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La création et les miracles
J. A. Monard
ME 2006 p. 104-109 ; 144-151 ; 166-174
Table des matières :
3 L’action actuelle du Créateur
3.1 La main de Dieu dans des événements naturels
3.3 L’œuvre de Dieu qui fait tout
4.2 La création et l’enseignement des hommes
« Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu » (Héb. 11:3). Dès son premier chapitre, la Bible nous présente Dieu appelant les choses à l’existence par une simple parole : « Et Dieu dit :... » (Gen. 1:3, 6, ...). « Il a parlé, et la chose a été » (Ps. 33:9). La foi s’incline devant l’autorité de cette parole toute-puissante et n’a besoin d’aucune explication scientifique, philosophique ou autre. Par la foi, nous comprenons.
Les premiers versets de l’évangile de Jean nous présentent d’une façon majestueuse la gloire du Fils de Dieu, de Celui qui est « la Parole » de Dieu. Nous y apprenons que toutes les choses créées ont été faites par lui. Il est, si l’on peut s’exprimer ainsi, l’artisan de Dieu dans la création. C’est ce que confirment les premiers versets de l’épître aux Hébreux. Ceux-ci nous apprennent en outre que le Fils de Dieu soutient toutes choses par la parole de sa puissance (Héb. 1:3). Cette déclaration établit le fait que le Créateur agit de façon permanente dans la création.
Les Écritures attirent notre attention sur le témoignage universel et constant que constitue la création pour tout être humain. « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue annonce l’ouvrage de ses mains » (Ps. 19:1). La création entière, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, manifeste la puissance et la sagesse de Dieu. « Que tes œuvres sont nombreuses, ô Éternel ! tu les as toutes faites avec sagesse. La terre est pleine de tes richesses » (Ps. 104:24). Ainsi, même en l’absence de toute révélation écrite de Dieu, l’homme est responsable de discerner la gloire divine dans la création et de s’incliner devant le Créateur. « Depuis la fondation du monde, ce qui ne peut se voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites » (Rom. 1:20 ; cf. Act. 14:17).
Dans son éloignement de Dieu, l’homme a cherché de plusieurs manières à mettre ce témoignage de côté. L’un des succès de Satan à cet égard a été l’élaboration de théories d’apparence scientifique qui prétendent expliquer l’existence des nombreuses espèces d’êtres vivants (plantes et animaux) par un processus de transformation progressive. Nous ne nous arrêterons pas sur les défauts de ces théories, mais nous soulignons d’emblée deux points essentiels du récit de Genèse 1 :
1° Dieu crée, ou appelle à l’existence, les plantes et les animaux « selon leur espèce » (expression plusieurs fois répétée). Cela exclut l’idée de diversification des espèces par transformations — c’est-à-dire toutes les théories évolutionnistes.
2° Dieu crée l’homme d’une manière entièrement distincte des animaux, et unique en son genre. Il le crée à son image, à sa ressemblance, et lui confie une position d’autorité sur le reste de la création (v. 26-28). Le chapitre suivant précise : « L’Éternel Dieu forma l’homme, poussière du sol, et souffla dans ses narines une respiration de vie, et l’homme devint une âme vivante » (v. 7). L’homme n’est donc pas le descendant d’un animal, singe anthropomorphe ou autre. Les ressemblances biologiques entre certains animaux et les hommes n’ont rien de troublant : nous avons le même Créateur !
En observant l’univers dans lequel ils vivent, et en utilisant les facultés intellectuelles que le Créateur leur a données, les hommes ont découvert que la nature obéit à des lois. Les phénomènes se déroulent, non de façon chaotique et arbitraire, mais suivant des règles dont les hommes ont progressivement pris conscience et qu’ils ont essayé de formuler. La découverte, la formulation, la vérification et l’application de ces règles constituent ce qu’on appelle la science. Les hommes qui y sont engagés, sans cesse avides de nouvelles découvertes, cherchent à perfectionner leurs théories, et à comprendre toujours mieux le fonctionnement de l’univers.
Cependant, la formulation des lois de la nature reste toujours une approximation, parfois suffisante pour rendre compte de ce que nous observons en pratique, mais qui n’explique pas la réalité profonde des choses. D’ailleurs, il est permis de penser que la complexité des lois naturelles dépasse toute formulation complète possible.
En fait, le mot science recouvre des connaissances et des activités assez diverses :
D’un côté, il y a des sciences qui décrivent avec une grande précision le comportement de la nature dans un environnement proche de l’homme. Ces sciences-là sont à la base de la technique d’appareils et de machines dont nous nous servons constamment — lampes, horloges, téléphones, automobiles, etc. Le fonctionnement de ces objets courants n’est possible que parce que la nature obéit à certaines lois, et que les hommes ont appris, dans une mesure au moins, à les connaître et à les utiliser. Cette utilisation, si elle est faite dans le respect du Créateur et de la création, n’est pas contraire à la volonté de Dieu. Elle entre dans le cadre de l’ordre qu’il a donné dès le début : « Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et l’assujettissez » (Gen. 1:28).
À l’opposé, il y a des sciences qui résultent des efforts de l’esprit humain pour tenter de percer les mystères de domaines très éloignés de lui — éloignés en distance, en temps ou en dimension. Dans de tels domaines, l’observation devient difficile, fragmentaire et indirecte, et l’expérimentation est souvent impossible. Les théories deviennent alors très fragiles, de sorte qu’on les voit naître, s’affronter les unes les autres pendant quelque temps, et mourir. C’est évidemment à cette catégorie qu’appartiennent les sciences qui cherchent à expliquer l’histoire de la création. Ne nous laissons pas troubler par leurs raisonnements spécieux.
Mais revenons à ce qui nous concerne plus directement, nous chrétiens. La création — cette création qui rend témoignage de la gloire de Dieu — ne consiste pas seulement dans les objets innombrables et admirables qu’elle contient, mais dans les lois qui conditionnent leur existence même et qui gouvernent leur fonctionnement. Les lois de la nature font partie de la création aussi bien que les objets de la nature. Et le fonctionnement de l’univers est, lui aussi, un témoignage à la sagesse et à la puissance de Dieu.
Ceci ressort clairement de plusieurs passages qui évoquent l’existence de ces lois, et la gloire de Dieu que nous avons à y discerner. Dieu demande à Job : « Fais-tu sortir les signes du zodiaque en leurs saisons, et mènes-tu la grande Ourse avec ses filles ? Connais-tu les lois des cieux ? » (Job 38:32, 33). La sagesse de Dieu s’est manifestée « quand il faisait une loi pour la pluie, et un chemin pour le sillon de la foudre » (28:26). Le livre des Psaumes, dans un langage poétique, présente la gloire de Dieu dans le fonctionnement de la création. Il y a le mouvement majestueux et régulier du soleil (Ps. 19:5, 6). Dieu « a fait la lune pour les saisons ; le soleil connaît son coucher » (104:19). « Les ordonnances de la lune et des étoiles » et « les ordonnances des cieux et de la terre » sont si fermes que Dieu les cite comme points de comparaison lorsqu’il parle de sa fidélité envers son peuple (Jér. 31:35, 36 ; 33:25, 26).
Beaucoup de croyants, par leur profession ou leurs études, sont mis en contact avec les merveilles de la nature mises en évidence par la recherche scientifique. Qu’ils sachent découvrir et admirer la grandeur et la gloire de Celui qui a tout ordonné avec une sagesse parfaite ! Qu’ils y soient encouragés par les nombreux passages bibliques qui mettent cela en évidence ! Parmi ceux-ci, citons notamment : Job 36:24 à 37:18 et 38:22-30 pour les phénomènes atmosphériques — et Job 39 à 41 et Psaume 104:10-31 pour les merveilles de la création animée. Lorsque nous songeons au développement d’un embryon, sachons partager l’émerveillement de David : « Car tu as possédé mes reins, tu m’as tissé dans le ventre de ma mère. Je te célébrerai de ce que j’ai été fait d’une étrange et admirable manière. Tes œuvres sont merveilleuses, et mon âme le sait très bien. Mes os ne t’ont point été cachés lorsque j’ai été fait dans le secret, façonné comme une broderie dans les lieux bas de la terre » (Ps. 139:13-15).
La puissance et la sagesse du Dieu créateur, joints à son amour merveilleux, constituent un puissant encouragement pour le fidèle. L’homme de foi s’appuie sur un Dieu qui montre sa grandeur et sa bonté dans la création et pour lequel rien n’est trop difficile. « N’avez-vous pas compris la fondation de la terre ?... Lui, qui est assis au-dessus du cercle de la terre, et ses habitants sont comme des sauterelles » (És. 40:21, 22 ; voir aussi v. 26-31). « Ah, Seigneur Éternel ! voici, tu as fait les cieux et la terre par ta grande puissance, et par ton bras étendu ; aucune chose n’est trop difficile pour toi » (Jér. 32:17).
Certains hommes ont pensé que le Créateur, ayant une fois mis en route l’univers, le laissait évoluer selon les lois qu’il avait établies et ne s’en occupait plus. L’Écriture nous montre qu’il n’en est pas du tout ainsi. D’une part, Dieu dirige et coordonne tout ce qui se passe de façon naturelle dans la création, en vue de l’accomplissement de ses desseins. Et d’autre part, il intervient toutes les fois qu’il le juge bon pour produire un déroulement d’événements non conforme aux lois de la nature. Il opère alors des miracles. Dans un cas ou dans l’autre, il s’agit pour nous de discerner sa main.
Dans certaines situations où n’interviennent pourtant que des événements conformes aux lois de la nature, nous ressentons tout ce qui arrive comme un miracle, en raison de l’usage que Dieu en fait et de l’intention divine évidente qui s’y manifeste. Et nous appelons cela miracle. Mais les miracles, à proprement parler, sont des événements qui se déroulent autrement que selon les lois de la nature.
Reprenons tout ceci avec un peu plus de détails.
Pour nourrir son serviteur Élie, obligé de fuir la colère d’Achab, Dieu commande aux corbeaux de le nourrir au torrent du Kérith. Matin et soir, ces oiseaux apportent au prophète du pain et de la viande. Tout se passe de façon naturelle — ou presque — mais les corbeaux obéissent à leur Créateur et le serviteur de Dieu est nourri (1 Rois 17:2-6).
Dans une guerre, un homme tire de l’arc à l’aventure (1 Rois 22:34). La flèche, sans avoir besoin d’enfreindre les lois de la balistique, arrive dans une faille de la cuirasse du roi Achab, déguisé en simple soldat. Manifestement, Dieu l’a voulu ainsi. D’ailleurs, quelques heures auparavant, un prophète avait annoncé au roi qu’il mourrait dans cette bataille (v. 17 et suiv.).
Élihu parle à Job de la façon dont Dieu agit dans les phénomènes atmosphériques. « Il attire les gouttes d’eau : des vapeurs qu’il forme elles distillent la pluie, que les nuages font couler ; ils tombent en gouttes sur les hommes, abondamment » (Job 36:27, 28). Mais à travers ces phénomènes naturels, Dieu accomplit sa volonté, en bonté ou en jugement : « Car par ces choses il juge les peuples, il donne la nourriture en abondance » (v. 31). La foudre semble tomber aléatoirement ici ou là, mais le croyant peut avoir la confiance que Dieu « couvre ses mains de l’éclair, et lui commande où il doit frapper » (v. 32 ; 37:2-5). C’est encore lui qui « dit à la neige : Tombe sur la terre ! et aussi aux averses de pluie » (37:6). Et quant aux nuées, « sous sa conduite elles tournoient en tout sens, pour accomplir leur œuvre, tout ce qu’il leur commande sur la face du cercle de la terre, soit qu’il les fasse venir comme verge, ou pour sa terre, ou en bonté » (v. 12, 13).
Les cataclysmes naturels — cyclones, tsunamis, inondations ou autres — ne sauraient arriver sans sa volonté : « Voici, il retient les eaux, et elles tarissent ; puis il les envoie, et elles bouleversent la terre » (Job 12:15). En face de ces choses terrifiantes et éprouvantes, ceux qui se confient en Dieu savent que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8:28).
Prenons garde de ne pas voir la main de Dieu seulement quand il s’agit de choses pénibles. L’apôtre Paul attire l’attention sur le « témoignage » constant du Dieu créateur qui « fait du bien », qui donne « des pluies et des saisons fertiles », remplissant les cœurs « de nourriture et de joie » (Act. 14:17). Rien n’est trop petit pour que Dieu s’en occupe. Il nourrit les oiseaux et revêt les fleurs de parures parfois somptueuses (Matt. 6:26-29). Et pas un passereau ne tombe en terre sans la volonté de notre Père (Matt. 10:29).
La pensée solennelle que notre souffle même est dans la main de Dieu devrait nous amener à comprendre mieux notre entière dépendance de lui (cf. Job 12:10 ; Dan. 5:23 ; Act. 17:25).
Cependant, la main de Dieu opère aussi de façon surnaturelle, miraculeuse. Pour le croyant, ceci n’offre aucune difficulté. Celui qui a la puissance de créer l’univers, et de le faire fonctionner selon les lois qu’il a établies, a sans aucun doute la puissance d’intervenir dans le cours des choses naturelles pour qu’elles se déroulent autrement qu’à l’ordinaire. La Bible nous relate d’innombrables miracles accomplis par Dieu ou par Jésus Christ, et le chrétien soumis à la Parole les reçoit tels qu’ils sont racontés. Des hommes de ce monde, et même des croyants, ont parfois cherché à expliquer des événements miraculeux, comme si cela servait à rendre la Bible plus crédible. En fait, en dépit des apparences, de tels efforts stimulent l’incrédulité. En effet, ils risquent d’amener les âmes à mettre plus ou moins en doute ce que la science, ou la raison humaine, ne parvient pas à expliquer.
Dans beaucoup de passages, les miracles nous sont présentés comme des témoignages particuliers de la puissance de Dieu, comme des signes manifestes de la présence et de l’intervention de Dieu. Dans le cas du Seigneur Jésus, ils sont présentés comme des preuves de sa divinité (cf. Jean 5:36 ; 10:38 ; 15:24 ; 20:30, 31).
En certaines interventions de Dieu rapportées dans l’Ancien Testament, il peut être difficile de savoir s’il s’agit d’un miracle à proprement parler, ou si Dieu a opportunément utilisé des moyens naturels pour atteindre son but. Cela n’a d’ailleurs pas grande importance de le savoir. Mais ce qui est important, c’est de bien voir que dans beaucoup de faits rapportés par les Écritures, l’événement est en contradiction flagrante avec ce que nous connaissons des lois de la nature. Que le soleil et la lune s’arrêtent au milieu des cieux environ un jour entier (selon Josué 10:12-14), ou que « l’ombre retourne de dix degrés en arrière » sur un cadran solaire (selon 2 Rois 20:10), sont des choses absolument incompréhensibles et inexplicables pour nous. De même, le fait que Jésus et son disciple Pierre aient marché sur les eaux (Matt. 14:24-33).
Ces exemples, comme une multitude d’autres, nous montrent que le Créateur n’est nullement astreint à agir, dans la création, selon les lois habituelles que les hommes ont pu découvrir.
Dans ses récits d’événements miraculeux, Dieu introduit parfois des éléments d’explication. Mais cela ne signifie nullement qu’il nous fournit une explication scientifique de ce qui s’est passé. Lors de la traversée de la Mer Rouge, par exemple, il nous est rapporté : « L’Éternel fit aller la mer toute la nuit par un fort vent d’orient, et mit la mer à sec, et les eaux se fendirent » (Ex. 14:21). C’est un élément d’explication. Cependant, il nous est dit aussi : « Les eaux étaient pour eux un mur à leur droite et à leur gauche » (v. 29). Dieu nous laisse devant un miracle évident.
Nous venons de voir de quelle manière l’Écriture met en évidence la main de Dieu aussi bien dans le cours des événements naturels (qui se passent selon les lois de la nature établies par le Créateur), que dans le cours des événements surnaturels ou miraculeux.
Signalons encore deux autres aspects de l’action de Dieu dans les événements — qu’il s’agisse de ceux qui nous sont rapportés dans la Bible, ou de ceux dont nous pouvons être nous-mêmes les témoins.
1° Dieu utilise des hommes comme instruments pour l’accomplissement de ses desseins. Non seulement des hommes qui agissent comme ses serviteurs conscients et obéissants, mais des hommes méchants qui agissent par désir de s’élever, de s’enrichir ou de satisfaire quelque convoitise. Deux des terribles malheurs qui ont atteint Job étaient l’œuvre des éléments naturels, et deux autres, celle des pillards ; mais, dans la soumission d’esprit qui l’a caractérisé, Job a tout reçu de la main de Dieu (cf. Job 1:21 ; 2:10). Parlant à ses frères de l’horrible action qu’ils avaient commise à son égard, Joseph leur dit : « Vous aviez pensé du mal contre moi ; Dieu l’a pensé en bien, pour faire comme il en est aujourd’hui, afin de conserver la vie à un grand peuple » (Gen. 50:19 ; cf. 45:7, 8). Et dans la crucifixion de Christ, la suprême méchanceté des hommes a accompli « le conseil défini et la préconnaissance de Dieu » (Act. 2:23).
Cependant, il est important de remarquer que la responsabilité de l’homme demeure entière, même quand il accomplit « toutes les choses » que la main et le conseil de Dieu « avaient à l’avance déterminé devoir être faites » (Act. 4:28). Pour l’esprit de l’homme qui raisonne, c’est une pierre d’achoppement immense, mais toute la parole de Dieu nous montre qu’il en est bien ainsi.
2° L’œil de la foi discerne avec évidence la main de Dieu dans les événements fortuits. Nous pensons à la jeune Moabite allant glaner dans le champ qui se trouve « fortuitement » être celui de l’homme ayant « le droit de rachat » sur elle (Ruth 2:3). Nous nous souvenons de la flèche tirée « à l’aventure », mais atteignant le but précis que Dieu voulait (1 Rois 22:34). Nous pensons à l’extraordinaire concours de circonstances qui, dans le livre d’Esther, amène en un moment l’élévation de Mardochée, la délivrance des Juifs et le jugement de ses ennemis. Par ces exemples, nous apprenons que ce qui pour l’homme n’est qu’un hasard concourt en fait à l’accomplissement de ce que Dieu a déterminé. « On jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel » (Prov. 16:33).
Des croyants expriment parfois leur confiance en Dieu qui tient tout entre ses mains en disant : le hasard n’existe pas. On peut bien le comprendre. Mais c’est un raccourci de langage qui met de côté un aspect des choses.
Le déroulement des phénomènes de la nature fait continuellement intervenir des processus aléatoires. Par exemple, les graines produites par les plantes sont emportées par les vents ou les oiseaux, et sont disséminées çà et là. Suivant la nature du sol et les conditions atmosphériques, elles produiront ou non de nouvelles plantes, qui arriveront peut-être à maturité, et qui seront réparties sur le terrain de façon absolument imprévisible.
La science, particulièrement dans le dernier siècle, a été contrainte d’introduire de façon essentielle la notion de hasard dans la description des phénomènes. Au niveau des choses « très petites », les lois de la nature s’expriment souvent en termes de probabilité. Que Dieu ait la haute main sur tout ce qui se passe, c’est certain, mais, en eux-mêmes, certains phénomènes sont aléatoires — du moins dans ce que l’homme peut en saisir.
Les divers événements qui se passent journellement sous nos yeux font intervenir tout à la fois les processus de la nature, la volonté des hommes et même l’activité inlassable de Satan. Mais le chrétien a le bonheur de savoir, par le témoignage des Écritures, qu’en définitive Dieu a la haute main sur tout cela. Dans cet enchevêtrement de causes, il nous est impossible de distinguer clairement entre ce qui est l’intervention directe de Dieu et ce qui provient de la nature, de l’homme, ou même de Satan. Mais la foi reçoit tout de la main de Dieu.
Le Prédicateur nous fournit la conclusion : « Lorsque j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse et à regarder les choses qui se font sur la terre... alors j’ai vu que tout est l’œuvre de Dieu, et que l’homme ne peut pas trouver l’œuvre qui se fait sous le soleil : bien que l’homme se travaille pour la chercher, il ne la trouve point ; et même si le sage se propose de la connaître, il ne peut la trouver » (Eccl. 8:16, 17). « Comme tu ne sais point quel est le chemin de l’esprit, ni comment se forment les os dans le ventre de celle qui est enceinte, ainsi tu ne connais pas l’œuvre de Dieu qui fait tout » (11:5).
Prenons devant Dieu une place de soumission et d’humilité — il n’a pas de compte à nous rendre (Job 33:13) — et une place de confiance tranquille — il nous aime et fait tout concourir à notre bien (Rom. 8:28).
« Souviens-toi de ton Créateur dans les jours de ta jeunesse » (Eccl. 12:1). Reconnaître l’existence de son Créateur et prendre sa place devant lui, voilà le devoir le plus élémentaire de tout homme. Le craindre, lui accorder sa juste place, reconnaître sa grandeur, sa puissance, sa sagesse et son autorité, voilà ce qu’il demande à toutes ses créatures. Et puisqu’il a parlé et que nous avons entre nos mains sa Parole écrite, soumettons-nous de cœur à la révélation qu’il nous a faite.
« Souviens-toi de glorifier son œuvre, que les hommes célèbrent. Tout homme la contemple, le mortel la regarde de loin. Voici, Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas » (Job 36:24-26). Dieu fait « de grandes choses que nous ne comprenons pas (37:5). Ce qui ne peut se voir de Dieu — « sa puissance éternelle et sa divinité » — « se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites », c’est-à-dire par le témoignage de la création. Et ce témoignage est si probant qu’il rend l’homme « inexcusable » s’il rejette Dieu (Rom. 1:20).
Donner à Dieu sa juste place dans nos cœurs et dans nos pensées, c’est en même temps prendre une place correcte devant lui, réaliser notre petitesse, les limites de notre compréhension des choses, devant l’infini de son être et de sa création. « Quand je regarde tes cieux, l’ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as disposées : Qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui... » (Ps. 8:3, 4). « Un ver », « un vermisseau » (Job 25:6), « l’argile dans la main du potier » (Jér. 18:6), « un tesson », qui tout au plus peut contester avec d’autres « tessons de la terre » (És. 45:9), « comme un rien devant lui... comme moins que le néant et le vide » (És. 40:17) — voilà quelques expressions suggestives qui nous amènent à prendre notre place devant Dieu, et à nous émerveiller de sa grâce envers nous.
Hélas ! l’homme a bien de la peine à accepter sa juste place devant son Créateur. Dans son état naturel de péché et de révolte contre Dieu, il s’est égaré dans ses pensées et en est arrivé aux aberrations les plus terribles. L’homme peu cultivé a ridiculement confondu le Créateur avec les choses créées et s’est adonné à l’idolâtrie, allant même jusqu’à dire à un objet qu’il a façonné : « Tu es mon dieu » (És. 44:12-19). Et l’homme cultivé s’est élevé contre son Créateur, soit en contestant sa façon d’agir, soit en niant son existence, soit autrement encore. Mais : « Malheur à celui qui conteste avec celui qui l’a formé ! » (És. 45:9).
L’un des efforts de l’homme pour mettre Dieu de côté — effort qui a certainement contribué à développer l’athéisme dans nos pays — est la théorie de l’évolutionnisme, apparue au milieu du 19e siècle et sans cesse « perfectionnée » depuis. Sous une forme ou une autre, cette théorie est adoptée par beaucoup de scientifiques, et souvent enseignée dans les écoles comme si elle était une science incontestée et incontestable. L’une des idées de base de cette théorie est que la diversité des espèces animales ou végétales résulte d’une évolution spontanée au niveau génétique. Une légère évolution à l’intérieur des espèces est un fait scientifique avéré. En revanche, la science n’a jamais observé de mutations génétiques produisant une nouvelle espèce.
D’un point de vue scientifique, la théorie de l’évolution est extrêmement fragile, parce que fondée sur des hypothèses audacieuses et invérifiables. Bien des hommes de ce monde l’écartent parce que, selon eux, pour y croire, il faut avoir une espèce de « foi » en elle. Les croyants soumis à la parole de Dieu la rejettent avec énergie, mais pour d’autres raisons. Et en particulier, parce que la Bible nous dit que Dieu a créé les plantes et les animaux, chacun « selon son espèce » (Gen. 1:11-25).
Le but et l’effet de cette théorie étant de se passer de Dieu, sa nature pernicieuse devrait sauter aux yeux. Hélas ! des chrétiens ont cherché le compromis. Ils ont avancé l’idée que l’évolution était l’instrument que Dieu avait utilisé pour créer. Ils ne se sont pas aperçus qu’en disant cela, ils frustraient Dieu de sa gloire de Créateur, telle que toute l’Écriture en rend témoignage.
Bien des croyants sont confrontés à la difficulté du conflit entre l’enseignement des hommes et celui de la parole de Dieu. C’est en particulier le cas des étudiants chrétiens. Si nous pouvons nous encourager mutuellement à nous fier entièrement à la parole de Dieu, nous devons aussi veiller à ne pas lui faire dire ce qu’elle ne dit pas.
Tout d’abord, il faut nous souvenir que l’Ancien Testament s’exprime souvent dans un style poétique ou figuré. De la description du parcours du soleil dans le psaume 19, nous n’allons pas conclure que cet astre a des sentiments (v. 5), ni que les cieux ont des bouts (v. 6). Du magnifique psaume 104, nous n’allons pas déduire que la terre est posée sur des bases matérielles (v. 5) ou que les animaux prient (v. 21).
En outre, la façon dont Dieu nous relate les événements diffère de la manière humaine. Dans tous les récits qu’il nous donne, Dieu poursuit un but, et il introduit dans son récit les éléments qui concourent à ce but. Il ne s’astreint pas à être complet, ni même toujours chronologique, comme les quatre récits des Évangiles le montrent clairement. Nous sommes sur un terrain solide lorsque nous retenons ce que Dieu nous dit. Mais lorsque nous tirons nos propres déductions ou conclusions de ce qu’il nous dit, nous sommes sur un terrain mouvant. Ne nous plaçons pas sur ce terrain-là quand nous sommes appelés à combattre pour la vérité ; nous serions exposés à jeter du discrédit sur Dieu et sur sa parole.
Moralement, la terre est bien le centre de l’univers : c’est là que Dieu a placé la créature qu’il a faite à son image, et c’est là que le Fils de Dieu est venu pour accomplir une œuvre unique. Mais cela ne nous conduit pas à conclure que, physiquement, la terre soit le centre de l’univers.
Divers secteurs de la science s’intéressent au passé de la terre ou de l’univers. La géologie scrute le sol, analyse les couches sédimentaires et les roches, et y découvre des fossiles ou des traces de plantes et d’animaux. Elle cherche à expliquer les modifications et les bouleversements que la croûte terrestre a subis au cours des âges. La paléontologie — ou science des fossiles — cherche à savoir quels sont les êtres vivants qui ont bien pu peupler la planète à des époques très anciennes. Certaines méthodes scientifiques de datation, plus ou moins fiables, permettent de déterminer approximativement l’époque d’événements dont nous ne possédons que des traces ou des indices. Et là tout s’exprime en milliers ou en millions d’années. Le croyant se trouve placé devant la question : où se situe l’existence de ces êtres vivants relativement au récit de Genèse 1 ?
De son côté, l’astronomie scrute le ciel. Non seulement elle y découvre des astres fort éloignés de la terre, mais elle reçoit des signaux (lumière et particules) qui témoignent d’événements très anciens, dont l’information ne nous arrive qu’avec un retard énorme. Nous sommes saisis d’étonnement lorsque nous songeons à notre petitesse et à notre brève durée en face de cet univers incroyablement grand. Et la même question surgit : où ces événements cosmiques peuvent-ils se situer relativement au récit de la Genèse ?
Avant de mentionner les essais de réponse qui ont été donnés à cette question, remarquons qu’il faut distinguer les faits que les hommes peuvent observer — ce qui est objectif — et l’interprétation de ces faits — qui parfois n’est qu’une théorie proposée par des spécialistes et contredite par d’autres. Bien souvent, la science du passé doit se contenter de quelques observations fragmentaires qu’elle s’efforce d’interpréter et d’organiser pour construire ses théories. Elle est toujours privée de l’expérimentation qui lui permettrait de vérifier ce qu’elle pense pouvoir affirmer. Ainsi, les dates proposées par les hommes touchant un passé lointain sont marquées d’un grand point d’interrogation — d’autant plus que nous ne connaissons pas toutes les interventions, miraculeuses ou autres, que Dieu a faites dans sa création au cours des âges.
D’un autre côté, les lecteurs de la Bible se sont parfois imprudemment avancés, lorsqu’ils ont pensé pouvoir déduire du texte biblique des éléments qui ne s’y trouvent pas réellement. En partant de chiffres donnés dans la Genèse, des croyants ont situé la création 4000 ans avant Jésus Christ. Mais nous devrions être réservés dans les calculs que nous nous permettons de faire sur la base des données bibliques. Les 4000 ans traditionnels résultent de calculs effectués par les hommes sur la base de chiffres donnés par la Bible. Ils doivent aussi être marqués d’un point d’interrogation.
Des commentateurs ont pensé qu’entre la création des cieux et de la terre rapportée dans le premier verset de la Genèse et les sept jours de la création décrits ensuite, il y avait place pour les âges géologiques. Ceci impliquerait alors, puisqu’il existe des fossiles, que Dieu aurait créé des êtres vivants avant les jours mentionnés en Genèse 1:11, 20 et 24. D’autres commentateurs ont pensé que les sept jours peuvent bien être des périodes, puisque l’Écriture utilise manifestement le mot « jour » pour désigner des durées plus longues. D’autres encore ont placé les âges géologiques dans des immenses intervalles entre ces « jours ». D’autres enfin ont fait remarquer que les fossiles peuvent aussi avoir été formés lors des bouleversements catastrophiques amenés par le déluge. Il n’entre pas dans le propos de cet article d’évaluer ces diverses conceptions, ni d’argumenter à leur sujet.
Ouvrons les yeux sur le fait — parfois oublié — que la création est un miracle, peut-être le plus grand de tous. Que la voix de Dieu appelle un être à l’existence, qu’elle tire du néant un astre, une plante ou un animal, c’est totalement en dehors de ce que notre expérience connaît, en dehors de toute connaissance scientifique.
Le premier chapitre de la Genèse nous indique les grandes étapes du miracle de la création. Nous avons à le recevoir tel qu’il est, avec son but essentiellement moral, Dieu séparant ce qui doit être séparé et préparant la scène dans laquelle il va placer l’homme.
Que Dieu nous accorde de reconnaître nos limites, et de ne pas chercher à expliquer l’inexplicable !
« L’homme ne peut comprendre, depuis le commencement jusqu’à la fin, l’œuvre que Dieu a faite » (Eccl. 3:11).’
Dans les premiers chapitres de la Genèse, nous voyons non seulement la création sortant parfaite des mains de Dieu, mais la ruine morale immédiate de l’homme et ses conséquences. « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort » (Rom. 5:12). Le sol, « maudit » à cause de la désobéissance d’Adam, fera désormais « germer des épines et des ronces », et l’homme devra « travailler péniblement tous les jours de sa vie » pour retourner finalement au sol dont il a été pris (Gen. 3:17-19). Le péché de l’homme a donc introduit des changements dans la création. Elle n’est plus entièrement dans le même état que lorsqu’elle est sortie des mains du Créateur. L’Écriture ne nous communique que très peu de chose à ce sujet, mais l’apôtre Paul nous dit que « la création a été assujettie à la vanité », qu’elle « soupire et est en travail jusqu’à maintenant » (Rom. 8:20, 22).
Si nos yeux se tournent vers l’avenir, nous pouvons entrevoir « les temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps » (Act. 3:21). C’est le Millénium, le règne de justice et de paix sous le sceptre du Messie, avec les changements qu’il amènera dans la création (És. 11:1-10 ; 65:20-25). Alors la création « sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom. 8:21).
Mais cette création n’est pas destinée à demeurer toujours. « Les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu » (2 Pierre 3:7 ; cf. v. 10-12). « Mais, selon sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite » (v. 13). L’Apocalypse nous apprend qu’après le Millénium, en relation avec la scène solennelle du grand trône blanc, « la terre s’enfuit et le ciel ; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux » (20:11). Et Jean voit « un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés » (21:1).
C’est vers cette scène glorieuse que les regards du chrétien sont fixés. Alors, les desseins éternels de Dieu seront accomplis, pour sa gloire, pour celle de Christ et pour la joie parfaite de tous ses rachetés.
En terminant, citons encore deux passages qui devraient avoir un effet pratique sur nous tous :
— « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17). Le croyant appartient déjà à la nouvelle création ! Comment le réalisons-nous ?
— « La terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement. Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété ! » (2 Pierre 3:10, 11).