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Deuxième épitre à Timothée

 

Hamilton Smith

 

Table des matières abrégée :

1       Introduction

2       Chap.1 — Les consolations de l’homme pieux dans un jour de ruine

3       Chap.2 — Le chemin de l’homme pieux dans un jour de ruine

4       Chap. 3 — Les ressources de l’homme pieux dans les derniers jours

5       Chap.4 — Le service de Dieu en un jour de ruine

 

Table des matières détaillée :

1       Introduction

2       Chap.1 — Les consolations de l’homme pieux dans un jour de ruine

2.1         2 Tim. 1:1

2.2         2 Tim. 1:2-5

2.3         2 Tim. 1:6

2.4         2 Tim. 1:7

2.5         2 Tim. 1:8

2.6         2 Tim. 1:9-10

2.7         2 Tim. 1:11

2.8         2 Tim. 1:12

2.9         2 Tim. 1:13-14

2.10       2 Tim. 1:15

2.11       2 Tim. 1:16-18

3       Chap.2 — Le chemin de l’homme pieux dans un jour de ruine

3.1         L’état spiritual nécessaire pour le chemin de Dieu dans un jour de ruine — 2 Tim. 2:1-13

3.1.1      2 Tim. 2:1

3.1.2      2 Tim. 2:2

3.1.3      2 Tim. 2:3

3.1.4      2 Tim. 2:4

3.1.5      2 Tim. 2:5

3.1.6      2 Tim. 2:6

3.1.7      2 Tim. 2:7

3.1.8      2 Tim. 2:8

3.1.9      2 Tim. 2:9

3.1.10        2 Tim. 2:10

3.1.11        2 Tim. 2:11-12a

3.1.12        2 Tim. 2:12b-13

3.2         Le développement du mal qui a conduit à la ruine de l’église comme maison de Dieu — 2 Tim. 2:14-18

3.2.1      2 Tim. 2:14-16

3.2.2      2 Tim. 2:17-18

3.3         Le chemin de Dieu pour l’individu dans un jour de ruine — 2 Tim. 2:19-22

3.3.1      2 Tim. 2:19

3.3.2      2 Tim. 2:20-21

3.3.3      2 Tim. 2:22

3.4         L’esprit dans lequel il faut faire face à l’opposition — 2 Tim. 2:23-26

3.4.1      2 Tim. 2:23-26

4       Chap. 3 — Les ressources de l’homme pieux dans les derniers jours

4.1         La corruption de la chrétienté dans les derniers jours — 2 Tim. 3:1-9

4.1.1      2 Tim. 3:1

4.1.2      2 Tim. 3:2-5

4.1.3      2 Tim. 3:6-9

4.2         Les ressources de l’homme pieux en présence du mal — 2 Tim. 3:10-17

4.2.1      2 Tim. 3:10-11

4.2.2      2 Tim. 3:12-13

4.2.3      2 Tim. 3:14

4.2.4      2 Tim. 3:15-17

5       Chap.4 — Le service de Dieu en un jour de ruine

5.1.1      2 Tim. 4:1

5.1.2      2 Tim. 4:2

5.1.3      2 Tim. 4:3-4

5.1.4      2 Tim. 4:5

5.1.5      2 Tim. 4:6

5.1.6      2 Tim. 4:7

5.1.7      2 Tim. 4:8

5.1.8      2 Tim. 4:9

5.1.9      2 Tim. 4:10-11

5.1.10        2 Tim. 4:12

5.1.11        2 Tim. 4:13

5.1.12        2 Tim. 4:14-15

5.1.13        2 Tim. 4:16

5.1.14        2 Tim. 4:17

5.1.15        2 Tim. 4:18

5.1.16        2 Tim. 4:19

5.1.17        2 Tim. 4:20

5.1.18        2 Tim. 4:21

5.1.19        2 Tim. 4:22

 

 

1         Introduction

La première épître à Timothée présente l’assemblée de Dieu comme la maison de Dieu, et prescrit son ordre divin selon la pensée de Dieu. Elle reconnait qu’il y avait déjà des individus qui s’étaient détournés vers un vain babil, voulant être docteurs de la loi, et qu’il y en avait qui avaient fait naufrage quant à la foi. Nous y sommes aussi avertis que dans les derniers temps certains apostasieront de la foi. Néanmoins la masse des chrétiens est vue comme désirant faire face à leurs responsabilités en maintenant l’ordre de la maison de Dieu, et le grand but de l’Esprit dans l’épître est de donner des instructions sur cet ordre, et sur le comportement qui y correspond dans tous les détails de son administration sur la terre.

Dans la seconde épître à Timothée, tout est changé. L’assemblée, comme la maison de Dieu, n’est plus considérée comme maintenue en ordre selon Dieu, mais comme tombée dans le désordre par la défaillance de l’homme. En vue de cette défaillance et de ce désordre, l’apôtre Paul écrit à Timothée pour l’encourager, l’instruire et l’exhorter dans un jour de ruine, et en outre pour l’avertir que le mal continuerait et croîtrait tout au long de la dispensation, se manifestant sous ses pires formes dans les derniers jours.

Nous apprenons ainsi au cours de l’épître que l’évangile était déjà dans l’affliction dans les jours de l’apôtre, que le prédicateur des nations était en prison, et que les saints avaient déserté celui qui leur avait fait connaître la pleine vérité du christianisme (2 Tim. 1). De faux docteurs se levaient dans la profession chrétienne ; ceux-ci tenaient des discours vains et profanes, et enseignaient des erreurs conduisant à l’impiété, de sorte que la maison de Dieu allait devenir comme une grande maison dans laquelle il y a des vases à honneur associés à des vases à déshonneur (2 Tim. 2). En outre, si telle était la condition au commencement, une condition pire suivrait. Dans les derniers jours, des temps fâcheux viendraient où la masse des chrétiens professants serait marquée par la forme de piété sans en avoir la puissance. Dans un tel état, les hommes mauvais iraient de mal en pis jusqu’à ce que finalement la profession chrétienne ne supporte pas davantage la saine doctrine. Ainsi, dans la première épître, la masse est encore considérée comme fidèle, bien que des individus aient failli ; dans la seconde épître, la masse a failli, et seuls des individus restent fidèles à leur profession (2 Tim. 3 et 4).

De plus, l’épître montre qu’au moment où se levait cette tempête de mal, celui-là même qui avait si souvent vaincu l’ennemi et guidé les saints était sur le point d’être retiré. Il semblait ainsi que l’apôtre allait être repris au moment même où sa présence était des plus nécessaires.

Néanmoins, cette combinaison de circonstances — la tempête de mal qui se levait et le retrait de celui qui était le plus à même d’y faire face — est utilisée par l’Esprit de Dieu pour démontrer aux fidèles que pendant toute la période chrétienne et en dehors de toute intervention humaine, Dieu est à même de faire face à toute situation critique qu’ils rencontreraient.

Bien que proche de son départ, et regardant avec confiance à la couronne de justice au jour du Seigneur, l’apôtre ne pouvait que ressentir profondément la chute de ce que son service sous la direction de Dieu avait contribué à établir sur la terre. Il épanche toute la douleur de son cœur aux oreilles de son enfant bien-aimé dans la foi. Ce déchargement du cœur de l’apôtre auprès de Timothée est utilisé par l’Esprit de Dieu de deux manières : premièrement il y a là un avertissement adressé à l’avance aux croyants sur le caractère progressif de la corruption de la chrétienté, tout au long de la dispensation ; et secondement cela place devant nous la grandeur de nos ressources en Dieu, en Christ et dans les Écritures, afin que nous soyons soutenus au milieu du mal et que nous marchions selon les pensées de Dieu dans les temps difficiles.

L’instruction de l’épître est présentée dans l’ordre suivant :

§  Premièrement, en 2 Tim. 1, les consolations permanentes de l’homme pieux dans un jour de ruine ;

§  Deuxièmement, en 2 Tim. 2, le chemin de l’homme pieux dans un jour de ruine ;

§  Troisièmement, en 2 Tim. 3, les ressources de l’homme pieux dans les derniers jours ;

§  Quatrièmement, en 2 Tim. 4, les directions spéciales pour le service de Dieu au jour où la masse de la profession chrétienne ne supporterait plus la saine doctrine.

 

2         Chap.1 — Les consolations de l’homme pieux dans un jour de ruine

L’Esprit de Dieu est sur le point de placer devant nous la ruine de la maison de Dieu, et la défaillance croissante de la profession chrétienne tout au long de la dispensation, avec le point culminant du mal dans les derniers jours. Ce terrible tableau de la débâcle sans espoir de la chrétienté avait bien de quoi consterner le cœur le plus vaillant. L’apôtre, avant de décrire la ruine, cherche donc à affermir nos âmes et à fortifier notre confiance en Dieu en plaçant devant nous nos ressources permanentes en Dieu. Dans ce premier chapitre, il fait passer devant nous la vie qui est dans le Christ Jésus (v. 1) ; les choses que Dieu nous a données (v. 6, 7) ; le témoignage de notre Seigneur (v. 8) ; le salut et l’appel de Dieu (v. 9, 10) ; le jour de gloire appelé « ce jour-là » (v. 12, 18) ; et les saines paroles de la vérité qu’aucune erreur ne peuvent affecter (v. 13).

 

2.1       2 Tim. 1:1

« Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, selon la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus » (1:1).

 

Paul commence l’épître en présentant ses titres d’accréditation. Il écrit avec toute l’autorité d’un « apôtre de Jésus Christ ». Il est donc bon de lire l’épitre comme nous apportant un message de la part de Jésus Christ par Son envoyé. L’apostolat de Paul n’est pas par l’ordination ni par la volonté de l’homme, mais « par la volonté de Dieu ».

En outre, Paul a été envoyé par Jésus Christ pour servir dans ce monde de mort en ayant en vue l’accomplissement de la promesse de la vie, — cette vie qui est vue dans toute sa plénitude dans le Christ Jésus dans la gloire. Comme si souvent chez l’apôtre Paul, « la vie » est vue dans sa plénitude en gloire, et dans ce sens, elle peut être évoquée comme étant une promesse. Aucune ruine de l’assemblée ne peut toucher cette vie qui est dans le Christ Jésus et qui appartient à tout croyant.

 

2.2       2 Tim. 1:2-5

« … à Timothée, [mon] enfant bien-aimé : Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur ! » (1:2).

« Je suis reconnaissant envers Dieu, que je sers dès [à la suite de]  mes ancêtres avec une conscience pure, de ce que je me souviens si constamment de toi dans mes supplications, nuit et jour (désirant ardemment de te voir, me souvenant de tes larmes, afin que je sois rempli de joie,) me rappelant la foi sincère qui [est] [ou : [était], à cause du «ranimer » du verset 6] en toi, et qui a d’abord habité dans ta grand-mère Loïs et dans ta mère Eunice, et, j’en suis persuadé, en toi aussi » (1:3-5).

 

L’apôtre peut s’adresser à Timothée comme à son « enfant bien-aimé ». Quelle consolation en un jour de ruine qu’il y ait ceux auxquels nous pouvons exprimer sans réserve notre affection, et auprès de qui nous pouvons décharger nos cœurs en toute confiance ! Deux qualités principales chez Timothée suscitent l’amour et la confiance de Paul. D’abord, il se souvenait de ses larmes ; deuxièmement, il se rappelait sa foi sincère. Les larmes de Timothée prouvaient qu’il était un homme spirituellement profond et affectueux qui ressentait le bas état de ruine de la profession chrétienne ; sa foi sincère démontrait qu’il était capable de s’élever au-dessus de tout le mal dans l’obéissance et la confiance en Dieu.

Timothée pouvait avoir une nature timide et être en danger d’être accablé par le mal en train d’entrer dans l’église ; du fait qu’il était marqué par les larmes et la foi, l’apôtre était encouragé à l’instruire et à l’exhorter, sachant qu’il avait des qualités qui le rendraient capables de répondre à son appel. Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Les instructions de cette épître touchante trouveront peu de réponse à moins qu’il y ait des larmes — qui sont la marque d’un cœur tendre pouvant se lamenter sur les peines du peuple de Dieu, — et de la foi — capable d’adopter le chemin de séparation de Dieu au milieu de la ruine.

Paul se plaisait à se souvenir dans ses prières de cet homme de larmes et de foi. Quel encouragement pour les saints, quand ils ont le cœur brisé par l’état du peuple de Dieu, que de savoir qu’il y a des saints dévoués et fidèles qui se souviennent d’eux en prière. La fidélité dans un jour d’abandon lie les cœurs ensemble dans les liens de l’amour divin.

 

2.3       2 Tim. 1:6

« C’est pourquoi je te rappelle de ranimer le don de grâce de Dieu, qui est en toi par l’imposition de mes mains » (1:6).

 

Après avoir exprimé son amour pour Timothée et sa confiance en lui, l’apôtre se met à exhorter, encourager et instruire. D’abord, il l’exhorte à ranimer « le don de grâce de Dieu » qui lui avait été imparti pour le service du Seigneur. Dans son cas, son don lui avait été conféré par le moyen de l’apôtre. En présence de difficultés, de dangers et d’infidélité générale, quand il semble que le ministère n’a guère de résultat, il y a le danger de penser qu’exercer un don est presque inutile. Nous avons donc besoin d’être avertis contre le danger de ne pas faire valoir son don. Nous devons le ranimer, et dans un jour de ruine, l’employer avec d’autant plus d’insistance. Un peu plus tard, l’apôtre dira : « prêche la parole, insiste en temps et hors de temps » (4:2).

 

2.4       2 Tim. 1:7

« car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil [ou : « de sobre bon sens » ou encore « de sage discrétion » selon JND en anglais] » (1:7).

 

Après avoir parlé de dons qui sont propres à un individu, l’apôtre rappelle à Timothée le don qui est commun à tous les croyants. Dieu donne à certains un don spécial pour le ministère de la parole ; mais à tous les Siens, Il donne l’esprit de puissance, et d’amour, et de conseil (sobre bon sens). Il ne semble guère possible qu’il soit fait référence au Saint Esprit, quoique le don de l’Esprit soit sous-entendu. Il s’agit plutôt de l’état et de l’esprit du croyant qui résultent de l’œuvre du Saint Esprit, et qui donc participent au caractère de l’Esprit, selon ce que dit le Seigneur : « ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3:6). Par nature, Timothée pouvait être timide et disposé à se mettre en retrait, mais le Saint Esprit ne produit pas un esprit de crainte, mais de puissance et d’amour et de conseil (sobre bon sens). Chez l’homme naturel nous pouvons trouver la puissance sans l’amour, ou l’amour dégénéré en simple sentimentalité. Avec le chrétien sous le contrôle de l’Esprit, la puissance est combinée à l’amour, et l’amour s’exprime avec une sage discrétion (ou : sobre bon sens).

Ainsi, aussi difficile que soit le jour actuel, le croyant est bien équipé de puissance pour faire la volonté de Dieu, pour exprimer l’amour de Dieu, et pour exercer un jugement sobre au milieu de la ruine.

 

2.5       2 Tim. 1:8

« N’aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais prends part aux souffrances de l’évangile, selon la puissance de Dieu » (1:8).

 

Après nous avoir rappelé l’esprit de sainte hardiesse qui nous a été donné, l’apôtre peut dire immédiatement : « N’aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier ». Le témoignage de notre Seigneur est le témoignage à la gloire de Christ établi comme homme au pouvoir suprême après avoir triomphé sur toute la puissance de Satan. Pierre n’a pas eu honte du témoignage de notre Seigneur, quand il a témoigné avec hardiesse, disant : « Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2:36). Comme quelqu’un a dit : « Après que le diable a conduit l’homme à faire le maximum contre Christ, Jésus a été couronné de gloire et d’honneur par-dessus tout. Voilà certainement la victoire ! »

Ainsi, dans ce jour où la ruine est survenue au milieu du peuple de Dieu, et où le triomphe de Satan est tel que Paul est en prison, tandis que les saints l’ont déserté et que le mal augmente, l’apôtre, avec le sentiment profond de toute la débâcle, est soutenu à travers tout et élevé au-dessus de tout, parce qu’il réalise que le Seigneur Jésus est dans la place de pouvoir suprême au-dessus de toute l’influence de Satan. Le Seigneur dans la gloire est sa ressource. Il dit donc : « le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié… Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste » (4:17-18).

Nous parlons beaucoup, et à juste titre, de Christ dans Son chemin sur la terre, de Christ sur la croix, et du retour de Christ, mais rarement de Christ dans la gloire de Dieu, là où il est actuellement, et c’est pourtant là le témoignage du Seigneur — le grand témoignage nécessaire pour le temps présent, le témoignage dont nous sommes avertis de ne pas avoir honte.

Aussi grande que soit la ruine, quelle que soit la débâcle au milieu du peuple de Dieu, quelles que soient les difficultés que nous pourrions avoir à rencontrer, quelles que soient la désertion des saints (1:15), la propre volonté de ceux qui s’opposent (2:25-26), ou la méchanceté de ceux qui cherchent à nous faire du mal (4:14), notre ressource infaillible se trouve dans le Seigneur Jésus à la droite de Dieu. Regardant à Lui, nous nous élèverons, comme l’apôtre, au-dessus de toutes les défaillances, que ce soit la nôtre ou celle des autres. Hélas ! dans nos difficultés nous pouvons aggraver les choses en cherchant à les remettre en ordre par nos propres forces, tandis que, si nous nous tournons vers le Seigneur, nous trouverons comme Paul, que le Seigneur est avec nous pour nous fortifier et nous délivrer de toute mauvaise œuvre.

Combien il est donc nécessaire de rendre un témoignage clair à la position actuelle du Seigneur dans la place de suprématie et de pouvoir comme Homme dans la gloire, en qui sont toutes les ressources pour nous soutenir dans les jours les plus sombres.

En outre, gardons-nous d’avoir honte de ceux qui cherchent hardiment, dans un jour de déclin, à donner au Seigneur Sa place ; et soyons prêts à souffrir du mal, en tant que de besoin, dans le maintien de l’évangile, sachant que nous pouvons compter sur la puissance de Dieu pour nous soutenir.

 

2.6       2 Tim. 1:9-10

« … Dieu qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles, mais qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (1:9-10).

 

Après nous avoir avertis de ne pas avoir honte du témoignage du Seigneur, ni de Celui qui rend témoignage à Sa place suprême comme Seigneur et qui a souffert l’opprobre en tant que témoin, et après nous avoir encouragés à prendre part aux souffrances de l’évangile, l’apôtre nous rappelle la grandeur de cet évangile qui est la puissance de Dieu pour ceux qui sont sauvés et appelés (1 Cor. 1:18, 24). Réaliser la gloire du Seigneur et la grandeur de l’évangile, nous empêchera d’avoir honte du témoignage, et nous préparera à souffrir des afflictions pour l’évangile.

Il ressort clairement de ces versets que les deux grands sujets de l’évangile sont le salut et l’appel. D’une part l’évangile proclame le chemin du salut ; d’autre part il nous présente le dessein de Dieu en vue duquel nous sommes sauvés. Nous sommes enclins à limiter l’évangile à la question importante de notre salut, mais ce faisant, nous manquons la bénédiction bien plus profonde liée au propos éternel de Dieu, et ainsi nous manquons à entrer dans l’appel céleste. Il est clair que le premier grand but de l’évangile est notre salut, et Dieu voudrait que le croyant n’ait aucune incertitude quant à ce salut, selon que nous lisons dans ce passage : Il « nous a sauvés ». L’effet béni de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus Christ est de placer le croyant au-delà du jugement qu’il mérite à cause de ses péchés, et de le délivrer du train de ce monde. C’est ainsi que nous lisons : il « s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais » (Galates 1:4). Bien que présentement nous soyons effectivement dans le monde, moralement nous ne sommes pas du monde, étant affranchis de sa puissance et de son influence.

C’est là la première partie de l’évangile, et la masse du peuple de Dieu voudrait bien s’en satisfaire. L’évangile proclame néanmoins de bien plus grandes bénédictions, car il nous parle de l’appel de Dieu. Non seulement Dieu nous a sauvés, mais nous lisons aussi qu’Il « nous a appelés d’un saint appel ». Dans ce passage, l’appel est considéré comme « un saint appel » ; il en est également parlé comme de « l’appel céleste » (Héb. 3:1) et de « l’appel en haut » (Philippiens 3:14 ; voir note). Le salut nous libère de nos péchés et du monde sur lequel le jugement est suspendu ; l’appel nous lie au ciel et à toutes les bénédictions spirituelles que Dieu s’est proposé pour nous dans les lieux célestes en Christ. Par conséquent les bénédictions de l’appel de Dieu ne sont pas « selon nos œuvres », ni selon nos pensées ou nos mérites, mais sont « selon son propre dessein, et sa propre grâce ».

Non seulement nos dettes ont toutes été payées, et nous avons été délivrés de l’influence et de la puissance de la scène où ces dettes ont été contractées, mais nous sommes émerveillés d’apprendre que, selon le propos de Dieu, il y a des choses préparées pour ceux qui L’aiment « que l’œil n’a pas vues, et que l’oreille n’a pas entendues, et qui ne sont pas montées au cœur de l’homme » (1 Cor. 2:9). Dans l’appel de Dieu, il nous est révélé le secret de Son cœur, et Il le fait en déployant devant nous un vaste panorama de bénédiction céleste, et en nous assurant s’être proposé pour nous toute cette bénédiction en Christ avant la fondation du monde. Nous apprenons ainsi que bien avant que nous ayons péché, ou contracté une seule dette, Dieu avait un propos établi pour notre bénédiction éternelle. Aucun mal commis par nous, aucune débâcle de l’église quant à sa responsabilité, ne peuvent altérer le propos de Dieu, de même qu’aucun bien que nous pourrions faire ne peut nous le procurer.

Ce propos éternel a été maintenant rendu manifeste par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ qui a annulé la mort, et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile. En entrant dans la mort, Christ a subi, pour le croyant, le jugement de mort qui pesait sur nous, et nous a ouvert une nouvelle scène de vie et d’incorruptibilité. La mort ne peut plus empêcher le croyant d’entrer dans cette scène de vie et de bénédiction selon le propos de Dieu. Non seulement l’âme passe de la mort à la vie, mais le corps aussi sera revêtu d’incorruptibilité. Ainsi, par l’évangile, une sphère de vie et d’incorruptibilité est mise en lumière, qui ne pourra plus jamais être brouillée par la mort ou la corruption. Par la puissance de l’Esprit, nous pouvons dès maintenant jouir de cette nouvelle scène.

 

2.7       2 Tim. 1:11

« … pour lequel moi j’ai été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations » (1:11).

 

De plus, cet évangile nous a été donné à connaître dans toute sa plénitude par un vase spécialement choisi — celui qui est venu à nous comme apôtre de Jésus Christ pour les nations. Cet évangile est donc venu avec une autorité adéquate par le moyen d’un apôtre qui a parlé par révélation et par inspiration.

 

2.8       2 Tim. 1:12

« C’est pourquoi aussi je souffre ces choses ; mais je n’ai pas de honte, car je sais qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai confié [litt.: mon dépôt], jusqu’à ce jour-là » (1:12).

 

De plus, c’est à cause de son fidèle témoignage que Paul a souffert. Ce n’est pas d’avoir mal agi qui l’a conduit à souffrir et à connaître l’opprobre. Son zèle comme héraut, son dévouement comme apôtre envoyé par Christ, sa fidélité à l’assemblée comme docteur, tout cela lui permettait de dire : « c’est pourquoi aussi je souffre ces choses ». La prison était seulement l’une de « ces choses » que ce fidèle serviteur avait à souffrir. Il y en avait d’autres, plus vivement ressenties par son cœur sensible, car « ces choses » incluaient la désertion de ceux qu’ils aimaient en Asie et parmi lesquels il avait si longtemps travaillé. Il souffrait aussi de l’opposition des professants qui s’opposaient à la vérité (2:25), de la persécution des hommes méchants (3:11-13), et de la malice active d’individus professants qui, comme Alexandre, faisaient beaucoup de mal à l’apôtre (4:14). Toutefois, voyant qu’il souffrait pour sa fidélité comme serviteur de Jésus Christ, il peut dire « je n’ai pas de honte ». De plus, non seulement il n’avait pas honte, mais il n’était pas abattu, et il ne laissait échapper de ses lèvres aucun mot de colère et de ressentiment à cause de l’injustice du monde, et de la désertion, de l’ingratitude, et même de l’opposition, de la part de beaucoup de chrétiens. Il était élevé au-dessus de toute dépression, de tout ressentiment et de toute rancœur, étant donné qu’il était persuadé que Christ était capable de garder ce qu’il Lui avait confié jusqu’à ce jour-là. Quand Christ était outragé Il ne rendait pas l’outrage, quand Il souffrait Il ne menaçait pas, mais se remettait à Celui qui juge justement (1 Pierre 2:23). Dans l’esprit de son Maître, et en présence de la souffrance, de la désertion et des insultes, Paul remet toutes choses dans les mains de Christ. Son honneur, sa réputation, son caractère, sa défense, son bonheur, il remet tout à Christ, sachant que, si les saints peuvent l’abandonner et même s’opposer à lui, Christ, Lui, ne lui fera jamais défaut. Il est persuadé que Christ est capable de prendre soins de ses intérêts, de défendre son honneur et de lui faire justice de tous les torts dans « ce jour-là ».

À la lumière de « ce jour-là », Paul peut passer « ce jour-ci » en triomphe, malgré son lot d’outrages, de mépris et de honte. Nous pouvons nous étonner de ce qu’il ait été permis que cet apôtre dévoué soit abandonné et soit l’objet d’opposition même de la part des saints ; mais nous ne nous en étonnerons pas dans « ce jour-là », quand tous les torts seront redressés, et quand toutes les hontes, les souffrances et l’opprobre seront trouvés tournés à louange et à honneur lors de l’apparition de Jésus Christ. Les fidèles aujourd’hui peuvent bien n’être qu’une petite minorité insignifiante, comme l’apôtre Paul et les quelques-uns qui lui étaient associés à la fin de sa vie ; toutefois dans « ce jour-là », on se trouvera beaucoup mieux d’avoir été avec les quelques-uns méprisés qu’avec la masse infidèle.

La vanité de la chair aime être populaire et avoir de l’importance et se rendre éminente devant le monde et les saints, mais en vue de « ce jour-là » il vaut mieux prendre une position humble dans l’effacement plutôt qu’une position publique en faisant la publicité de soi, car alors il sera trouvé que plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers.

Nous pouvons souffrir à cause de nos manquements, et cela devrait nous humilier. Toutefois, avec l’exemple de l’apôtre devant nous, nous faisons bien de nous rappeler que, si nous avions marché dans une fidélité absolue, nous aurions souffert davantage, car il reste vrai que « tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (3:12). Si nous sommes fidèles à la lumière que Dieu nous a donnée, et si nous cherchons à marcher dans la séparation de tout ce qui est un déni de la vérité, nous trouverons, dans notre petite mesure, que nous aurons à rencontrer de la persécution et de l’opposition, et, ce qui est très douloureux, de la part même de nos compagnons chrétiens. Et quand l’épreuve vient, c’est une bonne chose si nous pouvons faire comme Paul, à savoir tout remettre au Seigneur, et attendre qu’Il prenne notre défense en ‘ce jour-là’. Trop souvent nous sommes tourmentés et impatients en présence de torts qui nous sont faits, et cherchons à les voir redressés dans « ce jour-ci » plutôt que d’attendre « ce jour-là ». Si, par la foi de nos âmes, la gloire de ce jour-là brille devant nous, au lieu d’être tentés de nous rebeller face aux insultes et aux torts éventuellement permis, nous nous « réjouirons et tressaillirons de joie », car, dit le Seigneur, « votre récompense est [sera] grande dans les cieux » (Matt. 5:12).

 

2.9       2 Tim. 1:13-14

« Aie un modèle [aussi : exposé, sommaire ; ailleurs : exemple] des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus. Garde le bon dépôt par l’Esprit Saint qui habite en nous » (1:13-14).

 

ndT : le mot ‘modèle’ a été traduit ci-après par ‘exemplaire’.

 

Étant donné que ce grand évangile, avec son salut et son appel, est venu à Timothée par une source inspirée, celui-ci est exhorté à « avoir un exemplaire des saines paroles » qu’il a entendues de l’apôtre. Les vérités communiquées à Timothée dans de « saines paroles » devaient être consignées en ordre, dans un exemplaire, de sorte qu’il puisse déclarer clairement et expressément ce à quoi il tenait. Ayant cet exemplaire, les vérités transmises par les « saines paroles » seraient vues dans leur relation juste les unes avec les autres. Pour nous, cet exemplaire se trouve dans la Parole écrite, et tout spécialement dans les épîtres de Paul. Ainsi, dans l’épître aux Romains, il y a la présentation ordonnée des vérités concernant notre salut, tandis que les autres épîtres de Paul donnent un exemplaire concernant l’assemblée, la venue du Seigneur, et d’autres vérités. Dans la chrétienté, cet exemplaire a été largement perdu par l’utilisation de textes isolés sortis de leur contexte. Cet exemplaire, tel qu’il est présenté dans l’Écriture, doit être jalousement gardé. Des hommes sincères peuvent chercher à formuler leur croyance sous forme de confessions religieuses, d’articles de religion, ou de credos théologiques. Ces expédients humains, quel que soit leur utilité à leur place, sont toujours en-dessous de la vérité et ne peuvent prendre la place de l’exemplaire inspiré présenté dans l’Écriture.

De plus, le modèle des saines paroles reçues de la part de l’apôtre ne doit pas être tenu comme un simple credo auquel on peut donner son assentiment, mais il doit être gardé dans la foi et l’amour qui sont dans le Christ Jésus, la personne vivante dont parle la vérité. Avoir un exemplaire de saines paroles ne suffit pas. Pour que la vérité soit efficace dans nos vies, il faut qu’elle soit gardée « dans la foi et l’amour qui sont dans le Christ Jésus ». Quand la vérité est présentée pour la première fois à l’âme, et qu’elle est reçue avec joie, elle perdra sa fraicheur si elle n’est pas gardée dans la communion avec le Seigneur.

En outre (1:14), si la vérité doit être gardée dans la communion avec Christ, ce ne peut être que dans la puissance de l’Esprit Saint. Toute la vérité contenue dans l’exemplaire des saines paroles qui avait été donné à Timothée devait donc être gardée par le Saint-Esprit qui habite en nous.

 

2.10  2 Tim. 1:15

« Tu sais ceci, que tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont Phygelle et Hermogène, se sont détournés de moi » (1:15).

 

L’immense importance de garder l’exemplaire de la vérité, en communion avec Christ dans la puissance de l’Esprit, est soulignée par le fait solennel que celui (Paul) par qui la vérité avait été révélée, était abandonné par la plus grande partie des saints en Asie. Ceux-là mêmes à qui l’appel céleste et l’ensemble de la vérité chrétienne avaient été révélés, s’étaient détournés de Paul. Ce n’est pas que ces saints s’étaient détournés de Christ, ou qu’ils avaient abandonné l’évangile de leur salut, mais la vérité de l’appel céleste enseignée par l’apôtre n’avait pas été gardée en communion avec Christ et dans la puissance de l’Esprit. De là vient qu’ils n’étaient pas prêts à être associés avec lui dans la position de rejet par ce monde qu’implique la pleine vérité du christianisme.

Il est dès lors évident que, pour le maintien de la vérité, nous ne pouvons pas faire confiance aux saints les plus éclairés. Ce n’est que dans la mesure où Christ commande les affections dans la puissance de l’Esprit que nous garderons le bon dépôt qui nous a été confié.

 

2.11  2 Tim. 1:16-18

« Le Seigneur fasse miséricorde à la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé et n’a point eu honte de ma chaîne, mais, quand il a été à Rome, il m’a cherché très-soigneusement et il m’a trouvé. Le Seigneur lui fasse trouver miséricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là ; et tu sais mieux [que personne] combien de services il a rendus dans Éphèse » (1:16-18).

 

La référence à Onésiphore et à sa maison est très touchante. Elle prouve que l’indifférence de la masse et sa désertion n’ont pas conduit l’apôtre à oublier l’amour et la bonté d’un individu et de sa famille. Au contraire, la désertion de la masse a rendu l’affection de quelques-uns d’autant plus précieuse. Quand la grande masse attristait le cœur de Paul, il y en avait au moins un dont il pouvait dire « il m’a souvent consolé ». D’autres pouvaient avoir honte de lui, mais il peut dire de ce frère qu’il « n’a point eu honte de ma chaîne ». Quand d’autres l’ont déserté, il y en avait encore un dont il peut écrire « il m’a cherché très-soigneusement et il m’a trouvé ». Quand d’autres l’ont négligé, il peut reconnaître avec plaisir que ce frère avait rendu beaucoup de services.

Combien cela a dû être heureux pour le cœur de l’apôtre, dans le jour où on le désertait, de réaliser la sympathie et les consolations de Christ exprimées à travers ce frère dévoué. Si Paul n’oubliait pas l’expression de l’amour au jour où il était déserté, le Seigneur ne l’oubliera pas non plus « dans ce jour-là » — le jour de la gloire à venir.

 

3         Chap.2 — Le chemin de l’homme pieux dans un jour de ruine

Le croyant, instruit dans les pensées de Dieu, ne peut qu’admettre que ce qui passe pour être l’église de Dieu devant les hommes ne ressemble en rien à l’église de Dieu telle que présentée dans l’Écriture. Ce grave éloignement de la Parole de Dieu montre clairement que l’intention de Dieu pour l’église durant son séjour dans un monde où Christ est absent, a été ruinée dans les mains de l’homme. Peu nombreux sont ceux qui nieraient que nous vivons dans un temps de ruine. Il est cependant de la première importance de comprendre clairement ce que nous entendons lorsque nous parlons de la ruine de l’église.

Nous devons rappeler que dans l’Écriture, l’église est considérée de deux manières. D’un côté, elle est présentée selon les conseils de Dieu ; d’un autre côté, elle est vue en rapport avec la responsabilité de l’homme. Sous le premier aspect, elle est présentée dans l’Écriture comme fondée sur Christ le Fils de Dieu, et est composée de tous les vrais croyants, et est destinée à être présentée à Christ glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable. Comme telle, elle est le résultat du travail de Christ Lui-même, et les portes du Hadès ne peuvent prévaloir contre elle. Aucune ruine ne peut toucher l’œuvre de Christ, ni mettre de côté les conseils éternels de Dieu pour Christ et l’église.

Sous le second aspect, l’église est vue comme placée dans la responsabilité d’être témoin pour Christ pendant le temps de Son absence, et de présenter la grâce de Dieu à un monde dans le besoin. Hélas ! l’église a complètement failli dans l’exercice de cette responsabilité. Par manque de dépendance à l’égard du Seigneur, de soumission à l’Esprit, et d’obéissance à la Parole, le peuple de Dieu s’est divisé et a été dispersé ; et le manque de vigilance a abouti à une vaste profession embrassant croyants et incroyants. Le résultat est que ce qui passe devant le monde pour être l’église est loin de représenter la gloire de Christ, et est au contraire « un déni de la nature, de l’amour, de la sainteté, et des affections de Christ ». Ainsi le témoignage de l’église sur la terre a été ruiné. Le fait que nous devons parler d’une église professante qui est visible, et d’une église spirituelle composée de tous les vrais croyants qui est invisible, suffit à montrer combien la ruine est complète.

Si, donc, nous parlons de vivre dans un jour de ruine, nous voulons dire que le sort qui nous est échu est de vivre dans un jour où le témoignage de l’église à un Christ absent a été ruiné. Dans les lettres aux sept églises dans l’Apocalypse, nous avons un aperçu prophétique de l’histoire de l’église sur la terre, considérée comme le témoin responsable pour Christ ; et la défaillance progressive de l’église en matière de responsabilité y est prédite avec une précision divine par le Seigneur Lui-même, en commençant par l’abandon du premier amour, et se terminant par un état si nauséabond pour Christ que l’église finit par être vomie de Sa bouche.

L’Écriture, cependant, donne davantage de lumière au sujet du jour de ruine. Dans cette seconde épître à Timothée, non seulement la ruine est prédite, mais le Saint-Esprit, par l’apôtre Paul, donne aussi des instructions très précises au fidèle sur la manière d’agir quand la ruine est là. Aussi sombre que soit le jour présent, aussi grande que soit la ruine, le peuple de Dieu n’est pas laissé sans direction divine. La miséricorde de Dieu a tracé un chemin pour les Siens dans un jour de ruine. Nous pouvons manquer de foi en Dieu et du dévouement à Christ nécessaires pour emprunter ce chemin ; néanmoins celui-ci est tracé dans la parole de Dieu pour l’obéissance de la foi.

Ainsi, nous arrivons à la conclusion que deux choses sont nécessaires pour prendre le chemin de Dieu avec intelligence au milieu de la ruine. Tout d’abord, il est essentiel d’avoir une certaine connaissance de la doctrine de Paul (qui comprend à la fois la vérité de l’évangile et la vérité de l’assemblée) ; d’autre part, il faut un bon état spirituel. Sans une certaine connaissance de l’église telle que présentée dans l’Écriture, il est impossible d’apprécier l’étendue de la ruine ; et sans un bon état spirituel, le croyant n’est guère disposé à prendre le chemin que Dieu a tracé au milieu de la ruine.

Paul suppose évidemment que celui à qui il écrit connaît bien sa doctrine. Dans les chapitres 1 et 2, il fait référence à ce que Timothée avait entendu de lui (1:13 et 2:2) ; et dans le chapitre 3, il dit: « Tu as pleinement compris ma doctrine » (3:10). Il n’y a donc pas d’exposé doctrinal de la vérité de l’église dans cette seconde épître. Cette vérité est pleinement présentée par l’apôtre dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, la première épître aux Corinthiens et la première épître à Timothée.

Le chemin de Dieu pour nous dans un jour de ruine, et l’état spirituel nécessaire pour prendre ce chemin, sont présentés dans ce chapitre 2 de la deuxième épître à Timothée. Si nous voulons répondre à la pensée de Dieu en ce jour de défaillance, nous ferons bien d’étudier avec prière ce passage important. Les vérités de ce chapitre peuvent être vues dans l’ordre suivant :

(a) L’état spirituel nécessaire pour discerner et prendre le chemin de Dieu pour nous au milieu de la défaillance de la chrétienté (2:1-13) ;

(b) Un bref aperçu du courant du mal qui a conduit à la corruption de la chrétienté (2:14-18) ;

(c) La ressource du fidèle et le chemin de Dieu pour l’individu au milieu de la ruine (2:19-22) ;

(d) L’esprit dans lequel il faut faire face à ceux qui soulèvent de l’opposition contre le chemin de Dieu (2:23-26).

 

3.1       L’état spiritual nécessaire pour le chemin de Dieu dans un jour de ruine — 2 Tim. 2:1-13

3.1.1        2 Tim. 2:1

« Toi donc, mon enfant, fortifie-toi [ou : sois fort] dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2:1).

 

La grâce spirituelle est la première grande nécessité dans un jour de faiblesse. L’exhortation du premier verset est donc « fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ». Tenir contre la marée montante du mal, emprunter un chemin que le Seigneur a tracé pour les Siens au milieu des corruptions de la chrétienté, et continuer inébranlablement à marcher dans ce chemin en dépit de la débâcle, de l’opposition et des désertions, tout cela demande une grande grâce — la grâce qui est dans le Christ Jésus. Quelle que soit l’opposition au chemin de Dieu, quelles que soient les difficultés pour y persévérer, quelles que soient les tentations de s’en détourner, la grâce du Seigneur est suffisante pour rendre le croyant capable de surmonter toute opposition, de s’élever au-dessus de toutes les difficultés, de résister à toute tentation, et d’obéir à Sa parole et de répondre à Sa pensée. Comme quelqu’un a dit : « quel que soit le besoin, Sa plénitude est la même, pas diminuée, toujours accessible et gratuite ». La grâce spirituelle est la première chose nécessaire pour des « hommes fidèles » en un jour d’infidélité. En outre, la grâce dont parle l’apôtre est plus qu’un « esprit gracieux ». Elle implique qu’en Christ ressuscité et exalté, du premier jour de l’église sur la terre jusqu’au dernier de son séjour ici-bas, il y a toute ressource pour rendre l’homme de Dieu capable de maintenir sa vie de témoignage et de service sans faire appel à aucun des expédients de l’homme que tant de gens ont adoptés dans un jour de déclin. En écrivant aux Corinthiens, l’apôtre peut remercier Dieu pour « la grâce de Dieu » qui leur a été donnée « dans le Christ Jésus » ; et tout de suite il montre que cette grâce est la « parole » d’enseignement, la « connaissance » et les « dons » avec lesquels ils avaient été enrichis en Christ (1 Cor. 1:4-7). Chaque exhortation du chapitre ne fera qu’approfondir notre sentiment du besoin de la grâce qui est dans le Christ Jésus si nous voulons répondre à la pensée de Dieu.

 

3.1.2        2 Tim. 2:2

« et les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles qui soient capables d’instruire aussi les autres » (2:2).

 

Deuxièmement, non seulement la grâce est nécessaire, mais les fidèles doivent aussi posséder la vérité s’ils veulent être remplis de la pensée de Dieu pour un jour de déclin et être à même d’instruire les autres. De plus, la vérité nécessaire dans un jour de ruine n’est pas seulement la vérité trouvée dans l’ensemble de l’Écritures, mais tout spécialement la vérité telle que communiquée par l’apôtre devant beaucoup de témoins. Dans un jour de ruine, les écrits apostoliques deviennent un test très net par lequel on peut discerner « des hommes fidèles ». « Nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas » dit l’apôtre Jean (1 Jean 4:6).

Afin donc que nous puissions en tous temps posséder la vérité, Timothée est instruit à commettre « les choses » entendues de l’apôtre à des hommes fidèles, qui, à leur tour, seront capables d’instruire les autres. C’est la manière de Dieu que la vérité consignée dans les écrits apostoliques soit transmises à ceux qui sont capables d’enseigner les autres. La chair, qui s’estime auto-suffisante et est pleine de sa propre importance, peut se flatter de pouvoir se passer de l’aide d’autrui ; mais, s’il est vrai que Dieu est souverain et qu’Il peut enseigner directement à partir de Sa parole, Sa manière habituelle est de nous garder mutuellement dépendants les uns des autres — pour recevoir comme étant ceux qui ont à apprendre, et pour communiquer à d’autres la vérité et la lumière que nous avons reçues.

En plus, il est important de voir que ce que nous transmettons n’est pas une autorité officielle, ou une position officielle, mais c’est la vérité. Timothée n’avait ni mission ni pouvoir de transmettre à un individu ou à une classe d’individus, le droit officiel et exclusif de prêcher. C’était la vérité révélée, garantie de l’erreur par le moyen de témoins, qui devait être transmise à d’autres. À la lumière de ce passage de l’Écriture, nous pouvons bien nous demander dans quelle mesure nous répondons à nos responsabilités de transmettre à d’autres le précieux héritage de vérité que nous avons appris de la part d’hommes fidèles. Maintenir la vérité, et la transmettre à d’autres, n’est possible que si nous nous fortifions dans la grâce qui est dans le Christ Jésus.

 

3.1.3        2 Tim. 2:3

« Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (2:3).

 

Maintenir la vérité dans un jour de déclin général implique de souffrir. Naturellement, nous reculons devant la souffrance. C’est pourquoi Timothée est exhorté — et avec lui tous ceux qui désirent être fidèle à Christ : « Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus-Christ ». Comparativement à Paul, la « part » de souffrance que nous pouvons être appelés à prendre sera petite ; mais aujourd’hui, partout où un saint refuse l’erreur et tient pour la vérité, il doit être prêt dans une certaine mesure à faire face à de l’opposition (2:25), à de la persécution (3:12), à des désertions (4:10), et à de la méchanceté (4:14) ; et comme dans le cas de l’apôtre, ces choses peuvent même venir de frères. Ceci implique de la souffrance, et, quand nous souffrons injustement nous sommes naturellement enclins à rendre la pareille. Il nous est donc rappelé de prendre notre part de souffrances, non pas comme un homme naturel, mais « comme un bon soldat de Jésus-Christ ». Un bon soldat obéit à son capitaine et agit comme lui. Christ est le grand chef (ou : capitaine) de notre salut, et Il a atteint Sa place de gloire « par des souffrances », et Il nous a laissé l’exemple parfait de souffrance dans la patience, car « quand il souffrait, Il ne menaçait pas ; mais s’en remettait à Celui qui juge justement » (1 Pierre 2:23). Agir d’une manière si contraire à la nature, exige en effet que nous soyons « fortifiés dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ».

Le Seigneur Jésus est à la place du pouvoir suprême, et au temps déterminé Il exercera le pouvoir par lequel il est capable d’assujettir tous les ennemis sous Ses pieds. Toutefois c’est encore le jour de la grâce ; le jour du jugement pour les ennemis de la grâce n’est pas encore venu. Nous avons donc besoin, non de puissance pour écraser nos ennemis, mais de grâce pour prendre notre part de souffrances. Étienne, en présence de ses ennemis qui grinçaient des dents contre lui, et le lapidaient, fixait ses regards vers le ciel vers « Jésus debout à la droite de Dieu ». Mais, quoique Jésus fût le Seigneur établi au pouvoir suprême, en général Il n’agit pas en puissance pour écraser les ennemis de Ses serviteurs ; Il n’a pas donné non plus à Étienne le pouvoir d’écraser ses ennemis. Il a fait ce qui est en parfait accord avec le jour de grâce. Il a donné la grâce par laquelle Étienne s’est tellement fortifié dans la grâce qui est dans le Christ Jésus qu’il a été en mesure de prendre sa part des souffrances, et comme un bon soldat de Jésus-Christ, il n’a pas menacé ou injurié ses persécuteurs ; au contraire, il a prié pour eux et a remis son esprit au Seigneur.

De la même manière en son temps, Paul s’est tellement fortifié dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, qu’il a enduré la souffrance pour l’amour de Christ et a remis sa vie, son bonheur, son tout, à Christ en vue de « ce jour-là » (1:12).

 

3.1.4        2 Tim. 2:4

« Nul homme qui va à la guerre [qui est soldat dans l’armée] ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre » (2:4).

 

Quatrièmement, si nous sommes prêts de tout cœur à accepter le chemin de Dieu en un jour de ruine, nous aurons besoin de nous garder d’être empêtrés dans les affaires de cette vie. L’apôtre ne suggère pas de ne pas participer aux affaires de cette vie, ni que nous soyons nécessairement appelés à renoncer à nos affaires terrestres. Dans d’autres passages de l’Écriture, il réfute une telle pensée, car il nous enjoint expressément de travailler de nos propres mains pour fournir ce qui est honnête, et il peut dire de lui-même « vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins » (Actes 20:34). Mais il nous met en garde contre le fait de laisser les affaires de cette vie prendre notre temps, absorber nos énergies, et engager ainsi complètement nos pensées, au point de nous empêtrer dans un filet, et de ne pas nous laisser libres d’accomplir la volonté du Seigneur. Le bon soldat de Jésus Christ est celui qui cherche, non pas à plaire à lui-même, ou même aux autres, mais à plaire d’abord et avant tout à Celui qui l’a enrôlé pour être soldat. En toute fidélité et loyauté à Celui qui nous a choisis pour être soldats sous Sa direction, et en ne cherchant que Son plaisir à Lui, nous refuserons toute organisation humaine qui implique la direction par quelque autorité humaine. Échapper aux embarras de cette vie et être loyal au Chef [capitaine] de notre salut, ne sera possible que dans la mesure où nous nous serons fortifiés dans la grâce qui est dans le Christ Jésus.

 

3.1.5        2 Tim. 2:5

« … de même si quelqu’un combat dans la lice, il n’est pas couronné s’il n’a pas combattu selon les lois » (2:5).

 

Cinquièmement, en utilisant l’image des jeux publics, l’apôtre dit : « de même si quelqu’un combat dans la lice, il n’est pas couronné s’il n’a pas combattu selon les lois ». Dans le domaine spirituel aussi, la couronne ne sera pas accordée à une grande activité, ni selon la quantité de service, mais selon la fidélité dans le service. La couronne est donnée à celui qui combat selon les lois. On pourrait faire valoir que, dans un jour de grande faiblesse, chacun doit adopter les méthodes qu’il pense les plus appropriées pour accomplir son service. Pour répondre à de tels arguments, nous sommes spécialement avertis que, dans un jour de ruine, il nous incombe encore de « combattre selon les lois ». Ainsi, l’introduction de méthodes charnelles, de moyens humains ou d’expédients mondains dans le service du Seigneur, est condamnée. Servir, selon les principes de l’Écriture exigera que nous nous soyons « fortifiés dans la grâce qui est en Jésus-Christ ».

 

3.1.6        2 Tim. 2:6

« il faut que le laboureur travaille premièrement, pour qu’il jouisse des fruits » (2:6).

 

Sixièmement, le fidèle serviteur doit être prêt à travailler avant de jouir des fruits. Ce n’est pas le temps de se reposer, mais celui de travailler ; le temps de la récolte est à venir. Nous sommes souvent impatients de voir des fruits ; mais il est préférable de persévérer dans notre travail, sachant que Dieu n’est pas injuste pour oublier « notre œuvre de foi et notre travail d’amour ». Le fidèle serviteur attend d’entendre le « Bien, bon et fidèle esclave » (Matt. 25:21,23) de Celui auquel il cherche à plaire, et alors seulement il recevra la couronne après avoir combattu selon les lois, et alors il jouira des fruits après avoir travaillé.

 

3.1.7        2 Tim. 2:7

« Considère ce que je dis ; car le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses » (2:7).

 

Il ne suffit pas toutefois d’avoir ces exhortations et d’admettre leur bien-fondé sur un plan général. Si elles doivent gouverner nos vies, nous devons considérer ce que dit l’apôtre ; et tandis que nous pèserons ces choses, le Seigneur nous donnera de l’intelligence en toutes. Nous ferons peu de progrès dans l’intelligence divine à moins de prendre le temps de méditer. L’apôtre peut placer certaines vérités devant nous, mais il ne peut pas nous donner l’intelligence. C’est le Seigneur seul qui peut la donner. C’est ainsi que nous lisons que le Seigneur a non seulement « ouvert les Écritures » aux disciples (Luc 24:27, 32), mais qu’Il leur a « ouvert l’intelligence pour entendre les écritures » (Luc 24:45).

 

3.1.8        2 Tim. 2:8

« Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David, selon mon évangile » (2:8).

 

De plus, comme encouragement à mettre en pratique ces instructions, nos regards sont dirigés vers Christ. Nous devons nous souvenir « de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David, selon mon évangile ». Ce n’est pas seulement le fait de la résurrection dont nous devons nous souvenir, mais de Celui qui est ressuscité, et qui l’a été comme Homme, de la semence de David. Sommes-nous appelés à souffrir dans le chemin de la fidélité ? Alors souvenons que notre « part » de souffrances est petite en comparaison des souffrances que Lui a dû rencontrer. Si à cause d’un peu de fidélité, nous nous trouvons abandonnés, objets d’oppositions et d’insultes, y compris par beaucoup de chrétiens, souvenons-nous que Christ, dans Son chemin parfait, a toujours été fidèle à Dieu et allait de lieu en lieu faisant du bien aux hommes ; et pourtant, à cause de Sa fidélité, Il a toujours été dans l’opprobre. Il pouvait ainsi dire : « Car à cause de toi j’ai porté l’opprobre » ; et encore, « Et ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (Ps. 69:7 ; 109:5).

Si, dans le chemin du service, nous sommes exhortés à endurer les souffrances en cherchant à ne plaire qu’à Celui qui nous a enrôlés, souvenons-nous que Christ pouvait dire : « je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29). Rien ne pouvait faire sortir le Seigneur du chemin de l’obéissance absolue au Père. Il travaillait en ayant en vue le fruit de Son labeur, car Il pouvait dire : « Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour » (Jean 9:4). Il a maintenant achevé l’œuvre que Dieu lui avait donnée à faire ; la souffrance et les peines sont passées, et nous Le voyons ressuscité et couronné de gloire et d’honneur, pour y recevoir en résurrection « le fruit du travail de Son âme ». Souvenons-nous donc « de Jésus Christ » dans le chemin, avec la mesure de souffrances et de peines qui s’y trouve.

 

3.1.9        2 Tim. 2:9

« … dans lequel j’endure des souffrances jusqu’à être lié de chaînes [litt.: jusqu’aux liens] comme un malfaiteur ; toutefois la parole de Dieu n’est pas liée » (2:9).

 

Non seulement nous avons le modèle parfait du Seigneur Jésus dans Son chemin de souffrance et de labeur, mais nous avons l’exemple de l’apôtre Paul qui, dans son dévouement à faire connaître l’évangile, participait dans une mesure considérable aux souffrances de la vie de Christ. Au lieu d’être à l’honneur dans ce monde, il a souffert jusqu’à être lié comme un malfaiteur. Il a ainsi suivi les traces de son Maître qui a été accusé par le monde religieux de son temps d’être « un mangeur et un buveur », d’avoir « un démon », et d’être « un pécheur » (Luc 7:34 ; Jean 8:48 ; Jean 9:24).

Aucune persécution de la part du monde ne peut empêcher la bénédiction d’atteindre les élus de Dieu. Le monde peut lier le prédicateur ; il ne peut pas lier la Parole de Dieu. En effet, l’inimitié du monde qui liait Paul est seulement devenue une occasion d’apporter l’évangile devant les grands de la terre, et en même temps d’écrire en prison les épîtres qui développent si merveilleusement notre appel.

 

3.1.10    2 Tim. 2:10

« C’est pourquoi j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent [ici : aient, ne soient pas privés de] le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle » (2:10).

 

Nous pouvons ne pas être prêts à endurer beaucoup de souffrances ou d’insultes, mais l’apôtre peut dire : « j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle ». Quelqu’un a dit « Combien sont peu nombreux, depuis ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, ceux qui oseraient prononcer ces paroles comme étant l’expérience de leurs propres âmes ! Néanmoins, nous pouvons le désirer ardemment dans notre mesure ; mais cela suppose chez le croyant non seulement une bonne conscience, et un cœur brûlant d’amour, mais aussi un jugement complet de soi-même, et Christ demeurant dans le cœur par la foi » (WK).

Les élus de Dieu obtiendront certainement le salut et atteindront la gloire. Néanmoins, sur le chemin de la gloire ils trouveront rangées contre eux toute la puissance de Satan, l’inimitié du monde, et les corruptions de la chrétienté. Ce sera ainsi par l’épreuve et la souffrance qu’ils atteindront la gloire. Pour amener les élus à travers de telles circonstances, il faudra leur apporter toute « la grâce qui est dans le Christ Jésus », et ce sera, comme souvent, par le moyen de Ses fidèles serviteurs.

 

3.1.11    2 Tim. 2:11-12a

« Cette parole est certaine ; car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous souffrons [ou : endurons], nous régnerons aussi avec lui » (2:11-12a).

 

Pour nous encourager à nous souvenir de Jésus Christ et à suivre l’exemple de l’apôtre en acceptant le chemin de la souffrance et du labeur, il nous est rappelé un dicton certain : « si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ». Si nous sommes appelés à « endurer tout », même jusqu’à la mort, n’oublions pas que nous sommes en mesure de laisser la vie présente s’écouler à la lumière de la grande vérité que, étant morts avec Christ, nous vivrons certainement avec Lui. Et non seulement nous vivrons avec Lui, mais « si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui ».

 

3.1.12    2 Tim. 2:12b-13

« si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2:12b-13).

 

Il y a toutefois un avertissement solennel: « si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même ». Le reniement ici n’est pas une chute isolée, si honteuse soit-elle, comme celle de l’apôtre Pierre ; mais c’est le chemin continu de ceux qui, quoi qu’il en soit de leur profession, nient la gloire et l’œuvre du Fils. Ils seront reniés, comme il a été dit en vérité : « Dieu cesserait d’être Dieu, s’Il acquiesçait au déshonneur de Son Fils ». Au milieu de toute l’infidélité de la chrétienté envers Christ, Lui « demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même ».

Ainsi, les premiers versets de ce grand passage démontrent clairement que, pour discerner le côté de Dieu dans un jour de ruine et, par-dessus tout, pour marcher fidèlement dans cette voie en présence des désertions, de l’opposition et de la méchanceté, ce qu’il faut n’est pas la puissance divine pour écraser nos ennemis, mais la grâce qui est dans le Christ Jésus qui nous rendra capables de prendre notre part des souffrances — la grâce qui cherche avec un œil simple à plaire à Celui qui nous a enrôlés ; la grâce qui nous conduira à combattre selon les lois, en refusant toutes les méthodes charnelles et mondaines ; et la grâce qui est prête à du labeur patient, dans l’attente des fruits de ce labeur.

En outre, nous aurons besoin, non seulement de la grâce de la part du Seigneur dans la gloire, mais de l’intelligence spirituelle que le Seigneur seul peut donner, et par-dessus tout d’avoir le Seigneur Lui-même devant nous comme notre seul objet —  un homme véritable de la semence de David, mais un homme vivant dans la gloire au-delà du pouvoir de la mort.

 

3.2       Le développement du mal qui a conduit à la ruine de l’église comme maison de Dieu — 2 Tim. 2:14-18

Dans les premiers versets du chapitre, nous avions devant nous l’état spirituel qui devrait caractériser « les hommes fidèles » et les rendre capables de discerner le grave écart d’avec la vérité, ainsi que le chemin de Dieu au milieu de la corruption. Avant de placer devant nous le chemin de Dieu, l’apôtre, dans les versets 14 à 18, touche brièvement quelques-uns des choses mauvaises qui ont amené la ruine de l’église responsable.

 

3.2.1        2 Tim. 2:14-16

« Remets ces choses en mémoire, protestant [ou : adjurant] devant le Seigneur qu’on n’ait pas de disputes de mots, [ce qui est] sans aucun profit, [et] pour la subversion des auditeurs. Étudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement [litt.: découpant droit] la parole de la vérité ; mais évite les discours vains et profanes, car [ceux qui s’y livrent] iront plus avant dans l’impiété » (2:14-16).

 

Le premier chapitre nous a déjà appris que tous ceux en Asie s’étaient détournés de l’apôtre. Cela implique que l’église ne s’était pas maintenue à la hauteur de l’appel céleste. Le premier pas du déclin de l’église a été l’abandon de son caractère céleste. C’est toujours la vérité la plus élevée qui est abandonnée la première. Cet abandon de l’appel céleste a laissé la porte ouverte à l’intrusion du monde et de la chair. Au verset 14 de ce chapitre, le serviteur de Dieu fait référence à la première manifestation de la corruption. Il fait remonter la ruine aux spéculations de l’esprit humain qui conduisent « aux disputes de mots sans aucun profit », et qui laissent ainsi aller à la dérive « la parole de la vérité ».

Il nous avertit contre les disputes de mots, et nous ramène non seulement à la parole de la vérité, mais à la parole de la vérité découpée droit (= exposée justement). Toute l’Écriture est la parole de la vérité, et pourtant quel désastre peut être produit si l’on donne une interprétation particulière, ou si l’on utilise des textes hors de leur contexte, et qu’ainsi, comme le dit Pierre, on tord les Écritures à sa propre destruction.

Nous sommes ensuite avertis d’un déclin supplémentaire. Les spéculations sans profit du verset 14 allaient dégénérer en « discours vains et profanes » (2:16). Les discours profanes traitent des choses divines comme si elles étaient vulgaires, faisant peu cas des choses sacrées. Ils sont « vains » en ce que les arguments utilisés sont dénués de substance.

De plus, nous sommes avertis que ces discours vains et profanes iront plus avant. Dans la mesure où la masse de la profession chrétienne est concernée, Paul ne présente pas l’espérance que ce mouvement de déclin sera stoppé de manière permanente. Au contraire, nous sommes expressément avertis que le mal « ira plus avant ».

En outre, nous sommes avertis qu’avec l’augmentation des discours vains et profanes, il y aura une augmentation de l’impiété. Les paroles profanes conduisent à une marche impie. Tenir ou propager des erreurs rabaissera, comme toujours, la conduite extérieure. Le relâchement dans la doctrine conduit au relâchement moral.

 

3.2.2        2 Tim. 2:17-18

« et leur parole rongera comme une gangrène, desquels sont Hyménée et Philète qui se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui renversent la foi de quelques-uns » (2:17-18).

 

Un autre résultat terrible de l’augmentation des discours profanes et de l’impiété sera la destruction des vérités vitales du christianisme dans les pensées des hommes, car nous lisons que la parole de ces discoureurs profanes se répandra comme une gangrène qui ronge et détruit les tissus vitaux du corps.

Ainsi, pas après pas, avec une habileté divine, l’apôtre retrace le progrès du mal qui a corrompu la chrétienté :

§  Premièrement des disputes humaines sur des mots, sans profit ;

§  Deuxièmement, des disputes sur des mots dégénérant en discours vains et profanes ;

§  Troisièmement ces discours vains et profanes augmentent toujours, puis conduisent à l’impiété ; la conduite extérieure de la profession chrétienne constamment rabaissée au niveau où les hommes agissent sans crainte de Dieu ;

§  Quatrièmement, la marche impie tendant à détruire les grandes vérités vitales du christianisme, et à en dépouiller les hommes.

 

Pour montrer l’effet de cette dégénérescence et l’état mauvais dans lequel la chrétienté tomberait, l’apôtre donne deux exemples solennels. Hyménée et Philète, deux hommes au sein de la profession chrétienne, enseignaient l’erreur. Au lieu « de découper droit la parole de la vérité », ils s’étaient écartés de la vérité. Ils enseignaient que la résurrection était déjà du passé. Apparemment, ils ne niaient pas la résurrection ; il semble qu’ils l’aient spiritualisée, et prétendaient que, d’une manière ou d’une autre, elle avait déjà eu lieu. Une telle erreur ne doit pas être écartée à la légère comme une folle spéculation de fanatiques irresponsables. Aussi déraisonnable que soit cette erreur, l’apôtre prévoyait qu’elle corromprait l’église professante, et agirait comme une gangrène. Il n’est pas non plus difficile de voir qu’elle « renverserait la foi » de ceux qui s’imprégnaient de cette erreur. Si la résurrection est déjà passée, il est évident que les saints ont atteint leur condition finale alors qu’ils sont encore sur la terre, et il en résulte que l’église cesse d’attendre la venue du Seigneur, perd la vérité de sa destinée céleste, et abandonne son caractère d’étranger et de pèlerin. Ayant perdu son caractère céleste, l’église s’installe sur la terre, prend sa place comme faisant partie du système cherchant à réformer et gouverner le monde.

Arrivé à cet aboutissement, le travail du diable est accompli, et il ne poussera plus ses instruments à promouvoir cette erreur particulière. Aujourd’hui, il se peut que personne ne tente d’enseigner que la résurrection est déjà passée, mais les résultats de cette erreur extravagante subsistent et se voient dans leur plein développement dans la profession chrétienne. La constitution, l’administration, les efforts religieux, le zèle missionnaire de la chrétienté professante tiennent pour acquis que l’église est tout à fait chez elle et en train de faire la tâche qui lui revient, à savoir de chercher à réformer le monde et à civiliser les païens afin de faire de ce monde un endroit respectable et heureux.

 

3.3       Le chemin de Dieu pour l’individu dans un jour de ruine — 2 Tim. 2:19-22

3.3.1        2 Tim. 2:19

« Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité [ailleurs : injustice], quiconque prononce [litt.: nomme] le nom du Seigneur » (2:19).

 

Après avoir prédit l’état mauvais dans lequel la chrétienté tomberait, l’apôtre nous instruit maintenant sur la manière d’agir au milieu de la ruine. Avant de le faire, il place devant nous deux grands faits pour la consolation de nos cœurs.

Tout d’abord, malgré toute la grandeur de la défaillance de l’homme, « le solide fondement de Dieu demeure ». Le fondement (ou : la fondation) est l’œuvre de Dieu — quelle que soit la forme que puisse prendre ce travail — qu’il s’agisse du fondement dans l’âme, ou du fondement de l’église sur la terre, par le moyen des apôtres comme instruments et par la venue de l’Esprit Saint. Aucune défaillance de l’homme ne peut mettre de côté le fondement que Dieu a posé, ni empêcher Dieu d’achever ce qu’Il a commencé.

Deuxièmement, pour notre réconfort, il nous est dit : « Le Seigneur connaît ceux qui sont Siens », et, comme quelqu’un l’a dit, « cette connaissance du Seigneur n’est rien moins qu’une connaissance de cœur à cœur, une relation entre le Seigneur et ceux qui sont Siens ». La confusion est devenue si grande, les croyants et les incrédules sont mêlés si étroitement, que, quant à la masse, nous ne pouvons vraiment pas dire qui est au Seigneur, et qui ne l’est pas. Dans un tel état, quelle consolation de savoir que ce qui est à Dieu ne peut pas être mis de côté, et que ceux qui sont au Seigneur ne peuvent pas être perdus en définitive, même s’ils sont cachés dans la masse.

L’œuvre de Dieu, et celle du Seigneur, seront mises en lumière en « ce jour-là », auquel l’apôtre fait allusion à plusieurs reprises au cours de cette épître (1:12, 18 ; 4:8).

Après avoir consolé nos cœurs quant au caractère permanent de l’œuvre de Dieu et quant à la sécurité de ceux qui sont au Seigneur, le serviteur de Dieu instruit l’individu sur la manière d’agir au milieu des corruptions de la chrétienté.

Après le départ des apôtres, le déclin s’est rapidement établi et a continué tout au long des siècles, jusqu’à ce que nous voyions aujourd’hui dans la chrétienté l’état solennel prédit par Paul. En outre, comme nous l’avons vu, l’apôtre ne laisse aucun espoir de restauration du côté de la masse. Au contraire, il nous met en garde plusieurs fois que, le temps passant, il y aura un accroissement du mal. Non seulement les discours vains et profanes augmenteront (2:16), mais les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis (3:13), et le temps viendra où la profession chrétienne ne supportera pas la saine doctrine, et détournera ses oreilles de la vérité (4:3).

Si, comme cela nous est montré, il n’y a aucune perspective de rétablissement pour la grande masse de la profession chrétienne, comment l’individu qui veut être fidèle au Seigneur doit-il agir ? Cette question très sérieuse est reprise par l’apôtre qui y répond dans le passage important qui suit — un passage qui trace clairement le chemin de Dieu pour l’individu dans un jour de ruine (2:19-22).

Notons d’abord qu’il ne nous est pas dit de quitter ce qui professe être la maison de Dieu sur la terre. Cela est impossible, à moins de quitter la terre ou d’apostasier. Nous ne devons pas abandonner la profession de christianisme au motif que, dans les mains des hommes, cette profession est devenue corrompue. En outre, il ne nous est pas dit de réformer la profession corrompue. La chrétienté dans son ensemble ne peut pas être réformée.

Si toutefois nous n’avons pas à quitter la profession chrétienne, ni à chercher à réformer la masse, ni à nous installer tranquillement et donner notre approbation à la corruption en nous y associant, quelle est la voie à poursuivre ?

Après avoir consolé nos cœurs, l’apôtre se met à placer devant le croyant individuel le chemin dans lequel Dieu voudrait le voir marcher dans un jour de ruine. Nous pouvons être sûrs qu’aussi sombre que soit le jour, qu’aussi difficiles que soient les temps, qu’aussi grande que soit la corruption, il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais, une période de l’histoire de l’église sur la terre où les hommes pieux sont laissés sans direction quant au chemin à suivre au milieu de la ruine. Dieu a prévu la ruine, et Dieu a pourvu dans Sa Parole pour un jour de ruine. Par manque d’exercice nous pouvons manquer à discerner le chemin ; par manque de foi nous pouvons répugner à le prendre ; néanmoins le chemin de Dieu est tracé pour nous aussi clairement dans le jour le plus sombre que dans les jours les plus brillants.

Si, alors, Dieu a tracé un chemin pour les Siens dans un jour de ruine, il est évident que nous ne sommes pas laissés à concevoir un chemin pour nous-mêmes, ou à faire simplement du mieux que nous pouvons. Notre rôle est de chercher à discerner le chemin de Dieu et à l’emprunter dans l’obéissance de la foi, tout en cherchant la grâce de Dieu pour nous y maintenir.

La séparation du mal est la première étape dans le chemin de Dieu. Si je ne peux pas réformer les choses mauvaises de la chrétienté, je suis responsable d’être moi-même dans le droit chemin. Bien que je ne puisse pas abandonner la profession de christianisme, je peux bien me séparer de ce qui est mal dans la profession. Notons attentivement combien de fois, dans des termes différents et de différentes manières, il est insisté sur la séparation du mal dans l’épître. L’apôtre dit :

§  « Évite les discours vains et profanes » — 2:16 ;

§  « Qu’il se retire de l’iniquité » — 2:19 ;

§  « Quelqu’un se purifie de ceux-ci » (les vases à déshonneur) — 2:21 ;

§  « Fuis les convoitises de la jeunesse » — 2:22 ;

§  « Évite les questions folles et insensées » — 2:23 ;

§  « Détourne-toi de telles gens » — 3:5.

 

Tout d’abord, il incombe à tous ceux qui prononcent le Nom du Seigneur de se retirer de l’iniquité. Nous ne devons pas associer le Nom du Seigneur avec le mal sous aucune forme. La confusion et le désordre de la chrétienté sont devenus si grands que, d’un côté, nous pouvons facilement nous tromper en jugeant à tort que quelqu’un n’est pas au Seigneur, alors qu’au fond de son cœur il est un vrai croyant — or « le Seigneur connaît ceux qui sont siens » ; d’autre part, celui qui confesse le Seigneur est responsable de se retirer de l’iniquité. S’il refuse de le faire, il ne peut pas se plaindre d’être mal jugé. Dans un jour de confusion, il ne suffit plus qu’une personne confesse le Seigneur. Sa confession doit être mise à l’épreuve. Le test est : nous soumettons-nous à l’autorité du Seigneur en nous retirant de l’iniquité ? Rester associé avec le mal et prononcer le Nom du Seigneur, c’est associer son Nom avec le mal.

 

3.3.2        2 Tim. 2:20-21

« Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au [ou : propre au service du] maître, préparé pour toute bonne œuvre » (2:20-21).

 

Deuxièmement, nous ne devons pas seulement nous séparer de l’iniquité, mais aussi des personnes associées avec le mal, appelées ici vases à déshonneur. L’apôtre utilise l’illustration d’une grande maison d’un homme du monde pour exposer la condition dans laquelle la chrétienté est tombée. Ce qui prend sur la terre la position d’être la maison de Dieu, au lieu d’être à part du monde et de faire contraste avec le monde, est devenu semblable au monde et aux maisons du monde, dans lesquelles il y a des vases de différents matériaux utilisés à des fins différentes, mais dans lesquelles des vases à honneur peuvent se trouver en contact avec des vases à déshonneur. Si un vase doit être propre pour le service du maître, il ne doit pas être en contact avec un vase à déshonneur.

Ainsi, dans l’application de cette illustration, le croyant qui voudrait être propre pour le service du Seigneur doit « se purifier » des vases à déshonneur. Il a été souligné que le seul autre endroit du Nouveau Testament où le mot traduit par « se purifier » est utilisé, est 1 Cor. 5:7, où l’assemblée des Corinthiens est enseignée à « ôter le vieux levain ». Quand l’assemblée était dans son état normal, et qu’on trouvait au milieu d’elle quelqu’un commettant le mal, elle était enseignée à « ôter » du milieu d’elle la personne méchante. Ici l’apôtre prévoit un temps où l’état de la masse professante serait si bas qu’il n’y aurait pas la puissance pour ôter celui qui a commis le mal. Dans une telle condition, quand toute remontrance selon Dieu est faite en vain, les hommes pieux sont enseignés à se séparer des vases à déshonneur. Le principe est le même dans les deux cas : il ne doit pas y avoir d’association entre les hommes pieux et les impies. Pour refuser une telle association, dans un cas —  l’état normal — l’assemblée doit « ôter le vieux levain » ; dans l’autre cas —  quand il n’y a plus la puissance pour s’occuper du mal — le vase à honneur doit « se purifier » des vases à déshonneur en se séparant d’eux. Quelqu’un a dit justement : « Si quelques-uns portent le nom du Seigneur, et sous le prétexte de l’unité, ou de l’amour de la facilité, ou par partialité envers leurs amis, tolèrent le mal que l’Écriture montre être odieux pour Dieu, un homme pieux n’a pas d’autre option que d’écouter la parole divine et de se purifier de ces vases à déshonneur ».

Ainsi, il est clair que nous devons cesser de faire le mal avant d’apprendre à faire le bien ; car ce n’est qu’en étant séparés du mal que quelqu’un devient sanctifié et propre au service du maître et préparé pour toute bonne œuvre. La mesure de notre séparation sera la mesure de notre préparation. Quelqu’un a dit justement : « Dans tous les âges de l’église, tout effort, même petit, pour obéir à cette injonction a eu sa récompense, qu’il ait été fait par un ou par plusieurs ; et celui qui veut prendre la peine d’enquêter sur la vie de n’importe quel serviteur distingué du Seigneur, ou compagnie de croyants distinguée, trouvera que la séparation du mal environnant a été l’une de leurs caractéristiques principales, et que le service et l’honneur s’y trouvait en proportion de cette séparation, mais qu’ils ont décliné jusqu’à disparaître quand cet élément-clé du service a été négligé ou mis de côté ».

Pour sa consolation et son encouragement, celui qui agit sur la base de cette injonction est assuré qu’il ne sera pas seulement propre au service du maître, mais qu’il sera « un vase à honneur ». Il peut avoir à rencontrer l’opprobre, et même le mépris de ceux dont il se sépare, mais, dit l’apôtre, « il sera un vase d’honneur ».

Ces versets montrent que la séparation a un double caractère : tout d’abord, nous devons nous retirer de tout système où prévaut l’iniquité ; d’autre part, nous devons nous séparer des personnes déshonorables.

Nous trouvons donc ici la justification pour l’individu de se séparer de tous ces grands systèmes des hommes qui mettent Christ de côté comme la seule tête (ou : chef) de Son corps, qui ignorent la présence du Saint Esprit, qui abandonnent rapidement les vérités vitales du christianisme, dans lesquels croyants et incroyants sont mêlés, et dans lesquels il n’y aucune puissance pour s’occuper du mal ou qui admettent des principes rendant impossible de s’occuper du mal.

 

3.3.3        2 Tim. 2:22

« Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2:22).

 

L’instruction de se séparer du mal est suivie de l’injonction tout aussi importante : « fuis les convoitises de la jeunesse ». Après nous être séparés des corruptions de la chrétienté, nous devons veiller pour ne pas tomber dans les corruptions de la nature. « Les convoitises de la jeunesse » ne font pas seulement allusion aux désirs grossiers de la chair, mais aussi à toutes ces choses que la nature déchue désire avec la fougue irréfléchie et la volonté propre de la jeunesse. Nous ne sommes jamais plus en danger d’agir par la chair que lorsque nous avons agi dans la fidélité au Seigneur. Quelqu’un a dit : « Nous pouvons être séduits par et attirés dans le relâchement moral par l’effet de la satisfaction de notre séparation ecclésiastique ». Combien cette exhortation à fuir les convoitises de la jeunesse est donc de saison, suite à l’injonction de se retirer de l’iniquité et de se séparer des vases à déshonneur !

Après nous être séparés des corruptions de la chrétienté et avoir refusé les corruptions de la nature, nous sommes exhortés à poursuivre certaines grandes qualités morales qui donnent un caractère positif au chemin à suivre. Il ne nous est pas dit de suivre quelque docteur éminent, même si nous devons reconnaître volontiers tous les dons dans la mesure où ils mènent sur le chemin tracé. Les qualités que nous devons poursuivre sont « la justice, la foi, l’amour, la paix ».

§  La justice vient nécessairement en premier, car ici il s’agit du chemin individuel. Après nous être séparés de l’iniquité, nous avons à juger nos voies et à nous assurer que toutes nos relations pratiques sont en accord avec la justice, que ce soit nos voies en rapport avec le monde ou en rapport avec le peuple de Dieu.

§  La foi vient ensuite et rétrécit encore plus le chemin, car la foi a à faire avec Dieu ; et ce ne sont pas toutes les voies justes qui sont des voies de foi. La justice pratique envers les hommes, dans le sens d’agir honnêtement l’un avec l’autre, peut exister sans foi en Dieu. Le chemin de Dieu pour les Siens à travers ce monde exige un exercice constant de la foi dans le Dieu vivant. Nous avons non seulement besoin d’un chemin pour y marcher, mais nous avons besoin de foi pour marcher dans le chemin.

§  L’amour vient ensuite. Si nous sommes justes dans nos relations pratiques avec les autres, et si nous marchons par la foi en Dieu, nos cœurs seront libres de s’approcher des autres en amour. « La foi dans le Christ Jésus » est suivie de « l’amour pour tous les saints » (Éphésiens 1:15 ; Colossiens 1:4).

§  La paix vient en dernier, et c’est la place qui lui revient comme résultat de la justice, de la foi et de l’amour. La justice débute la liste et la paix la termine, car « le fruit de la justice, dans la paix, se sème pour ceux qui procurent la paix » (Jacq. 3:18 ; traduction de la version anglaise du roi Jacques : « le fruit de la justice se sème dans la paix »). À moins que nous soyons gardés par les qualités qui la précèdent, la poursuite de la paix peut dégénérer dans l’indifférence quant à Christ et l’acquiescement au mal.

 

Ici, donc, nous avons des instructions claires pour notre chemin individuel dans un jour de ruine. Les instructions, cependant, ne cessent pas avec ces directions individuelles, car, à ce stade, l’apôtre passe de ce qui est individuel à ce qui est collectif. Il nous dit que ces qualités doivent être poursuivies « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Les mots « avec ceux » introduisent clairement ce qui est collectif. Ceci est de la plus haute importance, car, sans cette instruction, nous pourrions nous demander : quelle justification biblique avons-nous pour marcher avec d’autres dans un jour de ruine ? Or voici notre justification : nous ne sommes pas laissés dans l’isolement. Il y en aura toujours d’autres qui, dans un jour de ruine, invoqueront le Seigneur d’un cœur pur. Invoquer le Seigneur est l’expression de dépendance du Seigneur, et semble spécialement se rattacher à un jour marqué par l’éloignement du Seigneur. Dans les mauvais jours de Seth nous lisons : « Alors on commença à invoquer le nom de l’Éternel » (Gen.4:26). De même aussi, quand Abraham est sorti de son pays, de sa parenté et de la maison de son père, nous lisons qu’il « a invoqué le Nom de l’Éternel » (Gen. 12:9). Nous avons donc une compagnie qui, par fidélité au Seigneur, s’est séparée de la corruption de la chrétienté et, dans cette place au dehors, elle marche dans la dépendance du Seigneur, et elle le fait car elle a un cœur pur (2 Tim. 2:21-22). Un cœur pur n’est pas celui qui prétend être pur, mais plutôt celui qui, sous l’œil du Seigneur, poursuit la justice, la foi, l’amour et la paix.

Ainsi, nous avons un chemin nettement balisé par la Parole de Dieu pour un jour de ruine caractérisé :

§  D’abord, par la séparation d’avec les corruptions de la chrétienté ;

§  Deuxièmement, par la séparation d’avec les corruptions de la chair ;

§  Troisièmement, par la poursuite de certaines qualités morales ;

§  Quatrièmement, par l’association avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur.

 

Si quelques-uns se retrouvent ainsi ensemble, selon ces indications claires, la question peut se poser : quels principes les guideront dans leur culte, dans le souvenir du Seigneur, dans leurs réunions d’édification, dans leur service, et dans leur manière de vivre l’un envers l’autre et envers le monde ? La réponse est simple: pour être dirigés, ils ont à leur disposition tous les principes pour l’ordre dans tous les détails de l’Assemblée de Dieu, tels que placés devant nous dans l’épître aux Corinthiens et dans d’autres parties du Nouveau Testament, — des principes qu’aucune ruine dans l’église ne peut mettre de côté. En outre, après s’être séparés des diverses sortes de mal de la chrétienté, ils trouveront que beaucoup de principes et de directions pour l’administration pratique de l’église, qu’il n’était guère possible de réaliser dans les systèmes des hommes, peuvent maintenant être appliqués en simplicité. Ainsi ceux qui acceptent le chemin de Dieu dans un jour de ruine verront qu’il est encore possible de marcher à la lumière de l’Assemblée comme elle a été constituée au commencement. Ils ne prétendront pas être l’assemblée, ou même un modèle de l’assemblée, car ils ne seront tout au plus que quelques individus qui se sont séparés des corruptions de la chrétienté, et donc, s’ils sont des témoins, c’est seulement des témoins à l’état de ruine de l’église dans ces jours de la fin, plutôt qu’un modèle de l’église à ses débuts.

 

3.4       L’esprit dans lequel il faut faire face à l’opposition — 2 Tim. 2:23-26

3.4.1        2 Tim. 2:23-26

« mais évite les questions folles et insensées [litt.: indisciplinées], sachant qu’elles engendrent des contestations. Et il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant [ou : redressant] avec douceur les opposants, [attendant] si Dieu, peut-être [ou : quelque jour], ne leur donnera pas la repentance pour reconnaître la vérité, et s’ils ne se réveilleront pas du piège du diable, par qui ils ont été pris, pour faire sa [celle de Dieu] volonté » (2:23-26).

 

Dans les derniers versets du chapitre, nous avons un avertissement important pour les serviteurs du Seigneur. En rapport avec ce chemin de séparation des corruptions de la chrétienté, l’apôtre prévoit qu’outre ceux qui obéiront à ses directives, il y aura aussi ceux qui s’y opposeront vigoureusement. L’affirmation de ces vérités produira une moisson de « questions folles et insensées » (2:23a). L’expérience a montré combien cela est vrai. Presque tous les arguments que l’ingéniosité humaine peut suggérer, ont été utilisés pour mettre de côté les instructions claires de ce passage. Nous sommes avertis que ces arguments « engendreront des contestations » (2:23b). Quoi qu’il arrive, le serviteur du Seigneur ne doit pas être entraîné dans des contestations : « il ne faut que l’esclave du Seigneur conteste ». S’il se laisse entraîner dans des contestations, il peut se trouver complètement défait, même s’il se tient pour la vérité absolue. Le serviteur doit se rappeler qu’il est seulement le serviteur, et non le Maître. Comme serviteur du Seigneur, son affaire est de manifester le caractère du Seigneur — la douceur, l’aptitude à enseigner, la patience et la mansuétude en présence de l’opposition. La tendance naturelle est de défendre et s’accrocher à ce à quoi l’on est associé, même si c’est complètement contraire à l’Écriture. Ainsi, le premier effet de la présentation de ces vérités est souvent de soulever l’opposition. Il peut arriver que le serviteur ait à faire face lui-même à de l’opposition ; il lui convient alors d’avoir beaucoup de patience et une grande douceur en cherchant à instruire les autres. En présentant la vérité, il ne doit pas penser que c’est par sa présentation claire, ou par la douceur de sa manière, qu’il sera accepté, mais il doit plutôt avoir le sentiment qu’il n’y a que Dieu qui peut amener quelqu’un « à reconnaître la vérité » (2:25b).

 

4         Chap. 3 — Les ressources de l’homme pieux dans les derniers jours

Au chapitre 2, nous avons été instruits sur le bas état de l’église professante qui se manifestait déjà à l’époque. Le chapitre 3 donne une description solennelle du terrible état dans lequel la profession chrétienne tombera dans les derniers jours.

Vivant dans ces jours-là, nous pouvons être reconnaissants de ne pas être laissés à notre propre jugement quant à l’état de la chrétienté. Dieu a prédit et décrit cet état, de manière à ce que nous puissions avoir une appréciation juste et donnée de Dieu sur le peuple de Dieu professant.

Ne connaissant pas le christianisme tel que présenté dans l’Écriture, la masse de la profession chrétienne considère le christianisme simplement comme un système religieux par lequel le monde peut graduellement être réformé et les païens civilisés. Beaucoup d’enfants de Dieu, n’ayant qu’une connaissance partielle du salut qu’apporte l’évangile, chérissent même la fausse attente que le monde sera peu à peu converti par la propagation de l’évangile, et qu’ensuite le Millénium sera introduit.

Ainsi parmi les simples professants, et chez beaucoup de vrais enfants de Dieu, il y a l’impression erronée que la chrétienté progresse vers une victoire triomphale sur le monde, la chair et le diable. La vérité claire de l’Écriture est que l’église, vue sous l’aspect de la responsabilité de l’homme, est tellement en ruine que la masse de ceux qui forment la chrétienté sont passibles du jugement.

Les écrivains inspirés de Nouveau Testament sont unis pour avertir que le mal prévaudra dans la profession chrétienne aux derniers jours et que le jugement surprendra la chrétienté. Jacques nous dit que « le Juge se tient à la porte » (Jacques 5:7-9) ; Pierre nous avertit que « le jugement doit commencer par la maison de Dieu », et que, dans les derniers jours, la profession chrétienne sera caractérisée par des moqueurs et un matérialisme grossier (1 Pierre 4:17 ; 2 Pierre 3:3-5) ; Jean nous avertit que dans la dernière heure des antichrists surgiront du milieu des chrétiens (1 Jean 2:18-19) ; Jude nous parle de l’apostasie qui vient ; et l’apôtre Paul, dans ce passage solennel de 2 Tim. 3, nous prépare pour la corruption épouvantable qui caractérisera la profession chrétienne à la fin.

Cependant, si nous avons cette description détaillée de la fin des derniers jours pour notre avertissement, nous avons aussi pour l’encouragement de l’homme pieux un déploiement tout aussi clair de la plénitude des ressources qui permettent au croyant d’échapper aux corruptions de la chrétienté, et de vivre pieusement dans le Christ Jésus.

Ce sont donc les deux grands sujets de ce chapitre 3 : le mal de la chrétienté professante dans les derniers jours, et les ressources des fidèles en présence du mal.

 

4.1       La corruption de la chrétienté dans les derniers jours — 2 Tim. 3:1-9

4.1.1        2 Tim. 3:1

« Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux » (3:1).

 

Dieu ne veut pas que nous soyons ignorants quant à l’état de la chrétienté, ni que, sous un faux prétexte de charité, nous soyons indifférents quant au mal. Le serviteur du Seigneur commence donc cette partie de son instruction par les mots : « Or sache ceci ». Il nous avertit alors que « dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ».

 

4.1.2        2 Tim. 3:2-5

« Car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables [ou : déloyaux], calomniateurs, incontinents [ou : intempérants], cruels, n’aimant pas le bien [ou : n’aimant pas les gens de bien], traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance. Or détourne-toi de telles gens » (3:2-5).

 

L’apôtre donne avec une grande précision un terrible tableau de la condition dans laquelle tombera la chrétienté en détaillant les caractères saillants de ceux qui formeront la masse de la profession chrétienne dans ces derniers jours. L’Esprit de Dieu parle de ces professants religieux comme des « hommes », car il n’y a pas de raison de les appeler ‘saints’ ou ‘croyants’. Et pourtant, notons-le, l’apôtre ne décrit pas la condition des « hommes » païens, mais celle de ceux qui font profession du christianisme en affectant une forme extérieure de piété. Dix-neuf caractères sont placés devant nous dans ce terrible tableau.

(1) « Les hommes seront égoïstes ». Le premier caractère de la chrétienté dans les derniers jours, et le plus saillant, est l’égoïsme (ou : l’amour de soi). Ceci est en contraste direct avec le vrai christianisme qui nous enseigne que Christ « est mort pour tous, afin que tous ceux vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:15).

(2) « Avares » ou « aimant l’argent ». S’aimer soi-même conduira à aimer l’argent, car avec l’argent les hommes peuvent acheter ce qui permettre de satisfaire leur moi. Le christianisme nous enseigne que l’amour de l’argent est une racine de toute sortes de maux, et que ceux qui s’y livrent s’égareront de la foi et se transperceront eux-mêmes de beaucoup de douleurs (1 Tim. 6:10)

(3) « Vantards ». L’amour de l’argent rendra les hommes vantards. Il est parlé dans l’Écriture de ceux qui « se confient en leurs biens et se glorifient [= vantards] en l’abondance de leurs richesses » (Ps. 49:6) ; et encore, « le méchant se glorifie [= vantard] du désir de son âme ; et il bénit l’avare, il méprise l’Éternel » (Ps. 10:3). Non seulement les hommes se vantent de leur habileté à acquérir des richesses, mais ayant accumulé des richesses, ils prennent souvent l’occasion de claironner leurs œuvres de charité, en contraste avec l’humble grâce du christianisme qui nous enseigne à donner de manière à ce que la main gauche ne sache pas ce que fait la droite.

(4) « Hautains » ou « arrogants ». La vantardise qui se glorifie de soi est étroitement alliée à l’arrogance ou orgueil qui fait grand cas de la naissance, de la position sociale et des capacités naturelles, en contraste avec le christianisme qui nous conduit à estimer ces choses comme des pertes à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus notre Seigneur.

(5) « Outrageux » ou « blasphémateurs ». L’orgueil conduit au blasphème. Fiers de leurs accomplissements et de leurs capacités intellectuelles, les hommes n’hésitent pas à parler injurieusement de choses qu’ils ignorent (2 Pierre 2:12) ou ne comprennent pas ; ils « profèrent de grandes paroles contre le Très-Haut » (Dan. 7:25) et attaquent la personne et l’œuvre de Christ, refusant la révélation et se moquant de l’inspiration.

(6) « Désobéissants à leurs parents ». Si les hommes sont capables de blasphémer contre Dieu, il ne faut pas s’étonner qu’ils soient désobéissants à leurs parents. S’ils ont peu de respect pour les personnes divines, ils n’auront pas de respect pour les relations humaines.

(7) « Ingrats ». Ceux qui sont désobéissants à leurs parents reçoivent toute miséricorde de la part de Dieu ou des hommes comme une chose due, ne donnant lieu à aucune gratitude. Le christianisme nous enseigne que toute créature de Dieu doit « être prise avec action de grâces par les fidèles et par ceux qui connaissent la vérité » (1 Timothée 4:3).

(8) « Sans piété » ou « profanes ». S’ils sont ingrats en rapport avec les bénédictions temporelles et spirituelles, les hommes se moqueront bientôt et mépriseront la miséricorde et la grâce qui accordent ces bénédictions. Ésaü a méprisé de façon profane le droit d’ainesse avec lequel Dieu voulait le bénir.

(9) « Sans affection naturelle ».  L’homme qui traite légèrement l’amour et la miséricorde de Dieu, perdra rapidement les affections naturelles envers les personnes qui l’entourent. L’égoïsme (ou : amour de soi) conduit à l’indifférence à l’égard des liens de famille, ou même à les considérer comme une entrave à son propre plaisir.

(10) « Déloyaux » ou « implacables ». L’homme qui est imperméable à l’appel des affections naturelles, deviendra certainement implacable, ou quelqu’un qui ne peut pas être convaincu et qui ne peut pas être apaisé.

(11) « Faux accusateurs » ou « calomniateurs ». Celui dont l’esprit vindicatif est imperméable à tout appel, n’hésitera pas à calomnier ou accuser faussement ceux qui contrecarrent sa volonté.

(12) « Incontinents » ou « intempérants ». L’homme qui n’hésite pas à calomnier les autres de sa langue, perdra facilement contrôle de lui-même et agira sans retenue.

(13) « Cruels » ou « sauvages ». Celui qui calomnie les autres en paroles et qui agit sans contrainte, manifestera des dispositions cruelles dénuées de toute la douceur qui caractérise l’esprit chrétien.

(14) « N’aimant pas le bien » ou « n’aimant pas les gens de bien ». Les dispositions cruelles aveuglent inévitablement les hommes par rapport à ce qui est bon. Non seulement il y a dans la profession chrétienne des hommes qui aiment le mal, mais de fait, ils haïssent « le bien ».

(15) « Traîtres ». N’aimant pas le bien, les hommes n’hésiteront pas à agir avec la méchanceté qui trahit les confidences et qui n’a pas de respect pour l’intimité de ceux qu’ils professent traiter en amis.

(16) « Téméraires » ou « impétueux ». L’homme qui peut trahir ses amis poursuivra avec détermination sa propre volonté en étant indifférent aux conséquences et sans égard pour les autres.

(17) « Enflés d’orgueil » ou « ayant de vaines prétentions ». Rempli de suffisance, l’homme téméraire cherche à couvrir sa propre volonté sous la vaine prétention d’agir pour le bien général.

(18) « Amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu ». Les prétentions des hommes étant vaines, ce qu’ils recherchent manquera également de sérieux. Les nuages du jugement à venir peuvent s’amonceler, mais la chrétienté, aveuglée par sa propre vanité et son égoïsme, se livre à un tourbillon d’excitation, cherchant à trouver son plaisir dans la jouissance des sens ; les ministres officiels de la religion sont trop souvent les chefs de file de toutes sortes de plaisirs mondains.

(19) « Ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance ». Ainsi, dans les derniers jours de la chrétienté, la masse professante s’abandonnera à toute forme de mal, tout en cherchant à couvrir sa méchanceté sous le manteau de la sainteté. Ainsi les chrétiens de nom deviennent plus méchants que les païens, car, tout en se laissant aller à tous les choses mauvaises du paganisme, ils ajoutent à leur méchanceté le fait de chercher à la cacher sous un christianisme de forme, bien que totalement dépourvu de puissance spirituelle. Quoi de plus méchant et sans espoir que de s’efforcer d’utiliser le nom de Christ comme d’un manteau pour le mal ? C’est ce manteau sacré qui fait des derniers jours des « temps fâcheux », car l’apparence de la piété trompe parfois même les vrais chrétiens.

*

On remarquera que le premier mal hors du commun dans ce terrible tableau est l’égoïsme débridé des hommes qui conduit à toutes les autres choses mauvaises. Les hommes, étant égoïstes, convoitent pour eux et se vantent d’eux-mêmes. Se vantant d’eux, ils n’accepteront aucune contrainte sur eux-mêmes, qu’elle soit humaine ou divine. L’amour de soi et l’assouvissement de soi rendront les hommes ingrats, profanes et les conduiront à passer par-dessus l’affection naturelle, et les rendront implacables et calomniateurs. L’amour de soi conduira les hommes à donner libre cours à leurs passions, menant à la cruauté en présence de tout ce qui contrecarre leur volonté. Il conduira les hommes à mépriser ce qui est bon, à trahir les secrets, et avec une vanité impétueuse, à être amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu.

Voilà le terrible tableau que l’Écriture présente des derniers jours de la profession chrétienne. Israël, qui avait été mis à part de toutes les nations pour rendre témoignage au vrai Dieu, a tellement failli à sa responsabilité qu’il a dû être dit de lui à la fin : « le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations » (Rom. 2:24). Mais combien plus terrible a été l’effondrement de l’église professante, en dépit de ce qu’elle avait beaucoup plus de lumière et de plus grands privilèges. Établis pour être témoins de Christ durant le temps de Son absence, la grande masse de ceux qui professent le Nom de Christ ont sombré en dessous du niveau des païens, et sont devenus l’expression de la volonté et des passions des hommes, et ont ainsi porté l’opprobre sur le Nom béni de Christ. Peut-on s’étonner que la fin de ce qui professe le Nom de Christ sur la terre soit d’être vomi de Sa bouche ?

Néanmoins, n’oublions pas qu’au milieu de cette grande profession, Dieu a les Siens, et que le Seigneur connait ceux qui sont à Lui. Aucun des Siens ne sera perdu, et ceux qui forment la véritable église de Dieu seront finalement présentés à Christ sans tache ni ride ni rien de semblable.

En attendant le peuple fidèle à Dieu — ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur — sont clairement enseignés à « se détourner » de la profession corrompue de la chrétienté (3:5b). Nous ne sommes pas appelés à contester avec ceux qui forment cette grande profession, et encore moins à appeler le jugement sur eux. Nous devons nous en détourner et les laisser au jugement de Dieu.

Ce n’est qu’en étant séparés de la profession corrompue de la chrétienté que nous apprécierons vraiment son terrible état et que nous serons des témoins convenables de la vérité.

Réalisant l’état de la chrétienté, nous nous humilierons devant Dieu, en confessant notre défaillance et notre faiblesse, nous souvenant que nous aussi avons la chair en nous qui, si ce n’était Sa miséricorde, pourrait facilement nous entrainer dans ces choses mauvaises.

 

4.1.3        2 Tim. 3:6-9

« Car d’entre eux sont ceux qui s’introduisent dans les maisons et qui mènent captives des femmelettes chargées de péchés, entraînées par des convoitises diverses, qui apprennent toujours et qui ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité. Or de la même manière dont Jannès et Jambrès [selon la tradition juive, chefs des devins d’Exode 7 à 9] résistèrent à Moïse, ainsi aussi ceux-ci résistent à la vérité, hommes corrompus dans leur entendement, réprouvés quant à la foi : mais ils n’iront pas plus avant, car leur folie sera manifeste pour tous, comme a été celle de ceux-là aussi » (3:6-9).

 

L’écrivain de l’épitre a décrit la terrible condition qui marquera la chrétienté dans son ensemble aux derniers jours. Il nous met en garde maintenant contre un mal particulier qui surgira de cette corruption. Une classe spéciale d’hommes se lèvera, des instruments actifs résistant à la vérité en enseignant l’erreur.

En plus de leurs faux enseignements, de tels hommes sont condamnés par les méthodes sournoises qu’ils adoptent. Nous lisons qu’ils « s’introduisent dans les maisons ». Une caractéristique de l’erreur est qu’elle fuit la lumière, et qu’elle est d’abord promulguée en secret. Ensuite, lorsque le terrain a été secrètement préparé par des méthodes sournoises, les propagateurs de l’erreur ne craignent plus de déclarer ouvertement leur fausse doctrine. L’erreur étant déclarée publiquement, on découvre en général au grand jour qu’elle a été secrètement tenue et enseignée pendant des années.

En outre, ces faux docteurs sont condamnés par le fait qu’ils font appel à ceux qui sont qualifiés de « femmelettes », qui sont en mesure d’influencer les maisons et les familles de chrétiens professants. L’apôtre utilise probablement ce terme méprisant de « femmelettes » pour exposer une classe efféminée de personnes (hommes ou femmes) qui sont gouvernées par leurs émotions et leurs convoitises, plutôt que par la conscience et la raison. Avec des esprits obsédés par l’erreur, quoiqu’ils se vantent « d’apprendre toujours », ils « ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité ». L’erreur laisse ses victimes dans les ténèbres de l’incertitude.

Comme Jannès et Jambrès autrefois, ces enseignants résistent à la vérité en imitant les formes extérieures de la religion, tandis qu’ils sont totalement dépourvus de tout ce qui est vital dans le christianisme. Ils sont des « hommes corrompus dans leur entendement, réprouvés quant à la foi ». On peut faire remonter tous les systèmes faux de la chrétienté à des hommes dont les pensées ont été corrompues par le mal, et dont la foi était sans valeur.

Néanmoins Dieu, dans Ses voies gouvernementales, permet souvent que ces faux docteurs soient complètement dévoilés aux yeux de « tous les hommes ». « La folie » de ces systèmes religieux, ainsi que les mauvaises vies de beaucoup de leurs meneurs, ont été pleinement exposées à de multiples reprises devant le monde, au point qu’ils sont devenus des objets de mépris aux yeux de tous, hormis de leurs victimes bercées d’illusions.

 

4.2       Les ressources de l’homme pieux en présence du mal — 2 Tim. 3:10-17

Dans la dernière moitié du chapitre nous sommes instruits de la riche provision que Dieu a faite pour que Son peuple soit préservé des corruptions de la chrétienté, et qu’il agisse comme il convient à l’homme de Dieu dans les derniers jours.

 

4.2.1        2 Tim. 3:10-11

« Mais toi, tu as pleinement compris [ou : tu as suivi avec exactitude ; comme 1 Timothée 4:6] ma doctrine, ma conduite, mon but constant, ma foi, mon support, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances, telles qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre, quelles persécutions j’ai endurées ; — et le Seigneur m’a délivré de toutes » (3:10-11).

 

Premièrement, il nous est expressément dit que la grande sauvegarde contre tout ce qui est faux est la connaissance de ce qui est vrai. L’apôtre peut ainsi dire à Timothée « tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite, mon but constant, ma foi, mon support, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances ». Il n’est pas nécessaire de connaître pleinement le mal, car nous n’y échappons pas simplement en faisant sa connaissance. C’est par la connaissance de la vérité, que nous pouvons détecter ce qui est faux et contraire à la vérité ; et ayant détecté le mal, nous sommes exhortés à ne pas nous en occuper, mais à nous « détourner » de ceux qui le poursuivent (3:5). La vérité a été présentée dans la doctrine de l’apôtre (« ma doctrine »), et elle nous est déployée dans ses épîtres. Elle peut être résumée comme :

§  la mise de côté complète de l’homme selon la chair, comme étant complètement corrompu et dans la mort,

§  la condamnation du vieil homme à la croix de Christ, et

§  l’introduction d’un nouvel homme dans la vie et l’incorruptibilité, — ce nouvel homme étant présenté en Christ ressuscité et glorifié, auquel les croyants, d’entre les Juifs et d’entre les nations, sont unis en un seul corps par le Saint Esprit.

 

Paul peut dire à Timothée « tu as pleinement compris » cette doctrine, la sienne (« ma doctrine »). Plus nous entrons dans la doctrine de Paul, plus nous serons capables de détecter le mal de ces derniers jours, et de nous en détourner.

Deuxièmement, l’apôtre peut rappeler sa « conduite ». Sa vie était en parfait accord avec la doctrine qu’il enseignait. En ceci, sans doute, l’apôtre voulait souligner le contraste avec les mauvais docteurs dont il avait parlé. Leur folie était dévoilée dans la mesure où leurs vies étaient en contradiction évidente avec leur prétendue piété. Il était manifeste à tous que leur profession de piété, purement de forme, n’avait aucune puissance sur leurs vies. Avec l’apôtre, c’était de loin le contraire. Dans sa doctrine il proclamait l’appel céleste des saints, et conformément à sa doctrine, sa conduite était celle d’un étranger et d’un pèlerin dont la citoyenneté est au ciel. C’était une vie gouvernée par un « but » précis, vécue dans la « foi », manifestant le caractère de Christ en tout « support, amour, patience », impliquant « persécutions » et « souffrances ». Ainsi, la première grande sauvegarde contre le mal des derniers jours est la connaissance de la vérité ; la seconde sauvegarde est une vie vécue en accord avec la vérité. Il y a toutefois une autre source de sécurité, car, troisièmement, il nous est parlé du soutien du Seigneur. Paul peut en témoigner de sa propre expérience, car, parlant des souffrances et des persécutions de sa vie, il peut dire « le Seigneur m’a délivré de toutes » (3:11c). Si nous sommes diligents pour connaître la doctrine, si nous sommes prêts à vivre une vie en accord avec la doctrine, nous réaliserons le soutien du Seigneur. D’autres peuvent nous abandonner comme ils l’ont fait vis-à-vis de l’apôtre ; d’autres peuvent penser que nous sommes trop extrémistes et trop ennemis des compromis ; mais, en combattant pour la foi, nous trouverons comme lui que le Seigneur se tiendra près de nous, qu’Il nous fortifiera, qu’Il nous rendra capables de proclamer la vérité, qu’Il nous délivrera de la gueule du lion et de toute mauvaise œuvre, et qu’Il nous préservera pour Son royaume céleste (3:11 ; 4:17-18).

 

4.2.2        2 Tim. 3:12-13

« Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés ; mais les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis, séduisant et étant séduits » (3:12-13).

 

Il nous est rappelé combien le soutien du Seigneur est nécessaire, car nous sommes avertis que tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés. La forme de la persécution peut varier selon les temps et les lieux, mais il reste vrai que celui qui se tient à l’écart du mal de la chrétienté, et cherche à maintenir la vérité, doit être prêts à rencontrer la désertion, les insultes et la méchanceté. Comment peut-il en être autrement, y compris dans la chrétienté, quand « les hommes méchants et les imposteurs vont de mal en pis, séduisant et étant séduits » ?

 

4.2.3        2 Tim. 3:14

« Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises » (3:14).

 

Quatrièmement, en présence du mal, les fidèles trouveront la sécurité et le soutien en demeurant dans les choses qu’ils ont apprises par l’apôtre. C’est ainsi qu’il écrit à Timothée : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises » (3:14). Pour la troisième fois au cours de sa courte épître, Paul souligne l’importance, non seulement d’avoir la vérité, mais de la recevoir d’une source inspirée, si l’on veut qu’elle soit maintenue avec une pleine assurance (voir 1:13 ; 2:2).

L’expérience démontre trop souvent que les croyants ne peuvent pas résister à l’erreur parce qu’ils ne sont pas « pleinement convaincus » de la vérité. En présence de l’erreur, et spécialement de l’erreur mélangée à la vérité, nous avons besoin d’être absolument assurés que les choses que nous avons apprises sont bien vraies. Nous ne pouvons avoir cette assurance qu’en sachant que celui dont nous avons reçu la vérité parle avec une autorité inspirée. Un docteur peut placer la vérité devant nous, mais aucun docteur ne peut parler avec une autorité inspirée. Il doit nous diriger vers les écrits inspirés des apôtres, si nous voulons tenir la vérité dans la foi et l’assurance. En présence d’hommes méchants et séducteurs ou imposteurs, allant de mal en pis, apportant toujours de nouveaux développements au mal, nous devons bien nous garder de tout ce qui professe être une nouvelle lumière, et il faut demeurer dans les choses que nous avons apprises.

 

4.2.4        2 Tim. 3:15-17

« et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour [Toute écriture divinement inspirée est aussi utile pour] enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (3:15-17).

 

Ainsi la sauvegarde finale contre l’erreur est l’inspiration et la suffisance des saintes Écritures. Les hommes étalent leurs théories changeantes et innombrables, mais dans les Écritures nous avons toutes les vérités qui nous sont profitables, et elles nous sont préservées sous une forme permanente, gardées de l’erreur par l’inspiration, et présentée avec une autorité divine.

Sans doute, les Saintes Écritures que Timothée connaissait dès son enfance étaient les Écritures de l’Ancien Testament. Mais quand l’apôtre déclare ensuite que « toute écriture est inspirée de Dieu », il inclut le Nouveau Testament avec tous les écrits apostoliques. Nous savons que Pierre classe toutes les épîtres de Paul parmi « les autres Écritures » (2 Pierre 3:16).

En outre, le grand gain des Écritures est placé devant nous. Premièrement, elles sont capables de nous rendre sages à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus (3:15). Deuxièmement, ayant été dirigés vers Christ pour trouver le salut en Lui, nous découvrons ensuite que « toute écriture » est profitable (« utile ») pour le croyant (3:16), dans la mesure où nous découvrons des choses qui regardent Christ dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes (Luc 24:27, 44). Nous trouverons encore combien les Écritures sont utiles pour « convaincre ». Hélas ! nous pouvons être aveugles quant à nos propres fautes, et tellement remplis de notre propre importance que nous sommes sourds aux remontrances des autres ; mais, si nous sommes soumis à la Parole, nous trouverons que l’Écriture sert à convaincre, car elle est vivante et « opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants… elle discerne les pensées et les intentions du cœur ».

En outre, non seulement les Écritures convainquent, mais elles sont aussi utiles pour « corriger ». Ayant convaincu elles corrigeront ; et ayant corrigé elles nous instruiront dans la bonne voie. Ayant donc les Écritures inspirées, il est possible pour l’homme de Dieu d’être pleinement établi dans la vérité en présence d’erreurs abondantes, et d’être « parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » dans un jour mauvais.

 

5         Chap.4 — Le service de Dieu en un jour de ruine

Au chapitre 3, l’apôtre a très complètement prédit la terrible condition de la profession chrétienne dans les derniers jours, et de plus, il a rappelé aux croyants les riches provisions que Dieu a faites afin qu’ils puissent être « parfaitement accomplis en toute bonne œuvre » au jour où le mal abonde.

Après avoir présenté la ruine de la profession chrétienne et les ressources des fidèles, Paul, dans ce chapitre 4, donne des instructions spéciales pour le service du Seigneur dans un jour de défaillance générale.

L’expérience nous dit que dans un jour où le mal augmente dans la profession chrétienne, ainsi que la faiblesse parmi le peuple de Dieu, le serviteur peut facilement se décourager et perdre le cœur au service. D’où l’importance de ces instructions dans lesquelles, au lieu de laisser l’état triste et désespéré de la chrétienté être une excuse pour l’apathie du serviteur, l’écrivain utilise cet état pour inciter à un service plus sérieux.

 

5.1.1        2 Tim. 4:1

« Je t’en adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui va juger vivants et morts, et par [c’est-à-dire : je t’adjure par] son apparition et par son règne : » (4:1)

 

L’apôtre commence cette portion de son instruction en présentant les raisons de son appel aux croyants à persévérer dans leur service pour le Seigneur. Il parle avec toute solennité comme devant Dieu et le Christ Jésus, les grands Observateurs de notre conduite et de la position que nous prenons, et il nous presse pour faire le service au vu de trois grands faits :

§  Premièrement, Christ est le Juge des vivants et des morts. Il est l’Arbitre du chemin que nous empruntons et de notre état sur ce chemin. En outre, la condition de la profession chrétienne est telle que le grand nombre est inconverti et se dirige vers le jugement, soit comme hommes vivants quand Christ apparaitra, soit comme faisant partie des morts devant le Grand Trône Blanc. Il nous convient donc d’avertir les hommes du jugement à venir et de leur indiquer le Sauveur.

§  Deuxièmement, Paul nous encourage à continuer dans notre service par la grande vérité de l’apparition de Christ. La meilleure traduction est « et par Son apparition », faisant de l’apparition un second fait, distinct du jugement des vivants et des morts. Il ne parle pas de l’enlèvement, mais de l’apparition de Christ pour régner, car la récompense pour le service est toujours liée à l’apparition. La parole est « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon que sera son œuvre » (Apoc. 22:12).

§  Troisièmement, nous sommes encouragés au service par « Son règne ». Toute âme sauvée par la prédication de l’évangile ajoutera à la gloire de Christ quand Il viendra pour régner et être glorifié dans Ses saints.

 

Il y a donc toute motivation pour que le serviteur persévère dans son service, que cette motivation soit liée au jugement des méchants, à la récompense du serviteur ou à la gloire de Christ.

 

5.1.2        2 Tim. 4:2

« prêche la parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine » (4:2).

 

Après avoir donné les raisons de son appel, l’apôtre définit la mission. Si les hommes sont responsables vis-à-vis de Dieu, alors « prêche la parole, insiste en temps et hors de temps ». Si Christ est sur le point de juger, alors « convaincs » et « reprends » ceux qui vivent dans une voie qui appelle le jugement. Si les saints vont être récompensés à l’apparition de Christ, alors « exhorte avec toute longanimité et doctrine ».

Le serviteur doit prêcher « la parole ». Ce n’est pas simplement l’évangile pour le pécheur, mais « la parole » de Dieu à la fois pour le pécheur et pour le saint. Il y a aussi le besoin d’insister en urgence dans la prédication, ainsi que de prêcher en tous temps. La parole de Dieu est pour tous en tout temps. La conviction et la répréhension peuvent être nécessaires, à la fois parmi les saints et parmi les pécheurs. Mais ce ne peut être qu’en prêchant la parole, car ce n’est que la parole qui produit la conviction. Nous pourrions chercher à convaincre et à reprendre par nos propres paroles et arguments, mais nous ne ferons que découvrir que nous irritons et produisons du ressentiment. La répréhension, pour être efficace, doit être basée sur la parole de Dieu. Pour ceux qui désirent se courber devant la parole, et accepter qu’elle convainque et reprenne, il y a la parole d’encouragement.

Quelle que soit la forme que le service prenne, il doit être exercé avec toute longanimité et selon la vérité ou la « doctrine ». La Parole soulèvera assurément l’opposition de la chair, et demande de la longanimité de la part du serviteur, et la seule réponse efficace à l’opposition est d’être dans la doctrine ou vérité de l’Écriture.

 

5.1.3        2 Tim. 4:3-4

« car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront [ou : auront été détournés] vers les fables » (4:3-4).

 

Au premier verset le serviteur de Dieu a regardé au-delà de la période présente ; et à la lumière de ce qui est à venir, il insiste sur l’urgence du service. Maintenant encore il regarde en avant, mais vers la fin de la période chrétienne, et utilise les conditions épouvantables qu’on trouvera parmi les professants du christianisme comme une nouvelle motivation pour l’activité dans le service. Il a déjà parlé de faux docteurs qui s’introduisent dans les maisons ; il parle maintenant des gens eux-mêmes. Que les docteurs soient défaillants ou pas, il viendra un temps où les gens ne supporteront plus la saine doctrine, car ils auront « des oreilles qui leur démangent », et ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises. Ce n’est pas une description de païens qui n’ont jamais entendu la vérité, mais de la chrétienté où les hommes auront entendu l’évangile, mais ne le supporteront plus. Ils n’abandonnent pas toute profession de christianisme, car ils s’amassent des docteurs, mais ce sont des docteurs qui n’interfèrent pas avec la satisfaction de leurs convoitises mondaines (ils interféreraient s’ils prêchaient la vérité).

Que des compagnies de chrétiens professants se choisissent un docteur, est entièrement étranger à l’Écriture, et cela montre combien la chrétienté s’est écartée de l’ordre de Dieu quant à Son assemblée. Le résultat de ce désordre est que trop souvent le docteur choisi n’est qu’un conducteur aveugle conduisant des aveugles, et « si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse » (Matt. 15:14). C’est ce qui arrivera quand les hommes, se détournant de la vérité, « se tourneront vers les fables ».

 

5.1.4        2 Tim. 4:5

« Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service » (4:5).

 

Si donc la condition de la chrétienté est devenue si épouvantable que ceux qui professent le christianisme ne supportent plus le sain enseignement, qu’ils suivent leurs convoitises et se tournent vers les fables, il convient au serviteur d’être « sobre en toutes choses », ayant son jugement formé par la vérité et ne laissant pas son esprit être influencé par les choses mauvaises et les fables de la masse professante.

Nous avons déjà été exhortés à « endurer les souffrances de l’évangile », à prendre notre « part dans les souffrances » comme de bons soldats de Jésus Christ ; et nous avons été avertis que « tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (1:8 ; 2:3 ; 3:12). Nous sommes maintenant en plus avertis que nous devons être prêts à « endurer les souffrances » à cause des choses mauvaises de la chrétienté.

Ainsi les fidèles doivent être prêts à souffrir à cause de l’évangile, pour l’amour de Jésus Christ en raison de la piété chrétienne, et en vue des choses mauvaises du jour.

En outre, aussi mauvais que soit le jour actuel, et aussi longtemps que continue le jour de grâce, l’homme de Dieu, quel que soit son don, doit poursuivre son œuvre d’évangéliste. L’abandon de la vérité par la masse, avec la plupart des soi-disant « églises » adonnées  à la mondanité et aux fables, ne fait que rendre plus urgent que l’homme de Dieu continue son œuvre d’évangélisation, et accomplisse pleinement son service. L’œuvre du Seigneur ne doit pas être faite à moitié. Nous devons chercher à achever parfaitement ce qu’Il nous a donné à faire.

 

5.1.5        2 Tim. 4:6

« car, pour moi, je sers déjà de libation [comme en Philippiens 2:17, allusion au rite consistant à verser du vin sur un sacrifice (Nombres 15:5, etc.)], et le temps de mon départ [= ma mort ; exactement : action de lever l’ancre pour partir vers la haute mer ; comparer Philippiens 1:23] est arrivé » (4:6).

 

Le serviteur de Christ fait maintenant référence à son départ comme une autre motivation à servir. La fin de sa vie de dévouement, et en conséquence la persécution de la part du monde, étaient si proches qu’il pouvait dire : « je sers déjà de libation ». Il parle de son départ comme le temps de sa « libération ». Pour lui quitter cette scène était une libération d’un corps qui le gardait absent de Christ, mais il le présente comme une raison pour que Timothée accomplisse pleinement son service. Combien souvent, depuis ce jour, l’enlèvement d’un serviteur dévoué a été utilisé par le Seigneur pour ranimer ceux qui sont laissés pour servir activement.

 

5.1.6        2 Tim. 4:7

« j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (4:7).

 

Si, toutefois, l’église allait être privée de la conduite active de l’apôtre, son exemple reste pour notre encouragement. Ici, donc, Paul à la veille de son départ regarde en arrière sur son chemin comme serviteur, et en avant vers le jour de gloire quand son service recevra sa brillante récompense. Regardant en arrière, il peut dire « j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi ». Dans les jours de Paul, la foi était déjà assaillie de tous côtés, et elle l’est encore davantage aujourd’hui. À l’extérieur du cercle chrétien, elle était combattue par les ritualistes Juifs et les philosophes des nations. À l’intérieur de la profession chrétienne, il y avait ceux qui « s’étaient écartés de la foi » (1 Timothée 6:21), et d’autres qui étaient « réprouvés quant à la foi » (2 Timothée 3:8). En présence de ces attaques de l’intérieur et de l’extérieur, Paul pouvait dire « j’ai combattu le bon combat ». Il avait combattu pour la foi, et il avait « gardé la foi ».

« La foi » est plus que l’évangile de notre salut ; elle a son centre en Christ, et embrasse les gloires de Sa personne et la grandeur de Son œuvre. Elle comprend toute la vérité du christianisme. L’apôtre combattait avec hardiesse pour la foi, refusant d’y laisser entrer quoi que ce soit d’où que ce soit. Il ne laissait aucune fausse charité interférer avec sa défense sans compromis de la gloire de la personne et de l’œuvre de Christ.

 

5.1.7        2 Tim. 4:8

« désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là [le jour de l’apparition du Seigneur en gloire, qui sera aussi le jour des récompenses], et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment [ou : auront aimé] son apparition » (4:8).

 

Ayant combattu le bon combat, achevé la course, et gardé la foi, il pouvait regarder avec une grande assurance vers le futur et dire : « désormais m’est réservée la couronne de justice ». Il avait marché dans le chemin de la justice (2:22) et suivi l’instruction de la justice (3:16), et maintenant il attendait de revêtir la couronne de justice.

En outre, la couronne de justice sera donnée à l’apôtre par le Seigneur, le juste Juge. L’apôtre avait maintenu les droits du Seigneur dans le jour de Son rejet ; Il recevra la couronne de justice dans le jour de Sa gloire. L’homme avait donné une prison à l’apôtre ; beaucoup d’entre les saints l’avaient déserté, et certains s’étaient opposés à lui ; mais « cela lui importait peu » d’être jugé d’un jugement de saints ou d’homme. Pour lui le Seigneur était le Juge (1 Cor. 4:3-5). Il ne dit pas que le jugement des saints sur la fidélité de sa course n’était rien ; mais comparé avec le jugement du Seigneur, cela importait peu. Trop souvent nos jugements les uns des autres sont faussés par des personnalités mesquines et des considérations égoïstes. Le Seigneur est le juste Juge.

Pour la troisième fois au cours de l’épître, l’apôtre fait référence à ce « jour-là » (1:12, 18 ; 4:8). Dans toutes les souffrances, les persécutions, les désertions et les insultes auxquels il avait à faire face, ‘ce jour-là’ brillait devant lui — le jour de l’apparition du Seigneur. Combien de choses que nous ne pouvons pas comprendre ou débrouiller, combien de manques d’égards et d’insultes devant lesquels nous devons nous taire aujourd’hui ! Mais nous pouvons trouver un soulagement à toutes ces choses en les remettant au Seigneur — le juste Juge — en vue de ce jour-là, quand il « mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Cor.4:5).

En outre, pour notre encouragement, il nous est dit que la couronne de justice n’est pas simplement réservée à un apôtre, ou à un serviteur doué, mais à « tous ceux qui aiment son apparition ». Nous pourrions penser que la couronne de justice est réservée à une grande activité dans l’œuvre du Seigneur, ou seulement à ceux qui sont en première ligne comme conducteurs du peuple de Dieu ; mais la Parole ne dit pas que la couronne est pour ceux qui travaillent, ou pour ceux qui sont éminents, mais pour ceux qui aiment Son apparition. Il est vrai que le grand propos de cette portion de l’épître est d’encourager le serviteur à travailler ; mais qu’il veille à ce que son travail soit gouverné par l’amour. Aimer Son apparition implique que nous aimons Celui qui va paraitre et, en L’aimant, nous aimons à penser au jour où Celui qui est maintenant rejeté et méprisé des hommes « viendra pour être glorifié dans Ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru ». En plus, aimer Son apparition suppose que nous marchions dans le jugement de nous-mêmes, car nous lisons « quiconque a cette espérance en Lui » — l’espérance d’être comme Christ quand Il paraitra — «  se purifie lui-même comme lui est pur » (1 Jean 3:3).

*

Dans les derniers versets de l’épître, nous avons un beau tableau des grâces de Christ, des affections chrétiennes et des intérêts du Seigneur qui unissent ensemble les saints individuellement ; cela est précieux en tout temps, mais combien plus dans un jour de faiblesse et de défaillance où ceux qui craignent le Seigneur parlent souvent l’un à l’autre (Mal. 3:16).

 

5.1.8        2 Tim. 4:9

« Empresse-toi de venir bientôt auprès de moi » (4:9).

 

Paul avait déjà exprimé son désir de voir Timothée, son cher bien-aimé (1:4) ; maintenant, en vue de son départ imminent, il supplie Timothée de venir rapidement.

 

5.1.9        2 Tim. 4:10-11

« car Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s’en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie ; Luc seul est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est utile pour le service » (4:10-11).

 

Il désirait d’autant plus voir Timothée qu’il avait souffert la perte d’un compagnon de travail. Démas avait abandonné l’apôtre, ayant aimé le présent siècle. Il n’est pas dit que Démas avait abandonné Christ, mais il avait trouvé impossible de continuer avec un représentant si dévoué de Christ et en même temps de s’accommoder avec le présent siècle. Il fallait abandonner l’un ou l’autre. Hélas ! il a abandonné Paul et choisi le monde. D’autres étaient partis, sans doute pour le service du Seigneur. Luc seul était avec lui. Ce compagnon fidèle dans ses travaux actifs restait avec lui dans ses derniers moments, et l’apôtre se plait à mentionner son amour dévoué.

Paul désire spécialement que Timothée amène Marc. Il y avait eu un temps où Marc s’était détourné de l’œuvre, et ce fut la raison pour laquelle l’apôtre refusa par fidélité de le prendre dans son second voyage au service du Seigneur. Il jugeait que ce n’était pas utile. Ce manquement de la part de Marc avait évidemment été jugé, et donc tout ressentiment était ôté ; il n’est plus donc fait allusion à ce manquement. Si cela avait été la seule référence à Marc, nous n’aurions jamais entendu parler d’un quelconque manquement de sa part dans le service. Paul l’avait déjà recommandé à l’assemblée des Colossiens (Colossiens 4:10) ; il désire maintenant sa présence, et relève spécialement que dans le domaine même où il avait manqué, ce serviteur restauré serait des plus utiles, car dit l’apôtre « il m’est utile pour le service ».

 

5.1.10    2 Tim. 4:12

« Or j’ai envoyé Tychique à Éphèse » (4:12).

 

Tychique, qui avait apparemment été auparavant envoyé par l’apôtre en Crète (Tite 3:12), a été maintenant envoyé à Éphèse. C’était quelqu’un qui désirait servir sous les directions du serviteur de Christ.

 

5.1.11    2 Tim. 4:13

« Quand tu viendras, apporte le manteau que j’ai laissé en Troade chez Carpus, et les livres, spécialement les parchemins » (4:13).

 

L’homme naturel pourrait s’étonner que, dans cette importante mission pastorale, l’apôtre s’arrête pour parler d’un manteau et de livres. Nous oublions que le Dieu qui a pourvu à notre bénédiction éternelle n’oublie pas le moindre de nos besoins temporels. Le manteau que nous portons et les livres que nous lisons ne Lui sont pas indifférents. Dans notre folie, nous pourrions penser que ces choses sont trop basses pour qu’Il y prenne garde ; c’est à la suite de cette manière de penser que ces choses mêmes — l’habit que nous portons et les livres que nous lisons — deviennent nos plus grands pièges.

 

5.1.12    2 Tim. 4:14-15

« Alexandre, l’ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Garde-toi aussi de lui, car il s’est fort opposé à nos paroles » (4:14-15).

 

Il est parlé d’Alexandre, non pas comme enseignant l’erreur comme Hyménée, ni comme aimant ce présent siècle comme Démas. Il est plutôt un ennemi personnel actif de l’apôtre, et étant animé d’une inimitié personnelle, Alexandre s’opposait aux paroles de Paul, quoi que dît celui-ci. De telles personnes existaient aux jours de l’apôtre, et il y en a, hélas ! encore dans la profession chrétienne qui résistent à ce qui est dit, non pas parce que c’est faux, mais par inimitié vis-à-vis de la personne qui parle. Conscients de l’iniquité de telles personnes, nous pourrions rapidement ne plus être sur nos gardes, et nous laisser aller à répondre à la chair par la chair. Le serviteur du Seigneur ne rend pas mal pour mal, ni outrage pour outrage. Paul ne dit pas : « je vais essayer de m’occuper de lui selon ses œuvres ». Il avertit toutefois Timothée de se garder de lui. Il y a, hélas ! dans la profession chrétienne des gens contre lesquels il est nécessaire d’avertir les saints.

 

5.1.13    2 Tim. 4:16

« Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné : que cela ne leur soit pas imputé » (4:16).

 

L’apôtre avait trouvé en son jour, comme beaucoup d’autres depuis, que le chemin se rétrécit à mesure que nous approchons du but. Il a dû dire alors qu’il était accusé devant les puissances de ce monde : « personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné ». Ce traitement qui parait être sans cœur et lâche n’a produit aucun ressentiment dans le cœur de Paul. Au contraire, il produit sa prière en leur faveur : « que cela ne leur soit pas imputé ».

 

5.1.14    2 Tim. 4:17

« Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût pleinement accomplie et que toutes les nations l’entendissent ; et j’ai été délivré de la gueule du lion » (4:17).

 

Si tous les autres défaillent et nous abandonnent, les paroles du Seigneur resteront toujours vraies : « je ne te laisserai pas ; je ne t’abandonnerai pas ». Paul a ainsi trouvé, dans le jour où il était déserté par les saints, que le Seigneur s’est tenu près de lui et l’a « fortifié ». Si, toutefois, le Seigneur donne de la force, ce n’est pas de la force pour écraser nos ennemis, ou de la force pour nous délivrer de circonstances éprouvantes, mais une force spirituelle pour Lui rendre témoignage en présence de Ses ennemis. L’apôtre peut donc dire : « le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût pleinement accomplie et que toutes les nations l’entendissent ». Par les récits de ce que Paul prêchait, nous savons que la proclamation était la proclamation du pardon des péchés « par cet Homme » — le Christ Jésus, l’homme ressuscité dans la gloire (Actes 13:38). Si Paul a reçu de la puissance pour prêcher Christ, le Seigneur Lui-même a exercé Sa puissance pour délivrer Son serviteur du danger immédiat. Il peut donc dire, non pas « je me suis délivré », mais « j’ai été délivré de la gueule du lion ».

 

5.1.15    2 Tim. 4:18

« Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste. À lui la gloire, aux siècles des siècles ! Amen » (4:18).

 

En outre, l’apôtre peut regarder en-avant avec confiance et dire : « Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste ». Comme le psalmiste peut dire : « L’Éternel te gardera de tout mal ; Il gardera ton âme » (Ps. 121:7). Le royaume céleste peut en effet être atteint par la mort de martyr, mais l’âme sera préservée de tout mal.

Avec ce royaume céleste en vue, le fidèle serviteur de Dieu peut terminer son épître avec un éclat de louange vers Celui qui, en dépit de tous les désertions des saints, de toute la puissance du lion et de toute mauvaise œuvre, préservera les Siens pour Son royaume — « À lui la gloire, aux siècles des siècles ! Amen ».

 

5.1.16    2 Tim. 4:19

« Salue Prisca et Aquilas et la maison d’Onésiphore » (4:19).

 

Paul ajoute une salutation finale pour deux saints, Prisca et Aquilas, qui avaient été associés à lui dans ses premiers travaux et qui lui étaient restés fidèles dans ses derniers jours (Actes 18:2). Il pense aussi encore à la maison de celui qui n’avait pas eu honte de sa chaîne (2 Tim. 1:16-18).

 

5.1.17    2 Tim. 4:20

« Éraste est demeuré à Corinthe, et j’ai laissé Trophime malade à Milet » (4:20).

 

Avec l’intérêt que nous ne pouvons que prendre dans les déplacements, les travaux et la santé des fidèles serviteurs du Seigneur, Paul, en son jour, rappelle le fait qu’Éraste était demeuré à Corinthe et que Trophime avait été laissé malade à Milet. Apparemment la puissance miraculeuse de guérison qui, au cours de son témoignage, avait été utilisée de façon si frappante par l’apôtre, n’a jamais été utilisée pour la guérison d’un frère ou d’un ami. Comme quelqu’un a dit : « En règle générale, les miracles étaient des signes pour les non croyants, non pas un moyen de guérison pour la maison de la foi ».

 

5.1.18    2 Tim. 4:21

« Empresse-toi de venir avant l’hiver. Eubulus et Pudens, et Linus et Claudia, et tous les frères, te saluent » (4:21).

 

Aucun détail concernant Ses enfants n’est trop petit pour être considéré par notre Dieu et Père. Paul avait déjà fait référence au manteau et aux livres ; il pense maintenant à la saison. Timothée devait s’empresser à venir avant que l’hiver n’ajoute aux difficultés de son voyage.

Trois frères et une sœur sont mentionnés par nom comme saluant Timothée ensemble avec « tous les frères », une preuve non seulement de l’amour et de l’estime dans lesquels Timothée était tenu, mais aussi des soins de l’apôtre à promouvoir l’amour parmi les saints.

 

5.1.19    2 Tim. 4:22

« Le seigneur Jésus Christ soit avec ton esprit. Que la grâce soit avec vous ! » (4:22).

 

De façon très belle, Paul termine l’épître à Timothée avec le désir que le Seigneur Jésus Christ soit avec son esprit. Combien souvent nous pouvons être justes en doctrine et en principe, et même en conduite extérieure, et pourtant tout est perturbé parce que quelque chose ne va pas dans notre esprit. Si le Seigneur Jésus est avec nous en esprit, nous manifesterons dans nos paroles et dans nos voies « l’esprit de Jésus Christ » (Phil. 1:19). Timothée et les saints qui étaient avec lui avaient besoin de la grâce ; c’est pourquoi l’apôtre termine son épitre avec le désir « que la grâce soit avec vous ! ».

Puissions-nous aussi, dans ces temps plus difficiles, savoir comment être forts dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, pour que nos esprits soient gardés malgré tous les efforts de l’ennemi qui cherche à gâter notre témoignage en faisant agir la chair. Nous devons avoir une fidélité sans compromis dans le maintien de la vérité, combinée avec la douceur de Christ, afin que la voie de la vérité ne soit pas blasphémée.