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Henri Rossier — Courtes méditations
H. Rossier — Courtes méditations — n°37 [33]
ME 1923 p. 217-219
Il fallait la chute affreuse de David dans l’affaire d’Urie, pour nous enseigner ce qu’est, livré à lui-même, l’homme le plus favorisé de Dieu, un racheté, un croyant, même un homme inspiré dont la bouche a prononcé les hymnes d’adoration les plus élevés de la Bible ; mais aussi pour nous apprendre ce qu’est la grâce, dans laquelle Dieu sait allier à la fois son horreur du péché et les conséquences du péché sous son gouvernement, avec son amour sans bornes pour le pécheur.
Nous trouvons, au Ps. 51, le premier résultat du fait que David, après son péché, est placé en présence de Dieu, au moyen de la Parole qui lui est adressée par le prophète. Ce résultat est la repentance. Nous voyons un homme convaincu de péché jusque dans les profondeurs de son être. Je ne crois pas que la parole de Dieu nous présente une horreur du péché plus absolue, une repentance plus complète que celle-là. Le péché est jugé jusque dans ses racines : «Voici, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et dans le péché ma mère m’a conçu» (v. 5) ; le péché est continuellement devant les yeux et dans la mémoire du transgresseur (v. 3) ; le sang répandu pèse sur sa conscience (v. 14) ; c’est contre Dieu, contre Dieu seul qu’il a péché et il sait avoir affaire à un Dieu juste qui ne peut supporter l’iniquité (v. 4). Sa seule, son unique ressource est donc la grâce (v. 1). Le Dieu qu’il a offensé peut seul lui pardonner, le purifier (v. 7) ; il faut que ses péchés ne soient plus, qu’ils soient effacés pour toujours de la mémoire de Dieu (v. 1).
Mais plus encore, car, quelque grande que soient ces grâces, elles ne lui suffisent pas : il lui faut devenir une nouvelle créature ; il faut qu’un nouveau coeur, un coeur pur, lui soit donné (v. 10).
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Cependant la repentance, sans laquelle il n’y a point de salut, ne suffit pas pour rendre heureux. Le «coeur brisé et humilié» (v. 17) trouve le chemin du bonheur au Ps. 22 et le Psaume 32 nous montre où ce chemin aboutit. Le pécheur découvre qu’un autre s’est substitué à lui, a fait siens tous ses péchés et en a porté toutes les conséquences, afin de l’en décharger à toujours.
Le coupable dit au Ps. 32:3 : «Quand je me suis tu, mes os ont dépéri». «Tous mes os se déjoignent» répond le substitut (Ps. 22:14). — «Je rugissais tout le jour» (32:3), dit le coupable, et le substitut répond : «Te tenant loin des paroles de mon rugissement» (22:1). — Le coupable dit : «Jour et nuit ta main s’appesantissait sur moi» (32:4) ; et le substitut répond : «Je crie de jour, mais tu ne réponds point ; et de nuit, et il n’y a point de repos pour moi» (22:2). — «Ma vigueur s’est changée en une sécheresse d’été» dit le coupable : (32:4) ; et le substitut s’écrie : «Ma vigueur est desséchée comme un têt, et ma langue est attachée à mon palais ; et tu m’as mis dans la poussière de la mort !» (22:15).
Ah ! désormais le coupable sait que «sa transgression est pardonnée et que son péché est couvert» (32:1) et peut se dire bienheureux ! Son substitut s’est chargé de cet immense fardeau, mais le transgresseur a dû traverser tous les stages de la repentance avant de réaliser la puissance de la rédemption. Il a fallu que «dans son esprit il n’y eût pas de fraude» (32:2), qu’il ne couvrît en quoi que ce soit son iniquité devant Dieu, et cela avait eu lieu au Ps. 51. Alors Dieu peut la recouvrir. Telle est la dispensation par laquelle le croyant connaît, comme nous l’avons dit dans la Méditation précédente, le bonheur initial de sa carrière.