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Le LIVRE de ZACHARIE le PROPHÈTE
par Henri Rossier
Table des matières abrégée :
2 INTRODUCTION : Chapitre 1: 1-6
3 1 - Le LIVRE des VISIONS : Chapitre 1 v. 7 à ch. 6
4 Le LIVRE des ORACLES : Chapitres 7 à 14
Tables de matières détaillée :
2 INTRODUCTION : Chapitre 1: 1-6
3 1 - Le LIVRE des VISIONS : Chapitre 1 v. 7 à ch. 6
3.1 Première vision : chapitre 1: 7-17
3.2 Deuxième vision : chapitre 1: 18-21
3.3 Troisième vision : chapitre 2
3.4 Quatrième vision : chapitre 3
3.5 Cinquième vision : chapitre 4
3.6 Sixième vision : chapitre 5: 1-4
3.7 Septième vision : chapitre 5: 5-11
3.8 Huitième vision : chapitre 6: 1-8
3.9 CONCLUSION DU LIVRE DES VISIONS : Chapitre 6: 9-15
4 Le LIVRE des ORACLES : Chapitres 7 à 14
4.2 Deuxième Section : Chapitres 9 à 11 : CHRIST ROI et BERGER
4.2.1 Chapitre 9. But final de la prophétie. Le Roi.
4.2.2 Chapitres 10 et 11. Les bergers et les troupeaux
4.3 Troisième Section : Chapitres 12 à 14
4.3.1 Le dernier jour. Chapitres 12 à 13
Au moment d’aborder l’étude du prophète Zacharie, je crois devoir faire une remarque importante à l’adresse des chrétiens qui s’occupent de la prophétie. Tout en formant le voeu qu’ils l’étudient toujours davantage, je désire les mettre en garde contre le danger d’aborder ce sujet pour alimenter leur curiosité. Ceux qui cèdent à ce penchant du coeur naturel, s’intéressent à la prophétie en vue des événements futurs et ils en font le sujet de leur étude. Ils acquerront peut-être ainsi de la connaissance, mais elle laissera leurs coeurs indifférents ou mondains. Ils seront gardés de cet écueil s’ils ont compris et apprécié le but de la prophétie.
Elle est en tout premier lieu la révélation de la puissance et de la venue de notre Seigneur Jésus Christ (2 Pierre 1: 16). Les disciples eurent la vision de ces deux choses sur la sainte montagne. Là se déroulèrent devant leurs yeux, comme en un tableau magnifique, les gloires futures de Christ dans son royaume : sa venue quand il saisira les rênes du gouvernement, et la puissance avec laquelle il établira son règne sur la terre.
Cette même scène fit passer devant leurs yeux la sphère céleste de ce royaume, dans laquelle le Seigneur, apparaissant en gloire, conversait avec Moïse ressuscité, et le prophète Élie transporté au ciel sans passer par la mort.
Mais d’autre part les prophètes, en nous révélant les gloires futures du Christ, ne peuvent se taire sur ses souffrances qui sont le fondement même de ses gloires. C’est pourquoi l’apôtre Pierre nous dit que l’Esprit, par les prophètes, «rendait par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre 1: 11). L’apôtre ajoute : «Ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, qu’ils administraient ces choses.» Les croyants futurs, qu’ils fussent chrétiens ou juifs, devaient avoir part à ces souffrances et à ces gloires. C’est pourquoi la première épître de Pierre caractérise si souvent par ces deux mots la part des chrétiens sortis du judaïsme. Seulement la prophétie n’a pas la position chrétienne pour sujet ; on y trouvera bien plutôt, outre les souffrances et les gloires de Christ, celles du résidu d’Israël dont l’histoire se rattache intimement à celle de son Sauveur.
Enfin la prophétie a un but de la plus haute importance, celui de nous séparer du monde. La révélation de Christ attire nos coeurs vers Celui qui a souffert pour nous, et les occupe de ses gloires ; la révélation des vrais caractères du monde parle à nos consciences et les sépare du milieu qui nous entoure et que nous sommes appelés à traverser. À ce point de vue, la prophétie est «comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans nos coeurs» (2 Pierre 1: 19). Si nous n’avions pas la lampe prophétique, nous perdrions notre chemin et tomberions dans les embûches que Satan place devant nos pas pour nous perdre.
Tels sont les divers buts de la prophétie, en y ajoutant encore l’espérance qu’elle entretient en nous au sujet des glorieuses bénédictions à venir.
* * *
Les Juifs, rentrés dans leur pays après la captivité de Babylone, ont eu pour prophètes Aggée, Zacharie et Malachie. Bien que leur objet fût différent, Aggée et Zacharie prophétisèrent ensemble (Esdras 5: 1 ; 6: 14), lors des événements rapportés au commencement du livre d’Esdras ; après eux survint Malachie, dont la prophétie s’occupe des circonstances morales du peuple, révélées dans le dernier chapitre de Néhémie.
Les Juifs, par une proclamation de Cyrus, annoncé nominalement par le prophète Ésaïe (És. 44: 28), étaient remontés à Jérusalem pour y bâtir le temple de l’Éternel. Ils avaient d’abord relevé l’autel, centre du culte, ensuite posé les fondements de la maison avec un zèle mêlé de joie pour les uns, de larmes pour les autres. Mais bientôt le roi Assuérus décréta la cessation du travail, et, depuis l’édit de Cyrus, dix-sept années s’écoulèrent sans que le temple s’élevât au-dessus de ses fondements.
En la deuxième année de Darius, roi de Perse, Dieu suscita Aggée et Zacharie. Leur influence eut pour résultat immédiat d’encourager le peuple à reprendre la construction commencée. Zorobabel, de race royale (1 Chron. 3: 19), et Joshua, souverain sacrificateur, furent les chefs qui s’employèrent avec zèle à cette oeuvre. Quatre années plus tard, la maison était achevée, et le peuple célébrait avec joie la fête de sa dédicace.
Ainsi la prophétie avait atteint son but immédiat en parlant à la conscience du peuple et en provoquant chez lui de l’activité pour le service du Seigneur. Mais jamais la prophétie de l’Écriture ne se confine à un résultat prochain ; elle contemple un temps futur qui n’est autre que le temps de la fin. Quand le prophète Aggée propose au peuple la construction du temple, c’est en vue du jour où «l’objet du désir des nations» entrera dans sa maison et la remplira de sa gloire. Quand Zacharie leur parle de Jérusalem, c’est en pensant au jour où, posant ses pieds sur la montagne des Oliviers, Christ apparaîtra à son peuple comme Libérateur, puis entrera dans sa cité comme Roi de justice. Malgré leur action commune, l’objet de ces deux prophètes n’est pas le même. Aggée nous parle exclusivement de la maison. Zacharie est d’une plus large envergure. Il a pour sujet la ville de Jérusalem, le résidu de Juda et le dernier jour dans leurs rapports avec le Messie. Il nous donne en outre une vue générale des empires des nations et de leur condition morale aux derniers temps. Mais, plus que toute autre chose, il nous entretient des souffrances du Christ et de ses gloires variées, sujet sur lequel, dans le courant de cette étude, nous aurons constamment à revenir.
La division du livre de Zacharie est des plus simples. Après une courte introduction (chap. 1: 1-6), il se divise en deux parties entièrement distinctes. La première est celle des visions (chap. 1 :7 à 6). La seconde, celle des oracles, présente trois subdivisions : 1° «La parole de l’Éternel» à Zacharie au sujet des jeûnes et la restauration de Jérusalem (chap. 7-8). 2° «L’oracle de la parole de l’Éternel» au sujet des bergers et la restauration de Juda, puis d’Israël (9-11). 3° «L’oracle de la parole de l’Éternel» au sujet du dernier jour et de la restauration du pays (12-14). Remarquons toutefois qu’au milieu de toutes les scènes diverses qui se déroulent à nos yeux le «Leitmotiv» est toujours Jérusalem et le Messie.
«Au huitième mois, en la seconde année de Darius, la parole de l’Éternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils d’Iddo.» Ce huitième mois marque la date des paroles préliminaires du prophète. Semblable à Jérémie, Zacharie avait le double caractère de prophète et de sacrificateur. Il est appelé ici «Zacharie, fils de Bérékia (Barachie), fils d’Iddo». La mention, en Matt. 23: 35, de Zacharie, fils de Barachie, qui fut tué entre le temple et l’autel, passage qui se rapporte évidemment à la mort de Zacharie, fils de Jéhoïada, tué par ordre de Josias (2 Chron. 24: 20-22), a beaucoup exercé les commentateurs. Ceux qui n’ont pas l’habitude de se défier de leur raison, pensent que le passage de Matthieu renferme une erreur en attribuant à notre prophète ce qui est raconté du fils de Jéhoïada. Mon humble avis est que cette erreur n’existe pas. Les noms de Zacharie et de Barachie étaient familiers à la race sacerdotale. En Ésaïe 8: 2, nous rencontrons comme «fidèles témoins» d’Ésaïe, Urie le sacrificateur et Zacharie, fils de Jébérékia, c’est-à-dire de Barachie. Ce nom de Barachie semble être celui du chef de la race. Zacharie, fils de Jéhoïada, pourrait donc être appelé par Matthieu fils de Barachie, en remontant à son origine. On peut faire la même remarque pour notre prophète. Zacharie était fils d’Iddo (Esdras 5: 1 ; 6: 14), l’un des sacrificateurs qui étaient remontés de Babylone avec Joshua, souverain sacrificateur, et Zorobabel (Néh. 12: 1, 4). Sous la souveraine sacrificature de Joïakim, fils de Joshua, «Zacharie, fils d’Iddo», revêtit la sacrificature (Néh. 12: 16), mais nulle autre part, sinon dans le livre que nous étudions, notre prophète n’est appelé fils de Barachie, ce qui s’explique aisément si Barachie est chef de race. De tels exemples se rencontrent fréquemment dans les chronologies des Chroniques, livres qui remontent au temps du retour de la captivité et furent écrits précisément pendant les jours de notre prophète. Voyez, par exemple, Hur appelé en 1 Chron. 4: 1, «fils de Juda» après cinq générations.
Le fait que Zacharie était sacrificateur imprime un caractère particulier à sa prophétie, où la sacrificature joue un rôle de la plus haute importance.
La parole de l’Éternel vint donc à Zacharie, disant : «L’Éternel a été fort en courroux contre vos pères. Et tu leur diras : Ainsi dit l’Éternel des armées : Revenez à moi, dit l’Éternel des armées, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées» (v. 1-3).
Tel est le début du livre : Le Seigneur annonce à ces réchappés de Juda qu’il avait été fort courroucé contre leurs pères parce qu’ils n’avaient pas écouté ses prophètes. Ces faibles restes allaient-ils reprendre maintenant les errements de leurs pères ou écouter la parole de l’Éternel ? Ce n’est pas proprement la loi dont il est ici question, car il ne faut pas confondre les prophètes avec elle. Sans doute les prophètes rappelaient le peuple à la loi et au témoignage, pour faire un appel sérieux à la conscience d’Israël dans un temps de ruine, mais ils plaçaient en même temps devant les yeux du peuple la grâce et la miséricorde de Dieu. Israël avait manqué, mais l’Éternel ne pouvait faillir, et malgré ses jugements, devenus nécessaires, il voulait réaliser, en dépit de tout, ses conseils de grâce envers ce peuple. La prophétie ne consiste donc pas seulement en une série de messages adressés au peuple coupable pour réveiller sa conscience et lui annoncer les jugements qui vont fondre sur lui, elle est aussi destinée à encourager le coeur des fidèles en leur révélant ce que Dieu veut faire pour eux. «Revenez à moi», dit l’Éternel dans ces versets, «et je reviendrai à vous.» Cela va beaucoup plus loin que les principes de la loi. Dans le jour actuel, sous l’économie de la grâce, ces paroles sont tout autant de saison qu’alors et nous devons y prêter une sérieuse attention.
«Revenez à moi, et je reviendrai à vous.» Qu’avons-nous fait du témoignage que Dieu nous avait confié ? Notre ruine est-elle bien différente de celle des pères de Juda ? Avons-nous gardé les choses que Dieu avait placées entre nos mains ? La réponse ne peut être douteuse. Avons-nous travaillé au temple de l’Éternel ou à nos propres maisons, comme Aggée en accusait le peuple ? Hélas ! nous avons cherché, comme ce dernier, à nous établir confortablement dans le monde. Que nous reste-t-il à faire ? Revenons à Lui ; le chemin est ouvert ; y a-t-il impossibilité de nous juger nous-mêmes et de ressaisir ce que nous n’aurions jamais dû abandonner ? Si nous écoutons cet appel, nous en aurons la récompense : «Je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées.» La recherche de nos propres intérêts nous a-t-elle fait perdre la communion du Seigneur, il s’agit de la retrouver. Si nos coeurs se sont desséchés au souffle du monde, au lieu de rechercher ses intérêts à Lui, si nous avons ouvert la porte aux idoles, jugeons nos voies, revenons à Lui et il reviendra à nous, et nous goûterons de nouveau les richesses que nous avions méprisées. Elles ne sont point perdues ; la repentance est le chemin qui nous en donnera l’accès. Depuis bien longtemps le peuple d’alors, laissant la maison inachevée, avait d’autres soucis que la présence de Dieu dans son temple. L’Éternel cite l’exemple de leurs pères : «Ils sont revenus et ont dit : Comme l’Éternel des armées s’est proposé de nous faire, selon nos voies et selon nos actions, ainsi en a-t-il fait à notre égard» (verset 6). Les pères étaient revenus, mais seulement après que les jugements de Dieu les eurent atteints. Le résidu d’alors allait-il suivre le même chemin, tandis que l’Éternel suspendait encore son jugement ? Cette question se pose aussi pour nous. Si nous n’écoutons pas les avertissements de Dieu, nous tomberons nécessairement sous sa discipline. Puissions-nous sentir l’importance pour nos âmes du commencement de ce chapitre!
Le début du prophète Malachie n’est pas semblable à celui de Zacharie. Au lieu de «Revenez à moi», Dieu dit au peuple : «Je vous ai aimés.» Touchante parole qui aurait dû remuer les fibres les plus secrètes de leur âme, mais ne fait que provoquer des murmures dans ces coeurs indifférents: «En quoi nous as-tu aimés ?» (Mal. 1: 2). Chaque question qu’ils adressent à l’Éternel est un nouveau témoignage de leur endurcissement. Vous trouvez neuf questions dans Malachie, vous en trouvez douze dans la première partie de Zacharie, mais c’est le prophète lui-même qui les pose. Elles expriment sa foi et sa dépendance du Seigneur. Zacharie, bien que sacrificateur et prophète, sent son ignorance et son incapacité de sonder lui-même les pensées de Dieu ; il n’a qu’un désir, c’est de recevoir directement l’interprétation des énigmes divines. Imitons Zacharie ; demandons comme lui, nous recevrons comme lui. Nous avons tout particulièrement besoin de cette dépendance pour aborder les visions du prophète. Elles présentent d’insurmontables difficultés à celui qui veut les comprendre par son intelligence, mais quiconque, dans une humble dépendance, demande à Dieu : «Que signifient ces choses ?» reçoit une réponse qui l’édifie et affermit sa foi, surtout s’il a commencé par prendre cette autre parole à coeur : «Revenez à moi et je reviendrai à vous.»
À part l’introduction dont nous venons de parler, nous ne trouvons dans le prophète Zacharie que deux divisions ou, pour mieux dire, deux livres. Le premier va du septième verset du chap. 1 à la fin du chap. 6, le second du chap. 7 au 14. Chacun de ces deux livres a sa date spéciale. Le premier livre commence ainsi :
«Le vingt-quatrième jour du onzième mois, qui est le mois de Shebath, en la seconde année de Darius, la parole de l’Éternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils d’Iddo, disant : Je vis de nuit.» La durée de ce vingt-quatrième jour, jusqu’à la fin du chap. 6, a son importance. Zacharie semble avoir eu toutes ses visions dans une seule nuit et toute âme qui considère la prophétie se trouve dans la même condition que le prophète. Pour comprendre les événements prophétiques nous devons réaliser que le monde dans lequel nous sommes est plongé dans les ténèbres les plus profondes. Dieu ne nous y laisse pas sans secours, et la lampe prophétique nous y dirige. Cette lampe n’est certes pas la clarté la plus brillante que nous présente la parole de Dieu, car cette même Parole nous introduit dans la pleine lumière de Sa présence, mais si nous voulons connaître l’avenir du monde, nous ne pouvons nous passer de la prophétie.
Avant d’aborder la première vision, faisons une remarque importante pour l’intelligence du prophète Zacharie : nous avons vu qu’un relativement petit nombre de captifs, appartenant aux tribus de Juda et de Benjamin, monté de Babylone pour rebâtir le temple, puis arrêté dans son ouvrage, l’avait repris sur l’injonction des prophètes. Mais la condition de ces restes de Juda — nous éviterons autant que possible d’employer le mot de «Résidu» pour les désigner — était telle que Dieu ne pouvait aucunement les reconnaître comme son peuple. Jamais les prophètes de la fin ne les désignent sous ce nom ; la sentence de Lo-Ammi (Osée 1: 9) n’avait pas été révoquée et ne le sera que lorsqu’un peuple nouveau sortira du vrai Résidu d’Israël. Zacharie envisage donc l’histoire du peuple sous un angle tout à fait restreint. Il ne parle que de Jérusalem dans ses rapports avec Juda, comme si les yeux de l’Éternel avaient dû rétrécir de plus en plus leur horizon, et enfin ne s’arrêter plus que sur Jérusalem, misérable amas de ruines, dont l’Éternel, fidèle à ses promesses, voulait faire partir tous les rayons de ses gloires futures. Au temps de Zacharie, le temple est réédifié, mais ce n’est point encore le temple du Messie ; la ville est rebâtie, mais n’est pas encore la cité du grand Roi ; le peuple habite dans son pays, sans être encore le «peuple de franche volonté» que Dieu reconnaîtra dans la gloire millénaire.
Passons maintenant à l’explication de la première vision. Le prophète voit «un homme monté sur un cheval roux» ; le v. 11 nous apprend que cet homme est «l’ange de l’Éternel». Ce nom est appliqué dans tout l’Ancien Testament au représentant symbolique du Christ, avant sa manifestation comme homme dans ce monde. Le cheval roux sur lequel il est monté et les chevaux qui le suivent sont les esprits qui administrent providentiellement les empires des nations. L’esprit de l’Ange de l’Éternel préside à l’action de toutes les autres puissances angéliques employées par Dieu dans ce but (*).
(*) Le roux (adom), ou couleur rouge, implique à la fois la pensée de jugement et de purification en grâce. (Ésaïe 63: 2; Nombres 19: 2.) On rencontre le même principe dans les peaux de béliers du Tabernacle. Le bélier représentait Christ dans sa consécration à Dieu (Exode 29: 22) ; les peaux teintes en rouge (Exode 26: 14; 36: 19), soit la purification, soit le jugement. S’il en est ainsi, la couleur du cheval de l’Ange de l’Éternel présenterait ces deux caractères, le jugement s’alliant à la purification en grâce, et l’ayant pour but ; le cheval roux qui vient après lui aurait plutôt le caractère de la purification en grâce qui a suivi le jugement, les chevaux roux du chap. 6, image de Babylone, présenteraient le jugement.
L’ange «se tenait parmi les myrtes». Les quatre passages de la Parole où il est parlé de myrtes ont tous trait à la restauration qui suit les jugements.
En Néh. 8: 15, le peuple, restauré partiellement, est appelé à apporter des branches d’oliviers, de myrte et de palmier pour célébrer la fête des tabernacles.
En Ésaïe 41: 19, l’Éternel met fin à la désolation d’Israël, le restaure et fait croître, dans le désert, le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier.
En Ésaïe 55: 13, quand tous les jugements sont terminés, il est dit : «Au lieu de l’ortie croîtra le myrte, et ce sera pour l’Éternel un nom, un signe à toujours, qui ne sera pas retranché.»
Dans notre chapitre, les myrtes doivent rappeler au prophète que la restauration arrivera quand les chevaux auront accompli leur tâche, mais c’est avant tout l’ange qui se tient au milieu des myrtes qui a continuellement sous les yeux la bénédiction finale, la vraie fête des tabernacles (14: 16), par laquelle se terminera l’histoire d’Israël. «Les myrtes étaient dans le fond» pour indiquer que cette restauration était encore à l’arrière-plan, et que bien des événements devaient se passer avant elle.
N’avons-nous pas, nous aussi, un grand intérêt à considérer l’ange qui se tient au milieu des myrtes ? Nous le connaissons maintenant dans la personne de Jésus qui n’arrête pas ses yeux sur notre ruine, mais se réjouit du moment où il se présentera son épouse sans tache, ni ride, ni rien de semblable, et nous trouvons dans cette pensée un précieux encouragement pour nos âmes.
«Après l’ange il y avait des chevaux roux, bais, et blancs.» Nous l’avons indiqué, les chevaux sont, dans le langage symbolique, des agents providentiels, quel que soit du reste leur caractère : rois ou princes, gouvernements, anges, etc., qui, sous la présidence de Christ, accomplissent les desseins de Dieu dans l’administration des empires et, pour ainsi dire, représentent ces derniers. Les chevaux sont envoyés pour se promener par la terre ; ils prennent connaissance de l’état des nations et en réfèrent à qui de droit ; ils administrent les empires, selon les voies mystérieuses de Dieu, inconnues de tous, sinon de celui qui les dirige ; ils représentent les empires, non devant les hommes qui ne peuvent connaître ces agents, mais devant Dieu. C’est pourquoi nous les voyons ici revêtir le caractère des différentes dominations universelles, qui se sont succédé dans l’histoire du monde. Le prophète, dans une vision de nuit, a les yeux ouverts pour les voir, eux et l’ange de l’Éternel qui préside à leurs mouvements. Aux jours de Zacharie, l’empire de Babylone était tombé et avait été remplacé par celui des Mèdes et des Perses. L’ange de l’Éternel monte un cheval roux, emblème de la grâce exercée par Cyrus envers les captifs de Juda. C’est pourquoi aussi le premier cheval est roux comme administrateur providentiel de cet empire.
La statue et les quatre Bêtes de Daniel nous présentent quatre empires, à commencer par celui de Babylone, sous lequel Daniel prophétisait. Zacharie, qui prophétise sous le second empire, nous en présente trois, à partir de celui des Perses. Il est le Prophète de ces pauvres restes abaissés de Juda, restaurés par Cyrus. Mais sa vision, comme celle de Daniel, s’étend bien au delà des circonstances présentes. Il voit, comme une chose actuelle, les empires grec et romain qui succéderont à celui des Perses. Le cheval blanc, une puissance victorieuse (Apoc. 6: 2) est bien applicable à l’empire romain. Mais le point important à retenir, c’est qu’aux yeux du prophète l’asservissement de Juda ne prend pas fin avec l’empire des Perses, instrument de sa restauration. Deux empires après celui-ci, la Grèce et Rome, doivent encore fouler aux pieds l’ancien peuple de Dieu.
Le prophète assiste au rapport des agents providentiels, sur l’état moral qui caractérisait alors et caractérisera dans la suite ces empires : «Nous nous sommes promenés par la terre, et voici, toute la terre est en repos et tranquille» (v. 11). On pourrait croire que ce rapport devait être agréable à l’ange. Nullement, car la tranquillité des empires était basée sur l’abaissement et l’asservissement d’Israël. Tandis que celui-ci était opprimé et foulé aux pieds, ceux-là étaient à l’aise, satisfaits de leur condition, impitoyables aux douleurs du peuple de Dieu dispersé. Sans doute les fautes de ce peuple avaient été la cause du jugement de Dieu ; mais il n’en était pas moins l’objet de promesses sans repentance, et d’entrailles de miséricorde qui seraient émues à la fin en sa faveur. «Et l’ange de l’Éternel prit la parole et dit : Éternel des armées, jusques à quand n’useras-tu pas de miséricorde envers Jérusalem, et envers les villes de Juda, contre lesquelles tu as été indigné ces soixante-dix ans ?» (v. 12). Ce «jusques à quand» est le cri de la foi, et de la certitude qu’un temps de restauration future arrivera pour Juda et la ville bien-aimée. Dans les Psaumes, les fidèles qui traversent la grande tribulation poussent constamment ce cri ; il a en vue ici Jérusalem et Juda, sujet capital de cette prophétie.
Que répond l’Éternel à ce cri de «l’homme qui se tenait parmi les myrtes» ? «L’Éternel répondit à l’ange qui parlait avec moi, de bonnes paroles, des paroles de consolation» (v. 13). Quand ce qui fut le peuple de Dieu, agonisant, osant à peine élever la voix pour clamer ses douleurs, est seul à n’être pas en repos et tranquille, le coeur de Dieu n’est pas indifférent à sa peine. Le jugement était nécessaire, mais l’Éternel a de bonnes paroles pour Israël : «Consolez, consolez mon peuple» (Ésaïe 40). Maintenant que Jérusalem a reçu de ma main le double pour tous ses péchés, je puis la consoler, dit l’Éternel. Ne pouvons-nous pas aussi nous appliquer ces paroles ? La maison de Dieu est l’objet de son jugement. Du sein de ses ruines nous crions: Jusques à quand? Recevrons-nous une réponse impitoyable ? Bien au contraire, l’Esprit nous apporte de bonnes paroles, des paroles de consolation et d’espérance.
Dieu ajoute : «Ainsi dit l’Éternel des armées : Je suis jaloux d’une grande jalousie à l’égard de Jérusalem et à l’égard de Sion ; et je suis courroucé d’un grand courroux contre les nations qui sont à leur aise; car j’étais un peu courroucé, et elles ont aidé au mal» (v. 14-15). «Un peu courroucé» ! Le courroux de Dieu recouvrait un amour, navré de l’ingratitude de son peuple. Sa colère n’était point sans mélange, son amour cherchait une occasion légitime pour se manifester sans nuire à sa sainte justice. Pour Israël, comme pour nous, la croix a réuni ces caractères en apparence inconciliables de la gloire de Dieu. Les nations orgueilleuses, ennemies de Dieu et de son peuple, n’avaient rien compris aux voies de l’Éternel dont elles étaient les instruments à l’égard d’Israël ; pour assouvir leur haine, elles avaient «aidé au mal» et c’est sur elles que tombera sans mélange le «grand courroux» de l’Éternel des armées.
«C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel : Je suis revenu à Jérusalem avec miséricorde ; ma maison y sera bâtie, dit l’Éternel des armées, et le cordeau sera étendu sur Jérusalem» (v. 16). Les myrtes fleuriront alors, mais, dans ce moment, ils occupent encore le fond de la scène. Sans doute ces choses se sont accomplies partiellement, comme nous le voyons dans les livres d’Esdras et de Néhémie, mais leur plein accomplissement n’aura lieu que lorsque les empires des nations auront accompli leur cours, et nous savons par la prophétie que même l’empire romain n’est que «blessé à mort» et renaîtra dans un temps futur sous sa forme impériale. Alors seulement il subira son jugement définitif ; la maison de l’Éternel, ainsi que la ville de Jérusalem, pourront être établies sur un fondement indestructible ; les villes de Juda «regorgeront encore de biens, et l’Éternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem» (v. 17).
«Et je levai mes yeux et regardai : et voici quatre cornes. Et je dis à l’ange qui parlait avec moi : Que sont celles-ci ? Et il me dit : Ce sont ici les cornes qui ont dispersé Juda, Israël et Jérusalem» (v. 18-19). Une corne est toujours l’emblème du pouvoir. Nous retrouvons ici, comme dans la première vision, les diverses puissances hostiles au peuple de Dieu, y compris toutefois l’Assyrie qui avait dispersé Israël et fut amalgamée plus tard avec l’empire de Babylone, auteur de la dispersion de Juda. Cependant Israël ne joue, comme nous l’avons dit plus haut, qu’un rôle tout à fait secondaire dans Zacharie, car il n’en est plus fait mention qu’au chap. 10: 7-12. C’est Jérusalem et Juda qui sont ici particulièrement en vue, aussi lisons-nous au v. 21 : «Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda», non plus Israël, comme au v. 19, car Babylone a remplacé l’Assyrien.
Zacharie, conscient de sa jeunesse (cf. 2: 4) et de son inexpérience, pose ici à Dieu des questions qui ne restent jamais sans réponse. Il en est toujours de même pour nous, quand nous abordons la Parole avec prière. Comme les visions à Zacharie, Dieu nous a donné sa Parole, non pas pour qu’elle reste un livre scellé, car il l’approprie à l’intelligence d’un petit enfant, mais il faut, même au petit enfant, trois choses pour la comprendre, la foi, la dépendance, et l’Esprit de Dieu. C’était ce que possédait le jeune prophète.
«Et l’Éternel me fit voir quatre ouvriers. Et je dis Que viennent faire ceux-ci ? Et il parla, disant : Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda, de manière que personne ne levait la tête ; mais ceux-ci sont venus pour les effrayer, pour jeter loin les cornes des nations qui ont levé la corne contre le pays de Juda pour le disperser» (v. 20-21). Ces ouvriers sont des agents providentiels destinés à remplir de terreur les empires des nations et à détruire leur puissance. Ce qu’ils ont été dans l’histoire du passé, ce qu’ils seront dans celle de l’avenir, n’est pas spécifié. Un ouvrier peut avoir des instruments divers pour accomplir son oeuvre, et provoquer la chute de l’édifice le plus solidement établi. L’intervention d’un seul homme, des circonstances morales, une barrière mise au commerce, des désastres nationaux ou terrestres, des guerres surtout, sont autant d’instruments par lesquels Dieu a détruit les plus grands empires qui aient jamais existé. L’esprit reste songeur devant la facilité avec laquelle ces immenses et glorieux édifices se sont écroulés. C’est que Dieu était derrière la scène et, tandis que les empires étaient encore en repos et tranquilles, le charpentier sciait en secret les poutres et les colonnes, le maçon déplaçait la clé de voûte, le constructeur sapait, sans qu’il y parût, les fondements cachés ; ici et là un grincement de scie, un vacillement du toit, un ébranlement du sol, semaient l’épouvante, puis la confiance aveugle renaissait, jusqu’au jour où, le travail accompli, tout s’écroulait à la fois. «Hélas ! hélas ! la grande ville de Babylone, la ville forte, en une seule heure, son jugement est venu ! Hélas ! hélas ! la grande ville qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d’écarlate, qui était parée d’or et de pierres précieuses et de perles ! car en une seule heure tant de richesses ont été changées en désolation ! Hélas ! hélas ! la grande ville, dans laquelle, par son opulence, tous ceux qui avaient des navires sur la mer étaient devenus riches ! car, en une seule heure, elle a été désolée.» Méditez l’histoire des royaumes, ouvrez les yeux, comme Zacharie, sur ce qui se passe aujourd’hui dans le monde ; partout tel ou tel ouvrier a fait son oeuvre en cachette. Les puissances s’effraient, voudraient parer à la ruine imminente, quand déjà l’ouvrier mystérieux les a saisies et jetées loin de lui !
La première et la deuxième vision nous donnent, comme idée générale, le sort des empires, oppresseurs du peuple juif. Une partie de ces choses est sans doute accomplie, mais l’Esprit de Dieu ne s’arrête pas sur elles, car la prophétie a toujours en vue la gloire future de Christ, et c’est ce que nous présente la troisième vision.
«Et je levai les yeux, et je regardai» (v. 1). Combien il est à désirer que nous sachions nous appliquer ces paroles ! Lever les yeux est le moyen d’entrer en rapport avec Dieu, de recevoir sa réponse ; c’est l’attitude qui convient à celui qui attend quelque chose de Lui. Si nous baissons les yeux nous ne pouvons comprendre ni Lui ni ses pensées, car alors nous fixons nos regards sur des choses terrestres sans valeur pour notre âme. «Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu.» Le jeune prophète Zacharie voit, en levant les yeux, toutes les pensées de Dieu à l’égard de Jérusalem. «Et voici un homme, et dans sa main un cordeau à mesurer.» Le cordeau sert à circonscrire un lot (Michée 2: 5). «Et je dis : Où vas-tu ? Et il me dit : Je vais pour mesurer Jérusalem, pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur» (v, 2). Au moment de cette vision, la ville de Jérusalem était détruite et ses murailles renversées ; seuls, les fondements du temple étaient posés, et pourtant l’ange dit : Je vais pour mesurer Jérusalem ! «Et voici, l’ange qui parlait avec moi sortit, et un autre ange sortit à sa rencontre, et lui dit : Cours, parle à ce jeune homme, disant : Jérusalem sera habitée comme les villes ouvertes» (v. 3-4). Cette Jérusalem future devait déborder au delà de toutes ses limites, bien dissemblable de celle que les fils de la transportation allaient réédifier. Elle regorgera d’hommes et de bétail qui viendront y habiter (Jér. 33: 7-13). Il faudra le cordeau à mesurer d’un ange pour prendre ses dimensions. Bien des événements s’accompliront encore jusque là. Cette Jérusalem n’est pas celle de Néhémie, ni celle qui rejeta son Messie et son roi, ni celle qu’habiteront les Juifs, rentrés en Palestine pour devenir le peuple de l’Antichrist. Les murailles de cette Jérusalem ne la garantiront point quand les nations de la fin viendront l’assiéger et feront le sac de la ville. Mais au jour où le Seigneur sera revenu comme vrai roi en Israël, «elle appellera ses murs Salut et ses portes Louange» (És. 60: 18), ou, comme il est dit ici : «Moi, je lui serai une muraille de feu tout autour, et je serai sa gloire au milieu d’elle» (v. 5).
Deux bénédictions sont annoncées dans ce passage : 1° l’Éternel lui-même, comme une muraille de feu, défendra la ville sainte de tout ennemi qui s’élèvera contre elle et Il lui servira de garantie. 2° Il sera sa gloire au milieu d’elle, Il demeurera au milieu d’elle (v. 5, 10, 11). Cette bénédiction appartient, comme la première, au temps futur où le Messie glorieux fera de Jérusalem sa demeure. «L’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée» (Ps. 132: 13-14). N’oublions pas que nous, chrétiens, nous possédons aujourd’hui cette bénédiction, malgré la ruine de l’Église, tandis qu’elle est encore future pour Israël, et qu’il ne la possédera jamais de la même manière que nous. Le Seigneur habite au milieu des siens en Esprit. Cette bénédiction dépasse toutes les autres. Sans doute nous ne la réaliserons pleinement que dans la perfection, mais au milieu de la ruine de l’Église elle reste la part des fidèles quand ils ne seraient que deux ou trois pour en jouir. Il n’appartenait nullement à cette Jérusalem ruinée à laquelle Zacharie prophétisait, que l’Éternel habitât au milieu d’elle. Sa gloire avait quitté le temple, comme Ézéchiel nous l’a révélé ; mais à la fin du livre de ce même prophète nous la voyons revenir au temple millénaire. C’est ce que Zacharie nous annonce ici : «Je serai sa gloire au milieu d’elle.»
La seconde partie du chapitre commence au v. 6 : «Ho, ho ! fuyez donc du pays du nord, dit l’Éternel, car je vous ai dispersés aux quatre vents des cieux, dit l’Éternel.» Le pays du Nord est la Chaldée, où les Juifs étaient «dispersés et répandus parmi les peuples dans toutes les provinces du royaume» (Esther 3: 8), comme aux quatre vents des cieux. Les restes de Juda venaient de quitter cette contrée. Sans doute ils n’étaient pas au complet (Esdras 8), et cet appel pouvait s’adresser immédiatement à ceux du peuple qui étaient restés en arrière ; mais, comme toujours, il a trait au temps de la fin. Il retentit dans le prophète Ésaïe (52: 11) : «Partez, partez ; sortez de là ; ne touchez pas à ce qui est impur ! Sortez du milieu d’elle, soyez purs, vous qui portez les vases de l’Éternel !» Nous le retrouvons encore plus pressant dans le prophète Jérémie : «Fuyez du milieu de Babylone, et sauvez chacun sa vie ! Ne soyez point détruits dans son iniquité, car c’est le temps de la vengeance de l’Éternel : il lui rend sa récompense» (51: 6). Ce Jérémie qui, dans un temps passé, engageait le peuple à se soumettre au joug de Babylone, l’appelle pour un temps futur à fuir du milieu d’elle.
On pourrait prétendre que ces prophéties furent accomplies lors de la ruine définitive de cette grande ville, sous les successeurs d’Alexandre, mais longtemps après ce désastre nous entendons le même appel dans le Nouveau Testament. «C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai» (2 Cor. 6: 17). Et en Apoc. 18: 4 : «Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies.» Qu’est-ce que ces paroles signifient ? La ville de Babylone, au temps de la fin, n’existera pas plus qu’elle ne subsiste maintenant, mais les principes d’idolâtrie qui la caractérisent revêtiront une forme finale d’hostilité contre Christ et formeront un système politique, commercial et religieux, appelé Babylone la grande (Apoc. 17 et 18), et que les fidèles devront abandonner.
Dans le jour actuel (2 Cor. 6), les chrétiens sont appelés à se séparer de ces principes afin d’être approuvés de Dieu et de goûter sa communion. Dieu donne à son peuple trois raisons pour sortir moralement de Babylone : Les jugements vont fondre sur elle ; il ne faut pas que les fidèles soient atteints par ces jugements (Apoc. 18) ; et enfin ceux qui portent les vases de l’Éternel, ceux auxquels son témoignage est confié, ne peuvent marcher avec les idoles (És. 51). Toutes ces vérités s’appliqueront au résidu de la fin, mais sont pour nous d’une grande et sérieuse actualité.
«Ho ! échappe-toi, Sion, toi qui habites chez la fille de Babylone ! Car ainsi dit l’Éternel des armées : Après la gloire, il m’a envoyé vers les nations qui ont fait de vous leur proie, car celui qui vous touche, touche la prunelle de son oeil» (v. 7-8). Des messagers, tirés du résidu, iront annoncer aux nations que le Seigneur s’est révélé en gloire à Jérusalem pour établir son royaume. C’est pourquoi il est dit ici : «Après la gloire.» Nous trouvons la même pensée en Matt. 24: 30, 31 : «Alors paraîtra le signe du Fils de l’homme dans le ciel ; et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges avec un grand son de trompette ; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout.» «Le signe du Fils de l’homme» est précisément son apparition en gloire. Après cette gloire il rassemblera ses élus dispersés ; car il est question dans ce passage, comme en Zacharie, du rassemblement d’Israël. Le Ps. 73: 24, exprime encore cette pensée : «Tu me conduiras par ton conseil, et, après la gloire, tu me recevras.»
Alors les nations qui ont opprimé le peuple de Dieu devront passer sous le jugement. «Elles seront la proie de ceux qui les servaient» (v. 9). Juda sera une épée dans la main de l’Éternel pour combattre ces nations et les détruire.
«Exulte, et réjouis-toi, fille de Sion ! car voici, je viens et je demeurerai au milieu de toi, dit l’Éternel. Et beaucoup de nations se joindront à l’Éternel en ce jour-là, et elles me seront pour peuple, et je demeurerai au milieu de toi ; et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé à toi» (v. 10-11). Jérusalem est appelée à se réjouir parce que le Christ est au milieu d’elle. Beaucoup de sauvés d’entre les nations jouiront de la position privilégiée de la sainte cité. «Et l’Éternel possédera Juda comme sa part sur la terre sainte et il choisira encore Jérusalem» (v. 12). «La terre sainte» est une terre purifiée de l’iniquité. Le moment arrivera où l’Éternel, ayant accompli son oeuvre merveilleuse au milieu de son peuple et purifié sa ville, la considérera de nouveau comme l’habitation de son choix.
Comparons, comme le prophète, les temps à venir avec le temps présent, et nous serons remplis de joie. Nous n’aurions que tristesse et abattement si nous mettions l’état actuel de la maison de Dieu en regard de sa condition passée. Oui, réjouissons-nous en pensant à l’avenir. Jésus sera la gloire à la fois de la nouvelle et de l’ancienne Jérusalem au milieu d’elle et le centre des louanges de tous ses rachetés!
Dans le profond abaissement où se trouvaient les restes de Juda et de Benjamin, ils avaient à leur tête, lors de leur retour à Jérusalem, Joshua et Zorobabel, faibles représentants de la sacrificature et de la royauté, mais précurseurs des gloires futures du Messie. Le souverain sacrificateur Joshua est le sujet de la quatrième vision du prophète. Son nom : «l’Éternel est Sauveur», annonce d’emblée le caractère de Celui dont il est le type. Mais il est important de remarquer que si Joshua représente Christ à la fin de ce chapitre, il n’en est pas ainsi au commencement. Le souverain sacrificateur avait deux offices en Israël. En premier lieu il était médiateur, «établi pour les hommes dans les choses qui concernent Dieu afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés». En second lieu, il était le représentant du peuple, et, selon Zacharie, en particulier de Jérusalem; car, nous l’avons vu plus haut, le peuple considéré dans son ensemble n’est pas reconnu comme tel dans ce prophète. Or Dieu ne pouvait agréer Jérusalem que dans la personne de son représentant, et tout dépendait de la condition de ce dernier.
En rapport avec la prédication de l’Évangile, le commencement de ce chapitre est le tableau de la condition d’un pécheur devant Dieu, mais notre but n’est pas de présenter ce côté si intéressant de la figure de Joshua ; nous nous bornerons à faire ressortir le rôle du souverain sacrificateur comme représentant du peuple.
Joshua est invité à se tenir devant l’Ange de l’Éternel. Cet Ange, comme nous l’avons vu au premier chapitre, est, dans l’Ancien Testament, le représentant symbolique de Christ, avant sa manifestation en chair. Dans le Nouveau Testament, l’ange de l’Éternel disparaît, sauf en certaines parties de l’Apocalypse. C’est donc devant Christ, présenté de cette manière mystérieuse, car Christ est d’habitude l’Éternel dans l’Ancien Testament, que Joshua doit se tenir.
Or voici que Satan se tient à la droite du souverain sacrificateur pour s’opposer à lui. L’Ennemi a encore accès devant Dieu comme accusateur des frères. Mais l’Éternel a pris en main la cause de son peuple. De même les chrétiens, le peuple de Dieu d’aujourd’hui, ont à leur droite, comme Joshua devant l’Éternel, un accusateur qui, par le péché, s’est acquis des droits sur l’homme. Il fait appel à la justice de Dieu contre le péché, et à Sa sainteté, pour s’opposer à ce que Sa grâce voudrait faire en faveur de Jérusalem. Hélas ! Le souverain sacrificateur était vêtu de vêtements sales. Dans ces conditions, lequel aura le dessus, Satan accusant Joshua avec raison, ou le Dieu saint dont les yeux sont trop purs pour voir le mal ?
C’est alors que l’Éternel dit à Satan : «Que l’Éternel te tance, Satan que l’Éternel, qui a choisi Jérusalem, te tance !» Joshua représente ici Jérusalem devant Dieu, et l’Ange de l’Éternel est identifié avec l’Éternel lui-même, pour répondre à l’accusateur. Dieu ajoute : «Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ?» Il commence par établir que Satan ne peut rien contre son choix à Lui, contre Son élection. Satan fait appel à la justice et à l’indignation de Dieu contre le péché, afin de perdre Joshua et Jérusalem ; mais il est couvert de confusion à cause de son ignorance de l’amour divin. La grâce qui veut sauver des pécheurs lui est complètement inconnue ; il venait établir que la sainteté de Dieu ne pourrait jamais supporter en sa présence un homme avec des vêtements sales, et il avait raison. Mais Dieu répond : «J’ai élu Jérusalem, celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ?» Cela ne signifie pas, comme quelques-uns le pensent, qu’il soit retiré du feu quand déjà la flamme l’a à moitié consumé, mais qu’il a été préservé, mis à part, pour n’y être pas jeté. Joshua étant destiné à être sauvé, Satan est frappé d’impuissance, et c’est lui, l’ennemi de nos âmes, qui sera tancé pour ses mauvais desseins. Toutefois il est nécessaire que la justice de Dieu soit satisfaite, et c’était là-dessus que Satan fondait ses dangereux projets. Or voici comment l’Éternel concilie sa justice avec son élection de grâce : «Joshua était vêtu de vêtements sales, et se tenait devant l’Ange. Et l’Ange prit la parole et parla à ceux qui se tenaient devant lui, disant : Otez de dessus lui les vêtements sales. Et il lui dit : Regarde, j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête» (v. 3, 4). Dieu seul pouvait faire cela ; Joshua ne pouvait se dépouiller de ses vêtements, sans être nu devant Dieu, ce qui aurait été sa condamnation. Il fallait qu’il fût revêtu de vêtements nouveaux, dignes de Celui devant lequel il se trouvait. «Regarde», dit l’Éternel, «j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête» (v. 4). Dieu délivre Joshua, agit envers lui selon son droit de le purifier, et le place dans la joie et les heureux privilèges de sa présence. C’est ce qui arrivera au jour futur où Jérusalem jouira des bénédictions de l’ère messianique. La ville bien-aimée aura la connaissance du salut accompli pour elle ; elle paraîtra devant Dieu, ayant le nom de Joshua, «l’Éternel est Sauveur», gravé sur son front; elle sera «parée de broderies d’or» qui conviennent à la présence du Dieu de justice et au Festin du Roi. «Et je dis : Qu’ils mettent une tiare pure sur sa tête ; et ils mirent la tiare pure sur sa tête, et le revêtirent de vêtements ; et l’Ange de l’Éternel se tenait là» (v. 5). La tiare était le signe de l’office sacerdotal. Par l’intercession du prophète qui représente ici celle de Christ, car le souverain sacrificateur, comme nous venons de le voir, ne pouvait remplir cette fonction, Joshua est autorisé à reprendre un ministère agréé de Dieu. C’est ainsi que le peuple lui-même sera, dans les temps futurs, une «sainte sacrificature» devant l’Éternel.
Dans toute cette scène, du moment que l’Ange a dit à Satan : «Que l’Éternel te tance», l’accusateur de Joshua disparaît. Il en est toujours ainsi : l’Ennemi peut bien entreprendre de nous détruire, mais ne peut tenir devant Celui qui a pris notre cause en main.
«Et l’Ange de l’Éternel protesta à Joshua, disant : Ainsi dit l’Éternel des armées : Si tu marches dans mes voies, et si tu fais l’acquit de la charge que je te confie, alors tu jugeras aussi ma maison, et tu auras aussi la garde de mes parvis, et je te donnerai de marcher au milieu de ceux-ci qui se tiennent devant moi» (v. 6-7). Ce passage a trait à la responsabilité de Joshua et de la sacrificature représentée dans sa personne. Il y aura, sous le règne de Christ, une sacrificature reconnue, dont feront partie «ceux qui auront fait l’acquit de la charge que Dieu leur avait confiée» (Ézéch. 48: 11). Ceux qui auront été infidèles n’auront pas le droit de marcher «au milieu» des sacrificateurs qui feront le service devant l’Éternel, dans son sanctuaire, mais sa grâce pourvoira, dans une mesure, à leurs besoins, en leur donnant la charge de la maison. (Ézéch. 44: 10-16). Cette pensée de la responsabilité est plus importante pour nous, chrétiens, qu’elle ne l’était pour les fidèles de l’ancienne alliance. Du moment que, purifiés de nos souillures, nous avons été amenés devant Dieu, revêtus de sa justice, nous sommes capables de le servir et d’exercer la sainte sacrificature en sa présence. Mais nous avons la responsabilité de nous montrer dignes de notre appel, sinon Dieu ne nous confiera pas des bénédictions nouvelles, ni le service de son sanctuaire. La pénible inertie des enfants de Dieu dans le culte n’a souvent pas d’autre cause ; leur infidélité les empêche de s’associer aux sacrificateurs qui se tiennent devant Dieu. Combien de chrétiens se contentent de connaître leur relation avec Dieu, sans sentir que «noblesse oblige». Jamais le jugement de la maison et la garde des parvis ne leur sera confiée. Ils resteront, année après année, sans spiritualité, incapables de jugement et de discernement, inutiles à Dieu dans son Assemblée, parce que, dès le début, ils n’ont pas fait l’acquit de leur charge. Puissions-nous prendre ces choses à cœur !
* * *
Dans la seconde partie du chapitre (v. 8-10), Joshua nous est présenté sous un tout nouveau caractère : «Écoute, Joshua, grand sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi, car ce sont des hommes qui servent de signes» (v. 8). Joshua n’est plus ici le représentant du peuple, ni même le sacrificateur responsable, tenu de faire l’acquit de sa charge pour pouvoir marcher au milieu de ceux qui se tiennent devant l’Éternel. Il est lui-même Celui devant lequel sont assis les sacrificateurs, qu’il a introduits dans son intimité, comme ses compagnons ; le premier Joshua n’est mentionné que pour rappeler le second et lui servir de type, car ceux qui l’entourent «sont des hommes qui servent de signes». Il y aura donc un souverain sacrificateur futur, et nous savons, d’après l’épître aux Hébreux et le Psaume 110 ; qu’il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, un tout autre ordre de sacrificature que l’ordre aaronique de Joshua. Ce caractère-là n’appartient qu’à Christ, et les chapitres suivants développeront devant nous l’importance de son office. Mais la mention qui nous en est faite ici n’est encore que préliminaire ; le Seigneur nous est présenté auparavant sous d’autres aspects : «Car voici, je ferai venir mon serviteur, le Germe» (v. 8). Ce titre «le Germe» (És. 4: 2 ; Jér. 23: 5 et 33: 15 ; Zach. 3: 8 ; 6: 12), de même que celui de «Rejeton» (És. 11: 1 ; 53: 2), se rapporte toujours au Messie, issu, comme Roi, du tronc de David. Il est à remarquer dans ce passage, que Dieu s’adresse à Joshua comme représentant Christ dans son office sacerdotal. Il lui annonce qu’il va susciter son serviteur, le fils de David, le Roi. Ici, la sacrificature et la royauté son séparées. Au chap. 6: 12-13, où la révélation de Christ devient plus complète, le Germe et le Souverain sacrificateur ne forment plus qu’une personne, et leurs deux offices sont réunis sur une seule tête. Au premier chapitre et au commencement du troisième, le Christ nous était déjà apparu, sous la forme mystérieuse de «l’Ange de l’Éternel». Dans le passage qui nous occupe, il nous est présenté personnellement, mais dissocié pour ainsi dire, afin que nous soyons obligés de considérer ces deux offices distincts, pour apprécier leurs gloires et ne pas donner à l’un la prééminence sur l’autre.
Le prophète avait commencé par décrire la chute des empires gentils (1), afin que le rétablissement de Jérusalem pût avoir lieu (2). Il avait montré ensuite (3: 1-7) que Jérusalem, pour être restaurée, devait être purifiée dans la personne de son représentant Joshua. Il fait ici un pas de plus, et montre que les fidèles, pour être introduits dans la bénédiction finale, doivent avoir un souverain sacrificateur sans souillure, dont ils seront les compagnons, et un Roi, de la semence de David, selon les conseils de Dieu.
Mais cette personne bénie nous est encore présentée sous un troisième aspect : «Car voici, la pierre que j’ai placée devant Joshua ; sur cette seule pierre, il y aura sept yeux; voici, j’en graverai la gravure, dit l’Éternel des armées ; et j’ôterai l’iniquité de ce pays en un seul jour» (v. 9).
Lorsque Joshua, l’un des chefs de la captivité restaurée, avait commencé à bâtir la maison de Dieu, une pierre avait été placée devant lui, pour être le fondement du temple que le peuple allait réédifier. C’était la maîtresse pierre du coin, qui devait porter tout l’édifice. Cette pierre n’était qu’une faible image de la vraie pierre, de Christ, fondement du temple futur, de Christ qui serait d’abord la pierre rejetée avant d’être établi pour toujours. Le règne millénaire, immense et glorieux, aura pour centre le temple, lieu du culte de l’Éternel, et ce centre sera fondé sur Christ. Toute la dispensation future du règne de Dieu sur la terre aura Christ pour pivot : Christ, le fondement ; le temple, l’habitation de Dieu au milieu de son peuple ; Jérusalem, la ville du grand Roi, indissolublement associée au temple ; le peuple de Dieu rassemblé dans un ordre parfait, autour de la maison de l’Éternel et de la Cité royale ; toutes les nations, jusqu’aux extrêmes limites de la terre, environnant le peuple bien-aimé ; enfin cette scène merveilleuse se déployant sous le rayonnement du soleil de Justice qui porte la santé dans ses ailes : telle sera, sur la terre, cette gloire future, tandis que les splendeurs du trône de l’Agneau et de son épouse, la nouvelle Jérusalem, rempliront le ciel !
«Sur cette seule pierre, il y aura sept yeux». Dans l’Apocalypse, les sept esprits, les sept lampes et les sept yeux sont une même chose, mais avec des acceptions diverses, Au chap. 1: 4, les «sept esprits qui sont devant son trône» sont la plénitude de l’Esprit de Dieu, présidant au gouvernement du monde. Au chap. 4 : 5, «les sept lampes de feu brûlant devant le trône, qui sont les sept esprits de Dieu» sont la plénitude de l’Esprit pour mettre en lumière et amener en jugement ce qui est en opposition avec le gouvernement de Dieu sur la terre. Au chap. 5: 6, l’agneau qui a «sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre», représente Christ, avec la plénitude de sa connaissance (associée à la plénitude de sa puissance, sept cornes), ayant pour but d’accomplir les voies de Dieu envers le monde (*).
(*) Voir, pour la valeur de tous ces termes: Le langage symbolique de l’Apocalypse, par H. R.
Ici, la pierre avec les sept yeux est Christ, en qui l’on trouve la plénitude de la connaissance de la pensée de Dieu, et qui est aussi la pleine expression de cette pensée, car nous voyons l’Éternel lui-même en graver la gravure. Christ, homme ici-bas, la pierre jadis rejetée, est la manifestation de l’Être divin lui-même, la Vérité : c’est en Lui que Dieu s’est révélé, en Lui qu’il se fera connaître sur la terre renouvelée, lors du règne glorieux du Fils de l’homme.
«Et j’ôterai l’iniquité de ce pays en un seul jour» (v. 9). Alors, non seulement le peuple, représenté par Joshua, mais le pays tout entier, sera purifié. Il faudra que la terre d’Israël soit nettoyée de ses iniquités et de ses souillures pour être appropriée au règne de Christ comme sacrificateur, roi et centre de toutes les pensées de Dieu.
«En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, vous convierez chacun son prochain sous la vigne et sous le figuier» (v. 10). Ce sera le jour du repos pour chacun, la jouissance en commun de ce repos, le vrai règne de paix pour Israël.
Dans le chapitre que nous venons de parcourir, Dieu s’adresse à Joshua, le souverain sacrificateur ; le chap. 4 s’occupe du Roi, dans la personne de Zorobabel, car les caractères glorieux de Christ, dans sa gloire millénaire, seront la sacrificature et la royauté. Dès l’abord, le prophète, comme «un homme réveillé de son sommeil», a une vision qu’il est capable de décrire, mais ne comprend en aucune manière : «Et je dis : Je vois, et voici un chandelier tout d’or et une coupe à son sommet ; et ses sept lampes sur lui ; sept lampes et sept conduits pour les lampes qui sont à son sommet; et deux oliviers auprès de lui, l’un à la droite de la coupe, et l’autre à sa gauche. Et je pris la parole et dis à l’ange qui parlait avec moi, disant: Que sont ces choses, mon Seigneur? Et l’ange qui parlait avec moi répondit et me dit: Ne sais-tu pas ce que sont ces choses ? Et je dis : Non, mon Seigneur» (v. 2-5).
Comme nous l’avons déjà fait remarquer, le livre de Zacharie est rempli de questions. Le prophète ne peut rien comprendre sans que l’ange le lui explique. Il est ainsi gardé dans l’humilité, quand il est obligé de répondre «Non, mon Seigneur» au «Ne sais-tu pas ?» de son compagnon. Nous avons aussi besoin de nous sentir ignorants devant Dieu, pour apprendre à connaître les vérités renfermées dans sa Parole. Les Écritures offrent beaucoup de détails extérieurs que même les inconvertis peuvent apprendre, mais dont le sens profond échappera toujours à l’esprit de l’homme naturel. Pour saisir ce sens caché, il faut l’Esprit de Dieu (1 Cor. 3: 10-14), mais, de plus, il faut connaître Christ, qui est la clef même de la Parole.
Zacharie voit un chandelier d’or et une coupe à son sommet. Le vingt-cinquième chapitre de l’Exode nous parle de ce chandelier. Il était destiné à éclairer le lieu saint et, comme chaque objet du tabernacle ou du temple, il représentait une des gloires de Christ. Si le chandelier représentait Christ dans ce chapitre, sa lumière était le témoignage de Christ.
Mais le symbole du chandelier et de la lumière ne s’applique pas uniquement à sa personne. Dans l’Apocalypse, les sept lampes d’or sont les sept Églises. D’autre part, quand il est question de lumière, le Seigneur ne se borne pas à dire : «Je suis la lumière du monde» (Jean 9: 5), il dit aux siens : «Vous êtes la lumière du monde» (Matt. 5: 14) : le témoignage de Christ devant le monde. Mais la lumière a besoin d’huile pour s’alimenter ; le témoignage a besoin, pour être rendu, du Saint Esprit dont l’huile est l’image constante dans la Parole.
Le chandelier d’or dans le temple est donc, en résumé, Christ qui, d’une part, est seul capable de donner la pleine lumière, d’autre part répand sa clarté par des témoins qu’Il a choisis dans ce but.
Zacharie ne nous montre pas le chandelier dans le temple, car les fondements de ce dernier étaient à peine posés. Ici, le chandelier ne répand pas sa lumière dans un espace limité, mais au dehors. Il a une coupe à son sommet pour alimenter les lampes et, afin que cette coupe ne soit jamais vide, deux oliviers y font couler l’huile d’or par des conduits.
Si le témoignage rendu par le Saint Esprit peut s’appliquer moralement au jour actuel, en Zacharie il est prophétique. Il y aura un temps futur de bénédiction et de gloire, où la lumière divine resplendira dans la personne de Celui qui la portera à toujours, et dans celle de ses témoins, noyau du peuple futur d’Israël. Telle nous paraît être la portée de ce passage de Zacharie.
Quant à nous, chrétiens, nous ne devons pas oublier que l’Église est appelée à rendre témoignage avant les jours où Dieu reprendra ses relations avec son ancien peuple. Quand le Seigneur Jésus, la vraie lumière du monde, a été rejeté, il nous a laissés à sa place pour faire luire cette lumière et rendre ce témoignage.
Au deuxième chapitre de l’Apocalypse, nous voyons qu’Éphèse, l’église responsable considérée dans son ensemble, a perdu son premier amour, et avec lui le privilège d’être un témoin de Christ. Aussi lui est-il dit : «J’ôterai ta lampe de son lieu.» La lampe de l’Église, comme corps responsable, sera ôtée de son lieu, et dans l’avenir, le témoignage sera confié à d’autres. C’est de ce témoignage futur que Zacharie nous entretient. Mais avant qu’il brille de tout son éclat en Israël, comme nous le voyons dans notre chapitre, il est placé au chap. 11 de l’Apocalypse, dans les mains de deux témoins juifs, dont il est dit qu’ils sont «les deux oliviers et les deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la terre» (v. 4). Ce sera un témoignage suffisant, mais nullement universel, rendu à Jérusalem, au temps de la grande tribulation d’Israël. Dieu le reconnaîtra, car «par la bouche de deux ou de trois témoins toute affaire sera confirmée». Il ne sera pas complet comme celui de Zacharie, car au lieu de sept lampes, il n’en aura que deux. Ces deux témoins seront aussi les deux oliviers (Apoc. 11: 4) ; comme il est dit aussi à la fin de notre chapitre : «Ce sont les deux fils de l’huile qui se tiennent auprès du Seigneur de toute la terre» (v. 14). Ils seront les deux oliviers d’où découlera le témoignage du Saint Esprit. Leur lumière soutiendra le faible Résidu qui, avant le règne de Christ, demeurera encore au milieu de Jérusalem. Doués de l’Esprit prophétique, ils agiront dans la puissance d’Élie et de Moise, représentant la sacrificature et la royauté dans un temps de ruine, avant qu’elles soient réunies dans la personne glorieuse de Christ (*).
(*) Élie, le prophète, est sacrificateur en Carmel (1 Rois 18) ; Moïse est appelé «roi en Jeshurun» (Deut. 33: 5).
En Zacharie, comme nous l’avons dit, le témoignage est complet ; la personne du Seigneur Jésus en est le centre ; son peuple y est associé avec Lui. L’huile qui alimente le chandelier est fournie par les deux fils de l’huile, la sacrificature et la royauté, qui toutes deux étaient «ointes de l’huile de l’onction» (Lév. 8: 12 ; 1 Sam. 16: 13). Ces deux offices entièrement séparés au chap. 3, sont associés ici, mais non pas encore unis dans une seule personne.
Le v. 6 de notre chapitre met en relief d’une manière toute spéciale la personne du roi : «Et il répondit et me parla, disant : C’est ici la parole de l’Éternel à Zorobabel, disant : Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées.» Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, l’Éternel présente Joshua, purifié de sa souillure, comme type de la sacrificature de Christ. Notre chapitre montre Zorobabel, dans son extrême faiblesse, comme type de Christ, le Roi. Zorobabel, faible rejeton de la race royale, aussi abaissé que possible, ne pouvait même prétendre au titre de roi. Mais l’Éternel s’adresse à lui : «Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit.» Quel encouragement pour un homme abaissé, d’apprendre que Dieu ne lui demandait ni force, ni puissance, mais que l’Esprit de Dieu était avec lui !
Nous pouvons nous appliquer aussi cette parole, en des jours comme les nôtres qui ont plus d’une analogie avec ceux de Zacharie. «Tu as peu de force», dit le Seigneur Jésus à Philadelphie. Il encourage les siens dans leur état de faiblesse extérieure, devant les prétentions du monde religieux à la force et à la puissance, car il leur donne l’assurance que Lui est avec eux ; ils savent qu’ils peuvent compter sur cette promesse et que sa vertu se déploie dans leur infirmité.
«Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu deviendras une plaine» (v. 7). C’est sans doute à ce passage que Jésus fait allusion, quand il dit à ses disciples : «Si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait; et rien ne vous serait impossible» (Matt. 17: 20). Au temps où nous sommes, la plus faible foi fait tomber les obstacles que Satan et le monde nous opposent. Au temps de Zacharie, toute la puissance gentile ne pouvait s’opposer à l’action de l’Esprit de Dieu pour la restauration de son peuple. Il faut que les voies de l’Éternel aboutissent, pour la gloire de Christ et pour la bénédiction de son peuple.
«Et il fera sortir la pierre du faîte avec des acclamations : Grâce, grâce sur elle ! (v. 7). Christ était la pierre de fondement au chapitre précédent ; il est ici la pierre du faîte, la clef de voûte de tout l’édifice. Sur la pierre de fondement, Dieu avait gravé sept yeux, sur la pierre du faîte on lit un seul mot : Grâce, grâce 1 Elle sera acclamée de tous, comme portant la faveur de Dieu. Toute la bénédiction future de la terre dépendra de cette grâce de Dieu manifestée dans la personne du Roi. Quand il entra dans ce monde, la grâce apparut dans sa personne ; la foi en reçut la plénitude (Jean 1: 16). Mais son peuple ne l’a pas reçu et le monde l’a rejeté. Il accomplit alors sur la croix l’oeuvre de la grâce. Plus tard, il paraîtra dans son royaume comme porteur de la faveur de Dieu et dispensateur de la grâce pour Israël et pour tous les peuples.
«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison et ses mains l’achèveront ; et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé vers vous» (v. 8-9). Zacharie revient ici aux circonstances au milieu desquelles il prophétisait. Zorobabel, dit-il, achèvera la maison dont il a posé le fondement, ce qui eut un accomplissement historique. «Car qui a méprisé le jour des petites choses ?» C’était une chose relativement petite de rebâtir le temple d’alors. Le peuple pleurait en pensant à la gloire du temple d’autrefois, et pourtant ce petit commencement était quelque chose pour Dieu ; Il approuvait ceux qui avaient à coeur de bâtir sa maison.
Il en est de même aujourd’hui. Nous sommes appelés à apporter des matériaux précieux à l’édifice de Dieu, des âmes nouvelles, des pierres vivantes édifiées sur le fondement qui est Christ, et il suffit de le faire avec un coeur entièrement dévoué au Seigneur, car Lui ne méprise pas le jour des petites choses. «Ils se réjouiront, ces sept-là, et verront le plomb dans la main de Zorobabel : ce sont là les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre» (v. 10). Les sept yeux de l’Éternel, gravés sur la pierre de fondement du temple, nous sont présentés maintenant comme parcourant toute la terre (cf. Apoc. 5: 5). L’Esprit de Dieu, dans sa plénitude, aura de la joie à voir le travail de son temple achevé, le plomb entre les mains de Zorobabel pour assurer, en y plaçant la pierre du faîte, la solidité de tout l’édifice. Peu importait au début sa faible apparence, le travail avait été fait pour le Seigneur. Cet Esprit qui parcourt toute la terre se réjouira de voir toutes choses achevées, mises en ordre, sous le gouvernement du vrai Roi. Alors le temple de l’Éternel, le lieu de rassemblement de tous les peuples, sera le centre visible du règne glorieux de Christ.
Pour l’intelligence du chap. 5, récapitulons ici l’histoire du peuple, contenue dans les quatre premiers chapitres de notre prophète.
Au chap. 1, Juda et Jérusalem sont foulés aux pieds par les nations, mais consolés et encouragés par l’annonce des bénédictions futures qui seront leur part, et par la destruction de leurs oppresseurs. Au chap. 2, c’est plus que des paroles de consolation : Dieu se souvient de Jérusalem pour l’introduire définitivement dans les bénédictions millénaires. Au chap. 3, il faut que, pour être bénie, Jérusalem soit purifiée, que l’iniquité de Juda soit ôtée et que le peuple soit revêtu d’un vêtement de justice et de sainteté. Au chap. 4, le prophète considère le peuple remonté de la captivité. C’est un jour de petits commencements, mais le Seigneur ne le méprise pas. À ce moment-là, le témoignage de Dieu est représenté à Jérusalem par Joshua et Zorobabel. Dieu approuve ce témoignage, mais, au temps de la fin, il doit renaître à Jérusalem et sera reconnu suffisant, bien que représenté seulement par deux témoins, au milieu de la nation plongée dans l’incrédulité. Cent ans environ après le retour de la captivité, le prophète Malachie, considérant l’état moral du peuple, n’y voyait qu’une ruine complète, appelant le jugement final de Dieu. Quatre siècles plus tard, Juda consomme son iniquité en mettant à mort le Messie, et Dieu le disperse de nouveau parmi toutes les nations. Telle est encore aujourd’hui sa condition. Mais quand ce peuple incrédule sera rentré dans son pays, Dieu pourra-t-il, à part un faible résidu, reconnaître et approuver quelque chose au milieu de cette nation apostate ? Au chap. 5, les deux visions du prophète répondent à cette question. Elles paraissent difficiles à comprendre, mais de fait elles sont simples, si nous nous laissons enseigner par l’Esprit de Dieu.
Au commencement du chap. 5, le prophète voit «un rouleau qui vole, long de vingt coudées, et large de dix coudées». Ce rouleau, un livre écrit, sort d’auprès de l’Éternel ; il vole, et cela prouve qu’il est vivant ; il se dirige vers un but ; il a des dimensions spéciales et très remarquables : vingt coudées en longueur et dix coudées en largeur. Le lieu très-saint du temple de Salomon avait vingt coudées de largeur, de hauteur et de longueur. Dans ce lieu où se trouvait l’arche, les chérubins, représentant le pouvoir judiciaire de Dieu dans la création, étendaient leurs ailes, l’aile d’un chérubin touchant celle de l’autre, et leurs ailes libres, touchant de chaque côté la paroi du sanctuaire. Chaque chérubin avait dix coudées de hauteur et leurs ailes avaient dix coudées. Le lieu le plus sacré du temple était donc caractérisé par ces deux chiffres 10 et 20. Ce qu’il faut en conclure, c’est que le rouleau, la parole écrite qui sort ici de la part de l’Éternel, est en accord avec la sainteté du lieu où Dieu habite entre les chérubins et qu’elle en porte la marque. Des sentences sont écrites sur les deux faces du rouleau : «C’est ici la malédiction qui sort sur la face de toute la terre ; car tout voleur sera détruit, selon ce qui est écrit d’une part ; et chacun qui jure sera détruit, selon ce qui est écrit de l’autre part» (v. 2). Ce livre vivant et saint prononce des malédictions, car, nous ne devons pas l’oublier, un des caractères de la parole de Dieu est le jugement. Si le monde n’écoute pas les appels de la grâce, contenus dans le volume sacré, il lui faudra apprendre à connaître ce dernier sous un autre caractère, celui de la malédiction.
Le «rouleau» nous est présenté dans la Parole sous trois aspects : D’abord au Ps. 40: 6-8 et en Héb. 10: 7 : «Voici, je viens — il est écrit de moi dans le rouleau du livre — pour faire, ô Dieu, ta volonté.» Le contenu principal du «livre», ce qui est écrit «en tête», c’est la parfaite obéissance de Christ pour accomplir les conseils de Dieu dans l’oeuvre du salut. C’est, en un mot, la grâce venue par Jésus Christ.
Ensuite, nous trouvons en Apoc. 5, dans la droite de Celui qui est assis sur le trône, un livre écrit, comme en Zacharie, «au dedans et sur le revers» et scellé de sept sceaux. C’est le livre des conseils de Dieu et des voies par lesquelles il les réalisera, en établissant le règne de son Fils bien-aimé. Christ seul peut leur donner essor en ouvrant les sceaux du livre.
Enfin, le «rouleau» nous révèle l’état moral de l’homme, sa responsabilité devant Dieu, et les jugements qui en sont la suite. Le rouleau a ce caractère en Jér. 36: Ézéch. 2: 9-10, et dans le passage qui nous occupe.
Les deux visions du chap. 5 de Zacharie nous montrent la malédiction prononcée par Dieu d’abord sur l’état moral du peuple (v. 1-4), ensuite sur son état religieux (v. 5-11).
Quant à son état moral, dont il est responsable devant Dieu, la malédiction est prononcée d’une part sur le voleur, d’autre part sur celui qui jure faussement par le nom de l’Éternel. Une telle restriction des motifs du jugement pourrait paraître extraordinaire au premier coup d’oeil, mais, en y réfléchissant, nous trouvons, dans ces deux mots, les caractères du péché de l’homme. Un voleur est un méchant qui agit injustement à l’égard de son prochain ; un homme qui jure faussement fait Dieu menteur en le prenant à témoin pour affirmer le mensonge. L’injustice et le mépris de Dieu, tels sont les caractères de ce peuple auquel moins de cent ans plus tard, Malachie répétera les mêmes choses (Mal. 3: 5).
«Je la fais sortir, dit l’Éternel des armées, et elle entrera dans la maison du voleur, et dans la maison de celui qui jure faussement par mon nom ; et elle logera au milieu de sa maison et la consumera avec le bois et les pierres.» Ce passage ne rappelle-t-il pas ces paroles du Seigneur : «Ma maison sera appelée une maison de prière; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs» (Matt. 21: 13), et encore : «Votre maison vous est laissée déserte» (Matt. 23: 38), et encore: «Il ne sera point laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas» ? (Matt. 24: 2).
Pour comprendre cette vision, nous avons à dépendre en toute simplicité de l’enseignement direct de la Parole. Il est possible que notre manque d’intelligence spirituelle nous empêche d’en comprendre tous les détails, mais souvenons-nous que, s’il y a de l’obscurité, elle se trouve en nous, car Dieu nous a communiqué ces choses en vue de notre instruction et non pas pour nous embarrasser par des énigmes.
«Et l’ange qui parlait avec moi sortit et me dit : Lève tes yeux et regarde : Qu’est-ce qui sort là ? Et je dis : Qu’est-ce ? Et il dit : C’est l’épha qui sort. Et il dit : C’est ici leur aspect dans toute la terre. Et voici, un disque de plomb fut soulevé: et il y avait là une femme assise au milieu de l’épha. Et il dit : C’est la méchanceté. Et il la jeta au milieu de l’épha, et il jeta le poids de plomb sur l’ouverture» (v. 5-8). L’épha figure habituellement la plus grande mesure de capacité, car le cor ou khomer, d’un contenu supérieur, n’est que l’épha multiplié par dix. Au milieu de l’épha une femme est assise, ce qui signifie qu’elle s’y est établie ; puis l’ange l’y jette comme image du jugement et ferme l’épha d’un disque de plomb, figure d’une sentence irrévocablement scellée. Cette femme s’appelle la méchanceté, mot dont le sens est l’iniquité : une nature qui ne se soumet pas à une volonté supérieure et agit selon sa propre volonté. Elle est, de fait, l’indépendance de Dieu, qui ne reconnaît d’autre loi qu’elle-même (1 Jean 3: 4). La femme dans l’épha est donc l’indépendance de l’homme quant à Dieu, ayant atteint sa pleine mesure et, de ce fait, condamnée d’une manière définitive.
La parole de Dieu nous présente souvent la femme comme un principe moral ou religieux. On trouve, par exemple, dans les Proverbes, une femme qui est la sagesse et une femme qui est la corruption. Ces principes sont souvent représentés par une nation ou par une ville. On en trouve un exemple au chap. 12 de l’Apocalypse, où la femme est une nation, le vrai Israël selon les conseils de Dieu. Puis, en Apoc. 17: 3, où la femme est un système religieux apostat, une ville, Babylone la grande (cf. v. 9). Jérusalem aussi est continuellement représentée, comme système moral et religieux, sous les traits d’une femme.
Dans notre chapitre, comme nous l’avons vu, la femme est la méchanceté, l’abandon de Dieu. En Juda et à Jérusalem, cette méchanceté comblait, comme dit le Seigneur, «la mesure de leurs pères» (Mati. 23: 32). Au temps où Jésus marchait ici-bas, l’idolâtrie avait disparu depuis les jours d’Esdras et de Néhémie; la maison était balayée et parée. En apparence, le peuple était purifié, lui qui, dans le passé, avait été abominablement idolâtre. Mais, bien que purifiés extérieurement, ce fut alors qu’ils rejetèrent et crucifièrent leur roi, et Dieu les dispersa de nouveau parmi les nations, comme il paraît encore aujourd’hui. À la fin des jours, quand ils seront rentrés dans leur pays, sept esprits, plus méchants que le premier, occuperont leur maison et y habiteront (Matt. 12: 43-45). Ces choses arriveront sous le règne de l’Antichrist : l’idolâtrie s’emparera de nouveau de ce peuple et il s’agenouillera devant une idole reconnaissant Satan pour son roi.
Si la condition finale de Jérusalem et de Juda nous est montrée ici d’une manière un peu mystérieuse, c’est que cette vision dépasse les limites du peuple juif pour s’appliquer aussi aux nations, représentées aux derniers jours par la chrétienté devenue apostate. «C’est ici», nous est-il dit, «leur aspect dans toute la terre» (v.6). Comme il n’appartient pas au domaine de l’Ancien Testament, ce sujet ne pouvait être présenté ici que sous une forme obscure, tandis que le Nouveau Testament nous en fait un tableau clair et complet.
Nous savons qu’après l’enlèvement de l’Église, la chrétienté, ou corps professant apostat laissé sur la terre, deviendra idolâtre comme le peuple juif. Ce dernier, à l’instigation de l’Antichrist, reniera l’Éternel, le Dieu de ses pères et le Christ, son Messie ; sous cette même influence, la chrétienté reniera le Père et le Fils (1 Jean 2: 22). Désormais Juda aura comblé la mesure de son iniquité et n’en pourra plus sortir ; il en sera de même de la chrétienté. Les deux se rencontreront dans une commune idolâtrie. «L’abomination» sera établie dans le temple de Jérusalem, et la chrétienté boira avec le judaïsme à la même coupe empoisonnée.
Le v. 9 décrit ce qui arrivera à la femme que nous venons d’envisager sous ces deux aspects. «Et je levai mes yeux et je vis ; et voici, deux femmes sortirent, et le vent était dans leurs ailes, et elles avaient des ailes comme des ailes de cigogne, et elles soulevèrent l’épha entre la terre et les cieux. Et je dis à l’ange qui parlait avec moi : Où celles-ci emportent-elles l’épha ? Et il me dit : Pour lui bâtir une maison dans le pays de Shinhar ; et là elle sera fixée et posée sur sa base» (v. 9-11). Est-ce peut-être à cause de cette dualité d’aspect que nous voyons deux femmes emporter l’épha ? Je ne saurais le dire, mais nous voyons ici que les principes représentés par elles trouvent des circonstances favorables à leur développement : «Le vent est dans leurs ailes.» De plus elles ont «des ailes de cigogne». Les cigognes retournent toujours à leur nid ; les deux femmes rapportent toute cette iniquité à son lieu d’origine, dans la plaine de Shinhar, c’est-à-dire à Babylone, en un temps où l’ancienne Babylone est à jamais détruite. C’est à Babylone que l’idolâtrie a pris naissance. L’iniquité des Juifs aux derniers jours, retournera ouvertement à son lieu d’origine, où sa maison sera fixée et posée sur sa base. Il en sera de même de la chrétienté apostate, appelée Babylone la grande et la prostituée, la mère des abominations de la terre (Apoc. 17). Notre passage la laisse posée sur sa base, mais, dans cet état, le jugement atteindra ensuite l’apostasie, aussi bien sous sa forme juive que chrétienne.
Le mot sortir répété souvent dans les visions de ce chapitre est toujours en rapport avec le jugement. Le rouleau, la malédiction, sort, l’ange sort ainsi que l’épha, les femmes sortent et emportent l’épha, se doutant peu que ce qui va être fondé et établi, sera si promptement détruit !
Au milieu de toute cette iniquité, restera-t-il encore quelque témoignage pour Christ ? Oui, car nous avons vu, au chapitre précédent, un Résidu juif, fidèle, comme on trouve, au milieu de la chrétienté actuelle, le résidu de Philadelphie. Celui de Juda deviendra le noyau du futur Israël, plus nombreux que les étoiles des cieux et que le sable du bord de la mer. Il jouira de la bénédiction du règne millénaire, après que les Juifs apostats et la chrétienté apostate seront venus en mémoire devant Dieu, et que Babylone, la grande ville, aura été précipitée dans la mer pour ne plus être trouvée à jamais.
Nous trouvons ici la huitième et dernière vision de Zacharie. Les quatre chars sont évidemment les quatre grands empires des nations, si souvent mentionnés, et représentés, sous diverses images, dans les prophètes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Au commencement du livre de Daniel, nous les voyons sous l’aspect d’une grande statue, figure d’un homme, d’une créature raisonnable et responsable, ayant une relation morale avec Dieu, et à laquelle il a confié le gouvernement du monde. Ces empires manquent à leur responsabilité et Dieu, par une pierre détachée sans mains, les brise tous ensemble, pour établir à leur place l’empire universel de Christ, une grande montagne qui remplit toute la terre.
Plus loin, en Daniel 7, nous voyons ces quatre empires sous l’aspect de quatre Bêtes, c’est-à-dire de quatre êtres sans relation morale avec Dieu. Dans l’Apocalypse (chap. 13), la dernière de ces Bêtes, l’empire romain existant alors, comprend et résume les caractères des trois empires qui l’ont précédé.
En Zacharie, les empires sont mentionnés à trois reprises: Au premier chapitre, sous la figure de leurs trois représentants symboliques, car Babylone, le premier empire, avait déjà pris fin sous l’assaut des Mèdes et des Perses. Ces empires sont à l’aise après avoir détruit le peuple de Dieu ; mais, quand le dernier d’entre eux terminera son cours, ce sera le moment où Dieu, prenant en main la cause de son peuple, rétablira ses relations avec lui. Dans le même chap. 1, les empires sont quatre cornes, quatre puissances détruites par des agents divins pour amener, au chap. 3, la bénédiction finale de Jérusalem.
«Et de nouveau je levai mes yeux, et je vis : et voici, quatre chars qui sortaient d’entre deux montagnes, et les montagnes étaient des montagnes d’airain» (v. 1). Nous trouvons ici, non pas des chevaux, mais quatre chars attelés de chevaux, symbole, dans l’Écriture, de la puissance royale et guerrière. Le premier char, l’empire guerrier chaldéen, est mentionné tout d’abord. Nous nous sommes déjà expliqués, au chap. 1, sur les chevaux roux ; dans notre chapitre, ils expriment le jugement du peuple par Babylone. Ce n’est pas, comme au premier chapitre, le tableau des empires alors que l’Esprit de Dieu prend connaissance de leur état, mais la manière dont Dieu les dirige pour accomplir ses desseins. C’est pourquoi ces chars sont présentés comme «les quatre esprits des cieux qui sortent de là où ils se tenaient devant le Seigneur de toute la terre» (v. 5 ; cf. Dan. 7: 2). Dieu nous montre que sa Providence avait dès le commencement dirigé la course de ces puissances guerrières. En apparence, chacune d’elles avait fait ce qu’elle avait voulu et avait suivi son propre chemin sans Dieu ; en réalité, Lui était derrière la scène, et les quatre esprits des cieux étaient devant Lui pour conduire le mouvement des empires dans une direction voulue. Le quatrième empire, l’empire romain, devant ressusciter comme l’Apocalypse nous le révèle, le but de Dieu ne sera pleinement atteint qu’à la fin des temps prophétiques.
Les quatre chars sortent, tout comme le rouleau et l’épha, parce qu’il s’agit ici de jugement. Ils sortent «d’entre deux montagnes» formant comme un défilé par lequel ils doivent passer. Une montagne représente toujours, en langage symbolique, une puissance fermement établie sur la terre. Les montagnes sont d’airain. L’airain signifie toujours la justice de Dieu s’occupant du péché en jugement, soit pour notre rédemption, — l’autel d’airain, emblème de la croix — soit pour nous purifier, — la cuve d’airain — soit pour l’établissement du royaume de Christ, — les colonnes d’airain — car son royaume ne peut être établi que par le jugement. Nous voyons donc ici la puissance de Dieu établie en dépit de tout, comme de fermes montagnes, afin d’empêcher les empires de suivre une autre direction que celle que Dieu veut leur assigner, et cette puissance les dirige en vue du jugement de son peuple ; mais, quand ces empires se seront détruits eux-mêmes, la délivrance d’Israël suivra le jugement, et ainsi s’accompliront en grâce les desseins de Dieu envers cette nation.
«Celui auquel sont les chevaux noirs sort vers le pays du nord ; et les blancs sortent après eux» (v. 6). Lorsque la fin de la captivité du peuple sous le joug de Babylone se fut approchée, Dieu intervint et envoya les Mèdes et les Perses, le chariot des chevaux noirs, dans le pays du nord, nom qui désigne la contrée située au nord de Jérusalem ou la Chaldée. Aux Mèdes et aux Perses succéda la puissance conquérante d’Alexandre, le chariot des chevaux blancs, qui détruisit le second empire, la Perse, dans le pays du nord. De là cette expression : «les blancs sortent après eux.»
«Et les tachetés sortent vers le pays du midi ; et les vigoureux sortent et cherchent à s’en aller, à se promener par la terre» (v. 7). Ici apparaît le quatrième char, la puissance romaine, avec des «chevaux tachetés, vigoureux». Au lieu de sortir contre le pays du nord, ces chevaux se dédoublent, pour ainsi dire. Les tachetés sortent vers le pays du midi, l’Égypte. C’est, en effet, dans ce pays que l’empire romain chercha, dès le début, à établir sa suprématie (cf. Dan. 11: 30). Ensuite, la puissance de l’empire se développant de plus en plus, Rome, les vigoureux, chercha à se promener par la terre, c’est-à-dire à étendre sa domination sur le monde entier.
«Et il dit : Allez, promenez-vous par la terre. Et ils se promenèrent par la terre» (v. 7). C’est Dieu qui a la haute main dans toutes les circonstances et les mouvements de ce monde, qui les dirige et les ordonne. Et combien de buts divers il se propose! Par le même événement, il juge, reprend, avertit, appelle ou délivre !
«Et il me cria, et me parla, disant : Vois ; ceux qui sont sortis vers le pays du nord ont apaisé mon esprit dans le pays du nord.» Déjà du temps de Zacharie la colère de Dieu s’était réveillée contre Babylone, instrument de son jugement envers Israël, mais qui, semblable à l’Assyrien, s’élevant orgueilleusement contre la main qui l’employait, avait assouvi sa soif de vengeance sur le peuple de Dieu.
La huitième vision avait décrit le rôle providentiel et le jugement final des empires envoyés pour châtier Israël. Le passage que nous avons sous les yeux nous montre le résultat glorieux de toutes les voies de Dieu et l’accomplissement de ses conseils, en substituant à tous les empires du monde celui de Christ et son règne de paix qui ne sera jamais ébranlé.
Il ne s’agit pas, dans ce passage, d’une vision, mais d’un fait qui donne occasion à l’Esprit de Dieu de s’exprimer au sujet du règne de Christ.
«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant :»
Ces mots sont importants à retenir. Nous venons de voir que cette Conclusion du livre des visions se relie à tout ce qui précède et en est pour ainsi dire le couronnement ; mais les mots que nous venons de citer relient aussi le Livre des visions aux deux chapitres suivants qui appartiennent au Livre des Oracles. En effet, ce terme : «La parole de l’Éternel vint à moi» marque à quatre reprises des révélations nouvelles (7: 4, 8 ; 8: 1, 18). Cette liaison si évidente entre les deux livres de Zacharie réduit à néant les affirmations de la soi-disant «haute critique», qui prétend voir dans ce prophète deux écrits d’auteurs différents, n’ayant aucun rapport quelconque l’un avec l’autre.
«Prends des dons de la part de ceux de la transportation, de la part de Heldaï, de Tobija, et de Jedahia (et viens, toi, en ce même jour, et entre dans la maison de Josias, fils de Sophonie, où ils sont venus de Babylone) ; et tu prendras de l’argent et de l’or, oui, prends des couronnes.»
Trois hommes, d’entre ceux qui n’étaient pas montés de Babylone avec le peuple pour rebâtir le temple et la ville, sont mentionnés ici. Nous ne savons la raison pour laquelle ils étaient restés à Babylone, mais nous les voyons monter à Jérusalem pour apporter leurs dons, de l’argent et de l’or, à la maison de l’Éternel, en un temps où elle s’élevait à peine au-dessus de ses fondements. Leur acte était la condamnation tacite des lenteurs apportées par le peuple à la construction du temple. La signification du nom de ces hommes est assez frappante : Heldaï : «Endurant» ; Tobija : «l’Éternel est bon»; Jedahia : «l’Éternel sait». Ils entrent dans la maison de Josias : «l’Éternel supporte», fils de Sophonie : «l’Éternel cache». Ces hommes portent donc presque tous le nom de l’Éternel et sont ainsi ses témoins.
J’en conclus qu’ils sont comme un type du vrai Résidu de Juda, soit hors de la Judée, soit à Jérusalem. Les Juifs remontés sous Cyrus à Jérusalem ne pouvaient être considérés comme le vrai Résidu ; la fin de Zacharie et le prophète Malachie le démontrent suffisamment. Les vrais fidèles se trouvaient alors à Babylone, mais ils sont accueillis et cachés dans la maison d’un autre fidèle à Jérusalem. Ce petit tableau me semble donc être une image des deux parties du Résidu de Juda, à la fin des temps (*). Ceux qui le composent voient, par la foi, le temple bâti quand il ne l’est pas encore, le roi établi quand, de fait, il n’est pas encore manifesté, et ils lui apportent leurs dons. Le prophète a la mission de former des couronnes avec cet argent et cet or : «Oui, prends des couronnes et tu les mettras sur la tête de Joshua, fils de Jotsadak, le grand sacrificateur; et tu lui parleras, disant: Ainsi parle l’Éternel des armées, disant : Voici un homme dont le nom est Germe, et il germera de son propre lieu., et il bâtira le temple de l’Éternel. Lui, il bâtira le temple de l’Éternel, et il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône» (v. 11-13). Le sens du mot : «couronnes» est plutôt celui d’une «double couronne», semblable à la tiare que portaient certains souverains. Zacharie devait prendre cette couronne et la placer sur la tête de Joshua, le souverain sacrificateur.
(*) Voir pour plus amples détails: «L’histoire prophétique des derniers jours», par H.R.
Pour expliquer cet acte, résumons, en quelques mots, l’histoire du Christ, dans les chapitres qui précèdent, comme nous l’avons déjà fait à l’égard de l’histoire de Juda et de Jérusalem.
Au chap. 3, Joshua qui avait d’abord représenté le peuple purifié devant l’Éternel, devient le type de Christ, comme futur souverain sacrificateur. Puis Dieu annonce qu’il fera venir son serviteur le Germe, Christ, le fils de David comme roi. Le fondement du temple que Joshua venait de poser est le type de Christ, maîtresse pierre du coin, sur laquelle l’Éternel édifiera son temple futur. Au chap. 4, Zorobabel est l’image de Christ, le vrai roi. La pierre du faîte, la clef de voûte de tout l’édifice, placée devant Zorobabel, est de nouveau Christ, porteur de faveur de Dieu. Dans ce même chapitre, la royauté et la sacrificature, les deux fils de l’huile, sont encore séparées, bien qu’elles contribuent, en commun, à alimenter la lumière du témoignage. Enfin, dans notre chapitre, nous trouvons la sacrificature et la royauté réunies dans une même personne. Celui dont le nom est Germe sera sacrificateur sur son trône ; c’est ce Roi sacrificateur qui est couronné dans la personne de Joshua : «l’Éternel est Sauveur». Christ, vrai Melchisédec, est proclamé sacrificateur, en même temps que roi de justice et roi de paix. C’est à Lui et à son règne qu’aboutissent toutes les voies de Dieu dont il nous est parlé dans les chapitres précédents, et, d’une manière particulière, comme en Dan. 2: 34, 35, la destruction des royaumes mentionnés au commencement de notre chapitre. Lorsque l’Esprit de Dieu a été «apaisé» à leur égard, Dieu établit à leur place le royaume universel du fils de David, qui ne sera pas ébranlé.
Il est dit de Lui, au v. 12: «Il germera de son propre lieu.» Son propre lieu, c’est Jérusalem, le lieu de son origine royale, car, «quand l’Éternel enregistrera les peuples, il comptera : Celui-ci est né là» (Ps. 87: 6). Il est dit encore : «Il bâtira le temple de l’Éternel. Lui, il bâtira le temple de l’Éternel.»
Représentons-nous les circonstances dans lesquelles cet événement est annoncé. Le peuple à Jérusalem se remettait à l’oeuvre, mais le temple n’était point terminé quand Heldaï et ses compagnons montèrent à Jérusalem. Joshua s’y était employé, Zorobabel y coopérait, mais un moment devait venir où le roi, le fils de David, ne faisant qu’un avec le sacrificateur couronné, bâtirait le temple de l’Éternel. Ce ne pouvait donc pas être le temple d’alors, ni le temple d’Hérode, ni celui de l’Antichrist ; un seul temple est mentionné ici, celui que le Roi sacrificateur bâtira. Le v. 15 indique ceux qui coopéreront à cette oeuvre : «Ceux qui sont éloignés viendront et bâtiront au temple de l’Éternel.» Ce sera exactement le contraire de ce qui s’était passé lors de la construction du temple au temps d’Esdras et de Zacharie. Ceux qui étaient éloignés, les ennemis de Juda, avaient dit à Zorobabel : «Nous bâtirons avec vous.» Zorobabel et Joshua leur répondirent : «Vous n’avez pas affaire avec nous pour bâtir une maison à notre Dieu, mais nous seuls, nous bâtirons à l’Éternel, le Dieu d’Israël» (Esdras 4: 2-3). Mais, quant au temple futur dont il est question ici, les nations y contribueront pour leur part, comme jadis Hiram, roi de Tyr, avait fourni des ouvriers et des matériaux pour le temple de Salomon.
«Et il portera la gloire.» C’est une chose immense que la gloire ; elle est la manifestation de toutes les perfections divines : Majesté, justice, sainteté, pureté, puissance, sagesse, vérité, bonté, enfin la grâce et l’amour. Toutes ces perfections seront mises en pleine lumière, dans la personne du Messie, roi d’Israël. Un Joshua, avec ses vêtements sales, un Zorobabel, faible et sans énergie, étaient bien loin de manifester ces caractères. Même sous le règne glorieux de Salomon, où l’on pouvait voir dans le roi quelque reflet de la sagesse de Dieu, ces caractères furent vite perdus, car jamais Salomon ne «porta la gloire» tout entière. Un seul la manifestera dans son ensemble et dans sa plénitude, lorsque la connaissance de la gloire de Dieu resplendira devant tous «dans la face de Jésus Christ». Il portera la gloire ; l’Église, la nouvelle Jérusalem, l’aura, la possédera, car il est dit d’elle : «Ayant la gloire de Dieu», et encore : «La gloire de Dieu l’a illuminée» (Apoc. 21: 10, 23).
«Et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône.» Il y aura donc un trône, auquel certes ni Joshua, ni Zorobabel n’avaient aucune part ; sur le trône, un sacrificateur sera assis, qui ne se tiendra plus debout comme Joshua, pour intercéder et offrir des sacrifices, mais en aura fini avec l’exercice de la sacrificature d’Aaron ; un roi sera assis, le vrai Melchisédec, roi de justice et roi de paix, bénissant le peuple de la part de Dieu et Dieu de la part du peuple, médiateur entre le ciel et la terre. Il portera tout le poids du gouvernement du monde, et pas un instant le sceptre de justice ne fléchira dans sa main. Comme le soleil qui se lève, il luira sur les hommes, apportant la santé dans ses ailes. La double couronne ornera sa tête ; c’est à cela qu’étaient destinés les dons apportés au temple par quelques fidèles.
«Et le conseil de paix sera entre eux deux.» Le conseil arrêté entre l’Éternel et le Messie, fils de David, sera alors entièrement accompli pour la terre. «Paix sur la terre et bon plaisir dans les hommes» : ces mots se réaliseront quand le roi de paix entrera à Jérusalem, la cité de son choix, et annoncera la paix à son peuple et aux nations.
Quelque merveilleuse que soit cette part, la nôtre, à nous chrétiens, est encore meilleure. Nous n’avons pas à attendre la gloire future pour voir le conseil de paix réalisé à notre égard, et nous pouvons entrer déjà dans la pleine jouissance de cette paix, objet des conseils éternels du Père et du Fils, et que nous possédons maintenant par la foi.
«Et les couronnes seront pour Hélem, et pour Tobija, et pour Jédahia, et pour Hen, fils de Sophonie, pour mémorial dans le temple de l’Éternel» (v. 14). Combien cette pensée est consolante, dans un temps de ruine générale ! Le peuple d’alors, réuni à Jérusalem, n’avait pas aux yeux de Dieu les caractères du vrai Résidu. Quelques hommes venus de Babylone étaient agréés de Dieu, ainsi que celui qui les avait accueillis à Jérusalem, car eux-mêmes reconnaissaient la maison de Dieu, alors qu’elle n’existait pas à la vue des hommes. Ils la voyaient avec les yeux de la foi, et lui apportaient leurs choses précieuses. Ces dons devaient servir à couronner le vrai roi et à le glorifier. Dieu conserve ces couronnes dans son temple, en mémoire de l’acte de ces fidèles. Ces couronnes leur appartiendront aussi, quand le Christ entrera dans sa gloire. Dès maintenant, l’Éternel reconnaît ces fidèles et, de plus, il donne de nouveaux noms à celui qui les conduit et à celui qui les reçoit. Heldaï s’appelle désormais Hélem et Josias Hen. Hélem signifie «la force», et Hen signifie «la grâce». C’est ainsi, et sous ces traits, que Dieu voit ceux qui ont porté le nom de l’Éternel et ont eu à coeur l’honneur de sa maison ici-bas. Certes, ils avaient peu de force ces trois hommes, remontés de Babylone, mais ils n’avaient pas renié le nom de l’Éternel, aussi les établit-il comme des colonnes dans son temple. Dans leur faiblesse, ils s’étaient confiés en l’Éternel. Dieu les voit en Christ, comme la colonne Boaz du temple de Salomon qui signifie : «En lui est la force.» Josias, fils de Sophonie, qui les reçoit, et les reconnaît comme serviteurs de l’Éternel, qui apprécie leurs dons et les garde sous son toit, comme un trésor précieux dans ces jours de ruine, Dieu l’appelle Hen et reconnaît en lui la grâce, cet autre caractère de Christ.
Cher lecteur ! Ne doit-il pas en être de même pour nous aujourd’hui ? Nous contentons-nous d’appartenir à la profession sans conscience, dont Zacharie va nous faire le tableau dans les chapitres suivants, et qui sera l’objet de la désapprobation de Dieu dans le prophète Malachie ? Ou bien portons-nous, non pas le vain nom de chrétiens, mais, comme ces hommes, quelqu’un des caractères de Celui dont le nom est invoqué sur nous ? Reconnaissons-nous l’Église de Christ, le temple et la maison de Dieu, là où son fondement seul est posé, au milieu de l’indifférence et de l’infidélité générales ? Nos dons ont-ils pour but l’édification de la maison de Dieu ou celle de maisons de notre invention que nous n’avons pas la bonne foi d’appeler de leur vrai nom ? N’oublions pas que ce qui est apporté à la maison de Dieu contribue à la gloire de Christ, ajoute des fleurons à sa couronne, que nos offrandes sont le culte rendu à Christ là où il fait habiter son nom. Dieu ne se souvient que de ce qui a été fait pour son Bien-aimé. Peu importent les noms dont le monde nous outrage, que notre nom soit celui de l’approbation secrète du Seigneur. Hélem et Hen, force et grâce, sont écrits sur le caillou blanc qu’il donne à ses fidèles.
Mais bien plus, le mémorial de ce que nous aurons fait pour Lui, en un temps où la foi seule pouvait distinguer son Église et reconnaître les gloires de sa personne, ce mémorial demeure à jamais dans son temple. Ceux qui n’auront pas renié son nom auront part à la couronne dont leurs coeurs fidèles avaient orné la tête de Christ. Elle est pour eux, il la leur donne, il les associera à sa gloire. Et comme il y aura un livre de mémoire pour ceux qui craignent l’Éternel et se sont entretenus de sa venue, il y aura dans son temple un souvenir de ceux qui, en un temps d’abaissement, ont reconnu sa suprématie et se sont prosternés devant Celui que Dieu salue comme sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.
Le «Livre des Visions» date de la deuxième année de Darius, celui qui va nous occuper, de la quatrième année du même roi. Nous lui donnons pour titre : Le livre des Oracles. Il se divise en trois sections distinctes. La première section comprend les chap. 7 et 8, la deuxième les chap. 9 à 11, la troisième les chap. 12 à 14.
La scène par laquelle s’ouvre le septième chapitre offre un frappant contraste avec celle du sixième, où trois témoins de l’Éternel étaient montés de Babylone à Jérusalem. Ici, deux chefs, Sharétser, Réguem-Mélec et ses hommes, sont envoyés de Béthel, «pour implorer l’Éternel, pour parler aux sacrificateurs qui étaient dans la maison de l’Éternel... et aux prophètes.» Le nom de ces chefs semblerait indiquer qu’ils revêtaient des charges à la cour du roi ; il est en tout cas bien différent des noms de Tobija, de Jedahia et de Josias. Béthel les envoie pour s’informer si le jeûne du cinquième mois doit continuer à être observé: «Pleurerai-je au cinquième mois, en me séparant comme j’ai fait, voici tant d’années?»
Quatre jeûnes avaient été institués par le peuple à la suite du désastre de Jérusalem. Le jeûne du dixième mois, lorsque Nébucadnetsar vint assiéger la ville (Jér. 52 : 4-5) ; celui du quatrième mois, quand elle fut prise (Jér. 52: 6) ; celui du cinquième mois, lors de l’incendie du temple (2 Rois 25: 8-9) ; enfin le jeûne du septième mois, lors du meurtre de Guedalia par Ismaël, et quand à la suite de cet événement, le peuple s’enfuit en Égypte (2 Rois 25: 25-26). Le plus important de ces jeûnes semble avoir été celui qui commémorait l’incendie du temple. Voyant le nouveau temple près de se réédifier, la question de l’opportunité d’un jeûne, bien qu’encore douteuse, pouvait être posée, car en la quatrième année du roi Darius le temple n’était pas encore terminé (Esdras 6: 15), ni sa dédicace célébrée, quoiqu’il servît déjà de lieu de culte. Il semblait que ces jours de jeûne dussent être approuvés par l’Éternel, car, pourquoi n’aurait-on pas dû se lamenter sur les malheurs de Jérusalem ? Mais des jours meilleurs se levaient ; fallait-il cesser de jeûner ? L’Éternel répond par le prophète :
«Et la parole de l’Éternel des armées vint à moi, disant :» Dieu prend ici le titre de «l’Éternel des armées», car il ne peut plus être le Dieu d’Israël. Ce terme revient dix-sept fois dans ces deux chapitres. C’est comme si l’Éternel se réfugiait dans le ciel, pour y rester le Dieu des myriades d’anges, quand son peuple l’avait méprisé et avait mérité son courroux. Dieu avait dit : Ce n’est pas mon peuple ; il ne lui sera pas fait miséricorde ; il se proclame alors le Dieu des armées célestes. Mais l’infidélité du peuple peut-elle modifier en quoi que ce soit le caractère de Dieu ? Aucunement. Dieu accomplira ses desseins de grâce, en même temps qu’il revendiquera les droits de son Fils à posséder la terre.
«Parle à tout le peuple du pays, et aux sacrificateurs, disant : Quand vous avez jeûné et que vous vous êtes lamentés au cinquième et au septième mois, et cela pendant soixante-dix ans, est-ce réellement pour moi, pour moi, que vous avez jeûné ? Et quand vous avez mangé et bu, n’est-ce pas vous qui mangiez et qui buviez ? Ne sont-ce pas là les paroles que l’Éternel a criées par les premiers prophètes, alors que Jérusalem était habitée et jouissait de la paix, ainsi que ses villes qui l’entouraient, et que le midi et le pays plat étaient habités ?» (v. 4-7).
Au lieu de répondre à la demande de Béthel, la parole de l’Éternel s’adresse à la conscience de tous, peuple et sacrificateurs, en les interrogeant sur la cause de leurs jeûnes et de leurs lamentations. Avaient-ils jeûné pour l’Éternel ou pour eux-mêmes ? S’étaient-ils lamentés parce que le mal les avait atteints, ou parce que ce mal était la conséquence du déshonneur qu’ils avaient jeté sur Dieu ? Les prophètes anciens leur avaient annoncé le jugement, dans un temps où ils jouissaient encore de la paix. Avaient-ils jeûné alors ? Certes, c’était alors le moment de prendre le sac et la cendre pour détourner la colère de l’Éternel. Ninive, une ville des nations, avait, au temps de Juda, mieux agi qu’Israël, et l’Éternel avait détourné d’elle le mal qu’il lui avait annoncé (Jonas 3: 5, 10).
Non, ils avaient jeûné pour eux-mêmes et pleuré sur leurs malheurs au lieu de se repentir ; ils s’apitoyaient sur leur sort au lieu de remonter à la cause de ses jugements et de mener deuil devant Dieu sur leur état. S’affliger de la ruine n’est pas s’en affliger pour Dieu. Le jeûne doit être pour lui : il doit exprimer l’humiliation que nous éprouvons de lui avoir été infidèles au commencement, car une humiliation vraie nous fait toujours remonter au point où notre sentier s’est écarté du chemin de Dieu.
La parole de l’Éternel vint pour la seconde fois à Zacharie (v. 8-14), pour rappeler au peuple ce qu’Il leur avait demandé par les premiers prophètes. C’était la loi sans doute, mais combien l’Éternel en avait adouci les exigences, afin que le coeur du peuple, s’il lui était possible d’obéir, ne les trouvât ni trop hautes ni trop sévères. Était-ce beaucoup exiger d’eux quand Il leur demandait de «prononcer des jugements de vérité, d’user de bonté et de miséricorde l’un envers l’autre, de ne pas opprimer la veuve et l’orphelin, l’étranger et l’affligé, de ne pas méditer le mal dans leur coeur, l’un contre l’autre ?» En un mot les prophètes leur avaient prêché la droiture et l’amour du prochain. Dieu qui les aimait, ne leur avait pas même demandé, dans ces temps de ruine et de révolte, de l’aimer en retour. Il leur proposait de dépouiller leur égoïsme et leur propre volonté, pour penser aux autres et faire la volonté de Dieu. Au chap. 8: 17, l’Éternel ajoute une seconde exigence légitime de la loi, considérée sous son aspect le moins sévère : «Ne pas aimer le faux serment», c’est-à-dire ne pas prendre le nom de Dieu pour affirmer le mensonge. Nous avons vu, au chap. 5: 3, que la malédiction atteignit le peuple, précisément parce qu’il avait violé ces principes élémentaires de justice pratique. Il en est toujours ainsi quand l’homme se trouve placé sous les exigences, même les plus douces, de la loi. La loi ne peut conduire qu’à la malédiction, mais un jour viendra, celui de la nouvelle alliance, où la loi sera écrite dans le coeur du peuple, parce que l’Éternel aura effacé toutes leurs iniquités et leur aura donné un coeur nouveau. Alors ils seront placés sous «la loi de la liberté», où le nouvel homme trouve ses délices à faire la volonté de Dieu.
Au chap. 8, la parole de l’Éternel est adressée pour la troisième fois au prophète. S’ils avaient rendu «désolé le pays désirable» (7: 14), — car c’étaient eux qui avaient été la cause de cette ruine — les conseils de grâce de Dieu n’avaient pas changé. «Ainsi dit l’Éternel des armées : Je suis jaloux pour Sion d’une grande jalousie, et je suis jaloux pour elle d’une grande fureur. Ainsi dit l’Éternel : Je suis revenu à Sion, et j’habiterai au milieu de Jérusalem; et Jérusalem sera appelée la ville de vérité, et la montagne de l’Éternel des armées, la montagne sainte» (v. 2, 3). Le jour devait venir où Dieu prendrait en main la cause de Jérusalem, car c’est de Jérusalem et de Juda, non du peuple comme ensemble que le prophète Zacharie nous entretient. Leur désobéissance n’arrêterait en rien l’accomplissement des desseins de grâce de l’Éternel. Jérusalem serait appelée la ville de vérité, la montagne de l’Éternel des armées, la montagne sainte. Il y aurait encore des vieillards et des femmes ayant atteint les dernières limites de l’âge, dans les rues de Jérusalem ; les jeunes garçons et les jeunes filles rempliraient les places de leurs jeux. «Si c’est», ajoute l’Éternel, «une chose difficile aux yeux du reste de ce peuple, en ces jours-là, serait-ce difficile aussi à mes yeux ?» (v. 6). La grâce seule peut accomplir ces choses, la grâce jointe à la puissance. Et nous, chrétiens, si, comme le reste de ce peuple, nous regardons aux ruines que, tout comme eux, nous avons causées, nous dirons aussi : De telles bénédictions sont impossibles, mais si nous regardons à Dieu, nous savons que rien ne lui est difficile.
Dans les v. 9 à 17, l’Éternel revient au temps d’alors, au jour des petits commencements. Il rassure le peuple, au moment où «le fondement de la maison de l’Éternel des armées a été posé pour bâtir le temple». Il leur répète, car ils sont toujours sous le régime de la loi, les mêmes choses qu’il leur avait recommandées par les premiers prophètes (v. 16-17. Cf. 7: 9-10). C’est ainsi qu’ils retrouveront la force. Ils seront le vrai Résidu s’ils reviennent aux quelques prescriptions morales de la loi, et comme ils avaient été une malédiction parmi les nations, ils deviendront «une bénédiction», selon la promesse faite jadis à Abraham (v. 13. Cf. Gen. 12: 2).
Cher lecteur chrétien, appliquez-vous ces promesses. Elles sont d’autant plus faciles à obtenir, que nous ne sommes pas placés, comme le peuple d’Israël, sous le régime de la loi, et par conséquent incapables de répondre aux exigences divines. Nous possédons une vie nouvelle et nous avons le Saint Esprit, puissance de cette vie. C’est à nous en particulier, que le Seigneur peut dire: «Ne craignez point: que vos mains soient fortes.» Nous connaissons l’amour de Celui qui a laissé sa vie pour nous, et nous, nous devons laisser nos vies pour nos frères (1 Jean 3: 16). C’est bien plus que de «ne pas méditer de mal contre son prochain». Hélas ! nous avons été infidèles à notre mission, tout comme l’ancien peuple d’Israël ; mais ce que les restes de la transportation ne pouvaient faire — car, débris du naufrage de l’homme selon la chair, ils se retrouvaient avec la même nature devant les mêmes exigences de Dieu — nous le pouvons, ne fussions-nous que quelques-uns au milieu de la ruine, pour marcher en nouveauté d’Esprit et plaire à Dieu par notre conduite.
S’il en est ainsi, qu’arrivera-t-il? Une quatrième fois la parole de l’Éternel des armées (v. 18-23), vient au prophète pour le proclamer. Il arrivera un jour où toutes les conséquences de nos infidélités de jadis auront été effacées, où il n’y aura plus de douleurs, ni d’afflictions, plus de jeûnes du quatrième, du cinquième, du septième, ni du dixième mois devant les ruines irréparables; où toutes ces expériences passées n’auront plus de raison d’être et seront changées «en allégresse, en joie, et en d’heureuses assemblées» (v. 19). «Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine», «et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux» (Apoc. 21: 4).
Le prophète ajoute encore une promesse au sujet des nations et de leurs rapports avec le peuple juif: «Encore une fois il viendra des peuples et des habitants de beaucoup de villes ; et les habitants de l’une iront à l’autre, disant : Allons, allons implorer l’Éternel, et rechercher l’Éternel des armées... En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons ouï dire que Dieu est avec vous» (v. 20-23). Les nations monteront à Jérusalem pour adorer et reconnaîtront ce peuple, jadis humilié et sous le jugement de Dieu, comme le peuple d’Emmanuel, de : «Dieu avec nous».
Nous, chrétiens, nous pouvons déjà, si nous sommes fidèles dans notre témoignage, éprouver quelque bénédiction semblable. Quand l’assemblée était réunie à Corinthe dans la puissance de l’Esprit, s’il y entrait quelque incrédule ou quelque homme simple, il était convaincu par tous et jugé par tous. Les secrets de son coeur étaient rendus manifestes, et ainsi, tombant sur sa face, il rendait hommage à Dieu, «publiant que Dieu est véritablement parmi vous» (1 Cor. 14: 24-25).
Nous avons vu que la première section du Livre des Oracles (chap. 7-8) est caractérisée par ces mots : «La parole de l’Éternel des armées vint à moi.» La seconde section qui va nous occuper (chap. 9-11) commence par ces mots : «L’oracle de la parole de l’Éternel» (9: 1), et de même la troisième section (12: 1). Cette division, plutôt extérieure, n’atteint sans doute pas le fond des sujets présentés, mais elle n’en a pas moins son importance et doit être retenue.
Nous trouvons dans ce chapitre 9 un exemple très remarquable des rapports entre la prophétie accomplie et la prophétie non accomplie, et je crois important de dire quelques mots sur ce sujet.
Les v. 1 à 8 de notre chapitre ont trait à des événements encore futurs quand Zacharie les annonçait, car ils eurent lieu 174 ans après la quatrième année de Darius. (Cf. 6: 1.) Ces prédictions se réalisèrent à la lettre, quand la troisième monarchie, sous Alexandre le Grand, détruisit l’empire des Perses. La bataille d’Issus (an 333) ouvrit à ce monarque le pays de Hadrac (*), probablement la Syrie.
(*) C’est la seule fois que ce nom est employé.
La ville de Damas, en premier lieu, devint le «lieu du repos» de l’oracle de l’Éternel, c’est-à-dire que la parole prononcée contre Damas eut son accomplissement définitif. Hamath et Sidon furent subjuguées. Tyr résista de toutes ses forces, mais fut à la fin conquise, détruite et brûlée. Ensuite, avant de s’emparer de l’Égypte, Alexandre conquit l’une après l’autre les villes de la Philistie, notamment Gaza, Askalon et Asdod. La Palestine fut épargnée et en particulier Jérusalem (*), aussi est-il dit : «Je camperai à côté de ma maison, à cause de l’armée, à cause des allants et des venants.» Mais si ces choses s’accomplirent littéralement alors, le prophète ajoute un seul détail qui ne l’a été en aucune manière : «Et l’exacteur (**) ne passera plus sur eux». Après Alexandre, l’exacteur n’a cessé de passer sur Jérusalem, depuis l’empire romain jusqu’aux maîtres d’aujourd’hui. Cette ville est toujours foulée aux pieds des nations, et il faut encore attendre un jour futur pour qu’elle soit délivrée du joug de l’oppresseur. «Car maintenant j’ai vu de mes yeux» (v. 8), dit l’Éternel. Cette parole est corroborée par le chapitre 18 d’Ésaïe, où la nation incrédule est ramenée dans son pays, pour tomber sous le joug de l’Antichrist. Pendant ce temps, l’Éternel «restera tranquille» et regardera en avant, vers le temps futur de la moisson. À ce moment-là, il «verra de ses yeux» et délivrera Jérusalem. Ce moment de la délivrance définitive est décrit à la fin de notre prophète et dans beaucoup d’autres passages.
(*) Le récit qui fait monter Alexandre à Jérusalem pour y offrir des sacrifices dans le temple, est pour le moins douteux.
(**) Traduit dans les autres passages: «l’oppresseur».
Les v. 1 à 8 sont suivis immédiatement d’une autre parole encore plus remarquable, au point de vue des rapports entre la prophétie accomplie et non accomplie : «Réjouis-toi avec transports, fille de Sion; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse.» La délivrance dont le v. 8 nous parle aura lieu à la venue du Messie. Mais déjà ce fait s’est accompli. Le roi est entré à Jérusalem, humble et monté sur un âne et sur le poulain d’une ânesse. Cette entrée de Jésus à Jérusalem est racontée dans les quatre évangiles. Deux d’entre eux citent le passage de Zacharie comme accompli par ce qui avait lieu alors. Nous trouvons, en Matthieu 21: 4 : «Et tout cela arriva, afin que fût accompli ce qui avait été dit par le prophète, disant: «Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, débonnaire et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une ânesse.» Dans ce passage, les transports de réjouissance de Jérusalem sont omis et remplacés par ces simples mots : «Dites à la fille de Sion». Nous ne trouvons pas non plus les mots : «Il est juste et ayant le salut» (ou délivrance). Son caractère d’humilité ou de débonnaireté est mis tout seul en relief ; car à ce moment-là, rejeté des Juifs, il ne se montrait ni comme roi de justice, ce qui aurait été leur destruction, ni comme ayant le salut, car la délivrance ne pouvait avoir lieu qu’en vertu de son oeuvre, accomplie à la croix. Son entrée à Jérusalem, dans les évangiles, n’était qu’une dernière présentation du Messie à la nation, afin qu’elle reçût Celui dont tous les prophètes avaient parlé, et elle ne l’a pas voulu. Dans l’évangile de Jean (12: 15), le passage de Zacharie est cité d’une manière plus brève encore : «Selon qu’il est écrit : Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton roi vient, assis sur l’ânon d’une ânesse.» La joie de Jérusalem est omise, ainsi que le caractère de Christ comme libérateur, et même son humilité ; car, dans cet évangile, il est le fils de Dieu, à la royauté duquel son Père rend témoignage au moment où de lui-même il va laisser sa vie. La prophétie de l’entrée de Christ à Jérusalem a donc été accomplie partiellement dans le passé, mais elle ne le sera dans son vrai caractère et sa complète étendue que dans un jour futur. Ce n’est qu’alors que Jérusalem, délivrée du joug de l’oppresseur, pourra se réjouir avec transports, quand son Roi, roi de justice et roi de paix, y fera son entrée triomphale. Ses deux caractères seront, en effet, la justice et la paix, car il retranchera la guerre d’Éphraïm et de Jérusalem (Michée 5: 10- 11), et «il annoncera la paix aux nations» (v. 10). Il sera le vrai Melchisédec. Bien plus, «il dominera d’une mer à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre» (v. 10), ce qui n’avait jamais eu lieu sous le règne glorieux de Salomon (1 Rois 4: 21-24). Ainsi la prophétie accomplie n’est qu’un indicateur pour montrer le chemin des gloires futures de Christ.
Le prophète ajoute, en parlant de Jérusalem : «Quant à toi aussi, à cause du sang de ton alliance, je renverrai tes prisonniers hors de la fosse où il n’y avait point d’eau. Revenez à la place forte, prisonniers de l’espérance !» (v. 11, 12). Ici encore, nous trouvons des détails très intimes sur ce qui arrivera au Résidu, au moment où le Roi de gloire viendra pour régner. Le prophète fait allusion à ce qui arriva à Jérémie quand il eut engagé le peuple à se rendre aux Chaldéens : Il fut jeté dans la fosse, «laquelle était dans la cour de la prison... et il n’y avait point d’eau dans la fosse» (Jér. 38: 6). Quand le Christ apparaîtra il délivrera ces prisonniers, faible Résidu demeurant à Jérusalem, et dont une partie aura souffert le martyre. Les fidèles du Résidu de Juda qui se seront enfuis lorsque l’idole aura été placée dans le temple de Dieu, seront invités à ce moment-là à «retourner à la place forte», c’est-à-dire à Jérusalem. Tout ceci est donc encore à venir.
Dans les v. 13 à 17, nous rencontrons de nouveau les principes énoncés plus haut : «J’ai bandé pour moi Juda ; d’Éphraïm j’ai rempli mon arc, et je réveillerai tes fils, ô Sion, contre tes fils, ô Javan, et je te rendrai telle que l’épée d’un homme fort. Et l’Éternel sera vu au-dessus d’eux, et sa flèche sortira comme l’éclair ; et le Seigneur, l’Éternel, sonnera de la trompette, et marchera avec les tourbillons du midi. L’Éternel des armées les protégera, et ils dévoreront, et ils fouleront les pierres de fronde, et ils boiront et bruiront comme par le vin, et ils seront remplis comme un bassin, comme les coins de l’autel» (v. 13-15). Nous reconnaissons, dans ce passage, l’histoire des Macchabées, en lutte avec Javan ou les successeurs d’Alexandre. Nous voyons ici leurs combats, leurs victoires, leur résistance à Jérusalem, leur fidélité, au moins celle des premiers d’entre eux ; les secours marqués et la protection dont Dieu les favorisa ; comme d’autre part nous trouvons en Daniel 11: 29-35, leurs souffrances pour le témoignage et la manière dont ils furent purifiés par l’épreuve. Nous avons donc sous les yeux une prophétie qui s’est accomplie environ trois siècles et demi après avoir été prononcée. Mais elle n’est qu’un avant-coureur de ce que nous trouverons au chap. 10, sur les temps de la fin, et sur les combats des princes de Juda contre l’Assyrien de la prophétie. Déjà la fin de notre chapitre (v. 16-17), après avoir mentionné les Macchabées, nous reporte au temps où «le roi de Sion ayant le salut» apparaîtra à son peuple et le reconnaîtra désormais comme son troupeau. «L’Éternel leur Dieu les sauvera, en ce jour-là, comme le troupeau de son peuple, car ils seront des pierres de couronne élevées sur sa terre.» Cette gloire d’Israël formant la couronne du Messie est réservée pour l’avenir, car dans toute la période comprise entre la captivité de Babylone et la venue future et glorieuse du Christ, Lo-Ammi («pas mon peuple») est prononcé sur Israël.
Les trois grands événements de ce chapitre: la conquête d’Alexandre, l’entrée du Seigneur à Jérusalem et les victoires des Macchabées, confirment donc, d’une manière éclatante, ce qui nous est dit dans la seconde épître de Pierre : «Sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même.»
Au moment d’aborder ces chapitres, nous désirons insister sur un caractère des prophéties de Zacharie, qui, s’il est bien compris, dissipe plus d’une obscurité dans l’étude de ce prophète. Il est de fait qu’il y a, dans cette partie de l’Écriture, «des choses difficiles à comprendre» (2 Pierre 3: 16), mais elles deviennent claires pour la plupart si l’on se souvient que Zacharie joint habituellement dans sa prophétie, sans aucune transition, la première venue de Christ sur la terre, avec son apparition future pour Israël. Toute la parenthèse de l’Église, qui du reste n’entre jamais dans le cadre des prophètes de l’Ancien Testament, est absolument passée sous silence. Nous ne rencontrons aucune indication qui nous avertisse d’un intervalle quelconque entre la première et la seconde apparition du Messie. Le chapitre 9, dont nous avons déjà parlé, est remarquable sous ce rapport: il parle du Roi qui vient se présenter en Sion comme cela eut lieu d’après les récits évangéliques ; mais, immédiatement après, le Seigneur a été rejeté, et le prophète ne présente pas trace de cette réjection ; il est impossible de distinguer, en le lisant, que ce passage a trait à deux événements séparés par des siècles. Immédiatement après ce fait, nous trouvons la bénédiction qui en découle pour Israël, car l’apparition de Christ comme roi en Sion est le signal de son règne.
Dans les chap. 10 et 11, le ministère passé du Seigneur et sa présence future au milieu d’Israël sont de nouveau comme soudés l’un à l’autre. Au commencement du chap. 10, la bénédiction est à la porte : «Demandez à l’Éternel de la pluie, au temps de la pluie de la dernière saison. L’Éternel fera des éclairs, et il leur donnera des ondées de pluie : à chacun de l’herbe dans son champ» (v. 1). La pluie de la première saison, lors de l’effusion du Saint Esprit à la Pentecôte, est entièrement passée sous silence. Mais, avant que la seconde pluie, annoncée par Joël (2: 23-30), ait lieu, l’état de Juda nous est décrit : «Car les théraphim ont dit des paroles de vanité, et les devins ont vu un mensonge, et ils ont prononcé des songes trompeurs ; ils consolent en vain. C’est pourquoi ils sont partis comme le menu bétail ; ils sont opprimés, parce qu’il n’y a point de berger. Ma colère s’est embrasée contre les bergers, et je punirai les boucs ; car l’Éternel des armées a visité son troupeau, la maison de Juda» (v. 2-3). Ces versets sont une preuve éclatante de ce que nous avons avancé. Le prophète remonte à l’idolâtrie d’Israël, et nous en présente la conséquence; ils sont partis comme le menu bétail, les nations les ont opprimés, et ils n’ont point de berger pour les conduire. C’était exactement la condition du peuple à la première venue du Seigneur, qui venait se présenter comme le Berger d’Israël : Voyant les foules, il était ému de compassion pour elles, car ils étaient las et dispersés comme des brebis qui n’ont pas de Berger (Marc 6: 34). Alors il dit : «Ma colère s’est embrasée contre les bergers, et je punirai les boucs». Quand il visite son troupeau, la maison de Juda, il dit, sans doute : «Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !» en les regardant tout à l’entour avec colère. Mais, comme nous le verrons au chap. 11, ces mêmes circonstances se répéteront à la fin des temps, en sorte que ce passage qui fait allusion à la première venue de Christ, se joint, sans aucune transition, à la scène à venir où sa colère sera embrasée contre les bergers.
C’est alors seulement qu’il fera de la maison de Juda «son cheval de gloire dans la bataille» (v. 3).
Il faut en conclure que les premières relations de Christ avec son troupeau seront suivies, à la fin des temps, d’une reprise de ces mêmes relations avec Juda, interrompues brusquement par la réjection et la crucifixion du Messie. Alors seulement se dérouleront les événements dont la fin de ce chapitre nous entretient. Ce passage est donc un exemple de la difficulté dont nous avons parlé plus haut ; question des plus instructives, en ce qu’elle nous montre que rien ne peut interrompre l’accomplissement des conseils de Dieu. Les voies qui les accompliront suivent leur cours immuable. Il en est de ces voies comme du soleil qu’un nuage vient cacher à nos yeux : quelques heures après nous le voyons reparaître, sa course s’est continuée sans interruption, il est le même qu’auparavant, tout en occupant un autre point du ciel. Pas d’arrêt dans sa marche, il est resté le même, il n’a pas changé de direction. La lacune n’existe que pour les yeux des hommes qui voient le nuage tandis que le soleil leur est caché.
«De lui est la pierre angulaire, de lui le clou, de lui l’arc de guerre, de lui sortent tous les dominateurs ensemble. Et ils seront dans la bataille comme des hommes forts qui foulent aux pieds la boue des rues ; et ils combattront, car l’Éterriel sera avec eux; et ceux qui montent les chevaux seront couverts de honte» (v. 4, 5). Le Résidu de Juda qui, comme nous l’avons vu au chapitre précédent, s’enfuit lors de la grande tribulation, rentrera dans son pays et le Seigneur le reconnaîtra comme le troupeau dont il sera le Berger. Juda aura désormais la prééminence dans le royaume. C’est de lui que sort le Christ, la pierre angulaire, le Christ, clou fixé dans un lieu sûr, auquel sera suspendue toute la gloire de la maison de David (v. 4 ; És. 22: 23-24). «L’arc de guerre et tous ceux qui dominent en Israël» sortiront de Juda, selon la prophétie de Jacob : «Le sceptre ne se retirera point de Juda, ni un législateur d’entre ses pieds, jusqu’à ce que Shilo vienne ; et à lui sera l’obéissance des peuples» (Gen. 49: 10). Dans ce temps-là, Juda sera appelé par le Seigneur à tenir tête à l’Assyrien qui, après avoir envahi la Palestine, puis conquis l’Égypte, sera tenu en échec par le Résidu qui, sous les princes de Juda, sans force apparente, courra de victoire en victoire (Michée 5: 5-6).
Dans la dernière partie de ce chapitre (v. 7-12.), nous trouvons non plus Juda, mais Éphraïm, «la maison de Joseph», rassemblée d’entre les peuples (particulièrement l’Assyrie et l’Égypte), pour être ramenée dans la terre d’Israël et ne plus former désormais qu’un peuple, le peuple de l’Éternel. (Cf. És. 11: 12-16 ; 27: 12-13.)
Le chapitre 11: 1-3 nous présente le jugement d’Israël, la dévastation par le feu de tous ceux qui dominent sur le peuple, des nobles et des puissants. Ce jugement atteint particulièrement les bergers, les conducteurs du peuple, sur lesquels la colère du Christ s’exécutera (chap. 10: 3). Déjà ces conducteurs, en la personne des rois, avaient été supprimés, parce qu’au lieu de paître le troupeau, ils se paissaient eux-mêmes (Ézéch. 34: 1-10). Aux jours du Seigneur, tous les conducteurs du peuple avaient montré le même caractère. Enfin, dans les derniers jours, lors de l’invasion de Juda par les nations, les bergers du peuple, sous l’Antichrist, subiront le même sort.
Aux v. 4-6 nous voyons l’apparition d’un berger nouveau, représenté par le prophète Zacharie en personne. Ce passage est une nouvelle illustration du fait que la prophétie de Zacharie relie, sans aucune transition, la première venue de Christ avec sa venue pour la délivrance de Juda et le jugement de ses adversaires. Ce fait est plus frappant encore, si l’on met notre passage en regard du chapitre 34 d’Ézéchiel, qui traite tout entier de la destruction des mauvais pasteurs et de l’apparition du Seigneur, l’Éternel, fils de David, comme Berger des brebis. En Ézéchiel, cette apparition n’a trait qu’au temps futur où le Seigneur sera reconnu comme Conducteur de son peuple ; ici nous trouvons tout autre chose :
«Ainsi dit l’Éternel, mon Dieu : Pais le troupeau de la tuerie, que leurs possesseurs tuent, sans passer pour coupables, et dont les vendeurs disent . Béni soit l’Éternel, je me suis enrichi ! Et leurs bergers ne les épargnent pas. Car je n’épargnerai plus les habitants du pays, dit l’Éternel. Et voici, je ferai tomber les hommes dans les mains l’un de l’autre et dans la main de son roi ; et ils écraseront le pays, et je ne délivrerai pas de leur main» (v. 4-6). Le prophète est ici le type de Christ, le Berger, comme auparavant Joshua et Zorobabel avaient été ses représentants comme sacrificateur et roi. Ce Berger qui apparaît si abruptement, quand le sort définitif de tous les bergers d’Israël est déjà fixé, ce Berger, dis-je, a une mission spéciale. Il doit paître le troupeau de la tuerie. Ce troupeau a trois caractères: ses possesseurs, les nations qui l’oppriment, le tuent pour profiter de sa chair et ne passent pas pour coupables ; ses vendeurs, les chefs du peuple, ont accepté le joug des nations dans leur propre intérêt ; enfin ses bergers, ses conducteurs politiques ou religieux, ne l’épargnent pas. Tous ces traits caractérisent le peuple, tel que l’a trouvé le Christ à sa première venue.
Je ne crois nullement, pour mon compte, que ce troupeau de la tuerie soit, comme on l’a prétendu, le Résidu de Juda : j’y vois le peuple juif tel qu’il était au temps du Seigneur. Jésus a été envoyé à Israël comme son Berger, alors qu’il était sous le triple joug des Romains, d’Hérode et de ses propres chefs. Christ est entré par la porte dans la bergerie, répondant à toutes les qualités qui sont exigées d’un bon berger ; il est venu en grâce au milieu de ce peuple, pour lequel ses entrailles étaient émues de compassion. Ce qu’il y a rencontré, — l’indifférence, puis l’hostilité et la haine, puis la révolte ouverte qui l’a mis à mort — attirera sur le peuple un jugement final : «Je n’épargnerai plus les habitants du pays». Ils se dévoreront les uns les autres, ils tomberont enfin dans la main de leur roi, l’Antichrist, souvent appelé «le roi» dans les prophètes, et le Berger qu’ils ont rejeté ne tournera plus sa face vers eux.
«Et je me mis à paître le troupeau... voire même les pauvres du troupeau» (v. 7). Au milieu de ce troupeau de la tuerie qu’Il venait paître en vain, quelques-uns, les pauvres du troupeau, se sont groupés autour de lui et ont entendu la voix du bon Berger. Ce sont ceux-là qu’il déclare bienheureux : «Bienheureux les pauvres en esprit, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux... bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre» (Matt. 5: 3-5). Tels étaient les disciples qui entouraient le Seigneur pendant sa carrière ici-bas.
«Et je pris deux bâtons ; Je nommai l’un Beauté, et je nommai l’autre Liens, et je me mis à paître le troupeau» (v. 7). Ces deux bâtons, attributs d’autorité, mais aussi instruments du Berger, ont une signification, comme on le voit dans les versets suivants. Si le peuple avait alors reçu son Messie, le royaume aurait été établi ; les nations se seraient rassemblées autour du roi, et Juda et Israël réunis auraient retrouvé l’ancienne unité du peuple sous son sceptre. C’est avec ce caractère que le Seigneur se mit à paître le troupeau. Mais l’hostilité des conducteurs, de ceux qui avaient la prétention d’être les bergers du peuple, et n’étaient de fait que «des voleurs et des larrons», ne cessa de poursuivre le Seigneur. Aussi est-il dit : «Et je détruisis trois des bergers en un mois, et mon âme fut ennuyée d’eux, et leur âme aussi se dégoûta de moi» (v. 8). À quoi cette destruction des trois bergers fait-elle allusion ? On l’a assimilée à la défaite des pharisiens, des sadducéens et des hérodiens dans le mois de la vie du Sauveur qui a précédé la croix (Matt. 22: 15-16). Quoi qu’il en soit, nous sommes tenus d’accepter ce fait, même sans l’expliquer, sur la foi de la parole de Dieu.
«Et je dis : Je ne vous paîtrai pas : que ce qui meurt, meure ; et que ce qui périt, périsse ; et quant à ce qui reste, qu’ils se dévorent l’un l’autre» (v. 9). Devant l’inimitié du peuple, le Seigneur quitte son caractère de Berger et les abandonne à la ruine et à la destruction. Il renonce pour le moment à sa prérogative : «À lui sera l’obéissance (ou le rassemblement) des peuples» (Gen. 49: 10). Il rompt son bâton Beauté, l’alliance avec toutes les nations, il brise son bâton Liens, la fraternité entre Juda et Israël (v. 10, 14). Le rassemblement général est remis à un temps futur, comme nous le voyons en Ézéchiel 37: 15-28, mais «les pauvres du troupeau, qui prenaient garde à moi, connurent ainsi que c’était la parole de l’Éternel» (v. 11). Au milieu de cet état de choses, les pauvres étaient les intelligents, parce que la personne du Seigneur avait de la valeur pour eux ; ils comprirent que leurs espérances juives ne pouvaient se réaliser quand le Roi était répété ; ils reçurent l’instruction de Celui en qui ils avaient mis leur confiance, quand il répondit à leur question : «Est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël ?» (Actes 1: 6). Leur Maître était rejeté, un nouvel ordre de choses allait être introduit, mille fois supérieur à tout ce que ces pauvres disciples avaient osé espérer, tant que leur Maître était avec eux. Jusque-là, ils avaient espéré qu’il était «Celui qui doit délivrer Israël» (Luc 24: 21) ; maintenant, par la mort et la résurrection du Sauveur, ils étaient introduits dans la partie céleste du royaume, et ils connaissaient «que c’était la parole de l’Éternel».
«Et je leur dis : Si cela est bon à vos yeux, donnez-moi mon salaire; sinon, laissez-le. Et ils pesèrent mon salaire, trente pièces d’argent. Et l’Éternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel j’ai été estimé par eux. Et je pris les trente pièces d’argent, et je les jetai au potier, dans la maison de l’Éternel» (v. 12-13). C’est ainsi qu’ils ont estimé le Berger d’Israël ! Trente pièces d’argent étaient la valeur d’un esclave (Ex. 21: 32). Les sacrificateurs qui connaissaient si bien la loi et les prophètes, accomplirent ce que les Écritures disaient d’eux ; Judas l’accomplit de même (Matt. 26: 15-16). La parole de Dieu les condamnera au dernier jour.
Maintenant Zacharie est appelé à représenter un autre berger : «Et l’Éternel me dit : Prends encore les instruments d’un berger insensé. Car voici, je suscite un berger dans le pays, qui ne visitera pas ce qui va périr, qui ne cherchera pas ce qui est dispersé, qui ne pansera pas ce qui est blessé, et ne nourrira pas ce qui est en bon état; mais il mangera la chair de ce qui est gras, et rompra la corne de leurs pieds. Malheur au pasteur de néant qui abandonne le troupeau ! L’épée tombera sur son bras et sur son oeil droit. Son bras sera entièrement desséché, et son oeil droit sera entièrement obscurci» (v. 15-17).
Telle sera la conséquence du rejet du bon Berger. Le peuple sera livré aux mains du berger insensé, du pasteur de néant. Toute la miséricorde du Seigneur envers ceux qui périssent, qui sont dispersés ou blessés, trouvera sa contrepartie dans l’oppression terrible que l’Antichrist fera peser sur le troupeau de la tuerie, sur le peuple qui aura choisi cet homme satanique pour son Roi. Mais lui-même, le pasteur de néant, tombera sous le jugement de Dieu. Sa puissance sera détruite, en même temps qu’il sera entièrement aveuglé pour ne pas voir le sort qui subitement l’atteindra.
Insistons de nouveau, en terminant ce chapitre, sur le fait que le Seigneur est présenté ici comme Berger en Juda, ne trouve que les pauvres du troupeau qui prennent garde à lui, est rejeté, livré pour trente pièces d’argent, et qu’en suite de ce rejet un berger insensé paraît subitement sur la scène, sans que toute la période qui sépare ces deux événements soit même mentionnée.
Nous arrivons, avec le chap. 12, à la troisième Section du second livre de Zacharie. La précédente (chap. 9-11) commençait par ces mots : «L’Oracle de la parole de l’Éternel dans le pays de Hadrac», et cet oracle annonçait le jugement des nations qui entourent Israël. La section dont nous allons nous occuper commence par ces mêmes mots : «L’Oracle de la parole de l’Éternel», mais cet oracle est «sur Israël», il n’est pas en jugement, mais en délivrance.
En effet, ces chap. 12 à 14 sont remplis des événements futurs qui auront lieu à Jérusalem et en Juda. Comme nous l’avons souvent remarqué, Jérusalem et Juda occupent presque exclusivement le prophète Zacharie et le sort des dix tribus n’est touché qu’incidemment, quand il s’agit du rétablissement de l’unité d’Israël, pour la gloire du royaume de Christ. (Voyez chap. 10 et 11.)
Les choses qui vont nous être révélées se relient entièrement aux souffrances de Christ et à son apparition en gloire pour son peuple. Les chapitres précédents avaient décrit les bergers de Juda ; celui que nous commençons nous présente un nouveau sujet. Il est caractérisé par ces mots : «En ce jour-là», répétés quinze fois dans les trois derniers chapitres et chaque fois avec de nouveaux détails. En effet, ces chapitres ne nous parlent pas des derniers jours, mais du dernier jour et des événements qui le caractérisent. Ils ne nous présentent ni la Bête romaine (sauf en 12: 3 d’une manière tout à fait générale), ni le faux prophète, c’est-à-dire l’Antichrist. Leur sort est déjà fixé et leur histoire terminée quand s’ouvre le chap. 12 : l’épée est tombée sur le bras et l’oeil droit du «pasteur de néant» ; son histoire est close (chap. 11), et, après elle le dernier jour commence.
Avant d’entrer dans les détails de ces chapitres, nous ne pouvons assez répéter que Zacharie introduit la personne de Christ d’une manière très inattendue. D’un chapitre à l’autre, le Seigneur vient soudain prendre la place des autres personnages, qui, n’étant que ses faibles représentants, disparaissent et s’évanouissent devant Lui. Tel Joshua aux chap. 3 et 6, Zorobabel au chap. 4. D’autres fois il paraît, sans aucune préparation, comme le Roi en Sion (chap. 9), comme le Berger, représenté par Zacharie (chap. 11), ou comme Celui qui n’est «pas prophète» au chap. 13. Sa personne occupe une place centrale au milieu des événements et en est le point de départ. S’il n’en était pas ainsi, la prophétie perdrait complètement sa valeur. Cherchons-y donc la personne de Christ, donnons-Lui la place qui lui appartient, et tout le champ de la prophétie en sera illuminé. C’est pour avoir négligé ce principe, que tant de chrétiens ne trouvent dans les prophètes que des paroles incompréhensibles et un livre fermé.
Abordons maintenant les événements qui caractérisent le dernier jour et commençons par les présenter d’une manière générale.
Lors du retour, encore à venir, du peuple juif incrédule en Palestine, Jérusalem est devenue la ville de l’Antichrist. Il s’y trouve encore une petite partie du Résidu fidèle de Juda, dont les chefs sont voués au martyre, tandis que la plus grande partie de ce même Résidu, s’est enfuie et réfugiée parmi les nations environnantes. Jérusalem devient alors le centre de toutes les voies finales et de tous les jugements de Dieu. Elle est menacée par l’Assyrien de la fin qui voudrait s’emparer de la Judée et réussit à se créer des partisans en Palestine. L’Antichrist, chef temporel et spirituel du peuple apostat, et Jérusalem, forteresse de sa puissance, s’appuient, pour résister à l’ennemi, sur la Bête, ou empereur romain, chef d’une confédération de dix rois, et dont Rome est la capitale. Cette alliance a pour but avoué de résister au roi du nord, chef des armées de l’Assyrien, mais son but caché est de livrer combat au Christ, en s’opposant à l’établissement de son royaume. Le Seigneur, sortant du ciel avec ses armées, détruit ces deux chefs apostats et les jette vivants «dans l’étang de feu embrasé par le soufre» (Apoc. 19: 20). C’est proprement depuis ce moment-là que commencent les événements des trois derniers chapitres de Zacharie, car tout n’est pas terminé avec la destruction du faux prophète et de la Bête romaine. Jérusalem reste encore aux mains des gouverneurs établis par l’Antichrist, qui oppriment le pauvre Résidu souffrant dans cette ville. Après la disparition de la puissance occidentale associée à l’Antichrist, le «roi du Nord» envahit comme un torrent le pays d’Israël et, sous sa direction, les nations environnantes font le siège de Jérusalem. La ville est prise, une partie de sa population emmenée captive, les pauvres du troupeau y restent. Le roi du Nord, avec toutes ses forces, fond sur l’Égypte. Pendant ce temps, le Résidu de Juda qui s’était enfui parmi les nations, rentre dans son pays et, par la force que Dieu lui fournit, tient en échec la puissance de l’Assyrien et porte même la guerre jusque sur son territoire. À l’ouïe de ces nouvelles, le roi du Nord revient d’Égypte et entoure Jérusalem de ses armées. C’est alors que le Seigneur délivre son peuple et la cité bien-aimée, pour établir enfin son règne sur Israël et sur les nations.
Ce court exposé était nécessaire pour montrer dans quel cercle limité se meut l’action des derniers chapitres de Zacharie (*).
(*) Pour de plus amples détails, qui sortiraient de notre cadre, voyez : «L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des Degrés par H. R.»
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Examinons maintenant brièvement le contenu du chap. 12.
Dans les v. 1 à 5, «Jérusalem sera une coupe d’étourdissement pour tous les peuples». Ce passage contient la seule allusion générale de ces chapitres, sur ce qui arrivera avant la destruction de l’Antichrist. Tous les peuples, non seulement l’Assyrien et les nations qui environnent la Palestine, mais les armées puissantes de l’Occident, trouveront en Jérusalem une coupe qui leur fera perdre le sens. «Tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront», l’Empire romain comme les autres nations. La Bête et le faux prophète avaient cru trouver, dans la possession de Jérusalem, le moyen d’empêcher le vrai Roi d’y établir le centre de son gouvernement. Mais, en ce jour-là, l’Éternel frappera de terreur chevaux et cavaliers et «ouvrira ses yeux sur la maison de Juda».
Lors du retour du peuple incrédule en Palestine, il nous est dit, en Ésaïe 18, que l’Éternel «restera tranquille», et qu’avant la moisson il exercera le jugement sur ce peuple. Mais ici nous le voyons ouvrir ses yeux sur la maison de Juda. Quelle grâce que la sienne ! C’était la maison de Juda qui l’avait rejeté ; c’est elle qu’il regarde d’abord ! Puis il commence à agir par les chefs de Juda : «Les chefs de Juda diront en leur coeur : Les habitants de Jérusalem seront ma force, par l’Éternel des armées, leur Dieu» (v. 5). Leur soutien moral sera le Résidu de Jérusalem, resté fidèle à son Dieu.
«En ce jour-là je rendrai les chefs de Juda semblables à un foyer de feu au milieu du bois et à une torche de feu dans une gerbe, et ils dévoreront à droite et à gauche tous les peuples d’alentour, et Jérusalem demeurera encore à sa place, à Jérusalem.» Ce combat des chefs de Juda a lieu, selon Michée 5: 1, contre l’Assyrien ; ici, en faveur de Jérusalem, car Jérusalem est, comme nous l’avons dit souvent, le thème principal du prophète Zacharie ; mais Jérusalem n’aura pas la première part dans la délivrance, afin qu’elle ne s’élève pas contre Juda et qu’il ne puisse y avoir de rivalité entre eux (v. 7). «Jérusalem demeurera encore à sa place» parce que l’Éternel en protège les habitants (v. 8). Alors, même ceux d’entre eux qui chancellent, seront parés de la dignité royale et «la maison de David sera comme Dieu, comme l’Ange de l’Éternel devant eux», c’est-à-dire que la royauté elle-même sera revêtue d’un caractère divin, allusion, je n’en doute pas, à celui qui est appelé «le Prince» en Ézéchiel, et qui sera sur la terre le représentant du Roi de gloire (Ézéch. 45: 7-8, 22-24).
Mais la restauration de Jérusalem ne pourra s’effectuer que par la repentance (v. 10-14) qui sera provoquée par la présence de toutes les nations contre Jérusalem (v. 9).
Nous trouvons ici, non seulement le tableau de ce qui arrivera à Jérusalem, mais aussi l’histoire morale de chacun de nous. Nous ne pouvons retrouver Dieu, dont nous nous sommes éloignés par le péché, que par la repentance. Cette repentance ne sera pas le désespoir pour les habitants de Jérusalem; elle ne peut l’être non plus pour le croyant. L’affliction de ceux qui trouvent un Sauveur dans «Celui qu’ils ont percé», n’est pas le désespoir. Elle ressemble au sentiment des frères de Joseph qui reconnurent, dans leur Libérateur, le frère qu’ils avaient vendu aux nations. Tous se lamentent, tous pleurent ; chacun a affaire avec Dieu pour lui-même au sujet de son péché qui est le rejet du Sauveur. Les familles ne se présentent pas devant Dieu dans leur ensemble, mais les hommes à part, les femmes à part. «Ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique.» Cette parole nous fait comprendre le caractère de leur amertume : L’objet qu’ils avaient rejeté, celui de la mort duquel ils avaient été la cause, était digne de tout l’amour du peuple. Leur douleur et leur amour se fondront dans une humiliation générale. Il y aura à Jérusalem des lamentations comme il n’y en eut qu’une seule fois en Israël (v. 11). Le roi Josias avait été l’instrument du réveil le plus extraordinaire, aux derniers temps de la royauté de Juda. Ce même Josias, en conflit avec le roi d’Égypte, avait été enlevé à la fleur de ses jours, et les «Lamentations de Jérémie» témoignent du deuil dont cet événement avait rempli le coeur du peuple et celui du prophète. Mais combien l’affliction sera plus grande, quand les croyants à Jérusalem regarderont vers Celui qu’ils ont percé, et que chacun d’entre eux devra se dire : C’est moi qui ai été la cause de la mort du Messie !
La maison de David, la famille royale ; celle de Nathan, la famille prophétique ; celle de Lévi (*), la famille sacerdotale ; enfin la famille des Shimhites, fraction de la maison de Guershon (Nomb. 3: 21) qui avec Kehath et Merari forment la famille des Lévites proprement dits : «Toutes les familles», dit le prophète, «qui seront de reste» se lamenteront. Elles représentent ceux qui ont les rapports les plus intimes avec le Christ dans son royaume.
(*) Ce terme «la maison de Lévi» se retrouve en plusieurs passages, particulièrement en Malachie, pour indiquer la sacrificature.
Toute cette scène sera la réalisation finale du grand jour des expiations. C’est alors seulement que le peuple de Dieu comprendra toute la portée de ce type. «En ce jour-là», était-il dit, «vous affligerez vos âmes» (Lév. 16: 29); mais, en ce jour même, Israël affirmait que pour une année la propitiation avait été faite ! Pour le Résidu, cette affliction aura lieu une fois pour toutes, quand il connaîtra la vraie propitiation. Il n’y aura plus de place, dans le règne millénaire de Christ, pour le jour des Propitiations, mais seulement pour la Pâque, mémorial du sacrifice de l’Agneau, et pour la fête des Tabernacles dont la fin de notre prophète va nous parler (chap. 14, cf. Ézéch. 45: 21-25).
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Le commencement du chapitre 13 mentionne une autre bénédiction: «En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté» (v. 1). Dans ce passage, il n’est pas question de la purification par le sang, car nous avons vu, au chapitre précédent, la scène qui correspond au grand jour des expiations. Ceux dont il est question ont déjà affligé leurs âmes et trouvé la propitiation par le sang de l’Agneau et, ce qui en est inséparable, ils ont été purifiés par le lavage de la régénération, en regardant vers Celui qu’ils ont percé, vers un Christ mort sur la croix, du côté duquel a coulé l’eau de la purification avec le sang de l’expiation. Mais il y aura pour eux une source toujours ouverte pour le péché et pour l’impureté, une purification pratique continue pendant le règne millénaire du Christ. Alors, comme aujourd’hui, la Parole sera le moyen mis en oeuvre dans ce but. Rien ne pourra subsister, pendant le règne de Christ, qui ne soit conforme à cette purification. «En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, je retrancherai du pays les noms des idoles, et on ne s’en souviendra plus; et j’ôterai aussi du pays les prophètes et l’esprit impur» (v. 2). La purification s’étendra à tout le pays d’Israël et ne sera pas limitée à Jérusalem. Un esprit de sainteté sera répandu dans tous les coeurs ; les liens naturels les plus intimes ne pourront prévaloir contre lui. Le père et la mère transperceront leurs propres enfants, s’ils prophétisent, et leur diront : «Tu ne vivras pas, car tu dis des mensonges au nom de l’Éternel» (v. 3). Ils ne souffriront plus que l’on se serve du nom de Dieu pour accréditer l’oeuvre de Satan, père du mensonge. Mais les prophètes eux-mêmes auront honte du rôle qu’ils avaient joué pour s’accréditer, en se donnant l’apparence des vrais prophètes -- un manteau de poil — pour faire l’oeuvre de l’ennemi. Hélas ! ces faux prophètes, leur dehors et leurs coutumes, ne se trouvent pas seulement en Israël, mais, de nos jours, dans toute nation à laquelle Dieu a confié son nom et son témoignage. Oh ! qu’Il donne à tous ses enfants le zèle de Phinées, un zèle qui ne tolère pas le mal quand il se présente à eux, paré du nom de l’Éternel. Il n’est besoin, pour son service, que d’une chose : il faut que Lui et l’honneur de son nom soient l’objet souverain de nos affections.
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Après avoir présenté ce tableau de la purification future du peuple, le prophète voit tout à coup et sans aucun préambule, surgir devant lui le Berger qu’il avait été appelé à représenter au chap. 11. Il est là, lui-même, en personne devant Zacharie ; Il parle et dit : «Je ne suis pas prophète». Il ne dit pas, comme Amos : «Je n’étais pas prophète» et je le suis devenu (Amos 7: 14-15) ; mais : Je ne le suis pas. Cela signifie qu’il entre en scène avec un tout autre but et sous un tout autre caractère. Sans doute Christ était prophète, comme il était docteur et évangéliste ; car il réunissait dans sa personne tous les dons de l’Esprit; les Évangiles font même ressortir, d’une manière particulière, sa qualité de prophète, mais ce n’était pas pour cela qu’il était venu dans le monde. «Je suis», dit-il, «un homme qui laboure la terre; car l’homme m’a acquis comme esclave dès ma jeunesse» (v. 5). Tel était son caractère comme homme. Au chap. 3 de la Genèse, à la suite de la chute de l’homme dans le jardin d’Éden, Dieu lui dit: «Maudit est le sol à cause de toi; tu en mangeras en travaillant péniblement tous les jours de ta vie», et «l’Éternel Dieu le mit hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol, d’où il avait été pris» (v. 17, 23). Celui qui se présente ici et que l’Éternel appelle «son Berger» vient donc s’assujettir aux conséquences du péché ; il prend la place et la condition assignées à l’homme, en vertu de sa désobéissance ; il travaille péniblement, souffre de la faim au désert, sent la fatigue et la soif au puits de Sichar. Bien plus encore, il ne s’assujettit pas seulement en grâce aux conséquences de la chute, dont l’homme pécheur devait porter le poids, mais il s’assujettit à l’homme : «Car l’homme m’a acquis comme esclave dès ma jeunesse» (v. 5). S’anéantissant lui-même et prenant la forme d’esclave (Phil. 2: 7), il devient le serviteur de l’homme qu’il a créé, de l’homme en révolte contre Dieu ! Il consent à être acquis par l’homme (Ex. 21: 2-6 ; Deut. 15: 12-18) ; à lui reconnaître des droits sur Lui, dès sa jeunesse, pour le servir ! (Lam. 3: 27 ; Ps. 129: 1). Jamais on ne vit abnégation pareille ! Le Créateur de l’homme vient se mettre humblement au service de celui-ci, pour le délivrer des conséquences du péché, fruit de sa désobéissance ; il vient lui-même s’astreindre à ces conséquences, les éprouver, les sentir en grâce pour pouvoir tendre à l’homme une main secourable ! «Et on lui dira : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il dira : Celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis» (v. 6). Il se présente ici personnellement devant les siens. Auparavant ils avaient regardé par la foi vers Lui qu’ils avaient percé (12: 10) ; maintenant ils le voient lui-même. Comme Thomas jadis, lors de sa résurrection (Jean 21: 27), ils peuvent le toucher, car c’est en résurrection qu’il se présente devant eux. Ils constatent ce qui avait été dit de lui par le prophète : «Ils ont percé mes mains et mes pieds» (Ps. 22: 16). Et que leur répond-il ? Ces blessures m’ont été faites «dans la maison de mes amis». Il les avait appelés ses amis ! N’est-elle pas merveilleuse cette place que le Seigneur Jésus est venu prendre ? Serviteur des hommes ennemis de Dieu, et venu comme ami au milieu des pécheurs! Ah! comme ils se doutaient peu, les pharisiens et les docteurs de la loi, de la vérité profonde contenue dans l’injure qu’ils lui jetaient à la face : «Un ami des publicains et des pécheurs !» Tous l’outragent : il dit: «Mes amis». Judas le trahit par un baiser : «Ami», lui dit Jésus, «pourquoi es-tu venu ?» Un ami est celui pour lequel on laisse sa vie (Jean 15: 13). Pouvait-il ne pas les appeler amis, quand il venait mourir pour eux ? Tel est l’amour divin. Mais qu’a-t-il trouvé chez eux ? «Il vint chez soi», car la maison de ses amis était sa propre maison, «et les siens ne l’ont pas reçu» (Jean 1: 11). Bien plus encore, ils percent ses mains et ses pieds ! Nous ne pouvons nous représenter ce qu’un tel amour a ressenti devant la haine satanique de l’homme ; mais, combien moins encore pouvons-nous mesurer ce qu’il a éprouvé sous le jugement de Dieu ? «Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé» (v. 7). Spectacle rempli d’épouvante ! Le Berger de Dieu, le seul qui ait droit à ce titre, qui remplisse toutes les conditions nécessaires pour s’acquitter de cette fonction bénie, doit subir le jugement de Dieu ! N’était-il pas entré par la porte dans la bergerie, accomplissant tout ce que les prophètes avaient dit de Lui, depuis Béthléhem jusqu’au baptême de Jean ? N’était-ce pas de lui que l’Éternel avait dit : «Je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David : lui les paîtra, et lui sera leur pasteur» ? (Ézéch. 34: 23 ; Psaume 78: 70-72). Son caractère de bon Berger qui paît son troupeau, qui par son bras rassemble les agneaux et les porte dans son sein, qui conduit doucement celles qui allaitent (És. 40: 11), s’était-il démenti un seul instant dans le cours de son ministère ? Et maintenant il avait fallu que ce Berger fût frappé à mort ! (Matt. 26: 31; Marc 14: 27). Mais voici que celui qui tomba sous ce jugement paraît tout à coup au milieu des siens, «ramené d’entre les morts», comme le grand Berger des brebis ! (Hébr. 13: 20). Voici qu’il reparaît pour les paître, les conduire aux fontaines d’eau vive et ne plus jamais les quitter ! (És. 40). Ah ! comme ils sentiront alors, dans un élan d’infinie reconnaissance, les profondeurs d’un tel amour. Celui que l’Éternel a frappé pour pouvoir les bénir, est «le compagnon de l’Éternel», son autre Lui-même qu’il s’était choisi, qui marchait avec Lui dans une communion absolue de tous les instants. En contemplant le Berger, nous avons la révélation du coeur de Christ qui s’est donné lui-même et a mis sa vie pour ses brebis, mais aussi du coeur de Dieu que nous voyons sacrifier son propre compagnon pour nous!
«Frappe le berger, et le troupeau sera dispersé.» Cette épée qui frappera l’oeil droit et le bras du pasteur de néant (11: 17) a dû frapper le vrai Pasteur, et ne l’a pas épargné, quand Dieu, pour nous délivrer, a condamné sur Lui «le péché dans la chair». Lui qui était venu rassembler le troupeau d’Israël, a dû voir son oeuvre comme frappée de néant, et le «troupeau de la tuerie» dispersé aux quatre vents des cieux.
Mais écoutons cette parole consolante : «Je tournerai ma main sur les petits». En vertu du sacrifice de Christ ces «pauvres du troupeau» qu’il avait déjà distingués, nourris pendant sa vie (11: 7, 11), deviennent l’objet spécial de son attention et de ses soins. Ses faibles disciples d’alors se relient, dans leur témoignage, au peuple futur qui remplira la terre et jouira des bénédictions magnifiques du règne du Messie, car nous ne parlons pas même ici de l’Église, du peuple céleste dont les douze apôtres sont devenus le noyau. Merveilleux tableau ! Toute espérance est perdue du côté d’Israël ; le troupeau de la tuerie subira son sort ; toute l’oeuvre du Berger frappé semble anéantie et se résume dans le salut de quelques pauvres du troupeau ; mais Dieu pourrait-il borner à cela la récompense de l’homme qui est son compagnon ? Impossible ! «Demande-moi», dit-il, «et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre» (Ps. 2 :8), et, quant à Israël : «Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance, en sainte magnificence. Du sein de l’aurore te viendra la rosée de ta jeunesse» (Ps. 110: 3). Oui, ce faible Résidu se multipliera à l’infini par la puissance divine, pour devenir le vrai Israël sous les bénédictions du royaume millénaire.
Dans ce but, il faudra que le Résidu soit affiné, comme on affine l’argent. Deux parties seront retranchées ; un tiers qui représente le vrai peuple de Dieu, demeurera de reste (v. 8). Ce tiers lui-même traversera la fournaise de la grande tribulation, dont les Psaumes et les prophètes nous parlent si souvent. Alors ils l’invoqueront des lieux profonds, et Lui dira : «C’est ici mon peuple», et eux diront : «L’Éternel est mon Dieu» (v. 9).
En commençant ce chapitre, il est utile de répéter que les événements des chap. 12 à 14 ont lieu dans le dernier jour, et non dans la dernière demi-semaine de Daniel, temps de l’Antichrist et de la Bête romaine ; un ou deux des faits qui nous sont rapportés remontent, tout au plus, aux derniers jours de cette période. Cette remarque sert à éclaircir une des questions les plus difficiles de la prophétie, celle des deux sièges de Jérusalem, au commencement de notre chapitre (*). Quand auront lieu ces deux sièges ? Quel intervalle de temps les sépare ? Zacharie, dont l’habitude est de présenter des faits, séparés par un long intervalle, comme formant un seul événement continu, ne nous renseigne pas à ce sujet. D’autres prophètes établissent clairement la différence. Une certaine confusion entre le dernier jour et la dernière demi-semaine de Daniel, m’avait fait supposer que le premier siège aurait lieu vers le commencement de la demi-semaine. J’ai dû abandonner cette pensée. Le chapitre 8 de Daniel, bien que mentionnant les jours, au point de vue de la prophétie accomplie par l’histoire d’Antiochus Épiphane (v. 8-14), me semble indiquer qu’entre la fin de la demi-semaine de Daniel et la destruction du roi du Nord ou de l’Assyrien, les événements du dernier jour trouveront largement leur place. Ce sera le temps qui séparera le premier du second siège de Jérusalem. Je recommande du reste ce sujet à l’étude attentive de ceux qui s’occupent des détails de la prophétie (*).
(*) Voir: «L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des degrés», par H. R.
«Voici, un jour vient pour l’Éternel, et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat ; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville (v. 1-2).
Ce passage a trait au premier siège de Jérusalem. Au «dernier jour» après le jugement de l’Antichrist et de la Bête romaine, Jérusalem sera attaquée par les nations environnantes. Cette attaque aura lieu, si ce n’est sous la direction personnelle de l’Assyrien, au moins sous son patronage. Jérusalem sera prise, mise à sac; la moitié des habitants de la ville sera emmenée en captivité ; mais le reste du peuple ne sera pas retranché. Parmi ceux qui seront épargnés se trouve le faible Résidu, dont une partie, les «deux témoins» de l’Apocalypse a déjà subi le martyre. C’est la dernière épreuve qui atteint la ville malheureuse et coupable.
Plus tard, le roi du Nord ou l’Assyrien revient d’Égypte avec son immense armée, entoure la ville bien-aimée et c’est alors qu’ont lieu les événements mentionnés au v. 3 de notre chapitre : «Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille.» C’est ici une allusion à ce qui s’était passé lorsque le Seigneur, sorti du ciel avec toutes ses armées, avait anéanti celles de la Bête et du faux prophète. Mais maintenant, un nouvel événement a lieu : «Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers qui est en face de Jérusalem, vers l’orient.» Alors se réalisera ce que les anges annonçaient aux disciples, témoins de l’ascension du Seigneur sur la montagne des Oliviers. «Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel.» (Actes 1: 11-12.) Au moment même où Jérusalem, humiliée, parle depuis la terre et où sa parole s’élève de la poussière comme un murmure (És. 29: 3-4), l’heure de sa délivrance a sonné: le Seigneur apparaît aux siens, la montagne des Oliviers se fend «par le milieu, vers le levant et vers l’occident, une fort grande vallée.» Un grand tremblement de terre accompagne cette apparition de l’Éternel des armées (És. 29: 6). La population s’enfuit comme aux jours d’Osias (Amos 1: 1), à travers la vallée produite par ce phénomène extraordinaire. Je ne pense pas que cette fuite soit celle du Résidu de Jérusalem ; j’y vois au contraire, celle du reste de la population apostate. Le mot «vous» la désigne, comme on le voit aussi en Malachie 3: 5-7. Elle fuit pour rencontrer un jugement plus terrible encore de la part du Seigneur. Au milieu de Jérusalem affligée et humiliée, resteront «les pauvres du troupeau», le Résidu, qui verra dans la personne du Sauveur l’homme, jadis ressuscité d’entre les morts pour aller s’asseoir à la droite de la Majesté dans les cieux.
Après avoir décrit cet événement, le prophète ajoute : «Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi» (v. 5). Tout ce que ce chapitre nous révèle est comme le prélude de ce grand fait : l’Éternel, le Dieu des prophètes, viendra. La Parole nous présente la venue du Seigneur sous plusieurs faces. Après sa première venue comme homme ici-bas, nous avons sa venue du ciel comme Étoile du matin pour recevoir les siens auprès de Lui. Ensuite sa venue, quand il sortira du ciel avec ses armées pour frapper les nations avec la Bête et le faux prophète. Puis sa venue quand il sera vu des siens sur la montagne des Oliviers et les délivrera de l’Assyrien. Enfin, dans notre passage, sa venue en gloire avec tous les saints pour établir le royaume et poser les bases de son gouvernement. Ce sera le moment où il s’assiéra sur le trône de sa gloire, et où toutes les nations seront assemblées devant lui pour être récompensées ou jugées selon sa justice rétributive (Matt. 25: 31-46.).
Ce passage nous montre que le royaume s’établit à la suite de la délivrance de Jérusalem, non pas au même moment sans doute, mais, lorsque la gloire du Seigneur apparaît sur la montagne des Oliviers, tout obstacle à Son règne a disparu. Nous avons déjà fait remarquer que Zacharie rattache toutes les bénédictions futures au sort de Jérusalem qui forme avec Juda le point central d’où le prophète contemple les événements à venir. Sa vision prophétique correspond à ce qui nous est dit au Ps. 132: 13-18 : «L’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : C’est ici mon repos à perpétuité; ici j’habiterai, car je l’ai désirée. Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres; et je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses saints exulteront en chantant de joie. Là je ferai germer la corne de David. J’ai préparé une lampe à mon Oint. Je revêtirai de honte ses ennemis; et sur lui fleurira sa couronne.»
La partie céleste du royaume est aussi comprise dans cette parole : «Tous les saints avec toi». C’est le commencement de toute son oeuvre.
* * *
Arrivés à ce point, il importe que nous jetions de nouveau un regard en arrière et que nous résumions ce que Zacharie nous enseigne au sujet de la personne du Seigneur sous ses aspects divers.
Dans le premier chapitre, il est l’Ange de l’Éternel qui dirige, sous une forme encore mystérieuse, tous les événements des royaumes du monde pour les faire concourir à l’établissement de son royaume et à la gloire de son peuple avec Jérusalem pour centre.
Dans le troisième chapitre, il est le vrai souverain Sacrificateur, entouré de ceux dont il a fait ses compagnons. Il est en même temps le fondement de toutes les pensées de Dieu, celui sur lequel s’élèvera le temple futur bâti par l’Éternel.
Au quatrième chapitre, il est le vrai Roi, le Seigneur de toute la terre, et la pierre du faîte, sortant avec acclamations, sur laquelle la faveur de Dieu est inscrite à toujours.
Au chapitre sixième, la sacrificature et la royauté sont réunies dans sa personne et, comme tel, il est couronné et assis sur son trône.
Au chapitre neuvième, il apporte à Jérusalem le salut comme Roi de justice et Roi de paix.
Au chapitre onzième, il est présenté à Israël comme son Berger, rejeté et vendu pour trente pièces d’argent, mais reconnu par les pauvres du troupeau.
Au chapitre douzième, il est vu comme le Messie par ceux qui l’ont percé.
Au chapitre treizième, toute sa carrière depuis son entrée dans le monde jusqu’à la croix nous est retracée. C’est en vertu de son sacrifice qu’Il pourra dire à Lo-Ammi : «C’est ici mon peuple», et que son peuple pourra dire : «C’est ici mon Dieu».
Enfin, au chapitre quatorzième, il apparaît en personne pour délivrer Jérusalem et vient régner comme l’Éternel, le Dieu d’Israël, environné de tous ses saints.
Ce tableau n’est-il pas merveilleux et digne d’admiration ? Lui est le centre éternel de toute bénédiction ! Et cependant ce ne sont pas là tous les caractères de Christ. Lisez le premier chapitre de l’évangile de Jean, vous y verrez ses gloires, se multipliant à l’infini. Et ce chapitre lui-même, dans son incomparable richesse, ne les contient pas toutes. Lisez l’épître aux Éphésiens et vous l’y trouverez comme le centre des conseils de Dieu, la Tête glorifiée dans le ciel, ayant pour corps son Église sur la terre, unie à son Chef par le Saint Esprit. Et vous l’y trouverez encore comme l’Époux qui a aimé son Épouse et se la présentera sainte et sans défaut dans la gloire.
Prosternons-nous devant Lui! Chantons le cantique nouveau : «Tu es digne !» Oui, «digne est l’Agneau qui a été immolé de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction !»
* * *
Le jour de la manifestation du Seigneur, pour délivrer son peuple et sa ville bien-aimée en fendant la montagne des Oliviers, est accompagné d’autres phénomènes miraculeux. «Et il arrivera, en ce jour-là, qu’il n’y aura pas de lumière, les luminaires seront obscurcis; mais ce sera un jour connu de l’Éternel, pas jour et pas nuit ; et au temps du soir il y aura de la lumière» (v. 6-7). Ce jour rappelle la journée de la croix, où il y eut des ténèbres sur tout le pays ; mais ici, la lumière brillera au temps du soir, à l’heure où une profonde obscurité règne d’habitude sur la terre. «Le temps du soir» est celui où l’épouvante s’étendra sur la multitude des peuples, parce que l’Éternel les reprendra, et avant le matin elles ne seront plus. (Voyez És. 17: 12-14.) C’est à ce moment-là, que le jour se lèvera pour la ville bien-aimée.
«Et il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem, la moitié vers la mer orientale, et la moitié vers la mer d’occident; cela aura lieu été et hiver» (v. 8). Voici un nouveau phénomène d’ordre à la fois symbolique et terrestre. Mais c’est surtout à ce dernier point de vue que notre chapitre semble envisager les changements géographiques qui, ayant lieu à la suite de l’apparition du Seigneur, accompagneront l’établissement de son règne, et en rehausseront la splendeur.
Ici, les eaux vives sortent de Jérusalem, sujet particulier de la prophétie de Zacharie. Au chap. 47 d’Ézéchiel, elles sortent de dessous le seuil de la maison, du sanctuaire, et se déversent à l’orient dans la mer Salée ou mer Morte qu’elles vivifient. Ézéchiel ne mentionne pas le lieu où débouche le second bras de la «double rivière» (v. 9). Mais Zacharie nous renseigne sur sa direction. Elle passe à travers Jérusalem (car nous savons, d’après Ézéchiel, que le temple sera séparé de la ville elle-même); la moitié sort vers la mer Orientale (la mer Morte) comme en Ézéchiel, l’autre moitié vers la mer d’Occident, la Méditerranée. À Jérusalem même, les ruisseaux de ce fleuve réjouiront «la ville de Dieu, le saint lieu des demeures du Très-Haut» (Ps. 46: 4).
Au point de vue symbolique, ces eaux représentent l’Esprit de Dieu, comme puissance de vie, faisant tout fructifier sur son passage (Jean 7: 38, 39 ; 4: 14). C’est dans ce sens que l’Apocalypse nous montre le fleuve d’eau vive sortant du trône de Dieu et de l’Agneau, dans la nouvelle Jérusalem, et apportant à tous les bénédictions vivifiantes et divines. Dans Zacharie, où l’allusion symbolique n’est pas non plus négligée, nous voyons la vie succéder à la lumière qui a paru au temps du soir.
«Et l’Éternel sera roi sur toute la terre. En ce jour-là, il y aura un Éternel, et son nom sera un.» «En ce jour-là», — car ce n’est pas autant de la suite des événements que le prophète nous entretient, que des divers aspects du dernier jour — l’Éternel, le Dieu d’Israël, le Christ, sera Roi, mais ce Roi est celui qui est appelé «mon Dieu» au v. 5. Il sera Roi, non seulement sur son peuple, mais sur toute la terre. Les nations reconnaîtront le Dieu d’Israël comme «le seul Dieu». Dieu est un, selon la révélation juive (Deut. 6: 4 ; Marc 12: 29, 32), un aussi selon la révélation chrétienne (1 Tim. 2: 5). Mais la religion future et universelle se rattachera à l’unité du Dieu d’Israël, manifesté, comme tel, dans la personne de Christ.
«Tout le pays, de Guéba à Rimmon qui est au midi de Jérusalem, sera changé pour être comme l’Araba, et Jérusalem sera élevée et demeurera en son lieu, depuis la porte de Benjamin jusqu’à l’endroit de la première porte, jusqu’à la porte du coin, et depuis la tour de Hananeël jusqu’aux pressoirs du roi» (v. 10). Nous trouvons ici un quatrième phénomène; il clôt la série des événements miraculeux ayant pour sphère le territoire d’Israël. Chacun sait qu’une profonde dépression de terrain, dans laquelle coule le Jourdain, s’étend du lac de Génézareth à la mer Morte. Cette dépression est la plus remarquable que l’on connaisse sur toute la surface du globe. Le lac de Génézareth, que le Jourdain traverse d’abord, est enfoncé de 208 mètres, et la mer Salée (ou mer Morte), de 394 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Primitivement cette vallée était souvent appelée Araba, comme en témoignent les passages suivants : Deut. 1: 7 ; 3: 17 ; 4: 49 Jos. 3 :16 ; 8: 14 ; 11 : 2 ; 12: 1, 3, 8 ; 18 : 18 ; 2 Sam. 2: 29; 4: 7 ; 2 Rois 14: 25 ; 25: 4 ; Jér. 52: 7 ; Amos 6: 14. Dans une foule d’autres passages, le mot Araba peut être traduit par «plaine». De nos jours, la partie de cette vallée qui s’étend de la mer Morte à la langue orientale de la mer Rouge (nommée Akaba) a gardé le nom d’Araba, mais elle n’a pas de rapport avec le passage de Zacharie que nous venons de citer. Guéba est une ville de Benjamin au nord de Jérusalem, elle joindrait par une ligne horizontale le Jourdain aux environs de Jéricho ; Rimmon est une ville de la tribu de Siméon qui joindrait, de la même manière, la mer Morte vers les deux tiers de son étendue du côté du sud.
Ces divers points établis, il semble que tout le pays compris entre Guéba et Rimmon sera changé et amené au niveau de l’Araba, c’est-à-dire de la vallée du Jourdain. La conséquence de ce phénomène extraordinaire sera que Jérusalem, «demeurant en son lieu», sera élevée à tous les regards au milieu de la terre d’Israël. Elle dominera tout le pays et sera vue de loin, cette cité du grand Roi. Toutes les tribus, toutes les nations, accourront à la montagne de la maison de l’Éternel pour adorer. «Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au-dessus des collines; et les peuples y afflueront; et beaucoup de nations iront, et diront: Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, et à la maison du Dieu de Jacob» (Michée 4: 1-2).
«On y habitera, et il n’y aura plus d’anathème; et Jérusalem habitera en sécurité» (v. 11). Après tant de malédictions et de menaces de la part de Dieu, après tant de revers, de sièges et de pillages, la cité sainte sera tranquille, un asile paisible et sûr pour ses habitants. C’est à ce moment que ceux-ci, délivrés à tout jamais de l’Assyrien, verront de leurs yeux le Roi dans sa beauté, et qu’il sera dit : «Regarde Sion, la cité de nos assemblées solennelles! Tes yeux verront Jérusalem, une demeure tranquille, une tente qui ne sera pas transportée» (És. 33: 16-20).
* * *
Les v. 12 à 20 nous parlent des plaies qui atteindront les nations, soit avant, soit après l’établissement du règne millénaire de Christ. Il est bon de se souvenir que les trois derniers chapitres du prophète traitent du dernier jour comme d’un ensemble et qu’il ne faut pas y chercher une succession chronologique des faits prophétiques. Dans les v. 12 à 15, Zacharie revient en arrière pour décrire la plaie qui frappera les nations assemblées contre Jérusalem, alors que Juda prendra part au combat, comme nous l’avons vu précédemment. Outre le jugement guerrier, dont le Résidu de Juda sera en partie l’instrument, l’Éternel frappera de plaie tous les peuples qui auront fait la guerre contre Jérusalem. Leur chair se fondra, leurs yeux se fondront dans leurs orbites, leur langue dans leur bouche. De plus, ils s’élèveront l’un contre l’autre, pour s’entre-détruire. C’est aussi ce qu’on trouve en Ézéchiel au sujet de la destruction de Gog, le roi du Nord (Ézéch. 38: 21-22). Même les bêtes seront frappées et leur plaie sera pareille à celle de l’homme. Ce dernier avait oublié Dieu, sans lien moral avec Lui ; il sera assimilé, dans le jugement, à la bête brute, au niveau de laquelle il s’était ravalé.
Mais il y aura un résidu d’entre les nations qui étaient venues contre Jérusalem, comme il y aura un Résidu de Jérusalem, de Juda et d’Israël. Celles qui auront été épargnées monteront d’année en année à Jérusalem et au temple, pour se prosterner devant l’Éternel et célébrer la fête des Tabernacles, cette fête qui suit la moisson et la vendange. Elle représentait pour Israël la joie d’un repos paisible sous des tabernacles de feuillage, en souvenir de l’habitation sous des tentes au désert (Deut. 23: 43). Ce souvenir n’était accompagné d’aucun regret, d’aucune amertume pour le peuple, car il était dit : «L’Éternel, ton Dieu, le bénira dans toute ta récolte et dans tout l’ouvrage de tes mains; et tu ne seras que joyeux» (Deut. 16: 15). Maintenant les temps de jugement et d’humiliation sont passés. Le grand jour des expiations où Israël affligeait son âme (Lév. 16: 29, 31) a eu lieu pour les fidèles lors de la «grande lamentation de Jérusalem» (12: 11). Ils ont alors regardé vers Celui qu’ils avaient percé et qui, une fois pour toutes, avait fait propitiation pour leurs péchés. Jamais, dès lors, ce jour ne pourra se renouveler pour le peuple de Dieu, ni celui de la Pentecôte, car Israël aura reçu définitivement l’effusion du Saint Esprit, la pluie de la dernière saison. La fête des Tabernacles subsistera seule avec la Pâque, mémorial de l’expiation et de la délivrance accomplie (Ézéchiel 45: 21, 25).
Les nations, comme nous l’avons dit, auront part à la fête des Tabernacles, mais, si une immense multitude d’entre elles sera sauvée (Apoc. 7: 9-12), elles ne le seront pas comme nations. Il faudra qu’elles se soumettent au sceptre de fer du Messie, sinon elles seront brisées (Ps. 2: 9). Nous voyons ici, que celles qui ne monteront pas à Jérusalem, à la fête des Tabernacles, pour se prosterner devant le Roi, seront frappées d’une plaie. La pluie qui fertilise leur territoire leur sera refusée, fait littéral, comme tous ceux que contient ce chapitre, mais image aussi des bénédictions spirituelles dont se privent ceux qui n’obéissent pas au Seigneur. Telle sera la peine de leur péché, plaie bien différente, du reste, de celle qui avait atteint les nations révoltées contre Dieu et contre son Oint.
En ce jour-là, ajoute le prophète (v. 20-21), tout, à Jérusalem (car c’est toujours Jérusalem qui est en vue), sera sanctifié et consacré à l’Éternel, de telle sorte que, pour cuire les sacrifices, toute chaudière à Jérusalem et en Juda pourra servir aussi bien que les chaudières de la maison de l’Éternel.
«Et il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Éternel des armées, en ce jour-là» (v. 21), selon ce que dit aussi le prophète Ézéchiel: «C’en est assez de toutes vos abominations, maison d’Israël, que vous ayez amené les fils de l’étranger, incirconcis de coeur et incirconcis de chair, pour qu’ils fussent dans mon sanctuaire — ma maison — pour le profaner, quand vous avez présenté mon pain, la graisse et le sang; et ils ont rompu mon alliance par toutes vos abominations ! Et vous n’avez pas vaqué au service de mes choses saintes, mais vous avez établi pour vous des étrangers pour vaquer à mon service dans mon sanctuaire» (Ézéch. 44 :6-8).
Appliquons-nous ces paroles. N’est-ce pas aussi le crime de la chrétienté professante au sujet du culte de notre Dieu ? Des incirconcis de coeur n’ont-ils pas une part au service des choses saintes ? Quelle humiliation pour le peuple de Dieu, que le mélange de ce qui est pur avec ce qui est impur, que l’introduction de l’incirconcis et du Cananéen dans la maison de Dieu ! Quel déshonneur pour Celui dont il est dit : «La sainteté sied à ta maison, ô Éternel», car «Il est saint ; l’Éternel, notre Dieu, est saint !» (Ps. 93: 5 ; 99: 3, 5, 9).
Souvenons-nous constamment du caractère de notre Dieu. Comme Celui qui nous a appelés est saint, nous aussi soyons saints dans toute notre conduite, et si, par les humiliantes expériences du temps présent, quant à l’Église et quant à nous-mêmes, nous sommes obligés de constater combien nous avons déshonoré le Seigneur, portons nos regards en avant, vers cette scène future où tout sera consacré à l’Éternel et où Il trouvera Lui-même son repos dans tout ce qui sera conforme à sa sainteté et à son amour !