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Le temps de Samuel le Prophète — 1 Samuel 1 à 7

Hamilton Smith

 

Extrait du magazine « Scripture Truth », Vol. 21 & 22, 1929 & 1930

Table des matières abrégée : (Table détaillée)

1        [Situation générale, état du peuple]

2        [Sommaire des ch. 1 à 7]

3        Le propos de Dieu — 1 Sam. 1 à 2:10

4        La faillite du sacrificateur — 1 Sam. 2:11-36

5        L’établissement du prophète — Ch. 3

6        Le jugement du peuple — Ch. 4

7        Le maintien de la gloire de Dieu — Ch. 5 à 6

8        La restauration du peuple — Ch. 7

 

 

Table des matières détaillée :

1        [Situation générale, état du peuple]

2        [Sommaire des ch. 1 à 7]

3        Le propos de Dieu — 1 Sam. 1 à 2:10

3.1      [Les personnages en jeu]

3.2      [Sacrificateur, Prophète et Roi]

3.3      [Histoire d’Anne ou comment Dieu accomplit Ses desseins de grâce]

4        La faillite du sacrificateur — 1 Sam. 2:11-36

4.1      [Terrible corruption des chefs religieux]

4.2      [Dieu donne des raisons d’espérer]

4.3      [L’enfant, enfants : Dieu se sert de témoins petits, sans importance]

4.4      [Dieu maintient un témoignage en un jour de ruine, et le prépare à l’avance]

4.5      [La responsabilité spéciale d’Éli par rapport à la culpabilité de ses fils]

4.6      [La faillite de la sacrificature devient l’occasion d’un grand changement dans les voies de Dieu]

5        L’établissement du prophète — Ch. 3

5.1      [Dieu agit en grâce malgré l’état du peuple]

5.2      [Rôle et caractère du prophète]

5.3      [Le contenu des messages. Importance d’agir contre le mal]

5.4      [Fidélité du jeune prophète]

6        Le jugement du peuple — Ch. 4

6.1      [L’état profond du peuple]

6.2      [Aveuglement du peuple et de leurs anciens]

6.3      [La présence de l’arche, source de crainte pour les Philistins et de fausse sécurité pour Israël]

6.4      [Le résidu pieux est d’abord sensible à la gloire de l’Éternel]

7        Le maintien de la gloire de Dieu — Ch. 5 à 6

7.1      [La gloire de Dieu face à l’idole]

7.2      [La gloire de Dieu face aux idolâtres]

7.3      [Le retour de l’arche parmi le peuple de Dieu]

8        La restauration du peuple — Ch. 7

8.1      [Conditions du retour]

8.1.1        [Le peuple ressent le besoin, mais la restauration est initiée par l’Éternel et Samuel]

8.1.2        Premièrement, la séparation.

8.1.3        Deuxièmement, la préparation.

8.1.4        Troisièmement, le dévouement.

8.1.5        [Un retour vrai]

8.2      [Mitspa : veiller, reprendre sa vraie place devant l’Éternel]

8.3      [Nouvelle opposition des Philistins]

8.4      [Le circuit annuel de Samuel]

8.4.1        [Béthel – la maison de Dieu]

8.4.2        [De Béthel à Guilgal]

8.4.3        [De Guilgal à Mitspa]

8.4.4        [Rama]

 

1        [Situation générale, état du peuple]

Historiquement, le premier livre de Samuel est la continuation du livre des Juges. Nous y trouvons l’histoire d’un peuple dont le cours ne cessait de décliner, malgré des réveils ponctuels. Le livre se termine par cette déclaration solennelle : « En ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël ; chacun faisait ce qui était bon à ses yeux ». Israël avait perdu le sentiment que Dieu était leur Roi ; en conséquence, ils avaient cessé d’être un peuple uni. Ils s’étaient fractionnés en de simples unités indépendantes, chacune faisant sa propre volonté et marchant par la vue plutôt que par la foi en Dieu.

Il n’en va pas autrement du peuple de Dieu aujourd’hui. La même cause produit le même effet. Faute de tenir ferme la Tête dans le ciel, les enfants de Dieu ne maintiennent pas l’unité et la communion entre eux sur la terre. La communion étant perdue, ils tombent dans l’individualisme, chacun marchant selon sa propre volonté, indépendamment des autres.

Les premiers chapitres de 1 Samuel (1 à 7) dépeignent l’une des périodes les plus sombres de l’histoire d’Israël. Le déclin du livre des Juges s’était poursuivi jusqu’à ce que l’état de la nation soit non seulement mauvais, mais désespéré. Leur iniquité était telle qu’il devenait impossible pour Dieu de maintenir Ses liens extérieurs avec Israël sans sanctionner leur péché ou entacher sa gloire. Le peuple entrait ainsi dans cette phase solennelle de leur histoire où Dieu retira le symbole de Sa présence, et où toute relation extérieure avec Dieu prit fin.

Il y a cependant un autre côté à ce sombre tableau. Si nous voyons la faillite complète du peuple de Dieu quant à sa responsabilité, nous avons aussi le privilège de voir la grâce souveraine de Dieu. Si le récit sonde les profondeurs du péché de l’homme, il nous élève aussi à la hauteur de la grâce de Dieu. Nous apprenons ainsi, une fois de plus, que là où le péché abonde, la grâce surabonde.

Au début de l’histoire, les signes inquiétants de la tempête à venir ne manquent pas ; au fur et à mesure que l’histoire avance, les ténèbres s’approfondissent. Mais dans l’obscurité croissante, nous apercevons la vérité contenue dans ce verset : « Il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaitra dans la nuée » (Gen. 9:14).

 

2        [Sommaire des ch. 1 à 7]

Nous pouvons donc dire brièvement que les sept premiers chapitres du premier livre de Samuel présentent la faillite totale du peuple de Dieu quant à sa responsabilité, et le triomphe ultime de la grâce de Dieu dans sa souveraineté.

Cette section du livre peut être divisée ainsi :

(1) Chap. 1 à 2:10. La grâce souveraine de Dieu agissant, malgré la faiblesse de la nature et la faillite de l’homme, pour accomplir Son propos arrêté de maintenir Sa propre gloire et d’assurer la bénédiction de Son peuple, sous le règne de Christ comme Roi.

(2) Chap. 2:11-36. La faillite du peuple de Dieu quant à sa responsabilité, à travers l’effondrement du sacrificateur, et l’annonce du jugement à venir.

(3) Chap. 3. L’apogée du mal avec, comme conséquence, la mise de côté du sacrificateur, et l’établissement du prophète.

(4) Chap. 4. Le jugement gouvernemental tombant sur le peuple de Dieu, par quoi il est asservi à ses ennemis ; le signe extérieur de la présence de Dieu est retiré.

(5) Chap. 5 à 6. Dieu agissant pour défendre Sa sainteté et maintenir la majesté de Son Nom, au jour où le peuple de Dieu a cessé d’être un témoin public pour Lui.

(6) Chap. 7. Dieu, dans Sa grâce souveraine, restaure Son peuple et renouvelle Ses relations avec eux par l’intermédiaire du prophète.

 

3        Le propos de Dieu — 1 Sam. 1 à 2:10

3.1        [Les personnages en jeu]

Dans cette partie qui ouvre le premier livre de Samuel, nous avons une heureuse anticipation de ce que Paul dit : « la puissance de Dieu, qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus » (2 Tim. 1:8-9). À la fin du cantique d’Anne, nous atteignons le but ultime de Dieu qui est d’établir la bénédiction sous Christ comme Roi. L’histoire de la naissance de Samuel montre la grâce de Dieu à l’œuvre pour réaliser son dessein, malgré la faiblesse et la faillite de l’homme ; ce n’est donc pas selon nos œuvres.

Nous apprenons, en outre, que la grâce prévoit chaque crise qui survient parmi le peuple de Dieu. Non seulement elle les surmonte, mais elle y pourvoit sagement avant qu’elles arrivent.

Le début de l’histoire présente un Lévite craignant Dieu, qui a deux femmes dont l’une est stérile. La femme stérile pleure sur son état devant l’Éternel et est persécutée par l’autre. Elkana monte chaque année pour adorer et sacrifier devant l’Éternel à Silo. Hophni et Phinées, deux hommes méchants (2:12), y officient comme sacrificateurs de l’Éternel. Éli, le grand sacrificateur, homme pieux, se présente à nous comme un vieillard affaibli, assis près d’un poteau du temple (1:9) et prenant les exercices d’une âme pieuse pour les bégaiements d’une femme ivre (1:13). Être assis, là où Dieu n’avait pas prévu de siège, indique un manque d’énergie spirituelle, et son erreur à l’égard d’Anne, un manque de discernement spirituel.

Nous avons donc devant nous une femme stérile, une femme persécutrice, deux sacrificateurs sans valeur, et un grand sacrificateur, vieillard faible et défaillant. Dans une telle situation, nous voyons la grâce souveraine de Dieu ignorer la force naturelle de la femme féconde, agir à travers la faiblesse naturelle de la femme stérile, et surabonder par-dessus le péché de l’homme chez les sacrificateurs. Dans le fils donné à Anne, nous voyons la provision de la grâce de Dieu qui prend des dispositions pour renouveler Ses relations avec Son peuple au jour de leur effondrement prochain.

 

3.2        [Sacrificateur, Prophète et Roi]

Les trois grandes fonctions par lesquelles les relations entre Dieu et l’homme sont maintenues sont celles de sacrificateur, de prophète et de roi.

●         LE SACRIFICATEUR maintient des relations avec Dieu en s’approchant de Dieu de la part du peuple ; mais il ne peut le faire que s’il y a, en association avec lui, l’Arche de l’Alliance et le sacrifice – l’Arche signifiant la présence de l’Éternel, et le sacrifice le moyen pour s’approcher.

●         LE PROPHÈTE renouvelle des relations avec Dieu en faisant appel à la conscience et au cœur du peuple par un message de la part de Dieu. Lorsque le sacrificateur fait défaut et que le peuple cesse de s’approcher de Dieu par la sacrificature, Dieu, dans Sa grâce souveraine, s’approche du peuple par le prophète.

●         LE ROI maintient des relations entre le peuple et Dieu en gouvernant et en dirigeant le peuple sous l’autorité de Dieu ; lorsque le roi est établi, Dieu ne gouverne et ne dirige plus directement, mais Il le fait par l’intermédiaire du roi, et la bénédiction du peuple dépend de la fidélité personnelle du roi envers Dieu.

 

Le premier livre de Samuel rapporte la faillite du sacrificateur, du prophète et du roi choisi par l’homme, laissant place à la grâce souveraine de Dieu pour amener l’homme à la bénédiction en établissant Son oint – Christ – comme Roi, dont David est un type. Ainsi, il sera enfin manifeste pour l’univers entier que toute bénédiction pour Israël et les nations, dépendra de la fidélité de Christ en tant que Roi. L’homme sera béni, mais toute la gloire de la bénédiction reposera sur Christ. La gloire de Christ est la finalité du propos de Dieu.

 

3.3        [Histoire d’Anne ou comment Dieu accomplit Ses desseins de grâce]

En outre, l’histoire d’Anne n’expose pas seulement les grands principes par lesquels Dieu accomplit Ses desseins de grâce, mais elle donne une riche instruction morale à tout enfant de Dieu éprouvé et affligé. Quel contraste frappant entre une Anne qui ne pouvait pas manger et qui pleurait amèrement (v. 7), et une Anne qui « s’en alla son chemin ; et elle mangea, et elle n’eut plus le même visage » (v. 18). D’où venait la différence ? Est-ce que ses circonstances avaient changé ou ce qui l’attristait avait-il disparu ? Pas du tout, elle était toujours stérile. Le secret de ce changement se trouve dans le fait qu’elle avait répandu son âme devant l’Éternel. La persécution de son adversaire, son tourment d’esprit, l’amertume de son âme, elle avait tout déversé avec ses pleurs devant l’Éternel. Après avoir répandu sa peine, la parole vint à elle : « Va en paix ». Elle répand sa peine et Dieu répand sa paix, illustration frappante de l’exhortation : « Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4:6-7).

Que de fois nous portons nos peines au lieu de les décharger devant Celui qui est venu dans ce monde de pleurs, pour porter nos langueurs et se charger de nos douleurs ! Avons-nous une douleur secrète, un adversaire qui nous provoque (v. 6), quelque chose ou quelqu’un qui nous tourmente (v. 6), quelque chose qui nous afflige (v. 8), qui remplit l’âme d’amertume et les yeux de larmes (v. 10) ? Alors, répandons nos âmes devant le Seigneur, et Il répandra Sa paix. Et un cœur joyeux rendra le visage joyeux, comme Anne : « elle n’eut plus le même visage ». Un cœur paisible et rempli de la joie du Seigneur, est un cœur qui adore ; c’est pourquoi Anne « se prosterna devant l’Éternel » (v. 19).

Une fois qu’elle a appris que l’Éternel peut la soutenir dans ses circonstances, et faire d’elle une adoratrice malgré celles-ci, la miséricorde de l’Éternel change sa situation en accédant à sa demande. Elle avait dit dans sa prière : « Éternel des armées... souviens-toi de moi » (v. 11) ; il est dit maintenant : « l’Éternel se souvint d’elle » (v. 19). Elle obtient un fils, l’enfant-mâle qu’elle avait demandé ; mais elle rend à l’Éternel l’enfant qu’Il lui a accordé. « J’ai prié pour cet enfant, et l’Éternel m’a accordé la demande que je lui ai faite. Et aussi, moi je l’ai prêté à l’Éternel ; pour tous les jours de sa vie, il est prêté à l’Éternel ».

Le don de l’enfant suscite tout naturellement l’action de grâce d’Anne (2:1-10). Elle avait épanché son âme en prière pour avoir un fils ; maintenant que sa demande est exaucée, elle n’oublie pas de répandre son cœur en louange, car elle commence ainsi sa seconde prière : « Mon cœur s’égaie en l’Éternel » (v. 1).

Elle reconnait que toute bénédiction dépend de Dieu, et commence à juste titre par célébrer Ses gloires. Dieu est saint – « Nul n’est saint comme l’Éternel ». Dieu est omnipotent – « Il n’y en a point d’autre que Toi ». Dieu est éternel – « et il n’y a pas de rocher comme notre Dieu ». Dieu est omniscient – « L’Éternel est un Dieu de connaissance » (v. 2, 3).

Puis elle célèbre la grâce souveraine de Dieu qui béni et relève ceux qui sont faibles, nécessiteux ou sans fruit – ceux qui « chancelaient », qui étaient « affamés » ou étaient « stériles ». Dieu met de côté les sages, les puissants et les nobles, et prend les humbles et les méprisés du monde afin que nulle chair ne se glorifie devant Lui (v. 4, 5).

En outre, Dieu a sa propre façon d’agir envers nous pour nous faire prendre conscience de nos besoins. Il produit la mort dans l’âme afin de la vivifier. Il nous fait côtoyer la tombe pour que nous ayons conscience de notre impuissance totale. Il nous ôte tout ce en quoi nous nous confiions, nous rendant ainsi pauvres pour nous enrichir. Il nous abaisse quant à nos pensées sur nous-mêmes, afin de nous élever (v. 6, 7).

Après nous avoir montré notre néant, il nous dévoile Sa plénitude – le propos de Son cœur. Non seulement Il répond à nos besoins, mais Il change notre condition – le misérable devient un noble. De plus, Il nous donne une nouvelle position adaptée à cette nouvelle condition. De la « poussière » et du « fumier », nous passons au « trône de gloire ». Dans toutes ces voies bénies, Il agit souverainement. Celui à qui appartiennent les piliers de la terre, et qui a placé le monde sur eux, se plait à placer une pauvre âme misérable parmi les nobles sur un trône de gloire (v. 8).

De plus, non seulement le peuple de Dieu a un héritage glorieux devant lui, mais il est gardé par la puissance de Dieu pour cet héritage. « Il garde les pieds de ses saints ». Ils ne peuvent tenir contre « les méchants » et « ceux qui contestent contre l’Éternel », par leur propre puissance, car « l’homme ne prévaut pas par sa force ». Sous la protection de l’Éternel, ils n’ont rien à craindre, car il fera taire les méchants et brisera ses adversaires (v. 9, 10 ; cf. 1 Pi. 1:3-5).

Enfin, la prière d’Anne nous révèle le but ultime de Dieu, qui est d’établir Christ comme Roi et de glorifier Son Oint. Ainsi, la révélation du propos de Dieu, nous transporte au temps glorieux où le peuple de Dieu sera béni, où tout ennemi sera détruit et où les extrémités de la terre seront placées sous l’empire béni de Christ comme Roi.

Le dernier verset du livre des Juges nous disait qu’il n’y avait pas de roi en Israël. Maintenant, par la révélation faite à une femme, nous apprenons le propos arrêté du cœur de Dieu d’établir Son roi et, dans une grâce souveraine, d’appeler les pauvres et les misérables à partager le trône de gloire avec Son Roi.

Dans la sagesse et la perfection de Ses voies, Dieu fait cette glorieuse révélation juste avant la période la plus sombre de l’histoire d’Israël. Avant même que la tempête éclate, nous sommes ainsi assurés que la grâce finira par triompher, car Dieu est souverain. La tempête peut venir, mais l’arc est dans la nuée. Notre chemin peut passer par la sombre vallée, mais notre foi est soutenue en apercevant la lumière du soleil qui brille au-delà des collines.

 

4        La faillite du sacrificateur — 1 Sam. 2:11-36

Le cantique d’Anne nous assure du triomphe ultime de la grâce sous le règne de Christ. Avec cette assurance, nous sommes prêts à faire face à la faillite complète de l’homme quant à sa responsabilité.

 

4.1        [Terrible corruption des chefs religieux]

Le mauvais état du peuple professant sous la sacrificature d’Éli se manifeste par trois maux terribles. La sacrificature était souillée (v. 12) ; l’offrande de l’Éternel était méprisée (v. 17) ; et le tabernacle était profané (v. 22). Au chapitre 1, nous avions vu que les fils d’Éli étaient sacrificateurs de l’Éternel (v. 3), maintenant il est dit qu’ils étaient des « fils de Bélial » et qu’ils « ne connaissaient pas l’Éternel ». Les hommes mêmes dont la fonction était de représenter le peuple devant l’Éternel, ne connaissaient eux-mêmes pas l’Éternel et utilisaient leur position pour s’enrichir aux dépens du peuple (v. 12-16). La grandeur de leur péché devant l’Éternel est vue en ce que leur marche a conduit à ce que l’offrande de l’Éternel soit méprisée du peuple. Ils sont devenus des instruments pour corrompre le peuple professant (v. 17). Enfin, par leur mauvaise conduite, la maison de Dieu, à Silo, était devenue le théâtre d’une méchanceté choquant la conscience naturelle (v. 22).

Hélas ! n’est-ce pas là une image exacte de ce qui se passe dans la chrétienté de nos jours ? Cet état s’est retrouvé dans la chrétienté au cours des siècles, mais en ces derniers jours, il devient plus douloureusement manifeste ; beaucoup se disent publiquement sacrificateurs (prêtres) du Seigneur, mais Lui sont étrangers. Comme Hophni et Phinées, ils se servent de la religion pour leurs propres intérêts, aux dépens du peuple de Dieu. Par leur moyen, le sacrifice expiatoire de Christ est méprisé ; la méchanceté et la mondanité qui se trouvent dans ce qui professe être la maison de Dieu sont d’un caractère si grossier, que l’esprit naturel est choqué et se détourne avec un juste dégoût de ce qui n’est qu’une parodie de religion. Les conducteurs de la profession chrétienne, comme les sacrificateurs d’autrefois, sont ainsi les principaux instruments de la corruption et de l’apostasie.

 

4.2        [Dieu donne des raisons d’espérer]

Tel était le terrible état d’Israël. Cependant, alors que nous voyons s’amonceler les nuages, nous nous souvenons à nouveau des propres paroles de Dieu : « Quand je ferai venir des nuages sur la terre... l’arc sera dans la nuée » (Gen. 9:14). Dans l’obscurité croissante, l’Esprit de Dieu soutient toujours la foi en nous donnant la vision de l’arc. Ainsi, il est dit que « Le jeune garçon servait l’Éternel » (v. 11). Puis le ciel s’assombrit avec les terribles révélations concernant le péché des sacrificateurs (v. 12-17) ; mais de nouveau nous apercevons l’arc : « Et Samuel servait devant l’Éternel, jeune garçon ... et le jeune garçon Samuel grandissait devant l’Éternel » (v. 18-21). Mais, les ténèbres s’approfondissent toujours avec la profanation de la maison de Dieu (v. 22-25) ; mais une fois de plus, l’arc apparaît dans toute sa beauté : « Le jeune garçon Samuel allait grandissant, agréable à l’Éternel et aux hommes » (v. 26).

N’est-ce pas là, pour nos cœurs, l’assurance que, si sombre que soit le jour, Dieu conservera un témoignage pour Lui-même et soutiendra la foi de Son peuple ? En outre, la mention constante du « jeune garçon » semble indiquer quelles sont les voies de Dieu pour maintenir son témoignage en un jour de ruine. Il laisse de côté les officiels religieux auto-proclamés et prend le « jeune garçon » pour être Son témoin.

Ainsi, quand les sacrificateurs sont défaillant aux jours d’Éli, l’enfant est mis en évidence, toujours en liaison avec l’Éternel : « Le jeune garçon servait l’Éternel » ; « Samuel servait l’Éternel, jeune garçon » ; « le jeune garçon Samuel grandissait auprès de l’Éternel » ; « le jeune garçon Samuel ... agréable à l’Éternel » ; « Le jeune garçon Samuel servait l’Éternel » (1 Sam. 2:11, 18, 21, 26 ; 3:1).

 

4.3        [L’enfant, enfants : Dieu se sert de témoins petits, sans importance]

Il semble que ce soit un principe constant des voies de Dieu, illustré à maintes reprises dans l’Écriture, que, dans un jour de ruine, Dieu laisse de côté ceux qui se prennent pour ses représentants officiels et utilise, comme Ses témoins, ceux qui sont petits et sans importance aux yeux du monde.

Plus tard, au milieu des désolations d’Israël, Ésaïe pourra dire : « Voici, moi et LES ENFANTS que l’Éternel m’a donnés, nous sommes pour signes et pour prodiges en Israël de la part de l’Éternel des armées » (Ésaïe 8:18). Sept siècles plus tard, alors que la nation était « dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort » et que Dieu visitait Son peuple pour lui annoncer la venue du Roi, ce fut par L’ENFANT de la femme stérile – Jean, qui fut appelé le prophète du Très-Haut – que vint ce témoignage.

Un peu plus tard, quand le « Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur » vint enfin au milieu de la nation coupable, c’est avec l’humilité d’un enfant qu’Il est entré dans le monde, car l’ange dit : « ceci en est le signe pour vous, c’est que vous trouverez UN PETIT ENFANT emmailloté et couché dans une crèche », et ceux qui sont pieux disaient : « UN ENFANT nous est né, un fils nous a été donné… et on appellera Son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix » (Luc 2:11-12 ; Ésaïe 9:6).

De même, en ce jour encore plus sombre de l’histoire d’Israël, lorsque le Seigneur, homme méprisé et rejeté, se tenait au milieu d’une nation corrompue qui se hâtait vers l’apostasie, Il pouvait dire : « Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et que tu les as révélées AUX PETITS ENFANTS » (Mat. 11:25).

De plus, après l’élévation de Christ, ceux qui rendaient un brillant témoignage au Seigneur en présence des autorités religieuses du judaïsme corrompu, étaient des pêcheurs « illettrés et du commun » – que le monde considérait comme des enfants sans importance (Actes 4:13).

 

4.4        [Dieu maintient un témoignage en un jour de ruine, et le prépare à l’avance]

Il n’en va pas autrement au sein de la chrétienté corrompue, car, au milieu de la ruine de l’Église, ceux qui ont l’approbation spéciale du Seigneur, n’ont que « peu de force », comme un petit enfant (Apoc. 3:8).

Ainsi, nous voyons comment Dieu révèle la terrible condition d’Israël – solennel présage du futur état de la chrétienté – et maintient en grâce un témoignage pour Lui-même en un jour de ruine.

De plus, nous voyons un autre grand principe encourageant des voies de Dieu, à savoir qu’au moment même où le peuple de Dieu entre dans des temps mauvais, par sa propre folie, Dieu prépare en secret un vase pour sa délivrance finale. Comme quelqu’un l’a dit : Dans toutes les périodes où l’homme s’est détruit lui-même, autre chose se passait dans les plans de Dieu. Pendant que ses frères accumulaient péchés et peines en Canaan, Joseph, inconnu d’eux, grandissait en Égypte pour leur venir en aide. Pendant qu’Israël était dans la fournaise, Moïse se préparait à être leur libérateur dans les lointaines solitudes de Madian. Quand la sacrificature était souillée et que la gloire s’en allait en pays ennemi, l’enfant Samuel était mis en avant afin de dresser la pierre de secours. Quand Saül et son royaume amenaient la ruine sur eux, David, « le secret de Dieu », se préparait à porter le trône en honneur, et à mettre le royaume en ordre et à le fortifier.

 

4.5        [La responsabilité spéciale d’Éli par rapport à la culpabilité de ses fils]

Une autre vérité nous est présentée dans les derniers versets du chapitre : Dieu ne veut pas permettre que le mauvais état de Son peuple professant ne soit pas jugé ; mais comme toujours, Il avertit avant de juger. Un homme de Dieu est donc envoyé au vieil Éli avec un témoignage solennel et un avertissement. Il lui est d’abord rappelé les hauts privilèges de sa fonction. L’Éternel l’avait choisi pour être « Mon sacrificateur, pour offrir des sacrifices sur Mon autel ... devant Moi ». Son péché est ensuite clairement énoncé. « Pourquoi, foulez-vous aux pieds mon sacrifice et mon offrande, que j’ai commandés de faire dans ma demeure ? et tu honores tes fils plus que moi ». En réalité, les coupables étaient les fils, mais, comme Éli n’avait rien fait contre eux, c’est lui qui est accusé de leur péché. Il est vrai qu’il avait protesté, mais le mal était d’un caractère tel que protester tout en continuant avec ceux contre qui il protestait, c’était sanctionner le mal. Le motif secret qui gouvernait Éli est révélé dans les mots : « Tu honores tes fils plus que moi ». Il plaçait les relations naturelles et d’amitiés au-dessus des exigences de l’Éternel. Il avait été choisi pour marcher devant l’Éternel, mais pour avoir honoré ses fils plus que l’Éternel, il doit entendre cette parole solennelle : « Ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime ».

La défaillance solennelle de ce pieux vieillard n’est-elle pas un avertissement pour le peuple de Dieu de tous les temps ? Dans des circonstances très différentes, et à des degrés divers, nous pouvons facilement tomber dans le piège d’honorer nos frères, nos amis, notre parenté, plus que le Seigneur. La véracité des paroles de l’Éternel a été prouvée maintes et maintes fois : « Ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime ». Si Dieu, dans sa grâce, nous a choisis pour marcher devant Lui, nous ne serons en sécurité que si nous agissons selon la parole du Psalmiste : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » (cf. 1 Sam. 2:30 et Ps. 16:8).

Après s’être vu rappeler ses privilèges et avoir été accusé de sa faute, Éli doit entendre le jugement qui va tomber. Éli avait péché par le moyen de sa famille, et c’est sur sa famille que le jugement allait tomber. « L’accroissement de sa maison… mourront dans la fleur de l’âge » (2:33) ; Hophni et Phinées trouveraient la mort en un seul jour. Tous ceux qui resteraient de sa maison seraient chassés de la fonction de sacrificateur pour mendier leur pain. La suite de l’histoire donne l’accomplissement solennel de cette annonce. Hophni et Phinées sont tués dans le combat contre les Philistins (4:11) ; soixante ans plus tard, la descendance de la maison d’Éli est retranchée par le roi Saül (22:18) ; puis quarante ans plus tard, le dernier membre de la maison d’Éli est chassé de la fonction de sacrificateur par le roi Salomon (1 Rois 2:27).

 

4.6        [La faillite de la sacrificature devient l’occasion d’un grand changement dans les voies de Dieu]

De plus, la faillite du sacrificateur devient l’occasion d’indiquer le grand changement qui allait s’opérer dans les voies de Dieu. À cause de l’infidélité d’Éli, sa maison serait retranchée, et un sacrificateur fidèle, qui agirait selon le cœur et la pensée de Dieu, serait suscité. Sa maison serait établie ; néanmoins, désormais, le sacrificateur n’occuperait plus la première place devant l’Éternel, mais il marcherait devant l’oint de l’Éternel. Nous avons déjà appris par le cantique d’Anne que l’Oint est le Roi. Le grand sacrificateur, en tant que lien immédiat entre l’Éternel et son peuple, est donc mis de côté. Il prend une place secondaire, car il existe un autre oint plus grand que lui. Ainsi, par la faillite du sacrificateur, la voie est préparée pour que s’accomplisse le dessein de Dieu d’établir Christ comme Roi, avec un sacrificateur fidèle marchant devant Lui pour toujours.

Nous pouvons noter qu’en un jour de faillite officielle, Dieu se sert d’une femme pour annoncer Son propos, d’un enfant pour témoigner de lui-même, et d’un homme de Dieu anonyme pour avertir du jugement à venir et annoncer la bénédiction finale.

 

5        L’établissement du prophète — Ch. 3

L’homme de Dieu anonyme, après avoir rendu son témoignage et prononcé le sort de la maison d’Éli, disparaît du récit. Désormais, l’Éternel parlera plus directement par l’intermédiaire de Samuel qui est « établi comme prophète de l’Éternel » (3:20).

 

5.1        [Dieu agit en grâce malgré l’état du peuple]

Les premiers versets du chapitre 3 indiquent le bas état du peuple de Dieu. L’ignorance de la pensée de l’Éternel prévalait, car la parole de l’Éternel était rare ; les yeux du sacrificateur étaient obscurcis, et la lampe de Dieu s’éteignait (v. 1-3).

Que ce soit pour l’ensemble du peuple de Dieu, ou l’une de ses communautés, le fait qu’il y ait peu de ministère de la parole pour nourrir les âmes, qu’ils manquent de discernement spirituel, et que le témoignage à Dieu parmi eux s’éteigne, est solennel. Telle était la condition d’Israël aux jours d’Éli. Mais, quelle que soit sa condition, Dieu n’est pas indifférent à Son peuple. C’est pourquoi nous voyons l’Éternel commencer à agir de sa propre initiative, en grâce souveraine, « pour faire resplendir sa lumière sur ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ». Nous aurions pensé que, dans un aussi bas état, le peuple – ou le sacrificateur, au nom du peuple – aurait fait appel à l’Éternel, mais non, c’est l’Éternel qui appela Samuel (v. 4-10).

 

5.2        [Rôle et caractère du prophète]

C’est très significatif, car à la fin du chapitre, il est dit « que Samuel était établi prophète de l’Éternel ». Cela souligne la différence entre le sacrificateur et le prophète. La fonction du sacrificateur consiste à s’approcher de l’Éternel de la part du peuple, et donc à maintenir des relations avec l’Éternel, tandis que le prophète est celui par qui l’Éternel s’approche du peuple lorsque les relations avec l’Éternel sont rompues par la faillite du peuple. C’est pour cela que le prophète entre en scène en un jour de ruine.

Il est également important de noter le caractère de celui que l’Éternel utilise pour la fonction prophétique. Il s’agit de quelqu’un qui a été consacré à l’Éternel comme Nazaréen (1:11), et qui est désigné plusieurs fois comme « enfant ». Il est séparé du mal contre lequel il témoigne, il est dévoué aux intérêts de l’Éternel, et, comme enfant, il est conscient de sa propre faiblesse et de son manque de sagesse. Il est donc dépendant de l’Éternel et tire toutes ses ressources de Lui. Tel est celui que l’Éternel utilise pour toucher la conscience de Son peuple.

L’appel de l’Éternel manifeste le manque de discernement spirituel du sacrificateur, car ce n’est qu’après que l’Éternel ait parlé pour la troisième fois qu’Éli discerne Sa voix.

 

5.3        [Le contenu des messages. Importance d’agir contre le mal]

Le premier message de l’Éternel (v. 10-14) à Samuel est d’une grande solennité. Éli avait déjà entendu la sentence prononcée contre sa maison. Maintenant, Samuel est préparé pour sa fonction prophétique en recevant une information précise du jugement qui allait frapper le sacrificateur et de la raison de ce jugement. Tout Israël serait concerné par le jugement qui frappait la famille sacerdotale, car ce que l’Éternel s’apprête à faire aura lieu « en Israël » et fera tinter les oreilles de tous ceux qui l’entendront. L’Éternel Lui-même est sur le point d’agir. Il dit : « En ce jour-là, j’accomplirai sur Éli tout ce que j’ai dit touchant sa maison : je commencerai et j’achèverai ».

De plus, il est expressément dit pourquoi l’Éternel avait directement affaire avec Son peuple. C’est seulement parce qu’ils refusaient de s’occuper du mal existant. Des choses très mauvaises avaient été commises au sein du peuple de Dieu, mais le mal en lui-même n’appelait pas l’action gouvernementale de Dieu. L’ampleur du mal n’appelle pas le gouvernement de Dieu si celui-ci est traité et jugé par le peuple de Dieu. L’Éternel intervient en jugement parce que le mal était connu et n’était pas traité.

L’état du peuple de Dieu est vraiment solennel, si le mal qui surgit en son sein est connu et n’est pas réfréné, qu’il soit contre la personne de Christ, ou une désobéissance aux principes de la maison de Dieu, ou un manque de droiture morale.

On peut alléguer qu’Éli avait élevé quelques protestations, qu’il avait jugé que la conduite de ses fils était mauvaise, mais, de toute évidence, il n’avait pris aucune mesure pour les retenir. De même, aujourd’hui, des personnes peuvent dire effectivement qu’ils ne sont pas d’accord avec des doctrines erronées, qu’ils regrettent le cours que prennent certains d’entre eux ; mais à quoi servent ces faibles protestations si aucune mesure n’est prise pour restreindre le mal et si ceux qui protestent restent associés avec ceux qui font le mal, comme si tout allait bien ?

 

5.4        [Fidélité du jeune prophète]

Samuel montre une réticence naturelle justifiée à transmettre cette parole solennelle au vieil Éli et, en même temps, montre sa fidélité à l’Éternel en donnant « chaque détail » du message de l’Éternel. Il est toujours juste pour un jeune de montrer du respect envers un aîné, mais ni la jeunesse ni l’âge ne doivent s’opposer à la fidélité au Seigneur (v. 15-18).

Ayant répondu à l’appel de l’Éternel et délivré fidèlement son premier message, il est dit que « l’Éternel était avec lui » ; alors que la parole solennelle concernant le sacrificateur était : « J’accomplirai sur Éli (contre Éli) tout ce que j’ai dit » (v. 12). L’Éternel était contre le sacrificateur, mais avec le prophète. L’Éternel étant avec lui, aucune de ses paroles ne pouvait tomber à terre. Dans la mesure où ses paroles ne tombaient pas à terre, il était manifeste, de Dan à Beër-Shéba, qu’il était « établi comme prophète de l’Éternel ». C’est à lui que l’Éternel apparaissait et se révélait par la parole de l’Éternel.

 

6        Le jugement du peuple — Ch. 4

6.1        [L’état profond du peuple]

Au chapitre 4, nous avons le récit solennel de la faillite et de la ruine complète du peuple de Dieu. Israël est battu par les Philistins, l’arche est prise, les sacrificateurs sont tués, et le grand sacrificateur est retiré par la mort. Ainsi, tout lien extérieur avec Dieu est rompu.

La nation entre dans une période de servitude à ses ennemis de vingt ans (7:2). Pendant cette période, il est significatif que le nom de Samuel ne soit pas mentionné une seule fois. Pendant vingt ans, le peuple ne tient pas compte de l’homme avec qui l’Éternel se trouve.

L’Esprit de Dieu nous donne son commentaire sur cette période solennelle au Psaume 78:56-64. D’après ce passage, nous voyons que le secret de leur bas état et de leur défaite aux mains de leurs ennemis réside dans leur désobéissance et leur idolâtrie. « Ils ne gardèrent pas ses témoignages », « Ils le provoquèrent à colère par leurs hauts lieux, et l’émurent à jalousie par leurs images taillées ». Suit alors la déclaration solennelle : « Dieu l’entendit, et se mit en grande colère, et il méprisa fort Israël ». Nous avons déjà vu que « les hommes méprisaient l’offrande de l’Éternel » (2:17), maintenant nous voyons que l’Éternel méprise Israël l’idolâtre.

Le bas état du peuple de Dieu devient l’occasion pour ses ennemis de le tenir sous leur pouvoir. À ce moment-là, l’ennemi spécial était le Philistin qui se trouvait dans le pays. Le peuple d’Israël était en effet entouré d’ennemis à l’extérieur – les Égyptiens, les Syriens et autres – mais il avait aussi des ennemis à l’intérieur de ses frontières, et les plus invétérés d’entre eux étaient les Philistins. L’ennemi à l’intérieur du cercle du peuple de Dieu est toujours au premier plan lorsque le peuple de Dieu est dans un bas état. L’opposition de l’extérieur peut provenir d’un brillant témoignage, mais à toutes les époques, la corruption de l’intérieur a toujours été le résultat d’un bas état spirituel.

 

6.2        [Aveuglement du peuple et de leurs anciens]

Corrompu par l’idolâtrie, et ne s’enquérant ni de l’Éternel ni de celui qui se tient devant l’Éternel, Israël tente, par ses propres forces, de combattre ses ennemis, mais subit une grave défaite (4:2). Après leur défaite, ils tiennent conseil et disent : « Pourquoi l’Éternel nous a-t-il battus aujourd’hui devant les Philistins ? ». Les anciens, qui auraient dû connaître la pensée de l’Éternel, révèlent leur bas état spirituel par leurs conseils. Ils disent : « Prenons à nous l’arche de l’alliance de l’Éternel, et qu’elle vienne au milieu de nous et nous sauve de la main de nos ennemis ». Ils auraient pu avancer beaucoup d’arguments en faveur de ce conseil. Ils pouvaient plaider les précédents de leur histoire passée. L’arche ne les avait-elle pas conduits à la victoire à l’époque de Josué, lorsque Jéricho tomba devant Israël ? Mais, ils oubliaient une chose qui causait leur perte : ils négligeaient la majesté et la sainteté de Dieu qui ne veut ni ne peut tolérer l’iniquité de ses ennemis, et encore moins de Son peuple. Il est vrai que l’arche les avait autrefois conduits à la victoire, mais c’était sous la conduite du Capitaine de l’armée de l’Éternel. De plus, la prise de Jéricho était précédée de la circoncision à Guilgal. Le peuple qui avait utilisé l’arche aux jours de Josué était un peuple chez qui la chair était jugée, et qui était dirigé par le Capitaine de l’armée de l’Éternel. Quand le peuple de Dieu est dans un bon état, l’arche de l’Éternel, parlant de la présence de l’Éternel, est un centre de bénédiction pour Son peuple. Invoquer la présence de l’Éternel sans juger son état, c’est appeler le jugement gouvernemental de l’Éternel.

De tous temps, l’opposition née d’influences corruptrices agissant dans le cercle du peuple de Dieu ne peut être combattue qu’en traitant d’abord le bas état du peuple de Dieu qui a donné lieu à l’existence de cette opposition.

 

6.3        [La présence de l’arche, source de crainte pour les Philistins et de fausse sécurité pour Israël]

Suivant le conseil de leurs conducteurs, et sans juger leur propre état, le peuple envoie à Silo et en ramène l’arche de l’alliance de l’Éternel des armées. Il est solennellement rappelé que l’Éternel « siège entre les chérubins », et qu’« Hophni et Phinées étaient là avec l’arche » (4:4). L’Éternel des armées est là et les fils de Bélial sont là (2:12) ! présage certain d’un jugement proche, car « quel accord de Christ (y a-t-il) avec Béliar ? » (2 Cor. 6:15). Le peuple de Dieu peut se montrer indifférent à la gloire de Christ et à la sainteté due à Son nom, mais Dieu ne se rendra pas complice de cette indifférence. Il ne peut se renier lui-même. Il défendra toujours Sa propre gloire, même si cela implique la défaite et la disgrâce de Son peuple.

L’arche est introduite dans le camp et accueillie « à grand cri, de sorte que la terre en frémit ». Le grand cri a une sonorité triomphante et donne une apparence de puissance, mais il ne fait que manifester d’une part leur manque de foi, et d’autre part leur confiance charnelle. La foi agit dans le calme, et la puissance morale agit sans bruit.

Mais l’homme naturel est facilement ému par de grands cris. Ainsi, les Philistins craignirent quand ils entendirent « le bruit des cris » et comprirent que l’arche de l’Éternel était entrée dans le camp. Leur crainte était fondée, à juste titre, sur le sentiment de ce que l’arche signifiait, car ils dirent : « Dieu est venu dans le camp ». Le peuple de Dieu, qui avait associé l’impiété à l’arche de Dieu, était si endurci par le péché, qu’il était moins sensible à la présence de Dieu que ses ennemis ! Ils avaient dit de l’arche : « qu’elle vienne au milieu de nous et nous sauve de la main de nos ennemis » (v. 3). Quand l’arche est entrée au milieu d’eux, leurs ennemis dirent à juste titre : « Dieu est venu » (v. 7).

Dans une telle situation, la crainte des Philistins est aussi vaine que les cris d’Israël. Un Philistin n’a pas à craindre l’arche quand un Israël souillé l’apporte dans le camp, pour sanctionner leur iniquité. Israël était dans un tel état que Dieu ne pouvait pas les défendre et, dans une telle situation, en s’appuyant sur le symbole de Sa présence, ils appelaient le jugement sur eux-mêmes. Le peuple de Dieu est donc battu, l’arche passe entre les mains de l’ennemi et les deux fils d’Éli sont tués. « Il livra à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi. Et il livra son peuple à l’épée, et se mit en grande colère contre son héritage ».

 

6.4        [Le résidu pieux est d’abord sensible à la gloire de l’Éternel]

La dernière scène du chapitre est touchante, elle fait ressortir la piété personnelle d’Éli, malgré son relâchement vis-à-vis du mal de ses fils. Elle montre aussi que Dieu avait, en Israël, un résidu pieux représenté par la femme de Phinées qui plaçait la gloire de Dieu au-dessus des exigences de la nature.

Israël combattait l’ennemi, Hophni et Phinées étaient dans la bataille ; néanmoins le cœur d’Éli tremblait pour l’arche de Dieu (v. 13). Sa première pensée était l’arche. Lorsque la nouvelle de la défaite d’Israël parvient au sacrificateur âgé, il écoute en silence le grand carnage subi par le peuple et la mort de ses deux fils, mais c’est à la mention de la prise de l’arche de Dieu, qu’il tombe à la renverse.

Il en est de même pour la femme de Phinées ; sa première pensée n’était pas pour son mari, pour elle-même ou pour son enfant, mais pour la gloire de Dieu. On cherche à la ranimer en lui parlant de son fils en train de naître, « mais elle ne répondit pas, et n’y fit pas attention ». Elle est parfaitement consciente qu’un fils est né, car elle donne un nom à l’enfant, mais ce nom montre que ses pensées sont centrées sur l’arche de Dieu. Ses derniers mots sont : « La gloire s’en est allé d’Israël, car l’arche de Dieu est prise ».

 

7        Le maintien de la gloire de Dieu — Ch. 5 à 6

7.1        [La gloire de Dieu face à l’idole]

Les chapitres 5 et 6 traitent de la période solennelle de l’histoire d’Israël au cours de laquelle tous les liens extérieurs avec Dieu furent rompus. Dans cette triste période, Dieu lui-même maintient la majesté de Son grand nom.

Le peuple de Dieu avait entièrement failli à maintenir l’honneur de Dieu ; pire encore, il tentait d’identifier le symbole de la présence de Dieu avec leur propre état de péché, c’est pourquoi Dieu agissait en jugement, en retirant Sa présence du milieu d’eux. Dans une telle situation, ceux qui sont pieux font bien d’être humiliés par l’infidélité du peuple de Dieu, mais ils n’ont pas à craindre pour l’honneur de Dieu. Dieu peut revendiquer sa sainteté et maintenir sa majesté sans Son peuple.

Les Philistins avaient tremblé en apprenant que l’arche était entrée dans le camp d’Israël. Maintenant qu’elle est entre leurs mains, ils osent la placer dans la maison de leur idole, comme si sa prise était due à la victoire de leur dieu Dagon sur le Dieu d’Israël. Leur audace présente est aussi déplacée que leur tremblement précédent était vain.

Par le retrait de Sa présence, Dieu a montré qu’Il ne cautionne pas la culpabilité de Son peuple. Il va maintenant manifester qu’Il ne souffrira pas que Sa gloire soit éclipsée par Ses ennemis. Les ennemis du peuple de Dieu doivent apprendre que, dans Ses voies gouvernementales, Dieu peut certes permettre un triomphe sur Son peuple, mais Lui-même ne sera jamais défait.

L’arche de Dieu ayant été placée dans la maison de Dagon, l’opposition n’est plus entre les Philistins et Israël, mais entre Dagon et le Dieu d’Israël. Il ne peut y avoir qu’une seule fin à ce conflit. Dagon est jeté à terre devant l’arche. Pour prouver qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, Dagon est remis à sa place afin de rendre encore plus manifeste la majesté de Dieu et la vanité d’une idole. Non seulement Dagon tombe à terre, mais il est brisé en morceaux, de sorte que la maison de Dagon devient désormais un lieu d’opprobre parmi les hommes.

 

7.2        [La gloire de Dieu face aux idolâtres]

Mais ce n’est pas le seul moyen par lequel Dieu maintient Sa majesté. Ayant jeté le mépris sur l’idole, Il va maintenant juger les idolâtres. « La main de l’Éternel s’appesantit sur les Asdodiens ». Beaucoup sont détruits, d’autres frappés par la maladie. Dans leur détresse, les Philistins d’Asdod demandent conseil à leurs princes, qui leur disent d’envoyer l’arche à Gath.

La ville de Gath était célèbre pour être le lieu de résidence du dernier des Anakims – une race de géants (Josué 11:21-22 ; 1 Sam. 17:4). La force de l’homme ne peut cependant rien contre la puissance de Dieu ; il est dit : « La main de l’Éternel fut sur la ville : il y eut un très grand trouble, et il frappa les hommes de la ville, depuis le petit jusqu’au grand » (5:9).

L’arche est enfin envoyée à Ékron, le siège de leur idole Baal-Zebub – un dieu auquel on attribuait le pouvoir de guérir les maladies – dans l’espoir, peut-être, que leur dieu puisse apporter un soulagement au fléau. Vaine espérance, car ici encore le jugement de Dieu s’abat avec une sévérité accrue ; il est dit : « Il y avait une consternation mortelle dans toute la ville : la main de Dieu s’y appesantissait fort ». Ainsi Dieu maintient sa gloire et manifeste l’impuissance des démons à soulager les hommes des châtiments.

Le commentaire divin du psaume 78 sur les événements de ce chapitre est très solennel. Après avoir dit au sujet d’Israël : « Leurs sacrificateurs tombèrent par l’épée, et leurs veuves ne se lamentèrent pas », le Psalmiste déclare : « Alors le Seigneur s’éveilla comme un homme qui dort, et comme un homme puissant qui, animé par le vin, pousse des cris. Et il frappa ses ennemis par derrière, il les livra à un opprobre éternel ». Si l’homme, dans sa folie, cherche à identifier la gloire de Dieu avec les idoles, Dieu maintiendra sa gloire par le jugement. Néanmoins, dans le jugement, Dieu se souvient de la miséricorde, Il est le Créateur, et même si Ses créatures sombrent dans les ténèbres et l’idolâtrie, néanmoins, quand elles crient à Lui dans leur détresse, leur cri parvient « jusqu’au ciel ». Hélas, au contraire, l’homme endurcit souvent son cœur contre Dieu quand Dieu agit de façon providentielle en jugement. Il en fut ainsi des Philistins. Il faut que sept mois s’écoulent pour que, contraints par leur situation désespérée, ils cherchent une délivrance. Non seulement le peuple est frappé par la maladie, mais son territoire est ruiné par un fléau de souris.

Les Philistins se tournent vers leurs devins qui faisaient leur réputation (Ésaïe 2:6). Les devins semblent discerner que l’Éternel maintient Sa propre gloire par ces jugements, aussi conseillent-ils aux Philistins de rendre gloire au Dieu d’Israël en rendant l’arche à Israël, accompagnée d’un sacrifice pour le délit. De plus, ils suggèrent que l’arche soit rendue d’une manière qui démontre clairement que ce qui s’est passé vient de la main de Dieu, et n’est pas une simple coïncidence.

 

7.3         [Le retour de l’arche parmi le peuple de Dieu]

L’arche est donc placée sur un chariot neuf tiré par deux vaches allaitantes, dont les veaux leur sont ôtés. Contrairement à la nature, les vaches quittent leurs veaux et, sans aucune intervention humaine, portent l’arche jusqu’à Beth-Shémesh, en mugissant, prouvant ainsi qu’une force supérieure aux instincts de la nature les menait. Ainsi Dieu s’abaisse à rencontrer ces païens dans leur détresse, et justifie en même temps Sa gloire aux yeux de Ses ennemis. Dieu manifeste que la victoire des Philistins sur un Israël transgresseur n’était pas une victoire sur Lui. Par leur sacrifice pour le délit, même s’il est fait dans l’ignorance, ils reconnaissent que leur prise de l’arche ne leur a apporté que le jugement d’un Dieu qu’ils cherchent maintenant à apaiser.

La scène change maintenant, et l’arche se retrouve à nouveau parmi le peuple de Dieu à Beth-Shémesh. Ils la reçoivent avec joie et offrent des sacrifices à l’Éternel. Il semble cependant que ce soit une joie charnelle de cœurs qui ne sont pas brisés par le sentiment du péché. Ils sont heureux de retrouver l’arche, espérant la bénédiction qu’ils lui associent à juste titre, mais ils ne semblent pas avoir le sens du péché qui avait entraîné la perte de l’arche. Ils devaient encore apprendre la gloire due à Dieu et l’humilité qui sied à ceux dont l’état est si bas.

La légèreté de leur cœur est manifestée en ce que plusieurs d’entre eux regardent dans l’arche de l’Éternel. L’Éternel venge aussitôt cette méchanceté et maintient Sa gloire par un jugement contre ce mal, qui frappe soixante-dix d’entre eux. Les hommes de Beth-Shémesh disent aussitôt : « Qui peut tenir devant l’Éternel, ce Dieu saint ? » Nous répondons avec certitude : De toute la race pécheresse d’Adam, personne ne peut se tenir devant le Dieu saint, en dehors du sang du Christ. Pour regarder dans l’arche, ces hommes ont nécessairement dû ôter le propitiatoire sur lequel se trouvait le sang répandu. Ils se sont alors retrouvés comme des pécheurs dans leur nudité devant un Dieu saint. Le jugement en est la conséquence. De la Genèse à l’Apocalypse – depuis que l’Éternel Dieu a revêtu nos parents déchus de vêtements de peau avant de les chasser du Paradis, jusqu’au moment où il est dit que seuls ceux qui ont lavé leurs robes ont droit à l’arbre de vie et peuvent entrer par les portes de la cité (Apoc. 22:14) – le Livre enseigne cette grande leçon : sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission.

Hélas ! comme les hommes de Beth-Shémesh, les modernistes de notre époque, foulent encore aux pieds le sang de Christ avec une audacieuse effronterie, et tentent de se présenter devant Dieu sur la base de leurs propres œuvres et en dehors de l’œuvre de Christ. La chrétienté corrompue suit la voie de Caïn ; Dieu leur dit : « Malheur à eux ! ».

 

8        La restauration du peuple — Ch. 7

8.1        [Conditions du retour]

Le ch. 7 présente l’Éternel, dans Sa grâce souveraine, rétablissant les relations avec Son peuple par l’intermédiaire de Samuel le prophète, et le peuple s’approchant de l’Éternel par l’intermédiaire de Samuel comme sacrificateur.

Cependant, avant que l’Éternel renouvelle Ses relations avec Son peuple, celui-ci doit apprendre par une amère expérience le besoin qu’il a de Lui. Autrefois, ils appréciaient Sa présence avec tant de légèreté qu’ils s’étaient tournés vers les idoles. Sa présence s’étant retirée, ils prennent conscience que sans l’Éternel, ils ne peuvent être délivrés de leurs ennemis. Pendant vingt ans, ils sont asservis à un ennemi à l’intérieur de leurs frontières. Le moment arrive enfin où « toute la maison d’Israël se lamenta après l’Éternel ».

 

8.1.1        [Le peuple ressent le besoin, mais la restauration est initiée par l’Éternel et Samuel]

Un besoin étant ressenti, l’Éternel, qui n’avait pas été indifférent aux cris des païens (v. 2), répond aussitôt aux lamentations de Son peuple. Samuel, dont il n’avait plus été question pendant vingt ans, entre à nouveau en scène. L’Éternel se rapprochait ainsi du peuple par l’intermédiaire du prophète. Le dernier appel de Samuel avait averti le peuple du désastre à venir, et « ce que Samuel avait dit arriva à tout Israël » (4:1). Puis, pendant vingt ans, aucune parole n’est venue de l’Éternel par l’intermédiaire du prophète. La foi peut attendre le temps du Seigneur. Ce temps arrive enfin : Dieu éveille un sentiment de besoin parmi le peuple, et Samuel parle de nouveau « à toute la maison d’Israël ». Il est significatif que ce ne soit pas le peuple qui fasse appel à Samuel ; c’est Samuel – celui avec lequel l’Éternel est en relation – qui s’approche du peuple. Cela met l’accent sur le fait que toute vraie restauration dépend de la grâce souveraine de Dieu. Une restauration, que ce soit pour un individu ou le peuple de Dieu dans son ensemble, est initiée par le Seigneur. Lui seul peut restaurer Son peuple qui s’égare.

Dans ce nouveau message au peuple, Samuel montre clairement que tout dépend de la manière dont ils font le pas important de se tourner vers l’Éternel. Il dit en quelque sorte : Si vous voulez être rétablis dans la bénédiction, revenez à l’Éternel de tout votre cœur. Un retour avec des cœurs partagés ne servirait à rien. Il est inutile pour le peuple de Dieu de se tourner vers l’Éternel en ne se jugeant que partiellement et en trouvant des excuses. Si nous nous tournons vers le Seigneur, il ne peut y avoir de compromis quant à nos péchés. Si le peuple revient à l’Éternel de tout son cœur, trois choses le marqueront :

 

8.1.2        Premièrement, la séparation.

Il doit se séparer du mal qui les a conduits à s’éloigner de l’Éternel. L’idolâtrie doit être jugée et « ôtée ». Il ne s’agit pas seulement de protester contre le mal, il faut y faire face. Nous sommes souvent prêts à protester contre le mal, tout en évitant de l’affronter. Nous pouvons invoquer la difficulté de le traiter, craindre les conséquences de ce traitement, craindre l’opprobre qui pourrait s’y attacher, et ainsi, sous un prétexte ou un autre, nous dérober à notre responsabilité. Néanmoins, la Parole déclare clairement qu’il faut « l’ôter ».

 

8.1.3        Deuxièmement, la préparation.

Il ne suffit pas de se séparer du mal. La séparation du mal doit s’accompagner d’une préparation du cœur. La Parole dit, par l’intermédiaire de Samuel : « Préparez vos cœurs à l’Éternel ». (NdT : citation de la version anglaise KJV. La version JND traduit : « attachez fermement vos cœurs à l’Éternel »). La préparation du cœur implique un état moral venant du jugement de soi, et produit un esprit humble et contrit – le vrai complément de la séparation du mal. Sans une telle préparation du cœur, la séparation ne ferait que servir l’orgueil de la chair. D’autre part, avoir pour objectif la préparation du cœur sans la séparation du mal conduirait finalement à l’indifférence au mal.

 

8.1.4        Troisièmement, le dévouement.

La vraie finalité de la séparation du mal et de la préparation du cœur est un service dévoué au Seigneur. C’est pour que nous puissions « le servir Lui seul » (v. 3). Il en est ainsi de nos jours ; la séparation d’avec les vases à déshonneur, à laquelle nous sommes exhortés en 2 Timothée 2:21, l’est afin d’être « utiles au Maître, et préparés pour toute bonne œuvre ». Les circonstances particulières peuvent changer avec les années, mais les grands principes de Dieu restent les mêmes dans tous les temps. Ainsi, il est toujours vrai de nos jours que la séparation et la préparation sont en vue du service du Maître.

 

8.1.5        [Un retour vrai]

S’il y a donc le retour d’un cœur vrai, il sera marqué par la séparation, la préparation et le dévouement. Si, parmi le peuple de Dieu, il y a un mouvement portant ces caractères, il y a espoir que le Seigneur délivrera Son peuple des mains de leurs ennemis. Samuel dit : Si « vous revenez à l’Éternel », si « vous ôtez les dieux étrangers », si « vous préparez vos cœurs » et si « vous Le servez Lui seul », « Il vous délivrera de la main des Philistins ».

Le résultat de cet appel montre que Dieu travaillait manifestement dans Son peuple, car non seulement ils écoutent Samuel, mais ils obéissent à ses paroles. Ils commencent par se libérer de leurs mauvaises fréquentations (v. 4). Ils ne se contentent pas de protester contre le mal, mais ils s’en occupent. Ils « ôtent » les Baals et les Ashtoreth. Sans cette première étape, tout le reste aurait été vain. L’ordre de Dieu est : « Cessez de mal faire, apprenez à bien faire » (És. 1).

 

8.2        [Mitspa : veiller, reprendre sa vraie place devant l’Éternel]

Après avoir passé cette première étape, Samuel prend à nouveau la parole pour les conduire à la deuxième étape – la préparation du cœur. Il les exhorte à rassembler tout Israël à Mitspa et, dit-il, « je prierai l’Éternel pour vous ». Le lieu où ils doivent se rassembler est significatif car Mitspa veut dire « tour de guet ». Cela suggère que, par manque de vigilance, l’ennemi avait pris pied au sein du peuple de Dieu et en avait fait des esclaves. Il n’en a pas été autrement dans l’Église. L’apôtre a averti l’Église primitive que des « loups redoutables » entreraient, n’épargnant pas le troupeau, et que des hommes s’élèveraient dans le cercle chrétien pour dire des choses perverses. Face à ce double danger, il dit : « Veillez donc » (Actes 20:19-31). Ceux qui étaient à la tête dans l’Église, comme les chefs d’Israël autrefois, auraient dû se tenir sur la tour de guet. Hélas, personne n’a veillé. Au lieu de veiller, les hommes ont dormi, et l’ennemi en a profité pour faire son œuvre.

Dans tout réveil, il faut d’abord revenir au point de départ. Nous devons retourner à la tour de guet. Ainsi nous voyons les fils d’Israël « se rassembler à Mitspa ». Rassemblés au bon endroit, ils reconnaissent leur faiblesse et leur impuissance totales, et confessent leur péché. Ils « puisèrent de l’eau et la répandirent devant l’Éternel ». Il n’y a pas de plus grande expression de faiblesse que de l’eau répandue. Toute la sagesse et la puissance de l’homme réunies ne pourraient ramasser l’eau répandue sur le sol (2 Sam. 14:14). Cet acte était une vraie confession de leur état devant le Seigneur. Par leur propre folie, ils étaient faibles et entièrement impuissants pour se délivrer de leurs ennemis. De plus, ils reconnaissent que leur faiblesse est le résultat de leur propre péché. Ils disent : « Nous avons péché contre l’Éternel ».

S’étant séparés du mal et ayant préparé leur cœur, le Seigneur intervient pour leur délivrance. Ils se sont dégagés du mal, ils sont montés sur la tour de guet, ils ont reconnu leur impuissance totale, ils ont confessé leur péché. Ayant ainsi pris leur vraie place « devant l’Éternel », ils se trouvent dans une position et un état dans lesquels l’Éternel se plaît à agir pour Son peuple.

 

8.3        [Nouvelle opposition des Philistins]

Ayant appris que les fils d’Israël étaient « rassemblés à Mitspa », l’opposition des Philistins s’éveille aussitôt. Rien n’attise autant l’inimitié du diable que la vue du peuple de Dieu aux aguets contre l’ennemi, en prière et en confession devant l’Éternel.

Ayant pris conscience de leur propre faiblesse, les fils d’Israël sont à juste titre « effrayés par les Philistins » (v. 7). Lors de leur dernière rencontre avec ceux-ci, vingt ans plus tôt, Israël éloigné de Dieu et se confiant dans la chair, avait pris l’offensive et « était sorti pour combattre les Philistins » (4:1). Maintenant qu’Israël est retourné à l’Éternel, il est dit : « Les Philistins montèrent contre Israël ». Dans la première occasion, Israël, confiant en lui-même, « poussa de grands cris » et « les Philistins eurent peur » (4:5, 7). Maintenant, Israël, méfiant d’eux-mêmes, a « peur », et la confiance charnelle est chez les princes des Philistins. Au jour de leur confiance en eux-mêmes, ils avaient négligé Samuel, l’homme avec qui Dieu était. Au jour de leur faiblesse ressentie, ils se tournent volontiers vers Samuel et disent : « Ne cesse pas de crier pour nous à l’Éternel, notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins » (v. 8). Ils reconnaissent que l’homme par lequel l’Éternel s’est approché de son peuple est celui par lequel ils peuvent s’approcher de l’Éternel. Ils reconnaissent que l’Éternel est leur Dieu, et que Lui seul peut les sauver de leurs ennemis. Ils n’ont plus confiance dans l’arche de Dieu, mais dans le Dieu de l’arche de l’alliance.

Samuel répond aussitôt à leur cri. Celui par qui Dieu a rétabli les relations avec Son peuple, comme prophète, s’adresse maintenant à Dieu de la part du peuple, comme sacrificateur. Ayant la pensée de Dieu, il « prit un agneau de lait, et l’offrit tout entier à l’Éternel en holocauste ». Il s’approche de Dieu sur le terrain du sacrifice. La séparation d’avec le mal, la préparation du cœur, la repentance, aussi profonde soit-elle, la confession du péché, aussi réelle soit-elle, bien que nécessaires et justes, ne constituent pas le juste fondement sur lequel Dieu peut bénir Son peuple. Le fondement solide et immuable de tout ce que Dieu fait en grâce est toujours Christ et Son sacrifice à la croix. « L’agneau de lait » parle d’une victime innocente ; « l’holocauste tout entier à l’Éternel » parle du sacrifice qui répond à la gloire de Dieu. Sur la base de l’holocauste, « Samuel cria à l’Éternel pour Israël », et sur la base du sacrifice, « l’Éternel l’exauça ».

Nous avons donc ici un peuple humilié, au cœur brisé, tremblant devant ses ennemis, invoquant le sacrifice offert et criant à Dieu. Avec un tel peuple, Dieu n’a aucune controverse, et pour un tel peuple, Dieu peut agir. La question n’est plus entre Israël et les Philistins, elle est entre l’Éternel et les Philistins. Ainsi, il est dit : « Comme Samuel offrait l’holocauste, les Philistins s’approchèrent pour livrer bataille à Israël ; et l’Éternel fit tonner ce jour-là un grand tonnerre sur les Philistins, et les mit en déroute, et ils furent battus devant Israël ». Samuel avait crié à l’Éternel après le sacrifice, mais Dieu est intervenu sur la base du sacrifice, et a commencé pendant le sacrifice, avant qu’il crie. Son cri était juste, il nous est dit qu’il a été entendu, néanmoins la base de l’intervention de Dieu était le sacrifice. Dieu se plaît à honorer Christ. Qu’est-ce que Dieu ne ferait pas pour bénir Son peuple à cause de Christ ! « Celui qui n’a pas épargné Son propre Fils, mais qui L’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-Il pas don aussi librement de toutes choses avec Lui ? ».

L’Éternel est intervenu pour Son peuple en le délivrant de ses ennemis, et Samuel, qui avait prié l’Éternel dans leur détresse, n’oublie pas de louer l’Éternel dans leur délivrance. Il élève une pierre et l’appelle Ében-Ézer, en disant : « l’Éternel nous a secourus jusqu’ici ». C’était, en réalité, reconnaitre la bonté de l’Éternel, en le louant.

Les Philistins sont abaissés et le terrain qu’Israël avait perdu est recouvré. La main de l’Éternel fut contre les Philistins pendant toute la vie de Samuel. L’Éternel avait rétabli les relations avec Israël, et maintenant, l’ennemi est tenu en échec grâce à un homme, pendant toute sa vie. Combien souvent, depuis les jours de Samuel, Dieu n’a-t-il pas utilisé un homme pour se tenir à la brèche et retenir les ennemis du peuple de Dieu (v. 13, 14) !

 

8.4        [Le circuit annuel de Samuel]

Le chapitre se termine par le récit du circuit que Samuel faisait d’année en année. Si nous en saisissons la signification spirituelle, il serait bon que nous le fassions tous.

 

8.4.1        [Béthel – la maison de Dieu]

Samuel se rend d’abord à Béthel – la maison de Dieu. C’est là que Dieu s’est révélé en grâce souveraine à Jacob qui s’égarait. C’est là que Dieu a révélé Sa ferme intention de le bénir, et que Dieu a promis de le garder et de le ramener au lieu de la bénédiction, malgré ses errements. Dieu sera fidèle à Sa parole, comme Il le lui dit : « Je ne t’abandonnerai pas, jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit ». Il est bon de visiter Béthel et de nous rappeler la grâce souveraine qui a assuré notre bénédiction finale, selon la fidélité de Dieu à Sa Parole (Gen. 28:16-22).

 

8.4.2        [De Béthel à Guilgal]

Puis Samuel est allé de Béthel à Guilgal qui est le lieu de la circoncision. Guilgal signifie « rouler », car là, une fois circoncis, l’opprobre de l’Égypte a été roulé loin d’Israël. Si à Béthel nous avons appris ce que Dieu est pour nous en grâce souveraine, selon Sa propre fidélité, à Guilgal nous reconnaissons que Dieu ne peut sanctionner la chair dans Son peuple. En acceptant le jugement de Dieu sur la chair, l’opprobre de l’Égypte est roulé (Josué 5:2, 9).

 

8.4.3        [De Guilgal à Mitspa]

Puis Samuel s’est rendu de Guilgal à Mitspa. Si Guilgal parle du jugement de la chair, l’ennemi intérieur, Mitspa – « tour de guet » – indique la nécessité de veiller sur l’ennemi extérieur.

 

8.4.4        [Rama]

Enfin, Samuel revient à Rama. La signification de ce nom est « hauteur ». L’homme de Dieu vit au-dessus de ce monde, sur les hauteurs. Pour le chrétien, ses bénédictions sont spirituelles, dans les lieux célestes. Le foyer de ses affections est en-haut. Béthel, Guilgal et Mitspa ne sont que des étapes sur la route qui mène aux hauteurs de Rama. Le sûr propos de Dieu, le jugement de la chair et la vigilance contre l’ennemi nous préparent à nous tenir sur un terrain céleste.

Samuel visite Béthel, Guilgal et Mitspa, mais il est dit à propos de Rama : « Car là était sa maison, et là il jugeait Israël ; et il bâtit là un autel à l’Éternel ». Ayant fait ce circuit, il est bon que nous retournions aussi à la hauteur de notre vocation. Si nous acceptons notre part d’être un peuple céleste, hors de ce monde mauvais, nos esprits et nos affections étant dans un autre monde, alors, nous trouverons là notre demeure ; et là, du haut des rochers, nous nous ferons une vraie idée du peuple de Dieu ; et là, nos cœurs seront portés à l’adoration.