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Pas de miracles, mais la vérité

 

Hole Franck B. [ajouts de Bibliquest entre crochets]

Scripture Truth, vol. 3, 1911, pages 119-122 = ME 1988 p.178

 

Table des matières détaillée :

1       [Côté négatif] : « Jean n’a fait aucun miracle »

2       [Côté positif] : « Mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient vraies »

3       [Le temps présent est similaire à celui de Jean le Baptiseur]

3.1         L’Écriture ne soutient pas l’idée d’attendre un renouveau de tels dons

3.2         L’origine authentique et divine de telles manifestations aujourd’hui est très suspecte

3.3         [Ces dons, tristement prétendus tels, distraient les croyants de leur mission]

4       [Conclusion]

 

 

 

« Jean n’a fait aucun miracle ; mais toutes les choses que Jean a dites de Celui-ci étaient vraies » (Jean 10:41).

 

C’est le verdict donné au sujet du ministère de Jean le Baptiseur peu après sa mort. Beaucoup de gens qui connaissaient bien Jean et son ministère, furent attirés puissamment vers Celui en direction duquel Jean attirait les regards, et ils affluèrent auprès de Lui alors qu’Il se tenait à la place même où Jean avait baptisé au commencement. Ceci évidemment réveilla des souvenirs au sujet de Jean, et comme ils se rappelaient de sa vie et de ce qu’il avait dit, et que maintenant ils considéraient Celui auquel ses paroles se rapportaient, ils rendaient de tout cœur témoignage à la vérité du témoignage de Jean. Évidemment leur verdict n’était pas de la simple flatterie, mais il était basé sur des faits bien pesés. Il y avait deux parties dans ce témoignage, l’une négative, l’autre positive. Ces deux parties méritent d’être bien considérées.

 

1         [Côté négatif] : « Jean n’a fait aucun miracle »

Il était le dernier d’une longue lignée de prophètes (Matt. 11:13), et bien qu’il fut le dernier, il était loin d’être le moindre. S’il n’était pas positivement le plus grand, il était en tout cas parmi les plus grands, car aucun n’avait été plus grand que lui (Luc 7:28). On le voyait au premier rang des prophètes, n’ayant été comparable quant à sa vitalité et sa force spirituelles qu’avec des hommes dont les actions miraculeuses ont retenti tout au long des siècles de l’histoire d’Israël ; sa part avait été d’être jeté au cœur de la plus grande crise de toutes ; devant tout cela, on aurait naturellement pu supposer qu’il aurait accompli des miracles parmi les plus frappants de tous les prophètes. Mais il n’en fut rien. Jean ne fit aucun miracle.

Combien cela est étonnant ! — Faut-il supposer, après tout, que le niveau spirituel de Jean était bas ? L’absence de sensationnel était-elle un signe de faiblesse ? ou fallait-il l’attribuer à autre chose ? Comment se fait-il que Jean n’avait fait aucun miracle ?

 

Il n’y a pas lieu de douter que la réponse est celle-ci : Sa part était tombée à la fin de la dispensation de la loi, quand les miracles ne faisaient plus partie du témoignage de Dieu.

 

Le surnaturel avait été fortement mis en évidence à l’inauguration de la dispensation de la loi au Sinaï, et aussi à l’entrée d’Israël en possession de la terre promise. Plus tard, quand la grande apostasie nationale s’est développée, quand l’Éternel Lui-même s’est mis à réveiller Son peuple dans l’errance par le moyen des prophètes et à enrayer la marée montante de l’idolâtrie, il y eut un autre grand déploiement de puissance miraculeuse, spécialement avec Élie et Élisée. Cependant, quand l’apostasie fut complète et aboutit à la captivité de Babylone, à ce moment-là les miracles disparurent. Certes Dieu préserva de façon miraculeuse les trois jeunes hébreux dans la fournaise de feu et Daniel dans la fosse aux lions ; puis au temps de Malachie, environ 350 avant J. C., Il envoya ses prophètes, et c’est par miracles qu’ils reçurent leurs révélations et que les écrits inspirés jaillirent de leur plume ; mais eux-mêmes ne firent aucun miracle. Le temps pour cela était passé.

Il n’y a rien de surprenant à cela. Dieu pouvait-Il permettre que ce qui était un symbole notoire de Sa présence reste connecté à une nation qui Le rejetait ? Si une flotte de navires tombe dans la mutinerie, on ne peut guère s’attendre à ce qu’il lui soit permis de naviguer avec la bannière nationale !

Les miracles accomplis par le Seigneur Jésus quand Il était sur la terre, ainsi que ceux qui ont marqué l’ère de la Pentecôte, ou ceux intervenus durant la captivité babylonienne, ne contredisent pas ce qui vient d’être dit.

Les miracles de Christ étaient uniques. Ils sont venus après de longues années où il n’y en eut point, et ils traduisaient la présence effective de l’Éternel au milieu de Son peuple. Le Souverain Lui-même étant arrivé au milieu de la flotte de navires en mutinerie, la bannière royale devait être déployée de Son côté !

Les miracles de la Pentecôte marquèrent l’inauguration du temps de l’Église de la même manière qu’ils avaient formellement signalé le commencement de l’histoire nationale d’Israël. C’est comme si le navire « Église » était lancé au milieu des bannières flottant au vent. Une fois le navire lancé, une œuvre plus profonde l’attend, moins éclatante que le déploiement des bannières. Dans le cas de la préservation miraculeuse du témoignage de Dieu dans le livre de Daniel, la situation était la suivante : la domination était passée de la lignée de David aux Gentils, et les monarques gentils orgueilleux devaient apprendre à respecter le résidu fidèle du peuple de Dieu ; alors Dieu est intervenu en leur faveur en dehors de l’ordre normal. Mais ultérieurement, au milieu des défections et des ténèbres croissantes parmi ceux qui professaient être rassemblés autour du centre divin de Jérusalem, les fidèles pieux durent se contenter de continuer leur chemin jusqu’à Jean, sans bénéficier de manifestations extérieures.

Jean brilla comme une étoile filante au travers du ciel. Il observa la séparation la plus stricte d’avec la profession religieuse vaine de son temps. Il prêcha avec une ferveur et une puissance étonnante. Il attira l’attention des multitudes pour un temps, mais n’opéra aucun des signes attestant ses paroles. « Jean n’a fait aucun miracle ».

 

2         [Côté positif] : « Mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient vraies »

Ici nous arrivons au côté positif qui nous révèle d’un coup le secret de la grandeur de Jean. Il n’a jamais dévié de rendre un témoignage vrai à Celui qui était le grand objet de tout témoignage, c’est-à-dire CHRIST. Il ne faut pas s’étonner que Jean soit rangé parmi les plus grands prophètes qui aient jamais vécu !

Ne supposons pas que rendre un vrai témoignage à Christ soit facile et simple. Ce n’est pas le cas. La chair avec ses goûts et ses habitudes invétérés se sont vus et se voient parmi les plus grands et les meilleurs des serviteurs de Dieu. C’est pourquoi il y a toujours eu la dangereuse tendance à se mettre en avant et à mettre Christ en arrière-plan, même quand on Lui rend ostensiblement témoignage. Jean le Baptiseur a été remarquablement immunisé contre cette tendance, comme le prouvent les trois premiers chapitres de l’évangile de Jean. En tant que précurseur, il a constamment dirigé les regards vers son Maître. En tant qu’« une voix », il n’a parlé que de Christ. Il Lui a rendu témoignage en tant que Messie, Agneau de Dieu, Fils de Dieu et Époux.

Il a eu de très belles opportunités de s’exalter lui-même aux dépens de son Maître (voir en particulier Jean 1:19-27 et 3:23-30). Il les a tournées en des occasions frappantes d’exalter son Maître. Il proclama qu’Il était si grand que lui-même était indigne de délier un lacet de Ses sandales (Jean 1:27). Il témoignait de Lui avec tant de force qu’il détachait ses disciples de lui-même pour les attacher à Christ (Jean 1:37). Il disait clairement « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3:30), et il le disait avec une joie évidente.

Cet homme fut un grand serviteur de Dieu, en dépit de son ministère dépourvu de miracles. Le secret de tout résidait en ceci : « toutes les choses que Jean a dites de Celui-ci étaient vraies ».

 

3          [Le temps présent est similaire à celui de Jean le Baptiseur]

N’est-il pas évident que nous vivons dans des jours tout à fait analogues à ceux du ministère de Jean ? Les derniers jours de la seconde épître de Paul à Timothée sont les nôtres. Nous avons atteint l’état Laodicéen de l’histoire de l’Église selon Apocalypse 3 — ce qui correspond au niveau de Malachie dans l’histoire de l’Ancien Testament.

Une analogie nette existe, sans aucun doute, entre les chemins suivis par Israël et par l’Église — le chemin d’Israël du début en tant que nation sous Moïse jusqu’à la première venue de Christ, et le chemin suivi par l’Église de la Pentecôte à la seconde venue de Christ. Par souci de clarté on peut mettre les choses face à face en deux colonnes :

 

Israël

L’Église

Un brillant départ sous Moïse, Josué et les anciens qui ont vécu ensuite.

Un brillant départ sous les apôtres et quelques hommes fidèles instruits par eux.

Le déclin s’installe, freiné ici et là par des actions de Dieu en châtiment.

Déclin également rapide, freiné seulement par le feu de la persécution permise par Dieu

Conformité constante et croissante avec les abominations des nations environnantes.

Assimilation constante de l’Église au monde

Captivité Babylonienne

Apparition du système romain dans son plein développement, rendant la chrétienté prisonnière d’une profession extérieure

Un résidu retourne à Jérusalem, le centre divin, en plusieurs groupes successifs sous Zorobabel, Esdras, et Néhémie.

En commençant par ce qu’on appelle la Réformation, Dieu suscite un résidu à plusieurs reprises au cours des années.

Triste défection dans ce résidu jusqu’à ce qu’il n’en reste relativement que peu avec la crainte de l’Éternel. La majorité d’entre eux rejette leur Messie quand il apparait.

Tristes défections exprimées par Sardes et Laodicée (Apoc. 3). Quelques-uns écoutent Sa voix et ouvrent la porte. Mais la masse reste dehors.

 

En comparant le temps de Jean Baptiste avec le nôtre, il y a tant de points communs qu’on peut bien tirer spécialement instruction du témoignage rendu à son égard. Nous croyons qu’il y a toute raison de le faire, à moins que nous ne fassions complètement erreur quant aux signes des temps.

Le temps présent est rempli d’excellents chrétiens qui soupirent fortement après un déploiement de puissance spirituelle d’un genre tout à fait extraordinaire. Ils sont sans doute impressionnés par le bas état de l’église professante, et ils soupirent après quelque chose de radicalement nouveau, dans toutes les circonstances des derniers temps, — quelque chose de miraculeux qui puisse réhabiliter l’église aux yeux du monde, rallier les forces dispersées et fermer la bouche aux critiques. Ce désir suit spécialement deux canaux particuliers : les puissances miraculeuses de guérisons et le parler en langues.

On ne se permettrait pas, bien sûr, de dire que, dans le temps présent, Dieu ne peut pas ou ne veut pas accorder de tels dons à son Église ou à des croyants individuels. On se rappelle que l’Écriture déclare que Ses jugements sont insondables et Ses voies introuvables, et que l’Écriture pose la question : « Qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? » (Rom. 11:33, 34). Nous n’hésitons pas à affirmer trois choses :

 

3.1        L’Écriture ne soutient pas l’idée d’attendre un renouveau de tels dons

En effet, comme nous avons vu, c’est juste le contraire. Aux temps de la fin de l’église professante, quand l’apostasie est en train de mûrir, les miracles ne conviendraient pas plus qu’ils n’auraient convenus à la fin de l’histoire d’Israël responsable jusqu’à Christ. En outre, et comme preuve plus positive, les miracles et les signes que l’Écriture prédit pour les temps de la fin, ont une origine mauvaise, et même satanique (Marc 13:22 ; 2 Thess. 2:9-11 ; 2 Tim. 3:8).

 

3.2        L’origine authentique et divine de telles manifestations aujourd’hui est très suspecte

L’authenticité et l’origine divine de ce genre de manifestations aujourd’hui, spécialement en rapport avec le parler en langues, sont manifestement plus que douteuses. On note deux faits significatifs : premièrement l’omission presque totale de référence à la Seigneurie de Christ dans les paroles qui sont exprimées et dans la littérature qui se rattache à ce mouvement (1 Cor. 12:3). On parle continuellement de « Jésus » avec une familiarité dépourvue de révérence. — Secondement, la méconnaissance de l’Écriture. En 1 Corinthiens 14:22, 23 il nous est dit positivement que l’usage normal du parler en langues est en rapport avec les inconvertis : « les langues sont pour signe, non à ceux qui croient, mais aux incrédules ». Que les croyants se rassemblent en un lieu et parlent en langues en tant qu’exercice spirituel est déconseillé. L’usage correct du parler en langues ne peut qu’être en harmonie avec ce qui a eu lieu à son début, selon ce que rapporte Actes 2.

Les instructions apostoliques données en 1 Corinthiens 14 ne peuvent pas être mises de côté à la légère ; elles sont le « commandement du Seigneur » (1 Cor. 14:37). Pourtant le don moderne des langues, comme on l’appelle, est exercé justement de la manière que l’apôtre interdit, alors que nous attendons en vain qu’on nous annonce sa pratique parmi les païens, et même parmi les nombreuses nationalités qui passent dans les grandes villes portuaires de nos pays. Nous répétons que l’on méconnait l’Écriture.

 

3.3        [Ces dons, tristement prétendus tels, distraient les croyants de leur mission]

Ces dons au caractère si inquiétant distraient beaucoup de chrétiens de ce qui est réellement leur grande mission. Dans le temps présent, des attaques plus acharnées que jamais s’en prennent au cœur même de la foi en Christ. De nouvelles sectes jaillissent par dizaines. Sous l’apparente discordance des sons de ces jargons, une harmonie est là sous-jacente. Ils sont TOUS d’accord pour nier le vrai Christ de Dieu ! Utiliser Son nom en omettant Ses titres, ils le permettent. Confesser la vérité de Sa personne, ils ne le permettent pas.

En outre la marée d’apostasie loin de « la doctrine de Christ » (2 Jean 9) envahit avec force les dénominations jusqu’à présent « orthodoxes ». Beaucoup de conducteurs religieux crient « je te salue, Maître ! » (Matt. 26:49) et ils mettent sur Son front le baiser d’une profonde admiration tout en Le trahissant malhonnêtement et en niant tout ce qu’Il est réellement. On voudrait supposer que tous les vrais croyants sérieux répudient avec ferveur de tels hommes et leurs enseignements, et qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour rendre un vrai témoignage à Christ. Hélas ! non. Beaucoup gaspillent leur énergie à chercher à être doués de dons de miracles. Ils ne pensent qu’à dorer les tourelles de leur château, alors que l’ennemi est en train de saper les fondements et de gronder aux portes.

 

4         [Conclusion]

N’allons pas plus loin. Il convient évidemment, à celui qui écrit et aux lecteurs, à regarder soigneusement à quoi ils en sont.

Voilà les tactiques de Satan ces jours. Ne jouons pas dans ses mains.

Nous sommes de simples chrétiens ordinaires et nous ne prétendons pas nous distinguer aucunement. Nous n’avons jamais eu de puissance miraculeuse, et nous ne nous attendons pas à en avoir. La puissance miraculeuse est une chose, la PUISSANCE SPIRITUELLE en est une autre, et elle est beaucoup plus importante. Jean le Baptiseur n’avait pas de puissance miraculeuse, mais il excellait dans la puissance spirituelle. Et quel est le secret de cette puissance ? Simplement une fidélité inébranlable au témoignage à Christ rendu par la vie et par les paroles de la bouche. Nous sommes laissés dans ce monde en tant que représentants de Christ. Que notre souci principal soit de dire des choses vraies à Son sujet.

L’Esprit de Dieu, le Consolateur, est ici afin qu’il en soit ainsi. « Quand le Consolateur sera venu…, l’Esprit de VÉRITÉ…, celui-là rendra témoignage de moi » (Jean 15:26). Lui est pleinement suffisant pour notre sainte mission. Il est encore avec nous et en nous. Les miracles sont partis, mais Lui reste, et avec Lui reste la capacité des croyants les plus simples et les plus faibles à témoigner correctement de Christ.

Le témoignage est rendu en premier par la vie, ensuite par les paroles des lèvres. Voilà l’ordre. — Le caractère de Christ écrit sur l’homme intérieur du cœur, le comportement pieux qui en découle, l’adhésion fidèle à toute la vérité de Christ inscrite dans l’Écriture, la proclamation publique courageuse de la vérité en public et en privé, — voilà de quoi est fait un vrai témoignage à Christ.

« Jean n’a fait aucun miracle, mais toutes les choses que Jean a dites de Celui-ci étaient vraies ». Quelle splendide épitaphe !

Si le Seigneur n’est pas encore venu dans les années qui viennent, qu’une semblable épitaphe puisse être dite de nous en vérité !