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Christ dans la gloire
Épître aux Hébreux
par Hamilton SMITH
2 Les gloires de Christ — Chapitres 1 et 2
2.1 La gloire du Fils (chap. 1)
2.2 L’autorité de la parole du Fils (de Dieu) (2:1-4)
2.3 La gloire du Fils de l’homme (2:5-18)
3 Le souverain sacrificateur de notre confession — Chapitres 3 et 4
3.1 La sphère du service sacerdotal de Christ (3:1-6)
3.2 Le désert qui rend nécessaire le service sacerdotal de Christ (3:7-19)
3.3 Le repos auquel conduit le désert (4:1-11)
3.4 Les ressources de Dieu pour nous garder pendant la traversée du désert (4:12-16)
4 Les souffrances de Christ et son appel à la sacrificature — Chapitre 5:1-10
5 La condition spirituelle des croyants hébreux — Chapitre 5:11-14 et chapitre 6
5.1 L’obstacle à l’intelligence spirituelle (5:11 à 6:3)
5.2 Le danger d’apostasie (6:4-8)
5.3 Consolation et encouragement (6:9-20)
6 Le nouvel ordre de sacrificature — Chapitre 7
7 La nouvelle alliance — Chapitre 8
8 Le nouveau sacrifice et le nouveau sanctuaire — Chapitre 9
8.1 Le sanctuaire terrestre et ses sacrifices matériels (9:1-7)
8.2 La signification du tabernacle et de ses sacrifices (9:8-10)
8.3 Le nouveau sacrifice (9:11-23)
8.4 Le nouveau sanctuaire (9:24-28)
9 Les nouveaux adorateurs — Chapitre 10
9.1 La conscience purifiée (10:1-18)
9.2 Les nouveaux adorateurs (10:19-22)
9.3 Le chemin et ses dangers (10:23-39)
10 Le sentier de la foi — Chapitre 11
10.2 La foi s’approchant de Dieu (11:4-7)
10.3 La foi s’emparant du monde à venir (11:8-22)
10.4 La foi victorieuse du monde (11:23-40)
11 Comment Dieu nous garde dans le sentier de la foi — Chapitre 12
11.2 2° La cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste :
11.3 3° Les myriades d’anges, l’assemblée universelle :
11.4 4° L’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux :
11.6 6° Les esprits des justes consommés :
11.7 7° Jésus, médiateur d’une nouvelle alliance :
L’épître aux Hébreux est adressée à des juifs croyant au Seigneur Jésus. Le contenu de l’épître montre clairement qu’elle a été écrite pour établir ces croyants dans la vérité du christianisme avec tous ses privilèges et ses bénédictions, et pour les délivrer ainsi du système juif auquel ils étaient rattachés par leur naissance.
Pour comprendre la signification de l’enseignement de cette épître nous devons nous souvenir du caractère de ce système religieux auquel les croyants d’origine juive avaient été liés. C’était une religion nationale donnée à ceux qui, par leur naissance, descendaient d’Abraham. La question de la nouvelle naissance n’était pas soulevée. Cette religion était entièrement pour la terre ; elle ne parlait pas du ciel. Elle réglait la conduite de l’homme envers Dieu et envers son prochain, et promettait la vie terrestre, avec des bénédictions terrestres, à ceux qui marchaient selon ses préceptes.
Son centre de ralliement était un temple visible d’une somptuosité sans égale, avec des autels matériels sur lesquels des sacrifices étaient offerts par une classe spéciale de sacrificateurs, qui conduisaient un culte purement rituel.
Cette religion s’adressait à l’homme naturel, pour voir si quelque chose en lui répondait à la bonté de Dieu. Car en lui donnant cette religion, Dieu réglait chaque détail de sa vie, de la naissance à l’âge avancé, pour assurer sa prospérité et son bonheur terrestres. En fait, cette épreuve de l’homme naturel n’a servi qu’à montrer l’absence, dans l’homme irrégénéré, de toute réponse aux exigences de Dieu. Ainsi ce système juif qui, à l’origine, avait été établi par Dieu, s’est trouvé corrompu par l’homme, dans le cours de son histoire. Le point culminant de la méchanceté, sous ce système, a été le rejet et la crucifixion du Messie.
La coupe de leur iniquité ayant été remplie, le Dieu saint ne pouvait supporter plus longtemps sans ternir sa justice un système qui, entre les mains des hommes, avait abouti au meurtre de son Fils. Il a donc donné libre cours au jugement et, le moment venu, la ville a été détruite et la nation dispersée.
La loi avait cependant un autre propos. Non seulement elle réglait la vie de l’homme en lui montrant ses devoirs envers Dieu et envers son prochain, mais tout le système était l’ombre des biens à venir. Le tabernacle était une image des choses célestes ; la sacrificature parlait de l’oeuvre sacerdotale de Christ ; les sacrifices annonçaient l’offrande suprême de Christ.
Christ étant venu, lui qui est la réalité glorieuse de toutes les ombres, le système juif a rempli son but en tant que modèle des choses à venir. Il est par conséquent mis de côté, d’abord parce que l’homme l’a corrompu, ensuite parce que Christ est son accomplissement.
Ce système s’adressait donc à l’homme dans la chair, et laissait la grande masse dans une relation avec Dieu qui n’était qu’extérieure et formaliste. Toutefois il y avait dans ce système des hommes qui manifestement étaient dans une vraie relation avec Dieu par la foi et qui, lorsque Christ vint, le reconnurent comme le Messie. Ils ne constituaient qu’un résidu ; cette épître les reconnaît et s’adresse à eux comme étant déjà en relation avec Dieu avant que le christianisme soit établi.
C’est à ce résidu pieux que l’épître est adressée, pour l’introduire dans les relations nouvelles et célestes du christianisme en le détachant de la religion terrestre du judaïsme.
Si donc, par la méchanceté des hommes et la venue de Christ, le système judaïque est mis de côté, la voie est ouverte pour l’introduction du christianisme. Comme toujours, si Dieu ôte ce qui est ancien, c’est pour introduire quelque chose de meilleur. Tout en mettant de côté l’ancien système, Dieu se réserve un résidu croyant d’entre les Juifs et le lie à Christ. Ce résidu juif avait naturellement de puissantes attaches avec la religion de ses pères. Les liens de la nature, l’amour pour leur héritage, les espérances terrestres et les préjugés de l’éducation, tout tendait à les retenir au système que Dieu mettait de côté. Il leur était donc particulièrement difficile d’entrer dans le caractère céleste du christianisme. En outre, tant que le temple existait et que les sacrificateurs fils d’Aaron offraient encore des sacrifices matériels, le danger subsistait, pour ceux qui avaient fait profession de christianisme, de retourner au judaïsme.
Pour contrebalancer cette tendance et pour établir les âmes dans le christianisme, l’Esprit de Dieu place devant nous dans cette épître :
1° Les gloires de Christ et sa position dans le ciel (chap. 1 et 2).
2° La sacrificature de Christ en faveur des siens encore sur la terre mais en route pour le ciel (chap. 3 à 8).
3° Le sacrifice de Christ, ouvrant le ciel au croyant et le préparant pour ce lieu (chap. 9 et 10).
4° Le libre accès actuel au ciel où Christ se trouve (chap, 10).
5° Le sentier de la foi qui conduit à Christ dans le ciel (chap. 11).
6° Les différents moyens dont Dieu se sert pour maintenir nos pieds dans le sentier qui conduit à Christ dans le ciel (chap. 12).
7° La bénédiction qui se rattache déjà sur la terre à la place d’opprobre hors du camp avec Christ (chap. 13).
Cela nous montre de quelle manière constante et bénie le ciel est placé devant nous dans cette épître. C’est bien, en vérité, l’épître des cieux ouverts. Cette présentation du caractère céleste du christianisme donne à ce livre une valeur particulière, en un jour où la chrétienté a perdu le vrai caractère du christianisme en le réduisant à un système terrestre pour l’amélioration de l’homme.
En outre, tandis que l’Esprit de Dieu place devant nos âmes ces grandes vérités célestes, nous sommes amenés à voir combien elles sont supérieures et mettent de côté tout ce qui a précédé. Les gloires de Christ éclipsent tout être créé, que ce soient les prophètes ou les anges. La sacrificature de Christ met de côté la sacrificature d’Aaron. Le sacrifice de Christ met de côté les nombreux sacrifices établis sous la loi. Le libre accès à Dieu met de côté le temple et son voile. Le sentier de la foi met de côté tout le système des choses visibles. La place hors du camp met de côté le «camp» et sa religion terrestre.
On remarquera aussi que, dans cette épître, l’Assemblée comme telle n’est pas présentée. Elle n’est mentionnée qu’une fois, comme l’une parmi d’autres choses auxquelles nous sommes venus (la mention du chapitre 2, verset 12, est une citation du psaume 22). C’est la grandeur de Christ et du christianisme, en contraste avec le judaïsme, qui est placée devant nos âmes, ce qui nous amène à voir comment tout, dans le christianisme, est du domaine de la foi, hors des choses visibles. Christ dans la gloire, sa sacrificature, son sacrifice, l’accès à Dieu, le sentier de la foi, la course céleste et les choses auxquelles nous sommes venus, ne peuvent être vus et connus que par la foi. Certes le christianisme se manifeste normalement par des effets extérieurs, et exerce son influence même sur la vie d’hommes inconvertis, mais tout ce qui appartient en propre au christianisme, qui produit un effet dans les vies, est invisible, en contraste avec le judaïsme qui fait appel à la vue et aux sens. De plus, en venant aux choses célestes et à ce qui appartient à la foi, nous sommes venus à ce qui est stable devant Dieu. Nous sommes entourés de choses qui passent, qui changent, qui sont ébranlées. Dans le christianisme, nous sommes amenés à ce qui jamais ne passe, ni ne change, ni ne sera ébranlé. Christ demeure, Christ est le Même ; tout ce qui est fondé sur lui et sur sa rédemption éternelle est stable et ne changera jamais.
L’effet pratique de l’enseignement de cette épure doit être de nous détacher de toute forme de religion terrestre, que ce soit le judaïsme ou la chrétienté corrompue, formée sur le modèle du judaïsme. En outre, si la vérité nous conduit hors du camp sur la terre, elle nous donne une place au-dedans du voile, dans le ciel même, et fait de nous des étrangers et des pèlerins dans le monde que nous traversons.
Le nom de l’auteur de l’épître n’étant pas mentionné, nous pouvons en déduire qu’il importe peu pour nous de savoir qui l’a écrite. L’allusion faite par l’apôtre Pierre à une épître que Paul a écrite aux Juifs, qu’il classe parmi «les autres écritures», est une des raisons pour supposer que ce dernier en est l’auteur (2 Pierre 3:15, 16).
Le caractère spécial de l’épître peut bien expliquer l’omission du nom de l’auteur ; car, entre autres buts, elle a été écrite pour montrer que Dieu ne parle plus par des messagers, mais que, dans sa grâce magnifique, il s’est mis en contact direct avec les hommes dans la personne du Fils. De plus, dans cette épître, Christ lui-même est présenté comme l’apôtre par lequel Dieu a parlé à l’homme. Par conséquent, il éclipse tous ceux qui peuvent porter ce titre d’apôtre.
Le grand but de l’épître est d’établir les croyants dans le caractère céleste du christianisme et de les délivrer d’une religion terrestre de formes extérieures. Tout dans le christianisme — tant la gloire qu’il rend à Dieu que la bénédiction qu’il assure aux croyants — dépend de la personne et de l’oeuvre de Christ. L’épître commence donc en présentant les gloires de sa personne. La gloire divine de Christ comme Fils est développée dans le chapitre 1 ; l’autorité de sa parole, dans les versets 1 à 4 du chapitre 2, et la gloire de son humanité dans les versets 5 à 18 du chapitre 2.
v. 1-3 — Dieu a autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères en Israël. Dieu avait parlé par Moïse, revendiquant dans la loi ses droits sur l’homme. D’autres fois, Dieu avait parlé par des anges, dans ses voies providentielles envers son peuple. Plus tard, Dieu avait parlé par les prophètes pour ramener à lui un peuple rebelle. Les prophètes sont expressément mentionnés comme précédant la venue du Fils.
Le Fils est venu «à la fin de ces jours-là» — à la fin des jours des prophètes. Le témoignage que Dieu a rendu dans le passé s’est continué dans la personne du Fils. Les prophètes ont parlé comme instruments utilisés par l’Esprit de Dieu. Quand le Fils est venu, c’était Dieu lui-même qui parlait. Dans le Fils, Dieu s’approchait des hommes et l’homme pouvait s’approcher de Dieu sans l’intermédiaire d’un prophète ou d’un sacrificateur.
L’importance de quelque message que ce soit dépend, dans une large mesure, de la grandeur et de la gloire de la personne qui parle. Dieu nous a parlé dans la personne la plus glorieuse qui soit — le Fils éternel. Pour que nous découvrions la grandeur de Celui qui parle et, par conséquent, l’importance de ce qui est dit, l’Esprit de Dieu place devant nous sept aspects de la gloire du Fils.
D’abord, le Fils a été établi héritier de toutes choses. Les qualités de Fils et d’héritier sont toujours liées dans l’Écriture. Les hommes s’efforcent de posséder la terre, de régner sur la mer, de conquérir l’espace. Ils luttent pour acquérir puissance, et richesses, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction. Christ, comme Fils, héritera de tout cela, car il est l’héritier établi de tout, et lui seul en est digne. La longue histoire du monde ne fait que prouver que l’homme est parfaitement indigne d’hériter de ces choses. Quelle que soit la mesure dans laquelle il parvient à s’en emparer, il s’en sert pour s’exalter lui-même et exclure Dieu. Il se sert de la puissance pour affirmer sa propre volonté ; de la richesse pour essayer d’être heureux sans Dieu ; de la sagesse pour exclure Dieu de sa propre création ; de la force pour agir dans l’indépendance de Dieu ; de l’honneur pour s’exalter ; de la gloire pour se mettre en avant et de la bénédiction pour l’employer pour lui-même. Quant à l’héritier établi de toutes choses, l’homme l’a entièrement rejeté et l’a cloué sur une croix. Et pourtant, le ciel se plaît à proclamer : «Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction». Lorsque Christ prendra possession de toutes choses, il les emploiera toutes pour la gloire de Dieu et la bénédiction de l’homme. Dans le christianisme, nous sommes identifiés avec l’héritier de toutes choses. Quelle consolation pour ceux qui, comme ces croyants hébreux, sont dépouillés de leurs biens !
Deuxièmement, le Fils est celui par qui tout l’univers a été créé : «Il a fait les mondes». Non pas seulement ce monde-ci, mais aussi tous ces vastes systèmes qui suivent leur cours dans les étendues sans mesure de l’espace. Nous regardons en avant et voyons qu’il est l’héritier établi de toutes choses ; nous regardons en arrière et voyons qu’il est le créateur de toutes choses, grandes et petites. L’empreinte du Fils est sur toute la création.
Troisièmement, le Fils est «le resplendissement de sa gloire» — l’éclat de la gloire de Dieu. Le Fils devenu chair présente la gloire de Dieu dans sa plénitude. Cette gloire de Dieu est la manifestation de l’ensemble de tous les attributs de Dieu. Le Fils s’est approché de nous d’une manière qui nous permet de voir Dieu manifesté dans tous ses attributs.
Quatrièmement, le Fils est «l’empreinte de sa substance». C’est davantage que le resplendissement de sa gloire ; c’est la manifestation de Dieu lui-même : l’expression de son Être. Le Fils devenu homme était le représentant visible de Celui qui est invisible. Il est possible de porter les attributs d’une personne sans être son représentant. Non seulement les attributs de Dieu resplendissaient dans le Fils, mais il était le représentant de Dieu dans la création. Tous ses actes montraient que Dieu était présent au milieu de nous.
Cinquièmement, le Fils est celui qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance. Même si les hommes admettent qu’il doit y avoir une cause première, ils cherchent à exclure Dieu de toute activité présente dans la création. Ils imaginent une création, comme a dit quelqu’un, «suffisante en elle-même, une machine parfaite conçue pour marcher éternellement sans la main qui l’a créée». La vérité est que, non seulement l’univers a été amené à l’existence par le Fils, mais il est aussi soutenu par le Fils. Aucune étoile ne peut maintenir son cours, aucun passereau ne peut tomber en terre sans Lui.
Sixièmement, le Fils a fait la purification des péchés. Il n’est pas seulement le Créateur du monde, il est aussi le Rédempteur d’un monde déchu. Il a «par lui-même» accompli une oeuvre par laquelle les péchés du croyant peuvent être pardonnés et ôtés de devant Dieu.
Septièmement, la gloire du Fils est encore soulignée par la place d’exaltation qu’il occupe maintenant à la droite de la majesté dans les hauts lieux. Plusieurs fois dans le cours de l’épître, nous trouvons la mention qu’il s’est assis à la droite de Dieu. Ici, c’est en raison de sa gloire personnelle. Au chapitre 8, c’est en relation avec son office actuel de grand souverain sacrificateur pour nous. Au chapitre 10, sa position à la droite de Dieu est le résultat de l’oeuvre qu’il a achevée à la croix ; et au chapitre 12, c’est comme étant arrivé au terme du sentier de la foi.
Après avoir revendiqué les gloires du Fils dans son passage dans le temps et dans sa position actuelle à la droite de Dieu, l’Esprit de Dieu place maintenant devant nous toute l’excellence du Nom dont Christ hérite quand il est manifesté en chair. Le nom, dans l’Écriture. présente la gloire qui distingue une personne des autres. Sept passages de l’Ancien Testament sont cités pour montrer que Christ a un nom plus excellent que tout être ou chose créés.
v. 4, 5 — D’abord, Christ a une place et un nom beaucoup plus excellents que les anges. Le psaume 2 est cité pour prouver que, venant dans le monde, Christ prend une place de beaucoup supérieure à celle des êtres créés les plus élevés. Toute bénie que soit leur position, les anges ne sont que des serviteurs ; mais Christ est le Fils. Jamais il n’a été dit à un être angélique : «Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré». Christ est présenté dans l’Écriture comme étant Fils de toute éternité ; ici, il est salué comme Fils parce qu’il est né dans le temps. Quelqu’un a dit à juste titre : «Il a toujours été le Fils et il sera toujours le Fils. Il était le Fils ici-bas comme homme et il ne sera pas moins le Fils dans l’éternité... Il ne pourrait y avoir la moindre différence entre le Fils éternel et le Fils né dans le temps, sinon quant à la condition».
Pour souligner encore que la gloire de Christ surpasse celle des anges, un verset du second livre de Samuel est cité (7:14), nous déclarant que Christ non seulement était dans la relation de Fils de Dieu, mais que, lors de sa marche dans ce monde, il a toujours joui des privilèges caractéristiques de cette relation, selon qu’il est écrit : «Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils».
v. 6 — Un autre passage est encore cité pour montrer que la place que le Fils prend est bien au-dessus de celle des anges ; à son entrée dans le monde, il est dit de lui : «Et que tous les anges de Dieu lui rendent hommage» (Ps. 97:7). Non seulement il était l’objet de la louange et de l’adoration dans le ciel, mais, entrant dans le monde, que ce soit dans l’humiliation passée ou dans la gloire millénaire à venir, il est l’objet de l’adoration des armées angéliques. Cet hommage révèle sa gloire, car s’il n’était pas une Personne divine, une telle adoration serait absolument déplacée.
v. 7, 8 — Deuxièmement, le trône qu’il occupe en entrant dans le monde est au-dessus de tout trône. Les anges sont faits des esprits : le Fils n’est pas fait quoi que ce soit, mais il est reconnu comme Dieu ; et, en contraste avec les trônes des rois de ce monde, son trône est aux siècles des siècles. La citation est tirée du psaume 45 qui, nous le savons, est «au sujet du Roi». Par l’épître, nous apprenons que ce Roi qui va régner sur Israël n’est nul autre que le Fils — une personne divine. Les trônes des hommes disparaissent, car ils n’ont pas de fondement juste ; mais le trône du Fils est un trône qui demeure, car son gouvernement sera en justice.
v. 9 — Troisièmement, dans sa grâce, il associe à lui-même des compagnons ; mais, même alors, la citation du psaume 45 nous rappelle qu’il a une place au-dessus de ses compagnons. Personne divine, il est appelé Dieu par Celui qui lui parle ; mais en même temps, il est vu comme l’Homme parfait sur la terre, duquel il peut être dit : «Ton Dieu t’a oint». En raison de sa perfection morale — son amour de la justice et sa haine de l’iniquité — il est exalté au-dessus de tous ceux qu’en grâce il s’associe.
v. 10, 11 — Quatrièmement, toute la création s’efface devant cette glorieuse personne qui est appelée le Créateur. Le psaume 102 est cité pour prouver que celui qui s’est abaissé jusqu’à devenir l’Homme de douleurs et de larmes, n’est nul autre que le Maître de la création par qui la terre et les cieux ont été créés ; et lui subsiste tandis que la création vieillira et périra.
v. 12 — Cinquièmement, le temps amène ses changements et prendra fin, mais nous apprenons, par le psaume 102, que cette personne glorieuse ne change pas et que ses «années ne finiront pas».
v. 13 — Sixièmement, aucun ennemi ne peut subsister devant lui. Le psaume 110 est cité pour nous rappeler que tous ses ennemis seront mis sous ses pieds. Dans les jours de sa chair, ses ennemis l’ont cloué sur une croix ; dans les jours de sa gloire, ils seront mis pour le marchepied de ses pieds.
v. 14 — Septièmement, Christ, tout en prenant sa place comme homme, est plus grand que tous les anges en ce que, selon le psaume 110, il est placé sur un trône pour gouverner, tandis qu’ils sont envoyés pour servir, comme esprits administrateurs, en faveur de ceux qui vont hériter du salut.
Si donc le Fils devient chair, sa gloire est soigneusement maintenue. L’excellence de son nom est vue dans cet ensemble de gloires. Il est plus excellent que les anges ; son trône est au-dessus de tout trône. La création périra, mais lui demeure ; le temps peut prendre fin, mais ses années ne cesseront point. Ses ennemis sont faits le marchepied de ses pieds ; et il est assis à la droite de Dieu pour diriger, tandis que les autres servent. S’il entre dans le monde, toutes les créatures de l’univers s’effacent devant lui.
Le premier chapitre a établi la gloire du Fils quand il est introduit dans le monde. Reconnaissant la suprématie de Celui qui parle, il convient aux auditeurs de prêter une sérieuse attention à ce qui est dit. Faire profession d’écouter et négliger ensuite le grand salut annoncé par le Seigneur, en retournant au judaïsme, avait des conséquences fatales. Il n’y avait pas seulement danger de laisser glisser loin les choses entendues ; mais, ce qui est beaucoup plus grave, les professants eux-mêmes risquaient de s’écarter du terrain chrétien pour retourner au judaïsme. Ce faisant, ils seraient des apostats.
Tout au long de l’épître, l’auteur s’adresse à des juifs qui avaient fait profession de christianisme, et il prend place parmi eux. Dans le premier chapitre, il dit : Dieu «nous a parlé», et ici, «nous devons porter une plus grande attention». D’autres ont relevé que dans cette épître il n’est pas parlé à l’Église comme telle, mais plutôt aux croyants individuellement. Ils sont considérés comme ayant fait une profession qui est présumée réelle, sauf si, par le fait qu’ils se détournent de Christ, elle est prouvée n’être qu’extérieure.
Dieu a maintenu l’autorité de la parole communiquée par les anges en attachant un juste châtiment à toute transgression et désobéissance à cette parole. Combien plus Dieu maintiendra-t-il l’autorité de la parole du Fils ! S’il n’y avait aucun moyen d’échapper aux conséquences de la désobéissance à la loi donnée par la disposition des anges, il y en aura encore moins pour celui qui, après avoir fait extérieurement profession de christianisme, traite la parole de Christ avec indifférence et l’abandonne pour retourner au judaïsme.
Dans son sens strict, le salut dont l’auteur parle n’est pas l’Évangile de la grâce de Dieu tel qu’il est présenté aujourd’hui ; il ne s’agit pas non plus exactement de l’indifférence d’un pécheur à l’Évangile. Néanmoins on peut certainement faire une application dans ce sens, car il demeure toujours vrai qu’il ne peut y avoir aucune échappatoire pour celui qui néglige définitivement l’Évangile. Ici, c’est le salut qui a été prêché par le Seigneur aux Juifs, par lequel une porte était ouverte au résidu croyant pour échapper au jugement qui allait tomber sur la nation. Ce salut a ensuite été prêché par Pierre et les autres apôtres, dans les premiers chapitres des Actes, lorsqu’ils disaient : «Sauvez-vous de cette génération perverse». Dieu appuyait ce témoignage par «des signes et des prodiges» et par «divers miracles». Cet Évangile du royaume sera de nouveau prêché après que l’Église aura été enlevée.
Avoir transgressé la loi était sérieux ; se détourner de la prédication de la grâce est pire ; mais il est plus grave encore de professer croire la Parole pour ensuite la traiter avec mépris, en l’abandonnant et en retournant au judaïsme ou à quelque autre religion. C’est de l’apostasie ; et pour les apostats, l’Écriture ne laisse aucun espoir.
Après avoir revendiqué l’autorité de la parole du Fils et nous avoir mis en garde contre le mépris de sa parole, l’auteur continue à déployer devant nous les gloires de Christ. Il a déjà placé devant nous ses gloires de Fils de Dieu dans l’éternité, puis manifesté en chair ; nous avons maintenant à découvrir ses gloires de Fils de l’homme.
v. 5 — Sa gloire comme Fils de l’homme sera manifestée dans le monde à venir, bien que maintenant déjà la foi puisse voir Jésus couronné de gloire et d’honneur.
Il ne semble pas que «le monde habité à venir» puisse être le ciel. Nous ne pouvons pas parler du ciel comme étant «à venir». Il nous reste à y parvenir, mais il existe et a toujours existé ; l’Écriture parle de trois mondes : le monde avant le déluge, que Pierre appelle : «le monde d’alors», le monde actuel : «les cieux et la terre de maintenant» (2 Pierre 3:7) ; et dans ce passage : «le monde habité à venir».
«Le monde habité à venir» désigne la terre millénaire, introduisant un ordre de bénédiction qui n’existe pas encore. Ce monde nouveau de bénédiction sera soumis au Fils de l’homme et sera, par conséquent, la scène de la manifestation de sa gloire. Dans un sens, le monde actuel est soumis aux anges, qui sont employés comme instruments dans la main de Dieu pour exécuter son gouvernement providentiel en faveur de ceux qui vont hériter du salut, tandis qu’ils cheminent vers la gloire.
Dans le monde à venir, les anges céderont la place au gouvernement du Fils de l’homme.
v. 6-9 — Pour présenter cette gloire excellente de Christ, l’auteur cite le psaume 8, dans lequel David pose la question : «Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui ?» La question fait ressortir la petitesse de l’homme ; la réponse, la grandeur de Christ, le Fils de l’homme. David, contemplant la lune et les étoiles, sent sa propre insignifiance devant leur immensité et s’écrie : «Qu’est-ce que l’homme ?» L’homme déchu est en vérité très petit ; l’homme selon les conseils de Dieu manifestés en Christ, le Fils de l’homme, est très grand. Conduit par l’Esprit de Dieu, l’auteur de l’épître aux Hébreux voit Christ dans le Fils de l’homme du psaume 8 et peut dire : «Nous voyons Jésus».
David dit : «Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds». L’Esprit de Dieu nous dit qu’il s’agit de Jésus régnant sur le monde habité à venir, et que les mots «toutes choses» se réfèrent non seulement aux choses qui sont sur la terre, mais à l’univers créé tout entier et à tout être créé, car «il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti».
David dit : «Tu l’as fait un peu moindre que les anges». L’Esprit de Dieu dit que Jésus «a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort». Dans un monde où Dieu a été déshonoré, le Fils de l’homme a parfaitement glorifié Dieu et a revendiqué son caractère de sainteté en souffrant la mort. L’homme goûte la mort comme résultat du péché ; le Fils de l’homme goûte la mort par la grâce de Dieu. Il goûte la mort pour tous afin que la grâce puisse se déverser envers tous.
David dit : «Tu l’as couronné de gloire et d’honneur». L’Esprit de Dieu conduit la foi à dire qu’il s’agit de «Jésus» et que nous le voyons «couronné de gloire et d’honneur». Dieu avait ainsi décrété dans son conseil que, dans la personne de Christ, l’homme serait seigneur de tout. Celui qui a tout créé et qui soutient toutes choses, étant devenu homme, sera le centre et le chef de ce vaste univers. C’est là une gloire qui éclipse la gloire des anges ; aucun ange n’a ni n’aura jamais la place de domination universelle.
Ainsi, les gloires passées, présentes et futures du Fils de l’homme sont placées devant nous. Dans le passé, il a goûté la mort pour tout ; dans le présent, il est couronné de gloire et d’honneur ; dans l’avenir, tout l’univers lui sera assujetti.
v. 10 — Les versets 5 à 9 ont développé les gloires de Christ en relation avec le monde à venir. À partir du verset 10 et jusqu’à la fin du chapitre, nous découvrons une autre gloire de Christ en relation avec «plusieurs fils» qui sont amenés à la gloire.
La citation du psaume 45 dans le premier chapitre nous a déjà dit que le propos de Dieu est que Christ ait des compagnons pour partager sa gloire à venir. La fin de ce chapitre parle de ces compagnons comme étant les «fils» de Dieu et les «frères» de Christ. Nous apprenons en outre tout ce que Christ a traversé pour délivrer ses frères de la mort, du diable et des péchés, et aussi quel est son service actuel pour les secourir et les soutenir tandis qu’il les conduit à la gloire.
Mais si plusieurs fils doivent être amenés à la gloire, ce doit être d’une manière qui réponde au caractère de sainteté de Dieu. Aussi nous lisons qu’«il convenait pour lui» — pour Dieu — «à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes choses», que Christ non seulement goûte la mort, mais, pour qu’il puisse être le Chef des siens, qu’il entre dans leurs circonstances et leurs souffrances, et que, par ces souffrances, il soit rendu parfait. Toujours parfait dans sa personne, il a été rendu tout à fait propre à prendre la position de Chef des siens, pour les conduire à travers le désert et toutes ses souffrances. Il devient ainsi le «Chef de leur salut». Il est à même de les sauver de tout danger sur leur chemin vers la gloire.
v. 11 — À partir du verset 11, nous découvrons les résultats bénis découlant pour les croyants du fait que Christ est entré dans leur position, a porté les conséquences de cette position et, en elle, a maintenu la gloire de Dieu.
Premièrement, celui qui sanctifie (Christ) et ceux qui sont sanctifiés (les croyants) sont vus comme tous d’un. Cette magnifique expression semblerait indiquer que Christ, étant entré dans notre position et en ayant porté les conséquences, nous a si véritablement introduits dans sa position devant Dieu, comme homme, que lui et les siens — celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés — sont vus comme formant un tout devant Dieu. Il convient néanmoins de remarquer que jamais la parole de Dieu ne dit de Jésus et des hommes qu’ils sont tous un, mais «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un». Pour cette raison, à cause de la position dans laquelle il les a introduits par son oeuvre de sanctification, il n’a pas honte de les appeler «frères».
Les croyants sont sanctifiés ; étant sanctifiés, ils sont amenés dans la même position devant Dieu que Christ — tous d’un ; et étant tous d’un, il n’a pas honte de les appeler frères. Nous savons par les évangiles que ce n’est pas avant sa résurrection que Christ a appelé ses disciples «frères». Le Seigneur lui-même a toujours marché en relation avec Dieu comme son Père. Jamais, dans sa marche, nous ne l’entendons s’adresser à Dieu comme «mon Dieu» ; c’est toujours «mon Père». Sur la croix seulement, lorsqu’il a été fait péché, il dit «mon Dieu». Mais nous, nous sommes introduits dans cette relation, non pas par l’incarnation, mais par la rédemption. Aussi, ce n’est pas avant sa résurrection que le Seigneur peut dire : «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu», et aussitôt il parle de ses disciples comme «mes frères».
v. 12, 13 — Trois citations de l’Ancien Testament sont données pour prouver de quelle manière bénie celui qui sanctifie associe à lui-même ceux qui sont sanctifiés — ses frères. D’abord, dans le psaume 22:22, le Seigneur ressuscité déclare : «J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges». Ici le Seigneur s’identifie à ses frères, du côté de Dieu, pour annoncer le nom du Père ; de notre côté, pour conduire la louange des siens au Père. Ce qui avait été prédit au psaume 22 trouve son expression en Jean 20 et est exposé en Hébreux 2.
Deuxièmement, en Ésaïe 8:17 (dans la version des Septante), nous lisons : «Moi, je me confierai en lui». Prenant une position d’homme, le Seigneur s’identifie aux siens dans la seule manière de vivre qui convient à l’homme — une vie de dépendance de Dieu.
Troisièmement, en Ésaïe 8, nous lisons : «Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés» (v. 18). Ici de nouveau nous voyons l’identification de Christ avec les excellents de la terre — non pas avec les fils des hommes — mais avec les enfants que Dieu lui avait donnés.
v. 14, 15 — Les versets 12 et 13 ont montré de quelle manière bénie Christ nous a identifiés avec lui dans sa position devant Dieu. Maintenant, nous devons apprendre cette autre vérité qu’il s’est identifié avec nous dans notre position de faiblesse et de mort devant Dieu. Si les enfants ont part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé. S’ils sont sous la domination de la mort et du diable, lui, ayant pris la chair et le sang, a pu entrer dans la mort, pour rendre impuissant le diable qui avait le pouvoir de la mort, et délivrer tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude. Le diable sait que les gages du péché, c’est la mort, et il ne manque pas de se servir de cette solennelle vérité pour maintenir le pécheur pendant toute sa vie dans la crainte de la mort et de ses conséquences. Le Seigneur, sur lequel la mort n’a aucun droit, entre dans la mort et subit le châtiment de la mort suspendu sur nous, et ainsi il ôte au diable le pouvoir qu’il a de terrifier le croyant par la mort. Nous aurons peut-être à passer par la mort, non pas comme le châtiment du péché conduisant au jugement, mais seulement comme ce qui nous délivre de toutes les souffrances et nous introduit dans une plénitude de bénédictions.
v. 16-18 — Ce n’a pas été pour secourir les anges que le Seigneur est venu, mais pour prendre la cause de la semence d’Abraham. Pour ce faire, il dut, en toutes choses être rendu semblable à ses frères. Ainsi il est entré pleinement dans leur position, mais pas dans leur état. Ici, pour la première fois dans l’épître, nous entendons parler de son oeuvre de grâce envers nous comme miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur. Pour pouvoir exercer ce service nécessaire, il dut, par sa vie d’humiliation et d’épreuves, entrer dans toutes nos difficultés et nos tentations. Puis, quand sa vie de perfection fut achevée, il entra dans la mort pour faire propitiation pour nos péchés, afin qu’ils puissent être pardonnés. Cette grande oeuvre étant accomplie, il peut, de la place qu’il occupe en gloire, exercer sa grâce sacerdotale et, en miséricorde et fidélité, secourir ceux qui sont tentés, car il a lui-même souffert, étant tenté.
La souffrance résulte du combat qu’il faut livrer pour ne pas succomber à la tentation. Si nous cédons, la chair ne souffre pas ; au contraire, elle se complaît dans la tentation, trouvant son plaisir dans la chose par laquelle elle est tentée. Elle jouit pour un temps des délices du péché, même si, pour ce péché, elle aura finalement à souffrir. Le Seigneur a été tenté seulement pour que sa perfection soit mise en évidence, lui qui, pas un instant, n’a succombé à la tentation. Cela a entraîné de la souffrance. Il a souffert la faim plutôt que de céder à la suggestion du diable. Ayant ainsi souffert, il est à même de secourir les siens et de les rendre capables de tenir ferme face à la tentation. Avec un coeur débordant de tendresse, il entre dans nos tentations et nous secourt avec miséricorde et fidélité. Trop souvent il nous arrive de manifester de la miséricorde aux dépens de la fidélité ou d’agir avec fidélité aux dépens de la miséricorde. Lui, dans la perfection de sa marche, peut manifester la miséricorde sans compromettre la fidélité.
Les deux premiers chapitres ont placé devant nous les gloires de la personne de Christ. Ils nous préparent ainsi à saisir la bénédiction que nous apporte l’office de notre grand souverain sacrificateur. Dans cette nouvelle division de l’épître, nous apprenons d’abord dans quelle sphère le service sacerdotal de Christ s’exerce — la maison de Dieu (3:1-6) ; deuxièmement, nous voyons les circonstances du désert qui rendent ce service sacerdotal nécessaire (3:7-19) ; troisièmement, il nous est parlé du repos auquel le désert conduit (4:1-11) ; enfin, nous découvrons les moyens pleins de grâce auxquels Dieu a pourvu pour nous garder dans le désert (4:12-16).
La dernière partie du chapitre 2 a montré le chemin plein de grâce que le Seigneur a suivi pour pouvoir exercer sa sympathie de souverain sacrificateur envers les siens éprouvés par la souffrance. Dans les premiers versets de ce chapitre, la maison de Dieu est introduite pour montrer la sphère dans laquelle sa sacrificature s’exerce.
v. 1 — Dans ce verset introductif, les croyants juifs sont appelés «frères saints» et «participants à l’appel céleste». En tant que juifs, ils avaient été habitués à être appelés «frères», et ils étaient participants à l’appel terrestre. Comme chrétiens, ils sont des «frères saints» et, avec tous les autres chrétiens, ils sont les objets de «l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus».
Les gloires de Christ ayant été placées devant nous dans les chapitres 1 et 2, nous sommes maintenant exhortés à considérer «l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus». Le titre d’«apôtre» est particulièrement lié à la vérité du Fils de Dieu présentée dans le premier chapitre, dans lequel nous voyons le Fils venir sur la terre et parler aux hommes de la part de Dieu. Le titre de «souverain sacrificateur» est rattaché au deuxième chapitre, dans lequel le Fils de l’homme est présenté comme allant de la terre au ciel pour servir devant Dieu en faveur des hommes. Le vrai but de tout ministère est, non pas simplement d’occuper les auditeurs de la vérité présentée, mais de les amener à contempler Jésus.
Il est à remarquer qu’ici c’est Jésus, non pas comme ailleurs le Christ Jésus. Tout Juif était prêt à recevoir le Messie ; mais seul le chrétien reconnaissait que le Christ était venu dans la personne de Jésus.
v. 2-6 — L’Esprit de Dieu fait allusion à Moïse et au tabernacle dans le désert, pour montrer que Moïse est surpassé par Christ et que le tabernacle n’était qu’une image des choses qui seraient révélées plus tard. Moïse n’a jamais été sacrificateur ; son service avait davantage un caractère apostolique. Il va vers le peuple de la part de Dieu ; Aaron, le sacrificateur, va vers Dieu de la part du peuple. Moïse, sous la direction de Dieu, bâtit le tabernacle dans le désert. Jésus, le vrai apôtre, est celui qui a bâti tout l’univers, dont le tabernacle était une figure. De plus, si Dieu habite les cieux des cieux, il est également vrai qu’il habite au milieu des siens qui aujourd’hui forment sa maison. La «maison», dans sa forme spirituelle actuelle, est une des choses dont le tabernacle matériel était une image.
Moïse a été fidèle dans la maison de Dieu, dans le désert, comme serviteur. Christ l’est sur la maison de Dieu — composée des enfants de Dieu — comme Fils. Ainsi l’introduction des enfants de Dieu comme constituant la maison de Dieu montre la sphère dans laquelle Christ exerce sa sacrificature ; et c’est pourquoi un peu plus loin nous lisons que nous avons «un grand souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu» (10:21).
v. 6 — L’allusion à Moïse et au tabernacle conduit tout naturellement à la pensée de la traversée du désert par le peuple de Dieu. Si le tabernacle est un type du peuple de Dieu, la traversée du désert par Israël est un type du passage des enfants de Dieu dans ce présent siècle mauvais, avec tous ses dangers. Cette traversée du désert devient l’occasion qui rend nécessaire cette grâce sacerdotale.
En outre, dans le désert, la réalité de notre confession est mise à l’épreuve par les dangers que nous avons à rencontrer. Ces Hébreux avaient fait publiquement profession de christianisme. Avec la profession, il y a toujours la possibilité d’un défaut de réalité, d’où l’introduction des «si». Ainsi, l’auteur dit que nous sommes la maison de Dieu «si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance» (v. 6). Ce n’est pas une mise en garde contre une trop grande confiance en Christ et dans la sécurité éternelle qu’il assure au croyant, car il a été très justement dit : «Il n’y a aucun si, ni quant à l’oeuvre de Christ, ni quant à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Là, tout est grâce inconditionnelle pour la foi» (W. K.). L’avertissement suppose que ceux auxquels il est adressé ont cette assurance, et ils sont exhortés à ne pas l’abandonner. Que le vrai croyant tiendra ferme, ou plutôt que Dieu, par la grâce sacerdotale de Christ, le maintiendra ferme jusqu’à la fin malgré de nombreux manquements, cela est certain. La réalité chez le croyant est prouvée par le fait qu’il endure l’épreuve jusqu’au bout. Le désert, qui met à l’épreuve le vrai croyant, met à nu le défaut de réalité chez le simple professant.
v. 7-11 — Pour nous encourager à tenir ferme, une citation du psaume 95 nous rappelle les avertissements donnés par l’Esprit de Dieu à Israël, en relation avec la venue de Christ en gloire et en puissance dans le monde, pour introduire le peuple dans le repos. Aujourd’hui est un jour de grâce et de salut, dans la perspective de partager la gloire de Christ dans le monde à venir. Dans un tel jour de bénédiction, les Hébreux sont exhortés à ne pas agir comme leurs pères dans le désert. Israël avait fait profession de quitter l’Égypte et de suivre l’Éternel au travers d’un désert où les dangers abondaient, et dans lequel seule la confiance en Dieu pouvait les soutenir jusqu’au but. Pendant quarante ans, ils ont vu les oeuvres de puissance et de miséricorde de Dieu répondant à leurs besoins et les gardant de tout danger. Néanmoins, malgré tous les signes de sa présence, ils tentèrent Dieu et le mirent à l’épreuve en disant : «L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ?» Ils manifestèrent ainsi la dureté de leurs coeurs insensibles à la bonté de Dieu. Ne recherchant que leurs propres convoitises et ignorant les voies de Dieu, ils montrèrent clairement que, quelle que soit la profession qu’ils avaient faite, ils n’avaient pas de confiance réelle en Dieu. Au sujet de telles personnes, Dieu dit qu’elles n’entreront pas dans son repos.
v. 12, 13 — Dans ces versets, les avertissements du psaume 95 sont appliqués aux chrétiens professants. Nous devons «prendre garde» de peur qu’un méchant coeur d’incrédulité ne nous fasse abandonner le Dieu vivant pour placer à nouveau notre confiance dans des formes mortes. Nous montrerions par là qu’en dépit de la profession qui a pu être faite, l’âme n’a pas confiance en Christ, ni dans la grâce qui, par son oeuvre accomplie, assure au croyant le salut et le pardon. Toutefois, ce qui est dénoncé ici, ce n’est pas tant l’adjonction de formes judaïques à la vie chrétienne — quelque mauvais que cela soit — que l’abandon total de Christ et le retour au judaïsme, ce qui est l’apostasie.
De plus, nous ne sommes pas exhortés à prendre garde seulement à nous-mêmes, mais l’un à l’autre chaque jour, aussi longtemps que c’est encore un jour de grâce et de salut, de peur que quelqu’un ne s’endurcisse par la séduction d’un chemin de propre volonté. Il ne s’agit pas ici de commettre des péchés, aussi solennel que cela soit, car un péché conduit à un autre : c’est du principe du péché que l’auteur parle ; c’est l’iniquité. Nous réalisons peu combien nous endurcissons nos coeurs en faisant notre propre volonté. Aussi, nous avons à prendre garde à nous-mêmes et à veiller l’un sur l’autre. L’amour ne devrait pas être indifférent envers un frère en train de s’écarter en faisant sa propre volonté.
v. 14-19 — Les croyants ne sont pas seulement la Maison de Dieu ; ils sont aussi les compagnons du Christ. Ici de nouveau, ce n’est pas le corps de Christ et les membres de son corps, comme unis à la Tête par le Saint Esprit, où il ne peut rien y avoir qui ne soit réel. La profession est toujours en vue, et il est supposé qu’elle corresponde à la réalité, mais il est possible que ce ne soit pas le cas. Aussi est-il de nouveau précisé : «Si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout le commencement de notre assurance». Non pas une assurance fondée sur quoi que ce soit en nous-mêmes, ce qui ne serait que de la propre justice. L’assurance sur laquelle il est insisté se fonde sur le Seigneur Jésus, sur son sacrifice propitiatoire et sur l’efficacité acceptée de son oeuvre. Nous ne sommes pas blâmés d’avoir une telle assurance ; au contraire nous sommes exhortés à la retenir ferme.
Puis, se référant de nouveau à Israël dans le désert, l’auteur pose trois questions pénétrantes pour manifester la dureté, le péché et l’incrédulité d’Israël. D’abord, qui sont ceux qui, ayant entendu la parole de Dieu relative à un repos à venir, l’irritèrent ? S’agissait-il seulement de quelques-uns d’entre le peuple ? Hélas ! c’était la grande masse, «tous ceux qui sont sortis d’Égypte». Deuxièmement : Contre qui Dieu fut-il indigné durant quarante ans ? Ce fut contre ceux qui, en raison de la dureté de leurs coeurs, avaient choisi leurs propres péchés. Troisièmement : À qui Dieu jura-t-il qu’ils n’entreraient pas dans son repos ? Ce fut à ceux qui n’avaient pas cru. Nous apprenons ainsi que la racine du péché, c’était l’incrédulité. L’incrédulité les laissa exposés à leurs péchés et les péchés endurcirent leurs coeurs.
La traversée du désert par les enfants d’Israël, dont l’auteur a parlé dans le chapitre 3 (v. 7-19), avait en vue le repos de Canaan. C’est dans ce repos que ceux qui sortirent d’Égypte ne purent entrer, à cause de la dureté de leurs coeurs, de leur péché et de leur incrédulité (3:15, 17, 19).
Comme Israël autrefois, les croyants aujourd’hui traversent un monde qui est un désert, et se dirigent vers le repos de la gloire à venir. Ce repos est le grand sujet des onze premiers versets du chapitre 4. Remarquons que c’est du repos de Dieu que parle l’auteur. Il est appelé «son repos» et, dans les citations tirées de l’Ancien Testament, «mon repos» (3:18 ; 4:1, 3, 5).
Ce repos — le repos de Dieu — est entièrement futur. Ce n’est pas le repos de la conscience actuel, que la foi en Christ et en son oeuvre donne au croyant, selon les paroles du Seigneur : «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos». Ce n’est pas non plus le repos du coeur, qui est la part journalière de celui qui marche dans l’obéissance à Christ, se soumettant à sa volonté, selon la suite du passage : «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur ; et vous trouverez le repos de vos âmes» (Matt. 11:28, 29). Et ce n’est pas davantage le repos momentané d’un serviteur fatigué, dont il est parlé dans les évangiles lorsque le Seigneur dit : «Venez à l’écart vous-mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu» ; paroles qui impliquent qu’il nous faudra travailler de nouveau (Marc 6:31).
Dieu ne peut se reposer que là où son amour et sa sainteté sont satisfaits. Le repos de Dieu sera atteint lorsque son amour aura accompli tout son propos envers ceux qu’il aime. Quand la justice sera établie, que les peines et les soupirs auront disparu, Dieu «se reposera dans son amour» (Soph. 3:17). «La sainteté ne peut trouver son repos là où est le péché ; l’amour ne peut trouver son repos là où sont les peines» (J. N. D.).
Le chrétien est appelé hors de ce monde fébrile pour avoir part au repos du ciel. Pour le moment il est dans le désert ; il n’est ni du monde qu’il a quitté, ni dans le ciel où il se rend. La foi considère le repos céleste vers lequel nous nous dirigeons, que Christ nous a assuré et où il se trouve ; comme nous le lisons plus loin : Christ est entré «dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu» (9:24).
v. 1, 2 — Ayant cette promesse bénie, nous sommes mis en garde de paraître ne pas atteindre ce repos de Dieu. Le simple professant, qui abandonne sa profession chrétienne et retourne au judaïsme, ne paraîtrait pas seulement ne pas l’atteindre ; il ne l’atteindrait pas en fait et périrait dans le désert. Mais le vrai croyant peut sembler ne pas l’atteindre en retournant au monde et en s’installant sur la terre. Autrefois, Israël avait entendu parler d’un pays ruisselant de lait et de miel, mais hélas ! ils ne crurent pas la parole (comp. 3:18 avec Deut. 1:22-26).
Les bonnes nouvelles annoncées au chrétien sont encore plus glorieuses ; elles parlent d’une félicité encore plus grande dans le repos éternel du ciel. Ces gloires à venir sont des réalités pour la foi. Si la Parole n’est pas mêlée avec de la foi, elle ne servira pas plus aujourd’hui qu’autrefois à celui qui l’entend.
v. 3, 4 — Toutefois, bien que quelques-uns autrefois n’aient pas cru la bonne nouvelle du repos de Canaan, et bien que la grande masse professante aujourd’hui ne croie pas à la bonne nouvelle du repos céleste, le fait demeure avec toute sa valeur : Dieu a un repos futur et les croyants y entreront. Chaque pas les rapproche de ce repos de Dieu. Le simple professant, sans foi personnelle en Christ, tombera irrémédiablement dans le désert. Le serment de Dieu : «S’ils entrent dans mon repos !» (citation du psaume 95, verset 11) signifie en fait : «Ils n’entreront pas dans mon repos».
L’auteur fait allusion à la création pour montrer que dès le commencement, Dieu a eu le «repos» devant lui. Après la formation du monde et la création de l’homme à l’image et selon la ressemblance de Dieu, les oeuvres de Dieu en création étaient terminées. Cela conduisit au repos de la création, avec ses deux caractères distinctifs : d’abord la satisfaction de Dieu en tout ce qu’il avait fait, comme nous lisons : «Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon» ; ensuite l’arrêt de toute son oeuvre en création, selon qu’il est écrit : Dieu «se reposa au septième jour de toute son oeuvre qu’il fit» (Gen. 1:31 ; 2:2).
v. 5 — Le repos de la création est une préfiguration du repos éternel. Ce repos de la création a été interrompu par le péché. Toutefois, Dieu ne renonce pas au propos de son coeur d’avoir un repos — un repos éternel — qu’aucun péché ne viendra jamais troubler. Ainsi, aux jours de Josué, le repos de Dieu est de nouveau placé devant nous, car une fois encore la bonne nouvelle en est annoncée, même si Israël fut empêché d’en jouir en raison de son incrédulité ; de sorte que Dieu dut déclarer : «S’ils entrent dans mon repos !» (Ps. 95:11).
v. 6. — En dépit du fait que le péché avait interrompu le repos de la création et que l’incrédulité avait gâté le repos de Canaan, Dieu nous assure qu’il a encore un repos devant lui, qu’il appelle «mon repos». Et il y en a quelques-uns qui entreront dans ce repos, même si ceux à qui il avait été d’abord annoncé n’ont pu l’atteindre à cause de leur incrédulité. Le propos de Dieu ne peut être annulé par le péché ou par l’incrédulité de l’homme.
v. 7, 8 — Si le repos de la création est troublé et le repos de Canaan perdu, quel est le repos de Dieu dans lequel ceux qui croient doivent entrer ? Josué n’avait pu introduire le peuple dans le repos de Canaan ; aussi David, longtemps après, parle d’un autre repos en «un certain jour». Pour présenter ce repos, l’auteur cite les versets 7 et 8 du psaume 95. Ce psaume invite Israël à se tourner vers l’Éternel avec reconnaissance en raison de la venue future de Christ sur la terre pour introduire la nation dans le repos. En vue de la bonne nouvelle de ce nouveau jour de grâce, Israël est averti de ne pas endurcir son coeur comme aux jours de Josué. Refuser ce nouvel appel serait se priver du repos terrestre sous le règne de Christ.
v. 9, 10 — L’auteur conclut son argumentation en disant : «Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu», et le principal caractère de ce repos sera la fin du labeur, car «celui qui est entré dans son repos, lui aussi s’est reposé de ses oeuvres». Cette grande vérité est ainsi établie : qu’il s’agisse du repos céleste de Dieu pour un peuple céleste, ou du repos terrestre de Dieu pour son peuple terrestre, le repos est encore à venir. C’est un repos vers lequel la foi tend. En outre, ce n’est pas le repos à l’égard du péché, mais le repos à l’égard du labeur, et non pas parce que l’ouvrier est fatigué, mais parce que son oeuvre est achevée. Comme l’a dit un autre : «Nul repos actuel n’est le repos de Dieu ; et le caractère futur de ce repos est une précieuse sauvegarde contre le piège qui guette tout chrétien, et plus que tout autre un chrétien d’entre les juifs, de le chercher maintenant ici-bas. De même que Dieu ne peut se reposer là où règnent le péché et la misère, nous ne le devrions pas davantage : ne pas même désirer nous reposer, encore moins nous installer ici-bas. Aujourd’hui c’est le temps du travail d’amour, si nous connaissons son amour ; aujourd’hui c’est le temps de chercher de vrais adorateurs pour le Père, comme lui-même en cherche» (W. K.).
v. 11 — Le repos étant futur, avec la félicité qu’il apporte, nous sommes exhortés à travailler ou à nous appliquer à entrer dans le repos qui est devant nous. Plus loin dans l’épître, nous sommes de nouveau exhortés à l’oeuvre et au travail d’amour, à montrer de la diligence, à ne pas devenir paresseux, mais «imitateurs de ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui avait été promis» (6:10-12).
Il y a pour nous le danger soit de mépriser le repos de Dieu qui est placé au bout de la course soit de nous lasser du travail d’amour en chemin. Israël a failli des deux côtés. Appliquons-nous donc à entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe en imitant une semblable désobéissance. Les deux grandes exhortations sont : «Craignons donc» afin que nous ne méprisions pas la promesse de repos (v. 1) et «appliquons-nous donc» sur le chemin menant au repos (v. 11).
Les derniers versets du chapitre 4 placent devant nous les deux grands moyens par lesquels les croyants sont préservés pendant leur marche dans le désert jusqu’au repos de Dieu. D’abord la parole de Dieu (v. 12, 13) ; ensuite, le service sacerdotal de Christ (v. 14-16).
v. 12, 13 — Il nous est rappelé que la parole de Dieu n’est pas une lettre morte ; elle est vivante et agit en pénétrant le coeur de l’homme. Pour celui dont le coeur et la conscience viennent sous son influence, le résultat est double. D’abord, elle discerne les pensées et les intentions du coeur ; puis, elle amène l’homme dans la présence de Dieu à qui nous avons affaire.
La Parole nous découvre les convoitises cachées de «l’âme», de même que les raisonnements et l’incrédulité de «l’esprit». Elle nous révèle ainsi le vrai caractère de la chair, en sondant les pensées et les intentions secrètes du coeur. Il n’est pas question ici de péchés extérieurs, mais plutôt des motifs cachés et des ressorts du mal. La Parole nous découvre les profondeurs insoupçonnées du coeur, manifestant combien le «moi» est le motif secret de la vie. En outre, étant la parole de Dieu, elle nous introduit dans la présence de Dieu. C’est Dieu qui me parle, qui met mon coeur à nu dans sa présence, pour que je confesse là tout ce que la Parole détecte. Pourquoi Israël tomba-t-il dans le désert ? N’est-ce pas parce que la parole prêchée ne leur profita de rien ? S’ils avaient, par la foi, donné à cette Parole sa place dans leurs coeurs, elle les aurait amenés à découvrir et à juger les racines secrètes d’incrédulité qui les empêchèrent d’entrer dans le repos.
Ainsi tout ce qui pourrait nous empêcher de tendre vers le repos de Dieu, tout ce qui nous inciterait à nous installer dans ce monde, est détecté et jugé par la Parole, dans la présence de Dieu, afin que l’âme soit libérée pour poursuivre le pèlerinage, et l’oeuvre d’amour, ayant le repos de Dieu devant elle.
v. 14 — De plus, en nous amenant à juger les agissements secrets de notre volonté, la parole de Dieu nous prépare à profiter du secours et de la sympathie de Christ notre souverain sacrificateur. Nous n’avons pas seulement à lutter contre les racines cachées du mal dans notre coeur, mais nous sommes environnés d’infirmités et confrontés à des tentations. Pour agir contre le mal secret de nos coeurs, nous avons besoin de la Parole ; pour nous aider en présence des infirmités et des tentations, il nous faut une Personne vivante. Il nous faut quelqu’un qui nous représente, qui, à tout instant, connaît toutes nos difficultés et nos faiblesses et s’y intéresse, et qui peut sympathiser avec nous parce qu’il a lui-même connu les tentations et les difficultés que nous avons à rencontrer.
Nous avons un tel souverain sacrificateur, «Jésus, le Fils de Dieu» ; il a été devant nous dans le chemin qui conduit au repos de Dieu. Il a passé par toutes les étapes du chemin ; il a traversé les cieux ; il a atteint le repos de Dieu. Dans toutes nos faiblesses, il peut nous aider pendant la traversée du désert jusqu’à ce que nous nous reposions là où lui se repose, au-dessus et au-delà de toute épreuve et de toute tentation, là où le labeur a cessé pour toujours.
Ayant un tel souverain sacrificateur, nous sommes exhortés à tenir ferme notre confession. Ce n’est pas simplement tenir ferme la confession que Jésus est notre Seigneur et Sauveur, aussi important et béni que cela soit, mais plutôt la confession que nous sommes participants à l’appel céleste. Notre confession, c’est que, comme participants à l’appel céleste, nous entrerons dans le repos de Dieu. Le danger est qu’en présence de la tentation, en raison de nos infirmités, nous abandonnions cette confession et que nous nous installions dans une routine de service fébrile, ou même dans le monde lui-même.
v. 15 — Nous avons besoin du secours et de la sympathie de notre grand souverain sacrificateur, d’abord à cause de nos infirmités et ensuite à cause des tentations que nous rencontrons. Les infirmités sont les faiblesses qui s’attachent à nous comme étant dans le corps, ce corps qui éprouve divers besoins et qui est sujet aux maladies et aux accidents. L’infirmité n’est pas le péché, bien qu’elle puisse y conduire. La faim est une infirmité ; murmurer à cause de la faim serait un péché. Paul, apprenant la suffisance de la grâce de Christ en présence de ses infirmités, peut même dire : «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités» et encore : «Je prends plaisir dans les infirmités» (2 Cor. 12:9, 10). Il ne se serait pas glorifié dans des péchés, ni n’aurait pris plaisir à pécher.
Quant aux tentations, souvenons-nous que le croyant est soumis à deux formes de tentations, celles qui viennent des épreuves extérieures et celles qui viennent du péché intérieur. Ces deux formes de tentations sont placées devant nous par Jacques. Il dit d’abord : «Estimez-le comme une parfaite joie, mes frères, quand vous serez en butte à diverses tentations». Il y a différentes tentations extérieures par lesquelles l’Ennemi cherche à nous détourner de l’appel céleste et à nous empêcher de tendre vers le repos de Dieu. Puis Jacques parle d’une tentation de caractère très différent, quand il dit : «mais chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise». C’est la tentation du péché de l’intérieur (Jacq. 1:2, 14).
Dans ce passage des Hébreux, c’est la première forme de tentation qui nous est présentée — la tentation de se détourner du sentier de l’obéissance à la parole de Dieu, qui mène au repos de Dieu. En outre, le diable cherchera à se servir des infirmités du corps pour nous tenter et nous détourner, exactement comme il a cherché à se servir de la faim pour détourner le Seigneur du chemin de l’obéissance à Dieu. Dans cette forme de tentation, nous avons la sympathie du Seigneur, car lui-même a été tenté «en toutes choses comme nous», mais il est ajouté «à part le péché». Il n’a rien connu de la seconde forme de tentation.
v. 16 — Nous avons une ressource en présence de ces infirmités et de ces tentations. Quelles que soient les difficultés que nous ayons à rencontrer, quelle que soit l’intensité de nos épreuves et de nos tentations, quoi qu’il puisse arriver, la grâce est là pour nous aider à faire face à l’épreuve. Nous avons accès au trône de la grâce. Nous sommes ainsi exhortés à nous en approcher, c’est-à-dire à nous approcher de Dieu lui-même. Il ne nous est pas dit de nous approcher du souverain sacrificateur, mais de Dieu, et nous pouvons le faire avec hardiesse, car le souverain sacrificateur nous représente au trône de la grâce. Si nous nous approchons, nous trouvons miséricorde ; non pas parce que nous sommes tombés, mais pour que, dans l’épreuve, nous ne tombions pas. Le moment opportun n’est pas ici le moment de la chute, mais le moment où nous sommes soumis à des épreuves et à des tentations qui pourraient entraîner la chute.
L’apôtre nous a montré la sphère dans laquelle s’exerce la sacrificature de Christ — la maison de Dieu ; et les circonstances des siens qui réclament son service sacerdotal — la traversée du désert. Maintenant il place devant nous les souffrances par lesquelles Christ a passé pour «être à même» d’accomplir son service sacerdotal, et l’appel à l’office sacerdotal.
v. 1-4 — Pour présenter la valeur de la sacrificature de Christ, l’apôtre fait allusion, dans ces versets, à la sacrificature aaronique comme présentant des principes généraux du service sacerdotal. En même temps, il montre, par contraste, la supériorité de la sacrificature de Christ sur celle d’Aaron. Ces quatre versets parlent non pas de Christ et de sa sacrificature céleste, mais d’Aaron et de la sacrificature terrestre. L’attention est attirée sur la personne du sacrificateur terrestre, sur son office, sur les expériences du sacrificateur et sur son appel au service.
Quant à sa personne, le souverain sacrificateur est pris «d’entre les hommes». Ceci est en contraste frappant avec la sacrificature de Christ. Certes, Christ est homme, mais il est beaucoup plus. L’auteur a rendu témoignage et va le faire encore, que le Christ, qui est notre souverain sacrificateur, est le Fils éternel.
Quant à son office, le sacrificateur terrestre est établi pour les hommes dans les choses qui concernent Dieu, afin qu’il offre et des dons et des sacrifices pour les péchés, étant capable d’avoir de l’indulgence pour les ignorants et les errants. Nous avons là la préfiguration du service sacerdotal de Christ. Comme souverain sacrificateur, il officie en faveur des hommes — les «plusieurs fils» qu’il amène à la gloire — pour les garder de chute et les maintenir pratiquement dans une marche avec Dieu. Christ a offert un sacrifice unique pour amener les siens en relation avec Dieu ; et ayant accompli la grande oeuvre qui ôte leurs péchés, il exerce maintenant son service sacerdotal en intercession, en sympathie et en secours, en faveur de son peuple ignorant et errant.
Quant aux expériences personnelles du sacrificateur terrestre, nous lisons qu’il «est aussi lui-même enveloppé d’infirmité ; et, à cause de cette infirmité, il doit offrir pour les péchés, comme pour le peuple, ainsi aussi pour lui-même». Ici, l’analogie avec la sacrificature de Christ est partielle et le contraste clair. Certes, dans les jours de sa chair, Christ s’est trouvé dans des circonstances d’infirmité ; mais, en contraste avec Aaron, son infirmité était sans péché ; aussi il ne devait rien offrir «pour lui-même».
Quant à l’appel du sacrificateur terrestre : «Nul ne s’arroge cet honneur ; mais seulement s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron». Là, de nouveau, il y a analogie, comme cela nous est d’emblée rappelé, avec la sacrificature de Christ. Nul ne peut véritablement prendre la place de sacrificateur, dans quelque sens que ce mot soit pris, s’il n’est appelé de Dieu. La gravité extrême du non-respect de cette importante vérité paraît dans le jugement qui tomba sur Coré et ses associés, qui avaient cherché à s’établir dans la sacrificature sans y être appelés par Dieu. Jude nous avertit que, dans la chrétienté, il y en aura beaucoup qui s’établiront eux-mêmes sacrificateurs sans l’appel de Dieu et qui périront dans la contradiction de Coré (Nomb. 16:3, 7, 10 ; Jude 11).
Nous avons donc là le caractère de la sacrificature terrestre selon la pensée de Dieu, et non pas telle qu’elle est illustrée dans l’histoire d’Israël coupable, histoire qui se termine par l’occupation simultanée de la place du souverain sacrificateur par deux hommes méchants (Anne et Caïphe), conspirant pour crucifier leur Messie.
v. 5, 6 — Dès le verset 5, l’auteur se met à parler de Christ comme souverain sacrificateur. Il place devant nous la grandeur de sa personne, en tant qu’appelée à la sacrificature, les expériences qu’il a connues pour être à même de l’exercer et l’appel par Dieu à cet office.
La gloire de sa personne : Christ, qui est appelé à être notre grand souverain sacrificateur, est en vérité pris d’entre les hommes pour exercer sa sacrificature en leur faveur. Néanmoins, dans l’humanité, il est reconnu comme le Fils : «Tu es mon Fils ; moi je t’ai aujourd’hui engendré». C’est cette personne glorieuse — celui qui est véritablement Dieu et véritablement homme, et en qui la divinité et l’humanité sont parfaitement réunies — qui est établie sacrificateur, selon la parole : «Tu es sacrificateur pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédec». Quant au caractère de cet ordre de sacrificature, l’apôtre aura davantage à dire. Ici, le psaume 110 est cité pour montrer non seulement la grandeur du sacrificateur, mais la dignité de la sacrificature.
v. 7, 8 — Dans les versets qui suivent, nous apprenons par quelles expériences Christ a passé pour pouvoir exercer son service sacerdotal. Combien il est nécessaire qu’il soit la personne glorieuse qu’il est — le Fils — pour exercer la souveraine sacrificature dans le ciel. Mais il fallait plus. S’il doit secourir et aider les siens pendant la traversée du désert, il faut qu’il entre lui-même dans les souffrances et les difficultés du chemin. Aussi, l’auteur rappelle-t-il d’emblée «les jours de sa chair», lorsqu’il prit part à nos infirmités, foula le sentier que nous suivons, fut confronté aux mêmes tentations que nous et exposé aux mêmes peines. L’auteur fait particulièrement allusion aux souffrances des derniers jours du Seigneur, lorsque l’Ennemi qui, comme l’a dit un autre, «au début avait cherché à séduire Jésus en lui offrant les choses qui sont agréables à l’homme (Luc 4), se présentait contre lui avec des choses terribles» (J. N. D.). À Gethsémané, Satan chercha à détourner le Seigneur du sentier de l’obéissance, en plaçant devant lui la terreur de la mort. Face à cet assaut, le Seigneur agit comme l’homme parfait. Il n’exerça pas sa puissance divine pour chasser le diable ou se préserver de la mort ; mais comme l’homme parfaitement dépendant, il trouva sa ressource dans la prière. Il fit face ainsi à l’épreuve et vainquit le diable. Toutefois, sa perfection même, comme homme, l’amena à sentir la terreur de tout ce qui était devant lui et à exprimer ses sentiments avec de grands cris et avec larmes. Il rencontra l’épreuve dans une dépendance parfaite de Dieu, et avec confiance en Dieu qui pouvait le sauver de la mort.
Dans toute cette terrible épreuve, il fut exaucé à cause de sa piété qui introduisait Dieu dans chaque circonstance, par la dépendance et la confiance en lui. Il fut exaucé, étant fortifié dans sa faiblesse physique et rendu capable en esprit de se soumettre pour prendre la coupe de la main du Père. Il vainquit ainsi la puissance de Satan, et, quoiqu’il fût Fils, apprit l’obéissance par les choses qu’il a souffertes. Nous, nous devons apprendre à obéir parce que nous avons une volonté mauvaise ; Lui a appris ce que c’est qu’obéir parce qu’il était Dieu sur toutes choses, qui de toute éternité avait toujours commandé. Nous apprenons souvent l’obéissance par les souffrances que nous attirons sur nous par notre désobéissance. Lui apprit l’obéissance par les souffrances entraînées par son obéissance à la volonté de Dieu. Il apprit par l’expérience ce que cela coûtait d’obéir. Nulle souffrance, aussi intense fût-elle, ne put le faire dévier du sentier de la parfaite obéissance. Un autre a dit : «il s’est soumis à tout, a obéi en tout et dépendait de Dieu pour tout» (J. N. D.).
Les souffrances auxquelles l’apôtre fait allusion étaient celles des «jours de sa chair», non pas celles du jour de sa mort. À la croix, il a souffert sous la colère de Dieu ; et là il dut être seul. Nul ne peut partager ses souffrances expiatoires, ni y entrer. Dans le jardin, il a souffert de la puissance de l’Ennemi ; et là, d’autres Lui sont associés. Nous pouvons, dans notre petite mesure, partager ces douleurs lorsque nous sommes tentés par le diable ; et nous avons alors toute la sympathie et le secours de Celui qui a souffert avant nous.
v. 9 — En outre, non seulement il a été exaucé dans le jardin, mais ayant souffert, il est aussi exaucé par la résurrection et est consommé en gloire. Il prend sa place comme homme glorifié, selon ses propres paroles : «Voici, je chasse des démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour je suis consommé» (Luc 13:32). Rien ne pouvait ajouter à la perfection de sa personne, mais ayant traversé les souffrances des jours de sa chair, ayant accompli l’oeuvre de la croix et étant élevé et glorifié, il est parfaitement à même d’exercer son service sacerdotal en faveur des «plusieurs fils» qui sont en route pour la gloire. Étant consommé, il est salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Devenu homme, fait chair, il est appelé à exercer la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec (v. 5) ; ressuscité et consommé en gloire, il est salué comme ayant répondu à l’appel (v. 10).
Le grand objet de cette portion de l’épître est de développer le caractère béni de la sacrificature de Christ. Ayant mentionné la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec pour montrer, par analogie, la dignité de la sacrificature de Christ, l’apôtre arrête le cours de son exposé pour le reprendre au début du chapitre 7.
Dans la parenthèse que constituent ces versets, l’apôtre s’occupe de l’état spirituel de ceux auxquels il écrit. Leur paresse à écouter les exposait à une sérieuse difficulté et à un grave danger. La difficulté était qu’ils étaient incapables d’interpréter les figures de l’Ancien Testament. Nous trouvons cela du chapitre 5, verset 11 au chapitre 6, verset 3. Le danger était que, dans leur état d’enfance spirituelle, certains en arrivent à abandonner la profession du christianisme pour retourner au judaïsme. Ce danger est développé dans les versets 4 à 8 du chapitre 6. Les derniers versets de la parenthèse expriment la confiance de l’apôtre et son assurance à l’égard de ceux auxquels il écrit (6:9-20).
v. 11-13 — Ceux à qui l’apôtre écrivait n’étaient pas simplement ignorants quant à la vérité et jeunes dans la foi — choses qui ne rendraient pas nécessairement difficile la compréhension de l’enseignement de l’Écriture. La vraie difficulté était qu’ils étaient «devenus paresseux à écouter». Leur croissance spirituelle s’était arrêtée. Le moment était venu où ils auraient dû être des docteurs, mais ils avaient de nouveau besoin qu’on leur enseigne les vérités élémentaires des premiers rudiments des oracles de Dieu.
Ils étaient devenus tels qu’ils avaient besoin de lait et non de nourriture solide. L’apôtre ne méprise nullement l’emploi de lait ; mais il dit que si le lait est le régime approprié, c’est une preuve évidente que le croyant est spirituellement dans un état d’enfance et qu’il a besoin d’être établi dans la justice de Dieu.
v. 14 — La nourriture solide — la pleine vérité du christianisme dans laquelle l’apôtre désire nous instruire est pour l’homme fait, celui qui est établi dans la position dans laquelle la justice de Dieu l’a placé, comme fils devant Dieu. Celui-ci, loin d’être paresseux à écouter, a ses sens exercés à discerner le bien et le mal.
Chap. 6:1-3 — L’apôtre montre maintenant quels sont les obstacles à la croissance spirituelle. Les saints à Corinthe étaient retenus par la sagesse et la philosophie de l’homme (1 Cor. 1-3). Ces croyants hébreux étaient arrêtés par leur attachement à leur religion traditionnelle. Quelqu’un a justement dit : «Il n’y a pas de plus grand obstacle au progrès dans la vie et l’intelligence spirituelle que l’attachement à une ancienne forme de religion qui, étant affaire de tradition et non pas simplement foi personnelle en la vérité, consiste toujours en ordonnances et reste par conséquent charnelle et terrestre» (J. N. D.).
Dans la chrétienté, comme chez ces croyants hébreux, les ténèbres et l’ignorance de la parole de Dieu ne sont nulle part plus grandes que parmi ceux qui s’accrochent à la tradition et au rituel religieux. Occupés par de pures formes, éblouis par une religion qui éveille les émotions et s’adresse à l’esprit naturel, les gens sont rendus aveugles à l’Évangile de la grâce présenté dans la parole de Dieu.
Face à ce piège, l’auteur de l’épître donne l’exhortation : «C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits». Il évoque ensuite certaines vérités fondamentales connues dans le judaïsme avant la croix et adaptées à un état d’enfance spirituelle. En contraste avec ces vérités, l’apôtre présente la pleine vérité de la personne et de l’oeuvre de Christ révélée maintenant dans le christianisme, et dont la pleine réception conduit à l’état d’homme fait. En s’accrochant à des vérités qui étaient pour le temps précédant la venue de Christ, ces croyants empêchaient leur croissance dans la pleine révélation de Christ dans le christianisme.
L’apôtre parle de la repentance des oeuvres mortes, de la foi en Dieu, de la doctrine des ablutions et de l’imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. Toutes ces choses étaient connues avant l’incarnation de Christ. La foi dont il parle est la foi en Dieu, non pas la foi personnelle en notre Seigneur Jésus Christ. Les ablutions font allusion aux purifications juives, non pas au baptême chrétien. L’imposition des mains se rapporte à la façon dont l’Israélite s’identifiait avec la victime qu’il offrait. La résurrection est celle des morts, non celle «d’entre les morts», comme dans le christianisme. Marthe, dans le récit de l’évangile, croyait à la résurrection générale des morts ; elle éprouvait de la peine à croire que quelqu’un pouvait être ressuscité d’entre les morts alors que d’autres étaient laissés dans la mort.
L’apôtre ne nous demande pas de renier l’une ou l’autre de ces vérités de l’Ancien Testament, mais de ne pas nous attarder à une lumière partielle, pour avancer vers la pleine lumière du christianisme — l’état d’homme fait. C’est ce que nous ferons, si Dieu le permet, dit-il. Retourner à ces choses serait poser de nouveau «un fondement» de doctrine juive et non pas le fondement du christianisme.
v. 4-6 — Après avoir cherché à répondre aux difficultés occasionnées par leur paresse spirituelle, l’apôtre avertit ces croyants du sérieux danger auquel ils étaient exposés. Le fait qu’ils s’attachaient aux formes et aux cérémonies du judaïsme indique peut-être que certains, qui avaient été éclairés par les vérités du christianisme et avaient goûté ses privilèges, avaient abandonné leur profession et étaient retournés au judaïsme. Pour de tels, il n’y avait pas de restauration. Cette chute («ceux. . . qui sont tombés») n’est pas la chute d’un vrai croyant, mais l’apostasie de quelqu’un qui n’est qu’un professant.
Le passage parle du fait d’avoir été éclairé, non pas de la nouvelle naissance, ni de la vie éternelle. Il parle des privilèges extérieurs du christianisme : la présence du Saint Esprit, le prix de la parole de Dieu et le déploiement extérieur de puissance dans la sphère chrétienne. Tout cela pouvait être senti et connu par ceux qui avaient été introduits parmi les chrétiens, même s’il n’y avait pas chez eux de vie spirituelle. Ceux-ci participaient d’une manière extérieure aux privilèges de la sphère chrétienne, et pouvaient néanmoins abandonner leur profession et retourner au judaïsme. Ce faisant, ils retournaient à un système qui avait abouti à la crucifixion du Messie. En fait, ils crucifiaient pour eux-mêmes le Fils de Dieu et l’exposaient à l’opprobre ; car par leur action, ils déclaraient pratiquement qu’ils avaient essayé Christ et le christianisme, et avaient trouvé le judaïsme meilleur.
Ce passage n’offre plus de difficulté lorsqu’on voit clairement que l’apôtre ne suppose pas la possession de la vie divine, ni une oeuvre divine dans l’âme, mais simplement le fait d’avoir goûté aux privilèges extérieurs de la sphère chrétienne.
v. 7, 8 — L’illustration dont se sert l’auteur de l’épître montre bien ce qu’il veut dire. Les herbes et les épines bénéficient pareillement des bienfaits de la pluie qui vient du ciel, mais les herbes sont utiles, tandis que le sort des épines est d’être brûlées.
v. 9-12 — Après s’être occupé de la difficulté engendrée par leur état d’enfance spirituelle et les avoir mis en garde contre le danger d’apostasie, l’apôtre encourage maintenant ces croyants en exprimant sa confiance et son assurance à leur égard. Bien qu’il les ait avertis, il ne leur applique pas ce qu’il a dit quant à l’abandon du christianisme. Au contraire, il est persuadé, en ce qui les concerne, de choses meilleures et qui tiennent au salut. Il montre ainsi clairement que les privilèges extérieurs de la sphère chrétienne, desquels il a parlé dans les versets 4 à 8, peuvent être connus en partie par ceux qui ne sont pas sauvés.
Les choses qui tiennent au salut sont des choses qui donnent la preuve de la vie divine dans l’âme. Ce sont «l’amour», «l’espérance» et «la foi». Le service passé et présent des croyants hébreux envers les saints montrait leur amour. Dieu n’oubliera pas le service qui a pour mobile l’amour pour Christ. Un tel service recevra sa pleine récompense dans le jour à venir. Ceci amène l’apôtre à parler de «l’espérance» placée devant nous. Il désirait que ces croyants poursuivent avec diligence leur service d’amour, dans la pleine assurance de l’espérance qui regarde au repos et à la récompense du travail accompli.
L’apôtre ne suggère pas que la perspective de la récompense soit un mobile pour le service. Le mobile, il l’établit clairement, c’est l’amour «pour son nom». Mais comme toujours, la récompense est introduite comme encouragement face aux difficultés. Poursuivre jusqu’au bout demande cependant de la foi et de la patience. Nous sommes exhortés à être des imitateurs d’hommes de Dieu «qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui avait été promis». Leur foi regardait à la bénédiction future et leur permettait d’endurer avec patience les épreuves du désert.
v. 13-15 — Mais la foi a besoin d’une autorité absolue sur laquelle reposer. L’apôtre se sert de l’histoire d’Abraham pour montrer que la parole de Dieu est le solide fondement d’après lequel la foi agit. Dans le cas du patriarche, cette parole avait été confirmée par un serment. Dieu avait engagé sa parole de bénir Abraham de la manière la plus complète, si bien qu’il fut rendu capable d’endurer avec patience toutes les privations d’un voyage à travers le désert.
v. 16-18 — En outre, ce n’était pas pour Abraham seulement que Dieu donna cette double garantie : sa parole et son serment. Ainsi les principes selon lesquels Dieu agissait envers les pères autrefois s’appliquent maintenant aux enfants de la foi, afin que «nous ayons une ferme consolation». Dieu, dans sa grâce condescendante, pour convaincre les héritiers de la promesse du caractère immuable de sa Parole, confirma sa promesse par un serment, comme le font les hommes dans leurs affaires les uns avec les autres. Comme il ne pouvait pas jurer par quelqu’un de plus grand, il jura par lui-même. Ainsi par deux choses immuables, sa parole et son serment, dans lesquelles il était impossible que Dieu mente, il donne une ferme consolation à tous ceux qui se sont enfuis vers Christ comme refuge contre le jugement, pour saisir l’espérance proposée, au lieu de retourner en arrière à cause des difficultés du chemin. Allusion est faite ici à la ville de refuge pour le meurtrier. Les juifs avaient mis à mort leur propre Messie et s’étaient placés sous le jugement. Le résidu croyant, se séparant de la nation coupable, s’est enfui pour chercher refuge auprès de Christ vivant dans la gloire.
v. 19, 20 — Le croyant qui s’enfuit vers Christ a une espérance sûre et ferme, vu que Jésus, notre grand souverain sacrificateur, est entré au-dedans du voile, dans le ciel. Christ parait pour nous devant la face de Dieu comme précurseur et comme notre souverain sacrificateur. Le mot «précurseur» implique qu’il y en a d’autres qui suivent. Nous avons par conséquent non seulement la parole de Dieu, mais Jésus, personne vivante dans la gloire, comme témoin éternel de la gloire vers laquelle nous nous dirigeons, et garant de notre entrée. Jusqu’au moment où nous atteindrons le repos du ciel, Christ est notre grand souverain sacrificateur pour nous soutenir dans le chemin. Ainsi de nouveau, comme à la fin du chapitre 4, l’apôtre place devant nos âmes la parole de Dieu et le Christ vivant. Ici, c’est la parole de Dieu comme le ferme fondement de notre foi, et le Christ vivant comme l’ancre de notre âme, celui qui nous lie au ciel et qui garde nos coeurs dans la tranquillité au milieu des tempêtes de la vie.
Après les paroles d’avertissement et d’encouragement contenues dans la parenthèse allant du chapitre 5, verset 11, à la fin du chapitre 6, l’apôtre reprend le grand sujet du chapitre 5. Dans ce chapitre, il avait placé devant nous la dignité de la sacrificature de Christ en nous rappelant que Christ ressuscité est salué souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Au chapitre 7, il poursuit en exposant le caractère élevé de cet ordre de sacrificature, en montrant sa supériorité sur la sacrificature aaronique.
Il est important de distinguer l’ordre de la sacrificature de l’exercice des fonctions sacerdotales. Quand il est question de l’ordre ou du rang dans la sacrificature, Melchisédec est le type approprié de la sacrificature de Christ. Quand il est question de l’exercice de son office comme sacrificateur en faveur des chrétiens, Aaron est le type qui donne une très juste image de l’office de Christ. La sacrificature aaronique introduit le sacrifice, l’intercession et les ustensiles du sanctuaire, dont il n’est fait aucune mention en relation avec Melchisédec. Il nous est ainsi rappelé qu’une seule personne ne peut jamais, même typiquement, présenter toutes les gloires de Christ.
Les versets 1 et 2 se réfèrent à l’épisode frappant de l’histoire d’Abraham au cours duquel, pour un bref moment, Melchisédec, quelqu’un de plus grand que lui, vint à la rencontre du patriarche. Cet homme est à dessein enveloppé de mystère, afin qu’étant, à certains égards, «assimilé au Fils de Dieu», il puisse préfigurer d’une manière appropriée notre grand souverain sacrificateur, le Fils de Dieu. Le passage de Genèse 14:17-24, dans lequel cette scène est décrite, est un type du millénium. Après la défaite des rois par lesquels «le juste Lot» avait été emmené captif, Melchisédec sortit à la rencontre d’Abraham. Son nom et celui de son pays signifient qu’il était roi de justice et roi de paix. En outre, il était «sacrificateur du Dieu Très-Haut», le Dieu qui, par la défaite des rois, avait montré qu’il pouvait délivrer les siens de leurs ennemis et renverser toute puissance rivale.
Quant à sa position, Melchisédec était un roi. Son règne était caractérisé par la justice et la paix ; et dans l’exercice de sa sacrificature, il se tenait entre Abraham et Dieu. En tant que représentant de Dieu devant l’homme, il bénit Abraham de la part de Dieu ; comme représentant de l’homme devant Dieu, il bénit le Dieu Très-Haut de la part d’Abraham. Il apporte la bénédiction de Dieu à l’homme et fait monter la louange de l’homme à Dieu.
Ainsi, dans les jours millénaires à venir, Dieu sera connu comme le Dieu Très-Haut, qui délivrera son peuple terrestre et agira en jugement envers toute puissance hostile. Alors Christ paraîtra véritablement dans sa gloire de roi et sacrificateur, comme cela nous est formellement annoncé par les prophètes : «Il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône ; et le conseil de paix sera entre eux deux» (Zach. 6:13). Il sera le vrai roi de justice, roi de paix et sacrificateur du Dieu Très-Haut.
v. 3 — En outre, Melchisédec est à dessein enveloppé de mystère en ce que rien ne nous est dit de son origine, de sa naissance ou de sa mort. Pour ce que nous en savons, il est «sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie». Il paraît sur la scène sans aucun détail quant à son ascendance et la quitte sans que rien soit ajouté. Pour ce qui est rapporté de lui, il «demeure sacrificateur à perpétuité», en contraste frappant avec Aaron.
En tout cela il est assimilé au Fils de Dieu, et par conséquent, il présente de manière appropriée la dignité de la sacrificature du Fils de Dieu qui demeure sacrificateur à perpétuité.
v. 4-7 — Nous sommes invités ensuite à considérer d’autres incidents dans ce récit qui montrent la supériorité de la sacrificature de Melchisédec sur celle d’Aaron. D’abord, ce roi-sacrificateur est si grand en dignité que même le patriarche Abraham lui donna la dîme du butin. Pourtant les fils de Lévi, qui, dans l’exercice de leur sacrificature, dîment le peuple, descendent d’Abraham. Mais, bien qu’ils reçoivent des dîmes, ils ont eux-mêmes payé des dîmes à Melchisédec dans la personne d’Abraham leur père.
De plus, non seulement Melchisédec reçoit des dîmes d’Abraham, mais il bénit celui qui avait les promesses. Celui de qui il avait été dit qu’il serait en bénédiction, et que dans sa semence toutes les nations de la terre seraient bénies, est lui-même béni ; et sans contredit, «le moindre est béni par celui qui est plus excellent».
v. 8-10 — En outre, dans le cas d’Aaron et de ses fils, des hommes mortels reçoivent des dîmes. Mais quant à Melchisédec, nous n’avons aucune allusion à sa mort. Pour ce que le récit en rapporte, «il est rendu témoignage qu’il vit».
Ainsi, dans la personne de leur père Abraham, les sacrificateurs selon l’ordre aaronique ont payé des dîmes au lieu d’en recevoir, et ont reçu la bénédiction plutôt qu’ils ne l’ont donnée. De plus, comme hommes soumis à la mort, ils ont payé des dîmes à celui dont il est rendu témoignage qu’il vit. Il est ainsi clair que l’ordre de la sacrificature selon Melchisédec est beaucoup plus élevé que celui d’Aaron.
v. 11 — Si donc la sacrificature de Melchisédec est supérieure à celle d’Aaron, c’est une preuve évidente de l’imperfection de celle-ci, transitoire dans son caractère et imparfaite dans son office. Plus loin dans l’épître, nous apprenons qu’elle ne donnait pas de soulagement permanent à la conscience et ne permettait pas à celui qui offrait de s’approcher de Dieu. Cette imperfection même prouvait la nécessité de la venue d’un autre sacrificateur, selon l’ordre de Melchisédec. Ce sacrificateur, nous l’avons en Christ, en qui seul est la perfection.
v. 12-14 — Ce changement de l’ordre de la sacrificature rend nécessaire un changement de loi. Car il est évident que Christ appartenait à la tribu de Juda, dont aucun homme n’est appelé au service sacerdotal sous la loi de Moïse.
v. 15-17 — Il est également clair que le Seigneur est appelé à être sacrificateur, bien qu’il se rattache à la tribu de Juda Mais il l’est selon la ressemblance de Melchisédec, c’est-à-dire non selon un commandement charnel qui établissait des sacrificateurs soumis à la mort, d’où le recours à une succession de sacrificateurs. En contraste, la sacrificature de Christ a une place sans égale dans sa majesté incomparable, car elle est selon la puissance d’une vie impérissable. C’est comme ressuscité, dans la puissance d’une vie au-delà de la mort, que le Seigneur est appelé à être sacrificateur ; il l’est, par conséquent, non pas pour la durée d’une vie, mais «pour l’éternité».
v. 18, 19 — Le commandement de Moïse quant à la sacrificature est par conséquent abrogé à cause de sa faiblesse et de son inutilité. Il était faible parce que le sacrificateur, étant sujet à la mort, ne pouvait pas demeurer. Il était inutile parce qu’il ne pouvait pas placer l’homme dans la présence de Dieu avec une conscience libérée de la crainte du jugement. La loi dirige le regard vers les choses meilleures, mais en elle-même, elle n’a rien amené à la perfection. Avec la sacrificature de Christ, il y a introduction d’une meilleure espérance. Elle a pour résultat d’amener le croyant à la gloire, bien que, sans attendre la gloire, nous puissions nous approcher de Dieu par notre souverain sacrificateur (cf. 10:21, 22).
v. 20-22 — Nous sommes en outre assurés de la supériorité de la sacrificature de Christ sur celle d’Aaron par le fait qu’en contraste avec Aaron, l’appel de Christ à la sacrificature est confirmé par un serment. Comme preuve, l’apôtre cite de nouveau le psaume 110. Le serment implique qu’il ne peut y avoir ni révocation ni abrogation de la sacrificature de Christ, comme dans le cas de la sacrificature lévitique. Le serment rend d’autant plus sûres les bénédictions de la nouvelle alliance qui reposent sur Jésus et sur son oeuvre
v. 23, 24 — Sous la loi étaient établis sacrificateurs des hommes qui étaient incapables de demeurer dans leur office en raison de la mort. Un sacrificateur pouvait, dans sa mesure, apporter sympathie et secours à ceux pour lesquels il exerçait sa fonction ; mais la mort l’enlevait et un autre sacrificateur le remplaçait, qui était étranger aux peines de ceux dont s’étaient approchés ses prédécesseurs. Avec Christ, quelle différence ! Ayant triomphé de la mort, il demeure éternellement dans l’exercice de la sacrificature qui ne se transmet pas. «Toi, tu demeures» et «Tu es le même» (1:11, 12).
v. 25 — Après avoir montré la supériorité de la sacrificature de Christ, l’apôtre résume les bénédictions qui, pour le croyant, résultent de cette sacrificature. Parce que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui vit éternellement et ne change jamais, nous avons l’assurance qu’il peut nous sauver jusqu’à l’achèvement de notre pèlerinage ; par lui nous pouvons nous approcher de Dieu pendant le voyage. Il peut nous sauver de tout ennemi, nous amener à Dieu et intercéder pour nous dans toutes nos infirmités.
v. 26, 27 — Cette portion de l’épître se termine en nous montrant qu’«un tel souverain sacrificateur nous convenait». Au chapitre 2, verset 10, nous apprenons qu’un tel souverain sacrificateur convenait pour Dieu ; ici nous apprenons qu’il «nous convenait». Vu ce que Dieu est dans toute sa sainteté, nul autre que Christ ne conviendrait pour Dieu comme grand souverain sacrificateur. Vu ce que nous sommes dans toute notre faiblesse, nul autre que Christ ne conviendrait pour nous. Il nous convient
— à cause de sa sainteté intrinsèque,
— à cause de la pureté de ses mobiles — il est innocent, sans la moindre pensée mauvaise,
— parce qu’il a traversé la scène d’ici-bas sans en être souillé, sans être sali par les corruptions du monde, parce qu’il a été élevé plus haut que les cieux,
— par-dessus tout, à cause de son oeuvre accomplie une fois pour toutes pour les péchés, lorsqu’il s’est offert lui-même sur la croix.
v. 28 — Ainsi le Fils, consommé pour être sacrificateur pour l’éternité par la parole du serment, est présenté en contraste avec les hommes enveloppés d’infirmité qui étaient établis sacrificateurs par la loi.
Résumons l’enseignement de ce chapitre. Nous avons devant nous :
— la dignité de l’ordre de la sacrificature de Christ, tel qu’il est typifié par Melchisédec (v. 1-3),
— la grandeur de la sacrificature de Christ, telle qu’elle est mise en évidence par la supériorité de la sacrificature de Melchisédec sur la sacrificature lévitique (v. 4-10),
— l’imperfection de la sacrificature lévitique, rendant nécessaire un changement de sacrificature (v. 11),
— le changement de sacrificature rendant nécessaire un changement de loi en relation avec la sacrificature terrestre (v. 12-19),
— la sacrificature de Christ confirmée par un serment (v. 20-22),
— la sacrificature de Christ qui demeure et ne change pas (v. 23, 24),
— la parfaite compétence de Christ pour son office sacerdotal (v. 25), et
— la qualification personnelle de Christ pour son office sacerdotal (v. 26-28).
Le chapitre 7 a présenté le nouvel ordre de sacrificature auquel Christ a été appelé, et sa supériorité sur la sacrificature aaronique, impliquant l’abrogation de la loi de la sacrificature lévitique.
Nous allons voir maintenant que la nouvelle sacrificature non seulement abroge la loi mosaïque quant à l’établissement du sacrificateur, mais ouvre la voie à l’alliance nouvelle basée sur un sacrifice nouveau et exercée dans le sanctuaire nouveau pour des adorateurs nouveaux. Les deux grands sujets de ce chapitre sont, d’abord le grand fait que le service sacerdotal de Christ est exercé maintenant en relation avec le ciel (v. 1-5) ; ensuite, qu’il implique la nouvelle alliance (v. 6-13).
v. 1, 2 — Le chapitre s’ouvre par un bref résumé de la vérité déjà présentée. Non seulement il y a un tel souverain sacrificateur, mais «nous avons un tel souverain sacrificateur». Cette personne grande et glorieuse, appelée à être souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, l’est pour nous servir. C’est quelqu’un vers qui nous pouvons nous tourner pour trouver de la sympathie dans nos peines, et du secours dans nos infirmités. L’apôtre nous rappelle la dignité incomparable de notre souverain sacrificateur en plaçant devant nous le lieu où il se trouve : lieu de la puissance «à la droite du trône» ; lieu de la proximité de Dieu «le trône de la majesté» et le lieu de l’exaltation «dans les cieux».
En outre, il est ministre du sanctuaire ou «des lieux saints». Ce n’est pas le sanctuaire terrestre, mais le «vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, non pas l’homme». Plus loin dans l’épître, nous apprenons que c’est «le ciel même» (9:24). La mention du sanctuaire introduit une autre partie du service sacerdotal de Christ. Ce n’est plus le service consistant à nous secourir dans nos tentations du désert, ni la sympathie avec nous dans nos peines, ni le support dans nos faiblesses, mais plutôt ce service plus élevé qui nous introduit comme adorateurs dans la présence de Dieu. Son service pour nous dans nos circonstances du désert a été présenté dans les chapitres 2 à 7. Son service sacerdotal pour nous amener dans le sanctuaire comme adorateurs est plus particulièrement présenté dans les chapitres 8 à 10.
v. 3 — De même que c’était une partie importante de l’oeuvre des sacrificateurs lévitiques d’offrir des dons et des sacrifices, Christ, comme notre souverain sacrificateur, a quelque chose à offrir, ainsi que nous le lisons plus loin dans l’épître : «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges» (13:15).
v. 4, 5 — Cet office sacerdotal de Christ s’exerce dans le ciel et en faveur d’un peuple céleste. S’il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur, vu que, sur la terre, les seuls sacrificateurs d’entre les hommes que Dieu a jamais reconnus comme classe distincte parmi le peuple de Dieu, étaient établis selon la loi. Ils servaient «la figure et l’ombre des choses célestes». Cela ressort des directives explicites données à Moïse sur la montagne (Ex. 25:40). Christ étant venu, «la figure et l’ombre des choses célestes» ont rempli leur rôle. La sacrificature humaine exercée sur la terre en faveur d’un peuple terrestre cède la place à la sacrificature céleste de Christ exercée dans le ciel en faveur d’un peuple céleste.
Hélas ! la chrétienté, ayant perdu de vue l’appel céleste du chrétien, a établi un système terrestre sur le modèle du judaïsme, avec une sacrificature établie par des hommes comme une classe distincte parmi le peuple de Dieu. En faisant ainsi, il y a non seulement retour aux ombres et perte de la réalité même, mais encore reniement pratique de la sacrificature de Christ et usurpation de son office et de son service.
v. 6-9 — Non seulement Christ exerce un ministère plus excellent dans le ciel, mais il est médiateur d’une meilleure alliance, établie sur de meilleures promesses. L’apôtre parle de cette nouvelle alliance dans les versets 6 à 13.
Une alliance comporte des clauses régissant les relations entre deux personnes. l’Écriture parle de deux grandes alliances entre Dieu et les hommes, l’ancienne et la nouvelle ; l’alliance de la loi et l’alliance de la grâce. Tant l’ancienne que la nouvelle alliance établissent les conditions selon lesquelles Dieu peut bénir son peuple terrestre. La grande différence entre les alliances est que selon les termes de la première, la bénédiction dépendait de l’accomplissement par l’homme de son engagement ; tandis que, sous la seconde alliance, la bénédiction est assurée par la promesse inconditionnelle de Dieu. L’oeuvre médiatoriale de Christ pose une base juste permettant à Dieu de bénir le croyant en grâce souveraine, selon les termes de la nouvelle alliance.
Dans le livre de l’Exode, nous avons le récit historique Israël contractant alliance avec Dieu en prenant des engagements formels. L’Éternel s’engage à bénir le peuple s’il écoute sa voix et garde son alliance. Le peuple, de son côté, s’engage à faire sa part, comme nous le lisons : «Et tout le peuple ensemble répondit et dit : Tout ce que L’Éternel a dit, nous le ferons» (Ex. 19:5-8). Plus tard, cette alliance est renouvelée par le peuple et scellée avec du sang (Ex. 24:6-8).
Il apparaît clairement que, sous l’ancienne alliance, le peuple d’Israël était placé dans une relation extérieure avec Dieu sur le terrain de la loi. S’ils gardaient la loi, la vie et la bénédiction sur la terre leur étaient promises. S’ils transgressaient la loi, ils étaient maudits. La bénédiction dépendait entièrement du respect de leurs engagements. C’était là la faiblesse de la première alliance, car il est évident qu’un homme déchu ne peut pas garder la sainte loi de Dieu. Ainsi il y avait lieu de chercher une seconde alliance dont Christ est le médiateur.
L’Éternel n’a rien à reprocher à la première alliance elle-même, mais à ceux qui étaient incapables d’en respecter les termes. C’est en les «censurant» eux, que L’Éternel parle d’une nouvelle alliance. Dans les versets 8 à 12, l’apôtre cite Jérémie 31:31-34 (selon la version des Septante) pour placer devant nous les termes de cette nouvelle alliance.
Nous apprenons par cette citation que la nouvelle alliance a en vue le jour à venir, qu’elle est, au sens strict, conclue avec Israël et s’applique à un peuple terrestre. Néanmoins, si la lettre de la nouvelle alliance est limitée à Israël, l’esprit peut en être appliqué aux chrétiens. Aussi, dans une autre épître, l’apôtre Paul parle de lui-même comme étant rendu propre pour être un ministre de la nouvelle alliance, «non de la lettre, mais de l’esprit» (2 Cor. 3:6). Pour cette raison nous ne devrions guère nous attendre à trouver dans la nouvelle alliance des vérités qui présentent exclusivement les privilèges chrétiens, mais plutôt des bénédictions qui sont essentielles pour tout le peuple de Dieu et communes à tous les rachetés. Ces bénédictions, dans lesquelles Israël restauré et racheté entrera dans un jour à venir, les croyants du jour actuel de la grâce en jouissent par anticipation.
La nouvelle alliance est en contraste avec l’ancienne, conclue avec Israël au jour où il fut tiré d’Égypte. En ce jour, Dieu sépara la nation du monde de l’Égypte pour qu’elle soit en relation avec lui. Mais, comme nous l’avons vu, selon les termes de l’alliance, la bénédiction dépendait du respect par le peuple de son engagement dans l’alliance. Ils faillirent en cela, comme le Seigneur le dit : «Ils n’ont pas persévéré dans mon alliance». Ils ont perdu par conséquent la bénédiction et le Seigneur les a «délaissés». Garder des relations avec un peuple qui, par désobéissance et idolâtrie, n’avait pas tenu ses engagements, serait approuver son mal. Ainsi Dieu refusa de les reconnaître comme étant en relation avec lui sur le terrain de l’ancienne alliance. Sur ce terrain, la nation est rejetée.
v. 10-12 — Néanmoins Dieu peut avoir recours à sa grâce souveraine et il le fait. La nouvelle alliance dépend entièrement de sa grâce et établit les conditions selon lesquelles il peut agir envers l’homme selon sa propre nature sainte et sa propre volonté. En présentant la bénédiction de la nouvelle alliance, le Seigneur dit et répète ce que lui va faire : «Je conclurai... une nouvelle alliance» ; «Je les écrirai aussi (mes lois) sur leurs coeurs» ; «Je leur serai pour Dieu» ; «Je serai clément» ; «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Il est clair que les bénédictions de la nouvelle alliance dépendent non pas des actes de l’homme, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté souveraine de Dieu. Le principe de la nouvelle alliance, c’est que le Seigneur s’engage à l’accomplir.
Jérémie nous dit que les bénédictions de la nouvelle alliance sont d’abord une oeuvre de Dieu dans les coeurs des siens, par laquelle leurs esprits seront renouvelés et leurs affections engagées, de sorte que la loi de Dieu sera écrite dans leurs coeurs au lieu d’être écrite sur des tables de pierre. Puis, ceux en qui une telle oeuvre aura été opérée seront un peuple en relation avec lui. C’est dans l’esprit de cette bénédiction que les croyants d’aujourd’hui entrent, comme nous le lisons dans l’évangile selon Jean : «À tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu» (Jean 1:12, 13). Troisièmement il y aura la connaissance consciente du Seigneur, de sorte qu’il ne sera pas question d’apprendre à son concitoyen ou à son frère à connaître le Seigneur. Combien cela est vrai parmi les véritables enfants de Dieu aujourd’hui, qui connaissent personnellement le Seigneur, même s’ils doivent encore beaucoup apprendre à son sujet et, dans ce sens, ont besoin d’être enseignés ! Quatrièmement, il y aura l’exercice de la miséricorde du Seigneur ; leurs péchés seront réglés avec une telle justice que Dieu pourra dire : «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Tout croyant est introduit aujourd’hui dans cette immense bénédiction.
v. 13 — Tels sont les termes et les bénédictions de la nouvelle alliance. S’il y a une nouvelle sacrificature par laquelle nous nous approchons de Dieu, il doit nécessairement y avoir une nouvelle alliance, sinon la nouvelle sacrificature, quelle que soit sa perfection, ne servirait à rien. Sous la première alliance il fallait, pour s’approcher de Dieu, remplir les engagements contractés. La chose étant impossible, nous nous trouverions constamment exclus de la présence de Dieu à cause de nos propres manquements. Sous la nouvelle alliance, nous sommes en relation avec Dieu sur le seul terrain de ce que Dieu a fait en grâce souveraine.
L’alliance est nouvelle dans le sens qu’elle est entièrement différente de l’ancienne : elle n’est pas sur le même modèle. Etant nouvelle, elle fait que l’ancienne est caduque ; celle-ci, devenant ancienne et vieillissant, est près de disparaître. Il est donc vain, pour les juifs ou la chrétienté, de retourner à ce que l’homme a rompu et que Dieu a mis de côté par la croix, par la destruction de Jérusalem et par celle du temple.
L’apôtre a placé devant nous la nouvelle sacrificature de Christ (chap. 7), impliquant les bénédictions de la nouvelle alliance (chap. 8). Maintenant, dans le chapitre 9, il présente le nouveau sacrifice de Christ dans toute sa valeur, en même temps que le nouveau sanctuaire auquel il donne accès.
v. 1-5 — L’apôtre fait d’abord mention du tabernacle d’autrefois ; non pas pour parler en détail de ses ustensiles, aussi instructifs soient-ils du point de vue symbolique, mais pour montrer par contraste la supériorité du sanctuaire céleste.
Nous apprenons que, bien qu’il y ait eu des ordonnances pour le culte lié au tabernacle, c’était néanmoins essentiellement un «sanctuaire terrestre». Par sa beauté, son rituel compliqué et ses cérémonies propres à frapper les sens, il faisait spécialement appel à l’homme naturel et était ainsi entièrement adapté à ce monde. En outre, l’écrivain met fortement l’accent sur les deux parties du tabernacle, séparées par le voile ; la première, le lieu saint, et la seconde, le saint des saints.
v. 6, 7 — Après avoir fait allusion à la disposition du tabernacle et à son contenu, l’apôtre en vient aux sacrificateurs, aux sacrifices liés au tabernacle, et au peuple. En rapport avec ce tabernacle, c’était les sacrificateurs, non pas le peuple, qui accomplissaient le service divin. De plus, dans la seconde partie du tabernacle, seul le souverain sacrificateur avait accès, une fois l’an seulement, et non sans du sang qu’il offrait pour lui-même et pour les fautes du peuple.
Nous avons donc, dans ces sept premiers versets, une description de ce dont l’apôtre parle, dans le dernier chapitre, comme étant le «camp» (13:13). Le camp était composé d’une masse de personnes groupées autour d’une tente dont la somptuosité plaisait à la nature, comportant une partie cachée derrière un voile, le saint des saints, et dans laquelle officiait une compagnie de sacrificateurs, distincts du peuple, qui accomplissaient les services divins en faveur de celui-ci.
v. 8-10 — Qu’avons-nous donc à apprendre du tabernacle et de ses services ? Nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes pour les interpréter, car il nous est expressément dit que l’Esprit Saint en a donné la vraie signification. D’abord, nous devons apprendre que les services du tabernacle montraient clairement que, sous la loi, l’accès à la présence de Dieu n’avait pas encore été manifesté.
Ensuite, si l’accès dans le lieu très saint n’était pas encore ouvert, c’était une preuve évidente de l’insuffisance des sacrifices. Ils ne pouvaient pas rendre parfait quant à la conscience celui qui rendait le culte.
Enfin, ces choses, tant qu’elles existaient, étaient une figure de celles qui étaient à venir. Les figures, toutefois, ne pouvaient jamais satisfaire Dieu, ni répondre aux besoins de l’homme. Sous un tel système, Dieu était caché dans le sanctuaire et l’homme en était exclu. Le système juif ne pouvait en aucun cas ouvrir le ciel.
La chrétienté, hélas ! ignorant l’enseignement de l’Esprit Saint, au lieu de voir dans le tabernacle une figure, s’en est servi comme d’un modèle pour ses services religieux. En agissant ainsi, elle a perdu les «biens à venir» dont les figures parlent. Ainsi, en général, on s’est remis à construire de somptueux édifices, dont on a également isolé une partie comme étant plus sainte que le reste, et on a de nouveau institué une classe sacerdotale distincte des laïques, qui accomplit les services religieux en faveur du peuple. Un système a été ainsi adopté selon le modèle du camp juif, qui maintient le peuple loin de Dieu et ne peut jamais rendre parfait quant à la conscience.
Il est bon de se rappeler de ceci : être «parfait» quant à la conscience (ou avoir la conscience «purifiée» selon les expressions des chapitres 9 et 10) et avoir «une bonne conscience», comme nous le trouvons ailleurs, sont deux choses bien différentes. J’ai la conscience purifiée quand j’ai été exercé au sujet de mes péchés et que j’ai trouvé une réponse à ces exercices dans le sang précieux de Christ, qui me met à l’abri du jugement. J’ai une bonne conscience quand ma vie et ma marche pratique sont exemptes de péché conscient.
v. 11 — La venue de Christ a tout changé. D’emblée nous avons un nouveau souverain sacrificateur, un tabernacle plus grand et plus parfait et un nouveau sacrifice. Aaron était souverain sacrificateur en relation avec les choses du monde présent. Christ est notre «souverain sacrificateur des biens à venir». Le sacrifice de Christ assure certes des bénédictions présentes au croyant, mais les biens en rapport avec lesquels Christ est souverain sacrificateur sont encore «à venir». Ainsi l’Esprit de Dieu a de nouveau en vue la fin de notre pèlerinage terrestre. Au chapitre 2, verset 10, nous avons appris que Christ amène plusieurs fils à la gloire ; au chapitre 2, verset 5, il est parlé du «monde habité à venir» ; au chapitre 4, verset 9, il est parlé du repos qui reste et au chapitre 6, verset 5, nous trouvons «le siècle à venir». Christ, notre souverain sacrificateur, nous porte tout au long du désert, en vue de nous introduire à la fin du voyage dans les biens du monde à venir.
Si donc la sacrificature aaronique est mise de côté par la sacrificature de Christ, le tabernacle terrestre est également mis de côté par «le tabernacle plus grand et plus parfait». Le tabernacle terrestre était fait de mains et était de cette création. Le tabernacle parfait est «le ciel même» (v. 24).
v. 12 — Les sacrifices lévitiques sont mis de côté par le sacrifice de Christ, fait une fois pour toutes. Avec son propre sang, Christ est entré dans le ciel même, préfiguré par le lieu très saint. En outre, en contraste avec le sacrificateur aaronique qui entrait «une fois l’an», Christ est entré dans le ciel «une fois pour toutes». Il entre pour accomplir son service sacerdotal en faveur de ceux pour lesquels il a déjà obtenu une rédemption éternelle.
v. 13, 14 — Le sang de Christ, par lequel la rédemption éternelle a été obtenue, met de côté le sang des taureaux et des boucs. Le sang de ces animaux avait certes un effet sanctifiant dans la mesure où la purification du corps est concernée (voir Nomb. 19:7, 8). Mais le sang de Christ purifie la conscience. Le sang d’un animal offert sous la sacrificature lévitique est entièrement mis de côté par «le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache». Par le Saint Esprit, Christ est devenu homme ; par le Saint Esprit, il a vécu sa vie de perfection. Ainsi, par l’Esprit éternel, comme homme parfait, il «s’est offert lui-même à Dieu sans tache» (voir Luc 1:35 ; Act. 10:38). Dans le chapitre 2, au verset 9, nous lisons que «par la grâce de Dieu», Jésus a goûté la mort «pour tout». Ici nous apprenons qu’il s’est offert lui-même à Dieu sans tache. Nous pouvons ainsi annoncer aux pécheurs que Christ s’est offert lui-même à Dieu, mais pour eux.
Pour celui qui croit, l’effet de ce sacrifice fait une fois pour toutes est de purifier la «conscience des oeuvres mortes». Christ s’étant offert lui-même à Dieu sans tache, Dieu ayant accepté ce sacrifice unique et étant pleinement satisfait de Christ et de son sang répandu, la conscience du croyant est libérée de toute pensée d’oeuvre à accomplir pour obtenir la bénédiction. De telles oeuvres, aussi bonnes soient-elles en elles-mêmes, ne seraient que des oeuvres mortes. Ainsi mis à l’aise dans sa conscience, le croyant devient un adorateur.
v. 15 — Le sacrifice de Christ répondant à la sainteté de Dieu et au besoin du pécheur, Christ devient Médiateur de la nouvelle alliance, celui par qui toutes les bénédictions sont assurées pour ceux qui sont appelés, afin qu’ils reçoivent l’héritage éternel promis.
v. 16, 17 — L’apôtre a montré que «la mort étant intervenue», le croyant reçoit la promesse de l’héritage. Pour illustrer la nécessité de la mort, il en réfère, dans la parenthèse que constituent ces deux versets, au fait que parmi les hommes, un héritage est assuré par un testament qui ne devient valide qu’à la mort du testateur.
v. 18-22 — L’écrivain en vient à montrer que ce grand fait était présenté en image dans la première alliance et dans le tabernacle terrestre. La première alliance fut inaugurée avec du sang ; et il fut fait aspersion de sang sur le tabernacle et tous ses ustensiles, témoignage qu’il ne peut y avoir aucune bénédiction pour l’homme, aucun moyen de s’approcher de Dieu, sinon par le sang.
Ainsi nous arrivons à la grande conclusion que «sans effusion de sang il n’y a pas de rémission». Ici ce n’est pas simplement l’aspersion du sang, mais l’«effusion de sang» — le fondement de justice sur lequel Dieu peut annoncer le pardon à tous, et proclamer pardonnés tous ceux qui croient.
v. 23 — Le tabernacle et ses ustensiles n’étaient que «les images des choses qui sont dans les cieux». On pouvait entrer dans le tabernacle terrestre après la purification de la chair, obtenue par le sang de taureaux et de boucs ; mais la purification des choses célestes réclamait de meilleurs sacrifices.
L’écrivain a parlé des meilleurs sacrifices, introduisant le sujet par les mots : «Mais Christ étant venu» (v. 11). Maintenant il dirige nos pensées vers le nouveau sanctuaire par les mots : «Car le Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de main, copies des vrais, mais dans le ciel même». Là, dans la présence même de Dieu, le Seigneur Jésus paraît maintenant pour les siens comme leur grand souverain sacrificateur devant la face de Dieu. Christ paraissant dans le ciel devant la face de Dieu «pour nous» est le témoignage éternel que le ciel est assuré et ouvert pour le croyant.
v. 25-28 — En outre, le sacrifice fait une fois pour toutes est éternellement efficace pour ôter en justice tout obstacle à la présence du croyant dans le ciel. La répétition annuelle des sacrifices lévitiques était une preuve de leur incapacité d’ôter le péché. En contraste avec ces sacrifices, Christ a été manifesté une fois en la consommation des siècles pour abolir le péché par le sacrifice de lui-même, et, comme il est réservé aux hommes de mourir une fois — et après cela le jugement, — ainsi le Christ aussi a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs. Ainsi par un seul sacrifice, le sacrifice de Christ lui-même, le péché a été aboli, les péchés ont été portés, et le croyant n’a plus de crainte de la mort ni du jugement.
L’heureuse conséquence qui en résulte pour le croyant, c’est que lorsque Christ apparaîtra une seconde fois, il n’aura plus rien à faire avec le péché. La question du péché ayant été traitée à sa première apparition, sa seconde apparition n’aura d’autre but que d’enlever les siens d’un monde caractérisé par le péché et la puissance de l’Ennemi, pour les introduire dans le repos qui reste.
Le passage présente ainsi les trois phases de l’oeuvre du Seigneur Jésus. Il est apparu une première fois pour abolir le péché à la croix, porter les péchés et ôter le jugement (v. 26) ; il paraît maintenant dans le ciel même comme le grand souverain sacrificateur, en faveur des siens ; et il apparaîtra en gloire pour sauver définitivement les siens de ce monde aride avec toutes ses tentations et ses infirmités.
Le chapitre 10 de cette épître présente la manière dont le croyant a été rendu propre pour le ciel. Sa conscience est purifiée (v. 1-18), de sorte qu’il peut maintenant entrer, en esprit, dans le lieu très saint (v. 19-22), tenir ferme dans sa marche au travers de ce monde sans chanceler ni tourner le dos (v. 23-31), affronter la persécution (v. 32-34) et suivre le sentier de la foi (v. 35-39).
v. 1-4 — Au chapitre 9, nous avons vu qu’une place est assurée au ciel pour chaque croyant, non par quelque chose que le croyant aurait fait, mais entièrement par l’oeuvre de Christ et la position qu’il occupe devant la face de Dieu. Le chapitre 10 présente la même oeuvre appliquée à la conscience du croyant, afin qu’il puisse déjà maintenant jouir de cette nouvelle position et y entrer en esprit. Pour jouir de notre demeure avec Christ dans le ciel même, il faut une conscience purifiée. Les dix-huit premiers versets du chapitre 10 exposent clairement comment cette conscience purifiée nous est assurée.
À trois reprises, dans les chapitres 9 et 10, l’apôtre parle d’une conscience «parfaite» ou «purifiée». Au chapitre 9, verset 9, il établit expressément que les sacrifices juifs ne pouvaient pas rendre parfait quant à la conscience celui qui offrait. Puis au verset 14, il est parlé de l’offrande parfaite de Christ purifiant la conscience des oeuvres mortes, de sorte que le croyant est rendu libre pour servir le Dieu vivant. Enfin, au chapitre 10, verset 2, nous apprenons que l’adorateur qui a la conscience purifiée est quelqu’un qui n’a plus aucune conscience de péchés. Celui qui a conscience de péchés vit dans la crainte que Dieu l’amène un jour en jugement à cause de ses péchés ; il ne peut, par conséquent, jouir de la paix avec Dieu. Ne plus avoir aucune conscience de péchés implique que cette crainte du jugement est ôtée parce que nous savons que Dieu s’est occupé de tous nos péchés.
Mais, s’il est vrai que Dieu n’amènera jamais le croyant en jugement à cause de ses péchés, comme Père, il peut avoir à agir en discipline, si, comme enfants, nous péchons (chap. 12, v. 5-11). Une conscience purifiée n’implique donc pas que nous ne péchons jamais ou que nous n’avons jamais conscience de chutes, passées ou présentes, mais elle implique que toute crainte d’un jugement futur à cause de nos péchés est entièrement ôtée. Ainsi, une conscience purifiée ne doit pas être confondue avec ce que nous appelons une bonne conscience. Si, par suite d’une marche légère, un vrai croyant pèche, sa conscience sera certainement troublée, et ce n’est que par la confession à Dieu qu’il retrouvera une bonne conscience. Mais cela ne touche pas la question du pardon éternel de ses péchés, qui lui donne une conscience purifiée.
Sous la loi, il était impossible d’avoir une conscience «parfaite» ou «purifiée». Les sacrifices pouvaient tout au plus donner un soulagement momentané. Chaque nouveau péché demandait un nouveau sacrifice. Si les sacrifices avaient donné une conscience purifiée, ils n’auraient pas été répétés. La loi indiquait en fait qu’un sacrifice était nécessaire pour ôter les péchés, mais ce n’était qu’une ombre des biens à venir. Ce n’était pas la substance. Le sang de taureaux et de boucs ne peut aucunement ôter les péchés.
Comment alors avoir la conscience purifiée ? Les versets qui suivent répondent à cette question en plaçant devant nous trois grands faits :
1° la volonté de Dieu (v. 5-10)
2° l’oeuvre de Christ (v. 11-14)
3° le témoignage de l’Esprit (v. 15-18).
v. 5-7 — La volonté de Dieu était écrite dans le rouleau du livre. Il est évident qu’il ne s’agit pas du rouleau des Écritures, car cette référence au rouleau du livre fait partie de la citation du psaume 40. Cela parait être une allusion figurative aux conseils éternels de Dieu. En entrant dans le monde, le Seigneur déclare qu’il est venu pour faire la volonté de Dieu. Sous la loi, les sacrifices et les offrandes ne pouvaient pas être l’accomplissement de la volonté de Dieu. Un corps devait être formé pour le Seigneur, afin qu’en accord avec les conseils de Dieu, il puisse accomplir sa volonté.
v. 8, 9 — Ce que le Seigneur a dit lorsqu’il vint dans le monde avait déjà été dit auparavant dans le ciel. Accomplir la volonté de Dieu rendait nécessaire que la première alliance soit ôtée pour que la seconde soit établie.
v. 10 — Au verset 10, il nous est clairement dit ce qu’est la volonté de Dieu : «C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes». Il est vain et inutile de regarder en soi pour s’efforcer de trouver dans notre foi, dans notre repentance, dans nos expériences ou dans nos sentiments ce qui apportera soulagement ou paix à la conscience chargée. D’une manière très précieuse, ce verset détourne entièrement nos pensées de nous-mêmes et nous occupe de la volonté de Dieu et de l’oeuvre de Christ. Dieu nous découvre le secret merveilleux de ses conseils : sa volonté était de nous avoir, lavés de toute trace de péché, non pas par quelque chose que nous aurions fait ou que nous aurions pu faire, mais entièrement par l’oeuvre d’un autre, celle du Seigneur Jésus Christ.
v. 11-14 — Les versets 11 à 14 placent devant nous avec plus de détails l’oeuvre de Christ par laquelle la volonté de Dieu est accomplie. Ces versets parlent exclusivement de Christ et de son oeuvre. Nous n’avons aucune part dans cette oeuvre, sinon par les péchés qui l’ont rendue nécessaire. Nous devons mettre de côté nos sentiments et nos expériences, et avec une foi simple, nous tenir tranquilles et voir la délivrance du Seigneur (cf. Ex. 14:13).
Le verset 11 place devant nous la totale inutilité des sacrifices juifs. Ce verset couvre une période de 1500 ans et, les englobant dans une seule et vaste déclaration, fait table rase de tous les sacrificateurs juifs, de tous les jours de leur service, jamais terminé, et des innombrables sacrifices qu’ils offraient : tout ce déploiement d’énergie humaine, avec les flots de sang qui coulaient des autels juifs, ne peut «jamais ôter les péchés».
Ayant ainsi mis de côté, dans un seul et court verset, tout le système juif, l’apôtre présente au verset 12, en contraste, toute l’efficacité de l’oeuvre de Christ. «Celui-ci», Christ — en contraste avec tous les sacrificateurs juifs — «ayant offert un seul sacrifice pour les péchés» — en contraste avec tous les sacrifices juifs — «s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu» — en contraste avec les sacrificateurs qui se tenaient toujours debout, leur service n’étant jamais terminé.
Il faut souligner que «à perpétuité» se rattache à «s’est assis», preuve éternelle que son oeuvre est terminée. Pour ce qui est de l’expiation, il n’aura plus jamais à se lever. En outre, puisqu’il s’est assis à la droite de Dieu, nous savons que son oeuvre est agréée.
Les deux versets suivants présentent le résultat du fait que Christ s’est assis à perpétuité, pour ses ennemis et pour les croyants. Pour ses ennemis, cela implique le jugement ; car son oeuvre étant rejetée, il n’y a plus rien qui puisse être fait pour ôter les péchés. Christ attend désormais «jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds».
Quant à ceux qui sont sanctifiés, Christ, en tant que ressuscité et glorifié, a été consommé — autrement dit rendu propre à remplir son office (voir note chap. 2, v. 10) ; et par son oeuvre, il a rendu le croyant parfait. Nous attendons de recevoir nos corps glorifiés, mais nos âmes ont été parfaitement purifiées des péchés aux yeux de Dieu par l’oeuvre de Christ. Comme un autre l’a dit : «Le Père et le Fils ne pourraient rien faire de plus pour nos péchés que ce qui est déjà accompli dans le sacrifice de Jésus, et révélé à notre foi dans la Parole écrite». Non seulement Christ s’est assis à perpétuité, mais les croyants sont sanctifiés à perpétuité. Si Christ s’est assis à perpétuité, il s’ensuit que les croyants sont rendus parfaits à perpétuité.
v. 15-18 — Nous avons vu la volonté de Dieu comme la source de notre bénédiction et l’oeuvre de Christ comme le moyen efficace par lequel la bénédiction est assurée. Maintenant l’apôtre présente le témoignage de l’Esprit comme étant Celui qui nous amène à la connaissance de cette vérité avec une autorité divine, afin qu’elle puisse être possédée avec une certitude divine. Dans d’autres passages, il est parlé du témoignage de l’Esprit en nous (Rom. 8:16) ; ici, c’est le témoignage que l’Esprit nous rend. Ce témoignage, c’est ce que l’Esprit a dit dans l’Écriture, comme nous lisons : «L’Esprit Saint... après avoir dit». Suit la citation de Jérémie 31:34, déjà faite au chapitre 8 pour présenter les termes de la nouvelle alliance. Ici la citation est répétée pour prouver que l’efficacité de l’oeuvre de Christ est telle que Dieu peut dire des croyants : «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Dieu ne dit pas : Je ne me souviendrai pas de leurs péchés ni de leurs iniquités, mais : «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Cela implique qu’ils ont tous été rappelés, confessés et portés, et que le jugement en a été subi. Ce jugement étant chose accomplie, Dieu est juste en disant qu’il ne s’en souviendra «plus jamais».
La vérité de la conscience purifiée ouvre la voie à l’adoration. L’apôtre a déjà parlé du nouveau sacrifice et du nouveau sanctuaire ; il présente maintenant le nouvel adorateur. En contraste avec le judaïsme, dans lequel celui qui offre n’avait pas accès dans les lieux saints, dans le christianisme le croyant a «une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus». Il a été pourvu à ce qui était nécessaire pour ôter tout ce qui nous empêcherait de nous approcher de Dieu comme adorateur. Quant aux péchés, le sang de Jésus y a répondu. Christ, étant venu en chair et devenu homme, a ouvert aux hommes un chemin vivant pour entrer dans les lieux saints. Quant à nos infirmités, notre souverain sacrificateur y répond. Ni les péchés qu’il a commis, ni le corps dans lequel il se trouve, ni les infirmités qui sont sa part, ne peuvent empêcher le croyant d’entrer en esprit à l’intérieur du voile, dans le ciel même.
Approchons-nous donc de Dieu, dit l’apôtre, avec un coeur vrai, en pleine assurance de foi, les affections étant libérées d’une conscience qui condamne et le corps n’ayant rien à faire avec toute action qui souille.
Nous pouvons bien nous arrêter ici et nous demander : Que connaissons-nous de cette approche, de cette entrée à l’intérieur du voile ? Nous connaissons certes quelque chose de cette autre exhortation, au chapitre 4, où il est dit : «Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun». S’approcher du trône de la grâce, c’est chercher un refuge à l’abri des tempêtes de la vie ; s’approcher pour entrer dans les lieux saints, c’est y trouver son chez-soi et la chaleur de l’amour. Il y a une grande différence entre un refuge et un chez-soi. Un refuge est un lieu vers lequel nous nous enfuyons pour être à l’abri au moment de la tempête. Un chez-soi est un lieu où nos affections trouvent leur repos. Nous connaissons tous Christ comme un refuge où nous courons dans nos difficultés, mais combien peu nous le connaissons comme la demeure de nos affections. Christ est véritablement «une protection contre le vent et un abri contre l’orage,... un grand rocher dans un pays aride» (És. 32:2). Et quelle bénédiction, tandis que nous traversons ce monde avec ses vents desséchants, son aridité et ses fatigues, d’avoir quelqu’un auprès de qui nous pouvons trouver protection et secours. Mais souvenons-nous que si nous n’allons à Christ que comme refuge au temps de la tempête, nous serons en danger, une fois celle-ci passée, de l’oublier. Hélas ! c’est ce qui nous arrive trop souvent à chacun. Nous nous tournons vers lui dans la tourmente ; nous ne pensons plus à lui quand elle est apaisée. Mais si nos affections sont attirées vers lui là où il se trouve, si nous réalisons que là où il est, là est aussi notre place, dans le ciel même, alors le ciel deviendra le chez-nous de nos coeurs et nous y aurons communion avec Jésus. Jamais dans ce lieu ne descend l’ombre de la mort, et toutes les larmes y sont essuyées.
v. 23-25 — Plus nous réaliserons notre privilège de nous approcher de Dieu au-dedans du voile et plus nous en ferons usage, mieux nous serons à même d’affronter le chemin à travers le désert et ses dangers. C’est pourquoi l’exhortation : «Approchons-nous» est suivie de celle-ci : «Retenons la confession de notre espérance». Une lumineuse espérance est placée devant nous, et Celui qui en a fait la promesse sera fidèle à sa parole. Mais il y a le danger d’abandonner «la confession» de l’espérance en s’installant dans ce monde. Ce n’est qu’en regardant à Celui qui est fidèle que nous serons capables de tenir ferme sans chanceler.
En outre, au milieu des peines, des difficultés et des dangers, nous aurons besoin de support les uns envers les autres. Il se peut que parfois nous soyons mis à l’épreuve par l’isolement, mais la communion pratique est ce que Dieu veut pour les siens. Prenons donc garde l’un à l’autre, et n’abandonnons pas le rassemblement de nous-mêmes. La vanité et la prétention de la chair peuvent estimer l’aide des autres comme ayant peu de valeur ; mais un sentiment vrai de notre propre néant nous amènera, non seulement à regarder d’abord et par-dessus tout à Celui qui est fidèle, mais aussi à apprécier l’aide de nos frères. Et ceux que nous apprécions, nous les estimerons, recherchant chez eux l’amour dont nous avons besoin et l’aide pratique de leurs bonnes oeuvres. Hélas ! combien facilement la chair, emportée par quelque rancune, peut cracher son fiel et irriter délibérément et inutilement un frère par une parole volontairement blessante. Cherchons plutôt à nous exciter à l’amour en le manifestant nous-mêmes.
Le rassemblement des enfants de Dieu ne peut être négligé sans perte. Délaisser les rassemblements des saints est un signe certain d’une affection qui décline. Souvent une négligence habituelle des réunions précède l’abandon définitif pour retourner au monde ou à une religion mondaine. «Le jour» — le jour de gloire — approchant, les difficultés augmenteront, rendant d’autant plus nécessaire de rechercher l’aide les uns des autres et de ne pas négliger le rassemblement des saints.
v. 26-31 — L’apôtre a considéré le danger de ne pas retenir notre espérance, de manquer d’égards les uns envers les autres et d’abandonner le rassemblement de nous-mêmes. Il nous met maintenant en garde contre le danger plus sérieux d’apostasie qui guette la profession chrétienne. Le péché volontaire consiste à apostasier de la foi chrétienne. L’apôtre ne parle pas de quelqu’un qui retournerait dans le monde, comme Démas dont nous parle une autre épître. Une telle personne peut être restaurée. L’apostat non seulement abandonne le christianisme, mais il adopte quelque religion humaine, après avoir professé le christianisme. C’est comme s’il disait : «J’ai essayé le christianisme, mais je trouve meilleur le judaïsme, ou le bouddhisme, ou quelque autre religion». Pour un tel il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement. Cela revient à fouler aux pieds le Fils de Dieu, à mépriser le sacrifice de Christ et à outrager l’Esprit de grâce.
L’apostat doit être abandonné à Dieu. Il ne nous appartient pas d’exercer la vengeance. Dieu ne peut pas nous confier la vengeance. Il nous est expressément dit que la vengeance appartient au Seigneur. L’apostat éprouvera que c’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.
v. 32-34 — L’apôtre nous exhorte encore à ne pas nous laisser décourager par les souffrances, les opprobres et les afflictions. Il y a toujours le danger de s’effrayer devant le sentier de la foi, à cause de l’opprobre et de la souffrance qu’on y rencontre. Les croyants hébreux avaient bien commencé. Ayant été éclairés par la vérité, ils avaient aussitôt connu le combat pour la vérité. Mais ils l’avaient enduré et s’étaient associés de coeur à ceux qui souffraient pour le nom de Christ. Ils avaient même accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens, sachant qu’ils avaient pour eux-mêmes des biens meilleurs et permanents dans les cieux.
v. 35-39 -Une telle confiance aura une grande récompense, mais dans l’intervalle, nous avons besoin de patience pour nous soumettre à la volonté de Dieu en attendant de recevoir les choses promises. Le temps d’attente n’est qu’un court moment, et «celui qui vient viendra, et il ne tardera pas». Jusqu’à ce qu’il vienne, le sentier du croyant est un sentier de foi. Il l’a toujours été, car autrefois comme aujourd’hui, selon les paroles du prophète Habakuk, «le juste vivra de foi». Dieu ne prend pas plaisir en celui qui se retire. L’apostat se retire pour la perdition ; mais de ceux à qui l’apôtre écrit, il peut dire avec confiance : «nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme».
Le chapitre 3 s’adresse aux croyants comme «participants à l’appel céleste» ; nous sommes appelés de la terre au ciel. Le chapitre 9 montre que le ciel est ouvert au croyant, car Christ est entré dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu. Au chapitre 10, nous voyons que les croyants ont été rendus propres pour le ciel par l’oeuvre de Christ, de sorte que, déjà maintenant, tandis qu’ils sont sur la terre, ils peuvent entrer en esprit dans les joies célestes au-dedans du voile.
Le chapitre 11 nous présente le sentier que l’homme céleste doit fouler alors qu’il traverse ce monde, étant en route vers le ciel. L’enseignement montre clairement que, du début à la fin, c’est un sentier de foi. Tout le chapitre est un magnifique développement de la citation du prophète Habakuk, à la fin du chapitre précédent : «Le juste vivra de foi».
Si nous nous souvenons à qui l’épître est écrite, nous pouvons comprendre que tout un chapitre doive être consacré à insister sur la foi, comme étant le grand principe par lequel le croyant vit. Ces croyants hébreux pouvaient avoir des difficultés particulières à accepter le sentier de la foi, car ils avaient été élevés dans un système religieux qui faisait très expressément appel à la vue. La religion juive avait pour centre un temple magnifique avec ses autels et ses sacrifices matériels. Ceux-ci étaient offerts par une sacrificature officielle revêtue de magnifiques vêtements, conduisant des cérémonies somptueuses selon un rituel établi.
Mais tout cela avait été mis de côté par le christianisme, dans lequel ils avaient été introduits. Ces croyants devaient apprendre que, dans le christianisme, il n’y a rien pour la vue, mais tout pour la foi. En outre, les choses visibles de la religion juive n’étaient que l’ombre des biens à venir ; tandis que les choses invisibles du christianisme en sont la substance. Ils avaient été appelés hors du camp juif pour sortir vers Christ et porter son opprobre. Ils étaient sortis et l’apôtre les exhorte à ne pas revenir en arrière, ou se retirer (10:39).
Les exhortations et les avertissements de l’apôtre ont pour nous aujourd’hui une voix solennelle ; car la chrétienté, dans une large mesure, s’est retirée : elle a tourné le dos — bien que peut-être pas dans le plein sens des paroles employées au chapitre 10, versets 38 et 39, qui parlent d’apostasie positive. C’est par imitation qu’elle s’est retirée. Elle a copié le système juif en édifiant de nouveau des temples splendides, avec des autels visibles ; elle a ordonné des sacrificateurs officiels pour conduire des cérémonies compliquées qui font appel à la vue et à l’homme naturel, sans soulever la question de la conversion ou de la nouvelle naissance. Ainsi, la chrétienté, sans renoncer à la profession de christianisme pour retourner au judaïsme, a cherché à lier le judaïsme au christianisme ; le résultat est qu’elle a perdu les vérités vitales du christianisme — dans lesquelles seul le vrai croyant peut entrer, — tout en retenant les éléments extérieurs du judaïsme que l’homme naturel peut apprécier.
Dans cet important chapitre, nous laissons les ombres derrière nous pour entrer dans le sentier de la foi, seul moyen de connaître et de goûter les réalités divines. Nous apprenons en outre que dans toutes les dispensations, la foi a été le lien vital avec Dieu.
Après les trois premiers versets d’introduction, le chapitre se divise naturellement en trois sections principales :
1° Les versets 4 à 7 présentent la foi comme le grand principe par lequel nous nous approchons de Dieu et échappons au jugement à venir.
2° Les versets 8 à 22 donnent des exemples d’hommes de foi ayant saisi le propos de Dieu pour le monde à venir, ce qui les a rendus capables de marcher comme étrangers et forains sur la terre.
3° Les versets 23 à 28 montrent la foi remportant la victoire sur le diable, et sur le présent siècle avec tous ses attraits et ses difficultés.
v. 1 — Les versets d’introduction présentent les grands principes de la foi. Le premier verset n’est pas à proprement parler une définition de la foi, mais plutôt une déclaration de ce que produit la foi. Il nous dit ce que la foi fait plutôt que ce qu’elle est. La foi est l’assurance des choses qu’on espère. Elle rend entièrement réelles à notre âme les choses que nous attendons. Elle donne la conviction des choses qu’on ne voit pas. Les choses invisibles deviennent aussi réelles pour le croyant que si elles étaient présentes à la vue, «bien plus même, car on peut être trompé par les choses que l’on voit» (J. N. D).
v. 2 — Par la foi, les anciens ont reçu témoignage. Cela n’a pas été par leurs oeuvres ou par leur vie, mais par leur foi qu’ils ont reçu témoignage. Ils étaient des hommes et des femmes ayant les mêmes passions que nous ; leur vie a souvent été troublée par plus d’un manquement, et leurs oeuvres ont été, dans certaines occasions, condamnables. Mais, en dépit de tous leurs manquements, ils étaient caractérisés par la foi en Dieu ; et, après que leur histoire a été relatée, il nous est rappelé de nouveau, à la fin du chapitre, que c’est par la foi qu’ils ont reçu témoignage.
v. 3 — Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu. L’homme naturel, le coeur rempli d’inimitié contre Dieu, cherche, par la raison, à expliquer sans Dieu la formation de l’univers. Il voudrait bien trouver l’origine du monde dans la matière et les forces de la nature. Il s’ensuit qu’il tâtonne dans l’obscurité et ne trouve aucune certitude dans ses spéculations. Les théories qui sont saluées triomphalement par une génération comme étant le dernier mot de la sagesse, sont rejetées par la génération suivante comme un non-sens insoutenable. L’homme n’est occupé que des choses qui paraissent, et Dieu établit clairement que ce qui se voit ne tire pas son origine de choses qui paraissent. Par la raison, les hommes se perdent dans une mer de spéculations contradictoires ; par la foi, le croyant comprend comment les mondes ont été formés. Nous savons que l’origine de la matière n’est pas dans la matière, car les choses qui se voient n’ont pas été faites de choses qui paraissent. La foi sait que tous les mondes ont été appelés à l’existence «par la parole de Dieu».
Les versets d’introduction présentent ainsi trois grands effets de la foi. Premièrement, elle nous rend réelles les choses invisibles ; deuxièmement, par elle l’homme de foi reçoit témoignage ; et troisièmement, elle nous amène à saisir des choses qui se trouvent en dehors de la compréhension de l’esprit naturel.
Après les versets d’introduction, nous en venons à la première grande division du chapitre, dans laquelle nous voyons que la foi est le principe clé, que ce soit pour s’approcher de Dieu, comme cela est illustré en Abel, pour être délivré de la mort, comme l’exemple d’Énoch nous le montre, ou pour échapper au jugement, comme cela est présenté en Noé. Ainsi, par la foi, chaque croyant est placé dans de justes relations avec Dieu.
v. 4 — En Abel nous est présentée l’unique manière dont un pécheur peut s’approcher de Dieu. Abel savait qu’il était pécheur et que Dieu est un Dieu saint qui ne peut pas passer par-dessus les péchés. Comment alors être en règle avec Dieu ? Par la foi, il saisit la seule manière de l’être qui soit offerte à un pécheur sous la sentence de mort. Il vint à Dieu sur le terrain de la mort d’une victime à laquelle aucun péché ne s’attachait. Le sacrifice qu’il offrit à Dieu parlait de Jésus, l’Agneau de Dieu, et ainsi Abel reçut le témoignage d’être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons. Dieu n’a pas rendu témoignage à sa vie, ni même à sa foi, mais au sacrifice que sa foi a apporté. Cela reste le chemin de la bénédiction pour un pécheur, et le seul chemin. Celui qui croit en Jésus, qui fait valoir Son grand sacrifice, reçoit le témoignage qu’il est juste. La parole qui lui est adressée est : «Quiconque croit est justifié par lui». C’est ainsi qu’Abel, étant mort, parle encore. Il parle encore du chemin de la foi par lequel un pécheur peut obtenir la bénédiction.
v. 5, 6 — En Énoch nous est présenté un autre grand trait de la foi : elle délivre de la mort. Nous lisons au sujet d’Énoch que, par la foi, il fut enlevé pour qu’il ne vit pas la mort. En dépit de la vue et de la raison, et contrairement à toute expérience, il attendait d’être enlevé sans voir la mort. Seule la foi pouvait attendre un événement qui ne s’était jamais produit auparavant dans l’histoire des hommes. Ainsi aujourd’hui, le croyant attend, non pas la mort, mais l’enlèvement. Nous attendons un événement qui n’a pas de précédent dans l’histoire de la chrétienté. Nous attendons le son de la trompette et la voix du Seigneur pour nous appeler à sa rencontre en l’air. L’homme naturel attend avec effroi la mort qui mettra un terme à son histoire sur la terre ; seul le croyant peut attendre d’être enlevé sans avoir à passer par la mort.
Dans le récit de la Genèse, il ne nous est rien dit de la foi d’Énoch mais nous lisons à deux reprises qu’il «marcha avec Dieu». C’est manifestement à ce fait que l’auteur se réfère, lorsqu’il dit qu’avant son enlèvement, Énoch «a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu». C’est sur la base de ce témoignage qu’il conclut qu’Énoch avait eu la foi, car sans la foi il est impossible de plaire à Dieu. Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie, non seulement que Dieu est, mais qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent.
v. 7 — En Noé, nous voyons comment la foi échappe au jugement de Dieu. Noé fut averti par Dieu de l’approche du jugement alors qu’extérieurement il n’y avait pas la moindre menace ; car lorsque Dieu donna l’avertissement, le jugement à venir ne se voyait pas encore. Pour ce qui en était des choses visibles, tout continuait comme d’habitude. Le Seigneur nous dit que les hommes de ce temps mangeaient et buvaient, se mariaient et étaient donnés en mariage. Mais l’homme de foi crut l’avertissement de Dieu, et, poussé par la crainte, se servit de la ressource que Dieu donnait et échappa ainsi au jugement qui tomba sur le monde. En s’engageant par la foi dans ce chemin, il condamna le monde qui refusait de croire le témoignage que Dieu rendait à un jugement imminent, et il devint héritier avec cette longue lignée de croyants à qui leur foi en la parole de Dieu est comptée à justice.
Avec le verset 8, nous abordons une autre division du chapitre ; elle présente la foi qui embrasse le propos de Dieu pour le monde à venir, rendant le croyant capable de marcher comme étranger et forain dans ce monde. Dans cette division, qui va jusqu’au verset 22, cinq croyants de l’Ancien Testament sont mentionnés par leur nom : Abraham, Sara, Isaac, Jacob et Joseph, chacun présentant un caractère particulier de la foi, mais attendant tous le monde glorieux à venir.
v. 8 — Abraham est le grand témoin de cette foi qui s’empare du propos de Dieu, ce qui l’amène à regarder à un autre monde et à marcher dans ce monde-ci comme étranger. Il fut appelé à quitter le pays où il avait vécu, en vue d’un autre pays qu’il recevrait plus tard. Si Dieu appelle un homme à sortir de ce monde, c’est parce qu’il a un monde meilleur dans lequel il veut l’introduire. On se souviendra qu’Étienne commence son discours devant le sanhédrin en disant : «Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham» (Act. 7). C’est une déclaration merveilleuse, mais celle que nous trouvons à la fin du discours est plus merveilleuse encore ; ayant les yeux attachés sur le ciel et voyant Jésus debout à la droite de Dieu, Etienne peut dire : «Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu». Sa prédication commence par la vision du Dieu de gloire apparaissant à un homme sur la terre ; elle se termine par la contemplation d’un Homme apparaissant dans la gloire de Dieu dans le ciel. Dès que le Seigneur Jésus a pris sa place dans la gloire, nous pouvons voir clairement ce qu’Abraham ne voyait qu’obscurément — le plein résultat de l’appel de Dieu. Comme Abraham, nous avons été appelés selon le dessein de Dieu (2 Tim. 1:9) ; mais cela signifie que nous avons été appelés hors de ce monde, pour avoir une part avec Christ dans la demeure de gloire où il se trouve, pour être effectivement avec lui et comme lui — conformes à l’image du Fils de Dieu (Phil. 3:21 ; Rom. 8:29 ; 2 Thess. 2:14).
De plus, en Abraham nous avons non seulement une illustration frappante de l’appel souverain de Dieu, mais aussi un exemple remarquable de la réponse de la foi. Nous lisons premièrement : «il s’en alla, ne sachant où il allait». Quitter son pays sans savoir où l’on va semble à l’homme naturel de la folie pure, et contraire à toute raison et à toute prudence. Mais c’est précisément ce qui donne à la foi l’occasion de se manifester. Il suffisait pour la foi d’Abraham que Dieu l’ait appelé : Dieu savait où il le conduisait. Parfois nous désirons voir quel sera le résultat d’un pas fait dans l’obéissance à la parole de Dieu, aussi hésitons-nous à faire le pas. La prudence humaine voudrait peser soigneusement les conséquences de l’obéissance ; la foi, donnée de Dieu, les abandonne à Dieu.
v. 9 — Deuxièmement, Abraham non seulement s’en alla par la foi, mais ayant quitté son ancienne patrie, il marcha par la foi avant d’en recevoir une nouvelle. Ainsi, avec Isaac et Jacob, il revêtit le caractère d’étranger et de forain. Pour lui, le pays dans lequel il demeurait était une terre étrangère, et lui-même un pèlerin demeurant sous des tentes. N’est-ce pas là la vraie position du chrétien aujourd’hui ? Nous avons été appelés hors du monde qui nous entoure ; nous ne sommes pas encore dans la nouvelle patrie vers laquelle nous nous rendons. En attendant, nous sommes des étrangers sur une terre étrangère et des pèlerins se dirigeant vers une autre patrie.
v. 10 — Troisièmement, Abraham attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur. Nous apprenons ici ce qui le soutenait dans son pèlerinage à travers une terre étrangère : il attendait la bénédiction future que Dieu a en réserve pour son peuple. Il était entouré par les cités des hommes qui, alors comme aujourd’hui, n’avaient pas de fondements justes. C’est pour cette raison que les cités des hommes sont vouées à la destruction. Abraham attendait la cité de Dieu qui, fondée sur la justice, ne sera jamais ébranlée. Nous savons par le verset 16, et aussi par le chapitre 12 (v. 22), que c’est «la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste». Abraham suit ainsi le sentier de la foi à la lumière du monde à venir.
Pour l’homme naturel, cela peut paraître le comble de la folie de lâcher ce monde visible pour un monde que l’on n’a jamais vu. Mais la cité de Dieu — la Jérusalem céleste — est visible au regard de la foi ; et lorsque cette cité magnifique se présentera à la vue, dans toute sa gloire et sa félicité — la cité où il n’y a ni douleurs, ni larmes, ni mort, ni nuit — alors sera manifesté combien Abraham avait raison et combien il était sage ; et combien sont sages tous ceux qui suivent ses traces, en laissant de côté ce monde et en marchant comme étrangers et forains vers la cité de Dieu.
v. 11, 12 — En Sara, nous apprenons en outre que la foi, non seulement regarde à Dieu en présence de difficultés pressantes, mais se confie en Dieu malgré les impossibilités naturelles. Elle ne regarda pas aux moyens ordinaires d’obtenir un fils, ni ne raisonna en se demandant : Comment cela est-il possible ? Sa confiance était en Dieu : il accomplirait fidèlement sa parole, comme il lui plairait. Dieu honora sa foi en lui donnant un enfant, «et cela, étant hors d’âge». Ainsi Dieu fait naître une postérité innombrable, selon son propos ; mais il le fait selon ses propres voies, se servant de quelqu’un qui était «déjà amorti». Il en est souvent ainsi dans les voies de Dieu ; il accomplit ses plans par des vases de faiblesse, dans des circonstances qui paraissent désespérées. Il fait sortir la force de la faiblesse, le manger de celui qui mange, la vie de la mort, et «des gens qui sont comme les étoiles du ciel en nombre» «d’un homme déjà amorti». «Afin que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur».
v. 13-16 — Il nous est encore dit que ces croyants, non seulement ont vécu par la foi, mais aussi «sont morts dans la foi», n’ayant pas reçu les choses promises. Lorsqu’ils sont morts, Dieu nous donne un résumé magnifique de leur vie. Nous savons que dans leur histoire il y a eu beaucoup de manquements, car ils étaient des hommes ayant les mêmes passions que nous, et ces manquements ont été rapportés pour nous servir d’avertissement. Ici ils sont passés sous silence, et Dieu relate tout ce qui, dans leur vie, a été le fruit de sa propre grâce. Ces versets sont l’épitaphe de Dieu sur les patriarches.
Premièrement, il nous est dit qu’ils regardaient au-delà des choses visibles. Ils voyaient les promesses «de loin». Leur esprit était pénétré de la certitude de la gloire future et leur coeur s’attachait à cette espérance.
Deuxièmement, cette gloire que saisissait leur coeur produisait un effet pratique dans leur vie : ils ont proclamé qu’ils étaient étrangers et forains sur la terre.
Troisièmement, se reconnaissant étrangers et forains, ils rendaient un témoignage sans équivoque : «Car ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu’ils recherchent une patrie».
Quatrièmement, ils ont triomphé de la tentation de retourner dans le monde qu’ils avaient quitté. Ceux qui répondent à l’appel de Dieu et se séparent de ce présent siècle feront l’expérience que le diable cherchera à les ramener dans le monde en leur donnant des occasions d’y retourner. La convoitise de la chair, les attraits du monde, les exigences des relations naturelles, les obligations professionnelles nous offriront, de différentes manières et à différents moments, des occasions de retourner en arrière. Abraham déclara clairement qu’il était étranger et pèlerin. Lot manifesta clairement qu’il se contentait de suivre un homme, car il est rapporté à trois reprises qu’il allait avec Abraham. Aussi, lorsque l’occasion se présenta, Lot la saisit et retourna dans les villes de la plaine, tandis qu’Abraham poursuivait son chemin vers la cité de Dieu. Hélas ! combien de personnes, depuis les jours de Lot, ne s’étant pas emparées des promesses, ont trouvé une occasion de se détourner d’un sentier que l’homme naturel ne peut suivre et où la chair rencontre sans cesse des épreuves.
Si nous voulons échapper aux tentations de retourner en arrière, ayons soin de montrer clairement que nous sommes du côté du Seigneur. Si nous voulons le montrer clairement, acceptons d’une manière bien nette le sentier de la séparation du monde, comme étrangers et forains. Si nous voulons véritablement être étrangers et forains, fixons nos regards sur la plénitude de bénédictions qui nous est révélée dans le monde céleste : soyons persuadés de la réalité de la gloire à venir et serrons-la dans nos affections.
Cinquièmement, ayant refusé les occasions de retourner dans leur ancienne patrie, ils étaient libres pour poursuivre leur chemin en ayant leurs désirs fixés sur «une meilleure» patrie, c’est-à-dire «une céleste».
Sixièmement, l’Écriture déclare, à propos d’hommes dont la vie a porté ces caractères : «Dieu n’a point honte... d’être appelé leur Dieu». Dans les détails de leur vie, il y a eu de nombreux manquements, et bien des choses dont sans doute ils ont eu honte, mais les grands principes directeurs de leur vie, les principes qui les faisaient agir et qui caractérisaient leur marche étaient tels que Dieu n’avait pas honte de les reconnaître et d’être appelé leur Dieu.
Septièmement, pour de tels hommes et de telles femmes, Dieu a préparé une cité ; et dans cette cité, tout ce qui était de Dieu dans leur vie aura sa glorieuse récompense.
Si ces choses nous caractérisent aujourd’hui, ne pouvons-nous pas dire, malgré nos nombreux manquements, notre faiblesse et le mépris dans lequel le monde nous tient souvent, que Dieu n’aura pas honte d’être appelé notre Dieu ?
v. 17-19 — La vie d’Abraham illustre un autre aspect de la foi. Si la vie de la foi est éprouvée par les occasions de revenir en arrière qui sont présentées par le diable, elle sera aussi mise à l’essai par des épreuves envoyées de Dieu, afin de montrer sa valeur. Nous apprenons ainsi qu’Abraham fut «éprouvé». Il lui fut demandé d’offrir Isaac, son fils unique — celui-là même par lequel les promesses devaient s’accomplir. Sa foi fut à la hauteur de l’épreuve et le rendit capable d’offrir son fils, estimant que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts.
v. 20 — Isaac est ensuite placé devant nous comme exemple de quelqu’un qui marchait dans la lumière de l’avenir, car nous lisons qu’il «bénit Jacob et Esaü à l’égard des choses à venir». Le patriarche bénissant ses fils est présenté en Genèse 27 ; et quand nous lisons ce triste chapitre marqué par la faiblesse de chacun des membres de la famille, nous n’y découvrons guère de signes d’une foi quelconque. Là, Isaac semble être gouverné par ses appétits et chercher à agir selon la nature. Ici, Dieu, qui voit ce qu’il y a derrière chaque manquement extérieur, nous fait savoir que c’est par la foi qu’Isaac bénit ses fils à l’égard des choses à venir.
v. 21 — Jacob est mentionné ensuite parmi les anciens qui ont reçu témoignage par la foi ; mais manifestement, dans son cas, Dieu attend qu’il soit mourant avant de rapporter l’acte de foi qui lui a donné une place parmi les anciens. Sa course a été ternie par bien des taches. Il a trompé son père, il a supplanté son frère, il a été exilé de chez lui, il a erré dans une terre étrangère, il a servi un maître qu’il a dupé et par qui il a été trompé, il a été chagriné par ses enfants ; et il termine enfin sa carrière pleine de vicissitudes comme un étranger en Égypte. Il était néanmoins un vrai saint de Dieu et sa vie orageuse a eu une fin brillante. S’élevant au-dessus des sentiments naturels, il agit par la foi en bénissant les fils de Joseph. Les règles terrestres auraient donné la première place à l’aîné, mais Jacob, sachant par la foi que Dieu avait mis le plus jeune au premier rang, croisa ses mains, et malgré la protestation de Joseph, il donna au cadet la bénédiction du premier-né.
v. 22 — Enfin, Joseph est placé devant nous comme un exemple de la foi regardant vers l’avenir. Nous lisons que, mourant, il fit mention de la sortie des fils d’Israël. Jamais aucun homme n’avait exercé un pouvoir ou occupé une place de gloire terrestre comme Joseph en Egypte ; pourtant, lorsqu’il termine sa vie, toute la gloire de ce monde disparaît de sa vision. Au lieu de regarder en arrière aux gloires passées de l’Égypte, Joseph contemple les gloires à venir d’Israël. À ce moment, il paraissait bien peu probable qu’Israël quitte jamais l’Égypte. Ils s’étaient installés dans le pays de Goshen et, comme nous le lisons, «ils y acquirent des possessions, et fructifièrent, et multiplièrent extrêmement». Toutefois, la foi discernait que cent cinquante ans plus tard, ils seraient délivrés d’Égypte pour entrer dans le pays qui leur avait été promis, et la foi donna des ordres en vue de leur sortie.
La première partie du chapitre présente la foi par laquelle un croyant s’approche de Dieu en vertu du sacrifice, et trouve la délivrance de la mort et du jugement (v. 4-7). La seconde partie place devant nous la foi par laquelle le croyant marche dans ce monde, comme étranger et pèlerin, à la lumière du monde à venir (v. 8-22). Dans la dernière partie du chapitre, depuis le verset 23, nous voyons la foi victorieuse du monde. Dans la section précédente, Abraham était le grand exemple de celui dont la foi s’est emparée du monde à venir, de la patrie céleste et de la cité qui a les fondements. Dans cette dernière partie, Moïse est l’exemple dominant d’un croyant qui, par la foi, est victorieux de ce monde.
v. 23 — En relation avec la naissance de Moïse, la foi de ses parents nous est rappelée, foi qui les conduisit non seulement à ne pas tenir compte de l’ordonnance du roi, mais à surmonter leur crainte. Or souvent la crainte d’un mal imminent est plus difficile à vaincre que le mal lui-même. Chose qui pourrait sembler assez surprenante, ce qui provoqua l’activité de leur foi, c’est la beauté de leur enfant. Ils agirent par la foi «parce qu’ils virent que l’enfant était beau». C’était la foi opérante par l’amour.
v. 24 — Passant à Moïse lui-même, nous avons un témoignage remarquable de la manière dont la foi est victorieuse de ce monde et tout ce qu’il peut offrir d’attrait et de gloire. Les parents triomphèrent de la crainte du monde ; leur fils triompha de ses faveurs. Cela rend la foi de Moïse d’autant plus remarquable, car on peut vaincre la crainte du monde et néanmoins succomber à sa faveur.
Pour apprécier la beauté de la foi de cet homme, il est bon de rappeler ce que l’Écriture rapporte de lui : ses dons exceptionnels, aussi bien que la position élevée qu’il occupait dans le monde. Etienne, dans son discours devant le sanhédrin, nous en donne un résumé bref mais remarquable (Act. 7:20-22). Il nous est dit là qu’il était «divinement beau» ; qu’il était «instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; et... puissant dans ses paroles et dans ses actions». Voilà donc un homme richement doué, dont l’esprit était meublé de toute la science du premier pays du monde à cette époque, un homme qui savait exprimer sa sagesse en paroles de poids et donner suite à ses paroles par des actes puissants. Moïse était donc, sur tous les plans, apte à assumer de façon remarquable la position la plus élevée dans ce monde. En outre, cette haute position était à sa portée, car il était par adoption fils de la fille du Pharaon, et ainsi dans la ligne directe des héritiers du trône.
Dans des circonstances qui favorisaient si bien sa promotion dans ce monde, comment Moïse agit-il ? Premièrement, nous lisons : «Étant devenu grand» — c’est-à-dire lorsque le moment fut propice pour qu’il tire avantage de ses grandes capacités et de sa position — il tourna le dos à toute la gloire de ce monde et «refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon».
v. 25 — Deuxièmement, nous apprenons ce qu’il choisit ; et son choix est aussi frappant que son refus. Il y avait alors un grand peuple qui constituait la classe la plus basse en Égypte. Étrangers indésirables, ils étaient traités avec la plus extrême rigueur comme esclaves. Leur vie était rendue amère par une dure servitude : ils se fatiguaient à faire des briques et travaillaient dans les champs sous le soleil brûlant (Ex. 1:13, 14). Mais malgré leur bas état et leur dur service, ces esclaves constituaient le peuple de Dieu. C’est à ce peuple que Moïse choisit d’unir son sort, préférant être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, plutôt que de jouir pour un temps des délices du péché.
Mais quel pouvait bien être le mobile de ce refus et de ce choix remarquables ? Il nous est dit, en un mot, que c’était la foi. Par la foi, il refusa le monde ; par la foi, il choisit l’affliction avec le peuple de Dieu. En outre il agit, comme la foi le fait toujours, contrairement à ce que suggéraient les circonstances providentielles dans lesquelles il se trouvait, en dépit de la voix des sentiments naturels, et d’une manière qui paraissait outrager le bon sens.
Contre la voie que suivit Moïse, on aurait pu invoquer les circonstances providentielles remarquables par lesquelles Dieu l’avait placé dans la position la plus élevée devant le roi. Des sentiments naturels normaux auraient pu être mis en avant : la gratitude envers sa bienfaitrice suggérait qu’il demeure à la cour. La raison et le bon sens pouvaient aussi être invoqués : il aurait été naturel de dire que ses grandes capacités et sa position élevée, avec l’influence qui en découlerait, pouvaient être employées à défendre les intérêts de ses pauvres frères.
Mais la foi regarde à Dieu, dans l’assurance que si la providence, les sentiments naturels normaux et le bon sens peuvent avoir leur place, ils ne peuvent être un vrai guide ou une vraie règle de conduite dans le sentier de la foi. Et ainsi, bien que la providence de Dieu ait amené Moïse à la cour du roi, la foi l’en fit sortir. Par la foi, il refusa son lien providentiel avec le peuple le plus grand du monde, pour choisir un chemin d’identification avec le peuple le plus méprisé du pays.
v. 26 — Si la foi agit ainsi, il doit y avoir quelque puissance cachée — quelque motif secret — qui la rend capable de s’engager dans un chemin aussi contraire à la nature. Cela nous amène à l’«estimation» de Moïse. Le verset 24 donne son «refus», le verset 25, son «choix», et le verset 26, son «estimation» ; c’est elle qui nous révèle le secret de son refus et de son choix.
Cette estimation montre que la foi n’a rien d’un pas dans le noir. Bien loin de là, car la foi a ses motifs secrets aussi bien que ses énergies extérieures. La foi a une estimation réfléchie des valeurs ; elle voit loin et elle a un objet. La foi de Moïse avait une juste estimation des choses visibles et des invisibles. Il regardait ces choses en face et il les pesait. D’une part il y avait sa position élevée dans le monde et, liés à celle-ci, les délices du péché et les trésors de l’Égypte. D’autre part, avec le peuple de Dieu, il y avait, à ce moment-là, les souffrances et l’opprobre. Ayant pesé les deux choses, il refusa délibérément le monde et choisit de souffrir avec le peuple de Dieu.
Pourquoi agit-il ainsi ? Parce que sa foi voyait loin ; nous lisons : «il regardait à la rémunération» et encore : «il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible». Il regardait au-delà des trésors et des plaisirs de l’Égypte d’une part, et au-delà des souffrances et de l’opprobre du peuple de Dieu d’autre part. Par la foi, il regarda et vit «le Roi dans sa beauté» et «le pays lointain». À la lumière de la gloire de ce pays et attiré par la beauté du Roi, il triompha de toute la gloire du monde. À la lumière du monde à venir, il fit une juste estimation du monde actuel. Il vit que, lié à l’opprobre de Christ, il y avait un plus grand trésor que toutes les richesses de l’Égypte.
Il vit que sur toute la gloire de ce monde planait l’ombre de la mort et du jugement. Il vit que ses plaisirs ne sont que pour un temps, et que toutes les richesses de l’Égypte finissent dans une tombe. Joseph avait fait la même expérience avant lui ; car lui aussi avait occupé une place élevée en Égypte. Second après le roi, il avait exercé un pouvoir qu’aucun mortel avant ou après lui n’a jamais exercé dans ce monde. Toutefois tout s’était terminé dans un cercueil ; les derniers mots de la Genèse sont en effet : «Joseph mourut... et on le mit dans un cercueil en Égypte». Voilà pour les plaisirs de l’Égypte et les richesses de l’Égypte. Les joies de la terre s’estompent, ses gloires passent. Toute la gloire de ce monde trouve sa fin dans un cercueil. Le puissant empire du Pharaon se rapetisse jusqu’à n’être qu’une étroite tombe.
Mais pour le peuple de Dieu, quelle différence ! Leur part dans ce monde est celle de la souffrance et de l’opprobre. Mais souffrir l’opprobre avec Christ, c’est régner avec Christ en gloire, car n’est-il pas écrit : «si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» ?
Pour l’homme du monde, le refus, le choix et l’estimation de Moïse semblent le comble de la folie. Mais voyons ce qui arrive dans le cas de Moïse. Faisons un saut de mille cinq cents ans depuis le jour de son refus et de son choix, et nous commencerons à voir la rémunération. Considérons cette magnifique scène des premiers versets de Matthieu 17 : nous voyons que le pays lointain s’est approché et que le Roi est manifesté dans sa beauté. Nous sommes transportés de la terre à l’écart sur une haute montagne et, pour un moment, nous voyons Christ dans sa gloire, lorsque l’apparence de son visage fut changée. Le visage que l’on avait pu voir défait plus que celui d’aucun homme resplendit maintenant comme le soleil. Les vêtements d’humiliation sont mis de côté et des vêtements blancs comme la lumière sont portés. Ce fut une apparition merveilleuse, mais d’autres merveilles doivent la suivre : «Moïse et Elie», lisons-nous, «leur apparurent, parlant avec lui». Quinze siècles auparavant, Moïse avait disparu de la vue du monde et de son roi, pour partager l’opprobre de Christ avec son peuple pauvre et méprisé. Maintenant il réapparaît, mais cette fois pour partager la gloire du Roi des rois, en compagnie des prophètes et des apôtres. Il fut un temps où «il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible» ; maintenant il est «avec lui» dans la gloire. À la lumière de cette rémunération, qui dira que Moïse a laissé échapper la bonne occasion qui s’offrait à lui, en refusant le monde et en choisissant de s’identifier aux souffrances du peuple de Dieu ?
v. 27 — Il est bon pour nous de profiter de ce brillant exemple de foi. Quel bonheur si, ayant pesé les trésors de Christ et les richesses de ce monde, nous avons estimé les premiers plus grands que les dernières ! Il est bon aussi de regarder au-delà du renoncement à soi et du refus des séductions du monde, pour voir la rémunération dans la gloire à venir ; et par-dessus tout, il est bon de tenir ferme face à toute l’opposition, aux insultes et à l’opprobre, comme voyant celui qui est invisible. Face à l’opposition et aux insultes de ses ennemis, Étienne tint ferme, sans une parole de colère ou de ressentiment, comme voyant celui qui est invisible, car nous lisons : «Lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu» (Act. 7:55). Ne nous contentons pas de savoir que Jésus nous voit, mais cherchons à marcher dans l’énergie de la foi qui le voit. C’est une grande chose de réaliser qu’il nous voit ; c’est plus encore de marcher comme le voyant par la foi, tout en attendant le moment où nous le verrons véritablement face à face.
v. 28 — Il y a encore bien d’autres leçons pour nous dans l’histoire de Moïse. Nous avons vu que sa foi l’a élevé au-dessus de la crainte de l’homme ; nous allons voir maintenant qu’elle conduit à la sainte crainte de Dieu. La foi reconnaît que nous sommes pécheurs et que Dieu est un Dieu saint qui ne peut pas passer par-dessus le péché. Les fils d’Israël, comme pécheurs, étaient aussi bien sous le jugement que les Égyptiens. Comment alors pourraient-ils échapper à la destruction de leurs premiers-nés ? Dieu donne un moyen de protection de devant son propre jugement — le sang de l’agneau. Dieu dit : «Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous». La foi se repose, non pas sur notre estimation du sang de l’agneau, mais sur l’estimation parfaite que Dieu en fait. Ainsi, par la foi, Moïse «a fait la pâque et l’aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât pas».
v. 29 — Par la foi en la valeur du sang aux yeux de Dieu, les enfants d’Israël furent épargnés en Égypte ; puis par la foi, «ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche». En Égypte, ils rencontrèrent Dieu comme Juge ; à la mer Rouge, il intervint comme Sauveur. Il fut dit au peuple : «Tenez-vous là, et voyez la délivrance de l’Éternel». Et là Dieu retint les eaux de la mer Rouge, de sorte que le peuple la traversa comme une terre sèche. Protégés du jugement par le sang en Égypte, ils furent délivrés de tous leurs ennemis à la mer Rouge.
Par la mort de Christ, les exigences d’un Dieu saint sont satisfaites ; et par la mort et la résurrection de Christ, le croyant a traversé la mort et le jugement. En type, la pâque présente Christ s’offrant lui-même sans tache à Dieu ; la mer Rouge présente Christ livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.
Les Égyptiens qui essayèrent de traverser la mer Rouge furent engloutis. Pour l’homme naturel, affronter la mort sans la foi est la destruction certaine. Hélas ! combien nombreux aujourd’hui, parmi ceux qui font profession de christianisme, sont ceux qui essayent d’obtenir le salut par leurs propres efforts et d’affronter la mort sans la foi au sang de Christ. Ils ne trouveront que la destruction.
v. 30 — Si, par la foi, le peuple d’Israël fut mis à l’abri du jugement et délivré de l’Égypte, par la foi aussi ils vainquirent l’opposition de l’ennemi qui voulait les empêcher d’entrer dans le pays promis. «Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent». Israël eut recours à une méthode inédite pour assiéger une ville ; mais ce ne fut pas simplement le fait de marcher pendant sept jours autour de la ville qui en fit tomber les murs ; ce fut la foi obéissant à la parole de Dieu.
v. 31 — La foi, en outre, assure à une femme de mauvaise réputation une place parmi ces saints de l’Ancien Testament. «Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru». Comme prostituée, elle tombait sous la condamnation des hommes. Par la foi, elle entre dans la grande nuée de témoins qui reçurent l’approbation de Dieu.
v. 32 — Gédéon, Barac, Samson, Jephté, David et Samuel complètent la liste des hommes de foi mentionnés par nom. Il a été remarqué que, dans cette liste de noms, l’ordre historique n’est pas suivi. Historiquement, Barac venait avant Gédéon ; Jephté, avant Samson. Il se peut que cela soit pour mettre l’accent sur le fait qu’aux jours des juges, la foi d’un Gédéon était d’un ordre plus élevé que celle d’un Barac et que la foi de Samson surpassait celle de Jephté. David peut être classé parmi les Juges, comme ayant accompli lui-même cette fonction ; et Samuel est peut-être mentionné le dernier pour faire le lien avec les prophètes qui vinrent après les rois.
v. 33, 34 — Dans les derniers versets, l’apôtre évoque des actes de foi remarquables, pour présenter les qualités frappantes de la foi. Premièrement, il fait allusion à des incidents qui mettent l’accent sur la puissance de la foi, qui subjugue des royaumes et vainc des armées, qui est forte dans la faiblesse et vaillante dans le combat, qui triomphe de la puissance de la nature — telle qu’elle est présentée par le lion — et éteint la violence des éléments — tel le feu -, et qui même remporte la victoire sur la mort.
v. 35, 36 — Deuxièmement, il fait passer devant nous la patience de la foi qui, sous la torture, refusa d’accepter la délivrance et, dans l’épreuve, endura les moqueries et les coups, les liens et la prison.
v. 37, 38 — Troisièmement, il parle plus particulièrement des souffrances de la foi. «Ils furent lapidés, sciés, tentés ; ils moururent égorgés par l’épée».
Enfin nous voyons l’opprobre de la foi. Le monde chassa les hommes de foi de son sein, les traitant comme de vils proscrits. Ils errèrent çà et là sur la terre. Par la manière dont le monde traita les saints de Dieu, il se montra indigne d’eux. En condamnant les hommes de foi, il se condamnait lui-même.
v. 39, 40 — Néanmoins, malgré leurs actes de puissance, leur patience, leurs souffrances et leur opprobre, ils ne reçurent pas de leur vivant la bénédiction promise. Dans le passé, ils ont vécu par la foi ; aujourd’hui ils reçoivent témoignage ; dans l’avenir, ils jouiront de la rémunération, quand ils entreront dans les bénédictions promises. Grande sera la bénédiction de ces saints de l’Ancien Testament. Pourtant Dieu a préparé «quelque chose de meilleur» pour le chrétien. Quand Dieu aura achevé son propos en appelant l’Église, les saints de l’Ancien Testament avec l’Église entreront dans la plénitude de la bénédiction. Ils attendent, et nous avec eux, le matin de la résurrection afin de parvenir à «la perfection».
Il est de la plus grande importance que le chrétien conserve une juste estimation du monde qu’il traverse, tout en gardant toujours devant les yeux la joie du monde vers lequel il se dirige.
Mais si nous sommes trop absorbés par le mal croissant d’un monde qui mûrit pour le jugement, par le grave état d’une chrétienté sur le point d’être vomie de la bouche de Christ, et par la confusion qui règne parmi les enfants de Dieu dispersés, nous aurons de la peine à échapper au découragement le plus complet.
Ce chapitre 12 reconnaît que le chrétien peut être abattu à cause des épreuves du chemin, mais il nous présente l’enseignement dont nous avons besoin pour être délivrés de ce piège. L’apôtre voyait évidemment que ceux à qui il écrivait risquaient de succomber sous le poids des épreuves et de reculer dans le combat avec l’Ennemi. Il parle du «fardeau» qui nous accable, du péché qui nous enveloppe, et des difficultés qui peuvent surgir dans le cercle chrétien.
En présence de ces épreuves, il craint que les croyants soient empêchés de courir la course qui est devant eux, qu’ils soient las et découragés dans la lutte avec l’Ennemi, qu’ils perdent courage sous la discipline du Seigneur, que leurs mains deviennent lasses dans le service du Seigneur, que leurs genoux défaillent, et que leurs mains fatiguées et leurs genoux affaiblis conduisent à des faux pas les entraînant dans un chemin tortueux.
Pour nous préserver d’être vaincus par le mal, l’apôtre place devant nous quelques grandes vérités. Si elles sont retenues dans leur puissance, elles nous soutiendront et nous encourageront, malgré toutes les épreuves et toute l’opposition, pour courir la course qui nous mène de la terre au ciel.
v. 1 — Nos pieds foulent le sentier qui conduit de ce monde, auquel nous avons tourné le dos, jusqu’au monde à venir, vers lequel nos yeux sont dirigés. Ce sentier est considéré comme «la course». Plusieurs semblent penser que s’il n’y a qu’une seule manière d’être sauvé, il y a plusieurs manières de marcher dans ce monde ; et que chaque chrétien a la liberté de choisir celle qu’il préfère. L Écriture montre que Dieu a sa manière de retirer les hommes de ce monde et sa manière de les conduire au travers de ce monde. À nous de discerner le sentier que Dieu a tracé pour les siens et ensuite de courir «la course qui est devant nous».
Il est évident, lorsque nous lisons l’épître aux Hébreux, que le chemin de Dieu pour les siens est entièrement en dehors du camp juif. Il est également évident que la chrétienté est retournée à un ordre de choses qui font d’elle un camp ; aussi l’injonction à sortir hors du camp, au dernier chapitre, a-t-elle toujours son application. Mais, maintenant comme alors, sortir hors du camp religieux entraîne l’opprobre et peut-être la souffrance. Or, par nature, nous reculons devant l’opprobre et la souffrance.
Deux obstacles nous empêchent souvent de nous engager de coeur dans le chemin que Dieu a tracé. D’abord les fardeaux et ensuite le péché. Les fardeaux ne sont pas des choses moralement mauvaises. Tout ce qui nous empêche d’accepter le sentier de Dieu, ou de courir avec patience une fois que nous y sommes engagés, constitue un fardeau. Peut-être que la manière la plus rapide pour chacun de découvrir ce qui est un obstacle à son progrès spirituel, c’est de se mettre à courir. Un coureur se dépouillera de tout vêtement inutile. Ce qui, dans la vie ordinaire, ne serait pas un fardeau, en deviendra un dans la course. Nous sommes en outre exhortés à rejeter «tout fardeau», car nous sommes assez disposés à rejeter certains fardeaux, mais à en retenir d’autres.
L’autre grand obstacle, c’est le péché, dont le principe est l’iniquité, la propre volonté. Rien ne retient autant de prendre le chemin d’opprobre hors du camp que la propre volonté non jugée. Dans le sentier de Dieu, il ne doit pas y avoir de place pour la volonté de l’homme.
La présence de ces obstacles demande de l’énergie et de la patience pour les surmonter. Aussi l’apôtre dit : «Courons avec patience». Courir suppose de l’énergie spirituelle, mais nous avons besoin d’y joindre de la patience. Il est facile de partir avec fougue ; il est difficile de poursuivre avec patience, jour après jour, en présence des difficultés et des occasions de découragement. L’Esprit de Dieu nous indique dans ce chapitre les différents moyens dont Dieu se sert pour que nous puissions vaincre ces obstacles et déployer l’énergie nécessaire pour courir avec patience la course qui est devant nous.
Premièrement, nous avons, pour nous encourager, une nuée de témoins dans le chemin de la foi. Si nous avons des ennemis devant nous, des épreuves à rencontrer et des difficultés à vaincre, souvenons-nous que d’autres ont marché avant nous dans ce chemin ; d’autres ont marché à la lumière des gloires à venir ; d’autres ont eu à rencontrer des épreuves plus grandes encore — les moqueries, les liens, la prison, la persécution, la mort — et par la foi, ils ont vaincu. Nous sommes ainsi entourés d’une nuée de témoins qui s’élève au-dessus de toutes les sortes d’épreuves d’ici-bas, et nous pouvons courir avec patience la course qui conduit là-haut.
v. 2 — Deuxièmement, bien au-dessus et au-delà de tous les témoins terrestres, il y a Jésus dans la gloire ; et pour nous encourager dans le chemin de la foi, l’apôtre dirige nos yeux vers Jésus, «le chef et le consommateur de la foi». Il n’imagine pas qu’une fois engagés sur le chemin hors du camp, nous serons capables de nous y maintenir par notre propre force. Au contraire, son exhortation implique clairement qu’ayant vaincu les obstacles et commencé à courir, nous ne pourrons continuer qu’en fixant les yeux sur Jésus. Celui qui nous attire vers lui hors du camp est le seul qui puisse nous soutenir lorsque nous sommes sortis vers lui. D’autres ont foulé le sentier de la foi, mais ils n’ont pas atteint le but final ; ils n’ont pas encore atteint «la perfection» (11:40). «Fixant les yeux sur Jésus», nous voyons celui qui a parcouru toutes les étapes du chemin et qui est parvenu au but. Les saints de l’Ancien Testament sont de brillants exemples, mais ils ne sont ni des «chefs» ni des «consommateurs» ; Jésus est l’un et l’autre. Dans son chemin de souffrance et de honte, il a été soutenu par la joie qui était devant lui. En parcourant le chemin, il pouvait dire : «Ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours» (Ps. 16:11).
Les témoins de Hébreux 11 nous encouragent par leur exemple, mais aucun d’eux ne saurait être un objet de foi, ni dispenser la grâce pour donner du secours au moment opportun. Jésus n’est pas seulement l’exemple parfait de quelqu’un qui a marché dans le sentier de la foi et qui est parvenu au but, mais il est aussi celui qui, du lieu de la puissance — à la droite de Dieu, — peut dispenser le soutien de la grâce à ceux qui sont dans le chemin. La nuée de témoins a disparu de la scène : pour Dieu ils vivent, mais pour ce qui concerne ce monde, ils sont morts. Jésus vit à jamais. Nous avons de magnifiques exemples derrière nous ; nous avons une Personne vivante devant nous.
Il est à remarquer combien souvent dans cette épure le Seigneur est présenté par son nom personnel de Jésus (voir 2:9 ; 3:l ; 4:14 ; 6:20 ; 10:19 ; 12:2 ; 13:12). C’est sans doute pour nous pénétrer du grand fait que celui qui est couronné de gloire et d’honneur — qui est l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession — est celui même qui a été ici-bas un homme abaissé parmi les hommes. Aussi changées que soient sa position et ses circonstances, c’est sur ce même JÉSUS que nous sommes appelés à fixer les yeux. Il a les yeux sur nous, mais avons-nous les nôtres fixés sur lui ?
v. 3, 4 — Troisièmement, nous sommes encouragés en contemplant le chemin parfait de Jésus. Nous ne sommes pas seulement exhortés à regarder à Jésus là où il est, mais aussi à considérer Jésus là où il a été. «Considérez bien» serait une meilleure traduction. Considérant son chemin, nous verrons que du début à la fin, il a enduré la «contradiction de la part des pécheurs contre lui-même». Nous aussi, si nous nous engageons dans le chemin de la foi, hors du camp, pour courir la course qui est devant nous, nous éprouverons certainement que nous avons à rencontrer la méchanceté des hommes tout autour de nous, la contradiction de la part des pécheurs contre Christ, et même le refus du peuple de Dieu de porter son opprobre. L’opposition continuelle est accablante pour nous, et lorsque nous sommes accablés, nous avons tendance à défaillir et à abandonner. Considérons-Le donc, de peur que nous ne défaillions. Nous ne pouvons rien rencontrer, que ce soit de la part de pécheurs qui s’opposent ou de croyants qui s’égarent, qu’il n’ait déjà rencontré dans une pleine mesure. Il pouvait dire : «Tout le jour mes ennemis m’outragent ; ceux qui sont furieux contre moi jurent par moi» (Ps. 102:8). Nous n’avons pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché. Le Seigneur, lui, a donné son sang plutôt que de céder à la contradiction des pécheurs et de manquer dans l’obéissance à la volonté de Dieu. Les pécheurs qui étaient autour de la croix disaient : «Sauve-toi toi-même. Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix». S’il en était descendu, il n’aurait pas fait la volonté du Père, et n’aurait pas achevé l’oeuvre qui lui avait été donnée à faire.
v. 5-11 — Quatrièmement, pour garder nos pieds dans le chemin, nous avons les voies d’amour du Père en discipline. Si, en combattant contre le péché, nous étions appelés à souffrir une mort de martyr, nous serions délivrés pour toujours de la chair. Mais si nous ne sommes pas appelés à souffrir jusqu’au sang, le Père emploie un autre moyen pour nous délivrer de la puissance de la chair et nous faire participer à sa sainteté. Il peut envoyer des épreuves pour nous châtier et, si nécessaire, pour nous corriger.
Devant ces voies du Père envers nous, il y a deux dangers contre lesquels nous sommes mis en garde. D’une part, nous sommes en danger de mépriser l’épreuve ; d’autre part nous pouvons perdre courage sous le poids de l’épreuve. Nous ne devons pas, dans un esprit d’orgueil, prendre l’épreuve d’une manière stoïque, comme étant le lot commun de l’humanité ; et nous ne devons pas non plus, sous l’épreuve, succomber dans le désespoir.
v. 6-8 — Après l’avertissement quant à ces deux dangers, il nous est rappelé deux vérités qui nous préserveront soit de mépriser les circonstances adverses, soit de nous laisser décourager par elles. Il nous est dit d’abord que l’amour accompagne toute épreuve, car il est écrit : «Celui que le Seigneur aime, il le discipline». La main qui frappe est mue par un coeur qui aime. Comment alors pourrais-je mépriser ce que l’amour parfait trouve bon de faire ? Pourquoi perdrais-je courage ? L’amour ne peut-il pas soutenir dans l’épreuve que l’amour envoie ? Il nous est dit ensuite que dans nos épreuves, Dieu agit envers nous comme envers des fils. Nous voyons dans nos enfants la manifestation de leur volonté et de certaines tendances mauvaises qui doivent être réprimées. Pareillement, Dieu voit dans ses enfants tout ce qui est contraire à sa sainteté : les tendances et les habitudes mauvaises dont nous ne nous méfions pas toujours assez : l’impatience et l’irritabilité, la vanité et l’orgueil, la vanterie et la confiance en soi, la dureté et l’égoïsme, la convoitise et la cupidité. Et dans son grand amour, Il agit envers nous afin que nous participions à sa sainteté. Les soins dont le Père nous entoure pour nous éduquer et amener notre être moral à participer à la sainteté de sa propre nature, sont la manifestation de son grand amour pour ses enfants. Amour qui n’est pas simplement passif ; il est actif en notre faveur. Trop souvent nous pensons que son amour s’exerce envers nous lorsqu’une épreuve nous est épargnée ou que nous sommes secourus dans quelque difficulté. Nous pouvons très bien voir là l’effet de son amour et de sa miséricorde, mais nous apprenons ici que c’est aussi son amour qui envoie l’épreuve.
L’apôtre parle de discipliner et de fouetter. Le fouet évoque peut-être davantage la manière d’agir gouvernementale de Dieu, qui reprend et corrige pour un manquement positif. La discipline, elle, ne s’exerce pas nécessairement à l’égard d’un péché, mais plutôt pour développer en nous ce qui est selon la nature de Dieu, afin que nous participions à sa sainteté.
v. 9-11 — Deux choses nous sont ensuite présentées pour nous montrer comment nous pouvons tirer profit des voies de Dieu en discipline. Il nous est dit d’abord : «Ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons ?» Nos pères terrestres avaient affaire avec la chair ; le Père des esprits agit envers nous en discipline pour former au-dedans de nous un esprit droit, afin que nous vivions pour lui. Pour recevoir la pleine bénédiction de cette discipline, nous devons nous soumettre entièrement à ce que Dieu permet. En nous inclinant devant Dieu dans l’épreuve, nous maintenons Dieu entre nous-mêmes et l’épreuve. Mais si nous nous rebellons et discutons les voies de Dieu, l’épreuve vient se placer entre nous et Dieu ; et alors, au lieu que nos âmes soient soutenues, nous tombons dans les ténèbres.
Ensuite, nous étant soumis à ce que Dieu permet, nous devons être «exercés». Dans le jour à venir, nous verrons comment il nous a conduits dans tout notre chemin ; nous comprendrons alors pleinement les épreuves et les peines par lesquelles il nous a instruits et bénis. Mais aussi vrai que cela soit, Dieu désire que nous retirions une bénédiction présente de sa discipline envers nous, et pour cela nous avons besoin d’être exercés maintenant. Cette bénédiction consiste à participer à sa sainteté et à jouir du fruit paisible de la justice. La sainteté dont l’apôtre parle au verset 10 a pour effet de nous conduire non seulement à nous abstenir de ce qui est impur, mais aussi à le haïr, comme Dieu le fait. La haine du mal conduit à la justice pratique, qui à son tour produit la paix, en contraste avec l’agitation du monde injuste que nous traversons.
v. 12-17 — Cinquièmement, nous avons, pour notre encouragement, quelques exhortations pratiques propres à nous permettre de faire face à des difficultés et des dangers spéciaux qui peuvent surgir parmi ceux qui suivent le chemin de la foi. En cherchant à marcher dans l’obéissance à la Parole, et en refusant d’abaisser le niveau qu’elle nous indique, ne nous imaginons pas que nous trouverons des compagnons exempts de toute faiblesse ou de tout manquement. Aspirer à trouver une compagnie de chrétiens composée des éléments les plus spirituels, n’aboutirait qu’à former un groupement prétentieux de croyants centrés sur eux-mêmes et satisfaits d’eux-mêmes.
Ainsi nous pouvons trouver dans le témoignage chrétien :
1° certaines personnes qui manquent d’énergie spirituelle — leurs mains sont lasses, leurs genoux défaillent ;
2° certaines qui marchent dans des sentiers tortueux ;
3° certaines qui suscitent des discordes ;
4° certaines qui manquent quant à la sainteté pratique ;
5° certaines qui manquent de la grâce de Dieu ;
6° certaines qui se souillent par des alliances avec le monde ;
7° certaines qui ne distinguent pas les choses divines des choses profanes.
Comment alors avons-nous à agir en présence de ces différents maux dans lesquels, sans la grâce de Dieu, chacun de nous pourrait tomber ?
v. 12 — Premièrement, il nous est dit : «Redressez les mains lassées et les genoux défaillants». Si l’énergie spirituelle faiblit, encouragez les autres en élevant vos propres mains dans la prière. Écrivant à Timothée, l’apôtre Paul dit : «Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes» (1 Tim. 2:8). Les mains pesantes et les genoux défaillants font bien penser à des mains rarement élevées vers Dieu et à des genoux rarement ployés dans la prière. Autrefois le prophète avait dit : «Les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants ; mais ceux qui s’attendent à l’Éternel renouvelleront leur forces (És. 40:30, 31). Ne sommes-nous pas trop souvent sans force devant les hommes parce que nous prions peu dans le secret ?
v. 13 — Deuxièmement, la pratique doit suivre la prière ; aussi lisons-nous : «Faites des sentiers droits à vos pieds». Dans un jour où beaucoup sont enclins à marcher dans des sentiers tortueux, veillons à faire des sentiers droits à nos pieds, afin que personne ne s’égare. Beaucoup peuvent être boiteux et hésitants dans leur marche ; ils ne sont pas fondés quant au chemin dans lequel ils sont engagés et ne sont pas au clair quant à la position qu’ils occupent. Un rien suffit à les détourner. Combien il importe, alors, que nous ne soyons pas une occasion de chute pour eux en suivant un chemin équivoque. Il peut facilement arriver qu’un croyant plus âgé ouvre, par un acte dépourvu de sagesse, une porte par laquelle d’autres plus jeunes peuvent passer et être ainsi détournés du chemin.
v. 14 — Troisièmement, s’il y en a qui tendent à provoquer la discorde, veillons à poursuivre la paix avec tous. Le chrétien doit chercher à marcher ici-bas paisiblement, sans se mêler de la politique de ce monde, ni exprimer des opinions sur des choses qui, puisqu’il est étranger sur la terre, ne le concernent pas. Il y a, dans la nature humaine déchue, un penchant inné à s’engager dans la contestation. Le chrétien n’a pas seulement à s’abstenir de tout ce qui la susciterait, mais aussi à poursuivre la paix en suivant une voie qui la procure.
Quatrièmement, veillons à poursuivre la sainteté pratique, sans laquelle nul ne verra le Seigneur. «Nous voyons Jésus... couronné de gloire et d’honneur», dit l’apôtre ; mais cela suppose une marche habituelle dans la sainteté. Si nous tolérons le mal dans la moindre mesure, notre vision sera obscurcie. Sans la sainteté nous ne verrons pas le Seigneur. La paix et la sainteté doivent être maintenues ensemble, comme dans ce passage. Sinon nous pouvons poursuivre la paix aux dépens de la sainteté, ou la sainteté sans la paix.
v. 15 — Cinquièmement, nous sommes exhortés à veiller de peur que quelqu’un ne manque de la grâce de Dieu. Manquer de la grâce de Dieu, c’est perdre notre confiance en cette grâce et la jouissance pratique de ce que Dieu est pour nous. Une racine d’amertume risque alors de bourgeonner et de troubler les saints, de sorte que plusieurs peuvent être souillés en nourrissant des pensées amères les uns à l’égard des autres.
v. 16, 17 — Sixièmement, nous devons nous garder de toute alliance impie avec le monde, typifiée par la fornication. Enfin nous sommes avertis de ne pas traiter les choses divines comme des choses ordinaires. Ce serait les profaner. Ésaü en donne un exemple solennel, lui qui, pour un avantage passager, a traité avec légèreté son droit d’aînesse — comme s’il était de peu d’importance. C’était pour ces Hébreux, comme pour tout professant, un avertissement solennel à ne pas rejeter à la légère les bénédictions du christianisme. Hélas ! la chrétienté progresse rapidement dans ce chemin profane suivi par Ésaü. Comme Ésaü, elle sera rejetée. Ce n’est pas, remarquons-le bien, la repentance, qu’Ésaü a recherchée avec larmes, mais la bénédiction, alors que c’était trop tard. La chrétienté découvrira qu’il n’y a pas de repentance pour l’apostasie.
Mais souvenons-nous que, sans aller jusqu’à l’apostasie, nous pouvons tomber dans la profanation en traitant les privilèges divins comme étant de peu d’importance. Des hommes n’ont-ils pas mis de côté la cène du Seigneur comme étant de moindre importance, puisque nous ne sommes pas sauvés par elle ? N’est-ce pas là un exemple de profanation, aux temps actuels ?
v. 18-21 — Pour élever nos âmes au-dessus des épreuves, des tristesses et des exercices de ce présent siècle, l’Esprit de Dieu expose devant nous la joie du monde à venir.
Pour le moment, tout, dans ce bienheureux monde à venir, est en dehors du domaine de la vue et des sens. Ainsi, lorsque l’apôtre affirme que nous sommes venus à ces grandes réalités, cela signifie que nous y sommes venus par l’intelligence de la foi. Au chapitre 2 (v. 5), il parle explicitement du «monde habité à venir», expression qui désigne le vaste héritage de Christ dans les jours du millénium. Elle embrasse tout ce sur quoi Christ dominera comme homme, soit dans le ciel, soit sur la terre ; car il y a le côté céleste du monde à venir aussi bien que le côté terrestre.
Mais avant d’aborder ces réalités, l’Esprit, pour établir le contraste, parle, dans les versets 18 à 21, des choses auxquelles Israël était venu — et auxquelles le chrétien n’est pas venu. À Sinaï, Dieu avait fait connaître son alliance au peuple d’Israël et leur avait présenté ce qu’il leur commandait de pratiquer, les dix paroles (Deut. 4:10-13). Pour cette raison, la présence de Dieu sur la terre était accompagnée des symboles de sa majesté, et de son jugement en destruction contre la désobéissance et le péché. Ces symboles — le feu, l’obscurité, les ténèbres et la tempête — frappaient les hommes de terreur. Tout, à Sinaï, était contre nous. En outre, tout, à cette première montagne, faisait appel à la vue et aux sens. Nous, chrétiens, nous ne sommes pas venus à la montagne qui «peut être touchée» (v. 18) ; ni à des choses qui peuvent être entendues, telles que le son de la trompette et la voix de paroles (v. 19) ; nous ne sommes pas non plus venus à des choses qui peuvent être vues (v. 21). L’homme naturel ne peut pas supporter la présence de Dieu. Le moindre éclat de sa gloire est accablant lorsqu’il est accompagné d’une exigence. Israël ne put supporter cela, et même Moïse le trouva terrible et dit : «Je suis épouvanté et tout tremblant».
Les grandes réalités auxquelles nous sommes venus dans le christianisme ne peuvent être ni touchées, ni entendues, ni vues par l’homme naturel ; elles ne peuvent être connues que par la foi. Ce fait doit avoir été particulièrement difficile pour ces croyants hébreux ; en effet, ils étaient habitués à un système religieux dans lequel tout était conçu pour s’adresser à l’homme dans la chair. Ils se trouvaient maintenant introduits dans quelque chose d’entièrement nouveau, qui mettait de côté tout ce qui était pour la vue. Ils devaient apprendre que les choses du judaïsme n’étaient que les ombres tandis que les choses invisibles du christianisme sont la substance. Tout ce qui était pour la vue avait passé, et ils étaient introduits, comme nous le sommes, dans un cercle merveilleux de bénédictions que seule la foi peut saisir.
v. 22-24 — Dans ce panorama de bénédictions déployé devant nous, huit points sont mentionnés ; il est dit que nous sommes venus
1° à la montagne de Sion ;
2° à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ;
3° à des myriades d’anges, l’assemblée universelle ;
4° à l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux ;
5° à Dieu, juge de tous ;
6° aux esprits des justes consommés ;
7° à Jésus, médiateur d’une nouvelle alliance ;
8° au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel.
Regardant par la foi au monde à venir, nous sommes d’abord amenés par l’Esprit de Dieu à la montagne de Sion, la Jérusalem terrestre, représentant les saints terrestres. La montagne de Sion représente symboliquement le terrain sur lequel tous les saints, terrestres et célestes, entreront dans la bénédiction. Deux psaumes, les psaumes 78 et 132, nous éclairent quant à la signification spirituelle de la montagne de Sion.
Dans le psaume 78, nous avons le récit de la faillite totale d’Israël sur le terrain de la responsabilité. Sur la base de leurs propres oeuvres, tout est perdu. Le tabernacle est abandonné (v. 60) ; l’arche est livrée à la captivité (v. 61) ; le pays tombe sous le jugement et le peuple est consumé (v. 62-64). Puis, comme cela est rapporté au verset 65, un grand changement s’effectue dans les circonstances du peuple, changement opéré entièrement par l’Éternel ; nous lisons : «Le Seigneur s’éveilla comme un homme qui dort» et se mit à agir «comme un homme puissant».
Jusque-là Dieu avait agi envers Israël sur le terrain de leurs oeuvres ; mais lorsqu’ils se sont plongés dans une ruine totale, Dieu fait intervenir sa souveraineté et agit de lui-même pour leur bénédiction. Ainsi nous lisons : «Il choisit la tribu de Juda, la montagne de Sion qu’il aima» (v. 68) ; et encore : «Il choisit David» (v. 70). C’est la souveraineté de la miséricorde divine : Dieu effectue un choix souverain pour la bénédiction de l’homme. Une montagne est le symbole de la puissance ; la montagne de Sion est le symbole d’une grande puissance exercée en grâce souveraine.
Le psaume 132 présente une autre grande vérité en relation avec la montagne de Sion. Ce psaume célèbre l’occasion où David amène l’arche en Sion. L’arche est non seulement reprise des mains de l’ennemi, mais elle est mise à la place qui lui appartient de droit sur la montagne de Sion. Le psalmiste dit : «Car l’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée» (v. 13, 14). À peine l’arche est-elle établie en Sion que la bénédiction se déverse sur le peuple. «Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres ; et je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses saints exulteront en chantant de joie» (v. 15, 16). Ici de nouveau nous avons la pensée du choix souverain qui se rattache à Sion, mais avec ceci en plus qu’il est en relation avec l’arche. L’arche, avec son propitiatoire, parle de Christ, et nous apprenons ainsi que la pleine signification symbolique de la montagne de Sion est la puissance de la grâce souveraine de Dieu exercée pour la bénédiction de l’homme par Christ. Quand tout a été perdu pour l’homme à cause de sa chute, la plénitude de la bénédiction est assurée par la grâce de Dieu, se déversant sur nous avec justice, sur le terrain de tout ce que Christ est et a fait. Telle est la base solide de la bénédiction pour le monde à venir, et c’est à cela que nos âmes sont venues par la foi.
Ayant considéré d’abord la grâce souveraine de Dieu qui rencontre l’homme dans sa ruine totale, notre foi est maintenant introduite dans des scènes du ciel : nous nous trouvons dans la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste. Cette cité symbolise à la fois les saints célestes et leur habitation, dans le monde à venir. La bénédiction terrestre dans le millénium sera administrée par cette cité — les nations marcheront à sa lumière. En contraste avec les cités terrestres, elle est appelée la cité du Dieu vivant. Les cités terrestres sont composées d’hommes mortels ; et par conséquent, comme eux-mêmes, leurs cités sont sujettes à la mort et à la ruine. Cette cité tire sa vie du Dieu vivant et est par conséquent au-delà du pouvoir de la mort et de la ruine. La foi présente cette cité glorieuse à nos âmes ; elle nous annonce ce qui va venir. Nous promenons nos regards autour de nous et nous voyons la misère, la souillure, la violence et la corruption des cités des hommes ; par la foi, nous levons les yeux et voyons cette cité glorieuse que des pieds souillés par le péché n’ont jamais foulée. Nos coeurs sont consolés de savoir que, quand les nations marcheront à la lumière de cette cité, la misère aura disparu et la bénédiction du monde à venir sera établie.
Arrivés au ciel, nous nous trouvons en présence de myriades d’anges. Ce sera le rassemblement universel de ces êtres spirituels. Toutes les classes et tous les ordres de ces êtres glorieux seront là. Ces myriades d’anges existent déjà, et par la foi nous sommes venus à la connaissance de leur existence.
Les anges sont les protecteurs divins du peuple de Dieu et ils conserveront ce service spécial dans le monde à venir. Le psaume 34 (v. 7) évoque cette garde. Nous y lisons : «L’ange de l’Éternel campe autour de ceux qui le craignent, et les délivre». L’histoire d’Élisée illustre cette protection. Lorsqu’il se trouva encerclé pas ses ennemis à Dothan, son jeune homme fut saisi de frayeur, mais Élisée lui dit : «Ne crains pas ; car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux». L’Éternel, en réponse à sa prière, ouvrit les yeux du jeune homme pour qu’il voie que la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée (2 Rois 6:17). Élisée les avait discernés par la foi ; le jeune homme les discerna par la vue. Daniel, en son temps, éprouva la protection angélique : un ange fut envoyé pour fermer la gueule des lions afin qu’il ne subisse aucun mal (Dan. 6).
Le Seigneur, comme homme, était l’objet de cette protection des anges ; nous lisons : «Il commandera à ses anges à ton sujet, de te garder en toutes tes voies» (Ps. 91:9-12). Des anges étaient présents à sa naissance, des anges le servirent lors de la tentation, un ange le fortifia au jardin de Gethsémané, des anges gardaient son sépulcre et assistèrent à son ascension.
Aujourd’hui les croyants sont au bénéfice de ce service des anges ; nous lisons : «Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut ?» Dans le monde à venir, ils exerceront encore ce service, car ils se tiennent aux portes de la cité céleste, et ils uniront le ciel et la terre, montant et descendant sur le Fils de l’homme.
Pénétrant plus avant dans ces hauteurs de gloire, nous venons par la foi à l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux. Dans ce vaste système de gloire céleste, il y a ceux qui ont une place spéciale et distincte. Ils sont appelés les premiers-nés, et ce terme indique leur prééminence. Sept fois dans les Écritures, Christ est appelé le Premier-né, car il doit toujours avoir la suprématie. Ici le mot est au pluriel et se réfère aux saints qui composent l’Église. Ils auront une place prééminente parmi les saints célestes, de même qu’Israël est appelé le premier-né de l’Éternel, comme ayant une place prééminente parmi les nations (Ex. 4:22). Les noms de ces premiers-nés sont écrits dans les cieux, car c’est là qu’est leur demeure ; nous appartenons au lieu où nos noms sont écrits. Comme étant la Jérusalem céleste, l’Église est vue administrant la bénédiction en relation avec la terre ; en tant qu’assemblée des premiers-nés, l’Église est vue comme adorant en relation avec les cieux.
Montant encore plus haut, par la foi, nos âmes viennent «à Dieu, juge de tous». Dieu est vu, comme l’a dit quelqu’un, «regardant d’en haut pour juger tout ce qui est en bas». Il ne s’agit assurément pas ici de Dieu exerçant un jugement judiciaire, comme au grand trône blanc, mais de Celui qui gouvernera la terre en justice. Ainsi Abraham parle de Dieu comme juge, quand il dit : «Le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ?» (Gen. 18:25). De même, dans le monde à venir, les hommes diront : «Certainement il y a un fruit pour le juste, certainement il y a un Dieu qui juge sur la terre». Et encore : «Élève-toi, juge de la terre ! rends la récompense aux orgueilleux» (Ps. 58:11 ; 94:2). Sous le gouvernement de l’homme, trop souvent le jugement ne correspond pas à la justice ; sous celui de Dieu, juge de tous, «le jugement retournera à la justice» (Ps. 94:15), car cil jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre» (És. 11:3-5).
Le monde à venir ne serait pas complet sans les saints de l’Ancien Testament. Il y aura les saints terrestres, ayant leur centre dans la montagne de Sion ; il y aura l’assemblée, prééminente parmi les saints célestes ; et il y aura les saints de tous les âges avant la croix. Il en est parlé comme des esprits des justes consommés, ce qui laisse entendre qu’ils ont tous passé par la mort et qu’ils ont maintenant revêtu leur corps de gloire après avoir été dépouillés de leur tente terrestre (cf. 2 Cor. 5:4).
Par la foi nos âmes sont venues à Jésus, celui par qui toute la bénédiction du monde à venir est assurée, qu’elle soit terrestre ou céleste. Que serait le monde à venir sans Jésus ? Il est le centre de cette vaste scène de bénédictions. C’est lui qui remplira et satisfera le coeur de tous les saints et qui administrera son royaume pour la gloire de Dieu.
Enfin nous sommes venus au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel. C’est la base juste et éternelle de toute bénédiction pour le monde à venir. Le sang d’Abel avait été versé sur la terre, et criait à Dieu en appelant la vengeance sur celui qui l’avait répandu. Le sang de Christ a été mis sur le propitiatoire, sous les yeux de Dieu, et au lieu de crier vengeance, il proclame le pardon pour ceux qui l’ont répandu. Comme le dit un cantique anglais : «L’épée même qui a percé son côté a fait couler le sang qui sauve». Tous ceux qui croient que Dieu a accepté le sang sont placés sous la bénédiction que le sang assure et auront leur part dans le monde à venir.
Ainsi un magnifique panorama de la plénitude des temps est déployé devant nos âmes, du jour où les conseils de Dieu pour la gloire de Christ et la bénédiction de tous ses saints auront leur accomplissement. Et notre foi a le privilège de voir les saints terrestres, les saints célestes, les saints de l’Ancien Testament, les myriades d’êtres angéliques, Dieu au-dessus de tous, et Jésus médiateur de toutes les bénédictions, son sang précieux étant la base de chacune d’elles.
v. 25-29 — Après avoir placé devant nous la perspective glorieuse à laquelle le croyant est déjà venu par la foi, l’apôtre avertit solennellement ceux qui seraient en danger de se détourner de Celui qui parle ainsi des cieux. S’il n’y avait aucune possibilité d’échapper au jugement pour celui qui désobéissait à la voix de Dieu lorsqu’il parlait sur la terre, demandant à l’homme la justice, combien moins pourront échapper au jugement ceux qui refusent la voix de Dieu, maintenant qu’il parle des cieux, dans la grâce qui apporte la bénédiction à l’homme ! Comme l’a dit quelqu’un : «La vengeance de l’Évangile est plus redoutable que la vengeance de la loi». En outre, nous sommes avertis de ce qui est impliqué dans ce jugement à venir. La solennité du jugement de Dieu a été symboliquement présentée par l’ébranlement de la terre au Sinaï. Le jugement futur n’ébranlera pas seulement la terre, mais aussi les cieux. Il nous est alors clairement annoncé que cet ébranlement signifie le renversement de ce qui est ébranlé. Tout ce qui n’est pas le résultat de la grâce souveraine de Dieu sera ôté par le jugement. L’ancienne création souillée par le péché sera finalement ôtée, pour ne laisser que la nouvelle création de Dieu, résultat de sa propre grâce. Le royaume qui est reçu par les chrétiens est établi en justice, par la grâce, et par conséquent, il ne peut pas être ébranlé. Servons donc Dieu avec révérence et avec une sainte crainte ; ne traitant pas, comme Esaü, les choses divines comme si elles étaient profanes, mais réalisant la sainteté des choses de Dieu et marchant dans la vraie piété. N’oublions pas que, bien que nous connaissions Dieu en grâce, néanmoins «notre Dieu est un feu consumant». Il brûlera tout ce qui n’est pas de lui-même, que ce soit la chair dans les siens ou une création souillée par le péché.
Le grand but de l’épître aux Hébreux est de présenter Christ dans la gloire, comme notre grand souverain sacrificateur, et amenant plusieurs fils à la gloire. Un bref résumé le montrera clairement.
Les chapitres 1 et 2 présentent les gloires de la personne de Christ et sa place dans le ciel.
Les chapitres 3 à 8 le présentent comme le grand souverain sacrificateur, soutenant les siens sur la terre, tandis qu’il les conduit vers leur demeure céleste.
Les chapitres 9 et 10, jusqu’au verset 18, présentent le sacrifice de Christ, ouvrant le ciel au croyant et rendant le croyant propre pour ce lieu.
Le chapitre 10, versets 19 à 23, montre que nous avons accès au ciel, où Christ est entré, pendant que nous sommes encore sur la terre.
Le chapitre 11 retrace le sentier de la foi, qui mène à Christ dans le ciel.
Le chapitre 12 parle des différents moyens utilisés par Dieu pour garder nos pieds sur ce sentier.
Le chapitre 13 montre que le sentier céleste est en dehors du monde religieux et que la part actuelle de ceux qui appartiennent au ciel est une part d’opprobre.
Il apparaît ainsi clairement que, dans cette épître, Christ est vu dans le ciel, et que les croyants sont vus comme un peuple céleste — participants à l’appel céleste — courant une course qui commence sur la terre et se termine dans le ciel.
Dans ce dernier chapitre de l’épître, il nous est rappelé que nous sommes encore dans le corps, et par conséquent exposés aux liens et aux afflictions ; que nous sommes encore dans les relations de la vie, qui doivent être respectées ; que nous avons des besoins temporels, qui doivent être satisfaits. Mais tout en étant vus sur la terre, nous sommes considérés comme en dehors du monde religieux. Si nous partageons avec Christ sa place de faveur dans le ciel, nous devons être prêts à accepter sa place d’opprobre sur la terre. Si nous avons le privilège d’entrer à l’intérieur du voile, nous avons aussi le privilège et la responsabilité de sortir hors du camp. Ainsi les exhortations de ce dernier chapitre ont toutes pour but de produire une conduite qui sied à ceux qui partagent avec Christ sa place de rejet sur la terre. Mais il faut nous souvenir que ces exhortations concernant la vie courante montrent clairement qu’être hors du camp ne signifie pas être hors de ce qui est naturel.
v. 1, 2 — La première exhortation envisage le cercle chrétien gouverné par l’amour. Ce n’est pas l’amour naturel qui aime ceux auxquels on est attaché par les liens de la nature, aussi juste cela soit-il à sa place, mais c’est l’amour fraternel, la part de ceux qui sont unis ensemble comme frères en Christ. Nous avons à veiller à ce que cet amour demeure. Le danger est que l’amour, qui s’exerce spontanément quand survient l’épreuve ou la persécution, s’affaiblisse dans la vie ordinaire parmi ceux qui sont journellement en contact les uns avec les autres. Le contact quotidien nous amène à découvrir les petites faiblesses et les particularités les uns des autres, et cela peut avoir pour effet de refroidir notre amour. L’amour est ainsi surtout mis à l’épreuve par ceux qui sont le plus près de nous. Avec ceux-là, nous avons à veiller à ce que l’amour fraternel demeure, et en particulier à l’exprimer pratiquement par l’hospitalité.
v. 3 — Cet amour fraternel peut en outre s’exprimer dans une communion pratique avec les enfants de Dieu qui pourraient se trouver prisonniers pour l’amour de Christ, ou avec ceux qui sont maltraités. Nous avons à nous souvenir de ceux-ci comme ayant nous-mêmes des corps qui sont exposés à souffrir par des liens ou par de mauvais traitements.
v. 4 — De plus, tandis que nous sommes sur la terre, il faut tenir compte des relations de la vie. Le mariage, qui est le plus intime de tous les liens humains, ne doit pas être méprisé, mais tenu en honneur et gardé pur. Toute violation de la sainteté, ou rupture du lien du mariage, rencontrera le jugement, soit gouvernemental soit éternel.
v. 5, 6 — Nous avons aussi des besoins temporels à satisfaire, mais nous devons veiller à ce qu’ils ne deviennent pas une occasion d’avarice. Soyons satisfaits des circonstances présentes dans lesquelles Dieu nous a placés. La raison donnée est très précieuse : quelles que soient nos circonstances, le Seigneur est avec nous. Il a promis : «Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point». S’il parle ainsi, nous pouvons répondre, pleins de confiance : «Le Seigneur est mon aide et je ne craindrai point : que me fera l’homme ?» Ces derniers mots sont bien une question. Si le Seigneur est mon aide, que peut faire l’homme ?
v. 7 — Nous avons à nous souvenir de ceux de nos conducteurs qui ont disparu de cette scène. Ce verbe «souvenir» est différent de celui qui est employé dans le verset 3. Là c’est le souvenir pratique de ceux qui sont dans le besoin ; ici c’est la mémoire de ceux que nous risquons d’oublier. Il est juste que nous nous souvenions d’eux, car ils nous ont annoncé la parole de Dieu. De plus, nous avons à considérer l’issue de leur conduite. S’ils ont annoncé la parole de Dieu, ce n’était pas pour attirer les âmes à eux-mêmes, mais à Christ dans le ciel. Nous avons d’autre part à imiter leur foi — non leurs particularités, leurs manières, ou même leur ministère.
v. 8, 9 — Dans les versets 8 et 9, nous passons des conducteurs qui nous ont quittés, à Jésus Christ qui demeure. D’autres passent, d’autres changent, mais «Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement». Nous parlons parfois des grands hommes de Dieu qui nous ont précédés, comme si, avec leur départ, nous étions presque laissés sans ressource. En parlant ainsi, nous courons involontairement le danger de manquer d’égards envers Christ. Ils ont passé, mais Lui demeure, avec l’amour parfait de son coeur et la puissance parfaite de sa main. Il est aussi la Tête, qui met une sagesse parfaite au profit des membres de son corps. Il n’y a pas une difficulté qu’il ne puisse nous rendre capables de vaincre, pas un danger dont il ne puisse nous préserver, pas une question qui pourrait se poser qu’il ne puisse régler. Il est notre appui et notre ressource — notre tout. L’épître s’ouvre et se termine par la présentation de Christ comme celui en qui il n’y a aucune variation. Dans le premier chapitre, il est salué comme celui qui demeure et qui ne change pas — «Tu demeures» et «Tu es le même». D’autres passent, mais il demeure ; d’autres changent, mais il reste le même. Puisque Christ est notre ressource, ne soyons pas «séduits par des doctrines diverses et étrangères». Avons-nous des oreilles qui nous démangent ? Sommes-nous en quête d’une lumière nouvelle ? Alors prenons garde que notre recherche incessante de quelque chose de nouveau ne nous écarte de Jésus Christ.
C’est «la grâce» active de Christ qui établit et soutient l’âme, et non pas les «doctrines diverses et étrangères», qui semblent être une bonne nourriture intellectuelle, mais qui ne s’adressent qu’à l’esprit et qui, par conséquent, ne profitent pas à ceux qui s’en occupent. La vanité de la chair convoite ce qui est nouveau et cherche à s’exalter en présentant la Parole d’une manière différente de tout ce qui a été enseigné auparavant ; il en résulte que les conducteurs qui ont précédé sont rabaissés ; l’âme n’a plus Jésus Christ devant elle comme Celui qui ne change pas ; on risque d’être séduit par des doctrines étrangères.
Nous sommes ainsi amenés au grand sujet du chapitre — la place que Christ a ici-bas. Nous avons appris qu’il est avec nous ; nous savons qui est cette personne glorieuse qui est avec nous ; nous allons apprendre maintenant où il est par rapport au monde religieux, afin de pouvoir prendre notre place avec Lui.
v. 10-12 — Pour introduire ce grand sujet, un contraste est établi entre le judaïsme et le christianisme. Dans le système juif, il y avait en effet un chemin prescrit pour s’approcher extérieurement de Dieu, auquel les Gentils comme tels n’avaient aucune part. Maintenant l’autel — le moyen de s’approcher de Dieu — appartient exclusivement aux chrétiens, et ceux qui se trouvent sur le terrain juif n’y ont aucun droit. Nous apprenons par le chapitre 9 (v. 14) que Christ, «par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache», afin que nous ayons la conscience purifiée des oeuvres mortes, pour servir le Dieu vivant. Et encore au verset 15 de notre chapitre, qui se rattache au verset 10, nous lisons : «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges». Christ et sa croix constituent notre autel. Le sacrifice qui règle la question du péché est le chemin d’accès par lequel le croyant s’approche de Dieu comme adorateur. Il est clair que ceux qui restaient liés aux autels juifs méprisaient en fait le grand sacrifice de Christ. Ils s’attachaient aux ombres et ignoraient la substance. Ils n’avaient évidemment aucun droit à participer à l’autel chrétien — Christ et son sacrifice.
La congrégation juive était extérieurement le peuple de Dieu sur la terre, composé de la descendance d’Abraham. Ainsi, pour participer à ce système religieux, la naissance naturelle dans la lignée d’Abraham était une nécessité absolue. La question de la nouvelle naissance n’était pas soulevée. Dans ce système, Dieu faisait l’épreuve de l’homme ; aussi ce système s’adressait-il sans équivoque à l’homme naturel. Ses cérémonies splendides, son rituel compliqué, ses édifices magnifiques étaient tout à fait conçus pour faire appel à l’esprit de l’homme naturel. C’était une religion terrestre, avec un sanctuaire terrestre et une gloire terrestre. Il ne s’y attachait aucun opprobre ; au contraire, elle donnait à l’homme une position élevée dans le monde et une part sur la terre ; mais le système comme tel ne donnait à l’homme ni position ni part dans le ciel.
Quelle différence avec le christianisme ! Nous y sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. Nous avons une place magnifique dans le lieu le plus beau de l’univers de Dieu — une place dont la bénédiction infinie ne peut être mesurée que par Christ lui-même, celui qui paraît dans le ciel même pour nous devant la face de Dieu. Mais si le christianisme nous donne la place de Christ dans le ciel, il nous donne aussi actuellement la place de Christ sur la terre. Les richesses de Christ dans le ciel entraînent l’opprobre de Christ sur la terre. La place au-dedans du voile avec Christ en haut implique la place hors du camp avec Christ ici-bas. Le système juif est ainsi en contraste absolu avec le christianisme. Le judaïsme donnait à l’homme une grande place sur la terre, mais pas de place au ciel ; le christianisme donne au croyant une grande place au ciel, mais pas de place sur la terre, sinon une place d’opprobre.
Quelle est donc la place de Christ sur la terre ? Elle est clairement indiquée dans ce passage par le mot «hors» utilisé trois fois dans les versets 11 à 13. Dans le verset 11, nous avons l’expression «hors du camp» ; dans le verset 12, «hors de la porte» et dans le verset 13, de nouveau «hors du camp».
Que devons-nous entendre par cette expression : «hors du camp» ? Nous pouvons relever, pour faciliter la compréhension du passage, que le verset 11 présente le type ; le verset 12, Christ, l’antitype ; et le verset 13, l’application pratique au chrétien. En relation avec le type, deux faits sont mentionnés, deux faits qui nous sont présentés avec plus de détails en Lévitique 4, chapitre auquel le verset 11 se réfère. Dans ce passage, nous apprenons qu’une fois le taureau égorgé, le sacrificateur devait tremper son doigt dans le sang et faire aspersion du sang devant l’Éternel dans le sanctuaire ; puis le corps devait être emporté hors du camp, «dans un lieu net, là où on verse les cendres», et brûlé sur du bois (Lév. 4:6, 12).
Le camp était composé d’un peuple extérieurement en relation avec Dieu. «Hors du camp» est un lieu où il n’y a pas de relation reconnue avec Dieu, ni non plus avec les hommes. C’est soit le lieu du jugement de la part de Dieu, soit celui de l’opprobre de la part des hommes. Vu à la lumière du jugement, c’est le lieu de l’abandon — l’abandon de Dieu. Ce sont «les ténèbres de dehors», qu’aucun rayon de lumière ne viendra jamais percer, qu’aucun amour ne pourra jamais réjouir ; où il n’y a pas de compassion pour soutenir, pas de miséricorde pour soulager. Le corps du sacrifice pour le péché brûlé «hors du camp» présente de façon appropriée le saint jugement de Dieu quant au péché. Jésus est allé là. Pour sanctifier son peuple par son propre sang, il a souffert hors du camp ou, comme la Parole le dit : «hors de la porte», car lorsque Christ est mort, la ville avait remplacé le camp. Pour que nous puissions avoir la place de la bénédiction, à l’intérieur du voile, il a dû prendre notre place sous le jugement, hors du camp. Le jugement que nos péchés exigeaient devait être subi, avant que nous puissions en être affranchis pour vivre à la satisfaction et à la louange de Dieu.
Nous faisons bien d’arrêter nos coeurs avec adoration sur ce fait qui dépasse l’entendement : Christ a été dans l’abandon et les ténèbres ; il a poussé ce cri solennel : «Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ?». Pensons à ce que cela signifie : Lui, le Juste — le seul Juste — abandonné de Dieu. Jamais auparavant, ni depuis lors, aucun homme n’a connu une telle mort. Quand Dieu a-t-il jamais abandonné le juste ? Les pères se sont confiés en l’Éternel et ils ont été délivrés (Ps. 22:4). Bien des hommes de foi ont subi les moqueries et les coups, les liens et la prison ; d’autres ont été dans le besoin, affligés, maltraités ; mais pas un seul n’a été abandonné. Au milieu de leurs souffrances, ils étaient soutenus par la grâce, fortifiés par l’Esprit de Dieu et réjouis par la conscience de la présence du Seigneur. La lumière du ciel et l’amour du Père remplissaient tellement leur âme qu’au milieu de leur martyre, ils quittaient le monde la joie dans le coeur et des chants sur les lèvres — pas un seul n’a été abandonné. Mais ici, nous voyons un homme qui est abandonné, quelqu’un qui peut dire à Dieu : Pourquoi te tiens-tu loin de mon salut ? Il crie à Dieu, mais doit constater : «Tu ne réponds point». Abandonné de Dieu ! Il n’y a pas de secours en Dieu, pas de réponse de Dieu.
Et pourquoi a-t-il été abandonné ? Seul Celui qui a proféré ce cri peut donner la réponse — «Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël» (v. 3). Dieu est saint : voilà l’explication sublime de l’abandon de la croix ; ce n’est pas simplement que l’homme est mauvais, mais Dieu est saint. C’était Dieu, non pas l’homme, que le juste avait devant son âme sainte, lorsqu’il a connu le terrible abandon de la croix. Le grand propos de Dieu est d’habiter au milieu des louanges de son peuple — un peuple rendu propre, par l’oeuvre de Christ, à se tenir devant la face de Dieu. Pour introduire ce peuple dans la faveur de Dieu, Christ a connu l’abandon. Quand il a livré son âme en sacrifice pour le péché, le plaisir de l’Éternel a commencé à prospérer en sa main (selon És. 53:10). Pour l’éternité, il y aura un peuple «à la louange de la gloire de sa grâce» (Éph. 1:6), un peuple amené à l’intérieur du voile, parce qu’une fois, dans le cours du temps, Jésus a connu l’abandon hors du camp.
v. 13 — Nous en venons maintenant à l’exhortation pratique : «Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre». Mais ici, remarquons bien que ce lieu en dehors n’est plus vu comme celui du jugement de la part de Dieu, mais comme celui de l’opprobre de la part de l’homme. Nous ne sommes pas appelés à sortir sous le jugement de Dieu, mais nous sommes appelés à sortir sous l’opprobre des hommes. Sainte victime, il a subi le jugement de Dieu ; patient martyr, il a enduré l’opprobre des hommes. Nous ne pouvons pas partager les souffrances qu’il a connues de la main de Dieu, mais c’est notre privilège d’avoir part aux insultes qu’il a reçues des mains des hommes. Il est sorti hors du camp pour porter notre jugement ; nous sortons hors du camp pour porter son opprobre.
La question se pose alors : Qu’est-ce qui a valu à Christ cet opprobre ? Le psaume 69, versets 7 à 9, donne la réponse. Là nous entendons le Seigneur dire : «Le zèle de ta maison m’a dévoré». Il était zélé pour Dieu au milieu d’une nation qui haïssait Dieu, et en conséquence il a été traité comme un «étranger» et un «inconnu». Son zèle l’a amené dehors, dans l’opprobre et la honte. Il représentait Dieu dans un monde qui haïssait Dieu. Sa présence parmi les hommes leur donnait une occasion d’exprimer leur haine. Ils concentrèrent sur Christ leur haine envers Dieu ; comme le Seigneur l’a dit : «À cause de toi j’ai porté l’opprobre» ; et encore «les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi».
Le chrétien est appelé à accepter la place que l’homme a donnée à Christ et à sortir ainsi du système religieux qui convient à l’homme naturel, système qui, dans ce passage, est appelé le camp. Le camp, comme nous l’avons vu, était composé d’un peuple extérieurement en relation avec Dieu, avec un ordre terrestre de sacrificateurs qui se tenaient entre le peuple et Dieu. Il avait un sanctuaire terrestre et un rituel ordonné. Ce système est brièvement décrit en Hébreux 9:1-10, où il nous est dit qu’il ne donnait à celui qui rendait le culte ni l’accès à Dieu, ni une conscience purifiée ; et nous pouvons ajouter qu’il ne comportait pas d’opprobre.
En contraste avec le camp juif, la compagnie chrétienne est composée d’un peuple qui n’est pas dans une relation simplement extérieure avec Dieu par la naissance naturelle, mais qui est en relation vitale avec lui par la nouvelle naissance. Il n’y a plus une classe spéciale mise à part comme sacrificateurs, mais tous les croyants sont sacrificateurs. Au lieu d’un sanctuaire terrestre, le chrétien a le ciel même. En outre, le christianisme donne une conscience purifiée et l’accès à Dieu. Au lieu de s’adresser à l’homme naturel, il met entièrement de côté l’homme dans la chair et entraîne par conséquent l’opprobre de Christ dans un monde qui l’a rejeté.
Nous souvenant de ces différences caractéristiques entre le camp juif et la compagnie chrétienne, nous pouvons facilement tester les grands systèmes religieux de la chrétienté. Ces systèmes religieux, nationaux ou non conformistes, portent-ils les caractéristiques du camp ou celles du christianisme ? Hélas ! sans aucun doute, la vérité nous force à reconnaître qu’ils sont faits sur le modèle du camp. Ils ont leurs sanctuaires terrestres, de même que leur ordre spécial de sacrificateurs consacrés humainement, se tenant entre le peuple et Dieu. Ces systèmes, comme tels, ne peuvent pas donner une conscience purifiée, ni l’accès à Dieu dans le ciel même. Ils reconnaissent l’homme dans la chair ; ils conviennent à l’homme dans la chair ; ils sont constitués de manière à recevoir l’homme dans la chair et par conséquent, dans ces systèmes, il n’y a pas d’opprobre.
Devons-nous alors conclure que de tels systèmes constituent le camp ? À strictement parler, non. On peut considérer qu’ils sont pires, dans la mesure où ils ne sont que des imitations formées sur le modèle du camp, avec certaines adjonctions chrétiennes. À son origine, le camp a été établi par Dieu ; puis, s’étant corrompu, il a été rejeté par Dieu. Par contre, ces grands systèmes ont été créés par les hommes — souvent, il est vrai, des hommes tout à fait sincères et pieux, agissant dans les meilleures intentions. Si les croyants juifs étaient exhortés à sortir hors du camp, combien plus incombe-t-il au croyant d’aujourd’hui de sortir hors de ce qui est simplement une imitation du camp.
Mais une difficulté surgit dans l’esprit de plusieurs, du fait que de nombreux chrétiens véritables se trouvent dans ces grands systèmes religieux. On avance : Est-ce que cela peut être mal de rester dans des groupements où il y a tant de chrétiens vrais et dévoués ? En réponse à cette difficulté nous pouvons demander : Faut-il se laisser gouverner par ce que les chrétiens font ou par ce que Dieu dit ? Sans aucun doute, l’obéissance à la parole de Dieu est pour chaque croyant l’obligation suprême. Si d’autres n’ont pas la lumière de cette Parole, ou le courage d’affronter l’opprobre et la souffrance que l’obéissance peut entraîner, faut-il à cause de cela rester dans une position que la parole de Dieu condamne ? Certainement pas.
De plus, s’il est vrai qu’au milieu des professants sans vie qui composent en majeure partie ces grands systèmes, il y a des saints de Dieu dévoués, le fait qu’il y en ait n’est pas dû au système dans lequel ils se trouvent, mais à la grâce souveraine de Dieu qui travaille toujours pour la bénédiction des âmes, malgré le système. Ces croyants ne sont pas le produit du système dans lequel ils se trouvent, pas plus qu’ils ne lui donnent son caractère. D’autres ont fait remarquer que la position de ces âmes est illustrée d’une manière frappante par le résidu pieux au sein de Thyatire. Cette église portait la marque de Jésabel et ses enfants. Mais il y avait à Thyatire ceux qui n’étaient pas les enfants de Jésabel. Ils n’étaient pas le produit de ce système de mal, et ce n’était pas eux qui le caractérisaient. Il semble bien que ce soit là, dans une grande mesure, la position des saints qui restent dans ces systèmes humains. Et bien que l’amour nous fasse avoir pour eux tous les égards, néanmoins, en face de l’exhortation claire à sortir hors du camp, nous devons dire que leur position est grave. Il ne nous appartient pas de juger les motifs qui retiennent plusieurs de sortir. L’ignorance de la vérité, le manque d’une foi simple, la crainte de l’homme, la peur des conséquences, les préjugés de l’éducation et des associations religieuses, pour ne pas parler de motifs plus bas, peuvent en retenir plusieurs. Mais peut-être que l’influence la plus puissante pour retenir les âmes dans ces systèmes est la crainte naturelle que nous avons tous d’être dans l’opprobre. Prendre place en dehors des grands systèmes religieux de la chrétienté, aux côtés d’un Christ rejeté, et des pauvres, des faibles et des méprisés de ce monde, cela entraîne l’opprobre. Et devant cela, on recule.
N’y a-t-il donc aucune puissance pour nous rendre capables de vaincre cette crainte de l’opprobre ? Certes il y en a une ! N’est-elle pas l’attachement à Christ ? «Ainsi donc, sortons vers lui». Cette exhortation est de la première importance, car elle nous donne une raison positive pour quitter un ordre de choses portant le caractère du camp. Sortir de ce que nous avons appris à reconnaître comme étant mauvais, c’est seulement négatif ; et personne ne saurait vivre de ce qui est négatif. Sortir «vers lui hors du camp» implique certes la séparation du mal, mais c’est bien davantage ; c’est la séparation pour Christ. C’est une séparation qui nous donne un objet positif.
Si ce n’était afin d’avoir Christ pour objet, l’acte de se séparer serait du sectarisme : ce serait simplement quitter un camp et chercher à créer un camp amélioré. C’est en fait la véritable histoire des grands mouvements dissidents. De vrais chrétiens ont pris conscience du mal et de la corruption de ce à quoi ils étaient rattachés, et ils ont saisi certaines vérités importantes : ils se sont aussitôt séparés et ont constitué un groupement pour protester contre l’erreur et maintenir une vérité. Mais ce n’est là que constituer un autre camp, qui, avec le temps, devient aussi mauvais que celui qu’ils ont quitté à l’origine. Quelque précieuse que soit la vérité, que ce soit la vérité de la venue du Seigneur, la vérité de la présence et de l’habitation du Saint Esprit en nous, ou la vérité du seul corps, si nous nous séparons des systèmes religieux qui nous entourent simplement pour maintenir ces grandes vérités, nous ne faisons que former des sectes. De tous les côtés, nous voyons que c’est ce qui a eu lieu. Des chrétiens sont exercés quant à la sainteté et aussitôt ils forment une ligue pour la sainteté ; ils sont réveillés quant à la vérité du Saint Esprit et ils ne peuvent s’empêcher de constituer une ligue pentecôtiste ; ils sont réveillés quant à la vérité de la venue du Seigneur et ils forment une Mission de la seconde venue ; ils saisissent la vérité du seul corps et ils en arrivent à former une secte pour maintenir cette grande vérité.
Il y a une manière, et une seule, d’être gardé dans la séparation du mal tout en maintenant la vérité sans sectarisme : c’est de sortir «vers lui». Il est la Tête du corps, et tous les systèmes religieux proviennent du fait qu’on ne tient pas ferme le Chef. Il y a une signification profonde et une riche instruction, comme aussi un avertissement solennel dans ces paroles du Seigneur : «Celui qui n’assemble pas avec moi, disperse» (Luc 11:23). J.N. Darby, écrivant sur ce verset, dit ceci : «Ce ne sont pas les chrétiens, c’est Christ qui est devenu le centre divin. On peut rassembler des chrétiens, mais si, dans l’esprit de chacun, ce n’est pas Christ qui rassemble, on disperse. Dieu ne connaît pas d’autre centre d’union que le Seigneur Jésus ; lui seul doit être l’objet de nos coeurs, et lui seul peut être le centre. Tout ce qui ne rassemble pas autour de ce centre, pour Lui et de sa part, disperse. On peut rassembler, mais ne pas assembler avec Christ, c’est disperser. Nous sommes par nature si essentiellement sectaires que nous avons besoin de veiller pour ne pas tomber dans ce piège. Je ne puis faire de Christ le centre de mes efforts, s’il n’est pas le centre de mes pensées» (Notes sur l’évangile de Luc).
Nous avons vu que le Seigneur promet d’être avec chacun des siens individuellement, mais il n’a jamais fait la promesse qu’il sanctionnera par sa présence les systèmes dans lesquels il se trouvera beaucoup des siens. Au contraire, il est en dehors de ces systèmes, dans le lieu de l’opprobre. Il est avec nous individuellement, mais sommes-nous avec lui collectivement ? «Sortons» implique une compagnie rassemblée autour de Christ.
v. 14-21 — Nous ayant ainsi exhortés à sortir «vers lui hors du camp, l’écrivain indique quelques-unes des bénédictions et des faveurs dont peuvent jouir ceux qui obéissent à cette exhortation. On verra qu’en ce lieu, de nombreux privilèges peuvent être goûtés — et de nombreux enseignements scripturaires observés — avec une plénitude que ne peuvent connaître ceux qui restent dans le camp. Nous apprenons ainsi que ceux qui sortent pour s’assembler autour de Christ sont envisagés comme portant certaines caractéristiques :
1° C’est une compagnie de pèlerins. «Nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir». Nous pouvons, hors du camp, revêtir notre caractère distinctif d’étrangers et de pèlerins. Un étranger est quelqu’un qui n’a pas de cité permanente ici-bas ; un pèlerin, quelqu’un qui recherche la cité à venir. Nous pouvons, hélas ! tout en étant hors du camp, ne pas être fidèles à notre caractère de pèlerins ; mais être dans le camp et porter ce caractère sont deux choses pratiquement incompatibles (v. 14).
2° C’est une compagnie d’adorateurs. «Offrons... sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges». Combien il est difficile, dans le camp, d’adorer Dieu en esprit et en vérité ! Hors du camp, il est possible de trouver non seulement des individus qui adorent, mais une compagnie d’adorateurs (v. 15).
3° Les croyants rassemblés hors du camp sont une compagnie dans laquelle on se préoccupe des besoins matériels. C’est ainsi que nous sommes exhortés à pratiquer la bienfaisance et à faire part de nos biens (v. 16).
4° C’est aussi une compagnie dans laquelle on veille sur les âmes. Ainsi, nous devons obéir à nos conducteurs et nous soumettre à ceux qui cherchent le bien de nos âmes (v. 17).
5° C’est une compagnie qui prie, dans laquelle les conducteurs veillant sur les âmes sont soutenus par les prières des saints. Si les saints ont besoin du ministère des conducteurs, ceux-ci ont besoin des prières des saints (v. 18, 19).
6° C’est une compagnie dans laquelle il est possible de faire la volonté de Dieu et ainsi de lui être agréable (v. 20, 21).
7° C’est enfin, une compagnie à la gloire de Jésus Christ : «auquel soit la gloire aux siècles des siècles» (v. 21).
L’épître s’ouvre d’une manière triomphante avec Christ dans la gloire. Ensuite nous avons une compagnie de croyants amenés à la gloire ; et maintenant, l’épître touchant à sa fin, nous apprenons que le désir de Dieu est que ceux qui se rendent vers la gloire prennent place hors du camp avec Christ sur la terre, et soient ainsi pour sa gloire dans le temps, comme ils le seront dans l’éternité.
Qu’elle est précieuse, la vérité ainsi présentée dans l’Écriture, d’une compagnie de personnes qui sont sorties vers Christ hors du camp, portant son opprobre ! Ils ont le caractère de pèlerins ; ils sont une compagnie d’adorateurs ; on s’occupe des besoins matériels et on veille sur les âmes ; la prière a sa place parmi eux ; et ils sont ici-bas pour le plaisir de Dieu et pour la gloire de Christ. Hélas ! combien peu nous avons montré ce tableau. Néanmoins, malgré tous nos manquements, allons de l’avant, cherchant à revêtir ces caractères. Ne nous contentons pas d’un niveau moindre.