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LA LOI PARFAITE, CELLE DE LA LIBERTÉ
Jacques 1:16 à 2:13
Monard Jacques-André
ME 1998 p. 141-145
Table des matières détaillée :
2.1 Nous avons été « engendrés par la parole de la vérité » (1:18).
2.2 La parole de Dieu a été implantée en nous (v. 21).
2.3 Cette parole doit être mise en pratique, et non seulement écoutée (v. 22, 23).
2.4 Loi parfaite, celle de la liberté (1:25)
2.5 La loi royale, selon l’écriture (2:8)
2.7 La loi de la liberté (2:12)
Dans les épîtres aux Romains et aux Galates en particulier, l’apôtre Paul insiste avec la plus grande force sur le fait que les chrétiens ne sont « pas sous la loi » (Rom. 6:14 ; Gal. 5:18), qu’ils sont déliés de ce joug de servitude, placés dans la liberté (Rom. 7:6 ; Gal. 5:1). La loi n’est ni leur moyen de justification, ni leur règle de vie. Il donne cet enseignement pour contrer celui de docteurs judaïsants qui, n’ayant pas saisi le changement de dispensation amené par la venue et l’œuvre de Christ, voulaient placer les chrétiens sous la loi.
Le propos de Jacques est tout différent. Il n’entre en aucune façon dans le débat qui motive les épîtres aux Romains et aux Galates, qui d’ailleurs ne seront écrites que plus tard. S’adressant en premier lieu à des Juifs qui avaient reçu la foi chrétienne, il leur dit en substance : montrez votre foi par des œuvres (2:14-26). Dans les versets cités ci-dessus, il attire notre attention sur l’autorité de la parole de Dieu — qu’il s’agisse de la loi donnée par Moïse ou de toute autre portion des Écritures.
L’expression la loi de la liberté — qui réunit de façon surprenante deux notions opposées — est utilisée deux fois par Jacques, et ne se trouve pas ailleurs dans les Écritures. Que signifie-t-elle ? Jacques veut-il nous dire par là que la seule règle des chrétiens est de ne pas en avoir ? Ce serait bien mal le comprendre. Ce serait, comme dit l’apôtre Paul, « user de la liberté comme d’une occasion pour la chair » (Gal. 5:13). Voyons donc en détail l’enseignement des versets qui constituent le contexte de cette expression de Jacques. La parole de Dieu y est appelée :
· la parole de la vérité (1:18),
· la parole implantée (1:21),
· la parole (1:22 et 23),
· la loi parfaite, celle de la liberté (1:25),
· la loi royale, selon l’écriture (2:8),
· la loi (2:9, 10 et 11),
· la loi de la liberté (2:12).
La parole de Dieu est la semence qui a produit en nous une nouvelle vie, une vie qui a le caractère de la semence qui en est l’origine. Nous participons de la nature divine (2 Pierre 1:4). Ainsi nous sommes « une sorte de prémices » des créatures de Dieu : nous appartenons déjà, quant à notre nature, à la nouvelle création.
Elle a la puissance de sauver nos âmes. Elle opère en nous qui croyons (1 Thess. 2:13). Elle forme et développe notre nouvelle nature. Elle n’est pas — comme l’était la loi du Sinaï pour Israël — une loi en dehors de nous, une loi en opposition avec notre nature pécheresse, qui nous oblige à faire ce que nous n’aimons pas, et nous condamne. C’est une parole vivante, qui opère dans une nature qu’elle a fait naître.
Il faut qu’elle produise des fruits qui sont la preuve qu’elle opère réellement dans le cœur. Autrement, elle n’est pour nous qu’un miroir qui nous montre pour un moment ce que nous sommes, après quoi nous oublions ce que nous avons vu.
Il s’agit donc de regarder de près dans la loi parfaite, celle de la liberté (v. 25), d’y persévérer, de ne pas être un auditeur oublieux, mais un faiseur d’œuvre. Bienheureux celui pour qui il en est ainsi ! Manifestement, cette loi parfaite, cette loi de la liberté, c’est la parole de Dieu dont tout ce passage nous entretient. C’est « la parole de la vérité » qui nous a engendrés, c’est « la parole implantée » en nous.
Elle est parfaite parce qu’elle est l’expression de la nature, des caractères et de la volonté de Dieu. Elle est la loi de la liberté parce que ce qu’elle demande est en harmonie avec les désirs de la nature qu’elle a formée. La vraie liberté, pour le nouvel homme, c’est de pouvoir réaliser ses désirs et ses aspirations. Et ceux-ci sont entièrement conformes à la volonté de Dieu. Cette vraie liberté se réalise donc dans le chemin que nous trace la Parole. C’est la loi écrite sur le cœur, caractéristique de la nouvelle alliance, selon Jérémie 31:33.
Au chapitre 2, nous trouvons d’abord une mise en garde contre les principes mondains qui peuvent nous animer, nous conduisant à faire acception de personnes, et à transgresser ainsi la loi. À cette occasion, Jacques nous place de nouveau devant l’autorité de la parole de Dieu. Il mentionne la loi royale, selon l’Écriture (v. 8). Il appelle ainsi le commandement qui est l’essence de la loi quant à nos relations avec nos semblables — « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » — selon les paroles du Seigneur Jésus lui-même en Matthieu 22:39, 40. C’est ainsi que, dans le royaume de Dieu, le Roi a mis en évidence la source dont « dépendent la loi tout entière et les prophètes ». Cette source s’identifie à lui-même ; toute sa vie en montre les glorieux caractères. Et ceux qui, par la foi, sont rendus participants de sa vie peuvent « accomplir la loi royale ».
Faire acception de personnes, c’est transgresser ce commandement d’amour qui est l’essence de la loi, c’est « commettre le péché », et être « convaincus par la loi comme transgresseurs » (v. 9). Il est frappant d’entendre de tels propos adressés à des chrétiens. Ce verset, comme les deux suivants, parle de façon évidente de la loi de Moïse. En effet, si « la loi n’est pas pour le juste » — et Jacques ne cherche nullement à placer sous la loi celui qui accomplit la loi royale — elle condamne tout péché (1 Tim. 1:9).
Jacques enchaîne en disant : « Ainsi parlez, et ainsi agissez comme devant être jugés par la loi de la liberté » (v. 12). Voilà qui définit notre responsabilité de chrétiens ! L’enseignement que nous avons ici n’établit aucun contraste entre les commandements autrefois donnés à Israël et ceux du royaume des cieux. Les normes du bien et du mal sont les mêmes dans tous les temps. Et le devoir d’amour découle de notre relation avec un Dieu d’amour. Mais contrairement à un peuple « dans la chair », qui avait reçu des commandements allant à l’encontre des mouvements de la nature de l’homme, nous sommes sous l’autorité d’une parole divine qui nous conduit dans la direction où nous portent les désirs et les aspirations de notre nouvelle nature. Il en est ainsi parce que cette nature tire sa source et son origine de la Parole qui est notre guide. Combien grande est donc notre responsabilité de marcher dans un tel chemin ! Nous serons « jugés par la loi de la liberté ». Pour le croyant, il n’est pas question de condamnation. D’une part, il s’agit du terrain sur lequel notre vie de chrétiens sera pesée au jour du tribunal de Christ. Et d’autre part, c’est selon ce principe que s’exerce envers nous le gouvernement de Dieu durant notre marche sur la terre. Jacques ajoute : « Le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas usé de miséricorde » (v. 13), rejoignant ainsi l’enseignement du Seigneur dans la parabole de l’esclave impitoyable (Matt. 18:23-35).
La loi de la liberté, c’est donc la parole de Dieu vue sous le caractère de l’autorité de celui qui l’a donnée, et de l’état nouveau de celui qui la reçoit, — état dans lequel une nature engendrée et modelée par la Parole a toutes ses inclinations vers la mise en pratique de cette Parole.
Jacques ne soulève pas ici la question de la vieille nature et des fruits qu’elle peut produire, ni des ressources que Dieu a laissées aux siens pour manifester les fruits de la vie divine. Ces sujets seront développés plus tard par Paul. Mais il est donné à Jacques d’évoquer en quelques mots le grand principe de la liberté chrétienne.