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Première épître à Timothée
F.B. Hole
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
2.3 Ch. 1:5-16 (La loi et la grâce)
L’épître placée devant nous est la première d’un groupe de quatre épîtres écrites par l’apôtre Paul à des individus. Elles furent écrites plutôt tardivement dans sa vie de service, alors que le déclin s’accentuait dans l’église, et que par conséquent, le cœur de ce serviteur dévoué se tournait plus spécialement vers les disciples de confiance et fiables, qui tenaient ferme quand les autres commençaient à glisser. Cela donne une certaine ressemblance générale aux quatre épîtres, bien que chacune ait ses propres caractéristiques, clairement marquées.
Nous pourrions peut-être les caractériser ainsi :
· 1 Timothée — l’épître de la piété
· 2 Timothée — l’épître du courage
· Tite — l’épître de la sobriété et de ce qui est sain
· Philémon — L’épître de la courtoisie chrétienne.
De toute manière, la piété marque très nettement l’épître que nous sommes en train de considérer, comme on peut facilement s’en rendre compte à l’aide d’une concordance. C’est une nécessité très urgente quand la vie spirituelle est sur le déclin.
Au premier verset, Paul présente son apostolat comme provenant de « Dieu notre Sauveur », non pas de Jésus notre Sauveur, comme nous l’aurions peut-être écrit. Il va placer devant nous le Dieu vivant, à la fois comme notre Sauveur et notre Conservateur (2:3 ; 4:10), et il commence donc sur cette note ; en outre il nous présente le Seigneur Jésus comme notre espérance. Quand le déclin s’installe, il est bon pour nous de connaître un Dieu vivant, et de savoir qu’Il est notre Conservateur, et d’avoir nos espérances centrées non pas sur des églises, des évêques, des diacres, ni sur aucun homme d’aucune sorte, mais sur le Seigneur lui-même.
Ayant salué Timothée au verset 2, Paul lui rappelle tout de suite la responsabilité pour laquelle il avait été laissé à Éphèse en son absence. Certains commençaient déjà à enseigner des choses différentes de ce qui était déjà établi de la vérité. Ces doctrines étrangères étaient de deux sortes : les « fables » (ou mythes), et les « généalogies ». Par « fables », Paul désignait des idées importées du monde païen, même s’il s’agissait de spéculations raffinées des écoles grecques ; par « généalogies », il parlait d’idées importées du monde juif dans lequel la généalogie jouait un si grand rôle. Timothée devait cependant demeurer dans ce qu’il avait appris de Dieu, et exhorter les autres à faire de même, vu que la fin de ce qui était commandé c’était l’amour qui jaillit d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère. Voilà ce que Dieu désirait voir chez les Siens.
Se tourner vers les fables et les généalogies amène inévitablement des disputes (1:4), et du vain babil (1:6). La chrétienté s’est largement tournée d’une part vers l’enseignement d’allégations fabuleuses au nom de la science, et d’autre part vers des généalogies en relation avec des successions religieuses, apostoliques ou autres, avec tout le ritualisme qui s’y rattache. En conséquence, la sphère religieuse est remplie de disputeurs, et résonne du vacarme des vains babils. Ce que Dieu veut produire, et produit effectivement là où la vérité domine, c’est l’amour, et l’objet du ministère est « l’administration de Dieu qui est par la foi ». La Version Autorisée anglaise lit « édification », mais il est évident que la lecture correcte est « dispensation », ou « administration » ou « règlement intérieur de la maison » (l’altération d’une lettre grecque fait toute la différence). L’amour fait progresser tout ce que Dieu a ordonné comme règle de Sa maison.
L’« ordonnance » du verset 5 n’a rien à voir avec la loi de Moïse. Le mot est presque le même que celui traduit par « ordonner » au verset 3. Le verset 5 fait connaître l’objet que Timothée devait avoir en vue dans l’ordonnance qu’il observait lui-même et qu’il enjoignait aux autres d’observer.
Il y avait à Éphèse des gens passionnés de la loi et qui désiraient en être des docteurs, et ceci conduit l’apôtre à indiquer la place que la loi devait occuper, ce que ces prétendus docteurs de la loi ignoraient entièrement. La loi n’avait pas été donnée pour les justes, mais pour des pécheurs. Ce n’était donc pas en faire un usage légitime que de l’imposer de manière acharnée à ceux qui étaient justes parce que justifiés par Dieu Lui-même. Paul ne s’attarde pas ici à dire ce que la loi de Moïse avait à opérer. Elle avait été donnée pour apporter la conviction de péché, selon Romains 3:19, 20 et Galates 3:19.
La loi elle-même est « sainte, et juste, et bonne » (Rom. 7:12), quoi que les hommes en fassent. Le verset 8 de notre passage affirme que si elle est utilisée légitimement, elle est bonne dans ses effets pratiques. Si elle est utilisée à tort, comme par ces soi-disant docteurs, elle cause des dommages, bien que parfaitement bonne en elle-même.
Faisons très attention à nous servir de la loi légitimement. C’est un instrument très puissant de conviction pour les pécheurs. Elle traite impitoyablement la terrible liste de péchés des versets 9 et 10, mais en dehors d’eux, il y a d’autres choses que la loi ne mentionne pas spécifiquement, et qui sont contraires à tout sain enseignement : c’est ce à quoi l’apôtre fait allusion à la fin du verset 10. Remarquez seulement qu’il ne dit pas « opposée à la saine doctrine selon le saint modèle établi par la loi », mais « suivant l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux », car l’évangile place devant nous un modèle de conduite plus élevé que celui de la loi.
La loi ne présentait pas le maximum, l’extrême possible de ce que Dieu pouvait attendre de l’homme, mais plutôt le minimum de Ses exigences si l’homme devait vivre sur la terre ; si bien que tomber en dessous du niveau établi, sur tel point ou en telle occasion, c’était encourir la peine de mort. Or maintenant l’évangile a été introduit, et Paul en a été chargé. Il en parle comme d’un « évangile glorieux », ou plus littéralement, de « l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux ».
Il n’y a dans le temps présent qu’un seul évangile, bien qu’il soit qualifié dans divers passages d’évangile ‘de Dieu’, ‘de Christ’, ‘de la grâce de Dieu’, ‘de la gloire de Christ’ et ici ‘l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux’. De même le seul et même Saint Esprit est caractérisé par des noms divers dans différents passages. Il en est ainsi pour nous enseigner la profondeur et les merveilles qui existent dans l’évangile et dans le Saint Esprit, et les caractères aux nombreuses facettes qu’ils portent. Combien est frappant le caractère sous lequel l’évangile nous est présenté ici, et combien il convient aux sujets traités !
Qu’est-ce qui pourrait dépasser la saleté et la dégradation morale de ceux qui non seulement manquent à la loi, mais aussi « n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:23) ? Leur portrait apparaît aux versets 9 et 10. Puis au verset 11 vient « l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux », et ensuite dans les versets suivants, le sombre tableau que Paul donne de lui-même lorsqu’il était inconverti. Regardons avant et après, et nous ne verrons rien d’autre que la honte de l’homme maudit et malheureux. Au milieu de cela apparaît la bonne nouvelle de la gloire du Dieu bienheureux. Quel contraste, n’est-ce pas !
L’Ancien Testament nous dit que « la gloire de Dieu est de cacher une chose » (Prov. 25:2), de sorte que les hommes occupés à chercher sont toujours à nouveau frustrés dans leur activité. Le passage du Nouveau Testament qui est devant nous, dit que c’est aussi la gloire de Dieu de Se révéler dans la magnificence de Sa grâce à des pécheurs rebelles. Et cette gloire-ci est plus grande que la première. Si quelqu’un demande ce qu’est la gloire, nous pouvons répondre : c’est l’excellence qui se déploie. L’excellence divine peut se déployer de manière à être visible à l’œil, mais ce n’est pas obligatoire. Or la gloire d’ordre moral et spirituel qui atteint le cœur par d’autres canaux que l’œil, n’en est pas moins merveilleuse. Quand Saul de Tarse fut converti, une gloire le jeta à terre et aveugla ses yeux, mais la gloire de la grâce surabondante de notre Seigneur « avec la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus » (1:14) ouvrit les yeux de son cœur sans éblouir les yeux de sa tête, et c’est la gloire dont il est parlé ici.
Le péché de Saul de Tarse abondait, car plein d’incrédulité ignorante, il s’attaquait directement et injurieusement à Christ Lui-même, en blasphémant et en persécutant les Siens. Il était donc le premier des pécheurs, et il le ressentait. L’abondance de son péché avait cependant rencontré la surabondante grâce de Dieu. La gloire de la grâce divine a-t-elle jamais brillé plus fort que quand Saul le rebelle rencontra le Sauveur ressuscité ? Nous ne le pensons pas. Mais nous devons notre salut à la même bonne nouvelle de la gloire du Dieu bienheureux. Nous avons tous raison de chanter :
Oh ! La gloire de la grâce
Brillant sur le visage du Sauveur,
Disant d’en haut aux pécheurs :
Dieu est lumière, Dieu est amour.
Au moment où cette épître a été écrite, bien des condensés de vérité étaient passés en dictons. « Jésus Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » en était un. Il est repris et approuvé comme certain et digne de toute acceptation — un label de qualité, pour ainsi dire — par la propre expérience de l’apôtre comme premier des pécheurs. Aucun pécheur n’est hors de portée de la grâce et de la puissance d’un Sauveur qui pouvait délivrer un pareil blasphémateur aussi effronté, persécuteur et blasphémateur.
Combien tout ceci dévoile la folie de ceux qui désiraient être des docteurs de la loi, et qui livraient leurs adeptes au vain babil ! et combien cela fait ressortir le caractère faible et misérable de tout le reste !
Or la miséricorde étonnante exercée envers Paul ne s’était pas montrée à cause de lui seulement, mais pour qu’il puisse y avoir une manifestation de toute la patience divine. Son cas était un cas typique montrant jusqu’à quel point le Seigneur agissait en grâce, partant des profondeurs du verset 13 et allant aux sommets du verset 12.
Pensez un peu à sa conversion selon le récit du livre des Actes. Jésus venait d’être fait Seigneur et Christ en résurrection. Le premier témoignage apostolique avait été rejeté par le martyre d’Étienne. Saul avait joué un rôle moteur dans cet outrage, et poursuivait une carrière de persécution violente. De Son trône élevé dans les cieux, revêtu d’une puissance irrésistible, le Seigneur regardait ce petit ver de terre outrageux, et au lieu de l’écraser en jugement, Il le convertit en grâce. Il traçait là de manière très frappante Ses voies en grâce, et jusqu’où voulait aller Sa patience.
Désormais Paul devient un homme modèle. Non seulement un modèle de miséricorde, mais un modèle pour les croyants. Il sert d’exemple, et fait ressortir la vérité dans ses effets pratiques dans les cœurs et dans les vies du peuple de Dieu. C’est à cause de ceci que maintes et maintes fois, dans ses épîtres, il demande aux convertis d’être ses imitateurs.
Le rappel et le récit de ces merveilles de miséricorde émouvaient grandement le cœur de l’apôtre, et le conduisent momentanément à mettre de côté le fil de son sujet et à écrire la doxologie du verset 17. Nous trouvons la même chose ailleurs, par exemple en Romains 11:33-36 où l’apôtre prononce sa doxologie étant ému par la contemplation de la sagesse de Dieu, et en Éphésiens 3:20-21 où il est ému par l’amour de Christ. Dans notre passage il est amené à la doxologie étant ému par la miséricorde de Dieu.
Plus la personne qui montre la miséricorde est majestueuse, plus grande est la profondeur de la miséricorde déployée. C’est pour cela que l’apôtre voit Dieu dans la hauteur de Sa majesté et non dans l’intimité de la relation. Il est vrai que Dieu est notre Père tel qu’Il nous a été révélé en Christ. Nous sommes vraiment dans cette tendre relation d’enfants ; pourtant Il demeure le « roi des siècles, l’incorruptible, invisible, seul Dieu », et ceci rehausse la merveille de la miséricorde qu’Il a montrée envers l’apôtre et envers nous. En réponse à une telle miséricorde, Paul Lui attribue « honneur et gloire aux siècles des siècles ».
Et assurément nous nous sentons poussés à nous joindre à la doxologie et à y ajouter notre Amen de tout cœur.
Au verset 18, l’apôtre revient au sujet principal de l’épître. Au verset 3, il avait rappelé la position de Timothée à Éphèse : il y avait été laissé pour ordonner à certains de ne pas se détourner de la vérité. Au verset 5, il avait montré quelle est la fin ou l’objet de toutes les ordonnances que Dieu confie aux Siens. Maintenant il en vient à l’ordonnance qui est la mission de l’épître du début du chapitre 2 jusqu’à la fin du chapitre 6.
Avant de confier cette ordonnance à Timothée, il lui rappelle trois choses pour accentuer dans son esprit le poids et l’importance de ce qu’il allait lui dire. En premier lieu, Timothée avait été désigné à l’avance par des prophéties faites à son sujet pour le service important qu’il aurait à accomplir. Il était un serviteur de Dieu éminent, et nous risquons de nous sentir tout de suite enclins à trouver des excuses en ce que nous ne sommes pas du tout ce qu’il était. C’est vrai. Mais si ceci peut suffire à nous empêcher d’agir pour faire respecter l’ordonnance de Dieu par d’autres chrétiens, cela ne nous dispense pas de l’obligation de lire, de comprendre et d’obéir à ces devoirs nous-mêmes.
Le deuxième point rappelé par l’apôtre, c’est que la foi de Dieu ne peut être préservée dans son intégrité qu’en gardant la foi et une bonne conscience, et l’ordonnance se rapporte à la préservation de cette foi. Nous sommes-nous tous pénétrés de cela ? Nous reconnaissons tous la doctrine de la « justification par la foi », mais reconnaissons-nous également la « préservation de la foi par la foi » ? Notre petite barque est lancée sur l’océan de la vérité par la foi, mais parcourons-nous maintenant avec succès cet océan au moyen de l’intelligence, de la raison et des déductions scientifiques ? Ce n’est pas ce qu’il faut, mais plutôt par la foi et par le maintien d’une bonne conscience. Les Écritures sont la carte d’après laquelle nous naviguons, mais l’œil ayant du discernement et de l’intelligence, et qui est seul capable de lire la carte correctement, ce n’est pas notre intelligence ni notre raison, mais la FOI ; cependant, quand la foi a fait son œuvre, la carte nous découvre des choses qui satisfont et maîtrisent les plus grandes intelligences. La conscience est notre compas ; mais une conscience qui a été engourdie et altérée est aussi inutile qu’un compas désaimanté.
Comment gardons-nous une bonne conscience ? En obéissant honnêtement à ce que nous voyons être la volonté de Dieu telle que révélée dans Sa parole. La désobéissance nous donnera immédiatement une mauvaise conscience. Si nous laissons s’en aller la foi qui nous permet de discerner la vérité, et une bonne conscience qui nous garde en conformité pratique avec cette vérité, nous ferons bientôt naufrage quant à la foi.
Et en troisième lieu, l’apôtre rappelle à Timothée deux hommes dont l’histoire était comme un signal d’alarme. Ils avaient laissé s’en aller la foi et la bonne conscience, et avaient atteint un tel degré d’erreur que Paul les désigne comme des blasphémateurs, et en sa qualité d’apôtre il les avait livrés à Satan. C’était quelque chose de pire que l’excommunication, qui est un acte de l’église, comme on le voit en 1 Corinthiens 5:3-5. Les livrer à Satan était un acte apostolique, entraînant de terribles conséquences, comme on peut le voir dans le cas de Job dans l’Ancien Testament.
À la lumière de ces considérations solennelles, Paul commence son ordonnance (la mission qu’il donne) à Timothée au premier verset du chapitre 2. Sa première exhortation est significative. À la fin du chapitre 3, il nous dit que l’assemblée — à laquelle Timothée appartenait, et à laquelle nous appartenons — est « la maison de Dieu », car Dieu habite aujourd’hui au milieu de Son peuple racheté. Or l’intention de Dieu a toujours été que Sa maison soit appelée « une maison de prières pour tous les peuples » (Ésaïe 56:7). Le temple à Jérusalem aurait dû l’être, selon les paroles du Seigneur en Marc 11:17, et combien plus la maison dans laquelle Dieu demeure aujourd’hui ! Seulement, dans la période actuelle, la maison de Dieu a pris une forme telle que ceux qui y viennent pour prier ne sont pas toutes les nations, mais ce sont plutôt les croyants, lesquels forment la maison, et sont aussi les gens de cette maison, « une sainte sacrificature » (1 Pierre 2:5), priant et intercédant pour tous les hommes.
La grande masse de l’humanité n’a aucun contact avec Dieu. Au temps de Paul, la majorité adorait des idoles muettes, et il en est de même de nos jours. Combien il est donc important que nous les chrétiens soyons zélés dans ce service de la prière et de l’intercession qui est exclusivement le nôtre. Dans ce service nous avons un champ d’action immense, car la seule limite donnée est « tous les hommes », et puis encore « pour les rois et pour tous ceux qui sont haut placés ». Nous devons prier pour tous ceux-là, et aussi rendre grâce. Dieu est « bon envers les ingrats et les méchants » en sorte que nous pouvons bien rendre grâce à leur place.
Nos prières pour ceux qui détiennent l’autorité se rapportent passablement à nous-mêmes : c’est afin que nous puissions mener des vies pieuses, paisibles et tranquilles. Ceux qui composent la maison de Dieu doivent être marqués de l’empreinte de la piété et, bien que des temps de persécution puissent être retournés par Dieu pour promouvoir le courage et la patience parmi les Siens, cependant c’est dans des périodes de calme et de repos qu’ils sont le mieux édifiés et affermis, comme Actes 9:31 en fait le récit.
Dans nos prières pour tous les hommes en général, nos demandes doivent être purement évangéliques. Le Dieu dont nous nous approchons est un Dieu Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité. Y sommes-nous venus nous-mêmes ? Nous avons trouvé qu’elle est le salut, et nous sommes en contact avec un Dieu Sauveur, et Son caractère s’imprime sur nous. Il désire le salut des hommes, et nous aussi. Dans notre cas, l’exutoire naturel de nos désirs évangéliques, c’est la prière.
L’expression du désir d’amour de Dieu pour les hommes est bien différente, car on la trouve dans le don de Christ comme rançon. Dieu est vraiment unique (ce fait était manifeste dans l’Ancien Testament, en contraste avec les nombreux dieux des païens) et le médiateur entre Dieu et les hommes est également unique, l’Homme Christ Jésus. Le cléricalisme de Rome a construit dans les esprits de ses adeptes un système élaboré comportant de nombreux médiateurs, mais nous avons ici une seule phrase de l’Écriture, et à elle seule, elle démolit d’un coup tout ce système.
Longtemps avant Christ, les cœurs des hommes soupiraient après un médiateur. Le livre de Job en fournit la preuve, car ce patriarche sentait l’immense gouffre qu’il y avait entre Dieu et lui-même. « Il n’est pas homme, comme moi », disait-il dans sa complainte, « il n’y a pas entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux » (Job 9:32-33). Le seul à prendre cette place d’arbitre ou de médiateur doit lui-même être Dieu pour pouvoir pleinement représenter Dieu, et il doit être Homme pour représenter l’homme correctement. L’homme Christ Jésus, c’est lui qui est ce médiateur. Puisqu’Il est Homme, nous n’avons pas besoin d’hommes supplémentaires pour intervenir comme médiateurs secondaires entre Lui et nous.
Et alors, oh merveille des merveilles ! Le médiateur est devenu la rançon. Étant homme Il pouvait justement s’offrir en rançon pour des hommes, et étant Dieu, le prix offert pour la rançon avait une valeur infinie. De là vient que, du côté de Dieu, personne n’est exclu. Son désir de salut des hommes embrasse tous les hommes : l’œuvre de rançon de Christ les avait tous en vue. C’est l’un de ces passages de l’Écriture qui déclarent l’étendue et la portée de la mort de Christ plutôt que ses résultats effectifs. Tous ne sont pas sauvés comme nous le savons bien tristement, mais le blâme en retombe sur eux, non pas sur Dieu. La bonne nouvelle de l’œuvre de Christ pour payer la rançon est l’objet du témoignage de l’évangile qui devait être rendu en son propre temps. Ce temps propre était arrivé, et l’apôtre lui-même en était le grand messager pour le monde des nations.
L’apôtre a placé tout ceci devant nous pour renforcer chez nous le sentiment de la nécessité de la prière pour tous les hommes (et pas seulement pour nous-mêmes et nos petits intérêts), et pour que l’église de Dieu en soit marquée, dans la mesure où celle-ci doit manifester le Dieu dont elle est la maison. Mais qui doit être la voix effective des prières de l’église ? La réponse est : « les hommes ». Le mot utilisé dans ce v. 8 n’est pas celui qui désigne l’humanité, la race humaine en général, mais c’est celui qui désigne l’homme en contraste avec la femme — le mâle.
Le verset 8 place ensuite devant nous ce qui doit caractériser les hommes chrétiens, et les versets 9 à 15 ce qui doit caractériser les femmes chrétiennes. Les hommes doivent être marqués par la sainteté, par l’absence de colère et de raisonnement (la version autorisée anglaise traduit « doute », mais comme le raisonneur finit en général par douter, il n’y a pas grande différence entre les deux mots). Tout manquement à la sainteté, tout laisser-aller à la colère ou au raisonnement, font une vraie barrière à l’efficacité de la prière, et indiquent qu’on n’a guère le sens de la présence de Dieu.
Les femmes aussi doivent être sensibles à la présence de Dieu. Les femmes dont il est question sont « des femmes qui font profession de servir Dieu » (2:10). La femme qui sert Dieu, qui vit dans la crainte de Dieu, ne courra pas après les dernières tendances de la mode, mais elle se parera plutôt de vêtements modestes et discrets selon le verset 9. En outre elle pratiquera les bonnes œuvres et sera contente de la place que Dieu lui a assignée.
Cette place est gouvernée par deux considérations, selon ce passage. D’abord, il y a l’acte originel de Dieu en création qui a donné la priorité et la première place à l’homme : c’est ce que mentionne le verset 13. Puis il y a ce qui s’est passé lors de la chute quand Ève prit la tête pour la conduite, et fut trompée, et c’est ce dont parle le verset 14.
Il n’y a pas la plus petite ambiguïté dans ce passage. Il n’y a réellement aucun doute sur ce qu’il enseigne. Il n’y a pas non plus d’incertitude sur les raisons données quant à la place de sujétion et de discrétion donnée à la femme dans la maison de Dieu. Ces raisons n’ont rien à faire avec des préjugés particuliers de l’apôtre en tant que Juif ou célibataire, comme certains voudraient nous le faire croire. Ces raisons sont fondées sur l’ordre originel de Dieu dans la création, et sur ce que cet ordre a été confirmé, et peut-être accentué, comme résultat de la chute. Genèse 3:16 est explicite en nommant deux conséquences qui devaient survenir à la femme par suite de son péché. Il est fait allusion à la seconde de ces deux conséquences dans les versets 13 et 14, tandis que l’allusion à la première est au verset 15, auquel est rattachée une promesse en grâce dont il n’est pas fait mention en Genèse 3.
Le mouvement féministe entre inévitablement en conflit ouvert avec les instructions formulées ici, et ne peut que finir par rejeter cette petite portion de la Parole de Dieu. À ceux qui ne réfléchissent guère, ce rejet peut sembler relativement inoffensif. L’est-il vraiment ? Le mouvement moderniste, qui est son allié, entre en conflit tout aussi violent au sujet de la vérité de la naissance virginale de Christ, de Sa mort expiatoire et de Sa résurrection. Or il y a tout autant de raison — ou tout aussi peu — de concéder quelque chose soit aux uns soit aux autres. Certes, on peut n’avoir aucun désir de concéder quoi que ce soit aux modernistes, et en même temps être très sensibles aux questions soulevées par les féministes, mais se laisser diriger par de tels sentiments, c’est se tenir sur un terrain dangereux et incertain. En sommes-nous à dire que nous croyons ce qui se recommande à notre manière de penser, et que nous rejetons ce qui ne s’y recommande pas ? Fuyons de telles pensées !
Puissent tous nos lecteurs tenir honnêtement et de bon gré pour l’autorité et l’intégrité de la Parole de Dieu !
Le ch. 3 continue le thème général qui nous a occupé au ch. 2, c’est-à-dire la conduite qui convient aux croyants dans la maison de Dieu. Le verset 15 de notre chapitre affirme clairement que c’est bien là le sujet général.
Dieu est un Dieu d’ordre, et donc, dans l’assemblée chrétienne où Il demeure, toutes choses doivent être faites « avec bienséance et avec ordre » (1 Cor. 14:40). Pour qu’il y ait progrès dans ce sens, les deux charges de surveillant et de serviteur avaient été établies dans l’église, et c’est ce dont parle le ch. 3.
Il ressort du premier verset que certains à Éphèse aspiraient à devenir surveillants. L’apôtre reconnaît que ce à quoi ils aspiraient est une œuvre bonne, mais il insiste sur l’importance majeure du caractère de la personne. Que le surveillant ait toutes les qualifications spirituelles mentionnées, n’est pas seulement une possibilité, c’est une obligation. De plus, avant d’être affecté à la charge de prendre soin de l’assemblée de Dieu, il doit avoir prouvé son aptitude à cette tâche par la manière dont il a conduit la sphère bien plus petite et plus humble de son foyer. Il ne doit pas être nouvellement converti : quelqu’un qui, bien qu’éventuellement âgé, soit un débutant dans les choses de Dieu, sinon, enflé par l’orgueil de sa nouvelle importance, il risque de tomber justement dans la faute qui a causé la chute de Satan au commencement. Il semblerait que Diotrèphe, dont il est parlé en 3 Jean 9-10, soit une illustration de ce qui est visé ici.
Dans beaucoup d’églises primitives, les surveillants et serviteurs étaient nommés officiellement, dans d’autres il ne paraît pas qu’ils l’aient été. Mais même s’ils étaient dûment nommés, la seule chose susceptible de leur conférer un poids réel était le caractère de piété chrétienne que Paul décrit ici. Sinon, qui serait disposé à prêter attention à leurs exhortations, ou qui se soumettrait à leurs soins pastoraux et à leurs directions dans les choses spirituelles ? En outre, comme le dit le verset 7, il fallait aussi considérer le monde extérieur. Le monde a des regards perçants, et lance vite des reproches à la moindre occasion ; et pour ce faire, le diable pose des pièges.
De nombreux services accomplis dans l’assemblée ne sont pas principalement d’ordre spirituel, comme ceux d’Actes 6. Mais si des hommes doivent s’occuper de telles affaires ordinaires dans le service de Dieu, ils ont besoin de posséder de hautes qualités spirituelles bien définies, et il faut les tester avant qu’ils commencent.
Les épouses des serviteurs sont spécialement mentionnées au verset 11. C’est sans doute parce que la charge de serviteur est de telle nature qu’elles y participent souvent. Phœbe, par exemple, était « servante de l’assemblée qui est à Cenchrée » (Rom. 16:1), et était vivement recommandée par l’apôtre.
Souvenons-nous que les surveillants et les serviteurs devaient posséder ce caractère chrétien authentique du fait qu’ils devaient être en exemple à la masse des croyants qui avaient les yeux fixés sur eux. C’est pourquoi en lisant ce chapitre aujourd’hui, nous devons tous accepter ces versets comme dépeignant le caractère que Dieu veut voir en chacun de nous. Pouvons-nous les lire sans nous sentir repris ? Que dire de cette avidité vis-à-vis de l’argent, ou de la calomnie, ou même du double langage (dire une chose dans un sens, et une autre dans l’autre sens) ? Combien ces considérations nous sondent !
Le service d’un serviteur semble un sujet de peu d’importance, mais rien dans le service du Seigneur n’est vraiment petit. Le verset 13 affirme précisément qu’un service rendu fidèlement mène à d’autres choses plus élevées et plus vastes. On en a une belle illustration dans l’histoire ultérieure de deux des serviteurs mentionnés en Actes 6:5. Étienne avança et devint le premier martyr chrétien, et Philippe devint un prédicateur de l’évangile ayant beaucoup servi, le seul homme qualifié d’évangéliste dans l’Écriture (Actes 21:8). Tout vrai serviteur de Dieu commence par de petites choses humbles ; que personne d’entre nous ne les méprise donc, ni ne les esquive, comme nous sommes naturellement enclins à le faire.
Remarquez l’expression du verset 7 : « ceux de dehors ». Aux débuts de l’assemblée, les choses étaient clairement définies. Un homme était soit au-dedans de l’église de Dieu, soit il faisait partie du grand monde au-dehors, car l’assemblée et le monde étaient visiblement distincts. Maintenant, hélas, il en va autrement. Le monde a envahi l’église, et les lignes de démarcation sont brouillées ; non pas brouillées aux yeux de Dieu, mais très brouillées à nos yeux. Il est par conséquent bien plus difficile pour nous de comprendre le caractère merveilleux de la maison de Dieu, et la conduite qui lui convient.
Le v. 15 nous dit que la maison de Dieu est l’assemblée du Dieu vivant. Nous devons évidemment comprendre que le fait de faire partie de l’assemblée, et donc d’être dans la maison, n’est pas une simple idée vide de sens pratique. Le Dieu vivant y habite, et Il a dit : « J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai » (2 Cor. 6:16). Il scrute tout, et Il opère là, selon ce que nous voyons en Actes 5:1-11. Nous devrions donc être caractérisés par une conduite qui convienne.
L’assemblée est encore appelée « la colonne et le soutien [ou : la base] de la vérité ». Les colonnes avaient un double usage. Elles étaient largement utilisées comme supports, mais elles étaient aussi souvent érigées non pas pour supporter quelque chose, mais pour porter une inscription comme mémorial. Nous pensons que l’apôtre fait référence ici à ce second usage. Dieu veut que la vérité ne soit pas seulement affirmée dans des paroles inspirées dans l’Écriture, mais qu’on en voie des exemples dans la vie des Siens. L’assemblée doit être comme une colonne dressée sur sa base et sur laquelle la vérité est inscrite pour que tous la voient, et cela d’une manière vivante car l’église est « l’assemblée du Dieu vivant ».
L’église n’est pas le docteur qui fait autorité, et elle n’est pas non plus l’interprète de la vérité comme Rome le revendique, mais elle est le témoin vivant de la vérité qui est annoncée avec autorité dans l’Écriture. Il est extrêmement important de faire la différence entre ces deux choses, et de les garder chacune à leur place dans nos esprits. L’AUTORITÉ réside dans la parole même de Dieu, que nous avons dans l’Écriture seule. Le témoin vivant de ce que l’Écriture annonce se trouve dans l’assemblée, mais pour le moment ce témoignage est tristement obscurci, même si en gloire, il sera parfait et complet. Comparez Jean 17:23 et 17:21, et remarquez que ce que le monde a manqué de « croire » maintenant, il le « connaîtra » quand l’assemblée sera parfaite dans la gloire.
Si le verset 15 parle de l’assemblée comme témoin de la vérité, le verset 16 donne un magnifique développement de ce qui se trouve au cœur de la vérité, la révélation de Dieu Lui-même, dont il est parlé comme étant le « mystère de la piété ». La pensée ici n’est pas du tout que la piété soit une chose mystérieuse. La force de la phrase est plutôt de souligner l’incontestable grandeur de la source cachée d’où découle une piété telle que celle dont il est parlé ici. La piété manifestée par les croyants au cours des siècles a toujours été en harmonie avec la connaissance de Dieu dont ils disposaient, sans jamais aller au-delà. Le Nouveau Testament indique incontestablement un type de piété plus élevé que celui de l’Ancien Testament. Mais, pourquoi ? Parce que nous n’avons pas maintenant une révélation partielle de Dieu, mais nous en avons une complète.
La piété que l’apôtre enjoint d’avoir, n’est produite qu’en connaissant Dieu. C’est dans la révélation de Dieu que se trouve son grand « mystère » ou « secret ». C’est un secret, parce que sa nature est telle que le monde ne peut pas l’apprécier, mais seuls les croyants le peuvent. « Dieu a été manifesté en chair » en Christ, mais en Le voyant, les incrédules n’ont trouvé en Lui aucune apparence pour le leur faire désirer (És. 53:2) ; seuls les croyants, en Le voyant, voyaient le Père. Le verset 16 est donc un condensé ou sommaire de la manière dont Dieu s’est révélé en Christ.
Le v. 16 est un verset qui échappe à la plus profonde méditation — comme on pouvait s’y attendre. Il consiste en sept énoncés concis, six d’entre eux résumant la grande révélation. Le premier des six nous montre Dieu manifesté dans Son Humanité, et le dernier nous montre l’Homme Christ Jésus, en qui Dieu a été manifesté, élevé dans la gloire. Les quatre autres nous donnent différentes manières par lesquelles cette manifestation fut réalisée.
· Dieu a été « justifié en Esprit ». Comparez avec Romains 1:4. La résurrection a justifié Jésus, Le déterminant « Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté », alors que le monde l’avait crucifié comme un imposteur. Après tout, Il était Dieu manifesté en chair.
· « Vu des anges ». Les anges avaient-ils jamais réellement vu Dieu auparavant ? Certainement pas comme ils Le virent lors de la grande explosion de louange angélique à Bethléhem.
· « Prêché parmi les nations » ou « proclamé parmi les nations », car Il avait été manifesté si réellement d’une manière historique au point de devenir le sujet du témoignage de l’évangile parmi les peuples éloignés des scènes de Sa manifestation effective.
· « Cru au monde ». Non pas par le monde, mais au monde, ou dans le monde. Bien que le monde ne Le connût pas encore, Sa manifestation n’était pas quelque chose d’impalpable, n’existant que dans la conscience subjective des spectateurs ou auditeurs, mais quelque chose de réel et objectif, vérifié par des témoins compétents, et reçu d’eux par ceux chez lesquels il y avait de la foi.
Celui qui connaît par la foi ce Christ vrai, réel et historique, le vrai Dieu manifesté en chair, qui a été élevé dans la gloire comme Homme, celui-là possède le secret d’une vie de piété. Aucun incrédule ne peut être pieux, même si ses dispositions comme homme naturel sont les plus bienveillantes et les plus aimables.
Le verset 1 du ch. 4 est à lire en relation avec les deux derniers versets du ch. 3. Dieu demeure dans l’assemblée, qui est Son habitation par le Saint Esprit, et l’assemblée est la colonne sur laquelle la vérité est inscrite. Or l’Esprit qui y habite parle pour défendre la vérité, avertissant des artifices du diable auxquels il faut s’attendre dans les derniers jours, et Il parle « expressément » (il n’y a rien de vague dans ses paroles).
Quand l’apôtre écrivait, le Saint Esprit donnait encore des messages inspirés par les prophètes, comme on le voit en Actes 13:2. Les apôtres et les prophètes qui étaient les véhicules de l’inspiration appartiennent au fondement de l’assemblée (voir Éph. 2:20) et l’inspiration a cessé, bien que nous en ayons le résultat dans les Saintes Écritures. Pourtant bien qu’Il ne parle plus de cette manière qui fait autorité, Il demeure avec nous pour toujours, et Ses directions peuvent être souvent perçues par ceux qui ont des yeux pour voir.
On a souvent cru que l’avertissement de l’Esprit des trois premiers versets s’appliquait au catholicisme romain. Nous croyons qu’il s’agit plutôt d’un trafic délibéré avec les démons tel qu’on le voit aujourd’hui dans le spiritisme. Il est vrai que Rome impose le célibat à son clergé, ce qui ressemble à un accomplissement du début du verset 3. Le spiritisme préconise d’être à la fois célibataire et végétarien pour être un bon « médium », ce qui répond aux deux parties du v. 3. (*)
(*) Note Bibliquest : on retrouve ces idées aujourd’hui chez des adeptes du retour à la nature
Le Saint Esprit nous avertit alors qu’Il sera imité dans Son parler par des esprits profanes et séducteurs, dont l’objet est toujours de détourner de la foi. Ils peuvent se présenter comme très cultivés, et désireux de raffiner notre nourriture pour des motifs esthétiques, et il est possible que ceux qu’ils dupent, et qui agissent en tant que médium, n’aient rien d’autre à l’esprit ; mais le démon impur qui manipule celui qu’il trompe a d’autres pensées, et son but ultime est toujours de renverser la foi. S’ils peuvent détourner de la foi, et inculquer leurs doctrines, leur but est atteint.
Les hommes peuvent élever des préjugés contre la saine doctrine en la qualifiant de dogme, mais ils finissent seulement par lui substituer quelque autre doctrine, probablement des doctrines de démons. Vous voyez donc bien qu’après tout, la DOCTRINE IMPORTE VRAIMENT.
Dans les premiers versets de notre chapitre, l’avertissement de l’Esprit concerne les doctrines de démons, lesquelles, si on les reçoit, détournent complètement les hommes de la foi. Au verset 7 l’avertissement porte sur un danger d’un ordre quelque peu différent : « les fables profanes et de vieilles femmes ». Timothée est pressé de tenir ferme contre ces deux erreurs.
Les instructions de l’apôtre au verset 6 semblent avoir spécialement en vue le premier de ces dangers. Nous avons à nous souvenir de « ces choses », ce qui fait allusion non seulement à ce qui vient d’être dit aux versets 4 et 5, mais aussi à la grande vérité développée en 3:16, et même à toutes les instructions antérieures de l’épître, car le verset 4:6 ne peut être dissocié du verset 3:14. Ainsi nous, tout comme Timothée, nous pouvons être nourris des paroles de la foi et de la saine doctrine, ce qui nous rendra effectivement résistants aux doctrines séductrices du diable. Mais cette saine doctrine doit être « comprise » ou « suivie avec exactitude », car ce n’est qu’en devenant pleinement familier avec la vérité, qu’on peut détecter l’erreur, et donc la refuser.
La piété est mise en contraste avec les fables profanes et de vieilles femmes, d’où nous déduisons qu’elles concernaient principalement les idées et habitudes superstitieuses qui ont toujours joué un si grand rôle dans le monde païen, et qui s’infiltrent si facilement dans la chrétienté. Le pauvre esprit du païen est esclave de superstitions sans fin qui sont censées apporter la bonne chance et conjurer la malchance ; et toutes ces coutumes font beaucoup plus appel à des femmes qu’à des hommes, et elles les influencent beaucoup plus. D’où l’expression utilisée par l’apôtre : « des fables de vieilles femmes ». Or la piété apporte DIEU Lui-même dans les détails de la vie, car elle est basée sur l’espérance dans le Dieu vivant dont parle le verset 10.
Il est à la fois triste et instructif de remarquer l’influence croissante de la superstition parmi les chrétiens de nom ces dernières années. La guerre, sans aucun doute, lui a donné une grande impulsion quand des centaines de milliers, voire des millions de porte-bonheur ont été fabriqués pour la protection des soldats. Leur culte s’est répandu partout, et les mascottes abondent maintenant, et de plus en plus de gens observent des coutumes prévues pour apporter la bonne chance ou détourner la malchance. Tout ceci prouve le déclin de la piété. Si on exclut Dieu de la vie, ces abominations stupides prennent la place.
Notre Dieu est le Dieu VIVANT. Rien ne Lui échappe et Il « est le conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles ». Le pauvre païen qui bénéficie d’une merveilleuse délivrance peut l’attribuer au pouvoir du fétiche que le guérisseur lui a donné. L’automobiliste anglais et chrétien de nom, qui vient d’échapper à un épouvantable accident, peut déclarer qu’il ne lui arrive jamais de mal tant qu’il a sa mascotte, son chat noir à bord — il ne lui a jamais fait défaut. Les deux ont tort, mais le dernier est bien plus coupable. Les deux sont victimes des « fables profanes et de vieilles femmes ». La vérité c’est que leurs délivrances sont venues, directement ou indirectement, de la main de Dieu.
La miséricorde préservatrice de Dieu est spécialement active envers ceux qui croient ; une confiance simple en Lui devrait donc nous caractériser. Elle caractérisait Paul, et lui faisait traverser labeurs et opprobres. Nous devons nous exercer nous-mêmes à la piété. C’est un exercice mental bien plus profitable qu’un simple exercice physique. Celui-ci est profitable à peu de choses, et des choses petites, tandis que la piété est utile à toutes choses, « ayant la promesse de la vie présente, et de celle qui est à venir ».
Arrivés là, récapitulons un peu. La piété, peut-on dire, est le thème principal de l’épître, et elle nous est prescrite parce que nous sommes de la maison de Dieu. La connaissance de Dieu Lui-même tel que révélé en Christ en est la source secrète, et la piété consiste avant tout dans cette conscience d’être devant Dieu, ce fait d’introduire Dieu dans tous les détails de nos vies quotidiennes, qui est le résultat de l’espérance qu’on a dans le Dieu vivant. Tout ceci a été placé devant nous, et la question se pose maintenant naturellement de savoir si l’on peut donner des instructions pratiques susceptibles d’aider à cet exercice de la piété que requiert le verset 7.
Les versets 12 à 16 fournissent amplement la réponse. Timothée était jeune homme, et il devait cependant être en exemple aux fidèles qui devaient voir chez lui l’expression de la piété, une piété qui affecte les paroles, la conversation, la conduite, l’amour, la foi et la pureté. Pour cela, il fallait qu’il s’attache avec zèle à la lecture, à l’exhortation et à l’enseignement. La lecture à laquelle il est exhorté était, je suppose, la lecture publique, généralement en présence de croyants, qui était d’autant plus nécessaire que les copies des Écritures étaient peu nombreuses et rares. Cela devrait imprimer en nous, encore aujourd’hui, l’importance de la lecture des Écritures en privé et en public. Quand Paul était venu, Timothée avait eu la joie d’entendre la parole de Dieu des lèvres inspirées de l’apôtre ; jusqu’à ce qu’il le revoie, il devait tenir le plus grand compte de la parole inspirée sous forme écrite.
Le chrétien qui néglige l’étude de la parole de Dieu ne fait jamais beaucoup de progrès dans les choses de Dieu, ni dans le développement du caractère chrétien. « Attache-toi à la lecture » devrait être un mot d’ordre pour chacun de nous, car ce n’est que dans la mesure où l’on est bien approvisionné soi-même qu’on peut aider les autres.
Timothée devait exhorter et enseigner les autres, et pour cela un don lui avait été confié d’une manière spéciale. De là la seconde instruction de ne pas négliger le don de grâce qui était en lui. En lisant nous recevons ; en exhortant et enseignant, nous donnons. Nous n’avons pas tous reçu un don spécial, mais nous sommes tous responsables de donner d’une manière ou d’une autre, et si nous le négligeons, c’est au péril de notre bien spirituel.
« Occupe-toi de ces choses », ou « médite ces choses », est la troisième parole placée devant nous. En lisant, nos âmes sont bien approvisionnées de la vérité. En méditant, on s’approprie la vérité dans sa force et sa portée. Le bœuf ne broute pas seulement dans le pâturage, mais il se couche aussi pour ruminer : de même nous avons besoin de ruminer, de repasser les choses dans nos esprits, car ce n’est pas ce que nous mangeons qui nous nourrit, mais ce que nous digérons. Si nous méditons sur les choses de Dieu, les pénétrant jusqu’à ce qu’elles nous contrôlent, alors notre profit, notre progrès spirituel deviendra manifeste à tous.
Au verset 16 se trouve une quatrième parole, de grande importance si nous désirons croître dans les chemins de la piété : « Sois attentif à toi-même et à l’enseignement ». Tout d’abord nous devons bien avoir devant nous la vérité elle-même, qui est exposée dans la doctrine. Puis nous devons faire attention à nous-mêmes à la lumière de la vérité, nous testant nous-mêmes et testant nos voies par son moyen, les modifiant selon ce qu’exige cette vérité. C’est ceci qui est bien sûr crucial.
Trop souvent la vérité de Dieu a été abordée d’une manière purement théorique, comme un simple sujet de débat, une sorte de champ de bataille intellectuel. Quand cependant on se trouve devant elle d’une manière pratique, on réalise tout de suite les discordances qui existent entre elle d’une part, et nous-mêmes et notre conduite d’autre part ; cela soulève alors de graves questions. On est d’abord tenté de modifier ou de restreindre quelque peu la doctrine afin de laisser notre conduite intacte et de faire disparaître le plus possible les discordances. Que Dieu veuille nous donner toute grâce pour renverser ce processus, et plutôt de changer notre conduite pour la mettre en conformité avec la doctrine. Ainsi nous serons attentifs à nous-mêmes et à la doctrine, et persévérant dans ces choses nous serons sauvés. Le salut dont il s’agit ici consiste à être sauvé des dangers dont l’Esprit nous a avertis dans ce chapitre, que ce soit les doctrines de démons ou des fables profanes.
Des responsabilités particulières avaient été confiées à Timothée, à la fois quant à l’enseignement et quant à l’ordre dans l’assemblée. Par conséquent s’il restait fidèle et s’il était heureusement délivré de ces dangers, il serait un serviteur utile pour délivrer beaucoup d’autres. Mais ceci pouvait l’amener, dans une mesure, à être en conflit avec d’autres. Un frère âgé pourrait avoir besoin d’être repris, comme le verset 5:1 le montre, et Timothée devait faire attention de ne pas se mettre dans son tort en essayant de le redresser. La vérité nous enseigne à rendre à tous les croyants ce qui leur est dû, tant aux hommes qu’aux femmes, aux jeunes ou aux vieux.
Au verset 3, nous arrivons à la question de la manière de s’occuper des veuves, et ce sujet se poursuit jusqu’au verset 16. Nous pourrions nous demander pourquoi ce sujet est traité si longuement, mais il suffit de se rappeler que c’est justement le premier problème à avoir introduit l’esprit de dispute dans l’assemblée de Dieu, selon le récit d’Actes 6:1-7.
L’instruction générale du passage est tout à fait claire. Les veuves de 60 ans et plus, sans parenté pour les soutenir, devaient être « inscrites », ou mises sur une liste, comme recevant le soutien de l’assemblée si elles avaient été caractérisées par la piété et les bonnes œuvres. L’assemblée doit soulager celles qui sont « vraiment veuves », mais pas les autres. Que cet ordre est sage !
D’autres instructions sont données en passant. Remarquez l’enseignement clair donné aux enfants et descendants (le mot est vraiment « descendants » plutôt que « neveux » comme on le trouve dans certaines versions) sur leur responsabilité de soutenir leurs parents. C’est la manière de montrer leur piété chez eux. Retenons bien cela dans nos esprits, car on l’oublie trop facilement de nos jours où il y a beaucoup d’allocations et autres formes de soutien public. Le verset 8 dénonce très sévèrement celui qui évite ou néglige ce devoir, et cela montre la gravité d’un tel péché aux yeux de Dieu. Il peut y avoir des gens très connus pour leur piété en public, et qui sont néanmoins stigmatisés comme pires qu’un incrédule à cause de leur manque de piété chez eux.
Les caractéristiques d’une femme « vraiment veuve » selon le verset 5 méritent d’être notées. Une femme chrétienne qui, aux jours de sa prospérité, s’est adonnée aux bonnes œuvres telles qu’énumérées au verset 10, reconnaîtrait qu’après tout, il ne s’agit que du secours de Dieu lui-même apporté aux affligés par son moyen. C’est Lui le Donateur, et elle n’en est que le canal. Maintenant la position est inversée, et elle sait bien qu’elle ne doit pas regarder aux canaux, mais à la puissante Source de tout. C’est pourquoi sa confiance est en Dieu, et c’est à Lui qu’elle s’attend dans la prière. Elle aussi est marquée par cette confiance dans le Dieu vivant qui est un élément si important de la piété pratique.
En contraste avec ceci, voici une veuve qui vit « dans le plaisir », ou « dans l’habitude de se complaire à soi-même ». Une telle personne verrait la vie selon les idées du monde, et elle est déclarée ici « morte en vivant » — c’est-à-dire pratiquement morte quant aux choses de Dieu.
Des croyants mondains demandent parfois, plutôt en se plaignant, la raison pour laquelle ils ne font pas de progrès spirituels, et qu’ils n’ont guère de joie spirituelle. Le verset 6 fournit une réponse. Il n’y a rien de plus aveulissant que l’habitude de ne rien se refuser dans le plaisir. Le plaisir peut être une vie d’un genre mondain, mais c’est une mort spirituelle, car l’âme est morte pour Dieu et pour les choses de Dieu.
Les mauvais effets de l’oisiveté sont présentés avec force dans ce passage. Les jeunes veuves ne devaient pas être soutenues aux frais de l’église, de peur qu’en l’absence d’occupation bien définie, leur affection pour Christ décline, et qu’elles tombent sous le jugement (non pas sous la « damnation » comme dans certaines versions, ce qui est un mot trop fort). Leur oisiveté les amènerait assurément aux commérages et à s’ingérer dans les affaires d’autrui, ce qui est désastreux au plus haut point pour le témoignage de Dieu. L’oisiveté au vingtième siècle produit exactement la même moisson de mauvais fruits qu’au premier siècle.
D’autres instructions sur les anciens sont données aux versets 5:17-19. Un ancien n’était pas nécessairement reconnu comme docteur de la parole de Dieu, bien qu’il dût être apte à enseigner (3:2). « Ceux qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement » devaient être estimés dignes d’un double honneur, et cet honneur devait s’exprimer d’une manière pratique, selon les éventuels besoins. Si certains d’entre eux manquaient de choses matérielles, il fallait y pourvoir selon les indications de l’Écriture. La première citation au verset 18 provient bien de l’Ancien Testament (Deut. 25:4), mais la seconde provient du Nouveau Testament (Luc 10:7). C’est une preuve intéressante que l’évangile selon Luc circulait déjà, et était reconnu comme la parole inspirée de Dieu, au même titre que l’Ancien Testament.
Par-dessus tout, Timothée devait être mu par le souci de la gloire de Dieu dans Sa maison. Ceux qui avaient péché devaient être repris publiquement, pour que tous les croyants en soient avertis, et donc rappelés à l’ordre. Seulement le plus grand soin devait être pris pour que rien qui ressemblât à de la partialité ne s’introduise subrepticement. Rien n’est plus banal dans le monde que le favoritisme, et nous nous formons tous si facilement des préjugés, soit pour soit contre nos frères en Christ. De là cette adjuration solennelle faite à Timothée « devant Dieu et le Christ Jésus et les anges élus ».
En relation avec cette adjuration solennelle du verset 21 contre la partialité, vient l’injonction de « n’imposer les mains précipitamment à personne ».
L’imposition des mains exprime la communion et l’identification, comme Actes 13:3 le montre. Barnabas et Saul étaient déjà prophètes et docteurs quand l’Esprit les appela à se lancer dans l’évangélisation des nations. Il n’y avait donc aucune pensée de les « consacrer » quand leurs compagnons d’œuvre leur imposèrent les mains, mais plutôt de leur montrer une pleine communion et identification avec leur mission.
Timothée devait éviter de donner précipitamment son approbation à un homme de peur de découvrir ensuite qu’il avait accrédité quelqu’un d’indigne, et de risquer de se trouver par-là dans la triste situation d’avoir participé à ses méfaits. Le croyant doit faire attention non seulement à sa pureté personnelle, mais aussi à ses associations.
Paul savait évidemment le soin qu’avait Timothée pour sa pureté personnelle, d’où l’instruction du verset 23. Ce verset a souvent été cité dans les débats sur la « tempérance ». Il montre, sans aucun doute, que l’Écriture ne justifie pas la propagande des partisans de réformes extrêmes. Il montre cependant avec autant de clarté qu’un chrétien vraiment pieux, comme Timothée, se gardait tellement du vin qu’il devait être exhorté à en prendre pour des raisons médicales, et qu’alors il ne devait en prendre qu’un peu.
Le verset 24 se rattache au début du verset 22. Beaucoup de choses, bonnes ou mauvaises, ne sont pas du tout publiques ni manifestes, en sorte qu’on peut facilement se tromper dans nos jugements. À la fin cependant, tout sera manifesté, car rien ne peut rester toujours caché. Quelle pensée solennelle !
Dans la période apostolique, comme aujourd’hui, l’évangile a souvent triomphé parmi les pauvres ; c’est pourquoi il y avait un grand nombre de domestiques ou d’esclaves dans l’assemblée. Le chapitre 6 commence par des instructions qui montrent comment la vie de piété s’applique à eux. L’esclavage est étranger au christianisme, mais puisque l’objectif du Seigneur à Sa première venue n’était pas de redresser ce qui ne va pas dans ce monde (voir Luc 12:14), et que ceci ne sera accompli qu’à Son retour, la volonté de Dieu pour les Siens aujourd’hui est d’accepter les conditions qui caractérisent leur époque, et dans ces conditions, d’orner la doctrine et d’honorer Son nom.
Les serviteurs ou esclaves ont la place la plus humble ; ils ont dès lors à être marqués par la sujétion et l’honneur rendu à leurs maîtres. Si ceux-ci étaient eux-mêmes des croyants, loin que ce soit une raison de leur manquer d’égards ou d’amoindrir leur autorité, cela n’était qu’une raison supplémentaire de les servir fidèlement. L’apôtre qualifie ces instructions de « doctrine qui est selon la piété », car c’était de saines paroles comme celles données directement par le Seigneur Lui-même.
L’époque actuelle est marquée par une réaction considérable contre l’autorité, même dans les milieux chrétiens. Cela n’a rien de nouveau en soi, car cela se manifestait déjà quand l’épître a été écrite. Il y avait des gens qui enseignaient ce qui était en contradiction avec « les paroles de notre Seigneur Jésus Christ » déjà au premier siècle ; il n’y a donc rien de surprenant que cela abonde dans les derniers temps. L’apôtre écrit très clairement au sujet de ces opposants. Il démasque leur vrai caractère. Ils étaient marqués par l’orgueil et l’ignorance. Combien ces deux choses vont souvent ensemble ! Moins un homme en sait sur Dieu et sur lui-même, plus il s’imagine avoir de quoi se vanter. La vraie connaissance de Dieu et de soi-même chasse tout de suite l’orgueil.
Le verset 4 montre aussi clairement ce qui résulte du rejet de l’autorité du Seigneur. Questions et disputes de mots viennent au grand jour. Ceci est bien sûr inévitable, vu que, si l’autorité du Seigneur est mise de côté, tout n’est plus qu’une question d’opinion ; dès lors, l’opinion d’un homme est aussi bonne que celle d’un autre, et les batailles d’arguments et les disputes de mots se poursuivent indéfiniment, et toutes sortes de jalousies et de conflits fleurissent.
Les hommes qui disputent ainsi montrent un entendement [manière de pensée] corrompu et privé de la vérité, et que derrière leurs pensées d’orgueil, ils ont l’idée que le gain personnel est le but ultime et réel de la piété, et qu’un homme n’est pieux qu’à cause de ce qu’il peut en tirer. Si telle est leur idée, alors bien sûr ils ne plaideront pas en faveur d’un esclave accomplissant son service comme le verset 2 le demande, puisque le gain qui en sortirait ne bénéficierait qu’au maître et non pas à lui. La vérité est que le but de la piété n’est pas le gain, mais Dieu, bien que, comme l’apôtre l’ajoute de manière saisissante : « la piété avec le contentement est un grand gain ». Marcher comme dans la présence du Dieu vivant, avec une confiance simple dans Sa bonté, et avec le contentement du cœur, c’est un très grand gain d’ordre spirituel.
Il faut reconnaître que nous ne sommes que des gérants à vie de tout ce que nous possédons. Nous sommes entrés dans le monde sans rien avoir, et nous en sortons sans rien non plus. Dieu peut bien nous donner beaucoup pour notre jouissance, mais d’un autre côté nous devrions être contents d’avoir juste le nécessaire pour vivre — la nourriture et les vêtements. C’est un modèle de haut niveau, que peu atteignent, mais l’apôtre lui-même l’a atteint. L’exhortation du verset 8 nous est très nécessaire de nos jours.
De tous côtés nous trouvons des personnes qui désirent vraiment devenir riches ; faire de l’argent est le but suprême de leur vie. Le chrétien n’est que trop facilement contaminé par cet état d’esprit, pour sa plus grande perte. Le verset 9 ne parle pas de ceux qui sont riches, comme le fait le verset 17, mais de ceux qui veulent devenir riches, c’est-à-dire que c’est là l’objectif qu’ils se sont fixé. De telles personnes sont prises au piège de beaucoup de convoitises qui, dans le cas de l’homme du monde, le plongent dans la destruction et la ruine. Il en est ainsi, aussi bien s’ils réussissent à atteindre leur but d’amasser des richesses, ou s’ils échouent, car ce qui détourne les hommes de la foi et les transperce de douleurs, c’est la convoitise de l’argent, et non pas seulement son acquisition ou son mauvais usage. L’amour de l’argent est déclaré être la racine de toutes sortes de maux. Il ne s’agit pas de dire que la moindre trace de mal dans le monde se ramène à l’amour de l’argent, mais l’amour de l’argent est une racine à partir de laquelle poussent toutes les variétés de mal, selon les occasions.
L’appel adressé à Timothée dans les versets 11 à 14 place devant nous la volonté de Dieu pour le croyant, laquelle n’est pas du tout, et est même opposée à l’idée que le gain serait la piété suivie d’amour de l’argent.
L’apôtre s’adresse à Timothée ici comme à un « homme de Dieu ». Le sens de ce terme est évident au vu de l’usage qu’en fait l’Écriture. Il désigne un homme qui se tient avec Dieu et qui agit pour Dieu dans des circonstances critiques, alors que la majorité de ceux qui professent Lui appartenir se montre infidèle à Sa cause.
L’homme de Dieu, et même tous les vrais croyants pour de pareilles questions, doivent fuir toutes ces mauvaises choses issues de l’amour de l’argent, et ils doivent poursuivre celles qui sont le fruit de l’Esprit. Six beaux caractères sont énumérés, qui se rattachent les uns aux autres comme une grappe de fruits, en commençant par la justice, qui doit toujours venir en tête dans un monde d’injustice et de péché, et en finissant par la douceur d’esprit, qui est l’opposé de ce que nous sommes par nature ; cette douceur d’esprit concerne notre esprit, tandis que la justice concerne nos actes.
Si nous poursuivons de telles choses, nous verrons alors immédiatement de l’opposition. Il y a beaucoup d’opposition dans la poursuite de l’argent, car nous sommes dans un monde de concurrence. Faire de l’argent devient un combat banal, et même assez sordide dans certains cas. Il y a aussi un combat si nous poursuivons ce qui plait à Dieu, seulement ce combat-ci est un combat de la foi, car nos adversaires y sont le monde, la chair et le diable ; et rien si ce n’est la foi dans le Dieu vivant ne peut prévaloir contre eux.
De plus, ces choses excellentes du v. 11 émanent de cette vie éternelle qui est la portion de celui qui croit au Fils de Dieu, et elles expriment cette vie. Nous avons cette vie, comme le disent si clairement et abondamment les écrits de l’apôtre Jean, et pourtant nous sommes exhortés à nous en emparer, car c’est une vie dépendante : c’est Christ qui en est la source et l’objet. Nous nous en emparons, en nous saisissant par la foi de Lui et de tout ce qui trouve son centre en Lui. Les hommes du monde se saisissent de gains terrestres, au moins autant qu’ils en peuvent prendre dans leurs mains. Nous, nous sommes appelés à la vie éternelle, et à nous en saisir en nous occupant de tout ce en quoi elle consiste d’un point de vue pratique.
Timothée avait fait une belle confession de foi, et maintenant il lui est solennellement ordonné devant Dieu qui est la Source de toute vie, et devant le Christ Jésus qui a été le grand Confesseur de la vérité devant les plus hautes autorités du monde, de marcher selon ces instructions d’une manière irrépréhensible jusqu’au moment où la responsabilité du serviteur cessera.
Le moment vient où le Seigneur Jésus apparaîtra dans Sa gloire, et alors le serviteur fidèle verra l’heureux fruit de sa fidélité et de sa belle confession. Ce moment est fixé par le bienheureux et seul Souverain dont rien ne peut faire échouer les desseins, qui demeure dans la splendeur éternelle, hors de la portée des yeux des mortels.
Remarquez à quel point l’Écriture identifie complètement le Seigneur Jésus et Dieu. Aux versets 14 à 16, il n’est pas facile de discerner duquel des deux il est parlé. Il apparaît cependant que, dans ce passage, c’est Dieu qui est le Roi des rois et le Seigneur des Seigneurs, et qui va présenter le Seigneur Jésus dans Sa gloire le moment venu (« au temps propre »). En Apocalypse 19:16, c’est sans aucun doute le Seigneur Jésus qui est Roi des rois et Seigneur des seigneurs.
Observez aussi la force de l’expression « qui seul possède l’immortalité », car il ne manque pas de gens qui essayent de s’appuyer dessus pour nier l’immortalité de l’âme humaine, et pour enseigner son anéantissement. Cette expression veut dire bien sûr que Dieu seul a l’immortalité d’une manière essentielle et absolue. Si des créatures la possèdent, elle l’ont par dérivation de Lui. Si cela voulait dire que, d’une manière effective, Dieu seul est immortel, nous devrions bien sûr accepter alors la disparition finale de tous les saints, et même des saints anges. Lue de cette manière, cette expression va trop loin même pour les partisans de l’anéantissement.
Ayant attribué « honneur et force éternelle ! » au Dieu immortel et invisible, devant lequel Timothée devait marcher, en restant loin de l’esprit et de la conduite de ceux dont l’objet principal est d’acquérir des richesses, l’apôtre adresse ses instructions au verset 17 aux croyants qui sont « riches dans le présent siècle ». Ses paroles indiquent tout d’abord les dangers qui se rattachent à la possession de richesses. Celle-ci a tendance à rendre l’esprit hautain, et à détourner le possesseur de la confiance en Dieu pour lui faire mettre sa confiance dans l’argent. L’homme du monde qui est riche se croit naturellement très important, et il se sent à l’abri des troubles ordinaires et des luttes de l’humanité. Le chrétien riche ne doit pas s’imaginer que son argent lui donne le droit de dominer l’assemblée de Dieu, ou de dominer sur ses frères et sœurs en Christ.
En second lieu Paul nous montre les privilèges attachés à la richesse. Celle-ci peut être utilisée au service de Dieu, pour aider les Siens ; et ainsi celui qui commence par être riche en argent peut finir par être riche en bonnes œuvres, ce qui est une richesse bien plus durable. Les richesses terrestres sont incertaines, et celui qui en amasse pour lui-même peut voir sa réserve tristement épuisée au moment où il en aura le plus besoin. Celui qui se sert de ses richesses pour le service de Dieu, amasse un bon fondement de récompense pour l’éternité, et pendant ce temps sa confiance est dans le Dieu vivant qui, après tout, ne nous refuse pas ce qui est bon, mais nous le donne richement pour en jouir. Ceux qui détiennent et utilisent leurs possessions comme des intendants responsables vis-à-vis de Dieu, c’est justement à eux que l’on peut faire confiance pour jouir des dons de Dieu sans en faire mauvais usage.
À propos du verset 4:10, nous avons vu que la confiance dans le Dieu vivant est l’essence même de la piété. Nous retrouvons cette expression ici au verset 6:17. Les chrétiens riches doivent être pieux, et consacrer leur énergie, non pas à se saisir de choses plus grandes dans ce monde, mais à se saisir de « ce qui est vraiment la vie » (c’est ainsi qu’il faut lire). La vraie vie ne se trouve pas dans l’argent et dans les plaisirs qu’il procure (voir 6:6), mais dans la connaissance et le service de Dieu.
La dernière responsabilité confiée à Timothée est très frappante. Il lui avait été confié en dépôt la connaissance et le maintien de la vérité révélée de Dieu, comme le dit plus complètement 2 Timothée 3:14-17. Il fallait qu’il garde cela jalousement, car la vérité était mise en danger, d’un côté par des discours vains et profanes (sans doute des enseignements insensés, proches des fables profanes et de vieilles femmes de 4:7), et d’un autre côté par « la connaissance [ou : science] faussement ainsi nommée ». Cette expression admet clairement et implicitement l’existence d’une vraie science, en complète harmonie avec la révélation. Elle affirme clairement qu’il y a deux mille ans déjà, il y avait une science [ou : connaissance] faussement ainsi nommée qui s’opposait à la révélation. Elle était largement formée des spéculations des philosophes. La science faussement ainsi nommée d’aujourd’hui est aussi composée d’une connaissance partielle basée sur des observations imparfaites et inexactes, largement mêlées à de la spéculation, souvent extravagante. Si ce type de « science » est professé, la foi est complètement perdue.
Vis-à-vis de tout ceci, les instructions sont très simples. Fuis les discours vains et profanes, et FUIS la connaissance faussement ainsi nommée autant que les discours vains. Nous aurons besoin de la grâce de Dieu pour le faire ; d’où cette parole finale : « Que la grâce soit avec toi ! » Amen !