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H. L. Heijkoop
Table des matières :
2 Introduction à l’étude des prophéties
2.1 À qui Dieu destine-t-il les prophéties ?
2.5 Préparation à l’étude des prophéties
3.1 Les prophéties forment un tout
3.2 L’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus
3.3 La transfiguration sur la montagne
4.1 Les croyants de l’Ancien Testament font-ils aussi partie de l’Assemblée ?
4.2 Différence entre l’Assemblée et Israël
4.3 Quel est donc l’avenir de l’Assemblée ?
4.4 Comment se déroulera l’enlèvement de l’Église ?
4.5 Quand aura lieu l’enlèvement de l’Église ?
5.2 Le déclin dans l’Assemblée
5.4 Après l’enlèvement de l’Assemblée
6 L’histoire de l’Église vue par le Seigneur Jésus
7.4 Les alliances conclues dans le désert
7.6 Dieu a-t-il rejeté son peuple ?
8.1 Comment et quand Israël réintégrera-t-il la Palestine ?
8.2 Quand les soixante-dix semaines ont-elles commencé ?
8.3 Quel intervalle de temps une semaine représente-t-elle ?
8.4 La soixante-dixième semaine s’est-elle déjà écoulée ?
8.5 De quelle manière Israël sera-t-il restauré en tant que peuple ?
8.6 Comment l’Éternel procédera-t-il pour les faire revenir ?
8.7 Israël trouvera-t-il paix et tranquillité en Palestine ?
8.8 À quel moment les dix tribus reviendront-elles dans le pays ?
9 L’avenir de l’Europe occidentale
9.1 Dieu gouverne-t-il la terre ?
9.2 Dieu confie la domination mondiale aux monarques païens
9.3 L’histoire prophétique de l’Empire romain
9.4 L’Empire romain existe-t-il encore aujourd’hui ?
9.5 Le Seigneur Jésus est-il déjà venu sur les nuées du ciel ?
9.6 Comment l’Empire romain se reconstituera-t-il ?
9.7 Comment cet empire sera-t-il organisé ?
9.8 Quelles seront les frontières de l’Empire romain reconstitué ?
9.9 Quelle sera la religion de cet empire ?
9.10 La dernière guerre de l’Europe occidentale
9.11 Où aura lieu cette bataille ?
11 L’avenir des peuples voisins de la Palestine
11.1 Un principe important pour la compréhension des prophéties
11.5 Une alliance avec la mort, un pacte avec le shéol
11.7 Le déroulement des hostilités
11.8 Siège et prise de Jérusalem
11.9 La chronologie des événements
11.10 La position future des Arabes
11.11 L’Égypte et l’Assyrie seront-elles entièrement anéanties ?
12.1 Quand aura lieu cette invasion ?
12.3 Quels seront les alliés de la Russie ?
12.4 Quels seront les traits caractéristiques de la Russie ?
13.2 La malédiction ôtée de la terre
13.6 Quelle sera la position d’Israël ?
13.9 La justice et la paix se sont entrebaisées (Ps. 85:10)
14.3 La résurrection des justes
14.4 Les croyants et les incrédules ne seront-ils donc pas ressuscités simultanément ?
14.5 La résurrection de jugement
15.1 Le premier Adam et le dernier Adam
15.2 Les nouveaux cieux et la nouvelle terre
15.3 Voici, je fais toutes choses nouvelles !
15.6 L’Assemblée dans l’éternité
15.7 Il essuiera toute larme de leurs yeux
16 Quelques remarques complémentaires au sujet de la prophétie
16.2 Quelles seront les nations jugées en Palestine ?
16.3 Faut-il voir la Russie dans le mot Rash (ou Rosh) en Ézéchiel 38 et 39 ?
16.4 Les soixante-dix semaines d’années de Daniel 9
16.8 Restauration et réconciliation
«L’avenir selon les prophéties de la Bible» a paru, en 1949 et 1950, dans le périodique hollandais «Uit het Woord der Waarheid, Studie- en Contactblad voor Jongeren». La publication de cet écrit dans un mensuel explique la manière dont le sujet est divisé et traité, ainsi que certaines répétitions. La traduction a été faite à partir de la deuxième édition de cet ouvrage en allemand, de 1985.
Dans le présent volume, nous nous en sommes tenus aux propos de l’auteur, toujours fondés sur l’Écriture et appuyés par elle. Dès lors, malgré les changements survenus dans le monde et le climat politique, nous avons maintenu le texte tel qu’il a été publié à l’origine.
Puisse la lecture de ces pages réchauffer nos cœurs pour le Seigneur Jésus et nous stimuler à imiter les Béréens qui «reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi» (Actes 17:11).
«Bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche !» (Apoc. 1:3).
Que nous réserve l’avenir ? Il n’est guère d’interrogations qui troublent autant le cœur humain. La question n’est certes pas nouvelle, mais pour l’homme d’aujourd’hui, encore hanté par le souvenir des deux guerres mondiales et de leur cortège de misère, et tourmenté par la crainte d’un troisième conflit, elle prend une urgence toute particulière. Si la dernière guerre est déjà parvenue à un tel degré d’horreur avec ses camps de concentration, ses attaques aériennes et la violence toute calculée de ses bombardements, quel paroxysme atteindra le prochain conflit, lorsque seront utilisées de nouvelles armes, perfectionnées selon les dernières technologies ? Quelle en sera par ailleurs l’issue ? À ces questions angoissantes, nul journal, nul politicien ne peut répondre.
Et pourtant, quelqu’un détient la réponse à toutes les interrogations de l’homme. Concernent-elles son état personnel, Il lui révèle ce qu’est l’être humain : «Il n’y a point de juste, non pas même un seul ;... il n’y a personne qui recherche Dieu ;... il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas même un seul ;... car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu» (Rom. 3:10-23). Si l’homme reconnaît alors ses fautes et demande : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé ?» il s’entend dire : «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison» (Actes 16:30, 31). S’inquiète-t-il de son avenir personnel, Dieu lui donne une réponse claire, sans équivoque : «Et les morts furent jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres» (Apoc. 20:11-15). Mais la voix divine lui indique également comment échapper à un tel jugement : «Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle... Celui qui croit en lui n’est pas jugé» (Jean 3:16-18).
Tout aussi claires et précises sont les révélations que Dieu donne au sujet de l’avenir de la terre, de la Russie, de l’Europe de l’Ouest, de la Palestine, et de l’humanité en général. Le Dieu éternel pourrait-il ignorer leur destinée ? «Je suis Dieu... déclarant dès le commencement ce qui sera à la fin, et d’ancienneté ce qui n’a pas été fait, disant : Mon conseil s’accomplira, et je ferai tout mon bon plaisir» (És. 46:9, 10). Oui, Dieu connaît le futur et, fait plus capital encore, il désire nous le dévoiler : «Or le Seigneur, l’Éternel, ne fera rien, qu’il ne révèle son secret à ses serviteurs les prophètes» (Amos 3:7).
Le passage d’Amos que nous venons de citer répond à la question. Les prophéties ne s’adressent certainement pas au monde. Elles prédisent pourtant l’avenir de ce dernier. L’annonce du jugement sur les différents peuples et nations n’occupe-t-elle pas une part considérable des livres prophétiques ? Les chapitres du livre de Daniel plus particulièrement consacrés au sort des peuples méditerranéens, ne sont-ils pas justement rédigés en chaldéen, et non pas en hébreu ? Dieu a donc également l’intention d’avertir le monde du jugement à venir par ses prophéties, pour qu’il se convertisse avant qu’il ne soit trop tard. Pensons seulement à Noé, nommé prédicateur de justice dans le Nouveau Testament, ainsi qu’à Jonas, chargé d’annoncer le jugement à la ville de Ninive (Gen. 6 ; 2 Pierre 3:5 ; Jonas 3:4).
Pourtant, Dieu n’a pas confié ses révélations à des incrédules. «De saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint» (2 Pierre 1:21). Comment des incroyants pourraient-ils tirer profit des prophéties ? S’ils croyaient vraiment en la véracité de la parole de Dieu, comment pourraient-ils, le cœur et la conscience tranquilles, rechercher de quelle manière «la colère de Dieu» sera «révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant dans l’iniquité» (Rom. 1:18) ? Comment pourraient-ils trouver du plaisir à cette étude, et ne pas s’inquiéter, alors qu’ils rejettent ce Jésus au sujet duquel la Bible affirme : «C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:9-11). Et encore : «Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds» (1 Cor. 15:25) ? Comment pourraient-ils d’ailleurs comprendre, avec leur seule intelligence naturelle obscurcie par le péché, les révélations de Dieu, transmises par de saints hommes de Dieu poussés par l’Esprit Saint ? «Or l’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement» (1 Cor. 2:9-16). Deux privilèges sont requis pour pouvoir examiner avec bonheur les prophéties et les recevoir en toute quiétude : d’une part la conscience d’être sauvé, et par conséquent de ne plus appartenir à ce monde voué au jugement, et d’autre part, la présence en soi du Saint Esprit. Seuls les chrétiens peuvent comprendre les prophéties.
Comment se fait-il que tant de chrétiens ne s’intéressent jamais à la prophétie ou n’en comprennent pour ainsi dire rien ? Satan dans sa ruse les a aveuglés à tel point qu’ils n’en saisissent ni l’importance ni la signification. Le diable connaît lui-même très bien le sort qui l’attend. Il sait que le moment est proche, où le Seigneur Jésus «couvrira le royaume des ténèbres de honte, jusqu’à ce qu’il ne soit plus» (És. 24:21-22, d’après la traduction hollandaise). Ses serviteurs, les démons, le savent également. L’étude comparative des trois passages touchant le démoniaque du pays des Gadaréniens nous le démontre (Matt. 8:29-34 ; Marc 5:1-20 ; Luc 8:26-39) : dans ces récits, les démons craignent d’être jetés dans l’abîme avant le temps fixé en Apocalypse 20. Le diable, quant à lui, redoute à juste titre de perdre toute influence sur les chrétiens qui se seront penchés sur son jugement et sur la destruction du monde dont il est le prince, et de les voir s’en séparer entièrement.
Pourtant, le fait même qu’une partie considérable de la parole de Dieu est consacrée aux prophéties montre bien toute l’importance que Dieu y attache pour ses enfants. Ne donne-t-il d’ailleurs pas des promesses spéciales à ceux qui les étudient (Apoc. 1:3 ; 22:7) ? Comment qualifier notre attitude, si nous ne manifestons pas le moindre intérêt lorsque Dieu, notre Père, nous invite à lui pour nous communiquer ses pensées ? Et lorsque nous entendons le Seigneur nous dire : «Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père» (Jean 15:15), comment oserions-nous ne pas écouter (Apoc. 1:1) !
Beaucoup de chrétiens savent de quoi ils sont sauvés, mais n’ont jamais compris pour quoi. Ils se contentent de l’assurance de leur salut en Christ. Ne devraient-ils pourtant pas aspirer à connaître toutes les bénédictions acquises par ce salut (Éph. 1:16-19) ? Ne nous bornons pas à nous savoir dans la maison du Père (Luc 15:22-24), mais jouissons aussi de tous les privilèges liés à cette glorieuse position. Dieu nous a appelés «par la gloire et par la vertu» (2 Pierre 1:3).
Dieu nous a donné pour avenir la gloire de Christ et de l’Assemblée, avenir qui repose entièrement et uniquement sur ses conseils. La considération d’une si glorieuse espérance suscite en nos cœurs des pensées propres à entretenir une profonde communion avec lui. C’est là certainement l’un des buts que Dieu désire poursuivre en nous par les prophéties. Il nous les a confiées comme à des amis, pour que nous partagions ses sentiments et ses pensées (Jean 15:15 ; Éph. 1:9 ; Gen. 18:17). Pouvait-il nous donner une preuve plus grande de son amour et de sa confiance ?
Le cœur de l’homme ne peut se passer, ne fût-ce qu’un seul instant, d’un objet qui l’occupe. Par ailleurs, on ne saurait se pencher sur la question de l’avenir, si son cœur n’y incline pas. Si donc nous n’avons pas devant les yeux l’objet que Dieu nous présente, nous nous occuperons de mille et une autres choses, suggérées par notre propre fantaisie et qui marqueront de leur empreinte toute notre marche. Il ne peut en être autrement. Quelqu’un aspire-t-il à l’honneur, au pouvoir, aux richesses ou aux plaisirs de ce monde, toute sa conduite s’en ressentira. Le chrétien dont le cœur est rempli des révélations divines, qui comprend l’appel de l’Assemblée à prendre part un jour à la gloire céleste, ne pourra vivre autrement qu’en pèlerin et étranger (Phil. 3:21 ; Col. 3:4 ; Luc 12:37 et 45). En revanche, le chrétien qui ne se préoccupe jamais de son avenir verra ses pensées se concentrer sur le temps présent et influencer sa vie tout entière. Il cherchera son bonheur dans le monde et dans les choses de la terre. Combien de chrétiens, jeunes et plus âgés, ont consacré toute leur énergie à améliorer ce monde, monde qui a pourtant déjà démontré son entière corruption par son rejet du Fils de Dieu. De telles personnes ne devraient-elles pas plutôt songer à gagner des âmes pour l’éternité ?
Un argument fréquemment utilisé par le méchant pour tenir les chrétiens à l’écart des prophéties est de prétendre que leur signification ne peut être connue qu’après leur accomplissement. Le véritable but des révélations prophétiques serait de prouver l’inspiration divine des Écritures, par le biais des prophéties déjà réalisées. Ces dernières remplissent certainement une telle fonction ; mais est-ce là vraiment leur but ? Quel profit aurait tiré Noé de la prophétie que Dieu détruirait les hommes de dessus la face de la terre, s’il avait cru devoir attendre sa réalisation pour la comprendre ? Il aurait alors péri dans le déluge et n’en aurait jamais vu le plein accomplissement. À quoi auraient servi les avertissements du Seigneur Jésus, si les hommes à qui ils étaient destinés n’avaient pas pu les comprendre ni croire en leur accomplissement assuré ? Leur compréhension et leur foi en ces prophéties non réalisées constituaient justement ce qui allait les distinguer des incrédules de leur peuple. Pierre décrit la parole prophétique comme «une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire» (2 Pierre 1:19), et ajoute que nous faisons bien d’y être attentifs. Quand donc faut-il lui accorder notre attention ? Lorsqu’elle est accomplie et que toute la lumière est faite ? Non, le sens de la prophétie est bien plutôt d’être une lampe pour le pied du pèlerin dans ce monde rempli de ténèbres. On n’allume pas une lampe pour vérifier si vraiment le soleil brille en plein jour !
Si nous offrons une telle réponse à la grâce infinie de Dieu, à qui nous devons ces communications confidentielles, où nous arrêterons-nous ! N’y a-t-il donc rien, dans toutes ses saintes révélations, qui soit destiné à l’Assemblée ? L’Assemblée a-t-elle encore besoin d’un témoignage à la véracité de la parole de Dieu ? Est-ce là une attitude convenable pour elle que de disputer si les déclarations de Dieu sont bien la vérité ? Quel mépris envers la bienveillance et la bonté de Dieu, si nous agissons ainsi à son égard !
Mais il y a plus. La majorité des prophéties, ou même dans un certain sens, leur totalité, ne trouveront leur accomplissement qu’après la présente dispensation. L’Assemblée ne sera plus sur la terre à ce moment, et la justesse des prophéties, alors démontrée, ne pourra plus servir à convaincre les hommes, puisque le jugement terrible qui tombera sur les incrédules constituera justement la preuve la plus éclatante de leur véracité.
Les prophéties nous sont données pour que nous réglions notre marche sur les voies du Seigneur ; elles sont également là pour notre encouragement, car elles nous montrent qu’en fin de compte, c’est bien Dieu, et non pas l’homme, qui dirige toute chose. La prophétie est une lumière qui brille dans les ténèbres. En elle, je reconnais la voix de Dieu ; en elle, je lis que tout est fixé à l’avance. Entièrement séparé des choses de ce monde, et sans avoir à me pencher sur l’agitation politique des grands de cette terre, il m’est maintenant déjà possible d’admirer la sagesse parfaite de Dieu. Pleinement averti, je peux donc suivre mon chemin sans être obligé de me fier à mon propre jugement. Je ne vois plus, dans les événements autour de moi, le résultat des passions humaines, mais le déroulement des conseils du Très-Haut. Les prophéties soulignent, tout particulièrement dans les événements du temps de la fin, les caractères que Dieu désire nous voir reconnaître en lui : sa fidélité, sa justice, sa puissance, sa patience. Mais elles nous révèlent également le jugement que Dieu exécutera sur toute iniquité, jugement déjà déterminé dans tous ses détails ; comment la terre sera purifiée de ceux qui la corrompent, pour qu’il puisse établir son règne de paix et de bénédiction. Le jugement de Dieu sur les peuples est certain ; l’Assemblée le sait. Elle en a reçu l’intelligence par l’enseignement du Saint Esprit ; elle y croit, et elle-même y échappera.
Un autre argument soulevé contre l’étude des prophéties est son caractère soi-disant spéculatif. On nous renvoie aux diverses thèses avancées par les Témoins de Jéhovah, les Mormons et les Adventistes. Nous devons reconnaître que les affirmations de ces personnes, résultant de préjugés et rarement fondées sur l’Écriture, induisent réellement en erreur. Pourtant, si des âmes égarées font parfois un mauvais usage des prophéties, ces dernières perdent-elles pour autant leur vérité intrinsèque ? Combien de discours fallacieux n’ont-ils pas déjà été tenus sur la doctrine de la réconciliation et sur l’œuvre du Seigneur Jésus ? Existe-t-il même un seul passage de la Bible qui n’ait pas encore été utilisé à mauvais escient ? Devons-nous pour cela mettre la Bible de côté ? La cause première de cet égarement au sujet de la prophétie, dans lequel tombent tant de gens influencés par des préjugés, ne réside-t-elle pas dans leur ignorance de la parole prophétique ? Je ne risque guère de me perdre dans ma ville natale, car j’en connais chaque coin et recoin ; une telle mésaventure en revanche pourrait fort bien m’arriver dans une ville inconnue. Si je considère l’avenir sans connaître, du moins de manière suffisante, les prophéties, tout me paraîtra flou ; je cours alors le risque de remplacer les éléments manquants par mes propres conjectures, et d’aboutir à des conceptions vraiment arbitraires, hasardeuses et fallacieuses.
Prenons par exemple la prophétie d’Ésaïe 11:9 : «car la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer». Tout chrétien se réjouit à la pensée de ce temps béni. Mais comment cette prédiction se réalisera-t-elle ? Si je me laisse aller en conjectures, je n’aurai en main que les hypothèses fort incertaines de mon propre cœur ignorant et corrompu par le péché. Si je laisse au contraire parler la parole de Dieu, le même chapitre 11 me donne la réponse divine à ma question.
Dieu ne nous a pas appelés à être des prophètes. La parole de Dieu est complète, nous n’avons donc pas de nouvelles révélations à attendre (Col. 1:25). C’est pourquoi, tout enseignement nouveau, qui n’est pas déjà compris dans les Écritures, n’est que fantaisie humaine, et n’a rien à voir avec une étude sérieuse, menée dans la prière et la simplicité, de tout ce que nous trouvons révélé dans le saint Livre.
Nous trouvons l’esprit dans lequel il convient d’étudier les prophéties clairement décrit dans le chapitre 6 d’Ésaïe, où nous voyons comment Dieu prépare son serviteur. Dieu forme là Ésaïe spécifiquement à sa tâche de prophète, mais la préparation reste fondamentalement toujours la même. Elle ne concerne pas notre intelligence, nos dispositions naturelles, ou notre capacité de discernement. Lorsque le maître est Dieu, et que les élèves sont des pécheurs sauvés par grâce, la préparation doit être morale et spirituelle. La prophétie n’est pas un domaine où s’exercent les facultés intellectuelles, où s’appliquent les considérations philosophiques. Elle s’adresse à la foi, pour être acceptée par celle-ci comme étant la parole de Dieu, en toute simplicité.
Ésaïe voit l’Éternel des armées et entend les séraphins crier l’un à l’autre : «Saint, saint, saint, est l’Éternel des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire !» Face à cette gloire, toute la splendeur et la beauté de la chair s’évanouissent, et Ésaïe prend conscience, au plus profond de lui-même, de son propre état de perdition comme de celui du peuple tout entier. Il s’écrie : «Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures, et je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées.» Telle est aussi l’expérience que nous avons à faire.
C’est alors qu’intervient la grâce. Elle sert Ésaïe, et lui dit que son iniquité est ôtée, et que propitiation est faite pour ses péchés. Lorsque notre cœur est non seulement brisé, mais aussi conscient de la grâce offerte, lorsque nous avons devant les yeux non seulement l’Éternel des armées sur le trône de gloire, mais le Seigneur sur le chemin de Golgotha, et que nous lisons dans son côté percé un plein pardon, notre cœur est alors libre, heureux dans l’amour de Dieu. Nous sommes prêts à étudier la parole prophétique. Nous voyons comment le jugement tombe sur différents peuples et personnages, et finalement sur les morts ; nous reconnaissons que telle aurait été notre part si la grâce n’était pas intervenue en notre faveur. Si nous entendons alors la voix du Seigneur nous demander : «Qui enverrai-je ?» nous répondrons : «Me voici, envoie-moi». Comment pourrions-nous, devant l’imminence du jugement sur ce monde, ne pas être prêts à communiquer plus loin le message de grâce que nous avons reçu ?
Lorsqu’on examine de plus près les prophéties, on peut être surpris de voir les différentes études qui leur sont consacrées aboutir à des conclusions si contradictoires. À titre d’exemple, mentionnons que la première bête d’Apocalypse 13, selon le professeur Greydanes dans Korte Verklaring (Courte explication), représente l’ensemble des autorités de toute l’histoire de l’humanité, vu comme une unité ; selon le Dr. J. Willemse dans Tehst en Uitleg (Texte et interprétation), elle serait une image de l’Antichrist. Les Adventistes, quant à eux, enseignent qu’il s’agit là de la papauté. Nous verrons dans un prochain chapitre que cette bête représente en réalité l’Empire romain.
Face à cette confusion, il nous faut tout d’abord remarquer que la compréhension des pensées de Dieu dans les prophéties n’est possible qu’à deux conditions : d’une part, que la parole de Dieu soit parfaite et complète ; d’autre part, que la clé pour l’interprétation nous soit donnée par Dieu lui-même.
La parole de Dieu est parfaite, nous en sommes convaincus. Cela signifie que rien n’y manque, et qu’elle contient tout ce qui est nécessaire à sa compréhension. Nous n’avons pas besoin des œuvres célèbres de l’Antiquité pour saisir la portée spirituelle du grand jour des propitiations (Lév. 16) ou des ustensiles du tabernacle (Ex. 25 à 40). Les épîtres, en particulier celle aux Hébreux, nous en donnent l’interprétation conforme aux pensées de Dieu. Il en va de même pour la prophétie. Elle contient la plénitude des pensées de Dieu au sujet des temps à venir, dans la mesure où il a jugé bon de nous les faire connaître. Aucune science humaine n’est indispensable pour pouvoir les comprendre ; bien au contraire, le recours à de telles sources risque fort d’en voiler la vraie signification. À vouloir l’expliquer à la lumière des livres d’histoire, ou l’harmoniser selon un système théologique élaboré par l’homme, combien de fois n’a-t-on pas tordu la prophétie, dans le passé et aujourd’hui encore. La seule démarche correcte est de rechercher la signification d’une prophétie dans la parole de Dieu elle-même. Si l’on désire néanmoins consulter les livres d’histoire, qu’on le fasse dans le seul but de les juger d’après ce que Dieu nous a communiqué dans ses révélations prophétiques.
Une telle appréciation ne sera toutefois possible que lorsqu’on aura étudié les prophéties à la lumière des explications données par Dieu lui-même. «Sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’écriture ne s’interprète elle-même. Car la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint» (2 Pierre 1:20, 21).
Il n’y a donc pas de prophétie qui s’explique par elle-même. Les prophètes étaient certes de «saints hommes de Dieu», mais ils n’étaient pas les auteurs à proprement parler de leurs révélations. Ils n’agissaient pas non plus de leur propre chef ; derrière eux se tenait un auteur unique, le Saint Esprit, qui les poussait à prophétiser. L’Écriture nous dit d’ailleurs que bien souvent, ces prophètes ne comprenaient pas la signification de leurs propres paroles (1 Pierre 1:10). Daniel reçut même l’injonction expresse de ne pas s’enquérir davantage à ce sujet, car ses prophéties ne lui étaient pas destinées (Dan. 12:8, 9).
Il s’avère donc que les prophéties ont toutes été données par l’Esprit Saint, et qu’ensemble elles forment la totalité des conseils que Dieu a voulu nous révéler. Si nous désirons faire des progrès dans la compréhension des pensées de Dieu, il ne nous suffit pas de considérer un seul texte — chapitre ou livre — puisque aucune prophétie ne s’interprète elle-même. Que penserions-nous d’une personne qui se vanterait de pouvoir prédire l’allure générale d’une maison à partir du croquis d’un seul élément de celle-ci ? Nous lui concéderions certes une brillante imagination, mais pas davantage. Seul l’architecte sait en effet comment il construira cette maison. Une fois qu’il aura couché ses pensées sur papier avec un plan de situation, les croquis nécessaires et une description détaillée de la construction, il sera possible de s’en faire une idée, à condition de bien considérer tous les dessins et d’être exercé par la pratique à les déchiffrer. Peut-on, avec une seule pièce de puzzle en main, se représenter l’image complète ? On arrivera tout au plus à en deviner le sujet. Combien de tentatives infructueuses lors de l’assemblage des pièces ! Toutefois, dès que l’on a saisi l’aspect général, le jeu devient relativement facile, et les pièces trouvent rapidement leur place.
Il en est de même avec la prophétie. Prises toutes ensemble, les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament nous permettent de découvrir les plans de Dieu pour l’avenir. Mais ce n’est que lorsque nous en connaissons les grandes lignes que nous pouvons les considérer dans le détail, les comparer entre elles et discerner comment chacune d’elles se relie à l’ensemble. Par la comparaison des différents passages, nous sommes amenés à comprendre les pensées de Dieu. Si tous les étudiants de la prophétie procédaient ainsi, il n’y aurait pas autant d’interprétations différentes.
Le lecteur se demande peut-être comment il peut connaître ces grandes lignes de la prophétie. Il n’y a rien de plus simple, puisque Dieu nous les donne de manière très claire dans sa Parole. «L’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus» (Apoc. 19:10) ; «recherchant quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre 1:11) ; «... nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu’il s’est proposé en lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre» (Éph. 1:9, 10) ; «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds» (Héb. 1:13) ; «ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds» (1 Cor. 15:24, 25).
Voilà le dessein de Dieu : glorifier le Seigneur Jésus, cette personne merveilleuse qui est devenue homme pour accomplir sa volonté (Héb. 10:7) ; celui qui, sur la terre, pouvait dire : «ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre» ; «moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 4:34 et 8:29). À la fin de sa vie ici-bas, alors qu’il se voyait en esprit déjà au-delà de la croix, Jésus pouvait dire : «Moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire» (Jean 17:4).
Qui peut mesurer la joie que Dieu trouve dans le Seigneur Jésus ? Quelle satisfaction il éprouve en celui qui avançait en faveur auprès de Dieu et des hommes (Luc 2:52), en celui sur lequel le ciel s’ouvrit, au début de son service, et duquel une voix venant du ciel pouvait déclarer : «Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir» (Luc 3:22) ! Quelle joie pour le Père de pouvoir dire de lui, à la fin de son chemin : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le» (Luc 9:35). Et d’entendre le Fils affirmer : «À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie» (Jean 10:17).
Quel prix pour Dieu de voir cet homme parfait s’avancer volontairement vers la croix pour le glorifier ! De le voir rendre ce qu’il n’avait pas ravi (Ps. 69:4) ! De le voir magnifier au suprême degré tout ce que Dieu est, sa justice, sa sainteté, son amour, cela même qu’Adam avait nié ! De le voir frappé et abandonné, lui l’innocent, à la place des pécheurs, parce que Dieu voulait sauver les hommes perdus (Ps. 22 ; Zach. 13:7 ; Rom. 5:8). Pouvons-nous saisir à quel point le cœur de Dieu désire glorifier une telle personne ?
Le Seigneur Jésus n’est-il pas le chef légitime de la création ? Le Créateur n’a-t-il pas tous les droits sur ce qu’il a créé ? Dieu ne l’a-t-il pas, comme Fils, établi héritier de toutes choses, et, comme Fils de l’homme, n’a-t-il pas également assujetti toutes choses sous ses pieds (Héb. 1:2 ; 2:6-9) ? Dans l’Apocalypse, nous lui découvrons encore une quatrième prérogative, celle qu’il détient comme Rédempteur (Apoc. 5:5). L’Agneau immolé a racheté l’héritage livré à Satan par Adam, qui avait fait ainsi du diable le prince de ce monde. Il a payé le prix de ce rachat par son propre sang ; il est le vrai rédempteur, à qui revient légitimement la lettre d’achat (Jér. 32:7-12).
On peut résumer le contenu de l’Apocalypse, et même de toute la prophétie, en cette petite phrase : le Père met le Fils en possession de l’héritage. Christ est le centre et l’objet de tous les conseils, de toutes les voies et de toutes les actions de Dieu. Les souffrances de Christ nous sont révélées, mais la manifestation de ses gloires est encore future pour le monde (1 Pierre 1:11). Ce dernier le vit pour la dernière fois lorsqu’il fut enlevé de la croix et déposé dans le tombeau. Pour lui qui l’a rejeté et mis à mort, la révélation de la gloire de Christ ne peut qu’être liée au jugement (1 Cor. 2:8).
Tant que le Seigneur marchait avec eux sur cette terre, les disciples ne pensaient qu’aux gloires du Seigneur (1 Pierre 1:11), et non à ses souffrances (Matt. 16:22). Ils croyaient que leur Maître allait chasser les Romains du pays, anéantir leurs ennemis, placer Israël à la tête des nations et établir son trône à Jérusalem. Certes, ces événements s’accompliront tous un jour. Les gloires annoncées par les prophètes viendront, mais les disciples avaient oublié qu’elles seraient précédées de souffrances. C’est pourquoi le Seigneur dut leur rappeler qu’il devrait souffrir et être mis à mort. Toutefois, pour qu’ils ne perdent pas foi dans les prophètes, Dieu leur donna une merveilleuse confirmation sur la montagne de la transfiguration.
Il est frappant de constater que les trois évangiles qui nous rapportent cette scène suivent le même ordre narratif (Matt. 17 ; Marc 9 ; Luc 9). Le Seigneur parle tout d’abord de ses souffrances, puis annonce à ses disciples qu’ils verront le Fils de l’homme venir dans son royaume. C’est à la suite de ces paroles qu’intervient
Cet événement n’est pas à proprement parler une révélation prophétique. Il se rapproche plutôt d’un tableau nous représentant de manière visuelle la gloire du royaume du Fils de l’homme, ainsi que les différents groupes qui y prendront part : en premier lieu le Seigneur, la Tête et le Centre de toutes les bénédictions et de toutes les gloires ; puis Moïse, image des saints endormis et ressuscités, et Élie, image des saints introduits dans le ciel sans passer par la mort (1 Cor. 15:51 ; 1 Thess. 4:17). Le dernier groupe sera constitué des croyants vivant encore sur la terre et pas encore glorifiés : le résidu fidèle d’Israël, représenté ici par les trois disciples.
Quelle impression cette scène n’a-t-elle pas laissée à Pierre ! Devenu fort âgé, il écrit que la parole prophétique s’en est trouvée affermie (2 Pierre 1:19). Oui, la gloire viendra, et le royaume du Fils de l’homme s’établira sur la terre. Jésus Christ couvrira de honte le royaume des ténèbres, jusqu’à ce qu’il ne soit plus (Dan. 7:13, 14 ; Matt. 24:30).
Satan a voulu détruire ce témoignage. Il a fait tuer Jacques, avant de chercher à enlever également la vie à Pierre (Actes 12). L’éclatante confirmation de la parole prophétique donnée sur la montagne aurait alors perdu son autorité, puisque toute parole doit être établie par la bouche de deux ou trois témoins.
Mais Dieu veille sur son témoignage. Pierre est libéré, et parle dans ses épîtres de la puissance, de la venue et de la gloire du Seigneur Jésus (1 Pierre 1:11 ; 2 Pierre 1:16). Quant à Jean, il nous donne dans l’Apocalypse une description détaillée de la venue en gloire du Seigneur pour établir son royaume.
Pierre ajoute à son récit une exhortation de grande importance : «vous faites bien d’être attentifs [à la parole prophétique], comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs» (2 Pierre 1:19). Ce monde est effectivement un lieu obscur (Rom. 13:12). La nuit était tombée lorsque Judas sortit pour trahir le Seigneur, et depuis le pouvoir des ténèbres règne (Jean 13:30 ; Luc 22:53). Lorsque l’Agneau fut immolé, le soleil «se coucha» (cf. Deut. 16:6). Une lumière brille pourtant dans ces ténèbres, et tout homme qui connaît les prophéties peut marcher à la lumière de cette lampe, au milieu d’un monde où règne l’injustice, d’un monde qui s’est soumis à la puissance de Satan, où l’on ne trouve que péché, inimitié contre Dieu et misère. La prophétie nous permet de reconnaître que Dieu est au-dessus de tout, et qu’il mettra fin aux ténèbres lorsqu’il se lèvera comme Soleil de justice, apportant à son peuple la guérison dans ses ailes (Mal. 4:2, 3). Quel terrible jugement cela signifiera cependant pour les impies ! La prophétie éclaire le chrétien et le sépare du monde (Apoc. 18:4), puisqu’elle témoigne du jugement réservé à ce dernier, et de la gloire du royaume à venir. Un chrétien qui connaît l’imminence du jugement peut-il alors s’engager dans le monde, ou même chercher à l’améliorer ?
Toutefois l’espérance du chrétien ne réside pas dans la prophétie elle-même. L’apôtre nous montre une attente plus élevée encore : «jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs».
Il n’y a pas de nuit dans le cœur d’un chrétien conscient de ses privilèges. Il est appelé des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu (1 Pierre 2:9). Ce qui autrefois était ténèbres, est maintenant lumière dans le Seigneur (Éph. 5:8). Et parce que le jour luit dans son cœur, l’étoile du matin s’y est aussi levée : le chrétien connaît le Seigneur Jésus non seulement comme le soleil de justice, mais aussi comme l’étoile brillante du matin, vue par ceux qui veillent avant le point du jour (Apoc. 2:28 ; 22:16, 17). Il n’attend pas seulement son apparition pour le jugement du monde, mais avant cela, sa venue pour enlever les siens de cette terre (Rom. 13:11, 12).
C’est pourquoi, lorsque l’épouse l’entend nommé «étoile du matin», son cœur tressaille, et elle s’écrie : «Viens ! » Sa part est d’être la femme de l’Agneau dans l’intimité de la maison du Père, bien que naturellement, elle participe également à la gloire du royaume puisqu’elle est unie au Seigneur Jésus (Apoc. 21:9 ; 22:5). En Luc nous voyons que la part de ceux qui veillent dans la nuit est la félicité de la maison. Il est là aussi fait mention de l’héritage, mais seulement en relation avec la responsabilité dans le service (Luc 12:36-48).
Le cœur qui connaît le Seigneur Jésus comme l’étoile brillante du matin, dans lequel la voix de l’Esprit et de l’épouse a réveillé le désir de sa venue, se détachera certainement du monde pour joindre sa voix à l’appel : «Viens, Seigneur Jésus ! » Il cherchera à utiliser le peu de temps qui lui reste pour amener des pécheurs à Jésus. Le Seigneur appelle : «Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie» (Apoc. 22:17). L’attrait qu’exerce le Seigneur comme étoile du matin produit en nous le même effet que la prophétie. Il nous détache du monde, et nous incite à chercher à gagner des âmes pour le Seigneur. «Et quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur» (1 Jean 3:3).
Il existe pourtant des croyants qui, au lieu de collaborer à rassembler des âmes autour du Christ exalté, s’efforcent d’améliorer le monde, ou leur position dans le monde. Est-ce là l’espérance d’un chrétien (Éph. 1:18) ? D’autres se réjouissent d’être avec Christ lorsqu’ils se seront endormis, et sans aucun doute, c’est là une certitude magnifique (Phil. 1:23). Mais si glorieux que soit cet état, il demeure encore imparfait. Seule leur âme sera là avec le Seigneur, non pas leur corps. Même si cette condition est infiniment plus glorieuse que celle qu’ils connaissent actuellement dans ce monde rempli de souffrances et de déceptions (Rom. 5:3), elle ne constitue cependant pas l’espérance que Dieu nous présente. L’espérance du chrétien n’est pas de mourir pour être avec Christ, mais de voir le Seigneur descendre du ciel pour enlever de cette terre tous ceux qui lui appartiennent — et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thess. 4:13-18).
Mais, remarquera peut-être un lecteur, cela ne fait aucune différence, puisque dans un cas comme dans l’autre, je serai heureux.
Certes, mais est-ce notre bonheur seul qui importe ? Ne devons-nous pas ce bonheur entièrement à l’œuvre de la croix ? Le sang de Christ nous a lavés de nos péchés et nous a faits rois et sacrificateurs pour Dieu (Apoc. 1:6), qui en Christ nous a scellés «du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire» (Éph. 1:13). Si nous avons été rendus libres, n’est-ce pas afin de nous occuper de ses pensées et de sa gloire ? Sur qui Dieu fait-il resplendir sa gloire ? Sur vous ou sur moi ? Dieu soit loué, le Seigneur Jésus seul en est digne. N’est-il pas bien meilleur de regarder à lui plutôt qu’à nous — en qui nous ne trouvons rien d’autre que faiblesse, suffisance et égocentrisme. Dieu ne nous a pas laissé le soin d’élaborer nous-mêmes notre espérance, pas plus qu’il ne nous a chargés de déterminer nous-mêmes l’objet de notre foi. Pour espérance comme pour objet de notre foi, il nous a donné Christ (Col. 1:27b).
On prétend fréquemment — et on pense plus souvent encore — que le pardon de nos péchés et notre salut éternel constituent l’essentiel des plans divins, tout le reste étant secondaire. C’est une erreur. La parole de Dieu nous dit qu’en lui «toute la plénitude s’est plu à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses (*) avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux» (Col. 1:19, 20). Dans l’éternité passée comme dans l’éternité future, le moment où le Sauveur mourut à Golgotha reste absolument unique.
(*) «Toutes choses» ne signifie pas «tous les êtres humains». La doctrine selon laquelle tous les hommes seront finalement sauvés est parfaitement contraire à l’enseignement de la parole de Dieu ; elle est une négation de la vérité divine.
Et pourtant, quel moment sera-ce également lorsque au nom de Jésus tout genou se ploiera et que toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2:10, 11), lorsque tous les êtres perdus, même le diable et ses anges, se prosterneront devant le Seigneur Jésus, lorsque le péché du monde sera ôté (Jean 1:29) et que la justice habitera sur la terre (2 Pierre 3:13), lorsque toutes choses seront réconciliées avec Dieu ! Mais la gloire de la croix, loin d’en être ternie, en sera au contraire rehaussée ; car c’est alors seulement que toute l’efficacité du sang précieux de l’Agneau immolé, ainsi que toutes les bénédictions qui en découlent, seront pleinement manifestées. Dieu a déjà reconnu la valeur de ce sang : Il a ressuscité son Fils d’entre les morts et l’a glorifié à sa droite (Apoc. 5:6-14 ; 1 Pierre 1:19-21). Par la foi, nous pouvons nous aussi le reconnaître dès maintenant et nous réjouir en l’efficacité de son sang (Apoc. 1:5). Mais le retour du Seigneur Jésus sera le premier événement par lequel Dieu révélera dans le ciel et sur la terre, dans tous les recoins de sa création, la puissance en réconciliation du sang de l’Agneau. Serait-ce vraiment là une question secondaire, un point accessoire ?
En 1 Corinthiens 10:32, la parole de Dieu répartit l’humanité en trois catégories : l’Assemblée de Dieu, les juifs et les Grecs. La dernière expression recouvre l’ensemble des hommes qui ne font partie ni du judaïsme, ni de l’Assemblée. Ailleurs, la Bible utilise fréquemment les termes «peuples» ou «nations» pour les désigner.
Cette répartition se retrouve dans les prophéties. Le peuple d’Israël y occupe la plus grande place, mais il est également fait mention des peuples et même, dans certains passages, de l’Assemblée. Nous allons considérer ces groupes l’un après l’autre et voir ce que Dieu a annoncé au sujet de leur avenir respectif.
Cette étude nous conduira à un merveilleux résultat, à savoir le plein déploiement de toutes les perfections de Dieu, perfections exprimées dans les noms sous lesquels il s’est révélé aux hommes. Dieu s’est fait connaître aux Juifs sous le nom de l’Éternel (Jéhovah) (Ex. 6:1-7). Dans les prophéties consacrées aux juifs, nous trouvons donc Dieu dans son caractère de «l’Éternel» ; nous y voyons sa fidélité, ainsi que tous ses attributs spécifiques à sa relation avec Israël. Le nom «l’Éternel» est en effet la marque distinctive de la relation entre Israël et Dieu. En conséquence, le Seigneur Jésus est présenté aux juifs comme le Messie, comme le centre des promesses et des bénédictions que Dieu, l’Éternel, leur avait données.
Les déclarations prophétiques au sujet de l’Assemblée nous révèlent quant à elles le nom du Père. L’Assemblée se trouve en effet en relation avec le Père. C’est pourquoi le Seigneur Jésus sous ce rapport nous est présenté comme le Fils de Dieu ; comme tel, il rassemble ses «plusieurs frères» autour de lui, et leur donne part à ses titres et à ses privilèges, c’est-à-dire être enfants de Dieu, membres de la famille de Dieu et cohéritiers avec Christ, le premier-né entre plusieurs frères. Dans ces bénédictions resplendit toute la gloire du Père.
Lors de la «plénitude des temps», période au terme de laquelle Dieu réunira en un toutes choses dans le Christ (Éph. 1:10), le nom sous lequel Dieu s’est révélé à Abraham, le père des croyants (Gen. 14:18-22), sera glorifié d’une manière parfaite ; ce nom est celui du Dieu Très-haut, possesseur du ciel et de la terre. C’est sous ce nom qu’il reçoit l’adoration de Melchisédec, un type du Sacrificateur royal qui sera le centre et le fondement de la bénédiction universelle dont jouira la terre unie au ciel (Héb. 7).
De nombreux chrétiens pensent que l’Assemblée est un prolongement d’Israël. S’ils veulent dire par là que l’Assemblée comme témoignage de Dieu a remplacé le peuple juif après son rejet, ils ont dans un certain sens raison. Le plus souvent cependant, ces croyants entendent par une telle expression que les Israélites appartiennent également à l’Assemblée. En effet, la pensée que l’Assemblée a commencé sur la terre avec Adam et qu’elle y subsistera jusqu’au jugement final est fort répandue. Cela signifierait que tous les croyants des temps passés et futurs en font partie. Tel n’est pourtant pas le cas, d’après les enseignements — très clairs — des Écritures.
Éphésiens 3:9-11 déclare expressément que l’Assemblée était un mystère caché dès les siècles en Dieu ; vérité que nous trouvons confirmée en Colossiens 1:24-27.
Colossiens 1:18 souligne que le Seigneur Jésus, comme premier-né d’entre les morts, est le commencement de l’Assemblée. Éphésiens 1:22 et 4:8-16 nous enseignent qu’il en est devenu le Chef après son ascension et que depuis lors il lui accorde des dons. Éphésiens 2:19-22 dit que le fondement de l’Assemblée a été posé par les apôtres et les prophètes ; or selon le chapitre 3, verset 5, il s’agit là des prophètes du Nouveau Testament. L’apôtre Paul affirme également, en 1 Corinthiens 3, avoir posé le fondement ; comme le précédent, ce passage atteste que le Seigneur Jésus est le commencement, c’est-à-dire le fondement ou la maîtresse pierre du coin.
1 Corinthiens 12:13 nous donne une indication de temps encore plus précise. Ce passage dit expressément que l’Assemblée a pris naissance par le baptême du Saint Esprit. Or Actes 1:5 ne laisse aucun doute quant à la date de cet événement : il eut lieu le jour de la Pentecôte, que nous décrit Actes 2. D’autres passages, comme 1 Corinthiens 3:16 et Éphésiens 2:21, 22, viennent appuyer cette vérité en déclarant que l’Assemblée est le temple du Saint Esprit et que celui-ci habite en elle. Cela n’était pas possible tant que le Saint Esprit n’était pas descendu sur la terre.
Les paroles mêmes du Seigneur Jésus prouvent d’ailleurs que l’Assemblée n’existait pas encore lorsqu’il marchait sur la terre. En Matthieu 16, il déclare qu’il bâtira son Assemblée. Si cette dernière avait déjà existé à ce moment-là, il aurait mis le verbe au présent ou au passé. Il dit cependant «je bâtirai», action qui ne peut être que future. L’Assemblée n’existait donc pas à ce moment-là.
Nous avons déjà relevé la différence entre Israël et l’Assemblée quant à leur relation respective avec Dieu. Dieu s’adressait à Israël en tant que l’Éternel ; l’Assemblée, elle, le connaît comme Père.
Il y a plus encore. Ce premier contraste indique simplement une différence de position ; mais les conséquences particulières qu’entraîne la position nous sont révélées clairement par de multiples détails. Nous allons considérer quelques-uns de ces points de plus près.
Tout d’abord, l’Écriture souligne que Dieu a parlé à Israël sur la terre, tandis que c’est du ciel qu’il s’est adressé à l’Assemblée (Héb. 12:25). Cette précision est révélatrice. Israël est un peuple qui appartient à cette terre ; il a donc une position terrestre. L’Assemblée est un peuple céleste ; elle appartient donc au ciel. Tout le reste découle de cette distinction fondamentale.
Israël reçut comme héritage et lieu d’habitation un pays terrestre. Dieu avait déjà promis ce pays à Abraham, Isaac et Jacob (Gen. 12:7 ; 15:7, 18 ; 17:8 ; 26:3 ; 28:13, etc.), et il avait réitéré sa promesse au peuple d’Israël (Ex. 6:7 ; 13:5 ; 15:17 ; Lév. 25:2, etc.). Quant à l’Assemblée, la Parole lui dit qu’elle possède un héritage qui est conservé pour elle dans les cieux (1 Pierre 1:4). Son appel est céleste (Phil. 3:14 ; Héb. 3:1) et sa bourgeoisie est dans les cieux. Plus encore, elle a déjà maintenant sa place dans les lieux célestes (Éph. 2:6).
Les bénédictions destinées à Israël sont toutes terrestres et liées au pays de Canaan. Il est frappant de constater qu’en Deutéronome 28 aucune bénédiction spirituelle n’est mentionnée. Les Israélites allaient être bénis «dans la ville» et «dans les champs». «Le fruit de ton ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de tes bêtes, les portées de ton gros bétail, et l’accroissement de ton menu bétail ; ta corbeille sera bénie, et ta huche... L’Éternel commandera à la bénédiction d’être avec toi, dans tes greniers et dans tout ce à quoi tu mettras ta main ; et il te bénira dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne» (Deut. 28:3-5 et 8).
En contraste, les bénédictions de l’Assemblée sont toutes spirituelles et situées dans les lieux célestes. Dieu «nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes» (Éph. 1:3).
Israël devait combattre sur la terre, en Palestine (Nomb. 13:29 ; 33:51-56). Le combat de l’Assemblée «n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» (Éph. 6:12).
Il ressort clairement de ces passages qu’Israël et l’Assemblée appartiennent à des dispensations totalement différentes. Nous devons par conséquent prendre garde de ne pas appliquer les prophéties concernant Israël à l’Assemblée, ou vice versa.
Nous avons déjà vu que l’Assemblée est un peuple céleste. Sa bourgeoisie est dans les cieux (Phil. 3:20). Son appel est céleste (Phil. 3:14 ; Héb. 3:1). Ses bénédictions sont spirituelles et se trouvent dans les lieux célestes (Éph. 1:3). En Christ, elle a déjà maintenant sa place dans les lieux célestes (Éph. 2:6). Sa lutte est contre les puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes (Éph. 6:12). Son héritage est conservé dans les cieux (1 Pierre 1:4). Elle-même constitue le corps de l’homme glorifié à la droite de Dieu (Éph. 1:20-23).
Peut-il donc y avoir un avenir pour l’Assemblée sur la terre ? Est-il pensable que le corps reste pour toujours sur la terre alors que la Tête se trouve dans le ciel ? Où est l’avenir de l’Assemblée, sinon dans le pays de sa bourgeoisie, là où le corps sera uni à la Tête de manière parfaite ? Nous sentons bien que l’avenir de l’Assemblée ne peut être que le ciel. Le témoignage irréfutable des Écritures le confirme. En Philippiens 3:20, le Saint Esprit, après avoir affirmé que notre bourgeoisie est dans les cieux, poursuit immédiatement : «d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire». L’apôtre Paul peut dire à la louange des Thessaloniciens qu’ils attendaient eux aussi le Fils de Dieu des cieux.
En 2 Corinthiens 5, le même apôtre affirme que le croyant désire «avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel». En Jean 14, le Seigneur lui-même déclare à ses disciples pour les consoler avant son départ : «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi». En Apocalypse 3:11 et 22:20, nous entendons à nouveau la voix du Seigneur en consolation : «Je viens bientôt», et les croyants répondent : «Amen, viens, Seigneur Jésus ! »
Non, l’Assemblée ne restera pas toujours sur la terre. Son ardent désir d’être avec son Époux dans la maison du Père sera enfin satisfait : le Seigneur Jésus viendra lui-même la chercher, «et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles» (1 Thess. 4:17, 18).
Nous trouvons une description détaillée à ce sujet en 1 Corinthiens 15:45-53, et 1 Thessaloniciens 4:13-18. Le premier passage nous enseigne que nous sommes déjà maintenant «célestes» et que bientôt nous porterons l’image du céleste (Christ). Toutefois, le sang et la chair ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu, pas plus que la corruption ne peut hériter de l’incorruptibilité. Ainsi nous ne pouvons, tels que nous sommes, revêtus de corps mortels, entrer dans le ciel. Devons-nous donc tous d’abord passer par la mort ? Non, répond l’apôtre : «Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés. » Dans l’épître aux Thessaloniciens, il ajoute que le Seigneur viendra lui-même accomplir cette transformation.
Une fois que les croyants endormis seront ressuscités et que les croyants encore vivants à ce moment-là seront changés, ils seront alors tous ravis ensemble dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air. «Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.»
Cette description est claire et sans équivoque. L’événement n’aura pas besoin d’une certaine période de préparation. Tout se passera en un laps de temps infiniment court, en un clin d’œil. À cet instant précis, l’Assemblée sera réunie au grand complet, car tous ceux qui auront cru depuis le jour de la Pentecôte seront présents ; ils s’en iront tous ensemble dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air. Comme jadis Rebecca rencontra Isaac en chemin, ainsi l’Église rencontrera son Époux, le Seigneur Jésus, en l’air, et sera introduite par lui dans la maison du Père.
Ne confondons pas cet événement avec ce qui nous est décrit en Apocalypse 1:7 ou Matthieu 24:30. Dans ces passages, le Seigneur Jésus, venant sur les nuées du ciel, descend sur la terre à la vue de tous les hommes. En 1 Thessaloniciens 4 au contraire, il ne descend pas sur la terre, mais nous venons à sa rencontre dans les nuées. Le monde ne verra rien de ce moment glorieux. L’instant où l’Époux rencontrera son épouse et l’introduira dans la gloire restera caché au monde.
Le Seigneur Jésus dit : «Je viens bientôt» (Apoc. 3:11 ; 22:20). Plus d’une épître de Paul nous rapporte que l’apôtre lui-même et les croyants de son temps l’attendaient chaque jour.
En 1 Thessaloniciens 1:3, Paul rend grâces pour la patience des Thessaloniciens dans l’espérance du Seigneur Jésus, et ajoute plus loin que même les païens savaient qu’ils attendaient le Fils de Dieu. En Philippiens 3:20, il écrit que les croyants attendent des cieux le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur. Les passages cités de 1 Corinthiens 15 et de 1 Thessaloniciens 4 laissent clairement entendre que l’apôtre s’attendait à ce qu’une partie des croyants auxquels il s’adressait seraient encore vivants à la venue du Seigneur. Tous ces exemples nous montrent bien qu’aucun événement, à la connaissance des premiers chrétiens, n’était encore nécessaire avant que le Seigneur ne recueille auprès de lui son Assemblée.
Les prophéties nous confirment cette pensée. Elles nous annoncent des centaines d’événements qui se dérouleront ici sur la terre. Nulle part cependant il n’est indiqué que l’un ou l’autre de ceux-ci doivent précéder l’enlèvement de l’Assemblée. Bien au contraire ! D’innombrables événements ne pourront survenir qu’une fois l’Assemblée au ciel. Prenons par exemple l’Apocalypse, seul livre du Nouveau Testament à se composer exclusivement de prophéties. Les subdivisions de ce livre, comme chacun le sait, nous sont données au chapitre 1, verset 19 :
1) les choses que tu as vues,
2) les choses qui sont,
3) et les choses qui doivent arriver après celles-ci.
L’expression «les choses que tu as vues» ne peut se rapporter qu’au premier chapitre, puisqu’il s’agit là d’un verbe au passé. L’Apocalypse elle-même nous précise les chapitres à regrouper sous le deuxième titre. Le début du chapitre 4, qui introduit la troisième subdivision, mentionne en effet expressément «les choses qui doivent arriver après celles-ci». Nous trouvons donc «les choses qui sont» dans les chapitres 2 et 3.
Avant que la troisième partie n’aborde les prophéties consacrées aux jugements qui tomberont sur cette terre, elle nous donne, dans les chapitres 4 et 5, une description de ce qui se passera au ciel pendant ce temps. Nous voyons des anciens. Ce ne sont pas des anges, mais des hommes rachetés, puisqu’ils chantent le cantique nouveau. Ces hommes sont toutefois glorifiés ; ils sont assis sur des trônes revêtus de vêtements blancs, et portent des couronnes d’or sur leurs têtes. La résurrection a donc déjà eu lieu, et l’Assemblée se trouve déjà dans la maison du Père.
Différents versets (Apoc. 7:13 ; 12:10 ; 14:3 ; 19:4, etc.) montrent clairement que cette scène et les jugements décrits dans l’Apocalypse se déroulent simultanément. Il ressort des passages cités, ainsi que du chapitre 19, que les anciens se trouvent bien au ciel pendant ce temps. Les noces de l’Agneau y sont célébrées, puis le Seigneur sort du ciel avec les siens et descend sur la terre (Apoc. 19:14 ; 1 Thess. 3:13). Les saints ne peuvent sortir avec lui du ciel que s’ils s’y sont trouvés auparavant. Par conséquent, tous les événements décrits après le cinquième chapitre de l’Apocalypse n’auront lieu qu’une fois l’Assemblée enlevée au ciel.
Non, rien de tout ce que la parole de Dieu nous annonce ne doit nécessairement survenir avant que le Seigneur Jésus nous enlève de cette terre. Nous pouvons donc librement diriger vers lui nos regards, l’appeler de nos vœux et attendre à chaque instant son retour.
«Or que le Seigneur incline vos cœurs à l’amour de Dieu et à la patience du Christ ! » (2 Thess. 3:5).
«Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. — Amen ; viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22:20).
Ésaïe 11 annonce un temps où «la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» ; une merveilleuse consolation pour tous ceux qui voient l’incrédulité et l’apostasie régner partout sur la terre. Mais comment une telle situation pourra-t-elle bien se produire ?
D’aucuns croient trouver dans ce passage la preuve que l’évangile finira par remporter la victoire sur le péché et les puissances des ténèbres. D’après eux, l’évangile de la grâce sera prêché partout avant que le Seigneur revienne, de sorte que le monde entier se convertira à Dieu. C’est ainsi que naîtra un monde réellement chrétien et soumis à Dieu.
Un examen attentif des Écritures nous révèle cependant un tout autre processus. Le monde n’apprendra pas la justice par la prédication de l’évangile. «Car, lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice. Si l’on use de grâce envers le méchant, il n’apprend pas la justice ; dans le pays de la droiture il fait le mal, et il ne voit pas la majesté de l’Éternel» (És. 26:9, 10). Ésaïe 11:4, 5 le confirme : «Et il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité, la ceinture de ses flancs. » Voilà comment s’établira l’état béni décrit plus haut.
Le Nouveau Testament également enseigne expressément que l’évangile ne réformera pas le monde. Au contraire, le mal se répandra de plus en plus, pour atteindre son point culminant dans l’apostasie et dans la révolte ouverte contre Dieu. L’effroyable dans tout cela, c’est que cette rébellion ne soulèvera pas seulement le monde impie : même le monde christianisé tombera dans la grande apostasie.
Matthieu 13 nous présente l’histoire prophétique de ce royaume dans sa forme cachée : non pas sous la forme que les prophètes de l’Ancien Testament ont annoncée et contemplée dans leurs visions, mais sous celle qu’il a revêtue à la suite du rejet du Roi. Cette forme demeure depuis le jour de la Pentecôte jusqu’au moment où le Seigneur descendra sur cette terre pour établir son royaume en puissance et en gloire. Pendant cette période, le royaume est caractérisé par l’absence du Roi. En effet, après avoir été rejeté et mis à mort par son peuple, le Roi siège actuellement sur le trône de Son Père au ciel, et non sur son trône terrestre.
Les quatre premières paraboles dépeignent l’aspect extérieur du royaume. Dans la première, le Seigneur nous montre que tous ne retiennent pas l’évangile dans un cœur honnête et bon (Luc 8:15) ; beaucoup n’y adhèrent qu’en apparence. Dans la deuxième parabole, nous voyons que le royaume a certes bien commencé, mais que très vite l’ennemi a semé de l’ivraie parmi le froment. Le Seigneur lui-même identifie le froment comme «les fils du royaume», et l’ivraie comme «les fils du méchant». Les incrédules devaient ainsi rester parmi les croyants et leur ressembler extérieurement — l’ivraie étant une mauvaise herbe très semblable au blé. Cet état subsiste jusqu’au temps de la moisson, jusqu’à ce que l’ivraie comme le froment parviennent à maturité. Alors seulement la mauvaise herbe est arrachée par le jugement. Le temps de la moisson correspond à la consommation du siècle (v. 39), c’est-à-dire à la fin de la présente économie.
La troisième parabole nous prédit que le royaume deviendra une grande puissance terrestre (voir Daniel 4), et cela en contradiction avec sa nature originelle (un grain de moutarde). Tant que durera le rejet du Roi, cette puissance dominera sur la terre. Les oiseaux nicheront dans ses branches (Apoc. 18:2), et des doctrines impures prendront racine en elle.
La quatrième parabole nous en présente la corruption intérieure. La farine, pure à l’origine, est totalement corrompue par le levain que la femme y a caché. Ainsi, fausses doctrines et corruption morale sont introduites dans le royaume (Matt. 16:12 ; 1 Cor. 5) et finissent par l’imprégner complètement.
Nous trouvons la même évolution dans les épîtres. Si le commencement a été magnifique, le mal est apparu très vite. Les apôtres ne laissent non plus aucun doute sur son expansion continuelle. «Or l’Esprit dit expressément qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée» (1 Tim. 4:1, 2). «Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance» (2 Tim. 3:1-5). Les mêmes traits caractéristiques sont énumérés en Romains 1 pour souligner la profonde déchéance des païens. Ici pourtant, il s’agit bien de la chrétienté, de ceux qui se nomment chrétiens, et qui ont la «forme de la piété».
«Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ;... ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables» (2 Tim. 4:3, 4). Dans le même chapitre, l’apôtre déplore que tous l’aient abandonné, comme déjà au chapitre premier, il avait mentionné que tous ceux qui étaient en Asie s’étaient détournés de lui. Ces passages ne nous rappellent-ils pas l’avertissement donné en Actes 20:29, 30 ?
Dieu a permis que la mauvaise herbe apparaisse déjà durant la vie des apôtres pour que nous puissions recevoir ses instructions divines à ce sujet et savoir ainsi comment nous comporter dans le temps du déclin.
«Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu» (1 Pierre 4:17). «Il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition» (2 Pierre 2:1).
Selon Jean, la dernière heure sera caractérisée par la venue de l’Antichrist, et non par une recrudescence de foi, ou par la propagation de l’évangile dans le monde entier (1 Jean 2:18).
Jude décrit trois formes d’apostasie : l’apostasie naturelle, représentée en Caïn ; l’apostasie spirituelle, représentée en Balaam (la prédication de doctrines perverses à des fins intéressées) ; et finalement la révolte contre les droits sacerdotaux et royaux du Seigneur, représentée dans la rébellion de Coré contre Aaron et Moïse.
Cette apostasie recevra la sentence qu’elle mérite lorsque le Seigneur viendra du ciel pour exécuter les jugements.
C’est donc bien le mal, et non l’évangile, qui parviendra à unir le monde entier sous une même égide : «Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, comme des grenouilles ; car ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s’en vont vers les rois de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-puissant» (Apoc. 16:13, 14).
Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse nous offrent une vision prophétique de l’histoire de l’Église. Cette dernière y est décrite, non pas telle que l’homme la perçoit et la juge, mais telle que la voit celui qui a les yeux comme des flammes de feu. Nous reviendrons sur ce point dans un autre chapitre.
La déchéance morale de l’Église, ainsi que les causes de sa corruption, sont clairement détaillées dans ces chapitres. À Éphèse (les temps apostoliques), tout semble encore en ordre ; et pourtant, le premier amour s’est déjà éteint.
À l’assemblée de Smyrne (deuxième et troisième siècles), aucun reproche n’est adressé. Le feu de la persécution maintient les cœurs étroitement unis au Seigneur.
Après que Constantin eut embrassé la foi chrétienne et l’eut promue au rang de religion d’État (Pergame), la position de l’Assemblée change radicalement. Elle ne chemine plus dans le monde qui a rejeté et crucifié son Seigneur comme un pèlerin affligé, en butte aux souffrances. Elle habite désormais là où se dresse le trône de Satan. Elle a trouvé son repos dans le lieu même où le diable domine.
Cette évolution se poursuit avec Thyatire (la papauté). Thyatire a pris une position dominante sur la terre. Elle prétend à la souveraineté sur le monde. La fornication (association avec le monde) et l’idolâtrie caractérisent à présent l’Assemblée. Le Seigneur doit lui ôter sa lampe. Thyatire cependant subsistera jusqu’au-delà de la venue du Seigneur pour être jugée.
Avec Sardes (le protestantisme), nous avons un nouveau départ, sans les grossières erreurs de Rome. Pourtant, la vie y est absente ; seul le nom de vivre s’y trouve. Le Seigneur doit agir à l’égard de Sardes comme à l’égard du monde, puisqu’elle s’est conformée à lui (1 Thess. 5:1-5).
Philadelphie figure le grand travail accompli par le Saint Esprit au siècle passé. Des milliers de chrétiens quittèrent les églises nationales protestantes sans vie pour revenir à la Parole et au nom du Seigneur Jésus — un réveil magnifique.
Il fut malheureusement de courte durée. Nous voyons en Laodicée ce qui est advenu de Philadelphie bien qu’un petit résidu philadelphien doive demeurer jusqu’au retour du Seigneur. À Laodicée, le Seigneur se trouve dehors, devant la porte. Son autorité n’est plus reconnue. Et pourtant, chacun pense que tout va pour le mieux ! On est «riche», on s’est «enrichi», on n’a besoin de rien.
Telle est l’histoire de l’Église aux yeux du Seigneur. Constatons qu’aux jours de la fin, les quatre dernières assemblées subsistent :
· Thyatire, l’église catholique romaine,
· Sardes, les églises nationales protestantes,
· Philadelphie, le faible résidu,
· et Laodicée, la chrétienté attiédie des églises libres ou autres communautés qui ne font pas partie des deux premières églises.
Nous vivons dans les derniers jours. Bientôt le Seigneur Jésus viendra pour enlever son épouse de cette terre, comme nous l’avons vu au chapitre précédent. Il prendra à lui tous les vrais croyants du milieu de ces quatre églises, et il ne restera ici-bas que la chrétienté professante sans la vie de Dieu.
Nous retrouvons cette chrétienté professante en Apocalypse 17, dans l’image de la grande prostituée. Celle-ci revêt les caractères de la femme Jésabel (Apoc. 2:18, 19), et Apocalypse 17:9 fait à son propos une allusion très claire à Rome.
La similitude entre les premiers versets du chapitre 17 et les versets 9 et suivants du chapitre 21 est frappante. Les deux passages sont introduits pratiquement par les mêmes mots. Les chapitres 17 et 18 dépeignent la fausse épouse, la grande prostituée, sous la forme d’une ville. Après l’exécution des jugements, la Parole nous présente alors la vraie épouse, la femme de l’Agneau, en recourant là aussi à l’image d’une ville.
Que la grande prostituée représente la chrétienté professante tout entière est évident ; elle revêt cependant plus particulièrement les traits de Thyatire. C’est bien Rome qui se trouvera à sa tête.
La prostituée prend sur la terre une position dominante. Elle est revêtue de pourpre et d’écarlate, ruisselle d’or, de pierres précieuses et de perles : une dignité tout impériale, le meilleur de ce que le monde peut offrir. En apparence, elle porte la même parure que l’épouse (Apoc. 21:18-21) — mais la coupe dans sa main est pleine d’abominations et déborde des impuretés de sa fornication.
Ézéchiel 16:25-29 et 36 nous montre que dans la Bible, la fornication est une image du mélange et de la communion avec le monde, et l’abomination, une image de l’idolâtrie.
La grande prostituée siège sur une bête écarlate, image de l’Empire romain reconstitué (Apoc. 17:7, 8 et 11-13). L’influence de Rome ne cessera de croître pour finalement dominer toute l’Europe occidentale. Mais il ne s’agira que d’un christianisme sans Christ, d’une religion sans Dieu.
Au point culminant de sa puissance, elle sera détruite. Dieu suscitera une même volonté dans le cœur de tous les chefs politiques de l’Europe occidentale, volonté mue par une haine unanime contre la tyrannie de Rome : ils «haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu ; car Dieu a mis dans leurs cœurs d’exécuter sa pensée, et d’exécuter une seule et même pensée» (Apoc. 17:16, 17). Le chapitre 18 nous décrit en détail le jugement qui tombera sur elle et les conséquences qui en résulteront pour le monde.
La prostituée doit donc être jugée avant que les noces de l’Agneau soient célébrées dans le ciel.
Lecteur, à qui appartenez-vous ? Faites-vous partie de l’épouse ? Avez-vous reçu la vie de Dieu après avoir reconnu d’un cœur vrai vos péchés devant lui et avoir cru en la personne et en l’œuvre du Seigneur Jésus ?
Ou vous en tenez-vous à un christianisme de pure forme, sans véritable contenu ? Une forme conférée par votre éducation, qui vous semble confortable par la force de l’habitude ? Alors le jugement d’Apocalypse 18 vous est aussi réservé.
Que Dieu vous accorde de vous convertir aujourd’hui encore. Voici, c’est maintenant le jour du salut, maintenant le temps agréable.
Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse exposent l’histoire de l’Assemblée d’un point de vue prophétique. L’Assemblée n’est pas présentée dans ces chapitres sous son caractère de corps de Christ, c’est-à-dire composée uniquement de vrais croyants, mais comme entité responsable de constituer le témoignage de Dieu sur la terre. Elle est représentée sous la forme de sept lampes d’or, et non pas sous la forme d’un chandelier à sept branches comme dans le tabernacle ; l’accent est en effet mis sur la responsabilité particulière de chaque assemblée de répandre la lumière.
La structure du livre de l’Apocalypse est bien connue, puisqu’elle nous est donnée par la parole de Dieu elle-même, au verset 19 du premier chapitre :
a) les choses que tu as vues, c’est-à-dire le Seigneur Jésus sous son caractère de juge ;
b) les choses qui sont ;
c) les choses qui doivent arriver après celles-ci.
La troisième partie commence au chapitre 4, verset 1, comme le texte l’indique lui-même. La deuxième — les choses qui sont — est donc constituée par les deuxième et troisième chapitres.
Au chapitre 4, nous voyons les croyants glorifiés dans le ciel. Ils ne sont pas simplement endormis : ils sont ressuscités et glorifiés, puisqu’ils sont revêtus de vêtements blancs et portent des couronnes d’or.
En effet, nous ne recevrons pas de couronne à notre mort, mais après notre résurrection. Du reste, en Apocalypse 6:9, la Parole parle «d’âmes» pour désigner le groupe de personnes décrit dans ce verset.
Nous avons par conséquent en Apocalypse 2 et 3 une description de l’état actuel de l’Assemblée, depuis les temps apostoliques jusqu’à l’enlèvement des croyants. Les observations suivantes nous le confirment :
1) L’Apocalypse entière se constitue de prophéties, y compris les chapitres 2 et 3 (cf. 1:3).
2) Les différentes lettres ne devaient pas être envoyées à l’assemblée concernée seulement ; chaque assemblée devait en recevoir la totalité (cf. 1:11). À la fin de chaque lettre, celui qui a des oreilles est exhorté à écouter ce que dit l’Esprit aux assemblées, et non pas seulement ce qui est dit à l’assemblée particulière.
3) Le chiffre sept est caractéristique du livre de l’Apocalypse. Nous y trouvons sept assemblées, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, sept Esprits de Dieu, etc. Le nombre sept est le symbole bien connu de la perfection spirituelle, en particulier de la perfection de tout ce que Dieu opère. C’est en sept jours que Dieu a tout créé, et tout était très bon (Gen. 2:2). Dans l’Apocalypse, nous avons donc affaire à l’Assemblée comme entité responsable certes, mais vue comme l’œuvre de Dieu.
4) Les sept lettres suivent à l’évidence un plan précis ; elles nous décrivent la progression de la déchéance dans son ordre moral.
5) Dieu nous donne à plusieurs reprises dans l’Écriture un panorama prophétique d’une certaine dispensation en sept tableaux, par exemple en Lévitique 23 et en Matthieu 13.
On peut classer les sept lettres en deux groupes. Dans les trois premières, l’injonction : «Que celui qui a des oreilles écoute» précède les promesses données au vainqueur. Dans les quatre dernières, cet ordre est inversé. Il semble que le Seigneur n’escompte plus une restauration globale de l’Assemblée, et ne s’attend plus désormais à trouver une oreille attentive sinon parmi les vainqueurs.
Dans les quatre dernières lettres, le Seigneur mentionne son retour, ce qui nous permet de conclure que les conditions qu’elles décrivent subsisteront jusqu’à sa deuxième venue. Dans toutes les lettres cependant, le Seigneur se présente sous un caractère qui correspond à la situation particulière de l’assemblée en question.
Nous avons là le début de l’histoire de l’Église. En apparence, tout est encore en ordre. Quelle série de points positifs le Seigneur ne relève-t-il pas ! Mais ses yeux, qui sont comme une flamme de feu, décèlent déjà les premiers signes du déclin : «mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour». C’est là l’origine de tout éloignement. Même si les habitudes sont encore intactes, le cœur n’est plus attaché à lui de la même manière. De plus, les œuvres des Nicolaïtes se manifestent déjà.
Cette lettre nous présente les grandes persécutions menées aux deuxième et troisième siècles par les empereurs romains. «Vous aurez une tribulation de dix jours.» Comme chacun le sait, il y eut dix persécutions, dont la dernière dura exactement dix ans. Dieu permit de telles souffrances pour ramener à lui le cœur de l’assemblée.
À ce point, les circonstances ont déjà bien changé. L’Assemblée n’est plus une étrangère sur la terre ; bien au contraire, elle a désormais un lieu de domicile fixe, non pas dans le désert, mais «là où est le trône de Satan». Elle a cherché refuge dans le monde, dans le lieu même où le prince et dieu de ce monde a dressé son trône. Constantin le Grand, en embrassant le christianisme, l’a promu au rang de religion d’État au prix de sa liberté. L’Assemblée est désormais liée au monde ; celui-ci la tient en son pouvoir et contrôle même les domaines touchant sa foi. Elle n’est plus l’«ekklésia», «celle qui a été appelée en dehors», mais elle est devenue une église nationale, avec quelques croyants disséminés ici et là.
Désormais, nous ne trouvons plus seulement les œuvres des Nicolaïtes, mais ces dernières se sont érigées en doctrine, en dogmes. Le verset 14 nous en décrit les conséquences. Nicolaos signifie «vainqueur, ou dominateur, du peuple». Du mot «laos», «peuple», est dérivé le mot français «laïque». Nous avons donc ici l’origine de la distinction tout à fait antibiblique entre laïques et ecclésiastiques. La doctrine de Balaam avait consisté à donner un conseil de perdition à des fins intéressées ; ce conseil devait entraîner Israël à renoncer à sa position de peuple mis à part, pour manger des mets sacrifiés aux idoles et s’adonner à la fornication, en communion avec les Moabites.
Thyatire représente le système corrompu duquel est issue la papauté. Jésabel caractérise désormais l’assemblée. Elle-même se nomme prophétesse. Elle enseigne et exige la reconnaissance absolue de ses doctrines, car elle se prétend investie d’une autorité infaillible. Pourtant, selon 1 Timothée 2:12, une femme n’a pas le droit d’enseigner.
Dans l’Écriture, l’Assemblée est toujours représentée comme une femme, jamais comme un homme. L’homme, c’est Christ, et c’est de lui seul que procède la Parole !
À Thyatire, l’Assemblée prend donc la place qui revient exclusivement au Seigneur. Elle utilise cette position pour poursuivre l’œuvre de Balaam. L’œuvre de Jésabel consiste en effet à mettre le peuple de Dieu en relation avec le monde et à l’entraîner à l’idolâtrie.
Les deux grandes caractéristiques du christianisme sont les suivantes :
1) d’une part un Seigneur, rejeté par le monde, qui siège désormais sur le trône de Dieu, en attendant que Dieu ait mis ses ennemis pour marchepied de ses pieds (voir Éph. 1:21-23) ;
2) d’autre part, la présence sur la terre de Dieu le Saint Esprit, envoyé par le Fils pour y être son représentant (Jean 16:7).
Ces deux réalités ont été reniées par l’assemblée. Alors que Christ, mis à mort par le monde, est absent, et pendant que le diable est présent ici-bas, elle a pris une position dominante sur la terre. Elle s’est arrogé le droit de revêtir l’autorité suprême.
Puis son chef s’est également donné le titre de vicaire du Christ, et a usurpé l’autorité et les droits du divin représentant du Seigneur Jésus.
La manière dont le Seigneur se présente dans cette lettre n’est-elle pas significative ? «Voici ce que dit le Fils de Dieu» ! Qu’y a-t-il de plus frappant dans la doctrine catholique, si ce n’est le fait qu’elle réduit Jésus Christ au rang de fils de Marie ? Elle place Marie au-dessus de lui. Si elle le reconnaît bien comme Fils de Dieu, ce n’est que pour glorifier davantage Marie : elle serait la «mère de Dieu» et la «reine du ciel».
À ce stade, la corruption est déjà trop étendue : le Seigneur ne peut plus attendre aucun retour de l’ensemble. Mais bien que le Seigneur retire sa lampe de son lieu parce qu’il ne peut plus la reconnaître comme témoignage, Thyatire subsistera jusqu’à sa venue. Nous la retrouvons en Apocalypse 17.
Nous avons avec Sardes un nouveau commencement. On ne trouve plus les grands péchés de Thyatire. Il n’est plus question de prétention à l’infaillibilité, de doctrine perverse, de persécution des saints, d’aspiration à la suprématie mondiale. Le mal est ici d’ordre négatif : la vie est tout simplement absente.
Lors de la Réformation, Dieu ouvrit les yeux des hommes sur l’état corrompu de l’église catholique. Par son action bénie, il établit un nouveau témoignage, qui n’avait aucune part aux abominations de la papauté. Mais ces chrétiens ne gardèrent pas ce que Dieu leur avait donné.
La Réformation était à l’origine un acte de foi, mais l’élément politique s’y mêla très vite.
La férule inflexible de Rome avait suscité bien du mécontentement ; c’est pourquoi beaucoup utilisèrent la Réforme comme un moyen politique pour lutter contre le pape. Combien il fut difficile de refuser l’aide offerte par les princes, les politiciens et les soldats ! Un refus aurait signifié s’exposer plus longtemps encore à la persécution de Rome. On accepta donc l’aide des puissants de ce monde, et l’on se retrouva sous leur tutelle. Ainsi naquirent les églises nationales protestantes. Ce n’était plus l’assemblée de Dieu, mais un monde christianisé, avec quelques chrétiens disséminés çà et là. L’église ne dominait plus le monde, contrairement à l’église romaine, mais s’appuyait sur lui ; elle lui était donc assujettie désormais. «Tu as le nom de vivre, et tu es mort. » Quelle valeur peut avoir une confession de foi de la plus pure orthodoxie si la vie de Dieu est absente ?
Le Seigneur ne peut plus reconnaître Sardes comme le témoignage ; néanmoins, celle-ci demeurera elle aussi jusqu’à son retour (Apoc. 3:3 ; 1 Thess. 5:2).
Un double attachement caractérise Philadelphie : à la parole de Dieu d’une part, et au nom du Seigneur d’autre part. N’est-ce pas justement là ce qui a caractérisé le puissant réveil que le Saint Esprit a opéré après les guerres napoléoniennes ? Dans tous les pays, dans toutes les églises nationales, la vie a jailli à nouveau dans les ossements desséchés de la chrétienté. L’Esprit de Dieu a poussé les croyants ainsi réveillés à quitter les grandes églises étatiques, et à revenir à la parole de Dieu et au nom du Seigneur Jésus.
Certes, ils n’ont pas tous complètement rompu avec les institutions et les systèmes humains, ni tous eu connaissance des pensées de Dieu dans la même mesure. Mais n’y avait-il pas un désir général d’agir en accord avec les principes divins, selon la lumière reçue ? Notre cœur est tout réchauffé à la pensée de ces hommes qui se sont consacrés entièrement au service de Dieu, qui ont sondé sa Parole pour en recevoir sagesse et connaissance, et qui ont marché alors avec lui, animés d’une foi inébranlable, dans un chemin inconnu ?
Nous trouvons l’appréciation du Seigneur sur ce réveil en Apocalypse 3:7-13. Les lettres à Smyrne et à Philadelphie sont les seules à ne contenir aucun reproche de sa part. Il se présente à ces deux assemblées dans l’essence même de sa personne, et donne de précieuses promesses aux vainqueurs.
Mais là comme partout ailleurs, l’homme a tout gâté. Philadelphie subsistera certes jusqu’au retour du Seigneur, et sera enlevée à lui par sa puissance, mais elle ne constituera plus alors qu’un faible petit résidu. La grande majorité des Philadelphiens n’ont en effet pas vaincu ni tenu ferme ce qu’ils avaient. De Philadelphie est donc issue
Quel changement ! «Je connais tes œuvres, — que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche.» Laodicée se trouve partout où l’on s’est arrogé la grâce et attribué présomptueusement la position de chrétien, où le vocabulaire chrétien est devenu coutumier, où la position ecclésiastique est en apparence correcte, sans que tout cela exerce une influence quelconque sur l’âme.
Ne trouvons-nous pas dans cette église issue de Philadelphie une description frappante de notre état actuel ?
La connaissance abonde, ainsi que les belles paroles, et les brillantes professions de foi sont tenues en grande estime. Les cercles missionnaires, les sociétés bibliques, les écoles confessionnelles, et que sais-je encore, foisonnent.
Je suis certes loin de condamner tout cela. Mais où sont restées les affections du cœur ? Où est la foi puissante de nos pères ? Qu’est-il advenu de la soumission à la parole de Dieu jusque dans les plus infimes détails de la vie quotidienne ? Où trouve-t-on encore des cœurs disposés à porter l’opprobre pour le nom de Jésus, pour le nom de celui que le monde a crucifié ?
Ne sommes-nous pas tièdes et mondains ? Notre vie tranquille, le bien-être économique, ne nous ont-ils pas rendus craintifs face à la souffrance, et avides de plaisirs ?
Le Seigneur Jésus, le Témoin fidèle et véritable, se trouve-t-il encore réellement au centre de notre vie d’assemblée ?
Dans combien d’églises libres reconnaît-on encore pratiquement l’autorité de la parole de Dieu quant à l’organisation de la communauté et au service ? La plupart ne considèrent-elles pas comme un honneur de posséder une liturgie qui soit la plus officielle possible ?
Quelle importance n’attachent-elles pas à être reconnues par les «grandes églises» et les autorités ! Le Seigneur Jésus peut-il encore se trouver réellement là où sa Parole et son nom n’ont plus d’autorité dans la pratique ?
Et qu’en est-il de ceux qui professent être réunis à son seul nom autour de sa Parole ? Cette profession correspond-elle à la réalité ? Sommes-nous conscients d’être assemblés à son seul nom ? Sa Parole constitue-t-elle réellement la seule autorité pour nous ? Et cela nous suffit-il vraiment ? Ou le Seigneur doit-il aussi nous dire : «Voici, je me tiens à la porte et je frappe» ? Notre Seigneur recherche la vérité dans le cœur. Les simples formes n’ont aucune valeur pour lui !
Nous sommes remplis de honte quand nous considérons ce que nous avons fait du témoignage qu’il nous a confié. Que Dieu nous donne un esprit brisé, un cœur brisé et humilié (Ps. 51:17), afin que nous nous humiliions devant lui et reconnaissions de manière sincère notre culpabilité.
Dans quelques passages de l’Écriture, Dieu est nommé «le Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre», et en Apocalypse 11:4, «le Seigneur de la terre».
Bien que Dieu exerce ses droits sur la terre tout entière, il y a pourtant un pays qu’il désigne plus spécialement comme le sien et qui jouit d’une position particulière. Ce pays est la Palestine. En Lévitique 25:23, Dieu déclare à son sujet : «Le pays est à moi».
Ce pays est appelé «le pays de beauté» en Daniel 11:41, et le «centre du pays», ou «nombril de la terre» en Ézéchiel 38:12.
Sur la terre se trouve également un peuple qui occupe une position particulière, que Dieu nomme «son peuple» (Deut. 7:6-8). «Je vous prendrai pour être mon peuple» (Ex. 6:7). Lorsqu’il le mentionne au Pharaon, Dieu dit expressément : «Laisse aller mon peuple, pour qu’ils me servent dans le désert» (Ex. 7:16). Il s’agit du peuple d’Israël.
Dieu a lié ce peuple et ce pays l’un à l’autre. «Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne... le pays est à moi ; car vous, vous êtes chez moi comme des étrangers et comme des hôtes» (Lév. 25:2 et 23). Tous deux sont en relation étroite avec les conseils de Dieu concernant cette terre.
Dieu déclare au sujet du pays : «... un pays dont l’Éternel, ton Dieu, a soin, sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année» (Deut. 11:12), et au sujet du peuple : «l’Éternel vous a aimés» (Deut. 7:8), et «ils sont bien-aimés à cause des pères» (Rom. 11:28).
C’est dans ce pays, au milieu de ce peuple, que se trouve Jérusalem, la ville bien-aimée, la ville du grand roi, le «lieu que l’Éternel, votre Dieu, choisira pour y faire habiter son nom» (Deut. 12:11 ; voir 1 Rois 11:36). C’est là qu’était établi le trône de l’Éternel (1 Chron. 19:23), là que Dieu suscita ses prophètes et fit mettre sa Parole par écrit, là enfin que le Fils de Dieu — Dieu manifesté en chair (1 Tim. 3:16) — vint sur la terre, vécut et marcha parmi ce peuple. «Car il est évident que notre Seigneur a surgi de Juda» (Héb. 7:14). C’est là aussi qu’il fut crucifié et qu’il accomplit l’œuvre de la réconciliation, seule base sur laquelle Dieu peut entrer en relation avec le pécheur, et sur laquelle toutes choses peuvent être réconciliées avec lui. C’est là encore qu’il ressuscita, de là qu’il monta au ciel. C’est également l’endroit où naquit l’Assemblée de Dieu. Finalement, c’est le lieu où le Seigneur Jésus reviendra lorsqu’il redescendra du ciel pour juger ses ennemis (Actes 1:1 ; Zach. 14:3, 4). C’est de Jérusalem qu’il régnera sur la terre en jugement et en justice (És. 9:7 ; 11:1-10), faisant d’Israël le centre et le canal de bénédiction pour le monde.
De fait, Israël et la Palestine sont les clés de la crise mondiale. C’est là que tous les problèmes trouveront leur solution — non pas en Russie, ni en Amérique, ni en Europe occidentale, mais bien en Palestine. La parole de Dieu va même jusqu’à affirmer en Deutéronome 32:8 que Dieu a établi les frontières des peuples selon le nombre des fils d’Israël. Israël se trouve au centre des voies divines à l’égard de cette terre ; il est par conséquent le plus important de tous les peuples.
Pourquoi donc Dieu a-t-il conféré à ce peuple une telle position ? Non pas, comme certains blasphémateurs l’ont prétendu, que Dieu serait du côté du peuple qui possède le plus grand nombre de canons !
«Ce n’est pas parce que vous étiez plus nombreux que tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis ; car vous êtes le plus petit de tous les peuples ; mais parce que l’Éternel vous a aimés et parce qu’il garde le serment qu’il a juré à vos pères» (Deut. 7:7, 8). Avant même qu’Abram, le père d’Israël, soit né, Dieu avait disposé les nations de la terre autour de la Palestine en fonction du nombre d’un peuple qui n’existait pas encore et qui ne prendrait possession de ce pays que bien des siècles plus tard (Gen. 10:25 ; Deut. 32:8).
Les bénédictions d’Israël se fondent exclusivement sur la puissance de Dieu et sur ses promesses.
Romains 11:29 déclare que «les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir». C’est un passage fréquemment cité, que nous appliquons aussi à nous-mêmes avec raison, puisqu’il s’agit là d’un principe divin.
Mais que ceux qui nient tout avenir à Israël veuillent bien remarquer que ces paroles concernent en premier lieu les promesses données à ce peuple.
Par une telle affirmation, l’apôtre ne voulait pas dire que des individus parmi les juifs pourraient encore se convertir après la mise de côté de leur peuple en tant que tel. Personne n’en a jamais douté. Les milliers de juifs convertis au christianisme, en Palestine comme partout ailleurs, même à Rome, en donnent la preuve éclatante. Paul n’était-il pas lui-même juif ?
Non, l’apôtre utilise ce principe reconnu de tous pour prouver que le peuple d’Israël n’est pas rejeté pour toujours. Momentanément, il a été mis de côté, et le salut est parvenu aux nations (Rom. 11:11). Dieu s’est servi de cette circonstance pour les exciter à jalousie. Une fois la plénitude des nations entrée, «tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété» ; «Dieu n’a point rejeté son peuple» (Rom. 11:26 et 2).
Émerveillé alors par la considération des voies de Dieu, Paul éclate en louange dans les derniers versets de notre chapitre : «O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! »
Pour bien nous convaincre que tant la mise de côté actuelle d’Israël que son rétablissement futur concordent parfaitement avec les promesses de Dieu, nous allons examiner ces dernières d’un peu plus près. Le retour de nombreux juifs en Palestine et la reconstitution de la nation juive remontent à 1948, mais ces événements ont eu lieu dans l’incrédulité ; ils correspondent à la scène des ossements rassemblés, mais encore sans souffle, décrite en Ézéchiel 37.
Une distinction claire est faite entre la position de l’homme avant et après le déluge. Avant ce cataclysme, il existait déjà un peuple de Dieu, mais nulle part nous ne le voyons recevoir d’injonctions précises à se séparer du monde. Par ailleurs, l’autorité de Dieu ne s’était pas encore manifestée en jugement sur le mal.
Après le déluge, une terre nouvelle apparaît, et Dieu confie à Noé la responsabilité d’exercer l’autorité, afin que le mal soit contenu. «Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé» (Gen. 9:6).
Hélas, Noé manque à son tour, tout comme l’humanité n’a cessé de le faire après lui. À cause de son ébriété, il perd la considération de celui à qui elle est le plus nécessaire : son fils.
Puis Satan sut très vite séduire les hommes et les conduire à commettre un péché jamais mentionné avant le déluge : l’idolâtrie (Jos. 24:2). Il devint ainsi le dieu de ce monde, puisque l’idolâtrie n’est en réalité rien d’autre que le culte des démons (1 Cor. 10:20).
Dieu appelle alors Abram à quitter son pays, sa parenté et la maison de son père pour se rendre dans le pays qu’il lui montrera. Nous avons là un nouveau commencement.
Aucune responsabilité n’est confiée à Abram ; Dieu l’appelle tel qu’il est hors du milieu où il se trouve, pour qu’il vienne à lui et soit séparé pour lui. Voilà la grâce. Les promesses que Dieu lui donne correspondent d’ailleurs à cette grâce : pas une seule condition n’est posée à leur accomplissement.
En Genèse 12:7, Dieu déclare à Abram : «Je donnerai ce pays à ta semence», et lui répète, après sa séparation d’avec Lot : «Lève tes yeux, et regarde, du lieu où tu es, vers le nord, et vers le midi, et vers l’orient, et vers l’occident ; car tout le pays que tu vois, je te le donnerai, et à ta semence, pour toujours» (Gen. 13:14, 15). Il lui définit plus loin avec exactitude les frontières de ce pays : «Je donne ce pays à ta semence, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate...» (Gen. 15:18).
Ces promesses sont confirmées expressément à Isaac et à Jacob en Genèse 26:3 et 28:13, là encore sans aucune condition. Dieu a donc donné à Abraham, Isaac et Jacob la promesse inconditionnelle que leur semence posséderait pour l’éternité la Palestine, délimitée selon les frontières établies en Genèse 15.
Lorsque plus tard le peuple se trouve oppressé en Égypte, et que Dieu entend son cri, il se souvient de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. «Et Dieu regarda les fils d’Israël, et Dieu connut leur état» (Ex. 2:25). Dans sa bonté et sa grâce, Dieu les délivre du pays de l’esclavage et supporte avec une patience infinie tous leurs murmures et leurs plaintes. Il leur donne la manne du ciel pour nourriture, l’eau du rocher et la victoire sur leurs ennemis (Ex. 15 et 17).
En Exode 19, les principes de l’alliance de Noé se trouvent associés aux principes de l’alliance d’Abraham. Il s’agit toujours de promesses de la bonté de Dieu, mais liées cette fois-ci à des conditions. La loi exprime à quelles conditions la souveraineté de Dieu sera réalisée.
Le peuple se place volontairement sous la loi. Mais, avant même qu’il ait reçu cette dernière, il l’a déjà transgressée. Moïse, dans son rôle d’intermédiaire, ne peut détourner le jugement qu’en rappelant à Dieu les promesses données à Abraham, Isaac et Jacob (Ex. 33:13).
Nous retrouvons les mêmes principes dans le Deutéronome chaque fois qu’il est question de l’alliance. De grandes bénédictions sont promises aux fils d’Israël, mais sous la condition de leur obéissance. Faute de respecter cette condition, ils perdraient toutes ces bénédictions et tomberaient sous le jugement de Dieu. Telle est la base sur laquelle le peuple d’Israël entre dans le pays promis pour le prendre en possession.
Nous connaissons bien l’histoire du peuple dans le pays promis. Loin d’être obéissants, les fils d’Israël tournent le dos à Dieu et transgressent tous ses commandements. La sacrificature se corrompt avec Éli (1 Sam. 2 et 4). Lorsque Dieu leur donne un prophète (d’après Actes 3:24, Samuel était le premier des prophètes), le peuple réclame un roi et par là rejette pratiquement la royauté de Dieu (1 Sam. 8:7). Lorsque après la faillite de Saül, le roi selon la chair, Dieu fait oindre roi David, l’homme selon son cœur, ses descendants se corrompent eux aussi, de sorte que le peuple tout entier devient l’esclave de l’idolâtrie la plus abjecte. Dieu ne peut désormais qu’agir selon les exigences de sa souveraineté et doit faire venir sur le peuple toutes les malédictions dont il les avait menacés en cas de désobéissance. Les dix tribus sont les premières à connaître l’exil, suivies plus tard des deux dernières. Et lorsque, par la grâce de Dieu, un résidu des deux tribus est ramené de Babylone, il doit lui-même les chasser à nouveau du pays : ils avaient rejeté même leur Messie, le Fils de Dieu. Dieu agit ainsi selon les conditions qu’il avait posées à ses promesses dans l’Exode et le Deutéronome.
L’infidélité du peuple peut-elle vraiment annuler les promesses inconditionnelles que Dieu a données à Abraham, Isaac et Jacob ?
«Les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» nous affirme l’apôtre en Romains 11:29. Quel bonheur ! Quelle certitude aurions-nous de l’accomplissement des promesses de Dieu à notre égard, s’il rétractait ses promesses inconditionnelles envers Israël ?
Devrions-nous douter de l’immutabilité de Dieu quant à ses engagements ?
Non, les promesses de Dieu données à Abraham, Isaac et Jacob s’accompliront certainement ! Israël possédera le pays pour l’éternité, et tel qu’il a été délimité en Genèse 15 : du Nil jusqu’à l’Euphrate.
Des centaines de passages de la Bible confirment prophétiquement cette dernière déclaration. Malheureusement, pris dans l’un ou l’autre des systèmes théologiques, on leur a souvent enlevé leur portée réelle. On a tenté de les appliquer au retour de la captivité babylonienne, ou même à la première venue du Seigneur Jésus sur la terre. C’est pourquoi nous allons nous pencher de plus près sur certains passages, qui montrent à l’évidence qu’il ne peut en être ainsi. Mais pour cela, il nous faut tenir compte des points suivants :
1) Quand il est question du retour de Juda (les deux tribus) et d’Israël ou d’Éphraïm (les dix tribus), il s’agit nécessairement (abstraction faite du retour partiel de Juda déjà réalisé) d’un événement futur, puisque les dix tribus ne sont aujourd’hui toujours pas revenues de la captivité où les avait emmenées Shalmanéser (2 Rois 17). Le retour de Babylone n’a concerné qu’un petit résidu des deux tribus.
2) Les passages qui affirment que le peuple sera non seulement rétabli, mais également régénéré, ne peuvent en aucune manière s’appliquer au retour de l’exil babylonien. À ce moment-là, le peuple n’était pas encore régénéré.
3) Il en est de même des versets qui nous parlent des victoires décisives remportées par Israël et de la soumission de ses ennemis. Après la captivité babylonienne, le peuple s’est trouvé en tout temps (jusqu’en 1948) sous la domination de peuples étrangers.
4) Toutes les déclarations selon lesquelles le peuple ne tombera plus dans le péché et n’abandonnera plus Dieu se rapportent nécessairement à un temps futur également. N’est-ce pas justement après le retour de Babylone qu’Israël s’est rendu coupable du plus grand des péchés en rejetant et en mettant à mort le Messie ?
5) Lorsque la délivrance d’Israël est mise en relation avec la venue du Seigneur, il ne peut s’agir que de son retour. Lors de sa première venue, le peuple comme tel n’a pas été libéré. Au contraire, il a été déporté peu de temps après par les Romains.
6) La promesse qu’Israël demeurera pour toujours dans le pays ne peut concerner que l’avenir.
Personne n’ignore que ce peuple n’a pas habité son pays pendant les mille neuf cent dernières années — du moins jusqu’en 1948.
7) Les prophéties données par les prophètes après le retour de Babylone ne peuvent en aucune façon se rapporter à ce retour.
Si nous appliquons ces différents points aux passages mentionnés ci-après, aucun doute ne peut encore subsister quant au caractère futur des événements qu’ils décrivent, ni donc quant au fait qu’Israël — exception faite, bien entendu, du retour partiel des deux tribus qui a déjà eu lieu — doit encore réintégrer la Palestine.
Les passages auxquels nous pensons sont les suivants : Ésaïe 11 ; 14:1, 2 ; 18 ; Jérémie 3:17, 18 ; 31:27-40 ; 33:14-16 ; Ézéchiel 34:13, 14 et 23-31 ; 36:6-12 et 22-38 ; 37, particulièrement à partir du v. 21 ; 38:8, 11, 16 ; 39:25-29 ; Osée 3:4, 5 ; Joël 3:1, 2 et 16-21 ; Amos 9:14, 15 ; Michée 4:1-8 ; Sophonie 3:12-20 ; Zacharie 9:9-13 ; 10:6-12 ; 12:9-14 ; 14.
Prenons par exemple Ésaïe 11. Tous s’accordent à reconnaître qu’il est question dans ce chapitre du Messie. Juifs et chrétiens sont unanimes là-dessus.
Peut-on cependant appliquer les versets 4 et suivants au temps où nous vivons ? 2 Thessaloniciens 2:8 nous montre bien que tout cela est encore à venir. Qui oserait prétendre qu’aujourd’hui la terre est remplie de la connaissance de l’Éternel ? «En ce jour-là» en effet, le Seigneur rassemblera le résidu de son peuple, les exilés d’Israël et les dispersés de Juda, des quatre bouts de la terre. D’autres événements importants sont également énumérés, qui ne sont pas davantage réalisés jusqu’à présent.
En Jérémie 3:17, 18, nous voyons le trône de l’Éternel établi à Jérusalem et toutes les nations rassemblées autour de lui. Les dix tribus se trouvent également dans le pays avec les deux tribus. Un tel passage ne peut concerner qu’un temps à venir, puisque aucune de ces trois choses ne s’est réalisée depuis que Jérémie les a annoncées.
Zacharie 9:9 se trouve cité aussi bien en Matthieu 21 qu’en Jean 12, mais chaque fois les mots «il est juste et ayant le salut» sont omis. En effet, le Seigneur n’était pas venu alors comme Sauveur de Jérusalem et de la fille de Sion. Un jour pourtant, il établira sa domination «d’une mer à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre» (Zach. 9:10). Sion verra ses prisonniers délivrés à cause du sang de l’alliance (v. 11), et ses ennemis détruits.
En Zacharie 14:3 et 4, nous voyons le Seigneur se tenir sur la montagne des Oliviers pour combattre ses ennemis. En ce jour-là, l’Éternel sera roi sur toute la terre. «Et on y habitera, et il n’y aura plus d’anathème ; et Jérusalem habitera en sécurité» (Zach. 14:11).
Tous les passages mentionnés ici, parmi des dizaines d’autres, confirment que Dieu accomplira ses promesses envers Abraham, Isaac et Jacob. Israël habitera le pays et y jouira des bénédictions de l’Éternel.
Une telle perspective soulève plusieurs questions.
La parole de Dieu donne une réponse claire sur ces deux points. Lorsque Nebucadnetsar déporta les deux tribus à Babylone, Jérémie prophétisa que Dieu ferait venir le jugement sur Babylone soixante-dix années plus tard, et qu’il ramènerait alors le peuple dans le pays (Jér. 25:12 ; 29:10).
Daniel, qui avait étudié les livres prophétiques, connaissait bien cette prophétie. Lorsque Darius anéantit la puissance de Babylone (Dan. 5:25 à 6:1), il se prosterne devant Dieu et implore sa grâce en se référant à cette parole de Jérémie (Dan. 9). Il n’évoque pas les promesses données à Abraham, ne remontant dans sa prière qu’à Moïse et à la loi. La réponse divine, en conformité avec la prophétie, mentionne de riches bénédictions, mais décrit également en détail les jugements qui allaient tomber sur les deux tribus en conséquence de leur infidélité.
Le verset 24 de Daniel 9 précise qu’il est question dans ces prophéties du peuple et de la sainte ville de Daniel, c’est-à-dire de Juda et de Jérusalem ; les versets 2, 7, 16, 18 et 19 ne laissent aucun doute à ce sujet.
Soixante-dix semaines ont été déterminées «pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité». Une justice éternelle sera alors établie, la vision et le prophète seront scellés, et le saint des saints sera oint.
Il est bien évident que cette prophétie n’a pas encore trouvé son accomplissement. Jérusalem et Juda pèchent toujours, et leurs iniquités demeurent jusqu’à présent sans propitiation. Point de justice éternelle chez eux ; les prophéties ne sont pas encore scellées (c’est-à-dire, pas encore confirmées, réalisées), et le saint des saints n’a pas encore reçu l’onction.
Mais il est tout aussi clair que la réalisation de ce verset signifiera une pleine bénédiction pour Jérusalem et pour le peuple.
Il nous faut donc déterminer en premier lieu à quel moment les soixante-dix semaines ont débuté et quand elles prendront fin.
Le verset 25 répond à cette question : «depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem». Si nous ne prenons que le premier verbe en considération, plusieurs interprétations sont possibles. Il pourrait s’agir du retour effectué sous Zorobabel (Esdras 2), ou de celui qui eut lieu sous Esdras (Esdras 7), ou encore sous Néhémie (Néh. 2).
Tous les doutes tombent si nous tenons compte des deux indications données. En effet, dans les premiers cas envisagés, il n’est jamais question de la construction de la ville, mais du temple uniquement (Esdras 1 et 7). Bien plus, lorsque les ennemis du peuple accusent à tort les juifs de rebâtir la ville, le roi ordonne aussitôt de les faire cesser (Esdras 4:17-24).
Au chapitre 2 de son livre, Néhémie au contraire reçoit, à sa demande, la mission expresse de reconstruire la ville. C’est donc à ce moment-là que commence le compte des soixante-dix semaines, c’est-à-dire en l’année 445 av. J. C. comme on l’admet généralement.
Il est évident que les semaines de Daniel 9 ne sont pas des semaines de sept jours. Il nous faut donc rechercher quel laps de temps est sous-entendu dans le mot «semaine».
Un autre passage de l’Écriture, Lévitique 25:8, mentionne le cas d’une semaine qui ne se constitue pas de sept jours. Il est indiqué de manière implicite qu’il s’agit là d’une semaine de sept années, correspondant à l’espace de temps écoulé d’une année sabbatique à l’autre. Ce passage est étroitement lié à Daniel 9, puisqu’il est annoncé en Lévitique 26:34 et 35 qu’Israël serait chassé du pays s’il n’observait pas ces sabbats d’années. 2 Chroniques 36:21 fait d’ailleurs une relation directe entre cette menace d’exil, la captivité babylonienne et la prophétie de Jérémie, selon laquelle cette captivité durerait soixante-dix ans.
Après ces soixante-dix années de captivité, que les Israélites durent subir pour avoir manqué d’observer les sabbats d’années prescrits en Lévitique 25, Daniel intercède donc auprès de Dieu pour l’avenir de son peuple et de sa ville. Dieu lui répond que la pleine bénédiction leur sera accordée, non pas à la suite de ces soixante-dix années, mais après soixante-dix semaines. On en déduit sans hésitation possible qu’il doit s’agir ici de semaines d’années.
D’autres preuves viennent supporter cette conclusion. En Daniel 9:27, la dernière semaine est divisée en deux moitiés. De nombreux passages de la Bible parlent de la deuxième moitié de cette semaine, et certains en donnent même la durée exacte (voir Dan. 7:25 et 12:7 ; Apoc. 11:1-3 ; 12:6 et 14 ; 13:5). Il est question d’un temps, et des temps et une moitié de temps, de mille deux cent soixante jours, ou encore de quarante-deux mois. Une semaine se constitue donc de sept années de trois cent soixante jours.
Les versets 25 et 26 de Daniel 9 le confirment également. Il y est annoncé qu’il s’écoulerait soixante-neuf semaines jusqu’au Messie, le prince, c’est-à-dire quatre cent quatre-vingt-trois années.
Il est généralement admis dans l’histoire profane que le début de ces semaines correspond à l’an 445 av. J. C. Si nous ajoutons à ces quatre cent quarante-cinq années celles vécues par le Seigneur sur la terre, que nous comptons trois cent soixante jours par année, nous parvenons à peu près à quatre cent quatre-vingt-trois ans. Faute de connaître la date du début et de la fin de ces soixante-neuf semaines au mois et au jour près, il ne nous est bien sûr pas possible de faire un calcul absolument précis.
Nous avons vu qu’il s’est écoulé soixante-neuf semaines «jusqu’au Messie, le prince». Qu’en est-il donc de la dernière semaine ? Si elle avait immédiatement suivi les soixante-neuf premières, elle serait passée depuis longtemps déjà ; ce qui ne peut être le cas, puisque Juda et Jérusalem n’ont pas encore reçu les bénédictions promises au verset 24.
En outre, le verset 27 annonce qu’il «confirmera une alliance avec la multitude pour une semaine». De qui s’agit-il ici ? Est-ce du Seigneur Jésus, comme tant de gens le pensent, qui conclurait une nouvelle alliance avec le peuple d’Israël ? Mais alors, son alliance éternelle ne serait conclue que pour sept années, et cela dans une période qui précède les temps de bénédictions décrits au verset 24. Quelle pensée erronée !
Il ne s’agit donc pas ici du Seigneur Jésus. L’identité du personnage en question ressort néanmoins clairement du contexte. Au verset 26, il nous est d’abord dit que le Messie «sera retranché», puis que la ville et le lieu saint seront détruits par le peuple du prince qui viendra.
Nous savons bien quel est ce peuple. Le Seigneur en avait parlé à l’avance, et l’histoire nous l’apprend également : ce sont les Romains.
Un prince romain, qui n’était pas encore là lors de la destruction de Jérusalem, doit donc conclure une alliance avec les juifs pour la dernière des soixante-dix semaines. La suite du verset nous permet de déduire que cet événement aura lieu dans les derniers jours, lorsque les juifs habiteront de nouveau à Jérusalem et auront rétabli le service du temple. Ésaïe 28 mentionne également cette alliance, et la qualifie d’«alliance avec la mort». Cette expression deviendra facile à comprendre lorsque nous apprendrons à connaître au cours des prochains chapitres le caractère de ce prince impie, chef de l’Empire romain reconstitué.
Les soixante-dix semaines constituent donc bien une unité en soi, mais une unité sujette à interruption. L’Écriture elle-même divise cette période en sept semaines, soixante-deux semaines et une semaine. Soixante-neuf semaines s’écoulèrent, puis le Seigneur Jésus vint accomplir la soixante-dixième semaine, dans le but d’introduire les temps de bénédiction. Mais son peuple le rejeta au milieu de la semaine ; il fut crucifié après trois ans et demi. Conformément à la prière de Daniel, qui se fondait sur les promesses données à Moïse, promesses liées à une responsabilité, ce fut le jugement, et non pas la bénédiction, qui tomba alors sur le peuple.
Pour la foi, la première moitié de la soixante dixième semaine est donc déjà accomplie. En accord avec cela, nous ne trouvons dans les évangiles et dans l’Apocalypse que des indications de temps relatives à la deuxième moitié de cette semaine d’années.
Pour Israël cependant, qui dans son incrédulité exclut les années de service du Seigneur de ses comptes, la soixante-dixième semaine n’est pas encore entamée. La multitude, c’est-à-dire la grande masse du peuple juif, conclura donc dans les derniers jours une alliance avec l’empereur romain impie pour une durée de sept ans.
Il ressort de toutes ces considérations qu’à ce moment-là, le peuple habitera en Palestine, qu’il aura rétabli le rituel juif à Jérusalem, mais qu’il sera encore en majeure partie incrédule.
Ézéchiel 37 brosse un tableau saisissant à ce sujet. Sous les yeux du prophète, d’innombrables ossements desséchés gisent sur la plaine. Le verset 11 nous révèle ce qu’ils représentent : «Ces os sont toute la maison d’Israël. Voici, ils disent : Nos os sont desséchés, et notre attente a péri ; nous sommes retranchés ! »
Qu’il s’agisse bien ici du peuple dans son ensemble et non pas de personnes décédées, ressort clairement du verset : les morts ne parlent pas.
Dieu le confirme d’ailleurs expressément aux versets 12 et 13. Il ouvrira les sépulcres des juifs, c’est-à-dire les différents lieux où ils se trouveront à ce moment-là, loin de leur pays — pour les ramener dans la terre d’Israël. Alors ils sauront que c’est l’Éternel «qui a parlé et qui l’a fait».
Les premiers versets du chapitre nous montrent que cette restauration ne s’effectue pas en une seule étape. Nous voyons tout d’abord les ossements se rapprocher, puis se recouvrir de nerfs, de chair et de peau. Mais le souffle leur fait encore défaut.
Il n’y a donc de prime abord que des ossements desséchés, absolument sans vie. Celui qui possède la vie de Dieu aujourd’hui n’appartient pas à Israël, mais à l’Assemblée de Dieu. Puis l’Éternel agit dans ces os par son Esprit pour qu’ils se réunissent et forment à nouveau un peuple. L’absence de souffle montre cependant que l’État juif se reconstitue dans l’incrédulité. Nous voyons cette prophétie déjà partiellement réalisée depuis 1948. Plus tard, l’Esprit de Dieu opérera de nouveau avec puissance, de sorte que les juifs recevront la vie.
Les points suivants établissent de façon tout à fait claire que ces versets d’Ézéchiel 37 ne se rapportent pas au retour de Babylone :
1) Le prophète parle au verset 10 d’une «immense armée». Cette expression n’est guère applicable aux quarante-trois mille personnes revenues de l’exil, et cela d’autant moins si l’on considère ce qu’était une grande armée à l’époque : en 1 Chroniques 21, nous voyons que David pouvait disposer d’une armée d’un million et demi de soldats, sans compter les hommes de Lévi et de Benjamin. 2 Chroniques 13 rapporte que l’un des conflits entre Juda et Israël amena 1,2 million d’hommes sur le champ de bataille, et que du seul côté d’Israël, il tomba ce jour-là cinq cent mille soldats. 2 Chroniques 14 décrit comment Zérach, l’Éthiopien, fit une incursion contre Juda à la tête d’une armée d’un million d’hommes, et 2 Chroniques 17:14-19 recense plus de 1,2 million d’hommes de guerre pour la seule tribu de Juda.
2) Le peuple tout entier reçoit ici le souffle de vie, ce qui ne peut se rapporter au retour de Babylone. Reportez-vous par exemple à Malachie.
3) Les versets 16 à 22 annoncent que désormais Juda et Éphraïm constituent non plus deux royaumes, mais une seule nation. Cette réunification ne peut être que future, puisque aujourd’hui encore Éphraïm (les dix tribus) n’est pas revenu en Israël (voir aussi Ézéchiel 20).
4) «Ils habiteront dans le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob... à toujours ; et David mon serviteur sera leur prince à toujours» (v. 25). Nous savons cependant que les juifs furent à nouveau chassés de leur pays par les Romains.
5) L’Éternel fera avec eux une alliance éternelle, et son sanctuaire sera au milieu d’eux à toujours (v. 26 et 28).
Jérémie 16 nous l’apprend. Après avoir chassé les fils d’Israël à cause de leurs péchés, Dieu les ramènera dans leur terre. Pour ce faire, il utilisera aussi bien des pêcheurs, qui les attireront en Palestine, que des chasseurs qui les débusqueront de leurs cachettes, même de leurs retraites les plus sûres. Cette prophétie est d’ailleurs déjà partiellement réalisée. Le peuple sera pourtant encore incrédule. Loin de se confier en l’Éternel, il cherchera de l’aide auprès de nations puissantes. Ésaïe 18 nous décrit le pays qui collaborera le plus à leur retour. Il s’agit d’un pays situé au-delà des fleuves de Cush, c’est-à-dire du Nil et de l’Euphrate.
En accord avec les indications données en Genèse 18:7-13, on peut voir sur toute carte politique ancienne que les fils de Cush se sont établis sur les territoires localisés entre ces deux fleuves, ainsi que sur leurs rives. C’est là précisément que vivaient les ennemis d’Israël.
Le pays susmentionné, qu’Ésaïe 18 ne nomme pas et qui n’était pas connu d’Israël autrefois, adoptera donc une attitude bienveillante envers Israël au moment de son retour. D’après le verset 2, ce pays sera une puissance maritime et commerciale, très active et influente sur le plan politique.
Le monde entier aura les yeux tournés vers la Palestine et vers le peuple d’Israël reconstitué (És. 18:3). Mais l’Éternel restera tranquille (v. 4). Il ne pourra soutenir une entreprise qui s’appuie sur ses propres forces et sur le secours des puissances de ce monde.
Au moment où leurs efforts sembleront aboutir et porter du fruit, il exécutera son jugement (v. 5).
Le peuple ne sera pas à nouveau chassé du pays, mais livré cette fois-ci entre les mains de ses ennemis, les nations (v. 6). Le temps de la tribulation de Jacob aura commencé (Jér. 30:7 ; Matt. 24:21, 22).
Mais alors, l’Esprit de Dieu agira dans les cœurs. Dès que la grande tribulation éclatera, Dieu interviendra d’une façon toute particulière ; voyez Daniel 12, ainsi que Jérémie 16:19 et Ézéchiel 37. Le peuple sera rétabli en tant que tel, bien que tous les individus n’aient pas la vie de Dieu. Parmi ceux qui sortiront des nations pour regagner la Palestine, certains se convertiront à Dieu, tandis que les autres seront jugés (voyez aussi És. 66:24).
Deux tiers de ceux qui se trouveront dans le pays périront sous les jugements (Zach. 13:8). Le tiers restant, quant à lui, sera certes affiné et éprouvé (v. 9), mais l’Éternel répandra ensuite sur lui un esprit de grâce et de supplication, et toutes les familles survivantes «regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et... se lamenteront sur lui» (Zach. 12:10-14).
Ézéchiel 37 nous montre qu’aussi bien Juda (les deux tribus) qu’Israël (Éphraïm, les dix tribus) regagneront la Palestine, où ils seront à nouveau réunis.
Daniel 9 concerne les deux tribus qui furent déportées à Babylone. Celles-ci seront à nouveau dans le pays dans les derniers jours, et rétabliront le service du temple. Comme nous l’avons vu en Zacharie, les deux tiers succomberont en Palestine sous les jugements.
Par contre, aucun membre des dix tribus ne sera jugé dans le pays même. En effet, seul le résidu croyant d’entre ces tribus parviendra en Palestine, comme nous l’enseigne Ézéchiel 20. De même qu’autrefois, à la sortie d’Égypte, tous les incrédules périrent, de même les incrédules des dix tribus seront frappés par le jugement de Dieu après avoir quitté les pays où ils séjournent actuellement, avant même leur arrivée en Palestine.
Il est donc vraisemblable que le résidu pieux des dix tribus n’entrera dans le pays qu’après la grande tribulation.
Les deux tribus ont rejeté le Seigneur Jésus ; de surcroît, comme le Seigneur l’a annoncé en Jean 5:43, elles recevront l’Antichrist. C’est pourquoi de terribles jugements tomberont sur elles de la part de Dieu.
Les dix tribus n’ont pas rejeté le Seigneur Jésus, de sorte que les paroles du Seigneur ne peuvent leur être appliquées.
Nous avons vu que les deux tribus, encore obstinées dans leur incrédulité, rentreront dans leur pays et y formeront un état indépendant. Dans ce but, elles s’assureront l’aide d’un peuple maritime puissant. Cette prophétie est déjà partiellement réalisée depuis 1948.
Elles concluront une alliance avec le chef de l’Empire romain — alors reconstitué — pour une durée de sept ans (correspondant à la dernière semaine d’années de Daniel 9). Cette alliance sera bien sûr réduite à néant, et Dieu livrera peuple et pays entre les mains de leurs ennemis. Les deux tiers du peuple périront, tandis que le troisième tiers reviendra à Dieu.
Par ailleurs, Dieu fera réapparaître les dix tribus sur la scène pour les ramener elles aussi dans le pays. Toutefois, seul le résidu croyant parviendra jusqu’en Palestine.
Lorsque nous considérons de près les Écritures, nous constatons un phénomène frappant dans les voies de Dieu à l’égard de la terre. Parfois, Dieu se manifeste comme le Seigneur de la terre et prend lui-même la direction de l’histoire du monde en main ; d’autres fois, comme Dieu des cieux, il se retire pour ainsi dire dans le ciel, et n’exerce ici-bas plus qu’une influence indirecte.
Dans le jardin d’Eden, Dieu règne sur la terre de façon directe, ce qui n’est plus le cas après la chute. Tout est laissé alors entre les mains de l’homme déchu. La famille de Caïn domine. De la lignée de Seth, il nous est seulement dit qu’elle contribua à la continuation du témoignage et qu’elle exprima sa foi dans les noms donnés à ses fils. Il ne nous est rapporté aucune action de sa part qui trahisse le désir d’exercer une quelconque influence sur cette terre.
La situation change radicalement après le déluge. Dieu conclut une alliance avec la terre et donne des instructions directes à Noé sur la façon de l’administrer. Mais lorsque l’être humain se corrompt à nouveau, que Noé s’enivre et que les hommes se lèvent massivement pour bâtir Babel en acte de rébellion contre Dieu, Dieu doit les disperser et les diviser en différents peuples ; puis nous l’entendons appeler Abram à marcher comme un étranger ici-bas, sans exercer d’influence sur le destin du pays où il séjourne.
Avec Israël, Dieu fait à nouveau valoir ses droits sur la terre. Il donne des instructions détaillées sur la conduite que le peuple doit suivre. Il se fait nommer en Josué 3:11 «le Seigneur de toute la terre», et intervient en personne dans la bataille, comme chef du peuple, en Josué 5:14.
En 1 Chroniques 29:23, la Parole précise que le trône dressé à Jérusalem est celui de l’Éternel.
Hélas ! Israël s’éloigne lui aussi de l’Éternel. Dieu doit d’abord faire mener en captivité les dix tribus à cause de leur idolâtrie. Et lorsque non seulement Juda, mais aussi la lignée de David se met à servir les idoles, Dieu doit également les livrer en la main de leurs ennemis pour leur faire goûter la captivité. La gloire de l’Éternel, qui habitait dans le temple entre les chérubins, abandonne Jérusalem, comme Ézéchiel 1 à 11 le décrit. Et puisque le peuple qu’il avait introduit dans la plus grande intimité avec lui-même et qu’il avait le plus richement béni s’était éloigné de lui, Dieu transmet la domination à la nation qui, la toute première, s’était rebellée contre lui : Babylone. Daniel 9 nous explique tout cela en détail.
En Daniel 2:28, Dieu déclare à Nebucadnetsar qu’il lui «fait savoir... ce qui arrivera à la fin des jours». Pour cela, il lui montre en rêve la grande statue.
La tête en or de la statue représente Nebucadnetsar lui-même. Celui-ci avait reçu le pouvoir directement du Dieu des cieux (Dan. 2:37). Il ne s’agit pas du simple pouvoir que tant de rois avaient déjà possédé avant lui. Il est expressément question dans ces versets d’une domination mondiale. Durant le temps de son règne, comme sous les empires qui lui succéderaient, on ne trouverait sur la terre aucune autre puissance comparable.
Le second royaume mentionné (et non pas le second roi, voir le verset 39) est inférieur à l’Empire babylonien. Représenté par la poitrine et les bras d’argent, il ne reçoit pas sa puissance directement de Dieu, mais succède simplement à l’Empire babylonien. Ce royaume est nommé au chapitre 5, verset 28 : il s’agit de l’Empire médo-perse.
Le troisième royaume, constitué d’airain, domine sur toute la terre. Son nom nous est également donné en Daniel 8:3-7 et 20. Il s’agit de l’Empire mondial macédonien, dont l’étendue a effectivement surpassé de beaucoup celle des royaumes précédents. Alexandre le Grand a régné de la Macédoine jusqu’à l’Indus et au Nil.
Le quatrième royaume fait l’objet d’une description détaillée qui nous permet d’en saisir le caractère redoutable. Il «sera fort comme le fer. De même que le fer broie et écrase tout, et que le fer brise toutes ces choses, il broiera et brisera» (Dan. 2:40). Son nom nous est également révélé dans les Écritures.
Luc 2 mentionne l’existence, «en ces jours-là», d’un empereur qui domine sur toute la terre habitée : César Auguste, le chef de l’Empire romain. L’histoire profane confirme effectivement que ces quatre empires se sont bien succédé comme l’Écriture l’avait annoncé en Daniel 2.
Tout lecteur versé dans l’histoire des trois premiers royaumes sera rempli d’admiration devant la précision des prophéties divines données à leur sujet dans les chapitres 8, 10 et 11 de Daniel ; néanmoins nous ne poursuivrons pas ici leur étude, afin de mieux nous concentrer sur l’histoire du quatrième empire.
Ce quatrième royaume est représenté dans la statue de Daniel 2 par des jambes de fer, ainsi que des pieds en partie de fer, en partie d’argile. Ces deux jambes rappellent un peu le double caractère de l’Empire médo-perse, représenté par les deux bras rattachés à la poitrine d’argent, et qui est vu dressé sur un côté en Daniel 7:5. Comme son lointain prédécesseur, l’Empire romain présente un caractère bipartite, divisé qu’il est en Empire d’Orient et Empire d’Occident. Par ailleurs, son état évolue : si les jambes sont de fer uniquement, les pieds sont constitués d’un mélange de fer et d’argile. Un élément étranger s’introduit donc ; d’après le verset 43 du chapitre 2, il s’agit d’êtres humains, puisqu’il est dit qu’ils se mêlent à la semence des hommes. Indubitablement, cet argile fait penser aux grandes masses qui déferlèrent du nord de l’Europe, envahirent l’Empire romain aux quatrième et cinquième siècles de notre ère et se fondirent dans les populations locales.
L’interprétation du songe révèle un détail qui n’est pas mentionné lors de la description de la statue : celle-ci possède des orteils. Dans son état final, le quatrième empire se présentera sous la forme de dix orteils, tout en conservant son unité : les orteils restent attachés aux pieds.
La statue doit être frappée et broyée par une pierre qui se sera détachée sans mains et qui, après avoir anéanti la statue, deviendra une grande montagne et remplira toute la terre. Le verset 44 déclare que cette pierre représente un royaume établi par le Dieu des cieux, qui ne sera jamais détruit.
Ces événements se produiront «dans les jours de ces rois». De quels rois s’agit-il ?
Cette expression ne peut faire allusion aux rois des trois premiers empires, puisque ceux-ci ont disparu, absorbés par l’Empire romain. Il devra donc exister dans les temps de la fin plusieurs rois qui appartiendront tous à l’Empire romain. Nous avons là une indication claire que les orteils mentionnés dans les versets précédents représentent ces rois. Il n’y a pas en effet d’autre élément de la statue qui puisse remplir cette fonction.
Daniel 7 nous donne de plus amples détails encore. Ce chapitre décrit les quatre empires mondiaux sous la forme de quatre bêtes, dont la quatrième présente les mêmes traits caractéristiques que le quatrième empire de Daniel 2. «Voici une quatrième bête, effrayante et terrible, et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer : elle dévorait et écrasait ; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds. Et elle était différente de toutes les bêtes qui étaient avant elle ; et elle avait dix cornes» (Dan. 7:7).
Cette bête sera détruite lorsque l’Ancien des jours, dont le vêtement est «blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure» viendra prendre place sur son trône. «Son trône était des flammes de feu ; les roues du trône, un feu brûlant. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement s’assit, et les livres furent ouverts» (Dan. 7:9, 10).
Quelqu’un, semblable à un fils d’homme, s’avancera alors avec les nuées des cieux jusqu’à l’Ancien des jours, et recevra «la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas ; et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit» (Dan. 7:14).
De Matthieu 24:30, il ressort clairement qu’il s’agit là du Seigneur Jésus. Il déclare en effet lui-même qu’il viendra sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire, pour prendre possession de son royaume. La même prophétie se retrouve en Apocalypse 1:7.
Ces passages nous montrent donc que l’Empire romain sera détruit par le Seigneur Jésus lorsqu’il reviendra ici-bas sur les nuées du ciel. À ce moment-là, l’Empire romain aura pris une forme complexe comprenant dix parties représentées chacune par un roi.
Ce que nous avions déjà vu en Daniel 2, nous le trouvons confirmé ici en Daniel 7. La quatrième bête arbore en effet dix cornes, et le verset 24 nous révèle que ces dix cornes préfigurent les rois qui surgiront du royaume.
Telle est la question que doivent se poser de nombreux lecteurs, puisque les livres d’histoire nous enseignent que l’Empire romain s’écroula il y a plus de mille cinq cents ans.
Bien des commentateurs de la Bible, qui ne s’en tiennent pas exclusivement à la parole de Dieu et qui ne jugent pas l’histoire en fonction de cette Parole, mais cherchent au contraire une interprétation des prophéties dans les ouvrages d’histoire, ont essayé de trouver un expédient pour résoudre ce problème. Ils suggèrent de voir dans le christianisme, qui aurait été responsable de la chute de l’Empire romain, le royaume éternel qui devait détruire cet empire.
Mais si nous prenons le temps d’examiner attentivement Daniel 2 et 7, nous constatons que cette explication ne peut être correcte. En Daniel 2, la pierre devient une immense montagne seulement après avoir broyé la statue, alors que le christianisme était parvenu au pouvoir dans l’Empire romain avant sa destruction.
Nous avons vu en outre que l’argile devait d’abord se trouver mêlée au fer avant que l’empire ne disparaisse. Alors que c’est précisément en envahissant l’empire que les tribus germaniques causèrent sa chute.
Qui oserait prétendre que la prophétie de Daniel 7:9-14 s’est déjà réalisée ? Le Seigneur Jésus n’est pas encore venu sur les nuées du ciel, puisque d’après Apocalypse 1:7, tout œil le verra à ce moment-là. Le jugement de Dieu ne s’est pas encore «assis», et les livres n’ont pas encore été ouverts. Et qui voudra soutenir qu’aujourd’hui tout peuple, peuplade ou langue l’honorent et lui obéissent ?
Personne n’oserait dire que des régions comme la Russie, l’Asie et l’Afrique lui rendent honneur et obéissance. Qui même le prétendrait de l’Amérique ou de l’Europe occidentale ?
Pourtant, Daniel 7:14 et 27 affirme que toutes les dominations, tous les peuples, toutes les peuplades et toutes les langues le serviront et lui seront soumis !
Il est ainsi clair que les événements décrits dans ces versets sont encore futurs. Il faut donc en conclure que l’Empire romain doit renaître, puisqu’il devra exister lorsque le Seigneur Jésus reviendra sur la terre.
Les chapitres 13 et 17 de l’Apocalypse nous parlent également de l’Empire romain. Dans les deux premiers versets du chapitre 13, nous trouvons mentionnées les mêmes bêtes qu’en Daniel 7, mais présentées dans l’ordre inverse. L’Empire romain a absorbé les trois premiers empires. Mais Jean, contemporain du quatrième empire, devait remonter le temps, tandis que pour Daniel, ces événements étaient encore à venir.
La bête présentée dans ces versets a dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes, dix diadèmes. Le diadème est un symbole de la dignité royale. Apocalypse 17:12 nous apprend que les dix cornes sont dix rois. Les sept têtes font en premier lieu allusion à la ville de Rome (la ville bâtie sur sept collines), mais aussi aux sept formes de gouvernement que Rome a successivement connues et connaîtra encore. Au moment de la rédaction de l’Apocalypse, la sixième forme était en place, selon le verset 10 du chapitre 17. Par l’histoire profane, nous savons que les six premières formes de gouvernement furent la royauté, le consulat, le décemvirat, le tribunat, la dictature, et l’empire. D’après Apocalypse 13:3, l’une de ces formes de gouvernement devait être «comme frappée à mort», mais la plaie mortelle serait finalement guérie. Apocalypse 17:8-11 nous montre qu’il s’agit de la bête qui était, qui n’est pas et qui va monter de l’abîme et aller à la perdition ; la fin du verset 8, ainsi que le verset 10, répètent tous deux que cette bête était, qu’elle n’est pas, et qu’elle reprendra existence.
Nous avons dans ces versets la solution de notre énigme. La nation romaine a existé un bon millénaire, avant de disparaître ; mais elle resurgira bientôt de l’abîme et s’en ira à la perdition. Actuellement, elle se trouve comme frappée à mort sous sa sixième forme, l’empire ; personne ne pense qu’elle s’en remettra jamais. Pourtant, la plaie mortelle sera guérie et la nation romaine rétablie. Tombée en décadence sous le régime impérial, elle reprendra vie avec cette même forme de gouvernement. C’est en effet bien la tête frappée à mort qui sera rétablie selon Apocalypse 13:3 ; elle se trouve simplement énumérée comme une septième tête en Apocalypse 17:10. Une huitième forme de gouvernement lui succédera, qui sera aussi la dernière.
Nous avons vu en Daniel 2 et 7, ainsi qu’en Apocalypse 13 et 17, que l’Empire romain sera gouverné par dix rois, représentés par les dix orteils de la statue et les dix cornes de la bête.
Apocalypse 17:12 nous dit que ces dix rois «n’ont pas encore reçu de royaume, mais reçoivent pouvoir comme rois, une heure, avec la bête». Dans sa forme ultime, la nation romaine sera donc constituée de dix royaumes, en relation si étroite les uns avec les autres qu’ils formeront en fait un État unique et très puissant. Nous lisons au verset 13 : «Ceux-ci ont une seule et même pensée, et ils donnent leur puissance et leur pouvoir à la bête». Daniel 7 nous donne à ce propos quelques détails complémentaires. D’après le verset 8, il doit se lever un onzième roi, symbolisé comme les autres par une corne. Il renversera trois rois et s’emparera de leur pouvoir. Cette onzième corne possède «des yeux comme des yeux d’hommes, et une bouche proférant de grandes choses». «Et il proférera des paroles contre le Très-Haut, et il consumera les saints des lieux très hauts, et il pensera changer les saisons et la loi, et elles seront livrées en sa main jusqu’à un temps et des temps et une moitié de temps» (Daniel 7:25).
Le verset 11 nous apprend que la bête sera mise à mort «à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait» ; cette dernière est à nouveau assimilée à l’empire entier au verset 26. Cette onzième corne sera donc la véritable détentrice du pouvoir dans l’Empire romain reconstitué et portera le titre impérial. Apocalypse 17:13 ajoute que les autres rois auront une seule et même pensée et lui délégueront leur pouvoir et leur puissance.
L’Empire romain de l’Antiquité comportait toute l’Europe de l’Ouest, excepté l’Irlande et l’Ecosse. L’Afrique du Nord et la partie occidentale de l’Asie en faisaient également partie. En gros, les frontières de cet empire étaient délimitées par le Rhin, le Danube et l’Euphrate.
Il n’est bien sûr pas possible d’affirmer que l’empire reconstitué aura des frontières exactement identiques ; il comprendra cependant les mêmes pays que l’ancien empire. L’Allemagne est restée l’Allemagne, même après avoir perdu l’Alsace-Lorraine en 1918. Ainsi, l’Empire romain sera rétabli, quand bien même ses frontières pourraient se trouver quelque peu modifiées. Des pays tels que l’Angleterre, la France, l’Espagne et l’Italie en constitueront le noyau. L’Italie aura la suprématie puisque son chef d’État dominera sur cette confédération de nations et portera le titre impérial.
Ne pouvons-nous pas déjà voir dans le marché commun un premier rapprochement entre ces pays ?
Vous n’aurez pas manqué de remarquer que ce sont justement les pays dits christianisés de l’Europe qui formeront l’Empire romain. Il est donc très probable que ce dernier portera un vernis religieux, du moins dans les premières années. En Apocalypse 17, nous lisons en effet que la grande prostituée dominera sur la bête. Or nous avons déjà vu dans le chapitre consacré à l’histoire du christianisme que cette femme représente l’église romaine.
La parole de Dieu nous révèle cependant le véritable caractère de l’empire. Elle utilise pour le décrire l’image d’une bête, une créature qui n’a pas connaissance de Dieu et qui n’a aucune compréhension de ses pensées.
Apocalypse 17:8 déclare que cette bête va monter de l’abîme et aller à la perdition, et Apocalypse 13:2, qu’elle recevra sa puissance du dragon, c’est-à-dire du diable lui-même (voir Apoc. 12:9). «Et le dragon lui donna sa puissance et son trône, et un grand pouvoir. »
Elle manifestera ouvertement sa haine contre Dieu par ses blasphèmes. «Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes... Et elle ouvrit sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son habitation, et ceux qui habitent dans le ciel» (Apoc. 13:5, 6).
Elle rejettera d’elle-même pour finir tout semblant de christianisme et détruira la prostituée qui la dominait (Apoc. 17:16). Elle revendiquera l’adoration pour elle-même (Apoc. 13:12). Finalement, toutes les forces alliées de l’Europe occidentale se réuniront pour combattre le Seigneur Jésus, lorsqu’il descendra du ciel pour établir son royaume en gloire (Apoc. 17:14).
Autrefois, l’Empire romain s’était allié aux chefs religieux de cette terre pour mettre à mort le Seigneur : «Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le et possédons son héritage».
Ce jour-là cependant, le Seigneur quittera à nouveau le ciel pour prendre en possession son royaume. Encore une fois, l’Empire romain, secondé par le chef de la religion mondiale, cherchera à le tuer. Les versets 9 et suivants d’Apocalypse 19 nous décrivent ce combat. Mais cette fois-ci, le Fils de l’homme ne viendra pas comme un agneau mené à la boucherie, mais comme la Parole de Dieu : «Et une épée aiguë à deux tranchants sort de sa bouche, afin qu’il en frappe les nations». «Et ses yeux sont une flamme de feu».
Les puissantes armées européennes, sous la conduite de leurs chefs pleins de génie, pointeront leurs armes contre lui. Mais «Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux, le Seigneur s’en moquera» (Ps. 2:4). La bête et le faux prophète seront capturés et jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre. «Et le reste fut tué par l’épée de celui qui était assis sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche» (Apoc. 19:21). Telle sera la fin de l’Europe occidentale christianisée : elle sera anéantie pour avoir voulu une seconde fois mettre à mort le Fils de Dieu.
La réponse nous est donnée en Zacharie 14 : «Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat... Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient».
Le terme «antichrist» ne se rencontre que dans les épîtres de Jean. Nous verrons cependant que de nombreux autres passages de l’Écriture, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, nous parlent de cette personne.
En 1 Jean 2, l’apôtre Jean s’adresse aux petits enfants pour leur rappeler la venue de l’Antichrist. Aux versets 22 et 23, il spécifie les caractéristiques du personnage : «Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; celui qui confesse le Fils a aussi le Père».
Au chapitre 4, comme dans sa deuxième épître, il donne un signe distinctif supplémentaire, à savoir que l’Antichrist ne confessera pas «Jésus Christ venu en chair». Au chapitre 2, il s’agit d’une forme positive de mal, le rejet de la vérité ; dans les autres passages, d’une forme négative de mal, le refus de reconnaître la vérité fondamentale que Dieu s’est manifesté en chair.
Dans la première partie du verset 22, nous voyons l’incrédulité juive. Les juifs ne nient pas la venue du Christ, mais ils nient que Jésus soit l’Oint annoncé. D’autres passages annoncent que l’Antichrist prétendra être lui-même le Christ.
La deuxième partie décrit l’incrédulité du monde christianisé. Celui-ci nie le Père et le Fils, c’est-à-dire les points essentiels de la foi chrétienne. C’est en effet dans le christianisme que Dieu s’est révélé comme Père, et que la gloire du Seigneur Jésus comme Fils de Dieu occupe une place centrale. Et c’est précisément ces deux points que nie l’Antichrist.
Nier que Jésus soit le Christ ne suffit pas pour faire de quelqu’un un antichrist. Tout juif incrédule entrerait sinon dans cette catégorie. Jean précise bien que l’Antichrist nie également le Père et le Fils.
Les juifs n’ont jamais entendu parler des relations éternelles dans la Déité. La vérité du Père et du Fils est la plus parfaite révélation de Dieu faite aux hommes, pleine de grâce et de vérité, mais cette révélation est unique au christianisme. L’Antichrist aura tout d’abord fait partie de la chrétienté professante ; il aura entendu parler de cette vérité du Père et du Fils, mais il la rejettera et la reniera.
Il réunira donc en lui l’incrédulité juive et chrétienne. Il sera chef du judaïsme apostat comme de la chrétienté infidèle. Qu’une telle association soit possible montre bien que l’apostasie sera alors totale.
Le péché prit naissance avec la tentative de l’homme de se faire égal à Dieu, comme Satan avait si bien su le faire miroiter aux yeux d’Ève (Gen. 3). Cette ambition culmine dans l’homme de péché, «qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu» (2 Thess. 2:4).
1 Jean 3:4 nous donne la clé de cette désignation. Le péché est l’iniquité, c’est-à-dire une marche sans loi, sans frein (voir note) ; nous pouvons également bien affirmer qu’à l’inverse, l’iniquité est le péché. Le péché est donc le fait d’agir de sa propre volonté, sans tenir compte des pensées de Dieu. C’est agir sans reconnaître l’autorité de Dieu sur les hommes.
Nous entendons le Seigneur Jésus, l’homme parfait, dire en Jean 4:34 : «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre», et en Jean 8:29 : «Moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent». Christ, qui était vraiment Dieu, prit une forme d’esclave sur cette terre pour glorifier en toutes choses son Dieu et Père.
En contraste, l’Antichrist, l’homme de péché, est caractérisé en Daniel 11 par le fait qu’il agit «selon son bon plaisir». Il a pour seul critère d’action sa propre volonté. C’est pourquoi nous pouvons voir en lui le péché incarné. Aussi, en 2 Thessaloniciens 2:8, est-il appelé l’inique. Tous ses efforts ne visent qu’un seul but, sa propre glorification.
Le roi de Babylone, type de ce dernier titulaire de la puissance impériale qui débuta avec l’Empire babylonien, disait en son cœur : «Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, et je m’assiérai sur la montagne de l’assignation, au fond du nord. Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut» (És. 14:13, 14).
L’Antichrist, lui, ira plus loin encore. Il s’assiéra dans le temple du Dieu d’Israël et prétendra être lui-même Dieu (2 Thess. 2:4).
Le caractère notoire du personnage, comme l’apostasie qui aura précédé sa venue, montrent à l’évidence que ce temple de Dieu n’est pas à prendre au sens figuré comme «l’habitation de Dieu par l’Esprit», présentée en 1 Corinthiens 3:16, 17 et en Éphésiens 2:21, 22. Il s’agit bien plutôt du temple juif à Jérusalem. C’est là que l’Antichrist se présentera comme le Dieu d’Israël.
2 Thessaloniciens 2:3 laisse entendre que l’Antichrist ne viendra pas avant l’apparition de l’apostasie. Ce verset 3 ne concerne pas les juifs infidèles, quoique l’Écriture — aussi bien le Deutéronome que les psaumes et les livres prophétiques — annonce que la majeure partie du peuple juif tombera dans l’apostasie aux temps de la fin. Cet aspect se retrouve plutôt dans le verset 4.
Le verset 3 aborde l’apostasie de la chrétienté. Dans les lettres personnelles du Nouveau Testament (à Timothée, de Pierre, de Jean et de Jude), la Parole prophétise à plusieurs reprises que dans les derniers temps quelques-uns se détourneront de la foi. Il s’agit bien d’apostasie, mais pas encore de la grande apostasie dont il est question en 2 Thessaloniciens.
Cette dernière ne surviendra que lorsque l’Assemblée aura été enlevée et qu’il ne restera plus que des chrétiens de nom sur la terre. Elle s’étendra à la chrétienté entière, et reniera ouvertement toutes les vérités fondamentales du christianisme (voir aussi 1 Jean 2).
L’Antichrist sera le produit de cette apostasie, d’où son nom de «fils de perdition». Quelle perdition en effet que cette apostasie corruptrice des vérités du christianisme ! Il n’est point de pire corruption que celle qui s’attaque aux choses les plus précieuses, chacun le sait.
Mais l’Antichrist ne se contentera pas de rejeter le christianisme ; il reniera également dans un deuxième temps le judaïsme. Par ailleurs, nous pouvons voir personnifiée en lui l’apostasie de l’homme naturel. Ces deux points ressortent du verset 4, où il nous est dit qu’il s’opposera et s’élèvera contre tout ce qui est appelé Dieu et s’assiéra lui-même dans le temple juif.
Dans les sections précédentes, nous avons considéré les caractères religieux de l’Antichrist.
Ce dernier sera le chef spirituel de la chrétienté apostate, tandis que le pouvoir politique sera détenu par le souverain de l’Empire romain reconstitué, qui recevra sa puissance, son trône et son grand pouvoir directement du diable (Apoc. 13). Le pouvoir de l’Antichrist en Europe sera donc d’ordre spirituel, mais il l’utilisera à des fins politiques, en le mettant au service de l’Empire romain.
Le tableau change dès que nous nous penchons sur les prophéties qui concernent directement le peuple juif. Contrairement au christianisme, le judaïsme est lié à la terre. Salomon siégeait sur le trône de l’Éternel à Jérusalem (1 Chron. 29:23).
Pour Israël, la venue du Christ (c’est-à-dire du Messie) signifiait la «délivrance de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent... » pour «nous accorder, étant libérés de la main de nos ennemis, de le servir sans crainte, en sainteté et en justice devant lui, tous nos jours» (Luc 1:71 et 74).
Ainsi, dès que nous avons sous les yeux des prophéties de l’Ancien Testament, l’aspect politique prédomine. D’après ces prophéties, l’Antichrist occupera une position si éminente qu’il est simplement nommé «le roi» dans divers passages, sans autre précision. Il exercera donc le pouvoir dans les temps de la fin, et sera pour Israël un personnage bien connu.
Lorsque le Seigneur Jésus vint ici-bas au nom de son Père, il répondit si peu à l’attente des juifs incrédules qu’ils le rejetèrent. Mais lorsque l’Antichrist viendra en son propre nom, ils le recevront (Jean 5:43), parce qu’il sera un homme selon leur cœur .
Pourtant, au milieu de la soixante-dixième semaine d’années, il dévoilera son véritable caractère en reniant ouvertement le judaïsme aussi (voir Daniel 9:27). Il déclenchera une persécution terrible contre le résidu fidèle d’Israël qui s’enfuira alors de Jérusalem.
Les psaumes évoquent à maintes reprises l’existence d’un être impie qui oppressera le résidu ; nous voyons là aussi l’Antichrist.
En Ésaïe 57, le peuple infidèle est repris, parce qu’il rend hommage au roi et lui apporte des présents.
En Zacharie 11:6, Dieu déclare qu’il livrera les habitants du pays en la main de leur roi en signe de jugement.
En Ésaïe 30, Dieu proclame son jugement sur ce roi. Il sera frappé par l’Éternel en même temps qu’Assur, le roi du Nord. Nous avons ici la même pensée qu’en 2 Thessaloniciens 2. En Ésaïe 11:4, où elle se trouve encore, ce personnage est appelé «le méchant».
Daniel 11:36-45 mentionne également l’Antichrist et le roi du Nord ensemble. «Et le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu, et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux... Et il n’aura point égard au Dieu de ses pères, et il n’aura point égard à l’objet du désir des femmes, ni à aucun dieu» (v. 36, 37). Il conférera des honneurs à ceux qui le reconnaîtront et leur partagera le pays. Il annulera le culte de l’Éternel ; à sa place, il honorera Mauzzim, le dieu des forteresses et de la guerre.
Mais peu après, le roi du Midi (l’Égypte) et le roi du Nord (l’Assyrie) l’attaqueront simultanément. Le roi du Nord remportera la victoire et mettra l’Antichrist en fuite. Cela explique pourquoi ce dernier n’est plus considéré comme roi en Apocalypse 19 et qu’il y est seulement désigné comme «le faux prophète».
Zacharie 11:17 annonce également la défaite de l’Antichrist. Ce passage déclare que sa puissance (son bras) lui sera d’abord ôtée, puis qu’il perdra tout discernement (son œil droit). Ce dernier point se manifestera lorsqu’il s’alliera à l’Empire romain, comme cela ressort d’Apocalypse 19, pour combattre contre le Seigneur Jésus.
En comparant Daniel 11:44 avec Daniel 11:30 et Zacharie 14, nous pouvons conclure que l’Antichrist reviendra avec l’empereur romain et ses armées en Palestine, pour reconquérir le pays et reprendre Jérusalem.
Mais le Seigneur Jésus apparaîtra à ce moment-là pour l’anéantir. L’Antichrist et l’empereur romain seront tous deux jetés vifs dans l’étang de feu, comme l’annonce Apocalypse 19. Ce chapitre, de même que 2 Thessaloniciens 2, Ésaïe 11:4 et 30:33, décrit comment le jugement sera exécuté. L’expression «le souffle de sa bouche» désigne la puissance divine en relation soit avec la création (Ps. 33:6b), soit avec le jugement (2 Sam. 22:16 ; Job 4:9 ; Ps. 18:15 ; És. 11:4 et 30:33). Il ne s’agit donc pas d’un quelconque instrument, mais de la source même de la puissance de Dieu, à qui une parole suffit pour accomplir ses desseins.
Apocalypse 13 nous présente les deux bêtes comme de redoutables instruments de Satan. Le diable, banni du ciel, exerce désormais son pouvoir sur la terre, mais non pas d’une manière ostensible ; il opère à travers ses agents.
La première bête surgit de la mer, c’est-à-dire d’une condition chaotique, sans ordre ni forme fixe. Elle possède dix cornes et sept têtes, et reçoit son trône et sa puissance de Satan. Nous avons déjà vu au cours du chapitre précédent qu’il s’agit de l’Empire romain.
Au verset 11, nous voyons surgir une seconde bête, non pas de la mer cette fois-ci, mais de la terre. La terre dans l’Apocalypse symbolise un état politiquement organisé.
Cette bête représente une puissance politique puisqu’elle a deux cornes. Revêtant l’aspect d’un agneau, elle se fait passer pour le Christ. Elle n’a pourtant que deux cornes, et non pas sept comme l’Agneau en Apocalypse 5:6. Son langage également trahit sa véritable identité : elle parle comme un dragon.
La deuxième bête, semble-t-il, n’apparaît qu’après la première, une fois que la mer s’est muée en terre. Cette interprétation se voit confirmée par le verset 12, qui déclare que la deuxième bête «exerce tout le pouvoir de la première bête devant elle». «Et elle fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes» (v. 13). Ce prodige a toujours été dans l’Ancien Testament le signe de la présence de l’Éternel, que ce soit lors de la consécration du temple, ou lors de la scène du mont Carmel, quand Dieu démontra que lui-même, et non pas Baal, était Dieu.
C’est à un tel miracle que la deuxième bête recourra pour séduire tant les chrétiens apostats que les juifs infidèles, et les inciter à la reconnaître.
Son pouvoir politique n’égale pas celui de la première bête, puisqu’elle n’a que deux cornes au lieu de dix. Sa puissance est certes royale, mais son influence s’exerce surtout dans le domaine religieux. Ainsi, tandis que la première bête sera à la tête de l’Empire romain, la seconde en sera le chef religieux ; elle sera toutefois soumise à la première bête. Elle cherchera à imiter le Seigneur Jésus, comme roi et comme prophète, de sorte que la Parole la nomme «le faux prophète» en Apocalypse 19.
Apocalypse 13 révèle aussi une étroite collaboration entre les deux bêtes. La deuxième contraint les hommes à adorer la première. Beaucoup estiment de ce fait que la première bête est une figure de l’Antichrist, mais la comparaison attentive des différents passages nous conduit à mon avis à une autre conclusion.
Selon 2 Thessaloniciens 2:9, la venue de l’Antichrist «est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge». Les expressions utilisées rappellent le témoignage que l’apôtre Pierre donne au sujet du Seigneur Jésus en Actes 2:22. Mais il s’agit chez l’Antichrist de miracles sataniques, et ses signes et ses prodiges sont caractérisés par le mensonge.
En Apocalypse 13, ces signes sont l’apanage exclusif de la deuxième bête. La première n’accomplit aucun miracle. Par ailleurs, la description même de la deuxième bête l’identifie sans équivoque comme l’Antichrist : elle ressemble à un agneau, image bien connue du Seigneur Jésus dans l’Apocalypse (voir par exemple Apoc. 5:6 ; 6:16 ; 7:9-17 ; 15:3 ; 19:7-9).
Qu’elle ne détiendra pas tous les pouvoirs politiques concorde parfaitement aux autres déclarations de l’Écriture. Le Seigneur Jésus aura tout pouvoir, comme l’expriment les sept cornes d’Apocalypse 5:6 ; mais l’Antichrist, lui, ne possède que deux cornes. Il ne pourra pas anéantir toutes les puissances de ce monde ; cela, Dieu l’a réservé au Seigneur Jésus seul.
Comme nous l’avons déjà vu dans l’un des chapitres précédents, le livre de Daniel nous décrit quatre empires mondiaux successifs. Les cinq premiers chapitres exposent l’histoire et dépeignent le caractère de l’Empire babylonien, tandis que les chapitres suivants sont consacrés à l’Empire médo-perse.
En outre, les chapitres 2 et 7 donnent une description minutieuse du quatrième empire, et les chapitres 8 et 11 contiennent d’importants développements au sujet du troisième empire, l’Empire macédonien.
À ce stade, il importe de remarquer que si les trois premiers empires perdent l’un après l’autre leur grande puissance, ils subsistent néanmoins en tant qu’entité politique en Daniel 2 et 7. En effet, la statue de Daniel 2 est détruite d’un seul coup, et les versets 35 et 40 précisent expressément que les matériaux composant les quatre empires seront broyés et brisés tous en même temps.
Daniel 7:12 éclaircit ce point : «Quant aux autres bêtes, la domination leur fut ôtée ; mais une prolongation de vie leur fut donnée, jusqu’à une saison et un temps». Bien que ces empires aient disparu en tant que tels, les pays qui en constituaient le noyau subsisteront jusqu’au temps de la fin.
Ésaïe 46:10 montre que Dieu déclare dès le commencement ce qui sera à la fin. Ce principe, qui se trouve confirmé tout au long des Écritures, est d’une importance capitale. Dès le premier chapitre de la Genèse, Dieu nous révèle graduellement le but de ses voies. C’est pourquoi, presque tous les événements rapportés dans la Bible ont une portée figurative, en relation avec l’accomplissement des conseils de Dieu dans les temps à venir.
Ceci vaut naturellement de façon particulière pour les prophéties. Même celles qui semblent avoir trouvé depuis longtemps leur accomplissement préfigurent au deuxième degré des événements de la fin. Par exemple, les premiers chapitres du livre de Daniel relatent différentes circonstances, dans lesquelles nous pouvons voir préfigurées les délivrances que Dieu accordera au résidu de Juda, en des temps où séviront l’autoritarisme et l’idolâtrie.
Les chapitres 8 et 11 du livre de Daniel nous révèlent l’histoire prophétique de l’Empire macédonien. Au moment de la rédaction de ces prophéties, rien ne se laissait entrevoir de leur accomplissement futur. Ce n’est que trois siècles plus tard qu’Alexandre le Grand conquit le Moyen-Orient et établit son empire. Depuis lors cependant, de nombreux versets de ces chapitres se sont réalisés, notamment les dix-sept premiers versets du chapitre 8 (à l’exception peut-être des versets 11 et 12) et les trente-cinq premiers versets du chapitre 11. Mais bien que la majeure partie de ces prophéties aient déjà été accomplies, elles sont encore à considérer comme des préfigurations de ce qui se passera dans les temps de la fin.
Les passages de Daniel 8, versets 17 et suivants, et de Daniel 11, versets 36 et suivants, nous parlent quant à eux expressément de ces temps de la fin. «La vision est pour le temps de la fin» (8:17). Le verset 35 du chapitre 11 marque également une transition entre la partie aujourd’hui accomplie de la prophétie et la partie encore non réalisée, réservée aux temps de la fin.
Ces chapitres annoncent qu’Alexandre le Grand fondera un empire, mais qu’après sa mort précoce ce dernier sera divisé en quatre royaumes. L’histoire a confirmé ces faits. Deux de ces royaumes jouent un rôle important dans l’histoire d’Israël, et occupent ainsi une grande place dans les prophéties. Il s’agit des royaumes du nord et du midi. Daniel 11:8 identifie le second comme l’Égypte. On peut donc en déduire que le territoire du roi du Nord se trouve au nord de la Palestine ; il correspond historiquement aux territoires du roi de Syrie, etc.
Ces deux royaumes subsisteront également jusqu’au temps de la fin. Comme autrefois, ils se montreront hostiles non seulement l’un envers l’autre, mais aussi envers Israël.
Les chapitres 8 et 11 de Daniel nous parlent de façon particulièrement détaillée d’un certain roi du Nord, représenté au chapitre 8, verset 9 par une petite corne, et décrit au chapitre 11, verset 21 comme un homme méprisé, qui «entrera paisiblement et prendra possession du royaume par des flatteries». Il s’agit d’un monarque de l’Antiquité, nommé dans l’histoire profane Antiochus IV Épiphane. Ces chapitres annoncent qu’il se déchaînera de manière terrible contre les juifs ; les livres des Maccabées nous brossent un tableau effroyable de ses exactions. En tout cela, il préfigure le roi du Nord des temps de la fin, qui s’attaquera aux Juifs de façon bien plus redoutable encore. Nous trouvons dans l’Ancien Testament d’autres préfigurations de ce personnage, par exemple Sanchérib en Ésaïe 10. Les prophéties mentionnent encore à plusieurs reprises ce roi terrifiant du temps de la fin ; le plus souvent, elles utilisent les termes «l’Assyrie» ou «l’Assyrien» pour le désigner.
Au chapitre 7 de son livre, Ésaïe mentionne l’invasion de Juda par Retsin, roi de Syrie, puis enchaîne sur une prophétie. Il parle d’une vierge qui concevra et enfantera un fils, dont le nom sera Emmanuel, et annonce une autre invasion menée par l’Égyptien et l’Assyrien. Si ces deux prophéties ont trouvé un accomplissement partiel lors de l’expédition de Sanchérib, elles concernent en réalité un avenir plus lointain. Personne ne voudra contester que la prophétie du verset 14 selon laquelle la vierge enfantera un fils se rapporte à la naissance du Seigneur Jésus, survenue bien des siècles plus tard. La parole de Dieu elle-même le confirme en Matthieu 1:22 et 23. De même, l’invasion de la Palestine par l’Égypte et la Syrie, qui est réellement en vue ici, n’aura lieu que dans les temps de la fin.
Daniel 11:40 nous décrit cet événement. Les versets 33 à 35 font la transition entre l’époque d’Antiochus et le temps de la fin. Le verset 33 parle d’abord de «plusieurs jours», puis le verset 35 étend ce laps de temps «jusqu’au temps de la fin». Ensuite, le verset 36 mentionne un roi qui, dans les versets suivants, se révèle être le roi des juifs qui régnera en Palestine.
Le verset 40 poursuit sur les invasions susmentionnées. L’Égypte et l’Assyrie attaqueront simultanément la Palestine, non pas toutefois en alliés, mais au contraire en ennemis acharnés.
Les juifs auront depuis longtemps redouté cette attaque. Ésaïe 28 nous apprend que c’est précisément pour ce motif qu’ils concluront une alliance avec le chef impie de l’Empire romain. Dieu déclare à ce propos : «Car vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol : si le fléau qui inonde passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous ; car nous avons fait du mensonge notre abri, et nous nous sommes cachés sous la fausseté. C’est pourquoi ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je pose comme fondement, en Sion, une pierre, une pierre éprouvée, une précieuse pierre de coin, un sûr fondement : celui qui se fie à elle ne se hâtera pas. Et j’ai mis le jugement pour cordeau, et la justice pour plomb, et la grêle balayera l’abri de mensonge, et les eaux inonderont la retraite cachée ; et votre alliance avec la mort sera abolie, et votre pacte avec le shéol ne subsistera pas. Lorsque le fléau qui inonde passera, vous serez foulés par lui ; dès qu’il passera, il vous prendra ; car matin après matin il passera, de jour et de nuit, et ce ne sera qu’effroi d’en entendre la rumeur» (És. 28:15-19).
Les juifs se croiront en sécurité à cause de cette alliance. Mais Dieu lui-même leur enlèvera cette sécurité, en envoyant le roi du Nord châtier le peuple impie. Non pas que le roi du Nord soit conscient de son rôle. Il sera poussé par sa haine contre Israël, et par la méchanceté de son ceeur. Les types qui le préfigurent, tout comme la description que la parole de Dieu nous en donne, laissent entendre qu’il sera un prince terrible, cruel et rusé.
Comment expliquer que ce roi ait l’audace d’affronter la puissance prodigieuse de l’Empire romain, l’allié de la nation juive ? Il devra pourtant bien se savoir incapable de tenir tête à un tel ennemi ! Antiochus, son précurseur, n’avait quant à lui pas osé passer outre au veto du Sénat romain, et avait sur son ordre abandonné le pays d’Égypte (Dan. 11:30).
La réponse nous est donnée en Daniel 8:24 : «Et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance». Le roi du Nord aura donc derrière lui un allié suffisamment puissant pour oser défier l’Empire romain. Comme seule la Russie se montrera capable de rivaliser avec Rome à ce moment-là, cette nation est la seule que l’on puisse envisager dans ce rôle. Cette alliance n’a rien de surprenant si l’on considère la position géographique de la Russie, qui est la voisine directe du royaume du nord, et la présence au sein des armées russes de troupes levées parmi les pays vassaux du roi du Nord (voir Ézéch. 38 et 39).
Les Égyptiens perdront la bataille ; le roi du Nord remportera la victoire sur les juifs, puis il marchera sur l’Égypte pour l’occuper elle aussi. Même la Libye et l’Éthiopie ne pourront lui résister.
Cependant, lorsqu’il aura atteint l’apogée de sa puissance, le roi du Nord sera effrayé par des rumeurs venant de l’est et du nord. Il en sera pour lui à la fin des temps comme il en a été pour celui qui fut son type en Daniel 11:30. Il est dit que «les navires de Kittim viendront contre lui». Pour Antiochus, cette parole trouva son accomplissement lorsque les Romains sortirent contre lui. Dans le cas du roi du Nord, les juifs appelleront à leur secours leur allié, le chef de l’Empire romain. Celui-ci mobilisera ses armées et gagnera la Palestine.
Rempli de fureur à cette nouvelle, le roi du Nord reviendra sur ses pas pour affronter son ennemi. Mais Dieu lui-même interviendra à ce moment précis. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, le Seigneur Jésus descendra du ciel pour détruire en premier lieu les armées romaines et leurs chefs. Plusieurs prophéties décrivent ces combats de manière plus précise.
Dieu déclare en Ésaïe 10 que, dans son courroux, il donnera à l’Assyrie un mandat contre le peuple pour le butiner et le piller. Mais parce que le roi d’Assyrie agira dans l’arrogance de son cœur et dans le but «de dévaster et de retrancher», l’Éternel le jugera dès que le châtiment sur Israël aura été exécuté.
Zacharie 12 nous apprend que Jérusalem sera assiégée par tous les états voisins ; de même, en Daniel 11, nous voyons que le roi du Midi et le roi du Nord monteront en même temps contre la ville.
Zacharie 14:2 nous donne à ce sujet d’autres informations : «Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat ; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité ; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville.»
Cette prophétie n’a pas encore trouvé son accomplissement, puisque aussi bien Nebucadnetsar que Titus ont emmené en captivité tous les survivants lorsqu’ils prirent la ville.
Les versets suivants nous permettent de situer avec précision ces événements dans le temps : «Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers» (v. 3 et 4).
Le siège de Jérusalem aura donc lieu juste avant le retour du Seigneur sur cette terre.
Les chapitres 28 et 29 d’Ésaïe nous parlent également de cette période. Les juifs auront conclu une alliance avec l’Empire romain pour se protéger du «fléau qui inonde», le roi du Nord ; mais Dieu réduira ce pacte à néant, de sorte que l’ennemi redouté se présentera tout de même aux portes de Jérusalem.
Ésaïe 29 décrit le siège de la ville et montre comment l’orgueil de ses habitants sera brisé par ces événements. Mais l’Éternel délivrera son peuple.
La comparaison minutieuse des différents passages mentionnés avec Daniel 11 nous permet d’établir la chronologie suivante :
1) Le roi du Midi et le roi du Nord attaquent simultanément Jérusalem. Le second prend la ville dans un bain de sang épouvantable, avant de poursuivre en direction de l’Égypte.
2) Effrayé par des rumeurs en provenance du nord et de l’est, il revient en Palestine et assiège à nouveau la ville ;
3) en vain cette fois-ci, car le Seigneur Jésus en personne descend du ciel pour délivrer le résidu juif fidèle.
4) Le roi du Nord est détruit sans l’intervention d’une armée humaine. «Et il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir» (Dan. 11:45). «Et il se lèvera contre le prince des princes, mais il sera brisé sans main» (Dan. 8:25).
5) Il ressort de Michée 5 que la délivrance résulte de l’intervention directe du Seigneur Jésus. Les trois premiers versets annoncent sa naissance, puis le verset 5 poursuit en ces termes : «Et lui sera la paix. Quand l’Assyrien entrera dans notre pays... », etc.
6) Ésaïe 14 nous apprend que l’Assyrien sera jugé après l’Empire romain. Lorsque Jacob sera revenu dans son pays, alors seulement le quatrième empire représenté dans la statue du roi de Babylone (souverain du premier empire) sera jugé ; ensuite Assur.
7) En Ésaïe 30, il est question du jugement d’Assur en même temps que du jugement qui frappe l’Antichrist, le roi des juifs.
Les nombreux passages qui mentionnent le roi du Nord (Assur, l’Assyrien) montrent le rôle important que ce grand ennemi d’Israël jouera «au temps de la fin». Il en sera l’ennemi le plus puissant.
Jusqu’ici, nous avons considéré l’avenir des pays situés au nord et au sud de la Palestine.
À l’ouest de ce pays n’habite qu’un seul peuple, les Philistins, tandis qu’à l’est se trouvent les Edomites, les Moabites et les Ammonites, ennemis d’Israël de longue date.
Nous pouvons conclure de Zacharie 12 que ces différents peuples participeront au siège de Jérusalem, puisqu’il y est question de «tous les peuples d’alentour».
Peut-être viendront-ils en renfort au roi du Nord lors de son attaque contre les juifs. En tous les cas, ils seront épargnés par l’Assyrien après sa victoire (Dan. 11:41).
Mais Dieu n’oublie pas leur hostilité séculaire contre son peuple. Après sa délivrance, Israël les châtiera lui-même : «ils voleront sur l’épaule des Philistins vers l’ouest, ils pilleront ensemble les fils de l’orient : Edom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils d’Ammon leur obéiront» (És. 11:14). «Moab est le bassin où je me lave ; sur Edom j’ai jeté ma sandale ; sur la Philistie je pousserai des cris de triomphe» (Ps. 108:9). Voyez également Jérémie 47 à 49 et Ézéchiel 25.
Nous avons considéré l’hostilité de ces deux nations à l’encontre d’Israël en quelques lignes, mais nombreux sont les passages des Écritures qui nous rapportent les atrocités qu’elles ont commises et commettront encore envers ce peuple. C’est pourquoi des jugements sévères tomberont sur elles.
Mais la grâce de Dieu est merveilleuse ; même pour de tels ennemis, il tient en réserve la bénédiction.
Lorsque ces nations auront appris la justice par les jugements de Dieu (És. 26:9), leur haine contre les juifs s’évanouira, et sous le règne béni du Seigneur Jésus, elles le serviront ensemble avec Israël.
«Et l’Éternel frappera l’Égypte ; il frappera, et il guérira ; et ils se tourneront vers l’Éternel, et il leur sera propice et les guérira. En ce jour-là, il y aura un chemin battu de l’Égypte à l’Assyrie ; et l’Assyrie viendra en Égypte, et l’Égypte en Assyrie ; et l’Égypte servira avec l’Assyrie. En ce jour-là, Israël sera le troisième, avec l’Égypte et avec l’Assyrie, une bénédiction au milieu de la terre ; car l’Éternel des armées le bénira, disant : Béni soit l’Égypte, mon peuple, et l’Assyrie, l’ouvrage de mes mains, et Israël, mon héritage» (És. 19:22 à 25).
À la lecture des prophètes Daniel, Jérémie et Ézéchiel, nous ne manquerons pas de remarquer une grande différence entre ces livres. Comme nous l’avons vu, Daniel considère la période qui s’étend de l’exil babylonien à l’anéantissement des ennemis d’Israël lors du retour en gloire du Seigneur Jésus. Il nous décrit les quatre empires qui domineront successivement sur la Palestine, et nous expose leur histoire et les jugements qui les frapperont.
Jérémie et Ézéchiel ne mentionnent pas ces empires. Jérémie traite plutôt du mal moral qui ronge Juda, l’idolâtrie ; puis il dépeint la pleine restauration et la bénédiction du peuple, avec un accent particulier sur les effets que Dieu produira lorsqu’il écrira sa loi dans les cœurs.
Ézéchiel insiste davantage sur la manifestation de la gloire de Dieu en Israël. Il commence par décrire, dans les premiers chapitres, comment les animaux (les chérubins) quittent le temple, la ville et le pays. Les chapitres suivants racontent leur retour définitif en ces mêmes lieux pour y habiter éternellement, après que Jérusalem a reçu le nom de «Jéhovah-Shamma», c’est-à-dire «l’Éternel est là». Le livre de Daniel considère la période entre ces deux événements.
Les chapitres 36 et 37 d’Ézéchiel nous parlent de la restauration d’Israël. Le peuple est ramené dans le pays et retrouve une vie nationale. Mais plus que cela, l’Esprit de Dieu a agi dans leurs cœurs, il a répandu sur eux des eaux pures, leur a donné un cœur nouveau, et a mis au-dedans d’eux un esprit nouveau (Ézéch. 36:25-28). Son serviteur David sera roi sur eux ; Dieu a fait avec eux une alliance de paix ; et Juda et Israël formeront à nouveau une seule nation (Ézéch. 37:15-28).
À partir du chapitre 40, le prophète dépeint la condition bénie dans laquelle se trouve alors le peuple. Il décrit de manière détaillée le temple, le service sacerdotal, l’héritage de chaque tribu et la bénédiction qui jaillit du sanctuaire.
Cependant, entre les chapitres 37 et 40 s’insèrent deux chapitres d’un caractère très différent ; ils rapportent l’offensive d’un prince puissant, qui réunit dans ses armées de nombreuses nations. Nous avons là le dernier ennemi d’Israël qui doit encore être détruit avant l’introduction de la bénédiction définitive.
Il s’agit d’une vaste coalition des nations du nord-est, ultime instrument que Satan utilisera pour anéantir le peuple élu après son rétablissement dans le pays, lorsqu’il jouira de la protection du Messie.
Ces chapitres illustrent un principe général : si le salut nous acquiert une position particulière dans la grâce de Dieu, il fait aussi de nous la cible des attaques les plus violentes de l’ennemi (Éph. 6).
Pour bien comprendre ces chapitres, il est nécessaire de se rappeler qu’aussi bien David que Salomon sont des types du Seigneur Jésus. David le typifie en ce qu’il a été rejeté et pourchassé par son peuple, puis en ce qu’il a régné au milieu de ses ennemis et qu’il les a tous vaincus. Le règne de Salomon, quant à lui, est une image du règne de paix que le Seigneur Jésus établira pour toute la durée du Millénium. Plus aucun ennemi n’ose en effet s’élever contre Salomon.
Gog envahira donc le pays au moment où Israël habitera en sécurité (Ézéch. 38:14) ; il s’attaquera à «ceux qui sont tranquilles, qui habitent en sécurité, qui tous habitent là où il n’y a pas de murailles et chez qui il n’y a ni barres ni portes» (Ézéch. 38:11).
À ce moment-là, le combat qui verra l’anéantissement de l’Empire romain dans les environs du Mont des Oliviers aura déjà eu lieu ; le roi du Nord dont nous parle Daniel aura lui aussi trouvé sa fin. Ces deux puissants ennemis sont en effet les premiers que le Seigneur Jésus jugera quand il descendra du ciel (voir Apoc. 19 et Dan. 11).
Ce n’est qu’à la suite de ces jugements qu’Israël habitera en paix. Mais à ce moment précis, Gog surviendra à la tête de toutes ses armées pour conquérir le pays. Le même chapitre 38 nous l’annonce. Le verset 8 dit qu’il viendra «après beaucoup de jours... à la fin des années», et le verset 16, que «ce sera à la fin des jours». Les versets 8, 12, 14 et 16 répètent qu’Israël, après avoir été dispersé parmi les peuples et opprimé par eux, aura réintégré son pays, et que ce dernier, qui était désolé, sera à nouveau habité. Les versets 11 à 14 décrivent la quiétude d’Israël qui ne redoute alors plus aucun danger, et nous montre que Gog n’ignore rien de ces sentiments.
Les deux chapitres identifient Gog de manière claire. En Ézéchiel 38:6 et 15, et 39:2, le prophète révèle que ce peuple viendra «du fond du nord», littéralement : «de l’extrême nord». Pour localiser son territoire, il faut naturellement nous placer en Palestine. C’est de la Palestine en effet que ces chapitres nous entretiennent ; n’est-elle pas d’ailleurs le centre, ou le «nombril de la terre», comme le verset 12, dans sa traduction littérale, nous l’indique ? De ce point de vue, le pays «du fond du nord» ne peut être que la Russie, puisqu’au nord de la Palestine se trouvent une partie de l’Asie mineure, puis au-delà, l’immense Empire russe. En outre, le souverain de cette partie de l’Asie mineure est ce fameux roi du Nord dont Daniel nous parle, et celui-ci aura déjà été jugé (Daniel 11) au moment de cette invasion. Ce même roi est appelé l’Assyrien en Ésaïe et dans d’autres passages.
Les noms cités dans ce chapitre appuient notre interprétation. En Ézéchiel 38:3 et 39:1, le mot rendu par «chef» dans certaines vieilles versions («prince et chef» au lieu de «prince de Rosh») est en réalité un nom propre, et doit donc être laissé sans être traduit. Ces versets nous parlent ainsi de «Gog, prince de Rosh, de Méshec et de Tubal», lecture que nous trouvons dans les plus anciennes traductions de l’Ancien Testament, et que la majorité des savants adoptent aujourd’hui. Or, derrière les mots «Rosh», «Méshec» et «Tubal», nous reconnaissons sans difficulté les Russes, Moscou et Tobolsk.
Ces chapitres nous présentent donc la Russie et ses alliés au temps des derniers jours. Le prophète énumère ces derniers : «avec eux la Perse, Cush (l’Éthiopie), et Puth, ayant tous des boucliers et des casques ; Gomer et toutes ses bandes ; la maison de Togarma, du fond du nord, et toutes ses bandes, — beaucoup de peuples avec toi» (Ézéch. 38:5, 6). Cush et Puth sont des fils de Cham, dont les descendants habitaient la région de l’Euphrate (Gen. 10). Gomer est l’ancêtre des Celtes ; la maison de Togarma correspond aux Arméniens. Ces peuples seront donc soumis, ou du moins alliés, à la Russie. L’influence russe au Moyen-Orient s’accroîtra donc, et les pays jusqu’à l’Euphrate (l’ancienne frontière de l’Empire romain) se trouveront sous domination russe. À ce propos, il convient de remarquer que dans la liste de jugements qui frapperont l’Empire romain, Apocalypse 16:12 mentionne le tarissement du cours pourtant puissant de l’Euphrate «afin que la voie des rois qui viennent de l’orient fût préparée».
Nous avons vu que l’Empire romain sera caractérisé par sa haine contre Dieu et par ses blasphèmes contre son nom. Les chapitres que nous avons sous les yeux nous montrent que les caractéristiques de la Russie seront différentes ; nous y reconnaissons sa grande rapacité (Ézéch. 38:13) et son complet dédain à l’égard de Dieu.
Lorsque cette nation attaquera Israël, le Seigneur Jésus sera déjà descendu sur la terre pour exécuter les jugements. Il aura déjà anéanti l’Empire romain ainsi que le roi du Nord, le vassal de la Russie. Il ne fait pas de doute que celle-ci en sera informée ; pourtant elle ne tiendra aucun compte de Dieu, de l’Éternel.
D’après la Bible, deux grandes coalitions de peuples s’opposeront dans les temps de la fin : l’Empire romain et la confédération du nord-est, dirigée par la Russie. La Parole énumère tous les fils et petits-fils de Noé lorsqu’elle décrit les armées de ces deux empires. On en conclut qu’il ne saurait y avoir une troisième puissance de même envergure sur la terre à ce moment-là.
Jusque-là, la situation politique aura été équilibrée, les deux coalitions étant de force égale. L’Empire romain devra sa puissance non seulement à sa prodigieuse force militaire, mais surtout aux capacités de ses chefs. Ceux-ci auront des pouvoirs miraculeux au point même de faire tomber le feu du ciel (Apoc. 13). La puissance de la Russie, quant à elle, tiendra plutôt dans ses immenses armées, dans le nombre d’hommes à sa disposition. Cette différence se voit par exemple dans le fait qu’après l’anéantissement des troupes européennes, seuls les oiseaux du ciel sont appelés à venir se rassasier de leur chair (Apoc. 19:17, 18), tandis qu’après la défaite de l’Empire russe, toutes les bêtes des champs sont invitées à se joindre aux oiseaux de toute aile pour cette besogne (Ézéch. 39:17).
Lorsqu’elle apprendra la disparition des troupes de l’Europe occidentale, la Russie pensera donc que le moment de s’emparer du pouvoir mondial est venu. Où pourrait-elle mieux se l’approprier qu’au Moyen-Orient, là où se trouve «le nombril de la terre» ! Là surtout où habite un peuple comblé de richesses, mais dépourvu de tout moyen de défense !
La Russie ne s’attendra pas à rencontrer l’Éternel en Israël, mais pour son malheur elle en percevra la présence dès son entrée dans le pays. L’immense armée sera détruite d’ignominieuse façon. Les troupes se tourneront l’une contre l’autre, avant d’être annihilées par des cataclysmes célestes et terrestres. Le Seigneur ne daignera même pas juger personnellement ce dernier ennemi, contrairement à l’Empire romain et au roi du Nord.
Dieu insiste de manière frappante sur le fait que c’est lui qui attirera Gog en Palestine. Non pas que cette expédition se fasse contre la volonté et les plans de Gog ; les versets 9 à 12 montrent clairement que celui-ci agira sous l’impulsion de ses propres pensées. Mais Ézéchiel 38:4, 7, 8, et 39:2 soulignent que c’est Dieu qui suscite de telles pensées en son cœur, pour ensuite le juger.
Dieu n’ignore rien de l’histoire de la Russie, de toutes les atrocités et de toutes les injustices commises dans ce pays ; Il ne les oublie pas davantage. De même que certains passages annoncent le jugement futur de Dieu sur Israël parce qu’il a servi les idoles lors de son périple dans le désert il y a trois mille cinq cents ans, de même la Russie sera jugée pour tous les crimes qui ont été ou seront commis jusque-là au cours de son histoire. Ézéchiel 38:8 déclare que Dieu la «visitera» ; cette expression signifie qu’il jugera tout acte commis sur son territoire.
Nous retrouvons la même pensée lors d’un autre événement clé de l’histoire d’Israël, qui illustre ce que nous voyons ici avec Gog. En Égypte, les plaies comme la Pâque avaient démontré la position particulière que ce peuple occupait dans la faveur de l’Éternel, bien qu’il fût opprimé et dans l’esclavage. Lorsque le Pharaon refusa de laisser partir le peuple, et s’entêta dans sa désobéissance à la parole de Dieu, Dieu endurcit son cœur dans le même but que nous trouvons exposé en Ézéchiel 39:7 : démontrer sa puissance et sa gloire dans les jugements qui frappent ceux qui s’élèvent contre lui.
Le jugement décrit dans les derniers versets du chapitre 38 est terrible. Mais il ne se limite pas aux seules troupes armées, il tombe également sur la Russie elle-même et sur les territoires de ses alliés. «Et j’enverrai un feu en Magog, et parmi ceux qui habitent les îles en sécurité ; et ils sauront que je suis l’Éternel» (Ézéch. 39:6).
L’importance numérique et la puissance des troupes russes ressortent de façon frappante au chapitre 39. Pendant sept années entières, les Israélites utiliseront le bois de leurs armes pour faire du feu. Nul autre combustible ne leur sera nécessaire. Et bien que tout le peuple s’y mette, ils auront besoin de sept mois pour enterrer les cadavres, sans même parvenir au bout de la tâche à la fin de ce délai. Les tombes seront si nombreuses dans la vallée transformée en cimetière à cet effet, que le chemin qui la traverse sera fermé aux passants. En souvenir du jugement de Dieu et de la délivrance que le Seigneur aura opérée par cet acte judiciaire, ce lieu sera baptisé «la vallée de Hamon-Gog», c’est-à-dire la vallée de la multitude de Gog.
Prenons garde de ne pas confondre cette prophétie avec ce qu’Apocalypse 20 nous dit de Gog et Magog. Ce dernier passage mentionne un événement qui n’aura lieu qu’après le Millénium, donc environ mille ans après les événements d’Ézéchiel 38 et 39. Gog d’ailleurs ne représente pas une personne dans ces versets de l’Apocalypse. Les noms de Gog et de Magog sont probablement utilisés parce qu’ils sont les seuls à pouvoir donner une impression correcte des masses humaines innombrables dont parle le verset 8 d’Apocalypse 20.
En Zacharie 14:4, nous avons vu que le Seigneur Jésus descendra du ciel pour juger les ennemis d’Israël. Ses pieds se tiendront sur le mont des Oliviers (v. 4), le lieu même de son ascension (Actes 1:9-12).
Il anéantira tout d’abord la puissance de l’Empire romain (l’Europe occidentale) qui cherchera à s’opposer à lui, et jettera ses chefs vifs dans l’étang de feu (Apoc. 19).
Il détruira ensuite le roi du Nord, nommé également Assur, ou l’Assyrien (Daniel 11:45 ; És. 30:31-33) et châtiera les autres nations voisines de la Palestine (És. 11:14 ; Ps. 108:10).
Finalement, Gog (la Russie et ses alliés) envahira le pays pour y périr de manière ignominieuse.
Le Seigneur, comme David, régnera donc d’abord «au milieu de ses ennemis», avant de les vaincre l’un après l’autre.
Lorsque toute résistance ouverte sera réprimée, il siégera comme Salomon sur le trône de l’Éternel à Jérusalem (1 Chron. 29:23). Il régnera là en justice et, toujours à l’image de Salomon, purifiera le royaume en jugeant les méchants (1 Rois 2 ; Matt. 25:31-46).
Matthieu 25:31-46 décrit un événement solennel. Il ne s’agit pas d’une scène de bataille, où le Seigneur écraserait une révolte ouverte. Nous le voyons ici venir dans sa gloire et s’asseoir sur le trône de sa gloire. Toutes les nations sont assemblées devant lui.
Beaucoup identifient cet événement à la scène décrite en Apocalypse 20:11-15. Mais la comparaison des deux passages nous convainc aisément de l’impropriété de ce rapprochement. Apocalypse 20 dépeint en effet le jugement final. Les morts se tiennent devant le grand trône blanc et sont jugés selon leurs œuvres. Une fois que tous sont jugés, la mort et le hadès (le royaume des morts, le lieu où les incrédules sont gardés pour le jugement) sont également jetés dans l’étang de feu. Là-dessus s’instaure l’état éternel (Apoc. 21:1-8).
En Matthieu 25, ce ne sont pas les morts, mais les vivants, les nations, que nous voyons se tenir devant le trône du Fils de l’homme. Cette scène ne se déroule pas non plus dans l’éternité, lorsque la terre et le ciel fuient devant la face de celui qui siège sur le trône. Le trône se dresse ici sur la terre, dans le royaume du Fils de l’homme. Il s’agit donc bien du jugement des vivants. Le Seigneur jugera certes aussi les morts ; mais il jugera d’abord les vivants pendant le Millénium, puis plus tard les morts.
Les nations ne sont pas non plus jugées en Matthieu 25 en fonction de toutes leurs œuvres, mais seulement d’après leur attitude envers ceux que le roi appelle ses frères. Le soutien qu’elles auront accordé aux juifs et au résidu fidèle en particulier, ou au contraire les persécutions qu’elles leur auront infligées, décideront de leur destin. Les nations qui se seront montrées secourables entreront dans la bénédiction du Millénium ; les autres seront jugées.
Le jugement sera très sévère. Il en sera pour les nations comme au temps de Noé, où seul un petit nombre échappa au déluge pour vivre sur la terre purifiée, et comme pour Israël, dont seul un résidu sera épargné par les jugements.
Tous les incrédules d’entre le peuple d’Israël périront, de même que, du milieu des nations, seront jugés tous ceux qui auront rejeté le témoignage de Dieu qui leur aura été présenté (És. 66:15-17 ; voir aussi 2 Thess. 2:11, 12).
Ceux des nations qui subsisteront connaîtront les bénédictions glorieuses du royaume ; les réchappés d’Israël leur seront envoyés pour leur raconter la gloire de Dieu (És. 66:18, 19).
Lorsque Adam pécha, la terre entière fut maudite à cause de lui. Dès lors, le sol produisit des épines et des ronces, et l’homme dut manger son pain à la sueur de son front. Les animaux tombèrent également sous cette malédiction (Gen. 3:14-19).
Selon les expressions de Romains 8, la création a été assujettie à la vanité. Toute la création soupire et est en travail jusqu’à maintenant. La vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu ; elle sera alors affranchie de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu.
Lorsque le dernier Adam (1 Cor. 15:45) prendra possession de son royaume et sera manifesté avec les siens sur la terre, la malédiction sera ôtée de la terre.
Des centaines de passages bibliques, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, l’attestent. Nous en citerons ici quelques-uns.
«La vache paîtra avec l’ourse, leurs petits coucheront l’un près de l’autre, et le lion mangera de la paille comme le bœuf. Le nourrisson s’ébattra sur le trou de l’aspic, et l’enfant sevré étendra sa main sur l’antre de la vipère. On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas, dans toute ma sainte montagne ; car la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (És. 11:7-9).
«N’y a-t-il pas encore très peu de temps, et le Liban sera converti en un champ fertile, et le champ fertile sera réputé une forêt ?» (És. 29:17).
«Le désert et la terre aride se réjouiront ; le lieu stérile sera dans l’allégresse, et fleurira comme la rose... Car des eaux jailliront dans le désert, et des rivières dans le lieu stérile ; et le mirage deviendra un étang, et la terre aride, des sources d’eau» (És. 35:1, 6, 7).
«Au lieu de l’épine croîtra le cyprès ; au lieu de l’ortie croîtra le myrte» (És. 55:13).
Ézéchiel 47 prophétise que même la mer Morte sera rendue saine et abondera en poissons.
Quel soulagement éprouvera l’humanité lorsqu’elle entrera dans ce royaume ! Chacun connaîtra l’abondance. il ne sera plus nécessaire de reprendre les employeurs comme le fait Jacques : «Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs et duquel ils ont été frustrés par vous, crie, et les cris de ceux qui ont moissonné sont parvenus aux oreilles du Seigneur Sabaoth» (Jacq. 5:4), et les travailleurs n’auront plus rien à redire sur la répartition des ressources mondiales, alors équitable. On ne pourra pas davantage entendre cette accusation : «Vous avez condamné, vous avez mis à mort le juste : il ne vous résiste pas» (Jacq. 5:6).
Le Seigneur jugera alors «avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre» (És. 11:4). «Voici, un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture ; et il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec» (És. 32:1, 2).
«Encore un peu de temps, et le méchant ne sera plus ; et tu considéreras son lieu, et il n’y sera plus ; et les débonnaires posséderont le pays, et feront leurs délices d’une abondance de paix» (Ps. 37:10, 11).
Les richesses de la terre enfin délivrée ne seront plus utilisées à des fins destructrices ; elles ne seront plus source de misère. «De leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes : une nation ne lèvera pas l’épée contre une autre nation, et on n’apprendra plus la guerre» (Michée 4:3 ; És. 2:4).
Le prince de paix régnera en justice (És. 9:5, 6). «Il jugera au milieu des nations, et prononcera le droit à beaucoup de peuples» (És. 2:4), de sorte que de nombreux peuples «iront et diront : Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l’Éternel» (És. 2:3).
Le péché ne sera cependant pas entièrement éradiqué de la terre. Le cœur de l’homme est méchant. Même la plénitude des bénédictions du Millénium ne saura l’améliorer. À la fin de cette période, après avoir goûté pendant mille ans les bénédictions du règne glorieux du Seigneur Jésus, les hommes se montreront animés de la même haine à son égard qu’autrefois. Au premier appel de Satan, ils se soumettront à nouveau à son pouvoir et le suivront dans son combat contre le Seigneur.
Cependant, Satan ne pourra pas séduire les hommes durant le Millénium même. Dès l’instauration du règne, il sera pris et jeté lié dans l’abîme (Apoc. 20:2, 3), avec ses serviteurs les démons (Luc 8:31 ; És. 24:21, 22).
Les incrédules n’auront ainsi plus de meneur. Ils n’auront plus personne qui les aiguillonne au mal, si ce n’est leur propre cœur. Et pourtant, quelques-uns se rebelleront encore. Mais tout péché manifeste sera aussitôt puni de mort (És. 65:20). «Celui qui pratique la fraude n’habitera pas au-dedans de ma maison ; celui qui profère des mensonges ne subsistera pas devant mes yeux. Chaque matin, je détruirai tous les méchants du pays, pour retrancher de la ville de l’Éternel tous les ouvriers d’iniquité» (Ps. 101:7, 8).
C’est pourquoi la plupart se soumettront au Seigneur en rendant une obéissance feinte. Réduits à l’impuissance, ils seront contraints de ployer les genoux devant lui et de reconnaître qu’il est Seigneur (Phil. 2:10). Mais leurs cœurs ne seront pas sincères (Ps. 18:44 ; 66:3).
À titre dissuasif, l’exécution des sentences sera publique. «Et ils sortiront, et verront les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi ;... et ils seront en horreur à toute chair» (És. 66:24).
Pour rappeler le jugement de Sodome et de Gomorrhe, les marais et les étangs sur les rives de la mer Morte ne seront pas assainis, mais resteront salés (Ézéch. 47:11).
Israël sera la première puissance mondiale, et Jérusalem, la capitale du monde (Deut. 28:1). La Palestine s’étendra du Nil jusqu’à l’Euphrate (Gen. 15:18 ; Ps. 72:8).
Chaque tribu aura sa part d’héritage dans le pays ; le partage sera toutefois effectué d’une façon bien différente qu’au temps de Josué (Ézéch. 48).
Un prince de la maison de David sera préposé sur eux, qui possédera sa propre part d’héritage (Ézéch. 48:21).
Le temple de Jérusalem sera reconstruit (Ézéch. 40 à 42), et la gloire de l’Éternel, signe de la présence de Jéhovah, le remplira (Ézéch. 43:1-5 ; 44:4). Les sacrificateurs de la maison de Tsadok en accompliront le service (Ézéch. 44:15) ; ils présenteront à nouveau le sacrifice pour le péché, l’holocauste, l’offrande de gâteau et les libations, en souvenir du seul sacrifice offert sur la croix de Golgotha (Ézéch. 43:18-27 ; 44:29). De même, la fête de la pâque, la fête des tabernacles et la fête de la nouvelle lune seront à nouveau célébrées ; mais non pas la fête des semaines, qui a trouvé son accomplissement dans l’Assemblée.
Tout Israël sera sauvé (Rom. 11:26), car Dieu mettra lui-même sa loi au-dedans d’eux, et l’écrira sur leurs cœurs. «Car ils me connaîtront tous, depuis le petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché» (Jér. 31:33-34). «Et ton peuple, — eux tous, seront justes» (És. 60:21).
Ils serviront Dieu dans son temple à Jérusalem. Ils ne seront pas seuls toutefois, car toutes les nations monteront d’année en année à Jérusalem pour adorer Dieu et célébrer la fête des tabernacles (Zach. 14). Elles apporteront avec elles les trésors de la terre : «Au lieu d’airain je ferai venir de l’or, et au lieu de fer je ferai venir de l’argent, et au lieu de bois, de l’airain, et au lieu de pierres, du fer» (És. 60:17).
Dans un précédent chapitre, nous avons vu que l’Assemblée ne sera plus alors sur la terre. Avant que ne tombent ici-bas les jugements de Dieu, nous serons enlevés à la rencontre du Seigneur en l’air pour être toujours avec lui (1 Thess. 4). Cela ne signifie pas pour autant que nous n’aurons aucune part au Millénium.
Nous avons été unis au Seigneur Jésus ; nous partagerons donc avec lui tout ce qu’il s’est acquis en vertu de son œuvre à la croix. Par exemple, lorsque nous lisons en Éphésiens 1:10 que Dieu s’est proposé en lui-même, pour l’administration de la plénitude des temps, de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, il est immédiatement ajouté que nous avons été faits héritiers avec Christ ; l’Assemblée est en outre appelée «son corps» à la fin du chapitre.
Selon Romains 8:17, nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ. Nous régnerons donc avec le Christ.
Le Seigneur Jésus, en tant que Fils de l’homme, est le centre et la tête du royaume millénaire. Nous partagerons également cette position avec lui.
Daniel 7:14 annonce qu’on donnera au Fils de l’homme la domination, l’honneur et la royauté. Mais au verset 27, le prophète ajoute encore que ces choses seront données au peuple des saints des lieux très hauts, expression qui désigne sans équivoque les saints célestes.
En Apocalypse 20:4, nous voyons ceux qui sont descendus du ciel avec le Seigneur Jésus siéger sur des trônes et exercer la domination. Ces personnes comprennent aussi bien l’Assemblée que les croyants de l’Ancien Testament. Le verset 4 mentionne encore deux groupes de personnes qui auront, elles aussi, part aux bénédictions : ce sont les saints qui, après l’enlèvement de l’Église, auront payé de leur vie leur fidélité.
Toutes ces différentes catégories de croyants vivront et régneront avec le Christ mille ans.
1 Corinthiens 6 nous confirme ce point fondamental : «Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?» L’Écriture va même plus loin : «Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? » Hébreux 2:8 nous donne la clé de ce mystère : le Seigneur Jésus ne régnera pas seulement sur la création terrestre ; Dieu lui a en effet assujetti toutes choses, toutes les œuvres de ses mains, c’est-à-dire tout ce qui a été créé : ciel, terre, anges, hommes, animaux, etc.
1 Corinthiens 15:27 cite également ces expressions du Psaume 8, et n’exclut que Dieu lui-même de la sphère de domination accordée à Christ. La même citation se retrouve encore en Éphésiens 1:22, où l’Esprit précise que l’Assemblée en est également exceptée. L’Assemblée unie à Christ régnera donc avec lui sur toute la création. Elle aura part aux bénédictions terrestres du Millénium — en tant que dispensatrice de la bénédiction et régnant sur la terre, tandis que ceux qui habiteront sur la terre seront les sujets du Christ et les objets de ses bénédictions.
Chaque membre de l’Assemblée exercera sa part d’autorité, et cela selon la mesure de fidélité montrée dans le service que Dieu lui aura confié durant sa vie sur la terre (Luc 19:11-19).
Quelle position Dieu nous a accordée ! Nos cœurs n’exultent-ils pas à la pensée de ce que son amour et sa grâce ont préparé pour nous, qui étions des pécheurs perdus et remplis de haine à son égard !
La position propre de l’Assemblée, sa véritable gloire, n’est toutefois pas de régner avec Christ. Comme lui, nous viendrons sur la terre, mais notre lieu d’habitation véritable restera le ciel. Nous serons le «peuple des saints des lieux très hauts» (Dan. 7:27). Le rêve de Jacob trouvera alors son accomplissement (Gen. 28:12 ; Jean 1:52), car il y aura un contact permanent entre le ciel et la terre.
Notre véritable position lors du Millénium nous est révélée en Apocalypse 21:9-22. L’Assemblée ne se trouve pas sur la terre, mais sur une grande et haute montagne. Elle entretient cependant des relations avec la terre, puisque «les nations marcheront par sa lumière ; et les rois de la terre lui apporteront leur gloire... Et on lui apportera la gloire et l’honneur des nations» (v. 24, 26). Au milieu de sa rue se dressera l’arbre de vie, dont les feuilles sont pour la guérison des nations.
Ces versets ne décrivent pas l’état éternel, car il n’y aura plus alors de nations, ni de nécessité quelconque de guérison. Ils ne nous parlent pas davantage du temps dans lequel nous vivons, puisque les rois de la terre n’apportent pas leur gloire à l’Assemblée. Pour l’heure, les portes de celle-ci doivent demeurer bien fermées, car ce qui fait une abomination et un mensonge parvient malheureusement encore à y pénétrer (Apoc. 21:24-27).
Qu’est-ce qui distingue la Jérusalem céleste, l’épouse, la femme de l’Agneau ? Non pas la gloire et l’honneur que lui apportent les nations, mais le fait qu’elle descend du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. L’Esprit Saint semble mettre un accent particulier sur ce point.
Il déclare en effet au verset 11 qu’elle a la gloire de Dieu, puis au verset 23, que la gloire de Dieu l’a illuminée. Le jaspe et le sardius, mentionnés dans la description de la cité aux versets 11, 18, 19 et 20, évoquent également la gloire de Dieu, comme nous le voyons en Apocalypse 4:3.
Surtout, nous avons ces déclarations des versets 22 et 23 : «Et je ne vis pas de temple en elle ; car le Seigneur, Dieu, le Tout-Puissant, et l’Agneau, en sont le temple. Et la cité n’a pas besoin du soleil ni de la lune, pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau est sa lampe. »
Un temple se dressera dans la Jérusalem terrestre. La gloire de l’Éternel le remplira, mais un voile fermera l’accès au lieu très saint.
Dans la Jérusalem céleste par contre, il n’y aura plus aucune séparation entre Dieu et son peuple. Ce dernier sera caractérisé par la gloire divine, alors que Dieu, le Tout-Puissant, en constituera le temple, ainsi que l’Agneau.
La terre connaîtra alors une période merveilleuse. Lorsque nous percevons aujourd’hui le soupir de la création, lorsque nous voyons toute la souffrance et la misère ici-bas, et que nous ressentons douloureusement combien l’injustice règne, lorsque nous nous rendons toujours à nouveau compte à quel point la connaissance de Dieu fait défaut et que nous entendons les blasphèmes proférés contre son nom, alors le désir brûle en nous de voir enfin venir le moment glorieux où s’établira le règne de bénédiction et de paix.
Quels temps extraordinaires, lorsque les hommes n’auront plus besoin de s’inquiéter de leur pain quotidien, qu’ils n’auront plus à redouter la guerre et ses conséquences, qu’ils ne vieilliront plus après quelques décennies pour ensuite mourir, mais qu’ils seront encore jeunes à l’âge de cent ans, lorsque la mort ne frappera plus le nourrisson ni l’enfant, ni même l’adulte s’il ne commet pas de péché flagrant ! «Il n’y aura plus, dès lors, ni petit enfant de peu de jours, ni vieillard qui n’ait pas accompli ses jours... car les jours de mon peuple seront comme les jours d’un arbre» (És. 65:20, 22).
Quels temps glorieux, lorsque la justice régnera sur la terre, lorsque celle-ci sera remplie de la connaissance de l’Éternel, et que les nations monteront d’année en année à Jérusalem pour y adorer !
Quelle sera la durée du glorieux règne du Seigneur Jésus ? Selon 1 Corinthiens 15:24-28, le royaume de Christ subsistera jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à l’établissement de l’état éternel ; Apocalypse 20 précise qu’il aura une durée de mille ans.
Pour beaucoup, ce chiffre n’a qu’une signification symbolique. Cette interprétation semble difficile à admettre ; en tous les cas, le Millénium aura une durée limitée déterminée par Dieu, et ne se maintiendra pas indéfiniment.
Comme nous l’avons vu, la terre sera peuplée aussi bien de méchants que de justes. Nous ne pouvons plus vraiment recourir au terme «croyants», car il ne sera plus requis de croire en un Sauveur absent et rejeté ; il s’agira simplement de recevoir le Fils de l’homme apparu en gloire, dont chacun éprouvera et reconnaîtra la puissance (Jean 20:29), et de le servir de son plein gré.
En effet, la révélation de sa puissance et de sa gloire ne conduira pas tous les hommes à recevoir le Seigneur Jésus. Le cœur humain est entièrement méchant. Là encore, l’homme devra passer par la nouvelle naissance pour pouvoir servir Dieu en vérité (Jean 3:3-6).
Toutefois, les personnes nées de nouveau ne pourront plus démontrer leur foi en confessant publiquement le Christ rejeté, ou en ayant part à ses souffrances. En outre, tout péché manifeste sera immédiatement puni de mort, de sorte que les incrédules auront avantage à servir hypocritement le Seigneur (Ps. 101:8).
C’est pourquoi Dieu permettra à la fin du Millénium une mise à l’épreuve étendue, pour mettre à nu l’état des cœurs de chacun.
Ésaïe 24:21-23 prophétise que l’Éternel exécutera son jugement contre le diable et ses anges — «l’armée d’en haut», comparer Éphésiens 6:12 — en même temps qu’il jugera les rois de la terre ; le verset 22 nous dit qu’ils seront enfermés dans une fosse. Alors seulement commencera le règne glorieux du Prince de paix (v. 23).
Les détails de ces événements nous sont donnés non pas dans l’Ancien Testament, mais dans les chapitres 12, 19 et 20 de l’Apocalypse. Au chapitre 12, Satan est précipité du ciel, puis au chapitre 20, lié avant d’être jeté et enfermé dans l’abîme (v. 1-3). L’abîme désigne dans l’Apocalypse le lieu où le mal est consigné (Apoc. 9:1-11).
À la fin du Millénium, Dieu rendra à Satan pour un temps sa liberté, mais dans la sphère terrestre uniquement (Apoc. 20:3 et 7). Alors sera démontré qui aura vraiment passé par la nouvelle naissance, et qui se sera soumis par pure hypocrisie. Le dernier groupe de personnes ne prêtera que trop volontiers l’oreille à la séduction du diable pour se révolter contre Dieu. Pour parfaire la mise à l’épreuve, le Seigneur Jésus retirera en apparence sa puissance pour une courte période. Il serait autrement impossible que les méchants puissent s’unir pour encercler le camp des saints et la ville bien-aimée.
Cependant, lorsque ce péril extrême aura effectué le tri entre les personnes nées de nouveau et les autres hommes, le feu de Dieu tombera du ciel et anéantira ces derniers.
Dans le chapitre 20 de l’Apocalypse, les nations sont désignées symboliquement par l’expression «Gog et Magog». Ce sont les noms du grand ennemi d’Israël dont nous parlent les chapitres 38 et 39 d’Ézéchiel ; nous avons vu précédemment qu’il s’agit de la Russie.
Il faut remarquer cependant qu’Ézéchiel parle du grand ennemi qui sera exterminé avant le Millénium, tandis que le chapitre 20 de l’Apocalypse décrit l’ultime révolte à la fin du Millénium. En outre, il s’agit en Ézéchiel des nations d’une partie de la terre uniquement, les peuples du nord-est, alors qu’en Apocalypse 20, les nations des quatre coins du monde sont concernées. Ainsi, il faut voir en Gog une personne qui dominera sur la région de Magog dans le livre d’Ézéchiel, tandis que dans l’Apocalypse, les deux noms sont mentionnés sans autre ensemble. Nous en concluons que les événements du chapitre 20 de l’Apocalypse ne doivent en aucun cas être confondus avec ceux qui sont décrits en Ézéchiel 38 et 39.
En Apocalypse 20, nous voyons donc l’ultime grande révolte contre Dieu, qui prend une fois de plus Israël et Jérusalem pour cible. Sous le commandement direct de Satan lui-même, des masses prodigieuses venues des quatre coins de la terre s’approcheront de ce pays et de cette ville. Elles chercheront à faire ce que leur grand prédécesseur, le chef de la Russie, aura déjà tenté mille ans auparavant ; et en apparence, elles y parviendront.
Mais «du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora». Tous ceux qui se seront manifestés dépourvus de la vie de Dieu seront tués. Et comme lors du combat d’Apocalypse 19, où les dirigeants n’avaient pas été mis à mort, mais précipités vifs en enfer, le diable sera jeté dans l’étang de feu et de soufre, qui depuis longtemps est préparé pour lui.
À ce moment ne vivront sur la terre plus que des hommes nés de nouveau, et seuls des incrédules se trouveront dans les tombes.
Les croyants, depuis l’époque d’Abel jusqu’à l’enlèvement de l’Assemblée, auront déjà été ressuscités à la venue du Seigneur. Nous les trouvons en Apocalypse 4 figurés par les vingt-quatre anciens, vêtus de vêtements blancs, couronnés d’or et assis sur des trônes dans le ciel. En Apocalypse 19, ils descendent du ciel avec le Seigneur sur la terre, et le verset 4 du chapitre 20 nous les montre assis sur des trônes, «et le jugement leur fut donné».
Les versets qui suivent nous présentent les croyants décédés après l’enlèvement de l’Assemblée. La Parole nous dit qu’ils «vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans». Si nous comparons cette déclaration avec le verset 5 : «le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis» et le verset 6 : «C’est ici la première résurrection», nous en déduisons sans hésitation qu’ils sont ressuscités.
Aucun passage des Écritures ne permet de supposer que les personnes nées de nouveau mourront encore pendant le Millénium. Au contraire, de nombreux versets, par exemple en Ésaïe 65, nous montrent clairement qu’elles ne connaîtront pas la mort.
C’est d’ailleurs facile à comprendre. Satan sera lié, et Christ régnera en justice. Celui qui a le pouvoir de la mort (Héb. 2:14) ne sera plus là, tandis que celui qui possède la puissance de la vie sera présent.
Par conséquent, lorsque le dernier jugement des vivants aura été exécuté (Apoc. 20:9), il n’y aura plus que des saints ressuscités et glorifiés dans le ciel, et des saints vivants sur la terre. Le dernier des croyants qui aura connu la mort aura donc été ressuscité au début du Millénium. Ésaïe l’a prophétisé : «Il engloutira la mort en victoire» (És. 25:8, voir aussi 1 Cor. 15:54).
Pourtant, la corruption ne peut hériter de l’incorruptibilité. Les saints encore vivants sur la terre à ce moment-là, avant de pouvoir entrer dans la gloire de la nouvelle terre, devront d’abord être changés.
Ils sont du Christ et participent à sa vie ; en conséquence, ils seront eux aussi transformés à son image (1 Cor. 15).
Il est toutefois vrai que la Parole ne nous donne aucune indication précise quant à la date de cet événement. Mais d’après le principe général des Écritures, il se réalise chaque fois au moment où les croyants vont être introduits dans la gloire (1 Cor. 15:47-53) ; on peut donc admettre que ces croyants seront changés à la fin du Millénium, avant que les nouveaux cieux et la nouvelle terre soient révélés avec leurs habitants bienheureux.
Ainsi, à la fin du Millénium, tous les incrédules seront morts, alors que tous les croyants décédés auront été ressuscités. Si l’Écriture parle encore de morts, il ne peut plus s’agir que d’incrédules.
Les versets 4 et 5 d’Apocalypse 20 nous révèlent qu’une période de mille ans s’écoulera entre la fin de la première résurrection (la résurrection des justes) et la résurrection des incrédules.
De nombreux autres passages, outre ceux du livre de l’Apocalypse, soulignent la distinction entre les deux événements.
On cite souvent Jean 5:29 pour prouver qu’il n’y aura qu’une seule résurrection à une date déterminée. Mais si nous lisons attentivement le passage dans son contexte, nous remarquons qu’il nous enseigne exactement le contraire. En effet, il distingue clairement la résurrection de ceux qui auront pratiqué le bien de la résurrection de ceux qui auront fait le mal. La première est la résurrection de vie, tandis que la seconde est la résurrection de jugement. Nous ne trouvons nulle mention que ces deux résurrections doivent avoir lieu simultanément.
L’expression «l’heure» ne supporte certainement pas cette interprétation, car elle est souvent utilisée pour indiquer une période de temps plus longue, par exemple en 1 Jean 2:18. Ainsi, trois versets plus haut, en Jean 5:25, elle se réfère à la période de la grâce, qui commençait alors et qui dure aujourd’hui depuis près de deux mille ans.
En Luc 20:35 et Philippiens 3:11, la résurrection des justes est appelée «la résurrection d’entre les morts», expression que l’apôtre utilise en 1 Corinthiens 15:20 pour parler de la résurrection de Christ. En Philippiens 3, il est dit littéralement dans le texte grec : la résurrection hors de d’entre les morts.
Le sens de cette expression est clair. Le Seigneur Jésus est ressuscité du milieu des morts. De même, ceux qui se sont endormis dans le Seigneur seront ressuscités du milieu des morts à sa venue (1 Cor. 15:23). Les autres morts resteront en effet dans la tombe.
«Mais chacun dans son propre rang : les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue ; ensuite la fin... le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort» (1 Cor. 15:23 et 26).
Quelque deux mille ans au minimum séparent le premier événement du deuxième, et mille ans environ le deuxième du troisième.
S’il n’y avait qu’une seule résurrection des morts, quel sens aurait donc le vœu exprimé par l’apôtre Paul en Philippiens 3:11 : «... si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts» ? Quel vœu absurde, si de toute façon tous les hommes devaient ressusciter en même temps !
Si nous connaissons l’enseignement de la Parole au sujet de la première résurrection, la résurrection d’entre les morts, le verset prend pour nous un sens clair. Paul souhaitait tant devenir conforme au Seigneur Jésus qu’il désirait mourir de la même manière, pour pouvoir aussi ressusciter de la même manière d’entre les morts — bien que la vraie espérance du chrétien soit d’entrer dans le ciel sans passer par la mort (1 Thess. 4:15).
La vérité biblique fondamentale au sujet du jugement, nous la trouvons en Hébreux 9:27 : «Il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement. »
Ce principe fondamental voit cependant sa portée restreinte dans le verset suivant : «le Christ... apparaîtra... à salut à ceux qui l’attendent». Ces derniers ne seront donc pas jugés.
Tous ceux qui sont en relation avec le premier Adam mourront, puis seront jugés ; mais tous ceux qui ont passé de la famille du premier Adam à la famille du dernier Adam sont justifiés et ne viennent pas en jugement (Rom. 5:16-19 ; 1 Cor. 15:22 et 45-49). Chacun aura part à la position de son chef de famille : soit celle d’Adam après la chute, soit celle du Seigneur Jésus après son œuvre à la croix.
Le Seigneur Jésus, dans le même chapitre où il parle de la résurrection de jugement, ne laisse aucune équivoque à ce propos : «En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24).
Mais, objectera-t-on, la Bible ne met-elle pas le tribunal du Christ et le tribunal de Dieu clairement en rapport avec les croyants en 2 Corinthiens 5:10 et Romains 14:10 ?
Sans aucun doute, l’expression «nous... tous» englobe d’ailleurs non seulement les croyants, mais tous les hommes, incrédules compris.
Remarquons cependant que ces versets ne disent pas que les croyants doivent être jugés. Nous lisons en Romains 14 que nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu, et en 2 Corinthiens 5:10 que nous serons tous «manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal».
Chez les incrédules ne se trouvera que du mal, car «il n’y a personne qui fasse le bien, non pas même un seul» (voir Ps. 14:1-3 ; Gen. 6:5 ; Rom. 3:12, 19 et 20 ; 1 Jean 3:14). Ils seront jugés selon leurs œuvres (Apoc. 20:12).
Chez les croyants se trouvera l’un comme l’autre, des bonnes œuvres comme des mauvaises. Mais ils ne seront pas pour autant jugés, car le Seigneur Jésus a porté leurs péchés en son corps sur la croix (1 Pierre 2:24 ; 2 Cor. 5:21 ; Rom. 4:25 ; Gal. 1:4 ; etc.). Ils possèdent désormais la même justice que le Juge lui-même (1 Jean 4:17).
Leur vie entière sera manifestée à ce moment-là jusque dans les moindres détails. Ils connaîtront comme aussi ils ont été connus. Et comme ils ne seront plus dans la chair, ils pourront eux-mêmes porter la même appréciation que Dieu sur toutes choses. Tout ce qu’ils discerneront alors de leur vie, aussi bien avant qu’après leur conversion, n’aura pour effet que de susciter en eux une admiration toujours plus profonde pour la grâce, la bonté, la patience, la fidélité et l’amour de Dieu.
La meilleure preuve que les croyants ne viendront pas en jugement est qu’ils sont déjà glorifiés avant leur manifestation devant le tribunal (1 Cor. 15:51-53). D’après 2 Timothée 4:8, cette manifestation aura lieu «dans ce jour-là», expression bien connue des Écritures pour désigner le moment de l’apparition du Seigneur Jésus, lorsqu’il viendra pour établir son royaume sur cette terre. Les croyants, à ce moment-là, se trouveront déjà depuis quelques années dans le ciel.
Apocalypse 20:11-15 nous décrit aussi bien la résurrection de jugement que le jugement lui-même. Le trône judiciaire ne se dresse pas sur la terre. La terre et le ciel s’enfuient de devant la face de celui qui siège sur le trône, et «il ne fut pas trouvé de lieu pour eux». Les morts se tiennent devant le trône. Comme nous l’avons vu, il s’agit de tous les incrédules qui ont jamais existé, depuis la création jusqu’à la fin. Les croyants ne participent pas à cette scène.
Qui siège sur le trône ? Le Seigneur Jésus nous donne lui-même la réponse en Jean 5:21-23.
Ces quelques versets mentionnent deux de ses gloires. «Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut. » Il s’agit ici de Dieu le Fils, l’égal de Dieu le Père. Dieu seul peut en effet donner la vie. Comme tel, le Fils donne la vie à tous les morts — spirituellement parlant — qui entendent sa voix (v. 25).
Ceux qui sont ainsi vivifiés l’honorent et reconnaissent qui il est (Matt. 16:16), tandis que les incrédules refusent de le faire (Jean 5:18). C’est pourquoi le Père a donné tout le jugement au Fils, qui bien que son égal, a pris volontairement une place de soumission, «afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père». «Et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’il est Fils de l’homme» (v. 27).
Dieu dans sa sagesse fait donc juger les hommes par celui qu’ils ont rejeté et mis à mort, par l’homme Christ Jésus, qui dans son office de médiateur entre Dieu et les hommes a été si profondément outragé par les incrédules.
C’est précisément ce que les hommes ne peuvent tolérer. Lorsque Paul annonça aux Athéniens que Dieu allait juger la terre habitée par un homme qui a connu la mort, ils se mirent à se moquer et refusèrent de l’écouter davantage (Actes 17:31).
En Apocalypse 20, aucune résistance n’est plus possible. Qui oserait s’opposer à celui «de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel ; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux» ! Tout genou se ploiera alors devant lui !
Tous les morts se tiennent devant le trône : ceux qui avant le déluge ont refusé de servir Dieu, comme ceux qui, après le cataclysme, ne se sont pas davantage souciés de lui ; ceux qui ne se sont pas convertis avant la venue du Christ, de même que ceux qui ont rejeté le Seigneur Jésus et l’ont cloué à la croix ; ceux qui dans la période actuelle désobéissent à l’évangile, comme ceux qui dans un temps maintenant proche adoreront la bête. Tous ceux qui depuis le début de l’humanité ne se sont pas tournés vers Dieu se tiennent là. Pas un seul ne manque.
Lorsque le Seigneur Jésus ressuscitera les siens à sa venue (1 Thess. 4), et tant que durera la première résurrection (Apoc. 20:4-6), les croyants décédés surgiront eux aussi de la mer, de la mort et du hadès (le séjour des morts). Mais il s’agit là de tout autre chose. La voix du Seigneur Jésus exercera un attrait si puissant sur ceux qui possèdent la vie de Dieu que la mort et le hadès ne pourront les retenir.
Dans la scène qui nous occupe, la mer, la mort et le hadès rendent les morts qui sont en eux. Ils les rendent tous, contraints par la puissance de celui qui siège sur le trône. Les secrets du monde invisible sont révélés. Les instruments de Satan que sont la mort et le hadès (Héb. 2:14 ; Matt. 16:18) sont détruits. Une fois que tous les hommes sont ressuscités, ils n’ont en effet plus de raison d’être : ils sont jetés dans l’étang de feu et de soufre. Satan lui-même, qui détenait le pouvoir de la mort, y est également précipité.
Les morts ne sont pas tous égaux : devant le trône, petits et grands se côtoient. Ceux qui ont blasphémé contre Dieu et vécu dans les péchés les plus grossiers se trouvent certes là, mais également ceux à qui aucun être humain n’aurait pu adresser de reproche. Il y a ceux qui ont maudit Dieu et outragé le Seigneur Jésus, mais aussi ceux qui ont accompli scrupuleusement leurs devoirs religieux.
Rois, empereurs et chefs politiques côtoieront les princes de la finance, les capitaines de l’industrie, les artistes et les savants renommés ; mais parmi eux se trouveront aussi des hommes simples, sans position particulière ni prétention, des pauvres et des incultes.
Tous cependant ont refusé pendant leur vie sur la terre d’écouter la parole du Seigneur Jésus. C’est pourquoi ils passent en jugement.
Ils sont jugés selon leurs œuvres ; et quels qu’ils soient, la parole de Dieu conclut invariablement : «il était jeté dans l’étang de feu».
Dans le ciel, les livres sont tenus avec la plus grande exactitude. «Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire» (Héb. 4:13).
Le jugement se déroulera conformément à la pureté de la nature divine (le trône blanc), et en tenant compte de la responsabilité de l’homme devant Dieu.
Dieu avait placé l’être humain sur la terre pour qu’il le serve. L’homme est donc responsable pour tout fait et geste accompli dans l’indépendance à l’égard de son Créateur : «le péché est l’iniquité» (en note, une marche sans loi, sans frein, 1 Jean 3:4).
C’est pourquoi Dieu condamnera toute pensée, toute parole et toute action, aussi bonne puisse-t-elle paraître aux yeux des hommes, qui n’aura pas été motivée par l’obéissance à son égard.
Vous qui lisez ces lignes, devrez-vous aussi vous tenir un jour devant le grand trône blanc ? «C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant» ! (Héb. 10:31.)
Tournez-vous maintenant vers Dieu, si vous ne l’avez pas encore fait. Aujourd’hui est encore jour de grâce.
«En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24).
Seuls trois passages des Écritures nous décrivent l’état éternel sans toucher en même temps à d’autres sujets : 1 Corinthiens 15:24 et 28 ; 2 Pierre 3:13 et Apocalypse 21:1-8.
La parole de Dieu nous en dit au fond peu de chose. L’état éternel sera si différent de la première création que les êtres humains que nous sommes ne peuvent s’en faire aucune idée ici-bas. Nos capacités sont trop limitées.
Cependant, certaines révélations contiennent des principes généraux importants et significatifs, qui nous éclairent tant sur l’éternité que sur notre état présent.
1 Corinthiens 15 nous dit : «ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort» (v. 24-26).
«Mais quand toutes choses lui auront été assujetties, alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous» (v. 28).
À l’origine, Dieu avait établi l’homme, comme son représentant, à la tête de la création terrestre (Gen. 1:27, 28). Mais l’homme ne sut se satisfaire de cette position. Alors que tout était en parfaite harmonie, et dans sa relation juste avec Dieu, il se rebella contre lui. Par cet acte, il plongea toute la création dans le chaos et brisa la relation qui la liait originellement à son Créateur. Satan devint le chef et le dieu de ce monde.
Plus tard, Dieu envoya Son Fils ; mais les hommes le rejetèrent. Dieu répondit à ce rejet en établissant son Fils, dans son caractère de Fils de l’homme, chef non seulement de la création terrestre, mais de tout ce qui a été créé (Ps. 8 ; Héb. 2).
Cet homme-là ne se rebella pas contre Dieu, bien qu’il soit venu dans un monde caractérisé par la révolte. «Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:8-11).
Dans les chapitres consacrés au Millénium, nous avons considéré comment le Seigneur Jésus exercera son pouvoir. Il soumettra tous les ennemis de Dieu. À la fin de son règne, il abolira la mort elle-même, en lui arrachant ses proies et en la jetant dans l’étang de feu (Apoc. 20). Là encore, nous voyons que le jugement est un acte qui entre dans le cadre de son règne. C’est pourquoi les deux choses sont mentionnées ensemble en 2 Timothée 4:1.
Plus aucune opposition ne s’élèvera désormais contre Dieu, et tout se trouvera à nouveau dans sa juste relation avec le Créateur. La plénitude des bénédictions de l’état éternel remplira les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Alors le Fils de l’homme, contrairement à Adam, renoncera volontairement à sa position souveraine et médiatrice, afin que Dieu soit tout en tous.
Il est bien clair qu’il est question ici du Seigneur Jésus comme homme glorifié. Même dans l’éternité, Il restera cet homme glorifié, et l’Assemblée demeurera pour toute l’éternité dans cette relation particulièrement intime avec lui dont elle jouit déjà maintenant.
Mais il est aussi le Dieu éternel (Jean 1:18 ; 3:13). Lorsque l’Écriture nous dit : «afin que Dieu soit tout en tous», elle entend le Dieu trinitaire : Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit.
2 Pierre 3 nous révèle ce qu’est la nouvelle terre, et comment elle est préparée.
Ésaïe déjà utilise les termes «nouveaux cieux» et «nouvelle terre» (És. 65:17 ; 66:22), mais le contexte nous montre qu’il ne voit pas plus loin que le Millénium : il mentionne en effet Jérusalem, parle de maisons construites et habitées, et même de pécheurs frappés de malédiction, dont les cadavres sont exposés à la vue de tous. Il va sans dire qu’il ne peut s’agir là de l’état éternel.
Dans un certain sens, le ciel et la terre durant le Millénium seront aussi un nouveau ciel et une nouvelle terre. Le diable aura été précipité du ciel pour toujours, et sera plus tard lié et jeté dans l’abîme. La terre sera purifiée par le jugement (le feu). La malédiction qui pèse sur elle sera levée : «la création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Rom. 8:21). Le Christ régnera. Le Seigneur Jésus nomme ce nouvel état la «régénération» en Matthieu 19:28.
Cet état rappelle celui de la terre après le déluge. La famille de Noé avait elle aussi vécu sur une terre purifiée par le jugement. Noé avait reçu de Dieu le droit et le devoir de réfréner et réprimer le mal par sa domination. S’il était demeuré fidèle, on aurait certainement retrouvé sur cette terre purifiée beaucoup des bénédictions glorieuses du jardin d’Eden. Toutefois, cette terre n’aurait jamais complètement recouvré son état originel. Le péché était intervenu et persistait, même s’il ne pouvait pas encore se manifester comme aujourd’hui.
Dans l’état éternel, le péché n’existera plus. Létat du jardin d’Eden sera alors rétabli, mais dans une gloire bien plus grande encore, car il n’y aura plus du tout la possibilité de pécher, quand bien même l’homme conservera la connaissance du bien et du mal.
Cela signifie également que tout ce qui a un rapport quelconque avec le péché ne pourra plus subsister.
En ce qui concerne les croyants, ce miracle s’est déjà produit à la croix. Là, Dieu «ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair» (Rom. 8:3). On peut désormais dire des croyants : en lui «vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ» (Col. 2:11). «En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles» (2 Cor. 5:17).
Dans le Christ, les croyants sont morts à la croix, sous le jugement de Dieu ; mais Jésus, le Ressuscité, leur a donné une vie nouvelle (Jean 5:21 ; 1 Jean 5:12, 20), sa propre vie de résurrection (Jean 20:22 ; comparer aussi Genèse 2:7). Tout en restant les mêmes personnes, ils sont des hommes nouveaux, et sans plus aucun vestige de péché en eux, ils accéderont au nouveau ciel et à la nouvelle terre.
Quant aux incrédules, ils comparaîtront devant le grand trône blanc. Ils seront jugés et jetés dans l’étang de feu et de soufre, où ils demeureront éternellement, tout comme le diable et ses anges.
Cependant, le péché a également souillé la terre et les cieux créés, aussi bien par la présence de Satan et des êtres, hommes ou anges, qu’il a séduits, que par les œuvres iniques qu’ils ont commises.
C’est pourquoi «les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies... Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et, dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement» (2 Pierre 3:7 et 10).
Quelle pensée sérieuse pour nous ! Nous savons que la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées ; ne devrions-nous pas nous affranchir et nous séparer de toutes ces choses ? «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété» (2 Pierre 3:11).
De même que le corps du croyant retourne à la poussière et se décompose après sa mort, mais est ressuscité — le même corps — sans quoi que ce soit qui rappelle le péché ou la corruptibilité, de même il en sera pour la terre.
Les éléments seront dissous dans l’embrasement, et la terre et les cieux périront dans le feu. Mais ils seront créés à nouveau, les mêmes cieux et la même terre ; néanmoins, tout ce qui pourrait rappeler le péché, tout ce qui a trait à l’homme naturel aura disparu. Le ciel et la terre seront une nouvelle création, et constitueront un lieu d’habitation digne de Dieu lui-même et de son peuple.
Pendant le Millénium, la justice régnera certes, mais le péché et l’injustice seront encore présents, bien que, dès qu’ils se manifestent, les coupables soient aussitôt punis de mort. Tout sera justice.
Aujourd’hui au contraire, dans le temps actuel, l’injustice règne. «Le juste périt, et personne ne le prend à cœur» (És. 57:1).
Pendant le Millénium, «un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture ; et il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage» (És. 32:1, 2).
En contraste, la justice habitera sur la nouvelle terre et dans les nouveaux cieux. Il n’y aura plus de péché ni d’injustice, plus rien qui soit contraire aux pensées de Dieu, plus personne qui se rebelle contre lui. Un gouvernement ne sera plus nécessaire, car tout sera en parfaite harmonie avec Dieu. La bénédiction divine pourra se répandre sans entrave sur les habitants bienheureux de la nouvelle création.
Que d’implications dans ces quelques mots d’Apocalypse 21 ! Si aujourd’hui la mer disparaissait, la vie ne serait plus possible sur la terre, à moins d’un miracle de la part de Dieu. Etres humains, animaux et plantes ne pourraient plus subsister.
Dans l’éternité cependant, tout ce qui a trait à la vie naturelle appartiendra au passé. Il n’y aura plus de vie animale ou végétale telle que nous la connaissons actuellement. Certes, des hommes vivront dans la nouvelle création, mais plus dans la condition humaine actuelle. Ils auront en effet revêtu l’incorruptibilité et l’immortalité (1 Cor. 15:53, 54) et seront semblables aux anges (Luc 20:35, 36). Là, Dieu sera tout en tous. En Genèse 1:2, la terre est recouverte d’eau, puis Dieu sépare l’eau et le sec au troisième jour. Plus tard, l’eau recouvre à nouveau la terre, en jugement de la part de Dieu (Gen. 7 ; 2 Pierre 3). Mais sur la nouvelle terre, la mer aura disparu.
On ne trouvera plus rien qui puisse évoquer une séparation. Il n’y aura plus de désordre, dont la mer est souvent une image dans les prophéties, ni de jugement, ni aucune forme d’agitation : tout aura pris sa forme définitive (Héb. 4:9 ; 12:27, 28). Voyez aussi la mer de verre mentionnée en Apocalypse 4:6, qui représente en type le caractère immuable et inaltérable de la sainteté divine.
Au moment où s’établit l’état éternel, l’Assemblée habite depuis longtemps déjà la maison du Père, dans la gloire éternelle. Apocalypse 19 nous décrit les noces de l’Agneau, et déclare que «sa femme s’est préparée». Même si cet événement date alors de plus de mille ans, la beauté de l’épouse ne s’est pas altérée, pas plus que son amour n’a tiédi : elle demeure «préparée comme une épouse ornée pour son mari» (Apoc. 21:2).
Elle quitte le séjour qui lui est proprement destiné pour descendre sur la terre. Même dans l’éternité, le ciel demeure en effet sa patrie ; et elle conserve pour toujours la position particulière que Dieu lui avait déjà accordée sur la terre, celle de constituer «un temple saint», «une habitation de Dieu» (Éph. 2:21, 22 ; 3:21).
Elle est appelée l’habitation de Dieu. Dans l’Écriture, Dieu se révèle sous différents noms. Il se nomme Jéhovah, le Tout-Puissant, ou encore le Père. Tous ses noms sont en étroite relation avec les révélations qu’il a données aux hommes dans des circonstances bien précises.
Genèse 1, par exemple, qui nous raconte la création, ne mentionne que le seul nom d’Elohim, c’est-à-dire Dieu. Ce nom est celui de la Divinité en contraste avec les êtres humains créés. Au chapitre 2, à partir du verset 4, de même qu’au chapitre 3, apparaît le nom de Jéhovah Elohim, l’Éternel Dieu, car ces passages nous présentent la relation que Dieu établit entre sa création et lui-même. À partir du chapitre 4, après que l’homme a été chassé du jardin d’Eden, nous trouvons les noms de Jéhovah et d’Elohim en alternance, selon les circonstances. Le Seigneur Jésus lui-même, alors qu’il s’était adressé durant toute sa marche sur la terre à son Père, s’écria à l’heure ténébreuse où le jugement du Dieu saint le frappait : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Dans l’état éternel cependant, il ne subsiste plus rien qui ait trait aux différentes économies. Même le nom de l’Agneau n’y est plus une seule fois mentionné : il n’y a plus que «Dieu tout en tous», Père, Fils et Saint Esprit.
Il n’existe plus de nations non plus dans l’état éternel. La division de l’humanité en différents peuples et nations était une conséquence du péché. La révolte des hommes conduisit Dieu à les disperser sur toute la face de la terre et à les diviser en nations en confondant leur langage (Gen. 10).
Sur la nouvelle terre, il n’y a pas une telle confusion linguistique. Ses habitants sont certes des êtres humains, mais ils sont tous réconciliés avec Dieu sur la base de l’œuvre du Seigneur Jésus : «Il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu» (Apoc. 21:3).
«La mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées. Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles» (Apoc. 21:4, 5).
Toutes ces choses sont des conséquences du péché, et chaque être humain sur la terre a appris à les connaître.
Certes, Dieu les utilise pour exercer le cœur des hommes, afin de les amener là où ils peuvent le rencontrer en vérité.
Mais que sera-ce, lorsque tout mal aura disparu, lorsque Dieu n’aura plus besoin de tels moyens parce que la communion avec lui sera parfaite et ininterrompue, lorsqu’il aura lui-même ôté toutes ces choses, lorsqu’il aura essuyé toute larme de nos yeux et effacé le souvenir même de nos souffrances ?
Celui qui a soif aujourd’hui sera alors désaltéré à la source de l’eau de la vie. Non seulement il goûtera de cette eau, mais Dieu lui-même sera son rafraîchissement.
Aujourd’hui, se ranger du côté de Dieu coûte bien des luttes. Nous vivons dans un monde qui hait Dieu et qui a rejeté le Seigneur Jésus. Il y a encore des difficultés à surmonter. Mais «celui qui vaincra héritera de ces choses, et je lui serai Dieu, et lui me sera fils» (Apoc. 21:7). «Celui qui vaincra, -je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône» (Apoc. 3:21).
Ceux qui ne sont pas victorieux, les lâches, ce sont ceux qui, effrayés par les difficultés, n’ont pas suivi le chemin de la bénédiction, qui n’ont pas vaincu Satan ni le monde et ont vécu dans l’incrédulité et l’iniquité ; «leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort» (Apoc. 21:8).
Ces mots forment en réalité la conclusion de l’Apocalypse. La suite du chapitre, de même que le chapitre 22, reviennent au Millénium.
Combien ces paroles réduisent à néant les affirmations de certains, qui nient la condamnation éternelle !
Précisément là où l’Écriture présente la gloire éternelle et la bénédiction de tous ceux qui sont réconciliés avec Dieu par le sang du Seigneur Jésus, là où Dieu se révèle comme Amour à tous ceux qui habitent la nouvelle terre, là où l’état éternel nous est décrit, Dieu parle de l’étang de feu et de soufre qui est la seconde mort !
En considérant cet état éternel, où le péché ni aucune forme de mal n’existe plus, où la justice habite en paix, où toutes choses sont nouvelles, celui dont la Parole déclare qu’il est lumière et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres (1 Jean 1:5), se doit d’établir une telle séparation éternelle.
«Mais quant aux timides, et aux incrédules, et à ceux qui se sont souillés avec des abominations, et aux meurtriers, et aux fornicateurs, et aux magiciens, et aux idolâtres, et à tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort» (Apoc. 21:8).
«... dans le feu inextinguible, là où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas» (Marc 9:44).
«... là seront les pleurs et les grincements de dents» (Matt. 8:12).
L’ordre chronologique des événements considérés se résume ainsi
a) Tout d’abord, le Seigneur Jésus viendra à notre rencontre en l’air pour enlever l’Assemblée de la terre et l’introduire dans la maison du Père (Jean 14:1-3 ; 1 Cor. 15:51-54 ; 1 Thess. 4:15-17). Il n’est dit d’aucune prophétie de la Bible qu’elle doit nécessairement trouver son accomplissement avant l’enlèvement de l’Assemblée. Au contraire, il saute aux yeux que la plupart des prophéties se rapportent à une période ultérieure ; nous pensons par exemple aux chapitres 4 à 22 de l’Apocalypse.
b) Dieu reprend sa relation directe avec Israël et les nations. Les prophéties ne permettent pas de conclure avec certitude si ce rétablissement aura lieu seulement après l’enlèvement de l’Assemblée, ou s’il y aura une période transitoire comme au début de l’histoire de l’Église, où Israël ne fut complètement mis de côté qu’au bout d’un certain temps (Actes 3:19-21 ; 28:20-28).
D’après Ézéchiel 37, il faut admettre que Dieu intervient de nouveau à l’égard des juifs avant même que ceux-ci ne constituent une nation en Israël. Sur ordre de Dieu, Ézéchiel prophétise, et c’est à la suite de cela que le corps se reconstitue. Naturellement, il n’était pas dans le dessein de Dieu que les juifs reviennent en Palestine dans un état d’incrédulité — ce que nous voyons aujourd’hui déjà partiellement réalisé. Mais ce retour est le résultat de l’accomplissement des prophéties selon l’ordre divin. Cela concorde d’ailleurs avec Jérémie 16:15-18.
En revanche, nous voyons en Daniel 9:27 que la soixante-dixième semaine de Daniel commence seulement après que les juifs forment un peuple autonome en Palestine et que l’Empire romain est reconstitué. Nous avons déjà assisté à la naissance de l’État d’Israël. Quant à savoir si l’Empire romain sera reconstitué et conclura une alliance avec Israël déjà avant l’enlèvement de l’Assemblée, l’Écriture ne donne pas d’indications très claires à ce sujet. Seuls les événements de la seconde moitié de la soixante-dixième semaine doivent indubitablement se dérouler après l’enlèvement de celle-ci. Dans toute l’Apocalypse, seuls ces trois ans et demi sont expressément mentionnés, l’Assemblée se trouvera alors déjà au ciel.
c) À la moitié de la semaine, Satan sera précipité du ciel (Apoc. 12:7, etc.). Sachant qu’il a peu de temps, il incitera ses instruments principaux, les deux bêtes d’Apocalypse 13, dont l’une constituera le chef politique et l’autre le chef religieux de l’Empire romain, à dévoiler pleinement leur vrai caractère. Le second, qui sera également roi sur les juifs, se révélera être l’Antichrist, tandis que le premier manifestera des dispositions tout à fait blasphématoires et sataniques (Dan. 9:27 ; 7:25 ; Apoc. 13:5).
Pour les juifs, cela signifiera la cessation de leur culte dans le temple de Jérusalem ; dans ce même temple sera érigée une image, représentant probablement l’Antichrist ou l’empereur romain (Dan. 9:27 ; 12:11 ; 11:38, 39 ; Apoc. 13:15). Pour l’Empire romain, cela signifiera vraisemblablement la disparition de toute trace de christianisme, c’est-à-dire de la chrétienté professante réunifiée sous la bannière romaine (Apoc. 17 et 18).
d) Le résidu fidèle juif s’enfuira de Jérusalem (Matt. 24:15-21). Le deuxième livre des Psaumes (Ps. 42 à 72) exprime de manière prophétique les sentiments éprouvés par ce résidu pendant son absence de Jérusalem.
Il restera cependant deux puissants témoins de Dieu dans la cité (Apoc. 11:2-13), qui seront dans un premier temps invulnérables aux attaques de leurs ennemis. Le résidu en fuite sera l’objet de toute la haine de l’Antichrist, et la proie de ses persécutions (Apoc. 12:6, 13-17 ; És. 16:3, 4 ; 21:14, 15 ; Ps. 52 ; 55, etc.). À la même époque, les jugements de Dieu frapperont la Judée et les territoires de l’Empire romain. Ce sera le temps de la grande tribulation (Matt. 24:21).
e) Vers la fin de ces trois années et demie, la Palestine sera attaquée simultanément par le roi du Nord (le vassal de la Russie) et le roi du Sud (l’Égypte). Le roi du Nord remportera la victoire et prendra Jérusalem avant de poursuivre vers l’Égypte.
f) Le roi juif (l’Antichrist) se sera entre-temps réfugié auprès de son allié, le chef politique de l’Empire romain. Ensemble, ils reviendront en Palestine à la tête des armées de l’Europe occidentale, reprendront Jérusalem et mettront à mort les deux témoins de Dieu (Apoc. 11:7, 8).
g) Ils se tourneront ensuite contre le résidu fidèle, mais le Seigneur Jésus descendra alors du ciel sur les nuées, détruira leurs armées et les jettera, quant à eux, vifs dans l’étang de feu (Zach. 14:4 et Apoc. 19:11-21). Cet événement marquera la fin de la soixante-dixième semaine de Daniel.
h) Le roi du Nord, alarmé par les rumeurs venant de la Palestine, quittera l’Égypte pour revenir sur ses pas ; il sera cependant anéanti lui aussi (Dan. 11:45). Les juifs useront de représailles envers les peuplades voisines (És. 11:14). Tout cela se déroulera probablement dans les trente jours après la fin de la soixante-dixième semaine d’années (Dan. 12:11).
i) Gog et Magog attaqueront à leur tour, mais tomberont sur les montagnes d’Israël (Ézéch. 38 et 39). Entre-temps, le résidu des dix tribus aura lui aussi réintégré la Palestine (Ézéch. 20 ; 37:22 ; 38:14). Ces événements surviendront vraisemblablement dans les quarante-cinq jours suivants (Dan. 12:12).
j) Alors se déroulera le jugement des nations décrit en Matthieu 25. Il ne s’élèvera plus désormais de révolte ouverte contre le Seigneur Jésus, qui gouvernera la terre en justice et en équité pendant mille ans sans discontinuer. Durant tout son règne, Satan demeurera lié au fond de l’abîme (Apoc. 20).
k) À la fin du Millénium, Satan sera libéré pour un temps, afin de mettre encore une fois les hommes à l’épreuve.
La plupart se placeront à nouveau sous son commandement, se rebelleront contre Dieu et le Seigneur Jésus, et encercleront Jérusalem. Ils seront mis à mort, tandis que Satan sera jeté vif dans l’étang de feu (Apoc. 20).
Le ciel et la terre seront dissous (2 Pierre 3), et les morts comparaîtront devant le grand trône blanc pour être jugés.
1) Alors commencera l’état éternel, dans lequel les hommes qui se sont convertis, et qui sont ainsi nés de nouveau, habiteront la nouvelle terre.
L’Assemblée occupera là encore une position particulière, et Dieu habitera au milieu des hommes.
Genèse 10 nous présente les descendants de Noé comme les ancêtres des différentes nations.
Le verset 2 nous énumère les fils de Japheth : Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Méshec, et Tiras.
Si nous prenons en considération le fait que d’après Daniel 6 et 8:20, la Médie et la Perse ne forment qu’un, nous constatons qu’à l’exception de Javan et de Tiras, tous ces noms sont mentionnés textuellement en Ézéchiel 38 et 39 comme appartenant à la Russie, ou tout du moins à sa sphère d’influence. Ézéchiel cite encore en particulier un fils de Gomer, du nom de Togarma.
D’après Zacharie 9:13, Javan sera également impliqué dans le combat de la fin. En effet, on remarque en rapprochant Daniel 11:30 de Genèse 10:4 que Javan sera lui aussi associé à l’Empire romain. Javan correspond à la Grèce. Nous reviendrons plus tard sur Tiras lorsque nous considérerons le mot «Rash» ou «Rosh» dans les chapitres 38 et 39 d’Ézéchiel.
Les fils de Cham s’appelaient Cush, Mitsraïm, Puth et Canaan.
Canaan fut détruit lors de la conquête du pays par les Israélites. Cush (ou l’Ethiopie, comme on le traduit ailleurs) et Puth sont également mentionnés en Ézéchiel 38, de nouveau en relation avec la Russie.
Mitsraïm (l’Égypte) et Cush (l’Ethiopie) sont cités ensemble en Daniel 11:43. On peut conclure de cette mention de Cush (l’Ethiopie) dans les deux passages qu’une partie de sa descendance s’est installée sur les rives de l’Euphrate (Gen. 10:8-10) et l’autre en Afrique, sur les rives du Nil.
Quant aux fils de Sem, ils se nommaient Elam, Assur, Arpacshad, Lud et Aram. Il ressort d’Ésaïe 21:2, de Jérémie 25:25 et de Daniel 8:2 qu’Elam correspond à la Perse. Aram est rendu dans certaines traductions plus anciennes par «Syrie».
Comme nous l’avons vu plus haut, la Perse est aussi associée à la Russie en Ézéchiel 38. La Syrie est comprise dans l’Assyrie (2 Rois 16:9), le roi du Nord, vassal de la Russie. Lud est toujours cité en compagnie de Puth (voir Ézéch. 27:10 ; 30:5 ; Jér. 46:9 ; És. 66:9). Il n’est pourtant pas expressément mentionné en rapport avec le temps de la fin.
Nous remarquons donc que toute la descendance de Noé prendra part au combat de la fin qui se déroulera en Palestine, à l’exception de Lud — qui toutefois se trouve probablement compris dans Puth — et de Tiras. Nous reparlerons plus loin de ce dernier.
Pour bien comprendre ce qui précède, il serait opportun de consulter une carte du monde antique où les noms des différents peuples mentionnés sont signalés, de même que leur localisation.
Certains traducteurs ont rendu le mot hébreu Rash ou Rosh par «chef» en Ézéchiel 38:2, 3 et 39:1. Sans aucun doute, ce mot apparaît dans la Bible avec cette signification, mais il prend également d’autres sens. Il peut signifier par exemple «fiel», ou encore servir de nom propre. On trouve ce dernier cas illustré par exemple en Genèse 46:21, où l’un des fils de Benjamin se nomme ainsi. Comme il s’agit dans ce passage indubitablement d’un nom propre, les traducteurs l’ont simplement laissé non traduit.
Un tel phénomène est tout à fait courant dans l’Ancien Testament, où chaque nom propre a sa signification. Tout traducteur doit donc déterminer d’après le contexte si le mot en question est un nom propre qu’il faut laisser non traduit, ou pas.
Qu’en est-il alors du mot «Rash» (Rhas) ou «Rosh» (Rhos) en Ézéchiel 38:2, 3 et 39:1 ?
La première traduction de l’Ancien Testament en grec, la fameuse Septante, effectuée par des érudits juifs, fut achevée un peu moins de deux cents ans avant la naissance du Seigneur Jésus. Ces savants vécurent peu de siècles après Ézéchiel et connaissaient donc fort bien l’hébreu de l’époque. Ils comprirent le mot que nous considérons comme le nom d’un peuple et le reproduisirent sous la forme : «Rosh». Cette traduction des Septante fut aussi utilisée par le Seigneur Jésus et les apôtres.
Les traductions en grec plus tardives, tant celle de Théodotion que celle de Symmaque, procédèrent de même. Les spécialistes du 19° siècle, Bochart, Vitringa, De Wette, Kuenen, David Levie, Smend, Bertholet, Duhm, Franz Delitzsch, W. Gesenius, Fr. Buhl, Darby, Kelly, Grant, Toy, etc. ont confirmé cette lecture.
Jérôme, qui améliora la version latine, admit quant à lui la traduction «chef». Comme preuve, il allégua que nulle part ailleurs dans la Bible on ne trouve de peuple nommé «Rosh». Cet argument a été repris par certains savants modernes.
Pourtant, les éditeurs mêmes du texte de Jérôme apportent une réfutation suffisante à cet argument, en faisant remarquer que les noms de Kebar, Hamath, Kilmad, Cub, Hethlon, Sibraïm, etc. apparaissent eux aussi exclusivement en Ézéchiel et nulle part ailleurs. On peut encore ajouter à cette liste Diblah, Guebal, Hamona, Koa, etc.
Par Jérôme, la traduction «chef» fut introduite dans la Vulgate, la version officielle de l’église catholique, qui à son tour influença certaines traductions ultérieures, comme la traduction de Luther ou la traduction hollandaise «Statenvertaling».
L’expression «prince de la tête, Méshec et Tubal» est obscure, tandis que «prince de Rosh, Méshec et Tubal» est facilement compréhensible. La seule connexion avec les noms de Méshec et Tubal rend déjà vraisemblable l’hypothèse que Rosh soit également un peuple.
On s’est écarté du sens pourtant clair de ces mots parce qu’à l’époque de Jérôme, on ne connaissait pas de peuple portant ce nom. Les historiens byzantins désignent pourtant à plusieurs reprises les habitants de la Russie par le mot «Rosh». Pour cette raison, l’expert bien connu de la langue hébraïque, W. Gesenius, déclare qu’il ne peut subsister aucun doute à ce sujet : dans le mot «Rosh», il faut comprendre les Russes.
L’historien Gibbons affirme quant à lui que «Rosh» est le mot grec pour «Russe».
Toy voit une relation étroite entre Rosh — ou Rash — et le Tiras de Genèse 10:2. Ce dernier est effectivement mentionné dans la même lignée que Méshec et Tubal, qui sont eux-mêmes mis en relation avec Rosh ou Rash en Ézéchiel 38 et 39.
À ce propos, il est intéressant de noter la parution à Saint-Pétersbourg, en 1825, d’un livre intitulé «Origines Russes», de J. v. Hammer. Cet auteur tente également de démontrer dans son ouvrage que le Rosh d’Ézéchiel 38 et 39, ainsi que le Rosh mentionné dans certains passages du Coran, ne font qu’un avec le Tiras de Genèse 10, qu’il considère comme l’ancêtre des Russes.
Si l’on songe par exemple à Abram/Abraham, et à Saraï/Sara, on voit qu’il n’est nullement inhabituel de rencontrer dans la Bible un nom dont une partie est changée.
Si l’on considère en outre que le fleuve russe nommé aujourd’hui Dnjestr s’appelait autrefois Tiras, qu’à l’embouchure de ce fleuve se situait une ville du même nom, et que par ailleurs la Volga s’appelait alors la Rha, il faut bien admettre que les développements présentés ci-dessus ne sont pas dénués de fondement. Comparer aussi, dans les Apocryphes, le livre de Judith (2:23).
Meshec et Tubal s’appellent aussi Mosoch et Thobal. On reconnaît clairement dans ces termes les noms de Moscou et Tobolsk, toutes deux capitales de la Russie, 1’une de la partie européenne et l’autre de la partie asiatique. La région de Moscou s’appelait autrefois la Moscovie.
L’histoire d’Israël peut être divisée en quatre périodes :
1) Formation d’Israël : cette période s’étend de la naissance d’Abraham à la délivrance d’Égypte et à la réception de la loi au Sinaï.
2) Possession du pays : du Sinaï jusqu’à la construction du temple sous Salomon.
3) Apostasie et jugement : de la construction du temple jusqu’au retour de Néhémie à Jérusalem pour rebâtir la ville.
4) Restauration et réconciliation : de la reconstruction de Jérusalem jusqu’à la pleine réconciliation et l’introduction dans la gloire du Millénium.
Il est frappant d’observer que Dieu a prévu pour chacune de ces périodes une durée de quatre cent quatre-vingt-dix ans, c’est-à-dire soixante-dix semaines d’années.
Selon Genèse 12:4, Abraham était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il reçut la promesse divine et sortit de Charan pour se rendre en Palestine (Héb. 11:8). L’apôtre Paul déclare en Galates 3:17 que la loi est survenue quatre cent trente ans plus tard. Entre la naissance d’Abraham et la loi, on totalise donc cinq cent cinq ans. Dans ce total sont compris les quinze ans d’incrédulité du patriarche, à compter du moment où il chercha à réaliser les bénédictions promises de façon charnelle, en prenant Agar pour concubine, jusqu’à la naissance d’Isaac (Gen. 16:3 ; 21:5). Lorsque nous soustrayons ces quinze années, nous obtenons quatre cent quatre-vingt-dix ans.
Actes 13:18 à 22 nous permet d’établir le compte suivant :
Dans le désert 40 ans
Conquête du pays x ans
De la conquête jusqu’au premier juge y ans
Période des Juges 450 ans
Saül 40 ans
David 40 ans
Salomon, jusqu’à l’achèvement du temple 11 ans
Il ressort de Nombres 9:1 et Josué 14:7-10 que «x» correspond à six années. Sur la base de Juges 11:26 et des chiffres donnés dans les chapitres précédents, on peut calculer que «y» doit équivaloir à quatorze années. On arrive ainsi à un total de six cent une années.
Durant cette période, les Israélites subirent une domination étrangère pendant cent onze ans au total, soit :
la domination de Cushan-Rishhathaim (Juges 3:8-11) 8 ans
la domination d’Églon, roi de Moab (Juges 3:14-30) 18 ans
la domination de Jabin, roi de Canaan (Juges 3:31 ; 4:3) 20 ans
la domination de Madian (Juges 6:1 ; 8:28) 7 ans
la domination des Philistins et des fils d’Ammon (Juges 10:8) 18 ans
la domination des Philistins (Juges 13:1) 40 ans
Total 111 ans
Lorsque nous déduisons ces cent onze ans des six cent une années, nous obtenons à nouveau quatre cent quatre-vingt-dix ans.
Les versets 1 et 38 de 1 Rois 6 nous donnent le chiffre de quatre cent quatre-vingt-sept années ; manifestement, les trois années du règne tyrannique d’Abimélec (Juges 9:22 ; 10:10) ont été omises.
Le temple fut achevé en l’an 1005 av. J.C. ; en 445 de la même ère, Néhémie vint à Jérusalem pour rebâtir la ville (Dan. 9:25 ; Néh. 2:5-8). Cinq cent soixante années séparent donc les deux événements.
Lorsque nous déduisons les soixante-dix années de captivité durant lesquelles le peuple n’était pas dans le pays, nous obtenons encore une fois une période de quatre cent quatre-vingt-dix années.
Daniel 9:24 déclare que soixante-dix semaines, c’est-à-dire quatre cent quatre-vingt-dix années (voir Lév. 25:8), avaient été déterminées sur Israël et sur Jérusalem pour clore la transgression, pour en finir avec les péchés, pour faire propitiation pour l’iniquité, pour introduire la justice des siècles, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints.
Cette période débuterait avec la reconstruction de Jérusalem, pour aboutir à la pleine bénédiction. Alors devait venir le Messie, qui serait cependant rejeté. C’est pourquoi, entre la soixante-neuvième et la soixante-dixième semaine, se produisent des événements qui ne sont pas comptés ici.
Dieu, qui n’a pas tenu compte des années d’incrédulité d’Abraham, ni des années qu’Israël vécut sous domination étrangère à l’époque des Juges, ou des années que le peuple passa en captivité loin de son pays, prendrait-il par ailleurs en considération les années pendant lesquelles son Fils est rejeté et son peuple dispersé parmi les nations en conséquence de ce crime ? Il est clair que cela ne peut être le cas.
Le cours des soixante-dix semaines a donc été interrompu par la croix, et reprendra dès que le peuple sera revenu dans le pays promis et surtout, dès qu’un résidu se sera converti au Seigneur.