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Études sur la Parole de Dieu
2 SAMUEL
par J.N. Darby
Table des matières :
Le second livre de Samuel nous présente l’établissement définitif de David dans la royauté, et ensuite les misères de sa maison après que la prospérité eut, hélas ! ouvert la porte à la propre volonté.
Le chemin de la foi avec ses difficultés est celui où l’on marche avec Dieu, et où l’on célèbre le triomphe que sa présence nous assure. Un état de prospérité met en évidence combien peu l’homme est capable d’en jouir sans y trouver un piège. La prospérité n’étant pas le chemin de la foi, c’est-à-dire de la force, le mal qui existe dans le coeur se fait jour dans la conduite. Comparez 2 Samuel 22 (cantique par lequel David termine le chemin des difficultés) avec le chap. 23 qui contient ses dernières paroles, après l’expérience qu’il avait faite de la prospérité et de la gloire, acquises par sa foi.
Cependant la piété et les sentiments pieux, et par conséquent généreux, étaient réels en David. Il ne feignait pas d’avoir le coeur touché du malheur de Saül pour saisir la royauté sans regret aussitôt que Saül aurait cessé d’exister. En recevant la nouvelle de sa mort, David a réellement le coeur fondu : Malheur à l’homme endurci qui, poussé par l’espoir d’une récompense, espérait, en lui apprenant cette mort, être porteur de bonnes nouvelles ! Quelle que fût son infortune, Saül était pour David le roi d’Israël. Il était, quelles que fussent ses fautes, un roi malheureux. David en avait été aimé. Il avait été un des habitués de sa maison où le malheur du roi se manifestait devant ses yeux, et commandait le respect de ceux qui l’approchaient de si près. Et si Saül avait poursuivi David sans cause, à ce moment il lui était facile de l’oublier. David, à la mort de Saül, ne veut se souvenir que de ce qui peut honorer celui qui est tombé ; et, par-dessus tout, il se rappelle que ce sont l’oint de l’Éternel et le peuple de l’Éternel qui sont tombés devant ses ennemis.
David ordonne de mettre à mort l’homme qui, trompé par l’égoïsme, s’était accusé de manquer de toute crainte de l’Éternel, de tout sentiment bon et généreux. Car David craint Dieu, et l’oint de l’Éternel a un grand prix à ses yeux. Alors il épanche son coeur devant Dieu, dans les accents touchants d’une douleur dont l’expression, attendrissante et solennelle rappelle tout ce qui pouvait exalter Saül, et laisse échapper les tendres et affectueux souvenirs qui lui sont suggérés par son coeur. Belle expression des fruits de l’Esprit de Dieu ! Enfin, la foi agit en David, et il ne se décourage nullement. Si cette infortune l’afflige, elle lui donne aussi l’occasion de mettre d’autres en garde contre une semblable calamité. David fait apprendre à Juda le chant de l’arc, l’emploi de cette arme par laquelle Saül était tombé. David dans son humilité, marche encore bien. Il demande à l’Éternel s’il doit monter en Juda et en quel lieu ; et l’Éternel le dirige. David témoigne aussi aux habitants de Jabès de Galaad, sa satisfaction de leur conduite à l’égard de Saül.
Néanmoins le combat n’a pas encore cessé ; s’il n’a pas lieu contre les ennemis extérieurs, il continue contre ceux du dedans. Ceux qui se rattachent à l’importance charnelle de Saül ne peuvent pas supporter David. Cependant, au fond, tout est maintenant changé ; car Ish-Bosheth n’était pas l’oint de l’Éternel, et son règne est véritablement une rébellion contre Dieu. David lui fait la guerre par ses capitaines.
Hélas ! l’histoire de cette période nous plonge dans les voies des hommes. Ce n’est plus simplement David dans le chemin de la foi. C’est Joab, homme habile, ambitieux, sanguinaire et sans coeur. C’est Abner, homme moralement supérieur à Joab, mais qui combat charnellement comme homme de parti contre le roi que Dieu a élu. Abner est parent d’Ish-Bosheth comme Joab de David. Après que son orgueil a été froissé, il se jette du côté de David, et Joab le tue par jalousie non moins que pour venger la mort de son frère. Et où est-ce que la bravoure et la vaillance des chefs de Benjamin et de Juda se manifestent maintenant dans ce «champ des hommes forts» ? C’est en se tuant les uns les autres. Les Philistins étaient oubliés. Toutefois, la famille de Saül avait absolument tort. C’était la nature qui, avec ses prétendus droits, ne se soumettait pas à Dieu et à sa volonté.
Comme David commence à le faire ici, Christ, roi de Juda, s’assujettira tout ce qui l’entourera après être entré dans son règne.
Il est bon de remarquer, toutefois, que David ne paraît pas en tout ceci. C’est Joab qui est en scène ; et il me semble, par les détails qui nous sont donnés, que le mal commençait déjà. Je ne vois pas que David ait consulté l’Éternel, et Joab ne l’a certainement pas fait, lui qui n’était qu’un impie comprenant qu’il était plus prudent de respecter Dieu, et de ne pas trop s’écarter de lui, uniquement pour satisfaire à ses passions, ce qui ne l’a pas empêché d’être pris à la fin dans ses propres filets. Et, après tout, ce n’est pas l’énergie de Joab qui a mis le royaume entre les mains de David ; c’est l’orgueil blessé d’Abner qui, au fond, était le chef du parti d’Ish-Bosheth, et qui finit par moissonner de la part des hommes ce qu’il avait semé. Mais tout ceci est fort triste.
Providentiellement, Dieu accomplit ses desseins et David prospère. En général aussi, dans ses combats à cette époque et dans son élévation, David est un type du Seigneur Jésus. Et je ne doute pas que l’établissement du royaume de Christ ne soit une oeuvre qui s’accomplira en détail, après son apparition ; c’est ce dont les prophéties de Zacharie et le 5° chapitre de Michée font foi ; mais, historiquement, nous sommes, comme je l’ai dit, au milieu des hommes. Dans l’affaire de la mort d’Ish-Bosheth, David conserve son intégrité, et il manifeste, à l’égard de l’assassinat d’Abner, les sentiments qui conviennent à un homme de Dieu. Néanmoins, le v. 39 du chap. 3 fait déjà voir la faiblesse de l’homme comme instrument du gouvernement de Dieu, David en appelle au Dieu de jugement.
L’élection de l’oint de Dieu précède nécessairement son établissement dans le lieu que l’Éternel avait choisi. Cette élection devance plus évidemment encore le repos de l’oint de l’Éternel ; et ceci est vrai quant à Christ lui-même, seulement il y est descendu en grâce.
David, roi de Juda en Hébron pendant sept ans et demi, devient roi de tout Israël après la mort d’Ish-Bosheth. Et maintenant, David n’est plus l’homme de foi qui, chef lui-même des armées d’Israël, dirigeait, en marchant sous la dépendance de Dieu, les entreprises que les circonstances d’Israël réclamaient de la foi ; mais c’est un roi qui peut élever qui il veut. L’homme paraît bientôt, l’homme énergique, mais non pas l’homme de Dieu. Celui qui atteindra le canal (v. 8), recevra une récompense, dit le roi, et sera chef et capitaine. Joab y monte et il a des droits naturels sur David (*).
(*) Joab était évidemment habile et entreprenant ; mais il est remarquable qu’il ne figure pas parmi les hommes qui s’étaient signalés par l’éclat de leurs triomphes, quand il fallait combattre pour la gloire de Dieu par une foi individuelle. S’agit-il d’être chef et capitaine, place que David avait remplie jusqu’alors, Joab se met aussitôt en avant.
Néanmoins, en somme, David est dirigé par Dieu et il prend la ville choisie de Dieu pour son trône sur la terre. C’est pourquoi il peut dire de ceux qui en sont maîtres, qu’ils sont haïs de l’âme de David ; car, en effet, ceux qui sont en possession, du vrai siège de la puissance de Dieu, du lieu de sa dilection, et qui, confiants en leur force charnelle, résistent au roi que Dieu a choisi et se moquent de lui, sont haïssables plus que tous les autres, et sont haïs. de ceux qui ont l’Esprit de Celui qui établit son trône sur la terre.
Il est bon de remarquer ici, que David est un type du Christ rejeté et du Christ combattant en puissance pour l’établissement du millénium ; et Salomon, du Christ régnant dans la paix millénaire. Les guerres de David avec les Philistins sont postérieures à la prise de Jérusalem et à l’entier assujettissement d’Israël à David. Ce n’est pas David, et ce n’est pas non plus le Christ, régnant sur la terre, qui prend Jérusalem. Le Christ descendra du ciel pour l’anéantissement de l’Antichrist ; mais il détruit les ennemis d’Israël par le moyen de son peuple, après avoir établi son trône en Sion (Comparez Zacharie, chap. 9 et 10). Je ne m’étends pas là-dessus. Je me borne à signaler les grands traits que la Parole nous fournit sur ce sujet.
David s’établit en Sion ; il est reconnu des Gentils bien disposés ; il a aussi la conscience que Dieu l’a établi roi. Mais le coeur de l’homme se montre bientôt. Affermi dans sa royauté de la part de l’Éternel, il agit à son aise, d’après sa volonté. (Comp. Deut. 17: 17). Toutefois l’affermissement de son trône n’anéantit pas l’espoir de ses anciens ennemis (*) ; mais il excite leur jalousie. Ils ne connaissent ni le bras de sa force, ni le conseil de l’Éternel qui l’a établi. Ils courent à leur ruine. Ici, avec le danger qui le réveille, nous retrouvons l’homme de Dieu, figure du Seigneur, attentif aux conseils de l’Éternel qu’il a cherchés. Il remporte des victoires éclatantes sous la direction expresse de Dieu dont la force le précède, et met ses ennemis en déroute. Aussi en attribue-t-il la gloire à l’Éternel.
(*) Par bien des prophéties de l’Ancien Testament, il est évident qu’il en sera de même lorsque Christ sera de retour sur la terre. Et cependant, dans ce temps-là, l’homme ne s’élèvera que pour sa destruction subite.
Bien que Dieu ait établi roi en puissance celui qui est en même temps le conducteur victorieux de son peuple, cependant les liens de l’alliance ne sont pas encore rétablis. L’Arche est encore là où la piété particulière l’avait accueillie, lorsque Dieu a dû être lui-même le gardien de sa propre gloire. David veut la placer là où son trône est maintenant établi. Il veut que l’Éternel des armées qui habite entre les chérubins, soit honoré et qu’il soit en même temps la gloire du trône du roi d’Israël. Ces deux choses sont liées dans sa pensée. Or, la royauté de Melchisédec n’était pas encore en exercice, pas même en type. Car Melchisédec est roi de Salem, c’est-à-dire roi de Paix. Dieu maintenait encore sa propre gloire. Il pouvait bénir David, roi élu et oint; mais l’ordre de choses, qui réunissait tout sous l’autorité du roi, n’était pas encore en vigueur. Il devait être établi plus tard, sous Salomon.
Israël aurait dû reconnaître l’ordre voulu de Dieu. Or, tout en cherchant à honorer Dieu, David pense à lui-même, et il n’y a, en définitive, qu’une imitation fautive de ce qu’avaient fait les sacrificateurs des Philistins, sous l’impression produite par la frayeur de l’Éternel. Le résultat n’en fut pas heureux. Ce que l’homme avait fait, l’homme cherche à l’appuyer ; mais, pour le faire, il porte atteinte à la gloire de l’Éternel et tombe devant Sa majesté. L’Éternel revendique sa gloire. Il ne demeure pas encore au milieu de son peuple.
Peiné et effrayé en même temps — peiné, parce que son coeur cherche vraiment la gloire de l’Éternel, quoiqu’il ne fût pas à la hauteur de cette gloire et qu’il eût oublié la majesté de Celui qu’il désirait avoir plus près de lui — David laisse l’Arche dans la maison d’Obed-Édom ; et c’est là que le Seigneur fait voir qu’il lui est naturel de bénir là où l’on n’oublie pas sa Majesté de manière à disposer de lui comme on le trouve bon. Quand on porte atteinte à sa Majesté, il la maintient ; comme aussi il manifeste ce qu’il est, par la bénédiction qu’il accorde. Le coeur et les affections de David sont restaurés ; il fait transporter l’Arche de la maison d’Obed-Édom, et la place dans un tabernacle qu’il lui avait tendu. Ici on ne voit que David, et on le voit revêtu de l’éphod. Il est chef de son peuple, quand il rétablit la relation (*) entre eux et son Dieu, et cela avec joie, avec des chants de triomphe et des sacrifices. C’est lui-même aussi qui bénit le peuple, étant en tout ceci le type remarquable de Jésus et de ce qu’il accomplira en Israël aux derniers jours.
(*) Je dis : la relation, parce que, en effet, l’Arche de l’alliance était le lien extérieur, le signe de la relation formelle entre Dieu et Israël. C’est ce qui donne beaucoup d’importance à la circonstance que nous étudions ici. La perte de l’Arche avait été, au contraire, l’I-Cabod du peuple.
Tout ceci, cependant, n’était pas bâtir le temple, oeuvre réservée au prince de la Paix. C’était le roi, par la foi chef de tout le peuple, agissant jusqu’à un certain point, et pour la foi, comme sacrificateur, selon le principe de Melchisédec, sans que la bénédiction et l’ordre attachés à ce titre eussent encore été établis. Le roi offre des sacrifices, il bénit le peuple. Comme seul chef, il avait réuni tout Israël. Il avait battu ses ennemis.
Mais, après tout, c’était une époque de transition. L’Arche de l’alliance était encore sous une tente. David avait triomphé, mais il ne jouissait de la paix qu’en passant. Cet établissement de l’Arche sur la montagne de Sion fait cependant époque ; car Sion était la montagne de la grâce royale, où le roi avait souffert, et en tant qu’ayant souffert, avait établi son trône en puissance et en grâce en rapport avec Israël. C’est ce qui donne la clef du chapitre 14 de l’Apocalypse, livre dans lequel l’Agneau est toujours, me semble-t-il, ce Messie qui a souffert, mais assis sur le trône de Dieu en attendant la manifestation de sa gloire ; assis dans ce caractère quoique, comme tel, il eût accompli des choses bien autrement importantes, car le salut et l’Église sont bien plus excellents que le royaume ; or, c’est du royaume que nous nous sommes évidemment occupés ici. Je ne doute pas que les cent quarante-quatre mille qui sont avec l’Agneau sur la montagne de Sion, ne soient ceux qui ont souffert pour l’amour du Messie dans l’esprit de ses propres souffrances, au milieu d’Israël. Ils ont part avec lui à sa position royale sur Sion, et ils l’accompagnent partout où il va. Ils sont moralement assez près du ciel pour apprendre le cantique qu’on y chante, et que personne d’autre sur la terre ne peut apprendre. Ils sont les prémices de la terre. Ils ne sont pas dans le ciel.
Ceci explique aussi Héb. 12: 22, où nous trouvons Sion en contraste avec Sinaï, où le peuple avait été placé sous sa responsabilité propre, la loi ayant la sanction que la frayeur de la présence de l’Éternel lui donnait. Mais, dans le passage cité, Sion se distingue bien nettement de la Jérusalem céleste (*).
(*) La forme de la phrase Héb. 12: 22, rend les diverses parties dont elle se compose plus faciles à distinguer. Le mot «et» les sépare. Sion, — la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, — les anges, l’assemblée universelle, — l’Assemblée des premiers-nés, écrits dans les cieux, — Dieu juge de tous, etc.
Je ne doute pas qu’il ne doive exister à la fin une relation semblable entre Christ et le Résidu de son peuple qui l’a attendu. C’est une période pendant laquelle Jésus est pleinement triomphant et agit en puissance et comme roi, mais ne gouverne pas encore en paix, et pendant laquelle il forme, développe et établit les relations des siens avec lui sur la terre, dans ses triomphes et dans sa royauté, selon les droits de laquelle il s’assujettît ses ennemis. Les Psaumes nous ouvrent aussi prophétiquement et en figure, cette partie du règne de Christ (Voyez le Psaume 110). Après avoir fait asseoir le Seigneur de David à la droite de la Majesté dans les cieux, l’Esprit dit : «L’Éternel enverra de Sion la verge de ta force : Domine au milieu de tes ennemis. Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance, en sainte magnificence. Du sein de l’aurore (de cette matinée de sa gloire, de l’aube du jour), te viendra la rosée de ta jeunesse (des jeunes gens qui le suivent)». Ce Psaume entier développe cette même idée, la royauté guerrière de Christ ayant Sion, choisie de Dieu, comme siège et comme point de départ, dans les guerres triomphantes du Messie.
Poursuivons ce dernier point.
Après avoir dépeint la ruine d’Israël, le Ps. 78 nous fait voir le Seigneur qui se réveille ; mais il met de côté tous droits à l’héritage et au témoignage de ses voies avec Israël antérieurement ; car (1 Chron. 5) Joseph avait le droit d’aînesse. «Il choisit la tribu de Juda, la montagne de Sion qu’il aima. Il choisit David son serviteur et le prit des parcs des brebis, etc». Ce Psaume, il est vrai, fait mention de son sanctuaire, mais la montagne sur laquelle il a été bâti n’est jamais représentée comme objet de l’élection de Dieu. Ce Psaume va plus loin que notre histoire actuelle ; mais il applique l’élection à David et à Sion.
Le Psaume 132 nous présente précisément les sentiments que l’Esprit a inspirés à David, lorsqu’il a placé l’Arche sur la montagne de Sion. Ce n’est qu’un tabernacle, mais c’est celui du Puissant de Jacob sur la terre. Et l’Éternel a choisi Sion. En elle germera la corne de David.
Remarquez ici que chaque fois la réponse de l’Éternel dépasse la demande et le désir de David, beau témoignage de la riche bonté de Dieu. Le repos de l’Éternel est au milieu de son peuple. Il veut jouir de ce repos ici, au milieu des siens, quoique sa gloire soit dans le temple et que ce soit là que chacun en parle. Mais cette gloire et ce repos-là n’avaient pas encore eu lieu dans le désert. Israël était en voyage, et l’Éternel qui demeurait au milieu du peuple, allait devant lui pour lui chercher un lieu de repos. (Nombres 10: 33). Ce n’était pas non plus le cas à Silo, où son repos au milieu du peuple dépendait de la fidélité d’Israël. «Il abandonna la demeure de Silo,... et il livra à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi». (Ps. 78 : 60, 61). L’élection et la grâce accomplie par le moyen de celui qui avait été «élu d’entre le peuple» (Ps. 89: 19), établissent le repos de Dieu au milieu des siens.
Il y a encore une remarque à faire au sujet du Ps. 132. Nous avons vu que Dieu maintient sa Majesté dans son gouvernement, et ne permet pas que quelqu’un touche à son Arche. Il laisse à David le temps de trouver que Dieu est un Dieu de bénédiction et de grâce ; mais, quelles que soient les bonnes intentions des siens, il faut que la vérité, que ce qu’il est, soit clairement démontré dans Ses voies publiques. S’il en était autrement, si son gouvernement n’était pas stable, tout tomberait en ruines ; l’homme se laisserait constamment entraîner par sa légèreté à faire sa propre volonté. Il est vrai que Dieu est plein de patience et que, après avoir établi des relations entre son peuple et Lui, il agit d’après ces relations aussi longtemps que possible, quoiqu’il doive aussi châtier; mais enfin le jugement arrive.
Dans le cas qui nous occupe, Dieu avait, en captivité, rompu ces relations, établies à l’origine par sa séance entre les chérubins, il avait livré sa force et sa gloire entre les mains de l’ennemi ; David victorieux Lui rend sa place, mais sur un principe nouveau, celui de la grâce et de la puissance. Néanmoins, l’examen du Psaume 132 fait découvrir des sentiments beaucoup plus profonds, un coeur qui affectionnait la gloire de Dieu au milieu de son peuple, d’une manière beaucoup plus développée et beaucoup plus intime que ne l’indiquait ce qu’exprimaient la pompe extérieure et le cortège auquel Israël pouvait prendre part ; sentiments auxquels Dieu répond d’une bien autre manière que par la mort d’Uzza. Ce Psaume 132, il est vrai, a été écrit après les touchantes communications révélées dans le 7° chapitre du second livre de Samuel, comme le démontrent les vers. 11 et 12. Il nous apprend néanmoins quel est l’esprit dans lequel David était allé quérir l’Arche, le désir ardent de son coeur de trouver «un lieu pour l’Éternel», ce que, comme nous l’avons vu, Christ accomplira (Comparez Exode 15 et 29:46). Or, c’est, me semble-t-il, la conscience de ce désir qui, dans cette occasion, a donné lieu à la faute de David. Qu’est-ce donc que l’homme ! Dans la conscience de ce désir, il cherche à le mettre à exécution, et il oublie un peu la gloire suprême de Dieu, le péché qui avait éloigné Dieu de son peuple et la Majesté qui lui est propre. Lorsque Dieu agit d’après les exigences de cette gloire, et qu’il frappe l’homme qui prêtait à David son concours pour l’accomplissement du souhait de son coeur, David s’en aigrit. La mort d’Uzza a été la conséquence de la conduite de David, et il se révolte contre l’Éternel lorsque cette conséquence a lieu. C’était bien là la chair. Dieu a rendu David sensible à ce qui convenait au service du Dieu d’Israël (Voyez 1 Chron. 15: 12-13) (*), et il a restauré son âme en lui faisant voir qu’il était la vraie source de bénédiction, et que le renvoi de l’Arche était aussi le renvoi de la bénédiction.
(*) Il ne s’agit pas de ceci en Samuel, parce que c’est David, type du Seigneur, qui nous est présenté ici par l’Esprit.
De plus, la position de David conservant avec affection le sentiment de la gloire de l’Éternel au milieu de son élévation, comme ce Psaume 132 nous le présente, est moralement de toute beauté, et elle a une portée toute particulière eu égard aux économies divines. La place qu’occupe Salomon lors de la dédicace du temple, présente sans doute un tableau plus frappant. La sacrificature de Melchisédec s’y trouve dans sa simplicité et dans sa plénitude, mais cela était le fruit de l’accomplissement de la bénédiction ; et l’état moral de ceux qui y prenaient part était beaucoup moins le fruit d’un exercice profond du coeur et de la communion intime avec Dieu qui en est la conséquence ; il était ainsi beaucoup moins lié à l’espérance intelligente de Christ. Salomon jouit de la réalisation de la gloire sur laquelle, dans son véritable accomplissement en Christ, David comptait par la foi ; Salomon ne remonte pas plus haut que la foi de David et la responsabilité du peuple qui en découlait. Le temple en est la scène. David s’élève davantage. Il saisit l’intention de Dieu, quant au siège de la royauté du Seigneur, et, lorsque cela exigeait de la foi, il devient, autant que cela se pouvait, roi sacrificateur et par conséquent remonte à Dieu lui-même qui est la source de cette royauté sacerdotale. Enseigné de Dieu, il a compris l’élection de Sion, siège de la gloire royale de Jésus, et, dans ce sens, sa position morale lorsqu’il dansait devant l’Arche comme un homme obscur, et à sa honte aux yeux du monde, me semble avoir été plus élevée que celle de Salomon sur son estrade d’airain.
L’Arche est encore le signe du rétablissement de la puissance de Dieu au milieu de son peuple par ce lien moral ; mais ce rétablissement a lieu en figure par la victoire et l’énergie de Christ qui prévaut sur ses ennemis, comme cela aura lieu, et non seulement dans la jouissance de la gloire.
Dans toute cette partie de son histoire (sans parler de son manquement individuel), David est plus personnellement un type de Christ. C’est lorsque cela est difficile, qu’il établit les rapports du peuple avec Dieu. Avant le règne de paix et avant que la puissance ait levé les obstacles, il bénit et rassasie le peuple comme Melchisédec. La bénédiction découle de sa personne en présence de ce qui s’y oppose encore et malgré toutes les difficultés. La position que David prend encore est celle de serviteur et de serviteur immédiat de Dieu par la grâce. Il n’est pas sacrificateur sur son trône [Zacharie 6 :13 ; note Bibliquest] ; mais le roi se fait sacrificateur, et cela tout en accomplissant encore son service.
Samuel comme donné à l’Éternel, était vêtu d’un éphod de lin. C’était le vêtement sacerdotal, et il n’était pas sacrificateur de l’ordre d’Aaron. Il servait au Tabernacle par la grâce et par l’Esprit, comme une personne élue et mise à part pour Dieu. Il était dans ses droits, mais c’était de la part de Dieu en grâce, lorsque la sombre nuit d’I-Cabod menaçait déjà le peuple de ses ténèbres. Ici, c’est le roi qui, prenant cette place, revêt l’éphod de sacrificateur, non les vêtements que Dieu avait donnés aux sacrificateurs pour gloire et pour ornement ; mais ceux qui distinguaient le sacrificateur en tant que type de la personne de Christ sacrificateur (*), et qui tenaient à l’essence de ses fonctions (**) ; et en réalité il se fait plutôt lévite, c’est-à-dire sanctifié pour servir devant l’Arche, devant l’Éternel. L’idée dominante qui se rattache à l’éphod, c’est que celui qui le revêt se présente devant Dieu. Mais, même en présentant ses requêtes, Melchisédec se présente plutôt devant le peuple, quoiqu’il soit devant Dieu pour le peuple comme roi et sacrificateur sur son trône.
(*) Le souverain sacrificateur ne semble pas avoir jamais porté ses vêtements de gloire et d’ornement dans le lieu très saint, après que ses fils, le jour de leur consécration, eurent offert le feu étranger. Au jour des expiations il n’entrait là que dans ses vêtements de lin.
(**) Il exerce cette sacrificature maintenant. Il sortira revêtu de ses vêtements de gloire. Personnellement il est déjà couronné de gloire et d’honneur, mais «toutes choses» ne lui sont pas encore assujetties et il n’a pas encore son trône de Melchisédec, ce qui évidemment aura lieu sur la terre. Il est maintenant sur le trône de son Père pendant que ses cohéritiers sont rassemblés.
Ayant offert ses sacrifices, le roi bénit le peuple. Il restait à vaincre les Philistins, les Syriens et d’autres nations encore ; mais les liens du peuple avec Dieu étaient établis et maintenus en sûreté par le roi en Sion, bien que l’Arche à laquelle ces liens se reportaient, fût encore sous des tapis. La bénédiction aussi était assurée de la part du roi : de celui qui avait réuni le signe de l’alliance et le roi élu dans le lieu choisi par Dieu, et qui était encore serviteur pour cela. L’éphod n’appartenait pas à Melchisédec ; mais, en honorant l’Éternel qui avait gardé le peuple, celui qui portait l’éphod maintenait comme sacrificateur la bénédiction du peuple auprès de Dieu. Mical, qui, selon l’esprit de Saül, son père, ne rêvait qu’une gloire charnelle, ne peut participer à cela. L’humiliation devant l’Éternel lui était incompréhensible. Elle ne connaissait ni ne goûtait sa gloire, ni la joie de le reconnaître seul maître du coeur. Ce qui tient à Saül ne saurait avoir part au règne de David et ne sait pas souffrir avec un roi rejeté et méprisé. Enfin, c’est le roi dévoué à l’Éternel et au peuple qui assure à celui-ci et lui communique la bénédiction, et non encore un roi caractérisé par-dessus tout par la jouissance d’une bénédiction établie, ce qui est l’état de Salomon.
Or, le premier de ces deux états représente, il me semble, Christ tel qu’il a toujours été en principe et en droit, et particulièrement tel qu’il sera après la destruction de l’Antichrist, et antérieurement à la destruction des ennemis qui s’opposeront encore à l’établissement de son règne de paix. Son peuple, tout Israël, sera réuni sous lui. La verge de sa force sortira de Sion et il dominera au milieu de ses ennemis (Ps. 110) ; mais ce ne sera encore l’accomplissement ni du Psaume 72, ni de Zacharie 6: 12-13. Comparez encore le Psaume 2, où le Christ est considéré comme Fils de Dieu, né sur la terre, et où ses droits universels à la possession de la terre qui en découlent, sont constatés, reconnus de Dieu et proclamés aux rois.
Au Psaume 110, le Christ est élevé à la droite de Dieu, attendant que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds.
Au Psaume 8, il est le Fils de l’Homme et toutes choses lui sont assujetties.
Sous Salomon, tout Israël se réjouit de tout le bien que l’Éternel avait donné à Salomon, ainsi qu’à David. Ici, David lui-même fournit personnellement ce qui était nécessaire pour rassasier le peuple, et fait distribuer à chacun une bonne portion (*). Il revient pour bénir sa maison ; car David a une maison qui est sienne, dans laquelle il retourne après avoir béni Israël : c’est quelque chose qui est plus près de lui qu’Israël. Mical, nous l’avons vu, ne pouvait véritablement y appartenir. David trouve sa joie à s’humilier devant l’Éternel et reprend Mical par une réponse accablante.
(*) Le Psaume 2 nous montre le roi établi sur la sainte montagne de Sion, Fils de Dieu, engendré dans le temps (chose distincte de sa relation de Fils, un avec le Père avant que le monde fût ; doctrine enseignée en Jean 1, Hébr. 1, Col. 1, et ailleurs), reconnu tel par l’Éternel et les rois de la terre sommés de se soumettre à lui. Le Ps. 8 nous parle de Lui comme Fils de l’Homme, à qui toutes choses sont assujetties d’après les conseils éternels de Dieu. Au Ps. 110, celui qui avait été méprisé et rejeté, étant élevé à la droite de Dieu, doit dominer au milieu de ses ennemis.
Comparez Ps. 24 et 102. — Dans le premier il est reconnu comme l’Éternel des armées, le roi de gloire, après avoir vaincu ses ennemis ; dans le second, comme le Créateur lui-même.
Désirant avec ardeur la gloire de l’Éternel, David n’aime pas à demeurer dans une maison de cèdre, tandis que l’Éternel demeure sous des tapis. Il désire lui bâtir une maison ; bon désir, mais que Dieu ne pouvait exaucer. C’est au Prince de paix qu’appartenait l’oeuvre de bâtir le temple. Souffrant et conquérant, David représentait le Christ, non par conséquent comme jouissant du royaume terrestre d’après un droit que personne ne contestait plus, et ouvrant à toutes les nations les portes du temple où l’Éternel de justice devait être adoré. Il rentre donc, pour ainsi dire, dans sa position personnelle, où Dieu le bénissait d’une façon toute particulière. David était plus qu’un type ; il était réellement souche de la famille de laquelle devait sortir le Christ lui-même. C’est ce qu’enseigne ce beau chapitre 7. Vase d’élection pour soutenir la cause du peuple de Dieu dans la souffrance, et pour rétablir au milieu de ce peuple la gloire du nom de l’Éternel (vers. 8 et 9), l’Éternel avait été avec lui ; et David, tout particulièrement honoré en cela, était aussi dans sa fidélité un vase de promesse de la paix et de la prospérité future destinées à Israël dans les desseins de Dieu. Mais c’étaient encore des choses futures. La perpétuité de la royauté sur Israël est établie dans sa famille, que Dieu saurait châtier, s’il y avait lieu, mais qu’il ne retrancherait pas. Son fils bâtirait la maison. Dès l’Exode, la pensée de l’homme spirituel était de préparer une habitation à l’Éternel. (Ex. 15: 2).
Voici les points principaux de la révélation faite à David et de sa réponse : L’appel souverain de Dieu ; ce que Dieu avait fait pour David ; la sûreté du repos à venir d’Israël ; l’établissement, de la part de Dieu, de la maison de David ; son fils serait Fils de Dieu, bâtirait la maison ; le trône de son fils serait établi pour toujours.
La première pensée de David, et il en est toujours ainsi lorsque l’Esprit de Dieu agit, n’a pas été de se réjouir, mais de bénir Dieu. Voici les traits frappants de sa prière d’action de grâces : Il est en paix et au large devant Dieu; il entre et s’assied devant lui ; il reconnaît en même temps sa petitesse et combien il était indigne de ce que Dieu avait déjà fait. Ce n’était que peu de chose cependant aux yeux de Dieu, qui lui avait annoncé l’avenir glorieux de sa maison. C’était Dieu, et non la manière d’agir de l’homme. Que pouvait-il dire de plus ? Dieu le connaissait ; c’était là sa confiance et sa joie. Il reconnaissait que Dieu faisait ces choses en vérité et «selon son coeur». C’était la grâce d’en donner connaissance à son serviteur. L’effet de tout ceci était de faire reconnaître à David l’excellence de l’Éternel. Il n’y avait que Lui, et, sur la terre, il n’y avait rien de comparable à son peuple élu, qu’Il était allé racheter pour lui-même et qu’il s’était maintenant assuré, afin qu’Israël fût son peuple à jamais et que lui-même fût son Dieu. C’est le genre le plus élevé de la prière, que celle dont la source n’est pas dans nos besoins, mais dans les désirs et l’intelligence produits par la révélation des desseins de Dieu, qu’il veut accomplir en amour envers son peuple et pour la gloire de Christ. — Enfin, il demande que sa maison soit le lieu de la bénédiction de Dieu lui-même. Il désire, en un mot, que les desseins de Dieu, qui avaient réveillé toutes ses affections, soient accomplis par Celui qui les avait révélés à son serviteur.
Ayant pleinement échappé aux débats du peuple (*), David agit ensuite avec puissance en assujettissant ses ennemis. Les Philistins, qui demeuraient au dedans du territoire d’Israël, sont subjugués. Métheg‑Amma veut dire: «le frein de la capitale». David tenait la clef de la puissance. Moab est soumis et rendu tributaire. Enfin, les ennemis extérieurs, les Syriens, sont aussi vaincus ou se soumettent. Les Iduméens sont asservis, et l’Éternel garde David partout où il va.
(*) Comparez le Psaume 18: 43 où Christ, le juste souffrant (sous la figure de David), est la source de toutes les bénédictions pour Israël, à commencer par l’Égypte, et jusqu’à la fin.
En tout ceci, nous avons encore l’homme de foi et le type du Seigneur Jésus, roi en Sion, qui remporte la victoire sur les ennemis d’Israël, et met Israël en possession du territoire promis (Gen. 15: 18), jusqu’à l’Euphrate. Il consacre à l’Éternel le butin. Il règne sur tout Israël et fait droit à tout son peuple. Les compagnons de son pèlerinage partagent la gloire de son règne, type en tout ceci du règne de Christ.
Il agit aussi en grâce envers le résidu abaissé de la maison de Saül ; et, si Mephibosheth n’est pas associé à la gloire de son règne, il jouit du privilège de la table du roi qui use de gratuité à son égard, quoique Mephibosheth appartienne à la famille de son ennemi et de son persécuteur, mais en même temps à ce petit résidu qui favorisait le roi élu de Dieu, étant pour cela haï lui-même de ceux qui étaient en autorité. Il jouit aussi en plein de l’héritage de sa famille.
Ce touchant et beau témoignage de la bonté et de la fidélité de David par la grâce, nous présente, il me semble, le tableau des relations du Christ avec le Résidu d’Israël ou au moins celui de l’esprit de ces relations. C’était «la bonté de Dieu», qui cherchait la famille de Saül, l’ennemi de la royauté de David, et repose sur le représentant de ce Jonathan, dont nous avons lu l’histoire ; de ce Jonathan, figure de ceux qui s’attacheront au Christ en vue du royaume, mais qui, dans leur pensée, ne s’élèveront pas au-delà. Le Résidu jouit de l’effet de l’établissement du royaume ; mais il ne figure pas parmi ceux qui environnent le trône après avoir partagé les souffrances du roi méconnu et rejeté.
Le chapitre 10, aux détails duquel nous ne nous arrêterons pas, nous montre le principe général du gouvernement du roi en Sion. La grâce qui se manifeste, et qui auparavant avait été méprisée de ceux auxquels il voulait en rendre le témoignage, attire le jugement du roi. L’opposition et la rébellion ne font qu’établir son autorité là même où l’on essaie de lui résister. Il est inutile de lutter contre la puissance du roi élu de Dieu.
Suit l’histoire de David et de la femme d’Urie. David n’agit plus dans le service de Dieu par la foi. Lorsque arrive la saison où les rois sortent pour la guerre, il demeure chez lui, à son aise, et il envoie d’autres chefs combattre à sa place les combats de l’Éternel. À son aise et dans la paresse, il succombe facilement au péché, ainsi que cela lui est arrivé lorsqu’il cherchait du repos au milieu des Philistins. Il n’était plus dans la position où la foi l’avait placé.
Plus David était près de Dieu, plus ses efforts pour cacher son péché étaient vains. Livré pour le moment à lui-même comme châtiment, il ajoute un second péché au premier; il le consomme et en goûte le fruit, lorsque l’éloignement de tout obstacle prêtait à sa marche une apparence de légalité. Quelle triste histoire ! Quelle indignité ! Il oublie sa position de roi et de roi de la part de Dieu. Était-ce régner en justice, que de profiter de sa puissance royale pour opprimer Urie ? Il se rend esclave du misérable Joab, en le rendant complice de son iniquité. Quelle dégradation ! Qu’il était plus heureux, lorsque, chassé comme une perdrix sur les montagnes, il avait une foi vivante et une bonne conscience ! Mais qui peut échapper aux yeux de Dieu? Aussi Dieu qui le connaît et qui l’aime, ne manque pas de visiter son péché.
Ce péché était très grand. David l’avait commis en cachette ; Dieu le punit à la vue de tout Israël. Si David n’avait su ni glorifier Dieu, ni, en régnant en son nom, maintenir un témoignage vrai de la nature du royaume de Dieu ; s’il en avait, au contraire, faussé le caractère, Dieu lui-même saura, à la vue de tous, en retracer les traits par le châtiment qu’il va envoyer sur celui qui l’avait ainsi déshonoré, et qui avait ôté le seul témoignage que Dieu eût fait rendre aux yeux des hommes de son gouvernement.
Cette histoire nous fait voir jusqu’à quel point le péché aveugle le coeur, lors même que le jugement moral demeure sain, et quelle est la puissance de la fidèle parole de Dieu. Dieu fait voir en même temps la souveraineté de sa grâce ; car, tout en châtiant David par la mort de l’enfant, c’est le second fils que Bath-Shéba lui a enfanté, qui fut l’élu de Dieu, qui devint roi et tête de la famille royale, l’homme de paix et de bénédiction, le bien-aimé de l’Éternel. Le coeur de David se soumet à la main de Dieu, et se plie sous elle dans la profondeur de ses affections. Il comprend cette discipline bien mieux que ses serviteurs, tout en ayant été plus coupable qu’eux. Il agit convenablement selon l’intelligence spirituelle. Il y a de la confiance en Dieu et de l’intimité avec lui ; c’est pourquoi David lui ouvre la partie la plus tendre de son coeur, l’endroit où Dieu l’avait frappé ; mais la volonté de Dieu étant manifeste, il se soumet entièrement.
On voit ici l’oeuvre évidente de l’Esprit. C’est le même Esprit qui agit dans le Sauveur en Gethsémané, bien que l’occasion et l’étendue des souffrances ne fussent pas seulement différentes, mais bien autrement importantes ; mais le coeur est complètement ouvert devant Dieu et la soumission est complète quand la volonté de Dieu est connue.
Le péché de David avait été extrêmement grave ; mais on voit évidemment en lui l’oeuvre précieuse de l’Esprit. Confondu par la fidélité simple d’Urie, il ne peut échapper à la main de Dieu. David est pardonné, car il confesse son péché ; mais, quant à son gouvernement, Dieu s’est montré inflexible, et, tout en épargnant le roi, —car il méritait la mort, — il lui annonce que l’épée ne partirait jamais de sa maison. Nous avons vu un cas pareil dans l’infidélité de Jacob. Le châtiment de David répond aussi à ses péchés (Comp. v. 10 et 12 avec l’histoire d’Absalom). Pour le coeur de David, le châtiment se trouve dans la mort de son enfant, châtiment auquel il est fort sensible, et le gouvernement public de Dieu a été manifesté en ce qui est arrivé, selon Sa parole, à la face du soleil et de tout Israël.
Il est possible que les enfants d’Ammon eussent mérité un jugement sévère, et que ce temps fût celui de leur jugement ; ils étaient des ennemis insolents du roi établi de Dieu qui avait fait preuve de bienveillance à leur égard. Mais, quant à son état personnel, je ne sais si David aurait traité ses ennemis de la sorte, dans les temps où il marchait lui-même dans le chemin étroit de la foi. Comme figure, ce jugement nous fait penser au juste jugement du Messie, et aux conséquences affreuses de l’avoir méprisé et insulté dans sa gloire même. Il nous montre aussi que, lorsqu’un peuple est mûr pour le jugement, Dieu fait tomber celui-ci sur lui, alors même que les hommes cherchent à agir en grâce.
Après que David eut montré qu’il avait oublié Dieu et manqué à la dépendance complète de lui, les misères de sa maison ne tardèrent pas à éclater. Il avait multiplié le nombre de ses femmes. La racine d’amertume germe et produit des fruits amers.
Bien qu’au fond David eût le coeur droit devant Dieu et une piété qui reconnaissait Dieu profondément, une fois qu’à la suite des bénédictions dont Dieu l’avait comblé, il est sorti du chemin de l’humble dépendance que produisent la foi et la réalisation de la présence de Dieu, il a rendu amère la fin de ses jours, en agissant d’après sa propre volonté au milieu de ces bénédictions. Il y a péché dans sa maison, colère à cause de ce péché, vacillation parce qu’il avait de la partialité à l’égard d’Absalom. Joab paraît sur la scène, ainsi que cela a lieu chaque fois que des affaires d’intrigue et de méchanceté se retrouvent dans cette histoire. C’est tout ce qu’il est nécessaire de dire de la triste histoire d’Amnon et d’Absalom.
La partialité de David pour Absalom a eu encore d’autres suites plus pénibles et de lourds châtiments. Il est triste de voir le vainqueur de Goliath, chassé de sa propre maison et de son trône par son fils bien-aimé, et cela, de la main de Dieu. Car, si Dieu ne l’avait permis, qui aurait pu chasser l’élu de Dieu du siège royal où l’Éternel l’avait établi ? L’épée était dans sa maison, selon la parole de Dieu, plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants. Que Dieu est juste ! Mais il châtie ceux qu’il aime. Aussi, tout en étant la manifestation du juste gouvernement de Dieu, tout ceci est-il l’occasion pour David d’exercices profonds du coeur et d’une connaissance de Dieu plus réelle et plus intime, car le vrai et éternel lien du coeur avec Dieu se trouvait en lui, de sorte que tous ses malheurs ont produit leurs fruits bien que ses fautes les eussent amenés. À cet égard aussi, quoique l’occasion de sa tristesse eût été tout autre que celle du Sauveur lui-même, il devient le type de Christ dans la souffrance, et le vase de l’expression de Ses sympathies avec son peuple. Ceci a même d’autant plus lieu, que, avec un coeur fidèle, et, en un certain sens, une intégrité parfaite envers Dieu, les fautes et les péchés du roi prêtaient occasion à ses confessions et à cette humiliation que l’Esprit de Christ produit dans le Résidu d’Israël; de sorte que, d’un côté, il exprime son intégrité, tandis que, de l’autre, il confesse ses fautes. Or, c’est ce que Christ donne aux siens à exprimer, et ce qu’il dit pour eux.
Cependant, il faut s’en souvenir, ce n’est pas David lui-même, comme homme de Dieu, qui parle dans les Psaumes, mais l’Esprit lui inspire l’expression de ces choses ; et il nous est très précieux que la Parole, dans des circonstances où la foi pouvait venir à manquer et le coeur à se décourager, nous donne l’expression qui convient à la foi, et à la foi chez celui qui peut-être a été infidèle ; précieux témoignage que, même dans cet état, Dieu ne nous rejette pas, et que Christ sympathise avec nous, puisqu’il fournit des expressions et des sentiments convenables à une position semblable.
C’est ce que l’on trouve dans les Psaumes, et tout particulièrement en rapport avec l’état du Résidu d’Israël aux derniers jours. Intégrité de coeur et confession de péché, voilà ce qui les caractérise. L’Esprit de Christ fournit les sentiments et assure de sa sympathie. Le Ps. 16 nous donne, d’une manière frappante, cette position de Christ. Sa bonté ne va pas jusqu’à Dieu. Il ne prend pas sa place divine d’égalité avec Dieu. Il appelle l’Éternel son Seigneur ; mais il dit aux saints qui sont sur la terre : «En eux sont toutes mes délices». Par son baptême, qui en était l’expression, il s’est mis en rapport non avec Israël dans son péché, mais avec le premier mouvement de l’Esprit, répondant dans le Résidu à la condamnation du peuple comme tel. C’est le principe des Psaumes : l’homme juste et fidèle, objet des conseils et des desseins, de Dieu au milieu de la nation perverse. Le livre commence par cette distinction faite par Dieu ; puis nous présente le roi en Sion, selon le décret de Dieu, rejeté par la nation et haï des Gentils qui oppriment le peuple. Tout ceci se développe à travers bien des circonstances ; et toutes les relations du Résidu, ainsi que tous les sentiments du coeur, y sont dépeints. Tout ce qui s’y rapporte est repassé sous la main et sous la plume de Dieu, et cela selon l’Esprit et les sympathies de Christ.
Le chapitre 20 termine cette partie de l’histoire de David, et son histoire en général. Il est rétabli sur son trône, et a surmonté les efforts de ses ennemis et les rébellions des siens. L’ordre de son palais et de ses officiers est rétabli en paix. Divers détails sont ajoutés par l’Esprit de Dieu.
Et d’abord, le gouvernement de celui qui n’oublie rien et auprès de qui tout porte son fruit, est rappelé à David et à son peuple à l’occasion des Gabaonites. Pour que les économies de Dieu, s’établissent, il n’est plus nécessaire que David poursuive la maison de Saül. Il y a un juste jugement de Dieu, un principe moral qui est au-dessus de toute économie.
Saül, dans son zèle formel et charnel, quoique ce fût pour Dieu, n’avait pas agi dans la crainte de Dieu. C’est ce qui distingue particulièrement un zèle selon Dieu d’un zèle pour les intérêts extérieurs de Son royaume. Il oublie le serment qu’Israël avait fait aux Gabaonites. Dieu en tient compte et ne méprise pas ces pauvres gens. David en tient compte aussi ; après avoir consulté Dieu à l’occasion de ce châtiment, trois fois répété, infligé à Israël, il se soumet à ce que les Gabaonites exigent. Cependant, en accédant à la demande des Gabaonites, David ne consulte pas l’Éternel. sur ce qu’il doit faire. Nous assistons ici au gouvernement de Dieu au sujet de la maison de Saül, et à l’acte de David envers ceux qui avaient subi cette injustice ; mais, bien que cet acte soit juste et intègre dans son caractère général, si David avait consulté l’Éternel, peut-être se serait-il trouvé un moyen plus heureux d’exercer la justice. Toute la maison de Saül périt, sauf le petit résidu qui s’était attaché à David. Quant à celui-ci, les circonstances de l’affection fidèle et touchante de Ritspa réveillent dans son coeur le souvenir de moments plus brillants dans la carrière du malheureux Saül, à la mémoire duquel David rend les derniers honneurs. Après cela, Dieu fut propice au pays.
Si avec une fronde et un caillou la foi peut renverser ses ennemis, la chair fait défaut devant leurs assauts. David roi, nous l’avons bien vu, s’était plus laissé aller à ses convoitises et à sa volonté, que David souffrant. Toutefois, il est beau de voir que là où la foi a agi au milieu de la ruine du peuple, elle a suscité bien d’autres instruments, qui, animés et encouragés par son succès, agissent sans crainte avec une efficace pareille à celle qui a opéré la première délivrance. Il est bon de remarquer cependant, que remporter la victoire sur de vaillants ennemis, dans un temps où tout Israël a la confiance que donne le succès et appuie de ses efforts ceux de ses héros, c’est tout autre chose que la foi qui compte sur Dieu lorsque la force et le succès sont du côté de l’ennemi, et lorsque les gens prennent la fuite en leur présence. Ce dernier cas fut celui de David combattant Goliath ; le premier celui des hommes forts qui ont tué les autres géants. (21: 15-22).
Les cantiques qui suivent (22) nous fournissent des enseignements d’un haut intérêt. David sort de ses souffrances et de son affliction avec un chant de triomphe et de louanges. Il avait appris dans ses souffrances ce que Dieu était. Il célèbre tout ce que Dieu avait été pour lui, tout ce qu’il avait trouvé en Lui dans ses nécessités et ses dangers, l’effet de la puissance de Dieu à son égard et le résultat glorieux et béni de cette puissance. Tout cela s’exprime dans un cantique, dont les termes, ne s’accompliront pleinement qu’en Christ lui-même.
Au chap. 23, David chante les expériences de sa prospérité. Mais quelle différence ! Il déclare, il est vrai, ce que le Christ sera lorsqu’il régnera, et il le fait dans des termes de la plus attrayante beauté, d’une beauté qui ravit le coeur et le transporte dans le règne de Christ, ce «monde habité à venir dont nous parlons». Mais alors se présente cette douloureuse pensée : «Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu».
Dans le premier de ces deux cantiques, il y a de plus quelque chose d’un profond intérêt. David parle en prophète ; et, ainsi qu’il l’a fait en tant d’autres cas, il personnifie le Seigneur Jésus, le Seigneur Jésus en rapport avec Israël. Ce Psaume nous montre donc les souffrances de Christ (représentant d’Israël, et parlant souvent du peuple comme si c’était lui-même, souffrances qui ont valu une délivrance bien autrement excellente) comme cause de la délivrance d’Égypte et de toutes les bénédictions d’Israël, jusqu’à l’établissement de la gloire du Messie dans le siècle à venir. Il entoure l’agonie de Christ de toute l’histoire d’Israël en délivrance et en bénédiction, depuis Pithom et Ramsès (Ex. 1: 11), jusqu’à la destruction de l’homme violent à la fin des jours, et jusqu’à la soumission des nations au sceptre du Messie ; et il donne une voix à leur détresse en Égypte.
Au chap. 23, l’alliance éternelle que Dieu a établie avec lui est tout son salut et tout son plaisir, quoique dans ce temps-là Dieu ne la fît pas germer. Pour la pleine bénédiction qu’il attendait, il fallait que le jugement s’exécutât ; et ces épines d’iniquité seraient «entièrement brûlées sur le lieu même». C’est ce qui arrivera à l’apparition de Christ.
Si Dieu honore et glorifie David, il n’oublie pas non plus ceux dont l’énergie de sa foi l’a entouré. Le Saint Esprit dénombre les vaillants hommes de David et raconte leurs actes de courage et de dévouement, actes qui leur valent une place et un nom quand Dieu enregistre le peuple (Ps. 87). Joab ne s’y trouve pas.
Le chapitre 24 nous conduit sur un terrain qui réclame une mention particulière. La colère de Dieu s’embrase de nouveau contre Israël. Il n’est pas dans l’intention du Saint Esprit de nous indiquer à quelle occasion ceci a eu lieu, mais de nous exposer les voies de Dieu en gouvernement et en grâce. Dans le chapitre précédent, Dieu enregistre les vaillants hommes qui nous préfigurent les compagnons du vrai David en gloire. Ici, c’est Sa grâce pour arrêter Sa colère et introduire Sa bénédiction.
Dieu punit l’orgueil et la rébellion d’Israël en laissant ce peuple aux conséquences de l’impulsion du coeur naturel de David. L’habileté et le bon sens de Joab lui en font distinguer la folie. On la voit facilement lorsqu’il s’agit de la chair d’autrui. Joab sentait qu’il ne valait pas la peine de mépriser Dieu lorsqu’on n’y gagnait rien ; car, dans ce sens, la chair craint Dieu. Mais la chose était de la part du Seigneur, et Satan y réussit.
Que vaut, en effet, le bon sens de l’homme, contre la volonté de Dieu en châtiment et la malice de Satan ? C’est une chose sérieuse que d’être livré à sa puissance. Neuf mois de péché de la part de David et de patience de la part de Dieu nous montrent la funeste influence de l’ennemi ; mais ce n’est qu’une fois le péché accompli, que la conscience de David se réveille. La jouissance du fruit de nos péchés nous détrompe; c’est leur poursuite qui séduit nos âmes. Après avoir réussi à faire accomplir par les enfants de Dieu le mal par lequel il les tente, Satan ne tient plus à leur en cacher le néant et la folie. Heureusement, là où est la vie, la conscience reprend son empire.
Toutefois, le châtiment doit suivre le péché qui a été poursuivi malgré une si longue patience. Mais Dieu, qui atteint la conscience de son serviteur, met en jeu les affections sincères de son âme, pour atteindre le souverain but qu’il s’était proposé. David montre ce fond immanquable de l’âme qui connaît le Seigneur, c’est-à-dire sa confiance en Dieu par-dessus tout, et quoi qu’il en coûte : «Que je tombe dans les mains de l’Éternel !» Quelle douce et précieuse pensée de ce que le Seigneur est pour les siens, et comme il sait inspirer au coeur la certitude qu’il mérite sa confiance ! Alors même qu’il châtie, Dieu est plus doux, plus fidèle, plus digne de confiance que tout autre. La peste survient; mais, au milieu du jugement, Dieu se souvient de la miséricorde, et ordonne à l’ange exterminateur de retirer sa main étendue sur Jérusalem. C’est Jérusalem, la ville de sa dilection, qui attire son attention. Dieu la choisit comme le lieu où son autel doit être placé et où sa grâce sera manifestée — comme le lieu désigné pour le propitiatoire. C’est là que cesse sa colère justement embrasée contre Israël, et le péché donne lieu à l’établissement du lieu et de l’oeuvre où lui et son peuple doivent se rencontrer selon la grâce qui a ôté le péché. C’est ce qui caractérise la croix de Christ ; c’est ce qui arrêtera la plaie en Israël et introduira le règne du vrai Prince de paix. David se met à la brèche pour la délivrance de son peuple, et à ses propres dépens (v. 17), et, selon les conseils de Dieu, il offre le sacrifice d’apaisement.
Les Études sur le premier livre des Chroniques contiendront un examen plus développé de cette dernière partie de l’histoire de David. Mais n’est-il pas frappant que ce livre, après toute l’histoire du gouvernement de Dieu envers David, se termine par le sacrifice expiatoire qui, par grâce, arrête la colère et pose le fondement d’un lieu de rencontre entre Dieu et Israël, et d’un lieu de culte pour le peuple ?