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Le Parfait Serviteur
Évangile selon Marc
Hamilton Smith
Table des matières abrégée:
2 La préparation du chemin du Seigneur (Chap. 1:1-20)
3 Le parfait Serviteur (Chap. 1:21-45)
4 Le ministère du Seigneur (Chap. 2)
5 Le changement de dispensation (Chap. 3)
6 Du fruit pour Dieu et de la lumière pour l’homme (Chap. 4)
7 La bénédiction individuelle (Chap. 5)
8 Le service de Christ après son rejet (Chap. 6)
9 L’homme mis à nu et Dieu révélé (Chap. 7)
11 La puissance du monde à venir (Chap. 9)
12 Souffrances et gloires (Chap. 10:1-45)
13 Le rejet du Roi (Chap. 10:46 — 11:26)
14 Les chefs rejetés (Chap. 11:27 — 12:44)
15 La grande tribulation (Chap. 13)
16 L’ombre de la croix (Chap. 14)
18 La résurrection et l’ascension (Chap. 16)
Table des matières détaillée:
2 La préparation du chemin du Seigneur (Chap. 1:1-20)
3 Le parfait Serviteur (Chap. 1:21-45)
4 Le ministère du Seigneur (Chap. 2)
5 Le changement de dispensation (Chap. 3)
6 Du fruit pour Dieu et de la lumière pour l’homme (Chap. 4)
7 La bénédiction individuelle (Chap. 5)
8 Le service de Christ après son rejet (Chap. 6)
9 L’homme mis à nu et Dieu révélé (Chap. 7)
11 La puissance du monde à venir (Chap. 9)
12 Souffrances et gloires (Chap. 10:1-45)
13 Le rejet du Roi (Chap. 10:46 — 11:26)
14 Les chefs rejetés (Chap. 11:27 — 12:44)
15 La grande tribulation (Chap. 13)
16 L’ombre de la croix (Chap. 14)
18 La résurrection et l’ascension (Chap. 16)
Dieu, dans sa bonté, nous a donné l’histoire de notre Seigneur Jésus Christ pendant sa vie dans ce monde ; nous avons ainsi un récit inspiré, donc fiable, d’événements dans lesquels le destin éternel de chacun est impliqué. Par ce récit, Dieu veut en outre attirer nos cœurs vers un Christ vivant, en faisant passer devant nous toutes les gloires de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.
Pour nous faire apprécier ces gloires, Dieu veut nous amener à discerner les différents genres de relations dans lesquelles Christ peut être vu, ainsi que les divers caractères dans lesquels il est présenté. À cet effet, nous avons quatre évangiles, offrant chacun un aspect distinct de la gloire de Christ. L’étude de l’évangile selon Matthieu montre clairement que les détails particuliers donnés dans le récit des événements, comme aussi l’enseignement, ont en vue la présentation du Seigneur comme le Messie promis depuis longtemps — le Fils de David en relation avec Israël.
Dans l’évangile selon Luc, il est également clair que le Seigneur Jésus est présenté comme le Fils de l’homme, venu faire connaître la grâce de Dieu à un monde de pécheurs perdus.
Dans l’évangile selon Jean, la gloire divine du Fils de Dieu nous est montrée.
Dans l’évangile selon Marc, tout le récit est en accord avec la présentation du Seigneur Jésus comme le Serviteur de l’Éternel, servant les autres en amour. Des siècles avant la venue de Christ, Ésaïe avait prédit que le Seigneur Jésus viendrait dans le monde comme le Serviteur de l’Éternel ; en effet, la parole de l’Éternel était venue au prophète, disant : « Voici mon Serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui ; il fera valoir le jugement à l’égard des nations » (És. 42:1). Tous les détails de cet évangile ont en vue la présentation de son service parfait répondant aux besoins de l’homme : il est le Serviteur de l’Éternel accomplissant sa volonté.
Dans l’évangile selon Marc, le Saint Esprit présente le Seigneur Jésus dans toute sa grâce et son humilité, comme le Serviteur de l’Éternel. Nous ne devons toutefois pas oublier que Celui qui s’est abaissé pour devenir le Serviteur obéissant ne cesse jamais d’être ce qu’il est comme Personne divine, alors même qu’il est devenu un humble Serviteur, étant fait à la ressemblance des hommes. Aussi, pour sauvegarder sa gloire, l’évangile commence par un septuple témoignage rendu à la grandeur de sa personne.
Le premier témoignage est celui de l’auteur de l’évangile. Marc, dont le Saint Esprit se sert pour placer devant nous Celui qui s’est anéanti lui-même et a pris la forme d’esclave, commence son évangile en nous rappelant qu’il est « Jésus Christ, Fils de Dieu ».
Deuxièmement, les prophètes sont cités comme rendant témoignage à la gloire de sa personne. Ils ne font pas que prédire sa venue, ils annoncent sa gloire. L’Éternel avait déclaré à Malachie : « Voici, j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi ». L’Esprit applique ces paroles à Christ en disant ici : « Voici, moi j’envoie mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin ». Le Jésus du Nouveau Testament est l’Éternel de l’Ancien Testament (Mal. 3:1). Dans la seconde citation, qui est tirée d’Ésaïe, il est parlé de préparer le chemin de l’Éternel. De nouveau, c’est le chemin de l’Éternel qui est préparé — parce que Jésus est l’Éternel (És. 40:3).
Troisièmement, nous avons le témoignage de Jean, le Précurseur, à la gloire du parfait Serviteur. Il rend témoignage, d’une part, de la condition de péché de l’homme et de la nécessité de la « repentance en rémission de péchés », et d’autre part, de la gloire de Celui qui était venu en grâce comme humble Serviteur, pour répondre aux besoins de l’homme. Il se tient dans le désert, « et tout le pays de Judée et tous ceux de Jérusalem sortaient vers lui ». De longs siècles auparavant, l’Éternel avait dit au prophète : « Voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur » (Osée 2:14). Comme quelqu’un l’a dit : « Dieu n’avait pas parlé à son cœur... dans la ville florissante et belle... ; mais il l’a attirée dehors, dans le désert froid, aride, désolé ». C’est là qu’il a parlé à sa conscience et a cherché à gagner son cœur. Et aujourd’hui, que de fois n’agit-il pas ainsi envers des pécheurs, comme aussi envers des saints. Nous cherchons notre confort et nos aises, et trop souvent nos cœurs deviennent froids et indifférents ; le Seigneur intervient alors dans notre vie tranquille par des peines et des épreuves, pour parler à notre cœur et nous attirer à lui.
S’adressant à la conscience, Jean montre que nos péchés ont transformé la création en un désert moral et qu’ils ont séparé l’homme de Dieu. Son mode de vie, dans la séparation du monde, était conforme à son témoignage. Avant tout, il rendait témoignage à la gloire de Celui qui allait venir. Si Celui qui « n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu » s’abaisse pour devenir un Homme et prend la forme d’esclave, Jean, le plus grand parmi les prophètes, se plaît à reconnaître qu’un Serviteur plus grand encore est venu, duquel il n’est pas digne de délier la courroie des sandales. Jean pouvait baptiser d’eau et, par ce signe de la mort, séparer ceux qui venaient à lui de leurs associations antérieures avec un monde corrompu, mais Jésus baptiserait de l’Esprit Saint — une Personne divine — sceau de l’appartenance à Christ dans un monde nouveau.
Quatrièmement, nous avons le témoignage rendu par la voix venue du ciel à la gloire du Christ. Dans une grâce infinie, le Seigneur se soumet au baptême, s’identifiant ainsi au résidu pieux dans la séparation de la nation coupable. Aussitôt la voix du Père se fait entendre, déclarant sa gloire comme « Fils bien-aimé », Celui en qui le Père trouve son plaisir. Autrefois déjà, l’Éternel avait dit par le prophète : « Voici mon serviteur... en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui » (És. 42:1). Ainsi la voix venue du ciel peut dire : « Mon Serviteur » est « mon Fils bien-aimé ». On a dit à juste titre qu’il a été « scellé du Saint Esprit, comme nous le sommes ; lui, parce qu’il en était personnellement digne ; nous, parce qu’il nous en a rendus dignes par son œuvre et par son sang » (J. N. D.).
Cinquièmement, nous avons une brève allusion à la tentation dans le désert. La tentation de nos premiers parents dans un jardin de délices manifesta leur faiblesse, qui permit à Satan de les vaincre. La tentation de notre Seigneur, dans un désert, devint un témoignage à sa perfection infinie, par laquelle il vainquit Satan.
Sixièmement, la création elle-même rend témoignage à la gloire de sa personne, car nous lisons qu’il était « avec les bêtes sauvages ». Malgré la crainte que les bêtes peuvent éprouver devant les hommes, elles ne craignent pas cet Homme béni, car il est en fait leur Créateur.
Enfin, nous lisons que « les anges le servaient ». Celui qui est venu pour être Serviteur est lui-même servi par les armées angéliques. Il n’est rien moins que « le Fils », « le Premier-né », duquel il est dit lorsqu’il entre dans le monde : « Que tous les anges de Dieu lui rendent hommage » (Héb. 1:5, 6).
Ainsi, chacun en sa saison, les cieux et la terre, les prophètes et les anges, déclarent la gloire de Jésus comme Personne divine, et préparent de cette manière le chemin du Seigneur vers la place d’abaissement qu’il allait prendre comme Serviteur parmi les hommes.
On remarquera que, dans cet évangile, il n’y a pas de généalogie de Jésus, ni aucun détail quant à sa naissance ou aux circonstances des premières années de sa vie. Ces détails, si précieux et nécessaires, dûment consignés par d’autres, ne seraient guère à leur place dans les évangiles selon Marc ou selon Jean. Ici, comme Serviteur, il prend une place au-dessous de toute généalogie, tandis que dans l’évangile selon Jean, il est au-dessus de toute généalogie humaine.
À la suite de ce septuple témoignage à la gloire de sa Personne, nous avons, dans ces versets d’introduction, le récit de l’événement qui ouvre la voie au service public du Seigneur, le caractère de son service, et la grâce souveraine qui en choisit d’autres pour être ses compagnons dans le service.
Il est significatif que ce soit après que Jean « eut été livré » que Jésus vint pour servir. La nature pourrait arguer que le Précurseur étant rejeté, il était inutile que Jésus commence sa mission. Mais les moments opportuns et les façons d’agir de Dieu sont très différents de ceux des hommes. Le ministère de Jean, comme aussi d’ailleurs son rejet, étaient une démonstration du péché et de la misère de l’homme ; mais cela ne faisait que préparer le chemin pour un ministère de grâce qui était seul à même de répondre au besoin, et prouvait sa nécessité. Lorsque le monde eut démontré son péché en rejetant Jean, Dieu proclama sa grâce en envoyant Jésus.
Le grand but du service du Seigneur, tel qu’il est rapporté dans l’évangile selon Marc, est résumé dans ce verset. Jésus était présent au milieu d’Israël pour proclamer que le royaume de Dieu s’était approché — un royaume caractérisé par la justice, la paix et la joie (Rom. 14:17). Déjà, Jean était venu dans la voie de la justice, convainquant les hommes de leurs péchés ; maintenant le Seigneur était présent, non pour juger les hommes à cause de leurs péchés, mais en grâce, appelant les hommes à se repentir en raison de la bonne nouvelle qui proclame le pardon des péchés.
Nous découvrons ensuite la grâce du Seigneur qui associe d’autres hommes à lui-même pour le service. Il ignore les sacrificateurs établis, les scribes instruits et les pharisiens religieux pour choisir d’humbles pêcheurs. Simon est quelqu’un qui peut dire : « Je n’ai ni argent ni or », et de qui le monde disait qu’il était un homme illettré et du commun (Actes 3:6 ; 4:13). L’absence de richesses et d’instruction humaine n’est pas un obstacle pour être un compagnon du Seigneur ou pour être employé à son service. Toutefois, aussi modeste que soit la profession de ceux que le Seigneur se plaît à engager dans son service, ils ne sont pas sans travail. Ces hommes simples vaquaient à leur occupation de pêcheurs lorsque le Seigneur les a appelés à devenir pêcheurs d’hommes. Le service du Seigneur n’est pas destiné à ceux qui n’ont rien d’autre à faire.
En outre, les serviteurs du Seigneur doivent être préparés pour le service, et cette formation ne peut s’effectuer que dans sa compagnie ; aussi le Seigneur dit : « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Cela est toujours vrai, selon cette parole du Seigneur : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive » (Jean 12:26). Hélas ! nous pouvons nous contenter de recevoir l’évangile pour le profit de nos âmes, et peu connaître ce que c’est que de persévérer à la suite du Seigneur dans le sentier de foi et d’humble obéissance qui prépare le chemin pour le service. Il ne nous est peut-être pas demandé de tout abandonner littéralement, comme ce fut le cas pour les disciples quand le Seigneur était ici-bas sur la terre, mais si nous voulons le servir, ce ne peut être que lorsqu’il devient, en esprit, l’Objet béni de notre âme. Tous ne sont sans doute pas appelés à abandonner leur profession journalière. Ce chemin n’est en fait réservé qu’à un petit nombre. Il est clairement enjoint à la majorité des enfants de Dieu de demeurer dans leur vocation terrestre (1 Cor. 7:20). Toutefois le Seigneur a un service pour chacun, car « à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ » (Éph. 4:7). Ce service implique le renoncement à toutes les choses qui nous embarrasseraient dans les affaires de cette vie, et il ne peut être accompli que si nous restons près de Lui. Quant aux disciples, ils ont répondu immédiatement à l’appel du Seigneur, car nous lisons qu’« ils le suivirent », et encore qu’« ils s’en allèrent après lui ».
Le chemin du Seigneur a été préparé et ceux qui l’accompagneront durant son service ont été choisis. Dans ce qui suit, nous avons le récit de quelques événements qui placent devant nous d’une manière admirable le parfait Serviteur. Dans la gloire de sa Personne, il doit toujours être seul ; mais dans son service, nous avons le modèle parfait pour tout serviteur du Seigneur. Pierre nous donne un très beau résumé de l’évangile selon Marc quand il dit : « Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui » (Actes 10:38). Certes, nous ne sommes pas appelés à accomplir des miracles de guérison, car dans un jour de ruine, l’Église a été dépouillée de ses ornements ; mais c’est dans la manière dont il a servi que nous sommes invités à le suivre.
Accompagné de ses disciples, le Seigneur entre dans la synagogue à Capernaüm et y enseigne le jour du sabbat. D’emblée nous voyons un trait marquant du parfait Serviteur, car nous lisons qu’en contraste avec les scribes, « il les enseignait comme ayant autorité ». Sa parole ne consistait pas en simples arguments faisant appel à la raison, mais il parlait avec l’autorité de Celui qui proclame la vérité avec puissance et conviction. Dans nos jours, et selon notre mesure, nous avons à user avec autorité de tout don donné de Dieu, car, dit Pierre dans son épître, « si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu » (1 Pierre 4:10, 11 ). Si nous présentons la doctrine avec tous les arguments pour ou contre, laissant aux auditeurs le soin de juger ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, nous ne parlons pas avec autorité ; nous sommes semblables à ceux qui tâtonnent à la recherche de la vérité. Nous devons parler comme ceux qui, par grâce, sont convaincus de la vérité qu’ils proclament. Ce n’est pas incompatible avec l’humilité d’esprit, car en fait ce sont les humbles qui connaissent la pensée de Dieu : « Il enseignera sa voie aux débonnaires » (Ps. 25:9).
Le fait de chasser un esprit immonde met en évidence un autre trait du parfait Serviteur. S’il parle avec autorité, sa parole porte en elle-même la puissance. Au sein de la profession religieuse juive se trouvait un homme possédé d’un esprit immonde. La présence de Jésus lui était intolérable ; aussi « il s’écria, disant : Ha ! qu’y a-t-il entre nous et toi ». Quelle que soit l’ignorance des hommes, les démons, eux, savent que cet humble Serviteur — Jésus le Nazarénien — n’est rien moins que le Fils de Dieu. Mais le Seigneur ne veut pas recevoir de témoignage du diable. Il reprend le démon, le fait taire et lui commande de sortir. Après avoir manifesté sa puissance sur l’homme en le déchirant, et en criant à haute voix, le démon doit se soumettre à la toute-puissance du Seigneur et sortir de l’homme.
Déjà étonnés par le fait qu’il enseignait avec autorité, les auditeurs le sont maintenant devant la puissance qui accompagnait sa parole, à laquelle même les esprits immondes doivent se soumettre.
Un autre trait magnifique du parfait Serviteur apparaît encore devant nous dans la scène qui suit. Bien qu’il ait toute autorité et toute puissance, il est accessible à tous. Alors qu’il entre dans l’humble demeure d’un pêcheur où quelqu’un a besoin de sa puissance en guérison, nous lisons : « Aussitôt ils lui parlent d’elle ». Puis, comme le soleil se couchait, « on lui apporta tous ceux qui se portaient mal ». Quelle différence avec les grands de ce monde ! Plus ils ont d’autorité et de puissance, moins ils sont accessibles aux pauvres et à ceux qui sont dans le besoin. Le Seigneur n’a pas changé aujourd’hui : bien qu’il soit haut élevé dans la gloire céleste, nous pouvons « lui parler » et « lui apporter » toutes nos peines et tous nos soucis.
Non seulement il guérissait les hommes de leurs diverses maladies, mais il les délivrait aussi de la puissance des démons. Cependant, tout en manifestant sa puissance absolue sur ceux-ci, il ne leur permettait pas « de parler parce qu’ils le connaissaient ». Comme quelqu’un l’a dit : « Il refusait un témoignage qui n’était pas de Dieu. Bien que ce témoignage puisse être vrai, il ne voulait pas l’accepter de la part de l’ennemi ».
La scène animée de cette soirée bien remplie est suivie par une scène très matinale : longtemps avant le jour, nous voyons le Seigneur s’en aller dans un lieu désert pour prier. Nous apprenons ainsi que la dépendance de Dieu, exprimée par la prière, est un autre trait du parfait Serviteur. La puissance du service en public réside dans la prière faite dans le secret. Par la bouche du prophète qui anticipe ce moment, nous entendons la voix de Jésus disant : « Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne » (És. 50:4). Nous avons vu le Seigneur avoir la langue des savants ; nous le voyons maintenant l’oreille ouverte pour écouter comme ceux qu’on enseigne. Nous apprenons ainsi que la prière est à la base de son enseignement (v. 21) et de sa prédication (v. 39). Cherchons à suivre son exemple parfait et à commencer nos journées avec Dieu dans la prière, avant de rencontrer nos semblables en public, car sous le faix du jour et la chaleur, il est difficile de trouver « un lieu désert ».
Les disciples suivent le Seigneur et, l’ayant trouvé, ils disent : « Tous te cherchent ». Cela met en lumière un autre trait du parfait Serviteur — le refus de ce qui n’est que de la popularité. La nature pourrait arguer que si tous nous cherchent, c’est qu’il faut rester là ; mais c’est à ce moment que le Seigneur dit : « Allons ailleurs dans les bourgades voisines ». Serviteur de l’Éternel, il n’était pas là pour gagner de la popularité, mais pour faire la volonté de Dieu.
Nous avons vu la puissance du Serviteur et le secret de la puissance ; il nous est accordé maintenant de contempler la grâce qui met la puissance au service du plus vil des pécheurs. Un pauvre lépreux, poussé par sa misère et attiré par une puissance qu’il sait capable d’y répondre, vient au Seigneur ; mais il doute de sa grâce pour user de sa puissance en faveur d’un être que sa maladie repoussante rejetait hors de la société. Aussi dit-il à Jésus : « Si tu veux, tu peux me rendre net ». Regardant à Christ, il n’avait aucun doute quant à Sa puissance ; regardant à lui-même, il mettait la grâce du Seigneur en question. Nous-mêmes aussi, lorsque nous réalisons la noirceur de notre cœur, nous pourrions parfois douter de la grâce du sien, jusqu’au moment où, dans sa présence, comme le lépreux, nous découvrons que le cœur de Jésus est « ému de compassion » envers le plus vil des pécheurs qui vient à lui. La femme auprès du puits et le brigand sur la croix ont eux aussi trouvé en Jésus quelqu’un qui connaissait les pires choses à leur sujet, et qui pourtant avait le cœur rempli de grâce pour eux. Sa grâce est plus grande que notre péché. Dans le cas du lépreux, le Seigneur chasse le doute en disant : « Je veux », exprimant l’amour et la compassion d’un cœur prêt à faire usage de sa puissance en faveur d’un homme dans le besoin.
Ce qui suit présente un autre trait magnifique du parfait Serviteur. Il ne cherche pas sa propre gloire, mais la gloire de Celui qu’il sert. Ainsi nous entendons le Seigneur dire au lépreux guéri : « Prends garde de n’en rien dire à personne ». Toutefois, il doit se montrer au sacrificateur, et la loi devient ainsi un témoin de la présence de Dieu en grâce. Sous la loi, Dieu seul pouvait guérir le lépreux, et le sacrificateur ne pouvait que rendre témoignage de ce que Dieu avait fait.
Ainsi dès le début du sentier d’humble service du Seigneur, sa perfection comme Serviteur est placée devant nous. Son service est caractérisé par l’autorité, accompagnée de la puissance. Cette puissance est combinée avec sa disponibilité envers les humbles et les nécessiteux, et elle est exercée dans la dépendance de Dieu ; il refuse de l’employer pour acquérir de la popularité ; elle est jointe à sa tendre compassion et il ne l’utilise jamais dans le but de s’exalter lui-même.
Dans la partie de l’évangile que nous venons de considérer, nous avons vu le parfait Serviteur ; cette nouvelle division place devant nous la perfection de son service, la foi qui en bénéficie et l’opposition qu’il suscite. Il nous est accordé de voir que le ministère du Seigneur est caractérisé par la justice et la grâce — la justice qui soulève la question des péchés (v. 1-12) et la grâce qui bénit les pécheurs (v. 13-17). Un tel ministère suscite aussitôt l’opposition des hommes, car la justice qui soulève la question des péchés dérange la conscience, et la grâce qui bénit le pécheur offense l’orgueil religieux.
Nous avons déjà vu le Seigneur et ses disciples à Capernaüm. Une nouvelle fois il entre dans cette ville privilégiée et annonce la parole aux foules qui s’assemblent. On pourrait croire que les âmes sont avides d’entendre la vérité ; hélas ! un peu plus tard le Seigneur doit dire : « Toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans le hadès ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits dans Sodome, elle serait demeurée jusqu’à aujourd’hui. Mais je vous dis que le sort du pays de Sodome sera plus supportable au jour de jugement que le tien ». C’est à Capernaüm que l’homme avait été délivré d’un esprit immonde ; c’est là que la belle-mère de Simon avait été guérie ; c’est là qu’on lui avait apporté la multitude de ceux qui se portaient mal et qu’il les avait guéris, et c’est là que le paralytique recevait maintenant le pardon de ses péchés. Capernaüm avait véritablement été placée très près du ciel, de la puissance et de la grâce du ciel, mais en vain pour ce qui concernait la grande masse. En ce jour-là comme dans le nôtre, la seule présence des foules ne signifie pas que les âmes sont exercées ou les consciences réveillées. La venue du Seigneur au milieu d’eux n’était à leurs yeux que la merveille du jour ; mais devant Dieu, l’absence de repentir en présence d’un tel ministère les mettait dans une condition plus terrible.
Toutefois, là où il y avait de la foi en Christ, la bénédiction était reçue. L’œuvre de Dieu n’est pas accomplie par des mouvements de masse, mais par le travail individuel dans les âmes ; et là où il y a de la foi, il y aura des difficultés à vaincre. Le paralytique ne pouvait rien faire par lui-même, aussi était-il « porté par quatre personnes » ; et même ainsi, ils ne pouvaient « s’approcher de lui, à cause de la foule ». Mais la foi vainc tous les obstacles.
Le Seigneur reconnaît leur foi et, comme dans chacune de ses voies envers nous, il voit au-delà du simple besoin extérieur qui peut nous avoir amené à lui, et s’occupe d’abord de la racine du mal. Au-delà de la paralysie, comme au-delà de toute maladie, il y a la question du péché qui a introduit la maladie et la mort dans le monde. Il se peut que l’homme et ceux qui l’avaient amené n’aient été que peu exercés quant aux péchés ; cependant ils avaient foi dans le Seigneur, et le Seigneur répond tout de suite à cette foi et commence à révéler les bénédictions qui sont la part de ceux qui croient ; ainsi il peut dire : « Tes péchés sont pardonnés ».
Dès le moment où le Seigneur fait usage de sa puissance pour pardonner les péchés, l’opposition se manifeste. Les hommes ne font pas d’objection à ce que des démons soient chassés, ni à la guérison de maladies ou à la purification de lépreux, car de telles délivrances soulagent l’homme d’épreuves physiques sans nécessairement troubler sa conscience. Mais dès qu’Il parle des péchés, la conscience est atteinte et les hommes commencent à s’opposer. Ils disent : « Qui peut pardonner les péchés, sinon un seul, Dieu ? » Leur argument était juste quant au principe, car Dieu seul peut pardonner les péchés ; il était faux dans son application, car ils ne discernaient pas la gloire de la Personne qui était présente — Dieu manifesté en chair.
Les hommes qui raisonnaient ainsi sont laissés sans excuse, car le Seigneur agit de manière à mettre en évidence la gloire de sa Personne. Il leur montre qu’ils sont en présence de Celui à qui aucune pensée n’est cachée. Ils n’ont peut-être pas prononcé une parole, mais tout était connu de Celui qui sonde les cœurs et peut dire : « Pourquoi faites-vous ces raisonnements dans vos cœurs ? » La réponse à leurs raisonnements, comme à tous les raisonnements humains, n’est-elle pas que, chez celui qui n’a pas conscience de ses besoins, il ne peut y avoir d’appréciation de la Personne de Christ ?
Dans sa grâce le Seigneur prononce une autre parole qui manifeste sa puissance divine d’une manière que même l’homme naturel peut apprécier. « Lequel est le plus facile, de dire... : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, prends ton petit lit, et marche ? » Il a été dit à juste titre : « Les deux étaient également faciles pour Dieu, également impossibles pour l’homme ». Afin que les hommes « sachent » que le Seigneur avait le pouvoir de pardonner, il dit au paralytique : « Lève-toi, prends ton petit lit, et va dans ta maison ». Cette manifestation extérieure de puissance était le garant de la réception intérieure du don de la grâce. La foule dit aussitôt : « Nous ne vîmes jamais pareille chose ».
La proclamation du pardon des péchés a excité le ressentiment des chefs juifs. Cette opposition est le premier signe du rejet complet de Christ, rejet qui impliquait la mise de côté des Juifs. C’est alors l’occasion de donner, dans l’appel de Lévi, une indication de la dispensation nouvelle qui allait être introduite par le Seigneur. Ainsi nous lisons : « Et il sortit encore et longea la mer ». Dans l’Écriture, la mer est souvent employée pour représenter les nations ; elle suggère par conséquent la grande vérité que le Seigneur allait devenir le centre de rassemblement du christianisme, pour les croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils. La parole adressée à Lévi était : « Suis-moi ». En outre, le fait que Lévi était un publicain, ou un percepteur d’impôts, met en évidence le grand trait caractéristique du christianisme en contraste avec la loi. Aux yeux d’un Juif, aucune occupation n’était plus vile et plus scandaleuse que celle d’un homme qui gagnait sa vie en extorquant le tribut pour les Romains haïs. Que le Seigneur puisse appeler un tel homme, c’était la manifestation de la grâce immense qui élève un pécheur de la place de dégradation la plus basse à la place la plus élevée, au service du Seigneur comme apôtre. Lévi répond aussitôt à l’appel, et prépare dans sa maison un festin auquel il invite beaucoup de publicains et de pécheurs, afin que ceux-ci puissent rencontrer le Sauveur des pécheurs.
Une telle manifestation de grâce excite l’opposition de ceux que caractérisent l’orgueil intellectuel et l’orgueil religieux. Ils sont profondément offensés par la grâce qui les ignore, prend un pécheur beaucoup plus enfoncé qu’eux dans la dégradation morale, et l’élève à une place bien supérieure à la leur en bénédiction et en puissance. Ces opposants ne s’approchent pas de Christ, comme une âme exercée l’aurait fait, mais ils se tournent vers les disciples. Et, de même que le serpent chercha à ébranler la confiance d’Ève en Dieu en posant ce qui paraissait être une question toute simple, ces hommes essaient d’ébranler la confiance des disciples dans le Seigneur en posant ce qui pouvait leur sembler une question très sensée : « Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les pécheurs ? »
Le Seigneur répond à cette question par une simple analogie : « ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal ». Puis il en fait l’application en disant : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ». Ils insinuaient que le Seigneur s’associait à des pécheurs ; il répond qu’il « appelait » des pécheurs à quitter leur état pour le suivre. La grâce envers le pécheur ne signifie pas de l’indifférence à l’égard de ses péchés.
Mais les pharisiens gagnent de l’assurance. Ils avaient essayé de saper la confiance des disciples dans le Seigneur en leur posant des questions à son sujet ; maintenant ils vont chercher à prendre les disciples en faute en soulevant devant le Seigneur des questions à leur propos. « Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, mais tes disciples ne jeûnent pas ? »
Le Seigneur a de nouveau recours à une analogie pour mettre au jour leur folie. Conviendrait-il de jeûner en présence de l’Époux ? Pareillement, serait-il opportun de jeûner en présence de Celui qui dispensait la bénédiction tout autour de lui ? Les jours viendraient où Christ ne serait plus là. Considération solennelle pour ceux qui s’opposaient à la grâce ! Alors, certes, le jeûne serait à sa place ; non simplement l’abstention de nourriture, mais le renoncement aux plaisirs d’un monde qui a rejeté Christ. Comme toujours, le Seigneur fait davantage que de répondre à leur question. Il prouve qu’elle révèle leur incapacité totale à entrer dans les voies nouvelles de Dieu en grâce. Le nouveau caractère de la grâce manifesté dans la vie, la marche et la conduite, ne pouvait pas davantage être lié à l’ancien ordre de choses qu’une pièce de drap neuf ne peut être cousue à un vieil habit. La vie intérieure, et la puissance de cette nouvelle vie, ne peuvent pas non plus être contenues dans de vieilles outres. Le vin nouveau demande des outres neuves. La puissance et l’énergie du Saint Esprit n’ont rien de commun avec la chair. Le Seigneur introduisait ce qui était entièrement nouveau, présenté en figure par la « pièce neuve », le « vin nouveau » et les « outres neuves ». Quand ce qui est nouveau est introduit, on ne peut pas retourner à ce qui est ancien. Hélas ! c’est ce que la chrétienté a essayé de faire en attachant les formes du judaïsme au christianisme. Les doctrines de la grâce ont été reçues, mais dans la pratique, les formes de la loi ont été adoptées.
Dans l’incident qui eut lieu un jour de sabbat, nous voyons une indication de plus que tout le système représenté par le sabbat allait être mis de côté. En soulevant la question du sabbat, les pharisiens professent un grand zèle pour l’observation extérieure d’un jour, alors qu’ils sont absolument indifférents au fait que le Seigneur du sabbat et ses disciples peuvent avoir faim. Ils prétendaient glorifier Dieu au moment même où ils rejetaient son témoin. Le Seigneur démasque leur hypocrisie en rappelant l’histoire de David et de ses compagnons qui, au jour de leur rejet, eurent faim. Dans cette circonstance, lorsque l’oint de Dieu était rejeté, pourchassé et affamé, le pain de proposition perdait sa valeur à Ses yeux, et ainsi David et ceux qui étaient avec lui ne commettaient pas de péché en agissant contrairement à la lettre de la loi et en mangeant de ce pain. De même pour le sabbat : il était pour la bénédiction des hommes et non pas pour augmenter les souffrances d’êtres affamés. En outre, « le Fils de l’homme est Seigneur aussi du sabbat », et par conséquent au-dessus du sabbat qu’il a institué.
Dans le cours de ce chapitre, il nous est ainsi accordé de voir la justice qui soulève la question des péchés, la grâce qui pardonne les péchés et appelle des pécheurs, et la foi qui obtient la bénédiction. Puis nous voyons l’opposition que le cœur naturel, s’il est laissé à lui-même, élève toujours contre un ministère de justice et de grâce. Enfin, cette opposition devient l’occasion de montrer le changement de dispensation qui allait se produire.
Dans les chapitres précédents, nous avons vu le parfait Serviteur, dans son ministère de grâce et de puissance, dispenser la bénédiction au milieu de la nation juive. Nous avons vu également que si ce ministère mettait en lumière la foi d’un résidu pieux, il suscitait aussi l’inimitié des conducteurs de la nation. Ils osèrent accuser le Seigneur d’être un blasphémateur, de s’associer avec des pécheurs et de violer le sabbat.
Cette opposition annonçait le grand changement de dispensation qui allait avoir lieu. Les Juifs, qui rejettent leur Messie et commettent l’impardonnable péché contre le Saint Esprit, seront mis de côté, et la grâce se déversera sur les Gentils. L’ancien ordre de choses sous la loi et le judaïsme cédera la place au règne de la grâce sous le christianisme. Ce changement de dispensation est indiqué, dans cette nouvelle division de l’évangile, par une série d’événements se déroulant dans la synagogue (v. 1-6), au bord de la mer (v. 7-12), sur la montagne (v. 13-19), et dans la maison (v. 20-35). Chacune de ces places et de ces scènes a sa signification particulière.
Le premier incident nous montre le Seigneur entrant « encore dans la synagogue », mettant ainsi en évidence sa présence au milieu de la nation juive — car la synagogue était le lieu de rassemblement de ceux qui étaient sous la loi. Quelle scène frappante n’avons-nous pas dans cette synagogue de Capernaüm ! Le Serviteur parfait de Dieu — le Seigneur de gloire — est là avec sa puissance pour bénir, et la grâce de son cœur pour faire bénéficier de cette puissance celui qui en a besoin. L’homme est là dans toute la profondeur de ses besoins, mais incapable de faire quoi que ce soit par lui-même, car il a la main desséchée. L’homme religieux est là, sans aucune conscience de ses besoins, aveugle à la gloire du Seigneur et indifférent aux besoins des autres.
De ces pharisiens, il est dit qu’« ils l’observaient », non pas pour apprendre quelque chose de ses voies et de la grâce de son cœur, mais pour voir s’il ferait du bien « le jour de sabbat » en guérissant le pauvre infirme qui se trouvait là. Cela leur donnerait ainsi l’occasion d’accuser le Seigneur de travailler le jour de sabbat. Quel témoignage à la perfection de Christ : ses ennemis n’attendent aucun mal de lui, mais savent qu’il fera du bien ! De nos jours, et dans une certaine mesure, les hommes du monde ne rendent-ils pas inconsciemment témoignage à la vérité du christianisme, en attendant des chrétiens qu’ils fassent le bien et agissent d’une manière différente de la leur ? Si le christianisme était entièrement faux, pourquoi les inconvertis voudraient-ils que les chrétiens agissent mieux qu’eux ?
Si le Seigneur n’était pas le Fils de Dieu et le Serviteur de l’Éternel, pourquoi ces Juifs s’attendraient-ils à ce qu’il guérisse cet homme ? Inconsciemment, ils rendent témoignage à la grâce de son cœur et à la dureté des leurs. Comme le Seigneur savait ce qui était dans leurs cœurs et qu’ils cherchaient une occasion contre lui, nous pourrions penser qu’il aurait été prudent de s’abstenir de guérir l’homme en public, et de priver ainsi ces hommes méchants de ce qu’ils attendaient. Mais le Seigneur était là pour manifester la grâce de Dieu ; aussi agit-il tout à fait ouvertement. Il dit à l’homme de se lever « là devant tous ». Par la question qu’il leur pose, le Seigneur donne à ses adversaires la possibilité de formuler la difficulté qu’ils éprouvaient à l’égard d’une guérison le jour de sabbat. Mais nous lisons : « Ils gardaient le silence ». Ce silence n’était pas celui de l’humble grâce qui caractérisait le Seigneur lorsque, en présence des insultes, il ne répondait pas un mot. C’était un silence purement politique. Plus éloquemment que des paroles, il trahissait la haine impuissante de leurs cœurs. Le Seigneur les regarde avec une juste colère. Mais derrière celle-ci, il y avait de la douleur. Il était attristé de l’endurcissement de leurs cœurs, ces cœurs qui étaient tout à fait indifférents aux besoins de l’homme, absolument incapables d’y répondre, et opposés avec acharnement à Celui en qui étaient et la grâce et la puissance pour bénir. Ainsi, ces hommes qui ne voulaient pas permettre au Seigneur de faire du bien le jour de sabbat étaient tout prêts à faire du mal. Tout à l’heure ils l’avaient observé pour l’accuser, maintenant ils tiennent conseil pour faire périr le Dispensateur de la bénédiction.
La méchanceté des Juifs ne peut pas arrêter la grâce du Seigneur, ni entraver son infatigable service d’amour. En fait, elle dévie celui-ci dans d’autres canaux et amène la grâce à atteindre un cercle plus large. Ce changement dans les voies de Dieu est suggéré par le fait que le Seigneur se retire de la synagogue — le centre juif — et sort vers la mer, employée si souvent dans l’Écriture comme une image des nations. Le rejet de Christ par les Juifs ouvre la porte à la bénédiction des Gentils.
En outre, dans cette nouvelle position du Seigneur, nous avons une indication des principes nouveaux qui caractérisent le jour de la grâce. Les Juifs dans la synagogue étaient dirigés par la vue — « ils l’observaient » ; leurs cœurs étaient endurcis quant à leurs propres besoins, et pleins d’inimitié à l’égard de Celui qui seul pouvait y répondre. Ce qui se passe au bord de la mer est bien différent : « une grande multitude », comprenant des Gentils, est attirée vers le Seigneur, « ayant entendu les choses qu’il faisait ». La foi vient de ce qu’on entend et résulte d’un sentiment de besoin. En effet, s’ils étaient attirés vers Christ par sa grâce, ils étaient poussés vers lui par leurs besoins. « Tous ceux qui étaient affligés de quelque fléau » venaient. Salomon, dans sa prière, parle de tout homme reconnaissant « la plaie de son propre cœur », et mentionne le seul moyen de guérison : la placer devant Dieu (1 Rois 8:38). Une plaie dans le cœur est une chose connue seulement de celui qui en est atteint, et qui le prive de sa joie. Ce peut être une question non réglée entre l’âme et Dieu, ou un péché caché non confessé. La foi, consciente de la grâce qui est dans le cœur de Christ, peut découvrir sa plaie devant lui et trouver la délivrance de tout ce qui la trouble.
La scène se déplace de nouveau de la mer à la montagne. Le Seigneur avait été avec les Juifs dans leur synagogue et il n’y avait trouvé qu’une main desséchée, des cœurs endurcis et une inimitié mortelle. Au bord de la mer, il avait été le centre d’attraction pour les âmes dans le besoin, parmi les Juifs et les Gentils. Nous sommes maintenant élevés au-dessus du monde des hommes pour apprendre, sur la montagne, quelque chose des nouvelles voies de Dieu. Dans le choix souverain des douze, le fondement est posé pour le nouvel ordre de bénédiction qui allait être introduit. L’Église est tirée d’entre les Juifs et les Gentils et est édifiée « sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin » (Éph. 2:20). Lorsque, à la fin, nous avons une description de l’Église dans la gloire, nous trouvons sur les fondements de la cité les noms des douze apôtres de l’Agneau (Apoc. 21:14).
Cette œuvre nouvelle ne découle pas de la responsabilité de l’homme. Elle est entièrement de Dieu. Le Seigneur, s’étant retiré des hommes et de leur monde, « appelle ceux qu’il voulait », selon son choix souverain. Il les appelle, il les établit, il les envoie, et il leur donne de la puissance. Mais avant tout, ils sont choisis « pour être avec lui ». L’objet le plus important et le plus cher à son cœur est d’avoir les siens avec lui. Ici, toutefois, c’est spécialement en vue du service, pour lequel la compagnie du Seigneur est la seule vraie préparation. Ainsi, dans une scène antérieure, le Seigneur pouvait dire : « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ». (Et plus tard, en Jean 12:26 : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive »). Comme le fait de le suivre sur la montagne l’indique, pour trouver Christ, nous devons être séparés du monde comme il l’est lui-même. De là, de cette place de séparation dans sa compagnie, les disciples sont envoyés pour prêcher la bonne nouvelle. C’était quelque chose de tout à fait nouveau. Dans le système juif, il y avait bien la lecture et l’explication de la loi dans les synagogues, mais il n’y avait pas de prédication. Cette chose nouvelle devait être introduite avec la puissance de guérir les maladies et de chasser les démons. Non seulement Christ fait lui-même des miracles, mais il peut donner à d’autres la puissance d’en accomplir.
S’étant associé les disciples, le Seigneur entre maintenant dans la maison. En rapport avec la maison, il est question de ses proches selon la chair. Si, sur la montagne, nous voyons posé le fondement de ce qui est entièrement nouveau, dans la maison, nous apprenons que le Seigneur ne reconnaît plus aucun lien avec Israël selon la chair. Ses proches éprouvaient de la honte à être liés à un homme que leurs chefs condamnaient, et dont l’enseignement et les voies condamnaient le monde. N’étant pas préparés à porter l’opprobre du Christ, ils cherchaient à l’arrêter, car ils disaient : « Il est hors de sens ». Ils admettaient vraisemblablement toutes les accusations que leurs chefs prononçaient contre lui, mais ils disaient : « il est hors de sens », il faut le tenir sous garde.
Les scribes de Jérusalem qui, en raison de leur position officielle et de leur supériorité intellectuelle, avaient de la puissance et de l’influence sur le peuple, refusent d’accepter le prétexte de la folie. Ils savaient qu’il ne s’agissait pas de l’esprit d’un malade mental, concentrant toute son énergie sur un seul point, mais d’une puissance très réelle qui chassait les démons. Ils savaient que c’était une puissance au-delà de celle de l’homme. Ils ne voulaient pas reconnaître qu’elle était de Dieu et, par conséquent, ils étaient obligés de l’imputer au diable — la seule autre puissance possible.
Cette terrible accusation scelle leur condamnation. Et pourtant, avec quelle grâce et quel calme parfaits le Seigneur ne répond-il pas à cette méchanceté. Sur la montagne, le Seigneur venait d’appeler les douze à lui, pour se les associer dans un ministère de bénédiction. Il appelle maintenant à lui ses ennemis pour prononcer leur condamnation. Quelle pensée solennelle ! Celui qui appelle en grâce, appellera en jugement. Le Seigneur montre que leur accusation n’était pas seulement folie et ignorance, mais un blasphème délibéré contre le Saint Esprit. Il y avait ici Celui qui, plus puissant que l’homme fort, pillait ses biens, montrant par là qu’il l’avait lié. Toute cette puissance était exercée par le Seigneur Jésus dans la puissance du Saint Esprit (cf. Actes 10:38). Aussi, l’attribuer au diable, c’était traiter le Saint Esprit de démon. Un tel péché ne pouvait pas être pardonné. C’était la fin de tout espoir pour Israël sur le terrain de la responsabilité. Tel est le solennel aboutissement de tout le service de grâce du Seigneur dans ce monde. « Dans l’activité de la bonté divine, l’homme ne peut rien voir d’autre que folie et œuvre du diable » (J. N. D.).
La scène solennelle qui suit en est le résultat terrible pour la nation juive. Toute relation avec Israël selon la chair est abandonnée. Tout lien avec la nation est brisé. En même temps le Seigneur distingue un résidu, qui est en relation avec lui, non pas en raison de ses liens naturels avec Israël, mais par la foi en Sa parole (voir Jean 6:39, 40).
Dans le chapitre 4 de Marc, quatre paraboles et l’incident de la tempête sur la mer donnent un tableau complet du service du Seigneur sur la terre lors de sa première venue, et le résultat de ce service lorsqu’il est laissé à la responsabilité des hommes pendant le temps de son absence.
Le rejet de Christ par les chefs des Juifs, et — ce qui en est résulté — la rupture par Christ lui-même de tout lien avec Israël selon la chair, ainsi que nous l’avons vu au chapitre 3, donnent l’occasion de révéler le vrai caractère du service du Seigneur. Jusqu’à ce moment, dans son ministère de grâce, il semblait chercher du fruit en Israël ; maintenant, la parabole du Semeur montre clairement qu’il travaillait pour produire du fruit. Son ministère était en fait une mise à l’épreuve d’Israël, prouvant qu’il n’y a pas de fruit pour Dieu dans l’homme déchu laissé à lui-même. S’il doit y avoir du fruit, il ne peut être produit que par l’œuvre de Dieu lui-même dans l’âme des hommes, ce qui est représenté par le travail du semeur.
En outre, si une œuvre de Dieu est nécessaire, elle ne peut pas être limitée à une nation. Cela prouve que les besoins des Juifs sont aussi grands que ceux des Gentils, et que tous les deux sont pareillement incapables d’assurer leur propre bénédiction. Ainsi le service de grâce du Seigneur a en vue tous les hommes. Cette vérité est suggérée par le fait que le Seigneur « se mit encore à enseigner près de la mer ».
Dans l’interprétation stricte de la parabole, nous devons tous reconnaître que le Seigneur est le Semeur et que la semence est la parole de Dieu. Par conséquent, le Semeur était parfait, l’ensemencement était sans défaut et la semence, bonne. Toutefois, à cause du caractère du sol, dans trois cas sur quatre aucun résultat durable n’est produit. La parabole indique que lorsque l’évangile est prêché, il peut être écouté par quatre classes différentes de personnes. Pour employer le langage de la parabole, il y a des auditeurs caractérisés comme étant « le long du chemin », des auditeurs pareils à « des endroits rocailleux », d’autres semblables à un sol couvert d’« épines » et enfin ceux dont il est parlé comme étant de « la bonne terre ».
Ceux qui sont « le long du chemin » sont ceux qui entendent sans que leur conscience soit atteinte. C’est comme de la semence qui tombe sur le sol dur, mais ne pénètre pas sous la surface. Les oiseaux du ciel n’ont aucune peine à dévorer ces grains, et Satan peut enlever ce qui n’est que d’un intérêt passager pour l’esprit et ne touche pas la conscience.
La semence qui tombe sur les endroits rocailleux lève et revêt une certaine apparence, mais sous la chaleur du soleil elle se flétrit, parce qu’elle n’a pas une terre profonde. Le Seigneur explique que ce sont là ceux qui, lorsqu’ils ont entendu la parole, la reçoivent aussitôt avec joie ; mais il n’y a pas d’œuvre de Dieu dans leur âme. Recevoir la parole avec joie, sans exercice préalable, n’est pas un bon signe. Lorsque Dieu travaille dans une âme, il agit dans la conscience, réveillant un sentiment de péchés et de culpabilité. Ainsi le premier effet de la parole n’est pas la joie, mais l’affliction. Cela conduit au jugement de soi-même et à la repentance envers Dieu. À la suite du jugement de soi-même, les ténèbres se dissipent ; la lumière de Dieu pénètre dans le cœur, produisant un exercice auquel répond l’amour de Dieu inspirant la confiance, quand la lumière a fait son œuvre.
Dans le troisième cas, la bonne nouvelle est entendue, mais la parole est étouffée et ne produit pas de résultat durable. Dans chacun des cas le Seigneur parle de ceux qui ont entendu la parole, non pas de ceux qui n’ont jamais entendu l’évangile. Entendre la parole semble impliquer une certaine profession qui permet d’espérer qu’il y a eu une vraie conversion, jusqu’à preuve du contraire. Les auditeurs comparés à un sol couvert d’épines représentent ceux qui sont tellement accablés par le souci quant aux choses présentes, ou si absorbés par la poursuite des choses du monde, que leur profession s’évanouit. La convoitise à l’égard des autres choses étouffe la seule chose nécessaire. Le pauvre peut être écrasé par les soucis ; le riche, par la tromperie des richesses. Quelle chose solennelle pour une âme que d’être ruinée par les soucis ou perdue par les richesses ! Que profitera-t-il à un homme de gagner le monde entier s’il fait la perte de son âme ?
Le dernier cas est celui de l’auditeur comparé à la bonne terre. Une bonne terre est toujours une terre préparée. La conscience a été touchée et par conséquent du fruit est produit, mais même là, il y a différents degrés : l’un trente, et l’un soixante, et l’un cent. Les choses qui sont fatales à l’incrédule peuvent gravement entraver la prospérité du vrai croyant.
Dans la deuxième parabole, nous apprenons que celui qui a reçu la bonne semence de la parole dans son cœur est rendu capable d’être un témoin devant les hommes, et qu’il en est responsable. Ce qui est fruit pour Dieu devient lumière pour l’homme. Faire briller la lumière n’est pas une question de don, ni l’exercice d’une activité dans la prédication ou l’enseignement ; c’est plutôt la vie nouvelle exprimant quelque chose de Christ, en étant comme Christ, « sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde » (Phil. 2:15).
Le Seigneur nous prévient que s’il y a des obstacles à ce que la semence produise du fruit, il peut aussi y en avoir à ce que la lumière brille pour les autres, une fois que la parole a véritablement opéré dans le cœur. De même que la semence peut être étouffée par les soucis du siècle ou la tromperie des richesses, la lumière peut être obscurcie, soit parce que nous sommes absorbés par les affaires de la vie, représentées par le boisseau ; soit parce que nous recherchons nos aises, comme le suggère le lit. Le chrétien n’est pas considéré comme étant la lumière ; il est le pied de lampe. Christ est la lumière, le chrétien est le chandelier.
La mesure dans laquelle nous aurons été fidèles ou infidèles en rendant témoignage pour Christ sera rendue manifeste à la fin. Le secret pour être un luminaire pour Christ, c’est d’avoir Christ dans le cœur. « À moins que le cœur ne soit rempli de Christ, la vérité ne sera pas manifestée ; si on a le cœur rempli de soi-même ou d’autres choses, Christ ne peut être manifesté » (J. N. D.).
Comment alors nos cœurs peuvent-ils être remplis de Christ ? L’exhortation du Seigneur indique que pour pouvoir en éclairer d’autres, il nous faut d’abord nous-mêmes écouter. « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Le Seigneur lui-même peut dire par le prophète : « Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne » (És. 50:4). Si nous voulons avoir la langue des savants, commençons par avoir l’oreille de ceux qu’on enseigne. Si nous voulons savoir comment soutenir par une parole celui qui est las, écoutons d’abord la parole de Celui qui n’est jamais las. Comme Marie autrefois, nous devons nous asseoir à ses pieds pour écouter sa parole, avant de pouvoir rendre témoignage à d’autres.
En outre, en rendant témoignage, nous serons nous-mêmes bénis, car le Seigneur peut dire : « De la mesure dont vous mesurerez il vous sera mesuré ». Plus nous donnons, plus il nous sera donné. Si nous permettons à la lumière que nous avons de briller, nous recevrons davantage de lumière. On a dit très justement que la loi du ciel, c’est : « Disperser pour augmenter ». Mais souvenons-nous aussi que si nous ne nous servons pas de la lumière que nous avons, nous la perdrons. Ce n’est pas la vie que nous perdrons, mais la lumière.
Le Seigneur se sert d’une troisième parabole pour montrer que le temps durant lequel le témoignage du croyant est rendu est celui de son absence. Le Royaume de Dieu allait prendre une forme dans laquelle le Roi serait absent. C’est comme si un homme, après avoir jeté de la semence sur la terre, ne faisait rien de plus jusqu’au moment de la moisson. Le Seigneur avait répandu personnellement la semence lors de sa première venue et, à la fin du siècle, lorsque ce monde sera mûr pour le jugement, il reviendra personnellement. Entre sa première et sa seconde venue, il est à la droite de Dieu et, bien qu’il agisse toujours en grâce envers les siens, il n’intervient pas publiquement et directement dans les affaires de ce monde. Toutefois la semence que le Seigneur a répandue croît et produit du fruit.
La dernière parabole présente le résultat des semailles lorsqu’elles sont laissées à la responsabilité de l’homme. Le christianisme qui, à son début, était de très petite apparence, « semblable à un grain de moutarde », devient entre les mains des hommes une grande puissance sur la terre. Mais dans sa grandeur, il devient un abri pour le mal. « Les oiseaux du ciel peuvent demeurer sous son ombre ». Ce qui, au début, attirait des âmes hors de ce monde pour les rassembler autour du Seigneur, devient à la fin un vaste système qui abrite toutes les choses mauvaises.
La tempête sur la mer fournit un tableau qui vient compléter l’enseignement de ce chapitre. Nous avons vu le Seigneur semer de la bonne semence, et nous avons appris que ceux dans le cœur desquels la semence a été productive sont laissés dans ce monde afin d’y être des lumières pour Christ. La troisième parabole nous a enseigné que ce témoignage aurait lieu pendant l’absence de Christ. La dernière nous a indiqué que, pendant son absence, une vaste profession religieuse allait se développer et devenir un abri pour le mal. Maintenant nous apprenons que, dans un tel monde, ceux qui appartiennent véritablement au Seigneur rencontreront des épreuves, mais que le Seigneur Jésus, bien qu’étant absent pour la vue, est présent pour la foi, et qu’il domine toutes les tempêtes que les siens ont à rencontrer.
Cette scène touchante s’ouvre par les paroles du Seigneur : « Passons à l’autre rive ». Ses dernières paroles à Pierre avant de quitter ce monde ont été : « Toi, suis-moi ». Attirés vers lui par nos besoins et par sa grâce, nous le suivons dans un sentier qui mène à « l’autre rive » — au cœur même de la gloire où il est allé. Cependant, si nous sommes en sa compagnie, nous pouvons nous attendre à des luttes, car le diable est toujours opposé à Christ. Ainsi, dans ce tableau, nous lisons : « Il se lève un grand tourbillon de vent ». Toutefois Jésus était avec eux, mais il dormait sur un oreiller. De même que dans la parabole, après avoir jeté la semence, il était comme un homme qui dormait (v. 27), maintenant, dans la tempête, il dormait effectivement. Et il était ainsi, en apparence, indifférent aux épreuves des siens. De telles circonstances mettent très réellement notre foi à l’épreuve et, comme les disciples, nous pouvons même en arriver à nous demander si vraiment il se met en peine pour nous. Mais si elles sont permises pour éprouver notre foi, ces circonstances deviennent aussi l’occasion de manifester sa suprématie sur toutes les épreuves que nous devons rencontrer. De même qu’autrefois, « s’étant réveillé, il reprit le vent, et dit à la mer : Fais silence, tais-toi ! » aujourd’hui encore, à l’heure et de la manière qu’il voudra, il peut apaiser toute tempête et nous introduire dans « un grand calme ». Dans l’esprit de ce tableau frappant, l’apôtre peut écrire aux croyants de Thessalonique : « Or le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours la paix en toute manière. Le Seigneur soit avec vous tous » (2 Thess. 3:16). La foi réalise que, quelles que soient les tempêtes que nous ayons à traverser, le Seigneur est avec nous pour nous donner la paix en tout temps et en toute circonstance. Préoccupés par « un grand tourbillon de vent et les vagues » qui assaillent notre frêle embarcation, nous pouvons oublier Christ et ne penser égoïstement qu’à nous-mêmes ; nous disons alors, comme les disciples : Nous périssons. Mais une tempête soulevée par le diable parviendra-t-elle jamais à faire échouer les conseils de Dieu à l’égard de Christ et des siens ? Aucune de ses brebis ne périra jamais ; toutes atteindront le but à la fin. Hélas ! trop souvent, comme les disciples, nous n’avons qu’un bien faible sentiment de la gloire de la Personne qui est avec nous. Ils ne réalisaient guère que l’Homme qui était avec eux était aussi le Fils de Dieu.
Nous avons vu le parfait Serviteur semant la bonne semence. Il nous est accordé maintenant de voir une autre forme de Son service — sa manière d’agir avec les âmes individuellement. Dans ce service de grâce, nous voyons non seulement la bénédiction spirituelle des âmes, mais aussi la puissance divine triomphant du diable, de la maladie et de la mort. Il devient ainsi évident que, dans la Personne du Seigneur, Dieu était présent en grâce et en puissance pour délivrer l’homme des conséquences du péché ; mais même ainsi, la présence de Dieu est intolérable à l’homme.
La première chose placée d’une manière frappante devant nous, dans l’histoire du démoniaque, c’est la misère complète de l’homme sous la puissance de Satan. Nous voyons un homme « qui avait sa demeure dans les sépulcres ». Les hommes meurent là où ils habitent, et on trouvera toujours un cimetière avec ses tombes près de leurs habitations, pour nous rappeler sans cesse que ce monde est sous l’ombre de la mort. Toute la puissance de Satan se déploie pour entraîner l’homme à la mort. « Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire » (Jean 10:10). Il voudrait nous dépouiller de toute bénédiction spirituelle, tuer le corps et détruire l’âme.
Deuxièmement, ce récit nous montre la totale incapacité de l’homme de se délivrer lui-même, ou de délivrer autrui, de la puissance de Satan. Les efforts pour réprimer la violence de ce pauvre homme ou pour le dompter, étaient tous vains. De même aujourd’hui, toute tentative de refréner le mal ou de réformer la chair ne parvient jamais à délivrer le monde ni de sa violence et de sa corruption, ni de la puissance de Satan, et est totalement incapable de changer la chair.
Troisièmement, nous apprenons que, malgré notre ruine et notre incapacité, nous avons dans la Personne de Christ Celui dont la puissance et la grâce peuvent nous délivrer de tout le pouvoir de Satan. Le pauvre homme est si totalement identifié avec l’esprit immonde, que son corps est la demeure et l’instrument du démon qui agit et parle par lui. Mais les démons doivent s’incliner devant Celui qu’ils savent être le Fils de Dieu, Celui qui a la puissance de les livrer à leur juste jugement. Les hommes peuvent ignorer la gloire et l’autorité de Christ, mais pas les démons. Comme à la parole de Christ ils doivent sortir de l’homme, ils demandent d’être envoyés dans des pourceaux. Apparemment, les mauvais esprits ont besoin d’un corps naturel par lequel ils peuvent agir. Ayant obtenu la permission de le faire, ils entrent dans les pourceaux. Leur méchanceté et leur désir de destruction se manifestent alors immédiatement, car là, ils ne rencontrent pas de résistance dont ils ne puissent triompher instantanément. Ainsi tout le troupeau se rue aussitôt dans la mer et est anéanti.
Quatrièmement, cet incident solennel nous apprend que si le pouvoir de Satan est terrible pour l’homme, la présence de Dieu lui est intolérable, même lorsqu’elle se manifeste en puissance et en grâce pour délivrer. Quelqu’un a dit que l’homme « redoute davantage Jésus et sa grâce que le diable et ses œuvres ». Les hommes de la ville, qui sortent « pour voir ce qui était arrivé », sont tout de suite mis en présence de la manifestation de la grâce et de la puissance de Jésus. L’homme qui avait été pendant si longtemps un fléau pour le pays, ils le trouvent « assis, vêtu, et dans son bon sens ». Magnifique image d’une âme véritablement convertie, délivrée du terrible pouvoir de Satan, et amenée à goûter le repos aux pieds de Jésus ; elle n’est plus nue et exposée au jugement, mais vêtue et libérée de toute accusation, justifiée devant Dieu, Christ étant sa justice ; elle est dans son bon sens — réconciliée, toute inimitié contre Dieu ayant disparu.
Alors nous lisons : « Ils eurent peur ». Quel commentaire sur l’état des hommes de ce monde ! Ils ont la preuve que Dieu est venu tout près d’eux, et ils ont peur. L’homme coupable a toujours peur de Dieu. Adam, après la chute, a eu peur ; Israël, au Sinaï, a eu peur, et les Gadaréniens ont peur. Peu importe la manière dont Dieu vient, que ce soit comme un visiteur dans le jardin d’Éden, dans sa majesté comme au Sinaï, ou en grâce comme à Gadara : la présence de Dieu est insupportable à l’homme coupable. Les hommes de Gadara préfèrent les démons, le démoniaque et les pourceaux, au Fils de Dieu, même s’il est là en puissance et en grâce pour délivrer. Aussi nous lisons : « Ils se mirent à le prier de s’en aller de leur territoire ». Leur prière fut exaucée — il s’en alla.
Enfin, en contraste frappant avec les hommes de ce monde, nous voyons celui qui a été si richement béni désirer être avec Jésus. En temps voulu son désir recevra une réponse glorieuse, car nous savons que Christ est mort pour les croyants afin que « nous vivions ensemble avec lui », et très bientôt, nous serons pour toujours avec le Seigneur. En attendant, nous avons le privilège d’être pour lui dans un monde qui l’a rejeté. Aussi le Seigneur peut-il dire à l’homme : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a usé de miséricorde envers toi. » Et quel fut le résultat ? « Tous s’en étonnaient ». Plus nous réalisons notre ruine totale sous le pouvoir de Satan, plus nous prenons conscience de ce que Christ a fait pour nous, et de la compassion dont nous sommes les objets, plus nous pouvons nous étonner.
Les incidents de ce chapitre cachent certainement un enseignement dispensationnel, présentant les voies de Dieu envers Israël et les nations. Le récit du troupeau précipité dans la mer n’a-t-il pas pour but de nous apprendre que les Juifs allaient être dispersés dans la mer des nations, à cause du rejet de leur Messie ? Dans l’incident qui suit, celui de la jeune fille mourante, n’avons-nous pas une image de la condition morale de la nation lorsque le Seigneur était là ? Mais de même que le Seigneur ressuscite la jeune fille à la fin du récit, ainsi lorsqu’il reviendra sur la terre, il fera revivre la nation. En attendant, l’histoire de la femme malade nous enseigne que partout où des individus ont foi en Christ, ils obtiendront la bénédiction.
Dans l’histoire de cette femme, le Seigneur distingue entre la vraie foi et la simple profession extérieure. Il nous est dit : « une grande foule le suivit, et elle le pressait » ; on pourrait en conclure que le Seigneur était entouré par un grand nombre de croyants qui le suivaient. De même aujourd’hui, les édifices religieux remplis de ceux qui professent adorer Christ, le nom de Christ prononcé dans des cantiques et des prières par les lèvres d’hommes et de femmes du monde, le nom de Christ attaché aux œuvres des hommes, tout cela pourrait nous faire penser qu’il y a une multitude de personnes qui croient en Christ. En fait, les hommes en jugent ainsi, car ils se disent chrétiens, ils appellent leurs contrées des pays christianisés, et leurs gouvernements des gouvernements chrétiens. Mais cela implique-t-il que tous croient véritablement au Seigneur Jésus ? Que tous ont une foi personnelle en Christ ? Non, hélas ! Il y a encore aujourd’hui la grande foule de la profession extérieure ; et encore aujourd’hui le Seigneur distingue ceux qui ont une foi personnelle en lui ; en effet nous lisons : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Les gens qui l’entouraient étaient peut-être sincères, car ils avaient vu ses miracles et goûté ses bienfaits, mais n’ayant aucune conscience de leur besoin de Christ, ils n’avaient pas de foi personnelle en lui. Aujourd’hui aussi, on peut être tout à fait sincère en embrassant, comme on dit, la religion chrétienne. Mais cette profession extérieure de christianisme — se joindre à la foule pour suivre Jésus — ne sauvera pas l’âme, et ne réglera pas la question des péchés, de la mort et du jugement ; elle ne brisera pas le pouvoir du péché, et elle ne délivrera ni de la corruption de la chair et du monde, ni de la crainte de la mort.
Pour qu’il y ait une vraie bénédiction, il doit y avoir une foi personnelle dans le Seigneur Jésus. Dans le cas de la femme, ce contact personnel de la foi est illustré d’une façon admirable. Premièrement, nous voyons que là où il y a de la foi, il y aura toujours une certaine conscience du besoin d’un Sauveur personnel. Cette conscience peut varier beaucoup d’un cas à l’autre, mais elle existera.
Deuxièmement, la femme n’avait pas seulement conscience de son besoin, mais elle réalisait combien son cas était sans espoir, s’il était laissé à ses propres efforts et aux capacités des hommes. Elle avait beaucoup souffert de la part d’un grand nombre de médecins et avait dépensé tout son bien en vaines tentatives de trouver une guérison.
Troisièmement, la foi non seulement nous amène à la conscience de notre besoin et de notre propre incapacité d’y répondre, mais elle perçoit quelque chose de l’excellence de la Personne de Jésus. Elle découvre qu’il y a en lui la grâce et la puissance pour répondre à ses besoins. En outre, la foi rend humble. L’âme qui vient pour demander est prête à s’abaisser et à dire, comme la femme : « Si je touche, ne fut-ce que ses vêtements, je serai guérie ». Nous n’avons pas à accomplir quelque grande chose pour nous assurer la bénédiction — cela ne ferait que flatter notre orgueil ; mais nous sommes amenés à accepter de n’être rien, et à donner toute la gloire à Christ. La vertu est en Christ, non pas dans la foi ; le contact de la foi assure la bénédiction en nous mettant en relation avec Celui en qui est tout le mérite.
Nous voyons ensuite que le Seigneur se plaît à encourager la foi. Il ne veut pas que celui qui a été l’objet de la bénédiction disparaisse sans bruit. Il introduit le croyant dans sa propre présence pour lui dire là toute la vérité. Il aime que nous lui déclarions tout, qu’il n’y ait pas de distance ni de réserve entre lui et les siens.
Enfin, nous voyons ce qui résulte du fait d’être amené dans la présence du Seigneur et de lui ouvrir nos cœurs. Comme la femme, nous pouvons alors poursuivre notre chemin, non pas en nous confiant dans nos sentiments ou dans quelque expérience, aussi réels soient-ils, mais en nous appuyant sur sa propre parole. Ainsi la femme apprend de sa bouche même qu’elle est guérie, car Il peut dire : « Ta foi t’a guérie ».
Pendant que le Seigneur s’occupe de la femme, quelqu’un vient de chez le chef de synagogue et déclare : « Ta fille est morte ; pourquoi tourmentes-tu encore le maître ? » Le porteur de ce message connaissait bien peu la puissance de sa main et le tendre amour de son cœur. Si profondes soient nos peines, si grandes soient nos épreuves, nous n’avons pas à craindre de « tourmenter » le Seigneur avec nos fardeaux. Il est venu pour porter nos langueurs et se charger de nos douleurs. Entrant dans les sentiments du malheureux père, le Seigneur apporte une parole de réconfort à son cœur — « Ne crains pas, crois seulement ». Pour l’homme, la situation était manifestement sans espoir ; l’enfant était morte. Mais rien n’est trop difficile pour Christ. Ayant répondu à ceux qui ne manifestaient que de l’incrédulité et mis dehors ceux qui se riaient de lui, il ressuscite l’enfant et s’occupe de ses besoins.
Les grandes vérités placées devant nous dans le chapitre 6 se rattachent à des incidents qui ont lieu dans le pays, à la cour du roi, dans un lieu désert, sur une montagne et sur la mer déchaînée. Les deux premiers incidents nous font découvrir la mauvaise condition morale du monde qui rejette Christ ; les trois derniers nous montrent la plénitude des ressources qui se trouvent en Lui, pour ceux qui Le suivent dans la séparation de ce monde.
Dans la première scène, nous voyons le Seigneur dans son humble service d’amour, s’associant avec les humbles de « son pays », parmi « ses parents » et dans « sa maison ». Il vient au milieu d’eux avec la sagesse et la puissance divines, annonçant la vérité parmi les pauvres du pays et guérissant quelques malades ; mais jamais il ne se plie à la vanité de la nature humaine, qui aime l’ostentation et l’apparat, et rejette les hommes à cause de leur origine humble. Le ministère de grâce du Seigneur met en évidence cette mauvaise condition morale du peuple. Ils sont certes étonnés de son enseignement et de sa sagesse, et sont obligés de reconnaître ses « miracles », mais « ils étaient scandalisés en lui ». La chair est toujours la même ; ne sommes-nous pas parfois en danger, aujourd’hui aussi, même comme chrétiens, d’entraver l’œuvre de Dieu par l’orgueil et la vanité de la chair en méprisant le ministère d’un serviteur de Dieu parce qu’il est d’origine humble ? Comme serviteurs aussi, nous pouvons manquer en cherchant à obtenir du crédit au moyen de la richesse ou de la position sociale. Chez le Seigneur, tout était parfait ; le manque n’était que du côté du peuple. Ces gens simples dépréciaient la sagesse de l’enseignement du Seigneur et la puissance de ses œuvres : « Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? » Et ils disaient : ses frères et ses sœurs ne sont-ils pas « ici auprès de nous ? » Ils ne discernaient pas la gloire de sa Personne, ni la grâce de son cœur : comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis. Ainsi le Créateur était devenu le charpentier, et le Fils de Dieu, le fils de Marie. Le Seigneur rappelle à ceux qui le rejettent à cause de son humiliation qu’« un prophète n’est pas sans honneur, si ce n’est dans son pays et parmi ses parents et dans sa maison ». Cela n’implique pas que le Seigneur était rejeté dans son propre pays, comme cela pourrait nous arriver à nous, à cause de nos faiblesses ou à cause de manquements connus, mais que cette proximité avec lui dans les choses de la vie quotidienne les conduisait à rabaisser la mission divine qu’il avait reçue de la part de Dieu.
Le résultat fut qu’il ne put faire là que quelques miracles, à cause de leur incrédulité. Il est solennel de considérer combien, de nos jours, l’incrédulité peut entraver l’œuvre de Dieu. Si la foi, comme le montre le récit de la femme malade du chapitre précédent, attire la bénédiction, il est tout aussi vrai que l’incrédulité l’empêche de se déverser. Toutefois, la grâce de Jésus, s’élevant au-dessus de l’orgueil et de l’incrédulité, guérit quelques « infirmes », même si la bénédiction est limitée à « un petit nombre ». « Il s’étonnait de leur incrédulité ». Hélas ! ne lui donnons-nous pas quelquefois l’occasion de s’étonner de notre incrédulité ? Cependant, il poursuit son chemin, enseignant dans les villages à la ronde, inlassable dans son service, malgré l’orgueil et l’incrédulité.
Le rejet de son service peut empêcher que des miracles s’opèrent dans son propre pays, mais il ne peut pas tarir la grâce qui jaillit de son cœur. Aussi le Seigneur envoie les douze comme un nouveau témoignage à sa présence en grâce et en puissance pour la bénédiction des hommes. Un témoignage frappant est rendu à sa gloire comme Personne divine dans le fait qu’il « leur donna autorité sur les esprits immondes ». N’importe qui peut exercer une puissance et accomplir des miracles si l’autorité lui en est donnée ; mais qui, sinon Dieu, peut donner cette autorité ? En outre, la manière selon laquelle les disciples devaient s’en aller était, en elle-même, un témoignage à la présence de Celui qui est Seigneur de tout. Ils devaient partir sans rien prendre pour le chemin. Ils devaient se confier dans les soins et la protection du Seigneur qui, présent sur la terre, inclinerait le cœur des hommes et dirigerait les circonstances pour qu’ils ne manquent de rien.
Leur mission ne devait pas dégénérer en une tournée de visites mondaines. Ils étaient au service du Seigneur : ils devaient par conséquent, en chaque endroit, demeurer dans la même maison jusqu’à leur départ. La substance de leur prédication était la repentance, car la présence du Roi et la bonne nouvelle du Royaume avaient déjà été proclamées, mais les chefs religieux avaient rejeté Christ à cause de la grandeur de ce qu’il affirmait être, alors que le peuple l’avait repoussé à cause de l’humilité de sa condition. Les chefs l’accusaient de faire ses miracles par la puissance du diable ; le peuple disait qu’il n’était qu’un charpentier. La nation est appelée à se repentir de cette méchanceté. En outre, c’était un témoignage ultime, car le jugement allait être prononcé sur ceux qui rejetaient cette mission.
Le résultat de cette mission, accompagnée de signes de puissance, fut que « son nom était devenu public ». Si seulement tous les prédicateurs annonçaient Christ de manière à laisser derrière eux le parfum de sa Personne, et la connaissance de la valeur de son Nom. Hélas ! que de fois la publicité faite autour de celui qui prêche et l’utilisation de toutes sortes de méthodes qui plaisent à l’homme naturel, font que c’est le nom du prédicateur qui est mis en évidence plutôt que celui de Jésus.
Toutefois, aussi largement que la renommée de Jésus se répande, à moins qu’il n’y ait une œuvre de Dieu dans l’âme, il ne s’ensuivra que des spéculations, comme dans ces jours-là, où quelques-uns disaient qu’il s’agissait de Jean le Baptiseur ressuscité d’entre les morts, et d’autres, d’un prophète. Mais les spéculations de l’esprit humain ne peuvent jamais arriver à la vérité quant à la personne de Christ. Pourtant, la renommée de Jésus parvient jusqu’à la cour. Nous avons déjà vu l’absence totale de discernement spirituel dans les classes inférieures du peuple ; nous allons découvrir maintenant la mauvaise condition morale des couches supérieures. Chez le roi Hérode, les nouvelles concernant Christ font davantage que de conduire à des spéculations. Cela réveille sa conscience mal à l’aise, et l’amène au souvenir de son péché. Il avait conclu un mariage illicite avec la femme de son frère et avait été repris pour son péché par Jean le Baptiseur. Ce reproche avait suscité l’inimitié d’Hérodias, l’adultère coupable. Elle aurait désiré faire mourir Jean, mais n’était pas parvenue à ses fins, car Hérode craignait Jean, le sachant homme juste et saint. Bien qu’étant dépourvu de principes, Hérode savait apprécier la bonté chez les autres ; il écoutait volontiers Jean et faisait beaucoup de choses sur son conseil. Cependant Hérodias attend le moment propice, et une fête à la cour lui fournit l’occasion cherchée. Séduit par une danse, le roi fait une promesse téméraire, et plutôt que de manquer à sa parole, il fait mettre Jean à mort. Il a été dit très justement : « Mieux vaut rompre une promesse diabolique que de la tenir ».
Le rejet et le meurtre du Précurseur sont une indication solennelle du fait que, le moment venu, Hérode prendra une part dans le rejet et la crucifixion de Christ.
Après avoir accompli leur mission, les apôtres « se rassemblent auprès de Jésus ». Ils ont été envoyés par le Seigneur et ils reviennent maintenant vers lui. Quel bienfait pour des serviteurs, si — comme les disciples — après avoir accompli le moindre service, ils reviennent auprès du Seigneur et lui disent tout ce qu’ils ont fait, et tout ce qu’ils ont enseigné. Trop souvent nous sommes enclins à dire ces choses à d’autres, bien que parfois il puisse être à sa place d’encourager les enfants de Dieu en leur parlant de l’œuvre du Seigneur. Il y a toutefois cette grande différence à observer : si nous convoquons l’assemblée de Dieu, comme le firent Paul et Barnabas à Antioche (Actes 14:27), cela doit être pour raconter toutes les choses que Dieu a faites avec nous, et comment lui a ouvert la porte. Mais lorsque, notre service accompli, nous nous approchons de Jésus, c’est pour lui raconter ce que nous avons fait et enseigné. Il est bon pour nos âmes de passer en revue nos actes et nos paroles dans la présence de Celui qui ne flatte jamais, devant qui il est impossible de se vanter, et à qui rien ne peut être caché ; c’est là que nous découvrons nos faiblesses et nos défauts. Il se peut, hélas ! que nous soyons remplis de nous-mêmes et de notre service ; mais dans la présence du Seigneur, nous pouvons parler librement de tout ce qui occupe nos pensées et pèse sur notre esprit ; nous sommes alors apaisés et pouvons avoir de saines pensées quant à nous- mêmes ; nous pouvons nous oublier nous-mêmes — et notre service — pour être occupés de Lui. Aucun commentaire n’est fait sur le ministère des apôtres, mais nous constatons la sympathie et les soins du Seigneur pour ses serviteurs. Ils lui avaient parlé de leur service, mais lui s’occupe d’eux et du repos dont ils ont besoin. Aussi peut- il dire : « Venez à l’écart vous-mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu ». Le repos éternel est à venir, mais pour la terre il y a le « reposez-vous un peu ».
On a fait remarquer qu’il y a trois raisons pour lesquelles les disciples ont été conduits à l’écart dans un lieu désert. Premièrement, le Seigneur s’était retiré dans le désert à cause du meurtre de son témoin, un signe certain de son propre rejet et de sa crucifixion. Ce signe indiquait que la dispensation allait changer ; ainsi le Seigneur se sépare, et se place en dehors de la nation coupable. Cette raison dispensationnelle ressort clairement dans l’évangile selon Matthieu (14:13). La deuxième raison pour laquelle le Seigneur prend une place de séparation est en relation avec le service de ses disciples. Très naturellement, cela est mis en évidence dans l’évangile selon Marc. Leur service les avait conduits dans le monde et avait provoqué de tels remous qu’« il y avait beaucoup de gens qui allaient et qui venaient ». Dans de telles circonstances, il est nécessaire que les serviteurs soient conduits à l’écart de l’agitation du monde pour être avec le Seigneur et se reposer un peu. La troisième raison de cet incident est présentée dans l’évangile selon Luc, où nous apprenons que les disciples sont menés à l’écart pour être enseignés par le Seigneur (Luc 9:10, 18-27).
Aujourd’hui aussi, nous avons besoin d’être conduits hors du monde pour apprendre que nous ne sommes pas du monde, même si nous y sommes envoyés pour le service du Seigneur. Nos bénédictions sont célestes, non pas terrestres. De même que les disciples, nous avons aussi besoin d’être seuls avec le Seigneur pour échapper à l’esprit du monde, avec toute son activité remuante, et cela surtout lorsqu’un petit témoignage rendu à Christ a eu momentanément quelque retentissement dans le monde. Et nous avons aussi besoin d’être dans l’intimité de la présence du Seigneur pour apprendre quelle est sa pensée.
À la parole du Seigneur, les disciples s’en allèrent dans un lieu désert, à l’écart. Mais « plusieurs les virent qui s’en allaient », et, dans leur empressement à être près de Christ, « arrivèrent avant eux, et se rassemblèrent auprès de lui ». Les disciples allaient donc, semblait-il, être privés de leur repos. Mais le Seigneur, dans ses tendres soins envers les siens et dans sa compassion pour les foules, sortit de son lieu de retraite et vint au-devant de ceux qui le cherchaient. Il pouvait y avoir du repos pour ses disciples ; pour lui, il n’y en avait pas. Ses compassions ne lui en laissaient pas. Aussi nous lisons : « Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses ».
L’heure étant déjà fort avancée, les disciples viennent de leur retraite et disent au Seigneur : « Renvoie-les ». Ils semblent considérer les foules comme des importuns venus troubler leur repos, et ils voudraient bien se débarrasser d’eux. Mais le Seigneur ne va pas les renvoyer affamés. N’est- il pas écrit : « Je rassasierai de pain ses pauvres » ? Aucun manquement de la part d’Israël ne peut faire obstacle à la bonté et à la compassion du cœur de l’Éternel. Il leur enseignera beaucoup de choses pour la bénédiction de leurs âmes, et il leur procurera des pains et des poissons pour les besoins de leurs corps. Il est le même aujourd’hui ; malgré toutes nos faiblesses et nos nombreux manquements, il prend soin de nos âmes et s’occupe de nos corps. Et de plus, dans l’accomplissement de cette œuvre d’amour, il en emploie d’autres. C’est ainsi qu’il dit aux disciples : « Vous, donnez-leur à manger ». Mais, comme c’est si souvent le cas pour nous aussi, leur foi n’est pas en mesure d’utiliser sa puissance. Leurs pensées ne vont pas au-delà de leur estimation du besoin et ils oublient les immenses ressources qui sont en Christ. Après avoir rendu manifeste l’insuffisance absolue de leurs propres ressources, le Seigneur met le peu qu’ils ont — les cinq pains et les deux poissons — en contact avec l’abondance du ciel. Il y avait là cinq mille hommes ; « ils mangèrent tous, et furent rassasiés ».
Les événements rapportés dans les versets qui suivent placent de nouveau devant nous le grand fait que le Seigneur allait laisser ses disciples dans un monde qui l’avait rejeté. Il venait de nourrir la multitude, étant ému de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger. Hélas ! non seulement ils n’avaient personne pour les conduire dans de verts pâturages et pour prendre soin de leurs âmes, mais lorsque le Bon Berger vint au milieu d’eux, ils n’eurent pas d’yeux pour discerner sa gloire, ni de cœur pour le recevoir. Aussi le Seigneur, après avoir renvoyé la foule, « s’en alla sur une montagne pour prier ». En figure, le peuple est renvoyé, tandis que Jésus prend une place nouvelle, en haut, pour intercéder pour les siens, ceux-ci étant laissés pour lui rendre témoignage dans un monde qui l’a rejeté.
Les disciples font l’expérience que non seulement ils sont privés de la présence physique du Seigneur, mais qu’ils sont confrontés aux tempêtes de la vie et doivent se tourmenter à ramer. Tout dans ce monde est contraire aux enfants de Dieu. Mais si le monde est contre nous et si le diable s’oppose à nous, le Seigneur intercède pour nous depuis le ciel. Cependant, si le Seigneur est absent, il n’est pas indifférent aux tempêtes et aux difficultés que les siens ont à rencontrer. « Les voyant se tourmenter », il vient vers eux. Mais il vient d’une manière qui manifeste sa supériorité à toutes les circonstances dans lesquelles ils se trouvent : il vient « marchant sur la mer ». Le déploiement d’une puissance qui dépasse à ce point les possibilités de l’homme remplit les disciples de crainte. « Ils furent excessivement frappés et étonnés en eux-mêmes ». Mais Celui dont la puissance est au-dessus de toutes les tempêtes que les hommes ou le diable peuvent soulever, est aussi Celui qui est pour nous. Il avait prié pour eux sur la montagne, il les avait vus se tourmenter et maintenant il vient vers eux. Mais il éprouve leur foi, comme souvent il éprouve aujourd’hui celle des croyants. Nous lisons en effet : « Il voulait passer à côté d’eux ». Sa puissance, son intercession, ses soins d’amour sont à leur disposition, mais ont-ils la foi pour faire usage de la plénitude qui est en lui ? Dans leur trouble, ils poussent des cris, « et aussitôt il parla avec eux, et leur dit :... c’est moi ; n’ayez point de peur ». Il vient vers eux dans la gloire de sa puissance, au-dessus de toute tempête, mais il les assure que c’est Lui-même — Jésus, leur Sauveur, leur Berger, leur Ami. Celui que, peu auparavant, les hommes avaient rejeté comme n’étant qu’un charpentier, se manifeste maintenant comme le Créateur qui peut marcher sur la mer, et à qui les vents et les vagues obéissent.
Hélas ! comme cela nous arrive trop souvent, les disciples « n’avaient pas été rendus intelligents » par la grandeur de sa puissance et de sa grâce, qui venait d’être manifestée dans une occasion précédente. Ils étaient occupés d’eux-mêmes et de leurs difficultés ; leurs cœurs étaient endurcis et peu à même de se servir de leurs ressources en Christ.
Le chapitre se termine en nous présentant un avant-goût de la bénédiction d’un jour futur. Lorsque Christ reviendra, il apportera la bénédiction à la terre, par le moyen d’un résidu pieux d’entre les Juifs. Alors, en vérité, les tourments des fidèles auront pris fin, l’opposition disparaîtra, les tempêtes cesseront, et Christ sera reçu là où autrefois il était rejeté.
Nous avons vu, au chapitre 6, la dénonciation et la condamnation du monde social et politique. Dans ce chapitre, nous avons la condamnation de la religion de forme qui convient à la chair (v. 1-13) ; la mise à nu du cœur de l’homme (v. 14-23) ; et la révélation du cœur de Dieu (v. 24-37).
Au début de ce chapitre, nous voyons les chefs religieux de la nation venir à Jésus. Ils ne viennent pas dans le sentiment de leurs besoins ou de sa grâce, mais hélas ! pour s’opposer à Christ, accusant ses disciples parce qu’ils mangeaient du pain avec des mains souillées. La religion de ces hommes consistait à respecter la tradition de leurs ancêtres, en se soumettant à des formes et à des cérémonies extérieures qui sont à la portée de chacun, et qui donnent une bonne réputation devant les hommes tout en laissant le cœur éloigné de Dieu.
Dans sa réponse à ces hommes, le Seigneur met en évidence le vide de leur religion qui ne consiste qu’en simples formes extérieures. Premièrement, elle fait des hommes de purs hypocrites, comme en témoigne l’Écriture. En effet, Ésaïe dit à leur sujet : « Ce peuple-ci m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi ». L’hypocrisie, c’est la prétention d’être ce qu’on n’est pas. Par leurs actes religieux, ils affichaient une grande piété devant les hommes, et par leurs paroles, ils prétendaient honorer Dieu ; mais en réalité leur cœur était fort éloigné de lui. (Ésaïe 29:13 ; Ézéch. 33:31).
Deuxièmement, le Seigneur montre qu’une telle religion est vaine. Elle peut valoir à ceux qui la pratiquent une réputation de piété devant les hommes, mais elle est sans valeur aux yeux de Dieu.
Troisièmement, elle met de côté les enseignements directs de la parole de Dieu au profit des traditions des hommes. Le Seigneur donne un exemple de ce grand mal. La parole de Dieu ordonne clairement aux enfants d’honorer leurs parents ; mais les Juifs avaient une tradition selon laquelle ils pouvaient déclarer mettre leurs biens de côté pour Dieu en disant : « C’est corban », c’est-à-dire un don réservé à Dieu. Et ces biens, par conséquent, ne pouvaient pas être employés pour venir en aide à un parent dans le besoin. Ainsi, par leur tradition, ils annulaient la parole de Dieu, se soustrayaient à leur responsabilité envers leurs parents nécessiteux, et satisfaisaient leurs propres convoitises.
Ce passage est encore plus solennel si nous nous souvenons que ces pharisiens et ces scribes de Jérusalem étaient les conducteurs religieux du résidu qui était remonté de Babylone. Il y avait certes en Israël, au temps du Seigneur, un faible petit résidu au sein de ce résidu, qui craignait l’Éternel, pensait à son nom et attendait la délivrance, mais hélas ! la masse du peuple avait sombré dans la terrible condition que présentaient ses chefs. Ce n’étaient plus des idolâtres. Extérieurement, ils étaient très pieux devant les hommes et, de leurs lèvres, ils prononçaient de belles paroles devant Dieu, mais nous apprenons que tout cela est possible, alors même que le cœur est fort éloigné de Dieu et que sa parole est remplacée par les traditions des hommes.
Après avoir exposé l’hypocrisie de la religion extérieure qui est celle de la chair, le Seigneur, s’adressant à « la foule », montre que la source de la souillure n’est pas en dehors de l’homme, mais au-dedans de lui. Le lavage des mains, des coupes et des pots, n’a affaire qu’avec la souillure extérieure, mais la souillure morale a sa source dans la méchanceté intérieure du cœur. Cela condamne radicalement toute religion mondaine et charnelle, religion qui s’attache seulement à ce qui est extérieur, et qui laisse le cœur insensible. Dieu travaille depuis l’intérieur, et s’occupe de la conscience et du cœur. La véritable source de la souillure n’est pas l’environnement de l’homme, mais lui-même. Il est vrai que, l’homme étant ce qu’il est — une créature déchue —, ses convoitises sont éveillées au- dedans de lui par ce qui l’entoure, s’il se place au milieu du mal et des tentations. Un ange pouvait traverser Sodome sans être souillé, mais pas Lot. L’ange n’avait pas de cœur mauvais qui réponde au péché ; Lot en avait un.
Seul avec ses disciples, le Seigneur développe ce thème et interprète l’illustration qu’il a donnée. Le mal moral, quelque forme qu’il puisse revêtir, a sa racine dans le cœur, qu’il s’agisse de mauvaises pensées, d’actes mauvais, — les adultères, les meurtres, les vols ou la fraude —, de mauvais regards ou de mauvaises paroles — les injures, l’orgueil et la folie. « Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ».
La méchanceté du cœur de l’homme ayant été mise à nu, maintenant, dans l’histoire de la femme syrophénicienne, nous avons une précieuse révélation du cœur de Dieu — un cœur plein d’amour, qui maintient la vérité tout en dispensant la grâce aux pécheurs. En traversant ce monde qui l’avait rejeté, le Seigneur aurait voulu passer inaperçu, manifestant ainsi cet esprit d’humilité qui l’a amené à s’anéantir lui-même. Mais sa perfection était telle, le contraste avec tout ce qui l’environnait était si grand, qu’il ne pouvait rester caché. Quelqu’un a dit : « La bonté jointe à la puissance est trop rare dans ce monde pour passer inaperçue » (J. N. D.).
La femme était grecque, c’est-à-dire Gentile, mais son besoin profond l’a conduite au Seigneur. Elle avait foi dans la puissance de Jésus, et dans sa grâce pour faire usage de sa puissance en faveur de quelqu’un d’entre les Gentils, même si sa position était celle d’un chien. Le Seigneur l’amène à manifester sa foi en lui disant : « Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». C’était une grande épreuve pour sa foi. Elle aurait pu dire : « Je ne suis donc qu’un chien et je n’ai aucun droit à faire valoir devant le Seigneur ; la bénédiction n’est que pour les enfants ». Sa foi triomphe de cette difficulté en acceptant la vérité quant à elle-même, et en se rejetant sur la grâce qui est dans le cœur du Seigneur. Elle peut dire, en quelque sorte : « Oui, en ce qui me concerne, c’est exact, je ne peux pas prétendre à la position d’enfant. Je ne suis qu’un chien. Mais je mets toute ma confiance dans ce que tu es, non pas dans ce que je suis. Il y a une telle grâce dans ton cœur que tu ne refuseras pas des miettes à un chien ! » Telle est toujours la manière d’agir de la foi : reconnaître la misère, la bassesse, l’indignité de notre cœur, et nous confier dans la grâce parfaite du sien. La foi se saisit de Christ et se repose sur ce qu’il est et sur ce qu’il a fait.
Le Seigneur ne voulait ni ne pouvait rejeter une telle foi. Il ne pouvait pas dire : « Je ne suis pas aussi bon que tu le supposes » ou « ma grâce n’est pas aussi étendue que tu l’imagines ». Béni soit son nom, sa grâce dépasse de loin notre foi, et il se plaît à y répondre, si faible soit-elle. C’est ainsi que la foi en Christ s’assure la bénédiction. Jésus peut dire à la femme : « À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille ».
Dans cette dernière scène, le Seigneur est de nouveau en Galilée, au milieu du peuple d’Israël. On lui amène un sourd qui parlait avec peine. Cet homme représente exactement la condition à laquelle le péché avait réduit la nation. Christ est au milieu d’eux dans sa grâce et sa puissance, prêt à répondre à leurs besoins ; mais le péché les a aveuglés à un tel point que la nation, dans son ensemble, ne peut pas profiter de la puissance de guérison qui est en lui.
Toutefois leur péché ne peut pas changer son cœur d’amour ; aussi ne renverra-t-il pas celui qui vient à lui dans sa misère. S’il n’a pas renvoyé une femme d’entre les Gentils, il ne repoussera pas non plus une demande en faveur d’un pauvre Juif. Mais, dans les deux cas, en dispensant la grâce, il prend soin de maintenir la vérité. Ainsi nous lisons qu’il le tire « à l’écart, hors de la foule ». Il n’est pas indifférent au fait qu’ils l’ont rejeté. S’il travaille au milieu d’eux, c’est à cause de leur misère et non pas parce qu’ils sont Juifs. Le péché a mis le Juif et le Gentil au même niveau, et la grâce peut bénir l’un et l’autre en raison de leur misère.
En manifestant sa grâce, le Seigneur regarde vers le ciel et soupire. Il agissait toujours dans la dépendance du Père et en accord avec la pensée du ciel. Si son cœur était brisé par les peines de la terre, il était soutenu par le ciel. À nous aussi il peut bien arriver de soupirer lorsque les peines de la terre accablent notre esprit ; mais trop souvent, nous soupirons sans regarder vers le ciel, et alors nous sommes abattus et déprimés. Lorsque nous regardons autour de nous, nous avons lieu de soupirer ; mais lorsque nous levons les yeux, nous sommes fortifiés. Après avoir guéri l’homme, Jésus leur enjoint de ne le dire à personne. Il était là comme le parfait Serviteur, aussi ne voulait-il pas utiliser sa grande puissance et sa grâce pour s’exalter lui-même. La pensée qui était en lui était de s’anéantir lui-même. Mais il ne pouvait pas être caché. Tous étaient extrêmement étonnés et disaient : « Il fait toutes choses bien ; il fait entendre les sourds et parler les muets ».
Dans les chapitres 6 et 7, nous avons vu que la présence du Seigneur Jésus au milieu des hommes avait mis en évidence la corruption et l’incrédulité du monde social, politique et religieux. Tous les témoignages de sa grâce étant repoussés, le Seigneur quitte les endroits fréquentés, et on le trouve « dans un lieu désert », seul sur « une montagne » et « marchant sur la mer » (6:31, 46, 48).
Au chapitre 8, le Seigneur s’associe les siens dans cette position à l’écart et les exhorte à le suivre (v. 1, 10, 27, 34). Nous découvrons en outre la plénitude des ressources qui sont en Christ pour ceux qui le suivent dans le sentier de la séparation. Leurs besoins sont satisfaits (v. 1-9) ; les opposants sont réduits au silence (v. 10-13) ; le discernement spirituel est donné pour voir toutes choses clairement (v. 14-26). De plus, nous sommes avertis que le fait de suivre Christ au travers d’un monde qui l’a rejeté entraînera de la souffrance, de l’opprobre et des pertes dans le temps présent ; mais nous sommes aussi encouragés par la perspective de la gloire du Royaume auquel ce chemin de souffrance conduit. Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui.
La première multiplication des pains, dans laquelle le Seigneur avait nourri cinq mille hommes, avait une portée nettement dispensationnelle, car elle était un témoignage solennel que Celui que la nation rejetait était véritablement leur Messie. Et c’est immédiatement après que le Seigneur se retire sur une montagne, comme intercesseur, tandis que ses disciples ont à rencontrer l’opposition du monde. C’est assurément un tableau du service actuel de Christ dans le ciel en faveur des siens.
Le second miracle de la multiplication des pains a plutôt une signification morale, en ce qu’il présente non seulement les ressources qui sont dans le Seigneur pour répondre aux besoins des siens, mais aussi la compassion de son cœur pour ceux envers lesquels il intervient. Les disciples ne viennent pas vers le Seigneur, comme dans le premier miracle, pour attirer son attention sur les besoins de la foule. Ici, tout procède du Seigneur. Il voit les besoins ; il appelle les disciples à Lui ; il exprime devant eux sa compassion ; il donne du repos à la foule en la faisant asseoir ; il prend ce qui est à disposition et, rendant grâces pour cela, il le distribue à la multitude par l’intermédiaire des disciples ; il satisfait ainsi leur faim.
Souvenons-nous qu’il est le même aujourd’hui. Il connaît nos besoins ; son cœur est là pour aimer et sa main pour nourrir et chérir les siens (Éph. 5:23, 25, 29). Trop souvent, comme les disciples, nous avons conscience des besoins et de l’insuffisance absolue de nos ressources pour y faire face. Mais si, comme le Seigneur, nous mettions le peu que nous avons en contact avec le ciel et que nous rendions grâces pour ce peu, ne ferions-nous pas l’expérience que Dieu peut le multiplier, et non seulement satisfaire notre faim, mais même nous laisser quelque chose de reste.
Dans une précédente occasion où les disciples étaient montés dans une nacelle, le Seigneur était allé sur une montagne pour intercéder pour eux (6:45-47). Dans cette seconde occasion, le Seigneur va « avec ses disciples », nous montrant ainsi qu’il n’est pas seulement dans le ciel pour nous, mais qu’il est aussi avec nous pour nous soutenir dans les tempêtes de la vie et lorsque nous avons à faire face à l’opposition de l’ennemi. Cette opposition est toujours dirigée contre Christ ; aussi lisons-nous que lorsqu’il fut arrivé à terre, les pharisiens « se mirent à disputer avec lui ». Il avait déjà donné de nombreux signes ; en demander un supplémentaire ne faisait par conséquent que trahir l’inimitié et l’incrédulité de la chair. Toutefois, la méchanceté de l’homme fournit une occasion de révéler la perfection du cœur de Christ. Leur opposition malveillante ne provoque ni colère ni ressentiment chez le Seigneur, alors que trop souvent nous réagissons ainsi à la moindre petite opposition. Chez le Seigneur, elle éveille des sentiments de peine et de pitié ; en effet, nous lisons qu’il soupira profondément en son esprit. Il pose une question qui les sonde : « Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? » Les signes ne servent à rien et les preuves sont inutiles pour ceux qui, poussés par la méchanceté, refusent de croire. Les pharisiens scellent ainsi leur propre jugement, car nous lisons que le Seigneur, « les laissant... s’en alla à l’autre rive ». Que les hommes quittent le Seigneur est certes une chose solennelle, mais combien plus terrible encore est la condition de ceux que le Seigneur laisse.
Nous apprenons que, lorsque les disciples montèrent pour la seconde fois dans la nacelle, ils avaient oublié de prendre des pains et, chose plus grave encore, ils avaient oublié la grâce et la puissance avec lesquelles le Seigneur avait répondu aux besoins de la foule affamée. Occupés de leurs besoins matériels, ils ne comprennent pas l’avertissement du Seigneur concernant le levain des pharisiens et le levain d’Hérode. Bien qu’associés à Christ dans un sentier de séparation du monde corrompu, ils étaient en danger, comme les croyants le sont aujourd’hui, d’être contaminés par l’esprit opportuniste du monde politique qui caractérisait les hérodiens, ou par la forme de la piété sans sa puissance, qui caractérisait les pharisiens.
Comme cela nous arrive si souvent, les disciples raisonnent sur les paroles du Seigneur ; ils passent ainsi à côté de leur portée spirituelle en les prenant de façon simplement matérielle et en cherchant à les abaisser au niveau de la compréhension humaine. Le Seigneur leur reproche leur manque de perception spirituelle et leur peu de mémoire à l’égard de sa grâce et de sa puissance. Il leur pose quelques questions pénétrantes que nous pouvons bien nous adresser à nous-mêmes : « Pourquoi raisonnez-vous ? » Pourquoi « n’entendez-vous pas encore, et ne comprenez-vous pas » ? « Avez-vous encore votre cœur endurci ? » « N’avez-vous point de mémoire ? »
Au lieu d’accepter les faits et de recevoir la vérité, il nous arrive de raisonner, et alors notre raisonnement naturel obscurcit notre entendement spirituel. Derrière l’aveuglement de la nature se cache trop souvent la dureté de cœur qui vient de ce que l’on oublie si rapidement la grâce et l’amour de Son cœur — nous ne nous « souvenons pas ». Ces questions pénétrantes parlent à la conscience de tous les croyants, car elles ont été adressées non pas à des opposants, mais à de vrais disciples.
Le récit de la guérison de l’aveugle établit clairement la différence entre la nation et les disciples. La nation comme telle était dans un aveuglement total. Les disciples, bien que croyant véritablement dans le Seigneur, manquaient à ce moment d’intelligence spirituelle. Ils ne voyaient qu’indistinctement sa gloire divine. Ils le reconnaissaient et le confessaient comme le vrai Messie, mais leurs préjugés juifs et leur manière de penser les empêchaient de discerner pleinement ses autres gloires de Fils de l’homme et de Fils de Dieu. Pour cela il fallait qu’ils soient complètement séparés de la nation ; telle est la signification de l’acte du Seigneur, menant l’aveugle hors de la bourgade, comme auparavant il avait tiré à l’écart, hors de la foule, le sourd qui parlait avec peine.
Dès que le Seigneur le touche, l’homme recouvre la vue, mais il n’en reçoit pas immédiatement le plein usage. Il dit : « Je vois des hommes, car je vois comme des arbres qui marchent ». Spirituellement, les disciples étaient dans la même condition. La haute idée qu’ils avaient de la grandeur et de l’importance de l’homme les empêchait de discerner la gloire du Seigneur. Nous avons besoin non seulement de la grâce qui donne la vue, mais encore d’une grâce supplémentaire qui nous rende capable d’utiliser cette vue pour voir « tout clairement » — pour voir les hommes tels qu’ils sont réellement, pour nous voir nous-mêmes dans toute notre faiblesse, et par-dessus tout, pour voir Jésus dans toute sa perfection.
Le Seigneur renvoie l’homme dans sa maison. Il ne devait pas retourner dans la bourgade, et ne dire à personne ce qui lui était arrivé. Le moment de rendre témoignage à la nation dans son ensemble était passé.
L’entretien du Seigneur avec ses disciples, que nous trouvons ensuite, montre non seulement l’incrédulité de l’homme naturel, mais aussi combien peu les disciples discernaient sa véritable mission et sa gloire. La grande question test, maintenant comme alors, c’est : « Qui disent les hommes que je suis ? » Toute la gloire de Dieu et toute la bénédiction de l’homme dépendent entièrement de la Personne de Christ. Il est alors évident que l’intelligence humaine seule ne parviendra jamais à la vérité. Parmi les hommes de ce temps, il y avait beaucoup d’érudits doués de grandes capacités intellectuelles ; pourtant toutes leurs réflexions au sujet de Christ aboutissaient à des spéculations et à des incertitudes. Certains disaient qu’il était Jean le Baptiseur ; d’autres, Elie ; d’autres enfin qu’il était l’un des prophètes. Aucun ne parvenait à la vérité. En contraste, nous voyons en Pierre ce qu’opère une foi simple dans un homme qui, en comparaison des intellectuels de ce monde, est ignorant et illettré. La foi ne spécule ni ne raisonne, mais elle parvient avec la plus grande certitude à la vérité, car la foi est le don de Dieu. Aussi Pierre peut-il dire : « Tu es le Christ ».
Le Seigneur leur défend expressément de dire cela de lui à personne. Il avait été rejeté par la nation, aussi sa position comme Messie est-elle mise de côté pour le moment, et il prend le titre plus large de Fils de l’homme. Ce titre implique des gloires plus étendues que la domination terrestre en relation avec Israël, car, comme Fils de l’homme, il aura la domination universelle sur toutes les choses créées. Mais avant qu’il puisse prendre sa place comme Fils de l’homme ayant toutes choses assujetties sous ses pieds, et exercer sa grâce envers tous les hommes, il doit entrer dans la mort, accomplir la rédemption, et briser la puissance de Satan, de la mort et du tombeau. Pensant à la croix qui est devant lui, il commence à enseigner à ses disciples qu’il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté et mis à mort, et qu’il ressuscite après trois jours. Le moment était venu de parler ouvertement aux disciples de cette grande vérité, et non plus en paraboles.
Il apparaît tout de suite que les disciples, malgré la réalité de leur foi en Christ, ne discernaient que bien imparfaitement la gloire du Seigneur comme Fils de l’homme, tout comme l’aveugle qui avait recouvré partiellement la vue. Pierre ne pouvait pas supporter la pensée que son Maître et Seigneur serait méprisé et rejeté des hommes ; c’est pourquoi il reprit le Seigneur. Connaissant l’effet que les paroles de Pierre produiraient sur les disciples, le Seigneur, les regardant, « reprit Pierre, disant : Va arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes ». Combien il est solennel que de vrais croyants puissent, avec la plus grande sincérité, faire des déclarations qui proviennent de Satan. Pierre pensait sans doute n’exprimer qu’un sentiment d’affection pour son Maître ; en fait, il faisait l’œuvre de Satan en cherchant à détourner le Seigneur du sentier de l’obéissance à la volonté de son Père, et en mettant une pierre d’achoppement sur le chemin des disciples. Il considérait les choses d’un point de vue purement humain. En ce moment, il voyait des hommes comme des arbres qui marchent.
Ayant appelé la foule avec ses disciples, le Seigneur détourne leurs pensées des « choses... des hommes » et leur enseigne la pensée de Dieu. S’ils voulaient le suivre dans le monde nouveau de bénédiction et de gloire qu’il inaugurait comme Fils de l’homme, ils devaient être préparés à partager sa position de souffrance et de rejet dans ce monde. Ici il ne s’agit pas de ses souffrances expiatoires, qu’il a endurées lorsqu’il a été abandonné de Dieu, mais de la contradiction des pécheurs contre lui-même et des souffrances de la part des hommes ; dans leur petite mesure, les croyants ont part à ces souffrances, qui peuvent même aller jusqu’au martyre. Suivre Christ dans un monde qui l’a rejeté implique le renoncement à soi-même, la perte de sa propre vie et le refus du monde. Mais quoi que ce chemin puisse comporter dans ce monde, il conduit au jour glorieux dans lequel le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges.
En contemplant le Seigneur tel qu’il est présenté dans ce chapitre, nous le voyons prendre une place à l’écart avec les siens. Nous voyons qu’il a une connaissance parfaite de nos besoins, un cœur qui sympathise avec nous dans ces besoins et une main qui y pourvoit. De plus, suivre Christ signifiera pour nous, non seulement marcher où il a marché, c’est-à-dire dans la séparation, mais marcher comme il a marché. Dans notre petite mesure, nos cœurs seront émus de compassion pour les besoins des autres ; nous rendrons grâces pour les bienfaits de Dieu, et nous rencontrerons l’opposition de ceux qui disputeront avec nous, sans esprit de ressentiment, mais avec des cœurs attristés. Nous nous renoncerons aussi nous-mêmes, accepterons un chemin d’opprobre, et refuserons ce que nous offre la vie ici-bas et le présent siècle mauvais, tout en fixant nos yeux sur la gloire du monde à venir ; comme Celui qui, « à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (Héb. 12:2, 3).
En étant témoins de la grâce, de l’amour et de la puissance du Seigneur Jésus qui soulageait les hommes de leurs misères, les disciples voyaient en fait quelque chose de la félicité du Royaume de Dieu. Mais ils le voyaient dans des circonstances de faiblesse, car le Roi était au milieu d’eux comme un Homme pauvre, méprisé et rejeté, n’ayant pas où reposer sa tête. Pour soutenir leur foi et la nôtre, alors que nous suivons un Christ rejeté dans son humble chemin de souffrances et d’opprobre, le Seigneur fait passer devant nous une vision de la gloire à venir. Il nous montre ainsi que ce chemin de faiblesse apparente aboutit dans « le royaume de Dieu venu avec puissance ».
Pour qu’ils aient cette vision glorieuse, le Seigneur mène Pierre, Jacques et Jean « seuls à l’écart, sur une haute montagne ». Si, comme croyants, nous devons savoir regarder au-delà de la longue nuit présente et saluer le glorieux jour à venir, nous avons nous aussi besoin d’être élevés en esprit au-dessus de l’agitation de ce pauvre monde, pour nous trouver seuls avec Jésus. Dans de tels moments, comme ce fut le cas pour les disciples, notre âme sera occupée, par-dessus toute autre chose, de la gloire de sa Personne. Ainsi, dans cette vision, les disciples sont avant tout saisis par la gloire du Seigneur : « Il fut transfiguré devant eux ». Des années plus tard, parlant de cette scène merveilleuse, Pierre peut écrire : « Nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ ». Ils parlent non seulement de sa venue, mais de « la puissance » de sa venue. Ils ont vu un échantillon de l’immense puissance qui, à sa venue, en un clin d’œil, nous transformera à sa ressemblance. En un instant il fut « transfiguré », et les vêtements de son humiliation furent changés en vêtements « brillants et d’une extrême blancheur, comme de la neige ».
Nous apprenons en outre que, dans son règne de gloire et de puissance, le Seigneur aura avec lui non seulement les saints de la période actuelle, représentés par les trois apôtres, mais aussi tous les croyants qui ont vécu avant qu’il vienne sur la terre. Ceux-ci sont évoqués dans la vision par Moïse et Élie, les deux principaux témoins de Dieu dans les temps de la loi et des prophètes.
Ces deux témoins seront associés à Christ dans sa gloire terrestre ; mais aussi éminents qu’ils aient été en leur temps, ils doivent s’effacer devant Christ. Sa gloire personnelle est affirmée : il est Celui qui est au-dessus de tous ! La nation l’avait couvert de déshonneur et de honte. Les disciples, sincères mais ignorants, lui rendent à peine plus d’honneur et de gloire qu’ils n’en auraient rendu à Moïse et à Élie ; en effet, Pierre était prêt à mettre le Seigneur au même rang que ces serviteurs éminents. Plus tard, après la venue du Saint Esprit, il discerne la vraie signification de cette scène merveilleuse : il dit que le Seigneur Jésus « reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : « Celui-ci est mon Fils bien- aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». L’honneur qu’il a reçu du Père, et du ciel — la gloire magnifique — contraste avec ce qu’il a reçu de la part des hommes, du monde et même de ses disciples. Aujourd’hui, les croyants ne sont-ils pas parfois en danger de tomber dans le même piège et d’oublier que, aussi remarquables que puissent être la consécration et la spiritualité de certains serviteurs, le Seigneur est infiniment au-dessus d’eux ? Eux changent et disparaissent ; mais du Seigneur seul il peut être dit : « Tu demeures », et « Tu es le même ». C’est ainsi que les disciples, après avoir entendu la voix venant du ciel : « Celui- ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le », « ne virent plus personne, sinon Jésus seul ». De plus, ils virent qu’il était « avec eux ». Ils venaient de voir deux hommes « avec Jésus » dans la gloire ; ils voient maintenant Jésus « avec eux », dans le chemin qui mène à la gloire. Puissions-nous, pour notre bien, discerner la gloire de la personne de Jésus — Celui avec lequel nous serons dans la gloire, et qui est avec nous tandis que nous avançons vers la gloire.
Pour que cela puisse se réaliser, il faut que le Seigneur meure et qu’il ressuscite d’entre les morts. Aussi un apôtre peut-il écrire plus tard : Il « est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui » (1 Thess. 5:10). En ce temps-là, cette grande vérité soulevait une difficulté dans l’esprit des disciples. Ils croyaient bien en une résurrection générale au dernier jour (Jean 11:24) ; mais ils ne pouvaient pas concevoir que quelqu’un puisse ressusciter d’entre les morts, tandis que d’autres resteraient dans leurs tombeaux, attendant une résurrection ultérieure. C’est pourtant la vérité fondamentale du christianisme. La résurrection de Christ d’entre les morts est la preuve éternelle que Dieu a accepté son œuvre, que les croyants sont rendus agréables en Lui et qu’ils auront part à la première résurrection, celle des justes. C’est ainsi que nous lisons : « Chacun dans son propre rang : les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue » (1 Cor. 15:23).
Hélas ! comme nous le faisons trop souvent lorsque nous rencontrons des difficultés, les disciples gardèrent la chose pour eux-mêmes, « s’entre-demandant ce que c’était que ressusciter d’entre les morts », au lieu d’exposer leur problème au Seigneur.
Mais les disciples avaient une autre difficulté, et ils la placent cette fois-ci devant le Seigneur. Les scribes disaient qu’Élie devait venir premièrement, et apparemment Élie n’était pas venu avant le Seigneur. L’obstacle provenait du fait qu’ils acceptaient bien les Écritures qui parlaient de Christ venant en gloire, mais qu’ils négligeaient celles qui concernaient sa venue pour souffrir comme Fils de l’homme. La prophétie de Malachie déclarait qu’Élie précéderait la venue de Christ en gloire. Cette prophétie aura certainement son accomplissement. Toutefois, moralement, il était déjà venu dans la personne du Précurseur, Jean le Baptiseur ; celui-ci était venu dans l’esprit d’Élie appelant le peuple à la repentance (voir Matt. 11:14).
Dans le chapitre précédent, les pharisiens s’étaient mis à « disputer avec » Christ (8:11). Lorsque le Seigneur redescend de la montagne, il trouve les scribes « qui disputaient avec » ses disciples. Plus tard, le Seigneur nous rappellera que « l’esclave n’est pas plus grand que son maître », et ajoutera : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15:20). Si les hommes osent « disputer avec » Christ, il n’est guère étonnant qu’ils soient hostiles aux croyants. Chez le Seigneur, cette opposition ne faisait que mettre en évidence sa perfection ; mais chez nous, trop souvent, elle dévoile notre faiblesse. Ainsi dans cette scène, après avoir pu contempler la gloire du Seigneur sur la montagne, nous trouvons, au pied de la montagne, la misère de l’homme, la puissance de Satan et la faiblesse des disciples.
Lorsque le Seigneur envoya les douze, il « leur donna autorité sur les esprits immondes », et pendant un temps ils firent usage de ce pouvoir, car nous lisons qu’ils « chassèrent beaucoup de démons » (6:7, 13). Mais ici, leur foi fait défaut. Ils ne peuvent pas chasser l’esprit muet. La puissance pour opérer des miracles et triompher de tout le pouvoir de Satan était là, mais l’homme ne pouvait pas en bénéficier et les disciples n’avaient pas la foi pour y faire appel.
En face de cet échec, le Seigneur doit dire : « Ô génération incrédule, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? » — paroles qui indiquent la gravité solennelle du manquement des disciples. Cela signifiait que le témoignage de Dieu par leur moyen était ruiné, et, par conséquent, que la dispensation allait prendre fin. « Jusques à quand serai-je avec vous ? » indique que le temps du séjour du Seigneur sur la terre était limité. Ce n’était pas une génération plongée dans la misère et opprimée par le pouvoir du diable qui chasserait le Seigneur ; au contraire, c’était la profonde misère de l’homme sous la puissance de Satan qui l’avait fait venir dans le monde. « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ». C’est une « génération incrédule », et non pas une génération dans la misère, qui met fin à sa mission de grâce et de puissance sur la terre. Lorsqu’il n’y a plus d’énergie pour faire usage des ressources qui sont en Christ, son service sur la terre est terminé.
Cela ne parle-t-il pas aux chrétiens ? Car dans notre temps aussi, n’est-ce pas la faillite du peuple de Dieu, plutôt que la méchanceté croissante du monde, qui va mettre fin au jour de la grâce ? Ce qui professe être un témoignage public pour Christ sur la terre devient, dans sa dernière phase, si odieux pour Lui qu’il doit dire : « Je vais te vomir de ma bouche ».
Toutefois, la bonté du Seigneur n’est pas tarie par l’opposition des hommes ou par les manquements des siens. Parlant de l’enfant possédé d’un démon, le Seigneur peut ajouter ces paroles réconfortantes : « Amenez-le-moi ». Quelqu’un a dit : « La foi, si petite soit-elle, n’est jamais laissée sans réponse de la part du Seigneur. Quelle consolation ! Quelle que soit l’incrédulité, non seulement du monde, mais des chrétiens, s’il se trouve une seule personne ayant foi dans la bonté et la puissance du Seigneur Jésus, elle ne peut venir à lui avec un vrai besoin et une foi simple, sans rencontrer son cœur prêt à la recevoir, et sa puissance suffisante pour la secourir ». De même que sur la terre, en face des manquements de ses propres disciples, il pouvait dire : « Amenez-le-moi », dans les tout derniers temps, lorsque le Seigneur est sur le point de vomir de sa bouche l’église professante, il peut dire : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Aussi sombre que soit le jour, aussi grande que soit notre ruine, Christ est le Même, et Christ demeure. Il se tient toujours à la porte, prêt à bénir quiconque entend sa voix et lui ouvre. Puissions- nous être attentifs à son appel !
En réponse aux paroles du Seigneur, ils « lui amenèrent » l’enfant. Mais, comme cela nous arrive trop souvent, ils viennent avec bien peu de foi dans la puissance du Seigneur. En effet, le pauvre père dit : « Si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous ». Le Seigneur lui répond : « Le "Si tu peux", c’est : Crois ! toutes choses sont possibles à celui qui croit ». Quelqu’un a remarqué très justement à propos de ces paroles : « La puissance est en rapport avec la foi ; la difficulté n’est pas dans la puissance de Christ, mais dans la foi de l’homme : toutes choses sont possibles à celui qui croit. C’est un principe important. La puissance de Christ ne manque jamais pour accomplir tout ce qui est bon pour l’homme ; mais, hélas ! la foi peut manquer en nous pour en profiter » (J.N.D.).
Lorsque le Seigneur est dans la maison, seul avec ses disciples, il leur enseigne cette vérité si importante que la foi qui le fait intervenir dans toutes les difficultés ne peut être entretenue que par une communion intime avec Dieu, représentée par la prière, et par l’abstinence des choses de ce monde, figurée par le jeûne. Pour nous comme pour les disciples, derrière notre manque de foi pour faire usage de la puissance du Seigneur se cache une absence de communion avec lui dans la prière.
La gloire du Royaume avait été révélée ; la puissance et la grâce du Seigneur pour en introduire les bénédictions avaient été manifestées. Mais cela n’avait fait que mettre en évidence l’incrédulité du monde, et l’incapacité des disciples de profiter de la puissance qui était au milieu d’eux. Le départ de Jésus était proche et le temps de s’adresser publiquement à la nation dans son ensemble était passé. Certes, il répondra en grâce à des besoins individuels, mais le moment de régner n’était pas encore venu ; aussi, traversant le pays, « il ne voulut pas que personne le sût ». Le péché de l’homme allait atteindre son point culminant dans la mise à mort du Fils de l’homme. Mais cela allait fournir l’occasion de manifester, par la résurrection d’entre les morts, toute la puissance de Christ sur le péché, sur Satan et sur la mort. Les paroles du Seigneur font de nouveau ressortir la faiblesse des disciples. Non seulement ils manquaient d’intelligence spirituelle pour comprendre la vérité de la résurrection, mais ils « craignaient de l’interroger ». Dans le cas de l’enfant possédé d’un mauvais esprit, leur foi était trop faible pour utiliser la puissance de Christ ; maintenant leur confiance est trop petite pour faire appel à la sagesse qui est en Lui. Souvent, hélas ! comme les disciples, lorsque les difficultés surgissent, nous cherchons une solution en discutant entre nous (v. 10), au lieu de nous tourner vers Christ, notre Tête, en qui est toute sagesse.
Seul dans la maison avec les siens, le Seigneur, par une simple question, touche la conscience de ses disciples et dévoile l’une des causes fondamentales de leur faiblesse. En chemin, ils avaient disputé entre eux, et le sujet de leur dispute avait été « qui serait le plus grand ». Hélas ! que de fois depuis ce jour, le désir d’être le plus grand a été la cause profonde de disputes parmi les enfants de Dieu. Quel que soit l’objet premier de la discussion, il y a souvent, de façon sous-jacente, une large part du « moi » ; car le « moi » non seulement désire être grand, mais il veut être « le plus grand ». Si un croyant veut être le plus grand, tôt ou tard cela amènera une dispute, et l’on se saisira du moindre petit faux pas chez un frère pour tâcher de le rabaisser tout en s’exaltant soi-même. L’idée même d’être grand montre combien peu les disciples avaient compris la vérité du Royaume. Ils ne discernaient pas que le but du Royaume est la manifestation de tout ce que Dieu est en amour, en justice, en grâce et en puissance. Aujourd’hui aussi, nous pouvons tomber dans ce piège et nous servir de l’assemblée comme d’une sphère dans laquelle nous cherchons à nous exalter nous-mêmes. C’est ce que faisaient les Corinthiens au moyen des dons reçus et par une activité charnelle ; c’est ce que faisaient les Galates par le légalisme ; et c’est ce que les Colossiens étaient en danger de faire en recherchant une religion selon la chair.
Mais si les croyants peuvent disputer entre eux, ils doivent garder le silence dans la présence du Seigneur. Nous pouvons être certains que lorsque les croyants se mettent à disputer entre eux, ils n’ont plus la conscience d’être dans sa présence.
Le Seigneur instruit ses disciples avec une patience infinie. Devant l’insensibilité des siens qui recherchaient leur propre grandeur au moment même où il leur rappelait qu’il allait être mis à mort, au lieu de se lever indigné et de les laisser, il s’assied, appelle les douze auprès de lui, et leur enseigne avec bonté le chemin de la vraie grandeur. Si quelqu’un veut être le premier dans le Royaume, qu’il soit le dernier dans le sentier qui conduit à la gloire — qu’il devienne « le serviteur de tous ». Nous pourrions être parfois prêts à servir une personne importante ou un croyant pieux, et à nous exalter nous-mêmes en le faisant ; mais sommes-nous prêts à être le « serviteur de tous » ? On a dit très justement : « L’amour est la chose la plus puissante qui soit, et il aime à servir, non pas à être servi », et encore : « Celui qui est le plus petit à ses propres yeux, c’est celui-là qui est le plus grand » (J.N.D.).
Le Seigneur a enseigné à ses disciples le chemin de la vraie grandeur ; il illustre maintenant son enseignement en plaçant un petit enfant au milieu d’eux et en leur montrant comment lui-même pouvait s’abaisser vers un petit enfant pour le prendre avec amour dans ses bras. Le disciple qui recevra l’un de ces petits enfants en son nom, suivra ainsi le Seigneur dans le chemin de la vraie grandeur. Il se penchera vers le plus humble au nom du Très-Haut. En agissant ainsi, il se trouvera dans la compagnie de Christ ; et recevoir Christ, c’est recevoir Celui qui l’a envoyé. Ainsi en nous renonçant nous-mêmes et en refusant de nous exalter nous-mêmes, nous nous trouverons dans la compagnie des Personnes divines.
Nous avons vu le danger de s’exalter soi-même ; l’incident qui suit nous montre un autre piège, le danger d’exalter une collectivité. Jean dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, qui ne nous suit pas ; et nous le lui avons défendu, parce qu’il ne nous suit pas ». Eux-mêmes, bien qu’ils aient suivi Christ, n’avaient pas pu chasser un démon, la prière et le jeûne ayant manqué. Maintenant ils défendent à quelqu’un de faire ce qu’eux-mêmes n’ont pas pu faire, parce qu’il ne suit pas le Seigneur avec eux. Dans sa réponse, le Seigneur montre que ce qui importe par-dessus tout à ses yeux, c’est la relation du disciple avec Lui-même. Il est possible que l’homme n’ait pas eu assez de foi pour se joindre aux disciples qui suivaient le Seigneur dans le chemin de la séparation ; mais s’il pouvait accomplir un miracle au nom de Christ, il était clair que ce Nom avait de la valeur pour lui et qu’il n’en parlerait pas avec légèreté.
Le monde avait rejeté Christ d’une façon si absolue que, dans sa sphère, il ne pouvait y avoir que des adversaires de Christ. S’il y en a qui ne sont pas contre Christ, ils doivent donc être de ceux qui sont pour lui, même s’ils n’ont pas suffisamment de foi pour s’identifier publiquement avec lui. Pour Jean, ils n’étaient pas « avec nous », mais, même ainsi, le Seigneur peut dire qu’ils ne sont « pas contre nous ». Les disciples attribuaient trop de valeur à ce misérable « nous » — le faible petit groupe rassemblé autour de Christ — et en donnaient trop peu à Christ — la Personne glorieuse autour de laquelle ils étaient rassemblés. Le Seigneur leur rappelle que c’est son nom qui est tout. L’acte le plus insignifiant, même celui de donner à boire une coupe d’eau froide à quelqu’un qui appartient à Christ, s’il est accompli en son nom, ne perdra pas sa récompense.
Des avertissements suivent. Prenons garde qu’en condamnant les autres, nous ne mettions pas une pierre d’achoppement dans le chemin d’un des petits qui croient en Christ. En outre, veillons à juger soigneusement toute mauvaise tendance en nous, en rejetant tout ce qui pourrait nous entraîner dans le péché. Cela peut conduire au refus rigoureux de ce qui est le plus précieux pour la chair — la main, le pied, et toute forme de mal dans laquelle ces membres peuvent nous mener. N’oublions jamais que ces choses mauvaises conduisent les hommes au jugement éternel.
Tout sera mis à l’épreuve. Le feu éprouvera aussi bien les saints que les pécheurs. « Car chacun sera salé de feu ; et tout sacrifice sera salé de sel ». Le pécheur qui rejette Christ aura sa part dans le feu qui ne s’éteint pas ; mais le vrai croyant sera éprouvé par le feu sous la forme d’épreuves ou même de persécutions. L’apôtre Pierre nous dit que notre foi peut être éprouvée par le feu, et nous avertit de ne pas trouver étrange d’avoir à passer par « le feu ardent », mais plutôt de nous réjouir d’avoir part aux « souffrances de Christ », puisque ainsi nous aurons part aussi à « sa gloire » (1 Pierre 1:7 ; 4:12, 13). En outre, la vie du croyant ici-bas est considérée comme un sacrifice, car nous avons à présenter nos « corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » (Rom. 12:1). Mais le sacrifice doit être conservé pur, « salé de sel ». Le chrétien, s’il marche dans la sainteté pratique, devient un témoin au milieu du monde. Sans la sainteté, sa vie est pareille à du sel qui a perdu sa saveur. Nous devons avoir du sel en nous-mêmes et marcher en paix les uns avec les autres.
Au cours de ce chapitre nous avons vu, d’une part, les perfections de Christ et, d’autre part, la manifestation de ce qu’est la chair, même dans de vrais disciples — ceux qui aimaient et suivaient le Seigneur. En présence de la gloire, les disciples « étaient épouvantés » (v. 6) ; en présence du pouvoir de Satan, il leur manquait la foi pour faire usage de la puissance qui était à leur disposition en Christ (v. 18, 19) ; derrière ce manque de foi se cachait la négligence quant à la prière et au jeûne (v. 29) ; étant peu en communion avec Dieu dans la prière, lorsque des difficultés surgissent dans leur esprit, ils en discutent entre eux, mais craignent de l’interroger (v. 10, 32) ; loin de Christ, ils disputent entre eux, chacun voulant être le plus grand, et condamnent ce qu’un autre accomplissait au nom de Christ, parce qu’il n’était pas avec eux (v. 38).
Toutefois, si notre propre faiblesse nous est montrée dans les disciples, nous découvrons aussi la plénitude de nos ressources en Christ. Sur la montagne, nous voyons la gloire et la puissance du Royaume, et il nous est révélé que nous serons avec lui dans la gloire. Au bas de la montagne, nous apprenons qu’au milieu de toute notre faiblesse et de toutes nos difficultés, il est avec nous, notre ressource infaillible, Celui auquel nous sommes invités à apporter toutes nos épreuves et toutes nos questions embarrassantes (v. 33), Celui qui nous enseigne (v. 31), Celui au Nom duquel nous nous rassemblons (v. 39), et qui récompensera l’acte le plus insignifiant accompli en son Nom (v. 41).
Cette portion de l’évangile place devant nous trois principes importants. Premièrement, le Seigneur reconnaît les relations naturelles telles qu’elles ont été établies à l’origine par Dieu, et ce qu’il y a de bon dans la créature. Il respecte le mariage (v. 2-12) ; il reçoit les enfants (v. 13-16) ; il reconnaît la droiture et l’amabilité naturelles (v. 17-22). Deuxièmement, les relations naturelles qui ont été établies et reconnues par Dieu ont été corrompues par l’homme. La relation du mariage a été altérée par la dureté du cœur de l’homme (v. 5) ; les enfants sont méprisés et ne comptent guère (v. 13) ; l’intégrité naturelle et les possessions terrestres sont employées pour séparer l’âme de Dieu, et empêcher les hommes d’entrer dans le Royaume de Dieu (v. 22, 23). Troisièmement, la faillite de l’homme naturel est telle que ceux qui suivent Christ dans le royaume doivent être prêts à souffrir dans ce monde. Quelle que soit l’étendue de ses richesses terrestres, celui qui suit Christ doit charger la croix (v. 21), rencontrer la persécution (v. 30), et être prêt à prendre une place humble dans ce monde, en vue du monde à venir (v. 44). Christ, l’humble Serviteur, donne l’exemple parfait d’un tel chemin (v. 33, 34, 45).
Le sujet du mariage est amené par la question des pharisiens au Seigneur : « Est-il permis à un homme de répudier sa femme ? » Il est clair qu’ils ne désiraient pas réellement apprendre la vérité, car nous lisons qu’ils vinrent à lui « pour l’éprouver ». Apparemment, ils espéraient que la réponse du Seigneur leur permettrait soit de l’accuser d’ignorer ce que Moïse avait dit soit de sanctionner la pratique relâchée qui était répandue parmi eux. Mais comme toujours, lorsque dans leur folie les hommes cherchent à éprouver le Seigneur, c’est leur propre état qui se trouve entièrement dévoilé.
À la question : « Est-il permis ? » le Seigneur répond en faisant appel à la loi. « Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ? » Dans leur réponse, ils cherchent à détourner la question du Seigneur, en parlant, non pas de ce que Moïse a commandé, mais de ce que Moïse a permis. En agissant ainsi, ils démontraient à leur insu la dureté de leur cœur. Ils négligeaient les commandements positifs de Moïse et ne parlaient que de préceptes spéciaux institués en raison de leur propre dureté. Les commandements étaient en accord avec le cœur de Dieu pour l’homme, tandis que les préceptes quant au divorce répondaient à l’état de leur cœur.
Après avoir dénoncé la dureté du cœur de l’homme, le Seigneur présente la vérité quant à la relation du mariage selon l’ordre de la création, tel qu’il a été établi par Dieu dès le commencement. Le Seigneur sanctionne ainsi le lien du mariage et permet au chrétien d’envisager cette relation selon l’ordre de la création et non pas selon les préceptes des hommes.
Dans la maison, le Seigneur souligne encore devant ses disciples combien il est grave pour un homme d’annuler le lien du mariage afin de satisfaire à ses convoitises envers une autre femme. Aux yeux de Dieu, c’est tomber dans le péché le plus dégradant.
L’incident suivant nous montre que même les disciples étaient étrangers à la pensée du Seigneur quant aux petits enfants. Ils pensaient probablement que le Seigneur était trop grand pour remarquer ces petits, et qu’ils étaient trop insignifiants pour attirer son attention. En reprenant ceux qui apportaient leurs petits enfants pour que le Seigneur les bénisse, les disciples donnaient une image tout à fait fausse de leur Maître ; ils ne voyaient pas ce qui est si beau dans un enfant, et reniaient les principes du royaume qu’ils professaient prêcher.
L’action des disciples suscite la juste indignation du Seigneur. Il répond à leurs misérables pensées en disant : « Laissez venir à moi les petits enfants ; ne les en empêchez pas ; car à de tels est le royaume de Dieu ». Son cœur est prêt à accueillir les faibles et les simples. Bien que la racine du péché soit en eux, leur simplicité et leur confiance sont bien les traits dominants de ceux qui entrent dans le Royaume de Dieu. Et de même que le Seigneur prit entre ses bras ces petits et les bénit, les bras éternels seront au-dessous de ceux qui placent leur confiance en lui avec simplicité et foi, et ses mains seront levées pour les bénir (Deut. 33:27 ; Luc 24:50).
Nous apprenons dans l’incident suivant que les qualités naturelles et les possessions terrestres, quelque valeur qu’elles aient à leur place, non seulement ne donnent pas l’entrée dans le Royaume de Dieu, mais peuvent être un véritable obstacle à la bénédiction. La nature humaine, même dans ce qu’elle a de meilleur, n’a aucun sentiment du besoin qu’elle a de Christ, et ne parvient aucunement à comprendre la gloire de Christ.
Il y avait beaucoup de choses excellentes dans cet homme riche. Il était plein d’ardeur juvénile — il est dit qu’il « accourut ». Il était prêt à admettre la supériorité de Christ, car il se jeta « à genoux devant lui ». Il avait le désir de bien agir, puisqu’il demande : « Que ferai-je ? » Extérieurement, il avait un caractère remarquable. Il n’avait pas été dépravé par la complaisance à l’égard du péché. En apparence, il avait gardé la loi. Il y avait beaucoup de choses aimables dans son caractère — fruit de la création —, des choses qui suscitèrent l’estime et l’amour du Seigneur. Quelqu’un a dit : « Il était aimable, bien disposé, et prêt à apprendre ce qui était bon ; il avait été témoin de l’excellence de la vie et des œuvres de Jésus, et son cœur était touché de ce qu’il avait vu » (J.N.D.).
Pourtant, toutes ces qualités naturelles le laissaient sans vraie connaissance de la Personne et de la gloire de Christ, et sans vraie conscience de l’état et du besoin de son propre cœur. Il pouvait discerner la perfection de Christ comme Homme, mais non la gloire de sa Personne comme Fils de Dieu. La nature, aussi excellente soit-elle, ne peut pas discerner Dieu en Christ. Ainsi, dans une autre occasion, le Seigneur peut dire à Pierre : « Tu es bienheureux... car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ». Le Seigneur, prenant le jeune homme sur son propre terrain, ne peut pas admettre qu’un homme soit bon : « Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu ». Effectivement, Christ était bon, mais il était Dieu. « Il était toujours Dieu, et Dieu devint un homme sans cesser, et sans pouvoir cesser, d’être Dieu » (J.N.D.).
En outre, n’ayant pas conscience de ses besoins, le jeune homme ne demande pas : « Que dois-je faire pour être sauvé ? » mais « Que ferai-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? » Ses belles dispositions naturelles le rendaient aveugle au fait que, malgré toutes ses qualités, il était un pécheur perdu et avait besoin du salut. Le Seigneur soulève le voile et manifeste le véritable état de son cœur en lui disant : « Va, vends tout ce que tu as... et viens, suis-moi ». Cela met en lumière le fait solennel qu’en dépit de son caractère aimable et bon, il avait un cœur qui préférait l’argent à Christ. C’est ainsi que nous lisons : « Et lui, affligé de cette parole, s’en alla tout triste ». Quelle preuve éclatante que, pour Dieu, il n’y a aucun bien dans l’homme ! Un caractère excellent ne donne aucune indication sur l’état moral du cœur. Il a été très justement écrit : « C’est ce qui gouverne le cœur, c’est le mobile qui le fait agir qui est la vraie mesure de l’état moral d’un homme, et non point ses qualités naturelles quelque agréables qu’elles soient. On trouve de bonnes qualités même chez les animaux ; on doit les estimer, mais elles ne font pas du tout connaître l’état moral du cœur » (J.N.D.).
Christ lui-même était l’exemple parfait de la voie qu’il proposait au jeune homme. « Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor. 8:9). N’ayant pas discerné la gloire du Seigneur, ce jeune homme n’a pas vu sa grâce. Nous ne voyons jamais sa grâce avant d’avoir vu sa gloire.
Connaissant l’effet de ses paroles sur les disciples, le Seigneur, après les avoir regardés, souligne la leçon que nous avons à apprendre de ce jeune homme, en disant : « Combien difficilement ceux qui ont des biens entreront-ils dans le royaume de Dieu ! » Les disciples sont très étonnés de ces paroles, car selon leur conception juive d’une bénédiction terrestre, ils considéraient les richesses et les biens comme une marque de la faveur de Dieu. En outre, ils pensaient peut-être dans leur cœur, comme nous-mêmes trop souvent : si seulement nous étions riches, que de bien nous pourrions faire ! Pour répondre à ces difficultés, le Seigneur montre que le grand danger des richesses réside dans le fait que les hommes s’imaginent pouvoir s’assurer le salut et les bénédictions du Royaume par le moyen des richesses, et qu’ainsi ils placent leur confiance dans les richesses. Remarquons que le Seigneur ne parle pas d’un homme littéralement riche, mais de quelqu’un qui se confie dans les richesses. C’est un danger auquel le plus pauvre en biens matériels est exposé autant que le plus riche. Le Seigneur se sert d’une image pour montrer combien il est difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. Étonnés, les disciples demandent : « Et qui peut être sauvé ? » Le Seigneur nous répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais non pas pour Dieu ». Leur question semble indiquer qu’il subsistait dans leur esprit la pensée que, dans une certaine mesure au moins, leur salut dépendait d’eux. Ils devaient apprendre, comme nous tous aussi, que notre salut est entièrement l’œuvre de Dieu et que l’homme n’y est pour rien. Ni la loi, ni la nature, ni les richesses, ni la pauvreté, ne sont pour quelque chose dans le salut de l’âme. Celui-ci repose entièrement sur la puissance de la grâce de Dieu, et ce qui est impossible pour l’homme est possible pour Dieu. Aussi nous lisons : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; non pas sur le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éph. 2:4-9).
Pierre fait remarquer que les douze avaient suivi la voie que le Seigneur avait indiquée au jeune homme et, en quelque sorte, demande ce qu’ils en retireraient. Le Seigneur répond que maintenant, en ce temps-ci, ils recevraient cent fois autant qu’ils n’avaient abandonné, avec des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle. Si nous quittons le cercle de nos parents inconvertis, nous réaliserons que nous sommes dans le cercle beaucoup plus vaste de la famille de Dieu. Il en résultera peut-être des persécutions de la part du milieu mondain dont nous sommes sortis, mais c’est le chemin qui mène à la vie. Les paroles du Seigneur indiquent toutefois que ce n’est pas le simple fait de tout quitter qui sera récompensé, mais le motif qui nous a fait agir ainsi. Cela ne doit pas être accompli pour s’exalter soi-même, ou même en vue d’une récompense, mais comme le dit le Seigneur : « Pour l’amour de moi et pour l’amour de l’évangile ».
Le Seigneur ajoute une parole qui nous sonde : « Mais plusieurs qui sont les premiers seront les derniers ; et les derniers seront les premiers ». Voilà bien un avertissement contre la suffisance à laquelle nous sommes tous si enclins et qui marquait apparemment les paroles de Pierre lorsqu’il disait : « Voici, nous avons tout quitté ». Qu’avait-il quitté en fait, sinon quelques vieux filets demandant à être raccommodés ! Veillons à ne pas nous vanter de ce que nous avons abandonné pour Christ. On a dit justement : « Ce n’est pas le début de la course qui est déterminant, c’est nécessairement son achèvement qui en est le point important. Dans cette course, il y a beaucoup de changements et, en outre, bien des faux pas, des chutes et des revers ». La vraie question n’est pas de savoir ce que nous avons abandonné dans le passé, mais ce que nous faisons aujourd’hui.
Les douze avaient tout quitté pour suivre Christ ; mais ils avaient si peu calculé la dépense qu’immédiatement après, ils se trouvent dans un chemin qui les remplit de crainte. « Ils étaient stupéfiés » de voir le Seigneur s’engager délibérément dans un sentier qui comporterait l’épreuve et la persécution, et ils craignaient pour eux-mêmes. Le Seigneur ne leur cache pas les souffrances qu’il allait rencontrer. Il leur dit que, comme Fils de l’homme, il allait être livré aux chefs de la nation et des Gentils, qui ne lui épargneraient aucune insulte et le mettraient à mort, mais que le troisième jour il ressusciterait.
À ce moment-là, le Seigneur ne put pas trouver parmi les douze un seul disciple capable d’entrer dans sa pensée, de sympathiser avec lui ou de comprendre la nécessité de ses souffrances. Préoccupés par la pensée d’un royaume sur la terre, Jacques et Jean viennent exprimer le désir d’y avoir une haute position, tout près du Seigneur lui-même. Il y avait en eux une vraie foi quant à l’établissement du royaume, mais, comme c’est si souvent le cas pour nous, la chair non jugée s’introduit vite dans le domaine de la foi. Ils considéraient le royaume comme une occasion d’avoir un avancement personnel, au lieu de le voir comme la sphère de la manifestation de la gloire de Christ. « Ce qui est né de la chair est chair », qu’il s’agisse des saints les plus ignorés ou d’éminents apôtres. Que de fois depuis ce jour la laideur de la chair ne s’est-elle pas spécialement trahie en ceux qui paraissent être quelque chose !
Le Seigneur saisit l’occasion de cette question charnelle pour instruire ses disciples. Il souligne que le chemin menant à la gloire du royaume passe par la souffrance. Lui seul pouvait accomplir la rédemption par les souffrances de la croix, étant abandonné de Dieu. Mais les disciples auraient le privilège de boire la coupe des souffrances de la part des hommes. En outre, s’il pouvait leur garantir le privilège de souffrir pour son Nom, il ne pouvait pas leur donner une place à sa droite dans le royaume. Il avait pris la place de Serviteur, et il laissait au Père le soin de déclarer qui recevrait une place privilégiée au jour de la gloire.
La chair se trahit encore dans les dix ; leur indignation à l’égard de Jacques et de Jean montre la jalousie à l’œuvre dans leur propre cœur. On a dit : « Ce n’est pas seulement par les manquements de l’un ou de l’autre que la chair se manifeste, mais par notre comportement vis-à-vis des manquements des autres, lorsqu’ils sont amenés au jour. L’indignation qui éclata parmi les dix montrait l’orgueil de leur propre cœur, tout autant que la demande des deux disciples qui désiraient la meilleure place ».
Jésus les appelle auprès de lui et reprend les pensées charnelles des deux disciples, comme celles des dix, en plaçant devant eux le chemin de la vraie grandeur. S’il ne peut pas leur donner la première place dans la gloire, il peut leur montrer le chemin qui y conduit. Celui qui prend la dernière place sur la terre, comme étant l’esclave de tous, aura la première place dans la gloire. Le Fils de l’homme était le modèle parfait dans un tel chemin.
Dans chacun des trois premiers évangiles, l’entrée du Seigneur à Jérusalem, et le miracle par lequel un aveugle recouvre la vue, introduisent les événements qui aboutissent à Sa mort et à Sa résurrection. Sa vie sur la terre comme Fils de l’homme venu servir dans la grâce et l’humilité, est terminée. Maintenant, il se présente lui-même à Jérusalem comme le Fils de David — le Messie promis. Après avoir été rejeté comme parfait Serviteur de l’Éternel, il est rejeté comme Fils de David, et ces deux rejets ouvrent la voie à un service encore plus grand : le don de Sa vie en rançon pour plusieurs, comme Fils de l’homme.
Le Seigneur entre à Jéricho — la ville maudite — non pas pour juger et exécuter la malédiction, mais dans l’humble grâce de Celui qui allait porter la malédiction. Comme il sortait de la ville, il rencontre un aveugle qui était assis sur le bord du chemin et mendiait. Ne pouvons- nous pas dire que l’état physique de l’aveugle représente la condition morale de la nation ? Le Messie était présent, il était venu en grâce et en puissance pour bénir, mais la nation comme telle était aveugle, et ne discernait ni la gloire de sa Personne ni sa propre misère. Ils ne voyaient en Jésus qu’un Nazarénien méprisé.
En contraste avec la foule, Bartimée était conscient de sa misère et de sa propre incapacité d’y remédier. Comme toujours, c’est l’âme qui a des besoins qui est attirée vers Jésus et qui discerne sa gloire. Si la foule parle de Jésus comme d’un Nazarénien, la foi discerne dans cet Homme humble le Fils de David, Celui dont il est écrit qu’il serait donné « pour ouvrir les yeux aveugles » (És. 42:7). Aussi l’aveugle peut-il crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ».
Comme toujours, lorsqu’une âme cherche Jésus, il y a des obstacles à vaincre. Plusieurs reprennent l’aveugle pour qu’il se taise, ne voulant pas que le Seigneur soit importuné par un mendiant. Mais sa foi s’élevant au-dessus de tous les obstacles, l’homme crie d’autant plus fort ; et dans sa grâce, le Seigneur, « s’arrêtant », commande qu’on l’appelle. Jetant loin son vêtement, il se lève et vient vers Jésus. Puissions-nous, lorsque nous sommes conscients de notre misère et que nous discernons quelque chose de la gloire de Jésus, jeter loin tout vêtement de propre justice dans lequel nous pourrions nous confier, et venir à Jésus tels que nous sommes, dans toute notre misère et notre faiblesse. À la demande du Seigneur : « Que veux-tu que je te fasse ? » l’aveugle répond : « Que je recouvre la vue ». Le Seigneur prend la place de celui qui agit, et l’aveugle accepte d’être celui qui reçoit. Le Seigneur répond tout de suite à cette foi simple. L’aveugle recouvre la vue et suit Jésus dans le chemin, devenant désormais son disciple. Il n’a pas essayé de suivre Jésus pour recouvrer la vue ; mais ayant reçu la bénédiction, il l’a suivi. Il nous faut d’abord recevoir les bénédictions du salut et du pardon que nous apporte l’œuvre de Christ, avant de pouvoir le suivre comme étant l’objet du délice de notre âme.
Comme ils approchent de Jérusalem, les préparatifs sont faits en vue de la présentation du Seigneur à Israël comme Fils de David, en accomplissement de la prophétie de Zacharie (Zach. 9:9). C’était un nouveau témoignage à la gloire du Seigneur et un dernier signe pour le peuple. Se présentant comme Roi, Jésus agit avec une autorité royale. Si quelqu’un demandait aux disciples pourquoi ils détachaient l’ânon, il leur suffirait de répondre : « le Seigneur en a besoin », pour mettre immédiatement fin à toute question. C’est ce qui se passa, et il en sera de même dans le jour de gloire à venir, où l’on pourra dire véritablement de Sion : « Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance » (Ps. 110:3).
Lorsqu’il entre à Jérusalem, le Seigneur se trouve environné d’une foule qui le salue comme Roi, citant les versets 25 et 26 du Psaume 118 : « Sauve, je te prie... ! Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel ! » C’est le cri que poussera la nation dans un jour à venir, lorsqu’un résidu repentant regardera à l’Éternel pour être sauvé. Ce moment-là n’était pas encore venu. Mais si les chefs de la nation rejettent le Seigneur, il est donné aux petits enfants et à ceux qui tètent de rendre un témoignage à sa gloire (Ps. 8:2). Étant entré dans la ville et dans le temple, le Seigneur promène ses regards scrutateurs sur tout. Il ne le fait que pour mettre en évidence les signes de rébellion, de corruption et d’incrédulité qui marquent un état qu’il refuse de sanctionner par sa présence ; ainsi, le soir étant venu, il retourne à Béthanie, où il y en avait quelques-uns qui l’aimaient et le reconnaissaient.
Le lendemain, alors que le Roi retournait à la ville avec ses disciples, nous lisons qu’il « eut faim ». Il chercha du fruit sur un figuier, mais n’y trouva « rien que des feuilles ». Ne pouvons- nous pas dire que, pour le Seigneur, il ne s’agissait pas seulement d’une faim physique, mais d’une faim spirituelle qui cherchait quelque reconnaissance de la part d’Israël, pour tous les siècles de bonté que Dieu avait accordés à la nation ? Quelque chose qui serait du fruit pour satisfaire le cœur de Dieu. De même que sur l’arbre, le Seigneur trouva abondance de feuilles mais pas de fruit, dans la nation, il rencontra une grande profession de piété devant les hommes, mais rien dans la vie intérieure qui puisse être du fruit pour Dieu.
Quel résultat solennel ! Quelle que soit leur profession religieuse devant le monde, ceux qui cessent de vivre droitement devant Dieu seront mis de côté en tant que témoignage devant les hommes. Aussi le Seigneur doit-il dire : « Que désormais personne ne mange jamais de fruit de toi ». C’est là certainement un principe d’une grande portée. Plus tard, le Seigneur doit dire de l’Assemblée à Éphèse, qui, par ses œuvres, donnait une si belle apparence de piété, qu’elle n’avait pas été fidèle dans ses affections envers lui ; et il lui déclare : « Tu as abandonné ton premier amour ». Le Seigneur la prévient qu’il va par conséquent ôter sa « lampe de son lieu ». Ces croyants n’étant pas droits de cœur envers Christ, ils allaient perdre leur témoignage devant les hommes. C’est un avertissement solennel pour nous tous que le véritable critère de la spiritualité n’est pas la profession extérieure de piété devant les hommes, mais la vie intérieure vécue devant Christ.
Étant venu dans la ville, Jésus entre dans le temple et constate l’ampleur de la corruption de la Maison de Dieu laissée entre les mains des hommes. Cette Maison, par laquelle Dieu s’approche des hommes, et où l’homme peut s’approcher de Dieu, était devenue entre les mains des Juifs religieux un moyen de satisfaire leur cupidité. Et ce que les chefs en Israël ont fait, les conducteurs dans l’assemblée chrétienne sont en danger de le faire, si la grâce de Dieu n’intervient. Quelques années plus tard, l’apôtre Paul nous met en garde contre l’intrusion, parmi les chrétiens, d’hommes corrompus dans leur entendement qui « estiment que la piété est une source de gain » (1 Tim. 6:5). L’apôtre Pierre aussi, qui présente l’Assemblée comme la Maison de Dieu, exhorte les anciens à ne pas vouloir paître le troupeau de Dieu pour « un gain honteux » (1 Pierre 5:2). Dans sa seconde épître, il nous avertit également que des hommes s’introduiraient parmi les chrétiens et, « par cupidité », feraient « trafic » des croyants. Nous apprenons ainsi que la chair ne change pas. La convoitise qui a corrompu la Maison de Dieu à Jérusalem s’est insinuée avec son influence perverse dans la Maison spirituelle de Dieu. Aussi « le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu » (1 Pierre 4:17).
Le Seigneur condamne cette corruption en termes clairs. La Maison qui, selon les Écritures, devait être une maison de prière pour toutes les nations, avait été transformée en une caverne de voleurs (És. 56:7 ; Jér. 7:11). En dénonçant ce mal, le Seigneur ne fit que soulever contre lui l’opposition la plus absolue. « Les principaux sacrificateurs et les scribes l’entendirent, et ils cherchèrent comment ils le feraient mourir ». Et aujourd’hui, ceux qui, en présence de la corruption de la chrétienté, cherchent à suivre le Seigneur en prenant position pour la vérité, rencontreront en quelque mesure de l’opposition. « La vérité fait défaut, et celui qui se retire du mal devient une proie » (És. 59:15).
Le Seigneur enseigne à ses disciples le principe important qui permet au saint le plus faible de surmonter les plus grandes difficultés et de vaincre l’adversaire le plus subtil. Extérieurement toute la puissance et l’autorité de l’ordre établi étaient entre les mains de ceux qui s’opposaient au Seigneur et à son enseignement. Comment donc quelques pauvres pêcheurs pourraient-ils résister à la sagesse et au pouvoir d’hommes haut placés ? La réponse du Seigneur est : « Ayez foi en Dieu ». Toute la puissance de ceux que symbolisait le figuier stérile disparaîtrait devant la puissance de Dieu dont la foi pouvait se saisir. La nation juive, qui représentait tout le système de la loi, paraissait grande aux yeux des disciples, comparable à une montagne établie depuis des siècles. Toutefois, même si pour la vue, la nation semblait stable et durable, la foi pouvait discerner qu’elle allait être jetée dans la mer des nations. Mais si la montagne devait être ôtée, Dieu demeurerait, la ressource infaillible de la foi.
En outre la foi s’exprime dans la prière à Dieu. Cependant elle n’implique pas seulement que nous placions nos requêtes devant Dieu, mais qu’en le faisant, nous attendions une réponse. Aussi l’Esprit de Dieu peut nous exhorter par l’apôtre Paul à prier « par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance » (Éph. 6:18). Nous sommes ainsi mis en garde contre la répétition de formules et de requêtes générales.
De plus, le Seigneur nous avertit de ne pas nourrir, lorsque nous prions, des pensées de vengeance contre ceux qui peuvent nous avoir offensés ou s’être opposés à nous. Rien n’entravera davantage nos prières que l’incrédulité envers Dieu — Celui auquel nous nous adressons —, et un esprit intransigeant à l’égard de ceux pour lesquels nous prions. On a dit très justement que « le Seigneur joint à la prière de la foi la nécessité d’un esprit de douceur et de pardon à l’égard de ceux contre lesquels notre cœur pourrait avoir quelque chose, de peur que le gouvernement du Père ne soit amené à rappeler nos propres offenses » (F.W.G.).
Nous avons vu le Seigneur Jésus présenté à la nation comme le Roi — le Fils de David, mais rejeté par les chefs du peuple qui cherchaient « comment ils le feraient mourir ». Dans cette partie de l’évangile, les chefs des différentes classes composant la nation paraissent dans leur véritable condition et sont rejetés par Christ.
Comme toujours, les adversaires les plus acharnés de Christ sont les chefs religieux d’un système corrompu. Les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens sont les premiers à être démasqués dans la présence du Seigneur. Par l’exercice de sa puissance et de sa grâce divines, le Seigneur avait rendu la vue à un aveugle. Comme Fils de David, il était entré à Jérusalem et avait purifié le temple. Hélas ! ces chefs religieux, préoccupés uniquement d’eux-mêmes et de leur réputation en matière de religion, étaient aussi insensibles aux besoins des hommes qu’à la sainteté de la maison de Dieu. Soucieux de maintenir leur propre autorité, ils ne pouvaient supporter que, dans le domaine religieux, quelque chose se fasse indépendamment d’eux. Indifférents à la corruption qui existait dans la maison de Dieu et incapables d’y remédier, ils s’opposent à Celui qui peut et qui veut s’occuper du mal, et ils le font en soulevant la question de son autorité.
Le Seigneur leur répond en les questionnant au sujet de Jean le Baptiseur. Puisqu’ils prennent la place de chefs religieux, sont-ils en mesure de déclarer si l’autorité de la mission de Jean venait du ciel ou des hommes ? La question du Seigneur, non seulement démontre leur incapacité de juger en matière d’autorité, mais dévoile leur hypocrisie flagrante.
Le fait qu’ils raisonnent entre eux avant de répondre au Seigneur prouve qu’ils étaient dépourvus de tout principe. En bons politiciens, ils étaient prêts à répondre d’une manière ou d’une autre, indépendamment de leurs convictions. Mais ils étaient conscients que leur réponse, quelle qu’elle soit, les exposait à être condamnés, ou par le Seigneur ou par les hommes. Aussi se retranchent-ils dans le silence en déclarant : « Nous ne savons ». Leur méchanceté et leur hypocrisie ayant été démasquées, le Seigneur refuse de répondre à leur question.
La fourberie des chefs religieux qui, ne pensant qu’à leur propre réputation, « craignaient le peuple » mais n’avaient aucune crainte de Dieu, a été manifestée. Le Seigneur place maintenant devant eux, dans une parabole, l’histoire morale de la nation. Il montre que, comme les principaux sacrificateurs de ce temps-là, ainsi dans le passé, les conducteurs avaient toujours failli quant à leur responsabilité. En outre, considérant le proche avenir, le Seigneur annonce le jugement qui allait venir sur les chefs et sur la nation. Comme la vigne de la parabole, Israël avait été établi dans un pays choisi ; le peuple avait été séparé des nations par une loi qui réglait sa vie et qui, semblable à une clôture, établissait des limites autour de lui. De même que la fosse avait été creusée pour le pressoir, il avait été pourvu à tout pour que la nation porte du fruit pour Dieu. Et, comme la vigne protégée par une tour, ils avaient été mis à l’abri de tout ennemi. La nation avait donc reçu la responsabilité de maintenir sa position unique et de produire du fruit pour Dieu.
« En la saison », Dieu vient chercher ce que la nation aurait à lui offrir en retour de toute sa bonté. Hélas ! cette épreuve morale de l’homme, telle que l’histoire d’Israël la présente, ne sert qu’à prouver sa ruine totale. Il n’y a rien pour Dieu dans le cœur de l’homme, même quand il est aussi abondamment béni de Dieu et que tout lui est donné pour prendre conscience de cette bonté.
C’est ainsi que toute tentative de la part de Dieu pour recevoir du fruit de la nation est non seulement repoussée, mais traitée avec un ressentiment croissant. Le premier serviteur est renvoyé à vide. Le deuxième est couvert d’outrages. Les suivants rencontrent non seulement les outrages, mais la persécution, et même la mort. La nation manifeste de plus en plus l’échec de l’homme laissé à sa propre responsabilité. Mais il reste une dernière épreuve à faire, pour voir s’il est possible de toucher le cœur de l’homme. Dieu a un Fils, un Fils unique et bien-aimé ; c’est lui qu’il enverra, et s’il y a une étincelle de bonté dans la race humaine, ils auront certainement du respect pour lui. On aurait pu trouver des motifs d’antipathie, et même de haine, dans les meilleurs des prophètes et des rois, mais dans le Fils il ne peut y avoir aucun motif de haine. Hélas ! Il a dû dire : « Ils me font la guerre sans cause. Pour mon amour, ils ont été mes adversaires... Ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (Ps. 109:3-5).
La venue du Fils manifeste l’état réel du cœur de l’homme. Israël voudrait bien d’un royaume sans Christ, et les Gentils, d’un monde sans Dieu ; c’est ce qu’expriment les cultivateurs de la parabole : « Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous ». Et aujourd’hui, le monde entier se comporte comme ces chefs d’Israël aux jours du Seigneur. Il apparaît de plus en plus clairement que la volonté de l’homme est d’exclure Dieu de Son propre monde. Les évolutionnistes veulent évincer Dieu de Sa création ; les politiciens, l’éliminer du gouvernement et les modernistes, le bannir de la religion.
Il nous est accordé de voir ici le vrai caractère de la chair qui est en nous. Elle peut être patriotique, sociale et religieuse, mais si nous la laissons agir à sa guise, elle mettra Christ à mort et le rejettera du monde. CHRIST — le Christ de la révélation (car la chair peut même se forger un Christ selon sa propre imagination) — est la vraie pierre de touche ; cela démontre que malgré la belle apparence extérieure que la chair peut parfois revêtir, elle est toujours fondamentalement en opposition mortelle avec Dieu.
Ce rejet de Christ entraîne le jugement gouvernemental sur la nation juive et amènera Dieu à en susciter d’autres chez lesquels il cherchera du fruit. Le Seigneur cite leurs propres écritures (Ps. 118:22, 23), pour les convaincre du péché qu’ils commettaient en le rejetant. Par ce terrible péché, ils s’opposaient directement à Dieu ; car Celui qu’ils allaient clouer à une croix, Dieu l’exalterait à la gloire suprême. Le Seigneur indique toutefois que le moment vient où un résidu repentant reconnaîtra que ce que le Seigneur a fait est une chose merveilleuse devant leurs yeux.
L’homme dont la conscience est touchée sans que le cœur soit atteint n’en est que plus exaspéré. Tel est le cas de ces hommes méchants ; ils cherchent à se saisir de Lui, mais pour le moment ils s’en abstiennent par simple politique : ils craignaient la foule. Aussi, « le laissant, ils s’en allèrent ». Quelle condition désespérée que celle de ceux qui tournent délibérément le dos à Christ et qui s’en vont !
Toute la haine des chefs religieux contre Christ ayant été démasquée, c’est maintenant l’état des différents partis divisant la nation qui est placé devant nous. Les pharisiens et les hérodiens sont les premiers à venir se présenter devant le Seigneur. Bien qu’opposés entre eux, ils étaient unis dans leur haine contre Christ et avaient le même désir de s’élever dans ce monde. Les pharisiens cherchaient à se forger une réputation religieuse par l’observation extérieure de formes et de cérémonies ; les hérodiens cherchaient leur propre avancement dans le monde social et politique. Ils sont tous obligés de constater que Celui qui est là exclusivement pour la gloire de Dieu ne peut que condamner de telles ambitions ; et c’est pour cela qu’ils s’opposent au Seigneur. Tout ce qu’il était, chaque vérité qu’il enseignait, chacun de ses actes, avait pour origine des motifs entièrement différents de ceux qui dirigeaient leur vie. Aussi, s’ils viennent à Christ, ce n’est pas pour apprendre à ses pieds, mais c’est avec l’espoir de le surprendre dans ses paroles. Les mobiles mondains qui les animaient les avaient rendus tellement aveugles quant à la gloire de Christ et tellement remplis d’eux-mêmes, par la haute estime qu’ils avaient de leurs propres facultés et de leur importance, qu’ils pensaient réellement pouvoir surprendre le Seigneur de gloire dans ses paroles.
Ils s’imaginent en outre que la tactique qui s’utilise souvent avec tant de succès envers les hommes peut aussi être employée avec le Seigneur. Ainsi ils essaient de le prendre par la flatterie et la fausseté. Ils disent : « Tu es vrai, et... tu ne t’embarrasses de personne ; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu avec vérité ». C’était exact, mais ce n’était pas l’expression véritable de leurs mauvais cœurs. Ayant, selon leur estimation, ouvert le chemin par la flatterie, ils posent leur question : « Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? » Dans leur méchanceté, ils avaient imaginé une question qui, selon eux, allait le compromettre aux yeux des Juifs ou à ceux des Gentils, quelle que soit la réponse qu’il y donnerait, qu’il dise « oui » ou qu’il dise « non ».
Le Seigneur démasque leur hypocrisie par la question : « Pourquoi me tentez-vous ? » En cherchant à le surprendre dans ses paroles, ils tombent dans leur propre piège ; ils manifestent ainsi leur mauvais état, en fait devant les hommes et moralement devant Dieu. À la demande du Seigneur, on lui présente un denier, « et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Et ils lui dirent : De César ». De toute évidence, il appartient donc à César ; pour cette raison, il n’est que juste de rendre « les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu ». Le pouvoir romain n’avait rien à redire au fait de rendre à César les choses de César ; les Juifs ne pouvaient pas critiquer le principe consistant à rendre à Dieu les choses de Dieu. Le fait même que la monnaie de César circulait dans le pays témoignait de l’abaissement de la nation, asservie aux Gentils. Hélas ! malgré leur position humiliante, ils ne manifestaient aucune vraie repentance, puisqu’ils se rebellaient constamment contre César et qu’ils rejetaient leur propre Messie. Percevant la sagesse de la réponse du Seigneur, ils étaient dans l’étonnement, mais hélas ! leur conscience n’était pas touchée, ni à l’égard de Dieu ni à l’égard de l’homme.
Les pharisiens et les hérodiens ont été démasqués et réduits au silence dans la lumière de la présence du Seigneur ; maintenant, ce sont les sadducéens qui viennent à lui, mais seulement pour voir leur ignorance et leur incrédulité mises à nu. Les sadducéens étaient les matérialistes de ce temps-là et personnifient l’incrédulité de la chair. On a dit très justement : « La force de l’incrédulité consiste à créer des difficultés en soulevant des cas imaginaires qui n’ont rien à voir avec la réalité, et en introduisant les raisonnements des hommes dans les choses de Dieu » (W. K.). Ainsi dans cette occasion, ces hommes méchants cherchent à s’opposer à la vérité en la ridiculisant. Ils présentent un cas imaginaire qui, à leur avis, démontre l’absurdité de la résurrection. Comme c’est toujours le cas avec les incrédules, ils trahissent une grossière ignorance de l’Écriture et méconnaissent la puissance de Dieu. Si l’Écriture avait dit qu’on se mariait dans la résurrection, la situation qu’ils avaient imaginée aurait certes pu présenter une difficulté. Et si Dieu n’avait pas de puissance, la résurrection elle- même serait impossible.
Pas une ligne dans l’Écriture ne permet de dire que les relations terrestres subsisteront dans le ciel. Nous ne ressusciterons pas comme maris et femmes, parents et enfants, maîtres et serviteurs, mais, à cet égard, nous serons comme les anges. Nous ne serons pas des anges, comme on se l’imagine à tort, mais nous serons semblables à eux en ce que nous ne serons plus soumis aux relations terrestres. Le croyant jouira de privilèges et de liens célestes, infiniment plus élevés que les privilèges des anges et que les liens passagers qui concernent ce temps-ci.
Quant à la résurrection, le Seigneur montre de nouveau leur ignorance des Écritures. Ils avaient cité Moïse pour tenter de prouver que l’enseignement du Seigneur était en opposition à celui de Moïse ; aussi le Seigneur recourt-il à Moïse pour démontrer leur ignorance de ce que Dieu avait dit. N’est-il pas écrit dans le livre de Moïse, au titre : « Du buisson », comment Dieu lui parla, disant : « Moi, je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob » ? Lors de l’incident du buisson, Abraham, Isaac et Jacob étaient morts depuis longtemps, mais Dieu parle encore de Lui-même comme étant leur Dieu : il n’est toutefois pas le Dieu des morts, mais des vivants. Ils étaient bien morts en ce temps-là, et pourtant ils vivent encore et ressusciteront pour jouir des promesses de Dieu ; promesses qui, le péché étant intervenu, ne pourront se réaliser que sur le terrain de la résurrection. C’est pourquoi le Seigneur peut dire aux incrédules d’alors comme à ceux d’aujourd’hui : « Vous êtes donc dans une grande erreur ».
Aux sadducéens succède un représentant des scribes, qui étaient les commentateurs de la loi, et qui croyaient que certains commandements avaient plus d’importance que d’autres. Il demande au Seigneur de donner son avis sur le point suivant : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Dans sa sagesse parfaite, le Seigneur laisse de côté les dix commandements qui viendraient naturellement à l’esprit de l’homme, et choisit certaines grandes exhortations du Pentateuque qui résument la loi et expriment l’ensemble des devoirs de l’homme envers Dieu et envers le prochain.
Premièrement, l’homme est responsable de maintenir la vérité de l’unité de la Déité, conformément à l’Écriture qui dit : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur ». Il s’ensuit que l’homme a la responsabilité d’aimer Dieu plus que lui-même, et de rejeter tout ce qui pourrait prendre la place qui Lui est due. Secondement, il doit aimer son prochain comme lui-même. Tel est le résumé de toute la loi et la présentation de toutes ses exigences à l’égard de l’homme sur la terre. Si ces deux commandements étaient gardés, aucun autre ne serait transgressé.
Le scribe rend témoignage à la perfection de la réponse du Seigneur. Sa conscience lui dit que le Seigneur a exprimé la vérité. Il reconnaît que rendre à Dieu ce qui lui est dû et agir justement envers son prochain a plus de valeur que toutes les formes et les cérémonies extérieures de la loi. Comme toujours, la condition morale de l’âme a infiniment plus d’importance aux yeux de Dieu que les manifestations extérieures de piété.
Le Seigneur reconnaît l’intelligence de ce scribe. Pour ce qui en était de la compréhension et d’une reconnaissance honnête de la vérité, il n’était pas loin du royaume de Dieu. Mais hélas ! il était en dehors. Il discernait la vérité de ce que Christ disait, mais il ne voyait pas Sa gloire, ni ne s’inclinait devant la vérité quant à sa Personne. Comme quelqu’un l’a dit : « On peut être près ou éloigné du royaume de Dieu, mais si on n’y entre pas, cela est également fatal » (W. K.). Comme beaucoup d’autres, le scribe savait ce qui était dans la loi, mais il ne voyait pas sa misère profonde comme ayant complètement manqué à satisfaire aux exigences de la loi. Par conséquent, il ne discernait pas la gloire de la Personne de Christ, ni la grâce qui était en Lui pour répondre aux besoins de ceux qui avaient totalement failli à leurs responsabilités.
Après cela, personne n’ose plus interroger le Seigneur. Des représentants de toutes les classes — sacrificateurs, chefs du peuple, pharisiens, hérodiens, sadducéens et scribes — étaient venus le tenter par leurs questions, et s’étaient trouvés démasqués et réduits au silence. Le pharisien qui professait défendre la religion n’avait pas rendu les choses de Dieu à Dieu. Le hérodien qui prétendait maintenir les intérêts politiques de César n’avait pas rendu les choses de César à César. Le sadducéen qui glorifiait la raison s’était distingué par son ignorance. Et le scribe qui expliquait la loi ne l’avait pas gardée. Quoique adversaires les uns des autres, ils étaient unis pour s’opposer à Christ et manifester la ruine complète de l’homme responsable.
Après avoir répondu à toutes les questions et réduit au silence tous ses adversaires, le Seigneur à son tour pose une question d’une importance capitale, — capitale parce qu’elle touche à la gloire de sa Personne et que de sa Personne dépend toute bénédiction pour l’homme. « Comment disent les scribes que le Christ est fils de David ? Car David lui-même a dit par l’Esprit Saint : « Le Seigneur a dit à mon seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour marchepied de tes pieds. » Les questions de ses adversaires étaient basées sur les raisonnements et les imaginations de leurs propres esprits ; celle du Seigneur est fondée sur l’Écriture et révèle la gravité de leur situation, car elle met en lumière le mystère de sa Personne qu’ils refusaient de reconnaître. Les scribes admettaient bien que le Messie devait être le Fils de David, mais ils ne voyaient pas ce que l’Esprit Saint établit clairement dans leurs propres Écritures : qu’Il n’était pas seulement le Fils de David, mais aussi le Seigneur de David. Comment peut-il être à la fois le Fils de David et le Seigneur de David ? Il n’y a qu’une seule réponse possible. Il est véritablement Homme, et tout aussi véritablement une Personne divine. En refusant de reconnaître la vérité quant à sa Personne, ils passent à côté de la bénédiction, et Celui qu’ils rejettent s’assied à la droite de Dieu, où il attend que le moment soit venu de juger tous ses adversaires.
Après avoir manifesté l’état des chefs du peuple, le Seigneur prononce une mise en garde contre ceux qui faisaient profession d’être très religieux, mais dont le seul mobile était de s’exalter eux-mêmes. Ils aiment l’apparat — les « longues robes », l’honneur public — « les salutations dans les places publiques », la prééminence religieuse — « les premiers sièges dans les synagogues », les distinctions sociales — « les premières places dans les repas » ; ils cherchent à s’enrichir, même aux dépens des veuves, et font preuve d’ostentation religieuse lorsque « pour prétexte [ils] font de longues prières ». Quelle solennité dans les paroles du Seigneur : « Ceux-ci recevront une sentence plus sévère » ! Plus les prétentions sont élevées, plus le jugement sera grand.
En contraste avec ceux qui ont été démasqués comme étant des hypocrites religieux, il nous est accordé de voir que, dans la nation, il y en avait quelques-uns que le Seigneur se plaisait à reconnaître. Ils sont représentés par cette pauvre veuve. Dans cette femme dévouée qui a donné tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance, pour l’entretien de la maison de Dieu, on retrouve l’esprit du résidu pieux qui, aux jours d’Esdras, était revenu de Babylone pour bâtir la maison de Dieu. Elle ignorait sans doute que le temple avait été corrompu par l’homme et qu’il allait être détruit en jugement ; mais son cœur était droit devant Dieu et ses motifs étaient purs. Elle n’a donné que deux pites, mais, aux yeux de Dieu, c’était plus que tout ce que les autres avaient donné, bien qu’ils aient jeté abondamment au trésor. Ils avaient mis de leur superflu ; elle « y a mis de son indigence, tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance ». Dieu juge de la valeur d’un don, non pas d’après son importance, mais d’après ce que l’on garde pour soi.
Le mauvais état des Juifs a été dévoilé et les chefs de chaque parti ont été condamnés en présence du Seigneur. Ils avaient rejeté leur Messie et étaient sur le point de le crucifier. Cette méchanceté suprême allait placer la nation sous le jugement gouvernemental de Dieu conduisant à la grande tribulation annoncée par les prophètes. Cela entraînerait des difficultés et des dangers, des souffrances et des persécutions pour les vrais disciples du Seigneur — le résidu pieux au milieu d’une nation impie. Pour préparer ses disciples en vue de ces jours terribles, le Seigneur, seul avec eux, prédit le déroulement des événements, les avertissant des dangers auxquels ils seront exposés et leur enseignant comment agir lorsqu’ils les rencontreront.
Ces instructions sont introduites par la remarque d’un disciple qui attire l’attention du Seigneur sur la beauté et la magnificence du temple. Le Seigneur reconnaît la majesté des bâtiments, mais ce que les hommes admiraient tant était devenu aux yeux de Dieu une caverne de voleurs, et était voué à la destruction. Il ne serait point laissé pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas.
Cette déclaration, qui devait paraître bien étrange à ceux qui considéraient le temple comme la maison de Dieu et le centre glorieux de leur religion, amène l’un des disciples à demander : « Dis-nous quand ces choses auront lieu, et quel sera le signe quand toutes ces choses devront s’accomplir ? »
Dans le discours qui suit, le Seigneur fait bien davantage que de répondre à ces questions. Les disciples pensaient aux événements, mais le Seigneur avait devant lui les siens, leurs souffrances, et les dangers qu’ils rencontreraient au milieu de ces événements. En outre, dans le récit que nous donne Marc, le Seigneur, en harmonie avec le but spécial de cet évangile, exhorte d’une manière très particulière ses disciples à accomplir leur mission en lui rendant témoignage au milieu de la nation par laquelle il a été rejeté.
Pour comprendre ces avertissements et ces instructions, il est nécessaire de se souvenir que les disciples représentent ici le résidu juif pieux et que, par conséquent, le ministère dont le Seigneur les entretient n’est pas à proprement parler le ministère chrétien, même si beaucoup de principes et de vérités s’appliquent aussi bien au peuple terrestre de Dieu qu’à son peuple céleste. C’est un ministère qui a été commencé par les douze au milieu des Juifs pendant que le Seigneur était sur la terre, et qui, après son ascension, s’est poursuivi parmi les Juifs jusqu’au rejet du témoignage du Saint Esprit, lors de la lapidation d’Étienne. Après l’enlèvement de l’Église, il sera repris par un résidu pieux parmi les Juifs et s’étendra à toutes les nations. L’évangile qu’ils ont prêché et qu’ils prêcheront encore n’est pas exactement celui qui est annoncé aujourd’hui. Ce sera, bien sûr, Christ et son œuvre qu’ils proclameront, et la grâce de Dieu qui pardonne aux pécheurs sur le fondement de l’œuvre de Christ. Mais ce sera la bonne nouvelle qu’il vient pour régner, et que la repentance et le pardon des péchés par la foi en Christ sont le chemin pour entrer dans les bénédictions du royaume terrestre (Apoc. 14:6, 7).
Le Seigneur commence son discours par cinq avertissements. D’abord il met les disciples en garde contre les faux christs. Plusieurs viendront au nom de Christ, certains allant même jusqu’à dire : « C’est moi ! » et le Seigneur ajoute qu’« ils en séduiront plusieurs ». Cet avertissement prouve que le Seigneur a très clairement en vue le résidu pieux au sein de la nation juive. Des chrétiens, instruits dans la vérité chrétienne, ne se laisseraient pas séduire par un homme qui prétendrait être le Christ ; car ils savent bien que c’est dans les nuées qu’ils le reverront. Le résidu pieux attendra à juste titre l’apparition de Christ sur la terre, et pourrait ainsi facilement se laisser séduire par l’annonce de sa venue.
Deuxièmement, les disciples sont avertis de ne pas conclure que la fin est proche quand ils entendront parler « de guerres et de bruits de guerres ». « Car il faut que ces choses arrivent » dans un monde qui a rejeté Christ. Les guerres, les tremblements de terre, les famines et les troubles sont des commencements de douleurs, non pas la fin.
Troisièmement, les disciples sont prévenus que leur témoignage les mettra en conflit avec les autorités du monde. Mais ces persécutions seront le moyen dont Dieu se servira pour apporter l’évangile devant les grands de la terre — un « témoignage » pour les gouverneurs et les rois. De plus, cet évangile doit d’abord être prêché parmi toutes les nations avant la fin, — avant le retour de Christ. En vue de ce témoignage et des persécutions qu’il entraîne, le Seigneur enseigne ses disciples à ne pas être à l’avance en souci de ce qu’ils diront, quand ils comparaîtront devant les grands de la terre, et à ne pas préparer leur défense. Il leur sera donné en cette heure-là ce qu’ils auront à dire, car ce n’est pas eux qui parleront ; ils seront simplement les porte-parole du Saint Esprit.
Quatrièmement, les disciples sont avertis que la présentation de la vérité dans la puissance du Saint Esprit suscite une telle hostilité dans le cœur humain que la persécution surgira du sein même de la famille. Et plus la relation sera étroite, plus la haine sera grande. Le frère s’élèvera contre son frère, le père contre son fils, les enfants se dresseront contre leurs parents et iront même jusqu’à les faire mourir.
Cinquièmement, les disciples sont prévenus que la persécution ne proviendra pas seulement des autorités et des plus proches parents, mais qu’ils seront haïs de tous parce qu’ils confessent le nom de Christ. Toutefois celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé — quelle que puisse être la fin : la mort comme martyr ou la venue de Christ sur la terre. Comme toujours, ce qui prouve la réalité, c’est la persévérance. Il peut certes y avoir des manquements, et l’amour de beaucoup peut même se refroidir, mais ceux qui ont une foi réelle persévéreront. Pierre est tombé, mais sa foi n’a pas failli ; il a persévéré jusqu’à la fin.
Dans la suite de son discours, le Seigneur parle d’événements qui sont encore futurs. Il passe sous silence la période de l’Église et nous apprend ce qui aura lieu à Jérusalem pendant le temps de la grande tribulation qui suivra cet intervalle de l’Église. Cette époque terrible est expressément prédite par le prophète Jérémie qui dit : « Hélas ! que cette journée est grande ! Il n’y en a point de semblable ; et c’est le temps de la détresse pour Jacob » (Jér. 30:7). Daniel a aussi cette période en vue quand il dit : « Ce sera un temps de détresse tel, qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là » (Dan. 12:1). Ainsi, dans le passage correspondant de Matthieu 24:21, comme ici en Marc, le Seigneur nous dit que ces jours d’affliction « seront une tribulation telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement de la création que Dieu a créée, jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais ».
La destruction de Jérusalem, avec toutes ses horreurs, est peut-être une préfiguration de l’avenir, mais elle n’est en aucun cas l’accomplissement de la prophétie de ce temps de douleur. Nous apprenons par ce passage que la venue du Seigneur sur la terre suit immédiatement la grande tribulation ; et il est évident que le Seigneur n’est pas venu après la destruction de Jérusalem. En outre, il ne peut pas y avoir deux périodes de tribulation « telle qu’il n’y en a point eu de semblable ». Enfin, Daniel nous dit que ce temps de tribulation pour la nation juive aura lieu pendant le règne de l’Antichrist, lequel sera reçu par la nation qui a rejeté son propre Messie (Jean 5:43). C’est pendant le règne de cet homme inique que sera établie la forme la plus terrible de l’idolâtrie ; le Seigneur en parle comme de « l’abomination de la désolation ». Elle aura pour effet de répandre la désolation dans Jérusalem et dans la Judée.
L’établissement de cette abomination sera le point culminant de l’hostilité de l’homme contre Dieu. Ce sera le signe que le témoignage du résidu pieux a pris fin et que ceux qui sont en Judée doivent s’enfuir dans les montagnes. Il n’y a rien eu dans le passé et il n’y aura rien dans l’avenir qui puisse égaler les terribles afflictions de ces jours-là. Elles seront si grandes, tant pour la nation que pour le résidu pieux, que si le Seigneur n’abrégeait pas ces jours, nulle chair ne serait sauvée. Mais à cause des élus, les jours de cette grande tribulation seront abrégés.
Comme toujours, le Seigneur pense aux siens au milieu des épreuves et des afflictions. Il les avertit, il les instruit et il prend soin d’eux. Il pense aux ouvriers dans les champs et aux femmes dans les maisons, et il n’est pas indifférent au temps qu’il fera.
Le Seigneur met les disciples en garde contre les faux espoirs de délivrance ; contre les annonces trompeuses de faux christs ; contre les faux prophètes, les faux signes, et les miracles apparents. Leur sécurité sera de se souvenir des paroles du Seigneur : « Voici, je vous ai tout dit à l’avance ».
« En ces jours-là », après la grande tribulation parmi les Juifs, toute autorité établie parmi les Gentils sera renversée. L’ordre établi de Dieu pour le gouvernement du monde tombera dans la confusion. Le pouvoir suprême, présenté figurativement par le soleil, est obscurci. L’autorité dérivée, typifiée par la lune, perd toute influence ; et les autorités subordonnées, comparées aux étoiles, perdent leur place et leur pouvoir. Malgré tous les progrès dont se vantent les hommes, cette dispensation prendra fin dans une tribulation, une confusion et une anarchie sans pareille.
La méchanceté des Juifs et des Gentils ayant atteint son paroxysme, Dieu intervient publiquement par la venue de Christ comme Fils de l’homme, pour prendre possession de la terre. Sa première venue a été marquée par la faiblesse et l’humiliation ; sa seconde venue le sera par une grande puissance et par la gloire.
Le rassemblement des élus d’Israël dispersés parmi les Gentils suivra immédiatement la venue du Fils de l’homme. Par d’autres versets de l’Écriture, nous savons que l’Église aura déjà été enlevée à la rencontre de Christ en l’air, et qu’elle apparaîtra avec lui ; mais il n’en est rien dit dans ce passage. Le Seigneur s’adresse ici à des disciples juifs ; il parle d’espérances juives, non pas de vérités concernant l’Église, que ses auditeurs, à cette époque, ne pouvaient pas connaître.
Quand le figuier met ses jeunes feuilles, nous sommes assurés que l’été est proche. De même, l’apparition du résidu pieux au milieu de la nation apostate d’Israël sera le signe que le temps de la bénédiction pour la nation est tout proche.
La génération perverse et incrédule des Juifs ne passera pas avant que toutes ces choses ne soient arrivées. Ils ont certes été dispersés parmi les nations, n’ayant plus de patrie, mais, comme nous le savons, jamais ils n’ont été absorbés par d’autres nations. De plus, les paroles du Seigneur ne passeront pas avant que toutes ces choses ne soient accomplies. C’est assurément vrai de toutes les paroles du Seigneur ; mais cela est spécifié ici en relation avec sa seconde venue, à cause de l’incrédulité de nos cœurs au sujet de l’intervention de Dieu dans le cours des événements de ce monde.
Quant au jour de sa venue, personne n’en a connaissance, pas même le Fils devenu Homme. Parlant comme Serviteur, il pouvait dire qu’il n’en connaissait pas le jour. Ne sachant pas le jour de sa venue, nous devons veiller et prier. Christ est comme un homme parti dans un pays lointain, qui a donné autorité à ses esclaves, confié à chacun son ouvrage, et commandé au portier de veiller. Que les serviteurs du Seigneur veillent donc, de peur que s’il arrive tout à coup, il ne les trouve asservis par le monde, et spirituellement endormis.
Les dernières paroles du Seigneur sont une exhortation qu’il adresse à tous les siens. Les détails concernant l’avenir peuvent ne pas tous avoir une application immédiate pour les chrétiens, mais le dernier « veillez » est pour tous. Les croyants de toutes les dispensations reçoivent leur autorité du Seigneur, et sont les serviteurs du Seigneur, chacun ayant reçu un ouvrage de la part du Seigneur. Chacun doit veiller à ne pas tomber dans le sommeil spirituel, et à ne pas négliger le travail pour le Seigneur.
Avec le chapitre 14, nous abordons les dernières scènes de la vie du Seigneur, scènes bien solennelles dans lesquelles de nombreux cœurs se trouvent révélés. Nous y trouvons la corruption et la violence des chefs juifs, l’amour d’une femme dévouée, la perfidie du traître et la chute d’un vrai disciple. Au-dessus de tout cela, brillent l’amour infini et la grâce parfaite de Christ, tandis qu’il institue la Cène, qu’il passe par l’agonie de Gethsémané et qu’il se soumet en silence aux insultes des hommes.
Le chapitre commence par une brève mention de l’hostilité meurtrière des chefs de la nation. Déjà ils avaient entouré le Seigneur de paroles de haine, et lui avaient fait la guerre sans cause ; ils lui avaient rendu le mal pour le bien, et la haine pour son amour (Ps. 109:2-5). À chaque pas, il avait manifesté une grâce parfaite ; partout il n’avait fait que le bien. Il avait guéri les malades, vêtu ceux qui étaient nus, rassasié les affamés, pardonné les péchés, délivré du pouvoir du diable et ressuscité les morts. Il avait averti ces hommes, plaidé avec eux, pleuré sur eux, mais tout cela était en vain.
Maintenant le temps est finalement arrivé où ils sont déterminés à se saisir de lui et à le mettre à mort. Pour accomplir leur dessein, ils doivent recourir à la ruse, ce qui prouve bien que leurs mobiles étaient mauvais, et que s’ils avaient quelque crainte des hommes, ils n’en avaient aucune de Dieu. Si le peuple avait peu conscience d’un besoin personnel de Christ, il pouvait du moins apprécier sa bonté et profiter de ses miracles. Craignant qu’il y ait du tumulte alors que des foules étaient assemblées à Jérusalem pour la Pâque, les chefs du peuple décident de ne pas se saisir du Seigneur le jour de la fête. Dieu, cependant, en avait décidé autrement et, comme toujours, c’est sa volonté qui l’emporte, quels que soient la ruse et les complots des hommes.
Après cette brève allusion aux chefs du peuple, nous arrivons à la scène merveilleuse de la maison de Béthanie. Comme le Seigneur était à table dans la maison de Simon le lépreux, une femme — que par d’autres récits nous savons être Marie, la sœur de Marthe — vient avec un vase d’albâtre plein d’un parfum de nard pur de grand prix, et en répand le contenu sur la tête du Seigneur. Marie exprime ainsi son appréciation de Christ, son affection pour Lui et son discernement spirituel. À ce moment-là, son intelligence semble avoir surpassé celle des autres disciples. Gagnée par sa grâce et attirée par son amour, elle s’était précédemment assise à ses pieds pour écouter sa parole. Quelqu’un a dit : « La grâce et l’amour de Jésus avaient produit de l’amour pour lui, et sa parole avait produit de l’intelligence spirituelle ».
Son amour pour Christ l’avait rendue sensible à la haine croissante des Juifs. Son acte était le témoignage de son amour et de son appréciation de Christ au moment même où les complots des hommes exprimaient leur haine contre Lui. L’acte d’adoration de Marie met en lumière, hélas ! l’avarice de quelques-uns de ceux qui étaient là. Nous savons par le récit de l’évangile selon Jean que Judas était à la tête de ceux qui se sont indignés contre Marie. Ce que Christ estimait gain, Judas l’estimait perte. Les hommes peuvent apprécier les bienfaits accomplis en faveur de leurs semblables, mais ils mesurent peu, ou pas du tout, la valeur d’un hommage ayant Christ pour seul objet. Comme chrétiens, ne sommes-nous pas en danger d’être animés du même esprit quand nous sommes actifs, et à juste titre, pour prêcher l’évangile aux pécheurs ou prendre soin des croyants, et que nous attribuons peu d’importance à un acte d’adoration qui donne toute la place à Christ ? N’oublions pas que ceux qui murmurent en voyant le dévouement de Marie, déprécient Christ en réalité. Si l’acte de Marie n’est que pure perte, alors Christ n’est pas digne de l’hommage des siens.
Mais si l’acte de Marie suscite l’indignation des hommes, il lui vaut l’approbation de Christ. Le Seigneur se plaît à dire : « Elle a fait une bonne œuvre envers moi ». En Luc 10, nous lisons que Marie a choisi « la bonne part ». Ici nous apprenons qu’elle fait « une bonne œuvre ». La bonne part est de s’asseoir à ses pieds et d’écouter sa parole ; une bonne œuvre, c’est une œuvre qui a Christ pour motif. Il peut y avoir beaucoup d’activité dans le service, mais si Christ n’en est pas le mobile, cela aura peu de valeur dans le jour à venir. De plus, le Seigneur approuve l’acte de Marie non seulement à cause de la pureté de ses motifs, mais aussi parce qu’elle a fait « ce qui était en son pouvoir ». Dans le service pour Christ, il n’est pas juste de négliger une occasion d’accomplir une tâche comparativement petite et obscure, et d’aspirer plutôt à une grande œuvre publique qui, finalement, peut avoir le mauvais motif de s’exalter soi-même. Cette belle scène n’est-elle pas un encouragement pour nous à faire ce qui est en notre pouvoir, même le service le plus insignifiant, avec le motif pur d’exalter Christ ?
Le Seigneur se plaît à nous donner la vraie signification spirituelle de l’acte de Marie. Elle avait anticipé le moment d’oindre son corps pour sa sépulture. En effet, il sera trop tard quand les autres viendront avec leurs aromates, pour exprimer leur appréciation de Christ, sincère mais sans intelligence. Marie, avec plus de discernement spirituel, exprime son amour pour lui avant qu’il soit mis dans le tombeau. Le Seigneur attribue une telle valeur à l’acte de Marie qu’il dit : « En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle ». Son œuvre d’amour restera dans tous les temps un exemple magnifique de ce que produit véritablement l’évangile. Non seulement il nous apporte la connaissance du salut et le pardon des péchés, mais il attache notre cœur à Christ, qui devient ainsi l’objet suprême de notre vie. Nous savons que la Cène du Seigneur, repas célébré tout au long des âges, rappelle continuellement la perfection du Sauveur et l’infini de son amour pour les siens ; mais ce repas-là, qui a eu lieu une fois à Béthanie, rappellera toujours le dévouement d’une croyante, et son amour pour Christ.
La « bonne œuvre » de Marie est suivie immédiatement par la mauvaise œuvre de Judas. Poussé au-dehors par l’inimitié du diable, et au-dedans par la convoitise de la chair, sans conscience envers Dieu, Judas s’en va vers les principaux sacrificateurs pour livrer le Seigneur entre leurs mains. Eux, pareillement dépourvus de conscience et de crainte de Dieu, promettent de lui donner de l’argent. Par appât du gain, Judas poursuit son mauvais dessein et cherche à trahir le Seigneur à un moment qui puisse convenir aux principaux sacrificateurs.
Sans se laisser arrêter par les complots de ces hommes méchants, le Seigneur continue à manifester son amour parfait envers les siens, et institue le repas par lequel nous pouvons tous avoir le privilège d’imiter l’acte d’adoration de Marie. Les incidents qui précèdent le souper, bien que tout simples en eux-mêmes, manifestent la gloire de la personne du Seigneur. Deux disciples sont envoyés pour préparer la fête. Le Seigneur va au-devant de la mort, mais il n’en est pas moins le Roi, ayant le droit de réclamer une chambre d’hôte ; et à sa volonté souveraine tous doivent se soumettre. En outre, il est une Personne divine et toutes choses lui sont connues. L’homme portant « une cruche d’eau », le « maître de la maison », la « grande chambre garnie » sont tous devant ses yeux. Les disciples envoyés pour exécuter ses instructions trouvent tout comme il leur avait dit.
Le soir étant arrivé, il vient avec les douze et ils se mettent à table pour manger la Pâque — la commémoration de la délivrance des Israélites hors d’Égypte. Le Seigneur allait accomplir pour les siens une délivrance infiniment plus grande. Pour cette rédemption éternelle, il fallait sa mort, et celle-ci serait amenée par la trahison de l’un des douze. Le Seigneur, dans son amour parfait, ressentait profondément le fait que l’un de ceux qui avaient vécu dans sa sainte présence, qui avaient entendu ses paroles de grâce, qui avaient été témoins de son amour et de sa patience infinis, puisse agir ainsi. Lorsqu’il dit : « L’un d’entre vous qui mange avec moi, me livrera », il exprime l’angoisse de son cœur. Plus l’amour est grand et plus il est parfait, plus l’angoisse en présence d’une telle trahison est grande. Jamais l’amour dans toute sa perfection n’avait été exprimé comme il l’a été en Christ, et jamais personne n’avait vécu extérieurement aussi près de Christ que Judas. Mais tout cela avait été en vain, car si même il avait quelque peu apprécié l’amour de Christ, il aimait plus encore l’argent. La cruauté, la méchanceté de cette trahison ressort dans le fait que celui qui allait trahir le Seigneur pouvait tremper avec lui au plat. Le Seigneur désire que d’autres entrent dans ses souffrances. On a dit : « Il ne les cache pas avec fierté, mais désire déposer dans des cœurs humains les douleurs qu’il éprouve comme Homme ; l’amour compte sur l’amour » (J. N. D.). Nous ne pouvons pas avoir part aux souffrances que le Seigneur a connues sur la croix, étant abandonné de Dieu ; mais ici, il s’agit de souffrances causées par l’homme, et nous pouvons, en tant qu’hommes, y entrer dans notre faible mesure. La trahison de Judas avait été annoncée longtemps à l’avance ; tout se passait « selon qu’il est écrit ». Mais malheur au traître, car comme on l’a dit : « L’accomplissement des conseils de Dieu n’ôte pas l’iniquité de ceux qui les accomplissent ; autrement, comment Dieu pourrait-il juger le monde ? » (J. N. D.).
Nous trouvons ensuite l’institution de la Cène. Les mots « comme ils mangeaient » distinguent nettement le repas de la Pâque auquel ils participaient, et la Cène du Seigneur. Dans cette dernière, le pain représente son corps ; et la coupe, son sang versé, non seulement pour les Juifs, mais pour plusieurs. C’est un mémorial. Nous sommes aimés d’un tel amour que le Seigneur apprécie que nous nous souvenions de Lui. Le sang de Christ dans sa valeur infinie est toujours devant les yeux de Dieu, et il désire que les siens s’en souviennent toujours.
Le Seigneur se sert de la coupe comme symbole de son sang versé pour plusieurs. Le vin, dans son sens naturel de fruit de la vigne, représente la joie terrestre. La mort de Christ rompt Ses liens avec la terre et avec ce qui est terrestre, jusqu’au moment où le Royaume de Dieu sera établi sur la terre. Aujourd’hui les croyants sont unis à un Christ céleste qui a souffert sur la terre ; ils attendent le royaume futur pour avoir part avec Christ aux gloires et aux joies du royaume terrestre.
Après le souper, « ayant chanté une hymne, ils sortirent et s’en allèrent à la montagne des Oliviers ». L’association de ces deux choses est merveilleuse. Nous comprendrions mieux qu’il chante une hymne et reste dans la chambre haute, ou bien qu’il sorte sans chanter. Mais chanter une hymne au moment où il sort pour affronter ses ennemis, la trahison, le reniement, l’agonie de Gethsémané et l’abandon de la croix, cela témoigne d’une tranquillité d’esprit qui venait certainement de ce qu’il avait en vue la volonté du Père, et la joie qui était devant lui au-delà de la croix.
Toutefois, les circonstances mêmes qui révèlent la perfection du Seigneur montrent la faiblesse des disciples. Ils peuvent chanter ensemble en présence du Seigneur et néanmoins, cette même nuit, lorsqu’ils ne seront plus avec lui, ils seront scandalisés et dispersés. Hélas ! ne présentent-ils pas d’une manière bien solennelle ce qui s’est produit parmi les enfants de Dieu ? Nous ne pouvons chanter ensemble que dans sa présence, chacun de nos cœurs lui étant attaché. Le prophète peut dire : « Elles élèvent la voix, elles exultent ensemble avec chant de triomphe ; car elles verront face à face » (Ésaïe 52:8). Et c’est seulement lorsque tous les yeux sont fixés sur lui que nous pouvons le voir face à face. Loin de sa présence, nous sommes facilement scandalisés à cause de Christ et nous nous scandalisons les uns les autres ; et les croyants scandalisés ne tarderont pas à se séparer et deviendront des brebis dispersées. Plus jamais les croyants dispersés, qu’ils appartiennent à Israël ou à l’église divisée, ne pourront chanter ensemble jusqu’au moment où ils seront tous réunis autour du Seigneur et le verront face à face.
Mais, béni soit son nom, Il ne fait jamais défaut ; aussi la dispersion prendra fin et le moment du rassemblement viendra. Ceci, les disciples allaient déjà l’expérimenter en leur temps ; ils allaient apprendre que le Seigneur, après sa résurrection, était le même, manifestant toujours l’amour et la grâce de son cœur. Lui, le grand Berger des brebis, irait devant eux et une fois encore ses brebis le suivraient.
Le Seigneur a donné une parole d’avertissement, suivie d’une parole d’encouragement. Hélas ! comme Pierre, à cause de notre confiance en nous-mêmes, nous sommes trop souvent inattentifs à ses avertissements et nous perdons la bénédiction de ses paroles d’encouragement. Ignorant notre faiblesse, nous pensons être à l’abri là où d’autres peuvent faillir. Ainsi Pierre dit : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi ». Ils allaient tous être scandalisés, mais le premier à exprimer sa confiance en soi est celui qui connaîtrait la chute la plus grave. Nous tombons dans les choses mêmes dont nous nous glorifions. Pierre se vante de ce qu’il ne serait jamais scandalisé. Le Seigneur dit : « Cette nuit-ci... tu me renieras trois fois ».
Cette annonce de sa chute prochaine ne fait qu’augmenter la véhémence avec laquelle Pierre proteste de son dévouement au Seigneur. Il dit : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point ». Il était sans aucun doute sincère, mais nous devons apprendre que la sincérité ne suffit pas pour nous garder fidèles au Seigneur. Nous avons besoin d’être fortifiés dans la grâce qui est dans le Christ Jésus pour pouvoir vaincre la faiblesse de la chair, échapper aux ruses du diable et être délivrés de la crainte de l’homme. La simple question d’une jeune fille suffit au diable pour entraîner la chute d’un apôtre, quand celui- ci n’est plus en contact avec Christ. Les paroles de vanterie de Pierre, reprises par tous les disciples, n’appellent pas de réponse de la part du Seigneur. Il est évident qu’il y a des occasions où les déclarations des croyants sont si manifestement charnelles qu’il est inutile de chercher à y répondre. Il y a un temps de se taire, et un temps de parler.
Le Seigneur éprouvait une profonde souffrance en voyant que la nation complotait pour le mettre à mort, que l’un des douze était sur le point de le trahir, qu’un autre allait le renier, et que tous seraient scandalisés à cause de lui. Mais à Gethsémané, le Seigneur se trouve devant une douleur incomparablement plus profonde, celle qu’il allait endurer sur la croix lorsque, étant fait péché, il serait abandonné de Dieu. En présence de cette terrible souffrance, comme dans toutes les autres épreuves de sa vie parfaite, il s’adonne à la prière. Mais quel que soit le soulagement que cette dernière puisse apporter, son effet immédiat est de rendre l’épreuve plus sensible encore. La prière place toutes les circonstances dans la présence de Dieu, et là, elles sont réalisées dans leur vrai caractère. La ruine d’Israël, la trahison d’un Judas, la faiblesse et les manquements des siens, le pouvoir et l’inimitié de Satan, la réalité du jugement, les justes exigences d’un Dieu saint, voilà certainement ce que notre Seigneur a pleinement réalisé dans la présence du Père.
Le Seigneur prend avec lui dans le jardin Pierre, Jacques et Jean — ceux qui, le moment venu, occuperont une place spéciale comme colonnes dans l’assemblée. Sur la montagne, ils avaient déjà été choisis comme témoins de ses gloires ; maintenant, dans le jardin, l’occasion leur est donnée de partager ses douleurs. Personne ne pouvait partager avec lui l’abandon effectif qu’il devait subir sur la croix, mais d’autres pouvaient, dans leur mesure, avoir part à l’exercice profond que connaissait son âme en anticipant la croix. Pour lui, notre saint substitut, mourir c’était porter le jugement du péché ; c’est pourquoi il peut dire : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ». Ayant porté le châtiment de la mort, il a, pour le croyant, dépouillé celle-ci de ses terreurs : Étienne peut se réjouir à la perspective de la mort, et Paul peut dire que mourir et être avec Christ est de beaucoup meilleur. Redouter la croix faisait partie de Sa perfection et, par conséquent, il peut dire au Père : « Toutes choses te sont possibles ; fais passer cette coupe loin de moi ». Mais accepter la croix et accomplir la volonté de son Père faisait également partie de Sa perfection ; aussi ajoute-t-il : « Toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! »
Pour la pauvre et faible nature humaine des disciples, les souffrances du jardin étaient trop profondes, tout comme les gloires de la montagne avaient été trop grandes. Dans les deux occasions ils se réfugient dans le sommeil. Lorsque le Seigneur vient et trouve les disciples dormant, c’est à Pierre, qui s’était vanté plus que les autres de son dévouement pour lui, qu’il s’adresse spécialement ; il lui demande : « Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une heure ? » Seule la prière, expression de notre dépendance de Dieu, nous préparera à rencontrer la tentation. La confiance en soi qui caractérise notre nature fait que, trop souvent, nous redoutons peu la tentation et sommes par conséquent peu conscients de notre besoin de prier. Pourtant, avec une tendre compassion, le Seigneur reconnaît la réalité de leur amour pour lui, tout en constatant leur faiblesse : « L’esprit est prompt, mais la chair est faible ».
De nouveau il s’éloigne, et il prie ; et quand il revient il trouve de nouveau ses disciples endormis. Ils n’avaient pas pris garde aux avertissements du Seigneur, car leurs yeux étaient appesantis. La troisième fois que le Seigneur revient vers eux, il doit leur dire : « Dormez dorénavant et reposez-vous ». Ils avaient manqué l’occasion de veiller avec le Seigneur et avaient démontré leur propre faiblesse ; aussi le Seigneur doit leur dire : « Il suffit ». Le temps de veiller et de prier avait pris fin ; le moment de l’épreuve était là ; le traître s’était approché, et Celui qui seul avait veillé et prié peut dire maintenant, dans la confiance et la dépendance de Dieu : « Levez-vous, allons ».
Dans la scène solennelle qui suit, celle de la trahison, nous voyons la méchanceté de nos propres cœurs lorsqu’ils sont laissés à eux- mêmes et endurcis par Satan. Sans la grâce de Dieu, combien facilement nous pouvons céder à la chair et, donnant libre cours à nos convoitises, nous placer sous le pouvoir de Satan et aller même jusqu’à trahir Christ. Ce fut le cas de Judas ; il peut dire aux ennemis du Seigneur : « Saisissez-le, et emmenez-le sûrement ». Il semblerait que Judas les trompait lorsqu’il leur disait : « Emmenez-le sûrement ». Apparemment, il s’attendait à ce que le Seigneur passe au milieu de ses ennemis, comme il l’avait fait en des occasions précédentes ; ainsi le Seigneur se délivrerait de ses ennemis tandis que Judas obtiendrait l’argent convoité. Ne connaissant rien des conseils de Dieu et ignorant la perfection de l’obéissance du Seigneur, Judas n’était pas préparé à ce que Jésus se soumette à ses ennemis pour accomplir la volonté du Père, selon les paroles qu’il venait de prononcer dans le jardin : « Non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! »
Ainsi, tout à la satisfaction de sa propre convoitise et aveugle à la gloire de Christ, Judas ose non seulement trahir le Seigneur, mais encore le faire par un baiser. Un peu plus tard, les ennemis du Seigneur lui cracheront au visage. Avec une même grâce, le Seigneur se soumet à l’horrible hypocrisie du traître qui l’embrasse, et au mépris insultant de ses ennemis qui crachent contre lui. Sauveur merveilleux qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui- même !
Mais si Judas, le traître, n’était pas préparé à la soumission du Seigneur à ses ennemis, Pierre, un vrai disciple, ne l’était pas non plus. Bien que son nom ne soit pas mentionné ici, nous savons que c’est lui qui tira son épée et frappa un esclave du souverain sacrificateur. Poussé par la convoitise, Judas trahit le Seigneur ; poussé par l’amour, Pierre le défend. Toutefois, malgré sa sincérité, Pierre entravait en fait le chemin du parfait Serviteur de l’Éternel. Dans cet évangile, la guérison de la blessure n’est pas mentionnée, la pensée n’étant pas tellement de présenter la puissance du Seigneur, mais plutôt sa soumission comme parfait Serviteur.
Nous avons vu la convoitise de Judas, puis l’énergie charnelle de Pierre, qui était prêt à se battre, s’il ne l’était pas à prier. Nous découvrons maintenant la lâcheté et la bassesse des chefs des Juifs. Ils auraient pu se saisir du Seigneur tous les jours dans le temple, ouvertement, car le Seigneur avait enseigné en public, sans se cacher ; mais leur lâcheté, leur crainte du peuple, et l’absence en eux de tout principe, les conduisent à agir comme s’ils avaient affaire à un brigand. Ils connaissaient les brigands et la manière de les traiter, mais les perfections infinies de Christ dépassaient leur compréhension.
Nous voyons ici la faiblesse des disciples : « Tous le laissèrent et s’enfuirent ». Un jeune homme pourtant se risque à le suivre, mais seulement pour se sauver ensuite d’une façon encore plus honteuse.
Dans sa soumission à la volonté du Père, le Seigneur consent à être emmené pour comparaître devant le sanhédrin. Pierre, animé d’un véritable amour pour lui, le suit ; mais agissant dans la confiance en soi, il le fait sans avoir la pensée du Seigneur et, ainsi, il le suit « de loin ». Comme cela nous arrive trop souvent à nous- mêmes, en marchant sans direction divine, Pierre subit la tentation sans le soutien divin, et apprend alors la faiblesse totale de la chair.
Dans la scène qui vient ensuite, avec les principaux sacrificateurs et leur sanhédrin, nous voyons à quelles profondeurs de méchanceté la chair religieuse peut atteindre. Ils avaient déjà décidé de mettre Christ à mort ; aussi son procès n’avait pas pour but de déterminer s’il avait commis quelque chose qui mérite la mort, mais n’était qu’un horrible stratagème pour couvrir un meurtre d’un semblant de justice. Dans la méchanceté de leurs cœurs, ils ne recherchent pas la vérité, mais « quelque témoignage contre Jésus, pour le faire mourir ». N’en trouvant pas, ils ont recours à de faux témoignages ; ils doivent cependant constater que ceux-ci ne serviront pas leur dessein, car ils se condamnent eux-mêmes en se contredisant l’un l’autre.
Finalement, le souverain sacrificateur est contraint d’interroger Christ lui-même. Face à toute cette inimitié et cette méchanceté, le Seigneur « garda le silence, et ne répondit rien ». Pierre, un témoin de ces scènes solennelles, peut nous dire des années plus tard que « lorsqu’on l’outrageait, [Il] ne rendait pas d’outrage ». « Comme une brebis muette devant ceux qui la tondent... il n’a pas ouvert sa bouche » (Ésaïe 53:7). Il n’avait rien à répondre à de méchantes accusations ; mais lorsque la gloire de sa Personne est mise en cause, il rend témoignage à la vérité, sans hésitation, quelles que puissent en être les conséquences — exemple parfait pour tous ses serviteurs. N’étant pas parvenus à leurs fins par des mensonges, ils cherchent maintenant à condamner le Seigneur pour son témoignage à la vérité. Tout ce que le diable réussit à faire, c’est de mettre en lumière la vérité quant à la gloire de la Personne de Christ et de manifester la méchanceté absolue de la chair religieuse. Si, pour un moment, il est permis à ces hommes d’accomplir leurs mauvais desseins, ils ne sont que des instruments pour faire les choses que le conseil de Dieu avait « à l’avance déterminé devoir être faites ».
Le Seigneur Jésus était effectivement le Christ, le Fils du Béni, mais il était également le Fils de l’homme qui sera vu « assis à la droite de la puissance », et revenant sur la terre en gloire. Rejeté comme Fils de Dieu selon le Psaume 2, il prend la place de Fils de l’homme selon le Psaume 8.
Pour ces chefs, aveuglés par leur incrédulité, la vérité apparaît comme un blasphème et, à l’unanimité, « tous le condamnèrent comme méritant la mort ». Dans une soumission parfaite à la volonté du Père, Celui qui va bientôt être exalté à la droite de la puissance et revenir en gloire, n’offre pas de résistance aux outrages de ceux qui lui crachent au visage et le frappent de leurs mains.
Hélas ! le Seigneur ne doit pas seulement endurer les insultes d’hommes méchants, mais aussi le reniement d’un de ses disciples. Plein de confiance en lui, Pierre n’a pas été attentif aux avertissements du Seigneur et a négligé ses exhortations à veiller et à prier. La chair l’a exposé à une tentation dans laquelle elle ne peut pas lui offrir d’appui. Tandis que le Seigneur, en face de la méchanceté de ses ennemis, gardait le silence dans sa grâce, Pierre se taisait par crainte, tout en se chauffant au feu du monde, en compagnie des ennemis du Seigneur, Et tandis que le Seigneur parle pour confesser la vérité, Pierre parle pour la renier. Dans sa confiance en lui-même, Pierre avait dit : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point ». Mis à l’épreuve par la simple question d’une servante, alors que rien ne suggère qu’un mal quelconque puisse lui arriver, et encore moins la mort, il pressent un danger et renie le Seigneur. Mais sa conscience ne va pas lui permettre de rester avec ceux auxquels il a menti. Il sort dans le vestibule et aussitôt, selon les paroles d’avertissement du Seigneur, il entend le coq chanter. Mais de nouveau, la servante le voit et dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci est de ces gens-là. » Pour la deuxième fois Pierre renie le Seigneur. Un peu plus tard, d’autres lui disent : « Certainement tu es de ces gens-là. » Et alors, non seulement il renie le Seigneur pour la troisième fois, mais il le fait avec des imprécations et des serments. Pierre avait à apprendre — ce que nous-mêmes sommes si lents à reconnaître — que « le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable ». Trompé par sa confiance en lui-même, il n’a pas réalisé que la méchanceté de son cœur était telle qu’il était prêt, si l’occasion se présentait, à renier son Maître bien-aimé, même avec des imprécations et des serments.
Combien solennelle est la conduite de Pierre, dans ces scènes pleines de gravité ! Cela nous est présenté, non pas pour que nous nous attardions sur sa chute et que nous rabaissions un serviteur dévoué du Seigneur, mais plutôt pour que nous apprenions à connaître le mal qui est dans nos propres cœurs et que nous soyons sur nos gardes. Lorsque le Seigneur le prévient qu’il va le renier, Pierre, sûr de lui, reprend le Seigneur et se vante de son dévouement. Un peu plus tard, tandis que le Seigneur veille et prie, Pierre est endormi. Lorsqu’en présence de ses ennemis, le Seigneur est muet, comme une brebis devant ceux qui la tondent, Pierre utilise l’épée. Pendant que le Seigneur fait la belle confession devant le souverain sacrificateur, Pierre le renie devant une simple servante.
Pierre est tombé ; mais le Seigneur demeure, et Il reste le Même. Les souffrances qu’il a endurées en étant rejeté par la nation, trahi par un faux disciple, renié par un vrai disciple et abandonné par tous, ne pouvaient pas le détourner des siens, ni diminuer l’amour de son cœur. En entendant le coq chanter pour la seconde fois, Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois ». Ces paroles brisent le cœur du pauvre Pierre et lui font verser des larmes de repentance. « En y pensant, il pleura ». On a dit très justement : « Si la vigilance et la prière sont toujours nécessaires, seul sera irréprochable, innocent et n’aura pas à avoir honte celui qui marche avec la conviction profonde qu’il doit craindre de tomber dans les pires péchés si son âme n’est pas occupée de Jésus ». Nous ne connaissons pas la fourberie de notre propre cœur ; car le même passage qui nous dit qu’il est trompeur par-dessus tout, et incurable, continue en posant la question : « Qui le connaît ? » Le prophète donne immédiatement la réponse : « Moi, l’Éternel, je sonde le cœur, j’éprouve les reins » (Jér. 17:9). Celui qui sonde et qui connaît nos cœurs peut seul nous préserver de chute et nous relever quand nous sommes tombés. C’est ce que Pierre restauré est amené à confesser, au jour de la résurrection, quand il dit : « Seigneur, tu connais toutes choses ». Il ne parlera plus jamais de son propre cœur, ni ne se vantera de ce qu’il fera ou ne fera pas. Il se remettra plutôt entre les mains de Celui qui sait toutes choses — toute la méchanceté de nos cœurs et toute la puissance de l’ennemi — et qui seul peut nous garder de chute.
« De toi que rien ne me sépare,
Ô mon Sauveur ! Enseigne-moi,
Si de nouveau mon pied s’égare,
À revenir bientôt à toi ».
Dans les scènes qui se rattachent à la croix, la méchanceté de l’homme déchu paraît dans toute son horreur. Toutes les classes de la société y sont représentées — les Juifs et les Gentils, les sacrificateurs et le peuple, le gouverneur et ses soldats, les passants et les brigands. Malgré leurs différences sur le plan politique ou social, ils sont tous unis dans leur haine et leur rejet de Christ (v. 1-32).
Quand l’homme et toute sa méchanceté disparaissent dans les ténèbres qui couvrent le pays, il nous est accordé d’entendre le cri du Sauveur, exprimant son abandon de Dieu, au moment où, comme la sainte Victime, il a été fait péché afin que nous devenions justice de Dieu en lui (v. 33-38).
Enfin, après les heures d’abandon, nous avons le triple témoignage rendu au Seigneur Jésus par le centurion, par quelques femmes pieuses et par Joseph d’Arimathée (v. 39-47).
Le Seigneur a déjà été condamné injustement par le sanhédrin des Juifs. Mais il faut que le monde entier soit démontré coupable ; ainsi, comme le parfait Serviteur de l’Éternel, le Seigneur consent à comparaître devant le tribunal de la puissance romaine, ce qui n’aura d’autre résultat que de prouver la faillite totale du gouvernement placé entre les mains des Gentils.
Pilate interroge de nouveau le Seigneur quant à la vérité, car la première chose qu’il demande est : « Toi, tu es le roi des Juifs ? » Le Seigneur répond : « Tu le dis ». Comme quelqu’un l’a dit : « Que ce soit devant le souverain sacrificateur ou devant Pilate, c’est la vérité qu’Il confessait et c’est pour la vérité qu’Il a été condamné par l’homme » (W.K.). Aux accusations des Juifs, il ne répond rien. Dans la perfection de sa marche, il sait quand parler et quand garder le silence. Il parlera pour établir la vérité, mais quand il ne s’agit que de méchanceté contre lui-même, il se tait. Puissions-nous tirer profit de son exemple parfait et suivre les traces de Celui qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage. Il y a des moments où le silence produit sur la conscience un effet beaucoup plus grand que n’importe quelle parole. Pourtant, un tel silence est totalement étranger à notre nature déchue. Aussi Pilate s’en étonne-t-il.
Sachant parfaitement que toutes les accusations des Juifs contre Christ n’avaient aucune valeur, Pilate cherche d’une part à apaiser les Juifs et d’autre part à ne pas commettre l’infamie de condamner un innocent. Pour cela il recourt à la coutume de relâcher un prisonnier à la fête de la Pâque, quel que soit celui qu’ils demandaient. À cette époque, il y avait un prisonnier célèbre, nommé Barabbas, qui était détenu pour cause de sédition et de meurtre. Encouragé par la foule qui réclamait à grands cris qu’il soit fait selon cette coutume, Pilate suggère de relâcher Jésus, le Roi des Juifs, plutôt que Barabbas, le meurtrier.
Le recours à cette coutume n’était qu’un compromis et ajoutait à la méchanceté du juge ; car si le Seigneur était innocent — comme Pilate le savait —, un jugement juste aurait exigé qu’il soit relâché indépendamment de toute coutume. En outre, l’injustice de Pilate en ne relâchant pas immédiatement un innocent est aggravée par le fait qu’il était parfaitement conscient que c’était par envie que ces hommes méchants avaient lié le Seigneur et l’avaient amené devant le tribunal. Chez un pécheur ou chez un croyant, l’envie — ou la jalousie — est l’une des plus puissantes incitations au mal dans le monde. C’est la jalousie qui a conduit au premier meurtre, quand Caïn tua son frère ; c’est la jalousie qui a mené au plus grand des meurtres, quand les Juifs ont mis à mort leur Messie. Le prédicateur peut bien dire : « La fureur est cruelle et la colère déborde, mais qui subsistera devant la jalousie ? » (Prov. 27:4). Les cœurs remplis de jalousie, ces chefs religieux excitent le peuple à choisir Barabbas plutôt que Christ. Poussés par la jalousie, ils rejettent Christ, celui dont toute la personne « est désirable », et choisissent un meurtrier et un rebelle. Puissent tous les croyants prendre à cœur les leçons de cette scène solennelle, et être attentifs aux paroles de l’apôtre Jacques, qui nous met en garde contre « une jalousie amère et un esprit de querelle » dans nos cœurs. Si ces choses ne sont pas jugées dans le cœur, elles conduiront à du désordre et à toute espèce de mauvaises actions, même parmi les croyants (Jacq. 3:14-16).
Pilate est peut-être un homme du monde endurci, mais du moins fait-il quelque faible objection à la condamnation de Celui que tous savent être innocent. Et s’il doit relâcher Barabbas, il demande : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez roi des Juifs ? » Sans aucune hésitation, ils s’écrient : « Crucifie-le ! » Nous ne tenons pas à la compagnie d’un rebelle et d’un meurtrier, mais l’inimitié de la chair contre Dieu est telle que si nous sommes laissés à nous- mêmes, et que nous ayons à choisir entre un meurtrier et Christ, nous préférons le premier.
Pilate demande encore : « Mais quel mal a-t-il fait ? » Leur réponse est ce seul cri irraisonné : « Crucifie-le ! » Voulant contenter la foule, Pilate renonce à toute apparence de justice, relâche Barabbas et, ayant fait fouetter Celui qu’il sait être innocent, il le livre pour être crucifié.
Dans le traitement que les soldats infligent au Seigneur, nous voyons toute la brutalité de l’homme prenant plaisir à outrager celui qui est sans défense. Il ne faisait pas partie du devoir d’un soldat de maltraiter un détenu ; mais l’humilité, la grâce et la perfection de ce saint Prisonnier les mettaient en présence de Dieu ; et cela, l’homme déchu ne peut le supporter. Celui qui sera bientôt couronné de plusieurs diadèmes par la main d’un Dieu juste, consent à ce que les mains d’hommes iniques mettent sur sa tête une couronne d’épines. Celui qui paîtra les nations avec une verge de fer permet à de misérables hommes de le frapper avec un roseau. Par dérision ils se mettent à genoux et rendent hommage à celui devant lequel ils devront se courber au jour du jugement.
Ces soldats brutaux, ne se souciant ni de la liberté ni des droits des autres, contraignent un homme venant des champs de porter la croix.
Simon le Cyrénéen a eu l’honneur de porter la croix pour celui qui, sur elle, a souffert pour le monde entier. Apparemment, Dieu n’est pas resté indifférent à ce petit service rendu au Seigneur, car il nous est dit que ce Simon était le père d’Alexandre et de Rufus. On peut voir là une allusion au Rufus mentionné en Romains 16:13, ce qui impliquerait qu’Alexandre et Rufus étaient des croyants bien connus à l’époque où Marc écrivit son évangile.
Aucun affront, aucune humiliation ne sont épargnés au Seigneur. Après l’avoir crucifié au « lieu du crâne », les soldats partagent ses vêtements, en tirant au sort. Par dérision et par mépris pour la nation, ils inscrivent sur l’écriteau portant le sujet de son accusation : « LE ROI DES JUIFS », et en même temps, ils le crucifient entre deux brigands. À leur insu, ils accomplissaient l’écriture qui dit : « Il a été compté parmi les iniques ».
On aurait pu penser que les passants au moins s’abstiendraient d’intervenir dans cette scène terrible, mais même eux hochent la tête, se raillent de lui, déforment ses paroles, et le provoquent en disant : « Sauve-toi toi-même, et descends de la croix ! »
Les principaux sacrificateurs aussi se moquent du Seigneur avec les scribes, disant : « Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ». C’était certes vrai, même s’ils réalisaient bien peu la vérité de leurs paroles. Mais ce qu’ils ajoutent : « Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions ! » est entièrement faux. La foi vient de ce qu’on entend et non pas de ce qu’on voit. En outre, s’il était descendu de la croix, la foi aurait été vaine. Nous serions encore dans nos péchés.
Finalement, le Christ de Dieu est rejeté et méprisé par les plus vils criminels ; nous lisons en effet : « Ceux aussi qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient ».
Nous avons vu le Seigneur rejeté par tous les hommes, des plus élevés aux plus misérables, et abandonné de ses disciples. Il nous est accordé maintenant de considérer des souffrances infiniment plus profondes, celles qu’il endure lorsqu’il est abandonné de Dieu. Ce ne sont plus l’envie, la méchanceté et la cruauté des hommes qu’il doit supporter, mais le châtiment du péché alors qu’il est livré à la mort par un Dieu saint. Personne ne peut, ni ne doit, pénétrer dans cette scène solennelle. Il y eut des ténèbres sur tout le pays. Christ était seul avec Dieu, caché à tous les regards, quand il a été fait péché, Lui qui n’avait pas connu le péché. Fait péché, il a dû endurer l’abandon de Dieu. Mais ne pouvons-nous pas dire que jamais il n’a été plus précieux pour Dieu que lorsque, dans une obéissance parfaite, il a connu l’abandon de Dieu ? Il a toujours glorifié le Père, mais jamais à un degré plus élevé que quand il a été fait péché et qu’il a été abandonné. Qu’un tel sacrifice ait été nécessaire magnifie la nature sainte de Dieu ; qu’un tel sacrifice ait pu être offert, exalte son amour. Rien de moins que ce sacrifice ne pouvait satisfaire la gloire de Dieu ou obtenir le salut des hommes.
Mais qu’est-ce que cela a dû être pour sa nature sainte que d’être fait péché ! Lorsqu’il est entré dans le monde, il a été désigné comme la « Sainte Chose » qui naîtrait ; lorsqu’il en est sorti, il a été « fait péché ». Celui qui était l’objet des délices du Père de toute éternité est abandonné. Le Psaume 22 nous apprend que celui qui a poussé le cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » peut seul donner la réponse : « Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël ». Si le propos du cœur de Dieu de demeurer au milieu d’un peuple qui le loue doit trouver son accomplissement, il faut d’abord que la sainteté de Dieu soit satisfaite. Et rien ne peut répondre aux saintes exigences d’un Dieu saint à l’égard du péché, si ce n’est l’offrande sans tache de Christ.
Lorsque tout fut accompli, « Jésus, ayant jeté un grand cri, expira ». Ce grand cri était la preuve que sa mort ne résultait pas de la défaillance et de l’épuisement des forces naturelles. On a dit : « Jésus n’est pas mort parce qu’il ne pouvait plus vivre, comme il en est pour tous les autres hommes ». Pour que la sainteté de Dieu puisse être satisfaite, et que le salut des pécheurs soit rendu possible, il fallait qu’il meure mais personne ne lui a ôté la vie, il l’a laissée de lui- même.
Aussitôt le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le voile séparait le lieu saint du lieu très saint. Il parlait bien de la présence de Dieu, mais montrait que l’homme en était exclu. C’était là le caractère de la période de la loi : Dieu présent, mais l’homme incapable de s’approcher de lui. Le voile déchiré proclamait que c’en était fini du judaïsme ; mais de plus, il nous dit que Dieu peut maintenant, en toute justice, se révéler en grâce et apporter à l’homme la bonne nouvelle du pardon ; et que l’homme lui- même peut s’approcher de Dieu sur le fondement du sang précieux de Christ.
L’œuvre de la croix étant achevée, la première voix à se faire entendre en témoignage à la gloire de la personne de Christ est celle d’un Gentil, précurseur du jour nouveau où une grande multitude de Gentils reconnaîtront le Sauveur comme étant le Fils de Dieu. Ce centurion avait certainement été témoin de bien des morts sur les champs de bataille, mais il n’avait jamais vu une mort semblable à celle de Christ. Il reconnaît que Celui qui peut ainsi rendre son esprit en jetant un grand cri, doit être plus qu’un homme. Aussi peut-il dire : « Certainement, cet homme était Fils de Dieu ».
Quelques femmes dévouées, qui avaient suivi le Seigneur et l’avaient assisté de leurs biens dans les jours de sa chair, sont ensuite honorées d’une mention. Par amour, elles avaient suivi le Seigneur pendant sa vie de service, elles ne l’avaient pas quitté au moment de sa mort sur la croix et elles regardent lorsque son corps est déposé dans le sépulcre. On peut facilement s’attarder sur leur manque d’intelligence, tout en étant bien loin derrière elles dans leur amour plein de dévouement.
Si ces femmes dévouées se distinguent au jour du danger, alors que les disciples s’étaient enfuis, ainsi aussi, un conseiller honorable prend sur lui d’aller demander le corps du Seigneur pour l’ensevelir. Il était un vrai croyant qui attendait le royaume de Dieu ; toutefois sa position sociale élevée l’avait peut-être retenu de s’identifier avec Jésus dans son abaissement et de s’associer à ses humbles disciples. Mais, comme cela arrive si souvent, l’intensité du mal contraint la foi à se manifester, et ceux que nous aurions pu considérer comme étant spirituellement de peu de poids, se déclarent résolument pour le Seigneur, alors que d’autres dont nous aurions pensé qu’ils montreraient l’exemple, faillissent entièrement.
Ainsi la parole de Dieu s’accomplit : bien que les hommes lui aient donné son sépulcre avec les méchants, il a été avec le riche dans sa mort (Ésaïe 53:9). Et s’il a été permis aux hommes de clouer ignominieusement Christ sur une croix, afin que le conseil de Dieu s’accomplisse, il est pourvu — une fois cette grande œuvre achevée — à ce que son corps soit enseveli avec tous les honneurs qui lui sont dus, et sans que des hommes méchants ne puissent lui infliger davantage d’affronts.
Pour la troisième fois, ces trois femmes dévouées — Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques, et Salomé — sont placées devant nous. Apparemment elles avaient déjà acheté des aromates pour embaumer le corps du Seigneur, une fois le sabbat passé. C’était de l’incrédulité que de penser trouver le corps du Seigneur dans le tombeau, et de l’ignorance que de chercher à le retenir là. Mais l’Esprit de Dieu se plaît à séparer ce qui est précieux de ce qui est vil, et à s’attarder sur l’amour et le dévouement qui les ont amenées à acheter des aromates et à venir au sépulcre de fort grand matin.
En chemin, elles se demandent entre elles : « Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre ? » Pour l’esprit raisonneur de l’homme naturel, il y a toujours une grande pierre devant le tombeau de Christ. Éloigné de Dieu, l’homme déchu trouve une difficulté insurmontable dans la vérité de la résurrection. Les philosophes grecs, comme d’ailleurs ceux d’aujourd’hui, professent peut-être croire à l’immortalité de l’âme, mais ils refusent d’accepter la résurrection du corps. Pour l’esprit humain il est agréable de penser que l’âme continue à vivre après avoir quitté le corps ; mais si le corps doit ressusciter, il est évident qu’il faut l’intervention de la puissance de Dieu ; et l’intelligence humaine repousse la pensée d’être dépendant de ce Dieu que l’on hait. Laissez Dieu de côté — la résurrection est impossible ; introduisez Dieu et sa puissance — toutes les difficultés disparaissent, la pierre est roulée.
Arrivées au sépulcre, ces femmes découvrent que Dieu les a précédées, et que la pierre est roulée ; non pas certes pour que le corps du Seigneur puisse sortir du tombeau, mais pour que les disciples puissent y entrer et constater que le lieu où il avait été mis était vide. Aucune pierre, aussi grande soit-elle, ne pouvait retenir le corps du Seigneur dans le sépulcre.
Entrées dans le sépulcre, elles se trouvent aussitôt en face d’un messager céleste, qui rassure leur cœur et calme leurs craintes en leur disant : « Vous cherchez Jésus le Nazarénien, le crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis ». Elles cherchaient Jésus, et en cela, malgré beaucoup d’ignorance et d’incrédulité, tout était bien. Que cherchons-nous ? Jésus est-il l’objet de notre cœur ? On a dit : « C’est la consécration du cœur au Seigneur qui apporte la lumière et l’intelligence à l’âme » (J.N.D.). Que de fois notre aveuglement quant à la vérité et notre incapacité à distinguer entre le juste et le faux viennent de ce que nous n’avons pas cet œil simple qui a Christ pour son seul objet. Nous cherchons souvent notre propre volonté et notre exaltation plutôt que Jésus et sa gloire. La mesure dans laquelle nous « cherchons Jésus » est celle dans laquelle nous recevons la lumière. Il se peut que nous cherchions beaucoup de choses qui sont bonnes en elles-mêmes, mais qui ne sont pas Jésus ; nous pouvons chercher des âmes, le service, le bien de l’homme et la prospérité des saints ; mais si nous « cherchons Jésus », chacune de ces choses trouvera sa vraie place, et nous aurons la lumière pour notre sentier. En cherchant Jésus, ces femmes reçoivent la lumière du ciel, et elles sont envoyées pour accomplir un service pour le Seigneur.
Elles devaient délivrer ce message « à ses disciples et à Pierre ». Il est touchant de remarquer que cette mention spéciale du nom de Pierre se trouve dans l’évangile qui donne le plus de détails sur sa grave chute. Si le message avait été adressé simplement aux disciples, Pierre aurait pu dire : « Ce n’est pas pour moi, je ne suis plus un disciple ». La mention expresse de son nom exclut une telle pensée. Les disciples doivent apprendre que, bien qu’ils aient tous abandonné le Seigneur et se soient enfuis, et bien que Pierre l’ait renié, le cœur plein d’amour du Seigneur n’a pas changé à leur égard. Maintenant qu’il est ressuscité, comme dans les jours de sa vie ici- bas, il ira « devant » ses disciples pour leur montrer le chemin. « Vous le verrez », leur est-il dit, et tout se passera « comme il vous l’a dit ». De façon plus générale ne pouvons-nous pas dire que malgré la ruine de l’église responsable, la dispersion et les manquements des enfants de Dieu, le moment vient où le Seigneur ressuscité et glorieux rassemblera toutes ses brebis autour de lui ; alors nous le verrons face à face, et toutes les paroles qu’il a dites seront accomplies.
Les femmes avaient vu le sépulcre vide, elles avaient écouté l’ange, mais elles n’avaient pas vu Jésus. Dans l’évangile selon Luc, nous lisons : « Pour lui, ils ne l’ont point vu ». Sans la présence de Christ lui-même, la grande pierre roulée, le sépulcre vide et la vision d’anges ne font que nous laisser tremblants et troublés.
Nous apprenons maintenant que le Seigneur était déjà apparu à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons. Celle qui était le témoin de la puissance du Seigneur sur les démons, devient maintenant le témoin de sa puissance sur la mort. Elle annonce la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur aux disciples qui étaient dans le deuil et pleuraient. Hélas ! ils entendirent le message, mais ils ne le crurent point.
La brève allusion à l’apparition du Seigneur aux deux disciples qui étaient en chemin vers Emmaüs nous indique que leur témoignage ne fut pas reçu non plus.
Enfin nous avons le récit de l’apparition du Seigneur aux onze, comme ils étaient à table. Le Seigneur leur reproche leur incrédulité qu’il attribue à leur dureté de cœur. Est-ce qu’une grande part de notre incrédulité ne peut pas être imputée à la dureté de nos cœurs, qui, si souvent, ne répondent pas à Son amour et sont bien peu sensibles à Sa parole ?
Cependant, bien que l’état de leurs cœurs ait été dévoilé, le Seigneur les envoie immédiatement prêcher l’évangile. Nous pourrions peut-être penser que tant d’incrédulité et de dureté de cœur prouvaient qu’ils étaient tout à fait inaptes pour le service de prédicateurs. Mais cette manifestation même de l’état de leurs cœurs dans la présence du Seigneur était une préparation pour le service. C’est lorsque nous découvrons quelque chose du vrai caractère de notre cœur et apprenons que nous ne sommes rien en nous-mêmes, que Dieu peut nous employer pour la bénédiction des autres.
Ils devaient aller dans tout le monde et prêcher l’évangile à toute la création. « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; et celui qui n’aura pas cru sera condamné ». Il serait contraire à la vérité de déduire de ce passage que le baptême ait une puissance quelconque de sauver devant Dieu, car le point essentiel est de croire à l’évangile. Aussi n’est-il pas écrit : « Celui qui n’aura pas cru, et n’aura pas été baptisé, sera condamné ». Quelqu’un a dit : « L’incrédulité était le mal fatal à redouter par-dessus tout. Qu’un homme soit baptisé ou non, s’il ne croyait pas, il serait condamné ». Le baptême est important en ce qu’il est le signe visible devant les hommes de la foi que Dieu seul voit. Celui qui professe croire, et qui cependant refuse d’être baptisé, cherche pratiquement à cacher sa profession de foi pour rester en bons termes avec le monde. On peut à bon droit douter de la réalité de la foi d’un tel homme. Le vrai croyant confessera sa foi en se séparant du monde. Le baptême est le signe de la mort, ce grand séparateur. En étant baptisé, le croyant quitte le monde pour entrer, sur la terre, dans la sphère chrétienne parmi les enfants de Dieu.
Le Seigneur dit à ses disciples que des signes accompagneraient ceux qui auraient cru. Au nom de Christ, ils chasseraient les démons, ils parleraient de nouvelles langues et ils guériraient les malades. Remarquons que le Seigneur ne dit pas que ces signes accompagneraient tous ceux qui auraient cru, ou qu’ils subsisteraient toujours. Il convient de distinguer entre les dons-signes dont l’apôtre parle en 1 Corinthiens 12:29, 30, et les dons pour l’édification (Éphésiens 4:11). Les dons-signes de l’épître aux Corinthiens ont été donnés à l’église primitive pour servir de témoignage public, pour attirer l’attention d’un monde incrédule. Les dons pour l’édification du corps ont été donnés par la Tête glorifiée. L’église ayant complètement failli quant à sa responsabilité et étant ruinée, le Seigneur cesse d’attirer l’attention sur elle par des signes miraculeux et extérieurs. Mais bien que l’église soit dépouillée de ses ornements extérieurs, le Seigneur ne cesse pas de chérir et de nourrir son corps ; aussi les dons de l’épître aux Éphésiens vont-ils jusqu’à la fin.
Ayant donné ses instructions à ses disciples, le Seigneur fut élevé en haut dans le ciel, et s’assit à la droite de Dieu. Son œuvre sur la terre, comme le Parfait Serviteur, est achevée. Toutefois, il coopère avec ses disciples, confirmant la parole qu’ils prêchaient par les signes qui l’accompagnaient.