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Henri Rossier — Courtes méditations

 

 

La paresse

H. Rossier — Courtes méditations — n°29 [25 bis]

ME 1923 p. 29-31

Il y aurait lieu de s’étendre longuement sur la paresse. C’est une chose méprisable, que Dieu réprouve et qui, partout où elle domine, a les conséquences les plus désastreuses. Les Proverbes ne peuvent assez faire ressortir combien elle est blâmable, car elle n’est pas stigmatisée moins de vingt fois au cours de ce livre. Le Nouveau Testament nous en entretient aussi à plus d’une reprise et je désire citer les quatre passages qui, dans ce livre, nous en parlent au point de vue de la vie chrétienne.

1.1   Hébreux 5:11

Les Hébreux étaient devenus paresseux à écouter. Ce n’était pas qu’ils l’eussent toujours été. Il y avait eu un temps où, sortis du Judaïsme, par la foi au Seigneur Jésus Christ, ils avaient été illuminés de sa gloire qui éclipsait toute autre gloire — un temps où la loi, tout en demeurant inébranlable, avait perdu sa valeur d’autrefois à leurs yeux, puisqu’ils avaient trouvé en Christ «la fin de la loi, pour justice à tout croyant» — un temps où ils avaient souffert avec joie pour Son nom. Mais la fraîcheur des premières impressions s’était perdue, ce qui avait amené un certain sommeil ; ils étaient devenus, à la longue, paresseux à écouter, fruit de la distraction et de quelque indifférence à l’égard de la personne du Seigneur. Les impressions reçues s’étaient émoussées dans le coeur et l’esprit des auditeurs, car un homme distrait s’intéresse difficilement à l’objet qui est devant lui. Ils avaient ainsi perdu de vue un Christ céleste, glorifié à la droite de Dieu, proclamé, par Lui, «sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec». Peu à peu la personne même du Sauveur ressuscité leur devenait étrangère ; ils n’étaient plus à cette hauteur et il était dès lors difficile de leur expliquer les choses qui concernent un Christ céleste. Ce qui les réjouissait au commencement était maintenant rabaissé à des principes, vrais peut-être, mais qui ne les élevaient pas au-dessus de l’atmosphère terrestre. Tout l’effort de l’apôtre consistait donc à les ramener à la nourriture des hommes faits, à la contemplation d’un Christ ressuscité.

Cette paresse à écouter ne caractérise-t-elle pas aujourd’hui un grand nombre d’entre nous ? Qu’est devenue la soif de le connaître, l’ardeur, le zèle d’autrefois à entendre parler de Christ ? Qu’est devenu le premier amour ? L’apôtre ne nous dirait-il pas aujourd’hui, avec plus de raison que jadis aux Hébreux : «Lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps, vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu ?»

1.2   Hébreux 6:12

Il est un autre genre de paresse tout aussi pernicieux que celui dont nous venons de parler. C’est la paresse au sujet de l’espérance chrétienne : «Nous désirons», dit l’apôtre, «que chacun de vous montre la même diligence pour la pleine assurance de l’espérance jusqu’au bout : afin que vous ne deveniez pas paresseux». Demandons-nous si cette espérance est aussi vivante dans nos coeurs que lorsque nous avons cru ? La paresse à espérer reporte nos pensées aux intérêts d’en bas ; nous prive de la réalisation des choses qui sont «au dedans du voile» où l’espérance pénètre comme une ancre de l’âme ; nous empêche de voir Jésus notre précurseur céleste, «devenu souverain sacrificateur pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédec».

La paresse à écouter et la paresse à espérer conduisent donc au même résultat : à perdre la jouissance présente de la personne de Christ.

1.3   Matthieu 25:26

Ici la paresse consiste à ne pas faire valoir le don que le Seigneur nous a confié. C’est proprement le caractère du monde, car, sous ce rapport, tout homme a reçu un don ; mais combien il est sérieux d’enfouir ce don et de ne pas s’en servir pour plaire au Maître ! Celui qui, placé dans le cep, est un sarment sans fruit sera bientôt jeté dehors et brûlé au feu. Il en sera ainsi du professant ; mais combien cet exemple est fait pour atteindre notre conscience à nous, chrétiens, afin que nous n’entendions pas ces paroles : «Méchant et paresseux esclave !»

1.4   Romains 12:11

«Quant à l’activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servant le Seigneur». Il s’agit ici de la paresse, du manque d’activité dans le service. Marie était «fervente en esprit». Marthe avait dû apprendre d’abord à ne pas être distraite de Lui par son activité même ; mais elles servaient le Seigneur l’une et l’autre. La ferveur d’esprit rendait le service de Marie supérieur à celui de sa soeur, mais chacune était active à sa manière et, selon ses dons. Marthe servait Christ à table dans la personne de ses disciples ; Marie le servait dans le culte, la plus haute fonction qui soit confiée au chrétien ici-bas. Les services peuvent être très divers, mais doivent tous se résumer dans cette parole : «servant le Seigneur».

Que ces exemples nous apprennent à haïr la paresse, et à travailler chacun, selon la mesure de foi que Dieu lui a départie !