la terre dans le jugement marchent en sa lumière, la lumière de la cité. Jésus dit : «La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée, afin que le monde sache que tu les as aimés comme tu m’as aimé» (Jean 17 :22, 23). Il y aura un monde qui le saura et le verra, dans la manifestation de cette gloire. L’affection de l’Épouse jouit de la gloire qui appartient à l’Agneau, et l’Épouse est manifestée dans cette gloire. L’Église, manifestation de la bonté et de la gloire de Dieu, sera la lumière du monde. C’est dans notre gloire que le monde comprendra quel Sauveur nous avons eu. Quelle joie pour nous, en qui sera montrée, dans les siècles à venir, la surabondante richesse de sa grâce et de sa bonté envers nous en Christ Jésus (Éph. 2 : 7) ! Quand le monde nous verra là, il comprendra que Dieu nous a aimés comme il a aimé Jésus. Tout correspond à notre part ici-bas. La Jérusalem terrestre exécutera la vengeance sur les ennemis de Dieu. Nous sommes ici-bas les instruments de la grâce et de la gloire de Dieu. Les pécheurs peuvent en parler de coeur. Cela continue dans le Ciel. L’Église sera, dans la gloire, le témoignage rendu à la grâce, et la Jérusalem terrestre exercera la justice sévère contre le péché. Dieu est maintenant rejeté et méprisé en nous. Il sera glorifié en nous.
Ésaïe 60, montre que la Jérusalem terrestre a le gouvernement terrestre, et les droits de la justice de Dieu. «La nation et le peuple qui ne te serviront point périront» (verset 12). Quant à la Jérusalem céleste, les nations de ceux qui sont sauvés marcheront à sa lumière. Tout ce que Dieu perfectionnera dans la gloire doit être, par le Saint Esprit, manifesté ici-bas. Par anticipation, le Saint Esprit nous fait connaître cette gloire d’avance. Et la connaissance de cette gloire est un principe d’action que le monde ne comprendra jamais; mais il peut en comprendre les fruits. L’égoïsme du monde comprend la grâce qui est dans le chrétien et qui pardonne; mais, en principe, cette grâce est une folie pour lui. Quoiqu’il ne comprenne pas nos motifs, la fidélité est un témoignage rendu à la grâce. Dieu soit sanctifié en nous par la vue de cette gloire!
Le commencement du chapitre 22° nous montre les relations de la Cité céleste avec la terre, avec le monde. Le monde verra que nous avons été aimés, et saura combien nous l’avons été, quand, à l’apparition de Jésus, nous paraîtrons aussi avec lui en gloire. Quand il paraît, il faut bien que ce soit à la vue de quelqu’un. Son apparition est la manifestation de sa gloire dans le monde où il a été rejeté, mais dont Dieu a fait le théâtre de tout ce qu’il a manifesté de lui-même. C’est là que le péché est entré, que Satan règne, que l’homme a vécu en révolte contre Dieu, que les anges ont servi, que Jésus a vaincu le hadès, la mort et le Prince de ce monde. Dieu manifeste la gloire de Jésus et celle des chrétiens dans ce monde où elle a été méprisée.
Nous allons voir les grands principes de cette gloire.
La Jérusalem terrestre a presque tous les caractères de la céleste. Il y a cependant une différence essentielle. C’est dans la céleste qu’est la gloire, et c’est de là qu’elle luit sur la Jérusalem terrestre. Notre éducation chrétienne sur la terre nous rend propres à manifester cette gloire.
La Jérusalem terrestre est sur la terre le siège du gouvernement de Dieu en justice. Sa gloire demande l’abaissement de toutes les nations (Zach. 1 : 21 ; 2: 8-13 ; 8:22, 23, etc.). Sous Israël, on voit la patience de Dieu en gouvernement avec l’incapacité d’Israël d’en profiter. Le gouvernement de la Nouvelle-Jérusalem mettra la loi dans leurs coeurs (Ézéch. 36 : 27), et les rendra capables de répondre à ce gouvernement de Dieu, et Dieu y manifestera sa gloire. «Mon peuple seront tous justes.»
Dans la Jérusalem céleste, il y a un déploiement plus complet et plus intime des ressources qui sont en Dieu pour bénir, s’il se trouve des misères et non pas de l’obéissance. Là-haut en est le fruit mûr dans toute sa perfection, dans toute sa variété, et constamment présent. En même temps, il y a sur l’arbre qui le porte des feuilles destinées à la guérison des Gentils.
En Éden, l’homme a été mis à l’épreuve comme étant innocent. Il y avait les deux arbres, l’un de vie, l’autre de la connaissance du bien et du mal. La vie accordée gratuitement, sans laquelle on ne peut rien faire, et la responsabilité, tels sont les principes de toute religion en tant que formulée par une loi.
Quant à la responsabilité, toujours vraie, l’homme s’est trouvé dans deux positions, dans l’innocence et dans le péché, en Éden et sous la loi de Moïse. Celle-ci demande l’obéissance, après qu’est survenue la connaissance du bien et du mal. S’il y a du mal, le seul effet de la présence de Dieu est de nous porter à nous enfuir en toute hâte. La loi ne nous soulage pas. Elle exploite la responsabilité dans l’homme qui a la connaissance du bien et du mal; mais elle ne donne pas la vie.
Christ s’est occupé de l’homme sans espérance eu égard à sa responsabilité ; il a pris la responsabilité sur lui-même, et a donné la vie. Il devient ainsi tout pour l’homme. Il vient comme expiation et comme médiateur, se place sous la responsabilité selon toute l’exigence de Dieu, y satisfait, prend sur lui tout l’effet, quant à nous, de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, prend la place de l’autre arbre et communique la vie. L’homme a manqué ; il n’a pas mangé de l’arbre de vie, mais de celui de la connaissance du bien et du mal. L’homme se ruine toujours quand il veut se placer sous la responsabilité, et en voulant s’y placer. Reconnaître que Christ est une source de vie, et garder la responsabilité de son propre salut, c’est être dans la confusion et dans la crainte. Il faut que Christ réponde comme médiateur, et qu’il soit la source de la vie. C’est ainsi que la pure grâce est le seul moyen d’avoir affaire à Dieu. Nous verrons des traces de ces choses même dans la Jérusalem céleste.
Quant à nous, tout est accompli. La vie et la responsabilité étant réunies, c’est une joie pour nous, comme pour les anges, de faire la volonté de Dieu. — Dieu nous fasse bien comprendre et saisir ces deux principes, la vie et la responsabilité! Si nous prenons la responsabilité sur nous, c’en est fait de nous.
Ici, deux figures représentent la vie :
1° Un fleuve d’eau vive. Ce n’est pas seulement la vie en nous ; mais on s’abreuve éternellement de cette vie qui sort du trône de Dieu, et coule en abondance dans la Cité.
2° Un arbre de vie. En Éden, on aurait pu manger du fruit de l’arbre de vie; mais il n’y avait dans cet arbre aucun principe de guérison. Ici, il n’en est pas de même. Les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des Gentils. L’arbre de vie est plus béni. Son fruit est la viande de ceux qui sont dans la Cité, et il découle de ses feuilles les ressources nécessaires à ceux qui sont encore sur la terre. Il y a la joie de la communion; on s’abreuve au fleuve d’eau vive. Quoique cette joie soit la plus élevée, c’en est une aussi, même pour Dieu, que de faire du bien à ceux qui en ont besoin. C’est la grâce, la bonté. Nous avons part à cette joie dans la Sainte Cité; nous y jouirons de la grâce qui guérit, aussi bien que de celle de s’abreuver de la sainteté. Il y a de la joie au Ciel pour un seul pécheur qui se repent.
Ainsi, dans cette Jérusalem céleste, il n’y a ni l’innocence sans grâce, ni la responsabilité et la loi sans la vie.
Versets 3 et 4. Il y a le centre de toute autorité: le trône de Dieu et de l’Agneau. Le repos n’y sera pas un repos de paresse. «Ses serviteurs le serviront.» Il n’y aura rien entre Dieu et nous, et nous verrons sa face; et, sur nos fronts (verset 4), pas la moindre chose qui n’exprime pas Dieu. Tout ce que Dieu est, son nom, sera sur nos fronts, c’est-à-dire manifesté en nous de la manière la plus évidente. Les esclaves avaient sur le front le nom de leur maître. Nous verrons la face de Dieu. Ceux qui sont purs de coeur verront Dieu. Tout le monde devra voir que nous sommes serviteurs de Dieu. Tout ceci est, même devant le monde, une pleine manifestation de ce que Dieu est.
Verset 5. Tout ce qui est ici est pour l’Église un état éternel.
Versets 6 et 7. Ici se termine cette description. Quand le second Adam aura exercé sa puissance pour rétablir toutes les choses mentionnées par les Prophètes, ce sera la fin. Il sera sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, sacrificateur sur son trône pour louer Dieu et pour bénir le monde. Il aura soumis à sa puissance ce monde rebelle. C’est la forme que la médiation prendra dans ce temps-là; non pas cachée, comme maintenant, mais avec son peuple.
Verset 10. Il y a ici une expression remarquable. Dieu avait dit à Daniel de sceller la prophétie (12 :4). Ici, au contraire, pour l’Église, il dit de ne pas la cacheter. On ne nie pas que Jésus ne revienne; on n’ose pas non plus nier l’Économie à venir; mais on en évite la force sur la conscience, en disant : «Mon maître tarde à venir.» Il dit : «Je viens bientôt ;» et il n’est pas tardif, mais patient, voulant que tous arrivent à la repentance. Voilà pourquoi Dieu n’a pas voulu que l’Apocalypse fût un livre cacheté. Il dit : «Je viens bientôt.» En principe, rien, entre le moment présent et la venue du Seigneur, n’empêche le fidèle de saisir sa venue. Dieu veut que la venue de Jésus soit une idée chère et prochaine à mon coeur; c’est pourquoi il ne veut rien cacheter. Dieu veut que, dans le coeur du fidèle, rien ne fisse séparation entre le moment où la prophétie a été prononcée et celui de la venue de Jésus.
À l’époque de la Réformation, c’est l’explication de ce livre dans l’écrit de Luther : La captivité de Babylone, qui a donné la force de sortir de l’iniquité de la corruption de la Chrétienté, et, si ce n’était pas le plein accomplissement de la chose, il en a saisi le principe et l’application qu’il avait à ce qui en était développé au temps où il vivait.
Cela nous ranime que d’attendre Jésus qui vient lui-même.
Verset 16. Au commencement de l’Apocalypse, Jésus se donne comme la racine de David. Ici, il se dit la racine et la postérité de David, parce qu’il a pris sa place comme Roi, fils de David.
C’est ici que l’Église sur la terre rentre en scène de nouveau comme vase du témoignage. C’est-à-dire, la Prophétie est terminée. Dans la partie prophétique, l’Église ne se voit pas; à moins que ce ne soit prophétiquement dans le Ciel; mais Celui qui a rendu le témoignage se présente en personne ici, ce qui éveille les affections de l’Épouse, le désir de l’Église qu’il vienne. Aussi, peut-on remarquer que la venue de Jésus est annoncée à trois classes de personnes (*). Premièrement, au vers. 7 : «Voici, je viens bientôt ; heureux celui qui garde les paroles de la Prophétie de ce livre!» Je ne doute pas que ceci ne soit un avertissement pour nous, pour qui que ce soit ; car l’Église est instruite, dans ce livre, à l’égard de ce qui va arriver et des fruits des principes du monde, et du monde soi-disant chrétien. Mais cette exhortation s’applique directement à ceux qui s’y trouveront lorsque l’Église sera loin. Puis, au vers. 12, la venue de Jésus est présentée comme apportant à tous la conséquence de leurs oeuvres. Puis, la Prophétie étant terminée, Jésus se présente solennellement : «Moi, Jésus, c’est moi qui suis,» etc. C’est ce qui réveille le désir de l’Église qui est déjà à lui et le connaît. Et, là-dessus, lui qui a confié ce témoignage à l’Église, il déclare comme réponse : «Oui, je viens bientôt.»
(*) Comme il y avait plusieurs Antichrists, et que les églises avaient commencé à déchoir quant à leur témoignage, il ne restait plus rien actuellement que l’intervention de son bras tout-puissant. En sorte que, quoi qu’il puisse arriver aux Juifs ou à d’autres, l’Église peut attendre la fin de son histoire en un moment. Car c’est évidemment à cela que les Antichrists et le témoignage tombé s’appliquent ici. La vérité est que, à la fin de l’Apocalypse, il y a trois expressions de la venue de Christ promptement; deux desquelles se rattachent plus ou moins aux sujets du Livre, et la troisième qui a lieu après qu’ils sont complètement terminés; et l’Église est sur la scène dans ses espérances et son caractère ordinaires. Au chapitre 22 : 7, c’est une expression générale, liée à la bénédiction promise à ceux qui gardent les avertissements donnés dans ce Livre. Au verset 10, contrairement à la direction donnée à Daniel de sceller sa prophétie, défense est faite au Prophète de sceller la sienne; «car le temps est proche.» Puis vient la déclaration que, non pas l’aspect général de l’humanité, mais la condition personnelle des individus devait demeurer telle quelle. Et ceci rattache la venue de Christ (verset 12), non plus à la bénédiction liée à l’observation de son témoignage prophétique, mais au jugement individuel des hommes selon leurs oeuvres. Ensuite, après une adresse finale présentant Christ à l’Église et la réponse de l’Esprit et de l’Épouse qui demande qu’il vienne, la prompte venue du Seigneur est encore affirmée comme encouragement, et l’Apôtre répond en son propre nom, exprimant par l’Esprit le désir qu’il vienne. En lisant ces passages, je dirais que, premièrement, il y avait ceux qui étaient séparés en témoignage pour la bénédiction, — non pas les églises, car on en avait fini avec elles, comme avec les choses «qui sont,» — mais tous ceux qui prennent garde au témoignage prophétique; puisque, après cela, ce n’était plus que jugement; que les hommes seraient laissés dans la condition dans laquelle ils se trouvaient pour être jugés, en deux classes de chaque côté, les injustes et les souillés, les justes et les saints. Ensuite, ce récit se termine en disant qu’il est l’Alpha et l’Oméga. Ce qui vient après se compose de remarques finales sur le Livre.
Verset 17. Ce verset donne la position normale de l’Église en attendant Jésus (*). Ce n’est pas l’Épouse seulement qui désire l’Époux ; c’est l’Esprit et l’Épouse; c’est un désir sanctionné et autorisé par l’Esprit lui-même. Ce n’est pas quelque chose de l’Esprit qu’on attend. C’est l’Esprit qui désire, et il ne peut pas désirer l’Esprit. L’Épouse désire, et elle désire l’Époux et non l’Esprit : «Viens bientôt, Seigneur Jésus.» Si je désire un millénium sans Christ, ce n’est pas dire : «Viens bientôt;» mais c’est dire : «Tarde au moins mille ans.» L’Église dit naturellement : «Viens,» quand elle a saisi ses privilèges. Il y a des âmes qui n’ont pas saisi ces priviléges de l’Église; c’est pourquoi il dit à celui qui l’entend de dire : «Viens.» L’Église a déjà le fleuve de vie; c’est pourquoi elle dit : «Que celui qui a soif vienne,» car je possède le fleuve de vie, «et que quiconque veut de l’eau vive en prenne (car je l’ai) sans qu’elle lui coûte rien.» L’Église présente la grâce. En attendant l’Époux, c’est son devoir et son privilège que d’inviter ceux qui ont soif à prendre de l’eau vive qu’elle possède. Ayant le Saint Esprit, l’Église invite à boire de cette eau vive. Fiancée de Jésus, elle dit à l’Époux : «Viens.» Que sa position est belle ici! Pour elle-même, ses affections sont en haut, fixées sur Christ qu’elle attend et qu’elle désire. En attendant, elle est le vase de la grâce. Elle ne dit pas : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, comme Jésus a pu le dire; mais elle est à sa place en grâce pour dire : Venez boire. Rien ne pousse plus à l’évangélisation la plus simple et la plus fidèle, que la pensée que Jésus va venir bientôt. De l’autre côté, si vous désirez de l’argent, ou de placer vos enfants dans le monde, ou si vous avez des projets pour l’avenir, vous ne pouvez désirer que Jésus vienne, et, si vous ne le pouvez pas, vos coeurs ne sont pas bien avec Jésus. C’est là pour des chrétiens un triste état. Et, si quelqu’un ne connaît pas le Seigneur, rien de plus terrible que la venue de Jésus. C’est son jugement.
(*) Le personnage dont il vient d’être parlé est l’Étoile brillante du matin, la joie de l’âme de l’Épouse. Je crois que c’est à Christ, l’Époux, que l’Esprit et l’Épouse disent . «Viens!» Dès le moment où Christ s’annonce lui-même dans le caractère qu’il prend en s’associant avec l’Église à sa venue, savoir l’Étoile du matin (car il donne à ceux qui sont vainqueurs l’étoile du matin), elle n’attend pas jusqu’à ce qu’il dise qu’il arrive. Ses désirs, sanctionnés et inspirés par l’Esprit qui habite en elle, demandent la venue de Jésus. L’Esprit et l’Épouse disent : «Viens!» Et à qui l’Épouse dirait-elle : «Viens! » si ce n’est à l’Époux? Ce n’est pas spécialement comme Épouse qu’elle appelle les pécheurs. Comme Épouse, elle languit après l’Époux. Mais ce désir n’est pas simplement une affection provenant de la Grâce, mais non sanctionnée d’en haut. C’est l’Esprit, dont Celui qui sonde les coeurs connaît la pensée, qui excite et partant sanctionne ce cri dans l’Épouse. C’est un cri «selon Dieu». Notre passage montre la position tout entière de l’Église. Si elle a l’intelligence de son privilège comme Épouse, il suffira de lui présenter la pensée de l’Étoile du matin pour réveiller soudain en elle ce cri de l’Esprit. La pensée du Saint Esprit qui vient immédiatement après, c’est de sommer ceux dont les oreilles sont ouvertes, et qui entendent, de se joindre à ce cri, de dire : «Viens!» — non pas de prêcher. Il n’est pas question ici d’inviter tous ceux qui entendent à prêcher, mais à se joindre à l’Épouse pour crier : «Viens! » Ensuite l’Esprit regarde autour, non maintenant pour presser d’autres à dire: «Viens! » mais, vu que l’Église possède, même avant l’arrivée de l’Époux, le fleuve d’eau vive, pour appeler ceux qui ont soif, et il leur dit : «Viens! » L’Église peut regarder en haut et dire à l’Époux: «Viens!» elle peut regarder en bas, et autour d’elle, et dire à l’âme altérée : «Viens!» dire ensuite, dans la conscience de son riche et libre amour, à quiconque veut, de venir et de prendre de l’eau de la vie gratuitement. C’est là un tableau des plus beaux de la position tout entière de l’Église. Désirant ardemment Christ pour elle-même, elle devient pour lui, à l’égard des âmes altérées, le bienheureux instrument de la grâce dont elle jouit, avec la conscience de toute sa gratuité et de son efficace rafraîchissante; car le courant de la vie éternelle coule en elle. Telle est sa position. Quelle que soit l’intelligence qu’elle possède des conseils de Dieu à l’égard des Bêtes et du jugement, c’est Christ lui-même, l’Étoile du matin, qui réveille ses désirs et qui délie sa langue; et la venue du Seigneur est pour elle non un avertissement, comme pour les autres, mais une réponse du coeur de Jésus à son affection. Celui qui rend témoignage de ces choses, quoi qu’il puisse en avoir dit, répond au désir de l’Église : «Oui, je viens promptement. Amen!» Puissent nos coeurs être rendus capables de se joindre à la réponse que l’Esprit fait jaillir du coeur de l’Apôtre : «Oui, viens, Seigneur Jésus!»
Dieu purifie nos coeurs, afin que nous puissions désirer que Jésus vienne bientôt! Amen!
C’est une remarque ancienne et bien connue, relativement à l’Apocalypse et à d’autres prophéties, que la bénédiction y est mentionnée d’abord, préalablement aux événements de malheur et de jugements, qui doivent la précéder et l’amener. C’est ce que l’auteur ne conteste pas; mais il a montré ailleurs, dans les paroles que nous allons citer, que c’est sans aucun fondement que l’on se sert de ce principe pour nier un récit suivi avec ordre: «Quelle opposition y a-t-il à un récit suivi, si je dis : Vous voyez l’état heureux et prospère de cette famille ; eh bien ! je veux vous raconter toutes les écoles et les épreuves par lesquelles elle a passé pour y arriver ; — sur quoi je dirais leur histoire précédente dans un récit bien suivi? Ce serait une méthode fort simple et raisonnable. La question est une question de fait. Raisonner à priori pour la renverser est parfaitement futile. Que Dieu, qui connaît, dès le commencement, la fin, veuille encourager les Saints en leur montrant le résultat, avant de les faire passer à travers les difficultés du chemin, — la chose est très possible, et je la crois constamment vraie. Il a déclaré que la semence de la femme briserait la tête du serpent. Eh bien! je suppose que personne ne niera que nous avons une narration chronologiquement suivie de ce qui s’est passé depuis ce jour, dans l’Écriture, jusqu’à l’accomplissement de cette déclaration. Cette déclaration n’en combat nullement l’ordre historique; comme je l’ai dit, il n’y a pas la moindre force quelconque dans le raisonnement ; son but est évident, mais il est sans force. Puis, quant aux faits par lesquels on cherche à l’étayer : Le dix-septième chapitre, nous dit-on, est antérieur au treizième. Eh bien! permettez-moi une supposition : J’écris l’histoire de toutes les guerres de la Révolution. Je raconte, en détail, ce qui s’est passé en France, — les victoires de Bonaparte en Italie, etc. ; — j’en viens enfin à la destruction de l’empire romano-germanique, à la suite des victoires de l’empereur sur l’Autriche. Dans le but de faire comprendre ce dernier sujet et d’en faire apprécier l’importance, je raconte l’origine et la formation de ce système, sa place en Europe et dans l’histoire générale; et, ayant amené ce récit, en même temps peut-être qu’un tableau analogue des États italiens, jusqu’à la période à laquelle j’étais arrivé dans mon histoire, je reprends le fil de la narration, et je complète ce qui se rapporte à tout ce qui a ainsi passé sous nos yeux. Pourrait-on dire, à cause de cela, que ma narration n’est pas suivie? N’est-ce pas là la pratique universelle, quand une histoire générale porte sur des sujets particuliers? Peut-il en être autrement, si une histoire est complète ? Et, comme «nous connaissons en partie,» n’est-ce pas la voie que l’on doit attendre, alors même que l’écrivain est l’Esprit de Dieu lui-même? Et c’est précisément ce que nous trouvons dans le livre de l’Apocalypse....
Assurément, je ne crois pas que la récompense donnée aux Prophètes et aux Saints précède la destruction de Babylone et l’envoi de Christ. Mais cela ne m’empêche point de trouver le récit bien suivi. Examinons les faits.
J’ai une succession d’événements : sept sceaux, l’un après l’autre, et sept trompettes qui se suivent, avant la dernière desquelles il est dit (en rapport avec le petit livre parenthétique qui est ouvert, dont la clôture est clairement indiquée) que, dans les jours du septième ange qui va sonner, le mystère de Dieu sera consommé. Le septième ange sonne et le temps de clore le mystère est venu. Aussi des voix dans le Ciel célèbrent tout ce qui se rapporte à la consommation du mystère, et le récit historique est interrompu, le plan général de l’histoire étant complet. Une immense puissance, aussi importante que tout le reste de l’histoire, et dont les racines parasites, comme 2 Thess. 2 nous l’apprend, avaient été plantées dans la chrétienté dès les jours des Apôtres (au moins ce qui lui préparait la voie), devait être développée comme ce sur quoi les jugements, célébrés en général à la fin du chapitre onzième, devaient spécialement tomber. C’est pourquoi l’importance de cette puissance, en tant que distincte dans tous ses caractères, est donnée, et l’ordre historique de la narration est par là même interrompu.
Les chapitres 12°, 13° et 14° nous donnent cette histoire complète, et les voies de Dieu dans le monde qui s’y rattachent. C’est une vision distincte; c’est pourquoi l’ordre de date doit être limité au sujet traité, et peut au plus être comparé avec ce qui est dans une autre vision. Mais elle a son ordre propre en elle-même, se terminant par la vendange de Dieu.
Puis, nous avons un autre signe dans le ciel, introduisant les sept fioles, remplies du courroux de Dieu, qui doivent être vidées sur la terre; — ce n’est pas l’histoire de la Bête, bien que la Bête s’y trouve. C’était un élément nécessaire pour compléter les matériaux de cette histoire. Précisément comme si je donnais un état des provinces de la France dans l’histoire que j’ai supposée, après avoir raconté l’histoire publique européenne du corps révolutionnaire.
Enfin, comme les chapitres 17° et 18° ne prétendent point être une histoire ou une narration, mais sont une description d’un objet particulier de jugement, dont les détails n’avaient point encore été présentés, le fait seul de son jugement avait été mentionné en son lieu dans les deux tableaux précédents du cours des événements de la fin. Maintenant les détails sont précisés, détails de ce qu’était cet objet, de ses relations avec d’autres objets de jugement, et des circonstances du jugement lui-même. Précisément comme si je décrivais Paris, si je parlais de ses circonstances, de la vanité qui y règne, des objets d’art qu’elle a pillés ailleurs, et de son siège, dans l’histoire que j’ai supposée. La même chose se rencontre après l’achèvement de l’histoire de l’arrivée de Christ, et subséquemment à cette arrivée. Après les noces de l’Agneau, — la venue du Roi des rois, — la destruction de la Bête, — Satan lié, — le millénium, — Satan délié, ‑le jugement des morts, et la fin de toutes choses ; en un mot, après la série d’événements contenus depuis le chapitre 19° jusqu’à la fin du 21 : 8 inclusivement, une description est donnée de la Jérusalem céleste et de ses relations avec la terre, comme précédemment celle de Babylone et de ses relations avec la Bête, et de la même manière. Mais tout cela ne touche pas la narration suivie, là où la narration suivie est évidemment donnée, comme il est bien sûr qu’ailleurs c’est une description qui est manifestement donnée ; et prendre des événements de la partie descriptive, positivement descriptive, dans le but de les comparer à d’autres de la partie narrative, pour combattre l’ordre du récit, parce que les chapitres de description viennent après ceux de narration, c’est tout simplement de la confusion et rien autre....
Il y a ceci de particulier à l’Apocalypse et ceci seulement : c’est que, les sujets en étant moraux, les descriptions et les détails des jugements en sont d’aussi grande importance que toute l’histoire ; et, nous pouvons presque dire, même d’une plus grande importance que la partie historique. Mais cela ne change rien à ce que nous avons dit. Au contraire, il est très important d’avoir la narration, de donner l’ordre, de mettre chaque chose à sa place, et de montrer les rapports généraux des événements. Voici la division que je ferais du Livre. D’abord, en général, le chapitre 1°; puis les chapitres 2° et 3° ; ensuite le 4° jusqu’à la fin du livre. Puis, en détail, les 4° et 5°. Puis les 6° à 11°. Là finit l’histoire générale (*), mais aucun des faits de la septième trompette n’est donné en vision prophétique lorsque la trompette sonne. Ensuite les chapitres 12° à 14° ; ensuite les 15° et 16° ; ensuite les 17° et 18°. Là-dessus la scène change, mais le dénouement est repris, et nous avons les chapitres 19 à 21, fin du verset 8. Puis 21 : 9, à 22, fin du verset 7 ; là commencent les remarques et le témoignage final qui terminent le Livre.
(*) Je crois qu’il y a un ordre consécutif dans les chapitres 11° et 12°, de cette manière: Le 12° reprend dès son origine, et poursuit, dans sa conduite, ce qui devient l’objet des jugements qui arrivent sous la septième trompette, et il se rattache ainsi à la narration générale. Mais alors cela était certes assez important pour faire le sujet d’une histoire à part, comme ce fut plus tard le cas de Babylone; parce que ces maux et ces jugements à la fin, et qui ont lieu sous la septième trompette, formant la dernière partie de l’Apocalypse (commençant avec le chapitre 12°), sont réellement la portion moralement la plus importante de tout le Livre.