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[Élie et Élisée et les fils des prophètes : types de Christ, et applications pour nous]
Hardt Michael [ajouts bibliquest entre crochets ; les titres et sous-titres ont été modifiés]
Truth & Testimony, 2021-4 p.152
1 [Relation entre Élie et Élisée et leurs ministères]
1.2 [Succession des deux ministères]
1.3 [Contraste entre les deux ministères]
2 [Les fils des prophètes : leurs caractères et leurs rapports avec Élisée]
3 [Élie et Élisée : parallèles et contrastes. Types de Christ]
3.1 [Élie préfigurant Christ sur terre avant la croix]
3.2 [Ministère d’Élisée préfigurant Christ glorifié opérant en grâce]
4 [Les fils des prophètes comme préfiguration du Résidu futur]
5 Des applications pratiques pour aujourd’hui
5.1 [Manque de puissance spirituelle]
5.2 [Comment aider nos frères]
Plusieurs caractéristiques d’Élisée retiennent notre attention. On voit une forte relation entre le prophète Élisée et son prédécesseur Élie :
● Élisée est identifié comme celui qui versait de l’eau sur les mains d’Élie (2 Rois 3:11).
● Élisée était déterminé à accompagner Élie, même lorsqu’on l’encourageait à rester en arrière (2:2, 4, 6).
● Élie et Élisée traversent ensemble le Jourdain, mais seul Élisée revient du côté de départ (2:8, 14).
● Pour qu’Élisée reçoive la puissance spirituelle, il fallait qu’il voie Élie monter au ciel (2:10).
Il y a une certaine forme et un certain degré de succession :
● De manière explicite, Élisée devait remplacer Élie : «Tu oindras Élisée comme prophète à ta place» (1 Rois 19:16).
● Élisée reçoit le manteau d’Élie, par deux fois (1 Rois 19:19 ; 2 Rois 2:13) !
● Le ministère d’Élisée commence là où celui d’Élie se termine. Leurs ministères ne devaient pas se chevaucher. Ceci est d’autant plus remarquable qu’Élisée est déjà oint en 1 Rois 19 et qu’il quitte tout (!) pour suivre et servir Élie, mais son propre ministère public ne commence pas avant qu’Élie soit monté au ciel (2 Rois 2:10 et suivants).
Bien qu’Élisée soit successeur d’Élie, leurs ministères respectifs présentent des contrastes frappant quant à leur caractère :
● Élie exécute le jugement. Il ferme les cieux, élimine les prophètes de Baal, annonce la mort du roi et fait deux fois descendre le feu du ciel pour dévorer un capitaine et ses 50 hommes (1 Rois 17:1 ; 18:40 ; 2 Rois 1:6, 10, 12).
● Élisée exerce un ministère de grâce bienfaisant, rendant douces les eaux amères, enlevant la mort d’une marmite de potage, sauvant une armée, récupérant une hache perdue, purifiant un lépreux, ressuscitant des morts, nourrissant des affamés et organisant un banquet devant une armée hostile. Il accomplit les plus merveilleux miracles de grâce — et n’exerce son jugement que lorsque la grâce est rejetée et ridiculisée.
Cette liste n’est pas complète, mais elle doit suffire à stimuler l’attention du lecteur. On sent qu’Élisée doit être un type de Christ — mais comment Élie s’y rattache-t-il ? Avant d’aller plus loin, il faut saisir ce qu’il en est des fils des prophètes, car le ministère d’Élisée s’exerce, dans une large mesure, parmi les représentants de ce groupe.
Le terme « fils de prophètes » semble se rapporter à des « futurs prophètes ». Ils étaient en formation, aspirant à devenir des prophètes. En lisant les ch. 2 à 9 de 2 Rois, on rencontre fréquemment des représentants de ce groupe. Les fils des prophètes semblent être marqués par :
● un certain degré de connaissance (2:3, 5) ;
● un manque de puissance et de discernement spirituels, du moins au début (2:16-18) ;
● des peines et des détresses de diverses natures (4:1, 40 ; 6:5) ;
● une connaissance d’Élisée qui s’accroît avec le temps ;
● un progrès spirituel en présence d’Élisée (4:40-41) ; et
● une foi modeste mais croissante (6:1, 3).
Élie et Élisée font la paire, car ils préfigurent tous deux Christ, bien qu’avec des différences significatives.
● Christ est né sous la loi et a attiré l’attention de Son peuple sur son échec et sa responsabilité afin de le ramener à Dieu (Gal. 4:4 ; Luc 5:32). Dans un sens, ce ministère a commencé avec Jean le Baptiseur (Luc 3:3, 8).
● À la fin de son service, Élie a traversé le Jourdain avant d’être enlevé au ciel. Christ a été l’accomplissement de ce type en entrant dans la mort avant de monter au ciel.
● Élisée observe Élie montant au ciel et — sur cette base — reçoit la double portion de son esprit.
● Il prend le manteau et retourne vers le peuple, traversant le Jourdain en sens inverse.
Nous avons ici une image du ministère de Christ, mais de Son ministère lorsqu’Il retourne travailler en grâce parmi Son peuple, après Sa victoire sur la mort et Son ascension au ciel. Il ne s’agit pas tant de Son ministère personnel que du ministère qu’Il accomplit par Son Esprit.
On peut se poser la question suivante : quand cela aura-t-il lieu ? et parmi qui le Christ travaillera-t-il dans la puissance de l’Esprit après sa mort, sa résurrection et son ascension ? En effet, vu le contexte, il semble que l’application principale ne concerne pas l’ère de l’Église, mais le moment où l’horloge prophétique se remettra à tourner — c’est-à-dire après l’enlèvement de l’Église, lorsque Christ formera un faible Résidu parmi le peuple d’Israël (Ésa. 10:21-22 ; Rom. 9:27). Ce Résidu croîtra progressivement dans sa foi et sa connaissance de la pensée de Dieu (Michée 4:6-7).
Le Résidu juif mentionné ci-dessus est préfiguré par les fils des prophètes. Au début, ils sont sans grande foi et ni connaissance de Christ ressuscité et monté au ciel, tout comme les fils des prophètes qui n’avaient pas compris qu’Élie avait été emmené au ciel (cf. 2 Rois 2:16-18) ; ils étaient limités dans leur connaissance et leur discernement (2 Rois 2:3, 5, 7, 15, 16 ; 4:1, 38). Mais le Résidu cherchera le Seigneur et arrivera à Le connaître et à L’accepter, tout comme les fils des prophètes ont cherché la compagnie d’Élisée (6:1), ont passé du temps béni en tant qu’apprenants en Sa présence, et ont fait des progrès spirituels constants (4:41).
Au sujet du Résidu :
● Au début, ce Résidu n’aura pas la conscience du pardon et vivra sous l’accablement du sentiment de culpabilité quant au passé (Ps. 6:1 ; 38:1 ; 60:1).
● Ils seront affinés comme dans un feu par la tribulation (Zach. 13:9 ; Mal. 3:3).
● Sous la direction de l’Esprit, ils grandiront en compréhension de sorte qu’ils seront capables d’instruire les autres (Dan. 12:3, 10). Ils sont les Maskhilim (les « pieux » ou « saints », note aux versets de 2 Chr. 6:41,42 dans la traduction J.N. Darby) et annonceront l’évangile du royaume (Matt. 24:14).
● Ils seront sauvés de leur détresse (Jér. 30:7) et connaîtront alors les bénédictions de la nouvelle alliance (Jér. 31:31-34).
● Enfin, ils regarderont vers Celui qu’ils ont percé, ils se lamenteront sur leur culpabilité et recevront Christ comme leur Messie et leur Sauveur (Zacharie 12:10).
Le progrès graduel de ceux qui composent le Résidu est bien illustré par les trois dernières fêtes de Lévitique 23 :
o Le premier jour du septième mois, il y a la fête des trompettes. C’est le jour de la nouvelle lune, qui évoque un renouveau commençant par un faible témoignage suscité par le Seigneur.
o Ce témoignage augmente progressivement jusqu’à ce que le jour des expiations soit célébré le 10ème jour du mois (en signe de repentance).
o Ensuite, la fête des Tabernacles commence le 15ème jour du mois, à la pleine lune, en signe de témoignage complet. Cette fête préfigure la bénédiction du règne millénaire dans laquelle le Résidu entrera.
En même temps que ces considérations des types, il y a des applications pratiques que nous pouvons faire pour nous en tant que chrétiens maintenant.
En tant que chrétiens, nous avons souvent tendance à ressembler aux fils des prophètes. Nous avons des besoins variés et sommes entourés de nombreuses épreuves, souvent sans ressources pour y faire face (que ce soit la hache dans le fleuve, la veuve endettée ou la mort dans la marmite). Malheureusement, parfois, nous «savons» beaucoup de choses et reconnaissons «l’esprit d’Élie» sur les autres, mais, comme les fils des prophètes, nous manquons nous-mêmes de puissance spirituelle (2 Rois 2).
Or le véritable Élisée (c’est-à-dire Christ) entre dans nos circonstances, dispense la grâce par Son Esprit et nous aide à résoudre nos problèmes et, en même temps, à grandir dans la foi et la sagesse. Nous faisons alors l’expérience de la manière dont Christ « ajoute la farine », fournit la nourriture, nous aide dans nos difficultés et nous instruit. Plus nous suivons Ses instructions par la foi (selon l’exemple de demander que des vases vides soient remplis), plus nous faisons l’expérience de la bénédiction que Lui donne. Attirés par Sa bonté et Son action en grâce, nous serons amenés à Lui demander : «Consens, je te prie, de venir avec tes serviteurs» et à L’entendre répondre : «J’irai» (2 Rois 6:3).
Nous pouvons, et devons, apprendre de Christ et L’imiter dans Son service de grâce. Nous sommes témoins de besoins, de tristesses et de perplexités de Son peuple. Parfois, nous sommes surpris par le décalage entre la connaissance et la foi, l’activité charnelle, les initiatives infructueuses (comme envoyer 50 hommes vaillants pour trouver Élie, ou ramasser des coloquintes), etc. Souvent, ces choses se retrouvent chez nous aussi, et, dans ce cas, nous devons chercher l’aide et le conseil du véritable Élisée (Christ). Mais parfois, le Seigneur veut se servir de nous pour communiquer la grâce à nos frères dans l’esprit d’Élisée, et avec l’aide du Saint-Esprit.
Nous ne pouvons pas nécessairement empêcher nos compagnons de s’appuyer sur «50 hommes vaillants» et il se peut que nous devions les laisser faire l’expérience de la stérilité de tels efforts (non pas dans une attitude de se réjouir de leurs échecs ni d’orgueil spirituel, mais dans un esprit d’intercession). Nous ne pouvons pas forcément empêcher les autres croyants de ramasser des coloquintes, mais nous pouvons ajouter de la farine. Nous pouvons apporter Christ. Nous ne pouvons pas empêcher la tristesse d’entrer dans leurs circonstances, mais nous pouvons montrer les richesses que le Seigneur a en réserve si seulement il y a des vases vides prêts à se laisser remplir.
Puisse le Seigneur nous utiliser de cette manière ! Puissions-nous nous garder de regarder de haut des frères qui, à notre avis, manquent de foi ou de sagesse, ou des deux. Et que nous puissions au contraire leur transmettre la grâce de Christ dans la puissance de l’Esprit.