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ÉTUDES SUR LA PAROLE :

 

 

LES PSAUMES

 

par J.N.Darby

 

 

[Les textes en italique rouge, entre crochets, sont des ajouts de Bibliquest, principalement des sous-titres et références permettant de faciliter la lecture et la compréhension]

 

Table des matières :

1     [Généralités]

2     [Les Psaumes pour ceux qui sont sous la loi et pour les chrétiens]

3     [Les Psaumes en rapport avec Israël, Juda et Christ]

4     [Trois lignes directrices pour comprendre les Psaumes : 1) différentes catégories de personnes]

5     [Trois lignes directrices pour comprendre les Psaumes : 2) l’Esprit de Christ dans les Psaumes (1 Pierre 1 :11)]

6     [Trois lignes directrices pour comprendre les Psaumes : 3) Détresse du peuple de Dieu, intégrité et confession]

7     [Souffrances de Christ : Différentes sortes ou caractères]

8     [Contenu de chacun des 5 livres des Psaumes]

 

 

1                    [Généralités]

Le livre des Psaumes a évidemment un caractère particulier. Il ne nous raconte pas l’histoire du peuple de Dieu ; il ne nous expose pas les voies de Dieu à l’égard de ce peuple; il n’a pas davantage pour but de nous enseigner certaines doctrines ou devoirs positifs, pas plus qu’il n’est la proclamation prophétique et formelle d’événements à venir. Sans doute, on y trouve des allusions à des événements importants, et les Psaumes sont étroitement liés avec diverses révélations prophétiques, de même qu’avec l’ensemble des enseignements de la Parole de Dieu, mais le but du livre n’est pas de s’occuper directement de ces sujets.

Les Psaumes sont, presque tous, l’expression des sentiments produits dans les coeurs du peuple de Dieu par les événements par lesquels ce peuple passe, ou, pour parler plus exactement, l’expression des sentiments préparée pour eux, par l’Esprit de Dieu, dans ces événements ; et par le fait ils expriment les sentiments, non seulement du peuple de Dieu, mais encore souvent ceux du Seigneur lui-même. Les Psaumes sont l’expression de la part que l’Esprit de Dieu, en tant qu’opérant dans les coeurs des saints, prend à leurs souffrances et aux exercices de leurs âmes : l’opération de l’Esprit s’y lie à toutes les épreuves par lesquelles ils passent et à l’infirmité humaine qui apparaît dans ces épreuves, au milieu desquelles l’Esprit leur fournit ainsi des pensées de foi et de vérité comme ressource pour eux au milieu de toutes leurs viscissitudes. Nous trouvons par conséquent, dans les Psaumes, les espérances, les craintes, les afflictions, la confiance en Dieu qui respectivement remplissent l’âme des saints ; — parfois la part que prend à ces sentiments le Seigneur lui-même, — occasionnellement à l’exclusion de tout autre que lui, — et la position qu’il a occupée afin qu’il sympathisât ainsi avec eux.

2                    [Les Psaumes pour ceux qui sont sous la loi et pour les chrétiens]

De tout cela il résulte que, pour juger sainement de la vraie portée et de l’application des Psaumes, il faut un jugement spirituel plus mûr qu’à l’égard de toute autre partie des Saintes Écritures : il est nécessaire en effet qu’on soit capable de comprendre, dans cette lecture, ce qui dispensationnellement a donné naissance aux Psaumes, comme aussi de juger de la vraie position devant Dieu de ceux dont ils expriment les besoins ; — et ceci est d’autant plus difficile que les circonstances, l’état, et la relation avec Dieu du peuple dont ils traduisent les sentiments, ne sont pas ceux dans lesquels nous nous trouvons nous-mêmes. La piété que respirent les Psaumes est édifiante pour tous les temps ; la confiance en Dieu qu’ils expriment souvent au milieu de l’épreuve, a consolé et réjoui le coeur de plus d’un enfant de Dieu dans sa propre épreuve ; et ce sentiment doit être nourri et entretenu soigneusement. Mais plus cela est important, plus il est nécessaire que notre jugement spirituel sache discerner la position à laquelle se rapportent les sentiments exprimés dans les Psaumes, position qui donne son caractère propre à la piété qu’ils respirent. Faute de cette intelligence, la vraie et entière puissance de la rédemption, ainsi que la portée de l’évangile de la grâce de Dieu sont perdues, et un grand nombre d’expressions, qui choquent l’esprit chrétien inattentif à leur véritable portée, restent obscures et même tout à fait incompréhensibles. L’âme qui se place, aujourd’hui, dans la position décrite dans les Psaumes, retourne en arrière vers des expériences qui appartiennent à un état légal, et qui sont la part de quelqu’un qui, pour le péché, se trouve sous le châtiment et dans l’épreuve ; dans cet état, elle retourne en arrière vers des expériences qui se rattachent aux espérances d’un peuple terrestre. On en vient ainsi à se servir de la Parole de Dieu pour sanctionner un état légal qui, pour le chrétien, est un état d’incrédulité ; on vit satisfait dans un état spirituel, auquel manque la connaissance de la rédemption, dans la crainte de se voir ravir les Psaumes ; et en voulant les conserver pour soi, comme on se l’imagine, on maintient son âme dans un état dans lequel on se trouve privé de l’intelligence de la vraie portée de cette portion des Écritures; on perd de vue ses propres privilèges, on devient incapable de comprendre le sens véritable des Psaumes et d’en jouir; enfin, ce qui est pis encore, on se prive de l’intelligence, si bénie et si profondément instructive, des tendres et miséricordieuses sympathies de Christ dans leur vraie et divine application. L’intelligence égoïste n’apprend pas Christ, tel qu’il est, tel qu’il est révélé, — et la perte est grande.

Sans doute, il y a dans les Psaumes des consolations et des secours de grâce pour une âme sous la loi, parce que les Psaumes s’appliquent à ceux qui sont sous la loi, — et des âmes, qui se sont trouvées dans cet état, ont été ainsi réconfortées par eux : — mais, je le répète, c’est faire une fausse application des Psaumes, c’est perdre la puissance de ce que Dieu nous a donné dans ce livre, et c’est nous dépouiller de la vraie position spirituelle, dans laquelle l’Évangile nous place, que d’user des Psaumes pour demeurer dans un état légal et pour en faire l’application, particulièrement et avant tout, à nous-mêmes. La raison en est que la relation d’enfant, vis-à-vis du Père, n’est pas et ne peut pas être introduite dans les Psaumes, et c’est vivre hors de cette relation que de rester dans l’esprit des Psaumes, quoique l’obéissance et la dépendance confiante qu’on y respire soient toujours ce qui convient à notre sentier chrétien.

3                    [Les Psaumes en rapport avec Israël, Juda et Christ]

Dans la présente étude, je me propose d’examiner le livre des Psaumes dans son ensemble, puis chacun des Psaumes en particulier, afin d’avoir, autant que possible, un aperçu complet de tout le livre. La manière la plus profitable de faire cette étude sera d’envisager les Psaumes au même point de vue que les autres portions de la Parole que nous avons déjà parcourues, bien que le caractère même des Psaumes rende ici cette tâche plus difficile : nous rechercherons donc l’intention et le but du Saint Esprit dans les Psaumes, laissant l’appréciation de la piété précieuse qu’ils renferment, au coeur seul capable de l’estimer, c’est-à-dire au coeur qui se nourrit de Jésus par la grâce de l’Esprit de Dieu.

Les Psaumes, et les mouvements du coeur sous l’action de l’Esprit de Dieu, qui y sont reproduits, ont pour base les espérances et les craintes d’Israël et se rapportent, dans leur application et leur vraie portée, aux circonstances qui sont le propre de Juda et d’Israël; — et ces circonstances, il faut l’ajouter, sont celles de Juda et d’Israël aux derniers jours, bien que, quant à l’état moral des choses, ces derniers jours aient, en réalité, commencé à la réjection de Christ. La piété et la confiance en Dieu, dont ce précieux livre est plein, trouvent sans doute un écho dans tout coeur croyant, mais les exercices de l’âme, tels qu’ils sont exprimés ici, s’accomplissent au milieu d’Israël. L’appréciation que nous faisons ainsi des Psaumes, appréciation dont la vérité est démontrée par la lecture des Psaumes eux-mêmes, est sanctionnée par l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains, où, après avoir cité plusieurs Psaumes, il dit : «Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi» (Rom. 3: 19).

Les Psaumes donc concernent Juda et Israël, et la position dans laquelle se trouvent ceux qui appartiennent à Juda et à Israël : ils sont essentiellement l’expression de l’opération de l’Esprit de Christ, quant au résidu, ou dans le résidu des Juifs (ou d’Israël) aux derniers jours. L’Esprit de Christ entre dans toutes les afflictions des fidèles Israélites de ces jours-là, exprimant leurs confessions, leur confiance de foi, leurs espérances, leurs craintes, leur reconnaissance pour les délivrances obtenues, en un mot tous les exercices de leurs âmes dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent aux derniers jours, offrant ainsi à ces fidèles les directions, l’approbation et la sympathie de l’Esprit de Christ, et l’expression de l’opération de cet Esprit en eux et même en Christ lui-même. À côté de cela, les Psaumes nous présentent la place que Christ lui-même prit au milieu de ces fidèles, lorsqu’il était sur la terre, pour qu’ils eussent part à ses sympathies, et pour que leur délivrance fût rendue possible, et que leur confiance en Dieu fût juste, quoiqu’ils eussent péché contre Lui. Les Psaumes ne raisonnent pas, comme les épîtres, sur l’efficacité de l’oeuvre de la croix, mais, dans ceux qui s’appliquent à Christ, ils nous présentent les sentiments qui remplissaient son âme, alors qu’il accomplissait l’oeuvre. Ils nous font comprendre aussi la place qu’il prit dans le ciel à la suite de sa réjection, et celle qu’il prendra finalement sur le trône du royaume; mais à part sa présente exaltation dans le ciel, mentionnée seulement comme fait nécessaire pour introduire la délivrance finale d’Israël et donner à cette délivrance son caractère complet, tout ce qui est révélé à l’égard du Seigneur, dans sa relation avec Israël, nous est communiqué, non dans une narration, mais dans l’expression de ses propres sentiments en rapport avec la place qu’il a prise, comme cela aura lieu pour le résidu lui-même. C’est ce trait qui donne aux Psaumes le caractère et l’intérêt qui leur sont particuliers.

Les Psaumes nous enseignent que Christ entra dans toute la profondeur des souffrances qui firent de lui le vase de cette grâce, compatissant à ceux qui avaient à traverser ces souffrances : — il entra dans cette voie comme s’intéressant à ces fidèles, comme se chargeant de leur cause et la soutenant devant Dieu. Dans le chemin de son humiliation, il apprit la langue des savants, afin de savoir soutenir par une parole celui qui est las (És. 50: 4). Ils étaient des pécheurs, ils ne pouvaient ni réclamer aucune exemption de la peine, ni compter sur aucune faveur qui pût délivrer et restaurer. Si lui n’avait pas souffert pour eux, il leur eût fallu porter les souffrances présentes qu’ils avaient à endurer, en rapport avec la culpabilité qui les y laissait plongés, en dehors de la faveur de Dieu. Mais telle n’était pas la pensée de Dieu ; il voulait les délivrer, et Christ entre au milieu d’eux, en grâce. Il prend sur lui la culpabilité de ceux qui devaient être délivrés. C’étaient là pour Christ des souffrances vicariales, c’était souffrir comme substitut — et dans la voie de l’obéissance et de l’amour parfaits, il entra dans les souffrances au travers desquelles avaient à passer ceux qu’il venait délivrer. En obéissant, il entra dans ces souffrances de manière à attirer, par l’expiation, l’efficace de la grâce salutaire de Dieu, sur ceux qui auraient dû se trouver eux-mêmes dans ces souffrances, et à devenir ainsi, en vertu de tout cela, comme leur représentant et leur répondant, le garant de leur délivrance, et le soutien de leur espérance, dans ces souffrances, en sorte qu’ils n’y succombassent pas.

Néanmoins il faut, selon les justes voies de Dieu, que les fidèles du résidu passent par la souffrance à cause de leur folie et de leur méchanceté, et afin qu’ils en soient purifiés intérieurement. Christ entra dans toutes ces souffrances, afin d’y être pour eux une source de vie et un soutien pour leur foi, lorsque la main de l’oppresseur pèserait lourdement sur eux au dehors et que le sentiment de leur culpabilité accablerait leur âme au-dedans, ne leur laissant ainsi d’autre sentiment de la faveur divine que la conscience que Celui qui leur avait assuré cette faveur et qui pouvait en être le canal, avait entrepris leur cause devant Dieu et passé, pour eux, par les mêmes circonstances. Sans doute, toute l’efficace de son oeuvre dans leur délivrance, par la mort de ce seul homme pour la nation, ne sera pas connue jusqu’à ce qu’ils regardent vers Celui qu’ils ont percé. Le peuple, et tout spécialement les fidèles du résidu, à cause de leur intégrité (car la masse de la nation se joindra aux Gentils idolâtres afin de jouir de la paix), sont laissés au plus profond de l’épreuve qui, comme voie gouvernementale de Dieu, les amène par la grâce au sentiment de leur culpabilité pour avoir violé la loi, puis rejeté et crucifié le Messie, afin qu’ils connaissent véritablement ce que chacun d’eux est, et qu’en intégrité de coeur, ils courbent la tête devant un Seigneur offensé, et disent : «Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !» Mais quoique la délivrance et un salut meilleur ne doivent pas se réaliser avant ce moment-là, cependant, en vertu de l’oeuvre accomplie pour les effectuer, Christ peut nourrir les âmes des fidèles du résidu et les conduire à cette délivrance, et c’est là précisément ce qu’il fait dans les Psaumes qui sont l’expression de ses pensées envers eux ou plutôt en eux, lorsqu’ils sont dans la détresse, et qui parfois aussi rappellent de quelle manière il a appris cette «langue des savants». De là vient aussi que des âmes, qui sont encore sous la loi, trouvent dans les Psaumes une si grande consolation pour elles-mêmes.

Que personne ne suppose, je le dis ici en passant, que ce profond intérêt du coeur dans ces souffrances de Christ se perde lorsqu’on laisse la loi pour être sous la grâce ; au contraire, il en résulte un gain immense.

En effet, au lieu d’user des Psaumes égoïstement, en vue de mes propres besoins et de mes propres douleurs, quelque juste que puisse être cette application, la jouissance de la grâce me permet de contempler, dans l’adoration et dans l’amour, toutes les souffrances de Christ avec une aptitude plus profonde pour le faire, donnée par son Esprit qui habite en moi. Je puis revenir en arrière, en paix, Lui étant en haut, et, avec un intérêt et une intelligence donnés par Dieu (quelle que soit d’ailleurs ma mesure) envisager les souffrances qu’il a endurées ici-bas. Je puis le suivre de coeur lorsque, pour la gloire de Dieu et en amour pour nous, il traçait ce «chemin de la vie» au travers d’un monde de péché et de misère, au travers de la mort même, jusqu’à la gloire justement acquise dans laquelle Il est maintenant.

C’est ainsi que, dans Jean 14, l’amour pour sa personne et non l’esprit légal, est à la base des consolations et des encouragements qu’il donne à ses disciples quand il leur dit, au verset 28 : «Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père». Sous la loi, les Psaumes peuvent nous apporter de la consolation et du secours, dans une détresse profitable; — sous la grâce, nous en jouissons comme aimant Christ et avec une intelligence divine.

Mais revenons à notre sujet. Le grand fondement qui devait être posé pour rendre possible la sympathie, c’est que Christ n’a pas été épargné là où le résidu sera épargné, parce qu’il faut que Christ souffre tout entière la peine du crime et de l’iniquité, autrement il ne pourrait pas délivrer le résidu, justement et pour la gloire de Dieu (*). Ainsi il a fallu que Christ passât personnellement au travers de la souffrance, comme il l’a fait, en esprit ; et de plus, qu’il fît expiation pour le coupable. Il a passé au travers de la souffrance dans la communion avec Dieu, sauf dans l’oeuvre expiatoire ; et, par l’expiation, toute la grâce et la faveur de Dieu envers lui, tout ce qu’il a trouvé que Dieu était pour lui dans l’affliction, il le rend valable pour ceux qui doivent y passer comme lui, afin qu’ils aient ainsi la connaissance de toute la pensée de Dieu à leur égard, en grâce, quand ils se trouveront eux-mêmes dans l’affliction, et lors même qu’ils seront dans les ténèbres. Si l’on demande comment cela est possible, alors qu’ils n’ont pas encore appris que Dieu est pour eux dans l’expiation, — on peut répondre que ce sont précisément ces Psaumes qui, entrant dans tous les détails des sentiments de Christ et de la propre position des fidèles, sont le moyen par lequel Dieu les introduira dans cette voie, selon Ésaïe 50, que j’ai déjà cité. À dire vrai, un grand nombre de chrétiens sont dans un état analogue : ils s’attachent à la promesse, ils sentent leurs péchés, ils sont encouragés par l’espérance, ils voient la bonté de Dieu, — ils usent des Psaumes comme se rapportant à eux, — et ils ne connaissent ni la rédemption, ni la paix.

(*) C’est dans l’acte de la mort que les souffrances de Christ, pour la justice (et ce à quoi il s’est exposé pour être à même de sympathiser avec le résidu fidèle, quand celui-ci souffre sous la main gouvernementale de Dieu), et l’expiation se rencontrent. Les souffrances pour la justice ont leur expression typique dans l’offrande du gâteau, tandis que l’expiation est figurée dans le sacrifice pour le péché, brûlé hors du camp. Christ a souffert jusqu’à la mort ; alors, il a fait aussi l’expiation pour le péché. Quelques-uns de ceux du résidu pourront souffrir jusqu’à la mort, comme fidèles dans l’épreuve sous ce gouvernement de Dieu ; mais dans ce cas, comme Christ lui-même, ils obtiendront une meilleure résurrection. Je n’ai pas besoin de répéter que l’oeuvre expiatoire est absolument et exclusivement l’oeuvre de Christ.

4                    [Trois lignes directrices pour comprendre les Psaumes : 1) différentes catégories de personnes]

Les Psaumes donc se rapportent proprement à Israël (*), et en Israël, au résidu fidèle. C’est là le premier principe général que la Parole elle-même établit pour nous, comme nous l’avons déjà fait remarquer, de sorte que nous pouvons dire avec Paul que ce que les Psaumes disent, ils le disent «à ceux qui sont sous la loi». L’examen même des Psaumes nous fournira d’autres éléments très clairs et positifs à l’appui de ce principe. Les Psaumes distinguent (Ps. 73), et commencent par distinguer (Ps. 1) l’homme qui est juste et pieux, selon la loi, du reste de la nation. «Il n’en est pas ainsi des méchants» (vers. 4), et «les pécheurs» ne subsisteront pas dans l’assemblée des justes (verset 5). Ésaïe nous enseigne la même chose, doctrinalement, avec non moins de force (Ésaïe 48: 22; 57: 21). Le sujet propre des Psaumes, c’est le vrai résidu fidèle, le juste en Israël (voyez Ps. 16: 3 et beaucoup d’autres); ce qu’on y trouve, ce sont, par conséquent, la part et les espérances d’Israël : — le Ps. 1 l’établit clairement et distinctement ; — mais ce sont les espérances d’un résidu, dont la part est, dès le commencement, distinguée de celle des méchants de la manière la plus positive.

(*) Je me sers ici du nom d’Israël en contraste avec l’Église et les Gentils ; plus tard, quand nous entrerons dans les détails de notre étude, nous verrons Juda distingué d’Israël.

5                    [Trois lignes directrices pour comprendre les Psaumes : 2) l’Esprit de Christ dans les Psaumes (1 Pierre 1 :11)]

De plus, et c’est ici un second principe général à noter, c’est l’Esprit de Christ, l’Esprit de prophétie qui parle dans les Psaumes : l’Esprit de Christ, s’intéressant lui-même à la condition du résidu fidèle d’Israël et parlant des choses à venir, comme si elles étaient présentes, ainsi que font toujours les prophètes. Mais si l’Esprit de Christ s’intéresse au résidu d’Israël, il faut que les souffrances propres de Christ soient annoncées, ces souffrances qui étaient la preuve parfaite et assurée de l’intérêt que Christ porte au résidu, et sans lesquelles cet intérêt eût été inutile. En effet, nous trouvons dans les Psaumes les plus touchantes expressions des souffrances de Christ, non pas comme récit, mais exactement telles qu’il les a senties, — exprimées comme de sa propre bouche au moment où il les endurait (*). C’est toujours l’Esprit de Christ qui parle (comp. 1 Pierre 1: 11), Christ prenant part lui-même à l’affliction et à la douleur de son peuple, soit par son Esprit en eux, ou lui-même pour eux comme l’unique moyen, en présence du juste jugement de Dieu, pour la délivrance d’un peuple bien-aimé quoique coupable. Ceci nous fait comprendre l’admirable convenance du langage des Psaumes en un point que je mentionnerai plus loin. Dans les Psaumes qui parlent proprement d’expiation, Christ est seul, et ainsi son oeuvre est sauvegardée ; dans les Psaumes qui parlent de souffrances non expiatoires dans leur nature, alors même qu’elles vont jusqu’à la mort, certaines parties s’appliquent à Christ personnellement, parce que, en personne et individuellement, il traversa ces souffrances ; mais dans d’autres parties de ces mêmes Psaumes, les saints entrent en scène parce qu’ils auront leur part de ces souffrances-là ; et ainsi les souffrances personnelles de Christ nous sont présentées, mais ses sympathies aussi ne sont pas perdues.

(*) De là découle le caractère d’intimité dans les sentiments, et l’intérêt touchant des Psaumes. Ce sont comme les battements de coeur de Celui qui, dans les détails de son histoire, dans l’ensemble de sa vie, dans ses relations avec Dieu et avec les hommes, en un mot dans sa présentation extérieure, ainsi que dans toutes les voles de Dieu à l’égard de sa manifestation en ce monde, a pris la place du résidu.

6                    [Trois lignes directrices pour comprendre les Psaumes : 3) Détresse du peuple de Dieu, intégrité et confession]

Un autre principe se lie à celui que nous venons de signaler, et forme le troisième grand principe caractéristique des Psaumes. Les péchés du peuple empêcheraient moralement que le résidu se confie en Dieu dans sa détresse ; cependant Dieu seul peut le délivrer, et il faut qu’il regarde vers Dieu avec un coeur intègre. Ces deux choses se retrouvent dans les Psaumes : les détresses sont présentées à Dieu en recherchant la délivrance, puis l’intégrité est invoquée en même temps que les péchés sont confessés. Christ étant entré, comme nous l’avons vu, dans les afflictions du résidu, et ayant fait l’expiation, peut conduire les fidèles, malgré leurs péchés et au sujet de leurs péchés, vers Dieu. Sans doute ils ne connaissent pas d’abord réellement la pleine rémission, mais l’Esprit de Christ les conduit en avant, et, dans le sentiment de la grâce, par les expressions qu’il leur fournit dans ces Psaumes mêmes, il les fait marcher (et que d’âmes il y a qui sont pratiquement dans cet état !) vers le Dieu des délivrances, en confessant aussi leurs péchés. Ils prennent avec eux des paroles, et reviennent à l’Éternel (Osée 14: 2). La rémission aussi leur est présentée. L’Esprit de Christ étant vivant en eux, comme principe de vie, et fixant le propos de leur coeur, ils peuvent, par la confession de leurs péchés, invoquer sincèrement leur intégrité et leur fidélité à Dieu, mais la pensée de la miséricorde précède toujours celle de la justice comme base de leur espérance. En principe, tout ceci est vrai de toute âme renouvelée qui n’a pas trouvé encore la liberté, la liberté que donne une rédemption connue. C’est l’état d’âme du fils prodigue avant qu’il rencontre son père, et c’est aussi l’état de toute âme qui a le sentiment que le Dieu de lumière et d’amour a été révélé en Christ, mais qui ne connaît pas encore la plénitude de la rédemption et sa pleine acceptation en Christ. Dans un tel état, il peut y avoir de la confiance, mais pas encore la paix, ni la liberté avec Dieu. Les Psaumes, hormis certaines louanges à la fin du livre et à la fin de certains Psaumes placés ailleurs, ne sont jamais l’expression de cette liberté: et alors même qu’elle s’y trouve, elle a trait à une délivrance et à une rémission terrestres.

En résumé donc, les Psaumes sont l’expression de l’Esprit de Christ, soit dans le résidu juif (ou dans le résidu de tout Israël), soit dans la propre personne de Christ comme souffrant pour ces fidèles, en vue des conseils de Dieu à l’égard de son peuple; — et, puisque ces conseils doivent être accomplis plus particulièrement dans les derniers jours, les Psaumes sont l’expression de l’Esprit de Christ dans ce résidu au milieu des événements qui s’accompliront dans ces jours-là ; alors que Dieu commencera à s’occuper de nouveau de son peuple terrestre. Les souffrances morales qui se lient à ces événements, ont été plus ou moins réalisées dans l’histoire de Christ sur la terre, soit dans sa vie, soit, plus encore, dans sa mort, Christ étant lié aux intérêts et au sort de ce résidu. Au temps de son baptême par Jean, Christ s’identifia déjà avec ceux qui composaient le résidu ; non pas avec la multitude sans repentance d’Israël, mais avec le premier mouvement de l’Esprit dans ces «excellents de la terre», par lequel ils étaient amenés à reconnaître la vérité de Dieu dans la bouche de Jean-Baptiste, et à s’y soumettre. Or c’est dans ce résidu que les promesses faites à Israël seront accomplies ; en sorte que, bien que ce ne soit qu’un résidu seulement, les affections de ces saints et leurs espérances sont celles de la nation. Sur la croix, Jésus est demeuré le seul vrai fidèle devant Dieu en Israël — le représentant personnel de tout le résidu qui devait être délivré, aussi bien que Celui qui a accompli l’oeuvre sur laquelle la délivrance des fidèles pouvait être fondée.

7                    [Souffrances de Christ : Différentes sortes ou caractères]

Il y a, de plus, quelques observations générales à faire sur un point dont j’ai déjà dit quelques mots ; je veux parler des souffrances de Christ : ces observations, tirées en grande partie des Psaumes eux-mêmes, nous aideront par la lumière que nous fournissent à cet égard les évangiles, à saisir l’esprit de tout ce livre et à entrer plus exactement dans la pensée d’un grand nombre des Psaumes. Nous avons déjà vu, en général, que les Psaumes placent le résidu devant nous, avec ses souffrances, ses espérances, sa délivrance et l’association de Christ avec lui dans toutes ces choses. Christ est entré dans les afflictions des fidèles; il sera leur libérateur, et a accompli l’expiation qui pose le fondement de leur délivrance, comme elle est le fondement de la délivrance de toute âme vivante — mais Christ mourut pour la nation juive (Jean 11: 51). Sans doute, sa propre perfection se manifeste dans toute son oeuvre, mais ici nous avons à considérer la relation dans laquelle cette oeuvre se trouve avec Israël et la terre, bien qu’il soit question aussi de la glorification personnelle de Christ dans les cieux, — d’où découlera la délivrance finale d’Israël. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, nous n’avons pas à chercher ici le mystère de l’Église, qui, à cette époque, était «caché en Dieu», ni Christ non plus au point de vue de ses rapports avec l’Église. Les Psaumes nous fournissent d’une manière parfaite toutes les expériences terrestres de Christ et de son peuple, que l’Esprit de Christ a voulu nous présenter ; mais pour trouver les expériences célestes de ceux qu’il a rachetés, il faut recourir au Nouveau Testament, à l’épître aux Philippiens, par exemple.

Or Christ a passé au travers de toutes les souffrances morales que peut traverser un coeur d’homme ; il fut tenté en toutes choses comme nous, à part le péché, et rien, en son lieu et place, ne peut porter plus de fruits (*) que d’avoir le coeur occupé des souffrances du Sauveur : personne jamais ne souffrit comme lui. Les Psaumes placeront ces souffrances devant nous, mais je ne veux pas me laisser aller à en parler ici en détail; dans ces remarques préliminaires, je ne puis que brièvement faire allusion aux causes de ces souffrances et aux diverses positions dans lesquelles Christ les endura.

(*) Il ne faut pas s’arrêter trop longtemps sur ces souffrances en elles-mêmes, en les séparant entièrement de ce qui est le côté divin de la personne du Sauveur, si on ne veut pas que cette contemplation devienne sans profit, ou même funeste, n’étant plus réellement qu’un sentiment de la chair.

Les positions dont je parle sont, je pense, au nombre de trois : Christ souffrit de la part des hommes pour la justice et l’amour, pour le témoignage qu’il a rendu dans ce qui était bon — rendant témoignage à Dieu et révélant Dieu. Ensuite, Christ a souffert de la part de Dieu, pour le péché. Ces deux caractères différents des souffrances de Christ sont bien clairs et simples pour tous ceux qui croient. Mais il y a un troisième genre de souffrances, pour l’intelligence duquel il faut prêter aux Écritures une attention plus particulière. Il est dit des voies de Jéhovah à l’égard d’Israël : «Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés» (És. 63: 9). Ceci a été (et, quant à la dernière partie, le sera) spécialement accompli en Christ, qui est Jéhovah venu comme homme au milieu d’Israël. Mais les souffrances d’Israël, du résidu d’Israël, au moins, prennent à la fin un caractère particulier ; les fidèles sont sous l’oppression des gentils, au milieu d’une entière iniquité en Israël, mais ils sont caractérisés pourtant par l’intégrité de coeur (et c’est là ce qui fait d’eux réellement le résidu), conscients en même temps cependant, à cause de cette intégrité même, des conséquences générales actuelles du péché sous le gouvernement de Dieu et la puissance de Satan et de la mort, et souffrant sous le poids de ce sentiment. La délivrance qui les tire de cette situation n’étant pas encore arrivée, leurs âmes sont comme accablées sous ce fardeau. Eh bien ! Christ est entré dans cette affliction-là, aussi.

Pendant tout le cours de sa vie, même jusque dans la mort, il a souffert de la part des hommes pour la justice (voyez en rapport avec ceci, le Ps. 11 et d’autres). En outre, sur la croix, il a souffert pour le péché, il a bu la coupe de la colère pour le péché, la coupe que son Père lui avait donnée à boire. Mais à côté de ces deux genres de souffrances, il porta dans son âme, à la fin de sa vie, nous pouvons dire après le repas pascal, toute la détresse et l’affliction que le gouvernement de Dieu fera venir sur Israël, — non pas la condamnation, mais cependant la conséquence du péché. Nul doute qu’il n’ait anticipé toute cette affliction et que, dans ce sens, il ne l’ait sentie, comme il l’a fait au chap. 12 de l’évangile de Jean, à l’égard de la croix qui l’attendait. C’était alors, comme il dit, l’heure d’Israël apostat et de la puissance des ténèbres, «votre heure et le pouvoir des ténèbres» ; mais il s’attendait toujours à son Père, dans le sentiment de sa fidélité, et il n’était pas non plus encore abandonné de Dieu. Il pouvait encore s’adresser à l’homme pour qu’il veillât avec lui, tandis qu’il n’y avait que faire de veiller lorsque la colère divine était sur lui.

Pour celui qui est enseigné de Dieu, le caractère distinctif de ces différents genres de souffrances ressort clairement de l’examen attentif des Psaumes qui nous en parlent. Ainsi, nous verrons que, lorsque Christ souffre de la part des hommes, il demande, comme parlant par son Esprit en Israël et pour Israël, que la vengeance vienne sur l’homme ; et alors souvent d’autres personnes souffrent avec lui. Mais lorsque Christ souffre de la part de Dieu, il est absolument seul, et les conséquences ne sont que bénédiction et que grâce, sans mélange. Pour ce qui est des souffrances de la part de l’homme, nous pouvons avoir le privilège de souffrir ainsi, ayant communion avec ses souffrances ; mais, dans ce qu’il a souffert de la part de Dieu, comme placé sous la colère de Dieu, il a souffert ainsi, afin que nous, nous n’eussions jamais à boire une seule goutte de cette coupe qui eût été pour nous la perdition éternelle. Dans les souffrances qu’il endura sous le pouvoir de Satan, des ténèbres et de la mort, lorsqu’il ne buvait pas encore, de fait, la coupe de la colère, — à côté de ce qu’exigeait sous ce rapport la majesté de Dieu (voyez Héb. 2: 10) — Il souffrait pour sympathiser avec Israël, participant aux afflictions dans lesquelles les fidèles entrent par leur intégrité, tout en étant cependant encore dans leurs péchés. Toute âme réveillée, mais encore sous la loi, trouvera ici de la consolation. L’Esprit de Christ dans les Psaumes entre par avance dans toutes ces souffrances, quant à Christ et quant à Israël. Il faut seulement remarquer que c’est le rejet du Messie qui a entraîné la ruine totale des Juifs et la perte de toutes leurs promesses (toute réserve faite quant à la grâce souveraine), de même que les souffrances et la douleur du résidu aux derniers jours.

Il faut aussi se souvenir que, quoique les trois genres de souffrances dont nous venons de parler soient essentiellement différents, et qu’ils soient chacun en particulier, dans leur caractère, bien clairs et importants, ils se sont tous unis et se trouvent tous ensemble au terme de la vie de Christ, dans les souffrances de ses dernières heures — sauf que je ne doute pas qu’en quittant Gethsémané, Christ n’eût déjà traversé et laissé derrière lui les efforts de la puissance de Satan contre son âme — mais, sur la croix, il souffrit en même temps de la part des hommes pour la justice, et de la part de Dieu pour le péché. Cette souffrance pour le péché, de la part de Dieu, lorsqu’elle étreignait son âme, était trop profonde, je n’en doute pas, pour qu’il sentît beaucoup celle qui venait des hommes ou qu’il fût sensible à quoi que ce soit en dehors d’elle.

8                    [Contenu de chacun des 5 livres des Psaumes]

Ayant présenté les observations générales qui précèdent et qui m’ont paru nécessaires à l’intelligence du livre, je me propose d’examiner maintenant, avec le secours du Seigneur, le contenu même des Psaumes. Que le Seigneur veuille nous guider tous deux, et moi, et vous, mon lecteur ! Si Dieu nous dépeint les souffrances de Christ et l’intérêt qu’il prend à son peuple sur la terre, il nous convient de sonder ces choses avec révérence, et une confiance enfantine en même temps, et il nous faut compter, comme nous devons toujours le faire, sur son enseignement pour être conduits et instruits dans l’étude que nous entreprenons. Ce qui nous parle des choses que Christ a senties, mérite que nous nous en occupions avec un amour confiant, mais avec une sainte révérence.

On sait que les Psaumes sont divisés en cinq livres, le premier comprenant les Psaumes 1 à 41 ; le second les Ps. 42 à 72 ; le troisième les Ps. 73 à 89 ; le quatrième les Ps. 90 à 106 ; et le dernier les Ps. 107 à 150. Chacun de ces livres a son sujet particulier, et l’examen détaillé que nous allons en faire nous permettra, j’espère, de discerner clairement leur caractère spécial.

Le premier livre s’occupe de l’état du résidu juif avant qu’il soit chassé de Jérusalem, et, par conséquent, de Christ lui-même en rapport avec ce résidu. De fait, ce livre nous donne plus de détails que tous les autres sur l’histoire personnelle de Christ, et on en comprend facilement le motif : Christ entrait et sortait avec le résidu juif tandis qu’il était encore associé à Jérusalem ; et je dis résidu juif par opposition avec Israël ou la nation tout entière.

Dans le second livre, le résidu est envisagé comme chassé de Jérusalem, Christ se plaçant au milieu des fidèles et leur donnant dans cette détresse leur vraie position d’espérance. L’entrée de Christ au milieu d’eux, quand il sont ainsi chassés de Jérusalem, les rétablit cependant, au point de vue prophétique, dans leur position en relation avec l’Éternel (Jéhovah) comme un peuple devant Dieu (Ps. 45, 46). Avant ce moment, chassés de Jérusalem, ils parlent de Dieu (Élohim) plutôt que de l’Éternel, car ils ont perdu les bénédictions de l’alliance ; mais ils sont amenés ainsi à connaître Dieu beaucoup mieux. Les circonstances historiques de sa vie ont offert à Jésus l’occasion d’entrer pratiquement et personnellement dans le sentiment de cette condition du peuple, à cause de l’inimitié dont il a été l’objet. Au Ps. 51 le résidu reconnaît la culpabilité de la nation et plus particulièrement des Juifs, dans le rejet de Christ (*).

(*) Je pense que les deux premiers livres doivent être particulièrement distingués des trois derniers. Les deux premiers présentent davantage Christ personnellement parmi les Juifs ; tandis que les trois derniers s’occupent plutôt de la nation et de son histoire. C’est aussi pour cela que le Ps. 72, le dernier du 2° livre, s’arrête au règne de Salomon.

Le troisième livre nous présente la délivrance et la restauration d’Israël comme nation, et les voies de Dieu envers la nation comme telle, Jérusalem, à la fin, étant le centre de la bénédiction et du gouvernement de Dieu. Les effets terribles du fait que les fidèles se trouvent sous le régime de la loi, et la réunion de toutes les gratuités en Christ, sont développés dans les Psaumes 88 et 89, finissant par des supplications pour l’accomplissement de ces gratuités. La suprématie de la royauté établie en grâce et en délivrance, quand tout était perdu, nous est présentée au Ps. 78.

Dans le quatrième livre, nous trouvons le Seigneur lui-même, en tout temps le refuge et la demeure d’Israël. Israël est délivré par la venue du Seigneur ; — l’introduction du Fils unique dans le monde caractérise en général tout le livre. L’Éternel ayant été toujours le refuge d’Israël, celui-ci regarde vers lui pour être délivré [Ps. 91]. C’est pourquoi les noms abrahamiques et millénaires de Dieu : «le Tout-Puissant», «le Très-Haut», sont introduits. Alors le jugement vient sur les méchants [Ps. 101], et les justes sont délivrés. La nature divine du Messie est introduite comme fondement de la participation du peuple aux bénédictions des derniers jours, bien qu’il ait été une fois retranché [Ps. 102]. Il est le vivant et immuable Jéhovah, le Créateur [Ps. 102]. Ensuite vient la bénédiction sur Israël  [Ps. 103] et sur la création [Ps. 104], puis le jugement des païens, afin qu’Israël jouisse des promesses [Ps. 105] ; mais c’est la même grâce qui l’a si souvent épargné.

Le cinquième et dernier livre a un caractère plus général, plus spécialement moral ; il se termine par des chants de triomphe et des actions de grâce. Après les détails sur la restauration d’Israël au travers de toutes les difficultés et de tous les dangers, après avoir montré le droit que Dieu a sur le pays tout entier, l’iniquité de l’instrument anti-chrétien de l’Ennemi, l’élévation du Messie à la droite de Jéhovah jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds, et le peuple terrestre, devenu un peuple de franche volonté au jour de sa puissance, — ce livre nous offre un aperçu rétrospectif des voies de Dieu, un exposé de toute la condition d’Israël, de tout ce par quoi le peuple a passé et des principes selon lesquels les fidèles sont placés devant Dieu, «la loi étant écrite dans leurs coeurs». — Puis viennent les louanges de la fin.

D’après l’exposé rapide que nous venons de faire et, plus encor~, par l’examen détaillé auquel nous allons nous livrer, il sera facile de se convaincre qu’il y a beaucoup plus d’ordre dans les Psaumes que ne le supposent généralement ceux qui considèrent chacun d’eux à part comme un chant isolé, destiné à servir d’expression à la piété individuelle. Les Psaumes, il est vrai, ne sont pas liés par un fil historique ininterrompu comme d’autres parties des Écritures, mais ils sont cependant l’expression régulière et méthodique de différentes parties distinctes d’un même sujet, c’est-à-dire de l’état du résidu des Juifs ou d’Israël aux derniers jours, des sentiments de ce résidu et de l’association du Messie avec lui. L’Esprit de Dieu qui a dirigé l’arrangement, aussi bien qu’il a inspiré le contenu de l’Écriture sainte tout entière, a imprimé aussi son sceau sur cette partie-ci, en caractères non équivoques. Je n’ai pas la prétention de dire qui réunit ensemble ces cantiques divins, ouvrage de divers auteurs et d’époques différentes ; ceux qui s’occupent de ce genre d’étude peuvent en faire la matière de leurs investigations et de leurs discussions ; mais l’autorité qui les a rassemblés ne demeurera l’objet d’un doute pour aucun de ceux qui seront entrés dans la pensée qui les remplit.

La distinction que j’ai faite entre les différents sujets qui sont traités dans les Psaumes, m’avait porté à les diviser en cinq livres, avant que mon attention eût été attirée sur le fait, bien connu d’ailleurs, qu’ils sont divisés exactement ainsi dans la bible hébraïque. Le même principe d’ordre se retrouve dans chacun des livres, considéré isolément.