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Henri Rossier — Courtes méditations
H. Rossier — Courtes méditations — n°16
ME 1922 p. 125-129
Ce Psaume nous offre de telles richesses qu’il serait impossible, même avec une simple énumération de son contenu, de n’en pas faire un volumineux traité. Telle n’est pas mon intention dans ces Courtes méditations où je voudrais plutôt consigner les vérités qui atteignent journellement mon coeur et ma conscience. Ces vérités nous portent à nous connaître davantage nous-mêmes, pour nous juger davantage, et à connaître davantage le coeur de Christ pour l’aimer davantage.
Je rappellerai seulement ce qui constitue pour moi les trois divisions de ce Psaume. La première, v. 1-13, nous présente les sentiments d’un coeur qui, avant de connaître la grâce, fait continuellement, sans pouvoir l’éviter, la rencontre de Dieu sur la terre. Dans la seconde division, v. 14-18, l’âme a fait, non pas la rencontre angoissante d’un Dieu qui la sonde, mais la connaissance d’un Dieu qui l’aime. Aussitôt tout change pour elle. Elle éclate en louanges, car elle connaît maintenant ses oeuvres ; elle connaît ses pensées ; mais, bien plus encore, elle le connaît lui-même, lui-même en résurrection, lui-même au delà de la mort ! Le croyant et Lui sont désormais inséparables : «Si je me réveille, je suis encore avec toi !». La troisième division v. 19-24, a trait à la conduite du croyant. Il ne peut se contenter de connaître les richesses insondables de Christ et d’en jouir ; il sent que sa conduite doit être mise d’accord avec la connaissance qu’il a de lui. C’est sur ce côté pratique du Psaume que s’arrête aujourd’hui ma méditation.
Connaissant Dieu, tel qu’Il s’est révélé à nous en Jésus, nous sommes appelés, pour lui être agréables, à haïr tout ce qu’Il hait et à mettre notre coeur d’accord avec tout ce qu’Il aime, en y trouvant nos délices. Or nous en sommes empêchés par deux ennemis de Dieu, également haïssables : l’un est le monde, l’autre, notre propre coeur naturel, notre chair de péché.
S’agit-il du monde, Dieu a pu l’aimer jusqu’à donner son propre Fils pour sauver ceux qui croient. Jésus s’est présenté comme le «Sauveur du monde». Maintenant que le monde, en rejetant le Sauveur a montré qu’il hait Dieu et qu’il est mûr pour le jugement, cela n’empêche pas la grâce de Dieu de continuer à s’exercer envers les pécheurs, jusqu’à ce qu’il ne reste plus pour eux aucun espoir. Nous, les enfants de cette même grâce, nous sommes tenus de la présenter au monde de la même manière : «Nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu !» (2 Cor. 5:20). Mais nous ne pouvons agir ainsi qu’en vivant nous-mêmes dans une sainte séparation du monde et de tout ce qu’il peut nous offrir pour nous tenter. Tout mélange avec lui nous affaiblit, ou même nous paralyse entièrement et réduit à néant la mission que Dieu nous a confiée : «Ne savez-vous pas» nous est-il dit, «que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ?» (Jacq. 4:4). Aussi l’âme qui est en communion avec Dieu considère-t-elle le monde, non pas sous l’aspect qu’il prend souvent à notre égard (car il peut être très aimable et gracieux pour nous) mais selon l’attitude qu’il a prise envers Christ. «N’ai-je pas en haine, ô Éternel, ceux qui te haïssent ? N’ai-je pas en horreur ceux qui s’élèvent contre toi ? Je les hais d’une parfaite haine ; ils sont pour moi des ennemis» (v. 21-22).
Cette haine du monde n’est pas chez le chrétien, le fruit de l’orgueil ni celui de la dureté et de la sécheresse du coeur. Puissions-nous allier sans cesse la haine du monde et des choses qui s’y trouvent, avec l’amour qui caractérise l’évangile annoncé aux pécheurs ! Ce Psaume lui-même ne peut nous en parler parce qu’il est, comme tous les Psaumes, le tableau prophétique des sentiments du Résidu d’Israël sous l’oppression des ennemis de la fin.
Je me hâte d’arriver au second ennemi, sujet de ma méditation, c’est-à-dire : mon coeur naturel, la chair qui est toujours en moi. Le Psalmiste le mentionne en dernier lieu. Comment le combattre et le rendre impuissant ? Ma chair se retrouve toujours absolument la même, soit que je me trouve encore éloigné de Dieu, comme au commencement de ce Psaume, soit que je Lui appartienne en vertu du salut gratuit. N’est-ce pas précisément la chair en moi qui m’engage dans les voies du monde ? Seigneur, tu m’as donné un coeur nouveau, un coeur qui aime ce que tu aimes et hait ce que tu hais. Mais si mon coeur et mes pensées d’autrefois, si cette chair que je ne possède plus seule, puisque j’ai ton Esprit et ta vie, m’engage dans une «voie de chagrin», comment résisterai-je ? Je n’ai que toi, ô Dieu, pour résister. Il ne me suffit pas de haïr le monde d’une parfaite haine, il faut que j’échappe à son influence. Mais comment cela peut-il se faire ? Il faut que mon coeur, mes pensées, ma personne soient mis d’accord avec le coeur, les pensées, la personne de Christ que Dieu m’a fait connaître (v. 17-18), et qu’ainsi ma conduite soit en parfaite opposition avec celle du monde. Alors je dis : «Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées». Toi qui m’as sondé et connu jadis, quand il n’y avait que le péché dans mon coeur et que je ne songeais qu’à t’échapper, sonde-moi et connais-moi maintenant qu’il y a deux natures en moi, afin de me mettre d’accord avec la nature nouvelle que je possède en Christ, et que rien dans ma marche et mon témoignage ne vienne l’entraver. Je n’ai rien à te cacher, ô mon Dieu, et ne le désire pas ; et, du reste, n’ai-je pas fait jadis l’expérience que tu vois et connais tout en moi ? Agis en moi, toi qui es lumière, pour que mes yeux voient tout ce qui est contraire à ta gloire ; mets-moi pleinement d’accord avec elle ! Tu le sais, je sens le besoin d’être sondé par toi, parce que mon homme nouveau a le désir de t’être agréable et de glorifier ton Fils bien aimé !
«Regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin», quelque voie qui conduise à cette chose terrible : le déshonneur jeté sur Christ. Cette crainte s’empare de mon coeur ; toi seul peux y remédier en sorte que mon Sauveur soit glorifié et que moi-même je ne sois pas malheureux et confus.
Ce désir d’être «sondé et éprouvé» (non pas connu) nous le trouvons au Ps. 26 dans la bouche de Christ. Lui, peut affirmer que son coeur est parfaitement d’accord avec Dieu, soit quant à la communion de ses pensées, soit quant à la haine absolue de tout mal. Aussi peut-il dire au vers. 12 : «Mon pied se tient au chemin uni» Il n’a pas besoin d’y être conduit, comme dans notre Psaume, où l’âme désire être sondée, pour être mise d’accord avec le caractère de Christ tel qu’il est décrit au Ps. 26, et aussi au Ps. 16.
Comment pourrai-je discerner le moindre mouvement de la chair en moi, si tu ne me sondes pas ? N’arrive-t-il pas souvent que ma communion avec toi est troublée sans que je sois capable de voir quelle en est la cause ? Toi seul tu peux me le montrer car «tu es plus grand que mon coeur, et tu connais toutes choses». Tu m’enseigneras ; et c’est ce que Dieu fait toujours quand je m’approche de lui avec un coeur sans fraude qui ne lui cache rien.
Mais il faut encore qu’après m’avoir révélé ce qui serait «une voie de chagrin», lui-même me conduise dans un chemin qui ait toute son approbation, chemin où il n’y ait ni chute, ni faux pas, chemin où Christ soit pleinement glorifié : le chemin où lui-même a pleinement glorifié le Père.
Quel bonheur, quand l’âme en est arrivée là ! Mais il ne nous faut pas supposer qu’elle atteigne définitivement le but ici bas. Les mots : «Sonde-moi et connais mon coeur ; éprouve-moi et connais mes pensées» doivent revenir chaque matin sur mes lèvres, afin que chaque jour je sois gardé de la voie du chagrin et conduit dans la voie qui l’honore.