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COMMENT DIEU TIENT COMPTE DE L’HUMILIATION
Monard Jacques-André
ME 1993 p. 142-147
Table des matières :
1 L’humiliation de Roboam, 2 Chroniques 12:5-8
2 L’humiliation d’Achab, 1 Rois 21:27-28
3 L’humiliation d’Ézéchias, 2 Chroniques 32:24-26
4 L’humiliation de Manassé, 2 Chroniques 33:10-13
5 Conséquences pratiques pour nous
Nous allons considérer brièvement quatre rois de Juda et d’Israël, dont il nous est dit qu’ils s’humilièrent : Roboam, Achab, Ézéchias et Manassé. Leurs circonstances étaient extrêmement différentes les unes des autres ; mais nous allons voir que dans tous les cas, Dieu a tenu compte de leur humiliation, quelle qu’ait été sa profondeur. Il en découle un enseignement pratique pour nous.
Roboam, premier descendant du roi Salomon, avait été l’artisan de la division du royaume d’Israël : sa dureté et son orgueil avaient été la cause directe de cette brèche, que, par ailleurs, le décret divin avait annoncée comme jugement sur la conduite de Salomon.
Après les convulsions qui avaient marqué le début de son règne et une période de trois ans qui semblait être un départ prometteur (11:17), Roboam « abandonna la loi de l’Éternel, et tout Israël avec lui » (12:1). Alors Dieu envoie contre eux le roi d’Égypte, l’une des grandes puissances de l’époque, avec une immense armée. Les villes fortes de Juda sont prises. Roboam et ses chefs se réfugient dans la ville de Jérusalem. C’est là que le prophète Shemahia vient le trouver. Il lui communique cette brève et solennelle analyse de situation : « Ainsi dit l’Éternel : Vous m’avez abandonné, et moi je vous ai aussi abandonnés aux mains de Shishak » (v. 5).
Chose remarquable, Roboam ne se durcit pas ; il ne fait pas taire le prophète, comme feront tant d’autres, mais « les chefs d’Israël et le roi s’humilièrent, et dirent : l’Éternel est juste » (v. 6). Il n’est pas facile de dire « l’Éternel est juste », lorsqu’on est sous le jugement de Dieu. Notre tendance est plutôt de chercher à nous justifier nous-mêmes.
Cependant, si aucun manquement n’échappe aux yeux de Dieu, aucun bon mouvement non plus. « Quand l’Éternel vit qu’ils s’étaient humiliés », il dit : « je ne les détruirai pas ; je leur donnerai un peu de délivrance, et ma fureur ne se déversera pas sur Jérusalem par le moyen de Shishak ; mais ils lui seront asservis » (v. 7, 8).
Il est permis de penser que la repentance de Roboam n’a pas été très profonde, puisque le récit de sa vie se termine par cette triste conclusion : « Mais il fit le mal ; car il n’appliqua pas son cœur à rechercher l’Éternel » (v. 14). Néanmoins il y a eu humiliation, et Dieu se doit à lui-même d’en tenir compte. Le jugement est atténué : « je leur donnerai un peu de délivrance » (v.7).
« Certainement, il n’y eut point de roi comme Achab, qui se vendit pour faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, sa femme Jézabel le poussant » (v. 25).
Triste histoire que celle d’Achab, telle que les chapitres 17 à 22 de 1 Rois nous la présentent ! Elle est intimement mêlée à celle du prophète Élie, que Dieu avait suscité dans ces temps de ténèbres et d’apostasie, pour chercher à ramener à lui le cœur du peuple d’Israël. Plus d’une fois, Achab est mis en rapport avec Dieu : il entend ses avertissements, il voit le déploiement de sa puissance et de sa grâce, mais son cœur est endurci. Dans le chapitre 21, il s’empare de la vigne de Naboth, après que celui-ci a été lapidé sur l’ordre de Jézabel. Un procès inique a fait condamner le juste et a donné au roi corrompu l’apparence d’avoir défendu les intérêts de Dieu.
Au moment où Achab vient prendre possession du terrain qu’il a convoité et obtenu, Élie le rencontre et lui délivre de la part de Dieu un message sévère : « Au lieu où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront ton sang, à toi aussi » et « Voici, je vais faire venir du mal sur toi, et j’ôterai ta postérité, et je retrancherai d’Achab tous les mâles... Celui de la maison d’Achab qui mourra dans la ville, les chiens le mangeront, et celui qui mourra dans les champs, les oiseaux des cieux le mangeront » (v. 19, 21, 24).
Chose inattendue, cet homme fléchit devant l’annonce du jugement divin : « Quand Achab entendit ces paroles... il déchira ses vêtements, et mit un sac sur sa chair, et jeûna ; et il couchait avec le sac et marchait doucement » (v. 27). Ce bon mouvement aura-t-il une suite ? Y aura-t-il une attitude qui montre la repentance ? Nous devons, hélas ! constater que non. Au chapitre 22, il est de nouveau celui qui hait et persécute le prophète de l’Éternel, et Dieu le fait périr par une flèche tirée à l’aventure, qui s’enfonce en lui par un point faible de sa cuirasse. La crainte du jugement a semblé un moment devoir amener la conversion de cet homme, mais Satan a su enlacer sa proie et effacer l’effet de la parole de Dieu. Il meurt comme un réprouvé.
Mais, ce qui nous frappe le plus dans ce récit, c’est que Dieu, qui sait pourtant toutes choses à l’avance, n’est pas indifférent à l’humiliation d’Achab. Cette humiliation n’est que momentanée et superficielle, mais Dieu en tient compte, dans la mesure qui est juste. Élie n’était peut-être pas disposé à en faire grand cas. Quoi qu’il en soit, Dieu la lui fait remarquer : « Vois-tu comment Achab s’est humilié devant moi ? » Et Dieu repousse à plus tard l’exécution du jugement : « Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le mal en ses jours ; mais dans les jours de son fils, je ferai venir le mal sur sa maison » (v. 29). Combien la grâce de Dieu dépasse nos pensées !
L’Écriture nous rapporte un seul manquement de ce roi fidèle. Vers la fin d’une vie marquée par le dévouement à l’Éternel et la confiance en Lui au sein des plus grandes épreuves, Ézéchias dut apprendre ce qui était dans son propre cœur. « Dieu l’abandonna pour l’éprouver » (2 Chron. 32:31). Lors de la visite des ambassadeurs de Babylone, il fut flatté d’être honoré par les grands de ce monde, et chercha à se mettre à leur niveau en leur montrant tous ses trésors. Dieu résume son attitude par ces quelques mots : « son cœur s’éleva » (v. 25). De tels sentiments avaient une gravité particulière chez un homme dont on peut dire qu’il avait passé sa vie avec Dieu. Tout son vécu, tout ce que la grâce de Dieu avait produit dans son cœur, lui donnait une très grande responsabilité.
Aussi, Dieu lui envoie le prophète Ésaïe pour ouvrir ses yeux sur le vrai caractère de son comportement, et lui annoncer que tous les trésors dont il était fier seraient bientôt transportés dans les palais de Babylone, de même que quelques-uns de ses descendants. Le livre des Rois et Ésaïe nous rapportent la réaction d’Ézéchias : « La parole de l’Éternel que tu as prononcée est bonne » (2 Rois 20:19 ; És. 39:8). Si nous n’avions que ces deux livres, nous pourrions avoir quelque doute sur la signification de cette réponse, car Ézéchias ajoute ensuite : « il y aura paix et stabilité pendant mes jours ». Mais le livre des Chroniques nous dit clairement : « Ézéchias s’humilia de ce que son cœur s’était élevé, lui et les habitants de Jérusalem » (32:26). Ceci définit le caractère de la déclaration « La parole de l’Éternel que tu as prononcée est bonne ». Le cœur qui s’était élevé s’abaisse maintenant et se courbe sous la discipline de Dieu. Ce n’est pas une petite chose de considérer comme « bonne » la parole de jugement qui a été prononcée contre nous !
Le livre des Chroniques lie l’humiliation d’Ézéchias au fait que le jugement divin est différé : « et la colère de l’Éternel ne vint pas sur eux pendant les jours d’Ézéchias » (v. 26).
Le roi n’était pas seul. Sa cour et son peuple s’étaient unis à lui dans l’orgueil et la mondanité, et maintenant s’unissent à lui dans l’humiliation. Dieu en tient compte. Le jugement qu’il a prononcé s’exécutera, mais plus tard. Il s’écoulera environ un siècle jusqu’à son accomplissement, par Nebucadnetsar (Dan. 1).
Le récit qui ouvre le chapitre 33 de 2 Chroniques est effrayant. Comment est-il possible qu’un roi aussi pieux qu’Ézéchias ait un fils tel que Manassé ? « Il fit outre mesure ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, pour le provoquer à colère » (v. 6). « Et Manassé fit errer Juda et les habitants de Jérusalem, en les induisant à faire le mal plus que les nations que l’Éternel avait détruites devant les fils d’Israël » (v. 9). Dans sa patience, Dieu parle à Manassé et à son peuple, pour chercher à les ramener à lui, mais ils n’y font pas attention.
Alors un jugement soudain tombe sur le roi impie. L’Éternel fait venir contre lui les chefs du roi d’Assyrie ; Manassé est lié de chaînes et emmené à Babylone.
Nous aurions tendance à dire : il n’a que ce qu’il mérite ; c’en est fini de lui, et c’est bien ! Mais Dieu a des ressources que nous avons peine à imaginer. Dans sa prison, dans la détresse, Manassé revient à lui-même et implore l’Éternel. Il est dit qu’il « s’humilia beaucoup devant le Dieu de ses pères » (v. 12). Et Dieu « se laissa fléchir par lui, et écouta sa supplication, et le ramena à Jérusalem ». Merveilleuse grâce de Dieu, qui dépasse infiniment nos pensées !
Rétabli dans son poste, Manassé produisit ce que Jean Baptiste appellera « des fruits qui conviennent à la repentance » (Luc 3:8). Il démolit les idoles qu’il avait érigées, et les autels qui leur étaient consacrés, et chercha à ramener le peuple du mauvais chemin dans lequel il l’avait conduit. Travail difficile et nécessairement incomplet !
En premier lieu, les quatre récits que nous venons de rappeler sont pour nous un réel encouragement à l’humiliation. « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu » (1 Pierre 5:6). « C’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole » (És. 66:2). En considérant notre pauvre état et nos manquements, n’avons-nous pas lieu de nous humilier profondément ? Dieu nous montre par sa parole qu’il ne sera jamais indifférent à notre repentir. Sa grâce saura apprécier dans une juste mesure la réalité du jugement que nous sommes disposés à porter sur nos propres voies. Oh ! qu’une connaissance plus profonde de cette grâce nous amène davantage à ses pieds, avec un esprit brisé ! « Ô Dieu ! tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié » (Ps. 51:17).
En second lieu, ces récits nous instruisent quant à notre vie collective, en rapport avec les manquements de nos frères. Il y a des positions fermes qui doivent être prises, selon l’enseignement du Nouveau Testament, à l’égard de ceux qui sont tombés ou qui marchent dans le désordre. Mais l’Écriture nous montre que nous devons tenir compte — dans une mesure que l’Esprit de Dieu peut nous faire discerner— du plus petit signe de retour. L’histoire d’Achab, très particulièrement, nous le dit.