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Élisée, l’homme de Dieu

Smith Hamilton [ajouts bibliquest entre crochets]

 

Table des matières abrégée :

1        [Histoire d’Élisée : miséricorde souveraine de Dieu envers un peuple coupable dans une ruine totale]

2        [Sens général du ministère d’Élisée]

3        L’appel d’Élisée — 1 Rois 19, 14-21

4        La formation du serviteur — 2 Rois 2, 1-14

5        Les fils des prophètes — 2 Rois 2, 15-18

6        Les hommes de la ville — 2 Rois 2, 19-22

7        Les moqueurs de Béthel — 2 Rois 2, 23-25

8        Les rois et leurs armées — 2 Rois 3

9        L’huile de la veuve — 2 Rois 4, 1-7

10      La Sunamite — 2 Rois 4, 8-37

11      Le temps de la famine — 2 Rois 4, 38-41

12      Le peuple rassasié — 2 Rois 4, 42-44

13      La guérison du lépreux — 2 Rois 5, 1-19

14      Le serviteur du prophète — 2 Rois 5, 20-27

15      La hache empruntée — 2 Rois 6, 1-7

16      Les raids des Syriens — 2 Rois 6, 8-23

17      Le siège de Samarie — 2 Rois 6, 24 à 7, 20

18      Les sept années de famine — 2 Rois 8, 1-6

19      Le roi de Syrie — 2 Rois 8, 7-15

20      L’onction de Jéhu — 2 Rois 9

21      La mort d’Élisée — 2 Rois 13, 14-25

 

 

Table des matières détaillée :

1        [Histoire d’Élisée : miséricorde souveraine de Dieu envers un peuple coupable dans une ruine totale]

2        [Sens général du ministère d’Élisée]

2.1     [Généralisation de l’idolâtrie en Israël]

2.2     [Le ministère d’Élie]

2.3     [Au lieu de retrancher la nation par le jugement, Dieu agit en grâce souveraine et envoie un ministère de grâce pour quiconque a la foi pour en profiter]

2.4     [Élisée messager de cette grâce souveraine à un monde ruiné]

2.5     [Différences de caractère du ministère et du mode de vie entre Élie et Élisée]

2.6     [Élisée exerce ses ressources et sa puissance pour les autres]

2.7     [Élie précurseur d’Élisée fait penser à Jean le Baptiseur précurseur de Christ]

3        L’appel d’Élisée — 1 Rois 19, 14-21

3.1     [Rappel de l’état d’esprit d’Élie à l’époque]

3.2     [L’Éternel prend souvent des personnes humbles et de basse condition comme nouveaux serviteurs]

3.3     [Activité de travail normal des serviteurs que Dieu choisit]

3.4     [Élie jette son manteau sur Élisée, — réaction d’Élisée et réponse d’Élie]

4        La formation du serviteur — 2 Rois 2, 1-14

4.1     [Formation dans le secret dans une mise à l’écart]

4.2     [Visite de lieux significatifs — 2 Rois 2]

4.2.1          [Guilgal]

4.2.2          [Béthel]

4.2.3          [Jéricho]

4.2.4          [Le Jourdain]

4.2.5          [Résumé de la visite]

4.3     [Mise à l’épreuve des affections — de nos affections pour Christ]

4.4     [Ceux qui entravent la communion]

4.5     [Mise à l’épreuve finale du degré de consécration]

4.6     [La vision d’Élie en-haut sera le secret de la puissance d’Élisée sur la terre]

4.7     [La vision par la foi de Christ dans la gloire est le secret de la puissance pour le chrétien sur la terre]

4.8     [Nous ne connaissons plus Christ selon la chair, 2 Cor. 5:16]

4.9     [Si quelqu'un est en Christ, c’est une nouvelle création, 2 Cor. 5:17]

5        Les fils des prophètes — 2 Rois 2, 15-18

5.1     [Résultat béni de la formation d’Élisée : dans un homme sur la terre, on voit l’esprit et le caractère d’un homme dans les cieux]

5.2     [Les fils des prophètes : ils avaient de la connaissance, sans avoir le cœur pour s’engager dans le chemin d’Élie, mais disposés quand même à être serviteurs du serviteur de l’Éternel]

5.3     [Image de ceux qui connaissent la mort et la résurrection de Christ, et en apprécient les effets chez d’autres, mais ne se l’approprient pas]

5.4     [Profession religieuse, mais incrédulité et manque de foi. Nullité des ressources naturelles]

6        Les hommes de la ville — 2 Rois 2, 19-22

6.1     [Le monde incrédule gît sous la malédiction]

6.2     [La foi profite de la grâce. Le vase neuf rempli de sel est une image de Christ rempli de la grâce sanctifiante de Dieu ; modèle pour nous]

7        Les moqueurs de Béthel — 2 Rois 2, 23-25

7.1     [Les trois miracles de jugement d’Élisée sont le résultat direct du mépris de la grâce]

7.2     [Celui qui apporte la grâce doit apprendre qu’il y a ceux qui la rejettent et se moquent de son messager]

7.3     [Ceux qui, dans ce qui professe être la maison de Dieu, se moquent des activités de la grâce, n’ont que le jugement devant eux]

8        Les rois et leurs armées — 2 Rois 3

8.1     [Quand un idolâtre s’allie à un croyant et à un païen]

8.2     [Intervention de Dieu par une circonstance défavorable : l’idolâtre et le croyant la comprennent à l’inverse]

8.3     [Les compromis avec l’idolâtrie sont inadmissibles]

8.4     [L’alliance profane introduit la confusion et empêche le discernement de la pensée de Dieu]

8.5     [Dieu se sert de la détresse issue du manquement du peuple pour intervenir en grâce]

8.6     [Pas de retour vers Dieu malgré Sa délivrance par grâce]

9        L’huile de la veuve — 2 Rois 4, 1-7

9.1     [Dieu s’occupe des petits comme des grands]

9.2     [Misère du peuple de Dieu. Avant d’y remédier, il faut sentir son incapacité]

9.3     [Le déploiement de la puissance de Dieu en grâce fait plus que répondre aux besoins]

9.4     [Dieu se sert de nos provisions, mais il faut les utiliser dans la dépendance de Dieu]

9.5     [Les vases vides, image des croyants que l’Esprit peut remplir si la chair non jugée n’est pas tolérée]

10      La Sunamite — 2 Rois 4, 8-37

10.1           [Dieu se maintient un résidu fidèle qui craint Son nom dans les pires temps de la chrétienté]

10.2           [La foi manifestée par une hospitalité qui a égard à l’homme de Dieu, et par le discernement et l’intelligence spirituels dans tous les détails]

10.3           [Contentement d’être au milieu du peuple de Dieu]

10.4           [Puissance de Dieu qui donne la vie]

10.5           [Le Dieu de résurrection peut rendre la vie lorsque la mort a manifesté son pouvoir]

10.6           [La vraie foi ne se contente pas de formes ou cérémonies religieuses]

10.7           [La vrai foi ne discute pas avec l’incrédulité et ne veut que la relation directe avec l’homme de Dieu]

10.8           [Devant la mort, besoin de dépendance totale de l’Éternel, nécessité d’être seul avec Lui]

10.9           [La fervente supplication du juste peut beaucoup (Jacq. 5:16)]

10.10         [Foi simple qui ne s’étonne pas et ne raisonne pas. Dieu se révèle à cette foi qui s’attache à Lui et l’honore]

11      Le temps de la famine — 2 Rois 4, 38-41

11.1           [La ruine s’accentue et la grâce surabonde. Dieu répond à la foi, même faible]

11.2           [Danger de l’intrusion de la chair, même à Guilgal. Le zèle charnel fait entrer la mort avec facilité et abondance]

11.3           [Ils ne savent pas résoudre la difficulté, mais ils sont conscients du danger et se tournent vers l’homme de Dieu]

11.4           [Contre les pensées de la nature, la philosophie de l’homme, les éléments du monde, la religion de la chair, les séductions et déceptions, le remède est de présenter Christ, Col. 1 à 3]

12      Le peuple rassasié — 2 Rois 4, 42-44

12.1           [Donner sans retenue, sans s’arrêter aux objections de l’incrédulité]

12.2           [On fait l’expérience de la bénédiction, même si on ne peut pas expliquer sa puissance et sa grâce]

13      La guérison du lépreux — 2 Rois 5, 1-19

13.1           [Israël mis de côté et la puissance gouvernementale donnée aux nations]

13.2           [L’homme dans son meilleur état socialement, Dieu le voit pécheur]

13.3           [Manière dont Dieu fait connaître Sa grâce. La fille est petite, mais sa foi est grande]

13.4           [L’homme naturel ne comprend pas les voies de la grâce]

13.5           [Faire l’expérience que tous les efforts de l’homme pour obtenir la bénédiction ne font que dégrader sa condition]

13.6           [Intervention d’Élisée : « Nul ne peut venir à moi, à moins qu’il ne lui soit donné du Père » (Jean 6, 65)]

13.7           [L’orgueil de l’homme voudrait recevoir quelque considération, mais recevoir la bénédiction ne peut être que sur le terrain de la grâce]

13.8           [Le travail de Dieu ne se fait pas dans la pompe, le sensationnel et la sentimentalité. La culpabilité n’est nettoyée que sur la base de la mort de Christ]

13.9           [Aujourd'hui aussi, le pécheur a à se soumettre au moyen de délivrance de Dieu dans l’obéissance de la foi, la vieille nature étant condamnée et mise de côté dans la mort de Christ]

13.10         [Confession de la bouche]

13.11         [La vie éternelle est sans argent et sans prix]

13.12         [Adorateur du vrai Dieu. En finir avec les idoles, même selon les apparences]

14      Le serviteur du prophète — 2 Rois 5, 20-27

14.1           [La convoitise mène au mensonge, et un premier mensonge en appelle d’autres]

14.2           [Démasqué, Guéhazi perd tout, mais gagne la lèpre de Naaman, devenue inguérissable]

14.3           [Le péché de Guéhazi nullifiait le témoignage à la vraie grâce de Dieu]

14.4           [Un péché non jugé en amène d’autres]

14.5           [Une position religieuse privilégiée ne met pas à l’abri de péchés graves]

14.6           [La pratique du péché détruit tout sentiment de la présence et de la puissance de Dieu]

15      La hache empruntée — 2 Rois 6, 1-7

15.1           [Un grand prophète ou apôtre sait s’impliquer dans les tâches les plus humbles]

15.2           [Dieu le créateur peut changer les lois de la nature pour soulager la détresse]

15.3           [Applications typiques du fer qui surnage sous l’effet d’un bois]

16      Les raids des Syriens — 2 Rois 6, 8-23

16.1           [Une grâce de Dieu en faveur de la nation coupable]

16.2           [Toute une armée contre un seul homme de Dieu]

16.3           [La foi n’a pas de crainte, contrairement au serviteur qui en reste aux choses visibles]

16.4           [Élisée veut élever la foi de son serviteur]

16.5           [Le chemin d’Élisée comme celui de Christ : venu pour que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles, Jean 9:39]

16.6           [Les voies bénies de grâce, même envers les ennemis, mais cela n’est possible que pour l’instrument de la puissance divine ; l’homme naturel ne peut pas prendre ce risque]

17      Le siège de Samarie — 2 Rois 6, 24 à 7, 20

17.1           [Hostilité persistante de l’ennemi, profondeurs du mal où Israël est tombé, hauteur où la grâce peut s’élever]

17.2           [Famine jusqu’au cannibalisme selon Lév. 26 et Deut. 28]

17.3           [Ces horreurs ne font que révéler l’inimitié du cœur du roi. Rage contre Dieu et contre le prophète qui avait usé de tant de grâce. Élisée paisiblement assis chez lui, s’attend à l’Éternel]

17.4           [Préfiguration du temps de la croix]

17.5           [Élisée révèle la grâce du cœur de Dieu qui annonce une bénédiction sans mélange quand le péché a atteint son comble]

17.6           [Ce que l’homme fait de la grâce de Dieu]

17.6.1       [Le capitaine, moqueur incrédule]

17.6.2       [Les quatre lépreux. Les pécheurs qui croient ont part aux résultats de la victoire de Christ]

17.6.3       [Le roi : esprit raisonneur qui manque du sentiment du besoin]

17.6.4       [Le serviteur sage. Pour le croyant, tous les ennemis trouvent leur fin dans la mort de Christ]

17.6.5       [La participation à la bénédiction est refusée au seul moqueur incrédule]

18      Les sept années de famine — 2 Rois 8, 1-6

18.1           [L’Éternel révèle Ses secrets à Ses serviteurs les prophètes]

18.2           [L’Éternel assure qu’Il prendra soin des Siens pendant les temps d’épreuve envoyés sur la nation]

18.3           [L’ancien serviteur d’Élisée a gravi l’échelle sociale, mais les jours de contact avec l’homme de Dieu et l’action divine ne sont plus qu’un souvenir]

18.4           [Que vaut-il mieux ? être ami intime de l’Éternel ou ami intime d’un roi méchant, même si Dieu utilise ces derniers pour prendre soin des Siens ?]

18.5           [La Sunamite, image du Résidu pieux futur d’Israël]

18.6           [Pas de coïncidences due au hasard, mais toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu]

19      Le roi de Syrie — 2 Rois 8, 7-15

19.1           [Ben-Hadad insouciant de Dieu dans la prospérité ; se tourne vers Lui dans la calamité ; mieux vaut le contentement selon Dieu de l’apôtre Paul]

19.2           [Comprendre correctement le message d’Élisée : Ben-Hadad mourra, mais pas de sa maladie]

19.3           [Pleurs de Élisée semblables à ceux du Seigneur Jésus sur Jérusalem]

19.4           [Hazaël se défend d’être cruel et insensible, mais quand les circonstances font sauter les barrières, il n’hésite pas à usurper le trône par un meurtre, et à couvrir l’affaire par un mensonge]

20      L’onction de Jéhu — 2 Rois 9

20.1           [Les miracles n’ont pas produit d’effet. Il fait oindre Jéhu par autrui en montrant bien qu’il n’a pas de communion avec lui]

20.2           [Jéhu est très zélé pour s’occuper du mal quand cela sert ses ambitions, mais est tout à fait indifférent quand ça l’arrange. Il châtie impitoyablement la maison d’Achab, mais laisse impunie la maison de Jéroboam. Il abolit le culte de Baal, mais conserve les veaux d’or]

20.3           [Dieu se sert de Jéhu, mais n’est pas indifférent aux motifs mélangés qui le poussaient]

21      La mort d’Élisée — 2 Rois 13, 14-25

21.1           [Ceux qui ignoraient Élisée (Jéhu, Joakhaz)]

21.2           [Pleurs de Joas]

21.3           [Une leçon au sujet de la puissance de la grâce. Manque de foi pour la comprendre]

21.4           [Dieu honore son serviteur par le plus grand de tous les miracles de grâce : tirer la vie de la mort]

21.5           [Résumé de la vie d’Élisée : faire connaître la grâce de Dieu]

21.6           [Élisée type de Christ — et modèle pour nous comme messager de la grâce]

 

 

1         [Histoire d’Élisée : miséricorde souveraine de Dieu envers un peuple coupable dans une ruine totale]

Le nom Élisée signifie « Dieu Sauveur » et, conformément à son nom, Élisée a été employé, plus que tous les prophètes des jours de l’Ancien Testament, pour présenter la grâce et la miséricorde souveraines de Dieu à un peuple coupable. En son temps, les chefs, et les institutions du pays entre les mains de la sacrificature, avaient totalement manqué à maintenir le peuple en relation avec Dieu. Les avertissements d’Élie ne l’avaient pas ramené à Dieu. Ainsi, sa ruine totale étant manifeste, Dieu recourt à sa propre souveraineté et suscite un homme qui, ne dépendant pas du temple sacré ni de la sacrificature officielle et divinement instituée, parcourt le pays des dix tribus apostates en accomplissant des miracles de miséricorde et en dispensant la grâce de Dieu à tous ceux qui ont la foi pour la saisir.

Ainsi, dans l’histoire d’Élisée, nous avons une illustration de ce principe important : Dieu, tout en donnant à son peuple des institutions à observer, n’est pas lié par elles, ni limité à elles, si l’homme faillit dans sa responsabilité. Dans toutes ces voies de grâce souveraine, Élisée a l’honneur insigne de préfigurer la venue de Christ, l’Oint de Dieu qui, en son jour, allait de lieu en lieu faisant du bien, indépendamment de l’autorité des sacrificateurs et des chefs du peuple, revendiquant le droit souverain de Dieu à s’élever au-dessus des institutions de la loi, comme le sabbat par exemple, afin de manifester la grâce aux pécheurs.

 

2         [Sens général du ministère d’Élisée]

2.1        [Généralisation de l’idolâtrie en Israël]

Jamais au cours de l’histoire d’Israël, la condition morale de la nation n’avait été aussi misérable que sous le règne du roi Achab. De ce roi faible et méchant, il est dit qu’« il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui ». La loi était transgressée. Le culte des idoles s’affichait partout ; on se prosternait devant les veaux d’or à Béthel et à Dan ; de faux prophètes accomplissaient leurs rites idolâtres dans le pays de l’Éternel. Sous la conduite du roi et de sa femme idolâtre, la nation avait abandonné l’Éternel et s’était manifestée mûre pour le jugement.

 

2.2        [Le ministère d’Élie]

Néanmoins, Dieu use de patience envers cette nation condamnée au jugement. Au lieu d’écraser le peuple sous le jugement qu’il méritait, Dieu envoie son prophète Élie pour mettre à nu sa vraie condition et le ramener à lui. La vie et les miracles d’Élie avaient été un long témoignage contre l’apostasie totale de la nation à l’égard de la loi morale et du culte de l’Éternel. Les années de sécheresse, le feu du ciel, la destruction des prophètes de Baal, le jugement des chefs et de leurs cinquantaines, la sentence prononcée contre le roi dans la vigne de Naboth et la lettre au roi apostat de Juda (2 Chr. 21:12) annonçant une plaie imminente, étaient autant de dénonciations solennelles du mal général.

Hélas ! le ministère d’Élie ne fit que mettre en lumière la faillite complète de la nation à sa responsabilité. Il montrait clairement que non seulement la nation avait transgressé la loi et s’était enfoncée dans l’idolâtrie, mais que la prophétie qui ramène à Dieu un peuple égaré — était totalement impuissante à opérer une restauration. Malgré un ministère accompagné par les signes annonçant une famine sur la terre et le feu du ciel, le prophète de Dieu est rejeté par une nation aveuglée et idolâtre. Après avoir achevé son service, le prophète fidèle mais rejeté quitte le pays d’Israël en traversant le Jourdain — le fleuve de la mort — et est enlevé au ciel dans un tourbillon.

 

2.3        [Au lieu de retrancher la nation par le jugement, Dieu agit en grâce souveraine et envoie un ministère de grâce pour quiconque a la foi pour en profiter]

Ainsi, pour autant qu’on regarde à Israël, tout est fini. La nation a complètement manqué à assurer ou à maintenir la bénédiction de Dieu sur le terrain de sa responsabilité. Apparemment il ne reste qu’à exécuter le jugement qu’elle mérite. Ici toutefois, il nous est donné de voir les merveilles des voies de Dieu. Car Dieu se sert de la méchanceté de l’homme pour dévoiler les ressources de son propre cœur. L’homme a totalement failli et Dieu a montré qu’il n’est pas indifférent au péché et que, au moment voulu de lui, il devra agir en jugement. Mais Dieu est souverain et se réserve le droit d’agir selon sa grâce souveraine. Ainsi au lieu de retrancher la nation par le jugement, il recourt à cette grâce souveraine. D’une part il se réserve un résidu qui n’a pas fléchi les genoux devant Baal ; d’autre part il envoie à une nation coupable un ministère de grâce pour quiconque a la foi pour profiter de la grâce. Ce ministère, étant un ministère de grâce, ne peut être limité aux frontières d’Israël. Sa source est en dehors du pays et, tout en étant envoyé à Israël, il est à la disposition du Gentil.

 

2.4        [Élisée messager de cette grâce souveraine à un monde ruiné]

Élisée est le vase choisi pour être le messager de cette grâce à un monde ruiné. Comme quelqu’un l’a dit, Élisée « complète par un ministère de grâce agissant dans la puissance de la vie, ce qu’Élie avait commencé en justice contre l’idolâtrie ». Élisée retourne dans le pays qu’Élie avait quitté. La malédiction était là ; les veuves sont dans le besoin ; la faim et la misère sont dans le pays ; les ennemis se manifestent et la mort domine sur tout. Dans cette scène de péché et de ruine, Élisée vient avec la puissance d’en haut pour déployer, au milieu d’un monde ténébreux, la grâce divine qui peut répondre aux besoins de l’homme. Il arrive ainsi que là où Élisée passe, la malédiction est enlevée ; les besoins de la veuve sont satisfaits, la femme stérile devient féconde, les morts sont ressuscités, le mal est écarté, les affamés sont rassasiés, le lépreux est guéri, les ennemis sont confondus et vaincus, la famine de la terre recule devant l’abondance des cieux, et de la mort jaillit la vie.

 

2.5        [Différences de caractère du ministère et du mode de vie entre Élie et Élisée]

Le ministère d’Élisée porte donc manifestement un caractère totalement différent de celui de son grand prédécesseur. En outre, le mode de vie des deux prophètes, tout en étant en accord avec leur ministère respectif, était nécessairement tout à fait différent. Élie a passé la plus grande partie de sa vie à l’écart des lieux fréquentés par les hommes ; Élisée se déplaçait parmi les foules, entretenant des relations familières avec ses semblables. On trouvait Élie auprès de torrents reculés, sur des chemins déserts et dans les cavernes de la montagne ; on trouve Élisée dans les villes des hommes et dans les camps des rois. Élie est entretenu par une humble veuve à Sarepta ; Élisée est l’hôte d’une femme riche de Sunem.

Ces différences dans leurs manières de vivre et de se comporter étaient justes et magnifiques en leur saison. Il convenait que celui qui a été décrit à bon droit comme « l’ennemi juré de toutes les personnes et institutions qui portaient atteinte à l’honneur du Seigneur Dieu d’Israël », mène une vie de séparation stricte d’avec la nation qu’il condamnait si solennellement. C’était également juste que celui dont la grande mission était de faire connaître la miséricorde de Dieu à un monde coupable, entre et sorte librement parmi ses semblables.

 

2.6        [Élisée exerce ses ressources et sa puissance pour les autres]

Néanmoins, les prophètes avaient en commun leur sainte séparation du mal de leur époque. Si Élisée se meut parmi ses semblables comme le confident des rois et, parfois, le compagnon des grands de la terre, il est absolument séparé du mal de leur vie. Il apporte la grâce aux coupables, mais marche dans la séparation de leur culpabilité. Il enrichit d’autres des bénédictions du ciel, mais se contente de demeurer pauvre sur la terre. Comme quelqu’un l’a dit : « C’était pour les autres qu’il employait ses ressources et sa puissance en Dieu. Il était riche, mais pas pour lui-même. Ainsi, il fait face aux désagréments des lois de la nature ; sans bourse il soulage les pauvres ; — sans intendance il nourrit des armées ; — il rend inoffensifs les fruits vénéneux ; — sans pain il donne à manger à une multitude et recueille des restes ; — sans médicaments il guérit des maladies ; — sans armées il défait les ennemis ; — dans la famine il nourrit une nation ; — bien que mort, il communique la vie. »

 

2.7        [Élie précurseur d’Élisée fait penser à Jean le Baptiseur précurseur de Christ]

Ne pouvons-nous pas ajouter que, dans toutes ces voies lumineuses de grâce, Élisée conduit nos pensées à Celui, infiniment plus grand que lui, qui a vécu dans la pauvreté afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis ? Dans l’esprit d’Élie, Jean, le précurseur de Christ, avait habité dans les lieux déserts afin d’amener à la lumière un résidu pieux et de dénoncer la méchanceté d’une génération tortue et perverse. Il prépara ainsi le chemin du Seigneur qui, comme Fils de l’homme, vint « mangeant et buvant » avec les enfants des hommes, côtoyant les foules nécessiteuses, dispensant la grâce de Dieu dans un monde ruiné.

 

3         L’appel d’Élisée — 1 Rois 19, 14-21

3.1        [Rappel de l’état d’esprit d’Élie à l’époque]

La première fois que nous entendons parler d’Élisée, c’est dans le commandement de l’Éternel à Élie, aux jours de découragement du prophète. Déçu de l’échec de sa mission, aigri contre le peuple qui n’honorait son Dieu que des lèvres, et occupé de lui-même, Élie, blessé dans son esprit, avait parlé en bien de lui et uniquement en mal du peuple de Dieu. Il s’était imaginé que lui seul était pour Dieu et que la nation entière était contre lui, cherchant sa vie pour la lui ôter.

Élie doit apprendre que l’Éternel a d’autres instruments pour exécuter son gouvernement ; d’autres serviteurs pour maintenir un témoignage pour Lui ; et, parmi le peuple de Dieu, sept mille hommes qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal. Ainsi Élie doit revenir sur ses pas depuis Horeb et oindre Élisée, fils de Shaphath, comme prophète à sa place.

Combien souvent aussi, à notre époque de corruption croissante, notre vision limitée nous amène à nous imaginer que l’œuvre de Dieu dépend d’un ou de deux serviteurs du Seigneur dévoués et fidèles et que, eux partis, tout témoignage pour le Seigneur aura pris fin. Nous devons apprendre que si les serviteurs passent, Dieu demeure, qu’il prépare d’autres serviteurs et qu’il s’est réservé des témoins cachés, inconnus de nous, qui n’ont pas cédé devant le mal général.

 

3.2        [L’Éternel prend souvent des personnes humbles et de basse condition comme nouveaux serviteurs]

Obéissant à la parole de l’Éternel, Élie quitte Horeb pour chercher Élisée. Celui qui a été choisi pour remplacer le prophète ne se trouve pas parmi les grands de la terre. Dieu ne fait pas acception de personnes et, dans le choix de ses serviteurs, Il ne se limite pas aux grands et aux nobles. Il peut certes employer les riches et les hommes instruits, les rois et les sacrificateurs, selon qu’il le juge bon. Mais parfois il confond notre orgueil en prenant un homme des classes les plus humbles de la société pour accomplir le service spirituel le plus élevé. Il peut employer une petite fille pour bénir un grand homme ; il peut prendre un jeune garçon du parc des brebis pour en faire le conducteur de son peuple Israël ; il peut se servir de la fiancée d’un charpentier pour introduire sur cette scène le Sauveur du monde ; et ceci fait, il peut employer quelques humbles pêcheurs pour bouleverser le monde. Ainsi, aux jours d’Élie, il appelle un simple laboureur à quitter sa charrue pour être le prophète de son temps.

 

3.3        [Activité de travail normal des serviteurs que Dieu choisit]

En outre, ceux que Dieu appelle à son service ne sont pas des hommes vivant dans l’oisiveté et les aises d’ici-bas. Élisée accomplit patiemment son travail, labourant « avec douze paires de bœufs devant lui, et lui était avec la douzième », lorsque l’appel vient. De même David, à une époque plus reculée, gardait les brebis quand il fut appelé à la royauté. Et les disciples, plus tard, jetaient leurs filets dans la mer ou les réparaient lorsqu’ils furent appelés à suivre le Roi des rois.

 

3.4        [Élie jette son manteau sur Élisée, — réaction d’Élisée et réponse d’Élie]

C’est sur cet homme en plein labeur qu’Élie jette son manteau, geste qui peut signifier qu’Élisée est appelé à prendre la place, à manifester le caractère et à agir dans l’esprit de celui à qui il appartenait. Et il semble que les instincts spirituels d’Élisée l’aient interprété dans ce sens, car nous lisons : « il abandonna les bœufs, et courut après Élie ». Mais s’il montre un empressement donné de Dieu à suivre Élie, il manifeste un regret naturel à quitter les siens. Ainsi il peut dire : « Que je baise, je te prie, mon père et ma mère, et je m’en irai après toi. » La réponse d’Élie rejette entièrement sur Élisée la responsabilité de répondre à l’appel de Dieu : « Va, retourne ; » dit-il, « car que t’ai-je fait ? » Il ne veut user ni de force ni d’autorité. Aucune pression ne sera exercée sur Élisée : c’est à lui de discerner la portée de l’acte d’Élie, et il est libre de retourner vers les siens ou de suivre le prophète rejeté et persécuté.

Si par son comportement Élisée laisse voir qu’il s’attarde quelque peu aux choses qui sont derrière, il se manifeste aussi comme un vainqueur, et célèbre son détachement de ces choses en préparant un festin pour d’autres. En son jour et à sa mesure, comme l’a remarqué quelqu’un, il a vendu ce qu’il avait pour le donner aux pauvres. En ayant ainsi fini avec sa vocation terrestre, « il se leva et s’en alla après Élie ; et il le servait ». L’homme qui jusqu’ici avait accompli patiemment son travail journalier dans les champs, va maintenant être préparé à manifester les merveilles de la grâce de Dieu en suivant Élie comme son serviteur et son compagnon.

 

4         La formation du serviteur — 2 Rois 2, 1-14

4.1        [Formation dans le secret dans une mise à l’écart]

Rien ne nous est dit d’Élisée entre le moment de son appel et le jour où Élie est enlevé. Nous pouvons le comprendre, vu qu’Élisée a été oint pour être prophète à la place d’Élie. Les deux ministères ne pouvaient coexister. Mais au terme du pèlerinage d’Élie, Élisée vient au premier plan comme le compagnon de son dernier voyage et le témoin de son enlèvement. Lorsque nous suivons ces deux hommes de Dieu dans ces scènes mystiques, n’apparaît-il pas clairement que les circonstances liées à l’enlèvement d’Élie aux cieux deviennent la préparation d’Élisée à son ministère sur la terre ?

Que de fois ne pouvons-nous voir, dans l’Écriture, que Dieu forme dans le secret ceux qu’il se propose d’employer en public ! Joseph est secrètement formé par Dieu en prison avant de pouvoir être un témoin public pour Dieu dans le palais. Pendant quarante ans Moïse garde le troupeau de Jéthro derrière le désert, avant de devenir le conducteur du troupeau de Dieu à travers le désert. À l’insu de tous, David vainc le lion et l’ours avant d’entrer publiquement en conflit avec le géant. De même Élisée doit être formé comme serviteur et compagnon d’Élie avant de pouvoir prendre sa place comme prophète de Dieu et témoin de la grâce. Ainsi seulement il sera un vase utile au service du Maître et préparé pour toute bonne œuvre.

 

4.2        [Visite de lieux significatifs — 2 Rois 2]

Dans ce dernier voyage, il y a des lieux à visiter, des épreuves à subir et des leçons à apprendre. Les lieux visités, si célèbres dans l’histoire d’Israël, doivent sûrement avoir eu une signification profonde pour Élisée, comme aussi certes pour tous ceux qui veulent servir le Seigneur.

 

4.2.1        [Guilgal]

Guilgal, le point de départ de leur voyage, fut le lieu du premier campement d’Israël dans le pays, après le passage du Jourdain. Là le peuple fut circoncis et là l’Éternel put dire à Josué : « Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Égypte » (Josué 4, 19 ; 5, 2-9). À la lumière du christianisme, nous avons le privilège d’entrer dans la signification spirituelle de la circoncision. Par l’épître aux Colossiens, nous comprenons que ce rite présente le jugement du corps de la chair dans la mort de Christ, et la mortification pratique de la chair du croyant (Col. 2, 11 ; 3, 5). Non seulement Dieu s’est occupé des péchés du croyant mais, à la croix, il s’est occupé du vieil homme qui produisait les péchés. L’horreur de Dieu pour la chair, son jugement sur elle et la sentence de mort prononcée contre elle, tout cela a été vu à la croix, et porté par Christ. Ainsi le croyant peut dire : « Notre vieil homme a été crucifié » avec Christ. Sur la base de ce que Dieu a opéré par Christ, le croyant est exhorté à « mortifier » toute forme sous laquelle la chair peut chercher à se montrer. Nous devons traiter toute manifestation de la chair comme un membre de ce « vieil homme » sur qui la mort a été exécutée. Si la chair est ainsi jugée, l’opprobre de l’Égypte sera roulée de dessus nous. Il ne sera plus visible que nous avons été autrefois du monde ; le genre de vie que nous menions lorsque nous étions dans le monde ne sera plus toléré ni vu. Quelle importance capitale pour nous qui, aujourd’hui, devons en quelque sorte être les représentants de l’Homme glorieux qui est monté au ciel, d’apprendre et de mettre en pratique cette première grande leçon.

 

4.2.2        [Béthel]

Béthel était la deuxième étape du voyage — un lieu célèbre dans l’histoire du patriarche Jacob (Gen. 28, 15-19). Là l’Éternel apparut au pauvre Jacob défaillant dans le triste endroit où son péché l’avait jeté et, dans sa grâce souveraine, le bénit inconditionnellement. Pendant vingt ans, Jacob allait être un vagabond dans un pays étranger ; mais il reçoit l’assurance que Dieu sera avec lui, qu’il le gardera, le ramènera dans le pays et sera fidèle à sa parole. Ainsi Élisée, au commencement de son ministère, reçoit l’assurance, comme Jacob autrefois, qu’il est béni par la grâce souveraine d’un Dieu fidèle dont il va devenir le témoin. Qu’il est bon pour nous aussi de commencer notre pèlerinage dans l’heureuse assurance que Dieu est avec nous, qu’il nous soutiendra et nous amènera à la fin à reconnaître que ce que son amour s’est proposé pour nous est la seule chose pour laquelle il vaille la peine de vivre !

 

4.2.3        [Jéricho]

Jéricho est la halte suivante de ce voyage significatif. C’est près de Jéricho que s’est présenté à Josué le Chef de l’armée de l’Éternel, son épée nue dans sa main. C’est à Jéricho aussi que le peuple a eu sa première rencontre avec l’ennemi qui lui fermait l’entrée du pays, pour apprendre là que le Chef de l’armée de l’Éternel était plus fort que toute la puissance de l’ennemi (Josué 5, 13-15 ; 6). Il est bon pour l’homme qui doit aller témoigner devant des rois et affronter leur haine meurtrière de se souvenir qu’en combattant les combats de l’Éternel, il sera soutenu par l’armée de l’Éternel conduite par le Chef de l’armée. Et ainsi, plus tard, alors qu’il se trouvait assiégé à Dothan par une armée avec des chevaux et des chars, Élisée expérimenta que la puissance qui était pour lui était plus grande que l’armée des Syriens qui l’encerclait, car « voici la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu ». À notre époque du christianisme, c’est encore notre privilège de marcher vers la gloire et d’affronter tout ennemi qui conteste notre possession et notre jouissance présentes du propos de Dieu pour nous, sous la conduite du Chef de notre salut (Héb. 2, 10).

 

4.2.4        [Le Jourdain]

La dernière étape de ce remarquable voyage est atteinte au Jourdain, le fleuve qui est un type si constant de la mort effective par laquelle sont rompus tous les liens avec le monde. Élie et Élisée le traversent tous deux à sec, il est vrai ; mais en type, ils traversent la mort, l’un pour monter dans les scènes célestes, l’autre pour rendre témoignage de la grâce céleste dans un monde auquel, en esprit, il est mort.

 

4.2.5        [Résumé de la visite]

Ainsi, ne pouvons-nous pas dire que, par ces lieux mémorables, des vérités importantes sont rappelées à Élisée, vérités que nous devons nous aussi apprendre : à Guilgal, la sainteté de Dieu qui demande le jugement de la chair ; à Béthel, la grâce immuable de Dieu qui nous bénit, nous garde et nous garantit le but de notre voyage ; à Jéricho, la grande puissance de Dieu par laquelle nous sommes soutenus ; et au Jourdain, la séparation du monde, afin que nous puissions entrer sur le terrain céleste et devenir les témoins d’une vie céleste ? Celle-ci, manifestant la grâce de Dieu, pourra dire : « Est-ce le temps de prendre de l’argent, et de prendre des vêtements, et des oliviers, et des vignes, et du menu et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes ? » (2 Rois 5, 26).

 

4.3        [Mise à l’épreuve des affections — de nos affections pour Christ]

En outre, il n’y a pas seulement pour Élisée le rappel de grandes vérités aux différentes étapes de ce dernier voyage, mais la mise à l’épreuve de ses affections par ces paroles d’Élie, répétées trois fois : « Reste ici, je te prie ». Les instructions d’aller à ces différents lieux avaient été données à Élie. Élisée n’avait reçu aucun commandement de l’accompagner. Si donc il suit Élie, c’est uniquement une question d’affection. Et la mise à l’épreuve manifeste son affection, car trois fois Élisée répond : « L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ».

Cela ne parle-t-il pas aux croyants de nos jours ? N’est-ce pas par affection pour Christ que nous sommes amenés à apprendre les leçons placées devant nous dans les différentes étapes de ce voyage remarquable ? La doctrine du jugement de Dieu sur la chair doit d’abord être apprise comme le point de départ de notre identification avec Christ ; car qui peut marcher avec Christ avec la chair non jugée ? Mais la leçon peut-elle être apprise autrement que par des cœurs attachés à Christ ? De même aussi la vérité de la Maison de Dieu, présentée par Béthel, nous découvrant le propos de Dieu, ne peut être saisie que par un cœur qui désire connaître la pensée de Christ. Ensuite, le jugement de Dieu sur le système du monde, présenté dans Jéricho, ne peut être compris que par celui dont l’esprit et le cœur sont attachés à un autre monde. Enfin, la leçon du Jourdain — le renoncement à l’ordre terrestre et sa mise de côté en faveur d’un ordre de choses céleste présent, fait appel à un amour qui peut conquérir le pays ruisselant de lait et de miel, en étant fixé sur l’Homme monté au ciel.

 

4.4        [Ceux qui entravent la communion]

En outre, il y avait ceux qui, à deux reprises, rappelèrent à Élisée que l’Éternel allait enlever son maître. Ces fils des prophètes, avec plus de connaissance que de cœur, faisaient seulement obstacle à la communion d’Élisée avec son maître, en l’occupant de lui-même et de la perte qu’il allait éprouver. Élisée réduit au silence ces ingérences dans la communion de son âme en disant : « Je le sais, moi aussi ; taisez-vous. » Il dit en quelque sorte : « Pourquoi n’irais-je pas avec mon seigneur Élie et n’apprendrais-je pas ce que signifie être en sa compagnie à Guilgal ? Pourquoi n’apprendrais-je pas avec lui la leçon de Béthel ? Pourquoi devrais-je être séparé de lui lors de la traversée de Jéricho ? Pourquoi ne serais-je pas identifié avec lui dans son passage au travers du Jourdain, même si cela signifie laisser en arrière les bénédictions terrestres du pays, pour être trouvé avec lui dans l’opprobre du dehors ? Car au-delà du lieu d’opprobre, il y a une autre scène, une scène céleste, et mon cœur est saisi par celui devant qui s’ouvre cette scène nouvelle. »

 

4.5        [Mise à l’épreuve finale du degré de consécration]

Ainsi la dernière étape du voyage est atteinte. Les importuns ont été réduits au silence, les affections ont été éveillées, amenant Élisée à s’attacher à son maître au travers de toutes ces scènes successives. Le moment de la séparation est arrivé ; Élie va être enlevé aux cieux ; Élisée, privé de son maître, va être laissé en arrière au milieu d’une nation apostate, qui autrefois était le peuple de l’Éternel. Dans ce moment solennel, Élie prononce ses dernières paroles : « Demande ce que je ferai pour toi avant que je sois enlevé d’avec toi. » Cette offre aurait-elle pu être faite plus tôt ? N’est-ce pas, pour ainsi dire, la mise à l’épreuve suprême pour Élisée ? La réponse ne va-t-elle pas manifester si Élisée est entré dans l’esprit de son appel ? S’il a profité de la compagnie d’Élie ? Si, par-dessus tout, il a appris les leçons de Guilgal, de Béthel, de Jéricho et du Jourdain ? Ne va-t-elle pas manifester si le cœur d’Élisée se porte vers un gain terrestre, des ambitions charnelles et une puissance temporelle ; ou bien son seul propos est-il désormais d’être à la place du prophète et de témoigner de la grâce souveraine de Dieu comme le représentant d’un homme qui est monté au ciel ?

La réponse d’Élisée révèle sa consécration sincère. Il ne demande ni longue vie, ni richesses terrestres, ni célébrité ici-bas. Il ne convoite aucune des choses que l’homme naturel apprécie, mais plutôt ce dont l’homme spirituel a besoin, car il dit : « Qu’il y ait, je te prie, une double mesure de ton esprit sur moi. » Cela n’implique en aucune manière qu’il demande deux fois plus de don ou de puissance qu’Élie n’en avait. Le mot hébreu signifie la double portion du fils aîné (Deut. 21, 17). Seulement Élisée ne demande pas une double portion de richesses matérielles, mais une double portion de puissance spirituelle. D’autres prophètes auront besoin de puissance spirituelle, mais si Élisée est oint pour remplacer Élie — pour être à sa place — il aura effectivement besoin d’une puissance spirituelle double de celle de tout autre prophète.

 

4.6        [La vision d’Élie en-haut sera le secret de la puissance d’Élisée sur la terre]

Élie répond : « Tu as demandé une chose difficile. » Acquérir richesses, gloire et puissance terrestre, peut comporter de la peine et du tourment d’esprit, mais ce ne sont pas des choses « difficiles », car les hommes du monde peuvent obtenir ces avantages matériels. Obtenir, ou conférer, la puissance spirituelle est absolument en dehors des capacités de l’homme naturel. Toutefois Élie dit : « Si tu me vois quand je serai enlevé d’avec toi, il en sera ainsi pour toi ; sinon, cela ne sera pas. » L’exaucement de cette requête pour une double mesure de puissance spirituelle est lié à cette condition : il faut qu’Élisée voie Élie dans sa nouvelle position d’homme monté au ciel. La vision d’Élie là-haut sera le secret de la puissance d’Élisée sur la terre.

 

4.7        [La vision par la foi de Christ dans la gloire est le secret de la puissance pour le chrétien sur la terre]

Ce sont là certes des mystères dont le christianisme a révélé la signification spirituelle. Car ne savons-nous pas que la vision par la foi de Christ dans la gloire est le secret de la puissance pour le chrétien sur la terre ? N’en a-t-il pas été ainsi d’une manière frappante dans le cas du premier martyr chrétien, car, les yeux attachés sur le ciel, il pouvait dire : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Dans la lumière de cette vision, Étienne était tellement pénétré de la puissance d’en haut que, comme son Maître, il peut prier pour ses meurtriers et, malgré les pierres qui l’atteignent, remettre paisiblement son esprit au Seigneur Jésus. De même aussi l’apôtre des Gentils commença sa carrière chrétienne par la vision de Christ dans la gloire et, dans la lumière de cette vision, il marcha comme témoin pour Christ sur la terre pendant toutes les années de sa vie de consécration. Pour nous-mêmes, le même apôtre ne dit-il pas : « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire » (2 Cor. 3, 18) ? Nous devons saisir la vision du Seigneur dans la gloire si, dans un certain sens, nous sommes appelés à représenter sur la terre cet Homme parfait qui a été élevé dans la gloire.

Ainsi, « il arriva, comme ils allaient marchant et parlant, que voici un char de feu et des chevaux de feu ; et ils les séparèrent l’un de l’autre ; et Élie monta aux cieux dans un tourbillon ». Élisée le vit et cria : « Mon père ! mon père ! Char d’Israël et sa cavalerie ! »

Rien de tout à fait pareil à cette scène majestueuse n’avait jamais eu lieu sur la terre. Comme quelqu’un l’a dit : « C’est plus grand que l’enlèvement silencieux d’Hénoc et infiniment inférieur à la calme majesté de l’ascension, où aucun char de feu n’a été nécessaire pour enlever de la terre le corps ressuscité de notre Rédempteur, lorsque, comme ils regardaient, il fut élevé de la terre, « et une nuée le reçut et l’emporta de devant leurs yeux. »

 

4.8        [Nous ne connaissons plus Christ selon la chair, 2 Cor. 5:16]

Si, toutefois, Élisée voit son maître monter au ciel, nous lisons aussi : « il ne le vit plus ». Il le voit dans les cieux où il est monté, mais sur la terre, il ne le voit plus. Cela ne parle-t-il pas au chrétien ? L’apôtre ne dit-il pas : « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi » (2 Cor. 5, 16) ? Paroles qui ne signifient nullement que nous n’avons plus à considérer Christ dans sa marche dans ce monde, et à apprendre de lui, nos âmes trouvant leur délice dans sa grâce humble, son tendre amour et son infinie sainteté. Mais paroles qui nous disent clairement que nous n’avons plus à le connaître en relation avec Israël et ce monde. Nous avons plutôt à le connaître comme le Chef d’une famille céleste et dans des relations célestes. Des disciples dévoués mais ignorants peuvent dire : « Or nous, nous espérions qu’il était celui qui doit délivrer Israël ». La chrétienté corrompue peut essayer de lier le nom de Christ à des plans pour le perfectionnement de l’homme et l’amélioration du monde ; mais le chrétien instruit dans la pensée du Seigneur prendra sa place hors du monde, tout en avançant vers Christ dans la gloire, refusant d’unir Christ à un monde qui l’a cloué à la croix.

 

4.9        [Si quelqu'un est en Christ, c’est une nouvelle création, 2 Cor. 5:17]

Le résultat de cette connaissance de Christ dans sa nouvelle position céleste est illustré d’une manière très heureuse par Élisée. La vision d’Élie enlevé le conduit à une double action. D’abord, « il saisit ses vêtements et les déchira en deux pièces » ; acte qui signifie la mise de côté d’un premier caractère pour que soit manifesté quelque chose d’entièrement nouveau, car le vêtement parle de la justice pratique des saints et du caractère qu’ils manifestent devant le monde. Élisée ne les a pas simplement mis de côté pour les reprendre en certaines occasions ; il les rend inutilisables à un emploi ultérieur en les déchirant en deux. Puis, seconde chose, « il releva le manteau d’Élie qui était tombé de dessus lui ». Désormais il manifestera le caractère de l’homme qui est monté au ciel. De même l’apôtre, après avoir dit que nous ne connaissons plus Christ selon la chair, peut continuer en disant : « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles. »

Tout de suite Élisée agit dans la puissance de la vie nouvelle. Il retourne vers une nation ruinée, coupable d’avoir transgressé la loi, souillée par l’idolâtrie et ayant abandonné l’Éternel. Et au milieu de cette scène de misère et de désolation, il présente la souveraineté de Dieu s’élevant au-dessus de tout le péché de l’homme et agissant dans la suprématie de la grâce envers ceux qui ont la foi pour profiter de la bénédiction sur le terrain de la grâce.

 

5         Les fils des prophètes — 2 Rois 2, 15-18

5.1        [Résultat béni de la formation d’Élisée : dans un homme sur la terre, on voit l’esprit et le caractère d’un homme dans les cieux]

Les effets bénis de la formation d’Élisée sont maintenant manifestés à d’autres. Il devient un témoin devant le monde de celui qui est monté au ciel. Les fils des prophètes remarquent son nouveau caractère ; car, regardant Élisée, ils disent : « L’esprit d’Élie repose sur Élisée ». Ils considèrent un homme sur la terre et ils voient l’esprit et le caractère d’un homme dans les cieux.

Cela n’a-t-il rien à nous dire, à nous, en cette période du christianisme ? Cela n’illustre-t-il pas notre privilège et notre responsabilité les plus élevés comme chrétiens ? Car ne sommes-nous pas laissés sur la terre pour représenter l’homme dans la gloire ? Paul pouvait parler des saints à Corinthe comme étant « la lettre de Christ », connue et lue de tous les hommes. L’Esprit avait écrit Christ dans leurs cœurs et, dans la mesure où l’Esprit lisait Christ dans leurs cœurs, le monde lisait Christ dans leurs vies.

 

5.2        [Les fils des prophètes : ils avaient de la connaissance, sans avoir le cœur pour s’engager dans le chemin d’Élie, mais disposés quand même à être serviteurs du serviteur de l’Éternel]

Hélas ! ne ressemblons-nous pas souvent aux fils des prophètes qui pouvaient apprécier l’esprit d’Élie dans un autre, tout en ne manifestant en eux-mêmes que peu de cet esprit ? Ils avaient une mesure de connaissance, car ils discernaient quand le moment était venu pour qu’Élie soit enlevé au ciel, mais ils n’avaient pas le cœur engagé pour faire avec lui ce dernier voyage. Ils regardaient « vis-à-vis » depuis Jéricho ; ils virent le prophète descendre au Jourdain ; jamais ils ne traversèrent le fleuve comme Élisée. En aucune manière ils ne marchèrent et ne parlèrent avec Élie au-delà du Jourdain. Ils ne virent pas le char de feu et les chevaux de feu ni le prophète ravi au ciel dans un tourbillon.

Ils reconnaissent néanmoins et apprécient dans une mesure les effets bénis produits sur l’homme qui a vu ces miracles. Ils se prosternent devant lui en terre et manifestent ainsi qu’ils voient en Élisée quelqu’un qui se meut sur un niveau spirituel plus élevé qu’eux. Ils sont disposés à prendre la place de serviteurs de celui qu’ils reconnaissent comme serviteur de l’Éternel.

 

5.3        [Image de ceux qui connaissent la mort et la résurrection de Christ, et en apprécient les effets chez d’autres, mais ne se l’approprient pas]

Ne sommes-nous pas souvent comme ces hommes ? Nous savons que Christ est mort pour nous, mais sommes lents à accepter sa mort comme étant notre mort. Nous connaissons trop peu de chose d’une marche en communion avec Lui sur le terrain de la résurrection et ce que c’est que de le voir comme un Homme vivant dans la gloire. Toutefois nous pouvons apprécier dans d’autres l’effet de cette intimité personnelle avec Christ. Car on ne saurait ignorer l’homme caractérisé par l’esprit de Celui qui est monté au ciel. Le monde pouvait reconnaître Pierre et Jean « pour avoir été avec Jésus » ; et regardant Étienne, les hommes « virent son visage comme le visage d’un ange » et « ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait » (Actes 4, 13 ; 6, 10, 15).

 

5.4        [Profession religieuse, mais incrédulité et manque de foi. Nullité des ressources naturelles]

Mais les fils des prophètes n’étaient pas seulement lents de cœur ; ils étaient lents à comprendre, et pire encore, ils étaient marqués par l’incrédulité. Et pourtant, avec tout cela, ils avaient une grande apparence de force naturelle : ils avaient leurs « cinquante hommes, des hommes vaillants ». Mais les pensées de la nature ne peuvent s’élever au-dessus des montagnes et des vallées de la terre. Seul le regard perçant de la foi peut voir l’homme dans le ciel.

Ainsi l’incrédulité est le premier caractère de la sphère dans laquelle Élisée va être un témoin ; et celle-ci se trouve en ceux qui font une profession religieuse. La nature n’arrive pas à croire que la grâce de Dieu peut enlever un homme au ciel, bien qu’elle soit prête à suggérer que l’Esprit de Dieu peut emporter un homme pour le jeter sur la terre. Ils savaient certes qu’Élie allait être enlevé ; mais manifestement ils ne croyaient pas qu’il avait été enlevé au ciel. Ils avaient la connaissance, mais il leur manquait la foi. Élisée, honteux de leur incrédulité, les laisse éprouver la vanité de leurs ressources naturelles en permettant qu’ils envoient leurs cinquante hommes pour une recherche infructueuse de trois jours.

 

6         Les hommes de la ville — 2 Rois 2, 19-22

6.1        [Le monde incrédule gît sous la malédiction]

Le monde au milieu duquel Élisée est un témoin de la grâce de Dieu n’est pas seulement un monde incrédule mais, par suite de son incrédulité, il gît sous la malédiction. Ainsi, avec beaucoup d’à-propos, la mission de grâce d’Élisée commence à Jéricho, le lieu de la malédiction. Josué avait dit : « Maudit soit devant l’Éternel l’homme qui se lèvera et bâtira cette ville de Jéricho ! Il la fondera sur son premier-né, et en posera les portes sur son plus jeune fils. » Et c’est ce qui se produisit car, aux jours d’Achab, un homme se leva qui défia l’Éternel en construisant Jéricho, non sans la perte de ses deux fils, « selon la parole de l’Éternel, qu’il avait dite par Josué, fils de Nun » (Josué 6, 26 ; 1 Rois 16, 34).

L’emplacement était bon, mais les eaux étaient mauvaises et la terre stérile. Tel est ce monde ; extérieurement plaisant parfois, mais partout la flétrissure de la malédiction. Ses sources de rafraîchissement ne satisfont pas. Il promet beaucoup, mais n’amène rien à maturité. Il ne peut pas répondre aux besoins de l’homme.

 

6.2        [La foi profite de la grâce. Le vase neuf rempli de sel est une image de Christ rempli de la grâce sanctifiante de Dieu ; modèle pour nous]

Mais Élisée est là, avec la grâce qui guérit ; image magnifique de Christ qui, n’ayant rien des biens de ce monde, dispense néanmoins la bénédiction de tous côtés, mettant sa grâce au service des autres. Les hommes de la ville ont la foi pour profiter de la grâce qui est en Élisée. Ils viennent à lui avec leur besoin. Le prophète demande un vase neuf, y fait verser du sel, qui nous parle de ce caractère de la grâce qui préserve du mal, et qui se lie, non pas à la chair, mais à un « vase neuf ». Est-ce que Christ n’a pas été le « vase neuf » rempli de la grâce sanctifiante de Dieu ?

Puis, lisons-nous, Élisée « sortit vers le lieu d’où sortaient les eaux, et y jeta le sel, et dit : Ainsi dit l’Éternel : J’ai assaini ces eaux ; il ne proviendra plus d’ici ni mort ni stérilité ». Il en sera ainsi dans les jours à venir : dans le lieu même où la malédiction a été prononcée, où la malédiction est tombée, là la malédiction sera enlevée. Dieu demeurera avec les hommes — des vases neufs, rendus semblables à Christ rempli de la grâce sanctifiante. Alors effectivement, il n’y aura plus ni mort ni malédiction, car les premières choses seront passées.

 

7         Les moqueurs de Béthel — 2 Rois 2, 23-25

7.1        [Les trois miracles de jugement d’Élisée sont le résultat direct du mépris de la grâce]

En lisant l’histoire d’Élisée, nous devons toujours nous souvenir que sa mission était de présenter la grâce de Dieu à une nation coupable. Pour cette raison, ses miracles sont, presque sans exception, des miracles de grâce. Les trois exceptions — la malédiction des jeunes moqueurs, la lèpre qui s’attache à Guéhazi, et la mort du capitaine sur la main duquel le roi s’appuyait — sont en parfaite harmonie avec la mission du prophète. Dans chacun des cas, le jugement est le résultat direct du mépris de la grâce.

 

7.2        [Celui qui apporte la grâce doit apprendre qu’il y a ceux qui la rejettent et se moquent de son messager]

Si donc, dans nombre de miracles frappants, témoignage est rendu à la grâce souveraine de Dieu, il y a aussi un témoignage au jugement inévitable qui tombera sur ceux qui rejettent, falsifient ou méprisent la grâce de Dieu. Au début de son ministère, Élisée doit apprendre que, s’il apporte la grâce et la bénédiction dans le lieu de la malédiction, il aura à faire avec ceux qui rejettent la grâce et se moquent de son messager. Ainsi, alors que le prophète monte à Béthel, il rencontre une bande de petits garçons qui tournent en ridicule l’ascension d’Élie. Par dérision, ils disent à Élisée : « Monte, chauve ! monte, chauve ! »

 

7.3        [Ceux qui, dans ce qui professe être la maison de Dieu, se moquent des activités de la grâce, n’ont que le jugement devant eux]

Les fils des prophètes trahissent de l’ignorance et de l’incrédulité quant à l’ascension. Les « hommes de la ville » y sont peut-être indifférents ; mais les enfants de Béthel s’en moquent. À Béthel, le lieu qui a dans l’histoire d’Israël porté le caractère de la maison de Dieu, nous trouvons une troupe de moqueurs. Il n’en va pas autrement au jour actuel de la grâce. Il y a toujours de l’ignorance et de l’incrédulité dans le cercle religieux, et de l’indifférence parmi les hommes du monde ; mais la marque la plus terrible des derniers jours sera l’apparition de moqueurs dans la profession chrétienne — qui professe être la maison de Dieu. Pour de tels, il n’y a rien que le jugement — un jugement qui commence par sa maison (2 Pierre 3, 3 ; 1 Pierre 4, 17).

Il en était ainsi aux jours d’Élisée. L’ascension d’Élie au ciel, la double portion de l’esprit qui repose sur Élisée, les activités de la grâce pour la bénédiction de l’homme, ne sont que des sujets de raillerie. Le résultat solennel est que celui qui est le ministre de la grâce invoque le jugement sur ceux qui le rejettent.

 

8         Les rois et leurs armées — 2 Rois 3

8.1        [Quand un idolâtre s’allie à un croyant et à un païen]

Jusqu’ici Élisée a été le ministre de la grâce dans un cercle limité ; il commence maintenant son ministère public en relation avec la nation apostate. Par son intervention, trois rois et leurs armées sont préservés de la destruction et une grande victoire est remportée sur les ennemis du peuple de Dieu.

Toute la scène présente d’une façon vivante la condition basse et humiliante du peuple qui fait profession d’être en relation avec Dieu. Joram, le roi des dix tribus, même s’il ôte quelques idoles, fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel et ne se détourne pas des péchés de Jéroboam par lesquels il avait fait pécher Israël. Dans le gouvernement de Dieu, il est permis à Moab de se révolter. Pour étouffer cette rébellion, Joram cherche l’aide du roi de Juda. Josaphat qui, quant à lui-même, craint Dieu, tombe dans le piège. Il abandonne la séparation selon Dieu, entre dans une alliance profane avec Joram et s’abaisse ainsi au niveau de ce méchant roi. Il s’unit à lui pour combattre ses combats, disant : « J’y monterai ; moi je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple, mes chevaux comme tes chevaux. »

En outre, ces deux rois — qui font profession d’adorer l’Éternel — se trouvent alliés au roi païen d’Édom, ennemi de Dieu. Nous avons ainsi l’étrange alliance d’un méchant roi, d’un roi craignant Dieu et d’un roi païen.

Sans penser à Dieu ou sans le consulter, ces trois rois font leurs plans et entreprennent de les mettre à exécution. Tout s’annonce pour le mieux jusqu’au moment où, au bout de sept jours, ils sont confrontés à des circonstances qui les menacent de destruction, non par la main de l’ennemi, mais par manque d’eau.

 

8.2        [Intervention de Dieu par une circonstance défavorable : l’idolâtre et le croyant la comprennent à l’inverse]

Troublé par une conscience mal à l’aise, le roi d’Israël voit dans ces circonstances la main de l’Éternel qui, suppose-t-il, a appelé ces trois rois pour les livrer en la main de Moab. Mais si l’épreuve éveille les craintes coupables du roi apostat, elle manifeste aussi le caractère pieux du roi de Juda. Les deux rois pensent à l’Éternel ; l’un d’eux ne peut voir dans l’épreuve que la main de l’Éternel contre eux en jugement ; l’autre y voit une occasion de se tourner vers l’Éternel comme leur seule ressource. Josaphat dit : « N’y a-t-il point ici un prophète de l’Éternel, afin que nous consultions l’Éternel par lui ? » Il aurait beaucoup mieux fait de s’enquérir de lui avant de se lancer dans cette expédition en compagnie du roi d’Israël. Néanmoins, face à ces terribles circonstances, il est ramené à l’Éternel.

 

8.3        [Les compromis avec l’idolâtrie sont inadmissibles]

Cette question amène Élisée sur la scène. Les premières paroles du prophète sont un témoignage plein de hardiesse contre le méchant roi d’Israël auquel il refuse de s’associer, car il demande : « Qu’y a-t-il entre moi et toi ? » Cette question ne démasque pas seulement l’apostasie du roi d’Israël, elle est un reproche au roi de Juda, Josaphat, un croyant, mais qui, marchant selon la chair, avait conclu une alliance profane avec Joram et avait dit : « Moi je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple. » Élisée, marchant selon l’esprit d’Élie, refuse toute association avec Joram, disant : « Qu’y a-t-il entre moi et toi ? »

Le roi de Juda n’aurait sans doute jamais consenti à faire des compromis avec la religion de Joram. Toutefois il se laisse entraîner, pour combattre les ennemis de l’Éternel, dans une alliance avec quelqu’un avec qui il ne peut pas adorer. Hélas ! combien souvent aux jours du christianisme, cette scène ne s’est-elle pas répétée ! Sous prétexte d’amour et de collaboration dans le service du Seigneur, le croyant a été entraîné à s’associer à ceux avec lesquels il ne pouvait pas s’unir pour le culte. De telles alliances placent la bénédiction des hommes au-dessus de l’honneur dû au Seigneur. Ne sommes-nous pas ainsi mis en garde contre un acte de bonté facile de la nature humaine qui peut parfois nous entraîner à dire étourdiment à ceux qui sont dans une fausse position : « Moi je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple » ? N’entendons-nous pas l’avertissement : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation » ? Non seulement « veillez » contre les pièges de l’Ennemi, mais « priez » afin que chaque pas soit fait dans la dépendance de Dieu. Il est bon de nous tourner vers Dieu lorsqu’un faux pas nous a plongé dans les difficultés ; mais il vaut infiniment mieux marcher dans un esprit de prière et de dépendance, et éviter ainsi tout sentier tortueux.

 

8.4        [L’alliance profane introduit la confusion et empêche le discernement de la pensée de Dieu]

Élisée, tout en refusant de s’associer avec Joram, et en reprenant indirectement Josaphat, n’hésite pas à s’unir avec ce qui est de Dieu, avec l’homme qui, dans une mesure si petite soit-elle, tient pour Dieu. Il a ainsi égard à la présence de Josaphat ; sinon il n’aurait pas regardé le roi d’Israël ni ne l’aurait vu.

Toutefois, la confusion causée par cette alliance profane entre les deux rois est si grande qu’Élisée n’arrive pas à discerner la pensée de l’Éternel. Aussi fait-il appeler un joueur de harpe. Son esprit doit être affranchi de tout ce qui l’environne et mis en contact avec des scènes célestes pour connaître la pensée de l’Éternel. Un joueur de harpe n’était pas nécessaire pour condamner le roi apostat d’Israël ni pour réprimer la folie et la faiblesse du roi de Juda ; mais quand il s’agit de discerner la pensée du ciel, alors aussitôt il est besoin d’un joueur de harpe. L’homme de Dieu doit avoir son esprit détourné de la confusion totale qui règne autour de lui, de la destruction qui guette le peuple de Dieu et de la détresse qui en résulte et dans laquelle il est plongé. Il ne peut apprendre la pensée de l’Éternel en s’appesantissant sur l’affligeant état de choses. Il n’y est pas indifférent ; il ne l’ignore pas ; mais s’il doit apprendre comment l’Éternel veut qu’il agisse, il doit être élevé au-dessus des circonstances pénibles d’une scène terrestre, jusque dans le calme serein de cette scène céleste dans laquelle Élie était monté et de laquelle Élisée était venu pour apporter la grâce souveraine de Dieu au milieu d’un peuple ruiné.

Est-ce qu’aujourd’hui nous n’avons pas parfois besoin d’un joueur de harpe — ou de ce que le joueur de harpe signifie ? Ne sommes-nous pas souvent confrontés à des circonstances dans lesquelles le mal est si manifeste qu’il est facilement détecté et condamné sans qu’il soit besoin d’une grande spiritualité ? Mais discerner la pensée du Seigneur demande un niveau spirituel beaucoup plus haut. Pour cela, il faut que notre esprit soit libéré des choses de la terre afin que, regardant au Seigneur sans distraction, nous puissions voir la condition des siens comme Lui la voit, et avoir ainsi sa pensée. Le fait qu’il est facile de découvrir le mal qui afflige le peuple de Dieu mais difficile de trouver le remède, prouve seulement combien nous avons besoin du joueur de harpe : ce n’est qu’en faisant abstraction dans notre esprit de la confusion qui règne au sein du peuple de Dieu que nous pourrons apprendre quelle est la pensée du Seigneur.

Si Élisée n’avait tenu compte que de la méchanceté de Joram, du manquement de Josaphat et des circonstances désastreuses dans lesquelles cette alliance profane les avait entraînés, il aurait pu dire que les rois ne faisaient que moissonner ce qu’ils avaient semé et que c’était clairement la pensée de l’Éternel qu’ils subissent une grande défaite.

 

8.5        [Dieu se sert de la détresse issue du manquement du peuple pour intervenir en grâce]

Par le joueur de harpe, Élisée est élevé au-dessus des circonstances du peuple de Dieu sur la terre, dans le calme de la présence de l’Éternel dans le ciel, pour y apprendre que la pensée de l’Éternel est très différente de ce que la pensée de la nature pourrait attendre. Élisée découvre que l’Éternel allait se servir de l’occasion du manquement de son peuple et de sa détresse, pour revendiquer sa propre gloire et magnifier sa grâce. Non seulement il préserverait son peuple de la destruction que leur propre folie méritait, mais il leur accorderait une victoire éclatante sur leurs ennemis. Et c’est ce qui arriva : les rois et leurs armées sont sauvés par l’intervention pleine de grâce et miraculeuse de Dieu et une grande victoire est remportée sur leurs ennemis.

 

8.6        [Pas de retour vers Dieu malgré Sa délivrance par grâce]

Toutefois, prenons soin de remarquer que, malgré la grâce de Dieu délivrant son peuple de la destruction et lui donnant la victoire sur ses ennemis, il n’y a point de retour vers Dieu. En Juda, il y a certes des réveils, comme aussi des victoires accordées au peuple ; mais dans toute la triste histoire des dix tribus, même si Dieu vient à leur secours dans leur détresse, aucun réveil pour Dieu n’est mentionné.

 

9         L’huile de la veuve — 2 Rois 4, 1-7

9.1        [Dieu s’occupe des petits comme des grands]

Le Dieu qui « compte le nombre des étoiles » et qui « à elles toutes... donne des noms », est le Dieu qui « guérit ceux qui ont le cœur brisé ». Les étoiles sont trop élevées et la douleur d’un cœur brisé est trop profonde pour que nous puissions y atteindre ; mais le Dieu qui peut compter les myriades d’étoiles du ciel peut se pencher pour guérir un cœur brisé sur la terre (Ps. 147, 3, 4). La grâce de Dieu qui a sauvé les rois et leurs armées de la destruction peut répondre au besoin d’une veuve désolée. Élisée, lui aussi, le ministre de cette grâce, est prêt à venir au secours de cette humble veuve, comme il s’était fait auparavant le serviteur bien disposé des rois. S’il délivre les grands de la terre dans leurs difficultés, il sauve aussi les pauvres dans leur détresse.

 

9.2        [Misère du peuple de Dieu. Avant d’y remédier, il faut sentir son incapacité]

La veuve d’un fils des prophètes — quelqu’un qui craignait l’Éternel — est menacée de la perte de ses deux fils pour faire face aux exigences de son créancier. La veuve d’un prophète réduite à une telle extrémité : voilà certainement une solennelle image du triste état de la nation.

Toutefois, la femme a la foi pour saisir la grâce apportée par Élisée. Elle expose son cas devant le prophète. Il demande : « Que ferai-je pour toi ? Dis-moi ce que tu as à la maison. » Ainsi non seulement elle a de grands besoins, mais il est évident que ses propres ressources sont tout à fait insuffisantes pour y répondre.

C’est certainement en harmonie avec la manière d’agir du Seigneur ; car en son temps, lorsque les disciples lui parlent des besoins de la multitude, il manifeste, avant d’exercer sa grâce, leur incapacité totale à résoudre le cas en demandant : « Combien de pains avez-vous ? » La question du Seigneur révèle qu’ils n’ont que cinq pains et deux petits poissons. Mais qu’est-ce pour tant de monde ? Ainsi la question d’Élisée met en lumière que la veuve n’a rien du tout dans la maison qu’« un pot d’huile ». Et comment cela pourrait-il la mettre à l’abri des exigences du créancier ?

 

9.3        [Le déploiement de la puissance de Dieu en grâce fait plus que répondre aux besoins]

De telles questions, que ce soit de la part du Maître ou du serviteur, ouvrent la voie au déploiement de la grâce de Dieu. Le Seigneur prend les cinq pains et les deux poissons et, regardant vers le ciel, il les bénit. Il met ainsi la pénurie des disciples en contact avec l’abondance du ciel, et les besoins de la multitude sont plus que satisfaits. Pareillement pour le pot d’huile de la veuve : mis en contact avec la puissance de Dieu en grâce, il fera plus que répondre à ses besoins.

 

9.4        [Dieu se sert de nos provisions, mais il faut les utiliser dans la dépendance de Dieu]

Mais Élisée se sert du pot d’huile comme aussi le Seigneur se sert des pains et des poissons. Dans les deux cas, ces provisions viennent de Dieu et comme telles, elles ne sont pas ignorées. Un autre a dit : « Dieu ne permet pas que nous soyons placés dans des circonstances qui ne portent pas la marque de ses ressources de grâce. Celles-ci peuvent être très petites et faibles, mais la foi se les approprie et, fortifiant l’âme en Dieu, proclame : « Le Seigneur est mon aide », non pas indépendamment de ses ressources, mais par elles. » Dieu avait donné à la veuve le moyen personnel de répondre à son besoin, mais elle devait être dirigée quant à la manière de l’utiliser dans la dépendance de Dieu. Les voisins ne peuvent que fournir l’occasion de faire usage de ce dont elle disposait. À ce propos, il a été dit : « En demandant qu’on lui prête des vases vides, elle déclarait qu’elle — connue pour être dans un besoin si pressant — avait quelque chose à y verser. On a pu sans doute lui jeter à la face son dénuement notoire et lui dire que c’était folie d’emprunter des vases vides. Elle n’avait qu’à répondre hardiment : « L’Éternel est mon aide ». En faisant usage de ce qui était en sa main, elle doit néanmoins fermer la porte à toute influence extérieure et exprimer par là sa dépendance de Dieu. Ainsi, tandis que la grâce de Dieu intervient pour répondre à son besoin, Dieu n’ignore pas le don qu’elle avait à sa disposition, quelque modeste qu’il ait pu être. En l’employant dans la dépendance de Dieu, elle découvre qu’il se multiplie, au point que ses dettes sont payées et qu’il est pourvu à sa subsistance. Telle est la grâce de Dieu et la manière dont elle use pour répondre à nos besoins. Il en fut ainsi de la multitude aux jours du Seigneur : ses besoins furent pleinement satisfaits, mais la grâce de Dieu était plus grande que ses besoins. Lorsque tous furent rassasiés, ils ramassèrent douze paniers de morceaux.

En outre, cette scène mystique n’a-t-elle pas une signification spirituelle pour les croyants ? Nous avons ici quelqu’un qui avait besoin d’une bénédiction de Dieu, mais qui n’avait rien dans sa maison sinon un pot d’huile. Pourtant, dans le pot d’huile, il y avait le moyen potentiel fourni par Dieu pour répondre à tous ses besoins et pourvoir à sa subsistance. Mais pour que Dieu puisse faire usage de l’huile, il a besoin de vases vides. Le rôle de la femme était de fournir les vases vides ; Dieu les remplirait. L’huile ne manqua point. Le manque vint du côté de la femme. L’huile s’arrêta parce qu’il n’y avait plus de vases.

 

9.5        [Les vases vides, image des croyants que l’Esprit peut remplir si la chair non jugée n’est pas tolérée]

Il en est de même aujourd’hui du croyant qui désire voir tous ses besoins spirituels satisfaits et jouir de la plénitude de la vie. Il a la puissance de cette vie dans le don du Saint Esprit dont l’huile, dans l’Écriture, est le type constant. L’exhortation est là : « soyez remplis de l’Esprit ». Mais pour cela, il faut que Dieu dispose de vases vides. Il y a souvent chez nous la tolérance de la chair non jugée. Le cœur est rempli de tant de choses qui ne sont pas Christ. Le monde à différents degrés, et la chair dans des formes variées, sont admis et ainsi il y a peu de place pour l’huile. Il nous faut fermer la porte au monde et à la chair pour que l’Esprit que nous possédons puisse remplir nos cœurs et que, marchant ainsi selon l’Esprit et pensant aux choses de l’Esprit, nous puissions trouver la vie et la paix, « car la pensée de la chair est la mort ; mais la pensée de l’Esprit, vie et paix » (Rom. 8, 6). — Qu’avons-nous à faire lorsque Dieu veut dispenser une bénédiction ? — Apporter le vase vide d’un cœur assoiffé.

L’application de cet incident n’est pas non plus limitée à l’individu. L’Église, comme veuve du fait de l’absence de Christ, a failli à ses responsabilités. Mais le Saint Esprit demeure et, en reconnaissant sa présence et en étant soumis à son ministère, nous sommes rendus capables de faire face à toutes nos responsabilités et, comme résultat de l’opération de Dieu, de vivre du reste. Toute la plénitude de la Déité, telle qu’elle est présentée en Christ dans la gloire, est à notre disposition.

 

10    La Sunamite — 2 Rois 4, 8-37

10.1   [Dieu se maintient un résidu fidèle qui craint Son nom dans les pires temps de la chrétienté]

La magnifique histoire de la Sunamite se situe dans un jour sombre de l’histoire d’Israël. Le roi d’Israël faisait « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ». Les idoles établies par Jéroboam étaient encore adorées par le peuple. La nation moralement décadente s’avançait vers le jugement.

Malgré le bas état du peuple qui fait profession d’être en relation avec lui, Dieu agit en grâce souveraine par son serviteur Élisée. Il s’était réservé un résidu et Il le manifeste ; la Sunamite en est un exemple lumineux. Son histoire ne peut manquer d’encourager les croyants qui vivent dans un jour encore plus sombre. De toutes parts, les systèmes corrompus de la chrétienté cherchent à se fondre en une grande fédération terrestre qui abandonnera toutes les vérités vitales du christianisme, et qui finira par s’unir en une masse sans vie que Christ vomira de sa bouche. Qu’il est précieux toutefois de savoir que, dans un tel jour, Dieu agit en grâce souveraine et a encore ses élus, peu connus du monde mais bien connus et approuvés de Lui. Comme il en était aux jours d’Élisée, et aux jours de Malachie, il en a été dans toutes les périodes de ténèbres et il en est encore ainsi dans l’époque la plus sombre de toutes — les derniers jours de la chrétienté.

En de tels jours, Dieu observe et écoute ceux qui craignent son nom et parlent souvent l’un à l’autre ; et un livre de souvenir est écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et qui pensent à son nom. C’est ainsi que Dieu a conservé, pour sa gloire et pour notre encouragement, la mémoire des traits magnifiques de la Sunamite, qui témoignent de la réalité de sa foi et la distinguent comme l’une des élues de Dieu.

 

10.2   [La foi manifestée par une hospitalité qui a égard à l’homme de Dieu, et par le discernement et l’intelligence spirituels dans tous les détails]

Elle nous est présentée comme une femme noble de Sunem — femme riche et considérée. Pourtant elle n’a pas honte de retenir un humble laboureur pour manger le pain. Elle n’oubliait pas d’accueillir les étrangers. Sa foi en Dieu était manifestée par son hospitalité envers Son serviteur et elle a eu sa récompense.

De plus, il y avait en elle du discernement spirituel. Elle peut dire d’Élisée à son mari : « Je connais que c’est un saint homme de Dieu. » Il y avait en Élisée la manifestation d’un caractère qui le distinguait, aux yeux des autres, comme étant « un saint homme de Dieu » ; et dans cette noble femme de Sunem, il y avait l’appréciation d’un tel caractère. Nous pouvons bien désirer ces deux choses — la vie chrétienne vécue de telle manière que chacun puisse discerner que nous sommes des disciples de Christ ; et la profonde appréciation d’une telle vie lorsqu’elle est manifestée en d’autres. Ce sont des conséquences normales de la foi des élus de Dieu. « Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui » (1 Jean 5, 1).

En outre, sa foi conduit au service pratique. En tant que femme, il ne lui incombait pas d’exercer un service public, mais elle a fait ce qu’elle pouvait. Elle se sert de ses biens pour pourvoir, en privé, aux besoins de quelqu’un que Dieu employait en public. De plus, elle le fait d’une manière qui prouve sa sensibilité spirituelle. Elle savait ce qui convenait pour celui qui dénonçait la méchanceté des hommes et rendait témoignage à la grâce de Dieu. C’est pour cette raison qu’elle ne pourvoit pas aux besoins du prophète selon l’étendue de ses richesses et le luxe qui serait naturel à une femme de son rang. Elle ne donne que ce qui convenait aux goûts et aux besoins simples d’un « saint homme de Dieu ». Elle sentait qu’« une petite chambre » modestement meublée — un lit, une table, un siège et un chandelier — serait en accord avec la pensée de cet homme séparé du monde et de ses voies, et qui avait été en contact avec des scènes célestes.

C’est ainsi qu’elle va au-devant des besoins du prophète ; mais elle le fait sans ostentation. Elle reçoit son hôte selon ses besoins et ses goûts et sans la moindre pensée de se faire valoir aux yeux de celui-ci en faisant étalage de sa richesse. Dans la « petite chambre », il n’y avait rien qui puisse susciter la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie ; mais il y avait tout ce qui était nécessaire pour satisfaire les besoins d’un étranger céleste.

 

10.3   [Contentement d’être au milieu du peuple de Dieu]

Et cette intelligence qu’elle montre de ses goûts, ainsi que la façon dont elle subvient à ses besoins, sont appréciées à leur juste valeur par le prophète, qui profite avec joie de sa bonté. Élisée montre qu’il n’est pas indifférent à ses soins et qu’il aimerait bien la récompenser. Il venait d’être l’instrument pour sauver des rois, des capitaines et leurs armées d’une complète défaite et, à ce moment sans doute, il aurait pu lui obtenir les faveurs des hautes sphères. Est-ce qu’alors cette noble femme aimerait qu’Élisée parle pour elle au roi ou au chef de l’armée ? Sa réponse est de toute beauté et donne une preuve de plus qu’elle est pénétrée de l’esprit des élus de Dieu. Elle dit : « J’habite au milieu de mon peuple. » Elle est satisfaite d’être en dehors des cercles élevés d’un monde corrompu et ne désire ni ses distinctions ni ses faveurs. Elle est heureuse de continuer sa vie retirée avec son propre peuple, contente d’être inconnue des grands de la terre. Quelle grâce pour ceux qui appartiennent à cette cohorte céleste privilégiée que le Seigneur reconnaît comme « les siens », de prendre une place en dehors de ce monde, sans craindre ses mépris ni solliciter ses faveurs, et de s’identifier de tout cœur à cette compagnie comme étant « des leurs » (Jean 13, 1 ; Actes 4, 32).

 

10.4   [Puissance de Dieu qui donne la vie]

Mais Élisée a d’autres ressources que les rois et les capitaines de ce monde. Il peut faire appel à la grande puissance de Dieu « qui fait vivre les morts » (voir Rom. 4, 19). La femme ne refuse pas la bénédiction de cette source céleste, bien que ce qu’Élisée propose semble presque au-delà de sa foi. Pourtant, le moment venu, elle apprend, comme la femme d’Abraham l’avait appris dans le passé et comme la femme de Zacharie l’apprendra dans un jour à venir, que Dieu peut faire vivre les morts et que, ce qu’il a promis, il est puissant pour l’accomplir. Il en fut ainsi ; le temps venu, elle embrasse un fils.

 

10.5   [Le Dieu de résurrection peut rendre la vie lorsque la mort a manifesté son pouvoir]

Mais il y a une autre leçon, plus profonde, qu’elle doit apprendre. Par l’expérience, éprouvante il est vrai pour la chair, elle découvre que le Dieu qui donne la vie est aussi le Dieu de la résurrection. Est-ce qu’Abraham n’a pas dû apprendre cette leçon sur la montagne de Morija ? Nous avons nous aussi à apprendre que Dieu n’est pas seulement Celui qui donne la vie ; il est également le Dieu de résurrection qui peut rendre la vie lorsque la mort a manifesté son pouvoir. Pour apprendre cette leçon, Abraham en son jour dut lier Isaac sur l’autel sur la montagne de Morija, et la Sunamite doit être confrontée avec la mort de son enfant bien-aimé. Ainsi, lorsque l’enfant eut grandi, il vint un jour où la maladie le frappa dans les champs ; il fut ramené à sa mère pour mourir dans ses bras.

Cette terrible épreuve manifeste d’une manière très précieuse la foi de la Sunamite. Avec un calme parfait, elle couche l’enfant mort sur le lit de l’homme de Dieu et, fermant la porte sur lui, elle sort. Elle ne dit pas un mot à son mari de ce qui est arrivé, mais lui demande simplement de lui envoyer un jeune homme et une ânesse pour aller jusqu’à l’homme de Dieu. Celui qui a été l’instrument pour donner la vie est celui vers lequel elle se tourne en présence de la mort.

 

10.6   [La vraie foi ne se contente pas de formes ou cérémonies religieuses]

Son mari, ignorant ce qui s’est passé, demande : « Pourquoi vas-tu vers lui aujourd’hui ? Ce n’est ni nouvelle lune ni sabbat ». S’il pense à l’homme de Dieu, ce n’est qu’en relation avec les nouvelles lunes et les sabbats. Comme beaucoup d’autres aujourd’hui, la seule pensée qu’il accorde à Dieu est liée à une fête religieuse ou à l’observation extérieure d’un jour. Les liens que la foi a avec Dieu sont des questions de vie et de mort.

 

10.7   [La vrai foi ne discute pas avec l’incrédulité et ne veut que la relation directe avec l’homme de Dieu]

Toutefois, il se peut que la foi ne soit pas capable de discuter avec l’incrédulité ou de répondre aux questions soulevées par la raison seule ; mais la foi peut dire dans les moments les plus sombres : « Tout va bien. » Ainsi la foi de la Sunamite, s’élevant au-dessus de la douleur qui remplissait son cœur de mère, sachant que l’enfant mort est couché dans la chambre du prophète, et face à toutes les questions de l’incrédulité, peut dire : « Tout va bien. »

Ayant obtenu le serviteur et l’ânesse, elle s’empresse d’aller vers l’homme de Dieu. Élisée, la voyant venir, envoie Guéhazi à sa rencontre. À toutes ses questions, elle ne donne qu’une seule réponse : « Tout va bien » ; mais elle ne veut pas ouvrir son cœur au serviteur. Se hâtant vers l’homme de Dieu, elle se jette à ses pieds, prononçant quelques phrases entrecoupées qui révèlent à Élisée la cause de son trouble.

Immédiatement Élisée envoie Guéhazi avec son bâton pour qu’il le mette sur le visage de l’enfant. Mais cela ne satisfait pas la femme : sa foi s’attache à l’homme de Dieu. Elle n’a pas laissé son mari l’empêcher d’aller jusqu’à l’homme de Dieu et ses mentions de nouvelles lunes et de sabbats la retenir loin de l’homme de Dieu. Et maintenant qu’elle est devant lui, elle ne le quittera pas pour suivre Guéhazi et son bâton. Aussi dit-elle : « L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point. » Elle sent à bon droit que serviteur et bâton ne serviront à rien. Rien, sinon la puissance de Dieu apportée par quelqu’un qui est en contact avec Dieu, ne rendra la vie à l’enfant mort.

 

10.8   [Devant la mort, besoin de dépendance totale de l’Éternel, nécessité d’être seul avec Lui]

Ses instincts spirituels se révèlent bons. Le prophète va avec elle et, en chemin, ils rencontrent le serviteur. Guéhazi leur apprend que le bâton n’a produit aucun effet. — « Le jeune garçon ne s’est pas réveillé. » Arrivé à la maison, le prophète vit que « le jeune garçon était mort, couché sur son lit ». Il entra dans la chambre mortuaire et « ferma la porte sur eux deux, et supplia l’Éternel ». C’était un moment solennel dans lequel le prophète éprouvait sa dépendance totale de l’Éternel ; et plus encore, il sentait l’impérieuse nécessité d’être seul avec l’Éternel. Le mari avec ses nouvelles lunes et ses sabbats, le serviteur avec son bâton et la femme avec son chagrin, doivent tous être tenus dehors. Les pratiques religieuses ne rendront pas l’enfant ; le bâton, qui peut répondre aux circonstances de chaque jour, ne servira à rien dans cette cruelle difficulté ; la douleur, si réelle qu’elle soit, ne ramènera pas l’enfant. L’Éternel seul peut ressusciter les morts. Aussi « Élisée ferma la porte... et supplia l’Éternel ».

 

10.9   [La fervente supplication du juste peut beaucoup (Jacq. 5:16)]

De plus, le prophète s’identifie avec celui pour lequel il prie. Il « se coucha sur l’enfant, et mit sa bouche sur sa bouche, et ses yeux sur ses yeux, et ses mains sur ses mains, et se courba sur lui ».

Ne voyons-nous pas dans cette belle scène l’efficacité de la fervente supplication du juste ? La prière qui exclut justement tout ce qui est de l’homme et de ses efforts — la prière qui ne regarde qu’au Seigneur et s’identifie complètement avec celui pour lequel la prière est faite. Une telle foi a sa récompense — la prière est exaucée, car nous lisons : « La chair de l’enfant se réchauffa ». Néanmoins, là encore, il fallait le combat de la foi et la ferveur de la prière, car nous lisons que le prophète « se retirait et allait par la maison, tantôt ici, tantôt là ; et il montait, et se courbait sur lui ». Alors, l’enfant ouvrit les yeux.

 

10.10   [Foi simple qui ne s’étonne pas et ne raisonne pas. Dieu se révèle à cette foi qui s’attache à Lui et l’honore]

Le prophète, ayant fait appeler la Sunamite, dit avec le calme qui convient : « Prends ton fils. » La femme, de son côté, n’exprime pas d’étonnement mais, dans sa reconnaissance, elle « tomba » aux pieds du prophète, « et se prosterna en terre ; et elle prit son fils et sortit ».

Dieu n’est pas indifférent à cette foi simple et sans raisonnement qui s’attache à lui, même quand la mort a mis fin à tous les espoirs terrestres et placé l’enfant hors de portée de tout secours humain. Ainsi il se trouve, parmi ceux que Dieu honore, des femmes qui reçurent leurs morts par la résurrection (Héb. 11, 35).

En réponse à la foi de la femme et aux prières d’Élisée, Dieu se révèle, non seulement comme Celui qui donne la vie là où il y avait stérilité ; mais aussi comme le Dieu qui vivifie et rappelle à la vie quand la mort a fait son œuvre. De même, c’est notre grand privilège de connaître Dieu, révélé en Christ, selon les propres paroles du Seigneur : « MOI, JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE. »

 

11    Le temps de la famine — 2 Rois 4, 38-41

11.1   [La ruine s’accentue et la grâce surabonde. Dieu répond à la foi, même faible]

Chaque scène nouvelle dans la vie bien remplie du prophète découvre un peu plus la ruine d’Israël, pour manifester seulement que, là où le péché abonde, la grâce surabonde. Nous avons déjà vu la malédiction à Jéricho, les moqueurs à Béthel, la rébellion de Moab, les veuves dans le besoin ; et maintenant nous lisons : « Or il y avait une famine dans le pays. »

En cette époque de famine, Élisée vient à Guilgal. Les fils des prophètes sont assis devant lui, et cette attitude indique que, dans leur besoin pressant, ils attendent du soulagement de l’homme de Dieu. Ils supposent avec raison que celui qui avait sauvé des armées de la destruction et ressuscité l’enfant mort de la Sunamite avait des ressources pour répondre à leur besoin dans un temps de famine. Il y avait chez les fils des prophètes la foi pour faire usage de la grâce de Dieu apportée par Élisée. Dieu se plaît à répondre à la foi, quelque faible qu’elle soit, et ne déçoit jamais ceux qui s’attendent à lui ; même s’il opère d’une façon qui, tout en répondant à nos besoins, met en évidence notre faiblesse.

Ainsi Élisée dit à son jeune homme de mettre la grande marmite, et de cuire un potage pour ceux qui s’attendaient à lui pour leur nourriture. Il semblerait que dans ce temps de famine, ils avaient tout naturellement utilisé un récipient plus petit pour ménager leurs modestes ressources. La raison plaiderait pour une petite marmite en période de disette. Une gestion sage et prudente l’exigerait. Pour Dieu toutefois il n’y a pas manque de ressource ; et la foi, introduisant Dieu, réclame « la grande marmite » : pour l’abondance du ciel, seule « la grande marmite » convient. D’un grand Dieu nous pouvons attendre de grandes choses.

 

11.2   [Danger de l’intrusion de la chair, même à Guilgal. Le zèle charnel fait entrer la mort avec facilité et abondance]

Le prophète donne à son serviteur l’ordre de cuire un potage. Toutefois il y avait là quelqu’un à qui aucune instruction n’avait été donnée et qui ne peut s’empêcher de se mêler du travail du serviteur ; quelqu’un qui n’était pas satisfait, comme les fils des prophètes l’étaient, d’être assis devant Élisée. Non, dans une activité fébrile, il faut qu’il sorte « aux champs » de son propre chef et il veut aider à répondre au besoin commun en ajoutant sa contribution dans la marmite.

Pour jouir de la nourriture du ciel, il nous faut absolument nous tenir tranquilles dans la présence de Christ, comme les fils des prophètes assis devant Élisée. Ainsi plus tard, une Marie assise aux pieds de Jésus sut trouver le lieu des riches ressources, plutôt qu’une Marthe tourmentée de beaucoup de choses. Sans doute l’homme qui « sortit aux champs pour cueillir des herbes » était-il sincère et pensait-il, comme Marthe en son temps, qu’il contribuait au bien général. Mais c’était l’intrusion de la chair à Guilgal, l’endroit même qui signifiait le retranchement de la chair. Le résultat fut que, par le zèle charnel d’un homme, la mort entra dans la marmite.

Cet homme, quittant la présence d’Élisée, sort aux champs pour cueillir des herbes. Il pensait ajouter quelque chose venant des champs aux ressources qu’Élisée tirait du ciel. Les champs, dans l’Écriture, sont en général l’image du monde cultivé. La culture de ce monde ne peut rien ajouter à la nourriture du ciel. Les Colossiens, en leur temps, étaient en danger de chercher à compléter le christianisme par l’addition d’éloquence, de philosophie et de superstition humaines. Ils ajoutaient des coloquintes sauvages au potage céleste. Au lieu d’amener l’âme dans des relations plus étroites avec Dieu, de tels efforts finissent par séparer l’âme de Dieu.

En outre, il n’est pas difficile de cueillir des coloquintes sauvages. C’était un temps de famine et néanmoins, avec la plus grande facilité, cet homme en amasse « plein sa robe ». Il pouvait y avoir famine de nourriture saine et substantielle ; les coloquintes sauvages ne manquaient pas.

 

11.3   [Ils ne savent pas résoudre la difficulté, mais ils sont conscients du danger et se tournent vers l’homme de Dieu]

Le mal est découvert aussitôt que le potage est versé. Tous les convives détectent le poison. Si un seul homme s’était plaint du potage, on aurait pu penser que son goût était en défaut. Mais nous lisons : « Comme ils mangeaient du potage, on cria et dit : Homme de Dieu, la mort est dans la marmite ! Et ils n’en pouvaient manger. » Ce qui aurait dû être une nourriture pour entretenir la vie, était devenu, par l’acte d’un seul, un moyen de la détruire.

Ils ne savent peut-être pas résoudre la difficulté ; mais au moins ils sont conscients du danger et, de plus, ils se tournent avec raison vers l’homme de Dieu pour être dirigés.

 

11.4   [Contre les pensées de la nature, la philosophie de l’homme, les éléments du monde, la religion de la chair, les séductions et déceptions, le remède est de présenter Christ, Col. 1 à 3]

Leur appel à Élisée n’est pas vain, car lui a des ressources pour répondre à ce nouveau besoin. Il a un antidote pour le poison. Ses directives sont simples : « Apportez de la farine. » Aussitôt qu’elle est jetée dans le potage, il n’y a plus rien de mauvais dans la marmite. Est-ce que cette farine ne parle pas de Christ ? Les pensées de la nature, la philosophie de l’homme, les éléments du monde, la religion de la chair — choses par lesquelles l’homme cherche à ajouter quelque chose aux ressources de Dieu pour répondre aux besoins des siens — sont tous mis à nu et corrigés par la présentation de Christ. C’est ainsi que l’apôtre répondit à la tentative d’introduire des « coloquintes sauvages » qui menaçait les saints à Colosses. L’apôtre détecte le poison — les paroles séduisantes des moralistes, la philosophie et les vaines déceptions du monde, l’insistance des ritualistes à respecter les jours de fête, les nouvelles lunes et les sabbats, et le culte des anges des superstitieux. Pour répondre à ces influences funestes qui détruisent la vraie vie du christianisme, il présente Christ. Il dit de toutes ces choses qu’elles ne sont pas « selon Christ ». Elles peuvent être présentées dans « des discours spécieux » et avec une grande « apparence de sagesse » et une fausse « humilité », mais elles ne sont pas « selon Christ ». Il présente alors Christ dans toute sa gloire, comme Chef de l’Assemblée — Son corps. Il jette pour ainsi dire la farine dans la marmite. Il nous dit que nous avons tout ce dont nous avons besoin en Christ, car « en lui habite toute la plénitude de la déité » et en outre, nous sommes « accomplis en lui ». « Christ est tout et en tous » (Col. 2 et 3).

 

12    Le peuple rassasié — 2 Rois 4, 42-44

12.1   [Donner sans retenue, sans s’arrêter aux objections de l’incrédulité]

Dans ce temps de famine, un homme vient de Baal-Shalisha avec vingt pains d’orge et du grain en épi dans un sac, don des premiers fruits à l’homme de Dieu. Aussitôt Élisée dit : « Donne cela au peuple, et qu’ils mangent ». Il a reçu gratuitement et il donne gratuitement. Il ne garde pas pour son usage personnel ce qui lui a été donné. En donnant, le don se multiplie de sorte que, non seulement son propre besoin est satisfait, mais il est répondu aux besoins de cent hommes et au-delà.

Le serviteur du prophète ne peut pas comprendre comment vingt pains peuvent suffire aux besoins de cent hommes, mais de nouveau, la parole d’Élisée est : « Donne-le au peuple, et qu’ils mangent ». Il dit en quelque sorte : si seulement tu donnes selon la parole de l’Éternel, tu verras qu’il y en aura assez pour satisfaire les besoins du peuple et qu’il y en aura de reste. L’homme naturel soulève des questions et dit : comment cela peut-il se faire ? Il lui est répondu de ne pas raisonner, mais seulement d’obéir et tout ira bien.

 

12.2   [On fait l’expérience de la bénédiction, même si on ne peut pas expliquer sa puissance et sa grâce]

Ainsi, aux jours du Seigneur, Jude raisonnant comme un homme naturel peut demander : « Comment se fait-il ? » en présence de communications qui dépassent toute intelligence humaine (Jean 14, 22). À de telles pensées, il n’est pas donné de réponses qui satisferaient la raison humaine, mais le Seigneur dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » ; ce qui conduira à faire l’expérience de choses qui sont au-delà de toute explication humaine. Jude voudrait bien raisonner pour comprendre, mais il lui est dit d’obéir pour voir. Élisée répond de la même manière au « comment » du serviteur étonné et raisonneur. Il lui faut agir selon la parole de l’Éternel et il expérimentera sa bénédiction, même s’il ne peut pas expliquer sa puissance et sa grâce.

C’est ce qui se produisit ; « il le mit devant eux, et ils mangèrent, et ils en eurent de reste, selon la parole de l’Éternel ». Le prophète donne de ce qu’il avait reçu gratuitement, le serviteur obéit, les besoins sont satisfaits ; et le don s’est tellement multiplié que non seulement tous sont rassasiés, mais « ils en eurent de reste, selon la parole de l’Éternel ».

 

Car pour avoir ces bonnes choses d’en haut,

Il nous faut les partager.

Si nous cessons de donner, nous cesserons d’avoir

Telle est la loi de l’Amour.

 

13    La guérison du lépreux — 2 Rois 5, 1-19

13.1   [Israël mis de côté et la puissance gouvernementale donnée aux nations]

Jusqu’ici Élisée a été le ministre de la grâce de Dieu au milieu d’Israël ; maintenant il va être un canal de bénédiction pour un étranger. La grâce s’étend à un homme des nations.

Toute cette scène semble être une préfiguration de la dispensation actuelle dans laquelle Israël est mis de côté et la puissance gouvernementale donnée aux nations. Les temps des nations sont préfigurés par le fait que l’Éternel avait accordé la délivrance aux Syriens — l’ennemi déclaré d’Israël — et que des captifs avaient été emmenés d’Israël. La puissance avait été transférée aux nations et une petite fille d’Israël est captive. Pendant cette période, l’Éternel use de grâce envers le Gentil.

 

13.2   [L’homme dans son meilleur état socialement, Dieu le voit pécheur]

En Naaman, nous voyons l’homme dans son meilleur état. Socialement, c’était « un grand homme » ; professionnellement, c’était un homme qui avait réussi ; et personnellement, c’était un homme vaillant. Tel était Naaman aux yeux du monde. Toutefois, celui qui est en faveur auprès du roi et fait figure de héros national, est déclaré lépreux par Dieu. La lèpre est un type adéquat du péché sous deux aspects. Le côté repoussant de la maladie parle de la souillure du péché, qui fait l’homme foncièrement pécheur. Le caractère incurable de la maladie présente la condition désespérée à laquelle le péché le réduit. Comme hommes déchus, nous sommes non seulement pécheurs par nature, mais aussi sans force pour changer notre état. Pour être bénis, nous sommes dépendants de la grâce de Dieu. La Parole dit : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi... non pas sur le principe des œuvres » (Éph. 2, 8, 9).

Ainsi la maladie de Naaman, liée à sa condition désespérée, le désignait tout naturellement pour être un objet de la grâce et de la miséricorde souveraines de Dieu. Ce qui donnait à Naaman une place aussi élevée devant le monde n’avait aucune valeur aux yeux de Dieu. Le Seigneur qui, en Luc 4, 27, cite Naaman comme une illustration de la grâce atteignant un homme des nations, ne dit pas qu’il y avait en ce temps-là beaucoup de grands hommes, ou d’hommes honorables, ou d’hommes vaillants. Aucune de ces qualités n’en aurait fait des objets propres pour la grâce ; aussi il dit : il y avait « plusieurs lépreux ».

 

13.3   [Manière dont Dieu fait connaître Sa grâce. La fille est petite, mais sa foi est grande]

En outre, dans cette belle scène, nous voyons non seulement l’activité de la grâce envers un pécheur, mais la façon dont Dieu fait connaître cette grâce. Il agit d’une façon qui discrédite tout notre orgueil. Il « a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont ; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » (1 Cor. 1, 27-29). En accord avec ces voies de Dieu nous passons directement d’un « grand homme » à une « petite fille » — loin des siens, en pays étranger et dans l’humble position d’esclave de la femme de Naaman. Dieu va bénir celui qui, aux yeux du monde, est un grand homme et pour cela il va se servir dans cette œuvre de grâce d’une petite fille. Mais si sa position dans le monde était insignifiante, si elle était petite, sa foi était grande. Car elle peut dire : « Oh, si mon seigneur était devant le prophète qui est à Samarie ! alors il le délivrerait de sa lèpre. » C’est certainement là le langage de la foi. Elle n’avance pas qu’il pourrait peut-être le soulager et éventuellement le guérir ; mais avec la hardiesse et l’assurance de la foi, elle dit : « il le délivrerait de sa lèpre ». Elle parle comme quelqu’un qui connaît la puissance curative de la grâce. Naaman, comme cela a été dit, pouvait ressentir son mal ; la petite fille connaissait le remède. Sa confiance est d’autant plus remarquable qu’elle n’avait pu, au cours de son existence, voir un seul cas de guérison de lèpre ; car le Seigneur lui-même dit qu’au temps d’Élisée il y avait plusieurs lépreux mais « aucun d’eux ne fut rendu net sinon Naaman, le Syrien ».

 

13.4   [L’homme naturel ne comprend pas les voies de la grâce]

Les paroles de la petite fille produisent leur effet. Elles éveillent le désir d’être guéri dans le cœur travaillé de Naaman. Mais les voies de la grâce ne peuvent être comprises par l’homme naturel. Rempli de ses propres pensées, il ne prête que peu d’attention aux paroles de la petite fille. Elle, avec sa connaissance de la grâce et de la puissance de Dieu, parle du prophète qui est à Samarie ; lui, suivant ses pensées naturelles, se tourne vers le roi de Syrie, croyant que la bénédiction ardemment désirée peut être obtenue par l’intermédiaire des grands de la terre moyennant le paiement d’une grosse somme d’argent.

Le roi de Syrie est une image de l’homme dans sa suffisance. Il n’est que trop heureux que son serviteur Naaman reçoive la bénédiction, mais il voudrait bien qu’il l’obtienne par son canal. Alors il dit : « Soit ! va, et j’enverrai une lettre au roi d’Israël ».

Un roi écrira à un autre roi. Mais Dieu ne demande pas le patronage de rois et il ne l’admet pas non plus. La grâce est à la disposition du coupable, que ce coupable soit parmi les hauts placés du pays ou parmi les humbles — « un grand homme » ou « une petite fille » — mais le patronage de rois ne peut l’assurer, pas plus que l’or ne peut l’acheter.

 

13.5   [Faire l’expérience que tous les efforts de l’homme pour obtenir la bénédiction ne font que dégrader sa condition]

Naaman doit faire l’expérience que tous les efforts de l’homme pour obtenir la bénédiction ne font que dégrader sa condition. Il se rend avec ses présents et la lettre du roi de Syrie vers le roi d’Israël. Celui-ci est conscient que seul Dieu peut agir dans un tel cas, mais il ne connaît pas l’homme de Dieu, par lequel la grâce de Dieu est dispensée. Sans la foi en Dieu et ne connaissant pas l’homme de Dieu, il ne peut que conclure que le roi de Syrie cherche une occasion contre lui en demandant ce qui est au-delà de la puissance de l’homme. Naaman comprend qu’il est vain de s’adresser à un homme mais, même alors, il ne lui vient pas à la pensée d’aller vers le prophète. Il semble donc que tout est terminé et que Naaman n’a plus qu’à rentrer en Syrie dans sa souillure et sa misère.

 

13.6   [Intervention d’Élisée : « Nul ne peut venir à moi, à moins qu’il ne lui soit donné du Père » (Jean 6, 65)]

À ce moment toutefois, Élisée intervient et il apparaît clairement que, s’il n’avait pas parlé, Naaman ne serait jamais venu vers lui, bien qu’il ait entendu parler au début de ce prophète. Et il n’en va pas autrement du pécheur et de Christ. Nous pouvons bien entendre parler de Christ, mais il est écrit : « Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire » (Jean 6, 44) ; et encore : « Nul ne peut venir à moi, à moins qu’il ne lui soit donné du Père » (Jean 6, 65).

 

13.7   [L’orgueil de l’homme voudrait recevoir quelque considération, mais recevoir la bénédiction ne peut être que sur le terrain de la grâce]

À la suite de l’intervention d’Élisée, Naaman, qui désire ardemment la bénédiction, vient vers le prophète. Le voilà enfin arrivé à la bonne source ; mais il est venu de la mauvaise manière. Il n’est pas encore dans la condition convenable pour recevoir la bénédiction. Il vient avec ses chevaux et ses chars et se tient à l’entrée de la maison d’Élisée. Les chevaux et les chars parlent de la pompe et de l’orgueil de l’homme. Naaman a découvert que la puissance des rois est sans effet, que l’argent et les dons ne servent à rien ; il doit maintenant apprendre que sa propre grandeur et sa propre importance ne lui assureront pas la moindre attention de la part de Dieu qui ne fait pas acception de personnes. C’est pourquoi le message qui, écouté et suivi, lui apportera la guérison ne fait aucune mention de sa dignité. Élisée ne le considère pas comme un homme grand, ou honorable, ou vaillant ; il le voit simplement comme un lépreux qui a besoin d’être purifié. Il ne fait aucun cas de toute la pompe et de toute la grandeur de Naaman ; il ne cherche pas non plus à se glorifier de la visite de cet important personnage. Il envoie seulement un message. En fait, délivrer un message demeure toujours le service du prédicateur.

Toutefois la nature se rebelle contre un tel traitement. L’orgueil de l’homme voudrait recevoir quelque considération. Mais, si Naaman doit recevoir la bénédiction, cela ne peut être que sur le terrain de la grâce, et la grâce ne reconnaît aucun mérite dans celui qui la reçoit, sinon elle ne serait pas la grâce. C’est pourquoi la grâce souveraine est si offensante pour l’homme naturel. « Naaman se mit en colère », et le véritable obstacle à la bénédiction s’avère être la haute pensée qu’il avait de lui-même. « Je me disais... » voilà le mal ! Il se disait qu’il n’aurait qu’à rester assis dans son char et qu’Élisée viendrait et se tiendrait devant lui et qu’il ajouterait de l’éclat à la scène en invoquant le nom de l’Éternel son Dieu, tout en promenant sa main sur la place malade, et qu’ainsi il serait guéri.

En outre, Naaman répugne à se laver dans le Jourdain. S’il est question de se laver dans un fleuve, certainement les grandes rivières de son propre pays — l’Abana et le Parpar — sont meilleures que toutes les eaux d’Israël. Il en est de même aujourd’hui de plus d’un pécheur qui admet la nécessité d’un changement moral dans sa vie, mais non pas une nouvelle naissance. Les hommes se soumettront à une réforme effectuée par des moyens humains, mais ils ne sont pas préparés à être mis de côté dans la mort de Christ. Naaman s’attendait à quelque scène théâtrale — à ce que sa guérison soit opérée avec pompe — et voici que ce prince parmi les hommes est renvoyé avec un message bref et sec. Il lui est enjoint, comme cela aurait été dit à n’importe quel malheureux, d’aller se laver sept fois dans le Jourdain ouvert à tous. C’était là traiter le puissant Naaman d’une façon trop désinvolte. Le message ignorait toute sa grandeur ; et lui proposait une cure accessible au premier venu. Élisée n’aurait pu traiter l’individu le plus insignifiant du pays avec moins de considération. Un tel traitement et un tel message étaient intolérables pour le grand général. « Et il se tourna, et s’en alla en colère. »

Eh bien ! À s’en aller, il valait mieux qu’il s’en aille en colère, car au moins cela montrait qu’il était profondément affecté. Mieux vaut répondre ainsi que décliner poliment l’invitation de Dieu avec un « Je te prie, tiens-moi pour excusé » (Luc 14). Pour ces derniers il n’y a point d’espoir ; Dieu les excuse et tout est fini pour l’homme que Dieu excuse. Pour l’homme qui s’en va en colère, il y a l’espoir qu’il reviendra à de meilleures dispositions, car au moins il est touché.

 

13.8   [Le travail de Dieu ne se fait pas dans la pompe, le sensationnel et la sentimentalité. La culpabilité n’est nettoyée que sur la base de la mort de Christ]

Naaman s’était attendu à quelque grande démonstration ; la nature aime la pompe, le sensationnel et la sentimentalité ; mais Naaman doit apprendre, comme tout pécheur, que la grande puissance de l’Évangile n’est pas « dans le tremblement de terre », ni dans « le feu », mais dans la « voix douce et subtile » de la parole de Dieu parlant à la conscience.

Heureusement pour Naaman, il avait ses compagnons qui purent raisonner avec lui et le convaincre de sa folie. La petite fille avait rendu son témoignage ; le prophète avait délivré son message — si clair et précis ; maintenant « ses serviteurs s’approchent de lui » et font valoir la simplicité du message. Il y a ceux, aujourd’hui, qui font l’œuvre de la petite fille — ils invitent à venir entendre. Il y a ceux qui délivrent le message — les prédicateurs de l’Évangile. Il y a ceux qui interviennent auprès des âmes individuellement afin que les difficultés et les obstacles à la réception de l’évangile puissent être ôtés. Ainsi, avec un intérêt plein d’affection, les serviteurs plaident auprès de leur maître. « Mon père », disent-ils, « si le prophète t’eût dit quelque grande chose, ne l’eusses-tu pas faite ? Combien plus, quand il t’a dit : LaveS-toi et tu seras pur ». Comme ces serviteurs connaissaient bien leur maître ! C’était un grand homme et il avait, tout au long de sa vie, accompli de grands exploits. Il avait acquis une position élevée dans les royaumes des hommes ; mais, s’il veut entrer dans le royaume des cieux, il doit se convertir et devenir comme un petit enfant. Et c’est ce qui arriva ; les arguments des serviteurs l’emportent, car nous lisons : « Et il descendit. » Son orgueil, sa grandeur, sa vaillance, tout ce qu’il était comme homme naturel est abandonné en tant que moyen d’obtenir la bénédiction. Les rois et leurs riches présents sont abandonnés ; l’Abana et le Parpar sont oubliés et, dans l’obéissance de la foi, il descend et se plonge sept fois dans le Jourdain, « selon la parole de l’homme de Dieu ». Aux yeux du monde un tel acte peut paraître le comble de la folie, comme l’est la prédication de la croix pour les sages de ce monde. Le Jourdain signifie la mort et typifie, dans cette scène, la mort de Christ rencontrant la sainteté de Dieu. Si le pécheur doit être nettoyé de sa culpabilité, ce ne peut être que sur le terrain de la mort de Christ. En type, Naaman le reconnaît parfaitement, sans réserve, en se plongeant sept fois dans le Jourdain. Il reconnaît qu’il n’y a de purification que par les eaux de la mort dans lesquelles il est amené par l’obéissance de la foi.

 

13.9   [Aujourd'hui aussi, le pécheur a à se soumettre au moyen de délivrance de Dieu dans l’obéissance de la foi, la vieille nature étant condamnée et mise de côté dans la mort de Christ]

Il en est ainsi du pécheur aujourd’hui. La bénédiction ne peut venir à nous qu’en grâce par la mort et la résurrection de Christ, et nous sommes sous l’efficace de cette mort par la foi en Christ. L’Israélite, comme Naaman, était à l’origine « un Araméen qui périssait » (Deut. 26, 5) et, pour lui, le Jourdain signifiait la fin d’une période de sa vie (la vie dans le désert), et l’introduction dans une nouvelle sphère. Le Jourdain marquait la frontière du territoire syrien. La mort met fin au lien avec la Syrie. En se plongeant dans le Jourdain, Naaman, en type, en finit avec sa vie d’autrefois et commence une vie entièrement nouvelle ; sa chair devient comme la chair d’un jeune garçon. Son ancien état de lépreux, dans lequel la corruption et la mort opéraient, ne convenait absolument pas devant Dieu, l’excluant de sa présence. Cela a été réglé par les eaux de la mort. Une nature mauvaise ne peut être pardonnée ; il doit y être mis fin par la mort. De même, pour le croyant, la vieille nature est condamnée et mise de côté dans la mort de Christ. L’âme qui, dans l’obéissance de la foi, se soumet au moyen de délivrance de Dieu, entre dans une vie nouvelle.

Le prophète met l’accent sur l’importance de cette leçon en prescrivant de se laver sept fois, montrant combien nous avons besoin d’apprendre à fond la leçon de notre mort avec Christ, qui met fin à l’état dans lequel nous vivions pour nous-mêmes, afin qu’en nouveauté de vie nous vivions à Dieu.

Pour Naaman, le résultat fut que sa chair redevint comme la chair « d’un jeune garçon ». Quel changement merveilleux ! L’homme qui, au début du récit, est décrit comme « un grand homme », devient à la fin comme « un jeune garçon ». En outre, un nouvel esprit le possédait. L’orgueil d’un grand homme avait cédé la place à l’humilité d’un jeune garçon ; car nous lisons : « Et il retourna vers l’homme de Dieu, lui et tout son camp, et il vint et se tint devant lui. » Il n’est plus un personnage important assis dans son char, mais un homme humble se tenant devant le prophète.

 

13.10   [Confession de la bouche]

Ce n’est cependant pas tout. Il a cru dans son cœur ; il doit maintenant faire confession de sa bouche [Rom. 10:9] : « Il n’y a point de Dieu en toute la terre, sinon en Israël. » Non seulement il est purifié, mais il est amené à connaître Dieu. « Je sais », peut-il dire. L’évangile qui répond à nos besoins révèle Dieu à nos âmes.

 

13.11   [La vie éternelle est sans argent et sans prix]

Ensuite, il voudrait bien exprimer sa gratitude à celui par lequel il a été si richement béni. Élisée refuse le présent, de peur qu’en quelque manière il paraisse falsifier la grâce de Dieu aux yeux de ce Gentil qui avait reçu la bénédiction sans argent et sans prix [És. 55:1]. Naaman, le possesseur de grandes richesses, avait sans doute pris l’habitude de penser que tout pouvait être acheté par la puissance de l’argent. Il doit apprendre, de même que le pécheur aujourd’hui, qu’il y a des bénédictions au-delà de toute autre bénédiction, et des joies au-delà de toute joie terrestre. Il reçoit la vie qui est éternelle, celle que toutes les richesses de ce monde ne peuvent acheter, bien que, hélas ! ces richesses puissent fermer le chemin qui conduit à la vie et à la bénédiction.

 

13.12   [Adorateur du vrai Dieu. En finir avec les idoles, même selon les apparences]

En outre, le cœur de Naaman s’ouvre en louanges à l’Éternel. Il dit : « ton serviteur n’offrira plus d’holocauste ni de sacrifice à d’autres dieux, mais seulement à l’Éternel ».

Enfin, le changement opéré dans sa vie est manifesté par sa conscience exercée et délicate. Il a tout de suite senti qu’adorer l’Éternel était absolument incompatible avec le fait de se prosterner devant une idole dans la maison de Rimmon. Toutefois sa position officielle demanderait peut-être qu’il entre dans la maison de l’idole. En réponse à cette difficulté, la parole d’Élisée est : « Va en paix. » Cela ne signifie en aucune manière qu’Élisée approuvait le fait que Naaman se prosterne devant l’idole dans la maison de Rimmon. Il voyait que Naaman était exercé devant l’Éternel et, sans anticiper la difficulté, il sait qu’il peut laisser avec sûreté Naaman avec l’Éternel. Nous pouvons bien penser que Naaman n’est jamais entré dans la maison de Rimmon.

 

14    Le serviteur du prophète — 2 Rois 5, 20-27

14.1   [La convoitise mène au mensonge, et un premier mensonge en appelle d’autres]

Maintes fois l’Écriture place devant nous des gens qui mentent et qui trompent ; mais il n’y a pas de menteur plus effronté que Guéhazi. Pour lui comme pour Ananias et Sapphira, la convoitise était la racine du mensonge.

La richesse de Naaman — les dix talents d’argent, les six mille pièces d’or, les dix vêtements de rechange — avait réveillé la convoitise non jugée du cœur de Guéhazi. Le besoin de Naaman avait fait agir la grâce de Dieu ; la richesse de Naaman suscite la convoitise du serviteur d’Élisée. La grâce avait apporté la bénédiction à Naaman ; la convoitise de Guéhazi veut démentir cette grâce. Un homme riche, heureusement disposé à faire un don généreux, était une trop bonne occasion pour qu’un homme cupide la laisse échapper.

Pour satisfaire cette cupidité, Guéhazi ne recule devant aucune fourberie. Il court après Naaman et dit : « Mon maître m’a envoyé. » Premier mensonge. Ensuite, il invente l’histoire des deux jeunes hommes d’Éphraïm — second mensonge. Après avoir reçu deux talents d’argent et deux vêtements de rechange, il revient avec deux des serviteurs de Naaman pour lui aider à porter le don jusqu’à la colline. Aller plus loin aurait été arriver en vue de la maison d’Élisée ; aussi s’arrête-t-il à la colline et renvoie-t-il les hommes. Après avoir caché les biens dans la maison, « il entra et se tint devant son maître », comme si rien ne s’était passé. Lorsqu’Élisée lui demande où il est allé, il cherche à cacher ses premiers mensonges par un autre : « Ton serviteur n’est allé nulle part ». Un mensonge en amène d’autres.

 

14.2   [Démasqué, Guéhazi perd tout, mais gagne la lèpre de Naaman, devenue inguérissable]

Sa fourberie est solennellement démasquée. Non seulement le terrible péché était connu du prophète, dans tous ses détails, mais le motif qui l’avait inspiré l’était aussi. Au fond du cœur de Guéhazi, était caché le désir d’acquérir une position sociale comme propriétaire d’oliviers, de vignes, de menu et de gros bétail, de serviteurs et de servantes.

Enfin, le masque tombé, le châtiment suit le jugement. Si Guéhazi avait pris des richesses à Naaman, il doit prendre aussi sa maladie. Il avait acquis deux vêtements de rechange par le mensonge et la tromperie ; voilà que sa peau aussi est changée par le jugement de Dieu. Et la lèpre qu’il reçoit s’attache à lui pour tous les jours de sa vie. La richesse qu’il a obtenue sera vite dépensée ; la lèpre demeurera. Les eaux du Jourdain ne purifieront pas Guéhazi.

Il se présenta devant son maître comme un trompeur ; il sortit de sa présence lépreux, blanc comme la neige. En s’emparant des richesses de Naaman, il hérite de sa maladie et perd sa place de serviteur du prophète. Il paraît une fois encore à la cour du roi, mais plus comme serviteur d’Élisée.

 

14.3   [Le péché de Guéhazi nullifiait le témoignage à la vraie grâce de Dieu]

En s’occupant du péché de Guéhazi, le prophète le considère d’abord par rapport à Dieu et à sa grâce. Quel effet son acte aura-t-il sur le témoignage de Dieu ? Il voit que le péché de Guéhazi donne une vue entièrement fausse de la grâce de Dieu. Élisée avait pris soin de refuser les présents de Naaman, de peur que ce Gentil ne pense que les bénédictions de Dieu peuvent être achetées par des dons. Le péché de Guéhazi tendait à rendre nul ce témoignage à la vraie grâce de Dieu. Ce n’était pas le « temps » de recevoir des présents.

 

14.4   [Un péché non jugé en amène d’autres]

N’y a-t-il pas un avertissement pour nous dans cette scène solennelle ? Si nous admettons dans notre cœur un désir ou une convoitise, non jugés, nous serons prêts à tomber dans la tentation lorsqu’elle se présentera sur notre chemin. En outre, un péché conduit à un autre. Nous ne pouvons nous arrêter à notre gré sur le chemin du péché. Comme l’a dit quelqu’un : « Un homme ne peut arrêter sa barque à son gré dans les rapides en amont des chutes du Niagara, mais il aurait pu les éviter tout à fait. »

 

14.5   [Une position religieuse privilégiée ne met pas à l’abri de péchés graves]

Puis il est évident qu’une position religieuse privilégiée ne mettra pas par elle-même à l’abri d’un péché grave. Qui aurait pu avoir de plus grands avantages que Guéhazi ? Il vivait dans la compagnie d’un des plus grands prophètes que le monde ait connus — quelqu’un qui à maintes reprises est appelé un homme de Dieu — et néanmoins Guéhazi est tombé. « Que celui qui croit être debout prenne garde qu’il ne tombe ! »

 

14.6   [La pratique du péché détruit tout sentiment de la présence et de la puissance de Dieu]

Enfin nous apprenons que la pratique du péché détruit tout sentiment de la présence et de la puissance de Dieu. Guéhazi devait souvent avoir été témoin du pouvoir que l’homme de Dieu avait de lire dans les cœurs et de discerner le mobile des actions. Nul ne connaissait mieux que Guéhazi cette capacité que Dieu donnait au prophète. Néanmoins, tandis que Guéhazi cherche à satisfaire sa cupidité, il est tellement sous l’empire de sa convoitise que, sur le moment, il perd tout sentiment de la présence du Dieu omniscient.

Ainsi, Guéhazi sort de la présence du prophète sous le jugement de Dieu ; de même plus tard, un pécheur plus grand encore sortirait de la présence du Seigneur dans la nuit et Ananias et Sapphira tomberaient morts sous le jugement du Saint Esprit.

 

15    La hache empruntée — 2 Rois 6, 1-7

15.1   [Un grand prophète ou apôtre sait s’impliquer dans les tâches les plus humbles]

Une fois encore l’histoire d’Élisée nous transporte des rois et des grands hommes à une humble scène domestique liée à la construction d’une habitation pour les fils des prophètes. Cet épisode révèle d’une manière très heureuse quelle était la vie simple et humble de cet homme de Dieu. Il est prêt à répondre aux difficultés des rois et de leurs armées et, au moment convenable, peut s’occuper d’abattre un arbre et de construire une maison. Avec l’aisance la plus naturelle, il peut s’occuper d’un grand de ce monde, et avec une aisance pareille, il sait aller avec les humbles fils des prophètes pour les aider dans leurs travaux. Tout grand prophète qu’il soit, il sait s’abaisser à de modestes tâches et marcher avec les petites gens.

Dans le même esprit, le grand apôtre de l’ère chrétienne peut porter les charges de l’Église et travailler à faire des tentes ; il peut sauver des centaines d’âmes d’un naufrage et aider à ramasser des branches pour faire du feu. Et ne pouvons-nous pas dire que ces deux grands serviteurs ne font que manifester l’esprit de Celui qui est plus grand encore, leur Seigneur et Maître qui, tout en soutenant l’univers, peut prendre un petit enfant dans ses bras et, bien qu’étant dans le sein du Père, peut entrer dans l’humble demeure d’un pêcheur ?

 

15.2   [Dieu le créateur peut changer les lois de la nature pour soulager la détresse]

En outre, dans les gestes banals de ces serviteurs, il apparaît clairement quelle puissance était à leur disposition. Contrairement à toute expérience, la bête venimeuse qui attaque l’apôtre alors qu’il ramasse des branches est rejetée dans le feu sans qu’il en souffre aucun mal. Et, contrairement à toutes les lois naturelles, le fer de la hache surnage. Ainsi les lois mêmes de la nature sont renversées, ou suspendues, afin de soulager la détresse de l’homme qui avait emprunté la hache. Dieu, le Créateur des lois qui régissent la création, peut changer ses lois afin de manifester la grâce qui permet à Pierre de marcher sur les eaux, aux jours du Seigneur, et au fer de surnager aux jours du prophète.

 

15.3   [Applications typiques du fer qui surnage sous l’effet d’un bois]

La manière même par laquelle le fer est amené à surnager rend manifeste la puissance de Dieu ; car quelle relation peut-on voir entre la cause et l’effet — entre le fait de jeter un morceau de bois dans le fleuve et celui du fer qui surnage ? Cette simple histoire ne cache-t-elle pas une leçon spirituelle plus profonde ? Nous voyons la puissance du fleuve vaincue par le morceau de bois jeté dans les eaux. Le Jourdain étant un type de la mort, cet incident frappant peut bien signifier la puissance de la mort vaincue par la croix et la Maison de Dieu édifiée par ce qui sort de la mort.

 

16    Les raids des Syriens — 2 Rois 6, 8-23

16.1   [Une grâce de Dieu en faveur de la nation coupable]

Après avoir fait usage de la grâce de Dieu pour soulager un homme dans la détresse, Élisée en devient maintenant l’instrument pour sauver une nation coupable. Le prophète, qui avait repris le roi d’Israël à cause de son incrédulité en relation avec la lettre du roi de Syrie, l’avertit maintenant des plans secrets par lesquels son ennemi cherche sa destruction. Ainsi la grâce de Dieu intervient pour le sauver, « non pas une fois, ni deux fois », par la main de quelqu’un qui sait comment reprendre et quand avertir.

 

16.2   [Toute une armée contre un seul homme de Dieu]

Le roi de Syrie, apprenant que ses plans sont déjoués, non pas par un traître mais par Élisée, envoie des chevaux et des chars, et de grandes forces, pour le prendre. Le fait qu’il envoie de grandes forces contre un seul homme prouve d’une manière frappante que les incrédules sont conscients de leur faiblesse et de leur misère en présence d’un homme soutenu par la puissance de Dieu. C’est ce qu’éprouva le méchant Achab autrefois, lorsqu’il envoya ses capitaines et leurs cinquantaines pour s’emparer d’un Élie solitaire ; comme ce fut aussi le cas plus tard, lorsque les Juifs envoyèrent une compagnie de soldats et d’hommes pour prendre le Seigneur de gloire. Le monde sait instinctivement qu’un homme seul, si Dieu est avec lui, est plus fort qu’une grande armée sans Dieu.

 

16.3   [La foi n’a pas de crainte, contrairement au serviteur qui en reste aux choses visibles]

À vue humaine, le cas d’Élisée semblait désespéré. Les Syriens avaient pris toutes leurs précautions. La grande armée avait pris bien garde de s’approcher de Dothan à la faveur de l’obscurité et avait réussi à environner la ville. Il semblait n’y avoir aucune issue pour le prophète. Aussi le serviteur d’Élisée, s’arrêtant aux choses visibles, s’exclame : « Hélas ! mon seigneur, comment ferons-nous ? »

Élisée apaise les craintes du jeune homme. Il dit : « Ne crains pas ; car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux. » Le jeune homme marche par la vue ; Élisée marche par la foi. Le prophète anticipe l’expérience de l’apôtre qui peut dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8:31).

 

16.4   [Élisée veut élever la foi de son serviteur]

Mais il ne suffit pas à Élisée de jouir pour lui-même de la paix que lui donne sa foi, il ne cherche pas seulement à tranquilliser son jeune homme. Il voudrait l’amener à son propre niveau spirituel. Conscient que Dieu seul peut accomplir cela, il prie l’Éternel d’ouvrir les yeux de son serviteur. Sa prière est exaucée : « L’Éternel ouvrit les yeux du jeune homme. » Élisée n’avait nul besoin quant à lui d’une telle intervention. Il avait déjà vu le char d’Israël et sa cavalerie escortant Élie lorsqu’il fut enlevé au ciel. La foi du prophète réalise que Dieu lui fournit le même cortège dans sa marche sur la terre. Le jeune homme a vu les chevaux et les chars et de grandes forces environnant la ville ; il voit maintenant la montagne « pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée ». L’armée syrienne peut encercler la ville, mais que peut-elle faire si la grande armée de Dieu est autour d’Élisée ? Paul peut être environné d’ennemis qui cherchent à le tuer, et être pris dans une tempête déchaînée prête à l’engloutir, mais quel mal peut l’atteindre si l’ange du Seigneur se tient près de lui (Actes 27, 23) ? Il se peut que l’armée rangée contre Élisée soit puissante, mais l’armée de Dieu est plus forte. « Les chars de Dieu sont par vingt mille, par milliers redoublés » (Ps. 68:17). Quel bienfait pour nous aussi de pouvoir poursuivre notre pèlerinage au travers d’un monde hostile dans l’heureuse assurance de la foi ! Nous avons avec nous Celui qui a dit : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » ; et nous sommes sous les soins providentiels de ces armées angéliques envoyées « pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut ».

 

16.5   [Le chemin d’Élisée comme celui de Christ : venu pour que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles, Jean 9:39]

En outre, il nous est accordé de voir qu’Élisée traite les ennemis de Dieu selon les voies de la grâce, tout en manifestant en même temps qu’ils sont entièrement en son pouvoir : d’une part l’Éternel ouvre les yeux du jeune homme, d’autre part il frappe de cécité les ennemis du prophète. Il en a été ainsi spirituellement lorsque le Seigneur était ici-bas, car il est venu « afin que ceux qui ne voient pas, voient ; et que ceux qui voient deviennent aveugles » (Jean 9, 39). Reconnaître qu’on est aveugle et se soumettre à Dieu est le chemin à suivre pour recouvrer la vue comme l’aveugle de l’évangile selon Jean en fit l’expérience.

 

16.6   [Les voies bénies de grâce, même envers les ennemis, mais cela n’est possible que pour l’instrument de la puissance divine ; l’homme naturel ne peut pas prendre ce risque]

Ces Syriens rendus aveugles sont complètement sous la puissance d’Élisée qui les conduit à Samarie. Puis quand leurs yeux sont ouverts, ils découvrent qu’ils sont captifs — emmenés captifs par l’homme même qu’ils avaient voulu prendre. Mais si Élisée a pour lui la puissance de Dieu, il est aussi le messager de la miséricorde de Dieu. Les Syriens réalisent que, en ce qui les concerne, leur cas est désespéré. Ceux qui avaient tout à l’heure encerclé la petite ville de Dothan sont maintenant pris dans la forteresse de leur ennemi. Lorsqu’il est ainsi évident que rien d’autre que la miséricorde ne peut les sauver de la destruction, ils en deviennent les objets. Non seulement ils sont épargnés, mais un « grand festin » est placé devant eux ; et après avoir mangé, ils sont renvoyés à leur maître. Ils sont amenés à réaliser que « ce sont les bontés de l’Éternel que nous ne sommes pas consumés » (Lament. 3, 22). Telles sont les voies bénies de la grâce de Dieu.

L’homme qui a, pour le protéger, une montagne pleine de chevaux et de chars de feu — qui est environné par la toute puissance de Dieu — peut se permettre d’user de miséricorde envers ceux qui sont totalement en son pouvoir. L’homme naturel, étranger à ces ressources de puissance, ne peut se risquer à manifester la grâce. Trouvant l’ennemi en son pouvoir, le roi voulait les frapper. Élisée, instrument de la puissance divine, ne peut pas ne pas faire connaître sa miséricorde ; et celle-ci à la mesure de celle-là. Si la puissance de Dieu assure une victoire complète sur « de grandes forces », la grâce de Dieu fera à l’ennemi défait un « grand festin ». Telles sont, nous le répétons une fois encore, les voies de grâce d’un grand Dieu.

 

17    Le siège de Samarie — 2 Rois 6, 24 à 7, 20

17.1   [Hostilité persistante de l’ennemi, profondeurs du mal où Israël est tombé, hauteur où la grâce peut s’élever]

Le récit de la grâce manifestée envers les envahisseurs syriens se termine par la déclaration : « Et les bandes des Syriens ne revinrent plus dans le pays d’Israël. » Néanmoins leur hostilité envers le peuple de Dieu subsistait. Ainsi nous lisons : « Et il arriva, après cela, que Ben-Hadad, roi de Syrie, rassembla toute son armée, et monta, et assiégea Samarie » — la ville même où une grâce si remarquable avait été déployée.

Le siège fait ressortir les profondeurs de mal dans lesquelles la nation était tombée et, en outre, manifeste par ce dernier service public d’Élisée, la hauteur à laquelle la grâce de Dieu peut s’élever.

 

17.2   [Famine jusqu’au cannibalisme selon Lév. 26 et Deut. 28]

Joram, le roi apostat, était déjà redevable à Élisée de lui avoir sauvé la vie et d’avoir préservé son armée de la destruction. Manifestement, cette grâce insigne n’avait produit aucun changement, ni chez le roi, ni chez le peuple. Maintenant, dans son gouvernement, Dieu permet à l’ennemi d’assiéger Samarie, ce qui amène « une grande famine » dans la ville. Dans la terrible extrémité à laquelle les habitants sont réduits, s’accomplit la prophétie solennelle prononcée plus de cinq cents ans auparavant. Moïse avait averti le peuple d’Israël que, s’ils se détournaient de Dieu, le temps viendrait où, assiégés par leurs ennemis, ils seraient réduits à une extrémité telle que des femmes tendres et délicates mangeraient en secret leurs jeunes enfants (Lév. 26, 21-29 ; Deut. 28, 49-57). Cette abomination était en train de se commettre.

 

17.3   [Ces horreurs ne font que révéler l’inimitié du cœur du roi. Rage contre Dieu et contre le prophète qui avait usé de tant de grâce. Élisée paisiblement assis chez lui, s’attend à l’Éternel]

Cet acte terrible, au lieu de ramener le roi vers Dieu, devient l’occasion de révéler l’inimitié de son cœur. À l’ouïe de cette horreur, le roi, dans son angoisse, déchire ses vêtements, découvrant qu’il « avait un sac sur sa chair, en dedans ». Ainsi, associée avec ses mauvaises voies, il y avait une profession de religion. Hélas ! les hommes dans leur détresse peuvent, comme Joram, avoir recours à quelque façade religieuse, mais ils ne se tournent pas vers Dieu. Le roi, malgré le sac sur sa chair, décharge sa rage contre Dieu sur la personne de l’homme de Dieu. Il dit : « Ainsi Dieu me fasse, et ainsi il y ajoute, si la tête d’Élisée, fils de Shaphath, demeure sur lui aujourd’hui ! » Face à cette nouvelle détresse, toutes les grâces passées sont oubliées et le roi désespéré menace la vie de l’homme de Dieu. Il jette le blâme sur la seule tête qui n’avait rien à voir avec le péché. Là-dessus il envoie un messager chez Élisée, où les anciens sont assemblés avec le prophète.

Élisée, prévenu manifestement par Dieu, dit : « Ce fils d’un meurtrier envoie pour m’ôter la tête. » Il leur commande de fermer la porte au messager du roi, car le bruit des pieds de son maître est après lui. Arrivé à la porte, le roi ose dire : « Voici, ce mal est de par l’Éternel ; pourquoi m’attendrais-je encore à l’Éternel ? »

La terrible condition de la nation et la méchanceté du roi sont ainsi complètement découvertes. Le peuple de Samarie se bat pour se procurer la tête d’un âne ou un peu de fiente de pigeon. Les femmes mangent leurs enfants ; le roi en fureur va et vient sur la muraille ; mais Élisée est paisiblement assis dans sa maison, s’attendant à l’Éternel. Puis arrive le messager, suivi par le roi qui accuse Dieu de tout le mal. Le roi dit en quelque sorte : « À quoi sert Élisée, assis dans sa maison à ne rien faire ? Il m’a délivré une fois de la mort, pourquoi n’agit-il pas maintenant ? Il déclare s’attendre à l’Éternel : à quoi cela sert-il ? Rien ne change. Je ne veux plus rien avoir à faire avec l’Éternel et j’ôterai la tête d’Élisée, son prophète. »

Ce fils d’un meurtrier, qui lui-même vient de jurer qu’il va commettre un meurtre, accuse l’Éternel d’être l’auteur de tout le mal qui est venu sur la ville coupable. Ainsi la culpabilité de la nation dans la personne de son roi est parvenue à son comble.

 

17.4   [Préfiguration du temps de la croix]

Est-ce que cette scène solennelle ne préfigure pas les heures encore plus solennelles de la croix, où la méchanceté du monde a atteint son point culminant dans la condamnation de Celui qui, seul de toute la race humaine, ne méritait aucune condamnation ? Toutefois si, dans le siège de Samarie, le péché de la nation se manifeste dans toute son horreur, c’est pour que la grâce de Dieu puisse se déployer dans toute sa plénitude. Là où le péché abonde, la grâce surabonde, préfigurant ainsi une nouvelle fois cette manifestation suprême de la grâce qui, s’élevant au-dessus de tout le péché de l’homme à la croix, prend occasion par celle-ci de proclamer le pardon et la bénédiction au monde entier.

 

17.5   [Élisée révèle la grâce du cœur de Dieu qui annonce une bénédiction sans mélange quand le péché a atteint son comble]

Et — après que le roi eut entièrement manifesté ses intentions — voici qu’Élisée, qui jusque-là était resté « assis dans sa maison », sort de son silence. Le temps voulu de Dieu était là. « Et Élisée dit : Écoutez la parole de l’Éternel. » Nous avons vu que ce que l’homme dit découvre le péché de son cœur ; maintenant nous allons entendre que ce que Dieu dit révèle la grâce du sien. Aussi nous lisons : « Ainsi dit l’Éternel : Demain à cette heure-ci, la mesure de fleur de farine sera à un sicle, et les deux mesures d’orge à un sicle, à la porte de Samarie. »

Dans ce message de grâce, il n’y a pas un mot sur les abominations qui s’étaient commises dans la ville — pas un mot sur la méchanceté insolente du roi. Il ne fait qu’annoncer la bénédiction, selon une grâce souveraine et sans mélange, à la cité même dans laquelle le péché avait atteint son comble ; car toute cette bénédiction serait vue « à la porte de Samarie ».

Ce message nous rappelle ainsi une fois encore cette proclamation universelle de la grâce qui envoie les apôtres prêcher la repentance et la rémission des péchés au nom de Christ à toutes les nations ; mais ce message doit commencer « par Jérusalem ». C’est à toutes les nations, car toutes sont coupables, mais cela commence dans la ville la plus enténébrée de la terre. Rien n’est dit de son horrible culpabilité, rien non plus de la haine insolente et blasphématoire des chefs, mais, selon une grâce souveraine et inconditionnelle, le pardon est proclamé au Nom de Jésus à la cité même qui L’a cloué à la croix.

 

17.6   [Ce que l’homme fait de la grâce de Dieu]

17.6.1    [Le capitaine, moqueur incrédule]

Ainsi la ruine de la nation avait été rendue manifeste et la grâce de Dieu avait été annoncée. Nous allons voir maintenant quel cas l’homme fait de la grâce de Dieu. D’abord le capitaine, sur la main duquel le roi s’appuyait, traite le message avec une moquerie incrédule, mais ce n’est que pour entendre son jugement : « Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas. » Il n’y a pas beaucoup de riches, pas beaucoup de grands de ce monde qui sont accessibles à la grâce.

 

17.6.2    [Les quatre lépreux. Les pécheurs qui croient ont part aux résultats de la victoire de Christ]

Ensuite, quatre hommes lépreux sont placés devant nous — des pécheurs convaincus, dirions‑nous. Ils réalisent, ce que le capitaine n’avait pas fait, que c’est ou la mort certaine ou la grâce de Dieu. L’armée syrienne est devant eux et la mort les entoure. Ils se lèvent et affrontent la mort, pour découvrir que, si leur état désespéré les a conduits dans le lieu de la mort, il les a conduits là où le Seigneur a remporté une éclatante victoire. Ils découvrent que le Seigneur les a précédés : « Le Seigneur avait fait entendre dans le camp des Syriens un bruit de chars et un bruit de chevaux, le bruit d’une grande armée. » Les chars et les chevaux qui avaient assisté Élie lors de son enlèvement, qui avaient entouré Élisée pour le protéger, exécutent maintenant sur les ennemis du Seigneur un juste jugement. Si la grâce doit être manifestée à des pécheurs coupables, l’ennemi doit d’abord être rencontré et vaincu dans un juste jugement.

Mais si l’ennemi doit être vaincu, ce doit être l’œuvre de Dieu. Personne n’était avec le Seigneur quand il a annulé la puissance de l’Ennemi. La ville est dans une situation désespérée et personne ne peut rien faire. Dieu fait tout ; et la ville, selon une grâce souveraine, a part à la bénédiction. Il n’y avait personne avec le Seigneur de gloire lorsqu’il est allé à la croix. Il était seul quand il a anticipé les terreurs du calvaire ; seul quand il a affronté l’Ennemi ; seul quand il a souffert sur la croix ; seul quand il a enduré l’abandon ; seul quand il a porté le jugement. Mais les pécheurs coupables qui croient ont part aux résultats de sa victoire. Et nous en avons ici l’image, car les lépreux « mangèrent et burent » et ils trouvèrent de l’argent et de l’or et des vêtements.

En outre, ils répandirent « les bonnes nouvelles ». Si « nous nous taisons... l’iniquité nous trouvera », disent-ils. Notre nature égoïste nous porte à nous taire, et nous en éprouvons alors une perte. Il se peut que nous ayons si faiblement goûté de la grâce de Dieu, et si peu compris combien nous avons été enrichis d’argent, d’or et de vêtements de source divine, que nos cœurs sont secs ; et, partant, nous nous taisons ; nous risquons alors de nous laisser attirer à nouveau par le monde et de faire venir du mal sur nous. Il est bon que, comme l’aveugle de l’évangile, nous déclarions le peu que nous connaissons ; non seulement alors nous gardons ce que nous avons, mais il nous est donné une lumière et une bénédiction nouvelles.

Ces quatre hommes font une confession hardie. Ils commencent par les portiers, d’humbles gens. Ceux-ci le rapportent dans la maison du roi, à l’intérieur ; et enfin les bonnes nouvelles parviennent aux oreilles du roi. Elles se répandent ainsi depuis les plus humbles jusqu’au plus grand.

 

17.6.3    [Le roi : esprit raisonneur qui manque du sentiment du besoin]

Le roi est un caractère très différent des lépreux, et présente un tout autre état d’âme. Il n’est pas indifférent, car il se lève de nuit. Il ne rejette pas non plus la bonne nouvelle comme le capitaine ; mais il ne la reçoit pas avec la simplicité des quatre lépreux. Il n’oppose pas une incrédulité effrontée, mais il raisonne. La foi est affaire de conscience et de cœur, non de raisonnement. La parole dit : « Si tu crois dans ton cœur. » Certains, comme les lépreux, croient avec empressement dans leur cœur ; d’autres, tel le roi, sont lents à croire. Derrière cette lenteur de cœur se cache un esprit raisonneur et un manque de sentiment du besoin. L’esprit raisonneur du roi dit : « Je veux vous dire ce que les Syriens nous ont fait. »

 

17.6.4    [Le serviteur sage. Pour le croyant, tous les ennemis trouvent leur fin dans la mort de Christ]

Cependant, comme dans le cas de Naaman il y eut quelques serviteurs avisés pour lui faire entendre raison, il y a dans ce cas aussi un serviteur sage prêt à répondre aux raisonnements du roi. Il va en faire justice en envoyant deux témoins : ceux-ci suivent les traces de l’ennemi « jusqu’au Jourdain ». Nous pouvons suivre tous nos ennemis jusqu’à la croix, pour là ne plus les avoir jamais. Dans la mort de Christ, tout ennemi a trouvé sa fin pour le croyant.

 

17.6.5    [La participation à la bénédiction est refusée au seul moqueur incrédule]

Ainsi les messagers reviennent et le roi lent de cœur participe à la bénédiction comme les lépreux simples de cœur et le peuple affamé de la ville. Le seul homme auquel elle est refusée est un moqueur incrédule — le capitaine sur la main duquel le roi s’appuyait. Dans la bousculade à la porte de la ville, il fut foulé aux pieds et mourut. Cela pourrait paraître un malencontreux accident, mais c’était le gouvernement de Dieu, et la parole du prophète s’accomplissait : « Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas. » Il en va de même aujourd’hui de ceux qui rejettent la grâce de Dieu. À de tels la parole dit : « Voyez, contempteurs, et étonnez-vous, et soyez anéantis » (Actes 13, 41).

 

18    Les sept années de famine — 2 Rois 8, 1-6

18.1   [L’Éternel révèle Ses secrets à Ses serviteurs les prophètes]

Le siège de Samarie avec toutes ses horreurs et la grâce de Dieu dans toute sa plénitude furent vite oubliés. Ni la misère endurée ni la grâce reçue n’ont tourné la nation vers l’Éternel son Dieu. Néanmoins Dieu n’abandonne pas son peuple. Il agit encore en sa faveur, même si c’est par le moyen du châtiment envoyé à cause de sa méchanceté. Aussi nous entendons Élisée dire : « L’Éternel a appelé la famine. » Il est non seulement révélé au prophète qu’une famine va venir, mais qu’elle est envoyée directement par l’Éternel, prouvant la vérité de cette parole : « Or le Seigneur, l’Éternel, ne fera rien, qu’il ne révèle son secret à ses serviteurs les prophètes » (Amos 3, 7).

En outre, il est révélé à Élisée que si Dieu châtie son peuple, il met aussi une limite à l’épreuve. La famine pèsera sur le pays pendant sept années. Il n’en va pas autrement dans l’histoire de l’Église ou des individus aujourd’hui. Nous lisons au sujet de l’assemblée à Smyrne : « Vous aurez une tribulation », mais elle est limitée à « dix jours ». De même s’il y a nécessité pour les enfants de Dieu individuellement de passer par diverses épreuves, elles ne dureront qu’« un peu de temps » (1 Pierre 1, 6).

 

18.2   [L’Éternel assure qu’Il prendra soin des Siens pendant les temps d’épreuve envoyés sur la nation]

Puis nous apprenons que si l’Éternel appelle une famine à cause du bas état de la nation, il prendra soin des fidèles pendant la durée de l’épreuve. Ainsi, une fois encore, nous voyons la grâce de Dieu envers la Sunamite. Cette femme pieuse, qui avait pris soin du prophète dans les jours de prospérité, est maintenant avertie et instruite par le prophète pour les jours d’adversité. Ses circonstances ont apparemment changé. Il semblerait qu’elle soit maintenant veuve, avec un fils unique. Il lui est dit de quitter le pays pendant les années de famine.

 

18.3   [L’ancien serviteur d’Élisée a gravi l’échelle sociale, mais les jours de contact avec l’homme de Dieu et l’action divine ne sont plus qu’un souvenir]

Au bout des sept années, elle revient au pays d’Israël et fait appel au roi pour recouvrer sa maison et ses champs. Le roi est en conversation avec Guéhazi, l’ancien serviteur de l’homme de Dieu. Ses circonstances ont apparemment changé aussi. Des années auparavant, il avait convoité « des oliviers et des vignes, et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes », et grâce à ses possessions, il a gravi l’échelle sociale jusqu’à être maintenant l’associé et le compagnon du roi. Le roi veut bien passer une heure à écouter « les grandes choses » qu’Élisée avait faites. Guéhazi est en compagnie des grands de ce monde, mais pour parler des « grandes choses », il lui faut obligatoirement retourner en pensée à d’autres jours où il était le compagnon de l’humble homme de Dieu. Les « grandes choses » qu’Élisée avait faites ne sont qu’un souvenir pour Guéhazi.

 

18.4   [Que vaut-il mieux ? être ami intime de l’Éternel ou ami intime d’un roi méchant, même si Dieu utilise ces derniers pour prendre soin des Siens ?]

Il se peut cependant qu’une œuvre de grâce ce soit faite dans le cœur de Guéhazi, conduisant ses pensées des richesses terrestres qu’il avait acquises aux bénédictions spirituelles qu’il avait perdues. Quoi qu’il en soit, il devient assurément devant le roi un témoin de la grâce de Dieu devant le roi, manifestée dans « les grandes choses qu’Élisée a faites ». En outre, l’Éternel se sert de lui pour rendre à la Sunamite sa maison et ses champs, comme auparavant il s’était servi d’Élisée pour avertir celle-ci de les abandonner. Mais combien la manière dont ces hommes sont employés diffère. L’Éternel se sert d’Élisée comme d’un ami qui vit dans son intimité, et connaît ses secrets. Guéhazi est employé comme l’ami intime d’un roi méchant. Élisée parle comme quelqu’un qui a l’intelligence de la pensée de l’Éternel. Guéhazi parle selon ce que les circonstances lui dictent. Car, tandis qu’il relate les souvenirs du temps passé au service d’Élisée, la femme et son fils qui avaient bénéficié de la plus grande des « grandes choses », paraissent devant le roi. L’Éternel se sert de cette coïncidence apparemment étrange pour rendre ses biens à la Sunamite.

 

18.5   [La Sunamite, image du Résidu pieux futur d’Israël]

Il n’en ira pas autrement dans un jour encore à venir du résidu pieux d’Israël, dont la veuve de Sunem est peut-être une figure. Comme cette femme qui avait connu la grâce de Dieu, le résidu pieux sera ramené sur le terrain de la grâce, sur la terre de son héritage, et recevra, dans l’abondance de la bénédiction, tout ce qu’il a perdu dans le temps de son exil du pays de ses pères.

 

18.6   [Pas de coïncidences due au hasard, mais toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu]

Il est remarquable de voir l’Éternel se servir d’hommes — que ce soient des prophètes, des serviteurs ou des rois — et derrière chaque circonstance et chaque coïncidence, faire travailler toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui l’aiment.

 

19    Le roi de Syrie — 2 Rois 8, 7-15

19.1   [Ben-Hadad insouciant de Dieu dans la prospérité ; se tourne vers Lui dans la calamité ; mieux vaut le contentement selon Dieu de l’apôtre Paul]

Le service d’Élisée ne se limite pas à Israël et à sa terre. Nous lisons qu’il « vint à Damas », et on le trouve parmi les Gentils. Ben-Hadad, roi de Syrie, est malade. Dans sa maladie, il reconnaît et honore l’homme de Dieu. Dans la prospérité, le roi avait envoyé une grande armée pour le prendre ; malade, il envoie un grand présent pour l’honorer. Quand tout va bien, il cherche à encercler Élisée pour le détruire ; quand il est malade, il cherche à se le concilier pour qu’il l’assiste. Poussé par le besoin, il reconnaît l’autorité du Dieu que jusque-là il avait méprisé. Tel est l’homme et tels sont nos cœurs. Le monde, lorsqu’il se trouve confronté avec quelque terrible calamité, veut bien d’une manière extérieure reconnaître Dieu et se tourner vers lui. Hélas ! même le croyant peut marcher avec insouciance sans s’occuper beaucoup de Dieu quand les choses vont bien, que les circonstances sont favorables et que la santé est bonne. Dans nos difficultés, nous devons nous tourner vers Dieu et nous faisons bien de le faire, et quel bonheur d’avoir un Dieu miséricordieux vers lequel se tourner ! Mais il vaut infiniment mieux, comme Hénoc autrefois, marcher avec Dieu et alors, comme l’apôtre, pouvoir dire : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé, je sais être dans l’abondance ; en toutes choses et à tous égards, je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations » (Phil. 4, 11, 12).

 

19.2   [Comprendre correctement le message d’Élisée : Ben-Hadad mourra, mais pas de sa maladie]

Élisée était manifestement quelqu’un qui marchait avec l’Éternel et recevait Ses communications. Aussi il peut dire, en réponse au messager : « Certainement tu en relèveras. » Il n’y avait rien de fatal dans cette maladie. Mais le prophète ajoute : « L’Éternel m’a montré qu’il mourra certainement. » Ainsi Élisée laisse entendre que Ben-Hadad va mourir, mais non de sa maladie.

 

19.3   [Pleurs de Élisée semblables à ceux du Seigneur Jésus sur Jérusalem]

En délivrant ce message, le prophète est visiblement affecté. Prévoyant toute la misère qui va s’abattre sur le peuple de Dieu, il pleure. Hazaël, complotant le meurtre de son maître, se sent mal à l’aise dans la présence de l’homme de Dieu. Sa conscience le reprend. Il demande : « Pourquoi mon seigneur pleure-t-il ? » La réponse d’Élisée montre clairement que ses larmes n’ont pas pour cause la maladie du roi, ni la méchanceté d’Hazaël, mais les souffrances que le peuple de Dieu va endurer de la part d’Hazaël. Élisée clôt son ministère public en pleurant sur un peuple qui restait insensible à tous ses miracles de grâce. Il préfigure ainsi son Maître, infiniment plus grand que lui, qui, dans les derniers jours de son ministère de grâce, pleura sur la ville qui avait rejeté sa grâce et méprisé son amour. Celui aussi qui pouvait dire aux femmes de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ; car voici, des jours viennent, dans lesquels on dira : Bienheureuses les stériles, et les ventres qui n’ont pas enfanté, et les mamelles qui n’ont pas nourri » (Luc 23, 28, 29).

Dans un même esprit, Élisée, connaissant la carrière future d’Hazaël, prédit les profondeurs de mal et de cruauté dans lesquelles il tombera. « Je sais », dit le prophète, « le mal que tu feras aux fils d’Israël : tu mettras le feu à leurs villes fortes, et tu tueras avec l’épée leurs jeunes hommes, et tu écraseras leurs petits enfants, et tu fendras le ventre à leurs femmes enceintes ».

 

19.4   [Hazaël se défend d’être cruel et insensible, mais quand les circonstances font sauter les barrières, il n’hésite pas à usurper le trône par un meurtre, et à couvrir l’affaire par un mensonge]

Hazaël se récrie, disant qu’il n’est pas un chien pour agir avec tant d’insensibilité et de brutalité. Sa protestation est sans doute absolument sincère. De tels actes étaient peut-être pour l’heure entièrement étrangers à ses pensées et odieux à ses yeux. Il ne connaissait pas son propre cœur. Il ne savait pas que le cœur est trompeur par-dessus tout et incurable. Comme nous-mêmes trop souvent, il ne réalisait guère l’abîme de méchanceté et de cruauté du cœur que retiennent bien des barrières jusqu’à ce que, enflammé soudain par des circonstances qui suscitent l’occasion, il se révèle dans toute son horreur. Au lieu de demander : « Qu’est ton serviteur, un chien ? » Hazaël aurait beaucoup mieux fait (comme nous aussi ferions mieux) de se placer sur le terrain de la femme syrophénicienne qui reconnut qu’elle était en fait un chien, pour découvrir alors seulement qu’il y a, même pour un chien, de la grâce dans le cœur de Dieu (Marc 7, 24-30).

Dans l’histoire d’Hazaël, les circonstances du moment étaient mûres pour manifester la méchanceté de son cœur. Ainsi Élisée répond seulement : « L’Éternel m’a montré que tu seras roi sur la Syrie. » Sans un mot de plus, Hazaël « s’en alla d’avec Élisée, et vint vers son maître ». Il fait l’hypocrite devant le roi, délivrant une partie du message d’Élisée, mais cachant le fait qu’il mourrait certainement. L’occasion était là pour ce meurtrier. Comme premier ministre, il avait accès auprès du roi, et la maladie offrait une occasion favorable à un homme sans scrupule pour usurper le trône. La perspective d’exercer un pouvoir discrétionnaire, comme monarque régnant, avait une attraction tellement irrésistible sur Hazaël, qu’il était prêt à envisager même un meurtre pour parvenir à ses fins. La maladie et la faiblesse du roi rendaient le forfait si facile. La maladie serait un moyen bien simple de couvrir le meurtre. Tous savaient que le roi était malade, et celui-ci avait envoyé un premier ministre vers le prophète pour demander s’il allait mourir. Personne n’avait besoin de savoir ce qu’Élisée avait dit à Hazaël. Quoi de plus facile que de prendre une épaisse couverture, de la plonger dans l’eau et d’étouffer le roi sans défense, déjà affaibli par la maladie et ensuite de répandre partout la nouvelle que la maladie avait eu une issue fatale !

C’est ce qui se passa ; le premier ministre devint un meurtrier, et le meurtrier un usurpateur du trône. L’homme qui acquiert un trône par le meurtre n’hésitera pas à maintenir ce trône par la violence et la cruauté. Comme Élisée le prévoit, Hazaël mettra le pays du peuple de Dieu à feu et à sang.

 

20    L’onction de Jéhu — 2 Rois 9

20.1   [Les miracles n’ont pas produit d’effet. Il fait oindre Jéhu par autrui en montrant bien qu’il n’a pas de communion avec lui]

Les grands miracles d’Élisée — témoignages de la grâce de Dieu envers une nation coupable — ont tous été vains. Israël refuse de se tourner des idoles vers le Dieu vivant. Le prophète peut pleurer sur les malheurs qui vont venir sur la nation, il peut prédire les misères qui s’ensuivront, être employé pour désigner les instruments qui exécuteront le jugement, mais, bien qu’il atteigne un âge avancé, nous n’entendons plus parler de miracles.

Ainsi Élisée envoie un des fils des prophètes pour oindre Jéhu roi, selon la parole de l’Éternel. Le jeune homme doit exécuter sa mission d’une manière qui montrera clairement qu’Élisée n’a rien de commun avec Jéhu, car une fois son message délivré, il doit ouvrir la porte et s’enfuir sans attendre.

Le jeune homme avait deux déclarations à faire à Jéhu ; d’abord que l’Éternel l’avait oint « roi sur le peuple de l’Éternel, sur Israël ». Ensuite, qu’il devait frapper la maison d’Achab et venger ainsi le sang des serviteurs et des prophètes de l’Éternel, répandu par la méchante Jézabel.

 

20.2   [Jéhu est très zélé pour s’occuper du mal quand cela sert ses ambitions, mais est tout à fait indifférent quand ça l’arrange. Il châtie impitoyablement la maison d’Achab, mais laisse impunie la maison de Jéroboam. Il abolit le culte de Baal, mais conserve les veaux d’or]

Parvenir à la royauté correspondait tout à fait aux ambitions de Jéhu. Frapper la maison d’Achab lui apparaissait judicieux pour établir son trône.

Aussi il exécute les directives de l’Éternel avec toute l’énergie et le zèle possibles. Mais ses motifs n’étaient pas ceux de Dieu. Dieu s’occupait du mal, vengeant le sang de ses serviteurs et maintenant sa propre gloire. Jéhu se débarrassait de tous ceux qui pourraient s’opposer à ses ambitions. Il est très zélé pour s’occuper du mal lorsque cela sert son propre dessein, mais tout à fait indifférent lorsqu’il estime qu’il est avisé de fermer les yeux. Ainsi il tire impitoyablement vengeance des péchés de la maison d’Achab, mais laisse impunis ceux de la maison de Jéroboam. Il abolit le culte de Baal, mais il conserve les veaux d’or. Sa main était prête à prendre l’épée contre les ennemis de l’Éternel lorsque cela servait ses propres fins ; son cœur était totalement indifférent à la loi de l’Éternel. Ainsi nous lisons : « Mais Jéhu ne prit pas garde à marcher de tout son cœur dans la loi de l’Éternel, le Dieu d’Israël » (10, 31).

 

20.3   [Dieu se sert de Jéhu, mais n’est pas indifférent aux motifs mélangés qui le poussaient]

Dieu, dans son juste jugement, tout en se servant de Jéhu pour s’occuper de la méchante maison d’Achab, n’est pas indifférent aux motifs mélangés qui poussaient Jéhu, et au fait qu’en exécutant la vengeance de l’Éternel, il se laissait simplement aller aux penchants de son cœur cruel pour parvenir à ses propres fins. Si Dieu doit agir en jugement, c’est son œuvre étrange. Si Jéhu entreprend de s’occuper du mal, c’est une tâche selon son cœur. C’est ainsi que, si Dieu se sert de lui pour exécuter le jugement sur Jizreël, il dit toutefois par le prophète Osée : « Je visiterai le sang de Jizreël sur la maison de Jéhu, et je ferai cesser le royaume de la maison d’Israël » (Osée 1, 4).

 

21    La mort d’Élisée — 2 Rois 13, 14-25

21.1   [Ceux qui ignoraient Élisée (Jéhu, Joakhaz)]

Élisée, sur le commandement de l’Éternel, avait envoyé un jeune homme pour oindre Jéhu roi. Sa mission accomplie, il devait fuir et ne pas attendre. Le prophète montrait clairement par là qu’entre lui et cet homme violent et sans principes, il n’y avait rien de commun. Jéhu, de son côté, tout en étant prêt à exécuter des instructions qui s’accordaient avec ses ambitions, n’avait aucune considération pour l’homme de Dieu. Ainsi, pendant son règne, et celui de son fils, le prophète est totalement ignoré : durant quarante-cinq ans, nous n’entendons pas parler d’Élisée.

Pendant ces années, les rois et le peuple s’écartent de l’Éternel et suivent une voie mauvaise. Jéhu ne prit pas garde à marcher dans la loi de l’Éternel ; il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam. Son fils, Joakhaz, fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. En conséquence, la colère de l’Éternel s’embrasa contre Israël et ils furent livrés entre les mains de leurs ennemis (2 Rois 10, 31-33 ; 13, 1-3).

 

21.2   [Pleurs de Joas]

Au cours du règne de Joas, son successeur, la longue vie d’Élisée arriva à son terme. Joas, tout méchant qu’il fût, savait apprécier la piété chez les autres. Il sentait sans doute que la présence d’Élisée dans le pays était une puissance de bien réelle. Aussi fut-il sincèrement troublé à l’approche de la mort du prophète. Le roi pleure au lit de mort d’Élisée et semble réaliser que les chars d’Israël et leur cavalerie qui avaient enlevé Élie aux cieux, attendaient maintenant Élisée parvenu à ses derniers moments.

 

21.3   [Une leçon au sujet de la puissance de la grâce. Manque de foi pour la comprendre]

Joas, comme son père et son grand-père, avait négligé le prophète de son vivant ; et pourtant, quand enfin il le visite, il découvre, même à l’heure où le prophète va mourir, qu’il y a chez lui de la part de l’Éternel la puissance de la grâce pour délivrer. Le roi est invité à prendre un arc et des flèches et à mettre sa main sur l’arc. Puis Élisée met ses mains sur les mains du roi et lui commande de tirer. Il donne par cela à comprendre que la main du roi, fortifiée par celle du représentant de l’Éternel, le délivrerait de ses ennemis.

Le roi n’est-il pas ainsi amené à saisir quelle perte il a faite en oubliant l’homme de Dieu ? S’il s’était seulement tourné plus tôt vers le prophète, n’aurait-il pas eu la puissance et la grâce de Dieu avec lui pour le délivrer de tous ses ennemis ? A-t-il même alors appris la leçon ? Élisée va le mettre à l’épreuve. Le prophète paraît dire : « Je t’ai montré ce que veut dire cette flèche — qu’elle signifie une victoire sur tes ennemis ; prends maintenant des flèches et frappe contre terre. »

Hélas ! La foi du roi ne s’élève pas jusqu’aux ressources de Dieu. Il frappa trois fois et s’arrêta. Si sa foi avait été plus simple, n’aurait-il pas vidé son carquois ? Il disposait de la puissance pour une destruction complète de l’ennemi ; il n’avait ni la foi ni le discernement spirituel pour en faire usage. Combien souvent, comme lui, nous sommes amenés dans des circonstances où seules la foi et la spiritualité sauront agir ! Hélas ! trop souvent de telles circonstances révèlent notre bas état.

Élisée reprend le roi pour son manque de foi, tout en lui disant que la grâce de l’Éternel s’exercera trois fois en sa faveur. Ainsi la dernière parole de ce serviteur honoré de l’Éternel annonce la délivrance miséricordieuse et est en accord avec le ministère de grâce qui avait caractérisé sa longue carrière.

Il semblerait, par l’allusion au « char d’Israël et sa cavalerie », que le roi Joas supposait qu’Élisée serait enlevé aux cieux de la même manière qu’Élie. Mais quand nous arrivons au récit de sa fin, nous n’y avons point de déploiement extérieur de puissance surnaturelle. Dans un contraste frappant avec la fin du sentier d’Élie, nous avons la simple déclaration : « Élisée mourut, et on l’enterra. »

 

21.4   [Dieu honore son serviteur par le plus grand de tous les miracles de grâce : tirer la vie de la mort]

Néanmoins Dieu honorera son serviteur dévoué à sa manière et en son temps. Dieu a fait un grand honneur à Moïse en l’enterrant dans un sépulcre inconnu de tous. Mais c’en est peut-être un plus grand qui fut réservé à Élisée, car, en accord avec son ministère de grâce, Dieu se servit de sa mort pour illustrer le plus grand de tous les miracles de grâce : tirer la vie de la mort. Ainsi au commencement de l’année suivante, un homme est enterré dans le sépulcre d’Élisée et nous lisons que, touchant les os d’Élisée, « il reprit vie, et se leva sur ses pieds ».

« S’il livre son âme en sacrifice pour le péché, il verra une semence », est-il écrit (És. 53:10) de Celui duquel Élisée n’était qu’un type. Lorsque le Seigneur Jésus entre dans la mort, il s’acquiert une semence. « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24). Ce grand mystère n’est-il pas préfiguré dans cette belle scène ? L’ennemi tenait le peuple de Dieu en esclavage, la mort était sur eux, et la seule chose que l’homme pouvait faire était d’enterrer ses morts. Mais lorsque le mort entre en contact avec celui qui, en type, était entré dans la mort en grâce — celui qui, pourrions-nous dire, avait refusé d’être introduit dans la gloire par les chars et la cavalerie, et avait choisi le chemin du tombeau — il y a, comme résultat glorieux, la vie et la résurrection. L’homme reprit vie et se leva sur ses pieds. Et outre la vie tirée de la mort, il y a délivrance de l’ennemi ; car nous lisons que l’Éternel usa de grâce envers son peuple et « eut compassion d’eux, et se tourna vers eux, à cause de son alliance avec Abraham, Isaac, et Jacob ; et il ne voulut pas les détruire, et il ne les rejeta pas de devant sa face ».

 

21.5   [Résumé de la vie d’Élisée : faire connaître la grâce de Dieu]

C’est ainsi que se termine l’histoire merveilleuse de cet homme de Dieu, qui eut le grand privilège d’être un messager de la grâce de Dieu au milieu d’une nation apostate et devant un monde mauvais.

Tel un étranger céleste, il a passé son chemin, séparé moralement de tous, mais serviteur de tous en grâce, accessible tant aux riches qu’aux pauvres. On le trouve dans toutes les situations ; il entre en contact avec toutes les classes des hommes ; son service s’accomplit parfois dans les limites de la terre d’Israël et parfois au-delà de ses frontières. Mais, où qu’il soit, dans quelque circonstance qu’il se trouve, avec qui que ce soit qu’il ait à faire, son seul et unique but est de faire connaître la grâce de Dieu.

Parfois on se moque de lui ; parfois il est ignoré et oublié, parfois les hommes complotent contre sa vie ; mais, malgré toutes les oppositions, il poursuit son service d’amour, ôtant la malédiction, préservant la vie des rois, nourrissant les affamés, aidant les nécessiteux, guérissant les lépreux et ressuscitant les morts.

Il n’admet rien dans ses voies et son mode de vie qui soit incompatible avec son ministère de grâce. Il refuse les richesses de ce monde et les présents des hommes, acceptant d’être pauvre pour que d’autres soient enrichis.

 

21.6   [Élisée type de Christ — et modèle pour nous comme messager de la grâce]

Tout ceci le rend propre à être un type de Celui, beaucoup plus grand que lui, par qui la grâce et la vérité vinrent dans ce monde, qui habita au milieu de nous, plein de grâce et de vérité ; qui vécut dans la pauvreté afin que nous soyons enrichis ; qui endura la contradiction des pécheurs et qui enfin donna sa vie afin que la grâce règne par la justice.

En outre, si Élisée est un type du Christ qui devait venir, il est aussi un modèle pour tout croyant, nous enseignant qu’au milieu de toutes les circonstances de la vie, nous devrions être, en face des besoins des hommes, les messagers de la grâce qui nous a cherchés dans toute notre déchéance pour nous placer enfin avec l’Homme dans la gloire et nous rendre semblables à Lui, là où nous serons pour toujours à la louange de la gloire de sa grâce.