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Sur la DOCTRINE de L’ÉPÎTRE aux ÉPHÉSIENS

 

 

Ses résultats pratiques pour le temps actuel

 

La ruine et le témoignage

 

par Henri  Rossier

 

1     AVANT-PROPOS

2     Arguments contre la valeur du témoignage

3     Conseils de Dieu au point de vue individuel et mesure de leur accomplissement

4     Trois parties des conseils de Dieu

5     Une quatrième partie de ces conseils : L’unité du corps

6     L’unité de l’édifice

7     Grand sujet de l’unité du corps

8     Comment on réalise l’unité

9     L’évangélisation en rapport avec l’unité du corps

10      Le corps s’édifiant lui-même

11      L’appel de Dieu et ses deux caractères

12      Conséquences pratiques de l’appel

13      L’Épouse de Christ et les relations mutuelles

14      L’Épouse et l’attente collective du Seigneur

15      L’attente individuelle du Seigneur

16      De nouveau l’Épouse et les relations naturelles — La crainte

17      L’amour

 

1                    AVANT-PROPOS

Les vérités fondamentales présentées dans l’épître aux Éphésiens exercent, quand elles sont comprises, une influence prépondérante sur notre marche comme Assemblée, comme individus et même sur nos relations de famille. Ces vérités sont de plus en plus négligées par les chrétiens qui les avaient une fois connues et maintenues. Il nous a paru utile de les rappeler et d’en faire ressortir les conséquences pratiques, car leur abandon est l’une des causes principales de l’état de ruine dans lequel nous nous trouvons.

Puissent ces quelques pages réveiller les âmes et les ramener à la pratique des choses qui leur ont été une fois enseignées.

 

2                    Le témoignage de Dieu et la ruine de l’église chrétienne

Les tendances qui se manifestent actuellement, fruit de l’action de l’Ennemi pour nous détourner de ce que Dieu nous a donné, sont souverainement dangereuses pour le témoignage qui nous a été confié.

Nous savons que l’état actuel dans lequel se trouve l’Église est un état de ruine, mais nous devons reconnaître que celui dans lequel nous nous trouvons comme corps de témoins est un état de ruine tout aussi complet que celui de l’Église.

Beaucoup d’âmes sérieuses perdent courage devant ces constatations, parce que préoccupées d’elles-mêmes elles s’étaient dit : nous sommes le témoignage, nous, qui ayant constaté la ruine, nous sommes séparés du mal. Et voici qu’il leur faut constater que la ruine s’est étendue à elles-mêmes ! Je leur réponds : Vous êtes ruinés comme porteurs du témoignage, mais vous n’êtes pas le témoignage de Dieu qui ne peut être ruiné. Il a été laissé pour le moment entre vos mains ; si vous y avez été infidèles, Dieu ne vous a pas encore ôté l’administration des vérités qu’Il vous avait confiées. Il les avait d’abord révélées à Paul, qui en fut l’administrateur fidèle, elles sont encore, malgré tout, entre vos mains coupables. Son témoignage demeure ; vous en êtes les porteurs indignes et nous nous joignons à vous pour accepter avec humiliation le jugement de Dieu sur notre infidélité.

3                    Arguments contre la valeur du témoignage

Les âmes découragées dont nous parlons jugent inutile de s’occuper dorénavant de ce témoignage parce qu’elles n’ont pas réalisé ce à quoi elles étaient appelées, et comme si, par la ruine, ces vérités avaient prouvé leur non-valeur. Il faut étendre dorénavant nos vues et nos notions, disent-elles. Il y a des compagnies de chrétiens qui se réunissent à peu près comme nous ; donnons-leur la main, élargissons nos limites. On trouve chez elles beaucoup d’activité chrétienne. Les fausses doctrines qui peuvent les avoir caractérisées au début n’ont plus, à leurs yeux, qu’une importance restreinte.

Si nous acceptons ce principe, il n’y a plus que quelques pas à faire jusqu’à l’abandon complet du témoignage. Satan qui cherche toujours à nous faire perdre notre position de séparation comme témoins y réussit avec de tels arguments, et cela doit nous faire comprendre l’immense importance pour nous de retenir les vérités fondamentales du témoignage, de demeurer dans les choses que nous avons apprises, et connues dès le commencement, de combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints (2 Tim. 3:14 ; 1 Jean 2:24 ; Jude 3).

Un autre argument qui est de même nature se présente souvent ainsi : Quelle folie de prétendre que ceux qui, comme chrétiens, sont aussi ruinés que les autres, possèdent seuls la Table du Seigneur ! N’est-elle pas partout où se réunissent des chrétiens ? On ne va pas jusqu’à dire qu’elle se trouve là où les chrétiens se rassemblent avec le monde, mais on affirme que des centaines de communautés chrétiennes possèdent la Table du Seigneur.

Une telle pensée est la conséquence de l’abandon de la vérité fondamentale que Dieu nous a confiée pour le jour actuel (car, ne l’oublions pas, le témoignage de Dieu a revêtu, suivant les temps, des caractères divers). Cette vérité est l’unité du Corps de Christ, l’Église. Il faut distinguer la Table du Seigneur de la Cène. La Cène, mémorial de la mort de Christ, se trouve dans toutes les congrégations protestantes, mais la Table du Seigneur n’existe de fait que là où l’unité du Corps de Christ est reconnue et proclamée, car un seul pain auquel nous participons tous est le signe visible, le seul de l’unité du Corps de Christ (1 Cor. 10). Si ce principe était reconnu par tous les chrétiens, ils seraient tous réunis ensemble, et ceux qui maintiennent la vérité de l’unité du Corps de Christ n’auraient pas à se séparer des autres.

Il est donc nécessaire pour nous de maintenir les vérités que Dieu nous a confiées au commencement, vérités remises en lumière de nos jours, comme témoignage, et de ne pas nous laisser enlever de nouveau par l’ennemi ces principes qui furent abandonnés pendant des siècles.

Le résultat de la ruine est que l’Église est devenue invisible dans ce monde, Satan nous dit alors : Pourquoi vous en occuper ? — Nous reconnaissons l’avoir rendue invisible par notre infidélité, mais elle n’en existe pas moins sur la terre aux yeux de Dieu et aux yeux de la foi.

Je vais plus loin : Je dis que cette vérité de l’unité du Corps de Christ est le point de départ pratique de toutes les relations des chrétiens entre eux, et que, sans elle, ces relations ne peuvent exister dans leur intégrité. C’est ce que je chercherai à prouver en considérant quelques parties de l’épître aux Éphésiens qui place d’une manière particulière devant nous les conseils de Dieu de toute éternité, conseils qui ne sont nullement atteints par la ruine de l’Église. Le Seigneur s’occupe de son Assemblée, Il a les yeux sur elle, Il la purifie par le lavage d’eau, par la Parole, afin que les conseils de Dieu soient pleinement accomplis à son égard ; il ne lui restera pas une tache, pas une ride, quand le Seigneur l’introduira dans la gloire et se la présentera dans son éternelle jeunesse et son inflétrissable beauté. Dieu avait de toute éternité la pensée «que les nations seraient cohéritières et d’un même corps (sussôma) et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’Évangile». Il avait la pensée d’acquérir une Épouse pour son Fils. Ce mystère, caché dans le coeur de Dieu, nous a été révélé. Toutefois, il est important de remarquer que ses conseils ne sont pas encore pleinement accomplis à l’égard de Christ, ni à notre égard.

4                    Conseils de Dieu au point de vue individuel et mesure de leur accomplissement

Le premier chapitre de l’épître nous dévoile les conseils de Dieu, d’abord quant à notre position individuelle.

1° Il nous a voulus devant lui en Christ. Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle en Christ : En Lui, non pas encore avec Lui. Christ est l’objet de toutes les bénédictions, et ce grand fait nous appartient, car Dieu nous a donné une position en Christ (v. 3).

2° Au v. 4, Dieu nous donne un caractère : «Selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour». Saint, irréprochable devant lui en amour ? Christ l’est et je le suis en lui. Un jour, je le serai personnellement, mais dès maintenant ce conseil de Dieu est réalisé pour moi en Christ. Christ est devant Dieu dans toute la perfection de son caractère et veut nous y avoir.

3° Il nous donne une relation, actuellement établie et déjà pleinement réalisée. «Nous ayant prédestinés pour nous adopter pour Lui, par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé» (v. 5, 6). L’adoption est un fait accompli ; je suis un enfant de Dieu, Dieu m’a engendré et m’a mis en rapport avec Lui dans cette relation d’enfant. Cette adoption n’a pas le caractère d’une adoption humaine. Quand j’adopte un enfant, je puis lui donner tous mes biens, mais je ne pourrai jamais faire qu’il ne soit pas l’enfant d’un autre. Dieu nous adopte en nous communiquant sa nature, car nous sommes adoptés en Christ et rendus participants de la nature divine. Nous trouvons la même pensée dans la première épître de Jean : «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu» (3:1). Il nous a fait don de sa nature qui est amour.

«Agréables dans le Bien-aimé», nous ne le sommes pas en nous-mêmes. En cela les conseils de Dieu ne sont donc pas encore complètement accomplis à notre égard.

Il en est de même pour ce qui concerne Christ : «Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté... savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre». Dieu veut établir Christ comme centre de toutes choses, mais tout ne lui est pas encore assujetti. Il est déjà le centre des lieux célestes, mais ce qui concerne la terre est encore à venir.

5                    Trois parties des conseils de Dieu

Mais de plus, Il veut nous faire cohéritiers de Christ, c’est la troisième partie de ses conseils. La première traite de ce qui nous concerne (v. 3-8), la deuxième a rapport à Christ (v. 9, 10), la troisième à l’héritage (v. 11, 12). Nous sommes héritiers, mais nous ne sommes pas entrés en possession de l’héritage. Nous n’avons pas encore tout ce que comportent pour nous les conseils de Dieu, c’est pourquoi l’apôtre demande (v. 17, 18) que nous ayons l’esprit de sagesse et de révélation pour que nous sachions quelle est l’espérance de son appel. L’espérance de son appel, c’est d’être un jour avec Christ, dans la gloire, tels que Dieu nous voit maintenant en Lui.

6                    Une quatrième partie de ces conseils : L’unité du corps

À la fin du chap. 1, nous voyons une quatrième partie des conseils de Dieu. Dieu a voulu former un corps ici-bas pour Christ, Tête ressuscitée dans le ciel. Cette partie de ses conseils est réalisée ; Christ est assis à la droite de Dieu et l’Église est son corps sur la terre, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous (v. 23). L’homme mystique est formé, il n’est pas à venir. Nous sommes le corps de cette Tête, unis à elle par le Saint Esprit, et cet ensemble est aussi appelé «le Christ» (1 Cor. 12:12). Dieu nous laisse maintenant sur la terre ; en cela son conseil n’est pas encore pleinement accompli, car il veut nous avoir dans les lieux célestes avec Christ, tandis qu’au chap. 2, v. 6, Il nous «a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes» en Christ. Nous pouvons donc nous considérer comme assis en Christ dans les lieux célestes, sans que nous le soyons toutefois encore avec Lui.

À la fin du second chapitre (v. 13-17), le Seigneur a non seulement réuni, par sa croix, en un seul corps les Juifs et les gentils, autrefois complètement séparés et ennemis, et entre lesquels s’élevait un mur mitoyen que sa croix a fait tomber : Il est «notre paix» (v. 14) ; mais, de plus, il a fait «la paix» (v. 15). Il l’a faite par l’oeuvre de la croix aussi bien entre Juifs et Gentils qu’avec Dieu. Possédant la paix sous ce double caractère, nous pouvons ensemble nous approcher ; «nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit», comme une seule famille. C’est la grande vérité de l’unité de famille, développée dans les écrits de Jean, et qui n’est touchée ici qu’en passant.

7                    L’unité de l’édifice

Ensuite vient l’unité de l’édifice. C’est un temple qui s’accroît. Il est très important de saisir cette pensée du Temple de Dieu : «Tout l’édifice... croît pour être un Temple saint dans le Seigneur» (v. 21). C’est l’oeuvre de Dieu, elle n’a rien à faire avec la responsabilité de l’homme. Il n’ajoute à son temple que des pierres vivantes. C’est aussi l’oeuvre de Christ, car il a dit : «Sur ce roc, je bâtirai mon assemblée». Cet édifice de pierres vivantes, dont Jésus Christ lui-même est la maîtresse pierre du coin, n’est pas terminé, l’oeuvre se continue, le temple se bâtit. Nous ne le voyons pas, mais Dieu le voit. Ici encore, les conseils de Dieu n’ont pas leur plein accomplissement. Il veut avoir cet édifice complet dans la gloire et pour les temps éternels. À cause de la ruine de l’Église responsable, nous n’assistons pas de nos yeux à l’édification de ce temple, mais quand il sera terminé, quand la dernière pierre de l’édifice dont Christ est l’angle et la clé de voûte (cf. Zach. 3:9 ; 4:7) sera placée, le conseil de Dieu sera accompli.

Comme nous l’avons vu, d’une part, le Corps de Christ existe, il est établi sur la terre ; d’autre part, Christ bâtit son temple qui ne sera achevé que dans la gloire. Mais nous avons encore une autre notion de l’édifice : il est considéré comme une unité, formée actuellement ici-bas, maison où Dieu habite par l’Esprit. Nous sommes aussi édifiés ensemble, dans le Seigneur, pour être cette habitation actuellement ici-bas. C’est l’édifice confié à notre responsabilité et que nous avons ruiné. Néanmoins, nous sommes appelés à montrer ce qu’est cette habitation de Dieu par l’Esprit, ici-bas sur la terre, et à agir envers les âmes de manière qu’elles y prennent place.

8                    Grand sujet de l’unité du corps

Aux chapitres 3 et 4, nous retrouvons ce qui n’avait été que touché à la fin du chapitre 1, l’unité du Corps de Christ.

Au premier et au deuxième chapitre, nous avons les conseils de Dieu et la mesure dans laquelle il les a déjà réalisés et les réalisera. Nous trouvons au troisième chapitre l’administration ou la gérance du mystère confié à Paul, c’est-à-dire, du conseil de Dieu quant à l’Église.

Nous sommes tenus, à notre tour, d’insister sur les choses que Paul présentait. Ce mystère merveilleux, «lequel, en d’autres générations, n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes» (3:5), nous en sommes les dépositaires. Dieu nous a confié son secret le plus intime, sans en rien distraire. Quand il s’agissait de ses voies en jugement sur la terre, Il ne les a pas cachées à Abraham. De nous qui ne sommes pas des Abraham, mais misérables en tout point, Dieu dit : Est-ce que je leur cacherai ce que je n’ai pas fait connaître depuis la création du monde ? Ces choses, Il nous les a révélées par son Esprit, non seulement à l’égard de Christ, mais à l’égard de notre propre position en Lui. Il a ouvert un horizon sans limites devant nos yeux, pour que nous connaissions son conseil, que nous en jouissions et que nous y conformions notre marche.

9                    Comment on réalise l’unité

Telle est la seconde partie de l’épître, nous devons réaliser ce qu’est l’Église dans la pensée de Dieu.

Si j’ai compris l’unité du corps de Christ, le caractère de ma marche doit dépendre de la connaissance de cette vérité. Mais n’oublions pas qu’elle ne peut en dépendre sans la communion de l’amour de Christ. C’est pourquoi les exhortations du chapitre 4 sont précédées, tout d’abord, de la prière instante de l’apôtre, pour que nous ayons la connaissance et la jouissance en commun de cet amour (3:14-21).

«Je vous exhorte donc... à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés, avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l’un l’autre dans l’amour» (4:1, 2). Les membres de notre corps offrent un exemple frappant de cette vérité. Chacun a sa place et concourt au but commun ; ainsi l’oeil, mon organe le plus noble, laisse à ma main ses fonctions et, bien plus, lui vient en aide. Serait-il possible qu’il se refusât à voir ce que ma main doit prendre, ou ma main à prendre ce qu’elle doit rapprocher de mon oeil ? Que mon pied se refusât à marcher vers le but que mon oeil entrevoit, ma main à porter à ma bouche les aliments dont j’ai besoin, mon oreille à m’avertir d’un danger qui s’approche ? Non, mes membres naturels s’avertissent, s’aident, se supportent les uns les autres, parce que mon corps est un. Toutes les exhortations contenues dans le chapitre 4 s’appliquent au fonctionnement du corps. Aucun membre ne s’élève au-dessus des autres. Si le pied fait un faux pas, la tête n’use pas de sévérité, mais de douceur envers lui. Si la main est inhabile, le cerveau la supporte jusqu’à ce que la main parvienne à s’acquitter de sa tâche (4:1 ; 1 Cor. 12 ; Rom. 12).

Si nous réalisons l’unité du Corps de Christ, et rien ne peut être plus odieux que de la proclamer comme vérité sans sentir la nécessité de la réaliser pratiquement, nous le montrerons dans nos rapports les uns avec les autres. C’est ce que l’apôtre développe en Rom. 12 et en Éph. 4. Hélas ! quand il s’agit du Christ dont nous faisons partie, nous devons confesser avec humiliation que nous savons bien peu réaliser ce principe : Marchez «d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés, avec toute humilité et douceur... vous supportant l’un l’autre». Combien peu d’humilité, de douceur, de support, combien peu d’amour parmi nous ! Cela ne vient-il pas de ce que nous sommes devenus plus ou moins indifférents à cette vérité de laquelle doivent dépendre toutes nos relations fraternelles ? Du moment que nous comprenons réellement quelle est notre place respective dans le Corps de Christ, tous les caractères de nos rapports mutuels seront nécessairement conformes à cette connaissance. Ces choses sont abstraites et difficiles à saisir, direz-vous. Elles ne le sont aucunement, mais il est de toute importance de comprendre qu’on ne peut avoir une vie de relations conforme à la pensée de Dieu, là où l’on ignore la vérité de l’unité du corps de Christ, de cet ensemble que Dieu a formé ici-bas. «Vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix» (4:3). L’unité de l’Esprit est la réalisation pratique de l’unité du corps. Nous n’avons pas à garder l’unité du corps, elle existe, mais à la réaliser pratiquement par l’unité de l’Esprit, car, comme il y a un seul corps, il y a un seul Esprit (4:4). Notez que, comme membre du corps de Christ, je ne dois nullement me séparer de coeur de celui qui n’aurait aucune idée de cette unité. Il suffit que je la connaisse pour pouvoir réaliser par l’Esprit, avec le chrétien même le plus ignorant, que nous appartenons tous deux à un seul corps. Je cultiverai la communion avec lui dans le Seigneur et m’appliquerai à trouver en quoi nous pouvons la réaliser ; je chercherai, par le lien de la paix, à garder l’unité de l’Esprit qui nous unit et dans lequel nous pouvons nous édifier et nous réjouir ensemble. Je serai gardé de tout esprit sectaire en gardant cette unité de l’Esprit, parce que, connaissant l’unité du corps, je réaliserai, même avec ceux qui l’ignorent, les rapports qui en découlent.

10               L’évangélisation en rapport avec l’unité du corps

Il y a un Corps de Christ ici-bas, dans ce monde. Les dons sont le moyen de le faire arriver à sa perfection, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ, et de nous faire tous parvenir à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu (4:7-15).

Ici surgit un nouveau danger. En examinant ce qui se passe dans la chrétienté, on trouve, à côté d’un effort formidable de l’Ennemi pour détruire, effort aboutissant à l’apostasie qui amènera la chrétienté à renier le Père et le Fils, on trouve, disons-nous, une action puissante de l’Esprit de Dieu pour amener des âmes à la connaissance de Christ par l’Évangile. Nous traversons un temps d’activité spirituelle plus étendue qu’à aucune autre époque. Dans tous les pays, l’Esprit de Dieu agit puissamment par l’Évangile ; son action n’est pas confiée spécialement à ceux qui connaissent les vérités que nous avons exposées. Bien loin de là. Si nous avions été fidèles, nous en aurions été des agents beaucoup plus actifs ; le Seigneur nous aurait ouvert très largement des portes pour annoncer le salut, mais nous portons la conséquence de notre infidélité, et Dieu opère puissamment par toutes sortes d’agents. Toutefois, le témoignage que Dieu nous a confié a eu ce résultat, qui n’existait pas auparavant, c’est que beaucoup de chrétiens en dehors de nous, reniant tout caractère ecclésiastique, vont sous la libre direction de l’Esprit, annoncer l’Évangile dans le monde. Cependant, ces chrétiens ignorent après tout une vraie séparation du monde, et l’ennemi s’en sert, comme de toute autre chose, pour nous ébranler dans notre témoignage et nous amener à les imiter. Dans leur désir sincère d’attirer les âmes, ils usent des moyens usités par le monde, organisations humaines, annonces dans les journaux, affiches, etc. Si, abandonnant le terrain de séparation sur lequel Dieu nous a placés, nous donnons la main à ces chrétiens en vue d’une action commune, qu’en résultera-t-il ? Nous renierons ce qui doit nous distinguer dans la prédication de l’Évangile. Leur but est d’amener des âmes à Christ, j’en rends grâces à Dieu et je le prie instamment de bénir leur ministère et les âmes amenées par eux. Mais ce que Dieu nous a confié va plus loin ; nous avons à réaliser ce que c’est que l’Assemblée, et par conséquent, nous ne limiterons pas l’Évangile au pardon des péchés et à la justification par la foi ; il nous faudra quelque chose de plus. Nous le trouvons aux v. 10 et suivants du chapitre 4 : «Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses ; et Lui, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, en vue du perfectionnement des saints, pour l’oeuvre du service, pour l’édification du Corps de Christ». Ainsi l’évangéliste n’est pas séparé du prophète, du pasteur, du docteur, dans l’oeuvre qui lui est confiée, en vue de la perfection des saints : pour l’édification du corps de Christ. Il occupe ici une place très prééminente, car sans lui l’assemblée ne pourrait se former ni s’accroître. Ce que les frères dont je parle ne comprennent pas, c’est que si Dieu nous appelle à être des instruments de salut pour les âmes, c’est pour l’édification du corps de Christ. Tant que l’évangéliste n’a pas amené une âme convertie à comprendre qu’elle prend sa place dans le Corps de Christ, il n’a pas pleinement accompli sa mission. C’est là ce qui doit nous distinguer dans l’évangélisation. Elle a pour nous un caractère plus étendu et nous ne devrions jamais l’oublier. Du moment que l’évangélisation se trouve entre les mains d’ouvriers libres, appartenant aux différentes sectes de la chrétienté, ou de pasteurs qui s’associent à eux en reniant momentanément leur caractère ecclésiastique, ces ouvriers, dont nous reconnaissons hautement le zèle et le dévouement, disent aux âmes qui acceptent le salut : Restez où vous êtes, dans vos églises ; nous n’avons aucune pensée de vous en faire sortir ; vous connaissez Christ, c’est tout ce qu’il faut. Grâce à Dieu, nous disons : Il y a un témoignage de Dieu rendu dans le monde : la grande vérité cachée jusque-là dans les conseils de Dieu et dont l’administration fut confiée à l’apôtre Paul, c’est qu’en vertu de la descente du Saint Esprit, il y a dans ce monde un seul Corps de Christ, une habitation de Dieu par l’Esprit, et que c’est là, et nulle autre part, qu’est la place de tous les rachetés. Une telle vérité, reçue dans l’âme, la sort nécessairement de tous les systèmes religieux humains, fruits de la ruine dont tout fidèle gémit.

11               Le corps s’édifiant lui-même

Au milieu du chapitre 4, depuis le v. 15, nous trouvons, outre les dons destinés à l’édification du Corps de Christ (v. 9-13), que le Corps de Christ s’édifie lui-même, la Tête infusant à tout le Corps l’énergie spirituelle qui produit son développement. «Le Chef, le Christ, duquel (comme source) tout le Corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour» ; n’en est-il pas ainsi de notre corps naturel ? La tête constitue le centre nerveux actionnant tous les membres au moyen des organes divers, nerfs, muscles, etc., qui les relient.

Vérité pratique et de la plus haute importance pour nous tous ! Chaque membre a une fonction dans le corps pour l’édification de lui-même en amour (v. 16). Chacun de nous a-t-il compris que sa place dans le Corps et sa relation avec le Chef, l’obligent à travailler de manière que le corps fonctionne et s’accroisse d’une manière normale ? Si nous faisons partie du Corps de Christ, de l’Assemblée de Dieu, pourrons-nous rester inactifs et nous borner à nous laisser faire du bien et à recevoir de l’édification par d’autres ? Des milliers de chrétiens n’ont pas l’idée que, tous, sans exception, nous sommes des membres actifs du Corps de Christ, et que cette énergie spirituelle que la Tête dispense à chaque partie du corps appelée une «jointure du fournissement» a pour but le fonctionnement normal de l’ensemble. Il n’y a pas dans le corps un membre inutile, fût-ce le plus insignifiant, et s’il n’agit pas, tout le corps s’en ressent. Toute âme, frère ou soeur, qui ne se rend pas compte, pour le réaliser, du rôle que Dieu lui a confié, entrave toute l’action de l’ensemble. La vérité de l’unité du corps a donc, sous tous les rapports, des conséquences pratiques immenses. Chacun de nous doit se rendre compte de la place qui lui est assignée dans le Corps, et nous devons nous y tenir, sans fausse humilité, avec prière et dans une dépendance complète de Lui. Et de plus, nous pouvons désirer avec ardeur les dons spirituels. S’il en était ainsi, quelle autre activité ne verrait-on pas se produire ? Rencontrerait-on, dans les assemblées des saints et dans la vie journalière, cette paresse spirituelle qui est un fait général ? Nous pouvons nous rendre compte de ce qu’est la solidarité quand il s’agit du Corps de Christ. L’ignorance de l’unité du Corps a fait perdre à la plupart des chrétiens tout sentiment de cette solidarité. Il nous faut revenir à ces vérités premières et capitales que Dieu nous a confiées, car elles ont perdu pour nos âmes l’intérêt qu’elles devraient avoir. Combien cela est douloureux à constater ; cette négligence a son retentissement sur toute notre vie pratique.

12               L’appel de Dieu et ses deux caractères

(4:17 à 5:21). — Considérons maintenant ce que c’est que l’appel de Dieu. Au chapitre 1, nous trouvons en premier lieu le côté individuel de l’appel, c’est pourquoi l’apôtre prie pour que les Éphésiens soient éclairés et sachent «quelle est l’espérance de Son appel» (1:18). Ici, l’appel a trait au caractère que Dieu a voulu nous donner dans sa présence pour toujours : «saints et irréprochables devant lui en amour» (1:4). Il est dit : «l’espérance de son appel», parce que, comme nous l’avons vu, le conseil de Dieu n’a pas encore reçu son plein accomplissement. L’espérance de son appel est d’être une fois, en personne dans la gloire, ce que nous sommes déjà en Christ devant Dieu.

Au chapitre 4, v. 1, nous sommes exhortés à «marcher d’une manière digne de l’appel» dont nous avons été appelés. C’est le côté collectif de l’appel. Nous sommes appelés à être ici-bas un seul peuple, le peuple de Dieu, un seul édifice, un seul Corps, en un mot, nous sommes appelés à une position collective dans laquelle nous sommes unis intimement avec la Tête glorifiée. Le Corps est toujours considéré comme un tout existant ici-bas à un moment quelconque, quoique le temple ne soit pas terminé et que nous ne soyons pas encore assis dans la gloire avec Christ.

13               Conséquences pratiques de l’appel

Ces deux caractères de l’appel : l’appel à être un seul corps et l’appel à être individuellement tels que Christ dans la gloire, sont réunis, mais non pas confondus, depuis le chapitre 4:17 au chapitre 5:21. Dans ce passage, nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne des deux caractères de notre appel. À ces vérités, le chapitre 5 ajoute que nous possédons la vie, l’Esprit et la nature de Dieu. Nous sommes faits lumière dans le Seigneur parce qu’Il est lumière, nous pouvons marcher dans l’amour parce que Dieu est amour et qu’Il nous a fait don de cet amour, de sa propre nature (v. 8 et v. 2).

La connaissance de l’appel de Dieu est d’une immense importance pour notre marche.

Nous retrouvons, d’une manière plus particulière, les exhortations relatives à notre appel collectif aux v. 25 à 32 du chapitre 4. L’épître aux Colossiens (Col. 3:15), nous présente les mêmes exhortations, basées sur cet appel : «Que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos coeurs». Nous sommes appelés à cultiver en un seul corps les relations habituelles de la vie, aussi ne devons-nous pas faire comme le monde dont la plupart des rapports sont basés sur le mensonge : «Ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain ; car nous sommes membres les uns des autres» (4:25). Nos rapports, si nous avons l’intelligence de l’appel de Dieu, seront selon la vérité, parce qu’ils sont basés sur Christ et sur l’union intime des membres de son Corps. Nous ne pouvons dérober, le Seigneur ne dérobe point ; ni prononcer des paroles déshonnêtes, le Seigneur n’en prononce point. Nous trouvons encore, au v. 32 : «Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné». Objet du pardon de Dieu, est-il possible qu’un membre du Corps ne pardonne pas à l’autre ? Tel membre peut avoir fait un tort réel à tel autre, parlons-lui en vérité, mais sans conserver du ressentiment dans nos coeurs ; ne pardonnons pas à moitié, mais pardonnons comme Dieu nous a pardonné en Christ, d’une manière absolue et basée sur le fait que nous sommes unis par un seul Esprit pour être membres d’un seul Corps. Nous manquons tous honteusement à réaliser ainsi notre appel, c’est pourquoi nous insistons sur ce point. Si nous ne maintenons pas cette vérité profonde, l’unité du Corps de Christ, nous pécherons grièvement dans nos relations mutuelles et nous déshonorerons aux yeux du monde le témoignage de Dieu. Au chap. 5:21, nous lisons encore : «Étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ». Remarquez combien cette unité du Corps de Christ a dans toute l’épître son influence sur nos relations comme formant un ensemble. Nous ne serions que deux sur la terre à comprendre l’unité du Corps, que nous aurions à être soumis l’un à l’autre, à nous exhorter l’un l’autre, etc.

Dans la seconde partie du chapitre 4, v. 17-32, nous voyons, en outre, ce qui découle de notre appel individuel. Nous avons la nature de Dieu, nous en avons fini avec le vieil homme, la vérité de ce fait est en Jésus (v. 21). On s’imagine souvent que nous avons à dépouiller le vieil homme et à revêtir le nouvel homme. Il n’en est pas ainsi, nous avons à dépouiller ses actes (Col. 3:5-8), par la raison même que le vieil homme est dépouillé et le nouvel homme revêtu (4:22, 23 ; Col. 3:9, 10). Nous possédons une nature nouvelle qui nous met en état de représenter le caractère divin devant le monde. D’autre part, le renouvellement de l’esprit de notre entendement (4:23) n’est pas accompli une fois pour toutes, mais il a lieu continuellement. Nous sommes, comme individus, des créatures nouvelles, selon toute la pensée de Dieu révélée en Christ à notre égard. Et comme tels, quelle sera notre conduite ? Nous ne marcherons pas comme les nations, selon le vieil homme, chapitre 4, v. 25, etc.

Nous trouvons, au v. 30, un nouveau caractère du nouvel homme «de l’homme intérieur» ; il possède, avec la vie de Dieu, la puissance de cette vie qui est le Saint Esprit , afin de marcher d’une manière conforme à la nature divine.

Au chap. 5, v. 1 et 2, nous lisons : «Soyez imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». Nous avons à marcher comme Christ et selon la nature que nous possédons, qui est l’amour. Le grand secret de nos relations dans la vie de chaque jour, c’est l’amour. Là où est l’amour rien ne manque, et les entrailles des saints sont rafraîchies, comme l’écrivait Paul à Philémon (Philémon 7). Quand nous marchons dans l’amour, nous apportons le parfum de Christ dans nos rapports les uns avec les autres. Christ nous est donné comme modèle et nous avons à l’imiter dans le sacrifice de nous-mêmes pour les autres. On trouve ici, comme cela a été dit par un frère, un amour montant et un amour descendant ; le premier, montant de nous à Christ, a d’autant plus de valeur que son objet en a davantage ; le second, descendant de Christ à nous, a d’autant plus de valeur que ceux qui en sont les objets sont des êtres plus vils. L’amour de Christ a ces deux caractères : Il s’est livré pour nous : c’est l’amour descendant. Il s’est donné en offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur : c’est l’amour montant qui a Dieu pour objet. Nous pouvons montrer l’amour envers tous les misérables dans ce monde, et nous pouvons le montrer également en ayant Christ pour seul objet de nos coeurs. Dieu est amour ; il n’est pas dit que nous soyons amour, Dieu se réserve son caractère essentiel, mais nous avons à marcher dans l’amour. Dieu est lumière ; nous sommes lumière dans le Seigneur ; nous avons donc à marcher dans ce monde comme des enfants de lumière (v. 7-13). La lumière est représentée, dans ce verset, comme une arme contre le mal : «Rejetons... les oeuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière» (Rom. 13:12). Certains magasins de bijouterie, dans les grandes villes, restent illuminés toute la nuit comme garantie contre les voleurs. Les commerçants se servent ainsi de la lumière comme arme contre les oeuvres des ténèbres. Il en est de même pour nous. Si nous manifestons la lumière dans ce monde, nous ne succomberons pas aux entreprises des ténèbres. «N’ayez rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les aussi» (v. 11) ; c’est-à-dire montrez-en le vrai caractère. La lumière manifeste le caractère des ténèbres, et tout ce qui n’est pas d’elle est de l’ennemi. Dieu a fait de nous des lumières célestes (des luminaires) dans ce monde selon Phil. 2:15, comme des astres descendus du ciel sur la terre, car notre origine est Là-Haut. Envoyés comme des porte-lumière, consentirons-nous à faire un mélange, à donner une main aux oeuvres de lumière et l’autre aux oeuvres de ténèbres ? «Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi» (v. 14). On comprendrait l’application de ce passage d’Ésaïe 60:1, aux Corinthiens ou aux Galates, mais on peut se demander pourquoi ce «réveille-toi» s’adresse précisément aux Éphésiens qui réalisaient leur position céleste. C’est que Dieu connaît le coeur naturel de l’homme, ce coeur qui s’endort parce que le vieil homme est en lui. Les vierges s’en sont allées avec un zèle remarquable au-devant de l’Époux, mais, trouvant l’attente trop longue, elles se casent quelque part pour y dormir. Telle est toujours notre tendance. Lorsque Dieu suscite un témoignage, quelle fraîcheur au début, quelle vigueur spirituelle ! Au commencement, tous les chrétiens, les yeux ouverts, attendaient le Seigneur. Peu de temps après, cette attente est négligée ; ils s’endorment. De plus, la vérité de l’unité du Corps de Christ est oubliée, des dissensions se manifestent ; Dieu nous châtie, alors nous sommes réveillés pour un moment, un renouvellement de vie se montre, puis nous nous endormons de nouveau. Nous avons besoin continuellement de ce : «Réveille-toi» dont l’effet, hélas ! ne dure pas longtemps.

«Réveille-toi, toi qui dors !» Conséquence bénie de ce réveil, le Christ — non pas la lumière — «le Christ luira sur toi». Si nous nous réveillons, nous apprendrons à connaître cette personne bénie d’une manière toute nouvelle. Il deviendra notre soleil. Le Christ resplendira sur nous !

14               L’Épouse de Christ et les relations mutuelles

Les rapports de Christ avec l’Épouse, aux v. 22 et suivants du chap. 5 (forme nouvelle et plus intime encore d’unité, comme «membres de son corps» (v. 30), parce que ces rapports sont basés sur une relation d’amour avec Christ), donnent lieu à toute une série de conséquences pratiques dans notre marche, quand il s’agit de nos relations naturelles (5:22, 23). Nous ne pouvons réaliser nos relations de famille, mari et femme, parents et enfants, maîtres et serviteurs, d’une manière qui soit réellement selon Dieu, que lorsque nous connaissons la relation dans laquelle nous sommes avec Christ. Il est impossible de réaliser sérieusement le mariage chrétien, si nous ne connaissons pas notre union avec Christ, comme son Épouse.

Ce terme, l’Épouse de Christ, suppose évidemment une relation d’ensemble. Du moment que les enfants de Dieu ne la connaissent pas, les relations naturelles de familles établies par Dieu perdent leur valeur et leur puissance et ils y montrent leur propre caractère au lieu de celui de Christ. Cette relation de l’Épouse avec Christ que nous avons en commun avec tous les chrétiens doit avoir une influence prépondérante sur notre vie chrétienne. C’est par le coeur attaché à Christ, que nous y entrons ; nous sommes pénétrés de son amour et nous l’étendons au domaine de nos relations naturelles.

15               L’Épouse et l’attente collective du Seigneur

Comme en Éphésiens 5:22, 23, nous trouvons, en Apocalypse 22:16 et 17, ce dernier caractère de l’unité ; non plus sous la figure du Corps, mais sous celle de l’Épouse. Dans ce passage, le Seigneur se présente à l’Église, son Épouse. Il est la racine de David, le vrai Isaac ; Il est la postérité de David, le vrai Salomon. Il est homme, mais il se présente aussi comme Dieu : Il est «l’Étoile du matin», l’astre qui n’éclaire rien sur la terre, mais qui illumine le ciel, à son apparition. Il est à la fois l’Homme parfait et l’Étoile divine qui va se lever pour nous à l’horizon.

Remarquons la valeur de ce passage : «L’Esprit et l’Épouse disent : Viens». C’est l’ensemble de ceux qui lui appartiennent, qui le dit. C’est une attente collective, et l’Épouse ne peut exprimer son attente que par l’Esprit.

Des milliers d’enfants de Dieu ne s’occupent nullement de cet ensemble, mais tous ceux qui connaissent cette vérité ont à pousser par l’Esprit ce cri d’appel. L’Épouse connaît l’Époux, Il a attiré son coeur et ses affections vers Lui. Si nos coeurs ne vont pas au-devant de Lui, c’est que nous ne réalisons pas cette attente, dans la puissance de notre relation comme Assemblée avec l’Époux divin de l’Église.

Une grande partie de notre faiblesse dans l’attente de la venue du Seigneur vient du manque de jouissance de nos relations avec Lui. L’intensité du désir, jointe à la connaissance du lien qui fait de nous un tout, produit une attente réelle.

16               L’attente individuelle du Seigneur

Mais l’Esprit ajoute : «Que celui qui entend dise : Viens». C’est l’individu ; chaque chrétien est donc appelé aussi à l’attendre individuellement. Cela suppose un état inférieur de connaissance, mais à ceux qui ne comprennent pas la relation de l’Épouse avec l’Époux, il est dit : «Que celui qui entend dise : Viens». Tenant compte de notre ignorance, le Seigneur fait appel à notre attente individuelle. Que chacun de nous lui dise : Viens ! Confessons avec humiliation l’ignorance de nos relations, mais ne nous décourageons pas d’attendre individuellement le Seigneur.

17               De nouveau l’Épouse et les relations naturelles — La crainte

Dans l’épître aux Éphésiens (5:22), les rapports de Christ avec l’Épouse sont établis en premier lieu et l’Esprit en fait découler le caractère de nos relations naturelles. Il dit : «Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur». Cela est de toute importance. Nous avons à reconnaître l’Époux comme notre Seigneur et cette pensée implique la crainte. «Quant à la femme, qu’elle craigne son mari» (v. 33). Le mari montre de l’amour à sa femme, la femme de la soumission et de la crainte à son mari. Cela nous manque souvent, nous nous rendons peu compte des droits que Christ a acquis sur nous. Nous étions esclaves de Satan, mais Christ nous a mis en liberté, il nous a acquis pour lui, et maintenant nous sommes ses esclaves. Désormais, nous appartenons à Celui qui a tout payé pour nous acquérir ; nous reconnaissons ses droits et nous le craignons. La crainte se trouve donc associée à l’amour. Craindre le Seigneur n’est pas la peur, c’est reconnaître les droits absolus qu’Il a sur nous, ainsi que la dignité souveraine de Celui qui nous a acquis. «Comme les yeux des serviteurs regardent à la main de leurs maîtres, comme les yeux de la servante à la main de sa maîtresse» (Ps. 123), ainsi nos yeux regardent à notre Maître en qui nous avons confiance et qui peut tout nous donner. Nous regardons à Lui parce que nous dépendons entièrement de Lui, nous qui n’avons droit à rien. Mais le désir de Lui plaire et de Le servir selon sa volonté ne peut se séparer de la crainte. Reconnaître la Seigneurie de Christ est un des grands secrets de notre vie chrétienne. C’est mettre de côté notre propre volonté pour n’obéir qu’à celle du Maître.

Hélas ! ne voyons-nous pas souvent, au contraire, les chrétiens choisir chacun son chemin, son église, ses relations mondaines, selon son propre jugement du bien et du mal. Chacun se laisse conduire dans ce choix par sa conscience, nous dit-on, alors que Celui qui seul a des droits sur nous devrait être notre unique conducteur ? Si nous apprécions nos relations avec le Seigneur et son autorité, nous éviterons ces dangers dans notre marche. «L’Assemblée est soumise au Christ» (v. 24). Du moment que sa volonté se fait connaître, il n’y a pas à la discuter, mais à la faire, même sans la comprendre.

18               L’amour

Qu’il est précieux de connaître l’Amour dans la relation de Christ avec l’Assemblée ! Il caractérisera la relation entre le mari et sa femme. Que Dieu nous donne de sonder l’intimité de nos relations avec Christ. Le Seigneur s’occupe de nous en amour, pour nous purifier : c’est ce qu’Il fait maintenant : «Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’Il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole» (v. 25, 26). Combien nous avons à nous humilier d’opposer, par notre propre volonté, un obstacle à cette sanctification et à cette purification dans notre marche !

Mais le Seigneur s’en occupe pour chacun de nous en particulier et, dans ce passage, pour l’ensemble. Christ exerce en amour une oeuvre de purification pour son Église, et cette oeuvre ne se terminera que lorsqu’Il se présentera son Épouse à Lui-même, «glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable» et qu’elle sera «sainte et irréprochable» (v. 27).

Combien nous montrons, n’est-ce pas, de rides, de taches, de défauts ? Mais le Seigneur s’occupe de nous, et toutes nos misères auront disparu lorsqu’il nous introduira, tous ensemble, dans la gloire. Ses conseils envers son Épouse seront alors pleinement accomplis, ainsi que les conseils de Dieu quant à l’unité de sa famille, de son temple et du corps de Christ.

Christ nous a confié une responsabilité. Nous y avons manqué ; c’est un sujet de profonde humiliation ; mais Lui ne manque pas à l’accomplissement de ses conseils !