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Quel est l’appel du chrétien ?

Frank Binford Hole [ajouts bibliquest entre crochets]

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Table des matières :

1        [Importance de marcher d’une manière digne de l’appel]

2        [L’appel implique une séparation]

3        [Aspect individuel de l’appel. Ce qu’il est]

3.1      [La relation à laquelle nous sommes appelés]

3.2      La place ou la sphère à laquelle nous sommes appelés

3.3      Dotation de l’appel = ce qui est donné avec l’appel

3.4      [Appel seulement de rachetés, nés de nouveau — 1 Pierre 1 et 2]

4        [Aspect collectif de l’appel de l’église — Éph. 2:10-22]

4.1      [Appel des Gentils et des Juifs — Éph. 2:13-14]

4.2      [Unité Juifs / Gentils par la création d’un seul homme nouveau — Éph. 2:15]

4.3      [Unité Juifs / Gentils en un seul corps — Éph. 2:16]

4.4      [Accès au Père par un seul Esprit — Éph. 2:18]

4.5      [Les grands faits de l’appel de l’église, maison et corps — Éph. 2:19-22]

5        [Qui constitue l’Église ? trois aspects]

5.1      Tous les saints  entre la Pentecôte et l’enlèvement

5.2      Tous les saints sur la terre aujourd’hui

5.3      Église (assemblée) locale

6        [Le témoignage de l’Église]

6.1      Immenses richesses de la grâce — Éph. 2.7

6.2      Témoignage à la sagesse si diverse de Dieu — Éph. 3:10

6.3      Témoigner de Christ

6.4      Redresser le monde ne se fera que par Christ

6.5      Tirer un peuple pour Son nom ou amélioration de la société ?

6.6      Produire des fruits de la vie divine

6.7      Exercice des dons

6.8      Objectif : Bâtir l’église

 

 

1        [Importance de marcher d’une manière digne de l’appel]

L’une des exhortations les plus impressionnantes que nous a laissées l’apôtre Paul dans les pages de l’Écriture Sainte est la suivante : «Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés» (Éph. 4:1). À toutes les époques, l’appel de Dieu a été le facteur déterminant dans la vie de tous les saints qui ont voulu vivre selon cet appel. Il doit en être ainsi aujourd’hui pour nous qui sommes chrétiens, et c’est donc notre responsabilité solennelle d’apprendre des écrits apostoliques quelle est la nature de l’appel par lequel Dieu nous a appelés ; et l’ayant découvert, de marcher de manière qui soit en accord avec cet appel. Nous nous proposons de rechercher ce qu’est l’appel chrétien, dans la mesure où nous savons que «les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir» (Rom. 11:29) ; c’est-à-dire que Dieu ne «se repent» jamais, autrement dit ne «change pas Son dessein». Son dessein et ce qu’Il établit dans Son appel, demeure pour toujours.

 

2        [L’appel implique une séparation]

La première occasion où l’appel de Dieu apparaît est en Genèse 12:1, où nous lisons que, «l’Éternel avait dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai». Le Nouveau Testament rapporte ceci de la manière suivante : «Par la foi Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller ...» (Héb. 11:8). Nous trouvons ici immédiatement un trait majeur qui marque l’appel de Dieu tout au long de l’Écriture, quelle que soit la nature de l’appel. Il implique pour ceux qui sont appelés une séparation d’avec la masse de l’humanité. Il en est ainsi, soit que Dieu appelle un individu (Il le sépare de son pays, de sa parenté et de la maison de son père), soit qu’Il appelle une nation, ou plus tard encore une assemblée composée d’individus [l’église] : Il appelle d’entre toutes les nations.

De cet appel d’Abraham est né l’appel d’Israël en tant que nation, et cet appel les a séparés non seulement de l’Égypte, mais de tous les autres peuples. Le prophète a déclaré : «Quand Israël était jeune, je l’ai aimé, et j’ai appelé mon fils hors d’Égypte» (Osée 11:1). Bien que cela fût une lointaine référence au Seigneur Jésus selon Matthieu 2:15, la référence visait plus directement cette nation d’après Exode 4:22-23. De plus, la prophétie de Balaam disait : «C’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations» (Nombres 23:9).

Malgré l’infidélité et l’apostasie d’Israël, le Seigneur Jésus-Christ est né du milieu de cette nation selon la chair. Mais ils L’ont rejeté, ce qui a ouvert la voie à la révélation d’un autre appel de la part de Dieu. Nous avons été «appelés par un saint appel, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce, qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles [= le commencement du monde]» (2 Tim. 1:9), bien qu’elle soit restée cachée dans les pensées de Dieu, et n’ait pas été révélée avant que Christ soit mort et ressuscité et monté au ciel, et que le Saint-Esprit ait été répandu.

Cet appel est celui de l’église, dont nous faisons partie ; si nos pensées s’attachent au fait que la grâce nous a été donnée avant le commencement du monde en vue de notre appel, nous serons prêts à découvrir que nous avons un objectif au-delà et en dehors à la fois du monde et de tout l’ordre de la création matérielle, dans une position et une destinée célestes. L’appel atteindra son plein aboutissement lorsque la création même aura cessé d’exister. C’est cet appel que nous nous proposons maintenant d’examiner dans son cadre scripturaire.

 

3        [Aspect individuel de l’appel. Ce qu’il est]

L’église de Dieu étant composée de saints individuels, l’appel de Dieu atteint nécessairement chacun, et pénètre en chacun de nous, séparément. Nous devons le considérer d’abord de ce point de vue individuel, tout en nous rappelant qu’il ne faut pas dissocier l’appel de l’individu de celui auquel l’église est appelée en tant qu’entité collective, puisque nous lisons : «Vous avez été appelés en un seul corps» (Col. 3:15). Si nous voulons obéir à l’injonction apostolique de marcher d’une manière digne de l’appel, nous devons certainement comprendre ce qu’est notre appel. L’apôtre l’a déployé dans les trois premiers chapitres de l’épître aux Éphésiens.

Sa première prière pour les saints d’Éphèse était : «Que vous sachiez quelle est l’espérance de Son appel» (Éph. 1:18), ce qui se rapporte évidemment à ce qu’il avait indiqué plus haut dans le chapitre, à savoir que Dieu le Père nous a «bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ» et nous a «prédestinés pour nous adopter pour Lui par Jésus Christ» (Éph. 1:3,5). Ces paroles merveilleuses indiquent ce qu’est l’appel, en ce qui concerne la relation, le lieu ou la sphère, et la dotation qu’il implique.

 

3.1       [La relation à laquelle nous sommes appelés]

La relation à laquelle nous sommes appelés peut être exprimée en un seul mot : «filialité», [autrement dit « condition de fils »]. Ce que cela signifie nous est expliqué en Galates 3:23 à 4:7, où la relation actuelle du chrétien en tant que fils est mise en contraste avec la place d’Israël sous la loi, lorsque le saint était comme un enfant mineur, et donc sous la tutelle d’un maître d’école, ne différant en rien d’un esclave. Notre condition de fils est le fruit de l’apparition du Fils de Dieu et de Son œuvre, nous rachetant non seulement de la malédiction de la loi violée, mais aussi de tout le système de la loi. L’œuvre du Christ a été suivie par l’envoi du Saint-Esprit dans nos cœurs, de sorte que nous pouvons connaître la relation, et y être amenés, et avoir la capacité de répondre à Dieu comme notre Père.

Nous ne devons jamais négliger le fait que non seulement nous sommes dans la relation de fils «pour Lui par Jésus Christ», mais que nous sommes là comme «agréables dans le Bien-Aimé» (Éph. 1:6). Ce n’est pas seulement PAR Lui, mais EN Lui, en tant que Celui qui est infiniment agréable. Nous participons à Sa vie et à Sa nature, et donc la filialité (condition de fils) n’implique pas seulement l’intelligence dans la connaissance de Dieu et de Ses choses, comme nous le voyons en Galates, mais aussi l’amour. C’est ce que nous voyons en Éphésiens 1, car notre destinée ultime est d’être «saints et irréprochables devant Lui en amour» (Éph. 1:4). Déjà aujourd’hui, nous nous tenons saints et irréprochables devant Lui, débarrassés judiciairement de tout ce qui se rattachait à nous autrefois, et l’amour de Dieu le Père envers nous est aussi réel et fort qu’il le sera jamais. Mais dans l’ère à venir, ce qui est vrai de nous maintenant judiciairement sera vrai de nous absolument et pour toujours.

 

3.2       La place ou la sphère à laquelle nous sommes appelés

La place ou la sphère à laquelle nous sommes appelés n’est pas quelque endroit sur la terre, car nos bénédictions sont «spirituelles» et il est dit d’elles qu’elles sont «dans les lieux célestes en Christ». Notre appel est «en haut», selon Philippiens 3:14, et ailleurs il est dit que nous sommes «participants de l’appel céleste» (Héb. 3:1). En contraste avec ceci, Abraham fut appelé «au pays que je te montrerai» (Gen. 12:1). C’est aussi à ce pays que les enfants d’Israël furent appelés lorsqu’ils sortirent d’Égypte, — un pays dont Dieu a dit qu’il «était ruisselant de lait et de miel» (Ex. 3:17). L’appel de Dieu à Israël se réalisera dans l’ère millénaire, mais l’appel de l’église envisage une toute autre sphère. Même à Israël, l’Éternel avait dit : «Comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi ... mes pensées sont élevées au-dessus de vos pensées» (Ésaïe 55:9). Et nous pouvons appliquer ces paroles à nous-mêmes au sens le plus fort, plus que ce qu’Israël ne pourra jamais connaître.

 

3.3       Dotation de l’appel = ce qui est donné avec l’appel

Ce qui est donné avec l’appel céleste est décrit comme «toute bénédiction spirituelle ... en Christ». Nous reconnaissons avec gratitude quand des bénédictions matérielles nous sont conférées. Nous en parlons généralement comme des grâces données par la main de Dieu, et nous reconnaissons qu’il y en a beaucoup ; mais il n’y a pas qu’elles, car dans l’ère millénaire, elles seront déversées sur les sauvés de la terre bien plus richement que sur nous maintenant. Mais, d’autre part, les bénédictions spirituelles de l’appel chrétien sont accordées à une telle échelle qu’elles ne sont pas simplement nombreuses, mais toutes sont données. Elles sont toutes en Christ, et elles sont nôtres en tant que ceux qui y participent en Lui. Nous pouvons évidemment dire qu’aucune bénédiction spirituelle n’existe si ce n’est comme par Dieu Lui-même. Arrêtons-nous un instant pour réfléchir à ce fait étonnant, et nous commencerons immédiatement à comprendre pourquoi, plus loin dans Éphésiens, l’apôtre parle des «richesses insondables du Christ» (3:8).

 

3.4       [Appel seulement de rachetés, nés de nouveau — 1 Pierre 1 et 2]

Il existe un autre trait qui souligne la forte différence qui existe entre l’appel d’Israël comme nation et l’appel de l’église. Tout individu inclus dans l’appel d’Israël devait son inclusion à la naissance naturelle. Si un homme ou une femme était né de la race d’Israël, il ou elle en faisait partie, quel que soit son état spirituel. Des multitudes, comme nous le savons, n’avaient pas la foi et ont péri dans le désert.

Dans l’appel chrétien, personne n’est compris dedans s’il n’a pas été racheté par le sang précieux de Christ et s’il n’est pas né de nouveau par la parole vivante et permanente de Dieu, selon ce que dit 1 Pierre 1:18, 19, 23. C’est la seule manière d’entrer dans la «maison spirituelle» et la «sainte sacrificature» de 1 Pierre 2:5. Et encore, en revenant à l’épître aux Éphésiens, nous nous trouvons inclus comme ceux qui sont «son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus» (Éph. 2:10). Rien d’autre que cette œuvre de création nouvelle, opérée par Dieu, ne nous a donné notre part.

 

4        [Aspect collectif de l’appel de l’église — Éph. 2:10-22]

Ce verset des Éphésiens (2:10), auquel nous venons de nous référer, conduit à la considération de l’appel collectif de l’église, qui, bien sûr, est intimement lié à l’appel de l’individu. Ce verset constitue en fait une déclaration préliminaire au remarquable développement de «l’appel dont vous avez été appelés», que nous trouvons en Éph. 2:10-22. Efforçons-nous de résumer ses caractéristiques principales telles qu’elles sont révélées.

 

4.1       [Appel des Gentils et des Juifs — Éph. 2:13-14]

La première chose que nous observons, c’est que l’apôtre avait spécialement devant lui ceux qui avaient été appelés d’entre les Gentils dont il décrit la situation sans Christ, sans espérance, sans Dieu, en Éph. 2:11, 12. Ils étaient «loin» de Dieu (2:17), mais maintenant, en Christ, ils avaient été «approchés» par Son sang (2:13).

Éphésiens 2:14 nous présente ceux que Dieu a appelés par l’Évangile d’entre les Juifs, ainsi que ceux qui ont été appelés d’entre les Gentils. Pendant un instant, ils se présentent à notre esprit comme deux compagnies distinctes, mais c’est seulement pour que nous comprenions que, «des deux, Dieu a fait un» puisque le mur qui séparait les deux a été abattu par la mort de Christ. Ainsi, l’appel de l’église implique que nous avons été «faits un» et que nous avons été «approchés».

 

4.2       [Unité Juifs / Gentils par la création d’un seul homme nouveau — Éph. 2:15]

Oui, direz-vous, c’est clair, mais quel est le caractère de cette unité ? Le Gentil doit-il, d’une certaine manière, être élevé au niveau du Juif ? Ou bien, le Juif doit-il être abaissé au niveau du Gentil ? La réponse est : ni l’un ni l’autre. Dieu a fait des deux «un seul homme nouveau». Le mot utilisé en Éph. 2:15 n’est pas simplement « faire, a fait », mais c’est « créer, a créé ». Comme en Éph. 2:10, nous avons ici aussi une œuvre de création nouvelle. Les appelés, qu’ils soient Juifs ou Gentils, sont les sujets de cette œuvre de nouvelle création, et en elle — c’est-à-dire «dans le Christ Jésus» — il n’y a ni Juif ni Gentil. Les anciens antagonismes disparaissent ; le vieil homme, qui les manifestait, est sorti de sa place, et seul demeure l’homme nouveau en Christ. Ainsi la paix est faite.

Dans toutes ces déclarations, l’œuvre de Dieu est envisagée d’une manière abstraite, c’est-à-dire dans sa nature essentielle, excluant pour le moment de nos pensées les complications introduites par les défaillances en nous-mêmes. C’est seulement en les excluant ainsi, que nous pouvons comprendre ce qu’est l’œuvre de Dieu dans sa perfection intrinsèque. Dans le siècle (ère) à venir, nous n’aurons plus la chair en nous, et alors sa perfection sera pleinement manifestée.

 

4.3       [Unité Juifs / Gentils en un seul corps — Éph. 2:16]

Mais il y a plus que cela en Éph. 2:16. Non seulement nous sommes approchés, faits un, créés à neuf, mais nous sommes faits «un seul corps», réconciliés avec Dieu par la croix de Christ. Le mot «corps» introduit le fait de l’union organique en relation avec Christ. Il s’agit d’un organisme vivant. Si nous n’avions que Éph. 2:14, nous aurions pu dire : «Oui, autrefois certains d’entre nous étaient Juifs et d’autres étaient Gentils, mais maintenant nous sommes un. D’accord, mais un quoi ? une nation ? une communauté ? une fédération ?» — Non, un seul corps, ce qui implique l’unité bien que dans une diversité surprenante. «Un seul corps» est une figure de style utilisée pour souligner la nature étroite et vivante de l’unité qui existe, quelle que soit la diversité des membres individuels qui la composent.

 

4.4       [Accès au Père par un seul Esprit — Éph. 2:18]

En Éph. 2:18, le mot «un» ou «un seul» apparaît pour la quatrième fois [2:14, 15, 16, 18]. Nous sommes qualifiés et habilités à entrer dans la présence du Père parce que nous possédons «un seul Esprit» — le Saint-Esprit de Dieu. Israël autrefois connaissait Dieu en tant que l’Éternel, mais n’avait aucun accès réel à Lui. Nous qui entrons dans l’appel de l’église, nous Le connaissons comme Père, et avons une sainte liberté pour nous approcher. Le connaître en tant que Père et pourtant être exclus de Sa présence, n’est pas possible, sinon le niveau de Sa Paternité tomberait en-dessous de celui d’une paternité humaine normale. Un père humain qui ne pourrait pas être approché par ses enfants ne serait guère considéré comme un père ! Nous pouvons nous approcher avec assurance du fait que Dieu est notre Père — mais nous devons certainement nous approcher avec révérence, en nous rappelant que notre Père est Dieu.

 

4.5       [Les grands faits de l’appel de l’église, maison et corps — Éph. 2:19-22]

C’est à la lumière de ce qui précède qu’il faut comprendre les grands faits de l’appel de l’église, mentionnés dans les quatre versets qui clôturent ce ch.2, Éph. 2:19-22. Bien que nous fussions autrefois, en tant que Gentils, «étrangers à la communauté d’Israël», nous ne sommes plus maintenant «des forains et des étrangers». Nous sommes «concitoyens» non pas des habitants de Jérusalem, mais «concitoyens des saints». Nous sommes «de la maison», non pas celle d’Abraham, ni même de Moïse et d’Aaron, mais celle «de Dieu». La pensée de l’Esprit de Dieu avance sur une échelle ascendante, du négatif au positif ; puis, à partir du côté positif, de l’association avec les saints, nous avançons jusqu’à l’appartenance non seulement au royaume, mais à la maison même de Dieu.

Mais ce n’est pas tout, car l’Esprit passe des gens de la maison de Dieu à la maison comme édifice, sachant que l’église, dans sa plénitude finale, doit être le «temple saint dans le Seigneur», le sanctuaire dans lequel Dieu veut habiter. Mais à l’heure actuelle, elle est aussi l’habitation de Dieu par Son Esprit. En tant qu’édifice, elle est «bien ajustée ensemble» (Éph. 2:21), et grandit ainsi jusqu’à son achèvement final. En tant que corps, l’église est aussi «bien ajustée et liée ensemble» (Éph. 4:16), et « croît en toutes choses jusqu’à Lui, qui est la Tête, le Christ» (Éph. 4:15).

 

5        [Qui constitue l’Église ? trois aspects]

5.1       Tous les saints  entre la Pentecôte et l’enlèvement

À ce stade, nous pouvons nous écarter un instant du sujet pour observer que l’église nous est présentée sous trois aspects.

Premièrement, elle est présentée comme la somme totale de tous les saints, appelés par Dieu et habités par l’Esprit, entre le jour de la Pentecôte tel que décrit en Actes 2, et l’enlèvement des saints tel que prédit et décrit en 1 Thessaloniciens 4:16-17. Sous cet aspect, nous considérons l’église dans son sens le plus large et le plus vaste, l’église au complet, telle qu’elle existe aujourd’hui dans les pensées de Dieu, et telle qu’elle sera vue dans le siècle à venir. On en trouve des exemples dans des passages tels que Matthieu 16:18, Éphésiens 1:22-23 et 5:27.

 

5.2       Tous les saints sur la terre aujourd’hui

Deuxièmement, l’église est présentée comme la somme totale des saints sur la terre aujourd’hui, ou à un moment donné quelconque. On en trouve des exemples en 1 Corinthiens 12:12-13, 28 et Éphésiens 2:22 et 1 Timothée 3:15. Si l’on considère le premier de ces passages de l’Écriture, il devient évident que les divers dons — notamment les guérisons et les langues — ne figurent pas dans l’église achevée dans la gloire, car il n’y a pas utilité pour de telles choses dans la gloire, mais dans l’église telle qu’elle existe actuellement sur terre. Il ne s’agit pas non plus seulement de l’église locale à Corinthe, car tous ces dons, notamment ceux d’apôtres et prophètes, n’y étaient pas fixés. En lisant les deux autres passages cités de l’Écriture, il est très clair que l’«habitation de Dieu», dans laquelle Timothée devait se bien conduire, se rapporte à l’église sur la terre dans son ensemble, dans sa condition actuelle, et non à une assemblée locale distincte, comme si Dieu avait des centaines de «maisons» dispersées à travers la Palestine, la Syrie, l’Asie Mineure, etc.

 

5.3       Église (assemblée) locale

Troisièmement, l’église est, bien sûr, aussi présentée comme l’église locale dans une localité donnée, comme on le voit en Actes 9:31. Ces églises locales ont leur propre histoire et leur propre responsabilité, comme le montre Apocalypse 2 et 3.

 

6        [Le témoignage de l’Église]

Mais pour revenir au sujet initial de marcher d’une manière digne de l’appel dont nous avons été appelés, l’exhortation est de marcher avec toute humilité et douceur, avec longanimité et patience, s’appliquant à «garder l’unité de l’Esprit dans [ou : par] le lien de la paix» (Éph. 4:2-3). Cette exhortation est donnée à la lumière de la vérité que nous avons brièvement examinée. Cette exhortation porte sur la condition interne actuelle de l’église sur la terre, et elle est de la plus haute importance. La valeur et le poids du témoignage de l’église dépendent largement de la manière dont nous y répondons. L’effondrement et les défaillances si manifestes à cet égard, expliquent en grande partie la faiblesse de notre témoignage.

Maintenant, à la lumière de ce qui précède, nous posons la question : quel est le témoignage de l’église ? Une réponse correcte à cette question aidera à déterminer le parcours et le témoignage de chaque chrétien, puisqu’en pratique, le témoignage de l’église dépend de la vie et du témoignage des individus qui la composent.

 

6.1       Immenses richesses de la grâce — Éph. 2.7

Avant d’entrer dans les détails, il nous faut une réponse sur des lignes larges et générales, et nous la trouvons dans l’épître aux Éphésiens. En Éph. 2:7, «les siècles à venir sont devant nous, lorsque l’église sera le témoin de «l’immense richesse de sa grâce». La grâce de Dieu brillera dans ces âges (ères) en relation avec toutes Ses voies à l’égard d’Israël et des nations, ainsi qu’avec les saints de l’Ancien Testament. Mais pour voir le déploiement des immenses richesses de la grâce, les hommes et les anges tourneront leurs regards vers l’église glorifiée. Ne l’oublions jamais ! Nous avons donc certainement raison de supposer que la grâce doit caractériser le témoignage de ceux qui sont eux-mêmes les bénéficiaires de la grâce dans une mesure si immense.

 

6.2       Témoignage à la sagesse si diverse de Dieu — Éph. 3:10

Une deuxième réponse se trouve dans Éphésiens 3:10, où le témoignage de l’église est considéré, non pas en rapport avec les âges (ères) à venir, mais «maintenant». Les principautés et les puissances célestes y lisent «la sagesse si diverse de Dieu». Si nous examinons mentalement l’état pratique de l’église aujourd’hui, nous pouvons nous demander comment les saints anges peuvent la voir ! Mais nous devons nous rappeler deux choses.

●         Premièrement, ils sont des créatures immortelles et, bien qu’ayant beaucoup de défaillances devant leurs yeux aujourd’hui, ils ont vu l’église telle qu’elle a été divinement instituée, et ils l’ont vue aux jours de son premier amour avant que les défaillances commencent.

●         Deuxièmement, la sagesse de Dieu étant «si diverse», ils en voient de nouveaux aspects dans la manière dont Dieu traite les défaillances que nous rendons visibles, et ils réalisent Son dessein en dépit de celles-ci. L’effondrement de l’église dans sa responsabilité donnera l’occasion de montrer cette sagesse si diverse, qui triomphera finalement en présentant les saints «irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie» (Jude 24). Aussi défectueux que soit notre témoignage, il y aura finalement dans l’église un témoignage abondant de la grâce immense et de la sagesse si diverse de notre Dieu, et de l’abondance de joie de notre Sauveur dans le plein aboutissement de Son œuvre.

 

6.3       Témoigner de Christ

Ces choses étant ce qu’elles sont, notre témoignage à la grâce de Dieu est très simple. Les porteurs des paroles de notre Seigneur étaient «mes témoins» (Actes 1:8 ; au sens de «témoins de Moi»), et Il a dit cela juste au moment de monter au ciel, étant rejeté de la terre. Dans le même sens, Paul écrivait que «vous êtes manifestés comme étant la lettre de Christ» (2 Cor. 3:3). En dépit de leurs défaillances flagrantes, les saints de l’assemblée de Corinthe étaient la lettre de Christ au monde, puisqu’Il était absent au ciel.

Il est donc bien évident que notre tâche comme chrétiens n’est pas seulement de rendre témoignage à la grâce de Dieu, mais aussi de présenter Christ dans la manière où nous vivons, et de servir Ses intérêts pendant qu’Il est encore rejeté. Dans le siècle (ère) à venir, Dieu va «juger en justice la terre habitée par l’homme qu’Il a destiné à cela, ce dont il a donné une preuve certaine à tous les hommes, puisqu’Il L’a ressuscité d’entre les morts» (Actes 17:31). Se référant à cette époque, Paul a aussi écrit : «Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?» (1 Cor. 6:2). Quand Il règnera, nous régnerons avec Lui. Lorsqu’Il jugera, nous jugerons. Mais le jugement qui implique l’administration publique de ce qui est juste, n’est absolument pas notre affaire aujourd’hui.

Lorsqu’un souverain britannique est couronné, les pairs et les princesses, qui ont le droit d’être présents dans l’abbaye de Westminster, apportent leurs couronnes avec eux. Mais ils ne les mettent pas avant que la couronne ne soit placée sur la tête du souverain. Aujourd’hui, bon nombre de chrétiens semblent désireux de mettre leur couronne avant que le Sauveur soit manifesté, avant qu’Il soit couronné de Ses nombreuses couronnes. Auparavant, Paul avait écrit aux Corinthiens : «Vous avez régné comme des rois sans nous (les apôtres) ; et je voudrais que vous régniez, afin que nous régnions avec vous» (1 Cor. 4:8). 

 

6.4       Redresser le monde ne se fera que par Christ

Il ne nous appartient donc pas de régner sur le monde, ni même d’essayer de l’améliorer. Seul le Seigneur Jésus-Christ peut redresser le monde, et si nous essayons de le faire avant le temps, nous ne ferons que montrer notre folie, car il est impossible d’imposer un comportement chrétien à ceux qui ne sont pas chrétiens, dans aucun sens de vie. Seul le vrai croyant possède la nature divine, de laquelle découlerait un tel comportement.

 

6.5       Tirer un peuple pour Son nom ou amélioration de la société ?

Le programme de Dieu pour le temps présent est de «tirer des nations un peuple pour Son nom» (Actes 15:14), et non d’éduquer ou de légiférer sur les Gentils pour les amener à de meilleurs schémas sociaux. Nous craignons fort qu’à l’heure actuelle, même lorsque l’évangile est fidèlement et heureusement prêché, il y ait une tendance à trop insister sur ses implications sociales, et à reléguer au second plan les questions éternelles qui dépendent de son acceptation ou de son rejet. Il est tout à fait vrai que des réveils évangéliques anciens ont conduit à des améliorations considérables des conditions sociales notamment en Angleterre, mais ce n’était qu’un effet accessoire de l’œuvre. Le résultat principal a été que des milliers de personnes ont été tirées de la nation pour Son nom, et ajoutées à l’église ; elles ont été sauvées de leurs péchés et d’une éternité de malheur.

C’est une grande erreur d’élever le secondaire au rang de but premier, de traiter l’accessoire comme la chose principale. C’est aussi une erreur de mettre l’accent sur ce que l’évangile fait maintenant pour le croyant en omettant de mentionner ce qu’il fait pour l’éternité. Nous avons entendu parler d’une réunion d’étudiants étrangers où l’orateur — un vrai serviteur de notre Seigneur — a passé pratiquement tout son temps à énumérer les bénéfices que le croyant obtient dans le présent — bonheur, genre de vie, etc. Lorsqu’il eut terminé, des auditeurs se sont levés pour affirmer les bienfaits de l’hindouisme s’il est bien compris ; d’autres étudiants avec d’autres convictions ont fait des affirmations similaires, et la réunion s’est terminée sur un échec. Si l’orateur, sans omettre de mentionner les bénéfices actuels de l’évangile, avait accordé la place principale à ses effets pour l’éternité, en soulignant ce que Dieu veut en matière de justice, ce qu’Il propose à l’égard du péché, et ce qui arrivera en rapport avec le jugement, le ciel et  la condamnation éternelle, il serait resté sur un terrain que ses adversaires potentiels n’auraient pas pu suivre aussi facilement.

N’oublions pas l’enseignement de notre Seigneur en Luc 12:13-21. L’homme a interrompu le discours du Seigneur en soulevant un point d’équité sociale. La réponse qu’il a reçue du Seigneur a détourné son esprit et celui des autres, du côté social et terrestre des choses vers les questions éternelles et célestes. La convoitise était au cœur de l’affaire, et à quoi aurait servi l’héritage attribué à l’un ou l’autre frère, s’il devait mourir la nuit même ? La mort dissipe le gain présent. Se focaliser sur le présent est une folie au vu de l’éternité.

 

6.6       Produire des fruits de la vie divine

Notre véritable témoignage consiste en premier lieu à nous préoccuper de produire nous-mêmes les fruits de la nature divine. Ensuite, si nous travaillons à l’évangile, et si nous le faisons selon le plan actuel de Dieu, nous aurons la joie d’être utilisés et de voir des fruits, non seulement pour le temps mais aussi pour l’éternité. 

Si nous dépensons du temps et des efforts dans ce qui n’est pas le plan de Dieu, nous n’aurons pas de fruits à montrer devant le tribunal de Christ. Nous prions nos frères de considérer ces choses très attentivement, car nous craignons que beaucoup perdent leur temps à essayer de faire ce qu’il ne leur est pas dit de faire.

 

6.7       Exercice des dons

Par ailleurs, si l’on lit attentivement Éph. 4:11-16, on voit que les dons venant de Christ monté au ciel, ainsi que ce qu’opère chaque partie du corps, doivent être «pour le perfectionnement des saints», «pour l’édification du corps de Christ» et «pour l’accroissement du corps en vue de son édification dans l’amour». Les dons ne sont pas pour que l’homme qui en est doué puisse rassembler quelques saints autour de lui, et les perfectionner dans sa ligne particulière d’enseignement ; ils ne sont pas non plus donnés pour que tel autre homme doué puisse travailler simplement à l’édification et à l’accroissement d’un groupe qu’il considère comme spécialement favorisé ou spécialement correct.

Il est évident qu’aucun serviteur de Dieu ne peut faire plus que contacter et aider un petit nombre de personnes ; même l’apôtre Paul ne pouvait pas contacter tout le monde. Pourtant, les quelques personnes mises à son contact devaient être servies comme des membres du corps de Christ, — et non comme de simples contacts humains du serviteur.

 

6.8       Objectif : Bâtir l’église

Nous insistons sur le fait que nous ne devons jamais oublier que notre appel est l’appel de l’église, et que nous ne devons viser rien moins que cela, ni autre chose. Les paroles du Seigneur Jésus étaient : «Je bâtirai mon église [ou : assemblée]» (Matt. 16:18). Ce n’est que ce qu’Il construit qui subsistera jusqu’au jour d’éternité. Les hommes ont construit ce qu’ils appellent des églises. Ils ont institué des unions religieuses, des sociétés, des associations, des guildes, des missions, selon une infinie variété et avec des caractères les plus divers. Il est triste de dire que les meilleur(e)s se sont souvent vicié(e)s au fil des ans, dans la mesure où la corruption a pénétré l’église professante. Aucune d’entre elles n’est permanente. Lorsque le Seigneur appellera Ses saints à Sa rencontre en l’air, aucune trace de ces groupements ne sera trouvée en Sa présence, mais le naufrage de certains laissera ses traces sur la terre. En Sa présence se trouvera l’église élue pour laquelle Il est mort, et elle sera au complet et glorieuse : il y aura cela, et seulement cela. 

Si l’objectif de Dieu devient notre objectif, et si nous servons dans la soumission à Sa parole, nous ne vivrons pas nos vies en vain. Nous admettons évidemment que l’objectif de Dieu est élevé et dépasse toutes nos pensées naturelles, et que nous sommes donc souvent loin de l’atteindre dans notre caractère, notre comportement, notre culte et notre service pour le nom du Seigneur. Mais si nous faillissons, gardons malgré tout le bon objectif devant nous, plutôt que d’en dévier vers quelque chose de plus conforme à nos propres pensées, et donc moins conforme à la Parole de Dieu.

Nous nous souvenons d’avoir entendu l’histoire d’un tireur d’élite qui avait mis toutes ses balles au cœur de la cible, et pourtant qui a reçu le score zéro parce qu’il avait tiré sur la mauvaise cible ! Il vaut mieux être un mauvais tireur tirant sur la bonne cible qu’un tireur de première classe tirant sur la mauvaise ! Mieux vaut servir ce qui est la volonté de Dieu pour le temps présent, même imparfaitement, qu’accomplir ce qui n’est pas Sa volonté en remportant des succès apparents.

Demandons et recherchons la grâce que nos vies et notre service soient selon l’appel de l’église (assemblée). Et rappelons-nous que nous devrons rendre compte sur nous-mêmes à Dieu au tribunal du Christ.