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L’Appel de Dieu — 2 Timothée 1:9; Romains 8:28, 29; Hébreux 11:8.
Hamilton Smith.
Traduit de Scripture Truth magazine, Volume 15, 1923, pages 248-252. http://www.stempublishing.com/authors/smith/Call_of_God.html
Table des matières :
1 Le monde d’où il a été appelé.
2 Le monde auquel nous sommes appelés
3 L’effet actuel de l’appel sur le peuple de Dieu
3.1 Étrangers et pèlerins sur la terre
3.2 Témoins de Dieu sur la terre
L’Écriture montre très clairement que ceux qui croient au Seigneur Jésus-Christ sont à la fois «sauvés» et «appelés». Nous lisons en 2 Timothée 1:9 : «Dieu qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel». Mais si tout vrai croyant connait quelque chose de la bénédiction du salut de Dieu, il y en a relativement peu qui entrent dans la joie de l’appel.
Hélas, il est à craindre que pour beaucoup, «l’appel» ne soit qu’un terme rencontré occasionnellement dans l’Écriture, sans grande signification précise, et donc sans effet sur nos vies. Pourtant, rien n’a une influence aussi puissante sur les conceptions du chrétien, sur sa manière de vivre et sur le caractère de ses associations, que la réalisation de l’appel de Dieu.
Il faut se rappeler l’appel profondément solennel adressé au pécheur dans le récit sur le jardin d’Eden : «Et l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ?» (Genèse 3:9). C’était un appel pour que le pécheur rende compte de son péché. Ensuite il y a l’appel important fait au serviteur, par exemple quand le Saint-Esprit dit : «Mettez-moi … à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés» (Actes 13:2). Ces deux appels ont leur place dans les voies de Dieu, mais nous ne faisons référence ici ni à l’appel du pécheur, ni à l’appel du serviteur, mais plutôt à l’appel adressé au saint. Ce grand appel est la part commune de tous les saints, aussi lents soient-ils pour y répondre et pour entrer dans les bénédictions qui s’y rapportent.
L’appel de Dieu est venu à nous dans l’évangile par lequel nous avons été sauvés (2 Tim. 1:9,10), même si nous ne réalisons que faiblement, voire pas du tout, que Dieu nous a appelés. Naturellement notre première préoccupation a été le salut pour échapper au jugement de Dieu, et c’est à juste titre que nos âmes ont été remplies de reconnaissance pour ce grand salut. Mais nous n’avons guère réalisé que Dieu avait en vue quelque chose de beaucoup plus grand devant Lui que le salut de nos âmes, qu’Il avait un propos glorieux pour nous, et que c’est en vue de l’accomplissement de ce propos qu’Il nous appelait. C’était pourtant bien la réalité ; en effet, si le salut de Dieu a en vue notre délivrance du jugement, l’appel de Dieu a en vue l’accomplissement du propos de Dieu. C’est ainsi qu’il est parlé en Romains 8:28, de «ceux qu’Il a appelés selon Son propos».
Quelle pensée sublime ! Dieu a un propos pour les Siens, un propos établi avant la fondation du monde, et c’est dans le but de l’accomplir qu’Il nous a appelés. Il nous a sauvés parce que nous avions besoin de salut. Il nous a appelés parce qu’Il nous voulait. C’est ainsi le privilège de tout croyant de dire : «Bien que Dieu soit si grand, et que je sois si petit, Dieu me veut ; et me voulant, Il m’a appelé».
Pour comprendre la signification spirituelle de l’appel de Dieu, il est utile de considérer l’histoire d’Abraham. Il a été le premier saint de l’Ancien Testament à être appelé de Dieu. Il y avait eu d’autres hommes de foi avant lui. Abel avait souffert pour la foi en étant dans le monde. Énoch marcha par la foi à travers le monde. Noé a été sauvé par la foi hors d’un monde en ruine. Mais il a fallu attendre le temps d’Abraham pour entendre parler d’un saint appelé hors du monde. Or le monde était âgé de 1800 ans quand Dieu appela un homme pour en sortir. Réfléchissons un peu, et nous verrons la raison de ce délai. Jusqu’aux jours d’Abraham, les choses n’étaient pas mûres pour l’appel de Dieu ; car si Dieu appelle un homme hors du monde, c’est que le moment est arrivé où il est manifeste que le monde est condamné, et que Dieu en a fini avec lui. Dieu peut continuer avec lui pendant un certain temps, comme d’ailleurs Il l’a fait pendant de longs siècles ; et dans les voies de Dieu beaucoup de choses peuvent y être produites ; mais à partir du moment où Dieu appelle un homme hors du monde, nous pouvons être certains que, non seulement le monde en a fini avec Dieu, mais que Dieu en a fini avec le monde en tant que tel.
En outre, l’appel de Dieu signifie non seulement que Dieu en a fini avec ce monde mauvais, mais que le moment est venu pour Dieu de commencer à révéler à la foi un grand secret, à savoir qu’Il a un autre monde en vue, un monde où tout est en accord avec Lui-même.
Ainsi l’appel d’Abraham a été un tout nouveau départ dans les voies de Dieu. Et le nouveau principe sur lequel Dieu a commencé à agir il y a 4000 ans, est le principe sur lequel Dieu agit encore aujourd’hui, quoiqu’avec la venue de Christ, Sa mort, et Sa séance à la droite de Dieu, l’appel de Dieu a été révélé beaucoup plus complètement et nettement.
Deux aspects de l’appel ressortent très nettement de l’histoire d’Abraham. Nous lisons en Hébreux 11:8 : «étant appelé… pour s’en aller», par référence au monde qu’il devait laisser derrière lui. Ensuite, nous lisons : «étant appelé pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour héritage». Ce qui est en vue ici, c’est le nouveau monde dans lequel il a été appelé. Étienne se réfère également à ces deux aspects de l’appel d’Abraham, car il relate que Dieu dit à Abraham : «Sors de ton pays et de ta parenté, et viens au pays que je te montrerai.» (Actes 7:3).
Les ch. 10 et 11 de la Genèse décrivent le caractère terrible du monde d’où Abraham a été appelé à sortir. Trois choses marquaient ce monde. Tout d’abord c’était un monde apostat tombé dans l’idolâtrie. Nous le savons par les dernières paroles de Josué à Israël rapportées en Josué 24:2. Il leur rappelle que leurs pères, avec Térakh père d’Abraham, «ont servi d’autres dieux». L’idolâtrie exclut le vrai Dieu en établissant des dieux selon l’imagination mauvaise de l’homme. Cela signifie que l’homme avait apostasié de Dieu, et que Dieu était exclu du monde de l’homme.
Deuxièmement, c’était un monde où l’homme se glorifiait lui-même, car ils disaient : «Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet [atteigne] jusqu’aux cieux ; et faisons-nous un nom» (Genèse 11:4). Non seulement ce monde déshonorait Dieu, mais aussi il glorifiait l’homme.
Enfin, le ch. 11 se termine dans l’obscurité de la mor : «Térakh mourut à Charan». Le monde qui exclut Dieu et glorifie l’homme, est un monde qui est sous l’emprise de la mort. Les hommes peuvent acquérir une grande renommée, comme Nimrod qui était puissant sur la terre ; ils peuvent construire de grandes villes comme Assur, ou tenter de construire une tour dont le sommet touche au ciel, comme les hommes de Babel ; mais à la fin, le puissant doit s’incliner devant un encore plus puissant, la ville s’écroule dans la poussière, la tour devient un monceau, et la mort règne sur tout.
Voilà ce qu’était le monde d’où Abraham a été appelé. Un monde d’où Dieu était exclu, où l’homme était exalté, et sur lequel la mort régnait. Or tel qu’était le monde alors, tel il est encore aujourd’hui. Le monde actuel mauvais a eu son commencement dans les jours qui ont suivi le déluge. L’apôtre Pierre, se référant au monde avant le déluge, l’appelle «le monde d’alors» (2 Pierre 3:6). Ce monde a disparu à jamais ; mais immédiatement après, il parle «des cieux et de la terre de maintenant». Il fait référence par-là au monde qui a commencé après le déluge. Et comme il a commencé, en excluant Dieu, en exaltant l’homme, et en alimentant la mort, ainsi il a continué, et ainsi il finira dans un dernier éclat furieux d’apostasie de Dieu, d’exaltation de l’homme, et de dévastation de la mort.
Un monde avec un pareil caractère ne convient évidemment pas à Dieu. Le parole reçue par Abraham était : «Va-t’en de ton pays, et de ta parenté, et de la maison de ton père» (Genèse 12:1) ; et la parole de nos jours est : «Sortez du milieu d’eux et soyez séparés» (2 Cor 6:17) ; quant aux corruptions babyloniennes de la chrétienté, la parole est : «Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies» (Apoc. 18:4).
Ceci, cependant, n’est qu’un aspect de l’appel de Dieu. Il y a, comme nous l’avons vu, un autre aspect très béni.
Si l’histoire d’Abraham nous instruit sur le caractère du monde de l’homme, elle nous donne aussi des aperçus brillants du monde de Dieu. On se souvient qu’Étienne commence son discours devant le sanhédrin juif en rappelant l’histoire d’Abraham. Il dit: «Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham». Il ne dit pas le ‘Dieu de la terre’, mais le ‘Dieu de gloire’, c’est-à-dire le Dieu d’un autre monde, un monde de gloire. Dans l’Écriture, la grande pensée de la gloire, c’est Dieu manifesté. Le Dieu de gloire implique le Dieu d’une scène où Dieu est parfaitement révélé selon Sa nature et Ses attributs. Entourés comme nous le sommes de tous côtés par un monde où s’étale le mal du cœur de l’homme, d’où Dieu est exclu, où l’homme est exalté et où la mort règne, nos sensibilités sont émoussées par le contact permanent avec ce monde-là, et nous avons du mal à réaliser la bénédiction infinie d’un autre monde, celui où Dieu est pleinement révélé — où tout parle de l’amour, de la sainteté, de la sagesse et de la puissance de Dieu, une scène donc de joie parfaite et de repos, où le péché, la douleur, et la mort ne pénètrent jamais. Un tel monde de gloire est aux antipodes de ce monde mauvais.
Or non seulement ce nouveau monde de gloire a été mis au grand jour, mais le propos de Dieu d’y avoir les Siens a aussi été révélé, car si le Dieu de gloire est apparu à un homme, c’est pour que l’homme puisse paraître dans la gloire de Dieu. Cela aussi ressort de façon très heureuse dans l’histoire d’Étienne. Car s’il commence son discours par le Dieu de gloire apparaissant à un homme, il le termine par le témoignage rendu à l’Homme apparaissant dans la gloire de Dieu : «Mais lui… ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu ; et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu» (Actes 7:55-56). L’Esprit de Dieu, par Étienne, place ainsi devant nous un nouveau monde de gloire, et un Homme nouveau dans cette gloire, Quelqu’un de parfaitement adapté à une scène où Dieu est pleinement révélé. En outre, l’apôtre Paul nous dit que ceux qui sont appelés selon le propos de Dieu sont prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils (Rom. 8:28, 29). Dans la mesure où ces vérités entrent dans nos âmes dans toute leur grandeur, nous commençons à réaliser la bénédiction surabondante de cet appel qui nous introduit dans un monde de gloire, pour y être conformes à l’image de l’Homme dans la gloire. Nous pouvons bien chanter:
Est-ce possible ! Nous serons semblables à Ton Fils.
Est-ce là la grâce qu’Il nous a gagnée ?
Père de gloire, quelle pensée qui surclasse toute autre :
Être amenés à Sa ressemblance bénie dans la gloire !
Ayant vu le caractère de l’appel, à la fois par rapport au monde d’où nous sommes appelés, et par rapport au monde vers lequel nous sommes appelés, — nous pouvons bien nous demander quel est l’effet présent de l’appel sur le peuple de Dieu.
Ici encore, l’histoire d’Abraham nous fournit une riche instruction. Il est évident que l’appel de Dieu a entièrement changé le cours de sa vie. Il est également clair que ce changement n’a été produit que dans la mesure où il a répondu à l’appel. L’appel de Dieu est devenu un test pour la foi d’Abraham, tout comme d’ailleurs il devient un test pour chaque enfant de Dieu aujourd’hui. Voici le test : l’appel de Dieu dans toute sa grandeur et sa bénédiction, a-t-il une emprise telle sur nos affections qu’il l’emporte sur toute autre considération ? Dans le cas d’Abraham, Dieu lui a dit : «Va-t’en de ton pays, et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai». C’était, en effet, un test sévère pour la foi d’Abraham. L’appel de Dieu était-il si important et si béni à ses yeux qu’il pouvait obéir à cet appel et laisser entièrement derrière lui son pays, sa parenté, et la maison de son père ? L’histoire d’Abraham nous dit qu’il a été freiné, pour un temps, par la maison de son père.
Abraham a été appelé à quitter littéralement le pays de sa naissance, sa parenté et la maison de son père. Dans le cas du chrétien l’appel ne prend pas ce caractère littéral, mais néanmoins nous sommes appelés à être moralement en dehors du pays, de la parenté et de la maison du père. Et si le chrétien en est moralement en dehors, cela peut amener à ce qu’il soit chassé du cercle politique, social, et même familial, comme dans le cas de l’aveugle-né de Jean 9. En tout cas, le moment vient dans notre vie où nous avons à décider si ce qui est primordial est l’appel puissant de Dieu, ou les revendications insistantes du pays, de la parenté, et de la maison de son père.
Si nous obéissons à l’appel, l’effet sera triple.
Tout d’abord, nous deviendrons étrangers et pèlerins sur la terre. C’est ce qui arriva pour Abraham et pour ceux qui lui étaient associés. Ils ont entendu l’appel de Dieu, ils ont vu «de loin» la perspective bénie déployée devant eux dans les promesses qui parlaient de la patrie céleste et de la cité de Dieu. Le résultat en a été, qu’étant persuadés de ces promesses, ils s’en sont emparé, et ont confessé qu’ils étaient étrangers et pèlerins sur la terre.
Deuxièmement, après avoir accepté de suivre un chemin où l’on est étranger, on devient témoin de Dieu sur la terre. Ainsi quant à ceux qui, comme Abraham, ont confessé être devenus étrangers et pèlerins, il est dit d’eux : «ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu’ils recherchent une patrie» (Héb. 11:13-14). L’homme qui a une confession claire comme témoin de Dieu, est l’homme qui répond à l’appel de Dieu.
Troisièmement, ayant répondu à l’appel, ayant pris le chemin en tant qu’étrangers, et s’étant donc franchement déclaré pour Dieu, on acquiert de nouvelles bénédictions pour son âme, et on fait donc des progrès spirituels dans la lumière reçue. Il en fut ainsi avec Abraham. Il n’a pas reçu d’autre lumière de Dieu jusqu’à ce qu’il ait répondu à l’appel. Mais une fois qu’il a répondu à l’appel, Dieu lui est apparu pour la seconde fois, et lui a donné davantage de lumière, lui parlant de la Semence, et disant : «Je donnerai ce pays à ta semence» (Genèse 12:7).
Le grand panorama de gloire déroulé à la foi dans l’appel de Dieu rend les gloires fugitives de ce monde très faibles et fort minces. Quand on les voit dans leurs vraies dimensions, les laisser derrière n’est guère difficile. Et s’il arrive que pour «un moment» l’appel de Dieu soit source d’une «légère affliction», qu’importe puisque nous savons qu’il y a au-delà «en mesure surabondante, un poids éternel de gloire» (2 Corinthiens 4:17) !
Puisse l’appel de Dieu devenir pour chacun de nous si réel, si net et si grand que, comme Paul autrefois, nous puissions dire, «oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le christ Jésus» (Philippiens 3:14), et que nous soyons vraiment en mesure de chanter :
Appelés d’en-haut,
Êtres célestes par naissance,
Jadis citoyens de la terre,
Aujourd’hui pèlerins ici-bas,
Nous cherchons une patrie céleste,
Notre part pour les siècles à venir.