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Les commandements de Jésus

J. A. Monard

ME 2009 p. 161-169


: Ayant gardé les commandements du Père, Jésus a donné des commandements. Ceux-ci nepeuvent pas être mis sous forme d'une liste d'obligations et d'interdictions. La liberté chrétienne est une délivrance de l'esclavage du péché et de Satan. Elle fait du racheté un serviteur de Dieu heureux de rechercher en toutes choses Sa volonté et de l'accomplir.


Table des matières :

1      Introduction

2      Jésus et les commandements de son Père

3      Les commandements de Jésus

4      Le commandement suprême de Jésus

5      Les commandements et l’amour

6      Conclusion

 

 

1         Introduction

L’Ancien Testament, révélation divine donnée à Israël, contenait une multitude de commandements devant gouverner la conduite de ceux qui étaient « sous la loi », et leur donner une marche selon la pensée de Dieu. Comme nous avons eu l’occasion de le constater à plus d’une reprise, ces commandements n’ont pas atteint leur but. Ils n’ont fait que mettre en évidence l’incapacité de l’homme naturel à faire le bien, sa volonté constamment opposée à celle de Dieu, et l’inimitié de son cœur contre Dieu.

Mais au temps convenable, Dieu a envoyé son Fils afin de racheter l’homme de son état de perdition. À la croix, Jésus a accompli tout ce qui était nécessaire pour notre salut. Celui qui croit en lui a la vie éternelle, il est justifié devant Dieu. Et non seulement ses péchés sont pardonnés, mais il reçoit une nouvelle nature pour laquelle la volonté de Dieu n’est pas un fardeau.

Qu’en est-il alors des commandements de Dieu ? Sont-ils encore en vigueur dans le Nouveau Testament ? Souvenons-nous d’abord que les notions de bien et de mal sont définies par la pensée de Dieu, « en qui il n’y a pas de variation ou d’ombre de changement » (Jacq. 1:17). Ce qui est mal à une époque ne saurait être bien à une autre. En ce qui concerne plus précisément les commandements, le Seigneur Jésus nous donne un enseignement merveilleux et complet dans l’évangile de Jean. D’une part, il nous révèle comment lui, l’homme parfait, a gardé les commandements de son Père. Et d’autre part, il enjoint à ses disciples de garder ses commandements, en suivant son exemple.

 

2         Jésus et les commandements de son Père

Dans le chapitre où le Seigneur se présente comme le bon Berger qui met sa vie pour les brebis, nous lisons : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père » (Jean 10:17, 18).

L’utilisation du mot « commandement » peut paraître surprenante ici, en raison de l’étendue de ce que ce mot embrasse. C’est l’expression de la volonté de Dieu, en rapport avec l’œuvre de la rédemption. « En entrant dans le monde », Jésus a dit : « Voici, je viens.., pour faire... ta volonté » (Héb. 10:5-7). « C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés » (v. 10). Dans chaque détail de son chemin sur la terre, et jusqu’à sa mort sur la croix, le Seigneur a accompli de manière parfaite la volonté de Dieu. C’était ses délices de l’accomplir, quoi qu’il puisse lui en coûter. Sa volonté s’effaçait constamment devant celle du Père qui l’avait envoyé (cf. Luc 22:42 ; Jean 4:34 ; 5:30 ; 6:38).

Dans ces versets de Jean 10, Jésus se présente à la fois dans sa divinité et dans son humanité, et nous sommes placés devant un tableau qui nous dépasse infiniment. Homme, il va laisser sa vie. Mais il est Dieu, et par conséquent au-dessus de toutes les actions des hommes qui vont le faire mourir. Il laisse sa vie de lui-même. Mais ensuite, il va la reprendre, selon sa puissance divine. Cependant, ce pouvoir de laisser sa vie et de la reprendre, il va l’exercer dans la soumission à son Père, dont il est venu accomplir la volonté : « J’ai reçu ce commandement de mon Père ».

Remarquons les mots par lesquels le Seigneur introduit cette déclaration : « À cause de ceci le Père m’aime... ». Le Père aime le Fils dès avant la fondation du monde (cf. Jean 17:24). Mais Jésus a fourni à Dieu des raisons supplémentaires de l’aimer en se livrant lui-même pour nous, en accomplissant toute la volonté de Dieu dans une abnégation parfaite.

Un peu plus loin dans l’évangile, jetant un regard sur l’ensemble de son service, le Seigneur dit : « Car moi, je n’ai pas parlé de moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé, lui-même m’a commandé ce que je devais dire et comment j’avais à parler ; et je sais que son commandement est la vie éternelle. Les choses donc que moi je dis, je les dis comme le Père m’a dit » (Jean 12:49, 50). Nous trouvons ici conjointement les mots « commander » et « commandement ».

Plusieurs fois dans cet évangile, Jésus affirme que tout ce qu’il fait et tout ce qu’il dit, il l’accomplit dans la dépendance et la soumission à son Père (cf. Jean 5:19, 20, 30 ; 8:28 ; 14:10). À chaque instant de sa vie sur la terre, le Seigneur a été à l’écoute des instructions divines. Le Père a commandé au Fils ce qu’il avait à dire, et il l’a dit fidèlement. Le but du message que Dieu lui avait donné pour les hommes était la vie éternelle. C’était la substance de son commandement. Et ainsi : « son commandement est la vie éternelle ».

Nous en arrivons maintenant à un passage où le mot « commandements » est au pluriel. Au cœur de ses discours d’adieu à ses disciples (chapitres 13 à 16), Jésus leur dit : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:10). Le Seigneur place devant nous son exemple et nous invite à le suivre. Lui-même a gardé les commandements de son Père, et ainsi il demeure dans son amour — dans la jouissance de son amour. Remarquons qu’il n’est pas question ici d’une liste de commandements, qui tous ont été fidèlement gardés. Il s’agit de l’attitude de dépendance et d’obéissance du Seigneur, qui ne dit pas une parole et n’accomplit pas une œuvre si le Père ne lui a pas commandé de le faire. Voilà le modèle placé devant nous.

 

3         Les commandements de Jésus

Le verset ci-dessus fait donc la liaison entre les commandements du Père que Jésus a gardés et ses commandements qu’il nous donne à garder. Le parallèle est établi par le mot « comme ».

Nous ne pouvons vraiment jouir de l’amour du Seigneur qu’en gardant ses commandements. Si nous faisons notre propre volonté, si nous marchons dans un chemin qui n’honore pas le Seigneur, notre conscience n’est pas à l’aise et nous ne pouvons pas jouir de son amour. Il désire qu’il n’y ait aucune ombre entre lui et nous. Ainsi, nos cœurs pourront être remplis de lui et réchauffés par son amour.

Bien sûr, il y a notre faiblesse, et hélas ! nos manquements. Mais il y a aussi toutes les ressources divines pour cela.

Le Nouveau Testament ne nous fournit pas une liste de commandements, qui pourraient nous rendre satisfaits de nous-mêmes quand nous avons l’impression de les avoir gardés. Il nous apprend à discerner le bien et le mal et nous enseigne à rechercher la volonté du Seigneur en toute chose.

Le parallèle entre le Seigneur et les siens se complète au verset 11 : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie ». Dans l’accomplissement de la volonté de Dieu, le Seigneur a réalisé une joie profonde, malgré toutes les souffrances qu’il a endurées. Cette joie sera en nous si nous suivons son exemple.

Au chapitre 14, le Seigneur avait déjà dit : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (v. 15). Dans le verset précédemment considéré, garder les commandements de Jésus était le moyen de demeurer dans son amour. Ici c’est le moyen de montrer que nous l’aimons.

Le Seigneur le répète un peu plus loin, et complète sa déclaration en parlant de l’amour particulier dont est l’objet celui qui garde ses commandements et sa parole : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui... Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:21-23).

« Je l’aimerai », « mon Père l’aimera » — quelles paroles ! Recevons-les dans leur simplicité. Quel encouragement à garder ses commandements, à garder sa parole ! Ses commandements, c’est l’expression de son autorité sur nous ; sa parole, c’est l’ensemble de toutes ses communications. Dans la mesure où nous serrons cette parole dans notre cœur, il sera réchauffé par l’amour de Jésus et l’amour du Père, et nous jouirons de la présence de Jésus et de celle du Père. Ce n’est pas dans un chemin d’indépendance et de propre volonté que nous pouvons en jouir, et pas davantage si notre cœur n’est pas nourri de la parole divine.

 

4         Le commandement suprême de Jésus

Jusqu’ici, nous avons vu « les commandements » de Jésus, l’expression de son autorité sur ceux qu’il a rachetés, afin que, dans les innombrables circonstances de leur vie, ils suivent ses traces. Mais, parmi tous les « commandements » qu’il peut avoir à nous donner, il y a une recommandation saillante, essentielle, qu’il place sur le cœur de ses disciples au moment où il va laisser sa vie pour eux. « Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre » (Jean 13:34). Ici l’amour est l’objet même du commandement, un amour qui est le reflet de l’amour de Christ pour les siens. Ce sera un puissant témoignage devant le monde : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (v. 35). Les formes sous lesquelles cet amour doit se manifester sont très diverses — comme le montre l’exemple du Seigneur — et sa mesure est infinie.

Ce commandement est « nouveau ». Ce n’est pas la simple répétition du commandement de la loi : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est un amour sur le modèle de celui de Jésus pour les siens.

Un peu plus loin dans son discours, le Seigneur répète ce commandement, en précisant de quelle manière son amour pour les siens va être démontré : il va laisser sa vie pour eux. « C’est ici mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse sa vie pour ses amis » (Jean 15:12, 13). Voilà la mesure de l’amour que ses disciples doivent avoir l’un pour l’autre.

Dans chacun des versets 13, 14 et 15, le Seigneur appelle les siens « ses amis ».

Au verset 13, cité ci-dessus, ce sont ceux qu’il aime et pour lesquels il laisse sa vie.

Au verset 14, il dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande ». Le verset précédent parlait de la grâce infinie de Jésus, et celui-ci évoque notre responsabilité. La grâce et l’amour dont nous sommes les objets n’enlèvent rien à notre devoir d’obéissance. Il est notre Sauveur, mais il est aussi notre Seigneur, celui qui a toute autorité sur nous, celui qui nous « commande » ce que nous avons à faire.

Au verset 15, Jésus précise : « Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père ». Cette déclaration évoque le changement de la dispensation de la loi à celle de la grâce. Ce que Dieu attend de nous, ce n’est pas une obéissance aveugle à des commandements dont nous ne saisissons pas la portée. Notre discernement spirituel doit être exercé pour que nous comprenions quelle est la volonté du Seigneur et l’accomplissions (Éph. 5:17).

Une fois encore, dans son discours d’adieu aux disciples, le Seigneur leur confirmera ce qu’il a appelé plus haut « son commandement ». « Je vous commande ces choses, c’est que vous vous aimiez les uns les autres » (Jean 15:17).

 

5         Les commandements et l’amour

Tous ces enseignements du Seigneur concernant son ou ses commandements se lient intimement à l’amour. Garder ses commandements

·        nous permet de demeurer dans la jouissance de son amour (15:10),

·        est le seul moyen de montrer que nous l’aimons (14:15, 21),

·        fait de nous des objets particuliers de son amour et de l’amour du Père (14:21-23).

Son commandement suprême est que nous nous aimions l’un l’autre, comme lui-même nous a aimés (13:34 ; 15:12, 17).

Nous sommes ses amis si nous faisons tout ce qu’il nous commande (15:14).

 

6         Conclusion

Les commandements de la loi s’adressaient au peuple d’Israël entier, comportant des hommes qui craignaient Dieu et des hommes dans lesquels il n’y avait pas de foi. Les commandements du Nouveau Testament, par contre, s’adressent aux croyants, à des hommes qui sont nés de nouveau et possèdent une nouvelle nature, pour laquelle ces commandements « ne sont pas pénibles » (1 Jean 5:3). Ils ne s’adressent pas au monde. Le monde est jugé, l’exécution de son jugement est proche, et l’évangile appelle des hommes à venir à Christ pour trouver le salut. L’évangile ne prêche pas aux hommes l’obéissance aux commandements de Dieu, mais la grâce de Dieu qui sauve les pécheurs.

Pour les Israélites, les commandements de la loi étaient prescrits en vue d’obtenir quelque chose. La vie, la bénédiction, la prospérité leur étaient promises, pour autant qu’ils gardent les commandements de l’Éternel (Deut. 8:1 ; 11:8, 9 ; 30:16). En grand contraste, Dieu donne aujourd’hui à ceux qui croient en Jésus un salut gratuit, la vie éternelle, la justice, le droit d’être enfants de Dieu et une plénitude de bénédictions en Christ. Ces dons sont inconditionnels.

Jésus demande à ses rachetés de garder ses commandements, mais ce doit être la réponse d’amour de leurs cœurs à son amour qui l’a conduit à laisser sa vie pour eux.

Les commandements de la loi constituaient un ensemble d’obligations et d’interdictions fixant des limites à l’intérieur desquelles la liberté humaine pouvait se déployer. C’est un peu sur ce modèle que se sont construites les lois de nos pays. La liberté chrétienne est tout autre chose. Elle est une délivrance de l’esclavage du péché et de Satan afin que nous servions Dieu de cœur. Elle fait du racheté un serviteur du Seigneur, heureux de rechercher en toutes choses sa volonté et de l’accomplir. Les commandements du Seigneur — expression de son autorité sur nous et de sa volonté — ne pourraient pas être mis sous la forme d’une liste de choses obligatoires ou interdites. Ils concernent la totalité de la vie de ceux qui « ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:15).

Dans tout ceci, combien nous sommes loin de ce que Paul appelle : « la loi des commandements qui consiste en ordonnances » (Éph. 2:15), et Pierre : « un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter » (Act. 15:10) !

Mais n’oublions pas qu’il y a déjà eu, au temps de la loi, des hommes fidèles qui ont aimé la parole de Dieu et l’ont serrée dans leur cœur. On peut penser à David, à Esdras et à bien d’autres. Dans une certaine mesure, leur foi a dépassé ce qui caractérisait la dispensation de la loi.